Hectares Magazine 2020-03 - French Edition

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Publication trimestrielle: janvier - avril - juillet - octobre

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A G R I C O L E !

HECTARES JUILLET 2020

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20IÈME ANNIVERSAIRE DU MERLO MULTIFARMER

FEMME DANS L'AGRICULTURE Tine Dezeure TROUVÉ DANS LE CHAMP Massey Ferguson 65 Trike IN THE PICTURE André Xhonneux


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20iéme anniversaire de Merlo Multifarmer Il y a 20 ans, Merlo dévoilait ses premiers Multifarmers. L’année suivante, le tracteur téléscopique du fabricant italien fut récompensé d’une médaille d’argent...

La fatigue au volant Pour Béné Brusselle (48 ans), originaire de Sint-Pauwels (Flandre occidentale), ce qui devait être la fin d’une période de travail intensif a bien failli virer au drame. Comme pour tous les ETA, le mois de juin...

Impossible n'est pas fermier! Le métier d’agriculteur est dur et non sans risques. D’un moment à l’autre, un accident peut tout faire basculer. Mais nos agriculteurs sont également tenaces et amoureux de leur profession...

Trouvé dans le champs... Quelle machine impressionnante, ce Massey Ferguson 65 ! On se croirait presque chez les Mennonites, où toute technologie moderne ainsi que les pneus en caoutchouc sont interdits...

Les salons souffrent sous la crise du Coronavirus La crise du coronavirus ne semble pas s'améliorer. Après que le virus se soit atténué à la fin du mois de mai...

Femme dans l'agriculture

Les remorques Dezeure sont une valeur établie dans notre pays. Tine Dezeure, son époux Siel, sa soeur Dorine et son beau-frère...

Du beau matériel en Belgique ! André Xhonneux a grandi dans l’agriculture. Petit, il observait son voisin et ses grands-parents agriculteurs. Adolescent, il prend ses premiers clichés avec un appareil jetable dès qu’il voit un tracteur passer...

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20ième anniversaire du Merlo Multifarmer

Il y a 20 ans, Merlo dévoilait ses premiers Multifarmers. L’année suivante, le tracteur téléscopique du fabricant italien fut récompensé d’une médaille d’argent à l’occasion d’Agritechnica 2001. Le développement de la machine avait toutefois commencé bien avant ce prix. Avec 3000 exemplaires produits, la machine est un véritable succès. Antoon Vanderstraeten Antoon Vanderstraeten & fabricants

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Comme plusieurs autres fabricants italiens, l’histoire de Merlo commence avec le développement et la production de chargeurs téléscopiques et de betonnières mobiles pour travaux de construction. D’ici la fin des années 80, on se rendait compte du potentiel du chargeur téléscopique pour le secteur agricole. Les ingénieurs de l’entreprise se sont alors penchés sur l’idée d’un chargeur téléscopique agricole. Le Turbofarmer était né. Merlo, en tant qu’entreprise attachant beaucoup d’importance au contact avec ses clients, ne s’en est pas arrêté là. Aussi, les ingénieurs se mettaient à la recherche d’une manière de rendre ce tracteur polyvalent encore plus polyvalent. Dans les exploitations agricoles où les Turbofarmers étaient utilisés, on n’avait pas toujours besoin de grandes capacités de moteur ou de relevage. Pourtant, on y trouvait un chargeur télescopique et au moins un tracteur. L’idée de Merlo était d’équiper un chargeur téléscopique

d’une prise de force ainsi que d’un dispositif de relevage afin que celui-ci puisse remplacer le tracteur. Après de nombreux calculs et de travail et un premier prototype, le Multifarmer, dont le « multi » indique la polyvalence supplémentaire de la machine, est lancé en 2000. Le Merlo Multifummer fut bien accueilli. Ce tracteur télescopique fut non seulement récompensé de nombreux prix, comme la médaille d’argent à l’occasion d’Agritechnica en 2001, mais surtout : il pouvait compter sur un public enthousiaste. Les premiers Multifarmers introduits étaient les modèles MF30.6 et MF30.9. Les deux modèles pouvaient lever 3 tonnes, l’un jusqu’à 6 mètres de hauteur, l’autre jusq’à 9 mètres. Sous le capot se trouvait un moteur turbo 4 cylindres Deutz avec refroidisseur intermédiaire de 115 ch. Les modèles plus petits, les MF27.8 (2.7 tonnes jusqu’à 8m de hauteur) et MF29.6 (2.9 tonnes jusqu’à 6m de hauteur), ont très


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En équipant un chargeur télescopique d’un dispositif de relevage et d’une prise de force, Merlo a ouvert un tout nouveau segment de marché.

Le Multifarmer est une bonne solution pour les entreprises où un deuxième tracteur ne ferait pas beaucoup d’heures.

Un Multifarmer reste avant tout un chargeur télescopique.

vite suivi. La puissance du moteur des différents modèles, 102 et 115 CV, était suffisante pour entraîner une simple faucheuse (à disques), une faneuse et un andaineur, pour effectuer un travail du sol ou un simple semis. Et c'est exactement là que Merlo voulait positionner son Multifarmer. L’entreprise n’avait jamais l’intention de proposer les tracteurs télescopiques Multifarmer comme tracteurs dans les entreprises de grands champs. Le marché visé par l’entreprise a toujours été celui des petits élevages laitiers. La combinaison du travail de tracteur léger et de la polyvalence d’un chargeur télescopique faisaient des Multifarmer le partenaire idéal de ces agriculteurs. Une seule machine permettait de faucher, de faner et d’andainer, d’ensuite charger les balles de foin, de les évacuer du champ et d’administrer de l’engrais chimique à l’herbe.

roues de même taille devant et à l’arrière. Au début, on craignait pour le transfert de puissance de traction, mais les Multifarmers ont une transmission continue à transmission hydrostatique, ce qui a rapidement démontré que cette crainte n’était pas nécessaire. Les essieux portiques, développés par Merlo même, assuraient suffisamment de garde au sol pour, par exemple, du travail en équipe. Puisque la base des tracteurs télescopiques était un chargeur télescopique, le traitement des produits ne fut pas compromis. En plus d’une capacité et hauteur de relevage suffisantes, la visibilité sur le bras de relevage reste optimale. Cela signifiait toutefois une moins bonne vue sur l’arrière, le relevage et l’outil. Il a, là aussi, fallu que les utilisateurs s’y habituent, mais ce n’était pas insurmontable.

et de désactiver la prise de force ou de mettre en marche le blocage de différentiel. En plus de tout cela, le système MERlin pouvait également être utilisé comme système antivol, ce qui, il y a 20 ans, était largement sous-estimé.

