Mag40•web

Page 1

nnis e t e v o l e w . w ww

.fr is magazine dE tenn 100% GRATUIT MAI-JUIN 2014

40



www.welov

etennis.

fr

TENNIS MAGAZINE DE 100% GRATUIT MAI-JUIN 2014

40

• editorial •

BE STRONG, BE BORG

33

« Sur terre battue, c’est certain que c’est encore plus difficile, surtout face à Rafael nadal. Mais si je veux arriver à le battre, lui ou Djokovic, il faudra que j’aborde ces matches comme en Australie. » Stanislas Wawrinka, à propos des deux favoris

25-31 34-35 42-43

« S’il y a un tournoi dans lequel je me suis toujours senti parfaitement à l’aise, c’est certainement celui de Roland Garros. Cela tient, sans doute, au fait que j’y ai remporté ma première victoire dans un tournoi du Grand Chelem. C’était en 1974. Par la suite, j’ai toujours eu l’impression d’y jouer comme dans mon jardin. » Björn Borg et le souvenir de son premier titre en 1974 à Roland Garros

« Nadal, Djokovic et Murray sont encore là pour beaucoup, beaucoup d’années. Quatre-cinq ans au moins, à mon avis. Je ne vois pas de joueurs arriver derrière. Eux ont vraiment percé très jeunes. A 18-19 ans, ils étaient déjà dans les 10 premiers mondiaux. Aujourd’hui, il n’y a pas un mec qui est dans cette situation. On dit que le tennis progresse, ce qui est vrai, mais il n’y a pas de joueurs qui sont aussi forts qu’eux. » Richard Gasquet au sujet de la future génération

« Je ne vais pas me mettre de pression, ce n’est pas mon genre, ce n’est pas efficace, sur le court comme dans la vie de tous les jours. Il faut juste que je sois moi-même, que je joue mon jeu... et après on verra » Caroline Garcia, l’outsider tricolore à suivre de près

Diffusion : 40 000 exemplaires dans 800 points en France • Liste des points disponibles sur www.grandchelem.fr • GrandChelem, le magazine gratuit 100% tennis • Fondateur et Directeur de la Rédaction : Laurent Trupiano (laurent.trupiano@grandchelem.fr) • Sur son réseau plus, le magazine est distribué avec le supplément trendy, cosy, Club House (Mettre Logo) • Création artistique et mise en page : Séverine Béchet (SBDesign –Studio Graphique. www.sbdesign.pro) • Responsable Editorial : Rémi Capber (remi.capber@ grandchelem.fr)• Rédacteurs : PaulineDahlem, SimonAlves, AntoineLebrun • Site internet : http://www.welovetennnis.fr • Responsable Business Development : Valérie Fernandez (valerie.fernandez@ grandchelem.fr) • GrandChelem est édité par la société Convergence Media appartenant au groupe The TENNIS FACTORY (www.thetennisfactory.fr), 8 rue Joseph Cugnot, 38300 Bourgoin-Jallieu • Rédaction : 04 27 44 26 30 • Publicité : 06 60 26 37 76 • Photos : SportVision, Chryslène Caillaud

Il existe des moments, dans une existence, qui marquent le temps. J’avais 21 ans, j’étais un étudiant peu assidu à l’université, attendant avec impatience le prochain été. Et, pour cause, le précédent, j’avais eu la chance de faire mes premiers pas de « professeur » de tennis au sein de l’UCPA pour un job estival plutôt euphorisant. Enfin, presque... puisque je m’étais jeté dans la gueule du loup, sans avoir jamais enseigné de ma vie ; j’avais souffert le martyr, bien trop brouillon, peureux et peu aguerri techniquement. Mais, à l’époque, le tennis était encore à la mode et l’UCPA avait besoin de bras. Cette urgence réglée, l’obligation de réaliser leur formation pour pouvoir continuer m’avait été clairement ordonnée. Une formation complètement indépendante de celle de la Fédération Française de Tennis et basée sur une semaine intensive à Bois-le-Roi, en région parisienne. Cette semaine s’était avérée assez dingue, faite de mises en situation sur le court, de jeux de rôles, d’entraînements intensifs. Surtout, elle avait été marquée par un temps fort... L’ensemble des stagiaires-moniteurs s’étaient, en effet, donné rendez-vous face à un vieil écran cathodique, heureusement couleur, pour ouvrir grand les yeux et voir entrer sur le central de Monte-Carlo un beau blond à raquette noire. Borg était là, plus vieux, plus lent, moins fringant, hésitant, presque un Junior. Avec lui, c’était le tennis de notre petite enfance que l’on magnifiait, celui de la première raquette en bois et du paquet en carton de Dunlop Fort blanches, sans pression. Alors, quand j’ai constaté que ce numéro 40 de GrandChelem tombait l’année des 40 ans de la première victoire du Suédois à Roland Garros, je n’ai pu m’empêcher, en tant qu’amoureux éperdu de cette période vintage, de me pencher sur la formidable carrière de celui qui restera à tout jamais la seule rock-star du tennis : Björn Borg. laurent trupiano

le m 41 So rt ie de Gr an dC he Ju ill et 20 14

GRANDCHELEM - magazine d’informations GRATUIT sur le tennis - bimestriel - MAI-JUIN 2014

3


les petits potins Textes de Simon Alves

Deux nouvelles wildcards sur le circuit Federer RENDEZ-VOUS mai à juillet 2014

C

omme une réponse nouvelle à tous ceux qui croyaient qu’enfin, le règne de Federer était au crépuscule de sa longévité. Car, oui, le roi Roger

a encore démontré sa soif de voir son nom perdurer pour encore quelques années… et, ce, même après son retrait du circuit. Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, que se courbe votre échine devant l’arrivée de deux – oui, vous avez bien entendu, deux – nouveaux princes dans la dynastie : Sir Léo et Sir Lenny, troisième et quatrième

ATP

19 au 24 mai Nice (ATP 250) Düsseldorf (ATP 250)

25 mai au 8 juin Roland Garros (Grand Chelem)

du nom, sont venus au monde ce jour de grâce du 6 mai 2014. Deux bambins, jumeaux, donc, qui inscrivent leur patronyme dans le tableau Federer, aux côtés de leurs sœurs, Charlene Riva et Myla Rose. Jumelles, elles aussi. Il faut croire que, sur un court, Roger ne fait jamais rien à moitié. Que dire alors de lui sur le terrain familial où il voit constamment double ? Double… ça donne des idées,

9 au 15 juin

hein ? Et une possibilité infinie de combinaisons tennistiques ! Charlene Riva-Léo, Myla Rose-Lenny et inversement-

Halle (ATP 250) Queen’s (ATP 250)

proportionnel-ou-égal (oui, c’est du délire total). Le fantasme de tout fan du Suisse ne souhaitant pas voir disparaître

16 au 22 juin ‘s-Hertogenbosch (ATP 250) Eastbourne (ATP 250)

des écrans radars ce nom synonyme de tant d’exploits, de tant de talent, de tant d’Histoire. Quel plus beau clin d’œil que d’imaginer l’entrée sur le court Philippe Chatrier, pour l’édition 2040 de Roland Garros, des frères Federer, faisant écho, ainsi, à l’épopée des frères Bryan et celle de leurs sœurs maintes fois vainqueurs des tournois du Grand Chelem, cinq ans auparavant ? Allez, arrêtons-là, on se fait du mal. Félicitations à toi, papa Roger, et fais que nous puissions profiter de toi encore quelque temps avant que ta relève ne soit révélée ! Longue vie au Roi !

23 juin au 6 juillet Wimbledon (Grand Chelem)

7 au 13 juillet Bastad (ATP 250) Stuttgart (ATP 250) Newport (ATP 250)

WTA

Tenniswake.fr, le « bon coin » du tennis est arrivé !

V

oici venu le temps des bonnes affaires ! C’est sur Tenniswake.fr, un site consacré aux petites annonces spécialisées dans le tennis, que ça se passe. Explications avec son fondateur, Mickael Jappont : « En tant que passionné, je me suis rendu compte qu’il manquait un service de ce type. J’ai donc décidé de me mettre au travail et de prendre un peu le site du « Bon Coin » comme exemple. » En fait, Tenniswake.fr offre la

19 au 25 mai

possibilité à tout un chacun de mettre en vente ses produits tennis d’occasion, mais aussi des offres qui touchent tout l’univers de la petite balle jaune,

Nüremberg (International) Strasbourg (International)

continue Mickaël. Cela commence donc par une petite news dans GrandChelem... Il faut dire que le fondateur de Tenniswake.fr a toujours donné un

26 mai au 8 juin

comme les stages, par exemple. « On a mis du temps à mettre en place la plate-forme technique. Maintenant, il nous reste à nous faire connaître ! » coup de main aux projets de The Tennis Factory.

Roland Garros (Grand Chelem)

9 au 15 juin Birmingham (Premier)

16 au 22 juin Eastbourne (Premier) ‘s-Hertogenbosch (International)

Vous cherchez votre voiture officielle ?

S

e déplacer à Paris est un casse-tête. Se rendre à l’aéroport dans de bonnes conditions peut aussi très vite devenir un enfer. C’est pour toutes ces raisons que Ghislain de St Preux a

décidé de lancer sa société de voitures avec chauffeur, en se tournant, notamment, vers le monde qu’il connaît le mieux : celui du tennis – mais

23 juin au 6 juillet

pas uniquement ! « Beaucoup de joueurs font appel à mes services,

Wimbledon (Grand Chelem)

car ils ont compris la plus-value que l’on pouvait leur apporter. J’ai

7 au 13 juillet

leur service. » Comme à celui de GrandChelem, puisqu’Euro Prestige

Bucarest (International) Bad Gastein (International)

« Notre objectif est vraiment de faire comprendre que l’on apporte un

tendance à dire, et sans faire de jeu de mots, qu’on est toujours à Partner vous propose notre magazine sur son réseau de véhicules. plus, notamment pour des clients très exigeants, comme les hommes d’affaires, les sportifs de haut-niveau, les coaches, les agents dont le temps est toujours compté... » En plus, vous le constaterez, si vous avez envie de parler de tennis, les chauffeurs d’Euro Prestige Partner auront toujours une anecdote croustillante à vous raconter !

Euro Prestige Partner : info@europrestigepartner.fr • Tel : 06 62 25 95 17 • Tel : 06 10 48 29 55

4

GRANDCHELEM - magazine d’informations GRATUIT sur le tennis - bimestriel - mai-juin 2014


La vie est un sport magnifique


les petits potins

So Class, So British, So Robson ! Quand le sexy laisse place à la classe, la légèreté et l’élégance. Exit le vulgaire ! Aujourd’hui, le tennis a été mis à l’honneur chez FHM pour d’autres raisons que des courbes généreuses lézardant au soleil de plages paradisiaques. Le magazine blindé de testostérone, créé par les hommes pour les hommes, a délivré son célèbre classement des 100 femmes les plus sexys du monde, en ce début du mois de mai où les arbres bourgeonnent, les oiseaux chantonnent et les amoureux batifolent. Et, surprise, malgré le nombre incessant de jolies femmes qui fourmillent sur le circuit WTA, il n’y a qu’une seule représentante du monde de la petite balle jaune qui y figure. Et pas forcément la plus emblématique… Maria Sharapova, dites-vous ? Que nenni ! Bon, et bien Ana Ivanovic, alors ! Qui ça ? Et Maria Kirilenko ?

Essayez encore… Allez, on vous le donne en mille : ce n’est autre que la jeune et distinguée Laura Robson ! La Britannique de 20 ans pointe, en effet, au 92ème rang des femmes les plus sexys de la planète. Etonnant, non ? Quand on sait qu’elle est très loin d’être la plus provocante du lot... L’un des plus jolis minois de la nouvelle génération, avec sa comparse Eugénie Bouchard, peut désormais se targuer de figurer dans ce classement sans même avoir à se dévoiler outre mesure ! Une leçon d’élégance toute british pour ce petit bout de femme… de près d’1m80. Mais que ces messieurs calment tout de même leurs ardeurs : la belle est encore à l’aube de sa carrière et de sa vie et ne recherche pas forcément d’homme à croquer. Pourquoi ? Parce que, comme elle le dit si bien elle-même quand on lui pose la question : « L’amour ne veut rien dire. »

6

Textes de Simon Alves

Nadal des Caraïbes !

V

oguant sur les flots du succès, la barre dans une main, une raquette dans l’autre, le Capitaine Rafael « Sparrow » Nadal ne connaît pas de limites à bord du Tuiga de Monaco. Tout petit déjà, il avait cette ténacité dans le regard et cette détermination qui faisaient froid dans le dos. Impassible face aux remous de la mer, Rafa se repasse en tête ces moments difficiles, ces moments de joie, ces instants éclatés en fractions de secondes, qui ont marqué son existence. L’abordage de Monte-Carlo, dont il longe les côtes sur ce cliché et où son règne a perduré des années durant, jusqu’à ce que ces marins d’eau douce de Novak « Barbosa » Djokovic et Stanislas « Jones » Wawrinka viennent contrarier ses plans deux saisons d’affilée. « Sacré affront de la part de ces arrivistes qui ont osé souiller mon territoire ! » peste-t-il. Il faudra songer à le reconquérir un jour, en effet… Et puis, il y a aussi cette terre maudite de Miami ! Des années que le pirate majorquin le plus célèbre qui soit s’y casse les dents, malgré les canons qu’il a pu armer et déployer pour la faire tomber entre ses griffes et les multiples assauts donnés contre la « Magic City ». « Magique, mon œil de verre, oui ! », doit se dire Rafa. Heureusement qu’il y a la capitale gauloise. Cette bonne vieille lande prestigieuse... La dernière fois qu’un effronté – un dénommé Roger « Turner » Federer, dit-on – a osé s’emparer des lieux, le corsaire Nadal est revenu plus fort que jamais pour corriger le manant et y installer de nouveau ses quartiers. Un éclair passe dans son regard. Oui, il le sait à présent… il s’en rend compte. Au rythme des vagues fouettant la coque de son esquif, chaque victoire lui revient. Melbourne, par la Baie de Port Philip. Londres, en navigant sur la Tamise. New-York, en s’infiltrant par la River East. Tout est clair. Les triomphes effacent les échecs. Tout a été accompli. Mais que reste-t-il pour satisfaire l’appétit de l’ogre des mers ? « Tout », se dit-il, alors que se hisse la grand-voile. Et le vaisseau s’éloigne vers les rivages de trophées qui n’attendent plus qu’on les soulève...

Masha et Grigou raflent TOUT ! Ces deux là ne font tout simplement plus rien séparément. Même les victoires ! Ah, « Grigou » Dimitrov et « Masharapova » qui se congratulent l’un et l’autre dans un selfie pris en pleine rue après leurs titres respectifs, à Stuttgart pour l’une et Bucarest pour l’autre. Deux trophées glanés la MÊME semaine ! Oui, la MÊME semaine ! Vous avez bien entendu. Ils ne se quittent plus, vous dit-on… Ce n’est plus un couple, mais bien une fusion. Deux êtres aux qualités tennistiques foudroyantes, unissant leurs âmes pour créer un seul et même monstre de ce sport, raflant tout sur son passage, des titres ATP-WTA aux Unes des journaux people. C’est une nouvelle entité qui naît sous nos yeux ébahis, avides d’assouvir leur besoin de déification du quotidien. Il nous faut des dieux ! Il nous faut un dieu ! Celui-ci serait-il le Mashagrigou ? Sorte de divinité iconique, tout droit sortie de la mythologie hindoue et dont le but serait de redonner à l’humanité de la foi en l’amour ? Nous pouvons le croire ! Nous devons le croire ! En tout cas, au sein de la secte des adorateurs du Mashagrigou, on en est persuadés. Hier, le tennis. Aujourd’hui, l’amour… et, demain, le Monde ! Tremblez, nihilistes, vous qui ne croyez plus en rien ! L’espoir naît à nouveau du mélange du blond et du brun, du seigle et de la terre, du yin et du yang. Oubliez les guerres, les conflits, la haine. Car Mashagrigou ne tolère rien de tout ça. Non. Mashagrigou n’est qu’amour, que passion, que désir de répandre la paix partout où il sème

GRANDCHELEM - magazine d’informations GRATUIT sur le tennis - bimestriel - mai-juin 2014

les graines de son charisme inébranlable. Gloire à Mashagrigou, l’espoir d’une vie meilleure !



les petits potins

L’IDÉE CADEAU

Vous avez dit Commedia dell'arte ? A Monte-Carlo, en huitièmes de finale, alors qu’il est menĂŠ dans la seconde manche 4-3 par Jo-Wilfried Tsonga, qui vient de sauver six balles de break, Fabio Fognini pète un plomb... Insultant tout le monde, mĂŞme son père dans les tribunes, il nous rejoue sa version tennistique de la commedia dell’arte. ÂŤ Fogna Âť finit par appeler le superviseur, va presque jusqu’à pleurer sur son ĂŠpaule... Ce dernier ĂŠchoue Ă le calmer. L’Italien ne s’en remettra pas, s’inclinant 5-7 6-3 6-0. RĂŠsumĂŠ en six clichĂŠs signĂŠs Chryslène Caillaud.

La TennisBOX

PLAYERS PARTY

un succès qui perdure Oliver Delaitre a rejoint le team de la Tennis Box. Vous pouvez donc rĂŠserver une sĂŠance de coaching avec celui qui a notamment gagnĂŠ la Coupe Davis en 1991. La TennisBox Olivier Delaitre se dĂŠroule dans le cadre de l’AcadĂŠmie ISP Ă Sophia Antipolis.

C

LUNDI 2 JUIN 2014 À PARTIR DE 23H30

AU

START. EVENTs

TennisBOX

COLLECTION PRESTIGE

COLLECTION PRESTIGE

Rafael Nadal

FenĂłmeno C’est le titre du dernier ouvrage de Patrice El Dominguez. Patrice Dominguez Ce livre s’inscrit dans une collection commencĂŠe l’an dernier avec ÂŤ Roger Federer, le virtuose Âť. Le long de ces 112 pages, Patrice, qui n’en est pas Ă son premier coup d’essai sur la petite balle jaune, tente de comprendre pourquoi le joueur espagnol dĂŠchaĂŽne tant de passions. Sorti Ă la fin du mois d’avril, ce livre est un beau cadeau pour fĂŞter – qui sait ? – le neuvième sacre de Rafa Ă Roland Garros. Humble, disciplinĂŠ, travailleur acharnĂŠ, Nadal, considĂŠrĂŠ, Ă juste titre, comme le meilleur joueur sur terre battue, vainqueur Ă ce jour de 13 tournois du Grand Chelem avait gardĂŠ '%#'2 ' ! " $& %! *%&-$ Grâce Ă Patrice Dominguez, il nous est possible de lever un pan du voile et de savoir comment fonctionne le ÂŤ phĂŠnomène ‌ C’est peut-ĂŞtre la particularitĂŠ des insulaires, la garde rapprochĂŠe du clan familial depuis toujours, totalement dĂŠvouĂŠ Ă la carrière de Nadal, qui peut expliquer cet ĂŠternel acharnement ÂŤ Ă ne pas " $ $ 0 ' !' '$ + &!'& %& " %, &$ ( , &!'& %& & "!'$ ') !' $ / 0 / & '$ ' !$ 0 ÂŤ phĂŠnomène Âť autant de mots pour tenter de cerner le personnage d’exception qu’il est, et Ă l’extraordinaire capacitĂŠ physique et mentale qu’il a de rendre les choses possibles : Travailler 1 $! $ %% $ 1 %'$" %% $ 1 $ ' ' & ' ! $ impressionnant de victoires, il est, comme le dit l’auteur, un )&$ & $$ Un livre hommage, subtil dans son approche et plein d’admiration "!'$ ' !' '$ #' &!' !'$% & $ ' $ &!'& % % & %

La est un produit exclusif en vente uniquement sur :

L’auteur : après avoir ĂŠtĂŠ le grand joueur de tennis que l’on sait, Patrice Dominguez est aujourd’hui consultant et commentateur ÂŤ tennis Âť %'$ 3,$ &% , %

$ , ,( % ! % %& 2 '& '$ de nombreux ouvrages dont Roger Federer, Le virtuose paru aux mĂŞmes , & ! %

El FenĂłmeno

Le Team Player Thierry Ascione Rodolphe Gilbert Julien Boutter Camille Pin

ÂŤ Rafael Nadal, el fenomeno Âť !

