Klaus/Gattlen, Créer nature

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Gregor Klaus, Nicolas Gattlen

CrĂŠer la nature


Le présent ouvrage est un projet du Forum Biodiversité Suisse de l’Académie suisse des sciences naturelles, en collaboration avec BirdLife Suisse et Pro Natura.

Le Forum Biodiversité est le centre de compétence pour la diversité biologique en Suisse. BirdLife Suisse est la seule grande organisation de protection de la nature de Suisse présente jusqu’au niveau des communes et innovatrice dans le domaine de la biodiversité. Pro Natura est la principale organisation de protection de la nature en Suisse. Elle s’engage pour la conservation à long terme des habitats et des espèces animales et végétales du pays. L’édition du présent ouvrage a été permise grâce au concours de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV).

Auteurs : Gregor Klaus et Nicolas Gattlen Conception : Gregor Klaus, Nicolas Gattlen, Daniela Pauli Graphisme, mise en page et réalisation : pooldesign, Zurich Traduction française : Henri-Daniel Wibaut, Tania Brasseur Wibaut, Lausanne Photos de couverture : Recto en haut à gauche : Thomas Flory/Naturama Aargau ; en haut à droite : G. Brändle, Agroscope/Wikimedia Commons/CC-BY-SA-3.0 ; en bas : Beat Schaffner Verso Johanna Muther, Zurich 1ère édition : 2016 Information bibliographique de la Deutsche Nationalbibliothek La Deutsche Nationalbibliothek a répertorié cette publication dans la Deutsche Nationalbibliografie ; les données bibliographiques détaillées peuvent être consultées sur Internet à l’adresse http://dnb.dnb.de. ISBN 978-3-258-07971-4 L’ouvrage est également disponible en allemand : ISBN 978-3-258-07960-8 Les versions actualisées des chapitres de ce guide pratique peuvent être téléchargées gratuitement sur le site www.haupt.ch. Tous droits réservés. Copyright © 2016 Haupt Bern Toute reproduction interdite sans autorisation de l’éditeur. Printed in Germany www.haupt.ch


Gregor Klaus Nicolas Gattlen

CrĂŠer la nature Guide pratique de promotion de la biodiversitĂŠ en Suisse

Haupt Verlag


Remerciements Les auteurs et la maison d’édition remercient cordialement l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), qui a permis cette publication. Ils adressent des remerciements tout particuliers à Flavia Castelberg, Charlotte Schläpfer et Jean-Luc Brülhart, de la division Communication, de même que Sarah Pearson et Evelyne Marendaz, de la division Espèces, écosystèmes et paysages. Les auteurs remercient aussi cordialement les personnes suivantes, qui ont largement contribué à la réalisation de cet ouvrage : 7 Pour la relecture des textes, leurs suggestions et leur soutien technique : Daniela Pauli, Jodok Guntern et Danièle Martinoli, du Forum Biodiversité Suisse ; Werner Müller et Christa Glauser, de BirdLife Suisse ; Urs Tester et Sabine Mari, de Pro Natura. 7 Les personnes rencontrées dans le cadre des reportages, qui ont pris beaucoup de leur temps pour nous présenter sur place leur projet de promotion de la biodiversité. 7 Pour leurs commentaires et leurs propositions d’amélioration concernant certains chapitres du livre : Thomas Ammann, WWF Suisse ; Josef Amsler, GemPro-plus ; Béla Bartha, ProSpecieRara ; Claudia Baumberger, oeku Eglise et environnement ; Susanne Brêchet Schönthal, Association pour la protection de la nature et des oiseaux de Bâle-Campagne ; Urs Chrétien, Pro Natura Bâle-Campagne; Bruno Erny, Jardin botanique de Bâle, Association pour la protection de la nature et des oiseaux de Rothenfluh-Anwil ; Thomas Flory, Naturama Aargau ; Samuel Gründler, Fédération suisse de pêche (FSP) ; Mathias Hutter, Service des forêts et du paysage du canton du Valais ; Nicole Imesch, Wildkosmos ; Markus Jenny, Station ornithologique suisse de Sempach ; Reto Locher, Fondation Nature&Economie ; Matthias Mende, IUB Engineering AG; Deborah Millett, wildBee; Beatrix Mühlethaler, journaliste spécialiste des jardins naturels ; Kim Rüegg, Pusch; Irmi Seidl, Institut fédéral de recherche WSL ; Charlotte Spörndli et Regina Bulgheroni, Association pour une énergie respectueuse de l’environnement (VUE) ; Bettina Tschander, Grünstadt Zürich ; Silvia Zumbach, Centre de coordination pour la protection des amphibiens et des reptiles de Suisse (karch). 7 Kim Rüegg (Pusch), Kurt Eichenberger (WWF Suisse centrale) et Thomas Winter (Fondation Economie et écologie) pour leurs informations précieuses durant la phase de conception. 7 Les photographes de l’agence ex-press pour les photos des reportages. 7 Les autres photographes qui ont mis leurs photos à notre disposition. 7 Henri-Daniel Wibaut et Tania Brasseur Wibaut pour la traduction, ainsi que Danièle Martinoli, du Forum Biodiversité Suisse pour l’adaptation de la version française et la relecture du texte français. 7 Regine Balmer et Gabriela Bortot, de Haupt Verlag, pour la collaboration agréable et inspirante, ainsi que l’atelier de graphisme pooldesign pour la séduisante mise en page.

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Table des matières Remerciements

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Chaque geste compte

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Ecole Classe verte

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Biodiversité – diversité de la vie

8

Observations au bord de l’étang

198

Aire de jeu vivante

201

192

Apprentissage de la nature par

Partie I

Reportages

tous les sens

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Sarclage créatif

12

Le pouvoir du conseil communal

23

Respect de la faune et de la flore

210

Travail de classe !

