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SC 01 E

Le

scoutisme Eclaireurs chez

les

> Ma farde de l’animateur scout

> Propositions pour vivre les sept éléments de la méthode scoute Idées fondamentales, fiches, exemples et conseils


La méthode scoute

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Merci ! Si nous vivons en fédération, c’est pour bénéficier de services communs à tous. Ils doivent nous aider à nous préoccuper de l’essentiel : nos scouts. Il était indispensable d’offrir à chaque animateur des propositions claires et actualisées pour l’aider à mettre en œuvre la méthode scoute conçue au cours de l’année 1907 par Baden-Powell. Dans le cadre du contrat d’animation fédérale Des Scouts parmi les Hommes, nous nous étions engagés à améliorer la première version de notre outil baptisé « Les sept merveilles de la méthode scoute », un outil publié en juin 1999. Le staff fédéral a donc réfléchi à une autre manière de présenter les choses. Il a créé le plan détaillé des différents cahiers et a réfléchi au contenu précis de chaque chapitre. Les travaux en formation, les rencontres avec les animateurs et l’attention permanente des cadres ont permis de fournir la matière première, les exemples et de pointer les soucis particuliers. La participation de divers cadres fédéraux aux rendez-vous européens et mondiaux du mouvement scout a offert le recul nécessaire à la compréhension de la spécificité de la mission du scoutisme. Voici donc l’état actuel des propositions qu’ensemble nous pouvons diffuser dans l’espoir qu’elles participent, avec toutes leurs imperfections, à la qualité de l’éducation scoute. La grande nouveauté de cette présentation, c’est bien entendu la présence de plusieurs fiches pour expliquer les outils de branche, ces réponses adaptées aux besoins de chaque âge. Elles sont l’œuvre de Stéphanie Kleinen, animatrice fédérale Baladins, Sophie Verrekt et Pascale Impe, animatrices fédérales Louveteaux, François Jandrain, animateur fédéral Eclaireurs et Xavier Willems, animateur fédéral Pionniers. Jean Lievens, aumônier fédéral, a planché sur les outils d’animation de sens et de foi. Pierre a assumé la rédaction des pages communes et la coordination du projet. Merci à vous tous, équipiers du staff fédéral et permanents du 21 : Stéphanie, Sophie, Pascale, François, Xavier, Jean, Marc, Benoît, Grégory, Philippe, Vinciane, Raymonde et tous les autres… Je veux témoigner de votre souci permanent de réussir à concilier le comment et le pourquoi, l’ambition et le possible et louer votre sueur pour aller le plus loin possible dans la mise en forme ! Bravo à tous ! Pierre SCIEUR, janvier 2004.

Quelques visages ? Conception et rédaction : staff fédéral 2001-2004 Préparation du montage : Vinciane Misselyn Relectures diverses : Stéphanie Kleinen Mise en page : Bruno Senny

Stéphanie

Sophie

Pascale

François

Xavier

Jean

Vinciane

Pierre

Les photos utilisées le sont à simple titre d’illustration : il ne s’agit donc pas de chercher un lien direct entre une personne et une action. Première édition, juin 2004 Dépôt légal D/2004/1239/1


La méthode scoute Les sept éléments Tout au long de l'année et du camp, des outils dans toutes les branches Les jeux

Les projets Les passages et l'accueil

Les ateliers Le bivouac

Les activités de services

Les animations de sens

Les moments de la vie quotidienne

Les animations à la foi

Les conseils

Les activités nature

Tout au long de l'année et du camp, des outils dans chaque branche La malle à friandises

Le coffre à trésors

Les grandes chasses La patrouille

Monsieur Loyal Les mowhas

Les bivouacs à la ribambelle

Le Traces de loup

Les fonctions de patrouille

Le tally

Les rencontres

Les actions de service au poste

Les actions de service à la troupe

SEPTEMBRE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . CAMP 2 ans chez les Baladins Découverte de la Légende des Baladins

Le premier bivouac

Le nœud dans le mouchoir

4 ans chez les Louveteaux L’arbre de Dhak Le premier lien Le message au peuple libre

Le temps de la mue

L’arbre de Dhak

La course du printemps 4 ans chez les Eclaireurs L’adhésion

Le totem et le quali

Le badge alpha Les badges

La promesse

Les brevets 2 ans chez les Pionniers Le week-end d'accueil

L'exploit Les explorations d'observation

La trace et la saga

L'engagement

Les Pi-days

Les explorations d'action


Les fonctions de patrouille Former des équipes

3. La découverte Des sources de découvertes

Le jeu 13

Les grandes chasses

L1

Les aventures physiques

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Les projets

Des idées de projets

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Les aventures intérieures

48

Les mowhas

L2

Notre pari : vivre pour aimer

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Les rencontres

P1

Des activités nature

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5. La symbolique Notre patrimoine symbolique scout

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Les ateliers 16

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page / fiche

La patrouille

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page

24

Par exemple…

6. La nature

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Petit groupe, grands profits

1. L’action

page / fiche

2. Le petit groupe

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Sommaire

Les actions Les activités de service à la troupe de service Les actions 18 de service au poste Les moments de la vie Tabou et privilèges quotidienne La malle à friandises

Le conseil 20

E1 P4 19 B1

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La symbolique de chaque branche

Le bivouac

30

Les passages et l'accueil

Le coffre à trésors

B4

Les bivouacs à la ribambelle

B8

Le temps de la mue

L4

Le badge alpha Les badges Les brevets L’exploit Les explorations et les Pi-days

E11 E13 E19 P6 P10

L'éducation aux valeurs 35 L’adhésion à la Loi 36 Les animations de sens 37 Les animations à la foi 40

Par exemple… Le nœud dans le mouchoir François d’Assise

B15 L13

A travers les branches

A travers les branches La Légende des Baladins

B21

Le premier lien

L15

L’arbre de Dhak

L17

La course du printemps

L18

Le Traces de loup

L20

Monsieur Loyal

B11

L’adhésion

Le message au peuple libre

L8

Le totem et le quali

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Le week-end d'accueil

P23

La trace et la saga

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La promesse

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L’engagement

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7. La relation

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A travers les branches

4. La loi

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La diversité des découvertes

Une relation pas comme les autres

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Petits problèmes et grandes questions

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Une relation et des besoins en évolution

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Prologue : Indispensables repères Propositions pour vivre le scoutisme : une mine de réponses à ton animation quotidienne

Pour t’aider, simplement !!! L’ensemble des cadres fédéraux qui ont conçu ces propositions te souhaitent vraiment d’y trouver régulièrement des réponses utiles pour ton animation. Toutes les fiches, toutes les réflexions, tous les exemples sont la traduction de cette volonté. Nous croyons qu’un peu de “littérature” peut t’aider dans ton rôle si important et si précieux. Ici, nous allons prendre un peu de recul et passer dans les coulisses. Car derrière la vie trépidante qui agite chaque semaine et chaque été plus de 50 000 jeunes, il y a un projet. Un fameux projet. Tout cela a un sens, un but. Et non le moindre : le scoutisme veut rendre la terre… et les Hommes un peu meilleurs. C’était l’intuition de son fondateur et cela doit rester notre préoccupation. Aussi, avant d’entamer la visite des différents outils… un grand bain dans les profondeurs de la mission du scoutisme s’impose. Car savoir pourquoi, c’est déjà savoir comment !

L’équipe des cadres fédéraux


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Il était une fois un homme, un projet

Notre scoutisme est né en Angleterre, au tout début du XXe siècle. Le général à la retraite Baden-Powell a mis plus d’un an pour élaborer son plan. Il voulait proposer à l’Empire britannique une réponse à ce qui était dénoncé comme un “ déclin de la jeunesse ”. Il cherchait une manière de rendre les jeunes garçons un peu plus vigoureux et plus responsables. Très vite, il élargit son projet : il proposa non plus seulement un mode d’éducation liée aux circonstances mais un véritable projet de société. Il organisa un premier camp expérimental, sur l’île de Brownsea. Vingt-quatre garçons, issus de toutes les couches de la société anglaise, renforcèrent les intuitions

initiales de BP. Après le camp, il publia un ouvrage présentant sa proposition, exemples et dessins à l’appui : Scouting for boys. Il le traduisit rapidement en termes pédagogiques, à l’intention des futurs animateurs. Le jeune était mis au centre de tout apprentissage. Il fallait avant tout partir de ses envies, l’emmener loin dans l’aventure. BP concevait le scoutisme comme un grand jeu, simple et naturel. L’ouvrage connut un succès énorme. Des groupes scouts se créèrent un peu partout. BP assura la promotion de son mouvement. En 1909, le scoutisme naissait déjà au Chili. Chez nous, les premières troupes virent le jour en 1911. Jamais un mouvement ne s’était répandu aussi vite. Il y a aujourd’hui 30 millions de scouts dans le monde !


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Une mission : un certain type d’Homme et de relations

Notre mission

ses propres qualités, d’exercer ses choix personnels.

Le scoutisme a pour mission, en partant de valeurs énoncées dans la Loi scoute, de contribuer à l’éducation des jeunes afin de participer à la construction d’un monde meilleur peuplé de personnes épanouies, prêtes à jouer un rôle constructif dans la société. Le scoutisme veut contribuer à la création d’hommes et de femmes pourvus de qualités indispensables pour leur épanouissement individuel, social et spirituel. Il tente donc de réaliser pleinement leurs possibilités physiques, intellectuelles, affectives, sociales et spirituelles en tant que personnes uniques et citoyens responsables de leurs communautés et du monde.

Notre projet sur l’Homme Le scoutisme essaie de participer à la création d’un certain type d’Homme : il veut promouvoir chez lui différentes qualités. Nous voulons un Homme :

Autonome et libre Un Homme autonome et libre crée de manière active son équilibre personnel en assumant son caractère, ses goûts, ses faiblesses. Il fait ses propres choix de relation, d’action et de manière de vivre. Il enrichit ainsi sa personnalité du fruit de ses rencontres avec les autres.

Confiant Un Homme confiant est en mesure de développer

Il rencontre l’autre sans a priori négatif et lui permet ainsi de grandir, d’être davantage lui-même. Fort de cette confiance en lui et en l’autre, il se laisse interpeller par le monde.

Sociable Un Homme sociable développe avec les autres des rapports authentiques et enrichissants. Il vit harmonieusement tant en société que dans tous les groupes dont il fait partie.

Partenaire et solidaire Un Homme partenaire veut vivre avec l’autre différent et égal à la fois. Il construit avec lui des projets de vie et d’action. Ceci le conduit à la solidarité : il s’engage pour garantir à l’autre les moyens de vivre autonome et libre.

Conscient et critique Un Homme conscient et critique connaît ses limites et ses capacités. Il analyse la réalité, pose des choix, prend des initiatives et des responsabilités.

Intérieur Un Homme intérieur a une spiritualité, adhère à des valeurs qui dépassent le matériel ou le visible; s’il le veut, il cherche Dieu. Il se forge des critères de choix de vie et s’engage en fonction de ceux-ci.

Equilibré Un Homme équilibré construit l’unité dans sa vie. Il établit une cohérence entre ce qu’il pense, ce qu’il dit et ce qu’il fait. Il est ouvert au changement, accepte le risque de cette


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Baden-Powell était convaincu que le scoutisme pouvait ainsi remplir une mission essentielle : favoriser la paix et la fraternité partout dans le monde. Il écrivait, en 1937 : « Il existe plusieurs millions d’adultes qui ont reçu la formation scoute. On les reconnaît non seulement à leur caractère, leur santé physique et leur disponibilité active à aider leur prochain et leur patrie, mais aussi dans un sentiment plus ouvert d’amitié et de fraternité réciproques à l’égard de ceux qui vivent dans d’autres pays, par-delà toutes les différences de religions, de classes sociales ou de nationalités. Ainsi, un levain est en train de grandir, encore petit à l’heure actuelle, mais s’accroissant chaque jour; un levain d’hommes et de femmes de chaque pays animés par une camaraderie réciproque et par une volonté déterminée de paix. »

Les trois devoirs du scout Baden-Powell estime que pour devenir ce citoyen, chacun doit travailler trois aspects : chacun a trois devoirs. Un devoir envers lui-même Un devoir envers les autres Un devoir spirituel, communément appelé “devoir envers Dieu”

Sa propre personne, les autres et son esprit : le projet scout est réellement en recherche d’un être humain réalisant tout son potentiel.


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Des choix de méthode très naturels Le système éducatif scout rassemble, dans un mélange unique qui explique sans doute son succès, sept principes fondamentaux. L’éducation par l’action C’est en faisant les choses, en les vivant réellement qu’un jeune apprend. Ces diverses actions sont très souvent construites avec lui, en fonction de ses aspirations et de ses capacités.

Il est invité à y adhérer explicitement et à poser des actes cohérents avec ces idées. La Loi scoute est sans doute l’élément le plus puissant de la proposition éducative; le plus exigeant aussi, peut-être.

L’utilisation d’éléments et de cadres symboliques

La vie en petit groupe La vie fréquente dans un groupe composé de quelques pairs est idéale pour apprendre à cohabiter et à construire ensemble. Chacun y trouve un espace à taille humaine pour apprendre à devenir responsable et solidaire.

Un vaste ensemble de paroles, de gestes, de signes et de rites peuvent aider à favoriser le sentiment d’appartenance du jeune à un groupe. Ils offrent aussi un support imagé pour différents messages éducatifs.

La vie dans la nature, cadre privilégié La découverte personnelle Chaque scout est invité à faire des découvertes personnelles dans les différents domaines possibles de son développement. Le scoutisme vise une éducation de toute la personne. Il cherche aussi à ce que chacun soit conscient de ses propres découvertes.

L’éducation et l’engagement aux valeurs de la Loi scoute Chaque scout est amené progressivement à découvrir différentes valeurs, rassemblées dans le texte de la Loi.

BP a choisi la nature comme terrain d’aventures privilégié du scoutisme. Elle offre défis, moments difficiles ou exaltants, mais aussi calme et réflexion. Le scout apprend à l’apprécier et à développer des comportements responsables envers l’environnement.

La relation avec l’animateur, teintée de confiance et d’écoute L’animateur est un modèle pour le scout. Chaque membre du staff veille à offrir aux scouts écoute, confiance et repères pour grandir.


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A chaque âge, des réponses adaptées

Baden-Powell avait créé un lieu d’éducation pour les adolescents. Très vite, il s’est rendu compte qu’on pouvait l’étendre aux plus jeunes et aux filles.

Notre fédération propose aujourd’hui un parcours en quatre étapes. Tous les animateurs, quelle que soit la branche qu’ils animent pour le moment, mettent en œuvre les sept notions fondamentales de la méthode scoute. Ensemble, nous avons donc douze ans pour agir dans le cadre de notre projet d’un certain type d’Homme. Le conseil d’unité est le lieu par excellence pour mettre au point ce parcours cohérent et progressif. Les propositions pédagogiques des branches proposent des outils adaptés pour répondre aux capacités naturelles et aux besoins spécifiques de chaque âge. Le coffre à trésors des Baladins est une réponse à la nécessité chez les enfants de 6 à 8 ans de voir et de toucher les choses pour qu’elles existent. Les outils propo-

sés chez les Pionniers sont eux particulièrement sensibles au grand besoin de réflexion et d’idéal des jeunes de cet âge. De nombreux outils accompagnent les scouts d’un bout à l’autre de leur parcours. Mais la manière de les proposer ou de les animer évolue : un atelier ou un conseil n’a pas la même couleur selon l’âge ! La grande force éducative du scoutisme réside sans nul doute dans le fait de prendre du temps pour construire chaque personnalité, au sein d’un parcours à la fois cohérent et progressif. Pour mettre en œuvre le projet éducatif scout de manière progressive, l’animateur de chaque branche met davantage l’accent sur l’un ou l’autre élément. C’est ce qu’on pourrait appeler une “pointe” éducative.


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A la ribambelle, de 6 à 8 ans

L’enfant connaît de grands changements, tant sur le plan intellectuel que sur le plan relationnel. Pour profiter de toutes ses découvertes, il a besoin d’acquérir la confiance indispensable à son épanouissement. La première étape du parcours scout lui offre un cadre sécurisant pour prendre confiance en lui, dans les autres et dans le monde.

A la meute, de 8 à 12 ans

L’enfant traverse une période d’approfondissement de la relation aux autres. De plus en plus conscient des mécanismes de la vie en communauté, il aime se sentir membre à part entière des groupes auxquels il participe. La meute offre à l’enfant un espace pour expérimenter les diverses composantes de cette vie sociale.

Grâce à ce que l’animateur met en place, le louveteau développe son plaisir et sa volonté d’écouter, s’affirmer, respecter, comprendre, partager et agir en coopération.

Grâce à ce que l’animateur met en place, le baladin développe son plaisir et sa volonté de goûter, rencontrer, connaître, oser, essayer, réussir et s’émerveiller.

A la troupe, de 12 à 16 ans

Au début de l’adolescence, le jeune développe sa prise de responsabilités par rapport à lui-même et aux autres : il prend les choses en main. A la troupe, et particulièrement au sein d’un plus petit groupe qu’est la patrouille, il participe à la construction collective de projets, dans un esprit de complémentarité et de solidarité. Il reçoit beaucoup d’espace pour apprendre à se débrouiller. Grâce à ce que l’animateur met en place, l’éclaireur développe son plaisir et sa volonté de rêver, faire des plans, s’outiller, être responsable, vivre des aventures et agir pour le groupe.

Au poste, de 16 à 18 ans

En cette période de recherche et de construction de ses idéaux personnels, le jeune cherche à élargir son horizon. Au poste, il se découvre citoyen du monde et se forge des convictions. Il essaie d’ y prendre place utilement en mettant ses compétences et ses énergies au service des autres. Le groupe de pairs dynamise l’engagement de chacun et permet d’aller au bout de ses rêves. Grâce à ce que l’animateur met en place, le pionnier développe son plaisir et sa volonté de s’impliquer, faire des choix, assumer ses engagements, adhérer, agir en cohérence avec ce à quoi il croit.


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Un scoutisme en évolution constante : nos accents actuels Chaque pays s’organise au mieux pour que le scoutisme puisse remplir sa mission éducative auprès des jeunes. Il est aussi soutenu par une structure mondiale.

Le contrat d’animation fédérale est le plan d’action qui guide l’action des cadres fédéraux pendant trois ans. Tu peux le découvrir ou le redécouvrir dans le cahier « Le contrat d’animation fédérale » ou sur le site www.lesscouts.be.

Partout dans le monde : sept défis majeurs L’ensemble du mouvement scout, au niveau mondial, a lui aussi défini une stratégie pour que le scoutisme remplisse sa mission au mieux et auprès d’un maximum de jeunes. Les responsables des organisations scoutes nationales ont mis en avant sept priorités pour y parvenir. Pour notre fédération, elles constituent des balises importantes pour progresser avec les autres.

Les sept priorités stratégiques du scoutisme mondial sont les suivantes la participation des jeunes : élément fondamental du projet éducatif les adolescents : soutenir la transition vers l’âge adulte

Dans notre fédération : un contrat tous les trois ans Après la création des premières troupes, une fédération est née en 1912. L’objectif n’a pas changé : il s’agit de mettre des moyens en commun pour proposer à un maximum de jeunes une animation scoute de qualité. Revues, formations, rencontres, accompagnement particulier : le scoutisme peut progresser. Notre fédération est une fédération d’unités. Régulièrement, chaque unité est invitée à participer à la définition des priorités à atteindre ensemble. Tous les trois ans, un nouveau contrat d’animation fédérale est établi entre les unités et la structure de soutien fédérale. Chaque unité est représentée par un délégué qui participe aux travaux d’élaboration progressive du contrat. Un président fédéral pilote la mise en œuvre de ce projet, de ces enjeux définis collégialement.

les filles et les garçons, les femmes et les hommes : respecter les différences, promouvoir l’égalité et partager les responsabilités l’ouverture : abattre les barrières et s’ouvrir à tous dans la société les volontaires dans le scoutisme : mieux soutenir l’action et la formation de tous les animateurs et cadres bénévoles une organisation pour le 21e siècle : le scoutisme doit devenir une organisation flexible, légère, innovante et participative le profil du scoutisme : renforcer les communications, les partenariats et les ressources. Tu peux trouver davantage d’explications sur ces concepts sur le site www.scout.org


La méthode scoute Les sept éléments

1. L’action

1 L’action : c’est notre manière d’apprendre 2 Deux conditions pour que l’action soit source de découverte 3 L’action sous toutes ses formes 4 Le conseil

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L’action : c’est notre manière d’apprendre

hez les Scouts, le jeune apprend des choses parce qu’il les fait, parce qu’il les vit. “Learning by doing”, disait BP. Le scout va donc être encouragé à faire des choses, à en essayer, à en découvrir. Elles lui seront utiles durant sa vie scoute mais seront aussi intéressantes pour la suite de son existence : quelque chose qu’on a vraiment vécu, à un moment donné, dans un lieu précis, avec certaines personnes, cela laisse des traces très précieuses. Au boulot comme à la maison, Jonathan est plus patient, plus attentif quand quelqu’un parle. Une trace de ce qu’il avait appris lors des conseils quand il était scout ?

2 Deux conditions pour que l’action soit source de découverte L’action a un acteur principal : le scout

plaisent et leur apportent quelque chose qu’ils n’avaient pas : chez les Scouts, on fait des choses qu’on ne fait pas ailleurs !

Toute action doit mettre au centre le scout : c’est lui qui en est le moteur, le destinataire, le héros ! Il s’agit donc de te demander : “Que fait chacun au cours de ce jeu, ce projet, cette veillée ? Quel intérêt y trouve-t-il ? ”. C’est cela ton rôle d’animateur : mettre en place un cadre dans lequel tes scouts pourront apprendre en agissant eux-mêmes.

Pour parvenir à répondre à leurs aspirations et à leurs besoins, il faut d’abord les identifier ! Deux pistes de recherche complémentaires :

Ecouter les envies et connaître chacun de ses scouts Apprendre par l’action, c’est en principe la meilleure manière d’impliquer et de motiver les scouts. A condition, bien entendu, que les actions proposées ou construites ensemble leur

❚ Ask the boy… idée maîtresse de BP : demande-lui ce qu’il veut, il est le mieux placé pour le savoir… et construis ton animation à partir de ce qui le motive ! ❚ Qui sont mes scouts ? Quels sont leurs besoins du moment ? En écoutant chacun, en l’observant, en discutant avec ses proches, tu en sauras déjà beaucoup. Les formations t’aideront aussi à mieux cerner le profil général des enfants ou des adolescents dont tu t’occupes.


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3 L’action sous toutes ses formes Les formes d’actions sont nombreuses et permettent d’introduire beaucoup de variété dans nos réunions et dans nos camps. Les scouts n’attendent qu’une chose : vivre des actions qui ne se ressemblent pas, qui les étonnent, qui les enthousiasment. Oui à la variété, oui à l’imagination ! Chez les scouts, on réalise ce qu’on n’a pas la possibilité de faire ailleurs, on va jusqu’au bout de rêves qui semblaient si difficiles à atteindre au départ !

Le jeu un moyen naturel pour apprendre ! Grands et petits jouent pour la même raison : parce que c’est gai ! Tout simplement. Le premier critère pour mesurer la qualité d’un jeu est le plaisir qu’il procure. Et c’est ainsi que, dans une activité où ils s’amusent fort, Fred, Sandra et les autres, sans trop s’en rendre compte, vont découvrir des choses uniques et fondamentales, notamment en termes de socialisation.

Trois critères de qualité d’un jeu 1. Dans un jeu, grand ou petit, il est important que tout le monde joue à tout moment. Si, pour construire le chapeau de clown indispensable à la suite du jeu, il faut que Sébastien attende dix minutes simplement parce qu’il manque du matériel, il ne s’amuse pas, il ne découvre rien… il fait la file. Si pour aller aider Dirk le cosmonaute à rentrer au pays, il y a plusieurs pistes qui se croisent et une série de messages, de rencontres et d’intervenants, l’intérêt du voyage sera plus grand ! Le plaisir aussi… parce qu’on ne fera pas que marcher bêtement ! A tout instant, dans la construction d’un jeu, il suffit de se demander “que va faire Stéphane à ce moment ? ” 2. Le rythme et la variété des phases. Il y a souvent plusieurs phases dans un grand jeu. Les scouts aiment qu’elles s’enchaînent vite, que le rythme les relance d’une étape à l’autre.

3. Le jeu permet d’introduire dans l’animation un ingrédient extraordinaire : l’imaginaire. A tout âge, l’histoire qui englobe le jeu crée une atmosphère propice au plaisir et à la découverte. L’imaginaire aidera aussi à donner une cohérence, une continuité aux différentes étapes du scénario du jeu.

D’une branche à l’autre On ne joue pas au poste comme on joue à la ribambelle. Les grands mécanismes sont les mêmes... mais certaines différences sont à épingler. Chez les Baladins, le jeu est une grande histoire en plusieurs épisodes assez courts et variés. Le baladin aime en effet changer rapidement d’activité. L’histoire est un fil conducteur qui permet d’éviter beaucoup d’explications. L’enfant, spécialiste en récit, est très attentif à la cohérence du scénario : est-ce logique de devoir maintenant affronter (jeu d’attaque) ceux qui nous avaient aidés au début du jeu ? Chez les Louveteaux, les jeux peuvent commencer à contenir des règles plus subtiles. On peut maintenant jouer dans un système attaque-défense. L’enfant comprend mieux les relations entre les équipiers. Les jeux de coopération deviennent aussi un moyen intéressant pour apprendre à vivre pleinement ensemble. L’éclaireur aime encore jouer dans une histoire très forte. Des jeux plus longs (24 heures par exemple) sont proposés. La patrouille devient une équipe idéale pour ce type d’activités. A la troupe comme au poste, le jeu peut aussi servir de support pour lancer des projets, des activités, des discussions. Le pionnier joue-t-il encore ? Bien sûr ! A l’occasion, il adore le faire pour savourer le plaisir d’être avec les autres, de s’éclater une bonne fois avec eux. Un cadre imaginaire un peu “ déjanté ” peut l’emballer aisément. Par ailleurs, le jeu de rôles peut être particulièrement utile pour lancer une réflexion sur ses valeurs, ses choix de vie et d’engagement.


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Les projets Le projet est une activité où, ensemble, le groupe ou le petit groupe va tout construire, de A à Z, du début à la fin, de la première idée au bilan final. Le projet, c’est la participation de tous à tout ! Ce type d’activités va donc prendre un peu de temps, c’est normal. Son intérêt s’explique facilement : au contraire de ce qui se passe avec le jeu souvent tout préparé, le scout va être acteur à part entière de toute l’histoire de l’activité. Le fait de participer à la phase d’imagination et de décision du projet donne plus de chances de créer une adhésion et une motivation assez fortes. En menant un projet à son terme, le scout découvre... dans l’action... différentes choses essentielles : ❚ la participation active à une entreprise plutôt qu’une simple consommation ❚ la prise de confiance en ses capacités (il a pu le faire, du début à la fin) ❚ l’esprit de collaboration avec les autres (à dix, c’est plus facile et plus gai) ❚ sa prise de conscience de tout ce qui est nécessaire (dans l’organisation comme dans les relations) pour qu’une idée se réalise : y’a pas qu’à dire “ y’a qu’à ” Les autres actions le permettent aussi mais le projet offre une chance de les mettre en œuvre au maximum !

Les étapes du projet Un projet s’articule en plusieurs étapes successives. Toutes ont leur sens, leur intérêt. Selon l’âge des scouts, certaines seront particulièrement mises en œuvre. 1. Imaginer : chacun dans le groupe exprime ses rêves, ses idées. 2. Décider : toutes les idées sont triées et analysées puis retenues ou pas. Chacun participe au choix. Un moment délicat, assurément, où il importe de bien définir les critères de choix ! 3. Organiser : le groupe réfléchit aux tâches qu’il faudra accomplir, au matériel nécessaire, fixe un calendrier et se répartit les rôles. 4. Préparer : les différents éléments du projet se construisent peu à peu grâce à la contribution de chacun. 5. Réaliser : c’est le moment où l’événement préparé se déroule, où le produit à fabriquer voit le jour. 6. Evaluer : le groupe fait le point sur ce qu’il a vécu et réalisé. Chacun tire des leçons, exprime sa joie, ses nouvelles idées. On dégage du sens à ce qu’on vient de vivre. 7. Fêter : s’offrir un temps gratuit pour savourer ce qu’on vient de faire, pour le montrer à d’autres, pour faire une photo devant la fusée, pour se redire avec d’autres mots ce qu’on a vécu, pour remercier les uns et les autres... Selon les âges, selon le type de projet, la durée et l’ampleur de chacune des étapes de ce schéma sont évidemment variables !

D’une branche à l’autre Vivre des projets se fait déjà à l’école maternelle ! Ce n’est pas un problème de commencer tôt. Avec l'âge, le degré d’autonomie par rapport à chaque étape du projet augmente. Chez les Baladins, au départ d’un cadre prédéfini, on peut amener chacun à faire de petits choix : « Tiens, qu’est-ce qu’on ferait bien pour l’anniversaire du clown Gaspar Rigolov ? Comment allons-nous y aller ? En uniforme, avec un déguisement ? Lequel ? ». L’important dans un projet chez les Baladins est de permettre à chaque enfant de sentir qu’il est capable de réaliser des choses, de trouver des solutions, notamment avec les autres. C’est un excellent moyen d’aider à prendre confiance. Le projet est évidemment très court, il peut n’être qu’une partie d’une seule réunion ! A la meute, ce qui évolue, c’est la qualité de la manière de décider ensemble : apprendre à s’exprimer, à écouter chacun, à essayer de trouver des compromis, à respecter les choix... tout cela aide le louveteau à apprendre à vivre pleinement avec sa communauté. L’éclaireur passe plus de temps à organiser lui-même les choses : dans ses projets de patrouille, il développe son esprit d’initiative et sa débrouillardise. Il prend le temps nécessaire pour se façonner les outils ou les compétences nécessaires à la réalisation. Enfin, le pionnier reçoit un espace suffisant au sein duquel il s’efforce de mener le processus du projet d’un bout à l’autre, en allant jusqu’au bout de ses rêves. Le projet est un moyen à privilégier dans cette tranche d’âge : les jeunes doivent apprendre à s’impliquer dans toutes ses étapes. Un poste est invité à en réaliser plusieurs sur une année.