Rafael Nadal

Le Team Coach Lionel Roux FrĂŠdĂŠric Fontang Ronan Lafaix Olivier Delaitre

CONCIERGERIE

Couverture : conception - Laurence Torres - photo : copyright : Visionhaus/Corbis - Š Fotolia - Franck Diapo

N’hÊsitez pas, vivez l’expÊrience du haut-niveau

’est une tradition et toujours un succès indĂŠniable. La Player’s Party, organisĂŠe par Start Events, aura lieu, comme d’habitude, au Duplex le lundi 2 juin Ă partir de 23h30. Cette annĂŠe, c’est la marque amĂŠricaine New Balance qui parraine l’ÊvĂŠnement gĂŠrĂŠ de main de maĂŽtre par Franck Boucher. On peut y voir les plus grands champions et il arrive mĂŞme que ceux qui sont encore en course fassent un petit tour pour saluer les amis dĂŠjĂ ĂŠliminĂŠs. La Player’s Party au Duplex est donc devenue un rituel, un peu comme les victoires de Rafael Nadal du cĂ´tĂŠ de la Porte d’Auteuil...

ÂŤ Rafael Nadal, el fenomeno Âť, de Patrice Dominguez, 112 pages, 12 euros

www.kdotennis.com

ISBN : 978-2-7027-1498-0

Code : nadal14

La TennisBox est aussi accessible aux groupes, grâce aux formules Duo, Trio, ou Quattro Coach • Formule Solo : 500â‚Ź • Formule Duo : 350â‚Ź par personne • Formule Trio : 300â‚Ź par personne • Formule Quattro : 250â‚Ź par personne

La Player’s Party, un rendez-vous incontournable !

12 â‚Ź

mardi 13 mai 2014, Ă 10h35

8777 FANS

Fan de tennis ? Viens rejoindre la communautĂŠ We Love Tennis sur Facebook !

8

GRANDCHELEM - magazine d’informations GRATUIT sur le tennis - bimestriel - mai-juin 2014

Rafael Nadal El FenĂłmeno Patrice Dominguez



LE JOURNAL D’ISP Bastien Fazincani est coach à l’ISP Academy. Il vous fait partager son quotidien dans le Journal d’ISP, à chaque numéro.

FOCUS Ces moments « off » qui peuvent vous flinguer un tournoi… ou pas ! Car la gestion des temps morts est bien souvent un aspect crucial des déplacements en tournoi (comprendre par « déplacement » : longue distance/hôtel/pension complète=perte de repères quotidiens). Les temps morts des joueurs, mais aussi du coach, peuvent être, selon ce qu’on en fait et comment on les vit, aussi bénéfiques que destructeurs. J’ai même l’impression que c’est là que se joue 50% de la performance. En tant qu’entraîneur, je me souviens de mes premiers déplacements. Angoissants, au début ! Et puis, l’expérience a fait son job. « Apprends à faire en sorte que le temps glisse sur toi, à lâcher prise, parfois », m’avait dit, il y a quelques années, William. B., un ami entraîneur fédéral, qui avait bien plus de kilomètres que moi au compteur. Et, des moments « off », il y en a un paquet : l’attente d’avant match ou entre deux rencontres, les retards à cause des intempéries ou une partie qui s’éternise... ou, tout simplement, les longues fins de journées en attendant le lendemain.

ISP AWARDS

« Bonjour, je vous présente notre Head Coach. » Votre « aide » quoi ?! »

V

ous avez tous entendu, un jour, ce nom censé désigner le grand manitou des coaches parmi les coaches : le Head Coach. À la Française, on pourrait l’appeler le « Directeur sportif » ou « Manager des coaches ». Notre « Aide Coach » à nous, à l’ISP Academy, c’est Régis Lavergne. Coup de projecteur ! Pour la petite histoire, « Redge », ancien n°17 français et 194 à l’ATP, a été plusieurs années durant co-détenteur du record du service tricolore le plus rapide avec Guy Forget – 215 km/h, tout de même ! Il a ensuite entraîné quelques joueurs du top 100, mais s’est vite écarté du circuit pour suivre son ami d’enfance, Charles Auffray, dans l’aventure ISP, qu’il a intégrée en 2006. Des joueurs, il en a vu passer de tous niveaux, toutes nationalités et de tous horizons. Il a notamment participé à l’éclosion de Benoit Paire, dont il s’est occupé pendant deux ans lors de sa formation à l’ISP. Et, là, je parle pour lui, car Régis est bien trop humble pour le dire, mais ce sont les deux années où Benoit explose en remportant ses premiers gros tournois Juniors, ses premiers Futures et points ATP. Aujourd’hui, il emploie toutes ses forces (et Dieu sait qu’il en a !) à développer chaque jour l’académie sur les courts, comme endehors. C’est lui qui fait le lien entre la partie commerciale et la partie sportive. Ce faisant, Redge a plusieurs facettes et, donc, plusieurs surnoms que l’on prend un malin plaisir à décliner suivant les situations... « Microsoft », pour ses compétences informatiques et la perfection du détail, poussée à l’extrême dans ses tableaux

Excel. « Gmail », pour le nombre d’emails qu’il nous envoie chaque jour, aux coaches, afin de nous donner et rappeler nos missions de la semaine. « HighTof », pour la qualité de ses envois de balles au panier, précision, variété et répétition, ou quand l’homme surpasse la machine... et « Dartfish », parce que Régis est, avant toute chose, un technicien au coup d’œil extraordinaire, capable de vous décortiquer avec la justesse d’un slow-motion un geste qu’il voit à peine une fois sur un court à 60 mètres de lui. La précision de son coup d’œil, Régis va la mettre à profit avec l’arrivée de l’été et des « Summer Camps », dont il va devoir constituer les groupes. Imaginez entre 100 et 150 enfants par semaine, venant de pays différents et n’ayant aucune idée de leur niveau lorsqu’ils remplissent un formulaire d’inscription pour venir faire un stage en France. Des dizaines de paramètres, un véritable casse-tête, à mettre à jour chaque semaine avec les nouvelles arrivées et les nouveaux départs... Malgré tout, à 8h, tous les lundis, « Redge » se lance dans une série de sprints entre les 21 terrains de tennis pour adapter ses groupes en direct-live, sans broncher, sans tergiverser. Autant vous dire qu’à 8h15, les groupes sont déjà modifiés, imprimés en version finale, et que la semaine peut se dérouler sans surprise. En somme, il est exactement à la bonne place. Là où il faut savoir tout faire... et tout bien faire. D’ailleurs, si vous passez nous voir à l’ISP cet été, n’hésitez pas à venir le déranger quelques minutes. Son bureau est juste à gauche, à l’entrée !

Suivez l’ISP Academy sur • Facebook : ISP Academies / ISP Tennis-Golf Academies et tous leurs résultats sur le Forum : www.ispacademies.forumprod.com

10

• Twitter : @ISP_Academies

GRANDCHELEM - magazine d’informations GRATUIT sur le tennis - bimestriel - mai-juin 2014

Pour un coach, la même journée qui se répète sans cesse peut s’avérer usante – les repas, les échauffements, les entraînements, les matches, les séances de récupération, les débriefing... La difficulté, c’est de garder chaque jour la même rigueur, comme si on préparait encore et toujours le premier tour. Cet état d’esprit est primordial car, dans le cas contraire, ça vous pète vite à la figure, comme un jockey trop confiant qui lâcherait les rênes de son cheval avant le dernier virage... et laisserait au hasard beaucoup trop de pouvoir. Il ne faut jamais oublier que les petites habitudes et la répétition des mêmes détails (horaires, routines d’échauffement…) sont la base de la concentration pour la plupart des joueurs. Pour certains, cela peut aller jusqu’à garder la même place au resto, matin, midi et soir. C’est un peu comme s’ils répétaient leurs gammes ; ils restent dans leur bulle, conscients que leur « mission » n’est pas terminée. C’est là que le coach ne doit pas faire de faux-pas. S’il relâche un peu trop le rythme des journées et que les routines ne sont plus aussi cohérentes, le joueur peut très vite sortir de cette bulle et, inconsciemment, développer ce sentiment de « mission accomplie » qui le conduira, très certainement, à un fameux « jour sans ». Ça fait beaucoup de choses à penser, mais nombre d’options sont envisageables. Personnellement, j’essaie de mixer les moments d’échanges et de discussions avec des moments d’action, afin de maintenir un niveau d’intensité mentale et physique et de solliciter l’esprit entre des phases de concentration et de relâchement, de rigueur et de réflexion. Enfin, bien sûr, il y a les temps de repos, où chacun reste tranquille, où l’on regarde un peu les matches, où l’on discute avec les autres joueurs ou coaches – surtout à l’étranger où l’expérience est souvent très enrichissante –, où l’on va simplement s’allonger à l’hôtel en lisant un livre… pardon, une tablette tactile. Quoi qu’on en dise, le repos fait partie intégrante de la préparation. Quant aux résultats, je m’aperçois que, plus on se donne au maximum, mieux on digère les défaites – un peu comme un joueur, en fait. Même si ça tourne au vinaigre, on peut toujours se dire : « Okay, j’ai fait mon job à fond. Que le joueur gagne ou pas lorsqu’il est sur le court, c’est sa part du travail. » On ne peut pas tout contrôler. Aujourd’hui, par exemple, je suis en Croatie pour les qualifications d’un 10 000$, avec deux joueuses. C’est un moment « off », avant le petit entraînement du soir... alors j’écris cet article. Le temps glisse sur moi, je lâche prise... merci William.


GRANDCHELEM FRANCE

Pro Elle Tennis

n’a pas fini de vous étonner Créé en 1993 afin de répondre à la demande grandissante des clubs et des entreprises, Pro Elle n’en finit pas de se développer. Raison de plus pour faire un point sur ce syndicat professionnel qui fourmille d’idées. Témoignages

C

Pour en savoir plus http://proelletennis.com/ Contact • Karla Mraz : kmraz@uniondutennisfeminin.com Tel • 01 47 43 45 48

omme le dit Camille Pin sur le nouveau site internet (www.proelletennis.com), le rôle fondamental de Pro Elle est de proposer aux directeurs de tournois, mais aussi à des organisateurs d’événements, des services leur permettant de réussir leur manifestation. Si le cœur des missions consiste souvent à aider à monter un plateau, Pro Elle présente également de grandes ambitions en direction du monde de l’entreprise, comme l’explique Karla Mraz, agent sportif au sein de Pro Elle : « Le tennis féminin possède des valeurs bien spécifiques que nous nous attachons à valoriser, car elles sont très adaptées au monde de l’entreprise. Je pense, notamment, au dépassement de soi, à la gestion de l’émotion. De plus, depuis notre création, nous avons accumulé beaucoup d’expérience afin de mettre en place des opérations originales et efficaces qui s’appuient sur ces spécificités. » Le pari de l’entreprise est difficile, mais il est évident qu’avec plus de 60 membres, Pro Elle peut monter des événements plus que porteurs : « Le tennis féminin a eu une petite baisse de régime, mais, là, c’est bien reparti », commente encore Karla Mraz. Difficile, en effet, de la contredire, puisque l’équipe de France de Fed Cup est à nouveau dans le Groupe Mondial et que Caroline Garcia semble bien partie pour en être une des locomotives, aux côtés d’Alizé Cornet. « Comme notre homologue masculin, Pro Elle est là pour jouer les intermédiaires en valorisant au mieux ses joueuses, tout en répondant avec précision aux attentes des directeurs de tournois. D’autant qu’on connaît bien leurs problématiques budgétaires ! » Et le budget est souvent le nerf de la guerre, même si Pro Elle le soutient : il faut aussi savoir s’adapter et permettre au tennis féminin d’avoir la visibilité qu’il mérite..

3 questions

à Nathalie Dechy, gérante de Pro Elle D’abord, comment es-tu devenue gérante de Pro Elle Tennis ? Si ma mémoire est bonne, mais je n’en suis pas certaine : en venant assister à une assemblée générale. Depuis, je m’accroche au poste depuis dix ans (rires). Quel est ton rôle, très exactement ? En fait, j’ai été représentante des joueuses à la WTA pendant sept ans déjà, donc je trouvais que c’était aussi bien de m’investir sur le territoire français. Et puis, maintenant que je ne joue plus, j’ai plus de temps pour m’impliquer. J’essaie de donner mon avis sur les décisions importantes prises par l’UTF, l’association des joueuses, qui est très en lien avec Pro Elle. Ce sont souvent des discussions avec Karla (Mraz) ou Camille (Pin) et le bureau de l’UTF. Je vérifie également que notre comptabilité soit bonne et que la société tourne bien. Quels sont les projets de Pro Elle Tennis ? De mon côté, les projets sont regroupés autour de deux ou trois chantiers : augmenter le nombre de tournois partenaires, les garanties pour les joueuses et développer les demandes auprès d’entreprises en recherche de relations publiques ou d’animations tennistiques.

Calendrier

Xavier Lucas, Directeur du tournoi de Tremblay-en-France « Notre prestigieux rendez-vous, assuré conjointement par la municipalité, le club de tennis de Tremblay-en-France et la société Pro Elle Tennis, s’appuie sur les valeurs du tennis, le respect, la convivialité, la tradition… et s’engage pour une cause commune : la promotion et le développement du tennis féminin. En nous allouant les compétences de Pro Elle, nous avons toujours été choyés. Ensemble, nous formons, d’ailleurs, une sacrée équipe (rires) ! » Philippe Lacaze, Directeur du tournoi de L’Haÿ-les-Roses « Depuis plusieurs années, grâce à Pro Elle Tennis, nous avons la possibilité d’offrir à nos adhérents, lors du dernier week-end de notre tournoi, un plateau de joueuses présentant un spectacle tennistique de belle qualité, tout en donnant de la visibilité à nos sponsors et à nos élus. Par ailleurs, cette année, nous avons proposé à quelques-uns de nos jeunes joueurs et joueuses du centre d’entraînement d’échanger des balles avec la gagnante du tournoi, à leur grande satisfaction et celle de leurs parents. » André Klosowski, Directeur du tournoi d’Arcachon « Le Tennis Club d’Arcachon utilise les services de Pro Elle Tennis afin de parfaire le tableau final de son tournoi féminin. Ce dernier compte toujours un minimum de six joueuses numérotées. Grâce à ce partenariat, nous avons la certitude que nous aurons des joueuses de haut-niveau. C’est très sécurisant pour un directeur de tournoi. Cela permet également une communication très en amont du tableau final et remplit nos tribunes. Les finales drainent de 1000 à 1200 personnes autour du 14 août. » Aurélie Jacquot, Tennis Club Ménéhildien : animation des 70 ans du club « Merci à Pro Elle ! Disponibilité, réactivité, rapidité... Grâce à vous, nous avons pu accueillir Camille Pin dans notre club, digne représentante de Pro Elle ! »

Les prochains tournois organisés avec Pro Elle Stade Auxerrois : 20-22 juin Tremblay-en-France : 20-22 juin Trophée Pro Elle Moulins-lès-Metz : 27-29 juin Notre-Dame-de-Gravenchon : 27-29 juin Villeneuve-Saint-Georges : 27-29 juin GRANDCHELEM - magazine d’informations GRATUIT sur le tennis - bimestriel - MAI-JUIN 2014

11


Sergio Tacchini démarre sa stratégie club avec le Lagardère Paris Racing

Le club est le lieu de vie du tennis et la marque Sergio Tacchini l’a bien compris. Après un retour remarqué sur le circuit pro, elle a décidé de s’investir fortement dans les clubs. Une stratégie qui a débuté par un partenariat signé avec le Lagardère Paris Racing. Entretien croisé avec Rémi Garnier, Directeur de la marque, et le Directeur marketing du Lagardère Paris Racing, Romain Lachens. Sergio Tacchini est devenu partenaire officiel du Lagardère Paris Racing. Comment cet accord a-t-il vu le jour ? Romain Lachens (Lagardère Paris Racing) : Ce partenariat s’est conclu rapidement, puisqu’il semblait assez évident pour les deux parties. Nous souhaitions raconter une histoire avec un équipementier qui faisait sens. C’est le cas, avec Sergio Tacchini.

de fin d’année… Nous pourrions aussi faire participer nos joueurs de l’équipe 1 évoluant en 1ère division à une journée d’échanges avec nos jeunes de la compétition. D’un point de vue commercial, les produits sont déjà en vente dans la boutique de la Croix Catelan et remportent un franc succès auprès des membres.

Rémi Garnier (Sergio Tacchini) : Le club est un élément essentiel dans notre stratégie. Tout de suite, il nous a semblé important de pouvoir nous appuyer sur un club prestigieux pour créer une dynamique. Le Lagardère Paris Racing constituait un bel objectif pour nous.

RG : On est au début, mais on a beaucoup d’idées pour intégrer la marque au sein du club et être moteurs sur des opérations innovantes. L’idée est d’échanger et de voir comment réinventer un partenariat marque-club pour faire de Sergio Tacchini plus qu’un fournisseur d’équipements. Notre marque, par son histoire, est en effet légitime pour construire du contenu et proposer des animations performantes.

Le Lagadère Paris Racing est une institution et Sergio Tacchini une marque historique. Ce mariage paraît presque logique... RL : Je ne sais pas si le Lagardère Paris Racing est une institution, mais c’est vrai que le site de la Croix Catelan (NDLR : où se situe le club) est historique, puisqu’il a accueilli, notamment, les premiers Jeux Olympiques de Paris, en 1900. Par ailleurs, vous pouvez régulièrement croiser dans les allées d’anciens joueurs et joueuses comme Françoise Durr, Patrick Proisy, Christophe Roger-Vasselin, Eric Deblicker... Parmi les 5700 licenciés de tennis – pour environ 13 500 membres, au total –, il n’est pas rare non plus de voir s’entraîner Richard Gasquet ou Edouard Roger-Vasselin, qui constituent de véritables exemples pour tous les jeunes en compétition. A partir de là, collaborer avec une marque historique et prestigieuse comme Sergio Tacchini fait déjà beaucoup parler et va tout à fait dans l’esprit du club. RG : Je rejoins Romain dans ce qu’il dit, on surfe exactement sur la même dynamique et on parle le même langage. En nous engageant avec le Lagardère Paris Racing, nous démontrons aussi que Sergio Tacchini est ici pour durer, pour réécrire une partie de son histoire, mais aussi s’appuyer sur une structure performante pour l’élaboration de ses futurs produits. Quelles sont les activations que vous avez prévues ? RL : Sergio Tacchini sera présent par des dotations et de la visibilité sur nos tournois « open », nos animations – des tournois en famille, des doubles sur gazon, la fête du tennis

12

Une ligne de vêtements 100% Lagardère Paris Racing va voir le jour pour l’ensemble du staff ? RG : Il va de soi qu’on a tout de suite conceptualisé une ligne aux couleurs du club, c’était essentiel. Aujourd’hui, environ 70 personnes du staff sont habillées du bleu et blanc du Lagardère Paris Racing. Des tenues seront également bientôt proposées aux joueurs des équipes. Le Lagardère Paris Racing est un petit écrin dans Paris. Vous réfléchissez à mettre en place une compétition ou un événement qui pourrait s’intégrer dans vos stratégies respectives ? RL : Le site de la Croix Catelan s’étend sur six hectares au cœur du Bois de Boulogne et nous avons 45 courts de tennis. Toutes les surfaces du Grand Chelem sont représentées, avec des courts en gazon naturel ! Nous pourrions effectivement envisager de créer un événement avec Sergio Tacchini, un Pro-Am avant Roland Garros, un Future ou un tournoi de jeunes. Voire une exhibition avec les anciens champions habillés par la marque ! Les idées sont là, il ne reste plus qu’à trouver d’autres sponsors ! RG : C’est certain que le lieu s’y prête. Comme nous, le Lagardère Paris Racing a une belle expérience dans l’organisation d’événements de qualité. Nous fourmillons de projets ! Et, c’est un petit luxe, mais nous avons le temps d’avancer tranquillement.

