Master Thesis von Lucie Gremaud, MA Art Education, Hochschule der Künste Bern, 2021

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L’ancienne laiterie des Granges

Master thesis

Art Education

Lucie Gremaud



Sommaire Introduction Approche rétrospective

4 5–56

La laiterie et moi Où se trouve la laiterie ? L’ancienne laiterie Un premier ensemble de questions La recherche – Par où commencer ? – Plongée dans les inspirations – Sur le terrain – Les rencontres – L’appel à participation – Les archives communales – Une toile de connexions Vocabulaire et mots-clés La programmation du mois de mai Comment communiquer les évènements ? Les observations et la conclusion L’ histoire de la laiterie On en parle dans la presse

6 8 10 12 15–39 15 16 23 25 36 38 39 40 42 46 50 52 56

Ouverture prospective

59–66

Documentation de l’aventure

69–142

Et après ? Les scénarios possibles Les conditions pour la continuité du projet Les difficultés et bénéfices du processus L’application de la méthode à un autre lieu La prochaine boucle

Retranscriptions des rencontres 1–3 Documentation photographique des évènements Archives collectées Livre d’or

60 62 63 64 65 66

70 81 138 142

Documentation annexe Sources

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Un grand merci Impressum

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Sélection de littérature

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Introduction

Introduction Ce travail de Master en Art Education – médiation artistique et culturelle, effectué à la haute école des arts de Berne a été réalisé en situation de crise sanitaire liée au COVID-191. . Le développement du travail s’est naturellement vu contraint aux restrictions sanitaires en place, ainsi qu’à leurs évolutions. Ce mémoire écrit, retrace le développement du projet « L’ancienne laiterie des Granges » qui a débuté en mars 2021. Il s’agit d’un projet expérimental et pilote, qui a pour but de réanimer un ancien local de coulage de lait, présent dans le quartier des Granges à La Tour-deTrême2. , commune de Bulle3. . Le local, auparavant épicentre et lieu de rencontre du quartier, ayant cessé ses activités laitières en 1999, est depuis utilisé comme local de dépôt par diverses entreprises locataires. Représentant le seul endroit non résidentiel ou agricole du quartier des Granges, la localisation de l’ancienne laiterie4.  est stratégiquement intéressante. Elle pourrait devenir un lieu de rencontres et contribuer à la cohésion sociale et le développement du quartier. Cette réanimation se fait en cocréation avec les habitant.e.s du quartier ou les personnes liées au lieu. Elle est initiée par Lucie Gremaud. Durant tout le mois de mai 2021, nous proposons des évènements ouverts à tou.tes, intergénérationnels et complètement gratuits, en lien avec ce lieu et le quartier des Granges. Ce premier projet de réanimation vise à se rapprocher d’une méthodologie, dans le but de pouvoir l’appliquer à d’autres lieux. La démonstration se compose donc d’une partie rétrospective, qui retrace les étapes du projet telles qu’elles se sont déroulées. La seconde partie est prospective, elle tente de se projeter dans le futur en tirant les conclusions des expériences faites durant le projet. - Quels sont les scénarios possibles, les éléments nécessaires à ce qu’un tel projet continue dans le temps ? - Quelles sont les motivations nécessaires, afin que les habitant.e.s se l’approprient et portent collectivement le projet ? - Quelles conditions réunir pour appliquer ce projet à un autre lieu ?

1 . Coronavirus disease 2019 (COVID-19), pandémie mondiale. 2.  La Tour-de-trême est une localité de la commune de Bulle dans la région de la Gruyère, canton de Fribourg. 3 . Ville chef lieu du district de la Gruyère, 24’467 habitant.e.s au 31 décembre 2020, source: https://www.bulle.ch/statistiques, consulté le 13.06.2021. 4 . Nom de l’ancien local de coulage, donné par les habitant.e.s du quartier.

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Approche rétrospective

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Approche rétrospective

La laiterie et moi Dans le quartier des Granges, là où j’ai grandi, il y avait cet endroit que tout le monde connaissait sous le nom de « l’ancienne laiterie ». Ce petit bâtiment en béton à la toiture boisée, comme une petite maison, n’était pour moi qu’un arrêt de bus pour le ramassage scolaire de l’école primaire. Ce n’était pas mon arrêt. Quand je loupais le bus, je courais le plus vite possible pour rejoindre l’ancienne laiterie qui était le prochain stop. Dans mes souvenirs, cet endroit a toujours été inactif. Je ne l’ai jamais vu ouvert, je n’ai jamais vu l’intérieur et je n’ai jamais connu son histoire. Cet endroit, présent dans mon quotidien mais inaccessible, a titillé ma curiosité et mon imagination. J’imaginais qu’à l’époque, les habitant.e.s du quartier venaient acheter leur lait, qu’il y avait aussi du fromage, des yogourts, de la crème et des caramels. Je pensais que parfois, il y avait une file d’attente, surtout le dimanche matin. J’imaginais que les gens attendaient dehors, sur la parcelle de ce croisement et qu’elles.ils parlaient entre eux, au soleil, en attendant leur tour. Je pensais que parfois, s’y tenaient des événements comme des apéros ou des soupers. J’aimais l’idée qu’avant moi, le quartier avait comme un petit magasin local, un lieu qui rassemblait les gens. En grandissant, me rendant à l’école secondaire, cet endroit était devenu notre lieu de rendez-vous. Chaque matin et chaque début d’après-midi, avec mes copains et copines du quartier, nous nous y retrouvions et faisions le chemin de l’école à pied, ensemble. Accrochée à sa façade, nous pouvons y retrouver la seule boîte aux lettres du quartier. Son positionnement est également très intéressant. Elle se trouve au croisement de quatre rues et représente une des entrées possibles du quartier des Granges. Il faut emprunter une longue route bordée d’une lignée de grands arbres chênes. Tout au bout se trouve la laiterie. Mon regard d’enfant et mon regard d’adulte se croisent et veulent résoudre le mystère qu’est devenue cette ancienne laiterie. J’aimerais connaître son histoire, son passé. J’aimerais savoir à quoi ressemblait l’atmosphère de ce lieu, son rayonnement et son utilisation. Je veux comprendre pourquoi il n’est plus actif , comment et par qui il est utilisé aujourd’hui. Je vois en ce lieu un grand potentiel et lui imagine un futur. Il est le seul lieu non résidentiel du quartier. Le quartier n’a fait que grandir et se bâtir depuis que je suis petite. Il s’agit d’un quartier agricole, devenu résidentiel au fil du temps. De mes yeux, le quartier des Granges pourrait être en soi un petit village, car il n’est ni rattachés au centre de Bulle ni rattachés au centre de la Tour-de-Trême. Les bus des transports publics bullois ne viennent pas jusqu’ici, je ne sais pas pourquoi. Le quartier a grandi, les familles sont parties, ont vendu leurs villas à de nouvelles familles et il ne bénéficie d’aucun lieu de rencontre entre voisins autre que les uns chez les autres. Les habitant.e.s ne se connaissent plus ou à peine et ne se rencontrent pas.

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La laiterie et moi

Dans la rue où j’ai grandi, un souper de quartier annuel était organisé. Il s’agissait d’un souper pour la Rue de Préville1. , cette rue est longue et compte beaucoup d’habitant.e.s. J’ai eu vent de quelques autres soupers de quartiers, mais très peu. Ce sont les seuls événements rassembleurs et pourtant, ils subdivisent encore le quartier. Quand j’imagine le futur de la laiterie, j’aime penser à une maison de quartier, cogérée par les habitant.e.s, formant une association de quartier peut être, en collaboration avec la commune. J’imagine un endroit qui puisse être loué gratuitement pour des anniversaires, des réunions, des soirées ou des journées. Ce lieu pourrait servir de point de dépôts pour des livraisons de paniers de légumes, de produits laitiers ou produits régionaux. On pourrait y passer prendre un café, prendre notre ordinateur et venir y travailler ou alors étudier. Un lieu où les habitant.e.s pourraient proposer des activités, prendre des initiatives pour encourager la vie de quartier. Un lieu d’échange et de partage où divers outils pourraient s’y greffer, telle qu’une boîte d’échange de livres ou encore un frigo communautaire. Un lieu vivant, qui sert à la population et qui ouvre le champ des possibles. La Gruyère est une région emplie de culture, d’histoires et de traditions. Les contes et légendes, les spécialités culinaires, l’industrie laitière qu’on appelle « l’or blanc2.  », les montagnes et les lacs, l’architecture alpestre traditionnelle ainsi que tout un savoir-faire ancestral. Elle est riche en même temps d’être verte, comme on aime bien le dire, « notre verte Gruyère3.  ». Alors je me questionne : - Quelle est l’histoire du quartier où j’ai grandi ? - Cette histoire se serait-elle endormie avec l’ancienne laiterie ? - Que se passe-t-il si nous essayons de la réveiller ?

Est-ce que la réanimation d’un lieu de vie telle que la laiterie des Granges parvient-elle à stimuler et inspirer une vie de quartier ?

1 . Rue d’habitations dans le quartier des Granges à La Tour-de-Trême. 2 . Expression liée à l’industrie laitière qui désigne le lait comme «or blanc». 3 . Expression qui fait référence au paysage de la région gruérienne.

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Approche rétrospective

Où se trouve la laiterie ? Elle se trouve dans le canton de Fribourg, sur la commune de Bulle, plus précisément La Tour-de-Trême, dans le quartier des Granges.

1.Capture d’écran Google maps du 7.06.21 dans Google Chrome ©Google 2021

Le quartier est considéré comme appartenant à La Tour-de-Trême, il partage donc le code postal « 1635 ». Comme on peut le remarquer, le quartier se situe entre la ville de Bulle et le village de La Tour-de-Trême.

Ville de Bulle Quartier des Granges Village de La Tour-de-Trême

2.Capture d’écran Google maps du 7.06.21 dans Google Chrome ©Google 2021

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Où se trouve la laiterie ?

Au centre du quartier, au croisement de quatre rues et à l’une des entrées du quartier, se trouve l’ancienne laiterie des Granges

L’ancienne laiterie des Granges Entrées du quartier La maison de mes parents

3.Capture d’écran Google maps du 7.06.21 dans Google Chrome ©Google 2021

Voici l’ancienne laiterie, à l’adresse : Chemin des Bioleires 53, 1635 La Tour-de-Trême Un petit local sur une assez grande parcelle

4.Capture d’écran Google maps du 7.06.21 dans Google Chrome ©Google 2021

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Approche rétrospective

L’ancienne laiterie

5. L’ancien local de coulage du quartier des Granges, 15.03.2021 ©Isabelle Gremaud

Voici la laiterie à l’heure actuelle. Mes premiers souvenirs en lien avec ce lieu remontent à l’an 2000, l’année où j’ai commencé à prendre le bus pour aller à l’école primaire. Les deux portes et les deux fenêtres sont fermées. Une vitre est cassée. On retrouve accrochée au mur la seule boîte aux lettres jaune du quartier ainsi qu’une boîte aux lettres privée, grise. La parcelle est utilisée comme dépôt de véhicule ou de parking. Un miroir routier est accroché sur le haut droit de la laiterie. La laiterie est encore aujourd’hui un arrêt de bus pour le ramassage scolaire. On peut y retrouver la ligne jaune au sol, qui indique la limite à ne pas dépasser en attendant le bus.

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L’ancienne laiterie

6. L’ancien local de coulage du quartier des Granges, 15.03.2021 ©Isabelle Gremaud

7. L’ancien local de coulage du quartier des Granges, 15.03.2021 ©Isabelle Gremaud

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Approche rétrospective

Un premier ensemble de questions

Un regard vers le passé : Quelle est l’histoire de la laiterie ? Quand, pourquoi et par qui a-t-elle été construite ? Comment était-elle utilisée ? Qui s’occupait de cet endroit ? À quoi ressemblait une journée typique à la laiterie ? Est-ce que les gens pouvaient venir acheter du lait, du fromage, des caramels et d’autres produits du terroir ? Est-ce que des événements étaient organisés dans cet endroit ? Combien de temps a-t-elle été active ? Pourquoi elle s’est arrêtée ? À quoi ça ressemble dedans ? À quoi ressemblait le quartier lorsque la laiterie a été construite ? Comment le quartier a-t-il évolué autour de cette laiterie ? Pourquoi on y retrouve la seule boîte aux lettres du quartier ? Depuis quand le bus s’arrête ici ?

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Un premier ensemble de questions

Un regard actuel : Qui est le propriétaire du bâtiment ? Pourquoi le bâtiment est laissé presque à l’abandon ? Pourquoi la commune ne rachète pas le bâtiment et ne le transforme pas en commerce ou maison de quartier ? Est-ce qu’il y a une vie de quartier ? Si oui, à quoi ressemble-t-elle ? Si non, pourquoi ? Quelle est la mentalité des habitant.e.s ? De quoi les habitant.e.s du quartier auraient besoin ? Qu’est-ce que les habitant.e.s du quartier pensent de cette laiterie ? Est-ce que je suis seule à voir le potentiel de cet endroit ? Est-ce qu’il serait possible de réanimer ce lieu et le quartier ? Si oui, de quelle manière ?

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Approche rétrospective

La recherche – Par où commencer ? L’enquête commence en mars 2021, chez moi, à Berne, devant mon ordinateur. Je commence par écrire « L’ancienne laiterie des Granges la Tour-de-Trême » dans la barre de recherches Google, puis clique sur «image1. ». Une photo de la laiterie apparaît et me mène au site web suivant : «https://www.deleze.name/antoinette/tour-treme/4.htm2. ». Ce site est un petit trésor perdu dans la grande toile. Il s’agit d’une documentation photographique commentée et personnelle, de l’évolution du village de la Tour-de-Trême et du quartier des Granges fait par Joseph Seydoux ( 1924 – 2004 ). Il me permet de me replonger visuellement dans le passé du quartier et notamment de trouver une première photo d’archive de la laiterie, daté du 16 septembre 1986 Je décide de me rendre sur Google maps pour retrouver l’adresse et la localisation de l’ancienne laiterie. Google maps affiche la Société coopérative de laiterie de la Tour-de-Trême à la Route de la Gîte, proche de la laiterie. J’obtiens un numéro de téléphone fixe et décide d’appeler. Au téléphone, l’ancien président de la société coopérative de laiterie m’explique qu’elles.ils n’ont pas mis à jour leurs informations et me confirme que la société est bien propriétaire du local. Selon lui, il faut que j’appelle Aloys Dupasquier pour obtenir plus d’informations sur la laiterie. Il m’indique où ce monsieur habite, mais ne peut pas me donner son numéro de téléphone. Nous échangeons longuement de mon intérêt pour ce lieu et mon projet, puis terminons notre appel. Plus tard dans la semaine, je demande à mes parents des informations concernant Aloys Dupasquier. Ils ne le connaissent pas vraiment. Je demande également à Fiona, une amie d’enfance du quartier, si elle peut me renseigner sur ce lieu. Elle me redirige vers sa maman et sa grand-maman qui, selon elle, pourront me donner plus d’informations. Je lui demande également si elle a des souvenirs en lien avec cette laiterie. Elle m’explique se rappeler vaguement de pouvoir y acheter des chocolats et me décrit brièvement l’intérieur du local. J’appréhende de contacter monsieur Dupasquier, car à ce moment, mon projet n’est pas clair et je n’ai qu’une seule chance de le convaincre pour me laisser utiliser le lieu durant une certaine période. Tout mon projet repose sur l’ancienne laiterie. Je mets sur pause mon enquête et m’attèle aux recherches qui m’aideront à préciser mon projet.

1 . https://www.google.com/ Recherche sur Google Images. 2 . https://www.deleze.name/antoinette/tour-treme/4.htm, Documentation photographique personnelle de La Tour-de-Trême, par Joseph Seydoux (1924–2004).

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La recherche

Par où commencer ?