Avec les Baladins Oui, on peut faire des projets avec les baladins ! A condition qu’on arrête de penser que ce qui définit le projet, c’est le long terme. Effectivement, le baladin a besoin de concret dans une durée limitée. Mais l’essence du projet, c’est que l’enfant est acteur de chacune de ses étapes ! Et tes baladins sont capables, avec ton aide et si le cadre est clair, d’imaginer, de décider, de préparer, de réaliser, d’évaluer et de fêter ! 10 occasions de vivre un projet avec tes baladins ✔ décorer le local ✔ accueillir quelqu’un : Saint Nicolas, un nouveau, les pompiers qui nous ont reçus la semaine dernière ✔ organiser un repas pour les parents ✔ fêter l’anniversaire de quelqu’un ✔ monter une mini-fête foraine ✔ réaliser un numéro pour la fête d’unité ✔ faire une exposition pour raconter le camp ✔ créer un T-shirt Baladins pour le camp ✔ préparer une animation pour les personnes âgées du village ✔ réaliser une pub pour les Baladins : un mini-film, une BD…


La méthode scoute

Avec les Louveteaux Les louveteaux sont à un âge idéal pour réaliser des projets. Un écueil cependant à éviter : un projet qui dure trop longtemps. Ton rôle d’animateur : soutenir le projet et organiser les activités. 10 occasions de vivre un projet avec tes louveteaux ✔ construire une fête autour du Message au peuple libre, du Premier lien ou de la Course du printemps (repas, spectacle, décors, cadeaux…) ✔ décorer le local de meute et aménager les coins sizaines ✔ réaliser un numéro pour la fête d’unité ✔ préparer une visite (les égoûts…), une sortie (chez un papa apiculteur…), une activité (préparer un jeu pour les autres…) ✔ préparer des cadeaux, un spectacle, des stands (style fancy fair) pour accueillir par exemple les enfants d’un home ou les baladins ✔ décider d’un menu et le réaliser pour le concours cuisine ✔ préparer une veillée ✔ réaliser un film vidéo, un montage diapositives, pour présenter le camp aux parents ✔ préparer un marché de Noël ✔ écrire et réaliser le journal du camp

Avec les Eclaireurs Voici quelques idées de projets à mener en patrouille. Il ne s’agit absolument pas de proposer une activité préparée “clé sur porte”pour les scouts. Au contraire, tu l’as bien compris, il convient d’offrir un cadre dans lequel les membres de la patrouille auront l’occasion d’imaginer, décider, organiser, vivre… Bref, d’apprendre à construire ensemble. Des idées de projets en patrouille ✔ le hike de patrouille : construit au départ des idées de chacun. Tous les éclaireurs ont une responsabilité particulière dans celui-ci ✔ le woodcraft : faire ensemble les plans avant le camp. Chacun voit tout ce qui est à faire et peut ainsi plus facilement et utilement trouver sa place dans les constructions ✔ la patrouille organise un jeu pour la troupe ✔ la patrouille décide d'un projet philanthropique à réaliser à Noël. Elle l'expliquera aux autres patrouilles à la veillée de Noël ✔ construire une caisse à savon ✔ réaliser un film-vidéo ou raconter une histoire à partir de dias ✔ organiser une journée sportive ✔ créer un site Internet ✔ composer ou arranger des chansons et en faire un CD

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L’animateur et les soubresauts du projet Le projet a beaucoup d’avantages : c’est pour cela qu’il est un mode d’action à privilégier dans chacune de nos sections ! Il est une fameuse mise en oeuvre de cette intuition, déjà citée, de BP : Ask the boy ! Il est proche des préoccupations du jeune et de la vie réelle, il développe la créativité, la prise de décision par le groupe, la prise en charge des rôles et tâches à sa portée. Il permet d’utiliser dans un cadre sensé des éléments comme l’atelier ou le conseil. Mais il est un peu moins confortable pour l'animateur, un peu plus compliqué à suivre : difficile en effet de s’appuyer sur un canevas établi de longue date. L’animateur a un rôle essentiel pour mettre en route les différentes étapes; par exemple en proposant des techniques pour imaginer ou en étant attentif au moment de décision. Il veille particulièrement à l’état d’esprit qui règne chez chacun. Un projet avance souvent avec quelques soubresauts. Même s’il se déroule sur une courte durée, il faudra fréquemment rappeler le rêve du départ, les décisions prises, l’organisation prévue. Très vite, tout cela s’oublie. Alors, hop, un bref conseil ou une petite discussion assis sur les pots de couleur… et on repart : car il importe de concrétiser rapidement, de passer à l’acte… sinon, le scout s’essouffle ! Le résultat, le produit fini n’est pas toujours parfait; on peut même aboutir à certains échecs. L’important est sans doute que tu puisses encourager les scouts à aller le plus loin possible, à tout tenter pour arriver jusqu’au bout ! Mordre un peu sur sa chique plutôt que de s’arrêter aux premiers obstacles, c’est sans doute important dans le développement de chacun. Par ailleurs, vivre un projet ne signifie pas qu’on devient esclave de lui : on peut s’arrêter, faire un jeu, un sport... c’est aussi une manière de faire le point et de relancer le projet. Chacun son rythme : certains ont du mal à se concentrer sur le projet pendant de longues périodes !

Avec les Pionniers Les longs mois de l’année ne servent pas uniquement à préparer le camp ! C’est aussi l’occasion de vivre des projets. Voici, à titre d’exemples, quelques projets vécus par des postes. Des idées de projets pour une année bien remplie ✔ rejoindre Paris en relais trottinette, au départ du local : délirer, trouver une trottinette de “compèt’” (grandes roues), prévoir la camionnette de ravitaillement, l’itinéraire, se faire encadrer par des motards ✔ ouvrir un restaurant gastronomique, le temps d’un week-end : réveiller les talents artistiques et culinaires choisir des recettes, trouver un lieu, inviter parents et amis, manger ensemble les restes délicieux ✔ réaliser une vidéo présentant chaque pio dans ses activités extra scoutes et la présenter à la fête d’unité ✔ construire une cabane dans le jardin d’un home : rêver de son enfance, prendre contact avec une institution, récolter du matos de récupération, faire la fête avec les mômes pour inaugurer la cahute ✔ vivre un long week-end à la montagne : avoir envie de neige, organiser un séjour “coûts minima” (chalet du tonton…), prévoir la possibilité “raquettes” pour les non-skieurs, souper fondue, photos souvenirs en main ✔ produire un film : se prendre pour des cinéastes, travailler le scénario de Largo Winch, filmer, monter et présenter le résultat à Van Hamme lors d’une rencontre


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Les ateliers Un atelier est un lieu où un petit groupe de scouts découvrent une technique ou un outil et s’y exercent. On les organise quand on veut : pendant les réunions ou le camp. Les scouts sont invités à faire part de leurs souhaits de techniques nouvelles. Sans pour autant devenir permanent, l’atelier peut être scindé en deux ou trois réunions : il offre alors l’avantage de la durée. Le scout se familiarise peu à peu avec le modélisme en bois, il commence une réalisation et l’améliore peu à peu. Le choix d’un atelier peut être imposé par les nécessités du projet en cours : pour pouvoir réaliser l’idée du raid “nuit en cabane”, il faut en effet prendre un peu de temps pour découvrir des modes de réalisation possibles de nos futurs abris !

L’aboutissement L’atelier produit quelque chose : un bricolage, un spectacle, un montage dias, un reportage, un échange... il débouche sur une réalisation, signe de son sérieux, de son efficacité. On peut, par exemple, fabriquer un objet utile dans une phase d’un grand jeu. L’originalité Propose des ateliers sortant des sentiers battus… permettant d’ouvrir des horizons nouveaux ! Les livres techniques sur tout sujet et pour tout âge ont envahi les libraires et les bibliothèques depuis de nombreuses années.

D’une branche à l’autre Ce type d’activités est aussi un lieu très confortable pour te permettre de développer des relations enrichissantes avec chacun au sein d’un petit groupe.

Certains domaines (technologies de pointe, efforts physiques intenses) sont évidemment réservés aux plus grands. A part cela, un baladin comme un pionnier peut trouver gai et intéressant de travailler presque n’importe quelle technique. Le degré d’aboutissement du produit sera évidemment différent. La première chose à faire, c’est d’étudier le garçon lui-même, de discerner ce qu’il aime et ce qu’il n’aime pas, ses qualités et ses défauts, et d’orienter sa formation d’après cela. Baden-Powell

Dans ce lieu où l’on n’est pas très nombreux, le baladin pourra continuer à découvrir en toute confiance ses capacités de création ou d’expression, par exemple dans un atelier où il imite les animaux avec la voix et les gestes.

Quatre balises pour construire un atelier Le programme Chaque atelier est un tout, construit avec un vrai programme. En effet, le scout a besoin de temps : il découvre peu à peu le domaine, s’approprie les outils et les opérations de base, reproduit des exemples avant de laisser parler sa créativité et de tenter des choses plus délicates. L’autonomie C’est en construisant ton atelier avec ces différentes étapes que tu offriras à ton scout la chance de devenir autonome : l’atelier doit permettre à un scout de pouvoir inventer ou fabriquer des choses lui-même. Saura-t-il réutiliser cette technique sans toi ?

Avec les Baladins ✔ tours de magie ✔ cuisine créative : raconter une histoire avec un repas… ✔ découverte nature : empreintes d’animaux, d’écorces d’arbres… ✔ jeux de société : découvrir ensemble de nouveaux jeux et leurs règles ✔ rollers et patins à roulettes : techniques de base, comment tomber, parcours d’obstacles… ✔ mini-expériences scientifiques : avec l’eau, la lumière, l’air… ✔ faire le clown : maquillage, grimaces, blagues, mimes… ✔ musique : construction et/ou utilisation d’un instrument ✔ “cartographie” : une première étape (faire le plan du gîte ou du local, lire un “plan carré”…) ✔ bruitages


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Le louveteau possède une habileté technique qui lui ouvre désormais d’immenses domaines : l’atelier, vécu dans un climat où chacun apprend à aider l’autre, à respecter ce qu’il produit, stimule la grande curiosité de l’enfant et son souci d’arriver à un résultat “de grand”. Avec les Louveteaux ✔ expériences scientifiques : avec des liquides, des solides, le son, l’électricité ✔ teindre un tee-shirt avec des plantes, construire un téléphone avec des gobelets en plastique ✔ construire un électro, une sonnette ✔ découverte de la nature : observer des insectes, élever des animaux au camp (poules, lapins…), repérer certaines étoiles dans le ciel, faire pousser un tournesol, collectionner des pierres et les reconnaître ✔ cuisine : réaliser des recettes (truffes au chocolat, pizzas, crêpes, soupes, confitures, repas au complet) ✔ bricolages : apprendre des noeuds pour faire une cabane, fabriquer un mini volcan, un sous-marin, un pot pourri, sculpter un bloc Ytong, réparer une chambre à air ✔ théâtre : se déguiser, apprendre son rôle et le présenter; fabriquer des marionnettes en objets recyclés, créer une pièce, la jouer ✔ musique : fabriquer des instruments et les utiliser ✔ sports : suivre une piste d’habilité vélo, apprendre une danse africaine, jongler avec des foulards, faire un parcours ramping ✔ médias : réaliser un mini film, un reportage, un spot publicitaire; découvrir les louveteaux d’un autre pays par mail et webcam ✔ philosophie : écouter un conte et débattre sur le contenu, lire des histoires ✔ relation : atelier pour apprendre à faire la paix (médiation) L’atelier permettra à l’éclaireur d’acquérir des compétences bien utiles pour construire avec les autres : les ateliers proposés doivent dès lors trouver un terrain de mise en œuvre dans les activités suivantes; sinon, l’éclaireur aura vite le sentiment qu’on “ l’occupe ”.

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Avec les Eclaireurs ✔ théâtre d’ombres : utiliser la technique des ombres pour réaliser un sketch, une histoire, une anecdote ✔ diabolo : réaliser différentes figures, seul ou à plusieurs ✔ étoiles et planètes : utiliser une carte du ciel et reconnaître certaines constellations ✔ instruments de musique en bouteilles plastique ✔ moyens de communication en silence ✔ chant : apprendre des chants à quatre voix, créer des chants de troupe ✔ danse : quelques pas de rock and roll ou de hip hop ✔ djembe et danses africaines ✔ codes en tout genre : découvrir les codes habituels ou en inventer des nouveaux ✔ sports “ rares ” : hockey sur gazon, quiddich, balle pelote... ✔ jonglerie, échasses, tours de magie, monocycle, équilibre Le pionnier pourra découvrir dans des ateliers 100 % inédits (nouvelles technologies, apprentissage de la communication dans une autre langue peu maîtrisée, artisanat d’art…) des domaines inexplorés qui l’aideront à mieux redécouvrir qui il est et ce qu’il aime. Parmi les ateliers, il est proposé d’organiser des rencontres avec des personnes actives dans l’un ou l’autre domaine particulier : la source de découverte est donc extérieure au groupe. Avec les Pionniers ✔ internet : découvrir la toile (comment naviguer, trouver des informations, des sites intéressants), s’outiller pour la création du site du poste ✔ mécanique vélo : se familiariser avec les différentes pannes possibles pour être le dépanneur lors du hike vélo ✔ tai chi ou danses africaines : s’ouvrir à de nouvelles sensations corporelles ✔ techniques de corde : manipuler le matériel, apprendre les nœuds pour être plus à l’aise lors d’une activité escalade ou spéléo ✔ poterie : réaliser assiettes et bols ✔ tandem : apprendre à rouler en tandem pour ensuite emmener des personnes malvoyantes ✔ œnologie : découvrir le monde du vin et voyager au travers de plaisirs gustatifs ✔ théâtre : apprendre à poser sa voix, occuper l’espace, faire de l’impro; sous forme de jeux… ✔ gastronomie : développer la créativité culinaire, découvrir la fine cuisine pour ensuite ouvrir un “resto d’un soir” et y inviter les parents ✔ fresque : découvrir les techniques de peinture à la bombe, motivé éventuellement par la décoration du local ✔ sculptures métalliques : s’approprier la technique de soudage et réaliser des œuvres


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Les activités de service Ces activités ouvrent un regard sur l’autre et permettent d’expérimenter un engagement concret dans la société où l’on vit.

A la meute, le sens de l’autre se développe et l’ouverture au monde peut continuer à jouer un rôle essentiel dans la rencontre de la différence et l’éducation à son respect. A la troupe, au poste, le groupe prend progressivement de plus en plus part à la préparation de ce type d’activités et vit ainsi plus intensément une réflexion sur leur sens. Une patrouille se lance librement dans la construction d’un poulailler dans un home pour enfants handicapés, un poste a envie de se décarcasser pour restaurer un hôpital sinistré...

Si le poste passe son temps à récolter des sous pour aller à l’étranger, le schéma de pensée induit par cette pratique risque d’être “je travaille uniquement pour moi afin d’aller en vacances loin d’ici”. La dimension de partage, de solidarité, d’engagement est loin d’être touchée... Or elle est essentielle dans la mission éducative du scoutisme.

Un service utile, conscient et suivi Qu’il s’agisse de transporter des vivres Arc-en-Ciel, de vendre des modules pour les Iles de Paix ou de balayer un trottoir encombré, chaque scout doit savoir pourquoi il offre gratuitement ce service, en quoi et à qui il sera utile. Pour qu’il en soit conscient, il faut en parler avant et, mieux, préparer l’ensemble de l’activité avec lui. Sinon, il n’apprend plus par l’action, il exécute passivement. Si un groupe se lance dans une activité de service, il doit enfin réfléchir à l’effet à terme que celle-ci aura : il ne suffit pas toujours de réaliser un geste ponctuel, il y aura peut-être un suivi à assurer !

L’animateur se fait de plus en plus discret mais reste vigilant pour aider chacun à se poser la question de la signification de ce qu’il est en train de vivre. Les activités de service peuvent notamment créer quelques chocs culturels ou sociaux qu’il faudra aider à gérer.

D’une branche à l’autre Le baladin a besoin de concret, on ne le dira jamais assez. Il saisira probablement mieux le sens d’actions qui sont proches de lui (aider Madame Suzette en promenant son chien). Mais il est aussi capable de comprendre le sens de grandes causes à condition qu’on prenne le temps de lui expliquer, qu’on lui donne des exemples, qu’on lui permette de se mettre un peu “à la place de”. Et comme le baladin apprend beaucoup en jouant, tu as tout à gagner en intégrant le service au sein d’un jeu !

Questions de sous Il est essentiel que chaque staff se pose la question du rapport à l’argent dans sa section. Quels sont les besoins réels ? Sont-ils indispensables ? Nous voulons rester un mouvement ouvert à tous, mais certaines dépenses ferment des portes à des enfants. D’autre part, la récolte d’argent par des ventes régulières ou des extrajobs doit amener une réflexion d’ordre éducatif et éthique : quel message fait-on passer à nos scouts quand ils passent une demi-année à récolter une somme dépensée en quinze jours au grand soleil ? Que pense la société de ces scouts qui attendent le client à l’extrémité de la caisse des supermarchés ? Il y a urgence morale à s’interroger, quelle que soit la réponse. Les plaintes du grand public concernant certaines pratiques de mendicité, clairement interdite par notre code de qualité d’animation, montrent qu’il faut oser remettre en question des pratiques parfois simplement héritées de l’his-


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toire.

Les moments de la vie quotidienne Manger à la même table, décider ensemble de la manière d’organiser les services, dormir sous la même tente, préparer ensemble le feu, le repas, la veillée... toutes ces actions sont aussi sources de nombreuses découvertes. Seul devant sa télévision, le jeune ne serait jamais confronté à de telles expériences bien vivantes ! mettre et les animer. Ces actions quotidiennes contribuent au développement si elles sont vécues dans un climat serein, motivant et attentif à chacun. De plus, lorsqu’on prend la peine de parler de tous ces petits faits et gestes du quotidien dans un conseil, ils deviennent encore plus forts : ils prennent du sens parce qu’on en parle ensemble, parce qu'on cherche des solutions ensemble, parce que, tout simplement, on prend conscience qu’ils se passent et qu’ils nous apportent quelque chose. Mais bien sûr, avant de penser à discuter, il faut surtout réfléchir à comment les per-

Tu verras quand tu seras chef ?

Tabous et privilèges On le sait, quand on est animateur, on est soumis à quelques tentations bien légitimes : - se réserver des lieux privés (dortoir, wc, douche, cuisine)... - se garder la primeur de l’information (sur les activités, sur les règles de vie)… - s’octroyer le droit de faire ce que les scouts ne peuvent pas faire (fumer, téléphoner, boire du coca entre les repas, recevoir la visite de copains)... « C’est vrai quoi, on est bénévole et ce job est parfois bien fatigant ou un peu ingrat. Alors… » Pourtant, la qualité de la relation avec les scouts va dépendre directement de la cohérence de tes comportements (pourquoi ma valise devrait-elle être rangée alors que celle d’Akéla, c’est le foutoir ?) et de ta disponibilité (chaque moment passé dans le “tabou”, c’est du temps en moins avec eux). Et s’il y a des interdits logiques, sensés, on peut expliquer leur raison d’être, tout simplement. Nous les Scouts, nous prétendons ne pas être comme tout le monde. Le coup de la salle des profs où est installée la TV, de la tente VIP où on sert le champagne, c’est bon pour les autres. Notre petite révolution à nous, c’est d’offrir confiance, disponibilité et proximité aux jeunes dont on a décidé de s’occuper.


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4 Le conseil : un lieu fabuleux pour organiser l’action

Le conseil… lieu central de la vie scoute Les grands jeux, les ateliers ou les projets ne sortent pas du néant : le scoutisme part des envies des jeunes. Grâce au conseil, chacun peut participer aux discussions et décisions concernant la vie commune, les projets, les idées d’activités, la répartition des tâches et des responsabilités.

En tant que Scouts, c’est notre tâche de découvrir le point de vue de notre interlocuteur, avant d’essayer de le convaincre du nôtre. Nous voulons une mentalité large et ouverte dans toutes les directions. Baden-Powell

Le conseil, c’est donc le lieu où se règle ensemble la vie du groupe, petit ou grand. C’est aussi le lieu où l’on apprend à dire ses différences et respecter celles des autres. Le conseil est un de nos plus formidables outils d’éducation. Ton rôle est simple : faire en sorte qu’il existe, par exemple en aidant progressivement un scout à accepter les décisions qui y sont prises ou en apprenant à un scout comment l’animer ou comment y jouer un rôle constructif.

Un lieu qui se découvre progressivement Animateurs et scouts ont besoin d'apprendre Le conseil, cela ne marche pas toujours tout de suite et quand cela marche, cela peut foirer de temps à autre. Pourquoi ? Parce que les animateurs comme les scouts ont besoin de beaucoup de bonnes conditions et d’assez bien de temps, de pratique, d’expérience pour que ces moments soient appréciés et enrichissants.

Par la parole, l’écoute et la décision… Le scout va pouvoir y apprendre trois choses essentielles : la parole ❚ une parole tantôt très spontanée, tantôt longtemps mûrie ❚ une parole franche mais respectueuse ❚ une parole qui engage sa propre personne plutôt qu’un facile “il faudrait qu’on” l’écoute ❚ une écoute patiente ❚ une écoute sans a priori défavorable ❚ une écoute ouverte à l’idée nouvelle, à l’opinion différente la décision ❚ le conseil débouche sur un accord, une orientation, un nouveau projet, un changement… pour soi ou pour tout le groupe ❚ le conseil invite au choix et à l’engagement : il ne suffit pas de dire “ y a qu’à ” : il faut passer à l’acte !


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Deux idées sur ce que n’est pas le conseil Ce n’est pas un lieu organisé pour que chacun dise tous ses échecs devant un public tantôt condescendant tantôt réprobateur. Ce n’est pas non plus le lieu des règlements de compte. En cas de gros problème, en cas de profond conflit entre deux personnes, nous gérons les choses avec celles-ci.

Conseils pour le conseil Le rôle de l’animateur Tout animateur de conseil ou de réunion jongle en permanence avec deux éléments : le groupe et la tâche. Il est attentif à ce que chacun soit à l’aise, s’exprime dans une ambiance agréable et essaie que la décision soit prise et acceptée le plus sereinement possible. Mais il veille aussi à ce que l’on discute de ce qui a été annoncé, en avançant vers une solution, quand le groupe est prêt.

Pour le préparer et le lancer, veiller à a. choisir le cadre : un lieu adapté à la production (pour éviter que certains s’affalent ou s’endorment dans de vieux fauteuils ou s’endorment sur la couverture), une disposition adéquate (pour que chacun se voie) b. expliquer clairement à tous les objectifs du conseil et annoncer les différentes étapes (expression des idées, argumentation et débats, construction ou décisions). Les explications sur l’objectif doivent être courtes. Pour un grand projet, le conseil peut se répartir sur plusieurs moments : cela permet de “ dormir ” sur les idées c. utiliser le petit groupe pour la pertinence de ses avantages (facilite l’expression, permet un commun accord plus rapide…) d. prévoir un objet (bâton de la parole, éponge, petit ballon, pelote de laine qui forme une toile d’araignée tout en indiquant qui a déjà pris la parole…) pour se passer la parole, cela peut être utile pour les premières fois. Attention aux objets trop distrayants (comme un nounours ou un vrai micro) qui risquent de faire pire que mieux. On peut aussi d’abord demander aux plus jeunes de faire un dessin ou d’écrire leur idée e. outiller les scouts qui, dans le cadre de petits groupes (patrouille, groupe de travail), sont amenés à animer euxmêmes un conseil. Bien préparer avec eux : quel est l’objectif, comment procéder, que faire avec les idées…

Pour imaginer, chercher des idées, veiller à ce que a. un maximum d’idées sortent stimuler l’imagination au début, par exemple en s’échauffant avec un jeu de créativité; relancer en cours de route, en redisant l’objectif

b. on ne dévie pas du sujet reformuler l’objectif, structurer les idées qui sortent, rassembler l’attention en cas de distraction, récapituler en cours de route c. chacun puisse exprimer ses idées bien distribuer la parole (inciter les plus réservés, “calmer” les plus causants, non en stigmatisant ces comportements mais en insistant sur la richesse du partage de toutes les opinions…) d. chacun voie que son idée est bien prise en compte tout noter, reformuler si nécessaire pour être sûr d’avoir compris la proposition du scout e. chacun voie où on en est noter sur un tableau ou un panneau, structurer ces notes, éventuellement illustrer par un dessin, un schéma… Faire des petites synthèses en cours de conseil aide vraiment à voir qu’on avance et à opérer des premiers tris.

Pour décider : veiller à ce que a. les propositions existantes et l’objectif final soient clairs pour chacun reformuler le tout b. chacun connaisse les contraintes pratiques qui vont en partie déterminer le choix ultime (critères de sélection “naturels” du type : « Nous avons un budget de autant ») formuler clairement ces critères et pouvoir expliquer leur raison d’être + réaliser un premier tri dans ce sens c. chacun puisse faire valoir des arguments plus détaillés en faveur ou en défaveur d’une ou plusieurs idées distribuer la parole équitablement, veiller à ce que l’on ait la possibilité d’évoquer toutes les propositions restantes d. l’on aboutisse à une décision commune - soit par élimination - soit par vote (différentes formules possibles) - soit par compromis (propositions hybrides) proposer et expliquer clairement le système retenu et animer sa mise en œuvre (surtout en ce qui concerne le compromis) rester attentif au risque de dérapages ultérieurs liés à une prise de décision trop rapide : le manque d’implication dû à une non adhésion (si toutes les pistes n’ont pas été approfondies), le manque de réalisme (si les contraintes ont été ignorées), le non aboutissement du projet (si l’implication de chacun n’a pas été évaluée dès le début).


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Alors ? Comment choisir ? Un peu de tout ?

Question d’équilibre Le scout apprend en faisant lui-même les choses. Les possibilités d’actions que nous venons de décrire sont nombreuses. Elles ne sont pas en concurrence : elles ont chacune leur fonction privilégiée. ❚ Le jeu amuse; sans le savoir, on y apprend à vivre avec des règles, avec les autres ❚ Les ateliers offrent le temps d’une découverte précise ❚ Le projet entraîne et offre des responsabilités

1. Lors des conseils notamment, tes scouts n’arrêtent pas d’exprimer des envies… il suffit que tu “ask the boy” ! Leurs réactions par rapport à ce qu’ils sont en train de vivre offrent une source d'information essentielle. Régulièrement, ton staff se réunit et fait le point : quelle découverte serait-il intéressant de susciter maintenant ? Qu’est-ce qui semble important pour chacun en ce moment ? Quels comportements développer chez les uns et les autres ? En fonction de la réponse à ces questions, vous pourriez mettre l’accent sur l’un ou l’autre type d’action.

❚ Le service rend conscient et ouvre à l’engagement ❚ Et la vie quotidienne permet, enrichit et complète tout cela

Jeux Projets

Ateliers Vie quotidienne Activités de service

2. Un peu d’audace : ton staff est peut-être spécialiste des grands jeux, parce qu’il déborde d'imagination par exemple. Mais les ateliers et les projets, c’est gai aussi ! Il faudra essayer, mettre au point peu à peu ces autres manières d’aider à grandir. Ainsi, dans quelque temps, la palette de ce que vous proposerez sera plus colorée et donc plus apte à apporter des éléments qui aideront Bastien et Juliette à développer l’ensemble de leur personne ! Et dans tout cela, quelle part réelle est laissée aux scouts ? Qu’est-ce qu’ils construisent vraiment euxmêmes ? Si nous voulons les rendre actifs, responsables, autonomes… cela vaut la peine de se poser sans relâche la question : que fait le scout à ce moment ?


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Les Actions de Service Q U ’ E S T- C E Q U E C ’ E S T, C O N C R È T E M E N T ? L’activité de service part de la décision des scouts de se mettre à la disposition de quelqu’un pour servir librement. De plus, cette aide, cet avantage sont procurés bénévolement. Qu’elle prenne une heure ou un week-end, l’action de service s’inscrit dans une démarche globale.

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D E S O P É R AT I O N S S E RV I C E S E N T O U S S E N S Proposer une main d’œuvre pour les villageois (peinture, plantation…) Coup de main au fermier pour la fenaison Aider un voisin pour un déménagement Nettoyage des abords du local Opération de récolte (vivres Arc-en-ciel, médocs MSF…) Construction et décor de poubelles près du local Accompagnement de personnes âgées à la fête du village Organiser un goûter de Noël au home voisin Sécurisation du chemin du local avec des panneaux Atelier de révision et de réparation de vélo pour les enfants du village Construction de nichoirs pour le bois tout proche Créer un spectacle pour les baladins Offrir à manger, en hiver, aux SDF Réaliser des panneaux de sensibilisation à la vitesse à l’approche du village … >>>>>

P O U R Q U O I L E S A C T I O N S D E S E RV I C E C H E Z L E S E C L A I R E U R S ? Sensibiliser les éclaireurs à la beauté de la gratuité d’un geste, c’est directement lié aux valeurs que nous défendons. Petit à petit, ces ados sont confrontés à la possibilité de rendre des services significatifs. Il faut les aider à réellement s’investir dans ces actions. >>>>>

COMMENT S'Y PRENDRE ? A vivre quand ? Il est manifestement possible de les vivre durant l’année ou au camp, voire y consacrer une grande partie de celui-ci. A chaque troupe de choisir… L’important, c’est d’avoir vécu la démarche et de l’avoir fait résonner en soi.


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Les Actions de Service

(suite)

Action de Service S.U.C. Tant qu’à s’impliquer dans une action de bénévolat, pourquoi ne pas la créer sur la base des envies et des idées de la troupe ou de la patrouille plutôt que de s’inscrire dans quelque chose de bouclé ? Se lancer dans un projet 1 de service, en tenant compte des trois fameuses lettres Suivi Utile et Conscient. Suivi Même si l’intervention des éclaireurs est ponctuelle, c’est intéressant qu’elle s’inscrive dans le temps, comme base ou comme déclencheur. Leur action ne doit pas rester sans lendemain. Les éclaireurs ne s’occupent pas nécessairement du suivi, mais ils s’assurent qu’il y en aura un ! Utile Il est important que l’action corresponde à une nécessité, à un besoin des bénéficiaires. Agir pour que ça serve plutôt que pour simplement se donner bonne conscience ! Conscient Les éclaireurs ne sont pas des automates ! Connaître le sens, l’enjeu, le pourquoi de l’activité est primordial. >>>>>

COMMENT ÉVITER LE PIÈGE ? Les sollicitations sont parfois nombreuses : vendre tel truc pour ceux-ci, aider ceux-là… Certaines personnes s’arrêtent à “ Scouts = B.A.” et inversement et se montrent vexées s’il y a refus. Pourtant, l’animateur a le droit au « non »; notamment parce qu’il y a aussi tous les autres aspects de la vie de la troupe. Entre le refus catégorique et systématique ou le simple accomplissement de la tâche, une alternative : rebondir sur la proposition et la saupoudrer de SUC. Les gens sont capables d’entendre « Nous voulons bien nous impliquer avec les éclaireurs; en même temps, nous souhaitons nous approprier l’idée. Pour nous sentir bien dans la mise en œuvre, peut-être faudra-t-il de petits ajustements. » Exemple 2 : « Venez faire votre BA en nettoyant le bois où vous jouez ! » D’accord, mais le staff s’autorisera à être vigilant aux trois aspects. Le suivi : pour ne pas recommencer 15 jours après. Installation de poubelles et de panneaux invitant au respect. L’utile : pour que ça serve vraiment. Les sacs remplis seront rapidement évacués pour éviter de se crever et s’épandre à nouveau. De plus, l’accès au bois sera encouragé. Le conscient : les éclaireurs sont informés de l’intérêt de la démarche. Des moyens leur sont donnés pour la réalisation des panneaux de sensibilisation et pour la rédaction d’un article dans le journal local. Donner un scoutmain, c’est bien, l’imaginer et le proposer, c’est mieux.