GRANDCHELEM - magazine d’informations GRATUIT sur le tennis - bimestriel - mai-juin 2014

En ce moment, un grand chantier de rénovation du clubhouse est en cours. On imagine que vous avez des idées pour que la prochaine inauguration soit une grande fête ! RL : Nous ferons tout pour que l’ouverture du nouveau clubhouse de la Croix Catelan, prévue pour le dernier trimestre 2014, soit effectivement une grande fête et une fierté pour nos membres. En tout cas, nous avons tout fait pour. Cette rénovation va totalement respecter l’architecture et l’esprit du club : environ 6700 casiers en bois, faits en France, plusieurs espaces de restauration, dont un bar central, une salle de fitness agrandie et équipée de machines derniers cris, une boutique au cœur du club… RG : On attend tout cela avec impatience, car il est certain que ce sera un événement important. Surtout quand on voit les efforts qui ont été entrepris pour cette rénovation ! Cela va être un outil assez extraordinaire, tout à la fois moderne et historique. Là aussi, nos deux marques sont dans le bon rythme.

Le Lagardère Paris Racing comme tête de pont « Le Lagardère Paris Racing est ce qu’on appelle un « flagship », c’est-à-dire un club qui sera leader dans notre stratégie. De toute façon, nous voulons avoir une assise dans plusieurs clubs dont les valeurs se rapprochent de celles de Sergio Tacchini. Cette année, par exemple, nous seront partenaires du Challenger de Bordeaux, avant de signer, en 2015, un partenariat avec le TC Primrose, où se déroule le tournoi. On suit aussi d’autres pistes, car on veut se rapprocher des clubs en général. C’est là que se situe la pratique, où le tennis est actif. On va aussi innover en termes d’offres pour les produits, afin que tous les clubs puissent s’équiper en Sergio Tachinni dans un rapport qualité/ prix imbattable. »

Rémi Garnier, Directeur de Sergio Tacchini



Babolat Play le début d’une formidable aventure ! Lancée officiellement le 15 mai en Europe, la raquette Babolat Play avait été logiquement confiée, au préalable, à des prescripteurs et des ambassadeurs, parmi lesquels des moniteurs de clubs partenaires de la marque lyonnaise. Nous sommes allés à la rencontre de trois de ces « chanceux » pour qu’ils nous expliquent comment la Babolat Play transforme notre pratique et leur façon d’enseigner. Entretien croisé avec Emmanuel Berger, du TC Annecy-le-Vieux, Gil Bauchiere, de l’ASPTT Draguignan, et Olivier Cayla, du TC Marseille. L’arrivée de la Babolat Play dans le club Olivier Cayla : « D’abord, il faut dire que c’est un beau produit. Le choix de débuter l’aventure Play avec une Pure Drive me semble logique, car c’est la raquette la plus polyvalente de la gamme. Dès que je l’ai eue en mains, lors de mes cours, j’ai subi un interrogatoire en règle de la part d’une flopée de curieux (rires) ! Je dirais, tout simplement, qu’une raquette connectée, c’est dans l’air du temps. Naturellement, tous les pratiquants s’y intéressent. » Gil Bauchiere : « Il y a eu beaucoup de curiosité autour de cette arrivée, ce qui est logique, car nous sommes dans un monde de la connectivité. Je n’ai donc pas été étonné de ce succès. Il a quand même fallu que je m’organise pour pouvoir répondre à toutes les attentes : tout le monde voulait la prendre ou la tester ! » Emmanuel Berger : « En ce moment, dans tous les domaines, on voit fleurir des objets connectés. Si, par le passé, tout cela était un peu réservé aux spécialistes ou aux techniciens, on sent bien que cela se démocratise. A Annecy, j’ai bien sûr été interrogé par de nombreux férus de technologie qui sont venus la tester. A la suite de cette vague, l’intérêt est devenu pleinement général. »

L’utilisation de la Babolat Play comme outil pédagogique Emmanuel Berger : « Nous n’en sommes qu’aux débuts, mais il est évident que la Babolat Play offre des possibilités assez importantes à l’enseignant, grâce aux multiples données qu’elle récolte. Elle s’ajoute aux outils que nous avons déjà. Sa vraie force, c’est qu’elle nous permet d’évaluer des progressions et des points à améliorer. Et d’avoir, très vite, des données tangibles pour continuer à travailler dans une direction. » Olivier Cayla : « Il y a une grande précision dans les informations récoltées et une facilité d’analyse et de récupération des données. C’est assez bluffant ! Et c’est rendu possible grâce à l’application qui est très bien faite. Elle est simple, ergonomique, efficace. J’imagine qu’il a dû y avoir beaucoup de boulot, du côté de chez Babolat, pour parvenir à un tel résultat. » Gil Bauchiere : « Dès le début, j’ai pris conscience de la puissance de la Babolat Play. J’ai rapidement voulu tester les choses en situation. J’ai donc instauré un protocole

14

précis. J’ai d’abord pris un groupe de joueurs avec qui j’ai enregistré les données grâce à l’application. Sur une période d’une semaine ou plus, j’ai mis en place des exercices pour améliorer leur zone de centrage ou la qualité de leur lift. A la fin de cette période, je les ai remis en situation avec la Babolat Play pour quantifier les résultats. En gros, et pour faire simple, la Babolat Play m’a servi de laboratoire et cela a été plus que concluant ! »

L’utilité de l’application Babolat Play Olivier Cayla : « L’application est indissociable de la raquette, c’est son prolongement naturel. De plus, elle est très ergonomique, on met peu de temps à l’apprivoiser et à se prendre au jeu. Je sais, d’ailleurs, de quoi je parle, puisque j’ai longtemps été le numéro un mondial de la communauté « Play ». Il faut dire que j’ai un jeu à plat qui favorise une zone de centrage optimale (rires) ! Plus sérieusement, à terme, il est évident que l’ensemble des joueurs Babolat Play vont créer une communauté active, qui se lancera des défis. Quoi que l’on dise, cela va favoriser la pratique. » Gil Bauchiere : « En créant le « Pulse », qui nous calcule un indice suivant plusieurs critères, nous avons en notre possession un outil assez extraordinaire pour constater nos progrès et comparer nos données avec d’autres joueurs. De ce fait, on rentre dans une dimension tout à fait différente, car, si le « voisin américain », qui était juste derrière nous au classement, fait une séance le samedi pour nous dépasser, naturellement, on aura envie de revenir devant lui... et ainsi de suite. L’application est donc puissante pour analyser les données, mais aussi pour se challenger. Et, se challenger, c’est l’essence même du tennis. » Emmauel Berger : « J’aimerais insister sur la qualité de l’application et, surtout, son côté hyper ludique. Si l’on ajoute à cela le fameux « Pulse », on est inévitablement incités à se comparer avec d’autres joueurs, à essayer de progresser, à tenter d’augmenter ses capacités dans les différentes variables, le tout dans un environnement très bien pensé. Du coup, on se prend au jeu. Cela ouvre d’autres perspectives que le simple classement officiel FFT, par exemple, puisqu’on peut se battre à distance contre un joueur à l’autre bout de la planète à travers cette application. C’est quand même assez puissant, quand on songe qu’on jouait encore avec une raquette en bois il y a 30 ans de cela... »

GRANDCHELEM - magazine d’informations GRATUIT sur le tennis - bimestriel - mai-juin 2014

Olivier Cayla

Emmanuel Berger

Gil Bauchiere

La Babolat Play est la première raquette connectée du marché du tennis. Elle a été lancée le 15 mai en Europe, après être sortie fin décembre aux Etats-Unis. La Babolat Play est un modèle de Pure Drive avec une technologie embarquée qui enregistre des données, comme la zone de centrage, le nombre de coups droits, de revers, les effets, leur qualité ou la puissance... L’ensemble de ces informations sont téléchargées grâce à une application disponible sur tous les systèmes d’exploitation de smartphones. Elle est vendue à 399 euros dans un réseau spécifique chez les spécialistes tennis.


A vos chaussures, prêts, glissez! DÉCOUVREZ NOTRE SÉLECTION DE CHAUSSURES SPÉCIALES TERRE BATTUE

GEL-SOLUTION SPEED 2 CLAY

GEL-SOLUTION SPEED 2 TERRE-BATTUE

ZOOM VAPOR 9,5 TOUR CLAY

Nouvelle equipe

NOUVEAU SERVICE CLIENTS CONSEILS TECHNIQUES D’EXPERTS

par des joueurs de tennis pour des joueurs de tennis

SERVICE CLIENTS DISPONIBLE

du lundi au vendredi (09:00-13:00 et 14:00-18:00)

LIVRAISON GRATUITE

SUPPORT CLIENTS ASSURE PAR DES JOUEURS DE TENNIS EXPERIMENTES

spécialisé pour le marché français

GARANTIE PRIX LES PLUS BAS SERVICE DE CORDAGE GRATUIT

à partir de 75 €

Retrouvez toutes nos chaussures spéciales terre battue sur www.tennis-point.fr

www.tennis-point.fr SERVICE CLIENTS

03.68.33.16.51

E�MAIL

info@tennis-point.fr

FACEBOOK

facebook.com/tennispoint.fr


Corner spécialistes

Spécialistes

tennis Après le premier épisode consacré au marché de l’internet, nous avons voulu savoir comment le réseau des magasins dits « spécialistes tennis » était capable de vendre des produits techniques. Pour cela, nous avons rencontré Thierry Granier, gérant de Perf Tennis à Lyon, sélectionné pour distribuer la Babolat Play, et Laurent Lardon, gérant de StringBox à Montpellier, connu pour être un préparateur de raquettes chevronné. Une fois de plus, leurs témoignages confirment que les spécialistes tennis ne volent pas leur dénomination, tant ils sont orientés vers le client et passionnés de la petite balle jaune.

Thierry Granier

« Je ne pouvais pas passer à côté de l’aventure de la Babolat Play ! »

Perf Tennis, Lyon Thierry, vous allez vendre la Babolat Play. Cette raquette connectée est une grande première, comment appréhendez-vous ce lancement ? Plutôt bien (rires), même s’il faut avouer que c’est la toute première fois que l’on va proposer à nos clients un produit aussi technologique. Cela n’est jamais arrivé. Chaque année, les équipementiers de tennis lancent des concepts techniques, mais jamais on a été confrontés à un changement de cette dimension. D’ailleurs, pour être sincère, c’est extrêmement motivant et cela va apporter de la nouveauté. Dans notre discours et notre argumentaire, on va avoir d’autres choses à présenter à nos clients. Je le répète, cette raquette dépasse le cadre de ce qu’on avait connu auparavant. Pourquoi avez-vous fait le choix d’intégrer le programme Babolat Play ? Pour toutes les raisons que je viens d’énoncer, mais aussi parce que je crois à ce produit. Par ailleurs, je pense avoir une clientèle assez réceptive. Cela m’aurait également fait mal (rires) de ne pas participer à cette petite révolution, de passer à côté du phénomène. Perf Tennis est connu pour la qualité de son offre : distribuer la première raquette connectée était inévitable. Mieux, obligatoire !

Vous avez eu une formation spécifique pour ce produit ? A votre avis (rires) ? Evidemment, oui, Babolat nous a familiarisé avec le produit, nous a permis de le tester. Le service commercial a toujours répondu à nos interrogations. En ce qui concerne l’aspect purement technologique et l’application associée à la raquette, là aussi, on nous a accompagnés de façon très précise pour qu’on comprenne tout le potentiel et le champ d’action du produit. La marque a également installé une borne interactive pour rendre la commercialisation plus aisée ? Oui, et c’est un atout considérable, car on sait que l’on possède, à notre disposition, un outil nous permettant de présenter toutes les spécificités du produit, sans aucun problème technique ou de connexion. D’une certaine manière, on va avoir un « corner » Babolat Play, comme cela se fait dans d’autres réseaux commerciaux pour le lancement d’un produit très innovant. Tout cela favorise la commercialisation et notre surface de vente.

n’est pas vraiment normale, donc, au final, ce prix paraît logique. Et puis, il ne représente que le double d’une raquette cordée de haut-niveau, si je suis votre raisonnement. Vous avez des objectifs en termes de volume ? Oui, mais je ne vous les donnerai pas (rires). Plus sérieusement, la Babolat Play est la nouveauté de l’année et elle ouvre de nouvelles perspectives. Le volume n’est pas vraiment le souci premier. Il faut, d’abord, bien expliquer l’utilité du produit. Ce travail est d’autant plus crucial, que d’autres modèles de la marque vont être équipés de cette technologie, à l’avenir. Vous êtes mieux informé que nous ! Sûrement pas, mais je trouverai cette évolution logique. Babolat a commencé avec la Pure Drive, l’Aéro Pro Drive devrait suivre. Enfin, c’est ce que je pronostique. Rendez-vous dans six mois... on en reparlera (rires).

Il va quand même falloir être capable de vendre un produit à 399 euros, soit le double d’une raquette normale... Oui, mais, justement, cette raquette

Les magasins partenaires du Corner Spécialistes Balle de match Responsable : Grégory BINET 16, rue du Sablon 57000 Metz

16

w w w.per f-tennis.com

Perf Tennis Responsable : Thierry GRANIER 96, rue Vendôme 69006 Lyon www.perf-tennis.com

GRANDCHELEM - magazine d’informations GRATUIT sur le tennis - bimestriel - mai-juin 2014

RIVIERE SPORTS Responsable : Hugues RIVIERE 139, rue du 8 Mai45 (La Cousinerie) 59650 Villeneuved’Ascq www.riviere-sports.fr

String Box Responsable : Laurent LARDON 7 avenue Charles Flahault 34090 Montpellier www.stringbox.fr


Corner spécialistes

Laurent Lardon

« Customiser une raquette, c’est avant tout savoir écouter son client »

StringBox, Montpellier Laurent, on a appris que ton intervention dans le « Corner Spécialistes » de GrandChelem 34 avait eu un sacré impact. Ton service de customisation assez inédit semble avoir du succès ! Tu peux nous en dire plus ? C’est exact, on a eu plus d’une centaine d’appels des quatre coins de la France. C’était un petit raz-demarée (rires) ! Mais, comme on veut bien faire notre travail, on a choisi de réorienter des personnes vers des collègues qui étaient géographiquement plus proches. Je pense, notamment, à Hugues Rivière, dans le nord. Par ailleurs, l’été étant aussi synonyme de vacances, certaines personnes, qui étaient dans les alentours pour leurs congés, sont venues spontanément jusqu’au magasin.

limites et, pour les joueurs de très, très haut niveau, je m’appuie sur les compétences de Gaël Cachard, notre consultant. Pour le moment, je gère à fond tout ce qui va jusqu’à la seconde série.

Néanmoins, sur le textile, on ne peut pas lutter avec l’internet, qui peut présenter l’ensemble des collections dans tous les coloris. En revanche, sur les cordages, avec nos 200 références, on est plutôt bien positionnés.

On suppose que tu dois être équipé pour parvenir à réaliser tous les réglages chez StringBox ? Oui, on a une machine que j’ai surnommée la « Custom Machine », même si je sais que ce n’est pas son vrai nom. C’est un très bon outil pour modifier l’équilibre et pour tester l’ensemble des variables d’un cadre. Car on le sait tous, les méthodes de fabrication ne permettent pas que tous les cadres soient au même poids. Et, quelque fois, un écart de 5 à 10 grammes peut changer des sensations.

200, c’est énorme ! C’est un peu comme cela que l’on s’est fait connaître. C’est aussi un marché très vivant, où il y a souvent des nouveautés. Là encore, on s’applique à bien faire tester les nouveaux arrivants pour ne pas commettre d’erreurs.

Tu privilégies donc toujours le contact... Customiser une raquette, cela ne se fait pas comme ça. Il faut bien comprendre ce que recherche le client et, surtout, ce qu’il est possible de faire. Le moment du dialogue est primordial si l’on veut répondre aux attentes avec précision, car l’objectif est de trouver des solutions. Même si, je le répète, ce n’est pas parce qu’on joue avec une raquette customisée que tout va changer. Les progrès passent essentiellement par l’entraînement physique et tactique. Mais c’est vrai que le matériel a de l’importance et c’est ce qu’on essaie, chaque jour, d’expliquer à nos clients.

C’est là que vous intervenez ? Oui, et dans d’autres situations, aussi, comme cela s’est passé avec l’espoir féminine Jade Suvrijn (NDLR : 354ème mondiale à 19 ans). Jade se plaignait que sa tête de raquette passait trop vite, ce qui engendrait souvent des « bois » ou des frappes décentrées. On a cherché avec elle et on a trouvé la solution en changeant légèrement l’équilibre. On est super fiers d’avoir pu l’aider, car on est persuadés que Jade va aller loin.

Tu deviens un peu un deuxième Jean-Jacques Poupon (préparateur des raquettes des équipes de France de Fed Cup et de Coupe Davis) ? Je progresse jour après jour, mais j’en suis encore loin et, d’ailleurs, ce n’est pas mon objectif. Je connais mes

Extreme Tennis Responsable : Jérome Decock 33 rue Marceau Martin 59128 Flers en Escrebieux www.extreme-tennis.fr

Tennisland Responsable : Antony FACONDINI 2, quarter rue de l’Epinette 77340 Pontault-Combault www.tennisland.fr

Un marché toujours dominé par le Luxilon... Chez nous, le Luxilon Big Banger Alu est un best-seller, c’est indéniable. Et le boyau ? Et bien, il revient en force, car on pose de plus en plus d’hybrides. Là, je peux vous dire qu’on fait très attention, car un boyau, cela se bichonne. Et je sais ce que je dis, puisque j’ai fait partie du team Tecnifibre lors de l’Open de Monte-Carlo.. Encore dans la lumière, décidément ! Ce fut une belle expérience, comme celle à l’Open Sud. Tout cela me permet de progresser, c’est une certitude.

Des appels, des espoirs qui vous sollicitent... StringBox grandit ! On est comme nos collègues, on aime ce sport et on aime notre métier. Et, je le répète, ce qui est important, c’est le contact, la proximité. Il s’agit vraiment de favoriser la pratique auprès de tous, des débutants, comme des joueurs confirmés. Les affaires vont bien, alors... Disons que, sur le secteur des raquettes, on ne se plaint pas.

Pro Shop Montreuil Responsable : Alexandre Ave/Lorenzo Schaeffer 158 rue de la Nouvelle-France 93100 Montreuil www.proshopmontreuil.fr

GRANDCHELEM - magazine d’informations GRATUIT sur le tennis - bimestriel - MAI-JUIN 2014

17


18

GRANDCHELEM - magazine d’informations GRATUIT sur le tennis - bimestriel - mai-juin 2014


lb kg

GRANDCHELEM - magazine d’informations GRATUIT sur le tennis - bimestriel - MAI-JUIN 2014

19


GRANDCHELEM FRANCE

Alain Solves

« Le nouveau CNE sera un outil ultra-performant »

À proximité du stade de Roland-Garros, un autre chantier a déjà débuté, celui du nouveau Centre National d’Entrainement (CNE). Raison de plus pour faire un point sur la genèse de ce lieu d’excellence qui sera ouvert en septembre 2015 avec Alain Solves, directeur technique national adjoint à la FFT. Pourquoi la FFT avait-t-elle besoin d’un nouveau CNE ? Le nouveau stade de Roland-Garros avait besoin de place et l’actuel CNE, bâti il y a plus de 25 ans, souffrait de son «âge». Il est apparu assez logique de penser à déménager. On a donc réfléchi à un nouveau centre, mieux adapté aux exigences modernes du tennis de très haut niveau. Avec l’ancienne équipe de la DTN dirigée par Patrice Hagelauer et Jean-Claude Massias, toute une réflexion a été engagée pour aboutir aux plans qui ont été validés aujourd’hui. Il y a eu bien sûr un travail de concertation qui a été conduit en amont pour parvenir à faire des choix cohérents et justes à la fois en termes de logique d’espace et d’outils technologiques. Aujourd’hui, alors que le chantier a commencé, notre responsabilité avec la direction Logistique, Travaux et Sécurité de la FFT est de veiller au bon déroulement des travaux dans le respect de notre environnement et des plans établis. C’est un vrai plaisir de voir chaque jour se construire ce nouveau centre. Il est clair qu’il va changer notre façon de travailler. Justement, pouvez-vous nous expliquer à quoi va ressembler le futur CNE une fois sorti de terre ? L’accent a été mis sur la conception d’espaces ouverts, de lieux de vie et d’échanges pour que l’on puisse tous communiquer. Le CNE actuel ne permettait pas autant d’émulation. Une grande halle regroupant 6 courts sera notamment construite. Les bureaux de la DTN et les services d’encadrement sportif seront implantés sur 3 niveaux le long de cette espace, en lien direct avec les courts pour renforcer la proximité au quotidien entre sportifs, entraîneurs et encadrement. Ces terrains seront en résine, tout comme les quatre courts installés en extérieur. Pour pouvoir s’entrainer sur terre battue, on aura bien sûr les courts de Roland Garros. Le CNE abritera de nombreux espaces verts pour séparer les différentes zones, notamment un jardin intérieur entre les courts et le bâtiment dédié à la préparation physique et technique.