36

En famille dans la nature

213

Les gardiens du trésor

46

Découvrir les espèces

219

Le jardinier des terres cultivées

57

Soutenir la protection de la nature

223

Embellir le travail

72

Participation active à une association

Le parrain de l’Aabach

81

de protection de la nature

91

Planifier un projet de protection

Renaissance à Villmergen

Loisirs

205 208

226

Un coq voit vert

101

de la nature

231

Vue imprenable sur les prairies

112

Cours d’eau vivants

239

Un vignoble florissant

124

Partie II

Conseils pratiques

Jardin

137 138

Un écrin de nature devant sa porte

140

Un festin pour les abeilles

151

Jardiner sans tourbe

155

Un jardin non toxique

156

Bâtiments

162

Le balcon bourdonnant

169

Désamorcer les pièges

173

246

Des labels pour acheter mieux

248

Alimentation : qualité plutôt que quantité

255

De l’électricité à valeur ajoutée

257

Quand l’argent travaille pour la nature

260

Commune

160

Sous-locataires

Travail

Consommation

262

Le pouvoir des citoyens

264

Les communes et la biodiversité

267

Une Eglise vivante

274

Propriétaires fonciers

280

La nature en zone cultivée

282

Place à la diversité dans les forêts

287

Vignobles riches en espèces

294

178

La biodiversité, une opportunité pour les entreprises

180

Un site d’entreprise naturel

185

Façades et toitures végétalisées

188

5

Crédit photographique

300

Index alphabétique

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Chaque geste compte Il y a trente ans, un paysan du Plateau suisse décida de promouvoir la nature et planta une haie. Peu après, le Conseil communal rencontra les membres de la Commission agricole et le directeur de l’école d’agronomie toute proche devant les arbustes. Ils aboutirent à la conclusion que cette bande de buissons n’avaient pas sa place au milieu des champs. Les oiseaux que le paysan souhaitait aider devaient nicher dans la forêt. Il y avait assez de place là-bas. Le paysan tenait pourtant à sa haie, ce qui suscita de vives réactions. Une nuit d’hiver, des inconnus se glissèrent dans les champs et arrachèrent la haie. Le paysan ne se découragea pas et la replanta. Aujourd’hui, la haie, longue de 200 mètres, est un élément caractéristique du village. Et quand le paysan plante une nouvelle haie, les villageois viennent le voir et le félicitent. Certains aimeraient même savoir quels arbustes il a plantés. Les gens ont de nouveau pris conscience de la valeur de la biodiversité. Ce phénomène est lié aux vastes pertes de surfaces naturelles, qui représentent aussi à nos yeux la disparition d’éléments de notre patrimoine. Nous déplorons l’absence des alouettes des champs, des prairies riches en fleurs et en papillons, et des petits coins sauvages dans les jardins et les arrière-cours. Chaque mètre carré de sol construit ou nettoyé accroît la nostalgie des paysages beaux et variés et des expériences enrichissantes vécues dans une nature toute proche. De fait, la diversité biologique a considérablement décliné depuis les années 1950. Certes, la Confédération, les cantons, les communes et les organisations de protection de la nature s’engagent pour freiner les pertes de valeurs naturelles, en réorientant par exemple les subventions accordées à l’agriculture, en créant et en entretenant des zones protégées, ou en accordant un soutien ciblé aux espèces particulièrement menacées. Sans ces efforts, notre nature se porterait encore beaucoup plus mal. Mais ils ne suffisent pas pour enrayer le recul ; les facteurs qui accroissent la pression sur les écosystèmes, la faune et la flore sont trop influents. Pour inverser la tendance, des changements doivent intervenir dans tous les domaines de la vie politique et sociale. L’enjeu est grand : la biodiversité ne représente pas moins que la base de notre existence. Elle a fait de notre planète un lieu habitable. Sans biodiversité, la Terre ne serait qu’une planète monotone comme la Lune. L’abondance de vie nous garantit la présence d’aliments, d’air et d’eau potable. Elle régule le climat et stabilise les versants de montagne, protège des crues et des avalanches et entretient les cycles alimentaires. Si la diversité décroît, le risque augmente que ces fonctions soient peu à peu affectées. Nous scions la branche sur laquelle nos enfants et petits-enfants devraient pouvoir s’asseoir.

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CHAQUE GESTE COMPTE L’utilité de la biodiversité va toutefois bien plus loin encore : les conclusions de la recherche montrent que l’homme a une prédilection naturelle pour la diversité des espèces. La biodiversité est belle et elle procure du plaisir. Que ce soit le spectacle d’une étendue de fleurs au bord du chemin ou le vol fascinant de libellules au-dessus d’un étang ou le chant d’un oiseau. La biodiversité nous inspire, elle peut occulter les soucis de la vie quotidienne. La diversité des formes, des couleurs, des bruits et des odeurs enrichit notre univers. C’est elle qui fait d’un paysage un lieu de détente et d’inspiration. Le présent guide vous suggèrera des moyens de promouvoir la diversité biologique. La première partie de l’ouvrage dresse le portrait de onze personnalités qui s’investissent avec enthousiasme et efficacité, dans leur environnement immédiat, en faveur de la biodiversité : jardiniers, enseignants, vignerons, conseillers communaux, forestiers, chefs d’entreprise ou gérants immobiliers. Leurs exemples sont encourageants et incitent à prendre des initiatives. Nous n’avons certes pas tous les mêmes moyens ni les mêmes possibilités (un jardin ou un mandat politique, p. ex.). Mais nous pouvons tous soutenir la faune et la flore indigènes de multiples manières et promouvoir leur habitat. La seconde partie du livre fournit des conseils pratiques et des suggestions. Mettez-les en pratique et embellissez la Suisse ! Chaque geste compte. Daniela Pauli Directrice Forum Biodiversité