8. Capture d’écran : https://www.deleze.name/antoinette/tour-treme/4.htm consulté le 7.06.21 dans Google Chrome. Crédits photographiques ©Joseph Seydoux

9. Capture d’écran Google maps du 7.06.21 dans Google Chrome ©Google 2021

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Approche rétrospective

La recherche – Plongée dans les inspirations Je commence par réunir des sources inspirantes, connues puis demande conseil à mes collègues de classe, mes mentors et mes amies actives dans le milieu artistique et culturel. En parallèle, j’ai commencé un séminaire en ligne donné par le collectif microsillons1.  sur l’art socialement engagé, cela me donne une bonne base de vocabulaire de recherches et beaucoup d’inspirations. Voici une collection d’inspiration commentée : La coutellerie Maison de quartier, gérée par des bénévoles, prix libre, freeshop, location pour réunion ou événement à prix libre, tout le monde peut proposer un événement ou venir aider en cuisine ou servir, etc. Deal passé avec les maraîchers du marché, l’équipe de la coutellerie aide à démonter le stand contre les légumes invendus du jour, elles.ils cuisinent ensuite avec ça et les client.e.s peuvent manger à prix libre. https://www.facebook.com/lacoutelleriefribourg/ https://www.instagram.com/la_coutellerie1/?hl=de

10. Capture d’écran du 7.06.21 Instagram @la_coutellerie1, Vitrine de la coutellerie

Museum of Broken Relationships Collection d’histoires liées à un objet et à un thème/ événement. Réunion et créations de liens indirects entre les personnes. Un musée physique et digital, sans frontières qui collecte les histoires des gens. https://brokenships.com/

11. Capture d’écran du 7.06.21 Collection, Museum of Broken Relationships

The Gerrard Winstanley Mobile Field Center, European Chapter, Nils Norman, 2000 Nils Norman et son approche artistique et collaborative. Dispositif écologique, public art, lieu de partage et d’échange, mobile. http://www.dismalgarden.com/projects/gerrard-winstanley-mobile-field-center-european-chapter

12. The Gerrard Winstanley Mobile Field Center, European Chapter, 2000

1 . Collectif créé en 2005 par Marianne Guarino-Huet et Olivier Desvoignes. Le collectif développe des projets artistiques collaboratifs engagés dans une réflexion sociale et citoyenne, en s’appuyant sur des stratégies issues des pédagogies critiques et féministes.

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La recherche

Plongée dans les inspirations

Candy Chang Outils pour échanges entre voisins, communauté. Travail dans l’espace public. Travail participatif, émotionnel/intime, poétique, humain. Travailler avec des choses simples et connues de tou.tes -> craie, post it, stickers http://candychang.com/work

13.Neighbor Doorknob Hanger, Candy Chang, 2010

14.Before I Die, Candy Chang, Nouvel Orléans, dans le monde entier, 2011 – Aujourd’hui

15.Career Path, Finlande, Candy Chang 2011

17. I wish this was, Candy Chang, Nouvel Orléans, 2010

16.Kissing, Crying, and Freaking Out in Public, Candy Chang, Hong Kong, 2013

19. Confessions, Las Vegas, Londres, et plus, Candy Chang 2012 18. Post-it Notes for Neighbors, Candy Chang, New York, 2008

20. Community Chalkboards, Candy Chang, Afrique du sud, 2007 - 2008

Tableau 1 17


Approche rétrospective

Utopiana Lieu donné par la ville de Genève à une association, projets interdisciplinaires. Le projet « politique des liens » et le projet « Transformer» m’inspirent. https://www.utopiana.art/fr

21.Utopiana, EIdguenots21, 1202 Geneve, 2010-2017

klaut alles! (steal everything!), 1996 Installation, Kiosk, Bern. Curated by Katrien Reist and Beate Engel. Utilisation d’un ancien kiosque comme espace d’art. Réaffectation d’un lieu en lui donnant un autre sens. http://www.relax-studios.ch/detail/1996klautalles/

22.klaut alles! (steal everything!), Chiarenza & Hauser Installation, Kiosk, Bern, 1996 Soupe au caillou, Hasoso Événement participatif, qui réunis les personnes et les fait prendre part au processus de création. https://hasoso.ch/

23.Soupe au Caillou, Hasoso, Marseille, octobre 2018

The Ladder café, Collectif microsillons «En 1969, Sherry R Arnstein publie ‘A Ladder of Citizen Participation’, texte dans lequel elle propose une classification en huit échellons des des différents niveaux d’implication dans les démarches participatives, de la manipulation au contrôle citoyen. Le ‘Ladder Café’, dont le design est basé sur cette échelle, est un lieu de rencontre et de discussion sur le rôle de la culture dans nos vies et, plus spécifiquement, sur le musée comme un possible lieu où exercer la citoyenneté. Le café a été ouvert de mars à mai 2019 dans l’exposition ‘Bureau des transmissions’ au centre d’art contemporain le Garage, à Moscou.» http://www.microsillons.org/listeprojets.html#Blob

24.The Ladder café, Collectif microsillons, Garage, Moscou, 2019

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La recherche

Plongée dans les inspirations

ROBERT WALSER-SCULPTURE, Thomas Hirschorn Sculpture public, à utiliser et faire vivre. Lieu de rencontre http://www.thomashirschhorn.com/robert-walser-sculpture/

25.Robert Walser sculpture, Thomas Hirschorn, Bienne, 2019

ESCALE, Marinka Limat L’art de la rencontre, pavillon nomade avec programmation artistique pour et avec les gens. https://www.forumschlossplatz.ch/archiv/2015/ausstellungen+residenz-residenz-marinka-limat/

26.ESCALE, Marinka Limat, Rossfeld, Gewinnbeitrag Wettbewerb «Kunstplätze» Bern, 2019

NeighborHub – La maison bleue Maison de quartier dans le parc d’innovation de la BlueFactory à Fribourg https://neighborhub.ch/

27.NeighborHub – La maison bleue, BlueFACTORY, Fribourg, 2020

Tableau 2 19


Approche rétrospective

Le pain commun, Marie Preston «Pour Faire communs, Parcours d’art contemporain en vallée du Lot, Marie Preston s’associe à Line Gigot et Graziella Semerciyan, membres de l’atelier Pain Commun, déjà engagé en région parisienne. Ensemble, elles envisagent la résidence comme une réflexion sur ce que pourraient être les « territoires » engageant du commun. Dessiné ici à partir des pratiques paysannes et boulangères propres à la vallée et aux causses du Lot, leur travail imbriquera les dimensions anthropologiques, intimes et politiques qui construisent le faire ensemble.» https://www.marie-preston.com/fr/Projets/Le_Pain_Commun__2018

28.Le pain commun, Marie Preston, la Maison des arts Georges et Claude Pompidou, avec Line Gigot et Graziella Semerciyan, 2018-2021, © Céline Bertin Séminaire du collectif microsillon La recherche-action-participative, Coghlan and Brannick (2001) Une méthode de recherche possiblement infinie et formée de boucles qui se suivent. Cette méthode défend les personnes plutôt que la productivité. Contrairement aux méthodes de recherches conventionnelles, cette méthode n’est pas linéaire. Ses caractéristiques : –implique les « sujets » de la recherche comme chercheur.euse.s –Interdisciplinaire Transdisciplinaire – Aller au de la de l’idée de cause à effet. On va ne pas prétendre pouvoir dire ce qu’il va se passer dans le futur, mais on va avoir cette conscience et la volonté d’agir sur l’environnement et le futur dans lequel on est. On ne cherche pas à prédire le futur –Recherche positive qui débute souvent dans un contexte avec des problématiques, transformation du contexte étudiée (nécessité d’une position claire et affirmée du de la chercheur.euse).

29.Capture d’écran, notes personnelles, Séminaire microsillons, 2 mars 2021

Perspective multiple : En prenant en compte toutes ses perspectives, on va avoir plus de justice sociale et produire une amélioration dans la société.

Échelle de Sherry Arnstein qui gradue le niveau de participation Échelle utilisée pour évaluer le niveau de participation des citoyen.e.s à la vie publique. https://www.kulturagent-innen.ch/fr/ blog/la-participation-dans-les-projets-artistiques-oui-mais

30. Échelle de participation, Sherry Arnstein, Agent.es culturel. les Suisse, Marinka Limat, 2020

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La recherche

Plongée dans les inspirations

RADIKANT b / This Book Is Great Too «Within the scope of AUAWIRLEBEN 2017 (Bern /Switzerland) and its partner festival “out+about,” the Swiss performance artist Martin Schick realized an exhibition with 10 works of (inter-) spatial practice within the context of Bümpliz-Bethlehem, now documented in the form of 2 interrelated books. The 10 projects, all from the artist’s repertoire, were reworked and adapted at the various locations in Bern’s district VI with a variety of local actors, inspired by the surroundings. Irrespective of the intensity of their individual positions, a series of works emerged as a kind of art retrospective or “reprospective»: 10 works of art based on the changing of place and time, each with potential for a lasting effectiveness and an open end..» https://www.martinschick.com/radikant-b

31. Photographie du livre Radikant B, Art Works In Context, Page de couverture, Martin Schick, 2017

32. Ref.31

33. Ref.31

34. Ref.31

35. Ref.31

36. Ref.31

37. Ref.31

Kinderpolizei Bümpliz Les enfants font la police dans le quartier !

Fanions! Fähndle! «Bonjour, serait-il possible de suspendre notre guirlande de drapeau à travers votre appartement ?» 1 KM de guirlande faite de tissus locaux ( sacs et vêtement de seconde main, draps de lit, etc.) accroché dans tout un quartier. Brouiller les pistes et les frontières entre la sphère privée et publique. Visite publique du quartier avec comme fil conducteur: la guirlande. 38. Ref.31 Barter Theater Une chaine d’échange dans le quartier. Ça commence avec un billet de 100CHF, le billet de 100CHF est échangé contre une montre de Julia, la montre est échangée contre un cigare, ainsi de suite. Création de narrations à travers la valeur, l’histoire des objets et des personnes qui les échangent.

Tableau 3 21


Approche rétrospective

Plongée dans les inspirations

Après ces inspirations artistiques et méthodologiques, j’établis les bases de mon projet. J’aimerais réunir les gens en redonnant vie à la laiterie, coûte que coûte. J’ai le souhait de faire une petite programmation d’évènements pour les habitant.e.s du quartier. J’aimerais toucher toutes les générations. Je ne veux pas m’imposer et pour cela, j’aimerais inclure les gens dans le processus et la création des évènements. Ce projet applique la méthode de recherche-action-participative1. . Il se construit donc en même temps que la recherche, avec la participation des citoyen.es. Le résultat ? Aucune idée, mais il faut se lancer. Ce travail de master peut constituer une seule boucle de recherche-action-participative et continuer par la suite. Il faut accepter de se laisser guider par la pratique et le faire ensemble. Je veux créer des rencontres humaines avec des méthodes artistiques, parfois très pragmatiques et surtout suivre mon intuition. Pour m’adapter à un public qui n’a pas demandé mon intervention, mais lui donner envie de participer, je ne dois ni être intimidante ni proposer quelque chose d’inintéressant. Pour cela, il faut créer du sens, des liens et s’inspirer du commun du public. La région, le quartier, la laiterie et les instants de convivialité sont mes alliés. Je dois créer quelque chose avec les possibilités et le cadre que j’ai, c’est à dire : – Des mesures sanitaires qui varient 2.  – Un budget de 300CHF3. , le reste devra être payé personnellement. – Très peu de temps, à peine deux mois

1 . La recherche-action-participative, Coghlan and Brannick (2001). Une méthode de recherche possiblement infinie, formé de boucles qui se suivent. Cette méthode défend les personnes plutôt que la productivité. Contrairement aux méthodes de recherches conventionnelles, cette méthode n’est pas linéaire. 2 . https://www.bag.admin.ch/ suivi de l’évolution des mesures sanitaires. 3 . Somme alloué pour les travaux de Master par la haute école des arts de Berne.

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La recherche

Sur le terrain

La recherche – Sur le terrain Je décide de reprendre mes recherches sur le terrain en appelant Mariely Geinoz, la grand-maman de Fiona. Elle me redirige vers Vérène Pittet. Elle n’a malheureusement pas son numéro de téléphone. Mariely m’explique qu’à l’époque, elles.ils allaient chercher le lait au bidon à la laiterie. Je reviens sur Google et recherche le numéro de téléphone du président actuel de la laiterie. Je découvre qu’il s’agit de Philippe Dupasquier et trouve son numéro sur le site web «local.ch»1. . Je décide malgré tout de l’appeler pour obtenir plus d’informations sur la situation de la laiterie et la possibilité ou non, de son utilisation pour mon projet. Au téléphone, Monsieur Dupasquier m’informe que la société KB Ignifuge SA 2.  est actuellement locataire, mais qu’elle rend le local à la fin du mois de juin. La société de laiteries est donc à la recherche de nouveaux ou nouvelles locataires, sur le long terme. Il dit ne pas pouvoir me renseigner sur le passé de la laiterie et ne pas être en possession d’archives photographiques. Il me conseille de regarder directement avec les locataires quant à l’utilisation de ce dernier pour mon projet. J’appelle donc la société locataire du local, KB Ignifuge SA pour leur parler de mon idée. L’entreprise m’autorise à utiliser la parcelle extérieure de la laiterie ainsi que ses murs. Il est cependant impossible d’y entrer, car elles.ils entreposent encore tous leur matériel. Mes recherches continuent et je décide d’initier des rencontres avec les habitant.e.s du quartier. Je cherche toute personne pouvant potentiellement m’informer sur l’ancienne laiterie. Mes parents croisent René Jaquet, habitant du quartier, ancien conseiller communal et technicien géomètre retraité. Elles.ils lui parlent de mon projet. René m’appelle quelques jours plus tard et nous fixons une rencontre. J’ai préparé une liste de questions sur la laiterie et le quartier pour me guider dans les rencontres. Je prends la décision de les enregistrer à l’aide de mon téléphone ou de mon ordinateur et de prendre quelques photos du moment. J’amène à chaque fois un petit quelque chose pour remercier les gens de leurs temps. Je retrouve la famille Rody-Chardonnens-Geinoz qui regroupe toutes les générations du quartier. Je les connais depuis que je suis petite. Fiona, Alexandra, Géraldine et Mariely acceptent que nous nous rencontrions sur zoom. Parallèlement, je lance un appel à participation sur mes réseaux sociaux personnels: Facebook3.  et instagram4. . À cette étape, je suis approchée par Claire Pasquier, journaliste pour le journal fribourgeois «La Liberté5. ». Elle me demande de la contacter lorsque mon travail sera terminé. J’en décide autrement et lui propose de faire partie du processus, car il est bien plus intéressant que le résultat final. Elle accepte mon offre et nous nous appelons quelques semaines plus tard pour parler du projet.

1 . https://www.local.ch/, Annuaire officiel de Suisse. 2 . KB Ignifuge SA, entreprise de protection incendie, locataire du local de coulage. 3 . https://www.facebook.com/, Réseau social. 4 . https://www.instagram.com/, Réseau social. 5 . Journal Quotidien romand, édité à Fribourg.

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Approche rétrospective

J’entre en contact avec les archives communales1. . René me devance et s’y rend à ma place. Les archives n’ont pas pu lui fournir de photographies, mais des plans cadastraux du quartier datant de 1856. À la suite des deux premières rencontres et à l’appel à témoignages lancé sur les réseaux sociaux, je suis les pistes qui m’ont été données et organise d’autres rencontres. Entre temps, Philippe Dupasquier me rappelle et m’indique que Charles Boshung est un ancien président de la société coopérative de laiterie. Il doit sûrement avoir des archives. La troisième rencontre se fait donc chez Monsieur Boshung, dit Charly, en compagnie de Monsieur Jean-François Tornare. Monsieur Tornare était l’ancien secrétaire de la coopérative. Louise Bonnet, une amie d’enfance, ancienne habitante du quartier, me fait part de ses souvenirs avec l’ancienne laiterie sur Instagram. Marthe, la grand-maman de Louise, a habité depuis petite dans ce hameau, le premier quartier des Granges. Louise va essayer de trouver des photos d’archives du quartier et de la laiterie dans ses albums et ceux de sa grand-maman. Vérène me rappelle et m’invite chez elle pour rencontrer Pius, un ami de longue date, qui était transporteur de lait. Apparemment, il aurait des photos incroyables de camions qui transportaient les boilles. Il pourrait me renseigner sur la laiterie. Pour cette quatrième réunion, je rencontre donc Pius, chez Vérène et Daniel Pittet. Je retrouve Louise, chez elle, pour boire un café et récupérer les photos qu’elle a pu trouver. Ceci constitue la cinquième rencontre. Appelons-la « micro rencontre ». Le projet étant déjà lancé publiquement avec l’exposition d’archives collectives devant la laiterie, je m’aperçois que je n’ai pas développé de contacts avec les enfants et adolescent.e.s du quartier. J’ai besoin de savoir ce que représente la laiterie pour les nouvelles générations et les nouveaux habitant.e.s. Alexandra m’avait donné le numéro de Manon, une collégienne et habitante du quartier. Manon n’avait pas envie de s’investir dans le projet. J’ai donc recontacté Géraldine qui est la maman d’une préado nommée Capucine. Géraldine est également mon seul contact qui pourrait m’amener à rencontrer les nouvelles familles du quartier, que je ne connais pas. Géraldine m’a donné quatre numéros de téléphone de mamans du quartier. Après les avoir contactées, seule Sophie a accepté de me rencontrer. J’ai donc organisé la sixième rencontre avec Géraldine et Sophie qui s’est déroulée chez Géraldine. Tout le projet repose sur des pistes à suivre. Entre appels téléphoniques, recherches de contacts et envoi de mails. C’est un travail de recherche particulièrement difficile à documenter. Une toile de connexions se crée au fil et à mesure du temps.