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Le cahier SC02 « Des projets pour grandir » reprend des techniques concrètes pour le passage par les différentes phases de la pédagogie du projet (imaginer – décider – préparer – vivre – fêter).

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Proposé par Marie


La méthode scoute Les sept éléments

2. Le petit groupe

1 Un produit naturel 2 Petit groupe, grands profits 3 L’animateur et le petit groupe

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La méthode scoute

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1 Un produit naturel

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e choix du petit groupe comme élément constitutif de la méthode scoute relève un peu du bon sens, quand on regarde les habitudes des enfants ou des jeunes. Quand ils se regroupent spontanément, ils sont rarement vingt ! C’est dans de petits ensembles qu’ils se sentent bien, s’amusent et retirent le maximum d’expériences et de confiance. « Ce que les garçons voient d’abord dans le scoutisme, c’est qu’il les regroupe en une bande d’amis, qui est la forme d’organisation naturelle à cet âge, qu’il s’agisse de jouer, de vagabonder ou de faire des niches » (BP, préface d’Eclaireurs).

2 Petit groupe, grands profits

Dans cette organisation naturelle en petits groupes, tes scouts trouveront trois choses essentielles à leur développement : de l’espace, une vie intense avec les autres et l’expérience d’une relation à un ensemble.

entre les personnes sont nombreuses : physiques, sociales, intellectuelles, religieuses... Le petit groupe est un espace idéal pour mesurer combien chaque personne est unique, originale et précieuse.

De l’espace !

L’expérience d’une relation au groupe

Le petit groupe dont nous parlons est avant tout l’affaire des scouts : ils sont entre eux, les adultes leur offrent un espace de liberté.

Dans le petit groupe, chacun reçoit aussi l’occasion de vivre dans d’heureuses conditions l’expérience d’une relation à un ensemble au sein duquel il va peu à peu trouver sa place : le petit groupe est un lieu pour expérimenter la construction de règles et de valeurs communes.

Des relations intenses Dans le petit groupe, les relations entre les personnes sont particulièrement intenses. Impossible de se cacher ou d’ignorer la présence de l’autre. Chacun va pouvoir y découvrir les facettes les plus riches de la vie en société : le plaisir d’être ensemble, le respect, la solidarité, la remise en question. Dans cet espace aux frontières assez étroites, le scout est confronté de près à la différence. Cela fait vite de l’électricité. Il faut apprendre à la gérer, à tempérer, à pardonner. Ou à éviter de tomber dans le piège du bouc émissaire, un des plus grands fléaux dans tout groupe humain. Les sources de différences

L’arrivée de nouveaux membres est en cela un moment particulièrement important. Le rôle des autres membres du petit groupe est déterminant pour qu’un nouveau scout s’intègre progressivement dans un contexte serein. Il importe de les préparer à être accueillants avec les nouveaux… pendant plus longtemps que la première réunion. Ce sera pour chacun l’occasion de découvrir la richesse d’une démarche d’ouverture sans a priori vers l’autre, forcément moins expérimenté, forcément un peu perdu.


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3 L’animateur et le petit groupe Je crois que Dieu nous a placés dans ce monde merveilleux pour y être heureux et jouir de la vie. La meilleure manière d’atteindre le bonheur est de le donner aux autres. Baden-Powell

Bon... mais ce n’est pas parce qu’on parle de petits groupes de pairs que l’animateur n’a rien à faire ! Pour qu’ils existent et soient profitables à chacun des scouts, il te faudra allier discrétion et sens de l’à-propos.

A la meute, l’enfant découvre la richesse des groupes plus structurés et permanents. A travers la vie dans sa sizaine, il apprend à s’exprimer, à écouter les autres, à prendre des décisions et à les respecter pour la vie du clan.

Ta première mission est de leur permettre d’exister et de fonctionner comme tels : cela suppose que tu leur laisses du temps et un lieu pour s’organiser, pour vivre des activités, pour tenir leur conseil.

Cet apprentissage permettra qu’à la troupe, l’éclaireur soit en mesure de construire la vie de sa patrouille, d’y vivre la solidarité avec ses patrouillards. La patrouille est le lieu où l’éclaireur construira la plupart de ses activités, où il passera le plus de temps.

Ta seconde mission est de les soutenir : par des encouragements, par un coup de main quand une équipe se disloque, qu’un conseil de sizaine tourne au brouhaha, par un accompagnement efficace du jeune CP. L’animateur a un rôle important pour faire découvrir des moyens qui aident à construire un petit groupe agréable et respectueux de chacun.

D’une branche à l’autre

La forme du petit groupe selon les différentes branches La taille du petit groupe, sa durée et son fonctionnement varient bien sûr en fonction des âges. A la ribambelle, les jeux, les ateliers, les conseils et les bivouacs se dérouleront en petit groupe : l’enfant s’y sent plus en confiance et y trouve un premier espace de vie commune à sa taille. Les petits groupes ne sont pas permanents : l’enfant de cet âge n’en éprouve guère le besoin, à ce stade où il découvre simplement le plaisir et l’intérêt de jouer avec quelques autres enfants.

Bien entendu, à la meute comme à la troupe, on utilise aussi des groupes non permanents : pour un jeu, un service, un atelier… Cela permet de rencontrer d’autres copains. Cela offre également un peu


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de répit et d’air frais aux groupes permanents que sont sizaines et patrouilles. Prenons le cas d’un moment d’échange en petit groupe permanent à la fin d’une activité : il sera encore plus riche si tous ses membres viennent de vivre un jeu dans des équipes différentes : certains ont gagné, d’autres perdu… les expériences à confronter sont différentes. En ce qui concerne les petits groupes permanents comme les sizaines ou les patrouilles, parce qu’ils sont essentiels dans le bien-être de chaque scout, il est tout naturel que les scouts eux-mêmes participent à leur composition. Bien entendu, les choix devront tenir compte de règles définies ensemble ou de contraintes comme le droit pour chacun d’être dans un petit groupe où il se sent bien, comme la répartition des âges (et donc des expériences) ou comme le nombre. Le poste Pionniers est un petit groupe en soi ! Les relations y sont très denses, mises à l’épreuve de projets à prendre en charge à fond dans le respect des affinités de chacun. L’éducation à la différence y est donc encore très importante. Par ailleurs, le poste s’organise régulièrement avec des sousgroupes, pour se partager le travail sur l’un ou l’autre projet, pour vivre des ateliers. Il y a cinq pour cent de bon, même dans le pire caractère. Le jeu consiste à les découvrir et ensuite à les développer jusqu’à une proportion de 80 ou 90 %. Baden-Powell

Quelques idées pour former des équipes, rapidement et en s’amusant

“nounours” : les scouts se promènent dans la pièce;

tu donnes un critère et tous ceux qui ont la même caractéristique se rassemblent et se serrent très fort. On continue jusqu’à ce qu’on ait des groupes du même nombre. Parfois, ça peut durer… (année scolaire - nombre de frères et sœurs - animal domestique couleur de cheveux - lunettes - couleur des chaussettes - instrument de musique - taille - vélo, rollers ou trottinette - plage ou montagne - chips ou chocolat etc.)

tu distribues des cartes à jouer (que tu auras préala-

blement sélectionnées en fonction du nombre d’équipes et de joueurs par équipe) : les cœurs ensemble ou les 8 ensemble, par exemple

tirage au sort d'un numéro, d'une couleur, d’une

image… les scouts suivent une mini-piste qui les amène dans le local ou le lieu destiné à leur équipe

tirage au sort d'une chanson très simple (s’assurer

d’abord que tous les scouts connaissent par cœur les chansons choisies) : les scouts ont les yeux bandés; à ton signal, tous commencent à chanter (chacun sa chanson) et doivent se retrouver à l’ouïe

tirage au sort d'une pièce de légo : il faut reconstituer un modèle

tu distribues des bonbons de couleurs différentes : les couleurs identiques vont ensemble (regarder la couleur de la langue si les emballages ont disparu !)

chacun enlève une chaussure; on mélange toutes les

chaussures obtenues puis on les partage en autant de tas que d’équipes désirées. Chacun peut alors récupérer sa chaussure tout en découvrant son équipe

lance un jeu comme “citron-citron”, “tape-chaise” ou tout autre jeu qui amène tes scouts à se “mélanger”. Quand ils le sont, sépare-les en équipes

jeu de la bombe : on fait passer un ballon en disant tictac; un animateur a le dos tourné et dit « boum ! » à un moment donné; celui qui a le ballon en main fait partie de l’équipe 1 (refaire plusieurs fois le jeu pour former l’équipe 1, puis 2 etc.)


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La patrouille et le rôle du CP Q U ’ E S T- C E Q U E C ’ E S T, C O N C R È T E M E N T ? La patrouille est à la base de la proposition du scoutisme. Faire vivre ensemble une poignée d’ados pour qu’ils expérimentent en petit groupe une série d’aventures. La patrouille est un groupe de vie, d’action et d’amusement. Un groupe composé de jeunes ados, mené par un CP, constitué avec l’avis de chacun. Des moments de vie, simples, comme dormir, manger, s’installer, parler, s’engueuler même. Des cadres d’actions pour que les patrouilles construisent, inventent, réalisent. Et de l’amusement, la première motivation des éclaireurs. >>>>>

POURQUOI CET OUTIL DANS LA TROUPE ? A un âge où le groupe de copains prend une importance considérable, la patrouille est le lieu de vie idéal pour chaque éclaireur. Un petit groupe de pairs, mélangeant expérimentés et novices, grands et petits, sérieux et drôles, boute-en-train et introvertis… La patrouille permet une certaine stabilité par rapport à l’environnement changeant et rapide qui entoure chaque ado. Les repères sont nombreux : un grand frère, le CP, sur qui on peut compter; des projets accompagnés par les animateurs; une vie familiale pendant les week-ends et le camp… La patrouille permet à chaque éclaireur d’apprendre par l’action, le sens du service, la cogestion, la répartition des tâches, la prise de responsabilités, la gestion des conflits… Plus que la patrouille elle-même, ce sont les activités en patrouille qui sont les clés d’un apprentissage tout en douceur et en confiance. Enfin, la patrouille peut être aussi le lieu privilégié pour s’essayer à la fonction de CP, véritable pilote de la patrouille. Par ce rôle essentiel, du point de vue organisationnel comme relationnel, le jeune de 15 ou 16 ans sera confronté à la gestion d’un groupe de pairs. « Le système des patrouilles est l’aspect essentiel grâce auquel la formation scoute diffère de toute organisation » - Baden-Powell. >>>>>

UN PERSONNAGE ESSENTIEL : LE CP Chef, Coordinateur, Capitaine… de patrouille ou tout simplement : CP. Etre CP, c’est avant tout se mettre au service de sa patrouille. Etre CP n’est ni un privilège, ni une récompense, ni un dû. C’est un rôle qui demande autant qu’il apporte. Un CP doit faire preuve d’organisation, d’écoute, de patience, de modestie et d’une envie de construire avec la patrouille. En retour, il reçoit l’aide des animateurs et une solide expérience en gestion d’une équipe. Les missions du CP : Faire en sorte que chaque éclaireur ait sa place au sein de la patrouille Etre le garant d’une bonne organisation dans la patrouille et dans la troupe Animer les conseils de patrouille Veiller à la répartition des tâches quand c’est nécessaire Ne pas faire tout mais bien déléguer Motiver, dynamiser sa patrouille Montrer un certain exemple Installer un climat de confiance et de respect Tempérer les envies de compétitions à outrance envers les autres patrouilles >>>>>


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La patrouille et le rôle du CP

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UN WEEK-END CP En début d’année, dès que les patrouilles sont formées et qu’au sein de celles-ci, les éclaireurs ont eu un minimum de temps pour se connaître, on peut organiser un week-end CP. Il s’agit d’un moment “où l’on s’arrête pour mieux avancer”. Les CP et le staff se retrouvent entre eux pour : Mieux se connaître encore Parler du rôle de CP Outiller les CP à la gestion d’un conseil, d’un conflit, d’un problème Envisager le planning de l’année et les possibilités de temps en patrouille … >>>>>

LE CONSEIL CP Ce conseil réunit les CP et le staff. Il a deux missions : Le soutien des CP dans leur rôle. Les CP font le point ensemble sur les avancées et les problèmes de chacun. Les animateurs proposent alors un appui, une intervention, un changement pour accompagner le CP La coordination de la vie en troupe. Cela nécessite un conseil de patrouille précédant le conseil et un second le suivant. C’est l’occasion d’aborder des sujets comme la composition des patrouilles, les règles de troupe, les activités, la gestion des sous, le matériel, les locaux, la préparation du camp, l’accueil des nouveaux, les moments forts (promesse, totémisation, hike…)

FA I R E V I V R E L A PAT R O U I L L E Chaque patrouille a besoin d’aide et de propositions de la part des animateurs. C’est là tout le challenge : arriver à donner une impulsion aux patrouilles tout en leur laissant un grand espace de liberté.

Voici huit actions que le staff doit garder en tête : 1. Laisser construire une identité Pour que chaque éclaireur se sente dans SA patrouille, il est important que chaque patrouille ait la possibilité de se doter de signes propres. Quelques exemples parmi d’autres... Le nom de patrouille : un nom peut être choisi tous les ans, ainsi que le cri de patrouille, souvent révélateur de l’ambiance au sein de la patrouille. Chaque patrouille a ses couleurs de nœuds d’épaule (sur l’épaule gauche) en lien avec le nom de patrouille. Le coin de patrouille : un local ou une partie du local, décoré chaque année. A défaut de local, un objet rassembleur peut faire office de lieu propre (tally, affiche, malle de patrouille…). Le tally : pour garder une trace, une mémoire (un gros livre d’or, un panneau photo, un site internet…). Des chansons : se constituer un chansonnier de patrouille avec le top 20 élaboré par la patrouille. Certaines chansons peuvent aussi être remaniées en y collant des paroles propres à la patrouille. Les jeux : quelques jeux de société préférés des éclaireurs et la liste des petits jeux de plaine, pour combler un vide par exemple. Les règles et les habitudes : une charte de patrouille, des “private joke”, des traditions au moment des repas, du lever… …


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La patrouille et le rôle du CP

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2. Donner du temps La patrouille ne se réduit évidemment pas à une équipe déjà constituée pour les jeux. Il est important de donner des moments pour que les éclaireurs se rencontrent. Quelques moments et lieux possibles pour se retrouver en patrouille : Une réunion complète Une demi-heure en début ou en fin de réunion Un mercredi après-midi Un week-end complet, dans le local d’une troupe voisine Un lieu : Dans un coin de patrouille Autour d’un objet symbolique, d’un panneau de patrouille (en l’absence de local de patrouille) Chez le CP Chez un animateur, en sa présence pour qu’il accompagne un projet 3. Permettre des actions Sans un minimum de cadre, la patrouille risque de s’adonner à une activité assez répandue : “la glande”. Quand on invite les patrouilles à vivre un temps ensemble, il faut leur donner un but, comme : La préparation d’un projet Le débriefing d’une activité La réalisation d’une activité sympa en patrouille (visite, sport, culture…) Un moment de fête (anniversaire, accueil d’un nouveau…) La gestion d’un problème Une réflexion sur un fait de société … 4. Utiliser les projets Même si le mot projet fait parfois peur, il est utile de faire remarquer que la plupart des patrouilles vivent déjà une série de projets : les constructions pendant le camp, un week-end de patrouille pendant l’année… Peut-être ces projets peuvent-ils être plus construits, mieux accompagnés, mieux balisés. Au cours d’une année, le staff peut apporter son expérience et une méthode pour la réalisation de projets de patrouille. Proposer des cadres de plus en plus grands pour les projets de patrouille (par exemple, d’abord la préparation d’un poste sportif pour un grand jeu, puis un spectacle pour la fête d’unité suivi de la préparation d’une journée en patrouille pour finir par la mise en œuvre du hike pendant le camp). Utiliser un support pour identifier QUI fait QUOI pour QUAND. Faire régulièrement le point sur l’avancement du projet. Après un projet, faire prendre conscience du boulot accompli. 5. Susciter les conseils de patrouilles Le conseil de patrouille est le lieu de pilotage de tout ce qui concerne la vie de la patrouille. Le CP a pour mission d’être l’animateur du conseil. Etant donné que gérer un conseil n’est pas facile, les animateurs doivent outiller chaque CP. Lors d’un week-end avec les CP, avant une réunion ou en soirée, il est possible de former les CP à la conduite d’un conseil. On pourra travailler avec eux différents moyens comme... L’ordre du jour : de quoi allons-nous parler, dans quel ordre, faut-il des décisions ou est-ce un moment de réflexion… Donner la parole : les tours de table, le bâton de la parole, comment faire taire un bavard, les aînés parlent en dernier… L’écoute de chacun : utiliser un support, être confortablement installé, sans distraction, tout le monde voit celui qui parle… La confiance et l’audace : installer un climat où il fait bon vivre et où il est possible de délirer, d’imaginer, d’entreprendre, de construire… Garder des traces : mettre en patrimoine les décisions, les échecs et les réussites pour le futur d’une part mais aussi pour le présent. Ecrire nécessite d’avoir été clair et précis Le suivi des décisions : veiller à ce que toutes les décisions soient claires et placer comme premier point à l’ordre du jour la vérification des taches qui devaient être effectuées


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La patrouille et le rôle du CP

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6. Accompagner la répartition des rôles Lors d’un projet conséquent ou pendant une activité aussi simple qu’un jeu d’attaque de camps, il est nécessaire de se répartir les tâches. Pas si facile quand on a entre 12 et 16 ans ! D’où l’importance de s’y “entraîner”. Chacun remplira sa mission avec cœur et volonté s’il a pris part à la décision. Généralement, le CP et les aînés mènent la discussion. Pourquoi ne pas les aider en préparant avec eux un petit canevas à adapter à chaque cas ? Identifier les tâches à effectuer. Cerner les qualités ou les compétences requises. Faire un tour des envies de chacun. Envisager une répartition possible (un ou deux scouts par tâche). Vérifier si la répartition est adéquate et si tout le monde s’y retrouve. 7. Responsabiliser les aînés Etre CP n’est pas une fin en soi. On peut être un “bon éclaireur” en n’ayant pas exercé la fonction de CP. Par contre, être “aîné” est le rôle de tous les éclaireurs en fin de parcours à la troupe. Il est primordial de s’appuyer sur ces “plus vieux” pour donner du rythme à la troupe. Que ce soit en patrouille, en équipe de jeu, en troupe… les aînés doivent être sensibilisés à leur rôle de modèle, de référence, de moteur. Si le rôle de SP est encore parfois présent, il ne signifie pas la notion de second, au sens hiérarchique, ou de remplaçant du CP. Il s’agit bien d’un couple CP-SP, deux aînés qui mettent leurs compétences et leurs expériences au service de la patrouille. 8. Faire accueillir les plus jeunes Le passage à la troupe se double souvent du passage dans la grande école. En deux lieux, ces grands louveteaux deviennent les petits éclaireurs. Voici quelques mots clés pour réussir leur accueil. Anticipation : les loups de dernière année participent à une journée du camp (si la distance la permet) ou à une réunion pendant l’année. C’est l’occasion pour eux d’avoir un avant-goût de l’an prochain, de poser toutes les questions qu’ils veulent, de mettre un pied dans l’inconnu tout en étant encore louveteaux, de faire connaissance avec les animateurs… Parrainage : un aîné parraine les premiers temps de vie d’un nouvel éclaireur, lui fait découvrir les us et coutumes de la troupe et de la patrouille. L’adhésion et la totémisation : deux moments d’accueil. Le premier en début d’année, après quelques réunions et le second pendant le premier camp. Jeux en duo : quelques jeux, spécialement en début d’année pour faire connaissance entre quatre yeux. Des jeux simplement par deux ou attachés par la main, voire un avec les yeux bandés, l’autre les pieds liés…

La constitution des patrouilles et le choix des CP Il n’y a pas vraiment de schéma idéal pour ces deux décisions. Juste une vieille et bonne intuition “ask the boy”. — Que les patrouilles restent plus ou moins les mêmes d’année en année ou qu’elles se reconstruisent entièrement... — Que la troupe décide ensemble la constitution des patrouilles ou que le staff prenne la décision finale... — Que les CP soient choisis, élus, décidés en troupe, en patrouille, par le staff… — Que les nouveaux éclaireurs choisissent leur patrouille ou l’inverse… Une constante reste pour que vive le scoutisme : “ask the boy”, c’est-à-dire la participation active de chacun en début ou en cours de processus.

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Les fonctions de patrouille Q U ’ E S T- C E Q U E C ’ E S T, C O N C R È T E M E N T ? Une fonction de patrouille est une mission particulière confiée à un éclaireur par les autres membres de la patrouille pour un temps relativement long, de plusieurs mois à une année entière. Exercer une fonction, c’est mettre au service des autres des compétences personnelles. C’est aussi être le garant, le responsable de toute une série d’activités. Dans les faits, un éclaireur cuistot de patrouille fera par exemple en sorte que le matériel d’intendance soit opérationnel, que la patrouille dispose d’un livre de cuisine clair ou de fiches techniques et que lors d’un week-end ou d’un camp, les menus, les courses et la préparation des repas se réalisent dans les meilleures conditions possibles. Remplir une fonction de patrouille n’implique certainement pas de “faire tout, tout seul”. Au contraire, il s’agit de permettre à la patrouille de remplir une mission, ensemble. Le cuistot de patrouille ne prépare pas tous les repas du camp, il organise la préparation entre tous les éclaireurs de la troupe, en outillant et aidant les moins expérimentés. Les fonctions de patrouille sont propres à chaque patrouille. Ainsi, si une patrouille a besoin de six fonctions, une autre pourrait n’en compter que quatre. De plus, les fonctions doivent être très bien définies au sein d’une patrouille, mais cette définition n’est pas forcément la même pour une autre patrouille. >>>>>

P O U R Q U O I L E S F O N C T I O N S D E PAT R O U I L L E À L A T R O U P E ? Construire avec les autres consiste notamment à s’organiser en tenant compte de certains paramètres, c’est bien le but des fonctions de patrouille. Analyser les besoins, tenir compte de l’expérience de chacun, des envies, des qualités puis se partager les responsabilités… autant de moments qui feront en sorte que chaque éclaireur découvre la cogestion. Les fonctions de patrouille sont, avec les projets de patrouille, les deux outils privilégiés pour aider chaque patrouille à vivre dans une certaine autonomie. « On veut le faire tout seul », « laissez-nous nous débrouiller », « faitesnous confiance », les remarques de ces jeunes ados ne manquent pas de nous rappeler qu’ils ont besoin et envie d’espace pour construire et se construire. Enfin, ce partage de tâche au sein de la patrouille permet un apprentissage tout en douceur de la prise de responsabilité. D’une part, chaque fonction de patrouille est accompagnée par un animateur, par les aînés et par les autres éclaireurs de la patrouille. D’autre part, chaque éclaireur mérite une totale confiance et un droit à l’erreur. >>>>>


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La méthode scoute

Les fonctions de patrouille

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COMMENT S’Y PRENDRE ? Moment pertinent pour l’utilisation de l’outil A priori, une fonction de patrouille se garde tout au long de l’année, donc la répartition des fonctions peut se faire vers le mois d’octobre.

Schéma du déroulement proposé Voici une proposition pour définir et répartir les fonctions de patrouille : 1. Lister ensemble les fonctions et les tâches à effectuer C’est un moment qui doit être délirant. Tout ce qui passe par la tête doit sortir. Pour cela, on peut afficher au mur une grande feuille à deux colonnes, la première sera le nom de la fonction et la seconde les différentes tâches. Dès que quelqu’un a une idée, il va l’écrire sur le panneau. Il ne faut pas avoir peur de se lancer, le but est d’avoir une multitude de fonctions des plus sérieuses et utiles aux plus délirantes. 2. Choisir individuellement les fonctions nécessaires Une fois que la liste est établie, chacun reçoit une feuille avec trois colonnes. Il faut maintenant choisir les fonctions dont la patrouille aurait besoin, les tâches à effectuer par cette personne et enfin, les qualités requises pour se voir attribuer cette fonction. Par rapport au tableau déjà réalisé avec l’ensemble de la patrouille, chaque éclaireur reprend les fonctions et les tâches qu’il trouve pertinentes et ajoute les qualités nécessaires à l’éclaireur à qui cette fonction serait confiée.

Fonction

Tâches à effectuer

Qualités

3. Mettre en commun Il faut tout d’abord faire un tour de table rapide des différentes fonctions choisies afin de voir si certaines ne sont pas identiques dans les tâches tout en portant deux noms différents, comme trésorier ou comptable. Dans ce cas, il suffit de les rassembler sous le même nom. On remplit alors un grand tableau à 5 colonnes. La 2e, 3e et 4e contiennent les noms des fonctions, les tâches et les qualités. La 1re contient le nombre de fois que la fonction a été citée. Pour le fun, on remplit une 5e colonne qui contiendra des noms pour cette fonction (comme par exemple un nom dont les initiales sont C.P.) 4. Prendre ensemble la décision de répartition Enfin, pour chaque fonction et dans l’ordre de la liste, on effectue un tour de table. Chaque éclaireur propose une ou deux personnes qui conviendraient pour la fonction. Avant cela, il faut se mettre d’accord si on peut se proposer ou pas. Quand une personne est souvent plébiscitée, on lui demande si elle accepte de prendre cette responsabilité. Puis, dès que la fonction est attribuée, on passe à la fonction suivante.


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Les fonctions de patrouille

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Exemple de ce que cela pourrait donner Nb

Fonction

Tâches à effectuer

Qualités

Nom fun

7

Cuistot

Malle intendance Bouquin de cuisine Trucs et astuces pour le camp

Imaginatif Savoir cuisiner

Courses et Pitance Compote Purée

7

CP

Coordonner la patrouille Trancher quand c’est nécessaire Lien avec le staff

Attentif aux autres Coordination et Participation Calme Capitaine Pétillant Expérimenté

6

Matos et Trésorier

Liste et entretien du matos Tenir les comptes Achat des cartes

Ordonné Fort en math Rigoureux

Camping et Pognon Compte Pien

5

Secouriste

Pharmacie de patrouille Hygiène et propreté Veiller à la sécurité Numéros d’urgence

Attentif Calme

Confiance et P’tits bobos Complètement Prudent

4

Secrétaire

Rédaction du tally Affiches du local Courriers

Ordonné Lisible

Conte et Prise de note Crayon Papier

4

Amusement

Veillée Instruments de musique Matos des petits jeux

Délirant Bon chanteur

Compèt’ et Plaisir Capable du Pire

3

Entaîneur

Préparer la gym Gestion des sports Trouver de nouveaux sports

Sportif Imaginatif

Culture Physique Coach des Pompes

3

Vert de terre

Tri des déchets Achat bio

Ecolo Ordonné

Com-Post Camion Poubelle

2

Multimédia

Création site internet Gestion album photos numériques Louer vidéo-projecteur

Calé en informatique Inventif

Cyber Patrouille Computer Personnel

>>>>> Dans ce cas, les fonctions en italique ont été sélectionnées et réparties au sein de la patrouille. Voici la composition de la patrouille. Certains éclaireurs n’ont pas désiré avoir de fonction. Poulain CP Puma Compote purée Pélican Camping et pognon Bouba Confiance et petits bobos Stéphanie Crayon papier Goeland Com-post Dauphin Xavier -


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La méthode scoute

Les fonctions de patrouille

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R Ô L E D E S A N I M AT E U R S Il y a deux missions distinctes. Mettre en place des moments et des actions pour que les fonctions de patrouille soient utiles et utilisées. De façon plus large, on peut dire qu’il faut mettre en place une animation où la patrouille va vivre des moments d’autonomie nécessitant des rôles particuliers pour chaque membre de la patrouille (par opposition à la plupart des grands jeux qui sont des moments plutôt de consommation où tous les éclaireurs ont le même type de rôle). Il s’agit évidemment des projets de patrouilles, des week-ends et réunions de patrouilles. Accompagner la patrouille dans la recherche des fonctions nécessaires, dans le processus de mise en place des fonctions et dans la gestion de ces fonctions. >>>>>

REMARQUES, SUGGESTIONS Chaque éclaireur n’a pas forcément une fonction. Il ne faut pas inventer des fonctions. Pour dynamiser chaque fonction, le staff peut organiser des conseils de fonction. Il existe bien le conseil CP (une réunion entre un ou plusieurs animateurs et les CP pour la coordination générale de la troupe); il peut donc y avoir le conseil cuistot (intendants et cuistots de patrouille pour établir le menu du camp et partager des recettes ou des trucs et astuces). Il existe évidemment d’autres façons, plus ludiques, de répartir les fonctions de patrouille. >>>>>


La méthode scoute Les sept éléments

3. La découverte

1 Grandir de découverte en découverte 2 L’animateur : un fameux partenaire 3 Le bivouac : quelques minutes pour prendre conscience

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1

L’

Grandir de découverte en découverte

animateur scout est un des partenaires du développement de ses petits gars : il agit quelques heures par semaine, quelques jours pendant les vacances. C’est pour cela qu’il est sans doute plus modeste et plus réaliste de parler d’une démarche de “découverte” que d’apprentissages poussés ou perfectionnés. A tout moment, le scoutisme essaie simplement de faire en sorte que les scouts découvrent avec enthousiasme de nouveaux territoires, en retirent de précieux apports et aient encore envie de les poursuivre ou d’en explorer d’autres. Dans cette démarche, deux conditions doivent être remplies pour atteindre les ambitions éducatives du scoutisme : le scout doit être attiré par ces découvertes et doit pouvoir enrichir toutes les dimensions de sa personne.