Une enquête de Merlo auprès de ses clients leur a appris qu’un chargeur télescopique standard tournait environ 600 heures par an. En dotant le chargeur télescopique d'un dispositif de relevage et d’une prise de force, les possibilités d'utilisation de la machine ont considérablement augmenté. Les multifarmers ayant plus de 1000 heures de travail par an n'étaient pas des exceptions. Pour les utilisateurs, se rendre au champ avec le Multifarmer signifiait qu'il fallait s’adapter. La cabine, généralement large, du tracteur était remplacée pour une cabine de chargeur télescopique plus compacte placée à gauche au lieu d’être bien centrée. En outre, les Multifarmers étaient (et sont) montés sur des

Dans la cabine, il était clair que les Multifarmers étaient en premier lieu des chargeurs télescopiques. La main gauche sur le volant, la main droite sur le joystick multifonction et le pied sur la pédale permettaient un contrôle presque parfait de la machine. Sous le volant se trouvait un levier pour la direction de roulage ainsi qu’un sélecteur de vitesse (16 ou 40 km/h) du système MERlin (MERLO Local Interactive Network). Dans la version de base Classic2, le système MERlin était remplacé par un tableau de bord standard analogique. Dans la version de luxe Top2, les paramètres des machines étaient affichés sur un écran numérique commandé par un système informatique. Ce système permettait également, par exemple, d'activer les feux de route et d'avertissement, d'activer

Merlo a pris un risque avec le développement du Multifarmer. Les frais d’un développement pareil ne sont pas à sous-estimer et, s’il se serait avéré que les machines n’étaient pas bien reçues, la réputation de la marque risquait d’en souffrir. Toutefois, après 20 années et plus de 3000 Multifarmers produits, Merlo peut parler d'un succès. Plusieurs concurrents, dont le Landini PowerLift/McMacCormick Teletrac et le Manitou Manirac, ont voulu suivre le Multifarmer, mais aucun de ces projets ne fut réalisé. La raison n’est pas claire. Ce qui l’est, en tout cas, c’est que le Multifarmer a sa place au sein de la gamme Merlo. Merlo compte 8 Multifarmers actifs en ce moment. Ils ont une capacité de relevage de 3,4 tonnes ou de 4 tonnes et atteignent des hauteurs de relevage de 7 et 9 mètres. Le "petit" Multifarmer atteint une puissance de 136CV et son grand frère une puissance de 170CV. Afin de répondre aux questions spécifiques des clients (potentiels), Merlo a également élaboré un large éventail d'options pour ce tracteur télescopique unique.

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Sécurité

Béné Brusselle a été blessé après s'être endormi au volant.

la fatigue au volant Pour Béné Brusselle (48 ans), originaire de Sint-Pauwels (Flandre occidentale), ce qui devait être la fin d’une période de travail intensif a bien failli virer au drame. Comme pour tous les ETA, le mois de juin était un mois où Béné travaillait de très longues heures : la protection des cultures, la récolte,... D’ici la mi-juin 2018, Béné n’en avait plus que pour une journée de semis chez un client. Kim Schoukens Antoon Vanderstraeten & Kristof Pieters

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La combinaison avec laquelle Béné a eu son accident.

La période des récoltes est également très chargée, ce qui entraîne des nuits blanches.

"Après une nuit assez courte où j'ai dormi environ trois heures, je devais semer 30 hectares avec notre Vredo. Comme il y avait beaucoup de travail, j'ai commencé assez tôt le matin malgré la courte nuit. Pendant la journée, mon fils était avec moi : c'était la fête des pères et il voulait être avec papa. Ce n'était pas trop mal, avec la compagnie." C’est lors de la fin sur le tout dernier morceau que les choses ont mal tourné. Béné : "Ma femme est venue chercher mon fils vers 17 heures, puisqu’il devait aller à l’école. À ce moment-là, j'avais encore quelques heures de travail. Vers 22 heures, j’ai commencé le dernier bloc : un beau morceau rectangulaire et long d'environ 6 hectares" Une heure et demie plus tard, les travaux avaient beaucoup progressé, mais la trémie était vide. Béné se rend à la ferme et remplit le réservoir avec la femme de l'agriculteur, après quoi il retourne à la parcelle, enclenche le pilotage automatique du RTK et se met à rouler. « Sur ce

terrain et dans ces conditions, je pouvais rouler à environ 14km/h sans problème. Mais tout d'un coup, le trou noir. Je ne me souviens plus de l’impact, mais je me suis réveillé dans le ruisseau, le poids frontal de l’autre côté et le nez du tracteur à un angle de 45° vers le bas. Tant la machine que le tracteur tournaient encore. » Béné a encore le sang froid d'arrêter le tracteur et la machine : "Je ne sais pas comment je suis sorti du tracteur, mais je me souviens que j'étais très étourdi. Je me sentais faible, il y avait du sang partout dans la cabine et j'étais moi-même couvert de sang." Il découvre ce qui s'est passé exactement grâce au voisin d'en face, qui était venu voir juste avant de se coucher et a vu l’accident. Béné a eu beaucoup de chance : le poids frontal du tracteur a fait en sorte qu’il a évité le pire. Il a absorbé l’impact et s’est enfoncé dans la berge d’en face. Sans cela, les conséquences auraient

pu être beaucoup plus lourdes. Sur le moment même, difficile de voir si Béné était (gravement) blessé. Étourdi et couvert de sang, il appelle le fermier puis l'ambulance. Comme l'accident s'est produit à 500 mètres de la rue, la femme du fermier vient le chercher. "D'après le distributeur, j'ai dû passer par la trappe de toit en plastique du tracteur", dit-il. "Mon sourcil et ma paupière étaient déchirés, et j'avais des fissures dans l'orbite. Au total, j'ai dû me faire mettre 16 points de suture autour de la région de l'œil. Le volant a dû absorber une partie de l'impact, car il était complètement déformé et vu ma douleur dans les muscles du bras et de la poitrine, j'ai dû y mettre de la force moi-même". Les pires des dégâts sont pour le tracteur. Pendant que Béné reçoit les soins nécessaires, le tracteur est ramené à la maison avec un porte-engins. Le volant est tordu, la trappe de toit abimée, le poids frontal fortement endommagé en

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Les travaux du printemps, avec le semis et le plant ainsi que l'ensilage d'herbe et l'épandage de fumier, sont tellement intensifs que les travailleurs dorment très peu pendant cette période.