20

Il semble aussi qu’il y aura un court technologique très pointu... Effectivement, il nous est apparu indispensable de nous doter d’un court « intelligent » doté de nombreuses caméras fixes et mobiles et de multiples outils de mesures. Le véritable avantage est d’avoir une régie directement «intégrée» pour pouvoir facilement et immédiatement analyser les images et données enregistrées (trajectoire de balle, impacts sur le sol : vitesse, longueur, hauteur, zones…). Cet outil est une vraie avancée, et cela va nous permettre d’être encore plus pertinents dans nos approches techniques d’autant que, j’ai presque envie de dire ; il suffira d’appuyer sur le bouton « on ». En réduisant le délai entre le jeu et l’analyse nous gagnerons en efficience. On sait que le CNE actuel souffrait d’un manque d’espace et de lieux dédiés à a formation et à l’accueil des cadres. Comment avez-vous appréhendé cette problématique dans votre projet ? Ce fut effectivement un point important de notre réflexion. La capacité d’accueil sur le site actuel est assez limitée. Là aussi, avec le futur CNE, on aura plus d’espaces et de moyens dans les salles de formation. L’accent a été mis également sur le confort des lieux de réunion pour qu’ils soient plus conviviaux. Cela sera complété par un court dit central offrant une belle tribune d’environ 150 places conçue comme une sorte d’amphithéâtre. De plus, la capacité d’hébergement a elle aussi été améliorée puisque le futur CNE possèdera une cinquantaine de lits. Cette capacité et qualité d’accueil nous donne plus de latitude et de flexibilité pour organiser des stages. Un centre technique moderne ne se conçoit pas sans espaces médicaux et matériels de soins de dernière génération. Avez-vous là aussi des nouveautés à nous annoncer ? Ce paramètre essentiel est au cœur de notre projet, d’autant que dans ce domaine il y a eu ces dernières années de nombreuses innovations. Nous aurons bien sûr plusieurs salles de soins, de musculation avec du matériel dernier cri mais aussi la possibilité d’utiliser la cryothérapie comme cela se fait déjà à l’INSEP. L’idée est de proposer la «palette» complète de ce qui se fait de mieux

GRANDCHELEM - magazine d’informations GRATUIT sur le tennis - bimestriel - mai-juin 2014

en terme de récupération pour que nos athlètes soient dans un environnement d’ultra performance : salles d’échographie et de kinésithérapie, espace de balnéothérapie avec un bassin de 30m2, bains chauds et froids, hammam, sauna, et salle de repos avec des lits à eau massant et donc, une salle de cryothérapie à corps entier. Nous disposerons enfin d’un atout considérable, une salle d’hypoxie, qui confère un avantage technologique au nouveau CNE en matière d’équipements liés à la pratique du sport de haut niveau. Cet emplacement a fait beaucoup de bruits notamment parce qu’il existait un stade omnisports qui servait pour des écoles, collèges, lycées... La démarche de la FFT, en coopération avec les acteurs publics responsables et après des phases de consultation auprès des riverains, a été de proposer l’aménagement de nouveaux équipements pour maintenir la diversité de l’offre sportive existante. Les équipements de l’ancien stade Georges Hébert, où est construit le CNE, ont été intégralement réimplantés sur les pelouses de l’hippodrome d’Auteuil dans un environnement privilégié qui proposera entres autres : un terrain de football, une piste d’athlétisme, un terrain de rugby… Sur le CNE, un terrain d’éducation physique (TEP) à l’usage des scolaires et clubs du quartier est en phase de construction, avec terrains de handball et basket, piste d’athlétisme, etc. Les courts extérieurs seront mis à disposition du public à hauteur de 3 000 heures par an. Enfin, différentes mesures ont été prises pour réduire au maximum les nuisances du chantier pour le voisinage. Le futur CNE a été pensé comme un véritable lieu de vie, ouvert sur son quartier On vous sent réellement impatient.. S’il y a un peu de nostalgie à quitter notre site historique, l’excitation prédomine. On aura bientôt à notre disposition un nouvel outil, plus fonctionnel, moderne et performant. Cette « nouvelle maison du tennis français » constitue un atout majeur pour le développement et le rayonnement de la FFT.



*La meilleure défense, c’est l’attaque

Pour les joueurs offensifs


Tecnifibre,

lance son OTR Camp Début avril, la marque française a invité six joueurs de son team pour cinq jours d’entraînement au sein de l’académie ISP, à Sophia Antipolis. Le On The Road Camp était né, avec Guillaume Peyre comme conseiller technique.

R

éunir des champions n’est pas toujours chose aisée, surtout quand on connaît le calendrier chargé de chacun d’entre eux. Mais, chez Tecnifibre, ce n’est pas un obstacle. Guillaume Ducruet, sports marketing manager de la marque, le confirme : « La saison dernière, on avait fait un coup d’essai avec Janko Tipsarevic et des espoirs, cela s’était très bien passé. Du coup, cette année, on a décidé d’élargir le concept, en conviant tous les membres du team. Tous n’étaient pas disponibles car en tournoi ou blessés ; mais, au final, six ont répondu présent, ce qui est plutôt bien. » Un groupe assez hétérogène, venu des quatre coins de la planète. Pour les encadrer et gérer un programme chargé, Tecnifibre avait décidé de donner les clefs à Guillaume Peyre. Un choix judicieux quand on connaît l’expérience et les qualités humaines de ce coach de renommée internationale. D’ailleurs, le Français a rempli son rôle avec tout le sérieux qu’on lui sait : « C’est une très belle initiative de la part de Tecnifibre. C’est même assez rare de voir une marque s’impliquer autant auprès de ses ambassadeurs. Ce qui a été positif dans ce stage, c’est qu’on a pu créer un véritable esprit

de groupe, échanger, partager des expériences, mais aussi faire un bilan des points à mettre en place pour continuer à progresser », commente Guillaume Peyre. Logiquement, Tecnifibre a aussi profité de ce On The Road Camp pour faire tester des prototypes de raquettes et cordages. Car, pour Guillaume Ducruet, « cette semaine était avant tout un stage de haut niveau, mais également une occasion d’impliquer les athlètes dans le développement des produits ». « Notre volonté est d’accompagner nos athlètes, de leur prouver que nous sommes à leurs côtés pour qu’ils puissent encore s’améliorer. De plus, certains n’ont pas toujours les moyens d’être suivis de près toute l’année ; ce stage leur a permis de faire un état des lieux, d’éclaircir certains doutes ou de réaffirmer certaines certitudes. » Des doutes qu’il est souvent impossible de lever lorsqu’on baroude sur le circuit en recherche de confiance, de points ATP et de victoires. « Même si je me suis attaché à ce que ce soit dense et intensif, j’avais décidé avec Guillaume Ducruet que la semaine se déroulerait dans une ambiance avant tout conviviale », commente Guillaume Peyre. Cela a plutôt bien fonctionné

entre les six athlètes, qui ont aussi eu le droit à certains petits privilèges du Sophia Country Club, l’hôtel qui les accueillait. « Performance ne veut pas dire restriction, donc nous avions préparé quelques surprises, comme un tournoi de Padel. En fait, on voulait vraiment que cette semaine puisse permettre de tisser des liens entre les joueurs de notre team. Je suis certain qu’ils auront tous ces bons moments en tête lorsqu’ils se retrouveront sur le « tour ». Et, même si ce n’est pas forcément à une marque de créer ce type d’émulation, cela correspond bien à l’état d’esprit de Tecnifibre. » Un état d’esprit qui pousse décidément la marque française à innover toujours plus dans la fameuse relation sponsorambassadeur. Le OTR Camp a donc été une première réussie qui devrait en appeler d’autres : « On y pense, oui, car le bilan a été plus que positif. Tous les joueurs présents m’ont déjà confirmé qu’ils voulaient revenir. » Un bilan forcément encourageant pour Tecnifibre, qui confirme que s’occuper de ses ambassadeurs, c’est aussi leur offrir des opportunités, être proches d’eux, les soutenir. Et, surtout, ne pas se focaliser uniquement sur leur classement ATP.

témoignages Jules Marie 22 ans • France • ATP ranking : 258

Denis Istomin 27 ans • Ouzbékistan • ATP ranking : 33

« Merci à Tecnifibre pour cette semaine. C’était une très bonne initiative, avec à la fois la possibilité de s’entrainer dans de très bonnes conditions, et surtout de partager notre expérience avec d’autres joueurs et coachs, ce qui est plutôt rare dans notre sport (individuel). En ce qui me concerne, je suis vraiment satisfait car cela m’a permis de me régler sur terre à un moment de ma carrière où je commence à rejouer sur cette surface. Je me suis aussi bien réglé au padel, attention à la prochaine fois (rires) ! »

« J’ai vraiment apprécié cette semaine d’entrainement avec les autres joueurs du team. Nous étions dans des conditions idéales pour nous préparer sur terre. Cela m’a permis de m’entraîner avec différents partenaires mais aussi de partager des moments hors des courts. C’est toujours enrichissant de discuter de nos expériences. On se sent soutenu et accompagné par notre équipementier, c’est un vrai plus dans la carrière d’un joueur ! »

Les six joueurs présents à l’OTR Camp Denis Istomin, Marius Copil, Jules Marie, Marton Fucsovics, Dino Marcan et Jeroen Vanneste.

GRANDCHELEM - magazine d’informations GRATUIT sur le tennis - bimestriel - MAI-JUIN 2014

23


cOLLECTION 2014

www.storerolandgarros.com

FFT/Direction du Marketing et de la Communication - Photographie : Thierry Le Gouès - Direction artistique : Bang Bang

Boutique Roland-Garros 2, avenue Gordon-Bennett 75016 Paris


ROLAND GARROS • 2014

Au sommaire 26-27 : Borg, le révolutionnaire • 28-29 : Borg, icône mondiale • 30-31 : Borg, d’hier à aujourd’hui • 32 : Roland Garros, à qui la victoire ? • 33 : Stanislas Wawrinka : « Cette édition de Roland Garros sera très ouverte ! » • 34-35 : Richard Gasquet : « A Roland Garros, je peux et je veux faire mieux » • 36 : Kenny de Schepper : « Le tout, c’est quand même d’être heureux ! » • 38 : Un héritier à Gaston Gaudio ? • 40 : Au plaisir de ces Dames ! • 41 : Elina Svitolina : « Dans le tennis féminin, tout est possible si l’on est travailleuse » • 42-43 : Caroline Garcia : « Je ne me donne pas de limites... » • 44 : Monsieur Ronald Agenor

40, c’est l’âge de la raison

I

l est toujours difficile de trouver la Une de GrandChelem, surtout quand arrive, chaque année, à la même heure, le tournoi de Roland Garros. Heureusement, le hasard fait bien les choses. Et, comme l’aventure du magazine GrandChelem est merveilleuse, notre numéro 40 coïncide presque naturellement avec les 40 ans de la première victoire de Björn Borg sur l’ocre de la porte d’Auteuil. Pour cet événement quelque peu exceptionnel, nous avons donné carte blanche à l’artiste Grégory Berben. Grégory, longtemps classé seconde série, est connu dans le tennis, puisqu’il a déjà créé le trophée de l’Open de Nice, en 2012. Pour fêter notre 40ème numéro et le 40ème anniversaire de la victoire de Borg, il a choisi d’insister sur le fameux regard du Suédois. Et ce n’est certainement pas par hasard qu’on surnommait Björn « Ice Borg »... Maintenant, notre challenge est d’offrir à Björn Borg le tableau qui a permis de réaliser cette Une historique, et de vous permettre, à vous, lecteurs, d’en savoir un peu plus sur la carrière de ce joueur dans notre dossier spécial Roland Garros. Un joueur qui a complètement bouleversé le tennis tant économiquement, que socialement.

Pour en savoir plus sur Gregory : www.gregoryberben.com

Borg et Roland Garros, La victoire en 1974 « Contre Orantes, je ne partais pas favori. L’année précédente, je m’étais, cependant, fait remarquer en passant trois tours en dépit de mon jeune âge. Mais mon parcours exceptionnel l’année suivante n’en a pas moins surpris tout le monde, moi le premier. Le public a pris fait et cause en ma faveur. J’étais le jeune joueur inconnu qui venait défier un des meilleurs spécialistes de la terre battue, grandissime favori de l’épreuve. Ma victoire au cinquième set m’a acquis le soutien du public parisien pour longtemps. »

Au sujet de Roland Garros « S’il y a un tournoi dans lequel je me suis toujours senti parfaitement à l’aise, c’est certainement celui de Roland Garros. Cela tient, sans doute, au fait que j’y ai remporté ma première victoire dans un tournoi du Grand Chelem. C’était en 1974. Par la suite, j’ai toujours eu l’impression d’y jouer comme dans mon jardin. Chaque année, je retrouvais avec le même plaisir le court central. Mes sensations étaient d’emblée si bonnes que j’avais l’impression de n’avoir jamais quitté Paris et d’avoir passé l’année à m’entraîner sur cette terre rouge. L’un des tournois les plus durs... Il faut être capable de jouer cinq sets sur cette terre battue, ce qui donne souvent lieu à des matches marathons. Sur le plan physique, c’est le tournoi le plus exigeant du monde. Tenir le coup pendant deux semaines relève de l’exploit. »

GRANDCHELEM - magazine d’informations GRATUIT sur le tennis - bimestriel - MAI-JUIN 2014

25


BORG • LA SAGA

Quand Björn Borg débarque sur le circuit, on ne sait pas encore qu’il sera à l’origine d’une véritable mutation du tennis. Révolutionnaire pour certains, fossoyeur d’un certain tennis pour d’autres, Björn Borg a changé la donne techniquement, physiquement et tactiquement. Pour mieux comprendre ce phénomène, nous avons rencontré deux témoins de choix : Jean-François Caujolle, Directeur de l’Open 13, et Patrice Dominguez, consultant bien connu, tout deux ex-joueurs. Entretiens réalisés par Laurent Trupiano

Björn Borg en 6 dates 1965

1970

1972

Il débute le tennis à l’âge de neuf ans Première rencontre avec Lennart Bergelin Premier match en Coupe Davis, à 15 ans

1974

Première victoire à Roland Garros

1978

Premier doublé Roland GarrosWimbledon

1983

Annonce l’arrêt de sa carrière

L’invention du lift

Le premier coach moderne

Un nouveau tennis

Jean-François Caujolle « Borg a cassé tous les codes. Il a aussi profité, d’une certaine manière, du travail de visionnaire de Philippe Chatrier, alors à la tête de la FFT et de Roland Garros. Il a coupé avec la génération de Ken Rosewall, Rod Laver, etc. Et a changé la manière d’envisager le tennis, que ce soit par son look ou par son jeu. C’est lui qui a inventé le lift, par exemple. En fait, je n’ai jamais été fan de son jeu. Je pense, d’ailleurs, qu’il est en partie responsable de la mort du jeu à l’Australienne ou à l’Américaine sur terre battue, c’est-à-dire un jeu porté vers l’avant, la prise de risques, les montées au filet. »

Jean-François Caujolle « En plus d’avoir inventé le lift, il a aussi été le premier à comprendre qu’il ne fallait rien laisser au hasard. C’est lui, le premier, qui a eu un coach personnel. D’ailleurs, on peut aussi dire qu’il a inventé le concept du coach car, avant cela, il n’y avait que des entraîneurs d’équipe. Finalement, cela fait beaucoup de changements... Je dirais que Borg a posé les fondements du tennis post-moderne. Par sa méthode, ses approches de la compétition, mais aussi son comportement sur le court, il a changé tous les repères qui existaient. »

Jean-François Caujolle « Borg a lancé un mouvement et, donc, des clones. Même si le temps fait toujours son effet, autant vous dire qu’on ne riait pas trop dans les tribunes lorsqu’on avait un duel Vilas-Borg... Par son jeu et sa tactique, il a annihilé toutes velléités offensives. Pendant un bout de temps, on a eu un tennis monolithique, avant que McEnroe arrive, le pousse et que d’autres viennent le bousculer. »

Patrice Dominguez « Borg, c’est évidemment l’invention du lift, mais aussi du revers à deux mains. Ce geste lui vient du hockey sur glace, qu’il a pratiqué dans sa jeunesse. Par la suite, personne ne l’imitera vraiment, même si le revers à deux mains est devenu la norme sur le circuit. J’aimerais aussi parler de son coup droit, car il était très innovant pour l’époque. Il avait un fouetté... Cela me fait forcément penser à un autre champion, plus actuel, Rafael Nadal. D’ailleurs, il y a beaucoup de Nadal en Borg, ou plutôt de Borg en Nadal (rires). »

26

B

GRANDCHELEM - magazine d’informations GRATUIT sur le tennis - bimestriel - mai-juin 2014

Patrice Dominguez « Chez Björn Borg, tout était calculé, méthodique ; il était le seul à avoir toujours 19 raquettes prêtes dans son casier. Pour cela, il s’appuyait sur son coach, Lennart Bergelin, qui était un second père pour lui. Lennart s’occupait de tout, des relations presse, du sponsoring, de la préparation... Il a été le premier vrai coach moderne. Enfin, en termes de préparation, Borg était le seul à s’imposer un tel rythme et une hygiène de vie impeccable, précise et surveillée. Il se faisait des séances de travail assez folles... Enfin, largement supérieures, à l’époque, à ce que faisait la concurrence. »

Patrice Dominguez « Ce qui est paradoxal, c’est que Borg a gagné 11 titres du Grand Chelem dans sa carrière, dont cinq Wimbledon ; cela veut aussi dire qu’il ne faisait pas que défendre. Si l’on regarde les images, il était loin d’être maladroit au filet. Et c’est, d’ailleurs, à la volée qu’il est allé chercher ses titres sur gazon. Donc, oui, sur terre battue, il a tué un style. Mais, d’une façon générale, il a surtout fait évoluer toutes les mentalités. Son professionnalisme a été copié et c’est ce qui a permis l’éclosion de joueurs frappeurs comme Ivan Lendl, par la suite. »


BORG • LA SAGA

BORG le révolutionnaire

Leur souvenir « Borgien »

L’anecdote

Jean-François Caujolle « C’est à Roland Garros, en 1974. Borg arrivait de Rome un peu émoussé. Je l’ai senti dès l’entame du match. Je le connaissais bien pour l’avoir battu en Coupe Galea, mais aussi en quarts de finale à Norwich, sur dur – où je lui avais mis une petite fessées (rires), puisqu’il n’avait marqué qu’un seul jeu. Cette année-là, j’étais en forme, donc j’étais plus qu’ennuyé de devoir l’affronter dès le premier tour à Roland. A cette époque, peu de joueurs étaient autant que lui au-dessus des autres ; il était, d’ailleurs, tête de série numéro trois. Je savais que mon jeu ne lui convenait pas trop. Et comme, en plus, on jouait ce match avec des balles Tretorn, très dures et vives, j’ai exploité mes chances au maximum. Cela m’a permis de remporter la première manche 6-4. Tout était possible, pour moi, puisque les premiers tours se jouaient en deux sets gagnants à l’époque. Mais Borg a vite resserré les boulons et j’ai concédé neuf jeux de suite. Malgré tout, je n’ai pas perdu mon sang froid et je suis parvenu à revenir, à mener 4-3, avec un jeu à 40-A sur son service, dans la dernière manche... Finalement, je me suis incliné sans avoir réellement eu la chance de le battre, mais j’en avais gros sur la patate, comme on dit. La nuit suivante a été un enfer, j’en ai fait des cauchemars, car je savais que j’étais dans une forme incroyable et que j’aurais pu aller loin dans le tableau, cette année-là. »