Des sources de découvertes attrayantes Dans le scoutisme, nous faisons le pari de partir des envies et des besoins des jeunes. Quand on demandait à BP comment il fallait faire avec les scouts, il répondait : “Ask the boy”. Demande à l’intéressé... Ton rôle est donc d’abord de permettre à chacun d’exprimer ses envies, ses rêves et de l’aider à leur donner vie : en lui proposant un atelier qui correspond à ce qu’il voulait essayer, en lui laissant la chance de tenter tel projet, de découvrir tel domaine dans le cadre d’un badge, par exemple. Par ailleurs, en discutant avec eux, en les observant jouer ou tenir un conseil en patrouille, tu vas aussi entendre ou décoder que les scouts ont besoin de telle ou telle chose : « Tiens, la nature, on dirait qu’ils ne connaissent pas... et si on essayait de leur faire goûter à ses richesses. Ils en feront après ce qu’ils voudront mais au moins, ils auront goûté. ». « Eh bien décidément... cela a l’air bien difficile d’aller jusqu'au bout d’un projet. Je pourrais peut-être les pousser un peu, pour qu’ils éprouvent au moins une fois la joie de la fin d’une entreprise ». Comme éducateur, tu oses donc des choix à partir de choses qui ne sont peut-être pas dites... mais qui sont exprimées par un comportement. Enfin, il y a une autre source de découverte, qui peut être aussi très attrayante : c’est l’imprévu. Au cours d’un hike, d’un jeu, d’une veillée, l’un ou l’autre “tombe” sur quelque chose de nouveau. Ce n’était pas prévu mais cela le marque. Au conseil, à la surprise générale, un louveteau a proposé qu’on s’excuse auprès de Frida, l’intendante dont on a passé la dernière soirée à se moquer. En chemin, les pionniers se sont arrêtés une heure

pour aider les ouvriers communaux à dégager un arbre renversé sur la route. Partir de ce qui se dit ou de ce qui se passe te permet de ne pas plaquer une animation artificielle mais bien de laisser à chacun la chance de faire des découvertes adaptées à son rythme, qui l’enrichissent vraiment. De nombreuses activités contribuent à enrichir à la fois plusieurs de ces dimensions, voire toutes. Mais parfois, elles ont un accent particulier : la journée olympique a une vocation assez physique.

L’animateur veille donc à un certain équilibre : l’objectif n’est pas, par exemple, de former des êtres capables de marcher 25 kilomètres sac au dos pendant six jours de suite et de préparer ainsi tout un programme d’entraînement. Toutes les autres dimensions de la personne sont intéressantes à nourrir régulièrement. Un débat sur la mort d’un jeune tué par un conducteur ivre, une journée dans une association pour sansabri, un atelier d'initiation à l’art... ce sont toutes des activités scoutes possibles parce qu’elles peuvent enrichir l’une ou l’autre facette de la personnalité de chacun.


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La diversité des découvertes Le scoutisme veut contribuer au développement de toute la personne, à l’épanouissement de toutes ses potentialités. C’est sa force par rapport à des tas d’autres lieux orientés vers une dimension précise de la personne.

❚ dimension affective : ressentir, reconnaître ce qui est ressenti, garder la maîtrise de soi tout en sachant accepter ses émotions, continuer à se découvrir, accepter le plaisir, la joie ou la douleur à leur juste titre.

Il s’agit donc, pour le scout, de faire un certain nombre de découvertes qui l’aideront à développer chacune de ses dimensions.

❚ dimension sociale : connaître et respecter l’autre dans toutes ses différences, être solidaire et avoir le sens du partage, tenir compte de l’autre dans ses choix, le comprendre et l’aider, communiquer librement, savoir guider un groupe, comprendre et respecter les règles de la vie sociale, tenir ses engagements.

❚ dimension physique : découvrir et accepter son corps, y être attentif, développer ses cinq sens, ses réflexes, sa force, son agilité, sa souplesse, son équilibre. Savoir maîtriser des outils et des techniques, créer en utilisant ses mains. ❚ dimension intellectuelle : comprendre une situation et chercher des réponses adaptées, savoir analyser et synthétiser, être critique, choisir, décider, créer, innover, imaginer, s’exprimer et communiquer clairement. Acquérir de nouvelles connaissances sur le monde.

❚ dimension spirituelle : découvrir et reconnaître quelque chose qui nous dépasse, développer le sens de la conscience, réfléchir sur ce que l’on fait et ce que l’on vit. Avancer dans son cheminement intérieur sur le sens et sur les questions essentielles de l’humanité : la vie, l’amour, les autres, la mort, Dieu...

2 L’animateur : un fameux partenaire Il rend possible et encourage les découvertes

Le secret d’une éducation saine, c’est de mettre chaque élève en condition d’apprendre par lui-même, au lieu de l’instruire en canalisant en lui des connaissances conformément à un modèle stéréotypé. Baden-Powell

s’occuper à la fois d’un groupe et de rester attentif aux rythmes et aux intérêts différents de chacun…

Stimuler Offrir des occasions Un scout n’attend pas de toi que tu montres toutes tes compétences en construction ou en animation de veillée : il n’est pas là pour être spectateur de tes talents de jeune adulte ! Le staff est là aussi pour offrir le cadre qui permet à chaque scout de vivre des découvertes personnelles. L’animation aide le scout à exprimer ses envies et à monter les activités qui permettront de les réaliser. Il ouvre des domaines que le scout ne peut pas nécessairement deviner. Il le soutient au long de ses découvertes, lui donne le coup de main au bon moment, sans finir par faire tout à sa place par souci “d’efficacité pour le groupe”. Pas facile évidemment de

Tu disposes de différents moyens, de différentes propositions pour susciter un peu plus fort une découverte.

D’une branche à l’autre A la ribambelle, l’enthousiasme et la spontanéité du baladin sont de fameux tremplins pour emmener l’enfant vers de nombreuses découvertes… dont beaucoup seront véritablement des “premières”. L’animateur ne doit pas hésiter à rebondir sur une découverte imprévue, quitte à arrêter le jeu un moment ou à proposer un atelier sur le sujet dès la prochaine réunion. Le baladin peut garder ses dessins de bivouacs, ses bricolages, des souvenirs de jeux ou des objets trouvés en chemin et précieux à ses yeux dans le coffre à trésors personnel qu’il s’est construit.


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D’autre part, pour garder des traces visibles de la vie du groupe, il existe un petit outil tout simple : l’affiche “Tous copains” de la ribambelle. Il s’agit d’une jolie affiche en couleurs où l’on retrouve les héros de la Légende des Baladins. Il y a plein d’espaces pour y coller des photos : les visages de tous les baladins et des animateurs (avec leurs dates d’anniversaire, par exemple), l’excursion chez un peintre, la visite de Saint Nicolas (qui a même signé l’affiche !), le camp, le spectacle d’unité… C’est gai de se rappeler tous ensemble ce que l’on a fait ! A la meute, les ateliers, qu’on propose d’appeler mowhas, jouent un rôle majeur pour emmener le louveteau de découverte en découverte : l’enfant commence à pouvoir se concentrer assez longtemps, il s’intéresse de près à des tas de domaines ! Les mowhas permettent de stimuler un peu plus toute cette curiosité latente. Le louveteau est amené, chaque année, à s’attarder un peu sur ses découvertes dans les relations avec les autres : le Temps de la mue l’aide à y réfléchir. A la troupe, les badges permettent de choisir de prendre un peu de temps pour une découverte précise, en fonction

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d’un goût personnel de l’éclaireur ou d’un besoin pour le petit groupe ou la section dans le cadre, par exemple, d’un projet. Ils ouvrent des portes vers des domaines à aller explorer, à essayer. Ils ne sont en rien un appel à la compétition pour un diplôme : il faudra souvent le rappeler en cours de route. Les brevets permettent aux aînés de la troupe de vivre des découvertes avec un partenaire extérieur au groupe; ils ouvrent à des domaines particulièrement utiles pour la société : le secourisme, la connaissance de la forêt, le sauvetage aquatique ou la langue des signes. Au poste, l’exploit est pour le pionnier un outil un peu semblable : il l’invite à faire quelque chose qu’il ne fait jamais ou qu’il pourra faire encore mieux. Il y met aussi en œuvre différentes découvertes précédentes de son parcours scout, dans un défi personnel. Au cours de la seconde année de vie au poste, les explorations et les Pi-days permettent de découvrir le rôle d’animateur qui lui sera proposé dans quelques mois. Il découvre la particularité de la relation pédagogique. Il commence à s’outiller et s’essaie à la pratique. Une découverte progressive et surtout à encadrer pour qu’elle lui soit profitable.

L’enfant veut faire des choses, aussi encourageons-le à en faire en lui indiquant la bonne direction, et permettons-lui de les faire à sa manière. Baden-Powell

Le bivouac : quelques minutes pour prendre conscience La vie est trépidante dans nos sections ! A force d’aller trop vite, de vouloir bondir d’une découverte à l’autre, on pourrait rater une étape essentielle : celle qui consiste à s’arrêter un peu, à s’asseoir, pour se rendre compte de tout ce qu’on découvre, pour intégrer dans ses bagages toutes ces nouvelles choses.

Prendre conscience de tout ce qu’ils découvrent, chacun à leur rythme, donne un fameux élan de confiance à nos scouts ! D’autre part, faire le point permet aussi de relancer de nouveaux défis, d’exprimer de nouvelles envies, nées des expériences précédentes. S’arrêter, prendre conscience et mieux repartir encore. Le bivouac est le nom de ce temps d’arrêt et de nouveau départ.


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Le bivouac : comment ? L’animateur veille donc simplement à ce que chacun comprenne le sens de la démarche et la vive dans des conditions propices à la réflexion personnelle.

Sa fonction Le bivouac est une démarche personnelle : chacun réfléchit à SES découvertes.

Son déroulement Le bivouac se déroule en différentes étapes... qui permettent d’aboutir à ses deux objectifs : prendre conscience de ses découvertes et exprimer d’autres envies. 1. L’animateur accueille et explique le but de ce moment. 2. On retrace ensemble le film de la journée ou de l’activité. 3. L’animateur présente le support éventuel (le moyen concret pour aider à réfléchir et à exprimer). 4. Chacun exprime sur (ou sans) ce support ce qu’il a aimé et ce qu’il a découvert. Il exprime aussi, s’il en a, de nouvelles envies. 5. L’animateur propose un échange (rien n’y oblige; c’est un enrichissement possible mais le bivouac peut vraiment rester personnel !). 6. Il invite à garder une trace de ce bivouac : mettre le support éventuel dans un lieu précis, écrire dans son carnet…

Le support Pour faciliter l’émergence ou l’expression de leurs idées, les scouts peuvent utiliser un support comme un dessin, une figure à modeler, un bricolage symbolique comme un sac à dos personnel dans lequel chacun place ses découvertes, ses “nouveaux bagages”. Tous ces supports permettent de répondre à des questions ouvertes (quoi) et personnelles (je) : « Moi, qu’est-ce que j’ai aimé ? Qu’est-ce que j’ai découvert ? Qu’est-ce que je voudrais encore découvrir ? ». Ils ne sont pas des bulletins avec des points, des tableaux avec des gommettes où le scout s’attribue ou se voit attribuer une cote “moyenne” (ah comme il serait savant le logiciel qui permettrait de calculer la moyenne des découvertes ou des comportements dans toutes les dimensions de la personne !).

La fréquence et la durée Le bivouac est proposé régulièrement… ce qui ne veut pas dire systématiquement. Il ne dure pas bien longtemps; il se vit dans un lieu calme, à un moment de la journée où Charlotte n’a pas encore envie de filer vers l’auto de papa et Dorian de se glisser au fond de son sac de couchage. Même dans une réunion de 14h à 17h, il est intéressant de parfois y consacrer un quart d’heure !

Bivouac, conseil, évaluation… Quel mic-mac ?!? Peut-être pas… BIVOUAC

CONSEIL

Qui ?

Individuel

Collectif

But ?

S’arrêter pour prendre conscience de ce que j’ai vécu afin de ➤ savourer ➤ prendre confiance en moi, bien vivre avec moi-même, me connaître mieux ➤ me projeter dans le futur

Se réunir pour discuter afin de ➤ bien fonctionner (organisation) et bien vivre ensemble (dynamique du groupe) - imaginer quelque chose ensemble OU - décider quelque chose ensemble OU - organiser le travail ensemble (répartir les tâches, établir un planning…) OU - parfois EVALUER ensemble (faire le point sur les + et les – en vue d’améliorer)

Quoi ?

Réflexion sur les découvertes diverses et les nouvelles envies, dans tous les domaines

Discussion sur les activités, parfois sur la vie du groupe (pas le lieu de jugements sur les personnes)

Quand ?

Une fois de temps en temps

Quand c’est utile


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Des exemples de supports de bivouac Classiques Sur la base du thème, de l’histoire, les différentes questions ou mots-clés sont mis en évidence par des dessins, des symboles, des photos... ❚ Un sac à dos avec des noms pour les poches : le compartiment des bons moments, la pochette des découvertes, le réservoir des futurs défis. ❚ Un tipi pour y engouffrer des petits papiers en forme de plumes d’Indiens si l'on est justement dans une histoire de Far West… ❚ Une piste de cirque où chaque artiste représente un thème : _ le clown pour ce qu’on a aimé _ l’acrobate pour les découvertes physiques _ le jongleur pour les découvertes techniques _ l’orchestre de musiciens pour les relations entre les scouts _ le présentateur pour la suite du spectacle et les envies futures… ❚ Un grand panneau avec plein d’étoiles et des petites fenêtres sur lesquelles on trouve des images des planètes visitées par le Petit Prince. Les planètes : _ l’astronome = ce que tu as appris, que tu ne connaissais pas avant. _ les baobabs = une découverte sur la nature _ l’allumeur de réverbères = une nouvelle technique _ le monsieur qui sourit en costume = ce que tu as appris de nouveau sur tes copains (rigolo ou pas) _ le Petit Prince = tout ce que tu as encore appris d’autre _ le Roi = un truc dont tu es fier _ le Petit Prince qui s’envole avec les oiseaux = ce que tu aurais envie de faire, d’apprendre de nouveau, demain ou un autre jour ❚ Un questionnaire interactif style “ dont vous êtes le héros ”, où il faut suivre un chemin en fonction des réponses données, comme ça…

Ludiques Prenez un jeu connu et adaptez-le à la sauce bivouac. Des exemples : ❚ Cache-cache bivouac : prenez un dessin, coupez et pliez des volets, collez une feuille pour avoir un fond et inscrivez quelques mots-clés. _ derrière la bibliothèque, “aimé” : Dans ton album photos, il y a… _ derrière les cartes postales, “découverte relation” : Le week-end, c’était… _ derrière le vélo suspendu, “découverte technique” : Une idée géniale, c’était…

_ derrière le panneau vide, “à découvrir” : Vivement qu’on reparle de… _ derrière la trappe, “à approfondir” : Oups, on n’a pas… ❚ Trois attaques de camp; chaque scout doit pénétrer dans un camp, tirer un papier, y répondre mentalement et attaquer le camp suivant. ❚ Une cocotte en papier pour chaque scout ; ils jouent eux-mêmes et répondent aux questions qu’ils se posent au hasard.

Artistiques Sur un support représentant ou symbolisant une scène familière ou en rapport avec l’activité précédente (un support par scout), chaque scout reçoit différents éléments à rajouter. Ces éléments symbolisent une question, un domaine de réflexion expliqué par l’animateur. Le verso de l’élément est réservé à l’expression personnelle puis les éléments sont placés sur la scène. ❚ Un village en 3D : l’école symbolise les découvertes “intellectuelles”, mais il y a aussi l’atelier du peintre, le petit parc, le hall omnisport, la boulangerie… ❚ Un mobile pour le camp où l’on va pendre des objets symboliques de chaque journée, derrière lesquels on a écrit nos découvertes et nos envies.


La méthode scoute

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Le badge alpha Q U ’ E S T- C E Q U E C ’ E S T, C O N C R È T E M E N T ? Le badge alpha est constitué d’un ensemble de petits ateliers pratiques à la troupe. Il marque ainsi le début d’un processus d’apprentissage différent. Dans quelques mois, le nouvel éclaireur aura l’occasion de se lancer dans la démarche des badges puis des brevets. Il lui faut quelques armes, un entraînement en quelque sorte. Le badge alpha permet d’amorcer les badges, de connaître et choisir un domaine de découverte. Les plus jeunes éclaireurs sont invités à vivre plusieurs ateliers touchant à tous les domaines de découverte. Ces techniques sont à définir en troupe : « Dans notre troupe, il est intéressant qu’un jeune éclaireur (re)découvre une technique ». Les techniques choisies sont celles qui sont couramment utilisées au sein de la troupe. Elles seront forcément différentes entre une troupe de scouts marins, une troupe accueillant des personnes moins valides et une troupe de Libramont. A l’issue de ces ateliers, chaque nouvel éclaireur reçoit son badge alpha, signe de sa participation aux ateliers et symbole de l’entrée dans la proposition des badges. >>>>>

POURQUOI LE BADGE ALPHA À LA TROUPE ? Le badge alpha permet formellement un échange de savoirs entre éclaireurs. D’une part, cela permettra aux plus jeunes d’avoir un contact privilégié avec leurs aînés, au sein d’un moment construit pour eux. D’autre part, les aînés auront l’occasion de faire conseil, d’imaginer et préparer les différents ateliers utiles à de jeunes éclaireurs pour qu’ils ne soient pas “largués”. >>>>>

COMMENT S’Y PRENDRE ? Le badge alpha est une proposition pour les jeunes éclaireurs. Il est à vivre en début d’année, entre le mois de septembre et celui de décembre. Cependant, le choix et la préparation doivent se faire avant la partie d’apprentissage. On peut découper le processus en cinq étapes. Voici, pour chacune de ces étapes, deux propositions de mise en place. Il en existe évidemment des dizaines. 1. Choisir des ateliers Les “anciens” éclaireurs déterminent les différents ateliers. Exemples : Au camp, avec l'ensemble des éclaireurs, en conseil par patrouille avec mise en commun. Avant le camp, le staff et les éclaireurs qui passent chez les pios.

SÉCU

CHANTS

Feu VÉLO

Pour se donner des idées, on peut partir des dix thèmes des badges ou des cinq CUISINE dimensions de la personne humaine : social, affectif, intellectuel, technique et spirituel. Ces cinq dimensions sont à l’origine de l’écusson, arborant une spirale de cinq couleurs. Le nœud du centre rappelle le bon tour (BA) à faire chaque jour. Exemples d’ateliers : B-A-ba de la cuisine, hygiène de soi et des lieux, sécurité routière (à pied et à vélo), règles de vie à la troupe, feux, chants habituels de la troupe, petites traditions de la troupe…

HYGIÈNE


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La méthode scoute

Le badge alpha

(suite)

2. Préparer des ateliers Chaque atelier est préparé pour que les nouveaux éclaireurs découvrent et s’approprient une technique. Exemples : Chaque patrouille est responsable d'un atelier, elle l'imagine et le prépare au camp, en se répartissant les tâches. Un éclaireur aîné, en début d'année, se propose comme responsable d'un atelier, il s'entoure d'autres éclaireurs. Il conçoit l'atelier et prépare le matériel seul et le co-anime avec les autres. 3. Vivre les ateliers Les nouveaux éclaireurs découvrent ces techniques. Exemples : Une ou deux réunions de septembre ou d'octobre sont consacrées au badge alpha. Chaque atelier est proposé en même temps que les autres. Toutes les 30 ou 60 minutes, les nouveaux tournent d'atelier en atelier. Pendant plusieurs réunions, de septembre à décembre, une partie de la réunion est consacrée à un atelier. Deux possibilités : l'atelier est le même pour tout le monde et il est divisé en plusieurs stands il y a plusieurs ateliers en parallèle et chacun en choisit un. 4. Faire le point sur ses nouvelles compétences On propose aux éclaireurs de prendre un temps de réflexion après les ateliers. Exemples : A la fin de chaque atelier, un moment de prise de conscience est laissé à chaque nouvel éclaireur : « Qu'est-ce que j’ai découvert que je ne connaissais pas, il y a une heure ? » Pendant une réunion, chaque éclaireur est invité à faire un bivouac, lié aux compétences techniques apprises ou approfondies pendant l'année. Remarque : pendant que les nouveaux se penchent sur leurs nouvelles connaissances plutôt techniques, les anciens peuvent faire le point sur leur manière d'animer un atelier ou d'expliquer ou faire vivre une technique. 5. La remise du badge alpha Un insigne pour marquer l’entrée dans la démarche des badges. Exemples : A la fin du dernier atelier, un rassemblement est organisé. Cela dure quelques minutes. Le staff remet les badges alpha aux nouveaux simplement en disant quelque chose comme : « Suite aux différents ateliers que la troupe a préparés pour vous, voici le badge alpha. Il vous aidera à vous rappeler vos premiers moments de découverte ou d’approfondissement de techniques à la troupe. Vous serez amenés à choisir un domaine plus précis lors de la démarche des badges qui commence le mois prochain. » Une autre possibilité est de jumeler la cérémonie du badge alpha et le lancement de la démarche badge, vers le mois de février. « Cette démarche des badges sera une première pour Hugues, Aurélie, Romain... Ils ont déjà goûté, par les ateliers que vous leur avez fait vivre, aux techniques à la troupe. Qu'ils reçoivent ce badge alpha, symbole de leur première expérience de badge, symbole de leurs nouvelles compétences et symbole de l'esprit de troupe qui a permis que tout cela se fasse. » >>>>>


La méthode scoute

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Les badges Q U ’ E S T- C E Q U E C ’ E S T, C O N C R È T E M E N T ? Les badges permettent de se perfectionner dans un ou plusieurs des dix thèmes suivants sur la base d’un programme réalisé par l’éclaireur avec l’aide d’un animateur ou d’un aîné. Correspondant

Artiste

Intendant

Bricoleur

Naturaliste

Frère de tous

Campeur

Sportif

Pilote

Troubadour

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POURQUOI LES BADGES À LA TROUPE ? Le principe des badges permet d’expérimenter le fameux adage “ apprendre à apprendre ”. Le rôle des animateurs est donc bien de fournir un cadre et un soutien à chaque éclaireur pour que, seul : Il définisse ses objectifs Il réalise ses défis Il évalue son parcours L’aide apportée par un animateur ou un aîné doit être intense la première fois et décroître au fil des badges. >>>>>

COMMENT S’Y PRENDRE ? A vivre quand ? Le second semestre semble idéal pour la gestion des badges. Le lancement se fait vers février, certaines dates phares peuvent se situer pendant les vacances de Carnaval et de Pâques et le badge peut se conclure au camp.

Travail préparatoire du staff Se mettre d’accord sur la politique badge (système de parrain, obligation ou pas, proposition des dix badges ou choix plus restreint). Préparer la présentation et la technique de choix. Définir la gestion quotidienne des badges (au sein des réunions, en petits groupes avant, pendant ou après la réunion, individuellement hors des réunions…). Planifier les grandes étapes de l’année pour permettre aux éclaireurs d’étaler les objectifs personnels aux dates les plus propices (exemples : chansonnier pour le hike du Carnaval, remorque-vélo pour la sortie d’avril…). >>>>>


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La méthode scoute

Les badges

(suite)

1 B A D G E , 3 É TA P E S 1. Présentation et choix Tout commence évidemment par une phase d’explication. Que ce soit en troupe ou en petits groupes, au sein d’un jeu ou pendant un rassemblement, pendant 10 minutes ou pendant une après-midi, les éclaireurs doivent comprendre le principe assez inhabituel des badges : chacun se prend en main, du choix à l’évaluation finale, soutenu par un animateur ou un aîné. Chaque badge sera différent et personnel. Une étape facultative peut être intéressante : permettre à chacun d’avoir des exemples concrets (le plus gros frein est souvent l’inquiétude de trouver des objectifs). Il suffit par exemple de proposer un jeu à postes ou d’attaques de camps pendant lequel une des missions consiste à donner un maximum d’idées pour chaque thème. Un temps de réflexion personnelle doit être laissé à chacun, une heure ou une semaine par exemple. Chaque éclaireur choisit alors un thème. Il semble intéressant de laisser le choix aux éclaireurs aînés (de dernière année) de se lancer une fois encore dans la démarche badge ou d’accompagner les plus jeunes (devenir parrain). Pour la suite, chaque éclaireur doit bénéficier d’un soutien. On peut imaginer différentes possibilités : soit chaque animateur s’occupe, avec l’aide des aînés, de deux ou trois thèmes, soit chaque animateur soutient les éclaireurs d’une même patrouille, soit chaque éclaireur choisit un parrain parmi les animateurs et les aînés, soit…

2. Objectifs, planning, réalisation Chaque éclaireur reçoit une fiche du parrain et fait le point de ce qu’il sait déjà faire dans le domaine. Il fait la liste de ses envies, de ses défis, de ses objectifs (en utilisant éventuellement une liste réalisée préalablement par l’ensemble de la troupe). Chaque éclaireur choisit alors un certain nombre d’actions (entre trois et six par exemple) et détermine une date butoir pour chaque objectif en regard des événements, parmi une série de dates fixées par le staff. Chaque action nécessite peut-être une préparation, une recherche préalable, une documentation, un test… qui sera aussi placé dans l’échéancier. Chacun met cela par écrit dans le local. Il y a par exemple un grand calendrier par patrouille où chaque éclaireur va placer ses différents petits objectifs. Des moments pour faire le point en cours de route sont organisés après chaque date butoir. C’est l’occasion pour chaque éclaireur d’éventuellement modifier le programme initialement prévu, voire d’arrêter complètement.

3. Conclusion et insigne Quand le dernier objectif est réalisé, l’éclaireur, accompagné de son parrain, individuellement, en patrouille ou en groupe de même thème, fait le point sur le parcours réalisé. « Est-ce que tous les objectifs ont été atteints, quel soutien m’a aidé, quelles ont été les difficultés… ». Ce moment d’évaluation se termine par une décision de l’éclaireur lui-même sur l’obtention de l’insigne du badge. L’écusson est remis soit en rassemblement pendant le camp soit à un moment privilégié, comme par exemple lors d’une veillée pour les troubadours ou un repas pour les intendants.


La méthode scoute

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Les badges

janvier

(suite)

février

Présentation par le staff Choix du badge

mars

choix des objectifs et planification

avril

mai

Préparation et réalisation

juin

CAMP

Défi final Evaluation et remise de l’insigne


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La méthode scoute

Les badges

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MAIS ENCORE… Quel est le rôle du parrain ? Le parrain intervient dans la plupart des étapes du badge. Objectifs : porter un regard critique sur les actions choisies. Deux critères à avoir en tête : extraordinaires et réalisables. Par extraordinaires, on entend des actions qu’un éclaireur n’a pas l’habitude de faire sans qu’elles soient pour autant démesurées, utopiques, hors de portée. Planning : vérifier l’équilibre de la répartition dans le temps des actions et la pertinence du choix des différentes échéances (right thing at the right time). Conclusion et insigne : permettre à l’éclaireur de se forger son propre avis et l’interpeller si nécessaire. L’insigne sanctionne, consacre un apprentissage. Si un éclaireur estime avoir rempli son contrat, alors qu’objectivement il n’en est rien, l’animateur se doit d’aller contre la décision de l’éclaireur.

Comment dynamiser les badges en cours de préparation ? Un des moteurs peut être la patrouille. C’est le lieu idéal pour faire le point de façon régulière (une fois par mois) sur l’avancement des uns et des autres, les demandes, les soucis, les changements, les difficultés.

Peut-on “rater” un badge ? L’abandonner ou le post-poser oui, le rater non. Soyons clairs, l’insigne ne se porte que si l’ensemble (ou une partie) des objectifs fixés ont été atteints, puisqu’il symbolise le fait que certaines compétences ont été acquises. Un éclaireur et son parrain peuvent dans un même temps décider qu’un badge n’est pas acquis et reconnaître qu’il y a eu un effort significatif. C’est finalement assez sain d’apprécier séparément la démarche, le résultat et l’effort.