Werner Müller Directeur BirdLife Suisse

Urs Tester Franziska Schwarz Membre de la direction Vice-directrice Pro Natura Office fédéral de Suisse l’environnement

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Biodiversité – diversité de la vie La notion de « biodiversité » désigne la diversité de la vie sur notre planète : bios (= la vie, en grec) et diversitas (= diversité, en latin). Au cours des quatre milliards d’années écoulées, des millions de formes de vie diverses et fascinantes ont vu le jour. Il n’existe donc pas une seule et unique espèce de mésange, mais des mésanges bleues, des mésanges charbonnières, des mésanges noires et des mésanges huppées, pour ne citer qu’elles. La biodiversité n’englobe pas seulement la totalité des espèces animales et végétales (environ 50 000 espèces ont été observées en Suisse) mais aussi la diversité des milieux (235 types d’habitats différents en Suisse) ainsi que la diversité génétique à l’intérieur de ces espèces. Savez-vous ce qu’est la Rose de Berne ? Ou la Jaune de Chardonne ? Ou les Dix doigts de Naples ? Ce sont trois variétés de tomates aujourd’hui cultivées en Suisse. La Banque de gènes nationale possède actuellement les semences de près de 12 000 variétés de plantes utiles. Les processus de vie et les interactions entre les espèces appartiennent également à la biodiversité. Les êtres vivants n’existent pas seulement pour eux-mêmes mais ils sont aussi toujours intégrés dans une communauté au sein de laquelle les divers organismes s’influencent mutuellement et sont tributaires les uns des autres. Par suite de la disparition d’une ou de plusieurs espèces, toute une communauté peut se retrouver en déséquilibre. Chaque espèce est donc importante et précieuse. Comme dans une mosaïque, chaque élément joue un rôle déterminant pour l’ensemble : le champignon dans la forêt ou le hérisson dans le jardin et la sauge des prés sur votre balcon. La diversité fonctionne comme une assurance : si une espèce disparaît, une autre peut la remplacer.

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BIODIVERSITÉ – DIVERSITÉ DE LA VIE

Etat de la biodiversité en Suisse Dans une étude publiée en 2015*, le Forum Biodiversité Suisse de l’Académie des sciences naturelles ainsi que 34 autres institutions scientifiques ont réuni et analysé des faits relatifs à l’état et à l’évolution de la biodiversité dans notre pays. Leur constat est aussi catégorique qu’alarmant : la biodiversité a fortement décliné sur l’ensemble du territoire de la Suisse au cours des dernières décennies, et la tendance persiste, bien que des efforts aient été accomplis depuis les années 1980. Ainsi, les effectifs des amphibiens continuent de décroître : les zones de reproduction d’importance nationale sont encore trop isolées et les résultats des programmes de protection n’agissent que ponctuellement. Beaucoup de marais rétrécissent et sont menacés par l’assèchement et les apports d’azote ; leur protection, inscrite dans la Constitution, n’est que trop peu mise en œuvre. Les prairies sèches riches en espèces disparaissent, notamment en montagne, où l’intensification de l’exploitation agricole grimpe en altitude. Le bilan est préoccupant : plus d’un tiers des espèces fongiques, animales et végétales de Suisse sont aujourd’hui menacées et environ la moitié de tous les milieux naturels sont en mauvais état. La revalorisation de paysages ruraux au moyen de haies, de lisières, de prairies riches en espèces et de jachères florales, de même que les mesures de conservation d’espèces d’oiseaux et de papillons fortement menacées ou les renaturations de cours d’eau déjà réalisées montrent que les succès sont possibles. Ces efforts ne peuvent certes pas encore compenser les pertes, mais ils montrent que le savoir nécessaire et le potentiel d’amélioration existent. Pour enrayer le déclin de la biodiversité, et amorcer son redressement, l’engagement de tous est nécessaire. *Fischer M. et al. (2015) : Etat de la biodiversité en Suisse en 2014. Téléchargeable au format pdf à l’adresse : www.biodiversity.ch > publications

Le criquet bariolé a dû être inscrit sur la liste des espèces menacées par suite de la mise en péril de son habitat et de l’isolement de ses populations. La sauvegarde et la promotion de la biodiversité en Suisse sont une mission qui incombe à l’ensemble de la société.

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Partie I


Reportages


Sarclage créatif Dans les parcs nationaux et les zones de protection de la nature, nous sommes impressionnés par la multiplicité des couleurs, des bruits et des odeurs. Dans leur jardin, en revanche, la plupart des propriétaires de maison individuelle aménagent une étendue verte monotone, qui requiert beaucoup d’entretien. Mais il n’en est pas toujours ainsi : chez Beatrix Mühlethaler, le jardin montre qu’il est possible de concilier nature sauvage et civilisation. L’agencement sophistiqué de la nature se combine avec le sens de l’ordre de la jardinière.

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Beatrix Mühlethaler : « Il ne faut jamais avoir l’impression que l’être humain n’a pas sa place. »