"Dans les semaines qui ont précédé l'accident, j'estime que j’ai dormi en moyenne 2 heures par nuit." Béné Brusselle

raison de broches d'attelage pliées, et les freins détruits. « Il a fallu au distributeur quelques heures de nettoyage pour enlever tout le sang avant qu'il ne puisse commencer à réparer les dégâts. Le tracteur a du passer plusieurs jours chez le distributeur. Quelques semaines plus tard, je remarquais des problèmes avec l'essieu avant. Une vérification a révélé que l'impact avait provoqué de minuscules fissures qui avaient continué à s’élargir et à causer des dégâts. Résultat : un nouvel essieu. » Heureusement, il n’y avait pas de dégâts à la parcelle et au semoir. Comment la fatigue a-t-elle pu s’accumuler au point que Béné ne s’est pas senti s’endormir, le soir de l’accident ? Quel concours de circonstances l'a conduit à se retrouver dans sa situation pénible ? Bon nombre d’agriculteurs se reconnaitront.

Trop peu de sommeil

La soirée de l’accident arrive après une période très intensive pour Béné, qui avait traité 800 hectares de maïs, de céréales, de betteraves et de pommes de terre dans les semaines précédentes. Pendant trois semaines, il a conduit presque jour et nuit, sans interruption et ce sept jours sur sept. Lorsque le temps ne permettait pas de pulvériser, Béné a

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aidait son partenaire avec le préfané. "Dans les semaines qui ont précédé l'accident, j'estime que j’ai dormi en moyenne 2 heures par nuit. Je dis "moyenne", parce que la réalité était plutôt que je sautait deux nuits pour continuer et que je rattrapais ensuite quelques heures de sommeil, et ainsi de suite. C’était épuisant. En mettant le tracteur en mode automatique cette nuit-là, je suis probablement devenu moins attentif puisqu’il se conduisait parfaitement tout seul, et c’est probablement pour cela que j’ai somnolé. » Normalement, la machine signale la fin d’un passage à la fin d'une parcelle, un peu avant la tournière, par un signal sonore. Un signal que Béné n’a toutefois plus entendu. Une chance, selon le médecin urgentiste ! « Parce que je dormais, je n'ai pas résisté », dit Béné. « De ce fait, les blessures ont été réduites au minimum. D'autre part, bien sûr, ceci ne serait pas arrivé si je ne m'étais pas endormi ». La fin du printemps et la récolte sont une période très chargée dans les champs, et même si beaucoup reconnaîtront probablement l'histoire de Béné, elle ne suscitera probablement pas l’inquiétude. Il n'y a que 24 heures dans une journée, et le travail doit être fait. Et pourtant,

Béné pense différemment maintenant : "Dans ces moments de pointe, on fonctionne sur l'adrénaline, et c'est pourquoi on continue. Mais il arrive un moment où votre corps dit « stop ». Quatre ans avant l'accident, j'avais déjà été admis deux fois avec des arythmies cardiaques dues à une fatigue excessive, et à chaque fois, il a fallu me défibriller. Pendant les périodes où mes problèmes cardiaques étaient sous contrôle, je me sentais en forme, et c’est là où est le danger. On a besoin de sommeil, et il est très important de se reposer à temps et d'écouter son corps. Trop souvent, je pensais que je pouvais tout me permettre, comme quand j’avais 20 ans, mais la réalité est bien différente. » Quelques mois seulement après son accident, Béné est à nouveau confronté aux dangers de son travail : en janvier 2019, il glisse dans la neige et tombe d’une remorque. Le résultat : plusieurs opérations à la cheville et 4 mois d'incapacité de travail. « Au cours de ce long séjour à la maison, j'ai eu le temps de bien réfléchir et j’ai décidé d’arrêter le travail d'entrepreneur agricole. La principale motivation de cette décision était l'irrégularité des horaires et le manque de repos. En quelques années seulement, nous avions tellement de travail dans le domaine


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de la protection des cultures que c'était devenu trop pour une seule personne, et le travail ne cessait de s'accumuler. Il fallait prendre une décision en faveur de la croissance, mais la pulvérisation est une tâche si délicate qu'il était difficile déléguer ce travail. En réalisant que grandir signifiait aussi acheter un deuxième pulvérisateur et tous les risques financiers que cela impliquait, ma décision était prise. Il était temps de penser à ma santé et à ma famille. » « Mon beau-père a travaillé dur toute sa vie et s'est construit une belle carrière, mais il est décédé à 51 ans seulement" , poursuit-il. « J'ai vu cet âge s’approcher, et cela a certainement joué un rôle dans ma décision. Le fait de savoir que la protection des cultures implique des horaires de travail très irréguliers m'a fait comprendre qu'il valait mieux que j'arrête ».

13% des conducteurs belges se sont déjà retrouvés sur l'accotement ou pire à cause d'un moment d'ivresse dû au sommeil !

Aujourd'hui, Béné travaille comme chauffeur de camion. Son horaire demeure assez lourd : chaque jour, il se lève à une heure et demie pour commencer, mais il est régulier. « Je me lève à la même heure chaque jour et peux aller me coucher à temps le soir afin de dormir suffisamment. Enfin, j’ai le temps de récupérer les week-ends. Grâce à cela, je suis désormais beaucoup moins fatigué ». « Si je peux donner un conseil aux lecteurs, c'est celui-ci : écoutez-vous et votre corps et prenez suffisamment de repos. »

"Dans les semaines qui ont précédé l'accident, j'estime que j’ai dormi en moyenne 2 heures par nuit." Le café peut augmenter la vigilance.

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Les témoignages sur les accidents causés par la (sur)fatigue au volant sont nombreux dans notre secteur, et malheureusement ils se produisent encore trop souvent. Hectares s'est entretenu avec des experts du sommeil à propos des conséquences de la fatigue et de la privation de sommeil. Le professeur Dr. An Mariman, Psychiatre/Somnologue à l'hôpital universitaire de Gand, parle des conséquences physiques et psychologiques : « La privation aiguë de sommeil entraîne rapidement des conséquences cognitives et émotionnelles », dit-elle. « On a des problèmes de concentration et de mémoire, des difficultés à se concentrer et à être attentif, on est moins alerte, plus irritable, plus émotionnel et on est fatigué et somnolent pendant la journée. La privation chronique de sommeil augmente non seulement le risque de développer des symptômes d'anxiété et de dépression, mais elle a également des conséquences physiques telles qu'une résistance réduite et un risque accru de maladies cardiovasculaires, d'obésité et de diabète ». Il est donc logique que lorsqu'il y a de la fatigue et/ou de la somnolence, entraînant une baisse de vigilance, cela augmente également le risque d'accident. Pour les agriculteurs qui doivent travailler de longues journées et de longues nuits pendant la saison, elle aimerait donner les conseils suivants : 9 conseils du Prof. Dr. Mariman : • • • • • • • • •