1 . https://www.bulle.ch/serviceculturels/14114 , Archives communales de la Ville de Bulle.

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Sur le terrain


La recherche

Les rencontres

La recherche – Les rencontres Rencontre 1, le 22 mars 2021 : Chez René et Christiane, avec Vérène Pittet de 18h à 22h30

39. Photographie personnelle, Rencontre 1, (de gauche à droite) Lucie, René, Vérène, Christiane, 22.03.2021, ©Lucie Gremaud

41. Ref.40.

42. Ref.40.

40. Photographie personnelle, Rencontre 1, 22.03.2021, ©Lucie Gremaud

43. Ref.40.

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Approche rétrospective

Je rencontre donc pour la première fois, René et Christiane Jaquet, qui ont invité Vérène Pittet à nous rejoindre. Ce soir-là, je découvre sans le savoir mes copilotes principaux de projet. La rencontre a duré plus de quatre heures et j’ai découvert le passé général de la laiterie et du quartier. Je vous partage la retranscription entrecoupée de cette soirée. La transcription complète est disponible dans le chapitre «documentation».

En 1972, Vérène et Daniel Pittet construisent leur maison dans le quartier des Granges. À ce moment-là il n’y avait pas d’infrastructures ( eau et électricité ). Ils font eux-mêmes la route de graviers pour pouvoir faire venir les camions de constructions. Elle nous explique comment elles.ils installent les infrastructures et comment les tuyaux gelaient l’hiver. Elle précise bien qu’il y a le quartier de Murion et le quartier des Granges. Murion existait déjà. René à imprimé des plans géographiques et m’explique comment c’était à l’époque, où nous nous situons, etc. (...) Je pose la question suivante : comment était l’ambiance entre les habitants à l’époque ? Tout le monde se connaissait ? Vérène répond que c’était extraordinaire, qu’elle avait une connexion parfaite avec ses voisins (...) Elle passe à la laiterie, elle a commencé à y travailler en 1979. elle nous montre une photo d’elle à la laiterie avec ses bottes et son tablier, puis après une petite dérivation de prénoms de la région, elle revient avec une deuxième photo d’elle à la laiterie avec les paysans qui venaient couler le lait, dont Philippe Dupasquier (...) René fait un aparté et mentionne qu’il se rend demain matin aux archives de la ville (...) L’employeur était donc Guigoz, une entreprise de lait condensé pour Nestlé, ditelle. Elle n’était pas une laitière elle était une peseuse. (...) Elle y a travaillé 10 ans, jusqu’en 1989. Elle mentionne que Charly Boschung était toujours en retard pour les coulages. Il y avait une coulée le matin et une coulée le soir. (...) Les paysans arrivaient avec leurs boilles. Gilbert Dupasquier «Titi» venait à pied en tirant sa charrette pleine de boilles. (...) Je demande à quoi ressemble une journée typique de travail : 6h45-7h00: Vérène arrive à la laiterie 7h15: Les couleurs arrivent pour le coulage du matin. Les gens de Bulle et du quartier viennent au moment des coulages acheter du lait au bidon. Elle parle de toutes les personnes qui venaient lui acheter du lait. Elle notait tout dans des carnets: les quantités de lait, le prix, les pesées, etc. 8h30: Les couleurs s’en vont et c’est parti pour environ 1h du nettoyage du local Le camion de Guigoz venait chercher le lait coulé chaque jour. Elle devait nettoyer la cuve après son passage. Les conducteurs des camions avaient aussi ce

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La recherche

Les rencontres

statut d’indépendant. Ils étaient comme mandatés par Guigoz ou Cailler. L’après-midi elle lavait la cuve 18h - 18h30: Elle revenait pour le coulage du soir. Elle travaillait le matin et le soir 7 jours sur 7, fêtes ou pas fêtes. Elle était payé à l’heure. René lit la convention, elle n’était pas considéré comme employée de Guigoz, plutôt comme indépendante sous contrôle de Guigoz. (...) René dit qu’il faisait parti de ses personnes qui montaient chercher le lait au bidon. Elles.ils venaient pendant les heures de coulage. Vérène avait toujours un petit bac de yogourt à choix pour les personnes qui voulaient aussi acheter des jogurt. les yogourt étaient procurés par la laiterie de la tour, qui était la laiterie principale à l’époque. (...) Elle avait la pesée au kilo et le lait au litre pour les privés. (...) S’ils voulaient du fromage pour le lendemain, il fallait le dire le soir avant à Vérène et elle pouvait aller en chercher à la laiterie de la tour. (...) Je demande s’il y avait des événements à la laiterie. Vérène me parle des concerts de la fanfare de la Tour-de-Trême. Elles.ils venait faire le concert d’été aux Granges. René dit que c’était la seule manifestation qu’il y avait dans le quartier. Elles.ils venaient chaque année pour la Fête-Dieu aussi et elles.ils avaient un char et s’arrêtaient un peu partout. (...) Je dessine un plan « google maps » avec l’emplacement de la laiterie ainsi que les noms de rues du croisement et je demande les significations. Route des Granges : ça m’a l’air plutôt clair, à l’époque il disait le chemin de Granges parce que c’était qu’un sentier, m’explique René. Chemin des bioleires : Ils ne savent pas, mais René me dit que c’est sûrement en rapport avec les arbres, la forêt, la nature. Il y a une ferme, située plus haut, sur la commune du Pâquier qui porte ce nom. C’est certainement cette ferme qui a déterminé le nom de la rue. Il faut que je fasse des recherches. La toponymie. René me dit que quelqu’un a fait un bouquin sur la toponymie du canton. Il m’explique comment les noms des rues sont choisis. Il y a une commission communale qui détermine ses noms et ensuite une autre commission cantonale qui choisit si oui ou non. Route de la gîte : Vérène et René m’expliquent qu’il s’agissait d’une première étape pour le bétail pour monter à l’alpage. Pour manger la première herbe. Lorsque la première herbe était mangée par les bêtes qui pâturaient là, on pouvait continuer et monter en haut à la deuxième étape. L’herbe d’en haut était prête, la neige avait fondu. Donc la gîte c’est une première étape de montée à l’alpage.(...) On voit sur les cartes qu’à l’époque il y avait des jardins, des vergers, des arbres fruitiers à la place d’habitations et de routes. (...) René m’explique le problème actuel. Il y a trop de trucs autour de la laiterie. Il y a des caravanes, des voitures sans plaques. Un jour elles.ils ont vu une voiture bernoise déposer une voiture là, sur la place de la laiterie. Il explique que les gamins qui attendent le bus vont presque jouer dans ses voitures. Les voitures au bout de quelque mois s’en vont quand même, mais on ne sait pas où. (...)

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Approche rétrospective

Rencontre 2, le 23 mars 2021 : Rencontre par Zoom avec la Famille Rody - Chardonnens - Geinoz de 18h30 à 21h30

44. Capture d’écran, Logiciel Zoom, Rencontre 2, (de gauche à droite de haut en bas) Fiona, Géraldine, Lucie, Alexandra et Mariely, 23.03.2021

45. Capture d’écran, Logiciel Zoom, Rencontre 2, (de gauche à droite de haut en bas) Fiona, Alexandra et Mariely, Lucie, 23.03.2021

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Les rencontres

Je retrouve Mariely, Alexandra, Géraldine et Fiona. Mariely est la maman d’Alexandra et Géraldine. Alexandra est la maman de Fiona. La famille de Fiona habite dans la même maison que Mariely et son mari, ses grands-parents. Géraldine a construit une maison sur la parcelle en dessus de la maison familiale. La famille habite dans le quartier depuis plus de 40 ans. Je connais toute la famille depuis que je suis petite. Voici la retranscription entrecoupée de notre rencontre. La transcription complète est disponible dans le chapitre documentation.

Je commence par expliquer le contexte de notre rencontre et les invitent à partager leurs liens avec la laiterie et le quartier. Alexandra raconte ses souvenirs. Elle l’appelle «la petite laiterie», elle dit que ses parents lui permettaient d’aller chercher le lait, elles.ils y allaient tous les 2-3 jours. Elle était toute heureuse d’aller chercher le lait, car en même temps, sa copine Christine venait chercher le lait depuis Bulle. Ça leur permettait de se voir, discuter. Christine venait à pieds depuis Bulle, elle passait par le quartier de Préville, qui était un pré à l’époque. Elle mentionne qu’elle avait toujours peur parce qu’à l’époque, les chiens étaient en liberté dans le quartier et ils suivaient Alexandra quand elle allait chercher le lait. Elle se rappelle qu’il y avait toujours une bonne ambiance entre les paysans et Vérène et que c’était le lieu où l’on se racontait les histoires. Avec sa soeur Géraldine, elles voulaient toujours jouer à la laitière, faire comme Vérène. Elles adoraient ce métier et voulaient faire comme Vérène. Elle mentionne qu’il y avait une fois par année le concert de la Fanfare et que c’était vraiment la rencontre du Quartier. Je demande s’ils achetaient le lait uniquement là bas. Alexandra répond oui. Mariely répond qu’au début oui, mais s’ils voulaient du lait qui se conserve, elles.ils allaient dans les magasins et achetaient en pack, mais en principe ils allaient toujours acheter le lait à la petite laiterie. Elle précise que c’était un lait qu’il fallait cuire, ce n’était pas possible de le boire comme ça, c’était du lait frais. Alexandra précise qu’elles.ils avaient la crème sur la surface du lait. Mariely précise qu’il fallait le faire bouillir pour enlever les bactéries avant de le boire. Avant de le cuire, tu récupérais la crème. Tu mets le lait dans un baquet, tu laisses poser toute la nuit et le lendemain matin tu racles la crème qu’il y a dessus. Si tu achetais un litre de lait, ce n’était vraiment pas beaucoup de crème. Il fallait en avoir au moins 4-5 litres pour pouvoir faire ça. Alexandra se rappelle de Vérène avec ses bottes et son tablier blanc. C’était un personnage Vérène. Elle passait tout au jet dans la laiterie. Géraldine se rappelle de l’odeur, l’impression d’entrer dans un endroit aseptisé, comme une salle d’opération, tout était super propre, tout était blanc, le sol les murs, elle était en blanc.(...) Géraldine se souvient des différentes mesures et outils qu’avait Vérène pour prendre le lait. Elle avait une sorte de pot en métal avec une anse. Mariely précise que c’était les différentes mesures. Alexandra mentionne que c’était ça qu’elles aimaient faire avec Géraldine, elles jouaient avec de l’eau et elles faisaient les laitières. Elles se rappellent que le lait était versé dans une grande cuve.

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Approche rétrospective

Géraldine se souvient aussi des concerts de la fanfare. Elle se souvient que le soir, il y avait le rassemblement des jeunes qui avait les boguets. C’était le point de rencontre des jeunes. Alexandra se rappelle qu’elles.ils jouaient au tennis sur le mur de la scierie. C’était dans les années 80. Alexandra précise que c’était le quartier de Murion et qu’elle et Géraldine étaient à la limite alors ils se réunissait tous à la laiterie, comme ça ils n’étaient chez personne et chez tout le monde en même temps. Je demande s’il s’agissait seulement des jeunes du quartier. Elles répondent que non, il y avait aussi les jeunes du village. Ceux du quartier de Montrepos aussi. Noé, le petit frère de Fiona apparait sur l’écran, je le salue. Alexandra lui demande s’il a quelque chose à dire sur la laiterie. Il répond que non, il a vu la laiterie fermée toute sa vie. (...) Alexandra raconte qu’à l’époque, ses parents avaient organisé un bus privé pour les jeunes du quartier afin qu’elles.ils puissent se rendre à l’école secondaire. La laiterie était leur arrêt de bus. Le bus de l’école primaire ne passait pas encore dans le quartier, il est arrivé bien plus tard. Le bus était financé par les parents des enfants. C’est comme ça que l’arrêt de bus a commencé. Alexandra soulève qu’il s’agissait vraiment d’un lieu de rencontres. La boîte aux lettres de la poste a toujours été accrochée à la laiterie, à leurs connaissances. Pour Fiona, la laiterie était aussi un point de rencontre, mais dès le début de la construction de la maison derrière la laiterie, le point de rendez-vous n’était plus la laiterie. Elle dit que pour elle, la laiterie était principalement l’arrêt de bus pour aller à l’école primaire. Elle se souvient qu’à un moment donné, il y avait un petit kiosque, où elle pouvait acheter des «Chokito». Elle se rappelle aussi avoir brossé les murs de la laiterie pour effacer les traces de chaussures effectuées lors d’un concours de « celle qui fait la trace la plus haute à gagné !». Je demande ce qu’elles pensent de l’état de la laiterie actuellement. Elles répondent à l’unisson que c’est un dépôt actuellement. Alexandra dit qu’il serait super d’ouvrir un petit magasin, mais qu’elle se demande si les gens du quartier joueraient le jeu et viendrait au magasin. Elle continue en mentionnant qu’à l’époque, dans le quartier, tout le monde se connaissait. À l’heure actuelle, ce n’est plus le cas. (...) Je pose la question : qu’aimez-vous dans le quartier ? Pourquoi vous aimez habiter ici ? Mariely me répond qu’elle à l’impression d’être à la campagne, mais en même temps, qu’en 20 minutes à pieds, elle est en ville. Le calme de la campagne, le fait d’être proche des balades, de la nature. Fiona dit avoir beaucoup aimé cet aspect-là aussi, pour grandir dans le quartier. Elle mentionne aussi que ça l’ennuie vraiment qu’il n’y ait pas de transports publics bullois qui viennent dans le quartier. L’aspect «accessibilité» est vraiment dommage selon elle. (...) Je leur demande de résumer ce qui manque dans le quartier selon elles. Elles me disent qu’il manque un lieu de rencontre et le bus, le transport public Mobul. Mariely mentionne que, par exemple, pour les seniors qui ne peuvent plus conduire, le bus est nécessaire. Il faudrait vraiment un transport public qui relie le quartier à la ville de Bulle. Sinon, tu es obligé de déménager ou alors d’être dépendant de quelqu’un qui te véhicule.

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Les rencontres

Rencontre 3, le 20 avril 2021 : Chez Charles Boschung avec Jean- Francois Tornare de 10h30 à 12h00

47. Scan de document d’archive de Charles Boschung, Statuts de la société de laiterie, La Tour-de-Trême, 1939

46. Photographie personnelle, Rencontre 3, (de gauche à droite) Charles Boschung, Jean-François Tornare, 20.04.2021, ©Lucie Gremaud

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Sous conseils de Vérène, Philippe et René, et après prise de contact, je rencontre Charles Boschung qui a invité Jean-François Tornare à nous rejoindre. Voici la retranscription entrecoupée de notre matinée:

Je raconte que j’ai rencontré Vérène et René. Jean-François n’a jamais vécu aux Granges, mais y venait couler. Charles Boshung raconte qu’avant, la laiterie était sous forme de petit chalet, avec un quai à hauteur adapté pour décharger les boilles des camions. Nestlé venait chercher le lait. Il explique qu’après avoir coulé le lait, ils mettaient les boilles dans un bassin d’eau froide dans le local, jusqu’à ce que le camion passe. À la coulée du matin, il y avait Perrin qui arrivait avec son chariot à moteur, il prenait six boilles de lait, il descendait et faisait tout le quartier. Il s’arrêtaient au restaurant des Granges, il avait une corne et puis il soufflait dedans pour que les gens l’entendent et viennent chercher le lait. Sous son siège, il avait un petit espace pour mettre du beurre et le vendre aux particuliers. Charly raconte que parfois elles.ils montaient sur le chariot à moteur parcequ’il allait vite, mine de rien. C’était en 1960. Je demande s’ils savent qui a tenu la laiterie avant Vérène. Ils me répondent qu’il s’agissait de Madame Grandjean, et avant ça, Edner. Le petit Edner. Jean-François mentionne qu’il devait s’agir d’un petit bonhomme, car on l’appelait le petit Edner. Charles dit qu’en 1960, il y avait Madame Ruffieux, Hélène Ruffieux, précise monsieur Tornare. Charles explique que du temps du petit chalet, tout le monde allait couler avec les carrioles, le cheval, le chien qui tire la charrette. Charles raconte l’ambiance des coulages. Il dit que c’était de jolis moments, qu’elles.ils se voyaient tous, qu’elles.ils parlaient. Il précise que le local appartenait à la société de laiterie et que les peseuses étaient employées par Nestlé. Il indique qu’il y avait un deuxième local de coulage à la laiterie du village de La Tour-de-Trême et qu’il a fermé, car Nestlé de voulait plus payé deux endroits différents. Ce n’était pas pratique d’accès pour les camions qui venaient chercher le lait. Le local du coulage des Granges était donc le seul. Jean François était secrétaire de la société de laiterie de 1987 à 1999. Ensuite, c’était la fille d’Aloys Dupasquier qui a repris le secrétariat. Elles.ils se passaient tous les documents de secrétaire en secrétaire. Nathalie Dupasquier, devenue Richoz qui habite à Botterens, il faudrait l’appeler. Les premiers statuts de la société sont de 1916, juste après la guerre me dit Jean-François. Charles pense que le petit chalet à été construit dans les années 1935-1940. C’était le local des paysans des Granges et ils cotisaient pour payer le local. Charles a toujours été coulé aux Granges. Nous parlons du concert des Granges et de la fanfare, Charles me dit qu’il en fait partie. À l’époque il jouait, maintenant il est porte-drapeau. La fanfare avait demandé s’ils pouvaient venir sur la place, la société de laiterie avait accepté. Maintenant, ce n’est plus la même chose. La dernière fois la société de musique à été jouer sur la place de la fontaine à l’entrée du quartier de Dom Herman, elles.ils ont dû arrêter et partir, car il y a eu des dénonciations, la police est arrivée pour tapage nocturne. La société de musique a donc arrêté.