SARCLAGE CRÉATIF cœur de Zurich. Mais ses efforts pour faire pousser des plantes indigènes suscitaient la méfiance des autres jardiniers. Beaucoup considéraient ces espèces comme des mauvaises herbes. « Mais lors des contrôles annuels, on ne pouvait rien nous reprocher », déclare Beatrix Mühlethaler. « Malgré les espèces indigènes, tout était en ordre… dans un style différent. Mais on n’était pas enthousiasmé par cette altérité. » Elle obtint le soutien de Grün Stadt Zürich, qui commença à encourager les jardiniers naturels dans les jardins ouvriers à partir des années 1990. Beatrix Mühlethaler s’engagea sur le plan national, par exemple en tant que membre de la direction de l’association « Verband Natur Garten », aujourd’hui intégrée dans l’organisation Bioterra. L’association menait des campagnes de sensibilisation aux jardins naturels. Une fois, la Place fédérale fut verdie : un immense jardin naturel fut aménagé au pied des parlementaires. La nature urbaine devait être perçue comme une opportunité, aussi bien pour l’homme que pour la nature. Un jour, Beatrix Mühlethaler décida de profiter elle-même de son savoir et de gérer son propre jardin naturel, à l’abri d’équipes de contrôle dictant ce qui avait le droit ou non de pousser. Une annonce prometteuse attira son attention : la construction d’un ensemble de trois maisons en bois était en projet à Illnau, entre Zurich et Winterthur. L’architecte possédait lui-même un jardin naturel. « Toutes les conditions étaient réunies », déclare Beatrix Mühlethaler. Pour les autres résidents, l’idée d’un jardin naturel était certes inédite, mais ils acceptèrent l’expérience. Un spécialiste lui vint en aide pour la planification, et une entreprise dessina le relief. Le verdissement fut pris en charge par les résidents sous la direction de

Derrière un buisson se cache la petite plaque portant les numéros 30, 32 et 34. Pourtant, ne trouvant pas l’accès à la maison, je compose le numéro de téléphone de Beatrix Mühlethaler. Le téléphone sonne au loin. Une femme apparaît à un balcon. Je lui crie que je ne trouve pas l’entrée du numéro 30. Elle éclate de rire et me répond : « Vous devez prendre le chemin qui longe la haie d’aubépines ». Je finis par découvrir, derrière la haie, une vie intense : pré fleuri, arbres fruitiers, un banc posé dans un coin engravillonné près d’un mur de pierres sèches et d’un étang, des étendues de plantes vivaces regorgeant d’espèces indigènes. Ces éléments se combinent comme les pièces d’un puzzle pour créer un ensemble harmonieux. Ambiance de vacances. Une seule envie : s’asseoir, se détendre et regarder. Et on se dit que ce devrait être partout comme ça ! n créant son jardin naturel, Beatrix Mühlethaler a réalisé un rêve de longue date. Tout commença par un livre : en 1980, elle découvrit le guide Le Jardin naturel, rédigé par Urs Schwarz, enseignant à Soleure et jardinier naturel de la première heure. « L’idée m’a convaincue », déclare Beatrix Mühlethaler. La journaliste travaillait à l’époque à la télévision suisse. Elle avait même produit un reportage sur les jardins naturels pour Schweiz aktuell. « J’ai découvert en direct comment un pionnier des jardins naturels éveillait des espaces verts à la vie en milieu urbain », se rappelle la journaliste. « J’ai été impressionnée par la manière dont on pouvait transformer un environnement par le savoir, la sensibilité et l’inventivité. » Beatrix Mühlethaler fit ses premières expériences pratiques dans un jardin ouvrier. A l’époque, elle habitait un appartement au

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SARCLAGE CRÉATIF Beatrix Mühlethaler. Comme elle était parvenue à convaincre les autorités qu’une voiture dans une maison abritant trois familles n’exigeait pas huit places de parking, un espace nettement plus vaste fut ainsi disponible pour un agencement naturel. Des zones de gravier furent aménagées pour accueillir des mélanges de fleurs sauvages. Un substrat trop riche en nutriments aurait eu pour effet que, avec le temps, quelques espèces nitrophiles auraient dominé le peuplement. Les résidents plantèrent des haies le long des deux chemins d’accès gravillonnés menant aux trois maisons, ainsi que des arbustes sauvages et ornementaux, des arbrisseaux à baies, des légumes et des herbacées sur les surfaces humifères. Devant les trois terrasses, une prairie fleurie intégrale vit le jour. Certes, la prairie a aujourd’hui un aspect différent devant chaque maison. Dans l’une prédomine la blancheur de la marguerite et le violet foncé de la sauge des prés ; dans une autre, c’est le jaune de l’épervière piloselle et le violet clair de la knautie. « Nous avons épandu partout le même mélange de semences, mais les entretiens différents ont donné lieu à des différences dans la composition spécifique », explique la jardinière. « Chacun a modifié son jardin comme il le souhaitait. Mais le cadre naturel est resté. » Dès la deuxième année, il y eut une explosion de fleurs. Le long de la rue, le talus s’avère particulièrement spectaculaire, mariant le rouge du pavot, le jaune du pastel des teinturiers et l’argenté de l’onopordon. Un trio prédominait sur les surfaces gravillonnées : vipérine, marguerite et piloselle. L’année suivante, marguerite et vipérine se montraient plus rares, cédant la place à la chicorée et à la carotte sauvage. La succession bien ordonnée des plantes suivait son cours. « Dans un jardin

naturel, le seul élément constant, c’est le changement », déclare Beatrix Mühlethaler. Les espèces vont et viennent. Dans le massif de plantes vivaces, en revanche, le propriétaire décide ce qui y poussera. C’est ce qu’elle imaginait en tout cas. Jusqu’au jour où elle dut constater que seules les plantes adaptées à la station y croissent. « J’ai dû en abandonner beaucoup et enterrer certaines illusions », dit-elle. Les limaces, par exemple, mangeaient la fraxinelle, si odorante. Et les anti-limaces ? Beatrix Mühlethaler y a effectivement réfléchi un moment. Mais ils auraient aussi tué de nombreux escargots, et ce n’était pas tolérable. La fraxinelle a donc disparu, et Beatrix Mühlethaler a aussi renoncé à défendre les delphiniums et les lupins. Elle a abandonné les lis blancs aux criocères du lis, un joli coléoptère rouge. « Si une plante exige des soins intensifs, elle n’est plus conforme au site et n’a pas sa place dans un jardin naturel. » En contrepartie, la jardinière apprécie d’autant plus les plantes sauvages vigoureuses qui parviennent à se maintenir. lus de 200 espèces végétales indigènes poussent dans le jardin des trois familles d’Illnau. Cela représente près de 7 % de la flore suisse… sur seulement une dizaine d’ares. Pourtant, la diversité spécifique sur une aussi petite surface requiert quand même un minimum de soins. « Si je ne faisais rien, un petit nombre d’espèces végétales prédomineraient en l’espace de quelques années », explique Beatrix Mühlethaler. L’épilobe, par exemple, qui se propage dans toutes les directions. Pour favoriser une plus grande diversité,

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Le bonheur discret de la jardinière : dans son jardin, il y a toujours quelque chose à entendre, à sentir et à observer.