I déalement, nous dormons de 7 ½ à 8 heures par nuit. Si cela n'est pas possible en raison du travail, essayez de dormir au moins 5, mais préférablement 6 heures par nuit La caféine a une demi-vie de 8 à 10 heures. Le café ou les boissons énergisantes contenant de la caféine peuvent donc contribuer à augmenter la vigilance, mais ne doivent pas être consommés après 15 heures. Une courte sieste de 15 à 20 minutes maximum pendant la journée peut aider à augmenter la vigilance. Évitez la consommation d'alcool. L'alcool donne une sensation de somnolence et facilite l'endormissement, mais donne un sommeil de moins bonne qualité avec plus de fragmentation, ce qui fait que vous vous lèverez moins frais. N'utilisez pas d'écran (GSM, ordinateur portable, PC, tablette) à partir d'une heure et demie avant le coucher. Vous pouvez, par contre, regarder la télévision. Évitez la nicotine. Ne prenez pas de repas lourd juste avant de vous coucher, mais n’allez pas non plus dormir le ventre vide. N'utilisez pas de somnifères, car ils peuvent vous donner une gueule de bois sans que vous vous en rendiez compte. Veiller à de bonnes conditions de sommeil : température de la chambre de 18 à 20°, chambre bien ventilée, sombre et peu bruyante.

Stef Willems, responsable de la communication et des relations publiques à l’institut Vias (anciennement IBSR - Institut Belge pour la Sécurité Routière), a également partagé son expertise. La fatigue n'est pas seulement un problème dans le champ, mais elle peut aussi provoquer des situations dangereuses sur la route. Plus d'un Belge sur quatre s'est déjà endormi au volant pendant une courte période, selon une récente enquête européenne. 13% des conducteurs belges se sont déjà retrouvés sur la bande d'arrêt d'urgence ou hors de la route à cause d'un moment de somnolence, 28% avaient l'impression de ne s'être assoupis que quelques secondes. Bien qu'il soit difficile de déterminer exactement le pourcentage d'accidents dus à la (sur)fatigue, l'institut part du principe qu'environ 20 % des accidents ont un rapport avec la fatigue. Les conséquences sont malheureusement encore minimisées par les agriculteurs et les citoyens, mais sont comparables aux conséquences de la conduite sous l'influence de l'alcool, selon le VIAS. Une personne fatiguée ou endormie au volant a du mal à suivre la route (ou la rangée), a un temps de réaction plus long, fait des micro-sommeils ou des endormissements involontaires, souffre d'une baisse d'attention et a du mal à maintenir une vitesse constante. Il existe pourtant des signes évidents de fatigue et de somnolence qui devraient vous alarmer lorsque vous êtes au volant d'un tracteur ou d'une machine. 7 signes de somnolence au volant : • • • • • • •

ifficulté à garder la tête droite D Bâillements répétés Paupières lourdes et picotement des yeux Difficulté à maintenir une vitesse constante Problèmes de concentration Pensées incohérentes Augmentation des "gestes autocentrés", c'est-à-dire des gestes dirigés vers sa propre personne et son propre corps, comme se gratter et se frotter les yeux.

« Il est impossible de vérifier si quelqu'un est trop fatigué au volant », explique Stef Willems, « il n'existe pas de "norme" ou de "mesure" officielle de la fatigue comme c’est le cas pour l'alcool et il est donc impossible pour la police de déterminer si quelqu'un est trop fatigué pour conduire. Le code de la route stipule toutefois que vous devez être en mesure d'effectuer toutes les actions nécessaires une fois que vous prenez le volant. La police peut donc imposer une amende si quelqu'un est "en état d'ivresse", et si vous êtes vraiment fatigué, vous pouvez présenter des signes d'ivresse sans avoir bu »

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L’agriculture avec un handicap

impossible n’est pas fermier ! Le métier d’agriculteur est dur et non sans risques. D’un moment à l’autre, un accident peut tout faire basculer. Mais nos agriculteurs sont également tenaces et amoureux de leur profession : plutôt que de se laisser abattre, beaucoup d’entre eux trouvent des solutions pour pouvoir continuer à l’exercer. Voici l’histoire de Jean-Paul Dawance. Kim Schoukens Antoon Vanderstraeten

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Le jeune Jean-Paul Dawance a grandi à la ferme de ses parents à Ouffet (province de Liège). A vingt-huit ans, il a tout juste repris une partie de la ferme familiale et vient de devenir papa. L’agriculture, c’est sa vie. Mais, il y a un peu plus de 30 ans, un accident changera sa vie. Jean-Paul se trouve sur une remorque pendant les travaux de fenaison au champ, lorsque celle-ci se met à rouler. Descendant une pente à toute vitesse droit vers une sapinière, Jean-Paul saute. Un acte qui lui a probablement sauvé la vie, mais qui aura aussi de lourdes conséquences. « La remorque n’étais pas haute, mais il suffit de mal tomber, et c’est exactement ce qu’il m’est arrivé. » Souffrant d’une fracture des vertèbres et d'une section de moelle, Jean-Paul apprend la ter-

rible nouvelle à l’hôpital : le jeune homme se retrouve paraplégique.

Croisée des cheminsi

Après cinq mois d’hospitalisation et une longue réadaptation, Jean-Paul est à la croisée des chemins. « Vu ma passion pour le milieu agricole et le fait que je venais de reprendre une partie de la ferme, j’ai décidé de tenter ma chance et de redémarrer mon entreprise. Ça n’a pas été facile, mais j’étais bien entouré. » Aidé de sa famille et de Jean-Louis, l’ingénieux marchand de machines agricoles du village, Jean-Paul peut essayer un tracteur légèrement aménager pour accommoder son handicap et continuer son travail. Un an après l’accident, le revoilà au volant d’un tracteur. Aujourd’hui, il conduit son quatrième tracteur modifié.

Le Steyr a été adapté au handicap de Jean-Paul. Il accède à sa cabine via un élévateur. Le Steyr a été adapté au handicap de Jean-Paul. Il accède à sa cabine via un élévateur.