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Les rencontres

Rencontre 4, le 1er mai 2021 Chez Vérène Pittet avec Pius Macheret de 14h00 à 17h00 Sous invitation de Vérène, je rencontre Pius Macheret, un ami de Vérène et Daniel Pittet. Malheureusement, cette rencontre n’a pas été documentée. Je vais la résumer: La famille de Pius est transporteur de père en fils. Après un coup de téléphone avec Vérène, il fouille dans ses archives et retrouve de magnifiques tirages photo du transport de lait à l’époque de Guigoz1.  datée de 1957 et 1973. Il amène également une boîte de lait en poudre Guigoz, de 1935. Il nous mentionne qu’une partie du lait de la laiterie partait à Konolfingen à une certaine période.

49. Scan de document d’archive personnelle de Pius Macheret, annonce publicitaire datée de 1973

48. Scan de document d’archive personnelle de Pius Macheret, tirage photographique daté de 1957

51. Photographie ©Isabelle Gremaud,2021 Boite en métal Guigolac, objet d’archive de Pius Macheret daté de 1935

50. Ref.48

1 . Usine de transformation de produit laitier installé à Vuadens, rachetée en 1971 par Nestlé. Source: https://www.unifr.ch/histcont/fr/recherche/aux-sources-du-temps-present/no.-10.html.

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Approche rétrospective

Rencontre 5, le 1er mai 2021 Chez Louise Bonnet de 10h30 à 11h Il s’agit d’une micro rencontre. Je suis passée chez Louise récupérer les photos de sa grand-maman. Ses photos sont les plus vieilles photos des Granges que j’ai recueillies actuellement, elles datent de 1940 et 1950. Nous pouvons y voir la laiterie, sous forme de petit chalet. Ces photos nous permettent aussi de constater l’évolution du quartier et de la commune de Bulle. Louise m’invite à boire un café, nous parlons de ses souvenirs en lien avec la laiterie. Elle mentionne que, comme Fiona, elle se rappelle pouvoir acheter des «MilkyWay Crispy Rolls»1.  après l’école, à la laiterie. Il s’agissait d’un tout petit kiosque, tenu par quelqu’un, dont elle ne se souvient plus le nom. Les chocolats coûtaient 1CHF. Sinon, la laiterie était un lieu de rendez-vous et l’arrêt de bus scolaire.

52.Scan de document d’archive personnelle de Marthe Dupasquier, tirage photographique daté de 1940

53.Scan de document d’archive personnelle de Marthe Dupasquier, tirage photographique daté de 1940

1 . Milky Way © est une marque commerciale de barre de chocolat.

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54. Scan de document d’archive personnelle de Marthe Dupasquier, tirage photographique daté de 1950


La recherche

Les rencontres

Rencontre 6, le 3 mai 2021 Chez Géraldine Chardonnens avec Sophie Francey de 19h à 20h Après quelques téléphones, je rencontre Géraldine et Sophie pour leur parler du projet et en savoir plus sur leurs visions du quartier. Cette rencontre n’est malheureusement documentée que par la trace des notes prises ce soir-là. Sophie m’explique que pour elle, la laiterie ne représentait pas grand-chose car elle a emménagé dans le coin il n’y a pas si longtemps. Mis à part l’arrêt de bus de ses enfants, qu’elle trouvait très dangereux, elle n’a pas de liens avec l’ancienne laiterie. Elle peut imaginer réaménager cet arrêt de bus, en faire une place verte ou en tout cas plus aménager et sécuriser pour le bus scolaire et la circulation routière. Géraldine et Sophie m’expliquent qu’il n’y a pas énormément d’interactions entre les enfants du quartier, de même que pour les parents. Je leur expose donc mon idée. J’aimerais proposer une activité ou un évènement pour les enfants du quartier en cocréation avec les habitant.e.s. Je donne l’exemple de la chasse au trésor. Elles trouvent qu’il s’agit d’une bonne idée, nous commençons directement à écrire les grandes lignes de ce que nous aimerions proposer. Au total, nous nous rencontrons trois fois pour planifier cette chasse au trésor.

55. Capture d’écran, notes personnelles, Rencontre 6, 3.05.2021

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Approche rétrospective

La recherche – L’appel à participation Je lance l’appel à participation sur Facebook et Instagram dans l’espoir de toucher un plus large public et peut-être les plus jeunes générations.

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56. Capture d’écran, Story Instagram, appel à participation, 25.03.2021

57. Ref.56

58. Ref.56

59. Ref.56

60. Ref.56

61. Ref.56

62. Ref.56

63. Ref.56


La recherche

L’appel à participation

Réponses collectées et connexions créées :

64. Capture d’écran, conversation privée sur Instagram, 25.03.2021

65. Ref.64

66. Ref.64

67. Ref.64 68. Capture d’écran, conversation privée sur Facebook, 25.03.2021

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Approche rétrospective

Les archives communales

La recherche – Les archives communales Après des appels et mails échangés avec les archives communales, nous n’arrivons malheureusement pas à convenir d’un rendez-vous. René Jaquet prend les devants et obtient un rendez-vous avec Noémie Cotting, archiviste à la Ville de Bulle. Il s’y rend et obtient des plans cadastraux datés de 1856, malheureusement aucune photographie de la laiterie et du quartier des Granges. René parle du projet aux archivistes qui semblent intéressé.e.s au résultat de ma recherche. Plus tard dans le projet, René se rendra également aux archives cantonales, où il découvrira les premières cartes du quartier des Granges. Ici, même schéma. Il en parle aux archivistes cantonaux qui semblent également intéressé.e.s au résultat du travail et de la collecte d’archives.

69. Capture d’écran, conversation privée par SMS avec René Jaquet, 24.03.2021

70. Capture d’écran, conversation privée par SMS avec René Jaquet, 30.03.2021

72. Extrait de plan cadastraux du hameau des Granges de 1856, aux archives de la ville de Bulle par Noémie Cotting, modifié par René Jaquet, avril 2021

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71. Capture d’écran, conversation privée par SMS avec René Jaquet, 13.04.2021

73. Extrait de plan cadastraux du hameau des Granges de 1856, aux archives de la ville de Bulle par Noémie Cotting, modifié et annoté par René Jaquet, avril 2021


La recherche

Une toile de connexions

La recherche – Une toile de connexions

74. Croquis, toile de connexions, 5 mai 2021, Lucie Gremaud

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Approche rétrospective

La définition du vocabulaire et des mots-clés Afin d’avancer le plus simplement et justement dans le projet, un vocabulaire et des mots-clés précis doivent être définis. Cela me permettra de porter le projet, de le communiquer et de cadrer mon intervention dans le quartier. J’ai donc choisi de catégoriser mes mots clés. Mon attitude : À la rencontre, philanthrope, bienveillante, inclusive, ouverte, dans le partage, à l’écoute, respectueuse, co-éducation. C’est ainsi que j’aimerais me comporter dans ce projet. Faire avec les gens, aller à leurs rencontres, les inclure et leur donner de l’importance. Être ouverte et attentive à leurs histoires et idées tout en y apportant mon expertise de médiatrice culturelle. Je crois que je peux apprendre beaucoup des gens et leurs savoirs et confiance sont nécessaires au bon fonctionnement d’un tel projet. Je crois aussi qu’en restant authentique, honnête et bienveillante, les gens se sentent à l’aise pour partager et s’investir dans cette aventure. Mon rôle : Initiatrice, animatrice, coordinatrice, co-organisatrice, de passage. Il est important d’être dans le co-apprentissage, la co-éducation, la co-organisation et de rester sur un pied d’égalité. Il faut toujours demander et regarder à quel point la personne veut et peut s’investir. Essayer de mettre à l’aise les gens, mais de rester la responsable et l’initiatrice du projet. Il est toujours de mon devoir d’animer le projet, de donner l’impulsion quand je juge nécessaire. N’habitant plus dans le quartier, je suis de passage et ne peux pas être porteuse seule du projet. C’est pour cela que dès le départ, j’inclus d’autres personnes. Ma position en tant que médiatrice culturelle : Radicale, expérimentale, intuitive, orientée par la pratique, dans le commun, la participation et la co-éducation, socialement engagée. Mon projet est orienté par la pratique, l’expérimentation et l’intuition. Il est de ce fait radical dans sa manière de faire et d’apporter des réponses à toutes les questions de recherches du projet. Je travaille dans le commun, en cocréation et avec la participation des habitant.e.s ou des personnes liées au lieu. Selon leurs besoin et envie, je m’engage avec elles.eux dans un projet de quartier à plus long terme qui joue un rôle social dans le développement du quartier.

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Vocabulaire et mots-clés

Forme du projet : Expérimental, interdisciplinaire, collaboratif, intergénérationnel, en cocréation, réanimation, archéologie, mémoire collective, moments présents collectifs, vision future collective, possible méthodologie. Le projet est expérimental, car il n’y a aucune garantie qu’il puisse exister. Ses conditions sont également incertaines. Il n’y a aucun moyen de contrôle ou de plan. Il se construit au fur et à mesure de la recherche et n’est pas relié à un type de discipline. Il se veut intergénérationnel. Il touche l’archéologie, car pour la réanimation d’un lieu, des recherches de son passé sont nécessaires. Ce projet pilote représente une possible méthode pouvant être appliquée à un autre lieu. Cependant, rien n’est certain. J’applique ici la recherche-action participative. Mots clés importants : Perles, copilote, implication, rôle, situatif, rencontres, épicentre, archives ouvertes. Définition du projet :

Je réanime l’épicentre de rencontres qu’était la laiterie des Granges en ouvrant les archives et la mémoire collective. En chemin, je trouve des personnes que j’appelle des « perles » qui co-créent avec moi des événements liés au lieu, mais aussi au quartier, afin de le réanimer au passé, au présent et au futur, pour toutes générations.

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Approche rétrospective

La programmation du mois de mai Au fil des rencontres, j’ai pu récolter des informations sur l’histoire de la laiterie, mais également le quartier des Granges. La programmation s’est faite naturellement et en co-création avec les perles trouvées en chemin. Le but était de réunir un maximum de générations et de trouver un format où les perles peuvent briller. La liste des possibilités était grande, cependant, tout n’était pas réalisable dans le cadre prédéfini du projet. Voici la programmation : Exposition d’archives collectives, 3 – 31.05.2021 Par des rencontres et appels à témoignages ainsi que dans le courant du mois de mai, toutes personnes étaient invitées à me confier une photo ou un document d’archives personnel, en lien avec la laiterie et le quartier des Granges. L’exposition était évolutive et s’est étoffée au fil du mois de mai. Elle se trouvait à l’extérieur et était consultable à tout moment. À côté de cette dernière a été placé un panneau d’informations, où j’annonçais les prochains évènements et où je posais deux questions au passant.e.s : - Que représente l’ancienne laiterie pour vous ? - Quel futur pourrait-on imagine pour ce lieu de rencontres d’antan ? Elles.ils pouvaient me laisser leurs réponses dans une boille à lait vide, placée à côté du panneau d’informations, durant tout le mois de mai. Rencontres avec Vérène, l’ancienne peseuse de la laiterie, 13 et 14.05.2021 Autour d’un thé à la cannelle et de petits gâteaux, nous rencontrons Vérène Pittet, une des anciennes peseuses de la laiterie. Elle nous partage ses souvenirs personnels d’enfance, du quartier des Granges et de la laiterie. Véritable livre d’histoires vivantes, se dit être «l’aînée des Granges», car elle a vu tout le quartier se construire. Nous nous servons de photos et documents d’archives pour structurer notre rencontre. La journaliste Claire Pasquier est présente à la rencontre du 13.05. Balades dans le passé avec René, 15 et 23.05.2021 Nous partons découvrir le quartier en compagnie de René Jaquet, technicien-géomètre retraité et habitant des Granges depuis plus de 30 ans. Il a notamment dessiné les plans du quartier lorsqu’il était encore en activité. À l’aide de plans d’époques et de photos d’archives, nous découvrons trois points de vue de l’époque et du présent, en profitant du savoir de René. À la fin de la balade, nous partageons un verre de limonade ensemble sur la parcelle de l’ancienne laiterie.

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La programmation du mois de mai

Chasse au trésor des Granges, 29.05.2021 Avec l’aide de Géraldine Chardonnens et Sophie Francey, deux mamans du quartier, nous organisons une chasse au trésor pour les enfants, dans tout le quartier. Quatre postes sont proposés: 1. Course contre la montre ! En moins de 3 minutes, remplissez la boille avec l’eau de la fontaine 2.Dégustation de laits ! Saurez-vous les reconnaitres ? 3 & 4. Énigmes autour du thème de la laiterie et du quartier. À chaque poste, les enfants reçoivent une lettre qui compose le mot de passe nécessaire à l’ouverture du trésor. À la fin de la chasse, après m’avoir soufflé à l’oreille le mot de passe « LAIT», je leur offre un petit pain au lait, un verre de sirop et une grosse poignée de chocolat napolitain Cailler offert par Nestlé et la fabrique Cailler à Broc. Concert des Granges et apéritif collectif, 30.05.2021 Lorsque la laiterie était encore active, la société de musique de La Tour-deTrême venait chaque année faire son concert d’été sur sa parcelle. Il était de tradition qu’après le concert, les musiciens et la population partagaient un verre puis, en guise de remerciement. Pour finir ce mois de mai en beauté, nous faisons revivre cette belle tradition remise au goût du jour, l’espace d’une soirée. Chaque personne peut amener quelque chose à boire ou à manger, à partager et nous nous réunissons devant le concert du Brass Band, dirigé par Jacques Rossier. C’est aussi l’occasion de présenter l’après projet « Et après? » en permettant aux habitant.e.s de rester en contact et de faire le pont entre les habitant.e.s et la commune.