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SARCLAGE CRÉATIF

coléoptères grignotent les feuilles, les libellules chassent les coléoptères, les oiseaux capturent les libellules. Malheureusement, le chat est au bout de la chaîne. Le jardin naturel plaît beaucoup au chat des voisins. Bien à l’abri sous le toit, des nichoirs ont été installés pour les martinets noirs. A vrai dire, ceux-ci n’ont pas encore découvert ces logements de luxe. Longtemps, des moineaux y ont trouvé refuge. Un étourneau sansonnet y niche actuellement. Les oiseaux apprécient les haies, l’offre alimentaire et les trois grands arbres que les résidents ont tenu à préserver au moment de la construction des maisons.

la jardinière réduit çà et là cette espèce séduisante. Elle empêche également l’euphorbe petit-cyprès, l’épervière orangée et la renoncule rampante de conquérir toutes les platesbandes. Beatrix Mühlethaler appelle ce travail « sarclage créatif ». Elle comble les trous en plantant ou semant des espèces issues de l’assortiment inépuisable de plantes sauvages naturelles. Certes, elle s’efforce d’assembler les plantes, qu’elle se procure dans des jardineries biologiques, pour créer des associations aussi naturelles que possible. Mais souvent, dans les jardins naturels, les espèces se regroupent en associations inédites. Au milieu de cette flore indigène, la faune indigène se sent aussi à l’aise. Elle vole, rampe et ronge tous azimuts. Le jardin dans son ensemble est une vaste chaîne alimentaire. Les

Plus de 200 espèces végétales indigènes poussent dans le jardin naturel de ce groupe de maisons à Illnau. Soit 7 % de la flore suisse.

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SARCLAGE CRÉATIF la nature. Membre de la direction de l’association locale de défense de la nature et des oiseaux, qui fait partie de l’Association pour la protection des oiseaux ASPO/BirdLife Suisse, elle lança en 2006, avec le soutien de la commune, un projet de concours de jardins à Illnau. Etaient recherchés les espaces « où les papillons, les sauterelles, les bourdons et les oiseaux se sentent bien ». Un groupe de travail créa un questionnaire assorti de critères vérifiables, que les propriétaires de jardin intéressés pouvaient remplir. Il ne fallait pas seulement cocher le nombre des éléments paysagers tels que pré fleuri, mur de pierres sèches ou étang, mais aussi préciser la qualité écologique des divers milieux. L’idée fut un succès : 21 propriétaires de jardin se manifestèrent spontanément et remplirent le questionnaire. Les jardins furent inspectés par un jury, qui les évalua. Le total des points pouvait atteindre 40 ; il en fallait au moins 30, pour pouvoir accrocher à la porte la jolie plaquette de métal ornée de la sauterelle et de l’inscription « Jardin vivant ». Beatrix Mühlethaler fut impressionnée par les espaces, leur richesse en verdure naturelle et en niches destinées à la faune. « C’était fascinant de voir à quel point les jardins pouvaient être différents et l’homme pouvait interpréter à sa façon le concept de jardin naturel. » Et elle admet : « Certains jardins certifiés remplissaient les critères, mais ils ne me plaisaient pas. Soit ils étaient trop pauvres en jolies fleurs sauvages, soit les critères de qualité étaient tout juste remplis. Souvent, la pelouse était tondue trop souvent, si bien que les herbacées n’avaient guère le temps de fleurir. » Pour Beatrix Mühlethaler, le concours n’avait pas pour principal intérêt de distribuer des plaquettes, mais de conseiller les participants lors

Dans un jardin naturel, il y a toujours quelque chose à écouter, à sentir et à observer. Beatrix Mühlethaler attire mon attention sur un pinson qui chante sans interruption. Sa strophe vigoureuse serait une musique d’accompagnement agréable. « Pourquoi cet individu nous met-il en garde depuis des jours et énerve parfois les résidents ? C’est un mystère passionnant, comme bien des choses dans un jardin naturel. » L’activité est fébrile autour du nichoir à abeilles. Les insectes s’y glissent pour déposer des œufs dans les cavités. Ils ne peuvent pas se plaindre d’un manque de nourriture. D’autres nichoirs à abeilles sont en prévision. L’ancien bac à sable des enfants du voisin s’y prête à merveille. Pour rendre le tas de sable plus attrayant, Beatrix Mühlethaler entend dissoudre de l’argile dans de l’eau et la répandre sur le sable, ce qui contribue à stabiliser le sable et les galeries utilisées par les abeilles. Parmi les plantes vivaces, la jardinière découvre un pigamon à feuilles d’ancolie infesté par les pucerons. Elle frotte la tige et élimine une bonne partie des parasites. « Quand il y en a trop, j’interviens…, mais sans substance chimique. » Peut-on orienter la composition spécifique dans un jardin naturel ? Qu’est-ce qu’un jardin naturel, au fond ? « Pour moi, un jardin naturel est un jardin qui combine esthétique et vie », explique-t-elle. « Il ne faut pas s’y sentir oppressé, ni avoir l’impression que l’être humain n’y a pas sa place. Ce n’est ni un îlot de nature sauvage ni un produit artificiel. » Sa définition la plus proche serait : la nature guidée par l’homme. ’engagement de Beatrix Mühlethaler pour la nature en milieu urbain ne se cantonne pas à son terrain. Elle voulait inciter d’autres propriétaires de jardin à encourager