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Le Steyr a été adapté au handicap de Jean-Paul. Il accède à sa cabine via un élévateur

« Grâce aux tracteurs aménagés et avec beaucoup d’aide de mon frère, de ma femme et maintenant aussi de mon filleul, je peux continuer à travailler à la ferme. » Jean-Paul et sa famille exploitent un élevage laitier et de grande culture, avec 80 hectares de froment, d’orge, de colza, de betteraves fourragères et de maïs et encore 80 hectares de pâturages. En plus de cela, ils travaillent en entreprise agricole où ils se spécialisent dans tout ce qui est semis de grains, moissonnage et ballotage et travaux divers. Jean-Paul se charge de tout ce qui est fanage et parcourt environ 1500 hectares par an à retourner le foin et à andainer. « J’ai dû beaucoup réfléchir aux problèmes d’accéder dans le tracteur, une fois que j’avais surmonté mon hésitation à continuer. Conduire un tracteur est en même temps un vrai plaisir et une crainte, puisque en cas de soucis au champ je ne sais pas à en descendre tout seul. »

Tracteurs aménagés

Le premier tracteur aménagé de Jean-Paul était un Zetor. Les aménagements étaient légers : un vérin sur la pédale de frein, un autre sur la pédale d’embrayage, le siège aménagé sur le côté du tracteur avec un rail de porte de hangar et un treuil avec des roulettes : « cela m’a permis d’essayer. Je ne voulais pas investir beaucoup parce que je ne savais pas si ma colonne vertébrale me permettrait de travailler, alors je conduisais avec un distributeur comme on faisait avec un chargeur à fumier. » Au bout de quatre ans et vu que sa santé le lui permettait, Jean-Paul opte pour un tracteur plus moderne et achète un Steyr, beaucoup plus adapté à son handicap. Il conduira ce tracteur pendant dix ans avant de l’échanger pour un autre Steyr, encore plus moderne et avec une boîte automatique. Chaque nouveau tracteur était aménagé par Jean-Louis qui avait toujours de nouvelles idées et astuces. « Plus de facilité et de sécurité ! J’ai fait 14.000 heures avec ces deux tracteurs avant d’échanger le troisième pour un nouveau Steyr. » « Mon nouveau tracteur est d’abord venu chez le concessionnaire Marchandise, qui a fait une partie des adaptations, et a ensuite été Le réservoir à carburant et l'escalier ont été adaptés pour faire de la place pour l'élévateur

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Des caméras à l'arrière du tracteur permettent à Jean-Paul de voir ce qu'il s'y passe.

Le bouton rouge sert de "pédale" de'embrayage

Jean-Paul contrôle ses freins au moyen d'une commande. Un vérin a été ajouté aux freins.

transporté vers l’Allemagne, chez Graf-Fahrzeugtechnik GmbH. Il fallait bouger le réservoir à mazout pour qu’il soit moins encombrant pour monter un élévateur, ce qui demandait beaucoup de travail. » L’aménagement des freins, avec un vérin et un distributeur sur l’accoudoir, trois caméras à l’arrière du tracteur pour permettre à Jean-Paul de bien tout voir sans être obligé de se tourner est réglé par Marchandise SA (Engis) qui s’est également chargé d’une grande partie des papiers et du transport. Après six semaines, JeanPaul peut prendre les commandes de son nouveau tracteur. « Grâce au CVT, j’avais toutes les fonctions en main ce qui était pratique puisqu’il ne fallait pas adapter cela. C’est surtout le montage qui a demandé beaucoup de travail couteux : un investissement de 30.000 euros. Heureusement, j’ai pu compter sur l’aide de l’AVIQ (Agence pour une Vie de Qualité, red.). Franchement, il est très fonctionnel et grâce à l’aménagement des freins et des caméras, je me sens en sécurité. Il me faut simplement l’aide d’une personne

pour attacher ma machine et je peux travailler. » En plus de son tracteur Steyr, JeanPaul dispose également d’un Avant. Celui-ci n’a pas dû être fortement adapté puisqu’il dispose des joysticks, ce qui convenait bien pour son handicap puisqu’il fait tout avec les mains. « Il a juste fallu installer des barres de sécurité pour que je ne tombe pas. J’utilise l’Avant pour l’alimentation des bêtes, ce qui représente environ 800 heures par an. Le nouveau Steyr a déjà 1300 heures à son compteur. »

Travailler avec un handicap

Si Jean-Paul est heureux de pouvoir continuer à exercer son métier, il ne cache pas qu’il est très dur de travailler avec son handicap. « Moralement c’est très dur. Même après 30 ans, j’ai des journées que je passe en larmes. Il y a le plaisir de conduire un tracteur, mais il y a aussi tous les autres soucis qui viennent avec mon état de santé : j’ai eu et ai encore des escarres et des plaies et j’ai des problèmes d’incontinence qu’il faut pouvoir gérer tout

en travaillant. Au moment des gros travaux, souvent, je monte dans le tracteur à 9h et je n’en redescends qu’après 22h. Je dois donc prévoir tout mon nécessaire en montant. Il faut gérer toutes ces heures dans la cabine avec les problèmes que j’ai. » « Je dois admettre que c’est très dur, mais si je peux donner un conseil à quelqu’un qui se retrouve dans ma situation : si c’est quelqu’un de motivé et que cette personne peut se le permettre, elle peut elle aussi faire ce que je fais. En revanche, je ne pense pas que j’aurais pu le faire si je n’avais pas été entouré de ma famille : même si je peux travailler, j’ai besoin d’aide et il y a certaines choses auxquels je n’ai pas accès. Ma femme, franchement, c’est une femme en or et ma fille a toujours été là pour moi également, la situation n’est pas facile pour mon entourage, qui a dû faire des concessions aussi. Mais je suis heureux d’avoir pu, grâce à leur aide, continuer parce que j’ai besoin de ça pour vivre. »

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Trouvé dans le champ... Massey Ferguson 65 Trike Quelle machine impressionnante, ce Massey Ferguson 65 ! On se croirait presque chez les Mennonites, où toute technologie moderne ainsi que les pneus en caoutchouc sont interdits. Cette vieille machine ne se trouve toutefois pas en Pennsylvanie, mais bien dans notre pays. Nous la remarquons dans un champ à Oostkamp, en Flandre occidentale. Kim Schoukens & DT Antoon Vanderstraeten & De Oude Doos

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Il y a une dizaine d'années, l’ imposant MF65 Trike arrivait chez Eric Goormachtigh.

Bien que la direction soit hydraulique, conduire la machine demande de la force.