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Approche rétrospective

75. Photographie personnelle envoyée par Joseph Nguyen, Aurélia et Adèle devant l’exposition d’archives collectives, Mai 2021, ©Joseph Nguyen

76. Photographie documentaire, rencontre avec Vérène, Mai 2021, ©Isabelle Gremaud

77. Photographie documentaire, Balade dans le passé avec René, Mai 2021, ©Isabelle Gremaud

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La programmation du mois de mai

78. Capture d’écran de film documentaire , Chasse au trésor des Granges, Mai 2021, ©Audrey Bersier

79. Photographie documentaire, Concert des Granges, Mai 2021, ©Isabelle Gremaud

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Approche rétrospective

Comment communiquer les évènements ? Mon projet repose en grande partie sur les connexions et le bouche-à-oreille1. . Afin de le rendre visible et légitime au plus grand nombre, je choisis de créer une série d’affiches et de garder une ligne graphique claire, simple, qui est reconnaissable rapidement. Stratégie de communication : Avec un projet qui se construit au fur et à mesure, impossible de préparer une affiche de programmation complète. Impossible également de communiquer plus d’une semaine à l’avance. Sans budget, il faut communiquer le plus simplement et efficacement possible. Je veux principalement atteindre les habitant.e.s du quartier, ma communication imprimée est donc affichée ultra localement à des lieux stratégiques du quartier. Pour chaque évènement, je suis la même logique: – J’imprime une affiche au format A3 que je plastifie et accroche au panneau d’informations devant la laiterie – 5 affiches au format A4 que je plastifie et accroche aux arrêts de bus de ra massage scolaire ainsi qu’à d’autres endroits stratégiques – 10 affiches au format A4 non plastifiées que j’accroche un peu partout dans le quartier Je procède à l’affichage maximum cinq et minimum trois jours avant l’évènement. Une fois que les affiches analogues sont accrochées, je communique sur les réseaux sociaux. Via mes profils personnels de Facebook et Instagram, j’annonce les prochains évènements et utilise ainsi mes connexions et ma visibilité déjà existante. Je fais une relance la veille de chaque évènement. Choix graphiques et concept : Pour rendre mon affiche plus humaine et accessible, j’opte pour de l’illustration. L’impression de mes affiches se fera à la maison sur un papier copie banale, je décide donc de partir sur un fond noir, afin d’optimiser la visibilité de mes affiches. Je place la laiterie au centre et, au gré des évènements, fais graviter d’autres éléments illustrés autour de cette dernière. Les informations sont écrites à la main et j’utilise un langage familier et poétique. Pour les illustrations, j’utilise une brush qui fait penser au fusain ou à l’aquarelle. Un trait parsemé d’irrégularités. Je choisis d’utiliser une couleur or, en clin d’oeil à l’or blanc qu’est le lait. Les informations sont en blanc pour une question de lisibilité. Tous ces choix cumulés forment un visuel nostalgique et imaginaire. À la fois un regard vers le passé, avec toutes les possibilités du futur. Pour les autres supports, je décide de m’inspirer de la convention de travail de Vérène et d’utiliser une typographie monotype, qui rappelle la machine à écrire. J’utilise un fond blanc et écris en noir.

1 . Transmission d’une information de personne à personne, par la voie orale, Source : Dictionnaire Larousse, https://www.larousse.fr/, consulté le 13.06.2021.

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Comment communiquer les évènements ?

80.Affiche n°1, Annonce d’évènements, Avril 2021, ©Lucie Gremaud

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Approche rétrospective

81.Affiche n°2, Exposition d’archives collectives, Avril 2021, ©Lucie Gremaud

85.Affiche n°6, Concert des Granges, Mai 2021, ©Lucie Gremaud

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82.Affiche n°3, Rencontre avec Vérène, Mai 2021, ©Lucie Gremaud

86. Affichette, installation du livre d’or, Avril 2021


Comment communiquer les évènements ?

83.Affiche n°4, Ballade dans le passé avec René, Mai 2021, ©Lucie Gremaud

87. Signalétique de la chasse au trésor, Mai 2021

84.Affiche n°5, Chasse au trésor des Granges, Mai 2021, ©Lucie Gremaud

88. Ref.87

90. Ref.87

89. Feuille de questions pour les participant.e.s, Mai 2021

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Approche rétrospective

Les observations et la conclusion du mois de mai Avec ce projet, j’ai voulu résoudre le mystère que représentait ce lieu, dans mes yeux d’enfant. Connaître son histoire et la raison de son extinction était primordial pour mieux le comprendre et le réanimer. Le regard du présent observe tout le potentiel de l’ancienne laiterie en termes de cohésion sociale du quartier et de rassemblements des citoyen.e.s. « Faire pour et avec », «aller vers», «être de passage», toute une collection de mantras qui m’ont accompagnée dans ce processus de recherches-action participatives. Je n’avais pas de grandes attentes en débutant le projet. Je me serais contentée de la participation d’une poignée de personnes à chaque évènement. L’incertitude de la météo, la situation sanitaire et la portée de la communication auraient pu rendre le projet assez stressant. Finalement, il s’agissait d’un bon exercice de lâcher prise, et je crois que ça a joué un grand rôle au sein du projet et de l’ambiance donnée. Cette attitude m’a permis de savourer les surprises qui se sont présentées durant le mois de mai et ne garder que le positif. Il n’y a pas de problèmes, que des solutions. Tant en terme de participation que de rencontres et d’initiatives de la part des perles ou habitant.e.s, j’ai vu grandir l’intérêt et l’implication collective au fil des évènements. Ce projet de coeur à porter ses fruits et les gens se sont réunis. Le moment était finalement bien choisi, car après plus d’une année de pandémie, nous pouvons bien ressentir le besoin de se rencontrer, se réunir et l’intérêt pour des activités et évènements qui nous font sortir de notre quotidien. En toute simplicité, nous avons réveillé l’épicentre de rencontres qu’était la laiterie des Granges en ouvrant les archives et la mémoire collective. Avec les perles, nous avons cocréé des événements liés au lieu, mais aussi au quartier, et l’avons réanimé au passé, au présent et au futur, pour toutes générations. Cette aventure a définitivement inspiré une vie de quartier.

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Les observations et la conclusion

Décomptes de documents et photographies d’archives récoltées : 28 archives récoltées Décompte approximatif de niveau de participation aux évènements : Rencontre avec Vérène 1 : 15 personnes Rencontre avec Vérène 2 : 8 personnes Balade avec René 1 : 11 personnes Balade avec René 2 : 38 personnes Chasse au trésor : 51 enfants + leurs parents Concert des Granges et apéritif collectif : 150 personnes Réponses récoltées dans la boille : 24 Observations des réponses récoltées dans la boille, le livre d’or : À la question « Qu’est-ce que représente la laiterie pour vous ?» : Beaucoup de personnes ont de bons souvenirs de la laiterie, elles.ils se souviennent de venir chercher le lait au bidon ou de voir les paysans venir couler le lait. Certains se rappellent bien des peseuses et de l’ambiance de ce lieu. On sent un peu de nostalgie. Les mots «Lieu de rencontre», «Lieu fédérateur», «lieu de passage» reviennent souvent. Nous avons aussi « La porte d’entrée des Granges» ou encore « l’âme des Granges, c’est l’endroit où le monde agricole rencontre le reste de la population, le lieu où on fait un brin de causette et où l’on fait connaissance», «le concert d’été donné par la fanfare». La laiterie représente la boîte aux lettres du quartier et un lieu de rendez-vous. Pour les plus jeunes, elle représente l’arrêt de bus ou « un lieu abandonné», «un dépotoir» « un arrêt de bus dangereux pour les enfants à cause du trafic», avis partagé par la plupart des participant.e.s. Tout le monde trouve dommage que ce lieu soit devenu fantôme et qu’il ne soit pas entretenu. À la question « Quel futur pourrait-on imaginer pour ce lieu de rencontres d’antan ?» : Les réponses vont toutes dans le même sens, voici une liste qui résume les souhaits des participants : – Un lieu de rencontres – Une maison de quartier – Un lieu d’exposition, un lieu d’art et de culture – Des évènements pour tout le monde et qui rassemblent – Une salle que pourraient louer les habitant.e.s du quartier – Des projets communautaires comme un jardin potager urbain – Un petit café self-service avec terrasse l’été – Un petit dépôt ou magasin alimentaire avec les produits locaux des paysans ou alors des distributeurs de produits locaux – Un arrêt de bus pour les transports publics Mobul – Un arrêt de bus sécurisé pour le ramassage scolaire de l’école primaire – Une place joliment aménagée

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Approche rétrospective

L’ histoire de la laiterie

1

Plan de 1740 – 45 Sources: les Archives cantonales (AEF) Monsieur Patrick Dey / Monsieur François Blanc Récolté par René

Plan de 1856 feuille n°29 Sources: Archives communales Madame Noémie Cotting Récolté par René

1740-45

1856

Pas de mention de la laiterie, mais existence du hameau des Granges. A ce moment-là, on ne parle pas encore d’un local de coulage du lait. RJ1.

Présence de toutes les habitations et fermes actuelles. Au Grand-livre du cadastre, un bâtiment dénommé « remise » est situé à l’emplacement approximatif de la laiterie actuelle. Il est entouré de végétation, jardins, ainsi que d’un poulailler et un verger. A cette époque, le local de coulage se trouve plus loin dans les bâtiments de la scierie. En 1883, la parcelle n° 574 est devenue un pré de la même surface que précédemment. Le bâtiment a donc été démoli. Par contre, sur les registres en 1917 on trouve une première mention d’un local de dépôt de lait. Le propriétaire : « Consortium des producteurs de lait des Granges ». RJ

1.  René Jaquet.

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2

3 1. Plans cadastraux de 1942 (mensuration fédérale nouvelle /MFN) en dépôt au bureau de géomètre Omnidata. Récolté par René Jaquet 2. Photographie privé de Marthe Dupasquier datant de 1940, récolté par Lucie 3. Photographie privée de Gabriel Ruffieux datant de 1940 environ. Récolté par René

1942

Au Grand-livre, on peut lire : » Chalet de 6.30 m par 4.40 m / construction en béton, bois, tuiles, toit à deux pans. Cette construction est située à l’endroit du local actuel. La dénomination de ce bâtiment est « local de coulage ». Il s’agit d’une nouvelle construction destinée à la fonction de la récolte du lait. On constate qu’une taxation incendie est effectuée en 1939. Sur la photo d’archive, on voit une jeune fille et son frère, Gabriel Ruffieux qui est né en 1931. Il doit avoir 8 ans. RJ


L’histoire de la laiterie

1

2

3

Statuts de la société de laiterie de 1939 et modifications des Status du 29.10.1942 Document privé de Charles Boschung

1942

1. Taxation de l’ECAB, 1978. 2. Cadastre actuel et documents de mise à jour des bureaux de géomètre Pochon et Omnidata 3. Photographie privée de René Jaquet datant de 2021

Documents privés de Vérène Pittet. Lettre d’engagement par l’entreprise Guigoz datant de 1979 & Polaroïd de Vérène dans le local de coulage avec les couleurs

1978

1979-89

En 1978 la taxation de l’ECAB fait état d’un bâtiment avec les dimensions de 7.55 m par 6.55 m. La parcelle porte maintenant le n° 5404 (suite à la fusion des communes Bulle – la Tour) a une surface de 251 m2. Donc un nouveau bâtiment, remplaçant le chalet de 1939 a été construit pour correspondre aux normes sanitaires ainsi que pour une adaptation au système de livraison et de ramassage du lait. RJ

Selon le témoignage de Vérène Pittet et ses documents d’archives personnelles, Vérène a été peseuse au local de coulage des Granges de 1979 à 1989. Avant elle, Madame Grandjean a tenu le local de coulage durant approximativement 15 ou 20 ans. Avant Madame Grandjean, c’était Madame Ruffieux qui s’occupait du local. Selon le témoignage de Charles Boschung et Jean-François Tornare, un certain Monsieur Edner aurait également tenu le local de coulage.

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Approche rétrospective

Capture d’écran du site web : https:// www.deleze.name/antoinette/tour-treme/4.htm, consulté le 10.06.2021, Photographie privé par Joseph Seydoux ( 1924 - 2004 )

1986 La laiterie comme nous la connaissons, en 1986 Il s’agit de la première photo d’archives et première trace de la laiterie sur internet. Là où mes recherches ont débuté.

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Documents privés de Vérène Pittet. Lettre de remerciements par l’entreprise Guigoz datant de 1989 Polaroïd de Vérène dans le local de coulage

1989

Photographie privée de René Jaquet, concert de la société de musique de La Tour-de-Trême devant le local de coulage, datant de 1999

1999 Le concert des Granges, le concert d’été, le concert de la fanfare ou plutôt, de la société de musique de La Tour-deTrême, devant le local de coulage, en 1999 Selon le témoignage de Carmen Buchs, qui a repris le rôle de peseuse au local de coulage des Granges après Vérène, la laiterie se serait arrêtée en 1999, car elle y a travaillé de 1989 à 1999.


L’histoire de la laiterie

Ref.80. & Photographie de documentation prise lors du concert des Granges, mai 2021 ©Isabelle Gremaud

2000 - 2020 Le local s’est transformé en local de stockage. Diverses entreprises et particuliers l’ont loué. Notamment Mike Guillet, qui avait un dépôt de différents chocolats et un petit kiosque jusqu’en 2001 approximativement.

2021

Et après ?

L’ancienne laiterie des Granges et les évènements du mois de mai.

Je n’ai pas connaissance des autres locataires mise à part la société KB Ignifuge SA qui rend le local à la fin du mois de juin 2021.

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Approche rétrospective

On en parle dans la presse

91. Scan d’une partie de l’article «Le centre de la Tour mériterait aussi qu’on y réfléchisse» écrit par la journaliste Sophie Roulin, parut dans le journal du sud Fribourgeois La Gruyère, édition du 05.06.2021

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On en parle dans la presse

92. Article «L’ancienne laiterie reprend vie» écrit par la journaliste Claire Pasquier, parut dans le journal La liberté - quotidien romand édité à Fribourg, édition du 18.05.2021

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Chapitre

sous chapitre

Ouverture prospective

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Ouverture prospective

Et après ? Lors du concert des Granges et de l’apéritif collectif, un des murs de la laiterie avait été tapissé des réponses récoltées dans le livre d’or durant le mois de mai. J’ai également accroché des listes de contacts vierges pour que les habitant.es ou personnes intéressées à poursuivre l’aventure puissent s’inscrire et rester en contact. À cette occasion, j’ai exposé un exemplaire du dossier de documentation, inspiration et information pratique conçus pour aider et guider les personnes motivées à faire germer la graine que j’avais plantée. Pour préparer l’après-projet, j’avais invité Pierre Troillet, qui travaille au service de la culture de la ville de Bulle et Kirthana Wickramasingam, conseillère communale à participer au concert des Granges. Cela a permis de mettre en contact les habitant.e.s, la commune et le service culturel, les politiques et les propriétaires du local. Je voulais m’assurer de préparer le meilleur terrain possible et de donner une chance à la concrétisation des idées et souhaits du quartier. Les archives communales et cantonales sont également intéressées au fruit de ma recherche et collections d’archives collectées. Après le dernier évènement, j’ai laissé la laiterie telle quelle durant une semaine, ce qui a permis aux retardataires de s’inscrire à la liste, consulter le dossier de documentations et lire les réponses du livre d’or. Un dernier mot récolté dans la boille et hop, la laiterie redevient comme avant. Il n’y a plus de traces de mon projet. Quelques jours plus tard, je recopie les coordonnées des personnes inscrites dans un fichier Excel, assemble le livre d’or, joins le dossier de documentation et envoie un mail groupé à toute la liste. Dans ce mail, je leur propose de se retrouver en août pour ne pas laisser la flamme s’éteindre. Je donne pour la première fois mes coordonnées. Suite à ce mail, Suzanne Murith, une habitante du quartier, m’écrit pour m’informer qu’elles.ils et elles s’étaient déjà réuni.e.s dimanche passé. Elle a pris en photo la liste de contact accroché à la laiterie et a initié la première rencontre. Nous nous appelons, elle m’explique que 13 personnes étaient présentes et qu’une association de quartier allait voir le jour prochainement. Tout le monde était très à l’écoute des envies et idées de chacun.e. Le nouveau président de la société coopérative de laiterie, Samuel Pasquier, était présent. Il semblait très ouvert à une collaboration entre la société et les habitant.es du quartier. Elle m’indique aussi que s’il n’y avait pas eu la possibilité d’utiliser le lieu, la plupart des personnes n’auraient pas eu l’intérêt de créer une association de quartier. Elle m’invite à la prochaine réunion prévue le 1er juillet 2021. Je m’y rendrai avec plaisir. Je ne projette pas d’être membre de l’association de quartier, cependant, je serais très heureuse de pouvoir suivre l’évolution du projet et garder contact avec l’assemblée.

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Et après ?