Quel temps faut-il consacrer aux badges pendant les réunions ? Au total, quelques heures suffisent. Une heure par réunion lors du lancement, puis une heure de temps en temps, pour un conseil d’entretien, de suivi. Evidemment, certaines actions doivent se faire pendant un temps de réunion. Il faudra donc les insérer dans le planning de l’année. >>>>>


La méthode scoute

Les badges

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ANNEXE Liste de possibilités d’actions pour les dix badges Chaque thème, chaque badge est défini par une phrase générale qui peut être mise en pratique sous une multitude de formes, de petites actions. Voici une liste non exhaustive d’objectifs. Artiste Créer le beau avec ses dix doigts Sculpter ou peindre un grand Archie, pyrograver le totem de chaque éclaireur sur un verre, concevoir une mise en page pour les convocations ou une affiche, composer une chanson ou une musique pour sa patrouille, réaliser un tally, s’occuper de l’apparence d’un site internet, fabriquer des écussons pour les totems des nouveaux totémisés, concevoir et organiser la fabrication des décors pour la fête d’unité, réaliser une maquette du local ou du camp, fabriquer un instrument de musique, concevoir des déguisements, des masques, des mises en scène, décorer le local ou le coin de patrouille… Bricoleur Maîtriser des outils ou des techniques, faciliter la vie quotidienne Entretenir et réparer un vélo, construire une caisse à savon, entretenir des outils, aménager le coin de patrouille, réaliser une statue en tuyaux, connaître les différentes sortes de peinture (acrylique, vinyle…) et savoir les utiliser, réaliser une super construction comme une croix scoute suspendue devant le local, rafraîchir le mobilier du coin de patrouille, savoir planter dix clous le plus rapidement possible sans se taper sur les doigts et sans tordre les clous, concevoir le plan de construction pour le camp en lien avec le thème, réorganiser et mettre à jour la malle matériel, construire un cadran solaire… Campeur S’installer le plus confortablement possible avec un minimum de moyens Imaginer le plan des constructions, monter une tente et savoir l’entretenir, connaître et réaliser les différents types de feux, savoir remplir et équilibrer un sac à dos, inspecter un gîte du point de vue de la sécurité, faire une liste de gîtes facilement accessibles pour un week-end de patrouille pendant l’année, distinguer l’utile de l’accessoire dans une liste d’objets à emporter au camp ou en week-end, réaliser un panneau sur les consignes de respect d’un endroit de camp et de sécurité, maîtriser les nœuds utiles, faire la liste du matériel disponible pour le camp, construire une chaise portable… Correspondant Transmettre à d’autres un message sous différentes formes, décoder un message que d’autres envoient Organiser un jeu fait de codes secrets différents, maîtriser plusieurs codes habituels et propres à sa patrouille, comprendre et utiliser les différents signes de piste, prendre contact avec d’autres unités, réaliser, organiser un jeu avec une autre troupe, créer de nouveaux codes, se renseigner sur l’origine de certains signes (morse, sémaphore…), réaliser une affiche publicitaire pour les scouts, réaliser un reportage photos, dias, radio ou télé, réaliser un sondage dans la troupe ou dans le quartier, organiser une rencontre avec les parents pour un week-end de patrouille, concevoir un système de communication entre les tentes pendant le camp… Frère de tous Aller à la rencontre de l’autre, faire en sorte que chacun ait “sa” place dans le groupe, interpeller par rapport à des valeurs Mettre sur pied une activité d’accueil, co-animer une animation de sens, organiser un temps de sensibilisation à la différence, au partage, à l’amitié, aller à la rencontre de chaque éclaireur et connaître les hobbys et passions de chacun, remettre en question certains comportements, proposer tous les jours du camp un texte, une phrase ou un chant, préparer une veillée pour que chacun se montre sous un autre jour, accompagner un plus jeune dans sa préparation de promesse…


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La méthode scoute

Les badges

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Intendant Concevoir et réaliser des repas Faire une liste de menus simples, variés et équilibrés, réaliser un super plat qui serait sa “spécialité du chef”, organiser, entretenir et achalander le matériel de cuisine de la patrouille, réaliser des menus pour un budget précis et organiser les courses, connaître les trucs et astuces d’assaisonnement, prévenir le gaspillage, permettre une utilisation et un rangement hygiéniques des ustensiles de cuisine, trouver du matériel de cuisine intéressant, trouver des menus dont les ingrédients sont faciles et légers à porter… Naturaliste Découvrir, comprendre, respecter et protéger le monde, l’environnement dans lequel on vit Réaliser un herbier des plantes proches du local, faire connaître les différentes plantes aux autres éclaireurs, participer au nettoyage d’un bois proche, réaliser une mangeoire ou un nichoir, le placer intelligemment et observer les animaux, construire une station météo, connaître et faire connaître les étoiles et les planètes, réaliser un ciel étoilé dans le coin de patrouille, sensibiliser les autres éclaireurs à une consommation “écolo” au local et au camp, encourager et organiser le tri des déchets, aménager un étang, réaliser un parcours nature aux alentours du local…

Pilote Se situer, se déplacer – avec sa patrouille – aussi bien en ville que dans les bois Connaître les signes utilisés sur une carte, maîtriser l’utilisation d’une boussole, connaître et faire appliquer les mesures de sécurité lors de déplacements à pied, en vélo ou en transport en commun, collecter des renseignements sur les sites remarquables proches du local ou de l’endroit de camp, compiler dans une farde les différentes façons de suivre un parcours (carte, azimut, road-book, cours d’eau, courbes de niveau, réaliser un jeu de ville utilisant les transports en commun…), organiser et préparer une balade intéressante pour les parents, concevoir le parcours du hike de patrouille pendant le camp…

Sportif Connaître les limites de son corps, découvrir de nouveaux sports, avoir l’hygiène de vie d’un champion Lister ses performances dans différentes disciples et essayer de les améliorer, préparer une activité sportive, créer ou adapter un sport, construire un parcours Hébert, faire le hike en trottinette, apprendre et faire connaître une nouvelle discipline, créer et lister dix activités de dérouillage matinal, travailler son endurance, établir des menus de sportifs, préparer une malle de matériel pour les sports habituels… Troubadour Mettre de l’ambiance, de la bonne humeur dans le groupe Constituer un fichier de petits jeux amusants et savoir les animer, préparer et animer une veillée originale, créer un mini-spectacle, inventer une histoire sur un thème donné par la patrouille, créer un recueil de blagues à mettre à la feuillée au camp, apprendre à lancer des chants et le mettre en pratique lors d’une veillée classique, créer une chanson de patrouille ou de troupe, mimer les différents totems de la troupe, créer des costumes marrants pour sa patrouille, coorganiser l’animation de la fête d’unité… >>>>>


La méthode scoute

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Les brevets Q U ’ E S T- C E Q U E C ’ E S T, C O N C R È T E M E N T ? Les brevets sont l’occasion, pour les aînés de la troupe, d’apprendre quelques rudiments dans un domaine, spécifique, ancré dans la société et à mettre au service des autres. Après quelques années à la troupe, il est possible de se lancer dans l’aventure brevet : aller à la rencontre “d’experts”, extérieurs à la troupe, pour partager leur savoir-faire dans des domaines comme la nature, avec un agent forestier, le social, avec la Ligue Braille, la sécurité avec des pompiers… Parallèlement à certaines propositions, encadrées par des institutions (comme le BEPS – Brevet européen de premiers secours – par la Croix Rouge), la fédération organise chaque année des week-ends brevets. Ces rendezvous permettent aux éclaireurs de se mettre en relation avec des professionnels. Les brevets à vivre sont : bosses et bobos, nageur-sauveteur, nature et forêt, langue des signes… >>>>>

POURQUOI LES BREVETS À LA TROUPE ? Outre la démarche d’apprentissage commune aux ateliers et aux badges, les brevets ajoutent deux notions : Le fait de sortir de la troupe, tout en restant dans une démarche scoute d’apprentissage La notion d’acte citoyen puisqu’un brevet scout concerne des techniques tournées vers les autres. Apprendre la langue des signes est avant tout une main tendue vers la personne sourde >>>>>

COMMENT S’Y PRENDRE ? Le rôle des animateurs est totalement différent de toute autre activité. En effet, la participation à un brevet est une démarche personnelle initiée, proposée par le staff. L’éclaireur désireux de rentrer dans la démarche doit alors se débrouiller pour trouver les personnes ressources nécessaires à la thématique qu’il a choisie. Contrairement aux badges, il n’y a pas différentes catégories, plus ou moins balisées. Le champ est libre en quelque sorte. >>>>>

PISTES POUR LES BREVETS Il y a deux sources d’idées pour rendre concrète la démarche brevet. Les brevets officiels décernés par des fédérations : BEPS (Brevet européen de premier secours) à la CroixRouge, le BSSA (Brevet supérieur de sauvetage aquatique) à la Ligue belge de sauvetage, brevet de voile à l’ADEPS, stage benjamin pompier-secouriste… Les week-ends brevets Eclaireurs : plusieurs fois par an, la fédération organise un week-end ouvert aux aînés des éclaireurs. Ils ont la possibilité de vivre un brevet organisé en collaboration avec d’autres organismes. Les éclaireurs peuvent choisir parmi : bosses et bobos (les premiers soins et les réflexes en cas d’accidents), nageursauveteur (les gestes à faire et ceux à éviter en piscine, près des cours d’eau), nature et forêt (la découverte du rôle de garde forestier), langue des signes (une première approche d’une langue pas comme les autres et du monde des personnes sourdes)…

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petites idĂŠes, grands projets


La méthode scoute Les sept éléments

4. La Loi

1 La Loi scoute : un appel 2 Comment se passe l’éducation aux valeurs ? 3 Dans chaque branche, un temps d’adhésion à la Loi

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La méthode scoute

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1 La Loi scoute : un appel

L

a Loi est sans nul doute le cœur de notre mission éducative.

Avant toute chose... à toi de la relire, à toi de prendre quelques instants pour éprouver la force de ses messages.

LA LOI SCOUTE ➤ Le scout mérite et fait confiance ➤ Le scout s’engage là où il vit ➤ Le scout rend service et agit pour la justice ➤ Le scout se veut frère de tous, il cherche Dieu ➤ Le scout accueille et respecte les autres ➤ Le scout découvre et respecte la nature ➤ Le scout fait tout de son mieux ➤ Le scout sourit et chante, même dans les difficultés ➤ Le scout partage et ne gaspille rien ➤ Le scout développe son corps et son esprit

Voici donc, en dix courtes phrases, un ensemble de valeurs, de manières d’être, de vivre et d’agir. Elles n’ont pas le ton menaçant d’un règlement : elles composent un appel, une route vers un idéal. Elles forment un cadre qui peut aider à se choisir, à se structurer. C’est un formidable outil pour tenter de faire goûter un fameux ensemble de valeurs à chacun de tes scouts : un texte à observer, à essayer, à vivre à fond pour faire l’expérience de tout ce que ces valeurs peuvent nous apporter, à nous et aux autres.

La Loi... un moyen pour éduquer progressivement à différentes valeurs aussi essentielles pour un être humain en société que la confiance, l’engagement, le service, la justice, le respect, l’enthousiasme ou le partage ! Bien sûr, comme toujours dans le scoutisme, tu as le temps … ensemble, nous avons douze ans pour le faire ! Car toutes ces valeurs sont exigeantes : aucun homme ne les vit spontanément ! Il faut donc les découvrir peu à peu avant d’y adhérer et de les utiliser comme référence privilégiée de tous ses choix de vie !


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2 Comment se passe l’éducation aux valeurs ?

Pendant les douze ans du parcours scout, l’éducation à chaque valeur se fait de manière permanente.

Zizou trouve cela génial un staff qui encourage ses patrouilles à créer leur propre hike !

C’est un processus qu’on pourrait présenter en cinq étapes :

Par ton souci de proposer des conseils et des bivouacs où l’on prend aussi un peu de temps pour dire aux autres ou à soi-même les choses qu’on a trouvées chouettes dans notre manière de vivre en communauté.

1. Connaître : l’existence quotidienne permet de découvrir une valeur nouvelle. 2. Comprendre : après la découverte, on réfléchit un peu à l’intérêt de cette valeur, on la compare à ce qu’on vit, on la recherche dans d’autres exemples personnels. 3. Exprimer son adhésion : avoir l’occasion de mettre des mots sur la valeur et de dire “elle m’intéresse”. 4. Vivre en cohérence : agir en accord avec la valeur découverte, passer à l’action ! 5. Militer : essayer de faire partager cette valeur. Peu à peu, la valeur découverte, comprise et adoptée pour soi-même, prend une place dans toute la manière d’être du scout : elle devient un repère incontournable. Le scout essaie alors de la faire découvrir à d’autres parce qu’il se dit que cela vaut le coup que tout le monde s’y mette.

Par une petite parole d’encouragement face à un geste ou un mot riche de sens qui sans toi aurait pu passer inaperçu : un animateur saisit certaines balles au bond et les met en pleine lumière. Par le choix d’activités qui amènent à réfléchir un peu aux valeurs (un jeu de coopération, un débat sur le respect de chacun dans le groupe, une animation autour d’un des articles de la Loi...). Dans nos petits et grands jeux comme dans la vie quotidienne, bien des messages passent (Tiens, encore un voleur ! Tiens, on se rue tous sur l’ennemi fragilisé ! Non, la vaisselle, ce n’est pas le privilège des nouveaux…). Par la rencontre de personnes étonnantes, engagées, actives là où elles vivent. Que ce soit à l’occasion d’un voyage, d’un camp, d’un coup de main sur un projet.

Des moyens Une valeur, c’est très abstrait. Difficile de forcer le destin et d’en injecter une petite dose à chaque scout via un bon bol de cacao chaud. Alors, comment faire un peu plus qu’attendre que cela se passe tout seul ? Comment faire pour que la Loi ait plus de chances de se découvrir et de se vivre ? C’est sans nul doute par l’action que se vit cette éducation aux valeurs… à tout moment de sa vie de baladin, louveteau, éclaireur ou pionnier. Par l’exemple que tu donnes dans chacune de tes attitudes... toi qui es regardé en permanence ! Par les messages qui passent à travers ta manière de faire confiance au groupe ou à chacun, de lui laisser construire des choses, de le soutenir quand cela grince.

Notre éducation est, pour une grande part, effectuée par l’exemple. Baden-Powell


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3 Dans chaque branche, un temps d’adhésion à la Loi

La découverte des valeurs est donc une préoccupation constante. Mais régulièrement, chaque scout est invité à poser un acte d’adhésion par rapport à cette Loi qui les rassemble. Le baladin sera régulièrement invité à réexprimer ses observations, ses sentiments… et ses coups de cœur par l’intermédiaire d’avis inscrits dans ou à l’extérieur de la silhouette de Monsieur Loyal. « Quand je vis avec les autres, moi, ce qui me fait plaisir, c’est... » ou « Moi, ce qui me fait plaisir, c’est quand... » Le louveteau, après quelques temps de découverte de la Loi du Clan (“La force du loup c’est le clan, la force du clan c’est le loup”), est invité à prononcer son Message au peuple libre. La meute lui répond. La préparation de ce message, en quelques ateliers très concrets avec un animateur, est un temps pour lui-même, un temps d’intériorité : qui suis-je, comment cela se passe-t-il avec les autres, qu’est-ce que j’aimerais apporter pour que le clan soit plus fort ? Il consiste en un premier moment de rassemblement et d’expression des valeurs déjà découvertes par l’enfant. Concrètement, il pourrait simplement s’agir d’envoyer un message aux autres sur le thème suivant : « Pour moi, être un chouette louveteau dans notre Peuple libre, je crois que c’est… » Et la meute répond : « Tu es déjà un chouette louveteau parce que … »

La promesse de l’éclaireur est une étape importante de cette découverte progressive de la Loi. Le texte de la Loi y est sans doute abordé pour la première fois. Un moment pour rassembler ses valeurs L’éclaireur prend un peu de temps pour réfléchir à ce qu'il est en train de vivre et pour rassembler les différentes valeurs de la Loi qui l’ont marqué jusqu’ici. Il s’engage à faire de son mieux pour vivre selon cette Loi. Nous sommes ici au cœur du développement spirituel du jeune. Une rencontre La préparation du texte est cruciale : c’est le moment intense du travail. Avec différents outils (des textes, des chansons, des photos), tu pourras aider l’éclaireur à faire le point sur sa perception de la Loi : quels sont les articles qu’il trouve difficiles, qu’est-ce qu’il trouve particulièrement riche, quel chemin a-t-il encore à faire dans tel ou tel domaine ? Une belle occasion d’échange avec toi, avec son CP… Une parole Un moment plus solennel a aussi son importance : la parole est dite devant les autres. Rien n’oblige à le lier à une cérémonie religieuse : cela doit rester un choix du groupe. Au poste, le scout redit et ouvre son horizon. L’engagement est l’occasion pour le pionnier de réaffirmer, avec ses idées et ses mots du moment, son souhait de vivre selon la Loi. Il est invité à élargir son horizon, à découvrir des situations, des combats qui suscitent chez lui des envies de réagir, de s’impliquer… Ensuite, il partage ses idées, les initiatives qu’il pense pouvoir mettre en œuvre au service des autres, dans sa vie de jeune adulte. L’engagement se prépare tout au long de l’année mais plus particulièrement à partir du premier grand camp. Les engagements s’expriment au cours d’un moment fort aux alentours de la date symbolique du 22 février, lors de la deuxième année au poste, peu avant la fin du parcours scout.


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Découverte des valeurs : animation de sens Qu’est-ce que c’est ? Quand un scout parle de sa vie avec le groupe, il dit « On s’y amuse bien ! » Des années plus tard, il parlera d’ambiance, d’amitié, de projets réalisés ou de difficultés affrontées ensemble. Avec ses mots, il exprime que ce qu’il y a de plus intérieur en lui a été nourri. Contribuer à construire l’homme intérieur et spirituel, c’est un des objectifs du scoutisme. Aider chaque scout à faire un peu de chemin dans cette dimension est tout à fait possible, avec les outils propres au scoutisme : l’action, le jeu, la nature, le conseil, etc. Une animation aux valeurs n’est donc pas une activité étrangère, collée de temps en temps sur le programme habituel. ❚ Premier ingrédient : la vie de la section. Si les valeurs scoutes y sont vécues, les scouts expérimenteront qu’il y a du sens dans cette richesse de vie, d’animation, de relations.

Le croyant, pour sa part, y découvre une foi moins théorique, plus enracinée dans l’existence. Tous s’enrichissent des convictions exprimées dans leur diversité : nous reconnaissons la pluralité des convictions et des idées comme source d’éducation à la différence : nous ne les enfermons pas dans un placard ! Chaque scout est invité à avancer un peu dans son travail spirituel… et notre animation peut l’aider, sans que cela nous effraie. Quand et comment la vivre ? Schématiquement, on peut distinguer trois manières d’aborder l’animation spirituelle ❚ Ponctuer certains moments d’un temps d’arrêt, de réflexion individuelle ou en groupe (fin de réunion, repas, fin de soirée au camp, rite d’engagement…). ❚ Construire une animation spécifique : une veillée, une rencontre, un jeu porteurs de valeurs, de sens et/ou de foi. ❚ Saisir au vol un fait marquant pour la vie du groupe (réussite ou échec, réconciliation, évaluation…) et l’éclairer par une parole ou un geste qui donne du sens.

❚ Parfois, on prendra un temps plus explicite pour mettre en lumière ces valeurs vécues – même au départ de difficultés – en prendre conscience, les jouer, les dire, les fêter, les célébrer. C’est une animation aux valeurs ou animation de sens.

Les deux premières sont élaborées à l’avance, la dernière est improvisée, mais exige attention et sensibilité. Dans les trois cas, la créativité est bienvenue.

❚ Et l’animation de foi ? Elle s’appuie sur ces animations et propose, dans le respect actif des convictions de chacun, de relier – religion vient du verbe relier – tout cela à Jésus, ou à Allah, ou à Yahvé (ou…). Le scoutisme peut aider chacun à se situer par rapport à ces propositions, en toute liberté.

Parce qu’il vit les activités avec les scouts, le staff est le mieux placé pour saisir au vol le vécu dans lequel s’enracinera cette animation et la construire en tenant compte de la sensibilité des scouts.

Qui fait quoi ?

Quel intérêt pour le scout ? Spontanément, nous consacrons peu de temps à ce type de nourriture spirituelle. C’est souvent après l’avoir reçue que nous disons : « C’était chouette !… Ça fait du bien de s’arrêter un peu. On devrait faire ça plus souvent. » Une animation aux valeurs laisse des traces. Elle aide à grandir en humanité. Pouvoir réfléchir, exprimer, comprendre ce que l’on vit et pourquoi on est là, le partager parfois, cela met simplement en œuvre ce qu’il y a de plus humain en nous et ouvre une occasion rare d’avancer un peu dans notre rapport à la vie, à l’amour, à la mort, à une transcendance. D’autre part, cela solidifie un groupe, lui redonne du souffle et parfois de nouvelles orientations.

La Loi scoute est notre force disciplinaire contraignante. Le garçon n’est pas gouverné par des interdictions, mais guidé par des indications positives. La Loi scoute est établie comme guide de ses actes et non comme instrument de répression de ses défauts. Baden-Powell

Notre rôle est d’offrir la possibilité de réfléchir et de partager. Bien entendu, chaque animateur se pose luimême beaucoup de questions sur ces sujets. De même, pour aborder le domaine d’une foi religieuse, on pourrait se sentir désarmé. Mais attention : notre rôle n’est en rien de convertir ou d’enseigner. Des enfants et des jeunes sont là et nous leur offrons des activités ou des moments pour avancer un peu dans le domaine spirituel.


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Quelques exemples d’activités Avec les enfants

Je suis un arbre… reçoit une Chaque baladin ou louveteau résentés 10-12 feuille sur laquelle sont rep bab, un bouleau, arbres très différents (un bao , un arbre en fleurs, un chêne, un arbre fruitier s la forêt, un arbre un arbre isolé, un arbre dan un arbre en avec beaucoup de branches, tu étais un arbre, hiver…). La question : « Si Chaque baladin ou lequel voudrais-tu être ? ». qu’il aime et louveteau choisit un arbre explique pourquoi.

Mes petites et mes grande s peurs On raconte aux enfants une histoire dans laquelle le hér os a peur (il en existe des tas ! Dans la Légende des Baladins, pre nez par exemple l’histoire Les lunette s, p 70). Après, on propose à chaque enfant d’écrire ou de dessiner sur un bout de pap ier quelque chose qui lui fait peu r. Si on veut, on peut le rac onter aux autres, mais ce n’est pas obligé. Tous ensemble, on peut réfléchir à ce qu’on peut fair e pour se rassurer quand on a peur. Ensuite, chacun peut aller jeter son petit papier au feu , pour, symboliquement, dire qu’on ne veut plus avoir peur.

suite, ts n prénom. En Tous différen papier avec so t ti pe ivent do un it ils reço ou cinq, Chaque enfant pes de quatre ou gr r pa , es minut um de pendant cinq r) un maxim d’un animateu e id s les autres; l’a pa c ve et (a m trouver fait de la gy on uis an (M x tre eu h a un chat, Lo différences en s chicons; Sara le er te m no ai n à O ul t le se sœur…). Guillaume es lie une petite Ju , er st ue m aq ha ch met m un arités. Puis, on un poisson, To un ses particul ac ec les boîtes ch av de t ui er tr pi ns sur le pa ettes. On co m lu al est” : d’ e ît e bo , on fait un “t papier dans un groupe. Enfin le te en és pr qui re un petit mur e des boîtes ? l’on enlève un si il tess pa que se

Le petit cadeau Sur un panneau, une photo ou un dessin représentant un enfant qui pleure. La question : « Si un de tes copains était triste, qu’est-ce que tu voudrais lui faire comme petit cadeau pour le consoler ? »

Une chanson douce Les enfants peuvent écouter plusieurs chansons calmes, sur des sujets différents. Ensuite, chacun choisit celle qu’il préférerait écouter le soir avant de s’endormir et reçoit ou fait un petit dessin représentant la chanson, à placer sous son oreiller. On peut, chaque soir du camp, passer une ou deux des chansons sélectionnées.

Lire une histoire et en discuter avec des enfants Des questions de départ - Tiens, cette histoire vous rapp elle-t-elle quelque chose ? - Qui a aimé / n’a pas aimé cett e histoire ? Pourquoi ? - Qu’est-ce qui était difficile à comprendre ? - Quel est le moment que vou s préférez ? Pourquoi ? - Qu’est-ce que vous trouvez étonnant, marrant, bizarre ? Pourquoi ? - Quel personnage voudrais-tu

être dans cette histoire ? - Avez-vous déjà été dans la mêm e situation que (un personnage) ? C’était commen t? Il ne sert absolument à rien de prêcher la Loi scoute ou de la donner comme un ordre à une foule de garçons; il faut pour chaque esprit une explication spéciale de la Loi et l’ambition personnelle de la réaliser. C’est ici qu’entrent en jeu la responsabilité et les capacités du chef scout. Baden-Powell

- Es-tu d’accord avec ce qui se - Qu’est-ce que tu aurais fait à

passe dans l’histoire ?

la place de (un personnage) ?


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Quelques exemples d’activités Avec les adolescents

Le “portrait Chinois” A l’aide d’une image, le sco ut s’analyse, se découvre. Si j’étais… Si j’étais un jeu, je serais… aussi speedé qu’une attaque de camp aussi calme qu’un jeu de soc iété aussi créatif qu’un jeu d’im pro aussi curieux qu’un jeu de piste aussi… Si j’étais un sac, je serais… le plus attrayant, le plus col oré, le plus extravagant un sac de voyage discret et bien rangé une valise à roulettes un peu coincée mais pratique un sac à dos avec des poches dans tous les coins, pour avoir les mains libres… Si j’étais un casse-croûte, je serais… Si j’étais Dieu, je serais… Si j’étais…

L’objet symbolique Chaque scout est invité à apporter un objet lors d’une réunion. Celui-ci doit permettre d’illustrer un moment fort (scout ou non) pendant lequel une valeur l’a interpellé à un tel point qu’il l’a fait sienne. Ensuite, au sein d’un petit groupe (de tranche d’âge par exemple), les objets sont placés dans une boîte. Un objet est tiré au sort et montré à tous. Sans savoir à qui appartient l’objet, les membres du groupe imaginent et se mettent d’accord sur la valeur que l’objet peut représenter. Le groupe peut même proposer un temps fort qui aurait vu émerger cette valeur. Le possesseur de l’objet explique alors en quelques mots la motivation de son choix.

Mon top 3 s (partage, Parmi un ensemble de valeur de soi, don , ilité hum , tolérance, respect ce, fian con , itié am e, rag fraternité, cou …), chaque eté nêt hon ité, dar soli é, sincérit ividuellement en scout est invité à choisir ind antes : suiv ns stio que fonction des trois ttre en me à e icil diff s plu la - La valeur place nécessaire - Celle qui semble la moins n stio que e pos - Celle qui lui débat peut être Un moment de partage, de lancé.

la Loi scoute en Ma loi scoute e)découvrir la (r Loi ur la po de t es en Un mom t les articl ui ad tr n cu ha t. C ne sont pas contextualisan our et sérieux um H s. ot m s re avec ses prop ! incompatibles Exemple : t age là où il vi ns Le scout s’eng son village, da ire des BA pour fa ut fa Il : nt Devie sa famille es son école, dans ici, tant que t’y des trucs bien u, ici et pe un Ou bien : Fais i s bouge-to or al e, un je s ’e Ou encore : T maintenant.

Bien - Paaaaas bien Chaque paire de scouts reçoit un panneau reprenant des situations, des faits de société, des règles ou des contraintes de la vie de tous les jours. A deux, ils doivent se mettre d’accord pour entourer ceux qu’ils trouvent “bien” et barrer les “paaaaas bien”. Evidemment, rien n’est évident ! Exemples : le mariage civil des homosexuels - les musiciens mendiants dans les rues - tricher à l’école - les fast-food l’obligation scolaire - le droit de vote - la possibilité d’avoir des enfants pour une dame de plus de 60 ans - l’existence de la sécurité sociale - fumer un joint - mentir pour une bonne cause la possibilité de télécharger musiques et films - les centres fermés pour illégaux…

Composition Le staff choisit une chanson remplie de questions, d’interpellations. Chaque scout dispose des paroles pour faciliter la compréhension lors de l’écoute en groupe. Puis, par deux ou individuellement, ils sont invités à terminer un dernier couplet, partiellement écrit par un animateur. Pour clôturer, l’une ou l’autre de ces compositions peut être interprétée. Exemples de chansons d’interpellation : “Jésus” de Laurent Voulzy, “Etre né quelque part” de Maxime Le Forestier, “La vie est belle” de MC Solaar, “Ose” de Yannick Noah, “Foule sentimentale” d’Alain Souchon...


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Des animations à la foi Les exemples d’animation suivants, qui partent également du quotidien du groupe et des valeurs qu’il vit, sont clairement orientés vers les questions sur la foi, sur Dieu : des questions que tout être humain se pose. Le scoutisme doit en effet aider chacun à avancer dans tout son cheminement spirituel. Dans nos sections, grâce à notre relation proche des scouts, parfois, des choses peuvent se dire ou se comprendre.

Leur laisser un peu de place est un beau cadeau fait aux enfants et aux adolescents. Si tu le sens un peu, si tu veux bien prendre un peu de temps avec eux dans ce domaine où tu te poses sans doute aussi pas mal de questions, tu seras étonné de la qualité de ce qui peut se vivre, à peu de frais. De plus, il y a peut-être dans ton unité l’une ou l’autre personne qui peut t’aider.

Dieu parmi nous

Micro-trottoir Noël

L'idée

L'idée

Cette animation vise à ressentir ce que pourrait être une présence divine dans nos vies. Concrètement Chacun reçoit 15 à 20 papiers de 5 cm sur 10 cm environ (c'est-àdire un sixième de feuille A4). Chacun écrit sur chaque papier des moments de sa vie scoute où il a ressenti le vertige d'une sensation qui le dépassait, un moment où "c'était trop, trop beau, trop bon", qu'il y attribue ou non un sens divin. Ces papiers sont rassemblés, pliés en 4, dans une corbeille. Après un quart d'heure, on termine l'exercice et on vide la corbeille sur la crèche ou près d’une croix. Suggestions Vas-y mollo avec l'éclairage. Une petite lumière d'ambiance (bougies, lumière tamisée, éclairage indirect) sera préférable aux néons. On peut aussi conserver les papiers dans la corbeille, sans les déverser sur la crèche ou près de la croix (par respect pour ceux qui n'associent absolument rien).

Cette animation vise à élargir les horizons de nos scouts sur leur conception de la fête de Noël. Concrètement Les scouts sont répartis en groupes de deux ou trois dans toute la ville. Ils ont pour mission d'interroger les gens, les passants ordinaires, et de leur demander "C'est quoi, Noël, fondamentalement, pour vous ?". Après une demi-heure de "micro-trottoir", on se retrouve au local pour échanger quelques impressions et réponses. Suggestions Si tu en as la possibilité, filme quelques interventions qu'on repassera ensuite devant tout le monde. Prévois de quoi permettre aux scouts de prendre quelques notes pour bien se souvenir. En plus, si les gens voient qu'ils ont un carnet et un bic, ils comprennent assez vite qu'on ne va pas leur vendre un calendrier, du massepain ou du cake fait maison.

Une marche aux témoins Le slogan L'idée Cette animation vise à lancer un petit débat sur la question de savoir ce que le Christ a pu apporter comme message le plus essentiel. Concrètement Le Christ vivra parmi nous, humainement du moins, pendant 33 ans. Ce qui se passe après varie selon les convictions : certains le pensent toujours en vie et présent, d'autres non. Par petites équipes de 6 maximum, on détermine, en une et une seule phrase (l'effort de concision n'est pas négligeable !), le message le plus important que les hommes peuvent retenir de la vie du Christ. Un quart d'heure est consacré à cela, après quoi on communique au groupe entier reconstitué les "slogans" trouvés.

La fée L'idée Pour une eucharistie : la prière universelle. On s'adresse à Dieu pour que le monde devienne meilleur. Une idée pour dynamiser ce moment. Concrètement On a dessiné une très jolie fée sur un poster, en grandeur nature. Chacun va à son tour lui glisser un souhait à l'oreille. Si on a une fée en mannequin, c'est très bien aussi. Ce moment est suivi d’intentions libres pendant lesquelles ceux qui le souhaitent prennent la parole. Variante Le SMS à Dieu

L'idée Cette animation vise à enrichir son univers spirituel au contact d'une personne qu'on n'aurait peut-être jamais rencontrée autrement. Concrètement Les scouts sont répartis en petits groupes. Six membres dans chaque groupe est un maximum, mais ils doivent être au moins trois ou quatre. Chaque groupe reçoit une adresse où l'attend une personne "témoin" particulière. Les scouts l'interrogent sur sa représentation de Dieu, sur ce que cela change dans sa vie. On compte ainsi une entrevue d'une demi-heure. Après cela : retour au local où chaque groupe raconte brièvement qui il a rencontré et une ou deux idées qu'il a retenues. Suggestions Ne choisis pas que des catholiques pratiquants mais n'exclus pas non plus le curé pour autant ! N'hésite pas à demander à des personnes auxquelles on ne s'attend pas nécessairement : l'agriculteur du coin, un animateur d'une autre section, un artiste, etc. Evite toutefois des personnes qu'on connaîtrait déjà trop bien. C'est gai de pouvoir être reçu chez la personne elle-même, quitte à ce qu'une partie de trajet soit faite en voiture, si nécessaire. Cela permet aussi aux scouts de voir le cadre de vie de leur témoin.

De nombreuses fiches pour te lancer dans l’animation de sens ou dans l’animation de foi t’attendent sur le site www.lesscouts.be à la rubrique Animer.