Le Massey Ferguson 65 est un énorme tracteur. On le retrouve parfois à la ferme de l’agriculteur Eric Goormachtigh, et parfois au champ. En effet, avec ses grandes roues cage d'une largeur d'un mètre et d'un diamètre de 1,3 mètres, cette énorme machine ne peut pas emprunter n’importe quelle route. Après des années de services rendus auprès d'Etienne De Ruyck (Aalter, Flandre orientale), ce tracteur unique se repose désormais à Oostkamp. La machine a connu bon nombre de métamorphoses auprès de son propriétaire précédent, où il a été transformé en trike. La base est le simple mais très robuste Massey Ferguson 65, le grand frère du Massey Ferguson 35, plus populaire. Le volant, le siège et les garde-boue étaient d'ailleurs identiques au MF 35. Le premier MF 65 a été lancé en 1958 : le 65 Mark I, qui possédait un moteur de 50 CV, représentait la réponse du constructeur aux tracteurs Major de Fordson, populaires à l’époque. Le Massey Ferguson Mark II faisait

son entrée sur le marché fin 1960 avec un moteur de quatre cylindres et de type AD-4 203, légèrement plus lourd et plus moderne, d’une puissance de 58 CV. Mais revenons-en à l'histoire d'Eric Goormachtigh ! Après ses études à Bruges, Eric a poursuivi une formation d’ingénieur agricole à Gand. C’ était pendant le retour de Gand vers Aalter en train qu’Eric remarqua ce tracteur imposant pour la première fois. Des années plus tard, un ami venait raconter l’histoire de ce trike sur roues cage à vendre. Immédiatement, Eric se rendait compte de quelle machine il s’agissait. Aussi, il se renda à Aalter pour acheter le vieux tracteur, qui démarrait sans aucun problème. De nos jours, il est encore utilisé pour semer de l'herbe ou des céréales. À l'origine, le tracteur n'était toutefois pas utilisé pour le semis, mais plutôt pour préparer le terrain. Le sol de la région d’Aalter est un sol limoneux très léger et propice à former de la poussière. C’est pour

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Les roues cage d’une largeur de 1 mètre appuient le sol sur toute la largeur.

Le MF65 Trike est utilisé pour semer immédiatement après le labour. Les roues-cages appuient et émiettent le sol suffisamment. Plus besoin de travailler le sol après son passage.

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Le tracteur a pas mal d’ heures de travail sur son compteur, et cela se voit. Il démarre toutefois encore sans problèmes.

Lors de sa transformation, le MF65 a été équipé d’un sous-châssis à couronne d’orientation en dessous duquel fut placée l’ impressionnante roue frontale. L'arrivée et le filtre d'air ont également été placés vers l'avant et vers le haut.

cela qu'il est très important de bien le tasser après le labourage. Et voilà où les larges roues cages du MF s’avéraient utiles ! Si nécessaire, on plaçait une large herse munie de broches en métal et, éventuellement, de poids supplémentaires dans le relevage afin de donner plus de force de pression aux roues. Il fallait toutefois bien penser à placer le filtre à air avec bain d’huile un peu plus haut, puisqu’il aspirait des grandes quantités de sable. C’était non seulement lourd à digérer pour le filtre, mais également très salissant pour le conducteur.

l’enlisement de la machine. Ce que l'on doit absolument éviter avec cette machine, ce sont les sols détrempés. Ils causent l’embourbage des roues cage, et une fois qu’elles atteignent la saturation, on est coincé. Une situation connue d’Eric, qui a eu bien du mal à libérer la machine. Mais tout est bien qui finit bien : le tracteur a pu être ramené au sec et reprendre le travail avant de trouver sa place au champ.

Ce tracteur travaille donc très bien sur des sols légers, bien que les roues cage peuvent être traîtres dans le sable, causant parfois

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Les salons souffrent sous la crise du coronavirus La crise du coronavirus ne semble pas s'améliorer. Après que le virus se soit atténué à la fin du mois de mai, il est réapparu vers la mi-juillet. La crise a un impact sur de nombreuses facettes de notre vie et de notre travail, ainsi que sur les nombreux salons de notre secteur. Personne ne sait comment le virus se développera, mais les mesures nécessaires sont prises. Pour les salons, cela signifie l’annulation. Antoon Vanderstraeten Antoon Vanderstraeten

L'organisation d’un salon est un travail immense. Il faut penser à l’emplacement, aux exposants, à la presse et au marketing, et surtout aux visiteurs. Pendant des mois, les organisations travaillent dur en coulisses pour élaborer des plans et des thèmes d'exposition, mettre au point des campagnes publicitaires et monter l'exposition. Il est donc difficile pour ces organisations de devoir finalement tout annuler. Cependant, la situation actuelle ne laisse pas beaucoup de choix. Quelle sera la situation dans quelques mois ? Est-il encore sensé d’organiser un salon pour devoir éventuellement tout annuler quelques jours ou semaines avant ? La Foire de Libramont a été la première en Belgique à faire le choix d’annuler. La foire a été reportée à 2021. Aux Pays-Bas, l'organisation de la Aardappeldemodag (journée de démonstration de la pomme de terre) a choisi de mettre en place une édition d'exposition numérique. En France, Potato Europe a également été annulée. Les expositions prévues plus tard dans l'année, telles que SIMA, EuroTier et EIMA, ont également été reportées. Pour l'instant, il y a encore une exposition de prévue cette année, à savoir Interpom. L'organisation avait précédemment indiqué que la foire continuerait avec des règles spécifiques pour les visiteurs, mais étant donné le développement de la crise, l'organisation devait se réunir au sujet de la situation à la mi-août. Il est donc possible que ce salon soit également annulé. Il semble que 2021 sera une année de salon très chargée qui commencera avec Agriflanders à Gand. Cependant, rien n’est encore certain pour l’instant. L’organisation d’Agriflanders suit les développements de près et décidera à propos d’une éventuelle annulation en septembre. Dès qu'il y a plus d'informations sur les différents salons, vous le lirez sur notre site.

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Femme dans l'agriculture

Tine Dezeure Les remorques Dezeure sont une valeur établie dans notre pays. Tine Dezeure, son époux Siel, sa soeur Dorine et son beau-frère Julien représentent la troisième génération de cette entreprise familiale bien belge siégeant à Beauvoorde (Furnes). Hectares s’est entretenu avec cette femme forte de notre secteur. Kim Schoukens Antoon Vanderstraeten & Dezeure

