Géographies en mouvement
Amazonie (4) : Comme une matrice de la pensée écologique Gilles Fumey 30 janvier 2020 (mise à jour : 30 janvier 2020)
Les Sateré Mawé refusent la folklorisation de leur vie. L’Amazonie nous impose un nouveau regard sur la Terre. Agressées par les économies minières (bois, élevage, soja), les sociétés indigènes tentent de garder des savoirs qui envisagent les animaux et les plantes avec les humains dans une même communauté de destin. Changeons notre manière de penser la forêt et la place de la forêt amazonienne dans le monde. Pour les géographes Simon Lewis et Mark Maslin qui ont inspiré Christophe Bonneuil et Jean-Baptiste Fressoz (1), «le véritable début de l’anthropocène serait la conquête européenne de l’Amérique. [Un] événement historique majeur, dramatique pour le peuple amérindien et fondateur d’une économie-monde capitaliste, [qui] a en effet laissé sa marque dans la géologie de notre planète». Avec d’autres chercheurs décoloniaux, on peut aller encore plus loin : Anna Tsing, Nils Bubandt et Donna Haraway donnent un état de la dévastation de la forêt par les pâturages et plantations extractives. Tout cela rendu possible par l’aliénation de la force de travail des esclaves et des pauvres. En effet, les déforestations pour planter la canne à sucre au Brésil et aux Caraïbes comme le thé en Inde et au Sri Lanka ont permis de désigner un plantationocène qui a précédé un capitalocène à l’origine, pour Malcom Ferdinand (CNRS), « des génocides des Amérindiens, des mises en esclavage des Africains et de leurs résistances [devant être] compris dans l’histoire géologique de la Terre » (2).