93. Photographie documentaire, Mur de la laiterie « Et après ?» et réponses récoltées dans le livre d’or, Juin 2021, ©Isabelle Gremaud

94. Photographie documentaire, Dossier de documentation pour l’après projet, Juin 2021, ©Isabelle Gremaud

95. Photographie documentaire, Liste de coordonnées, Juin 2021, ©Isabelle Gremaud

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Ouverture prospective

Les scénarios possibles

Quels sont les différents scénarios possibles ? Scénario 1 : L’association de quartier se crée. Un projet est déposé à la commune et l’association obtient son soutien financier. La maison de quartier des Granges est vivante et gérée par l’association de quartier. Bonus : Ce projet donne de l’élan aux autres quartiers de Bulle et La Tour-deTrême. D’autres associations de quartier se créent dans les années suivantes. Scénario 2 : L’association de quartier se crée. Un projet est déposé à la commune mais la commune refuse de soutenir le projet. L’association de quartier doit auto-financer le projet et donc redoubler d’inventivité pour le repenser et le réaliser, en collaboration avec la société coopérative de laiterie. Scénario 3 : L’association de quartier se crée mais la société coopérative de laiteries loue à quelqu’un d’autre sur une longue durée. Le projet ne se fait probablement pas car le feu se sera éteint. Scénario 4 : Aucune association de quartier ne se crée mais les habitant.e.s se réunissent et réalisent le projet avec l’aide ou sans l’aide financière de la commune. Scénario 5 : Aucune association de quartier ne se crée mais les habitant.e.s décident de se réunir et de louer ensemble le local, afin de pouvoir avoir la possibilité d’y faire quelque chose et de ne pas devoir attendre que le bail du prochain locataire ne se termine. Scénario 6 : L’association de quartier se crée. Un projet est déposé à la commune et l’association obtient son soutien financier. La maison de quartier des Granges est vivante et gérée par l’association de quartier. La communication et le management interne de l’association ne fonctionnent pas. Le projet n’est plus porté par la collectivité et l’ambiance n’est plus bienveillante. Tout s’arrête. Scénario 7 : Rien ne change et la graine ne germe pas.

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Les conditions pour la continuité du projet

Quelles conditions réunir pour la continuité du projet ? – Un lieu à investir. Comme l’a mentionné Suzanne, sans lieu, la plupart n’au- rait pas eu intérêt à continuer. – Un soutien de la commune et des politiques ( financièrement parlant ou ne serait-ce que dans l’accompagnement, conseils et facilitation pour la réalisa- tion de futurs projets ). – Un groupe d’habitant.es portant les mêmes valeurs et regardant dans la même direction. – La volonté de s’investir pour le quartier et un attachement au lieu. Organisation interne à l’association de quartier : – Des rôles définis mais flexibles, car la vie n’est pas une partition de musique. – Une répartition des tâches équitable et adaptée à chacun.e. – Tirer profit des compétences de chacun.e. – Une philosophie positive avec des mantras comme « Il n’y a pas de problèmes, que des solutions». – De l’énergie et de l’investissement, l’envie de faire ensemble, pour le quartier – Un suivi, des rencontres régulières. – Une hiérarchie horizontale, mais active. – Des collaborations qui respectent les valeurs de l’association, du lieu et du projet. – Des rencontres régulières avec les habitant.es du quartier non-membre de l’association. Un échange, de l’écoute.

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Approche rétrospective

Les difficultés et bénéfices du processus

Les difficultés et bénéfices d’un processus de recherche-action-participative Les difficultés : – Initier le projet sans avoir une demande d’initiation – Entrer en contact avec la population – La collecte directe de souvenirs, envies et besoins des habitant.e.s du quartier – Trouver les perles, les personnes qui peuvent porter le projet et le cocréer – Suivre des pistes jusqu’au bout sans savoir si elles nous serviront ou non – Ne pas habiter sur place durant le processus – S’adapter à chaque personne – L’énergie et la présence constante à avoir – Le bénévolat, le bon vouloir des gens – L’incertitude de la durabilité du projet Les bénéfices : – Le profit des réseaux de chaque perle – Les rencontres humaines – Le pouvoir du commun – Le profit du savoir et savoir-faire de chacun.ne La méthode résumée : – Analyse sur le terrain et recherche en amont ( lieu, politique locale, positionnement social et culturel de la commune, histoire et traditions de la région, etc. ) – Ouvrir les mémoires collectives en : – organisant des rencontres – Lançant un appel à témoignages – Mettant en place un «livre d’or» disponible sur place durant tout le  projet – se renseignant sur l’histoire du lieu, lorsqu’il était animé – se renseignant sur le lien entre la population et le lieu – se renseignant sur les envies et besoins de la population quant au futur du lieu – À travers la récolte d’informations et d’archives, établir des contacts et trou- ver des perles et copilotes. – Trouver un moyen de les faire briller et mener un ou plusieurs évènements – S’inspirer du passé du lieu et de la région pour établir une programmation  culturelle et artistique en cocréation, pour toutes générations – Communiquer ultra localement – Accompagner l’après projet et créer des ponts entre les acteurs locaux

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L’application de la méthode à un autre lieu

Quelles conditions réunir pour appliquer cette méthode à un autre lieu ? Ce premier projet de réanimation a fonctionné en grande partie grâce au fait que j’ai grandi dans le quartier et que mon réseau local soit déjà existant et étoffé. J’avais plus de légitimité qu’une personne non originaire de la Gruyère. Je pouvais très vite connecter avec les gens de par ma connaissance de la région, l’accent et le vocabulaire local. Le fait qu’il s’agisse d’un projet de Master, dans un cadre d’études m’a également aidé à légitimiser l’initiative. Scénario 1 : Pour que la méthode s’applique à d’autres lieux, il faut : – Un lieu à réanimer – Qu’il y ait une demande de réanimation par les habitant.e.s ou les communes – Qu’une équipe locale de base soit déjà créée – Que je puisse parler la même langue que les locaux, seule ou à l’aide d’un.e  traducteur.trice. – Qu’un budget minimal de 800CHF ( estimation ) soit débloqué pour le matériel – Qu’un défraiement/honoraire soit débloqué pour mon travail – Que je loge sur place durant le projet – Que le projet et le but soient non lucratif – Que le lieu n’appartienne à aucune institution ou entreprise forte Scénario 2 : Pour que la méthode s’applique à d’autres lieux, il faut : – Un lieu à réanimer – Avoir au minimum 5 mois ( estimation ) pour réaliser le projet – Avoir un moyen de me légitimer aux yeux de la population et les communes – Que je puisse parler la même langue que les locaux, seule ou à l’aide d’un.e traducteur.trice. – Qu’un budget minimal de 800CHF ( estimation ) soit débloqué pour le matériel – Qu’un défraiement/honoraire soit débloqué pour mon travail – Que je loge sur place durant le projet – Que le projet et le but soient non lucratif – Que le lieu n’appartienne à aucune institution ou entreprise forte

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Approche rétrospective

Les débuts de la prochaine boucle « (...) what kind of knowledge does art-based research produce and how does it fit within established standards for ensuring the quality of doctoral research in traditional academic disciplines? Is it not ironic that academic artistic research, implemented as part of the standardization of higher-education systems, also has the capacity to challenge the hierarchies and conventions of academic knowledge production? While the Bologna process offers greater mobility, employability and competitiveness of students and academics across European borders, it also imposes a unified standard over disparate academic systems, institutions and degrees; insensitive to differences and variations between them, and to the uneven conditions in which they operate. In what follows, I reflect on the capacity of practice-based research to resist the bureaucratization and commodification of knowledge (...)»1. – Lenka Veselá «Exit stage right: Cultural democracy as a different way of performing? I have been looking for moments of cultural democracy that weave their way uncomfortably through the prescribed frameworks of imposed art-as-service contracts in a way that exposes the structures and frameworks of these contracts. There are numerous ways and means for people to participate in culture and society depending on time, budgets and motivations. The assumption that one form of culture or a certain mode of engagement is more worthy and important than the next is patronising to say the least. Cultural democracy challenges discourses of participation as there is nothing to participate ‘in’, we just do stuff from the position we are standing. All this raises questions about the positions we stand from, how do we decide what to do with our (limited) time and resources? Where to put our energies? What will the implications be of deciding to participate in this and not that?»2.

– Sophie Hope

«(...) I suppose I approach participation in a very practical way—with the notion that projects can be better realized when they critically develop through several authors and actors. At present, I’m quite interested in experimenting with non-consensual modes of collaborative production, in order to see how forces of disagreement can be mobilized towards uncommon results.(...) I don’t see the processes as “completely open,” but more like rules in a conversation, where they are not overt, but rather situationally co-determined. It depends on the group and its specific dynamics. Furthermore, the project is initiated, which means there is a condition of response inherent to it—you “play” within, around, against that initiation, so in that sense it’s not infinitely open, there is a gravitational force in place.(...) »3. – Patricia Reed

1 . Lenka Veselá, Artistic Research as Academic Borderlands, posté le 24.05.2021 sur JAR Journal for Artistic Research, https://www.jar-online.net/artistic-research-academic-borderlands, consulté le 13.06.2021. 2 . Sophie Hope, Participation as performance, posté le 4.11.2019 , https://sophiehope.org.uk/blog/participation-as-performance/, consulté le 13.06.2021. 3 . Patricia Reed , What Is a Participatory Practice?, Conversation entre David Goldenberg et Patricia Reed, Publié dans la Revue Fillip, Automne 2008, https://aestheticmanagement.com/writing/what-is-a-participatory-practice/, consulté le 13.06.2021.

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La prochaine boucle

«Participation is not simply about joining in the game, it is also about having the possibility to question the rules of the game: the conditions under which education, the public realm and representation within institutions happen. And, when understood in this way, participation can indeed make a difference. Participation thus has to do with the possibility of transformation. However, whether this opening up puts us in a situation in which change is possible in a transformatory sense (in terms of a technique of domination as Gramsci describes it), or in a transformative sense (understood in emancipatory terms, as in Mörsch), depends on the particular situation.»4.  – Nora Sternfeld

«A Visit to the Mirror Palace of Democracy» (short film) By Nico Carpentier5.

96. Capture d’écran, Nico Carpentier, A Visit to the Mirror Palace of Democracy,(short film), Respublika, 2018

Artist placement group APG6.

97. Capture d’écran, Artist placement group,page d’accueil du site web https://www.tate.org.uk/artistplacementgroup/, consulté le 12.06.2021

4 . Nora Sternfeld , CuMMA Papers #1, Playing by the Rules of the Game, p.4, 2013, https://cummastudies.files.wordpress.com/2013/08/cummapapers1_sternfeld.pdf, consulté le 12.06.2021. 5 . http://nicocarpentier.net/ar_pub_projects.html, consulté le 12.06.2021. 6 . https://www.tate.org.uk/artistplacementgroup, , consulté le 12.06.2021.

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Documentation de l’aventure

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Documentation de l’aventure

Retranscriptions brutes des rencontres Rencontre 1, le 22 mars 2021 : Chez René et Christiane, avec Vérène Pittet de 18h à 22h30 En 1972, Vérène et Daniel Pittet construisent leur maison dans le quartier des Granges. À ce moment-là il n’y avait pas d’infrastructures ( eau et électricité ). Ils font eux-même la route de graviers pour pouvoir faire venir les camions de constructions. Elles nous expliquent comment ils installent les infrastructures et comment les tuyaux gelaient l’hiver. Elle précise bien qu’il y a le quartier de Murion et le quartier des Granges. Murion existait déjà. René a imprimé des plans géographiques et m’explique comment c’était à l’époque, où nous nous situons, etc. Vérène continue en expliquant qu’avant que les maisons se construisent, les parcelles étaient parsemée de Granges non habitées, granges de stockage. D’où vient le nom du quartier. Elle a apporté des photos, elle nous montre la photo de la ferme des Grandjean et des photos de sa maison. C’était le début des Granges. Sur les photos, nous pouvons voir qu’autour de leur maison, ce sont des champs et des vergers. Elle nous rappelle qu’avant que le quartier de Dom Herman se construise, il s’agissait de pré, c’était vide. Elle nous explique ces ballades et comme le quartier à changé. René m’explique sur les tirages de carte d’époque à quoi ressemblait le quartier avant. Le quartier de Dom Hermann a commencé à se construire autour de 1997. René m’explique qu’avant, pour venir à la laiterie, il y avait un sentier qui maintenant suit la route, la route n’existait pas à l’époque. Il m’explique aussi qu’il y avait un ruisseau. Je pose la question suivante : comment était l’ambiance entre les habitants à l’époque ? Tout le monde se connaissait ? Vérène répond que c’était extraordinaire, qu’elle avait une connexion parfaite avec ses voisins, c’était sensationnel dit-elle. Elle précise qu’elles.ils n’allaient pas vraiment l’un chez les autres entre voisins, mais ils s’entraidaient, ils s’arrêtaient toujours pour discuter en se croisant, du fait de travailler à la laiterie, c’était encore plus accentuer, plus ample. Ensuite, les quartiers ont fini de se construire. De nouveaux habitants sont arrivés avec le quartier Dom Hermann et le quartier des Granges est très grand. Les gens se saluaient, mais ce n’était plus pareil. Elle passe à la laiterie, elle a commencé à y travailler en 1979. elle nous montre une photo d’elle à la laiterie avec ses bottes et ton tablier, puis après une petite dérivation de prénoms de la région, elle revient avec une deuxième photo d’elle à la laiterie avec les paysans qui venaient couler le lait, dont Philippe Dupasquier avec qui j’ai eu contact et qui est le président actuel de l’association coopérative des laiteries de la Tour-de-Trême. On y voit les boilles à lait. Vérène nous raconte comment elle a commencé à travailler à la laiterie. Elle mentionne qu’avant la laiterie était un chalet et non pas le petit bâtiment actuel. René fait un aparté et mentionne qu’il se rend demain matin aux archives de la ville pour trouver des informations sur la laiterie ainsi que des potentielles photos au musée Gruyerien, où se trouvent les archives. Vérène reprend: en 1979 elle vient remplacer Madame Grandjean qui travaillait là avant elle. Madame Greandjean a travaillé à la laiterie durant environ 15-20 ans et avant elle c’était 70


Retranscriptions des rencontres

Madame Ruffieux. Je demande qui était l’employeur, Vérène nous montre le document des réglementations « les 14 commandements » qu’elle avait reçus à l’époque. Il s’agit des conditions qu’elles avaient pour tenir le local de coulage. L’employeur était donc Guigoz, une entreprise de lait condensé pour Nestlé, ditelle. Elle n’était pas une laitière elle était une peseuse. René fait une parenthèse et essaye de m’expliquer ce qu’il y a maintenant à la place de Guigoz. Vérène reprend en nous expliquant qu’elle était allée visiter Guigoz, elle nous explique cette visite. Guigoz était fournisseur spécialement pour le chocolat cailler, la fabrique de Broc. Elle nous explique qu’elle a aussi travaillé à la fabrique Cailler à Broc. René feuillète les documents et remarque que Vérène a la convention de travail à la Laiterie. Elle revient sur Nestlé et nous indique qu’elle était Chef machine, elle nous explique en quoi cela consistait, en détails. Elle nous raconte qu’un jour le Directeur en personne lui avait demandé de guider les visites de l’atelier de la fabrique avec fierté, une médiatrice culturelle d’antan. Elle revient à la laiterie. Elle y a travaillé 10 ans, jusqu’en 1989. Elle mentionne que Charly Boschung était toujours en retard pour couler. Il y avait une coulée le matin et une coulée le soir. René lit la convention de Vérène. Celle-ci contient des informations intéressantes. Vérène pesait 1 million de litres par année. Vérène explique qu’elle avait des visites, des contrôles de la tenue du local et de son travail à la laiterie. Elle a reçu les félicitations de la personne qui était venue contrôler. Elle nous explique en détails l’hiver 1983 à la laiterie. Les tuyaux avaient sauté, avaient gelé. Il y avait beaucoup de lait en mai, la cuve de 6000 Litres de lait débordait presque. Les paysans arrivaient avec leurs boilles. Gilbert Dupasquier «Titi», venait à pied en tirant sa charrette pleine de boilles. Cette cuve, Vérène devait la laver tous les jours, après que Guigoz ou Translait vienne chercher le lait. En attendant, elle avait déjà terminé les nettoyages du local. Je demande à quoi ressemble une journée typique de travail : 6h45-7h00: Vérène arrive à la laiterie 7h15: Les couleurs arrivent pour le coulage du matin. Les gens de Bulle et du quartier viennent au moment des coulages acheter du lait au bidon. Elle parle de toutes les personnes qui venaient lui acheter du lait. Elle notait tout dans des carnets: les quantités de lait, le prix, les pesées, etc. 8h30: Les couleurs s’en vont et c’est parti pour environ 1h du nettoyage du local Le camion de Guigoz venait chercher le lait coulé chaque jour. Elle devait nettoyer la cuve après son passage. Les conducteurs des camions avaient aussi ce statut d’indépendant. Ils étaient comme mandatés par Guigoz ou Cailler. L’après-midi elle lavait la cuve 18h - 18h30: Elle revenait pour le coulage du soir. EElle travaillait le matin et le soir 7 jours sur 7, fêtes ou pas fêtes. Elle était payée aux heures. René lit la convention, elle n’était pas considérée comme employée de Guigoz, plutôt comme indépendante sous contrôle de Guigoz. Elle avait une somme annuelle et les heures supplémentaires n’étaient pas payées. Il y avait aussi une partie du lait qui partait vers Konolfingen. Vérène a vraiment plaisir et honneur à être là, dit-elle avec émotion. À 81 ans, elle est très heureuse de pouvoir transmettre son savoir et son vécu par sa mémoire. Elle mentionne que son papa était fromager. Elle nous raconte 71