En janvier 1983, Björn Borg annonce qu’il va arrêter sa carrière. Il se présente au tournoi de Monte-Carlo, où il perd au deuxième tour face à Henri Leconte. Tout le monde imagine logiquement que c’est son dernier match sur le circuit. En fait, il jouera encore en 1984, à Stuttgart, où il s’inclinera une nouvelle fois face au Français, et fera un bref come-back dans les années 90. A l’issue de la balle de match, à Monte-Carlo, c’est un petit drame qui se trame, la fin d’une star qui, en plus, vivait à Monaco. GrandChelem a retrouvé la trace du ramasseur de balles qui a fait, par hasard, la Une de Nice-Matin quand les deux champions se sont serrés la main. A l’époque, les organisateurs réquisitionnaient des soldats qui effectuaient leur service militaire à Menton. C’était le cas de Franck Dubail, qui se souvient presque de tout : « C’était un vrai privilège d’être ramasseur, une récompense pour les soldats qui s’étaient bien comportés. Comme j’étais armurier, mes supérieurs ont dû estimer qu’il fallait que je prenne l’air (rires). J’ai donc vécu une semaine de folie, avec ce fameux match qui m’a offert la Une involontaire de Nice-Matin. Je me souviens qu’il régnait une ambiance très particulière ce jour-là... Borg était une star, une vraie. Pourtant, il avait été d’une incroyable gentillesse et nous remerciait pour tout, ce qui n’était pas le cas de tous les joueurs. J’avais aussi conscience de vivre un moment historique de l’intérieur, puisque le match avait été sacrément intense. Au final, j’en garde l’image d’un Borg toujours impassible, ne montrant pas ses sentiments. Mes parents ont conservé la Une des journaux, alors que, de mon côté, j’ai attendu que ma superbe tenue Ellesse, offerte aux ramasseurs de balles, soit en lambeaux pour la mettre à la poubelle (rires). »

Patrice Dominguez « Sûrement le fameux clinic que j’ai organisé sur le toit des Galeries Lafayette, en 1981. A l’époque, j’avais rencontré une personne désireuse de frapper un grand coup avec un événement atypique. Très vite, j’ai eu cette idée et on a monté cela avec Europe 1, en organisant des épreuves partout en France pour qu’une sélection de joueurs puissent taper la balle avec Björn Borg. Ce dernier avait touché 25 000 dollars pour cette opération, c’était une somme considérable. Pour un moment assez incroyable, qui est immortalisé dans le documentaire « The French », de William Klein. Borg était un mec toujours très cool, un exemple, quelqu’un de très agréable. Lors de la grande fête organisée par l’ATP pour honorer tous les numéros un mondiaux, l’année dernière, je peux vous dire qu’il a reçu une belle standing ovation. »

GRANDCHELEM - magazine d’informations GRATUIT sur le tennis - bimestriel - MAI-JUIN 2014

27


BORG • LA SAGA

icône mondiale

BORG Entretiens réalisés par Laurent Trupiano

Rarement joueur de tennis a autant affolé les compteurs. Contrats en or, groupies en pagaille, Björn Borg est passé du statut de champion de tennis à celui de rock-star sans même l’avoir prévu. Son look, son jeu, son regard... Retour avec Michel Guilly, historien de la marque Donnay*, qui a explosé avec le Suédois, sur la montée en puissance d’une véritable icône. *Michel Guilly est co-auteur, avec Louis Maraite, du livre « Donnay, la légende d’une marque de tennis, 1913-2013 ».

Michel, Borg est indissociable de plusieurs marques : Diadora, Fila, mais, surtout, Donnay. Pouvez-vous m’expliquer comment cette dernière a choisi Borg ? En fait, en 1972, Emile Donnay, le fondateur, décède ; c’est son fils qui est nommé administrateur. Dans le même temps, Wilson, qui sous-traitait sa production chez Donnay, veut racheter la marque. Comme le rachat ne se fait pas, Wilson cesse ses commandes. La seule façon de s’en sortir, pour Donnay, c’est alors de se développer. Pour cela, elle part logiquement à la recherche d’un ambassadeur, afin de s’appuyer sur son image au niveau international et d’augmenter sa notoriété, comme ses ventes. Donnay vise déjà Björn Borg ? Pas vraiment. La cible, c’est le joueur roumain Ilie Nastase. Un rendez-vous est organisé à Monte-Carlo, en 1973, pour conclure l’affaire. Mais, contre toute attente, Ilie Nastase se comporte mal et exige que Ion Tiriac fasse aussi partie du team. Le rendez-vous est un véritable désastre et celui qui était chargé du marketing revient bredouille en Belgique. Comme c’était un connaisseur et que Björn Borg lui avait tapé dans l’œil, il propose, finalement, à sa direction de signer le Suédois. Tout le comité directeur

28

est contre, car ce n’était qu’un espoir, à l’époque (NDLR : Borg allait sur ses 17 ans), et qu’il n’avait, selon eux, aucun charisme. Et Wimbledon 73 arrive... Exactement. Björn Borg déclenche une hystérie auprès des jeunes filles. De ce fait, Donnay ne se pose plus vraiment de questions. Björn Borg était déjà chez IMG McCormack, qui gérait ses affaires. En octobre 1974, le premier contrat officiel est signé. Au départ, il joue avec une Donnay Diamant, un modèle très recherché par les collectionneurs. Et puis, c’est la fameuse Allwood qui voit le jour ? Donnay se met effectivement à fabriquer une raquette sur mesure. Elle est mise au point avec Björn Borg qui, là-dessus, était plus que précurseur, et méticuleux. Pour en faire un modèle phare, la marque belge confie son design à un certain François Garet, un Savoyard qui avait déjà dessiné plusieurs skis avec pas mal de succès . Borg avait même un contrat avec une autre marque pour jouer hors d’Europe... Effectivement, il jouait en Bancroft, mais, à vrai dire, c’était une Allwood maquillée.

GRANDCHELEM - magazine d’informations GRATUIT sur le tennis - bimestriel - mai-juin 2014

Le contrat était important, financièrement ? Björn avait tendance à dire que cela ne l’était pas, mais, la vérité, c’est que c’est avec la Pro Borg que c’est devenu vraiment sérieux. C’est-à-dire ? Il faut se remettre dans le contexte. Björn Borg était une locomotive, le tennis explosait, et Donnay inondait le marché. Le chiffre de 500 000 dollars par an a été évoqué. On est sur ses bases-là, en effet. C’est énorme, car on est dans les années 80... A la mesure du joueur ! D’ailleurs, à la fin de sa carrière, Donnay est devenue quasi-inexistante, malgré un petit sursaut avec Andre Agassi. Comment l’expliquez-vous ? On peut parler de l’évolution des technologies, mais aussi de certains choix marketing. La vérité, c’est que la marque a été reprise par une société anglaise, SportsDirect, dont l’unique talent est de racheter des marques mythiques en difficulté pour s’en servir comme têtes de gondole dans ses magasins, sans pour autant les développer... C’est assez navrant. Donnay, comme Dunlop, en a fait les frais.

Ses contrats • Fila (textile) 500 000 dollars/an • Donnay (raquette) 600 000 dollars/an • Diadora (chaussures) 250 000 dollars/an • Tretorn (tenue en-dehors des courts) 150 000 dollars/an • VS Babolat (cordage) 25 000 dollars/an • Total : 1 525 000 dollars, beaucoup plus, à l’époque, que Michel Platini (830 000 dollars). A titre de comparaison • John McEnroe 350 000 dollars/an avec Sergio Tacchini • Guillermo Vilas 220 000 dollars/an • Yannick Noah 110 000 dollars/an


G

BORG • LA SAGA

Baptise Vignol

, fan et communicant, a eu une idée de génie. Pour les 55 ans de Björn Borg, il a créé un vrai-faux magazine en hommage au champion suédois. Un faux magazine... mais pourquoi ? Pour lui rendre hommage, à l’occasion de ses 55 ans. En fait, j’ai imaginé un magazine qui se serait appelé « Be Borg » et qui serait sorti entre août 1978 et octobre 80, en plein dans la période faste du Suédois, quand il dominait le tennis mondial de la tête et des épaules et que son self-control fascinait tout le monde. Être Borg, tout un programme ! Combien de millions de jeunes gens ont voulu être Borg dans ces années-là ?! « Be Borg » aurait donc été un magazine sexy, 100% matières naturelles, qui ne se serait pas intéressé qu’au tennis. Un magazine cool, quoi, à l’image de « Borgie », le champion le plus relax et le plus charismatique de l’histoire du sport.

C’est quoi, la « Be Borg attitude » ? C’est respecter son adversaire, tout en l’étouffant à coup de lifts assassins. C’est être le meilleur en donnant presque l’impression d’être triste d’avoir gagné. C’est être élégant, toujours. C’est porter un bandeau en éponge sur la tête, comme le Christ sa couronne d’épines. C’est être un dieu. Si vous deviez garder un seul objet résumant Borg, ce serait lequel ? Le bandeau Fila, bien sûr. Le mettre, c’est déjà tout dire. Comme les premiers rockeurs des années 50, qui portaient une banane, les punks, une crête, et les rastas, des dreadlocks. Le bandeau de Björn Borg, quoi ! Alors, si, en plus, vous ajoutez à la panoplie son short à carreaux ou son tee-shirt Bj, vous tutoyez la grande classe !

Julien Boutter

, Pour Björn Borg est la seule rock-star qui ait existé dans le tennis... Julien, le hasard a fait que tu es né la même année que le premier titre de Björn à Roland Garros... C’est exact ! Autant dire que j’étais tout petit quand Ice Borg a dominé le tennis. D’ailleurs, sincèrement, mon premier souvenir d’une balle jaune, c’est la victoire de Yannick Noah en 1983, à Roland. Cela veut dire que tu ne peux pas nous parler de Borg ? Bien au contraire ! Parce qu’il m’a semblé essentiel de comprendre ce phénomène, un peu plus tard. Je me suis donc beaucoup documenté. Et ces recherches ont donné quoi ? Pour moi, c’est simple : Björn Borg a été la seule vraie rock-star du tennis. Alors, oui, John McEnroe, Jimmy Connors et, maintenant, Roger Federer ou Rafael Nadal sont des stars internationales, mais Borg, lui, est au-dessus de tout cela. Pourquoi donc ? Tout simplement parce qu’à l’époque, le tennis était un sport de bourgeois, plutôt complexe à comprendre. En pratiquant un jeu simple, basé sur un déplacement incroyable, cette faculté à ne pas commettre de fautes, cette idée qu’on peut

gagner en renvoyant la balle au moins une fois de plus que son adversaire, Björn Borg a rendu le tennis accessible, puis populaire. C’est en ce sens qu’il est une icône ? Pour cela, oui, mais aussi pour l’engouement qu’il a entraîné pour le tennis, à la fois économiquement, sportivement et médiatiquement. Évidemment, il est arrivé au bon moment avec l’éclosion de la télé, par exemple. Quand tu dis qu’il a rendu le tennis plus accessible, cela veut dire que le tennis de Rod Laver était trop compliqué ? Pas exactement, mais il faut bien avouer que le schéma de Björn Borg était vraiment simple. Je ne dis pas que c’était facile, mais plus compréhensible, en tout cas, qu’un jeu en toucher, tactique, fait de montées à contre-temps, d’amorties, etc. Je pense, d’ailleurs, que le jeu de Borg a permis à beaucoup de personnes de se dire : « Finalement, moi aussi, je peux jouer au tennis, ce n’est pas un sport si technique que cela ! » Selon moi, on lui est redevable à vie, même si l’on peut préférer le génie d’un John McEnroe ou d’un Roger Federer.

GRANDCHELEM - magazine d’informations GRATUIT sur le tennis - bimestriel - MAI-JUIN 2014

29


BORG • LA SAGA

Björn Borg II, le retour de trop ? Après une retraite prise à l’âge de 26 ans, Björn Borg décide de revenir sur les courts à la surprise générale. Ce comeback entraîne un tremblement de terre et son premier match à Monte-Carlo en 1991, face à Jordi Arrese, déchaîne les passions. Borg est acclamé comme un héros à son entrée sur le court, muni de sa raquette en bois. Sa défaite cinglante, plus les onze autres qui suivront, seront incomprises, avant que le temps ne fasse son œuvre. Dans un livre de mémoires, le Suédois avait pourtant expliqué, à l’époque : « Le plus grand malentendu, soulevé par mon « retour », a certainement porté sur mes ambitions. La presse a fait mine de croire que je m’étais mis en tête de reconquérir ma place de numéro un. Je suis avant tout un pragmatique et je n’ai pas pour habitude de me bercer d’illusions. Je sais que je ne pourrai jamais retrouver le niveau de jeu d’il y a dix ans, lorsque j’étais au premier rang mondial. » Pour comprendre cette période, nous avons décidé de donner la parole à Lionel Roux et Olivier Delaître, qui ont eu la chance d’affronter le Suédois lors de cette « seconde » carrière... Entretiens réalisés par Laurent Trupiano

Lionel Roux,

Olivier Delaitre,

« Un frisson incroyable »

« Un rêve qui s’efface »

« Je me souviens qu’il y a eu une bronca incroyable lorsque Björn Borg est entré sur le court. J’avais la chair de poule, je n’en menais pas large. Au cours de l’échauffement, cela ne s’est pas arrêté, j’avais les jambes qui tremblaient. J’étais en train de me rendre compte que j’allais jouer un monument du tennis et, ce, même si on était au premier tour du tournoi de Toulouse. Bref, c’était l’enfer. Et, même si Borg n’avait pas gagné un match jusque-là, la peur m’a soudainement envahi, car, sans lui manquer de respect, je ne voulais pas être celui qui allait lui permettre de remporter le premier succès de ce fameux come-back. Heureusement, une fois que le match a débuté, j’ai oublié qui il était et me suis focalisé sur mon jeu. Comme tennistiquement, il n’était pas vraiment au niveau, c’est allé très vite. Aujourd’hui, je peux donc dire que j’ai battu Björn Borg. D’ailleurs, j’ai montré des images à mes gamins pour les épater un peu. Cela reste un souvenir génial, car, je le répète, ce n’est pas ma victoire qu’il faut retenir, mais l’ambiance incroyable lors de sa rentrée sur le court. »

« Je me souviens d’un match assez pourri. De toute façon, je n’ai jamais été très doué sur terre battue. Il y avait une vraie effervescence autour de cette rencontre. De mon côté, cela me faisait presque ch... d’affronter l’une des idoles de mon enfance, même si j’étais plus Connors que Borg. Je n’ai absolument rien éprouvé quand je lui ai serré la main. Après, j’ai même eu des mots très durs quand les journalistes sont venus m’interroger. Je regrette tout cela ; depuis, j’ai compris ce qui s’est passé. En fait, battre un Björn Borg, âgé, diminué, c’était tuer mon enfance et, surtout, effacer un rêve, celui de ce champion magnifique qui mettait des raclées à tout le monde. Et, la vérité, c’est qu’un vrai Björn Borg aurait mis 1 et 0 à Olivier Delaitre, même en grande forme, surtout sur terre battue. J’ai aussi compris plus tard pourquoi il était revenu sur le circuit, alors qu’il savait qu’il avait peu de chances d’être performant. Le temps m’a aidé : Björn a simplement fait une sorte de jubilé pour retrouver l’ambiance du circuit et quelques sensations sur le court. Au vu de sa carrière, son palmarès, on ne peut pas lui en vouloir. Bien au contraire, je trouve que c’est une preuve d’humilité incroyable. »

vainqueur de Björn Borg à Toulouse, 6-0 6-4, en 1992

30

GRANDCHELEM - magazine d’informations GRATUIT sur le tennis - bimestriel - mai-juin 2014

vainqueur de Björn Borg à Nice, 7-5 6-2, en 1992


BORG • LA SAGA

Denis Naegelen « A l’entraînement, Björn Borg ne mettait pas une balle dans le court »

Borg III.

Entretien réalisé par Simon Alves

quelle empreinte en 2014 ? On a beau fêter le 40ème anniversaire de sa victoire à Roland Garros, pas sûr que les joueurs du circuit se souviennent exactement du phénomène. Pour s’en persuader, nous avons interrogé quatre joueurs de générations différentes. Entretiens réalisés par Simon Alves

Vincent Millot

Michael RusseLl

Fait d’armes : A remporté, à l’Open d’Australie 2014, sa première victoire en Grand Chelem, face à l’Américain Wayne Odesnik, 139ème mondial.

Fait d’armes : A perdu en 1/8èmes de finale de Roland Garros 2001 face à Gustavo Kuerten, après avoir mené 2 sets à 0 et obtenu une balle de match. Le Brésilien gagnera, finalement, le tournoi.

(France), 28 ans, 203ème à l’ATP

« Je porte des caleçons à son nom ! » « Je me souviens de sa coupe de cheveux que je trouvais assez marrante, avec son petit bandeau ! Et puis, on sait tous, forcément, qu’il a gagné six fois Roland Garros. Il a toujours été un exemple, là-bas. Bon, plus récemment, on le connaît surtout pour la marque de caleçons qu’il a lancée. D’ailleurs, beaucoup de joueurs de tennis les portent, même moi (rires) ! J’ai déjà vu des vidéos de son époque. Pas 50 000 non plus, parce que, malheureusement, ils n’en passent pas souvent sur les chaînes spécialisées. Sinon, je l’ai croisé quelques fois sur des exhibitions. Ce qui est sûr, c’est qu’on voyait qu’il avait de grandes facilités déjà à l’époque, par rapport aux autres joueurs. Et, surtout, qu’il était en avance techniquement et physiquement. Et, même si on parle de lui pour évoquer Roland Garros, il ne faut quand même pas oublier ses succès à Wimbledon, sur un gazon rapide qui n’a rien à voir avec celui d’aujourd’hui. »

Sander Groen

(Pays-Bas ), 45 ans, 508ème en double à l’ATP Fait d’armes : A remporté avec Roger Federer le premier titre du Suisse en double, à Ségovie, en Espagne, en 1999.

« J’aimais plus John McEnroe » « Borg a beaucoup gagné (rires) ! Moi, à l’époque où il jouait, j’avais entre huit et dix ans et je regardais tous les matches possibles entre Borg et McEnroe. Mais, mon favori, cela a toujours été McEnroe. J’aimais plus l’Américain, car son jeu en toucher et son caractère m’émouvaient. Björn Borg avait l’apparence d’un gentleman, mais aussi de quelqu’un de très froid. « Cool », comme on dit, en anglais. Le fameux « IceBorg ». Reste que c’est le premier joueur qui a gagné beaucoup de rencontres grâce aux erreurs de ses adversaires. C’est celui qui a inventé le tennis qui ne fait pas de fautes. Avant lui, tout le monde jouait pour gagner le point ; lui jouait pour ne pas le perdre. Enfin, comme aujourd’hui avec la rivalité Federer-Nadal, celle entre Borg et McEnroe a beaucoup apporté au tennis. Je ne dirais pas que Borg a lancé les débuts du tennis moderne ; disons qu’il y a eu un avant Borg et un après Borg, avec Wilander, Nyström et tous les Suédois qui ont suivi. Derrière ces joueurs-là, une époque s’est vraiment terminée. A partir de Boris Becker, en 1985, on a changé de dimension. »

(Etats-Unis), 36 ans, 96ème à l’ATP

« J’aurais aimé avoir son look » « D’abord, Björn Borg était un incroyable compétiteur, extrêmement calme et qui ne montrait jamais la moindre émotion sur le court. Il faut aussi insister sur la facilité incroyable qu’il a eue à remporter Roland Garros et Wimbledon tant de fois. C’est vraiment une icône du tennis, une légende. Oui, l’image que j’en ai encore aujourd’hui, c’est ce célèbre bandeau, ces longs cheveux en arrière, cette façon de s’habiller en blanc, les très petits pas qu’il faisait sur le court, la puissance dans son regard. Il n’avait pourtant aucune expression, semblait engoncé dans ses habits, mais il s’en dégageait une grande force. C’est ce que je garde de lui comme image. Borg, c’est un peu le culte du look. Quand tu penses à lui, tu penses au bandeau, tu penses aux vêtements très serrés. De ce côté-là, il est très distinct des autres. Il incarne une époque. De plus, techniquement, alors que tout le monde frappait à plat ou en slice, en se ruant constamment au filet avec des appuis très classiques, Borg est arrivé avec ce coup droit... C’est le premier à avoir vraiment su utiliser le top-spin. Il a amené le tennis dans une nouvelle dimension. Il était très affûté physiquement et il n’y a qu’à se rappeler de ses entraînements avec les Juniors. A l’époque, ces derniers devaient tourner toutes les heures, parce qu’ils étaient trop fatigués pour continuer ! Lui était là pendant trois heures, tellement il était fort physiquement. »

Jo-Wilfried Tsonga

(France), 29 ans, 13ème à l’ATP

Fait d’armes : Demi-finaliste à Roland Garros en 2013, finaliste à l’Open d’Australie en 2008.