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La promesse Q U ’ E S T- C E Q U E C ’ E S T, C O N C R È T E M E N T ? La promesse est un acte d’engagement vis-à-vis des valeurs prônées par le scoutisme, posé par un éclaireur face à ses pairs, les autres éclaireurs de la troupe. Généralement, pendant son deuxième camp, un éclaireur est amené à poser ce geste symbolique, temps fort de sa vie à la troupe. La promesse est un acte personnel, il n’y a pas d’obligation à la vivre. De même, il n’y a pas de frein à mettre de la part de quiconque. La mission du scoutisme (OMMS) Le Scoutisme a pour mission, en partant de valeurs énoncées dans la Promesse et la Loi scoutes, de contribuer à l’éducation des jeunes et à la construction d’un monde meilleur peuplé de personnes épanouies prêtes à jouer un rôle constructif dans la société. Pour y parvenir, il les aide à développer un système de valeurs basé sur les principes spirituels, sociaux et personnels exprimés dans la Promesse et dans la Loi. >>>>>

POURQUOI LA PROMESSE À LA TROUPE ? La promesse constitue le premier geste fort d’adhésion au sein d’un groupe scout. Ce geste est d’autant plus marquant qu’il est réalisé chaque année par des milliers de scouts un peu partout dans le monde. C’est un moment intense de fraternité scoute. La promesse se base sur la Loi scoute et toutes les valeurs qu’elle représente. Un texte commun et une chanson existent. De plus, l’éclaireur est souvent amené à rédiger un message, un texte personnel. Tout cela constitue aussi une première : se baser sur un écrit pour poser un acte, en connaissance de cause. Pendant l’adolescence, souvent très mouvementée, la promesse constitue un temps d’arrêt, de réflexion. Elle propose, à un moment propice aux questions, de faire un choix. Le choix d’une référence partagée par les amis de la patrouille, de la troupe, de l’unité, de l’ensemble du scoutisme. Enfin, réaliser sa promesse scoute, c’est aussi se donner des balises de construction, de choix de vie, parfois à contrecourant du fonctionnement de notre société. C’est être un peu idéaliste aussi. >>>>>

COMMENT S’Y PRENDRE ? La promesse chez les éclaireurs comporte trois composantes essentielles.

Préparation La promesse est proposée aux éclaireurs de seconde année ainsi qu’aux plus vieux qui ne l’ont pas encore faite. Un moment de réflexion (quelques jours) est laissé. La préparation peut se faire individuellement ou en groupe, avec un ou plusieurs animateurs, avec ou sans parrain ou marraine. C’est avant tout : Réfléchir à ce que l’on vit Réfléchir à ce que l’on a envie de vivre Comprendre ce que signifie “s’engager” Pendant ce temps, un animateur peut préparer la cérémonie (lieu, étapes, objets symboliques…) avec les autres éclaireurs.

Animation-Célébration Afin de donner encore plus de sens à ce moment que vont vivre quelques éclaireurs, la troupe peut vivre un temps de partage, d’échange, de réflexion pour s’associer aux promettants, les accompagner dans la démarche. Ce moment d’animation de sens et parfois de foi peut être animé par les animateurs, par les aînés, par un aumônier…

Cérémonie La cérémonie de promesse est le moment le plus court et le plus intense du processus (un peu comme l’échange des consentements lors d’un mariage). Cette cérémonie peut se dérouler aussi bien pendant le temps d’animation-célébration qu’un ou plusieurs jours après. Au cours de cette cérémonie, chaque promettant explique son état de réflexion face à la promesse en présentant son texte d’engagement personnel ainsi que le texte de la promesse. >>>>>


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La promesse

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L A P R É PA R AT I O N Les animateurs expliquent le principe de la promesse, la proposent aux éclaireurs et vivent un temps de réflexion préalable à l’animation-célébration.

Première approche et explication de départ En principe, on n’a pas attendu le début du camp pour en parler. Mais l’ambiance du camp donne l’occasion de vivre un temps d’échange avec tous les scouts. Il est intéressant de mettre dans le coup ceux qui ont vécu la promesse l’année précédente. Ce n’est qu’après avoir clarifié ce qu’est la promesse que le staff pose la question « Est-ce que tu veux faire ta promesse ? »

Qui suis-je ? L’engagement scout est une excellente occasion de faire le point sur soi-même, en particulier pour les ados qui cherchent leur personnalité. Sur la base d’un texte, de questions, d’un photos langage…, on propose au promettant de faire le point sur ce qu’il est, ce en quoi il croit, ses doutes, ses envies. Plus d’un scout garde un souvenir marquant de ce genre de dialogue confiant avec un animateur sensible et mature.

Loi, textes et rites Découvrir et réfléchir à la Loi constituent une étape indispensable. A une explication un peu scolaire et magistrale de la Loi, on préférera l’échange. Mais attention : l’objectif est de progresser, de mieux comprendre, de faire sienne la Loi. Il serait dommage de se cantonner dans un vague échange sur des généralités. C’est ici que l’animateur peut enrichir le scout par des exemples qui le sortent des grandes idées toutes faites ! Cela suppose que les animateurs aussi ont pris le temps de mûrir leur approche de la Loi… en réunion de staff par exemple.

Préparation des textes de promesse Le promettant compose généralement un texte personnel où il exprime, avec l’aide éventuelle du parrain (un animateur ou un aîné), l’un ou l’autre élément découvert dans les échanges vécus en cours de préparation. Généralement, il fait référence à un ou deux articles de la Loi qu’il souhaite vivre davantage. Le texte qui suit est donné à titre d’exemple « Ma préparation à la promesse m’a permis de découvrir les chances et les risques de ma spontanéité bien connue. Je peux entraîner les autres vers la réussite d’un projet génial, mais je peux aussi blesser quelqu’un par des bêtes feintes ou des réflexions irréfléchies. Moi, Roitelet Détonnant, je m’engage à faire du respect des autres un des points forts de ma vie. Je serai donc particulièrement attentif à l’article de la Loi “ Le scout accueille et respecte les autres ”. Autant la formulation personnalisée est intéressante, autant la formulation “officielle” doit, elle aussi, trouver sa place dans la célébration de la promesse. Utiliser un texte commun permet de prendre conscience de la communauté d’idéal qui relie le scout aux autres scouts du monde. C’est le moment de l’expliquer brièvement au scout et de l’aider à choisir sa version. Chaque scout est libre de mettre Dieu dans le coup, et de le citer ou non dans son engagement. Deux versions sont en usage « Sûr de votre amitié, je m’engage à vivre selon la Loi scoute, pour aimer et servir les autres (et répondre ainsi à l’appel de Dieu) » ou bien « Sur mon honneur (et avec la grâce de Dieu), je m’engage à faire de mon mieux pour servir (Dieu), mon pays et la communauté humaine, à aider mon prochain en toute circonstance et à vivre selon la Loi scoute. »

Préparation de la célébration L’endroit et le contenu de la célébration peuvent être préparés par d’autres scouts que les promettants. Que ce soit beau, visuel : décorum lié au thème du camp, peut-être des torches, un endroit recherché… Mettons l’imagination au pouvoir pour choisir un chant, un texte, un conte ou un geste (comme confectionner un cadeau-souvenir pour les promettants). >>>>>


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La promesse

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U N E X E M P L E D ’ A N I M AT I O N - C É L É B R AT I O N Les textes, pistes d’échange et chants sont choisis pour développer un thème précis de la promesse (comme réaliser la promesse dans les petites choses de l’existence, le soutien des autres, le droit à l’erreur, la tolérance et l’ouverture…).

Déroulement 1. Ecoute : Brève présentation de l'activité au groupe réuni en cercle. Chacun reçoit le texte d’une chanson (Il changeait la vie, par exemple). On écoute la chanson. 2. Echange : Si on veut pousser la réflexion plus loin, cet échange peut se faire en petits groupes. Quelques questions : « De quoi parle la chanson ? Quelle expression a frappé ? Y a-t-il un message ? Est-il juste, pertinent ? Etes-vous d’accord ? La chanson évoque-t-elle quelque chose de votre vie, ou de la vie telle que vous la voyez ? Voyez-vous un lien avec le scoutisme, la promesse ?… » 3. Transition : Prendre ensemble un chant du chansonnier en lien avec le thème. 4. Apport : Chacun reçoit le texte Ta promesse… et choisit une formule qui correspond bien à sa manière de comprendre ce que signifie “faire sa Promesse”. Après un moment de réflexion personnelle, il l'exprime en quelques mots aux autres. Sauf si cette étape est vécue indépendamment des autres, l’échange s’arrête là. 5. Conclusion : Un animateur met en relief les valeurs qui sont apparues le plus souvent dans l’échange. Il peut également utiliser un conte qui “donne à penser”, une page d'Evangile, un message d’un ancien éclaireur, une citation de BP... 6. Cérémonie d’engagement : Le moment proprement dit de l’engagement personnel peut trouver place ici (voir La cérémonie de promesse chez les Eclaireurs). 7. Visualisation : Il est possible de créer un geste qui visualise cette importance des petites choses. Ce peut être l'occasion pour les anciens promettants de déposer un objet qui permet de visualiser et réactualise leur ancien engagement (bricolage en pâte à sel, mini-woodcraft, etc.). 8. Finale : Un chant pris ensemble ou une chanson à écouter met un point final à l'activité. >>>>>

LA CÉRÉMONIE DE PROMESSE CHEZ LES ECLAIREURS Cette étape peut être vécue de manière isolée ou au sein d’une animation célébration (cf. ci-dessus, point 6). Voici une possibilité d’un petit rite simple, soigné, qui valorise le geste : Rassemblement. Un animateur introduit. Par exemple : « Etre scout, c’est bien plus que passer quelques moments avec des copains. A travers nos activités, nous voulons faire grandir ce que nous portons de meilleur en nous, individuellement et en groupe, et le mettre au service du plus grand nombre. Celui qui fait sa promesse s’engage à faire de son mieux pour vivre selon cet idéal. Sans se prendre au sérieux, sans se croire supérieur à qui que ce soit. Il a le droit à l’erreur, mais il s’efforce de ne pas tricher avec son engagement. Avant tout, nous réécoutons la Loi scoute qui exprime l’essentiel de l’idéal que nous voulons vivre avec lui. » Un ou deux scouts lisent la Loi. Moment d’engagement — Animateur : « Ocelot, as-tu dans ta patrouille un éclaireur qui désire faire sa promesse ? » — CP : « Oui. Voici Hugues qui s’est préparé à sa promesse avec sa marraine Labrador ». — An : « Pour montrer ton souhait de faire ta promesse, je t’invite à t’avancer avec ta marraine. Que promets-tu d’observer plus particulièrement pour ta promesse ? ». — Le promettant exprime son engagement personnel de promesse. — An : « Tu n’es pas seul pour vivre ton engagement. J’invite ta marraine à dire en quelques mots comment tu t’es préparé et comment tu seras aidé ». — Réponse de la marraine. — An : « Tu viens de l’entendre, ton engagement est accueilli et soutenu par la troupe. Pour montrer qu’il rejoint celui des scouts du monde entier, je t’invite à dire le texte de la promesse scoute ». Le promettant prononce la promesse scoute en saluant. Pour symboliser l’engagement envers une communauté humaine plus large que la troupe, le promettant peut tenir un drapeau belge ou scout en prononçant ces paroles. Le scout reçoit alors l’insigne de promesse. — Il salue chacun des animateurs. — Il peut demander la bénédiction de l’aumônier (qui bénit la personne, pas l’insigne !). — Il salue toute la troupe, qui répond à son salut, puis rejoint sa patrouille. Le chant de la promesse est entonné soit après chaque promesse, soit après l’ensemble des promesses. >>>>>


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La méthode scoute

La promesse

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MAIS ENCORE… La Loi scoute Bien avant le moment de la promesse, il est important que chaque éclaireur soit conscient de ce que représente la Loi scoute. Il faut donc faire découvrir la Loi scoute et les valeurs induites par celle-ci au cours de l’année. Connaître les dix articles de la Loi par cœur ne servira à rien; par contre, vivre un temps d’échange ou de réflexion personnelle sur un des articles est intéressant. Un tel moment d’animation peut se faire au sein d’un jeu, pendant une marche, lors d’une veillée, pendant un conseil…

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Chant de la promesse des éclaireurs

1. Devant tous je m’engage, sur mon honneur Et je te fais hommage de moi Seigneur. Refrain. Je veux t’aimer sans cesse, de plus en plus; Protège ma promesse, Seigneur Jésus. 2. Je suis de tes apôtres et chaque jour Je veux aimer les autres pour ton amour. 3. Je jure de te suivre en fier chrétien Et tout entier je livre mon cœur au tien. 4. Fidèle à ma patrie je le serai; Tous les jours de ma vie je servirai. 5. Ta règle a sur nous-mêmes un droit sacré; Je suis faible, tu m’aimes; je maintiendrai. 6. Pour édifier ma vie je choisis la Loi. Mon idéal me lie : comptez sur moi. 7. Face à l’indifférence je veux résister, Mériter la confiance, recommencer. 8. Je veux que sur la terre et dans mon quartier, Tout homme soit mon frère; j’ose l’amitié. 9. Je veux être fidèle à tous les miens, Mon pays, tous mes frères, je servirai sans fin.

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S Proposition de nouvelle chanson de promesse composée au T3 Eclaireurs - Carnaval 2004 : (même air que la première) 1. Devant vous je m’engage sur mon honneur, Et je vous fais hommage, chers frères de cœur Refrain : Je veux la vivre sans cesse de jour en jour Protégez ma promesse et pour toujours 3. Je promets de vous suivre sur tous les chemins Mon amitié je livre entre vos mains

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4. Fidèle à ma patrouille, je le serai Tous les jours de ma vie, je m’y tiendrai 5. Content d’être des vôtres et chaque jour Je veux aider les autres pour notre amour 6. Avec vous je m’engage sur ce chemin. Merci à vous mes frères de votre soutien.

Chaque troupe est libre d’utiliser le refrain et les couplets qu’elle juge les plus pertinents ou les plus proches de ce qu’elle vit, voire d’en créer de nouveaux !

Texte : Ta promesse… (Jean Lievens) Ta promesse, c'est... - ce tour de prairie que tu as fait, sans qu'on te l'ait demandé, pour ramasser les outils avant la nuit - ce sourire et ce mot d'amitié à celui dont on se paie la tête - le soin que tu as mis pour sélectionner les ordures recyclables au camp - la considération que tu as eue pour les gens rencontrés dans la région - ta franchise pour dialoguer avec le staff de ce qui va et ne va pas - le “génial !” adressé à ce scout dont tu as remarqué les progrès - ton pardon silencieux à celui qui avait médit de toi... Ta promesse, ce sera aussi... - une visite à une personne seule, qui illuminera sa journée bien au-delà de ce que tu imagines - le courage nécessaire pour oser parler quand tu constateras une injustice - la recherche et l'épanouissement de tes dons, pour ton bonheur et celui d'autrui - l'habitude de ne pas faire les choses à moitié, et même de faire un peu plus que ce qui ne t'est demandé - l'obstination à ne pas abandonner un engagement quand il commence à te peser - le plaisir de découvrir le monde autrement que par les séries TV - s'efforcer de regarder le bon côté des choses et des gens, afin de se nourrir de beauté et non de scandales - considérer que ton plaisir, ton confort et ta réussite ne te donnent pas tous les droits - ne pas oublier que tu as droit à l'échec, et savoir chaque fois recommencer >>>>>


La méthode scoute Les sept éléments

5. La symbolique

1 Pourquoi le scoutisme utilise-t-il des symboles ? 2 Exploration de notre patrimoine symbolique 3 Des moments symboliques précieux

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e scout est, aux yeux d’un public non averti, un mammifère assez étrange, qui parle un peu curieusement, qui s’habille selon une mode bien à lui, qui s’assied par terre et en rond lorsqu’il réfléchit avec ses semblables. Bizarre... Pour les membres de cette espèce, ce vaste ensemble de paroles, de gestes, de signes, de rites n’a rien de surprenant : au contraire, le scout se sent bien grâce à eux. Le scoutisme utilise ainsi de nombreux symboles. Un symbole, c’est simplement une manière d’exprimer concrètement (par un son, une image, un geste, un objet) quelque chose qui n’est pas directement perceptible physiquement. On peut symboliser une découverte, un sentiment, une étape dans la vie…

1 Pourquoi le scoutisme utilise-t-il des symboles ? Repères et appartenance

Un symbole ? Oui.. s’il a du sens

La symbolique, ce n’est pas pour le décorum. Comme tous les autres éléments de la méthode scoute, celle-ci également n’a qu’un but : aider chaque scout à grandir.

La fête des totems, la trace laissée par un pio dans le local, la main gauche... tous nos symboles peuvent très vite devenir de simples mécanismes, mus par la seule force de l’habitude. Mais gare à la rouille : nos symboles n’ont pas une santé de fer ! Régulièrement, tous les scouts doivent pouvoir ensemble se les réapproprier : quel est leur sens, que veulent-ils exprimer, comment est-ce que je les ressens ? Jérémy est venu assister ce matin à la cérémonie des passages. Pour lui, c’était une réunion perdue. Tout avait été préparé sans lui, on lui a juste demandé de faire preuve de respect. L’année prochaine, si on concevait avec lui ce moment important et délicat ? Si on recréait du sens... quitte à bousculer le programme “traditionnel” ?

D’une part, les symboles offrent des repères, ils aident le scout à se situer dans le temps de sa vie au sein de la section. Tiens, on mange, tiens voici une trace d’une de mes découvertes, voici un mot qui m’appelle à tel défi pour la journée... Les symboles sont comme des balises : le scout les identifie et prend conscience du chemin parcouru. D’autre part, ils expriment l’appartenance à un groupe, à un projet de vie commune. Au sein du groupe, le symbole est un élément très puissant de cohérence. Pour chacun, il est un signe de relation à l’ensemble : il crée une intimité.

La bonne humeur est aussi contagieuse que la rougeole. Baden-Powell


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2 Exploration de notre patrimoine symbolique Les éléments symboliques sont nombreux et variés. Certains sont vieux comme le scoutisme : le mot “scout”, le salut, le foulard, l’utilisation de devises. D’autres sont particuliers à une unité, à une section, à un moment donné. Les derniers enfin sont liés à une des tranches d’âges : ce sont de petits outils pédagogiques. La symbolique scoute Aucun symbole n’est en soi une obligation pour dire que l’on fait du scoutisme : ce sont simplement des outils à la disposition des groupes, qui choisissent de les employer ou non, selon leur situation du moment. Plusieurs symboles nous viennent de très loin et sont partagés sur toute la planète. Ils nous relient à l’histoire (en marche… pas au musée !) d’une “certaine manière de vivre”, partagée par des générations de scouts dans un même monde. Ils gardent aujourd’hui un sens profond. Le mot “scout” signifie éclaireur. Il peut symboliser l’aventure, l’audace, l’esprit observateur et attentif de celui qui ouvre la route à d’autres. Aujourd’hui, le mot scout est la dénomination commune, le terme générique pour le baladin, le louveteau, l’éclaireur et le pionnier. Le salut a aussi sa signification. Tous les scouts du monde se saluent de la même façon : une franche poignée de la main gauche accompagnée d’un signe de la main droite (le pouce sur l’auriculaire plié et les trois autres doigts tendus côte à côte). L’origine du choix de la main gauche remonte à un épisode victorieux des campagnes militaires menées par BP où, alors qu’il recevait la reddition d’un chef de tribu, il s’avança vers lui pour lui serrer la main et reconnaître ainsi sa valeur. Le chef de tribu lui tendit la main gauche en lui disant que les valeureux se serrent celle-là car c’est celle du cœur.

Les trois doigts levés rappellent les trois devoirs du scout : > devoir envers lui-même > devoir envers les autres > devoir spirituel, communément appelé “ devoir envers Dieu ” L’uniforme, c’est simplement la manifestation extérieure de la volonté intérieure de vivre des choses ensemble. C’est un signe de fraternité dans un groupe. Le foulard propre à chaque unité exprime la participation au scoutisme dans un lieu précis.

Un emblème mondial L’emblème mondial indique notre participation à un mouvement, à une fraternité sans frontières, réunissant plus de 30 millions de jeunes. L’élément principal de ce signe est une fleur de lys… comme celle qui indiquait le nord sur les anciennes cartes géographiques : l’emblème rappelle que les scouts doivent être aussi fiables et sûrs qu’une boussole, respectant les idéaux du scoutisme et montrant la voie aux autres. Les trois pointes rappellent les trois devoirs : envers soi, envers les autres et envers Dieu. Les deux étoiles représentent la vérité et la connaissance et leurs dix branches les dix articles de la Loi scoute. Le motif central est entouré d’une corde nouée par un nœud plat, symbole de l’unité et de la fraternité du Mouvement dans le monde : de même qu’il est impossible de défaire un nœud plat, le Mouvement reste uni tout en se développant. L’emblème est blanc sur fond violet. En héraldique, le blanc représente la pureté et le violet indique la responsabilité et l’aide apportée aux autres.


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La Loi scoute et la devise commune « Toujours prêt » ont aussi une fonction symbolique. Elles disent nos idéaux et nos projets communs. Des éléments comme le salut, l’uniforme, ou des mots comme troupe ou patrouille, au-delà de leur origine, expriment la volonté de vivre ensemble quelque chose de fort. Ils n’ont rien à voir avec une signification de type paramilitaire (le culte de la force, du chef tout puissant ou de la dissolution de la personne au profit du groupe). Ces symboles parlent simplement d’amitié, de relations, de joie d’être ensemble ! Baden-Powell était le premier convaincu de la distinction entre le scoutisme et l’armée : « L’entraînement et la discipline militaires sont exactement le contraire de ce que nous enseignons dans le Mouvement scout. » (Jamboree,1925) « L’entraînement militaire tend à détruire l’individualité, alors qu’un de nos objectifs principaux est de développer le caractère spécifique de chaque personne. » (Scouting for boys, 1908).

La symbolique de chaque branche Chaque branche possède son propre registre symbolique. Cependant, derrière des noms et des signes différents, ce sont bien les mêmes procédés éducatifs qui sont mis en œuvre : stimuler et valoriser les découvertes, ouvrir à l’autre et à ses différences, éveiller aux valeurs de la Loi... Pour chaque section, il existe un insigne particulier, petit cadeau d’accueil et signe d’appartenance. Sans oublier un cadre imaginaire pour soutenir de manière naturelle la construction de la personnalité de chacun.

Le cadre imaginaire de la ribambelle, c’est la Légende des Baladins. Une série d’histoires qui racontent les petites aventures de la vie quotidienne de quelques héros : un vieil artiste original (Craquelin), un poney malicieux (Poly) et trois baladins (Gribou, Pistache et Boulon). Le but de ces histoires ? Il est double : 1. servir d’amorce concrète (les baladins adorent les histoires !) pour lancer tel ou tel outil d’animation (Monsieur Loyal, le coffre à trésors…) ou aborder divers sujets de la vie à la ribambelle (le départ au camp, l’arrivée d’un nouveau…) 2. former un ensemble rassurant de points de repère; dans un univers où beaucoup de choses sont nouvelles, il est réconfortant pour le baladin de retrouver des éléments connus (les personnages). Craquelin est l’adulte sécurisant, Poly l’animal copaincâlin, Gribou, Pistache et Boulon des enfants comme lui auxquels il peut s’identifier (s’ils s’en sortent dans la vie, pourquoi pas moi ?)… Et si on fait autre chose ? ➤ Bien sûr, il s’agit d’une proposition parmi d’autres. Certaines ribambelles fonctionnent avec d’autres personnages, d’autres univers imaginaires. Ce n’est évidemment pas un problème. Et si les outils proposés les intéressent, rien ne les empêche de garder les objectifs de base et de les envelopper dans un autre emballage ! ➤ De plus, l’existence d’un cadre imaginaire ne signifie pas la mort des autres, au contraire ! Il ne s’agit pas de caser un poney dans chaque activité ! Place aux petits Martiens, aux Indiens, aux Barbapapas, au monde des insectes…

A la ribambelle Le cadre imaginaire “Baladins” est très riche en significations. Il contribue à créer un climat gai et familial, propice à la prise de confiance : le baladin est un artiste, découvrant ses talents, ceux des autres et toutes les richesses du monde à travers ses nombreux voyages en roulotte. La Légende des Baladins raconte, en plusieurs épisodes, l’origine des baladins, leur mode de vie, leurs grandes découvertes. Ces histoires sont proposées pour permettre d’introduire très naturellement les outils de la ribambelle, sans grand discours explicatif. La vie quotidienne est rythmée de différentes chansons qui introduisent joyeusement des moments précis. La devise du baladin l’appelle à s’ouvrir avec bonheur aux autres : “Tous copains”.

A la meute Le cadre du Livre de la jungle offre à la meute différentes ressources imaginaires pour atteindre son objectif d'apprentissage de la vie avec les autres. Mowgli, petit d’homme élevé par les loups, amène les louveteaux à découvrir les joies et les difficultés de la vie en groupe. A travers les personnages que Mowgli côtoie, Baloo, Bagheera, Frère gris, Shere Khan, les loups de Seeonee… il découvre la jungle, son peuple et il se découvre lui-même. Chaque personnage de la jungle est une personnalité aux multiples facettes : il a des qualités mais aussi des défauts. Tout comme chaque être humain. Connaître ces personnages permet à Mowgli de mieux se comprendre avec ses contradictions et ses désirs. Le Peuple de Seeonee a vécu des conflits, des moments difficiles. Il a aussi connu de grandes chasses, des bonnes et des mauvaises périodes. Ce qu’il a vécu peut à certains moments permettre à la meute de comprendre ce qu’elle vit.


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Plusieurs maîtres-mots lancent une invitation à vivre des valeurs importantes. De nombreuses chansons, danses et expressions créent le sentiment d’appartenance à la meute. Elles distillent aussi, çà et là, quelques messages bien intéressants à discuter avec les louveteaux. La devise de la meute “De notre mieux” invite chaque enfant à aller le plus loin possible, en fonction de ses possibilités et non à être “le plus fort”. Chaque sizaine se choisit un cri, pour exprimer son envie ou sa manière de répondre à cette devise.

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La devise “Toujours prêt” est un nouvel appel. Elle invite à être disponible, à répondre aux demandes de coups de main, à s’engager à fond dans ses aventures, à s’équiper en conséquence. Elle est un regard particulièrement enthousiaste sur la vie. Chaque patrouille se choisit un cri, pour exprimer son envie ou sa manière de répondre à cette devise.

Le Tally de patrouille ou de troupe Le Tally de patrouille se situe à mi-chemin entre le journal intime et le livre d’or : il contient les éléments importants ou anecdotiques vécus par la patrouille ou la troupe. Souvent, pendant l’année, un éclaireur reprend le tally chez lui pour y inscrire le compte rendu de l’activité vécue. Au camp, la rédaction du tally est l’occasion de faire le point sur la journée. La patrouille se réunit pour faire conseil. Un ou plusieurs éclaireurs le rédigent juste après, pendant que les autres resserrent quelques brelages, terminent la vaisselle, changent les paroles d’une chanson…

Un des outils pour exploiter cet imaginaire : le Traces de loup Quatre cahiers vont accompagner le louveteau dans tous les grands moments de sa vie de louveteau mais aussi dans la vie quotidienne de la meute. Chaque cahier correspond à une année; les textes et les illustrations sont donc adaptés à chaque âge. L’objectif de cet outil est de permettre au louveteau de garder des traces de ce qu’il vit à la meute. Le Traces de loup étant personnel, le louveteau est libre de l’utiliser comme il le souhaite, même à la maison. Mais le staff peut aussi l’utiliser à différents moments de la vie de la meute. Les quatre Traces de loup forment un tout et contiennent des explications sur les traditions typiques des louveteaux, des histoires du Livre de la jungle, des conseils pour mieux vivre avec les autres, des trucs et astuces pour le camp, des endroits pour garder des souvenirs de ce qui s’est vécu… Chaque année, le louveteau pourra noter, sur une ligne du temps, son endroit de camp, le nom de sa sizaine, les mowhas auxquels il a participé, les grandes chasses... A la troupe Le mot “éclaireur” fait référence à celui qui va de l’avant, qui se débrouille avec ce qu’il trouve, qui invente ce dont il a besoin. Débrouillardise, aventure, idéal de service, vie dans la nature... autant d’ingrédients naturels pour aider les scouts de cet âge à construire avec les autres.

Le bruit court que le plus beau tally est celui de la patrouille de Mitacq, le dessinateur de la patrouille des Castors, qui aimait dessiner dans la marge comme tout artiste en herbe. Avec le temps et la technologie, certaines patrouilles ont remplacé le grand livre et les crayons par une page web et des photos numériques, d’autres ont préféré réaliser de grands posters ou des montages PowerPoint...

Au poste Le pionnier est celui qui part à la découverte d’un monde nouveau. Il s’engage à fond pour aller au bout de ses rêves : il apprend pour cela à opérer des choix conscients et critiques. Sa devise “Plus fort, plus loin” invite à se dépasser pour vivre de manière enrichissante cette dernière étape du parcours scout.

La symbolique propre à un groupe Le réservoir des symboles n’est pas fermé, que du contraire ! A l’occasion d’un camp, d’un projet, d’un thème... ta section peut créer des éléments nouveaux ou en transformer d'autres : une chanson, un geste, un coin particulier dans le local. Ces symboles “maison” auront une durée de vie limitée à la présence de leurs inventeurs; très vite, ils n’évoqueront plus rien pour personne et devront disparaître pour laisser la possibilité à d’autres de surgir au détour d’un événement.


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3 Des moments symboliques précieux

Les passages Pour les scouts, les moments de passage d’une section à l’autre sont souvent des moments délicats. On redevient le plus “petit” après avoir été le “vieux”. On quitte sa sizaine, ses animateurs, son local. Mais on peut aider à ce que cela se passe bien ! En préparant ce temps des passages par des rencontres avec les autres sections et par un discours positif et enthousiaste sur tout ce que les scouts concernés auront la chance de vivre dans quelques mois. Les louveteaux, par exemple, sont invités à vivre cela dans un moment symbolique appelé Course du Printemps. Lors de son départ, le pionnier écoute le récit de sa saga par ceux qui restent. C’est le dernier cadeau qu’il reçoit dans son parcours scout : ceux qui restent lui chantent ses exploits, le célèbrent tel qu’il est. Il est invité à laisser une trace visible de son passage dans le groupe, petit symbole qui l’aide à partir vers de nouveaux projets.