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le parcours de son papa. Elle nous parle d’où vient sa famille, en détails. Elle était en montagne avec son papa pour faire le fromage dès ses 6 ans. Vérène dit que Charly Grandjean, le fils de Madame Grandjean qui tenait la laiterie avant elle, doit sûrement avoir des photos de ce chalet et peut sûrement dire les dates. Elle décrit ce qu’elle se souvient du chalet. Il avait des marches, ce n’était pas pratique pour transporter les boilles. C’était rudimentaire. Les camions qui venaient chercher le lait, ce n’étaient pas des camions-citernes, c’étaient des camions simples où il y avait juste la cabine du devant et le derrière n’avait pas de toit, les boilles étaient chargées une par une à l’arrière du camion. Elle devait souvent attendre les couleurs en retard, en n’étant pas payée. Elle a averti Guigoz, ils ont envoyé une lettre d’avertissement aux retardataires. René dit que son frère est le dernier peseur du canton, il raconte une histoire. Vérène m’explique que les gens venaient par l’impasse du ruisseau. René dit qu’il faisait partie de ces personnes qui montaient chercher le lait au bidon. Ils venaient pendant les heures de coulage. Vérène avait toujours un petit bac de yogourt à choix pour les personnes qui voulaient aussi acheter des yogourts. Ceux-ci étaient procurés par la laiterie de la Tour, qui était la laiterie principale à l’époque. Vérène devait donc rendre les comptes au laitier de la Tour de la marchandise qu’elle vendait ( lait au bidon, yogourts, fromages, beurre ). Elle avait la pesée au kilo et le lait au litre pour les privés. Elle avait différentes grandeurs de mesures pour les privés. Elle avait une entente avec le laitier de la Tour « c’était nickel, il faisait une fondue, on passait une soirée formidable avec eux à la laiterie ». C’était Richoz. Il y avait toujours des nouveaux clients, par le bouche à oreilles. Les clients demandaient souvent : vous avec pas des yogourts, vous n’avez pas du fromage ? C’est comme ça que Vérène a commencé à avoir ces petits cageots de yogourts. S’ils voulaient du fromage pour le lendemain, il fallait le dire le soir avant à Vérène et elle pouvait en faire aller chercher à la laiterie de la Tour pour le vendre en haut aux Granges. Elle avait un petit frigo pour garder le fromage de laiterie et le beurre de laiterie. Les paysans du quartier avaient des oeufs, alors qu’elle n’avait vraiment que du produit laitier. René revient sur le fait que Vérène a fini en 1989 et qu’ensuite la laiterie a été reprise par Carmen Buchs. Vérène dit qu’il y a eu transformation. Une cuve électronique est arrivée quelques jours avant qu’elle finisse de travailler. La cuve faisait presque le double de l’ancienne. Elle était automatisée, notamment pour le lavage. René mentionne qu’il a appelé Carmen Buchs. Il dit qu’elle a aussi tenu la laiterie 9-10 ans et qu’elle a démissionné 2-3 mois avant que tout soit stoppé. Christiane demande pourquoi la laiterie s’est arrêtée. Vérène explique que les camions allaient directement chez les paysans chercher le lait, il n’y avait donc plus de nécessité de cette étape intermédiaire du coulage. Ils avaient les citernes de refroidissement à la maison, c’était plus pratique et hygiénique d’aller directement chez les paysans. Vérène raconte en détails son travail à la laiterie. Elle parle du pain au béton qui se faisait beaucoup à l’époque. Elle explique que c’est du pain fait avec la première traite après le veau. Le lait était très gras, comme du lait maternel et jaune, très jaune. Ils portaient ce lait au boulanger et le boulanger faisait du pain 72


Retranscriptions des rencontres

au béton. C’était un peu comme une cuchaule sans safran ; comme une brioche. Je demande s’il y avait des événements à la laiterie. Vérène me parle des concerts de la fanfare de la Tour-de-Trême. Ils venaient faire le concert d’été aux granges. René dit que c’était la seule manifestation qu’il y avait dans le quartier. Ils venaient chaque année pour la Fête-Dieu aussi et ils avaient un char et s’arrêtaient un peu partout. Christiane demande à Vérène si les personnes qui venaient couler parlaient un moment avec elle, s’ils discutaient ensemble, etc. Vérène répond : Alors oui les conversations avec les couleurs c’était sensationnel. J’avais un tel contact avec les couleurs qu’ils pouvaient rester jusqu’à 20h le soir tellement qu’on bataillait. Ils ont tous des surnoms. René m’explique quelque chose avec une carte et des noms. Il a aussi tiré des documents du registre du commerce à propos de la laiterie avec tous les membres de la coopérative au fil des années. Je demande à René quel est son lien avec la laiterie. Il m’explique qu’elles.ils arrivent à la Tour-de-Trême, au village en 1972. Là il venait chercher le lait au bidon. Le bidon en métal. Le bidon se renversait quelquefois dans la voiture. L’hiver il n’y avait pas de problème, ça gelait. Mais quand ça dégelait, il y avait une mauvaise odeur. Je dessine un plan « google maps » avec l’emplacement de la laiterie ainsi que les noms de rues du croisement et je demande les significations. Route des granges : ça m’a l’air plutôt clair, à l’époque il disait le chemin de Granges parce que ce n’était qu’un sentier, m’explique René. Chemin des bioleires : Ils ne savent pas, mais René me dit que c’est sûrement en rapport avec les arbres, la forêt, la nature. Il faut que je fasse des recherches. La toponymie. René me dit que quelqu’un a fait un bouquin sur la toponymie du canton. Il m’explique comment les noms des Rues sont choisis. Il y a une commission qui détermine ces noms et ensuite une autre commission cantonale qui choisit si oui ou non. Route de la gîte : Vérène et René m’expliquent qu’il s’agissait d’une première étape pour le bétail pour monter à l’alpage. Pour manger la première herbe. Lorsque la première herbe était mangée par les bêtes qui pâturaient là, on pouvait continuer et monter plus haut à la deuxième étape. L’herbe d’en haut était prête, la neige avait fondu. Donc la gîte, c’est une première étape de montée à l’alpage. René m’explique, à l’aide des cartes qu’il a imprimées, où étaient les ruisseaux à l’époque. Certains ont été coupés, certains ont été canalisés. On regarde tout ça ensemble pendant un bon petit moment en détails. René m’explique qu’un des ruisseaux était le canal des usiniers qui servait à faire tourner l’usine, les scieries. On voit sur les cartes qu’à l’époque il y avait des jardins, des vergers, des arbres fruitiers à la place d’habitations et de routes. Je demande comment les habitants faisaient leurs courses. Les deux me répondent que chacun avait son jardin potager, il y avait même les plantages où ils plantaient les gros légumes. C’est-à-dire les choux, les raves, les gros légumes. Ensuite, ils allaient chez les paysans pour la viande et les œufs et à la laiterie pour les produits laitiers. Ils précisent qu’au départ c’était un quartier agricole et qu’ensuite les paysans ont vendu du terrain à Pierrot Rime et ensuite 73


Documentation de l’aventure

il a vendu à la commune. René raconte que Pierrot Rime lui avait demandé de venir un soir sur place. Pierrot lui racontait qu’il voulait construire un quartier là. On parle du quartier Dom Herman et de la qualité des terrains. Dom Herman est marécageux, presque du sable mouvant, de la craie lacustre précise René.

Je demande ce qu’est devenue la laiterie après l’an 2000, quand elle s’est arrêtée. Ils me répondent que c’est devenu un dépôt pour des entreprises d’électricité, et maintenant que c’est la société Ignifuges, une entreprise spécialisée dans l’isolation, qui est locataire. Vérène raconte que Gilbert avait instauré avec Vérène et Danny, en 1974, une tradition, d’où cette grande amitié, il faisait déjà une verrée offerte pour les musiciens après le concert. C’est la société coopérative de la laiterie qui offrait ça aux musiciens et à la population. Ils ont continué à faire la verrée, mais ensuite les musiciens étaient invités chez Gilbert pour, ce qui s’est transformé en une petite réception. Gilbert était boucher, alors il faisait toujours des plateaux de viande froide. Tous les mardis, Vérène allait déjeuner chez Yvette. Au début dans la cuisine chez Gilbert c’était la pomme, le café, on finissait à 6h du mat. Plus tard, Gilbert a eu l’idée de faire une soupe de chalet. Vérène et son amie Yvette s’occupaient de faire la soupe de chalet et d’aller faire les courses. Tout était offert et gratuit pour les musiciens. C’était devenu une réception, avec des tables, des chaises, la souper de chalet, les boissons. Au départ, il n’y avait que quelques musiciens qui venaient et puis, petit à petit, il y avait tout le monde. Ça se faisait dehors. Gilbert allait louer les verres chez Dougoud, le vaisselier de la Tour. Il faisait la soupe de chalet dans la chaudière. Pour finir, Vérène, Yvette et Eugénie passaient l’après-midi à préparer les légumes pour la soupe de chalet, et ça, après le travail. Vérène dit : Mais c’était pour notre concert des Granges. C’était quelque chose ce concert, très apprécié. Elle précise que c’était dommage, car quand il y a eu Dom Herman, les gens ne venaient pas vraiment. René explique que tout a changé. La dernière fois, ils ont fait sur la nouvelle petite place avec la fontaine au croisement. Je demande ce qu’elles.ils pensent de cette laiterie maintenant. Cette laiterie presque à l’abandon. René m’explique le problème actuel. Il y a trop de trucs autour de la laiterie. Il y a des caravanes, des voitures sans plaques. Un jour, ils ont vu une voiture bernoise déposer une voiture là, sur la place de la laiterie. Il explique que les gamins qui attendent le bus vont presque jouer dans ces voitures. Les voitures au bout de quelque mois s’en vont quand même, mais on ne sait pas où. Je demande s’ils ont déjà imaginé comment la laiterie pouvait être investie dans le futur ? En quoi pourrait-elle se transformer ? Est-ce qu’elles.ils auraient un souhait ? René mentionne qu’à l’époque il y avait beaucoup de gens qui disaient qu’il fallait faire un magasin. Vérène dit que Charly avait dit non. René précise qu’elles. ils ne l’ont pas fait parce qu’elles.ils avaient peur que ça devienne un sauvetage et pas un magasin. Avec toutes les grandes enseignes qui se sont ouvertes à Bulle et la Tour, ça ne vaudrait plus la peine. Je demande s’il y a d’autres évènements dans le quartier mis à part les soupers de quartier. Je précise qu’il y en a un à la Rue de Préville et qu’il me semble que 74


Retranscriptions des rencontres

chez elles.eux il y en a un aussi. Christianne précise que chez elles.eux il n’y en a pas, mais qu’au bioleires il y en a un. Je demande quelle est l’ambiance entre les gens et l’attitude globale, la citoyenneté. Christianne dit qu’elles.ils organisent avec quelques voisins, entre eux, un petit apéro souper l’été. Sinon, ils se disent un petit coucou quand ils se croisent. Il n’y a pas d’autres évènements connus. Je mentionne que j’ai l’impression que les gens aux granges sont assez individuels, Christiane acquiesce. René dit : un truc qui ne va pas, c’est quand ça devient obligatoire. Personne ne vient à ce moment-là. Ce qui fonctionne le mieux c’est les impromptus. Christianne précise : par contre on sait qu’on peut compter les uns sur les autres, il y a une belle solidarité. Ils ont pu le remarquer avec le covid-19. Les voisins demandaient s’ils avaient besoin de quelque chose. La société de jeunesse a apporté aussi leur aide. Nous arrivons à la fin de la conversation, je les remercie chaleureusement. Je pense à Vérène pour raconter l’histoire de la laiterie, je pense à René pour une balade historique du quartier lié au terrain. Ils sont très intéressé.e.s.

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Rencontre 2, le 23 mars 2021 : Rencontre par Zoom avec la Famille Rody - Chardonnens - Geinoz de 18h30 à 21h30 Je commence par expliquer le contexte de notre rencontre et les invitent à partager leurs liens avec la laiterie et le quartier. Alexandra raconte ses souvenirs. Elle l’appelle la petite laiterie, elle dit que ses parents lui permettaient d’aller chercher le lait, ils y allaient tous les 2-3 jours. Elle était toute heureuse d’aller cherche le lait, car en même temps, sa copine Christine venait chercher le lait depuis Bulle. Ça leur permettait de se voir, discuter. Christine venait à pied depuis Bulle, elle passait par le quartier de Préville, qui était un pré à l’époque. Elle mentionne qu’elle avait toujours peur parce qu’à l’époque, les chiens étaient en liberté dans le quartier et ils suivaient Alexandra quand elle allait chercher le lait. Elle se rappelle qu’il y avait toujours une bonne ambiance entre les paysans et Verène et que c’était le lieu où on se racontait les histoires. Avec sa soeur Géraldine, elles voulaient toujours jouer à la laitière, faire comme Vereine, elles adoraient ce métier et voulaient faire comme Verène. Elle mentionne qu’il y avait une fois par année le concert de la Fanfare et que c’était vraiment la rencontre du Quartier. Je demande s’ils achetaient le lait uniquement là bas. Alexandra répond oui. Marily répond qu’au début oui, mais s’ils voulaient du lait qui se conserve, ils allaient dans les magasins et achetaient en pack, mais en principe ils allaient toujours acheter le lait à la petite laiterie. Elle précise que c’était un lait qu’il fallait cuire, ce n’était pas possible de le boire comme ça, c’était du lait frais. Alexandra précise qu’elles.ils avaient la crème sur la surface du lait. Marily précise qu’il fallait le faire bouillir pour enlever les bactéries avant de le boire. Avant de le cuire, tu récupérais la crème. Tu mets le lait dans un baquet, tu laisses poser toute la nuit et le lendemain matin tu racles la crème qu’il y a dessus. Si tu achetais un litre de lait, ce n’était vraiment pas beaucoup de crème. Il fallait en avoir au moins 4-5 litres pour pouvoir faire ça. Alexandra se rappelle Vérène avec ses bottes et son tablier blanc. C’était un personnage Vérène. Elle passait tout au jet dans la laiterie. Géraldine se rappelle l’odeur, l’impression d’entrer dans un endroit aseptisé, comme une salle d’opération, tout était super propre, tout était blanc, le sol les murs, elle était en blanc. Elle se rappelle aussi du bidon turquoise en plastic pour aller chercher le lait. Marily précise qu’il y avait un couvercle un peu profond et qu’elles.ils mettaient les sous souvent dans le couvercle. Alexandra précise que c’était donc des sous et non pas des billets. Marily pense qu’elles. ils payaient le lait 60 centimes le litre, pas plus. Géraldine se souvient des différents mesures et outils qu’avait Vérène pour prendre le lait. Elle avait une sorte de pot en métal avec une anse. Marily précise que c’étaient les différentes mesures. Alexandra mentionne que c’était ça qu’elles aimaient faire avec Géraldine, elles jouaient avec de l’eau et elles faisaient les laitières. Elles se rappellent que le lait était versé dans une grande cuve. Géraldine se souvient aussi des concerts de la Fanfare. Elle se souvient aussi que le soir, il y avait le rassemblement des jeunes qui avait» les boguets». C’était le point de rencontre des jeunes. Alexandra se rappelle qu’elles.ils jouaient au 76