« Je connais très peu Björn Borg » « A vrai dire, et pour être sincère, je connais très peu Björn Borg. C’est assez loin pour moi et je n’ai pas vraiment pris le temps de me pencher sur sa carrière. Je sais qu’il a été un grand champion, comme d’autres l’ont été. Je pense que ma génération a été marquée par d’autres champions plus contemporains. Donc je ne suis pas un bon interlocuteur, ni un spécialiste pour évaluer l’influence qu’il a pu avoir sur le tennis en général. Ce que je sais, c’est que le tennis d’aujourd’hui ne ressemble en rien à celui qui se jouait dans les années 80. Et je dis cela en toute humilité, sans sous-entendre que ce qu’ont réalisé Borg et consorts ne serait pas remarquable. »

Si j’ai bien compris, vous vous êtes entraîné plusieurs fois avec Björn Borg... Il se trouve que je m’entendais bien avec Lennart Bergelin, son entraîneur, et que je m’entraînais avec Patrice Dominguez. Il m’est arrivé très souvent d’avoir droit à des entraînements de luxe avec Björn Borg. C’est arrivé combien de fois, environ ? Oh, je ne sais plus trop exactement ! Je dirais une dizaine ou une quinzaine de fois environ. Quelle image aviez-vous de lui avant de le rencontrer ? Pour moi, c’était une espèce d’extra-terrestre ! De gagner Roland Garros aussi jeune, c’était quelque chose de tout à fait étonnant. J’avais beaucoup de respect pour lui dès le début. Au final, lorsque vous l’avez côtoyé, la réalité collait à cette image ? Non, cela ne collait pas exactement, pour être honnête. C’était un sportif d’une grande froideur, mais, en tant que partenaire, quelqu’un d’extrêmement gentil. Quelqu’un qu’il fallait aller voir, en revanche, car il ne venait pas spontanément vers vous. Néanmoins, quand on entamait le dialogue, il devenait très intéressant. Il avait une profonde gentillesse, pas du tout la grosse tête et s’intéressait aux autres. Je ne sais pas si c’était de la timidité. Il paraissait un peu impassible, comme s’il n’avait pas de sentiments. Mais c’était sa force ! En même temps, à l’entraînement, c’était – comment dirais-je, avec beaucoup d’humilité ?... Ce n’était pas un partenaire idéal. Ah bon ? Pourquoi cela ? Disons que je l’ai battu souvent à l’entraînement. Il jouait n’importe comment ! Il essayait, il tapait fort... Et, dès qu’on faisait des points en match, c’était tout le contraire, il ne donnait plus rien. Quand il était à l’entraînement, il jouait des coups pour jouer des coups. C’est assez rare quand même, je le souligne. J’ai rencontré cela chez très peu de joueurs. Cette façon de jouer sans chercher la confiance... Même s’il n’y a pas de stress particulier, en général, on cherche la confiance, à gagner des points, même à l’entraînement. Chez lui, je n’ai jamais senti cela. Je pense que c’était un parti pris concerté avec son entraîneur. Il lui disait de travailler certaines choses très précises. Donc il y avait ce travail et l’important n’était plus de gagner le point. Cela m’a toujours frappé et intéressé. Il disait qu’il cherchait des sensations au niveau de la frappe. Souvent, Lennart Bergelin m’appelait et me disait comment il allait jouer, mais cela n’avait pas de conséquences. Vous avez souvenir de vous être entraîné avant un rendez-vous vraiment important pour lui ? Oui, je crois que j’ai tapé avec lui pendant Roland Garros, où tous ses matches étaient importants. Il s’entraînait avec beaucoup de joueurs, je n’étais pas du tout un partenaire attitré. A l’époque, Lennart Bergelin avait mon téléphone et il m’appelait quand il en avait besoin. Mais il s’entraînait moins longtemps que ne le faisait Vilas, par exemple. Il était isolé, surtout, parce que c’était quand même la grande star, très souvent à l’écart. Il prenait des courts très loin et inaccessibles au public. Aujourd’hui, quand vous y repensez, vous avez l’impression d’avoir été un privilégié ? Non, cela fait plus partie des anecdotes de mon passé, c’est tout. Au final, m’être entraîné avec Borg ne m’a pas aidé à progresser (rires). En réalité, il m’aurait mis deux bulles en match, alors qu’à l’entraînement, il m’était arrivé de lui prendre un set assez régulièrement. J’aurais aimé qu’il me mette une branlée, d’ailleurs, cela aurait été plus instructif pour moi (rires). J’avais l’impression qu’il avait un bouton « on/off » dans son cerveau. Quand il était sur « off », il tapait des coups comme cela, ce n’était pas grave. Cela ne l’affectait pas du tout de mettre trois coups dehors de deux mètres, il n’en balançait pas sa raquette pour autant et n’était pas furieux. Mais une fois qu’il était sur « on », en match, il ne ratait pas une seule balle. Et, là, cela devenait compliqué. Le régal, pour les joueurs qui l’ont vu, c’était d’aller le regarder jouer quand il était mené, car on savait que ce n’était pas grave. On se demandait juste ce qu’il allait bien pouvoir nous sortir. Plus il était mal, mieux il jouait ! Et, sinon, Borg, inventeur du tennis moderne ou pas ? Cela a été le début de quelque chose de nouveau, mais je dirais qu’il a surtout été exceptionnel de le voir gagner Wimbledon. Il a été le premier à remporter ce tournoi en jouant ce jeu-là, sur un gazon encore ultra-rapide. Maintenant, beaucoup de gars arrivent à jouer à Wimbledon en fond de court, mais, lui, a été le premier à le faire alors que tout allait plus vite. C’était une révolution.

GRANDCHELEM - magazine d’informations GRATUIT sur le tennis - bimestriel - MAI-JUIN 2014

31


DOSSIER • ROLAND GARROS

A QUI LA VICTOIRE ? Chaque année, c’est la même question : qui va faire des étincelles sur l’ocre de la Porte d’Auteuil ? Chaque année, c’est la même réponse, et elle se termine par « Nadal ». Le public parisien a peutêtre du mal à envisager de nouveaux scénarii, après avoir assisté aux huit sacres d’un certain Majorquin ; et, pourtant, en 2014, les prétendants n’ont jamais été si nombreux. Rémi Capber et Pauline Dahlem

Djokovic et Nadal, des évidences pas si évidentes...

Quoi de plus normal que d’imaginer le numéro un et le numéro deux s’affronter en finale de Roland Garros ? D’autant plus quand ces deux joueurs sont, d’une part, le plus grand spécialiste de la surface que l’histoire ait connu, d’autre part, l’un des garçons les plus performants depuis quatre ans. Et pourtant... Les incertitudes sont nombreuses et le leadership du duo ibéro-serbe mis à mal comme jamais. En effet, Rafa vit l’une des saisons les plus compliquées de sa carrière. Le Majorquin est même contesté directement dans son jardin terrien. Battu par David Ferrer à Monte-Carlo, puis par Nicolas Almagro à Barcelone, il n’est pas passé loin de la correctionnelle contre Kei Nishikori à Madrid. Bref, un panorama bien morne pour une période qui devrait être faste. Reste qu’en trois sets gagnants, il retrouvera peut-être sa verve d’antan... Quant à Djoko, le problème n’est pas dans le jeu, mais avant tout physique. Le Serbe a, en effet, souffert d’une blessure à l’avant-bras droit, un problème qui a tronqué sa préparation. A 100% de ses capacités, il serait probablement archi-favori Porte d’Auteuil. Le sera-t-il pleinement et sans rechute? Surtout, tiendra-t-il la distance des sept matches jusqu’à la victoire finale ? Il lui faudra, sans aucun doute, se préserver des longs duels piégeurs dans les premiers tours pour donner sa pleine mesure en deuxième semaine. Sinon... Attention aux surprises !

Et si... Federer ? Roger Federer n’a vécu qu’une grande émotion à Roland Garros. Et quelle émotion ! Après trois échecs consécutifs en finale, les doutes et craintes qui vont avec, le Suisse remporte enfin, le 7 juin 2009, l’unique tournoi du Grand Chelem qui manque à son palmarès. Une victoire historique, qui n’a toutefois jamais été confirmée. Car, depuis cette glorieuse édition, Roger a dû se contenter des seconds rôles Porte d’Auteuil. Il s’est, certes, approché d’un deuxième sacre en 2011, atteignant la finale grâce à un petit bijou de victoire sur Novak Djokovic, sans pour autant goûter à la joie d’un nouveau trophée. Pourtant, force est de constater que le Suisse a toujours assuré à Paris. Jamais, lors des neuf dernières éditions, il n’a perdu avant les quarts de finale. Preuve que son jeu sur ocre est efficace et qu’il a sans doute encore sa place dans le Top 4 des meilleurs joueurs de terre battue. Problème ? Dans un format en trois sets gagnants, Rafael Nadal et Novak Djokovic semblent, aujourd’hui, au-dessus de lui, car plus physiques et réguliers. Or, cette année, ni l’un, ni l’autre n’arrivent à Paris avec de vraies garanties. Bref, les cartes sont rebattues. Dans ces conditions, Roger Federer semble être l’un, si ce n’est le mieux placé pour tirer son épingle du jeu. Sa confiance actuelle, sa forme physique et son expérience constituent de sérieux atouts. De plus, sa préparation sur terre battue a semblé plutôt bonne, même si interrompue par la naissance de ses enfants. La seule question reste mentale : fraîchement papa, le Suisse aura-t-il vraiment la tête au tennis ? Mieux, sera-t-il prêt à laisser ses tripes sur le court ? En clair, ne préférera-t-il pas le confort familial à l’âpreté des combats terriens ? Rassurez-vous : en 2009, déjà, il s’était marié, avait gagné, encore gagné, puis pouponné. L’ordre est différent, mais le symbole est beau !

Et les autres ? Hormis le trio Nadal-Djokovic-Federer, qui semble le mieux armé pour l’emporter à Paris, cette saison ? En premier lieu, on citera Stanislas Wawrinka. Vainqueur du premier Grand Chelem de l’année à Melbourne, le numéro un suisse a confirmé son nouveau statut en s’imposant à Monte-Carlo début avril. Il se sait, désormais, capable de battre les meilleurs et la terre battue reste sa surface de cœur. Bref, Wawrinka fera clairement partie de la liste des potentiels vainqueurs Porte d’Auteuil. Une étiquette que le Suisse assume d’ailleurs parfaitement. « Je suis troisième joueur mondial, je joue bien sur terre et j’ai gagné Monte-Carlo. Je ferai donc forcément partie des favoris à Paris. » Après le Suisse, on n’oubliera pas de mentionner David Ferrer, finaliste l’an passé, même si sa saison sur terre n’a pas été grandiose. Suivent Tomas Berdych, Andy Murray ou Jo-Wilfried Tsonga qui, s’ils semblent avoir les épaules pour aller au bout, n’ont pas convaincu par leurs résultats lors des tournois préparatoires. Enfin, un mot sur les outsiders que sont Dimitrov ou Nishikori. Particulièrement en forme ces dernières semaines, ces talentueux joueurs seront à surveiller de près. Il est fort probable qu’on les retrouve en deuxième semaine, qui sait, en quarts de finale... De là à les imaginer aller beaucoup plus loin !

32

GRANDCHELEM - magazine d’informations GRATUIT sur le tennis - bimestriel - mai-juin 2014

Fognini, l’homme à suivre ? Il est un garçon qu’on est obligé d’évoquer à l’heure d’imaginer les différents scénarii : Fabio Fognini. L’Italien semble toujours capable du meilleur comme du pire, mais montre ce meilleur de plus en plus souvent. Evidemment, on ne le changera pas... et il lui arrive encore de péter les plombs, comme lors de son énorme « blackout » à Monte-Carlo, face à Jo-Wilfried Tsonga. Néanmoins, sur terre battue, il fait partie des sommités. Contre ce même Jo, sur le Rocher, il s’était d’ailleurs baladé pendant un set et demi, distillant les coups de génie avec son habituel relâchement. Jose Perlas le confirmait dernièrement : « Il a progressé, vraiment. A l’entraînement, il est beaucoup plus impliqué. Auparavant, il a bossé avec de bons entraîneurs, mais il n’avait pas trouvé la manière de mettre en pratique ce qu’il apprenait. C’est ce qu’on essaie de faire, avec un objectif : qu’il croit en lui. » Pas pour rien que le natif de San Remo vise désormais le Top 10. Ne lui manque plus qu’un peu de constance... Et c’est bien où le bât blesse, les efforts en Grand Chelem demandant une concentration plus que maximale dans la durée. Par ailleurs, il n’a encore jamais réussi à battre des joueurs comme Rafael Nadal, Novak Djokovic, Roger Federer ou David Ferrer. Il devra probablement espérer une première s’il compte viser un quart – ou plus ! – à Roland Garros.


DOSSIER • ROLAND GARROS

Stanislas Wawrinka

Cette édition de Roland Garros sera très ouverte Il est l’homme fort de ce début de saison. Celui qui a su renverser Rafael Nadal, Novak Djokovic, mais aussi battre son illustre compatriote, Roger Federer. Stanislas Wawrinka a d’ores-et-déjà marqué cette année au fer rouge. Rencontre avec un bourreau de travail, simple, humble, mais sûr de ses forces. Comment as-tu vécu ta nouvelle notoriété, suite à ton succès à l’Open d’Australie ? Très bien ! En fait, j’apprécie surtout cette situation car c’est le fruit de mes résultats sur le court. Évidemment, cela change beaucoup de choses et j’ai dû modifier ma façon de gérer mon programme. Qu’est-ce qui a le plus évolué : le regard des gens ou l’attente du public ? Les deux. Les attentes sont logiquement plus importantes, les sollicitations des médias plus nombreuses. Et, en même temps, mon succès en Australie m’a donné beaucoup d’ambition. D’autant qu’il y a pas mal de belles échéances à venir, comme la Coupe Davis, par exemple. Avec Roger (Federer) dans l’équipe, je sais qu’on peut viser très haut. Vous allez jouer l’Italie. Je crois savoir que tu avais eu une idée pour recevoir Fognini et sa bande... Bien sûr ! (Rires, ajoutant ironique :) On avait vraiment envie de faire cette rencontre à Lugano (NDLR : en Suisse italophone), sur terre battue extérieure, histoire de mettre toutes les chances de notre côté (rires) ! Ici, on rêve tous d’une finale France-Suisse. Vous en avez parlé avec Roger Federer ? Oui, dès le début de saison, quand on a vu le tirage au sort. J’en ai aussi discuté avec mes amis français... On y pense forcément, mais la route est longue et, en Coupe Davis, tout peut arriver sur un week-end. C’est ce qui fait le charme de cette compétition historique. D’autant qu’à l’instar de la France, vous n’avez pas vécu un quart de finale aussi tranquille que prévu... Sur le papier, ça devait l’être. Mais je n’ai pas trop eu peur pour la France, même quand vous étiez mené deux à zéro. Vous restiez favoris, selon moi. De notre côté, ce succès plus que difficile à obtenir va nous donner encore plus de confiance... La confiance... On sait que c’est la clef, mais comment tu l’acquiers ? La confiance, elle met du temps à venir et elle repart assez vite, on le sait tous. La grosse difficulté, au tennis, c’est de parvenir à la garder. Moi, pour tenter de l’apprivoiser, je m’appuie sur ce que je fais en-dehors des matches, les bons entraînements, la qualité de ma condition physique. Enfin, je me fixe toujours des objectifs sur le long terme pour éviter d’être impatient ou de rechercher vainement un truc qui serait censé me faire progresser d’un seul coup. Il faut donc garder une ligne directrice... Oui, c’est cela, ne pas tout remettre en cause après une défaite. Ce n’est pas parce que je perds un match que que je vais changer de cordage, de raquette, ou me dire que je ne suis pas dans le vrai. Il faut toujours avoir en tête une vision à long terme, c’est essentiel.

Le circuit s’est attaqué à la terre battue depuis quelques semaines, maintenant. Toi qui as gagné à Monte-Carlo, j’imagine que c’est une surface que tu apprécies... Bien évidemment ! Je sais que je peux très bien jouer sur l’ocre. Si je suis en forme physiquement, j’ai les moyens de faire de grandes choses.

Il t’a donné des conseils pour gérer l’après Open d’Australie ? Oui, on en a parlé dans la foulée. Mais, à vrai dire, je veux gérer la chose à ma façon. Même si, je le répète, ce sont de jolis problèmes dont je ne vais pas me plaindre. De toute façon, je suis quelqu’un d’assez tranquille. J’ai 29 ans et 10 ans de carrière derrière moi. Ce n’est pas comme si cela m’arrivait alors que j’avais 20 ans.

A Roland Garros ?... Je ne fonctionne pas comme cela. Ce serait trop simple. Je sais juste que, si ma préparation est bonne et que je suis en confiance, je peux être très dangereux à Roland.

En 1974, Björn Borg signait sa première victoire à Roland Garros. On va fêter, cette année, les 40 ans de ce succès. C’est un joueur qui te parle ? Il a été un énorme champion. Néanmoins, je dois bien avouer que ce n’est pas cette génération que j’ai suivie à la télévision. On ne peut donc pas dire que je sois un grand fan, même si j’ai énormément de respect pour ce qu’il a accompli.

C’est un rêve de gagner là-bas ? Sans manquer d’humilité, je ne dirais pas que j’en rêve, car je sais aussi, aujourd’hui, que je suis capable de gagner un tournoi du Grand Chelem. Je l’ai déjà fait.

« J’ai de vrais atouts face à Rafael Nadal » Tu as battu Novak Djokovic et Rafael Nadal en Australie. Est-ce que tu crois que tu peux rééditer cette performance à Paris ? Sur terre battue, c’est certain que c’est encore plus difficile, surtout face à Rafael Nadal. Mais si je veux arriver à le battre, lui ou Djokovic, il faudra que j’aborde ces matches comme en Australie. Rafael Nadal est plus rapide sur terre, par exemple, mais ma puissance physique, mes frappes lourdes et ma capacité à tenir le rythme sur des rallyes sont de vrais atouts face à lui. Je n’ai pas peur des filières longues et, sur terre battue, c’est un point décisif. Si tu devais faire un choix entre Novak Djokovic et Rafael Nadal... Rafa garde l’avantage, car il a répété les exploits à Roland Garros, donc il sait ce qu’il doit faire. Novak, lui, sait qu’il a ses chances, cette année, mais, en même temps, il a une grosse pression, car il ne s’y est jamais imposé. C’est pour cela que cette édition sera très intéressante, très ouverte. Selon moi, il faudra prendre des indices dans les premiers tours qui ne sont pas anodins chez ce type de joueurs ; ils permettent soit d’arriver en super forme pour les grands duels, soit de se présenter avec un peu de fébrilité. On sait que tu es proche de Roger Federer. Comment tu le sens, cette année ? Roger est revenu à un très bon niveau. A Indian Wells, par exemple, il était tout près de remporter le titre face à Novak. Je pense que sa nouvelle raquette lui a fait beaucoup de bien. Il peut mettre plus d’effet, par exemple. Et puis, quand Roger est « fit », prêt physiquement, il peut être très dangereux sur n’importe quelle surface. Reste qu’il va avoir beaucoup de changement dans sa vie privée, donc cela peut avoir des conséquences sur sa concentration également.