Tine, parle-nous de ton parcours. Je suis née et j’ai grandi dans le secteur. Mes grand-parents ont créé une entreprise de travaux agricoles en 1947, qui a été reprise par mes parents. Quand mon père a rejoint l'entreprise familiale, dans les années 70, il développait et construisait les premières remorques Dezeure pour sa propre utilisation. Ainsi, non seulement produisait-il des remorques pouvant servir à l’entreprise, mais il garantissait également du travail pour ses collaborateurs pendant les mois plus calmes. Après tout, le travail agricole est saisonnier. En plus de tout cela, il cultivait aussi plusieurs cultures. Il le fait toujours, d’ailleurs. Disons que mon père a trois passions distinctes : l'agriculture, les travaux d'entreprise agricole et la mécanisation agricole. Cela n'a pas été facile pour moi, enfant, quand nous devions expliquer le métier de nos parents en classe ! En tout cas, mon père a très vite reçu des demandes pour ses machines et c’est ainsi que tout a commencé. Quand je suis née, en 1984, mes parents présentaient déjà la gamme Dezeure à divers salons agricoles et avaient une entreprise de travaux agricoles florissante. Quant à moi, je savais déjà très jeune que je voulais faire des études dans les sciences combiné à la technologie et la technique. En 2007, j'ai obtenu un Master en sciences industrielles avec une

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spécialisation en électromécanique. Comment es-tu arrivée à l’entreprise de ton père ? J'y suis né, bien sûr, et bien que mes parents ne m'aient jamais poussé à rejoindre l'entreprise familiale, je m'y suis intéressé dès mon plus jeune âge. Après l'école, les week-ends et pendant les vacances, vous pouviez souvent me trouver dans les hangars ou entre les machines. J'ai toujours été intéressé par ce qui se passait dans l'entreprise, tant dans la construction des remorques que dans le travail agricole. Façonner des pièces, insérer des lattes dans les bennes élévatrices, câbler des armoires électriques... j’adorais tout ça ! J’aimais aussi accompagner mon père lorsqu’il allait voir les moissonneuses-batteuses et les ensileuses. Je me souviens combien j'étais impressionnée par toutes ces grosses machines et comment les conducteurs étaient à l'écoute les uns des autres. Après mes études, il m'a semblé logique de rejoindre l'entreprise et j'ai commencé à travailler comme concepteur mécanique et responsable des homologations. Pourtant, après trois ans, j'ai senti qu'il était temps pour moi d'explorer le monde pendant un certain temps et j'ai décidé d’acquérir de l'expérience au sein d’une autre entreprise. Bien que j'ai beaucoup appris pendant cette période, je me suis vite rendue compte que l'entreprise familiale

me manquait. Je suis donc retourné chez Dezeure, mes racines, armée de mes nouvelles expériences. Depuis combien de temps travaillez-vous dans l'entreprise ? Sans compter le détour, je travaille au sein de l'entreprise depuis que j'ai obtenu mon diplôme en 2007. En 2015, la troisième génération, dont je suis membre, a pris la direction de l'entreprise. Depuis lors, nous sommes quatre à nous trouver en tête de l’entreprise, qui emploie aujourd'hui une cinquantaine de personnes. Mon père, Eddy Dezeure, travaille toujours avec nous et nous espérons qu'il continuera à le faire pendant longtemps. Nous avons transféré les activités de travail agricole à un certain nombre d’eta de la région afin de pouvoir nous concentrer pleinement sur le développement et la fabrication de nos remorques pour l'agriculture, l'industrie et les transports. Quelles sont vos fonctions au sein de Dezeure ? Mes tâches sont très variées. Je suis actuellement en train d’assurer le suivi de notre projet de construction, de déployer et de mettre en œuvre un logiciel de gestion et de revoir tous les processus commerciaux qui doivent évoluer avec la croissance que nous connaissons actuellement. Je suis également responsable des RH et des homologations. Je ne suis bien sûr pas seule: nous sommes très fiers de pouvoir compter sur une


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équipe fantastique d'employés motivés sans qui tout cela ne serait pas possible ! Le projet de construction et la mise en œuvre connexe de logiciels de gestion et de processus d'entreprise occupent actuellement la majeure partie de mon temps. Tant que nous siégeons au même endroit où mon grandpère a lancé son entreprise en 1947, il n'est pas possible d'étendre nos activités. Nous sommes vraiment à la campagne, ce qui est certainement approprié pour une entreprise de travaux agricoles mais pas pour une usine. D'où le choix d'en construire une nouvelle dans la zone industrielle de Dixmude. Nous avons commencé les travaux de terrassement en avril. L'entreprise sera constituée d'une zone bâtie de 15000m² sur un terrain de 3,5ha. De cette façon, il y aura encore de la place pour de futures extensions. Quel est pour vous un moment mémorable dans votre carrière ? Je me souviens d’une soirée où j’accompagnais mon père pour voir les moissonneuses-batteuses. Il était très tard, et je devais avoir 14 ans. Un nouveau chauffeur venait de commencer et il conduisait la machine. Quand mon père est allé demander comment ça allait, il s'est avéré qu’il n’était pas très rassuré. Mon père a demandé s'il voulait sortir un moment pour qu'il puisse reprendre le volant afin de finir les premiers tours. Je me suis assis à côté de lui dans la cabine et le chauffeur attendait sur le terrain. Puis, soudain, mon père a reçu un coup de fil, mais il ne pouvait pas entendre l'interlocuteur à cause du bruit de la machine. Il m'a alors fait signe que je

devais prendre sa place au volant et il est parti.... Et me voilà au volant d’une machine énorme, du haut de mes 14 ans. Je n’arrivais même pas à utiliser le frein sans devoir me tenir droit dessus, j'étais trop petite et trop fine. Le chauffeur était médusé, et honnêtement, moi aussi. Je ne suis jamais devenu un bon conducteur, au contraire, mais conduire une telle machine était une sacrée expérience ! Quel effet cela fait-il d'occuper une position de premier plan en tant que femme dans un secteur où les hommes jouent encore un rôle dominant ? Bien que les hommes occupent indéniablement un rôle prédominant dans notre secteur, je ne choisirais pas le terme « dominant ». J'ai déjà consulté et travaillé avec de nombreuses femmes qui sont actives dans notre secteur et toutes sont des expertes dans leur domaine ! A mon avis, l’idée que les métiers et secteurs plus techniques ne soient pas pour les femmes est absurde. La bonne motivation, les bonnes compétences et une bonne dose de passion et d'intérêt : c'est ce qui fait qu'une personne convient ou non à un emploi technique, comme pour tous les autres métiers d’ailleurs. Je ne pense pas qu’il importe que vous soyez un homme ou une femme. Personnellement, travailler dans un « monde d’hommes » n’a jamais posé de problèmes pour moi. Je n’ai pas non plus remarqué de traitement différent que mes camarades masculins au cours de mes études. Ce qui est un fait, c’est que nous étions, et sommes toujours, en minorité. Je ne peux qu'encourager toutes les filles et les femmes intéressées par un diplôme