L’accueil D’une branche à l’autre On peut dire qu’à la ribambelle, tu as une sacrée responsabilité : tu vas accompagner les tout premiers pas de tes baladins dans le scoutisme ! Premier accueil, première réunion scoute, premier cadre imaginaire, premier week-end, première fête d’unité, premier camp ! A un âge où le besoin de stabilité et de repères se fait particulièrement sentir, le baladin mérite qu’on l’aide à digérer toutes ces nouveautés en douceur. Le mot d’ordre : qu’il se sente en confiance… Lorsqu’un enfant arrive à la ribambelle, il devient non seulement baladin… mais aussi scout ! Cette grande entrée mérite d’être saluée comme il se doit ! Les animateurs Baladins auront aussi le plaisir d’aider les parents qui connaissent moins le scoutisme, à comprendre ses ambitions éducatives. Après deux ou trois réunions à la meute, l’ancien baladin devenu louveteau est présenté un peu plus longuement à tous par deux anciens. C’est le premier lien. A la troupe, la fête de l’adhésion, également après quelques réunions, remplit une fonction similaire. Le totem et le qualificatif sont deux cadeaux qui arrivent au terme de la première année. La troupe, qui a appris à connaître le scout, le reconnaît comme une personne unique : elle prend le temps de réfléchir à sa personnalité pour lui offrir un nom d’animal qui célèbre sa présence incomparable dans le groupe. Le “quali” met en exergue une de ses qualités, jugée particulièrement appréciable. Au poste, l’accueil des nouveaux est le premier projet de l’année : il s’impose pour permettre aux pionniers de manifester leur ouverture aux nouveaux et leur envie de construire rapidement avec eux de nouveaux projets. L’animateur doit être particulièrement attentif à mettre toute sa section en projet d’accueillir de nouveaux membres. C’est entre pairs que cela se joue ! Le staff aide à arrondir les angles : il soutient ceux qui semblent un peu en difficulté pour s’intégrer et refuse toute attitude de jugement ou de moquerie. Car ne rien dire serait cautionner !


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L’adhésion Q U ’ E S T- C E Q U E C ’ E S T, C O N C R È T E M E N T ? Quand un nouvel éclaireur arrive au sein de la troupe, il découvre un nouveau monde, fait de patrouilles, de rites, d'habitudes parfois déstabilisantes. Le moment d’adhésion est un outil d’accueil, un moment formel pour permettre au nouvel éclaireur de se sentir chez lui. Cela n’empêche évidemment pas tout un travail autour de l’accueil à “long terme”, en troupe et en patrouille (lieu-clé de l’accueil)… L’adhésion se déroule après deux ou trois réunions passées par un nouvel éclaireur. Il n’y a donc pas de date fixe puisqu’un éclaireur peut rentrer à la troupe au mois de mars; l’adhésion aura donc lieu pour lui en avril. Le moment solennel proprement dit n’est pas très long, cela dure maximum une demi-heure. >>>>>

QUEL INTÉRÊT POUR LES ÉCLAIREURS ? Il y a évidemment deux publics cibles dans cet outil. Le nouvel éclaireur, d’une part, a besoin d’être rassuré, écouté, accueilli au sein d’un groupe dont il ignore presque tout. Il aura aussi un moment formel marquant ses débuts effectifs dans la troupe : « Aujourd’hui, je suis éclaireur ». La troupe reçoit également un message : « Ce n’est plus un inconnu, un étranger, il est éclaireur, il faut compter avec lui ». >>>>>

COMMENT S’Y PRENDRE ? Le temps de l’adhésion vise deux objectifs et va se vivre en deux temps. Le premier est centré sur les attentes du nouvel éclaireur, le second a pour objet le nouveau visage de la troupe. 1. Entre quatre yeux, ou plus… Lors d’un conseil avec les CP et/ou le staff, chaque nouvel éclaireur est invité à s’exprimer librement autour de ce qu’il est, de ce qu’il attend et imagine de la vie à la troupe. On lui permet d’exprimer ce qui lui plaît déjà à la troupe, on lui montre qu’on s’intéresse à lui, à son ressenti, à ses envies, à ses goûts. Ce n’est ni un interrogatoire, ni un examen. Ce temps se construit comme une discussion entre amis. 2. En troupe Les CP, les aînés ou les animateurs “parlent pour” le nouvel éclaireur devant l’ensemble de la troupe. C’est la caution d’un personnage important symboliquement. Ils s’engagent à ce qu’on lui fasse de la place. « Claire fait partie de notre troupe. A partir de maintenant, il va falloir compter avec elle, elle est des nôtres ! » « Claire, sache que le groupe s’enrichit d’une personne de qualité. Nous ferons notre possible pour que tu te sentes bien à la troupe. » Différents symboles sont remis : L’insigne de notre mouvement (comprenant la fleur de lys – symbole du mouvement scout mondial, la croix potencée – signe du scoutisme catholique, le drapeau belge) s’il s’agit d’un nouveau scout Le foulard de l’unité dans le même cas L’insigne de la branche Eclaireurs L’Azimut pour la vie à la troupe Le nœud d’épaule aux couleurs de la patrouille >>>>>


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L’adhésion

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MAIS AUSSI… Il n’est plus là S’il est important de marquer le moment où un éclaireur adhère à la troupe, il est tout aussi nécessaire de remarquer le départ d’un éclaireur. Cela, afin d’entamer une petite remise en question : « Qu’est-ce qui a fait que Thibaut ne veut plus venir à la troupe ? » C’est l’occasion d’un conseil sur la façon de gérer l’accueil à la troupe.

Un début d’année sur les chapeaux de roue Accueillir un nouvel éclaireur passe par une étape fondamentale : lui faire vivre très rapidement des activités typiques, amusantes et séduisantes. Les premières réunions sont cruciales et devraient être “exemplatives” de ce qui va se passer par la suite.

L’accueil ne se fait pas en un jour Le temps de l’adhésion peut aider un nouvel éclaireur à se sentir accueilli, égal aux autres. Ce n’est cependant pas une recette miracle instantanée. L’ensemble du processus d’accueil compte d’autres éléments, complémentaires à l’adhésion. La patrouille y joue un rôle crucial, la totémisation aussi.

Un lien avec la Course du printemps Chez les Louveteaux, un moment d’au revoir est prévu pour les loups qui quittent la meute, c’est la Course du printemps. Un des objectifs est de répondre aux questions des louveteaux, de les rassurer si nécessaire, de leur donner envie d’aller vers ce nouvel univers souvent mal connu qu’est la troupe. >>>>>


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Le totem Q U ’ E S T- C E Q U E C ’ E S T, C O N C R È T E M E N T ? Le totem… c’est un nom C’est un surnom donné au nouvel éclaireur qui débarque à la troupe. Pour l’accueillir au sein d’un groupe, avec ses traditions, ses habitudes, ses drôles de bêtes, ses uniformes, ses chants, ses blagues, ses jeux, ses conseils. Pour lui dire « tu es des nôtres ». On lui donne un surnom qui lui colle bien à la peau et un quali qui complète le personnage.

Le totem… c’est un symbole Le totem est un symbole scout. Pas LE symbole scout. Pour preuve, nous sommes presque les seuls scouts dans le monde à être totémisés. Ce symbole a du sens, une histoire. Mon totem me rappelle le jour où on me l’a donné, les gens avec qui j’étais, le lieu de cérémonie, ma première année à la troupe, les bons et moins bons moments avec ma patrouille.

La totémisation… c’est un moment solennel Pour marquer le coup et pas juste pour faire sérieux ! Si on prend l’exemple du mariage : la cérémonie est une longue fête où un homme et une femme s’accueillent l’un et l’autre, ils sont joyeux et s’offrent mutuellement le cadeau d’un oui et d’un symbole (l’alliance). Cette fête est ponctuée de moments solennels.

La totémisation… c’est un moment festif La forme de la totémisation varie de troupe en troupe. Il est important que chaque groupe garde ses spécificités, ses rites. On entend par fête, un moment agréable, chaleureux, sympathique où chacun se trouve tantôt accueilli, tantôt accueillant. Deux objectifs simples à avoir toujours en tête : L’éclaireur doit garder ce moment comme un des meilleurs souvenirs de sa vie scoute A tout moment, l’éclaireur doit se sentir bien (sans s’ennuyer, sans s’angoisser) >>>>>

QUAND TOTEMISER ? La fin de la première année à la troupe semble le moment idéal, au premier camp par exemple. Suffisamment tôt pour que l’objectif d’accueil ait son sens et suffisamment tard pour connaître l’éclaireur et trouver le totem et le quali qui vont lui coller le mieux. Si un éclaireur ne participe pas au camp, la totémisation peut évidemment se dérouler pendant l’année. >>>>>

LE CHOIX DU TOTEM ET DU QUALI ET LA PRÉPARATION DE LA TOTÉMISATION Une bonne préparation est souvent ponctuée d’un succès. Comme toute activité, la totémisation ne déroge pas à la règle.Voici quelques pistes, touts azimuts, pour être plus serein : Etablir en troupe les critères de choix du totem (caractéristiques physiques, sociales, intellectuelles…) pour être sûrs d’être tous d’accord Définir les caractéristiques et les goûts des jeunes éclaireurs (entre animateurs et éclaireurs totémisés). Les caractéristiques vont permettre de choisir un totem et un quali, les goûts donneront des pistes pour la réalisation de la totémisation Avoir un fichier de totem et de quali Déléguer le choix du totem et du quali à des petits groupes, incluant un animateur et les éclaireurs connaissant le mieux chaque futur totémisé Déterminer un canevas commun pour la totémisation par un groupe de travail qui peut être le staff et/ou un groupe d’éclaireurs Personnaliser le moment de la totémisation (cela peut aller d’un texte de quelques lignes à un défi de plusieurs heures) Demander l’avis des autres éclaireurs de son année, même non totémisés Anticiper tout problème lors du moment final, en laissant la possibilité de refuser ou en proposant deux possibilités (quand la troupe hésite vraiment)


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La méthode scoute

Le totem

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Trois éléments indispensables Le lieu Un endroit qui sort de l’ordinaire, pour marquer le coup : Une clairière Les ruines d’un château ou d’une tour Un site de gros rochers Une petite île dans un cours d’eau Le décorum Pour montrer qu’on a mis les petits plats dans les grands : Choisir un thème (lié au thème du camp ou pas) Mettre des déguisements Trouver une musique d’ambiance Placer des lanternes ou des flambeaux Réaliser des bannières aux noms des futurs totémisés La surprise Comme pour un anniversaire, c’est nettement plus mémorable et marrant. Les facteurs pour surprendre sont : Le moment, différent de l’an passé et imprévisible La façon de l’annoncer (lettre, pendant un jeu, repas…) Un objet inattendu (une photo prêtée par les parents, un panneau de basket pour un fan…) Un témoignage (par le meilleur copain, avec une anecdote inédite…) >>>>>

L A T O T É M I S AT I O N Voici une proposition de canevas, découpé en quatre temps, ponctué d’exemples : 1. Un moment d’introduction, d’explication L’annonce du début de leur totémisation aux éclaireurs concernés est à peaufiner. Il faut qu’en quelques minutes, l’éclaireur se réjouisse et prenne conscience qu’il va vivre un chouette moment qui lui est entièrement dédié. L’idée est de concevoir cela un peu comme un anniversaire surprise. Exemples : Le matin, les futurs totémisés reçoivent une lettre spéciale (style mission impossible : pour le début de ta totémisation, ton premier défi te sera communiqué dans un endroit spécial. Tu dois te rendre à 10h30 précises près du vieux chêne bordant le village). En fin de veillée, un animateur raconte une histoire qui commence par : « Quand les pères de nos pères se trouvaient rassemblés autour du feu de camp…. » et se termine par « … et c’est ainsi que, comme autrefois, les scouts réalisent quelques défis et reçoivent un totem… ». Pendant un jeu, une épreuve est réservée aux plus jeunes. Oh surprise, cette partie du jeu est en fait l’introduction de leur totémisation ! 2. Des défis, des actions communes à tous les totémisés Ce moment d’aventure est un pur moment d’action. Les activités doivent d’une part être marquantes par leur originalité et d’autre part, symboliser l’accueil dans la grande famille des totémisés. Exemples... Parcours individuel : fabriquer un flambeau, marche au flambeau, photo langage où chacun se rappelle d’un moment où il s’est vraiment senti accueilli, kim vue des accessoires habituels de la troupe… Parcours en groupe « Je découvre les gens » : apprendre une phrase en langue des signes, remettre la photo de l’animal de chaque totémisé de la troupe en lien avec les scouts, réaliser une enquête originale sur l’ensemble des éclaireurs de la troupe… Construction commune en 3D qui doit représenter un morse (l’animal), un scout, le nom de la troupe… Cette construction restera visible pendant l’ensemble du camp. Réussir, en coopérant, 20 missions sur 30 dites impossibles : traduire un très long texte en morse, remplir une bouteille d’eau avec une petite cuillère, copier un texte écrit dans un coin de la prairie sur un panneau situé à l’autre bout sans utiliser de note, remplir un texte à trous, réaliser 50 sauts à la corde par trois personnes simultanément, enlever 2/3 des pièces d’un Jenga…


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Le totem

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3. Une ou plusieurs actions personnalisées Au sein d’un tronc commun, chaque éclaireur bénéficie d’un petit “plus” personnalisé comme un défi, un chant, un texte, un discours, un cadeau, une anecdote... Cette activité personnalisée peut, par exemple, être préparée par la patrouille de l’éclaireur. (La patrouille des Fennecs a fabriqué un super pont de singe pour Jérémy, qui en est fan et lui propose de le parcourir en un minimum de temps). D’autres exemples : Battre tous les éclaireurs à une prise différente. Résoudre 4 énigmes sur 5 (en fil rouge pendant toute la totémisation). Vivre un parcours Hébert attaché par la main à un éclaireur choisi par le futur totémisé. Fabriquer un siège avec trois bois et de la corde. Uniquement par la parole, placer quelques éclaireurs en une forme dessinée par un animateur. 4. Un moment solennel commun La totémisation arrive à son terme. Pendant un moment plus calme, les éclaireurs vont recevoir leur nouveau nom. Cela peut se passer lors d’une petite cérémonie ritualisée dont voici un exemple. Intro Grand sachem : « Nous voici rassemblés pour vivre l’instant final et solennel de ces totémisations. Hugues, Aurélie, Romain… vous venez de vivre des moments qui resteront, je l’espère, gravés à tout jamais comme de bons souvenirs. J’invite maintenant vos CP respectifs à nous dire un petit mot ». Le CP résume les caractéristiques et qualités de l’éclaireur. Un animateur (autre que le grand sachem) fait le lien entre les qualités et les activités proposées. Grand sachem : « Le totem et le quali que vous allez recevoir sont à l’image des activités que vous avez vécues, ils ont été choisis pour vous de la part de l’ensemble de la troupe. Je vous invite maintenant, si vous le désirez, à nous raconter en quelques mots votre ressenti par rapport à l’accueil que nous avons essayé de vous réserver cette année et cette journée spécialement ». Les éclaireurs racontent un moment chouette vécu pendant leur totémisation ou l’année écoulée. Grand sachem : « Recevez donc maintenant votre totem et votre quali, symboles éternels de votre présence à la troupe ». Totem et quali Le totem et le quali sont donnés. Il existe plusieurs formules qui consistent soit en une phrase traditionnelle dite par le grand sachem, soit en une ultime activité réalisée par l’éclaireur pour découvrir son totem et/ou son quali (rébus, oui-non, décodage, objet symbolique avec nom caché…). Final Grand sachem : « A partir de ce jour, vous serez pour toujours à nos yeux…Totems et qualis des éclaireurs... Ensemble, accompagnés pour la première fois par les nouveaux totémisés de la troupe, chantons et dansons la danse des Totems. Que cette danse nous rappelle aussi à chacun notre propre totémisation et ravive les bons souvenirs qui en ont découlé ». La troupe se réunit en cercle et entonne le chant en tournant. A la fin du chant, chacun se tourne les bras croisés en regardant le centre du cercle. Tour à tour, en soulevant ses bras croisés, chacun proclame son totem et son quali. Après que chacun ait parlé, on refait la danse. Qu’ils sont beaux les totems Du fils du hibou Que nos braves Sachems Ont choisis pour nous. Gravés dans une poutre Au bord du Brahmapoutre Ils nous sont passés outre De chez les Hindous. Et vous, et nous. Grand sachem : mot de conclusion et consignes pour la suite. >>>>>


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10 QUESTIONS SUR LE TOTEM 1. Qui doit prouver quoi ? Prenons un autre exemple d’accueil. A supposer que Jules invite Edmond pour souper, il est plus que certain que c’est Jules qui fera les courses, mettra la table, préparera à manger, sortira une bonne bouteille de vin… Bref, Jules se fera le plus accueillant, disponible et sympathique possible. C’est pareil quand la troupe entière accueille les nouveaux pour un “repas” un peu spécial : la totémisation. 2. Des épreuves ? Pas vraiment ! Le mot épreuve implique, pour celui qui les passe, la notion de réussite et d’échec, la notion d’adversité, de souffrance, voire de brimade. Même si le but voulu est de permettre au jeune de se dépasser, cela ne colle pas avec le fait d’accueillir. La troupe doit se décarcasser pour mettre le nouveau au centre d’une action qui lui plait, un défi personnalisé. 3. Est-ce important de se dépasser ? Tout à fait, mais il y a beaucoup d’autres occasions de montrer que l’on sait mordre sur sa chique, que l’on sait faire des efforts, que l’on passe par des moments difficiles… Et ces moments sont naturels (jeux, hike, sport, vie commune…) et pas artificiels (potion, mélange dégeu à avaler...). 4. Pour le totem, on se base sur le physique ou le comportement ? Peu importe au fond. Tant que le totem caractérise l’éclaireur, laissons cette décision à la troupe, à la coutume aussi. Une chose à proscrire cependant : tout ce qui pourrait choquer, embêter, peiner ou mettre mal à l’aise l’éclaireur. 5. Le quali en même temps que le totem ? Là, deux grandes écoles. Certains donnent le quali en même temps que le totem. Le quali est là pour compléter le totem, parce que exprimer toutes les qualités d’une personne en un nom d’animal, c’est court. D’autres donnent le quali la seconde année, parce qu’on connaît mieux l’éclaireur et qu’ainsi le quali lui colle davantage à la peau. 6. Le quali à acquérir ou à “désacquérir” !?! Aucun des deux, un quali est une qualité acquise. Un qualificatif, par définition, est « un mot ou groupe de mots servant à préciser la manière d’être, l’aspect, la qualité d’un être, d’un objet, d’une abstraction ». 7. Le totem se mérite ? Tout le monde peut faire partie de la troupe. Quand un enfant naît, il rentre dans le groupe des Hommes, il reçoit un prénom, sans avoir à le mériter. On ne “rate” pas sa totémisation, tout comme on ne rate pas son baptême religieux par exemple (un autre moment d’accueil). 8. On les appelle comment les jeunes éclaireurs ? Coyote, bleu ou autres sobriquets… ! Pourquoi certains s’amusent-ils à appeler les nouveaux comme cela ? Si c’est symbolique, alors on se demande bien quel symbole ! Si c’est parce qu’ils n’ont pas de totem, alors auraient-ils aussi perdu leur prénom ? Si c’est juste parce qu’on a toujours fait comme ça, alors on peut arrêter ! Si c’est pour humilier, alors c’est intolérable ! 9. Que faut-il éviter ? — Être trop original dans le choix du totem (nom inventé ou complètement inconnu) — Les “private jokes” qui ne font rire qu’une minorité — Finir trop tard le soir. Plus personne ne s’amuse et tout le monde est crevé. A bannir - Tout ce qui amènerait l’éclaireur à être mal à l’aise - Les jeux avilissants - Les vengeances - Tout ce qui est “culcul”, “gnangnan”… Bref, pour des enfants de 3 ans. 10. Peut-il avoir mal ? Cela paraît évident mais “rien n’excuse la souffrance physique ou morale”. Il est arrivé que certaines totémisations, par les traditions, le vocabulaire employé, les épreuves, les rites… aient fait du mal physiquement ou moralement à un éclaireur. C’est inacceptable et interdit. >>>>>


La méthode scoute Les sept éléments

6. La nature

1 La nature, un cadre de vie à privilégier 2 La nature, c’est donc un lieu idéal pour l’action 3 Notre pari : vivre pour aimer

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1

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La nature, un cadre de vie à privilégier

eut-on imaginer passer ses réunions à l’intérieur ? C’est pourtant ce que font nos ministres, les comités de bals et fêtes ou les cercles horticoles ! Comme tout être humain, le jeune a besoin d’air et d’espace. Mais la nature lui offre bien d’autres choses encore, toutes utiles à son développement, toutes particulièrement efficaces pour donner du goût aux autres ingrédients de la recette scoute.

Quelles sont donc les saveurs du terroir “nature” ? Tout au long de l’année, la nature est un formidable terrain d’aventures pour les petits comme pour les grands.

La nature offre aussi une grande aventure intérieure : elle offre du calme pour réfléchir, s’apaiser ou rêver.

Aventure physique, tout d’abord. La nature, c’est grand. C’est un peu difficile aussi : la route est longue, il manque de nombreux ponts au-dessus des rivières, le thermomètre n’est jamais réglé comme on voudrait, cela donne souvent soif ou faim. La vie en plein air met régulièrement nos artistes face à certaines de leurs limites. Seul ou avec l’aide des autres, il faut faire avec, patienter ou trouver une solution : la vie dans la nature demande souvent d’être un peu inventif ! Mais la nature impose aussi des règles non négociables… auxquelles il est intéressant d’apprendre à se plier.

Elle est encore un énorme réservoir d’émerveillement : chacun peut y trouver des endroits qu’il trouve superbes, des arbres qui le fascinent, des tapis de pâquerettes à n’en plus finir... et se sentir tout simplement heureux d’être là. C’est peut-être “bête” mais cela aide à vivre ! Enfin, la nature et tous ses éléments vivants ont le don d’étonner, de rendre curieux, d’amener des questions : d’où cela vient, comment cela marche, qui a pensé à tout cela ? Et l’esprit de chacun travaille à sa manière pour trouver des réponses. Au contact de la nature, Xavier se sent un des éléments vivants d’un vaste ensemble. Le voici face à quelque chose qui le dépasse… il y réfléchit. Il éprouve peut-être aussi une autre vision du temps : dans la nature, il y a des cycles, des saisons qui vont et viennent. Il y a aussi une certaine lenteur : l’arbre grandit sans que je le vois, il était sans doute là avant moi et me survivra peut-être. La nature initie donc à une autre logique que celle de nos sociétés conditionnées par la vitesse et l’immédiateté.

L’esprit d’aventure habite presque tous les garçons, mais cette aventure, il est difficile qu’ils la découvrent dans nos villes surpeuplées. Baden-Powell


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2 La nature, c’est donc un lieu idéal pour l’action

La nature est riche de mille découvertes possibles... à condition que nous y emmenions nos scouts. Les emmener, mais pour y faire quoi au juste ? Facile... de l’action ! Eh oui ! Notre but n’est pas que Nicolas sache identifier les différentes essences de conifères ou les neuf familles de champignons à pois rouges ! La connaissance scientifique, ce n’est pas notre rôle ! La nature est un lieu pour vivre, jouer, dormir ou créer quelque chose.

Mais peut-être ne suffit-il pas de les y emmener : lors d’un bivouac (au sens où nous l’entendons dans le chapitre La découverte) ou simplement sur le chemin du retour du jeu, les inviter à réfléchir à ce que ce cadre naturel leur apporte, à ce qu’ils aiment dans une prairie, un bois, un sentier… c’est encore une occasion pour eux de prendre conscience de leurs découvertes.

3 Notre pari : vivre pour aimer

Et le respect de la nature ? Comment y éduquer ? Le scoutisme fait le pari que c’est en vivant des moments intenses dans la nature que chacun sera amené à l’apprivoiser, à s’y sentir bien et… à l’aimer. Il la respectera alors comme on respecte une personne que l’on commence à connaître ou comme un lieu qu’on aime. Cette éducation par l’action, par le vécu semble plus efficace qu’un long discours de conscientisation, voire de moralisation. Il n’empêche, bien sûr, que des éléments basiques de préservation de l’environnement doivent être transmis : on ne fait pas n’importe quoi parce que cela a telle ou telle conséquence. La nature n’est pas une proie pour l’homme : elle lui a été confiée pour qu’il la préserve. Avec ses expériences, avec ses découvertes, le scout pourra ainsi comprendre que la nature n’est pas une propriété conquise et inépuisablement exploitable mais un dépôt dont nous sommes les intendants responsables.

D’une branche à l’autre Pour le baladin, la forêt, les rivières, les animaux ont vraiment beaucoup d’importance : ce sont les lieux ou les héros de nombreuses histoires qu’il vit ou qu’il entend. La nature lui offre de multiples sources d’émerveillement. Il collectionne volontiers quelques-uns des trésors qu’elle offre. Les jeux de découvertes sensorielles (toucher un arbre, se coucher et, relever tous les bruits entendus, distinguer des odeurs) aident à entrer en relation avec cet univers vivant. A la meute, ces activités sont poursuivies. Elles commencent à prendre une dimension plus forte : on se met à construire des tanières, à marcher plus longtemps. L’émerveillement et la curiosité ont cédé la place à une volonté de comprendre : des ateliers d’expériences ou de réalisations avec les éléments naturels sont idéaux !


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L’éclaireur va vivre encore plus dans la nature : il campe, Le pionnier continuera sans doute cette vie active dans la cuisine sur feu de bois, se lave avec l’eau de la rivière. Il y vit nature. Elle peut être le terrain de choix d’un exploit. Ou de longues aventures ! Il importe de ne pas donner à la natupeut-être y mènera-t-il l’un ou l’autre projet utile à l’envire une image négative ; il faut pour cela lui permettre aussi ronnement : cela lui permet de faire le point par rapport à de profiter de tout ce que la nature apporte à l’homme : le ce lieu, à ce qu’il lui apporte et réciproquement. Mais la calme, le ressourcement, la beauté. Elle n’est pas uniquement nature peut jouer un autre rôle dans son développement : un milieu plein de ronces et de neige ! Et chacun doit elle est un lieu idéal pour s’arrêter, réfléchir, débattre sereiapprendre à trouver son rythme par rapport à elle : quelles nement, se sentir heureux dans l’amitié ou la complicité, sont mes limites quand je marche, quand j’ai froid... La vie penser au rôle qu’on aimerait jouer dans le monde. La natufréquente dans un camp en plein air est aussi l’occasion re… source d’inspiration complice et paisible pour un jeune pour lui d’être informé des règles élémentaires pour éviter qui apprend à faire ses choix, avec tous les tourments que que notre présence ne soit destructrice. Quand Nicolas cela suppose. devenu Puma se lave à grand renfort de savon au milieu de la Semois, il ne devine Peur du noir peut-être pas que les truites Certains ont peur des grands espaces, ont peur du noir, n’aiment pas l’eau à bulles... peur de la forêt. Et ces peurs n’ont pas d’âge. Il te faudra lui dire ou lui expliquer suffaire avec, tenter d’aider un peu celui qui en souffre en fira sans doute ! On peut l’écoutant ou en lui permettant d’apprivoiser un peu aussi aller à la rencontre mieux la nature, à son rythme. Parfois, les craintes d’une personne qui vit réguremontent à un “bon vieux jeu de nuit pour faire peur”... lièrement dans la nature : C’était peut-être pour l’un ou l’autre le premier contact l’agent local des forêts, par avec la nature nocturne... et il fut désastreux, refermant exemple. bien des chemins pour très longtemps. Le monde réel est parfois très étrange pour quelqu’un qui ne le connaîtrait que de loin ou que par écran interposé. Or on n’a jamais guéri personne d’une peur en l’obligeant à l’affronter brutalement.


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Festival d’activités nature Avec les enfants (Certaines activités sont facilement adaptables pour les aînés, d’autres idées page suivante) Observer des insectes, des feuilles, des brindilles dans une petite boîte-loupe (et découvrir leur nom dans un livre pour les plus âgés). Faire un vrai élevage lors du camp (poules, lapins, lombriculture, fourmilière…). Jouer un stratégo suivant la pyramide alimentaire. Chaque enfant reçoit la photo ou le dessin d’un être vivant de nos forêts. Il doit le mimer aux autres. Amener un baladin ou un louveteau à un endroit donné, les yeux fermés. Il peut ouvrir les yeux trois secondes puis on l’emmène plus loin. Il doit alors retrouver l’endroit aperçu. Faire de la confiture de myrtilles qu’on a cueillies soi-même. Se fabriquer un badge avec des éléments colorés de la nature (avec de l’adhésif double-face). Réaliser un moulage avec des objets trouvés dans la nature (on les enfonce dans de la terre glaise puis on verse du plâtre sur le creux obtenu, après avoir “clôturé” les côtés). Fabriquer des parfums (en mettant divers éléments de la nature dans des petits pots hermétiques). Un parcours de 15-20m est semé d’objets fabriqués, certains sont visibles, d’autres pas. Les enfants passent un à un et essayent de les repérer. Fabriquer des instruments de musique ou des marionnettes à partir d’éléments ramenés du bois. Se déguiser et se maquiller avec des éléments naturels pour un jeu d’approche.

Chaque scout sait que, quand il lève le camp, il y a deux choses qu’il faut qu’il laisse derrière lui : 1. Rien 2. Ses remerciements : à Dieu pour la joie qu’Il lui a donnée et au propriétaire du terrain qui lui en a permis l’usage. Baden-Powell


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Festival d’activités nature Avec les adolescents (Certaines activités proposées ci-dessous sont facilement adaptables pour les plus jeunes)

z-nature

quiz rti Veillée ture et plus pa veillée est la na ts er uv co dé é Le thème de la ts qui ont ét en ém él s le t, t rê culièremen p (l’eau, la fo oximité du cam récemment à pr uvent venir du pe s questions Le . ..) x. au im « Copains » an les ou de la série » e rr te de rt dossier « Ve ilan. éditée chez M Komenkicourt On propose plusieurs courses aux scouts. Le but n’est pas d’être le plus rapide mais d’être le plus proche poss ible du temps d’un animal. — Le 1m hérisson : 20 sec — Le saut de la grenouille (départ accroupi donc) : ht 1m ou lg 3m — Le 10 m lapin : 0,64 sec (56 km/h , impossible donc pour l’homme) — ... Test d e compara

ison l’homme et l’arbre entre

Un petit quiz z — Commun : naître, gran dir, respirer, rer, manger, transpiboire, dorm ir, se malade et m ourir. (L’arbre défendre, être mange par se racines, il do s rt car il cess e toute activi pendant quel té ques semaine s d’hiver, il se défend avec ses piquants , ses poisons ombre, ses ra , son cines) — Arbre se ulement : re pousser — Homme seulement : marcher, parl er et agir.

Oukilèlenord Chaque scout doit positionner un bout éde bois sur un cadran commun, repr ie vérif on Puis . nord le lui sentant pour qui es indic les rde rega on et mble ense permettent de le vérifier.