Retranscriptions des rencontres

tennis sur le mur de la scierie. C’était dans les années 80. Alexandra précise que c’était le quartier de Murion et qu’elle et Géraldine étaient à la limite alors ils se réunissait tous à la laiterie, comme ça ils n’étaient chez personne et chez tout le monde en même temps. Je demande s’il s’agissait seulement des jeunes du quartier. Elles répondent que non, il y avait aussi les jeunes du village. Ceux du quartier de Montrepos aussi. Noé, le petit frère de Fiona apparait sur l’écran, je le salue. Alexandra lui demande s’il a quelque chose à dire sur la laiterie. Il répond que non, il a vu la laiterie fermée toute sa vie. Géraldine mentionne qu’avec Alexandra, quand elles étaient plus grandes, elles auraient voulu faire une petite boulangerie, une petite épicerie. Marily dit qu’elle a toujours voulu faire un petit dépôt pour les gens du quartier. Avoir un peu des légumes et des fruits pour les gens du quartier. Alexandra raconte qu’à l’époque, ses parents avaient organisé un bus privé pour les jeunes du quartier afin qu’elles.ils puissent se rendre à l’école secondaire. La laiterie était leurs arrêts de bus. Le bus de l’école primaire ne passait pas encore dans le quartier, il est arrivé bien plus tard. Le bus était financé par les parents des enfants. C’est comme ça que l’arrêt de bus a commencé. Alexandra soulève qu’il s’agissait vraiment d’un lieu de rencontres. La boîte aux lettres de la poste a toujours été accrochée à la laiterie, à leurs connaissances. Pour Fiona, la laiterie était aussi un point de rencontre, mais dès le début de la construction de la maison derrière la laiterie, le point de rendez-vous n’était plus la laiterie. Elle dit que pour elle, la laiterie était principalement l’arrêt de bus pour aller à l’école primaire. Elle se souvient qu’à un moment donné, il y avait un petit kiosque, où elle pouvait acheter des Chokitos. Elle se rappelle aussi avoir brossé les murs de la laiterie pour effacer les traces de chaussures effectuées lors d’un concours de « celle qui fait la trace la plus haute a gagné !». Je demande ce qu’elles pensent de l’état de la laiterie actuellement. Elles répondent à l’unisson que c’est un dépôt actuellement. Alexandra dit qu’il serait super d’ouvrir un petit magasin, mais qu’elle se demande si les gens du quartier joueraient le jeu et viendraient au magasin. Elle continue en mentionnant qu’à l’époque, dans le quartier, tout le monde se connaissait. À l’heure actuelle, ce n’est plus le cas. Parfois on ne connait plus les gens et on ne se dit même plus bonjour. Avant, on s’invitait à boire un café entre voisins. Les maisons ont été revendues, les gens sont arrivés et partis. On ne se connait plus vraiment. Les gens travaillent la journée, c’est un quartier qui a beaucoup changé. C’est un quartier presque dortoir maintenant. Avant, on connaissait vraiment tout le monde et l’ambiance a beaucoup changé. Nous parlons de l’évolution du quartier, Alexandra mentionne qu’avant, les gens qui allaient skier à la Chia enlevaient leurs skis à la laiterie. 77


Documentation de l’aventure

Nous revenons à la question précédente. Géraldine mentionne qu’elle serait assez partante pour que la laiterie devienne une petite épicerie. Marily pencherait plutôt pour un petit dépôt. Alexandra penserait plus à une jolie petite épicerie avec une table pour boire du thé. Un petit tea-room, un endroit pour boire l’apéro. Peut-être que ça réunirait les gens. Marily partage qu’elle trouve que les gens sont devenus très individualistes. Elle parlait une fois avec Frederic qui lui disait : on était pratiquement les premiers à avoir un trampoline dans le quartier. Au début quelques enfants venaient et puis, très rapidement, ils ont tous eu un trampoline à la maison. Donc les enfants restaient chez eux. Géraldine dit que personnellement, elle ne ressent pas le besoin d’avoir un sentiment de communauté dans le quartier, elle aime bien être tranquille chez elle. Ses voisins ne sont pas forcément ses copains. Capucine, sa fille, va jouer dans le quartier de Murion. Alexandra dit que tous les coins de quartiers ont changé. Au départ, les enfants étaient en Murion, ensuite à la rue de Préville, ensuite à Dom Hermann et maintenant ça recommence en Murion, car les maisons ont été revendues. Il y a comme un cycle. Je pose la question : qu’aimez-vous dans le quartier ? Pourquoi vous aimez habiter ici ? Marily me répond qu’elle a l’impression d’être à la campagne, mais en même temps, qu’en 20 minutes à pied, elle est en ville. Le calme de la campagne, le fait d’être proche des balades, de la nature. Fiona dit avoir beaucoup aimé cet aspect-là aussi, pour grandir dans le quartier. Elle mentionne aussi que ça l’ennuie vraiment qu’il n’y ait pas de transports publics bullois qui viennent dans le quartier. L’aspect « accessibilité» est vraiment dommage selon elle. Actuellement, en tant que jeune active, elle n’irait pas forcément habiter aux Granges. Cependant, elle reconnait que c’est un quartier où il fait bon vivre et ajoute que, si tu es mobile, tu es très vite partout tout en te retrouvant au calme, ce qui est assez rare finalement. Marily, Alexandra et Fiona mentionnent aussi la magnifique vue et le panorama qu’on a dans le quartier. Je leur demande de résumer ce qui manque dans le quartier selon elles. Elles me disent qu’il manque un lieu de rencontre et le bus, le transport public Mobul. Marily mentionne que, par exemple, pour les seniors qui ne peuvent plus conduire, le bus est nécessaire. Il faudrait vraiment un transport public qui relie le quartier à la ville de Bulle. Sinon, tu es obligé de déménager ou alors d’être dépendant de quelqu’un qui te véhicule. Elles sont intéressées à continuer l’aventure avec moi, cela dépendra de quelle manière et comment évolue le projet. Nous terminons notre rencontre sur Zoom.

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Retranscriptions des rencontres

Rencontre 3, le 20 avril 2021 : Chez Charles Boschung avec Jean- Francois Tornare de 10h30 à 12h00 Je raconte que j’ai rencontré Vérène et René. Jean-François n’a jamais vécu aux Granges, mais y venait couler. Charles Boshung raconte qu’avant, la laiterie était sous forme de petit chalet, avec un quai à hauteur adaptée pour décharger les boilles des camions. Nestlé venait chercher le lait. Il explique qu’après avoir coulé le lait, ils mettaient les boilles dans un bassin d’eau froide dans le local, jusqu’à ce que le camion passe. À la coulée du matin, il y avait Perrin qui arrivait avec son chariot à moteur, il prenait six boilles de lait, il descendait et faisait tout le quartier, il s’arrêtait au restaurant des Granges, il avait une corne et puis il soufflait dedans pour que les gens l’entendent et viennent chercher le lait. Sous son siège, il avait un petit espace pour mettre du beurre et le vendre aux particuliers. Charly raconte que parfois elles.ils montaient sur le chariot à moteur parce qu’il allait vite, mine de rien. C’était en 1960. Je demande s’ils savent qui a tenu la laiterie avant Vérène. Ils me répondent qu’il s’agissait de Madame Grandjean, et avant ça, Edner. Le petit Edner. Jean-François mentionne qu’il devait s’agir d’un petit bonhomme, car on l’appelait le petit Edner. Charles dit qu’en 1960, il y avait Madame Ruffieux, Hélène Ruffieux, précise monsieur Tornarre. Charles explique que du temps du petit chalet, tout le monde allait couler avec les carrioles, le cheval, le chien qui tire la charrette. Charles raconte l’ambiance» des coulées». Il dit que c’était de jolis moments, qu’elles.ils se voyaient tous, qu’elles.ils parlaient. Il précise que le local appartenait à la société de laiterie et que les peseuses étaient employées par Nestlé. Il indique qu’il y avait un deuxième local de coulage à la laiterie du village de La Tour-de-Trême et qu’il a fermé, car Nestlé ne voulait plus payer deux endroits différents. Ce n’était pas pratique d’accès pour les camions qui venaient chercher le lait. Le local du coulage des Granges était donc le seul. Jean François était secrétaire de la société de laiterie de 1987 à 1999. Ensuite, c’était la fille d’Aloys Dupasquier qui a repris le secrétariat. Elles.ils se passaient tous les documents de secrétaire en secrétaire. Nathalie Dupasquier, devenue Richoz qui habite à Botterens, il faudrait l’appeler. Les premiers statuts de la société sont de 1916, juste après la guerre me dit Jean-François. Charles pense que le petit chalet a été construit dans les années 1935-1940. C’était le local des paysans des Granges et ils cotisaient pour payer le local. Charles a toujours été couler aux Granges. Nous parlons du concert des Granges, Charles me dit qu’il en fait partie. À l’époque il jouait, maintenant il est porte-drapeau. La fanfare avait demandé s’ils pouvaient venir sur la place, la société de laiterie a accepté. Maintenant, ce n’est plus la même chose. La dernière fois la société de musique a été jouer sur la place de la fontaine à l’entrée du quartier de Dom Herman, elles.ils ont dû arrêter et partir, car il y a eu des dénonciations, la police est arrivée pour tapage nocturne. La société de musique a donc arrêté. Charles raconte que le quartier et les gens ont bien changé, on ne connait plus forcément les gens, on s’arrête plus trop pour parler dans le quartier. À part pour les anciens, ceux qu’on connait depuis toujours. Avec les autres, il y a très peu de contacts et ça change beaucoup et vite. C’est un peu chacun pour soi. Ce n’est ni paix ni guerre. Je leur explique que j’aimerais essayer d’organiser des évènements et des opportunités pour que les gens du quartier se rencontrent. Charly trouve que ça serait joli d’ouvrir une petite cafeteria avec une petite terrasse. Jean-François 79


Documentation de l’aventure

Retranscriptions des rencontres

pense que les gens s’arrêteraient pour boire un café. Ce serait mieux que maintenant dit Charles. Maintenant, il y a des véhicules sans plaques déposées ici, il y a eu déjà quelques plaintes. On revient sur la laiterie, Charles dit : la laiterie c’est un peu notre patrimoine, on s’est toujours battu pour ne pas la vendre et la garder. Ils me disent qu’ils n’ont pas vraiment le temps pour participer et suivre le projet, par contre il m’indique qu’il faut appeler Frederic Betticher, le président de la fanfare si je veux organiser un concert. Nous terminons notre rencontre.

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Archives collectées

Donnée par René Jaquet Donnée par Pius Macheret

Donnée par les Archives communales, Noémie Cotting, récoltée et commenté par René

Donnée par Marthe Dupasquier, récolté par Louise Bonnet

Donnée par Vérène Pittet Donnée par Vérène Pittet

Donnée par Marthe Dupasquier, récolté par Louise Bonnet

Donnée par Marthe Dupasquier, récolté par Louise Bonnet

Donnée par Pius Macheret Donnée par Vérène Pittet

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Donnée par Vérène Pittet

Donnée par Pius Macheret


Archives collectées

Donnée par Pius Macheret

Donnée par Pius Macheret

Donnée par Pius Macheret

Donnée par Vérène Pittet

Donnée par Vérène Pittet

Donnée par Vérène Pittet

Donnée par Gabriel Ruffieux, récoltée par René Jaquet Donnée par Vérène Pittet

Donnée par Vérène Pittet

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Documentation de l’aventure

Disponible à l’ECAB . Récoltée par René

Donnée par Charles Boschung

En dépôt au bureau de géomètre Omnidata. Récoltée par René Jaquet

Donnée par les Archives communales, Noémie Cotting, récoltée et modifier par René Jaquet

Donnée par les Archives cantonales (AEF),Monsieur Patrick Dey /Monsieur François Blanc, Récoltée par René Jaquet

Donnée par René Jaquet

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Archives collectées

Donnée par Arlette Ecoffey

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Livre d’or

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Livre d’or

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Livre d’or

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Livre d’or


Documentation annexe

Documentation annexe – Documentation vidéo des évènements réalisée par Lorraine Perriard et Audrey Bersier

– PDF de documentation «Et après?» donné aux personnes inscrites sur la liste de contacts

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Sources

Sources Tableau 1 p.16-17

Tableau 2 p.18-19

Tableau 3 p.20-21

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Sources

Tableau 1 p.16-17

10. La coutellerie : https://www.facebook.com/lacoutelleriefribourg/ consulté le 13.06.2021. https://www.instagram.com/la_coutellerie1/?hl=de consulté le 13.06.2021. 11. Museum of Broken Relationships: https://brokenships.com/,consulté le 13.06.2021. 12. The Gerrard Winstanley Mobile Field Center, European Chapter, Nils Norman, 2000: http://www.dismalgarden.com/projects/gerrard-winstanley-mobile-field-center-european-chapter consulté le 13.06.2021. 13–20. Candy Chang: http://candychang.com/work consulté le 13.06.2021.

Tableau 2 p.18-19

21. Utopiana: https://www.utopiana.art/fr consulté le 13.06.2021. 22. klaut alles! (steal everything!), 1996 Installation, Kiosk, Bern. Curated by Katrien Reist and Beate Engel: http://www.relax-studios.ch/detail/1996klautalles/ consulté le 13.06.2021. 23. Soupe au caillou, Hasoso: https://hasoso.ch/ consulté le 13.06.2021. 24. The Ladder café, Collectif microsillons: http://www.microsillons.org/listeprojets.html#Blob consulté le 13.06.2021. 25. ROBERT WALSER-SCULPTURE, Thomas Hirschorn: http://www.thomashirschhorn.com/robert-walser-sculpture/ consulté le 13.06.2021. 26. ESCALE, Marinka Limat: https://www.forumschlossplatz.ch/archiv/2015/ausstellungen+residenz-residenz-marinka-limat/ consulté le 13.06.2021. 27. NeighborHub – La maison bleue: https://neighborhub.ch/ consulté le 13.06.2021.

Tableau 3 p.20-21

28. Le pain commun, Marie Preston: https://www.marie-preston.com/fr/Projets/Le_Pain_Commun__2018 consulté le 13.06.2021. 29. Notes personnelles de séminaire donnés par le collectif Microsillons : http://www.microsillons.org/ consulté le 13.06.2021. 30. Echelle de participation, Sherry Arnstein Source: https://www.kulturagent-innen.ch/fr/blog/la-participation-dans-les-projets-artistiques-oui-mais consulté le 13.06.2021 31–38. RADIKANT b / This Book Is Great Too, Martin Schick: https://www.martinschick.com/radikant-b consulté le 13.06.2021.

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Sources

Sélection de littérature

Sélection de littérature : Lenka Veselá, Artistic Research as Academic Borderlands, posté le 24.05.2021. https://www.jar-online.net/artistic-research-academic-borderlands Consulté le 13.06.2021. Nora Sternfeld, CuMMA Papers #1 , Playing by the Rules of the Game, p.4, 2013 Patricia Reed , What Is a Participatory Practice?, 2008 https://aestheticmanagement.com/writing/what-is-a-participatory-practice/ Consulté le 13.06.2021. Sophie Hope, Participation as performance, posté le 4.11.2019. https://sophiehope.org.uk/blog/participation-as-performance/ Consulté le 13.06.2021.

Recherche-action-participative: John E. Glass David Coghlan & Teresa Brannick (2001). Doing Action Research in Your Own Organization. London: Sage https://www.qualitative-research.net/index.php/fqs/article/view/777/1686 Consulté le 13.06.2021.

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Un grand merci À mes mentor.e.s : Marinka Limat André Vladimir Heiz

Aux perles: René Jaquet Vérène Pittet Mariely Geinoz Fiona Rody Alexandra Rody Géraldine Chardonnens Charles Boschung Jean-François Tornare Louise Bonnet Pius Macheret Sophie Francey Jacques Rossier Suzanne Murith

Aux acolytes : Benjamin Kelava Isabelle Gremaud Daniel Gremaud Isabelle Porras Léonie Kuhn Alexandre Frager Patricia Pittet

Aux documentaristes : Isabelle Gremaud Lorraine Perriard Audrey Bersier

Aux journalistes : Claire Pasquier Sophie Roulin

Aux collaborateur.trice.s communaux : Noémie Cotting Esther Weill Kirthana Wickramasingam Pierre Troillet

À: KB Ignifuge SA Société Coopérative de laiterie de La Tour-de-Trême Chocolaterie Cailler à Broc, Nestlé Société de musique de La Tour-de-Trême Archives communales de Bulle Archives cantonale Fribourgeoise Toutes les personnes présentes durant les évènements Toutes les personne m’ayant confié leurs souvenirs et documents d’archives Toute les personnes ayant fouillé dans leurs albums et greniers Toute les personnes croisés en chemin, qui m’ont conseillé, aiguillé et encouragé 153


Impressum L’ancienne laiterie des Granges Lucie Gremaud hey@lucie-gremaud.ch Numéro d’immatriculation 15-250-699 HKB/ Hochschule der Künste Bern Master Thesis Art Education FS21, Juin 2021 Textes et conception Lucie Gremaud Mentorat Marinka Limat André Vladimir Heiz Typographies Untitled Serif Untitled Sans AHAMONO Imprimé par : Cric print, à Marly

©2021, CH-3027 Berne. Tous droits réservés, en particulier le droit de reproduction et de traduction. Aucune partie de cet ouvrage ne peut être reproduite sous quelque forme que ce soit ou distribuée par des systèmes électroniques sans autorisation écrite. L’autorisation doit être obtenue auprès de l’auteur, Lucie Gremaud, et de la Haute école des arts de Berne. 154


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Approche rétrospective

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