technique ou un emploi technique à se lancer ! Remarquez-vous une différence entre les hommes et les femmes ? Ce n'est pas une question évidente... Il y a tout simplement beaucoup moins de femmes dans ce secteur, de sorte qu'il n’y a pas beaucoup de candidates pour les emplois techniques. Mais ce que je remarque, c'est que les femmes qui choisissent un emploi technique font généralement ce choix très consciemment, alors que pour les hommes, c'est plus souvent un choix naturel. Une femme qui choisit de travailler dans ce secteur fait un choix qui ne semble pas évident, et c'est précisément parce que ce choix est bien réfléchi que ces femmes suivent leur intérêt intrinsèque. C'est précisément cela que je trouve une grande valeur ajoutée, un signe de détermination et de persévérance. En tant que femme, éprouvez-vous encore des difficultés dans le secteur ? Personnellement, je n'éprouve pratiquement aucune difficulté dans mon travail lié au fait que je suis une femme. Je ne peux qu'espérer que le nombre d'organisations considérant les femmes comme des collègues inférieures est négligeable. En ces temps de pénurie de talents techniques, ne pas sélectionner les femmes à haut potentiel et les experts sur base de leur sexe ferait preuve d’un très mauvais jugement. Quels conseils avez-vous pour les femmes qui envisagent une carrière dans le secteur et pour les entreprises du secteur même ? Pour les femmes qui envisagent une carrière dans ce secteur, je dirais qu'il faut foncer ! Si elles s'intéressent sincèrement à l'agriculture ou à l'ingénierie, et si les aptitudes et les compétences sont bonnes, il serait dommage de ne pas se lancer. Je conseille surtout aux entreprises du secteur de ne pas tomber dans le piège de la pensée unique. Regardez surtout la personne elle-même et soyez ouvert au recrutement de talents féminins. Donnez-leur les mêmes possibilités et conseils que leurs collègues masculins et veillez à ce que cette vision soit partagée dans toute l'organisation afin qu'elles puissent se développer pleinement et devenir de véritables atouts pour l'organisation.

Les remorques Dezeure sont bien connues dans nos régions.

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Portrait de... André Xhonneux

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André Xhonneux a grandi dans l’agriculture. Petit, il observait son voisin et ses grands-parents agriculteurs. Adolescent, il prend ses premiers clichés avec un appareil jetable dès qu’il voit un tracteur passer sur la route, ou lors de visites dans des foires. C’est toutefois lorsqu’il recevait son premier ordinateur, en 2007, qu’un tout nouvel univers s’est ouvert à lui : André découvre le monde des blogueurs et décide de partager des photos du matériel de la région sur son propre blog. Équipé de son vélo et d’un petit Samsung de 5 mégapixels, il parcourt des kilomètres pour immortaliser les machines de son voisin et d’autres entrepreneurs de travaux agricoles. Kim Schoukens

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« Au début, je n’avais que ce petit appareil photo et mon vélo, et ils ont beaucoup vécu ! Je parcourais environ 3000 km par an juste pour les photos, et mon appareil a pris pas mal de poussière. Maintenant, je ne roule pratiquement plus en vélo, mais je vais plus loin. » Au fur et à mesure, André se met à produire des vidéos et lance sa propre chaîne YouTube. Le jeune homme remplace son matériel par un équipement plus moderne et commence à acquérir une certaine notoriété : « à l’époque des blogs Skyrock, j’étais le 30ième blog le

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plus visité dans le top 100 avec entre 4000 et 5000 visites par jour. Pas mal, pour un blog de tracteurs ! (rires) » André demeure principalement actif dans sa province de Liège natale, mais se déplace aussi en Pays de Herve, en Hesbaye et même dans les Pays-Bas et en Allemagne. « L’été dernier, j’ai passé quelques jours dans la Marne, en France, ainsi qu’à une concentration de tracteurs en Suisse ! Bref, je vais partout où il y a des choses chouettes qui m’intéressent. Je ne cache d’ailleurs pas que j’ai une nette

Au fur et à mesure, André se met à produire des vidéos et lance sa propre chaîne YouTube.


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préférence pour le matériel de certaines marques. » En 13 ans de chasse aux machines, André a vu pas mal de belles choses. Difficile de choisir un seul sujet spécial ou exceptionnel pour lui, bien qu’il se souvienne particulièrement d’une faneuse de 20 mètres, ou encore d’une andaineuse de 19m. Du matériel rare dans nos rues. « En Belgique, il y a du sacré matériel quand même. Vraiment, je n’ai pas à me plaindre : je suis bien servi et surtout dans la marque que j’aime bien ! »

La marque qu’André « aime bien », c’est Fendt. Le jeune photographe estime que 80 à 90% de ses photos ont pour sujet principal du vert et rouge. Il photographie également d’autres marques de temps en temps pour varier son portefeuille, mais admet avoir une préférence très marquée. Fendt, c’est un peu sa spécialité, à tel point que beaucoup de ses photos étaient sélectionnées lors du concours photos pour décorer le stand du distributeur Hilaere Van Der Haeghe, à l’occasion du salon Agribex de 2017 : « je trouvais ça très joli de voir mes photos à Agribex ! »

Désormais armé d’un Nikon D5300 et d’objectifs 18-105 et 18-200 ainsi que d’un stabilisateur Feiyutech ak4000 pour les vidéos et d’un drone DJI Mavic Pro, André n’en a pas fini de rêver : « le matériel évolue chaque année, ça donne beaucoup de nouvelles opportunités... Un jour, j’aimerais voyager encore plus loin pour mes photos, pourquoi pas ! »

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ANDRÉ XHONNEUX AGE: 25 ANS HABITE: BERNEAU (PROVINCE DE LIÈGE) MATÉRIEL: NIKON D5300 AVEC OBJECTIFS 18-105 ET 18-200 STABILISATEUR FEIYUTECH AK4000 DRONE DJI MAVIC PRO ZONE DE TRAVAIL: PROVINCE DE LIÈGE, PAYS DE HERVE, HESBAYE, PAYS-BAS, ALLEMAGNE. PLUS BELLE COMBINAISON PHOTOGRAPHIÉE : TOUT CE QUI EST VERT-ROUGE !

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Nous avons connu un été chaud, avec une récolte de céréales précoce. Je remarque cette moissonneuse-batteuse New Holland Clayson 1530 en pleine récolte à Furnes. La vue de cette machine me fait penser à toutes ces fois où, petit, j'attendais avec impatience l'entrepreneur de travaux agricoles venant récolter. C'était le plus beau moment de l'été pour moi. Aujourd'hui, 35 ans plus tard, je vais encore souvent me poster dans un coin du champ pour regarder la danse des moissonneuses-batteuses. Comme quoi on n'est jamais trop vieux pour faire ce qu'on aime !


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