Komen kile

st

Certains végéta ux sont assez impressionnan par leur taille et ts d’autres caract éristiques. L’animateur fait deviner les diffé rents records demandant au en groupe d’essaye r de les visualise On joue à “plu r. s grand ou plus petit” quoi ! — La circonfé rence d’un séqu oia moyen : 30 m — La hauteur de la plus haute jonquille : 1,55 m — La taille de la plus grande feuille de palm 20 m x 3,50 m ier : — La circonfé rence du cham pignon comestib le plus grand : le 2,64 m — ...

Le grand X

de l’écoute

Par 2 ou 3, les scouts s’isolent avec une feuille de papier et un bic. Ils s’asseyent dans la même direction et écoutent. Ils doivent noter ce qu’ils entendent en le situant sur un dessin en X. Après 5 minutes, ils comparent leur écoute.

Le kim des paires L’animateur cache sous un drap 10 végétaux/animaux trouvés sur le site. Il les montre 1 minute aux scouts qui ont 5 minutes pour trouver les objets et faire un montage identique.

Safezcombien Chaque scout doit apport er un ou plusieurs objets recueillis dans la nature pour un poids total de 1kg . Puis on vérifie ensemble et on regarde les indice s qui permettent de le vérifie r.

Chacun

cherche son arbre Les scouts se regroupent par paire. Un scout a les yeux bandés. L’autre le guide (le porte) vers un arbre. Le scout aux yeux bandés doit alors sentir, toucher, prendre un maximum d’informations sur son arbre. Il est ensuite ramené à son point de départ puis, les yeux ouverts, il doit retrouver son arbre. (Un concours n’est vraiment pas nécessaire).

oir

ir Miroir-m ntement avec un le Se promener ntal, tourné miroir à l’horizo é juste au-desvers le ciel, plac erver ainsi les sus du nez. Obs des arbres… nuages, la cime


La méthode scoute Les sept éléments

7. La relation

1 La relation... un ingrédient qui ne manque pas de piquant 2 Nous proposons une relation pas comme les autres 3 Petits problèmes et grandes questions

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1 La relation... un ingrédient qui ne manque pas de piquant Sans une relation de qualité avec chacun de tes scouts, tout ton boulot s’écroule, tout est vide. Il faut d’abord qu’il y ait rencontre entre des personnes, entre toi et tes scouts, pour que les découvertes, les aventures en petits groupes ou l’éveil aux valeurs puissent exister et avoir du sens.

sentiments, de manières d'être. On peut certes se former longuement à la relation, aux modes de communication… Reste qu’à un moment, il faut oser la vivre, oser faire le pas de l’enrichir avec un peu de soi ! Ce défi passionnant n’est pas simple : tu peux y prendre des coups, tu peux en donner aussi. Aucun groupe n’est évident à gérer, aucun enfant ou adolescent n’échappe à des périodes compliquées ou à des réactions décevantes.

La relation, c’est sans doute l’aspect le moins “technique” (mais après tout, les autres le sont-ils ?) de la méthode scoute : tout y est affaire de rapports humains, de passion, de

2 Nous proposons une relation pas comme les autres Tu as bien des atouts dans ton jeu pour offrir une chouette relation à tes scouts : tu es jeune, tu ne te prends pas au sérieux et tu ne ressembles ni au prof de physique, ni à papa, ni à maman. Les scouts trouvent sympa d’avoir des animateurs avec qui on peut parler de choses qu’ils comprennent parce qu’ils sont “ grands sans être comme les grands ”. A la fois ami, grand frère, guide, modèle... , tu vas pouvoir éduquer (si, si, c’est le mot) grâce à une relation étonnante... basée sur au moins huit qualités inégalables.

Un sourire a deux fois plus d’effets qu’un grognement. Une tape sur l’épaule est un stimulant plus efficace qu’une piqûre d’épingle. Baden-Powell

La confiance Pour permettre à chaque scout d’être acteur de ses découvertes, il faut que tu lui laisses de l’air et du temps. Nous devons faire confiance. Et le montrer. Clémence osera alors mener son projet d’arriver avec de nouvelles idées pour le prochain hike de patrouille ! Enzo osera alors se proposer comme gardien lors du prochain match de hand-ball. Les scouts sont par nature assez créatifs, ludiques, entreprenants : à nous de leur dire : “Vas-y ! ”. La confiance, nous l’offrons sans a priori, sans demande de garantie. Il y aura des erreurs... parce que tu auras donné la possibilité de faire des essais. Ensemble, on en discutera, on se demandera comment les choses se sont passées et comment on pourrait s’y prendre la prochaine fois. Comme adulte, ton rôle est évidemment de prévenir le scout des dangers dont il n’a pas conscience. Faire confiance ne veut pas dire abandonner.


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L’attention à chacun

L’authenticité

Chaque scout est unique. Je lui découvre des besoins et lui, de son côté, exprime des envies. Le scoutisme fait le pari d’avoir une oreille très attentive pour tous ces jeunes très différents les uns des autres et absolument originaux. Le scoutisme invite à s’occuper de chacun des membres du groupe individuellement plutôt que de la masse.

Souvent, Aurélien et ses copains t’assaillent de questions. Ils aimeraient savoir comment toi tu vis, ce que tu penses, si tu crois en Dieu, comment tu t’en sors dans les études. Les scouts ont besoin, pour construire leur propre personnalité, de rencontrer des personnes vraies, qui ont aussi des problèmes, des questions, des joies. Grâce à toi, cette rencontre entre des personnes est possible : en acceptant de te dire un peu, en osant exister en dehors de ton animation, en disant tout simplement “je”, tu fais le cadeau de ton estime : tu leur parles “d’Homme à Homme”. Une petite remarque : c’est évidemment très enrichissant pour un scout de te découvrir. Y compris de t’entendre parfois reconnaître ta fragilité, tes doutes. Jusqu’à un certain point toutefois : il a besoin d’une certaine sécurité pour grandir… il n’a pas les épaules assez larges pour te servir de confident ! Et il est clair qu’on ne peut pas tout entendre à n’importe quel âge !

Pour toi, cela veut dire simplement être là, l’oreille disponible. Pour être ouvert aux rêves, aux goûts, aux réactions de chacun. A ses difficultés aussi.

Les repères Il est important d’oser dire “non” à certaines demandes, à certains gestes : un enfant comme un ado a besoin de limites claires pour évoluer. Sans cela, il se sent seul. « Il me laisse tout faire, de toutes façons, il s’en fiche, il n’a pas le temps ». Dans une société, l’adulte est celui qui est garant de la sécurité et de la règle. Il est bien entendu parfois plus facile de laisser faire que d’interdire. Mais les scouts sont les premiers à remercier à leur manière les personnes qui les aident à se situer, à se dépasser ou à se retrouver.

Le sens Un groupe ou un scout a le droit de comprendre le sens de nos décisions, de nos actes, de nos gestes. Cela prend aussi un peu plus de temps... mais tant qu’une personne ne perçoit pas le sens d’un fait ou d’une idée, elle ne peut y adhérer, elle ne peut que se bloquer.

Le positif Tout être humain a besoin de construire une image de soi positive. Il s’appuie sur cette estime de soi pour aller plus loin ou simplement pour digérer le présent. Une partie importante de l’image que nous avons de nous-mêmes provient des réactions des autres à nos comportements. L’animateur scout, par les encouragements qu’il prodigue, joue un rôle énorme pour aider un jeune à s’appuyer sur ses réussites, sur ses qualités. Un scout ne se sentira pas “ nul ” si nous mettons en lumière ce qu’il apporte. Renforçons positivement, cela ne lui arrive peut-être pas tous les jours ! Et quoiqu’il arrive, battons-nous contre les étiquettes négatives, qui enferment le scout au lieu de l’aider à progresser.

Le chef qui est un héros aux yeux de ses garçons tient dans ses mains un levier puissant pour leur développement, mais en même temps assume une grande responsabilité. Baden-Powell

La cohérence L’animateur, pour être un référent crédible, doit avant tout veiller à être cohérent : ses discours sont-ils traduits par ses actes ? Est-il juste ? Cette interrogation est fondamentale dans toutes les relations humaines. Quel exemple de relation suis-je en train de donner ? Il ne s’agit pas de créer ici une culpabilisation générale… mais simplement d’inviter à montrer ce qu’on est de meilleur !

Le respect des autres acteurs de l’éducation Parfois, le scout se confie et cherche des conseils ailleurs que dans sa famille… où cela se passe peut-être sous un climat orageux, à l’adolescence par exemple. Il est logique que la relation que tu proposes et le discours que tu tiens soient parfois très différents de ce que le scout vit avec certains membres de sa famille. Le dialogue avec les parents permet de comprendre certains de ces conflits de valeurs mais il serait vain de vouloir égaliser complètement les terrains : la personnalité se construit aussi par confrontation. L’essentiel reste de ne jamais dénigrer un proche qui, quels que soient ses discours ou ses principes, est important pour le jeune. De même, il est précieux de pouvoir renforcer l’action d’un autre partenaire éducatif : l’école. Un scout qui décroche peut trouver un fameux stimulant en son animateur qui l’encourage à étudier, même si c’est dur et qu’il a envie de faire autre chose.


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3 Petits problèmes et grandes questions Ce n’est pas parce que le sujet est complexe qu’il faut l’éluder. Voici quelques propositions de réponse à des interrogations fréquentes et légitimes d’animateurs scouts.

L’autorité En tant qu’animateur, comment se faire écouter lors d’un rassemblement, au moment d’expliquer un jeu, par exemple. Faut-il avoir l’air particulièrement sévère ? Un jeune doit en effet apprendre à respecter quelqu’un qui s’exprime. On ne peut transiger avec ce principe. Pour être écouté lors d’un rassemblement ou pour que les scouts soient attentifs à tes demandes, la meilleure garantie est l’intérêt de ce que tu dis. Un grand jeu attirant suscitera davantage d’écoute qu’une activité déjà faite trois fois. Après avoir capté l’attention du groupe, tu utilises différents médias pour communiquer : la voix, le regard, les gestes, un panneau, un exemple de prise “ au ralenti ”. Inutile de crier s’il y a déjà du bruit. Demande le silence calmement, attends-le si nécessaire. Les animateurs doivent se montrer solidaires de celui qui s’exprime. On peut se placer à côté des plus turbulents pour les encadrer.

La sanction Quand un scout triche, vole dans un magasin ou pousse un nouveau dans les orties, faut-il le punir ? Cela sert-il à quelque chose ?

L’attitude du chef a la plus grande importance, car c’est en grande partie sur son caractère que ses garçons mouleront le leur. Il faut donc qu’il envisage son rôle d’un point de vue beaucoup plus élevé que celui de ses convenances personnelles, et que, en vue du bien commun, il accepte de faire passer au second plan ses opinions à lui. C’est cela la vraie discipline. Baden-Powell

La sanction permet à une personne de prendre conscience qu’elle a transgressé une règle. Si on laisse tout passer, le risque est grand de créer l’impression d’une impunité pour le jeune ou d’un désintérêt de la part de l’adulte. Le choix d’une sanction doit toujours être proportionnel à la gravité de la transgression. L’objectif est éducatif : la sanction doit aider à comprendre la faute et, si possible, à la réparer. En aucun cas, il ne s’agit de chercher à abaisser, à humilier : cela n’amènerait qu’à une escalade ! Il s’agit de tourner ensemble la page, en retirant quelque chose. Parfois, la réparation n’est pas possible : le scout en faute doit cependant être amené à s’investir dans la consolation de sa victime, au-delà d’un “ pardon ” vécu comme une simple déclaration de circonstance.

Les privilèges Le staff peut-il se garder un bon repas dans une petite pièce rien qu’à lui ? Peut-il s’aménager quelques privilèges : des bonbons à volonté, du coca quand les scouts n’ont que de l’eau, l’utilisation du GSM alors que cela a été “ interdit” ? C’est évidemment notre cohérence qui est ici en jeu. Un groupe scout est une petite communauté qui se définit en principe des règles qui valent pour tous. Chacun de ses membres a les mêmes droits et les mêmes devoirs : se battre pour ce principe, c’est agir pour éduquer à la justice.


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La disponibilité Il est légitime que les animateurs aient besoin de souffler à certains moments ou de tenir réunion. Mais nous devons nous organiser pour offrir un maximum de disponibilités aux scouts. Les moments libres sont de belles occasions de passer du temps avec eux, de mieux connaître certains, de soutenir d’autres un peu en difficulté. La vie commune se gère ensemble. C’est une source de socialisation essentielle dans notre éducation par l’action. Il faut donc construire un esprit collectif. La cuisine est ouverte : c’est un bon lieu pour venir donner un coup de main. Bien entendu, à certains moments, pour des raisons de sécurité, elle n’est plus accessible qu’à quelques personnes. Un staff fort nombreux doit se méfier de la tentation inconsciente de se retrouver très souvent ensemble, sans les scouts. Quand ces moments se multiplient, il est précieux que l’un ou l’autre animateur attire l’attention des autres sur la dérive.

Les secrets et les confidences Un scout fait part à son animateur d’un secret bien embarrassant… qu’en faire ? La confiance que tu offres, tes scouts te la rendent très vite. La leur est aussi précieuse que la tienne. Parfois, des secrets se disent, une connivence s’installe. Hugo n’a sans doute pas envie que tu en parles à ses parents. Il aurait l’impression que

tu parles “sur son dos”, que tu le trahis… alors qu’il vit quelque chose de fort avec toi. Bien sûr, les parents ont le droit d’être informés des aspects fonctionnels de la vie du groupe. Ainsi, quand la sécurité du scout est en jeu (si l’on devient, par exemple, confident d’une situation de maltraitance), certains “secrets” ne peuvent être gardés... et il faut expliquer la situation au scout : on ne peut pas garder une information si lourde, il faut en parler pour que la situation change. Mais pour le reste, ce qui se vit entre les scouts et toi vous regarde… et les parents à qui on l’explique peuvent le comprendre. L’animateur d’unité, adulte reconnu comme tel par les parents, peut t’aider à gérer ces situations délicates.

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Les secrets reçus t’invitent parfois à l’action au sein du groupe. Si un scout te confie, parfois même à demi-mots, que les plaisanteries sur son poids commencent à devenir lourdes, tu peux chercher un moyen de les empêcher ou d’y mettre fin, sans pour autant révéler l’origine précise de ton intervention.

Les extrêmes : timides, agités et grandes gueules Comment réagir face à des enfants timides ou à leur contraire : des scouts qui prennent un peu trop de place ? Chaque scout est une personne unique, qui a droit à sa chance et à sa différence. A nous d’éviter d’en cataloguer certains dans des étiquettes fortes, lourdes et parfois galvaudées. Certains traits de caractère demandent un peu plus d’énergie, de tactique et de temps. Un scout qui s’exprime peu a besoin que les animateurs s’intéressent à lui. Ce n’est pas parce qu’il s’efface qu’il demande à être effacé. La timidité est complexe et vient de loin. Elle s’atténue par la mise en confiance discrète et régulière. Bien plus que par une stimulation rapide du type « Allez, ose ! Aie confiance ! »… qui ne fait en général que renforcer la difficulté. D’autres scouts ont besoin de s’exprimer tout le temps. Ils prennent plus de place. Cela cache parfois un grand malaise… mais nous ne sommes pas psychanalystes. Ces scouts demandent eux aussi un peu de patience. On pourra leur glisser parfois des invitations discrètes à laisser de l’air aux autres; on ne peut en effet les renforcer dans leur envahissement.


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Certains ont un autre besoin : bouger, faire autre chose, repartir sans cesse. Ils ont de l’énergie à revendre. Rien à voir cependant avec l’hyperkinétisme, un terme trop facilement utilisé, qui définit un véritable trouble dont les parents auront parlé si nécessaire. Les enfants remplis de vitalité ont besoin d’espace. Nous pouvons aussi les aider à canaliser ou utiliser leur énergie à travers des activités manuelles, artistiques ou sportives. Et il y a encore tous ces scouts un peu trop parfaits, trop conformes, qui pourraient passer inaperçus face aux “durs à cuire”.

La coéducation Que cherchons-nous avec la rencontre des deux genres ? Depuis 1973, notre fédération a choisi de proposer aux unités de passer en coéducation. La coéducation, c’est plus que la juxtaposition des deux genres. Il s’agit de permettre aux jeunes d’apprendre à respecter le rythme, les sensibilités et les aspirations de chacun. Chaque sexe valorise par exemple très différemment une activité. Pour les unes, un hike sera réussi si on s’est bien amusé et qu’on a bien discuté; pour les autres, il sera réussi si on a fait quelque chose de fort physiquement. En jouant, en mangeant et en s’organisant ensemble, filles et garçons peuvent développer des attitudes positives les uns envers les autres. C’est une proposition : plutôt que de vivre l’un à côté de l’autre, garçons et filles sont invités à se rencontrer dans le respect de leurs différences. Elle demande une utilisation nuancée. Au sein d’une section en coéducation, il est important qu’il y ait des moments où garçons et filles vivent des choses séparément, que ce soient des activités ou des moments d’échanges. D’autre part, il faut veiller à contrer la tendance naturelle à être plus exigeant avec les filles : souvent, on leur demande de prouver qu’elles savent faire autant si pas mieux que les garçons dans des activités conçues à la base pour ces derniers. L’inverse est plus rare…

La peur Une bonne trouille : parfois, ce sont les scouts eux-mêmes qui en redemandent ! Comme si le quotidien n’en offrait pas suffisamment d’occasions. Nombreux sont ceux qui aiment jouer avec leurs limites, émotionnelles notamment. La société valorise beaucoup les émotions fortes. Mais attention : ce n’est pas parce qu’un scout demande à être effrayé qu’il est capable d’assumer la peur commandée. Le scoutisme entend former des citoyens confiants. La confiance ne s’acquiert que par des expériences positives. La nuit s’apprivoise peu à peu, la solitude aussi. La peur ne se guérit pas par la peur… on ne s’habitue pas, on s’enfonce ! Pas question donc d’embarquer des scouts dans des expériences qui pourraient les marquer négativement. Ce serait trop facile pour une équipe de jeunes adultes de “ se marrer ” ainsi sur leur dos. Des activités comme un jeu de nuit simulant un accident ou un enlèvement, par exemple, sont strictement proscrites. Dans une activité avec des enfants, les personnages sont bien fictifs et doivent être identifiés comme tels : c’est un jeu, qui commence par « Il était une fois »…

Leur idole Un animateur peut-il devenir le modèle absolu d’un scout ? Animer, c’est être regardé. Il n’y a aucun doute, aucune échappatoire. Tout animateur est un modèle : il est regardé avec intérêt par les scouts, qu’il le veuille ou non, et sans pouvoir choisir les moments les plus favorables. Les scouts réagissent à son comportement, à ses paroles, à son look. Alexia a été épatée par les quelques mots que Pélican a dits à Nico quand celui-ci a tout claqué sur la table en disant “Je n’y arriverai jamais”. La façon dont il l’a encouragé, c’était impressionnant. Peut-être qu’un jour ou l’autre, elle s’inspirera de ce moment fort pour remonter en douceur, le moral d’une de ses copines de cours... Nous éduquons aussi par notre exemple. Pour qu’il soit source d’enrichissement, nous avons une solide référence : la Loi scoute. Les valeurs qu’elle propose nous appellent à être un modèle positif.


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Si un de nos scouts se met à faire de nous une référence absolue, il est important de l’inviter à chercher avant tout à connaître ses propres goûts, à créer sa propre personnalité. Mais cette phase d’identification fait partie de l’adolescence, elle n’est pas bien grave.

Un contrat peut être passé avec les intéressés. En cas de non respect, il faudra peut-être travailler avec les parents pour aider à résoudre ce problème. Nous ne sommes évidemment pas des thérapeutes mais nous devons aider à mettre en place l’aide nécessaire : l’alcoolisme chez les jeunes, cela existe vraiment !

Un bouc émissaire

Les produits psychotropes

Comment réagir quand un groupe met en œuvre ce mécanisme cruel mais naturel ? Enfance ne rime pas avec innocence. Les enfants et les adolescents sont régulièrement très cruels entre eux. Ainsi, dès 9 ans, un groupe peut mettre un de ses membres à l’écart et lui infliger des souffrances morales ou corporelles. Le bouc émissaire est choisi en raison d’une quelconque différence, physique ou psychologique. Le groupe se donne l’illusion de se souder davantage en s’alliant contre une faible victime. Un éducateur qui repère le phénomène doit intervenir. Sinon, il cautionne. La victime doit se sentir reconnue et protégée. Les coupables doivent réfléchir à leur attitude, au chemin qui les a conduits jusque-là et réparer leur faute, ne serait-ce que symboliquement, en présentant leurs excuses.

Qu’en pense le mouvement scout ? Comment réagir ? Le scoutisme respecte la loi en la matière. Un produit comme le cannabis est interdit. Mais quelle que soit l’évolution des textes légaux, il refuse le recours à des produits qui altèrent l’état de conscience et la manière d’être en relation. Ils sont dangereux pour la sécurité et nuisibles pour le développement de la personne. Comme pour l’alcool, si un groupe de scouts ou un scout est surpris en train de consommer, une clarification des règles s’impose. Un contrat peut être passé avec les intéressés. En cas de non respect, il faudra peut-être travailler avec les parents pour mettre en place une aide nécessaire. Car en tant qu’éducateurs, nous ne voulons pas nous débarrasser de la personne mais l’aider à revenir à une situation de non consommation.

La cigarette L’alcool Est-ce juste un défi à l’interdit ? Un adolescent est comme un bulldozer : il pousse jusqu’à ce qu’un mur plus fort l’arrête. C’est un âge où l’on aime bousculer les interdits. L’alcool est tentant. Le discours ambiant loue une certaine manière de “ faire la fête ”.

Faut-il laisser les scouts “ devenir des hommes ” au prix de leur santé ? Le jeune découvre régulièrement la cigarette dans un des groupes de pairs qu’il fréquente. Il est donc probable qu’un certain nombre fume pour la première fois chez les Scouts.

Chaque groupe peut élaborer, en conseil, sa manière de gérer le Le scoutisme veut former des êtres libres et autonomes, tabac. Les animateurs devront être cohérents par rapport à ces capables de relations vraies. décisions. Mais nous sommes aussi appelés à prendre nos responsabiliIl refuse donc les produits qui Pas simple tout cela… créent des états artificiels. tés dans le cadre de l’éducation à la Il privilégie aussi une relation santé. Le tabac tue, énormément et L’ensemble de la proposition éducative scoute essaie saine avec son corps, avec sa atrocement. Une troupe ou un de contribuer à apprendre à dire librement non à ces santé. Si un groupe de scouts ou poste peut donc être amené à dangers. N’empêche. Alcool, cigarette, joint : il y a de un scout se livre à la consomorganiser une réflexion sur le sujet quoi empoisonner la vie d’un animateur ! La fédération mation d’alcool, une clarification et à mener des actions pour lutter et ses cadres continuent, avec différents partenaires contre cette consommation. des règles s’impose. autorisés, à essayer de t’aider à gérer ces difficultés.


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D’une branche à l’autre : une relation et des besoins en évolution La relation est vitale, la solitude tragique. Le pionnier a autant besoin de cette relation de qualité que le baladin, mais pas tout à fait pour les mêmes raisons ni de la même manière. Plus on avance dans les branches, plus l’écart d’âge entre scouts et animateurs se réduit : cela appelle une certaine adaptation de la relation. Quelques repères pour construire une relation qui participe au développement affectif de chacun…

Avec le baladin Pour un enfant de 6-8 ans, l’adulte joue un rôle crucial ! Le baladin cherche sans cesse son approbation et son affection, comme pour se rassurer en se disant qu’il est “dans le bon”. Car c’est l’adulte qui “sait” (ce qu’il faut faire, comment ça marche, si c’est bien…). En tant qu’animateur, tu endosses donc un rôle de modèle considérable : entre 6 et 8 ans, on ne tient pas encore vraiment compte de l’avis des copains; celui des grands, par contre, est souvent décisif. D’où l’importance de valoriser ton petit scout. Mais aussi de faire attention à tes propos quand tu lui laisses la parole, afin de ne pas l’influencer. Le baladin est encore au début de la construction de son estime de soi. Pour développer une image positive de lui-même, il a d’abord besoin d’évoluer en confiance dans un climat de sécurité physique et psychologique ! Physique : terrain et gîte sûrs et accueillants, calme (le bruit est une des premières sources de stress), activités intenses mais pas périlleuses… Psychologique : limites visibles, règles claires, stables, sensées, tendresse et cohérence des animateurs (ce que je dis, je le fais…), existence de petits rituels, de repères (dans le temps et dans l’espace)… Enfin, tu peux aider ton baladin à grandir en lui permettant d’enrichir sa palette d’expression des émotions : faire des dessins, discuter après une histoire, trouver de nouveaux mots ou simplement “les bons mots”… Tu peux aussi l’aider à faire la distinction entre ce qu’il a le droit de ressentir et les limites dans la façon d’exprimer ces émotions.

Des attitudes-clés ✔ Créer un climat de confiance via un cadre rassurant ✔ Aider à se créer une image positive de soi ✔ Expliquer patiemment en passant par le concret ✔ Aider à s’exprimer librement

Avec le louveteau Dès 8 ans, l’important désormais, ce sont les copains. L’enfant découvre plus profondément les joies et les difficultés de la vie en groupe. Il construit son image de lui-même à partir de celle que lui renvoie le groupe. Il est donc essentiel de créer un bon climat dans le groupe, de le préserver et de l’améliorer, à travers des moments de conseil ou des interventions plus individuelles pour aider chacun à travailler dans ce sens : les animateurs aident à fixer et faire respecter des règles claires de vie commune. Le louveteau, qui a une grande soif de justice à cet âge, appréciera. Les jeux ou les ateliers doivent aussi permettre à chacun de montrer ses talents. Les animateurs valorisent l’accueil de chacun et son respect par tous. Ils encouragent chacun, soulignent régulièrement les qualités et les compétences de chaque louveteau, en privé ou en public. A cet âge, on commence déjà à tester les limites des autres, de l’adulte notamment : on désobéit pour savoir jusqu’où on peut aller. L’animateur rappelle les règles et aide à comprendre que ne pas laisser tout faire est une forme d’attention et de respect; c’est aussi une preuve de confiance dans la capacité du louveteau à montrer un autre visage, à ne pas se laisser entraîner vers n’importe quoi. Mais l’animateur commence aussi à donner aux enfants des clés pour résoudre eux-mêmes des conflits avec les autres : la négociation s’apprend dès cet âge. Cette vie intense avec les autres consomme beaucoup d’énergie. Les enfants de 8 à 12 ans ont vraiment besoin de conditions de vie saines pour aborder sereinement chaque journée (sommeil, hygiènes alimentaire et corporelle, équilibre entre jeux physiques et activités plus calmes).

Des attitudes-clés ✔ Valoriser l’individu face au groupe, devenu essentiel ✔ Permettre d’exprimer ses talents ✔ Construire ensemble des règles claires ✔ Comme adulte, garantir les limites, tenir bon et dire pourquoi ✔ Apprendre à négocier


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Avec l’éclaireur 12 ans est un âge de rupture. L’enfance se termine, la période de transition vers l’âge adulte commence. Le jeune veut prendre ses distances par rapport aux parents. Il recherche l’ami, le confident. Le monde des adultes est perçu tantôt comme hostile, tantôt comme étrange, parfois comme attirant. L’animateur se retrouve donc souvent face à des êtres un peu instables, contradictoires, excessifs : des personnalités en pleine construction, souvent gênées de l’être. Tout change, au prix d’un certain malaise. Les transgressions fréquentes des règles n’en sont pas pour autant admissibles : fermer les yeux sur les bêtises n’aidera jamais personne à grandir. Eviter simplement d’entrer dans une logique agressive, parfois cherchée par l’ado lui-même, dans sa difficulté de communiquer. L’animateur peut jouer un rôle crucial dans cette phase : il offre la possibilité de construire du positif, de prendre des responsabilités et de se sentir reconnu pour ce que l’on est. La troupe peut vraiment être un cadre de plaisir et de joie, un élément un peu stable dans cette vie qui remue. L’adolescent a parfois besoin de se retrouver seul, de respirer en dehors du groupe mais il ne veut pas pour autant se sentir seul, à l’écart. L’animateur a un rôle important pour aider celui qui perd pied dans sa patrouille ; il doit parfois favoriser la réconciliation ou le respect de l’accueil permanent de chacun. Le soutien à apporter aux CP doit permettre que la patrouille soit réellement un lieu où l’adolescent peut développer une image positive de lui-même.

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Avec le pionnier L’adolescent de 16 ans est loin de l’enfance. Il a changé, grandi et va tenter d’y voir clair, d’assumer toute cette évolution. Il reste en recherche de multiples repères. L’animateur Pionniers en est un et doit veiller à la grande cohérence entre ses actes et son discours. Le pionnier a besoin d’un adulte devant lui, pas de quelqu’un qui joue au grand ado pour “ rester cool ”. L’esprit du pionnier est en effervescence, il se pose des tas de questions graves sur la vie. Il a donc besoin d’être rassuré sur la légitimité de ses questionnements, de ses doutes. Le grand ado est aussi titillé par la peur du regard de l’autre : pas facile de s’accepter tel qu’on est devenu. L’animateur peut le rassurer, l’aider à rester en confiance. Il doit être le premier garant qu’on ne cherche pas à le ridiculiser, surtout devant le groupe. Ce groupe est un lieu essentiel pour le jeune : il n’aime pas rester seul quand les autres sont là, il a besoin d’être avec le groupe, parfois sans autre but que de se sentir membre d’un ensemble structuré. L’animateur pousse à l’action et permet de prendre confiance dans la prise de responsabilités au sein d’une entreprise collective. Il doit dès lors éviter d’agir à la place des pios mais plutôt les renvoyer à leurs engagements. Enfin, le jeune de 16 à 18 ans découvre la relation privilégiée et intime avec l’autre, entre tendresse et maladresse, entre amour et déconvenue. L’animateur reste disponible pour rassurer le pionnier sur ses tâtonnements.

Des attitudes-clés Des attitudes-clés ✔ Créer une ambiance de respect permanent ✔ Aider les patrouilles à être des lieux de reconnaissance pour chacun ✔ Ecouter, aider à exprimer mal être et malaises ✔ Considérer le jeune pour ce qu’il est : pas encore un adulte, peut-être, mais certainement plus un enfant ! ✔ Tenir bon, maintenir des limites ✔ Garder son calme, éviter les pièges conflictuels

✔ Etre un modèle cohérent, fiable ✔ Etre disponible pour parler, aider à comprendre ✔ Rassurer sur la légitimité des questionnements et des essais divers ✔ Aider à s’accepter tel qu’on est devenu, physiquement notamment ✔ Pousser à agir, à s’engager, à assumer ses responsabilités


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© Les Scouts ASBL Editeur responsable : Pierre SCIEUR – rue de Dublin 21 – 1050 Bruxelles tél 02.508.12.00 - fax 02.508.12.01 - lesscouts@lesscouts.be

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