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SARCLAGE CRÉATIF de l’inspection de leur jardin et de leur proposer des améliorations. « Les gens apprécient les conseils, car le savoir relatif aux jardins naturels n’est pas très répandu dans la population. » Elle se souvient parfaitement de la gratitude de certains participants, contents de pouvoir poser des questions. Une jeune mère, par exemple, avait repris le jardin naturel de sa sœur, sans avoir elle-même les connaissances requises. Le jardin remplissait tout juste les critères. « Elle savait toutefois de quoi il était question, et elle était impatiente de mettre en valeur son jardin, pour que les animaux puissent s’y réfugier et nicher », conclut la jardinière. Au vu du succès du concours, le comité directeur de l’association de protection de la nature et des oiseaux décida de le réorganiser tous les trois ans. Aujourd’hui, une quarantaine de jardins sont certifiés. Les conseils peuvent contribuer à améliorer la qualité des jardins. En même temps, la plaquette renforce le sentiment de cohésion et encourage la participation d’autres résidents. En effet, il faut une certaine dose de courage pour laisser fleurir son jardin dans un pays où prédominent le gazon anglais, les tondeuses à essence et à filament, les sécateurs électriques, les épandeurs automatiques d’engrais, les scarificateurs, les souffleurs de feuilles, les lauriers-cerises et les thuyas. « Dans notre société, le principe d’ordre, de propreté et d’assiduité dans le travail s’applique aussi au jardin », explique Beatrix Mühlethaler. « Pour beaucoup de Suisses, le jardin doit aussi incarner ces vertus. A la moindre « négligence », ils redoutent que les voisins n’imaginent qu’ils sont chaotiques ou fainéants. » Quand on y regarde de plus près, dans un jardin naturel, l’ordre se niche dans le détail.

e n’est certainement pas le cas de Claudia et Hansjörg Germann. Leur jardin a été récompensé en 2009. La maison moderne de bois rouge se dresse au milieu d’une prairie fleurie. « Ma fille m’a offert un superbe bouquet de fleurs pour la Fête des mères », raconte Claudia Germann. « De son propre jardin ! C’était magnifique. » Un sentier parcourt cette étendue de fleurs jusqu’à une niche près de la maison. Les enfants se sont confortablement installés sous un argousier. Des gerbes de fleurs sont suspendues au-dessus d’une petite table et de chaises pour sécher. Sur un chemin gravillonné, une pelleteuse pour enfants est prête à l’emploi. D’où leur vint l’idée d’aménager un jardin naturel ? « Mon mari aimait les bordures d’autoroute joliment fleuries, aménagées par le canton à l’image des prés de montagne », explique Claudia Germann. « J’ai d’abord été effrayée. L’autoroute ? Mais quand j’ai vu ce qu’il voulait dire, j’ai aussi été enthousiasmée. » L’architecte joue un rôle déterminant dans l’agencement d’un jardin naturel. Celui des Germann était ouvert à cette idée et la concrétisa fidèlement. Comme la pelouse ne doit être fauchée qu’une fois par an, la corvée de la tonte du gazon sur la pente devient inutile. Mais le jardin n’est pas sauvage pour autant. « Mon mari a l’impression qu’il n’y a pratiquement rien à faire », dit Claudia Germann. « J’enlève les espèces végétales qui prédominent ou qui ne me plaisent pas. » Elle ne sait certes pas si ce sont les « bonnes », mais c’est la vue d’ensemble qui compte. Un sentier de randonnée longe directement la maison des Germann. « Les randonneurs sont enthousiastes ».

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« Si je ne faisais plus rien dans le jardin, un petit nombre d’espèces végétales prédomineraient en l’espace de quelques années. »

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SARCLAGE CRÉATIF e jardin de Barbara Leuthold et d’Andreas Hasler, certifiée en 2012, est aussi un îlot de bien-être. Lorsqu’ils achetèrent la maison il y a de nombreuses années, ils découvrirent un jardin conventionnel. Peu à peu, ils l’animèrent par le biais de divers structures et habitats. Araignées, amphibiens et petits mammifères passent aujourd’hui l’hiver sous un tas de bois. Du côté nord, un massif de plantes vivaces fut créé à partir de plantes indigènes. Tout n’a pas été planté ; beaucoup d’espèces sont venues d’ellesmêmes. A l’ouest, l’humus a été enlevé sur cinquante centimètres et remplacé par des cailloux. Le mélange de fleurs sauvages prospère à merveille. Comme dans le jardin de Beatrix Mühlethaler, l’offre florale varie d’année en année. Pourtant, une chose l’étonne : « Chez moi, l’anthyllide ne veut pas pousser, bien que j’aie utilisé le même mélange. Nos jardins ne sont pourtant distants que de 300 mètres. » « Chez vous, par contre, tout arrive une semaine plus tôt », répond Barbara Leuthold. « Le microclimat est différent. C’est pourquoi nous avons aussi des espèces différentes. » Je lui demande si elle intervient souvent dans son jardin. « Se contenter d’ensemencer et ne plus rien faire ensuite, ça ne marche pas, même sur l’espace encaillouté », répond Barbara Leuthold. Quelques espèces ne tarderaient pas à prendre le dessus sur toutes les autres. Ou bien les plantes que l’on voudrait ne pousseraient pas. « Je voudrais de la diversité et non une monoculture. J’élimine ce qui pousse trop vite ou prédomine. C’est surtout

le cas du liondent hispide et des épervières. » Comme chez Beatrix Mühlethaler, le sarclage créatif s’impose. Au sud, Barbara Leuthold et Andreas Hasler ont remplacé le gazon par une pelouse fleurie. « Il ne suffit pas de semer des graines dans l’herbe. Les germes sont étouffés ou ne parviennent pas à prendre racine. C’était une bonne chose que nos prédécesseurs n’aient jamais fertilisé la pelouse. Le sol était déjà heureusement pauvre en nutriments. » Ici aussi, il y a des fleurs toute l’année : l’anthyllide commence en mars et la federkamille clôt l’année en novembre.