Björn Borg s’entraînait beaucoup ; tu as l’air, toi aussi, de considérer que c’est primordial... C’est la base de tout et c’est pour cela que je ne lâche rien à l’entraînement, que je me mets dans des conditions optimales. On a eu la chance de voir un de tes entraînements, à Monte-Carlo, avec Rafael Nadal. C’était presque plus impressionnant qu’en match, tant vous vous donniez à fond... C’est bien pour cela que j’aime taper avec Rafael Nadal, on est dans le même état d’esprit. C’est cela qui nous permet de progresser. De toute façon, avec lui, on n’a pas le choix ; si on veut être à la hauteur, il faut mettre la même intensité sur chaque balle. J’adore m’entraîner avec lui, car je suis obligé de chercher des solutions en étant constamment sous pression. Cela me permet de progresser – et c’est ce que je recherche en permanence. Et sa balle, à Rafa, parlons-en... En fait, ça gicle beaucoup, elle a énormément d’effet. Elle vient vite, c’est certain, mais, surtout, elle accélère encore un peu après le rebond. Elle tourne tellement qu’elle fait partir ta raquette en arrière assez violemment. Il faut donc pouvoir bouger très rapidement et déclencher son geste très tôt. Si Novak Djokovic parvient bien à contrer Rafa, c’est grâce à son timing, avant tout, qui lui permet de couper son effet et d’utiliser la puissance adverse.

Propos recueillis par Laurent Trupiano

GRANDCHELEM - magazine d’informations GRATUIT sur le tennis - bimestriel - MAI-JUIN 2014

33


DOSSIER • ROLAND GARROS

Richard Gasquet

A ROLAND GARROS, JE PEUX

Alors qu’approche Roland Garros et que sa saison est, pour le moment, tronquée par les pépins physiques, Richard Gasquet garde le moral et l’ambition. Le Français est plus que jamais déterminé à progresser et à frapper un grand coup cette année : en simple, pourquoi pas. En Coupe Davis, surtout, avec ses collègues tricolores. Sûr de lui, il se confie sans langue de bois sur son revers, l’avenir du tennis masculin... ou le tennis féminin. Entretien. Entretien réalisé par Pauline Dahlem Pourquoi cela pourrait être ton année, à Roland Garros ? Parce que j’ai plus d’expérience, parce que, les matches en cinq sets, je commence à connaître. Cela compte car, qu’on le veuille ou non, un match en deux sets ou en trois sets gagnants, cela n’a rien à voir. Aujourd’hui, je sais comment gagner ces matches-là. Et puis, surtout, je me régale à Roland Garros, j’aime bien jouer là-bas, avec le public… C’est le tournoi où je me régale le plus. L’objectif, en tout cas, c’est de faire mieux que les huitièmes de finale, puisque c’est là que j’ai bloqué ces trois dernières années. Je peux et je veux faire mieux. Tu parles du public, mais à quel point cela aide, concrètement ? Cela aide, clairement. Les gens te supportent, tu as le public derrière toi. Cela aide beaucoup. C’est vraiment très agréable. Depuis 10 ans que je suis sur le circuit, je peux te dire que je trouve beaucoup plus facilement de la motivation à jouer devant mon public plutôt qu’à Tokyo ou à Shanghaï ! Un an après le match contre Wawrinka, tu en gardes quel souvenir ? Je n’ai pas eu de réussite… C’est encore douloureux ? J’ai fait le maximum et j’ai perdu. Oui c’est douloureux. Une défaite est toujours douloureuse. J’ai eu beaucoup de balles de break au cinquième, il a super bien joué… Franchement, je n’ai pas eu de réussite. C’était un gros match, cela jouait bien. Physiquement, il était solide… Mais j’ai manqué de chance sur cette affaire. Quels sont tes grands objectifs, d’ici la fin de ta carrière ? La Coupe Davis, déjà, parce qu’on peut la gagner avec l’équipe qu’on a et parce qu’on a de bonnes sensations. On prend du plaisir tous ensemble. C’est l’objectif vraiment le plus important. Ensuite, le but, c’est d’essayer de rejouer des demi-finales en Grand Chelem, de donner le maximum, tout ce que je peux. Je le donne tous les jours à l’entraînement, tous les jours en match. Je veux pouvoir me dire, à la fin de ma carrière : « Voilà, j’ai tout donné, j’ai donné le meilleur de moi-même, au maximum de mes possibilités. » Tout simplement. Tu parles de la Coupe Davis... C’est l’année ou jamais ! Oui, c’est peut-être la bonne. Mais c’est peut-être aussi l’année où il y a le plus d’équipes fortes. Les Tchèques sont toujours là, il y a la Suisse, avec Wawrinka et Federer, les Italiens avec Fognini… On a potentiellement deux rencontres, devant nous, qui vont être très, très, très dures. Mais on a une super équipe et on y croit dur comme fer. C’est l’objectif numéro un de tous les joueurs. Si on me demande de choisir entre une demi-finale à l’US Open et deux victoires en simple, le week-end d’après, face aux Tchèques, je choisis direct la Coupe Davis... Jouer cette demi-finale en simple, à Roland Garros, j’imagine que c’est un truc qui te fait rêver ? C’est clair ! C’est cela, un truc qui me fait rêver : jouer le simple ou être coéquipier en double, n’importe. J’étais très déçu de ne pas pouvoir jouer contre l’Allemagne. Cette blessure, c’était chiant. Donc j’espère vraiment, cette fois, être à 100% de mes moyens, car c’est une rencontre qui va être énorme à jouer. C’est quoi ta plus grande force, aujourd’hui ? Je défends… J’ai un bon rev… (Il hésite, se coupe) Non, c’est que je crois plus en moi qu’avant. Je ne lâche pas. Je crois vraiment en mes capacités. L’an passé, j’ai réussi à battre de très bons joueurs.

34

Ferrer à l’US Open en cinq sets, sur un gros, gros match. Je crois vraiment plus en moi que quand j’avais 20 ans et que j’étais déjà septième mondial. Mais croire en soi, c’est quelque chose, reste qu’il ne faut pas se blesser, mais être en bonne forme physique. Là, j’espère que cela va revenir du mieux possible. Il y a beaucoup de joueurs qui disent de toi que tu as le plus beau revers à une main du circuit. Tu en penses quoi, personnellement et sans avoir peur de t’auto-congratuler ? (Rires) Oh, je ne crois pas avoir un égo surdimensionné, mais, oui, j’estime avoir le meilleur revers à une main du circuit. Vraiment. Après, il y a Federer qui a un chip complètement incroyable, meilleur que le mien. C’est là que le revers de Federer est énorme, il arrive à faire des chips, des lifts... Moi, je joue beaucoup en lift, alors que lui parvient à changer le rythme. Mais il y a d’autres joueurs qui ont un très, très beau revers : Wawrinka, Almagro, Haas. Mais bon, moi, j’arrive quand même à trouver des angles, à mettre pas mal de vitesse à plat… Oui, Wawrinka aussi a un super revers. En tout cas, c’est clair que je suis plus connu dans le monde entier par rapport à mon revers que pour mes autres coups (sourire) ! Tu le sens toujours bien, ce revers, il n’y a pas un jour où les sensations sont moins bonnes ? C’est rare. Franchement, c’est rare que je sente mal la balle de ce côté-là.

« Oui, j’estime avoir le meilleur revers à une main du circuit » Dans quels domaines tu aimerais encore progresser ? Essayer d’avancer vers le filet en coup droit. Et puis, de temps en temps, le taper plus à plat. Je voudrais aussi mieux servir, essayer de mieux relancer. Sur seconde balle, la prendre un peu plus tôt. Parce que ce n’est pas facile d’avancer au retour avec un revers à une main. Mais, surtout, essayer de faire plus mal avec le coup droit. C’est un axe de progression fondamental. Je ne suis pas dans les meilleurs coups droits du monde, loin de là, donc il faut m’améliorer. Et puis le service, également. Quand tu regardes les 10 premiers mondiaux, à part Ferrer, je suis celui qui sert le moins bien. Tous les mecs servent plus fort que moi. Tu voudrais gagner quelques kilomètres-heure, principalement ? Ouais, quelques-uns de plus, ce ne serait pas du luxe... Et pour y arriver, que faut-il faire ? Déjà, je ne mesure pas 1m90, tu le vois, je ne suis pas un bison physique (sourire). Et cela me manque un peu de ne pas pouvoir compter sur une bonne première, un ace, de temps en temps… C’est surtout cela qui peut te permettre de franchir le cap supplémentaire pour accéder au Top 5 et gagner un Grand Chelem ? Oui, un meilleur service et un coup droit d’attaque. Même un revers d’attaque un peu plus affirmé, parfois... Parce qu’il m’arrive de jouer trop croisé, trop lifté en revers. Non, il n’y a aucun

GRANDCHELEM - magazine d’informations GRATUIT sur le tennis - bimestriel - mai-juin 2014

doute, j’ai encore beaucoup de progrès à faire. En attendant, tu penses que le Big Four va continuer à dominer ? Oui, Nadal, Djokovic et Murray sont encore là pour beaucoup, beaucoup d’années. Quatre-cinq ans au moins, à mon avis. Je ne vois pas de joueurs arriver derrière. Eux ont vraiment percé très jeunes. A 18-19 ans, ils étaient déjà dans les 10 premiers mondiaux. Aujourd’hui, il n’y a pas un mec qui est dans cette situation. On dit que le tennis progresse, ce qui est vrai, mais il n’y a pas de joueurs qui sont aussi forts qu’eux. Même Dimitrov, qu’on nous vend comme la future grande star du tennis ? Dimitrov, cela n’a rien à voir avec eux ! Regarde, il a 23 ans, cinq ans de moins que moi, et il est 20ème mondial. C’est un joueur totalement normal. Ce n’est pas un prodige. Et Tomic ou Raonic, ils ne te convainquent pas ? Raonic est un très bon joueur. Mais il a 24 ans. Il n’a rien d’un génie, ce n’est pas fabuleux du tout. Djokovic, Nadal ou même Del Potro, qui a gagné l’US Open à 19-20 ans, eux, c’étaient des génies du tennis, de très, très, très grands joueurs qui sentaient le jeu malgré le manque d’expérience. Aujourd’hui, il n’y a en pas des comme eux. Le tennis progresse, dans le sens où le 100ème et le 50ème mondial sont peut-être beaucoup plus forts qu’il y a 10 ans. Mais, je le maintiens, il n’y a pas de monstres comme Djokovic et Nadal l’ont été à cet âge-là. Tomic est un très bon joueur. Raonic et Dimitrov sont aussi de supers joueurs. Mais qu’on ne les compare pas à Djokovic ou Nadal.


DOSSIER • ROLAND GARROS

X ET JE VEUX FAIRE MIEUX !

LE COQ SPORTIF Tu as participé à la conception de ta tenue ? Non, mais j’ai été étonné. Franchement, j’aime bien. Je suis content du truc, c’est sobre, c’est beau, c’est bien fini. Moi, j’aime beaucoup. C’est une fierté, pour toi, de porter une marque 100% française et, surtout, la marque de la victoire de Noah à Roland Garros ? Oui, c’est une belle marque. C’est une marque qui compte dans le paysage sportif. Évidemment, c’est une certaine fierté que d’être avec eux et j’en suis vraiment heureux, franchement. Il ne me reste plus qu’à briller avec les tenues du Coq, désormais ! La pression (rires) ! Dernière question : je crois que le Coq a prévu un polo rouge pour les sets décisifs... (Sourire) Oui ! J’espère qu’il me portera chance, à Roland Garros ! On verra. Mais c’est une bonne idée, c’est chouette.

Donc tu vois Djoko gagner encore beaucoup de Grands Chelems ? Oui. Et Nadal aussi. Nadal va passer le record de Federer. Et Federer, je le vois durer encore pas mal.

formance et gagner trois ou quatre Grands Chelems derrière, cela paraît plus compliqué.

le tennis masculin, il n’y a pas non plus 50 matches que je vais regarder avec plaisir…

« Nadal va passer le record de Federer en Grand Chelem »

Justement, quels joueurs tu aimes bien regarder ? Je me régale quand c’est Nadal, quand c’est Federer, quand c’est Jo, quand c’est Gaël… Mais je ne regarderais pas Berdych, par exemple…

Tu regardes un peu le tennis féminin ? (Il souffle)… Tu le regardes toi ?

Justement, à ton avis, Roger gagnera un autre titre majeur d’ici la fin de sa carrière ? Ah oui, oui ! Pour moi, c’est certain. Bon, Roland Garros plus difficilement que les autres. Mais Wimbledon, je pense qu’il en est capable, ou l’US Open. Il joue super bien encore. Et Murray également peut gagner d’autres Grands Chelems. Là, il sort d’une opération avec trois mois d’arrêt, c’est super dur de revenir, il faut du temps. Alors laissons-le lui, ce temps. Mais, pour l’instant, ces joueurs sont devant les autres. Et cela ne pousse pas vraiment derrière.

Pas beaucoup... Oui, voilà. Moi, c’est pareil (sourire).

La victoire de Wawrinka n’a donc pas changé grand chose, selon toi ? Déjà, Nadal n’était pas à 100% en finale. Il ne faut quand même pas l’oublier. S’il n’avait pas eu son problème au dos, il serait resté favori. Même si Stan’ jouait de façon monstrueuse. Sans oublier qu’il a battu Djokovic, puis Berdych dans la foulée, il y a quand même une marge entre être vainqueur et finaliste. Mais il ne faut pas lui enlever de mérite, c’était énorme, ce qu’il a fait ; il a eu un niveau de jeu incroyable. Il jouait la folie, servait à 220 km/h, c’était dingue, il était en état de grâce. Il faut toujours un peu de réussite pour gagner un Grand Chelem. Amélie en avait eu aussi, en 2006. Stan’ également, même s’il aurait peut-être battu un Nadal à 100% de ses moyens. Quoi qu’il en soit, il mérite tout cela parce qu’il joue super bien. Maintenant, réitérer cette per-

Et si on te proposait de la défier demain, sur un grand court, cela te ferait marrer ? Oui, ce serait drôle. Mais je le répète, si elle joue un mec à -15, un bon joueur de club du sud de la France, qui joue sur terre battue, avec des coups liftés et un physique de fou, elle ne le bat jamais. Même un -4/6, je pense. Alors, tu vois… Non, le tennis féminin, je ne le regarde pas plus que cela. J’aime bien voir ce que font les Françaises, comme Alizé (Cornet) ou Marion (Bartoli) quand elle jouait encore. On se soutient entre Français, c’est normal. Mais je ne regarderais pas un match féminin, genre une demi-finale de Grand Chelem… Je n’ai aucune animosité, hein, il n’y a pas de problèmes. D’ailleurs, je n’ai aucun souci par rapport au fait qu’elles aient les mêmes prize-money, je m’en fiche – et c’est plutôt bien pour elles. Mais je ne regarde pas plus que cela. Ceci dit, dans

Tu ferais quel score, contre Serena ? Deux petits sets. 6-1 6-2, un truc comme cela. Mais c’est normal. Bon, je ne sais pas comment elle joue, j’ai du mal à évaluer. Moi, j’ai une balle liftée, je ne sais pas comment elle la gérerait. D’ailleurs, je ne sais pas trop si elle joue -4/6, -15, -30… J’aimerais bien savoir... Mais, je te dis, si elle joue un mec à -15, sur terre battue, elle ne gagne jamais ! Jamais.

Et un Djoko-Nadal, tu regardes ? Pas mal de gens trouvent leurs confrontations rébarbatives et ennuyeuses. Ce n’est pas ton avis ? Non, je ne trouve pas. Djoko-Nadal, je me régale. Djoko-Murray, un peu moins, justement parce que c’est rébarbatif au niveau du jeu, c’est toujours les mêmes points. Mais Djoko-Nadal, c’est super impressionnant. C’est poussé à l’extrême sur les plans physique et tennistique. C’est tout simplement monstrueux. Franchement, j’ai vu quelques-uns de leurs matches qui étaient vraiment magnifiques. J’aime quand il y a une opposition comme cela, ou des styles différents, comme pour un Nadal-Federer.

GRANDCHELEM - magazine d’informations GRATUIT sur le tennis - bimestriel - MAI-JUIN 2014

35


DOSSIER • ROLAND GARROS

Kenny de Schepper

Le tout, c’est quand même d’être heureux ! C’est un garçon qui ne fait pas de bruit, mais qui pourrait bien créer la surprise à Roland Garros. Vous apercevrez certainement sa grande silhouette de 2m03 au détour des courts. Kenny de Schepper est 75ème mondial, mais numéro un de la sérénité. Car ce garçon voit la vie d’une façon bien à lui, simple, sans tricher. Et a choisi de s’attacher à la seule chose qui compte vraiment : le bonheur ! Entretien réalisé par Simon Alves Kenny, je t’ai entendu dire, à Cherbourg, dernièrement, que tu avais changé assez drastiquement ton jeu à l’âge de 18 ans. Ce n’est pas banal, comme démarche, et même risqué... Qu’est-ce qui n’allait pas ? Ce n’est pas que rien n’allait, mais je voulais évoluer. Je ne me voyais pas atteindre le plus haut niveau en jouant comme je jouais. C’est pour me donner une chance d’y parvenir que j’ai changé certaines choses. Je ne servais pas très bien pour ma taille, à l’époque, je ne jouais qu’en fond de court, je ne volleyais pas, j’avais un revers à deux mains... C’est tout mon jeu que j’ai modifié (rires) ! Une sacrée prise de risques, non ? Non, car j’estimais que je n’avais aucune chance si je ne changeais rien. Par conséquent je m’y suis tenu et, au final, cela m’a permis de progresser plus vite. Cela me fait penser à Gianni Mina, à qui l’on a fait changer son coup droit au même âge. Selon son père, cela explique qu’il ne perce pas aujourd’hui… Mais il faut aussi être convaincu de ce qu’on fait ! Et, si on ne l’est pas profondément, peut-être ne faut-il pas changer. Pour ma part, c’était clair, c’était réglé. J’en ai parlé à mon coach en lui disant que j’avais envie de faire ce changement parce que j’en avais besoin. J’estimais que j’avais un bon potentiel et qu’il fallait mieux l’exploiter que cela. De toute façon, si ce n’était pas passé, j’aurais fait autre chose, hein (rires) ! C’est la vie ! Et on t’a mis en garde en te disant : « Attention... » Oui, car il y a toujours quelques peurs, c’est normal. Mais, en même temps, je me dis qu’on n’a qu’une vie et que si on ne tente pas des trucs, on peut avoir des regrets par la suite. Mieux vaut tenter que ne rien faire. Alors j’ai pris ma chance. Comme je te l’ai dit, si je n’avais pas réussi, si je n’avais pas vu d’évolution après deux ou trois ans, j’aurais fait autre chose. Cela n’aurait pas été un drame. L’an dernier, dans une chronique pour le Nouvel Observateur, tu parlais de ton quotidien. L’aspect financier, notamment, avait l’air problématique. Comment tu faisais avant de jouer sur le circuit ATP ? C’était compliqué. J’ai souvent été seul, mais j’ai quand même eu beaucoup de chance, car j’ai pu compter sur mes parents. Ils m’ont globalement bien aidé, ils se sont mis en quatre pour m’emmener en tournoi... Et puis, cela s’est aussi fait au fur-et-à mesure. J’ai commencé à Bordeaux, puis j’ai choisi d’aller à Toulouse pour changer de cadre et de structure d’entraînement... Aujourd’hui, c’est un peu plus facile (rires)... Oui, je suis autonome. Et c’est un vrai plaisir personnel ! C’est sympa de ne pas dépendre de quelqu’un.

36

J’ai remarqué que tu abordais cette question de l’argent sans trop de complexes. L’argent, d’une façon générale, pour les joueurs, c’est plutôt tabou, secondaire ou primordial ? Je pense qu’il y a de tout. Il y en a qui sont motivés par l’argent ; d’autres qui le sont plutôt par les trophées ou l’idée de se faire plaisir sur le court. Évidemment, on y pense toujours un peu, parce qu’il faut bien vivre. Mais, moi, je sais que ce qui me fait vibrer en premier, ce sont les émotions sur le court, le plaisir de jouer, les gros matches avec un grand public... C’est ce qui est le plus sympa. L’argent... Bon, si, quand tu le reçois après le tournoi, tu te fais plaisir ! Moi, ça me permet de m’amuser, gagner ma vie, manger, boire – ce genre de trucs un peu essentiels (rires).