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Assistance professionnelle : une entreprise spécialisée dans les jardins naturels aménage un étang facile d’entretien et un mur de pierres sèches dans le jardin de Beatrix Mühlethaler.

out le monde peut faire quelque chose pour la biodiversité dans son jardin, s’il en a envie », affirme Beatrix Mühlethaler. Nous sommes agréablement installés au bord de son dernier projet : un étang. Dans un buisson retentit le chant excité du pinson… Le disque est toujours rayé. Dans l’étang nagent des têtards noirs. Le crapaud y a déposé son frai au printemps. L’étang n’exige pas beaucoup de travail, selon Beatrix Mühlethaler. Il est sur une surface où prédominait l’indésirable chiendent, avec ses ramifications rebelles, dont elle n’a d’ailleurs pas le contrôle. Comme la journaliste, maintenant retraitée, veut aussi ménager ses efforts, elle se fait conseiller par un spécialiste pour rendre son jardin encore plus extensif. Il a recommandé un étang. Au lieu de sarcler, Beatrix Mühlethaler s’assied maintenant souvent sur le nouveau mur de pierres sèches pour observer la faune. A commencer par les araignées d’eau. On ne le remarque pas, mais ces petits « patineurs » savent voler et peuvent rapidement coloniser un nouvel habitat. Le triton alpestre fut aussi un des premiers résidents, tout

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SARCLAGE CRÉATIF comme les libellules. Suivirent les plécoptères et les notonectes. Au sujet des têtards, Beatrix Mühlethaler sait que pratiquement aucun des petits crapauds ne survivra. Il y a trop de prédateurs dans l’étang du jardin, qui ne s’assèche jamais. La contribution de ce mini-milieu aquatique à la sauvegarde des amphibiens menacés sera donc sans doute malheureusement limitée. Mais les étangs permettent de découvrir des aspects passionnants de la nature. Un espace précieux pour les enfants. Combien de points obtiendrait son jardin, s’il fallait l’évaluer à l’aide du questionnaire ? « Je l’ai effectivement évalué un jour », dit-elle, « et je suis arrivée à 39 points. » Il manque donc quelque chose ? « A l’époque, j’avais encore arrosé le rosier avec du fongicide. Je ne le fais plus aujourd’hui. Une plante qui exige trop de soins n’a pas sa place chez moi. Ça n’a pas de sens d’entretenir une variété de rosier qui n’est pas résistante. » Ce que Beatrix Mühlethaler n’a, par contre, encore qu’en partie réussi, c’est de promouvoir la biodiversité dans les espaces verts publics d’Illnau. Elle défendit la nature urbaine au sein de la commission pour l’environnement. Elle élabora un schéma directeur concernant les possibilités qu’avait la commune de mieux aménager ses espaces verts. Le conseil municipal approuva même son schéma directeur. Mais il ne fut que rarement mis en application. Une bande séparant la chaussée de la piste cyclable, garnie de cailloux fut quand même créée à son initiative et ensemencée d’un mélange de fleurs. « Cette bande suscite chaque année beaucoup d’enthousiasme ! », affirme Beatrix Mühlethaler. Heureusement, le responsable de la voirie est ouvert à la biodiversité. Quand on vient le voir avec des propositions réalistes, il suit le

mouvement. Selon elle, les gens prêts à s’enthousiasmer comme lui sont très précieux dans l’administration. e quitte le havre de nature de Beatrix Mühlethaler en franchissant la haie d’aubépines et je remonte dans ma voiture. La plupart des jardins offrent le spectacle d’une végétation de cimetière, monotone, homogène et sans vie, dénuée de tout charme. A Effretikon, je prends l’autoroute en direction de Bâle. Je découvre effectivement les bordures de route fleuries qui ont inspiré les Germann pour l’aménagement de leur jardin naturel. Des bordures d’autoroute comme modèle de jardin naturel ? Que faut-il en déduire en ce qui concerne l’état de la biodiversité en Suisse ? Peut-être les espaces verts urbains seront-ils bientôt un havre de biodiversité. A condition que les initiatives individuelles se multiplient et s’assemblent en un vaste réseau. Le jardin naturel ne devrait-il pas être intégré dans un réseau national de zones protégées ? Selon le principe : à chaque pays ses parcs nationaux ; à chaque région ses zones protégées ; à chaque commune ses jardins naturels ? En tout cas, le potentiel est énorme : si tous les espaces verts du milieu urbain faisaient l’objet d’un entretien proche de la nature, la surface des zones particulièrement proches de la nature doublerait. Eléments de liaison entre nature et culture, les jardins ne doivent produire aucun rendement ni aucune biomasse. Ils doivent offrir de l’espace à la diversité biologique et procurer du plaisir. (gk)

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INDEX ALPHABÉTIQUE

Index alphabétique Abeilles sauvages 17, 63, 96, 102, 141, 145, 151 sqq., 170, 189, 195, 275, 294 Administration 22, 24, 122, 127, 227, 232 Agriculture 6, 9, 14, 26 sqq., 52, 54, 57, 61, 67 sqq., 83, 88 sqq., 126, 129, 150 sq., 162, 166, 168, 230 sqq., 249 sqq., 257, 260, 264, 269 sqq., 282 sqq., 298 Aire de jeux 201 sqq., 285 Aliments 182, 248 sqq., 252 sqq., 287 Amphibiens 9, 21 sq., 38, 56, 59, 65, 67, 96, 146 sq., 168, 173, 175 sqq., 195, 198, 200 sq., 207, 219 sq., 222, 291 sq. Arbre biotope 255, 289 ASC Aquaculture Stewardship Council 252 Assainissement 26, 74, 163, 165, 173 sqq., 202, 276 sqq. Association de protection de la nature 18, 24, 29, 32, 59, 62, 64 sqq., 70, 89, 92, 96, 164, 198, 200 sqq., 205, 209, 217 sq., 223 sq., 226 sqq., 253, 276, 289, 291, 286 Balcon 150 sqq., 162 sqq., 169 sqq. Banque 68, 110, 260 sq. Bras mort 26, 81, 83 Bâtiment 72 sqq., 101, 111, 113, 118, 144, 162 sqq., 170, 172, 185 sqq., 188, 190 sq., 270, 275, 277 Bio Suisse 249 sqq. Biojardinerie 142, 150, 172 Biotope relais 140, 188, 269 BirdLife Suisse 17, 24, 63 sqq., 92, 96, 105, 141, 150 sq., 154, 168, 176, 197, 205 sq., 218 sqq., 223 sqq., 231, 226, 229, 233, 236, 238, 251 sqq., 267, 269, 273, 280, 293 sq., 299 Bois mort 48, 52, 118, 147, 241 sqq., 255, 288 sqq. Centre nature 205 sq., 216 sq., 219 Chaîne alimentaire 16, 157, 175 Champignons 52, 200, 212, 214 sq., 220, 222, 287 sq. Chasseurs 177, 230, 233, 288, 294 Chats 71, 142, 166, 176 sq. Chauves-souris 111, 147, 164 sq., 168 sq., 173, 175 sqq., 214, 222, 272, 276 sqq. Chemins, sentiers 149 sq., 270, 274 Cimetière 22, 98, 110, 270, 274 sqq. Clocher 106, 111, 276 Clôtures 118, 149, 175 sq., 195 Communication 182, 222, 231 sqq., 271, 240 Concierge 195 sqq., 227, 273

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INDEX ALPHABÉTIQUE Conseil communal 23 sq., 27, 29, 31 sq., 37 sq., 53, 68, 99, 198 sq., 236, 264, 266 sqq. Conservation Finance 261 Coq vert 101 sqq., 277 sq. Courant écologique 110 sq., 257 sqq., 277 Delinat 252, 298 Descentes de cave 146 Descriptif du projet 233, 235 Drainages 59, 69 Eaux temporaires 201, 268, 272, 291 Ecole 36 sqq., 192 sqq., 213 sqq. Eglise 92, 101 sqq., 274 sqq. Energie 74, 88, 106, 110 sq., 183 sq., 188, 257 sqq. Entreprise 180 sqq. Espèces cibles 129, 272 Espèces exotiques 141 sq., 169, 304 Etang 13, 17, 21 sq., 31 sq., 38, 59 sq., 64, 67, 73 sq., 91, 96, 105, 111, 118, 146 sq., 169, 185, 198 sqq., 201, 228, 232, 258, 268, 271, 288, 291 Faune sauvage 173, 210 sq. Fédération suisse de pêche 239, 241 Forêt 26, 47 sqq., 61, 64, 83, 146, 194, 205, 207, 210 sqq., 225, 228, 231, 243, 248, 254 sqq., 260, 264, 270, 274, 287 sqq., 296 FSC 254 sq., 293 Haute-tige 24, 143, 188, 250 sq., 268, 270, 286 IP-SUISSE 250, 285, 287 Jardin 12 sqq., 138 sqq., 185 sqq., 195 sqq., 219, 224, 230, 251, 254, 270, 275, 296 Jardinier paysagiste 38, 41 Limaces, escargots 14, 157 sqq., 173, 195, 276 Marais 9, 56, 61, 155, 170, 172, 217, 224, 256, 283 MSC Marine Stewardship Council 252

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INDEX ALPHABÉTIQUE naturemade star 88, 258 sq. Néophytes 130, 219 OFEV 76, 177, 191, 210, 294 Oiseaux 6, 9, 16 sqq., 24, 31, 38, 59, 64, 70, 92, 95 sqq., 105, 110, 113, 126, 129 sq., 134, 141 sq., 147, 149 sqq., 164 sqq., 168, 170, 172 sqq., 185, 188 sq., 195, 207, 211 sq., 215, 217 sqq., 223 sq., 275 sqq., 286, 289, 291, 294, 296 sqq. Paiements directs 27 sq., 54, 67, 282 sq. Papillons 6, 9, 17, 54, 102, 118, 125, 129 sq., 134, 149, 151, 154, 157, 164, 170, 173, 175, 187, 195, 197, 207, 219 sq., 275, 291, 294 Pêcheurs 233, 241, 244, 248 Plan de zones 228 sq. Politique agricole 68 Pollution lumineuse 111, 177 Prairie maigre 42, 44, 96, 185 Pro Natura 38, 68 sq., 111, 141 sq., 145, 151, 156, 172, 191, 197 sqq., 205, 207, 217 sqq., 223 sqq., 231, 236, 238, 251, 268, 286, 292 sqq. Projet de mise en réseau 54, 227, 253, 269, 298 ProSpecieRara 150, 172, 224, 251 Pusch 158, 227, 255, 270, 273 Reptiles 129, 146, 149, 168, 176 sq., 195, 198, 207, 219 sqq., 291, 294, 296 Réserve forestière 46 sqq., 231, 255, 292 sq. Restauration instream 241 Revitalisation 73 sq., 76, 84 sqq., 239 sqq., 273 Riverwatch 83 sqq., 240, 245 Station ornithologique suisse 126, 165, 168, 176, 250, 269, 284 Terra Suisse 250, 257 Vêtements 250 Viande 254, 256 sq. Vignoble 124 sqq., 252, 294 sqq. WWF Suisse 83, 172, 218, 224 sq.

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