« Je suis un joueur complet ; j’ai des coups forts, mais je ne panique pas quand ils ne fonctionnent pas » Il y a des choses que tu peux faire maintenant et que tu ne pouvais pas avant ? Partir en vacances, par exemple (rires) ! Avant, je les passais chez moi, chez mes parents. Je ne partais pas, je n’avais pas les moyens. Là, au mois de décembre, j’ai eu l’occasion d’aller en Guadeloupe ; autant te dire que c’était sympa... C’était la première fois que je le faisais ! C’est aussi possible, désormais, parce que tu es entré dans le Top 100 depuis un an. Tu vises encore un peu plus haut ? Oui, je ne compte pas m’arrêter en si bon chemin. Mais je suis avant tout centré sur mon niveau de jeu. S’il est bon, s’il progresse et que la santé suit, je sais que le classement s’améliorera. D’abord le niveau, ensuite les chiffres. J’avoue quand même que j’aimerais bien entrer dans le Top 50 cette année. Il y a plein de paramètres dont il faut tenir compte, mais on verra bien. Puisque tu parles de ton jeu, comment tu le caractérises ? Complet ? qui s’appuie sur un ou deux points forts ? Je pense que je suis un joueur plutôt complet. Cela peut m’arriver de moins bien servir, par exemple, et, dans ces cas-là, je ne me prends pas la tête ; je sais que, si je me sens bien dans le jeu, à côté, j’aurais toujours des chances de l’emporter. J’ai des coups forts, inévitablement, mais je ne panique pas quand ils ne fonctionnent pas. J’estime que j’ai d’autres moyens à disposition pour gagner.

GRANDCHELEM - magazine d’informations GRATUIT sur le tennis - bimestriel - mai-juin 2014

Tu vas avoir 27 ans, déjà, mais tu as percé tard. Tu penses qu’on a un peu trop tendance à s’enflammer rapidement sur les jeunes, dès qu’ils font une bonne perf’, et à les descendre injustement quand cela va moins bien ? Je ne sais pas, mais, ce qui est sûr, c’est qu’il ne faut pas les casser. Ni les presser. A 14 ou 15 ans, c’est aussi normal d’avoir envie de faire autre chose que du tennis. Ce n’est pas parce qu’on joue un peu moins ou qu’on s’entraîne moins dur que le voisin qu’on n’a pas de qualités… Je veux dire, il faut laisser grandir le joueur à son rythme. S’il veut faire un peu d’études, qu’il les fasse, qu’il ne se prive pas. Il ne faut pas sacrifier son plaisir, même si, à un moment donné, il faut faire un choix. C’est important d’y aller mollo, car on peut casser la carrière d’un joueur en le poussant trop, même s’il est très bon, même si c’est un battant. Certains en gardent des traces toute leur vie. Derrière, c’est vraiment dur à gérer. Alors, oui, il y en a toujours qui s’en sortent parfaitement, qui vont tout droit... Bravo à eux ! Mais, en France, on ne privilégie pas assez le bonheur. Le tout, c’est quand même d’être heureux, non (rires) ? Tu es assez paradoxal, comme joueur : tu n’as toujours pas dépassé les quarts de finale en ATP 250... mais tu présentes déjà un huitième à Wimbledon. En fait, tu es plutôt taillé pour jouer dans la cour des grands... (Rires) Je ne sais pas ce que je suis, mais… je joue les matches comme ils viennent ! C’est vrai que j’adore les grosses rencontres, à enjeu, avec du public... C’est quelque chose qui donne envie de jouer, c’est clair. Je t’ai écouté, quelques fois, après certaines défaites. On dirait que l’échec ne t’atteint pas vraiment, tu as toujours beaucoup de détachement... Oui, c’est sûr, une défaite, ce n’est pas la mort (rires) ! La seule chose qui me chagrine vraiment, c’est quand je n’arrive pas à tout donner dans un match. Si je perds et que j’ai donné tout ce que j’avais sur le moment, fatigué ou pas, cela me plaît ! Parce que, de toute façon, le mec en face peut être meilleur. Mais, si tu donnes le maximum, peu importe la défaite, tu sais que tu en ressors plus fort.


* SAUF AU JAPON

BABOLAT - RAQUETTES, CORDAGE, BALLES, BAGAGERIE ET ACCESSOIRES OFFICIELS DE ROLAND-GARROS

fournisseur officiel

BABOLAT - RAQUETTES, CHAUSSURES*, BAGAGERIE ET ACCESSOIRES OFFICIELS DU TOURNOI DE WIMBLEDON


DOSSIER • ROLAND GARROS

UN HERITIER

A GASTON GAUDIO ? Nadal, Djokovic ; Djokovic, Nadal… Et si nous faisions fausse route ? Et si le vainqueur de cette édition 2014 n’avait rien à voir avec les deux maîtres incontestés de la terre battue ces dernières années ? Pour la première fois depuis dix ans, le tournoi parisien pourrait bien renouer avec sa tradition et, ainsi, sacrer, à la surprise générale, un vainqueur parfaitement improbable. Pauline Dahlem

Roland Garros, terre d’exploits

Joueurs improbables, parcours inimaginables, victoires invraisemblables… L’histoire de Roland Garros est riche de ces fameuses « surprises » qui font, depuis toujours, le charme de ce tournoi. Comment oublier les succès héroïques de Michael Chang, Andres Gomez, Gustavo Kuerten ou encore Gaston Gaudio ? Comment ne pas se souvenir des parcours incroyables de Martin Verkerk, finaliste en 2003, ou de Robin Söderling, tombeur de Nadal et finaliste en 2009 ? Ces joueurs, pas même membres du Top 30, se sont révélés Porte d’Auteuil, le temps d’une quinzaine. Certains ont confirmé, d’autres pas, replongeant presque immédiatement dans l’anonymat. Toujours est-il que ces contes de fées, dont le public parisien raffole, ont peut-être un peu manqué au tournoi ces dix dernières années. Dix ans, cela remonte précisément au triomphe de Gaston Gaudio, arrivé à Paris dans la peau d’un honnête 44ème mondial et reparti, quinze jours plus tard, le trophée sous le bras. Dix ans, donc, qu’un certain Rafael Nadal règne quasiment sans partage sur la terre parisienne, hors épisode Federer en 2009, privant, de fait, le tournoi de ses vainqueurs improbables. Mais le cru 2014 pourrait bien renouer avec la tradition…

2014, année propice à l’exploit

« Événement inattendu, qui provoque l’étonnement. » Par définition, la surprise ne peut donc être prévue. Néanmoins, si l’on sait les déchiffrer, des indices en annoncent souvent les prémices. Or, un Nadal qui doute, comme un Djokovic qui souffre, en constituent déjà de sérieux. Battu par Ferrer à Monte-Carlo, puis Almagro à Barcelone, le Majorquin a montré de vrais signes de faiblesse lors de sa préparation. Quant au Serbe, sa mystérieuse blessure à l’avant-bras pourrait être plus gênante qu’il ne veut bien le laisser entendre. Quid des autres membres du Top 10 ? Ce n’est guère mieux ! Tout juste papa, Federer risque de ne pas avoir la tête au tennis. Del Potro est forfait, Murray inexistant, Ferrer, Wawrinka et Berdych inconstants… Bref, aucun n’a donné de réelles garanties quant à sa capacité à assurer Porte d’Auteuil. Dans ces conditions, pourquoi ne pas imaginer Dimitrov, Nishikori ou même Fognini jouer les trouble-fêtes ? Soyons encore un peu plus audacieux. Ciblons un joueur classé entre la 40ème et la 70ème place – Guga était 66ème en 1997 ! – inconnu du grand public et, si possible, à l’aise sur terre battue. Résultat : on citerait bien Klizan, Thiem, Garcia-Lopez, Bautista-Agut, Berlocq ou Giraldo… Vous riez ? Auteurs de très bons tournois avant Roland Garros, déjà vainqueurs de grands joueurs, mais tout à fait crédibles dans le rôle de « coupeurs de têtes » Porte d’Auteuil. On est pourtant pile dans la cible, non ?

Roland Garros 2004 : Gaston Gaudio, la dernière surprise du chef... En 2004, Gaston Gaudio, 46ème au classement, terrassait Guillermo Coria en cinq manches, 0-6 3-6 6-4 6-1 8-6, au cours d’une finale épique et presque interminable. A la sortie, c’est toute l’Argentine qui célébrait ses deux champions et un authentique exploit, alors que la légende Guillermo Vilas remettait la Coupe des Mousquetaires. Gaston rêvait les yeux ouverts ; à côté, Coria, lui, versait des larmes intarissables. Ce dernier ne se remettra jamais de cet échec, traumatisé par ce titre qui lui avait échappé lors même qu’il menait deux sets à zéro. Gaudio, lui, réalisa les 18 plus beaux mois de sa carrière... avant de disparaître.

38

GRANDCHELEM - magazine d’informations GRATUIT sur le tennis - bimestriel - mai-juin 2014



DOSSIER • ROLAND GARROS

AU PLAISIR

DE CES DAMES LES VALEURS SÛRES Serena Williams et Li Na

Comment parler de Roland Garros sans évoquer sa tenante du titre, Serena Williams ? Comment parler de Serena Williams sans évoquer sa poursuivante attitrée au classement, Li Na ? Les deux joueuses sont actuellement les patronnes du circuit WTA. L’une surfe sur sa saison 2013 extraordinaire ; l’autre sur une montée en puissance progressive qui l’a amenée à un début d’année du tonnerre. Oui, mais voilà... Depuis quelques mois, les patronnes ne sont plus vraiment là. Oh, elles restent constantes dans leurs résultats, mais de petits graviers sont venus enrayer leur progression. Pour Serena, ce sont, déjà, des déceptions à Melbourne et à Dubaï. Et puis, une drôle de défaite contre Jana Cepelova, à Charleston. Surtout, de légères inquiétudes quant à son implication, même si elle s’en défend. Elle l’affirmait, en avril : « Après avoir joué énormément pendant deux ans, je commence à ressentir les effets de la fatigue. J’ai besoin de quelques semaines de repos, où je ne pense pas au tennis, pour, en quelque sorte, me remobiliser. » A Madrid, c’est le physique qui a lâché, puisqu’elle a souffert d’une blessure à la cuisse gauche, qui l’a poussée à déclarer forfait avant les quarts. Bref, elle n’affiche plus le visage rayonnant d’il y a un an. Quant à Li Na... La Chinoise fait le job, également. Mais elle n’a plus gagné de titre depuis Melbourne, encaissant même, là aussi, des défaites surprenantes contre Flavia Pennetta ou Petra Cetkovska. Sur terre battue, même si elle se pose en ancienne vainqueur de Roland Garros, elle a réalisé des saisons relativement inconstantes depuis 2012. Un comble pour cette joueuse coachée par Carlos Rodriguez, ex-entraîneur d’une quadruple lauréate Porte d’Auteuil, Justine Henin.

LA GROSSE COTE

Caroline Garcia

Ah, fans tricolores, vous pensiez être, encore une fois, en mal de sensations fortes du côté de la Porte d’Auteuil ? Vous vous attendiez à vous désespérer, une fois de plus, de voir une joueuse bleu-blanc-rouge vous faire vibrer sur la terre parisienne ? Et bien, non ! Cette année vous fera peut-être revivre de grandes émotions, comme 2011 avait pu le faire avec Marion Bartoli et sa demi-finale. Et vos espoirs se tourneront vers une petite jeune, bluffante d’envie et de maturité : Caroline Garcia. Car la Française n’en finit plus de gagner ! Elle surfait pourtant sur une série de dix défaites consécutives en février. Et puis... le déclic. En Fed Cup, face à la Suisse, Amélie choisit de ne pas la faire jouer. Touchée, en larmes, Caroline décide alors de casser la baraque. Vainqueur d’Eugénie Bouchard, une belle référence ; défaite en trois sets accrochés par Serena Williams ; titrée à Bogota pour la première fois de sa carrière ; leader de l’équipe de France de Fed Cup sur le court face aux Américaines... La suite s’est avérée beaucoup plus positive. Voire même excellente ! Bien plus constante dans le jeu, elle ne gamberge plus sur le court. Son coup droit est clairement devenu une arme dévastatrice – et son service aussi. Le plus impressionnant ? Sa capacité à faire fi de l’enjeu. Face à Jelena Jankovic, en finale, à Bogota, elle s’est vraiment imposée en patronne. A Madrid, contre Sara Errani, une spécialiste, elle a su faire le dos rond, sans s’écrouler, avant de s’en sortir en trois manches. « A Acapulco, j’ai eu une prise de conscience », explique Garcia, dans nos colonnes (interview à retrouver pages 42-43). « Mon tennis était là, mon physique était là et, dans la tête, je n’avais rien à envier à certaines autres joueuses. Sur le court, j’ai tout donné, j’ai cru en moi. » A vous, maintenant, de croire en elle !

40

GRANDCHELEM - magazine d’informations GRATUIT sur le tennis - bimestriel - mai-juin 2014

Il va y avoir des larmes et des sourires, des bras levés et des mines basses... Lesquelles de ces Dames vont briller du côté de Roland Garros ? GrandChelem s’est penché sur la question. Revue d’effectifs. Rémi Capber

LA FAVORITE ?

Maria Sharapova

C’est la question qu’on peut se poser. Car la Russe semble peu à peu retrouver sa vitesse de croisière. Mise hors-course en août 2013 à cause d’une énième rechute à l’épaule droite, elle avait raté la fin de saison et, dans la foulée, réalisé un début 2014 assez peu convaincant. Mais il faut s’appeler Rafael Nadal pour revenir d’une longue blessure et tout renverser sur son passage. « C’est toujours un gros challenge que de tenter de retrouver son meilleur niveau après un gros pépin physique », confirmait-elle, à Madrid. Alors, elle a pris son temps. Jusqu’à voir de nouveau la lumière avec le mois de mars, le printemps et le tournoi de Miami où elle s’est hissée jusqu’en demi-finale. Mieux, son retour sur terre battue lui a permis de regoûter à la saveur des trophées. Car ne vous y trompez pas : si Sharapova disait de la terre, il y a quelques années – cela semble une éternité ! –, qu’elle s’y sentait « comme une vache sur une patinoire », les choses ont bien changé. Aujourd’hui, elle est tout simplement la meilleure joueuse sur cette surface, même si elle ne l’admettra pas, n’étant pas une terrienne pur jus. « J’ai beaucoup bossé pour m’améliorer, car c’était la surface que j’aimais le moins dans ma jeunesse. Cette année, comme les précédentes, j’ai réussi à gérer parfaitement la transition dur-terre ; c’est ce qui fait la différence. » D’ailleurs, avant Rome, la Sibérienne avait tout simplement remporté sur l’ocre huit de ses onze derniers titres. Depuis 2012, une seule joueuse a vraiment réussi à lui barrer la route : Serena Williams, face à qui elle entretient, avant tout, un complexe profond et historique. Seule grosse incertitude pour Maria : elle ne devrait pas faire partie des quatre premières têtes de série. Or, si elle se retrouvait dans le même quart de tableau que l’Américaine... l’aventure pourrait tourner court.

L’OUTSIDER

Simona Halep

Vous ne connaissiez peut-être pas son nom avant l’année dernière. Il faut dire que cette jeune fille de 22 ans gravitait surtout autour de la 50ème place mondiale. Tout au moins avait-elle un peu fait parler d’elle pour avoir atteint la première place chez les Juniors... et remporté Roland Garros dans cette catégorie en 2008. Mais peut-être également pour s’être fait réduire les seins, oui, oui, à sa majorité, gênée qu’elle était par leur poids – il faut dire qu’elle avait, en effet, une très forte poitrine. Depuis, l’eau a coulé sous les ponts. Car la Roumaine s’est désormais révélée au plus haut-niveau, et cela fait tout juste un an. A Rome, elle s’était sortie des qualifications, avant de se hisser en demi-finale. Avait suivi un incroyable parcours, avec pas moins de six titres sur toutes les surfaces et 45 victoires en 54 matches entre mai et octobre. Aujourd’hui, Halep est confortablement installée dans le Top 5. Pleine d’ambition, elle n’a peur de rien, ni de personne, déjà forte de plusieurs victoires face aux meilleures, de Petra Kvitova à Li Na, en passant par Radwanska, Kerber, Errani ou Jankovic. Et la manière dont elle a réussi à bouger Maria Sharapova en finale, à Madrid, s’avère plutôt prometteuse. Malgré son manque de puissance au service, elle pratique un jeu de fond de court agressif, puissant côté coup droit, comme côté revers. Un jeu complet, en somme, à l’image de sa polyvalence sur toutes les surfaces. Le jeu d’une potentielle vainqueur de Roland Garros.. chez les grandes, cette fois ?


DOSSIER • ROLAND GARROS

Elina Svitolina Dans le tennis féminin, tout est possible si l’on est travailleuse En constante progression depuis son titre chez les Juniors à Roland Garros, Elina Svitolina est assurément l’une des futures stars du circuit. Actuellement 38ème mondiale à seulement 19 ans, elle est, derrière Sloane Stephens et Eugénie Bouchard, la mieux classée des filles de 21 ans ou moins. Impressionnant. Entretien réalisé par Pauline Dahlem En-dehors de tes qualités de combattante, quelles sont tes autres forces ? La principale, c’est d’être constamment agressive. Au final, je me définirais comme une attaquante de fond de court. Avec mon coach, notre ligne de conduite est de pouvoir prendre de plus en plus l’avantage, de dicter les échanges plutôt que de subir ou de défendre trop. Tu as déjà battu des joueuses du Top 20, mais souvent bloqué contre celles du Top 10. Que te manque-t-il encore ? La différence se situe au niveau de l’expérience. Pour y parvenir, je sais que je dois être patiente. Vous savez, dans le tennis féminin, tout est possible si l’on est travailleuse. Je pense aussi qu’on peut perdre contre n’importe qui aujourd’hui... ce qui veut également dire qu’on peut battre n’importe qui. C’est une question de motivation et de confiance.

Quel regard portes-tu aujourd’hui sur ta victoire à Roland Garros, chez les Juniors ? Quel est ton souvenir de ce tourbillon ? C’était vraiment fabuleux ! Ce fut une vraie surprise, et une superbe expérience qui m’a fait réaliser que j’avais peut-être les moyens de devenir une championne. En plus, réussir cette performance en France, à Roland Garros, c’était vraiment incroyable... A 19 ans, tu occupes ton meilleur classement, tout près du Top 30. Jusqu’où veux-tu aller ? Mon but ultime, c’est de... gagner tous les tournois du Grand Chelem (rires). Mais bon... Je sais que j’ai encore quelques progrès à faire ! Pour l’instant, mon objectif de l’année, je l’ai fixé au Top 15. La seule façon d’y parvenir, c’est de continuer à travailler dur chaque jour à l’entraînement et de maintenir un niveau moyen constant pour ne pas passer à travers ou réaliser trop de contre-performances. On dit que tu es une joueuse très solide en fond de court, complète, « contreuse » et accrocheuse. Tu confirmes ? Ne rien lâcher, c’est ma ligne de conduite et, ce, même quand il semble que c’est très difficile, voire impossible. Je crois d’ailleurs que c’est cela qui me plaît le plus dans le tennis : l’idée de se battre. C’est vraiment un sport extraordinaire qui nous met dans des situations spéciales, où il faut savoir tout donner.

Tu fais partie d’une génération de joueuses prometteuses : Stephens, Bouchard, Garcia, Robson... Comment tu te situes par rapport à elles ? Il y en a une avec qui tu as une rivalité particulière ? Non, je respecte toutes les joueuses, quel que soit leur niveau. Celles que vous citez ont effectivement réalisé de grosses performances. Même si je fais partie de la même génération qu’elles, la concurrence reste très saine et doit, avant tout, nous permettre de toutes progresser. Cette année, quels seront tes objectifs à Roland Garros ? Une deuxième semaine ? Forcément, c’est un tournoi qui occupe une place particulière dans mon cœur, qui a une saveur bien à lui. Je mets tout en œuvre pour être prête lors de cette échéance, mais sans me fixer un objectif précis. L’idée, pour un grand rendez-vous comme celui-là, c’est avant tout de ne pas avoir de regrets et, surtout, de donner le meilleur de moi-même quelle que soit l’adversaire en face. Si tu devais gagner un tournoi du Grand Chelem, j’imagine que ce serait Roland... Vous me prenez par les sentiments (rires)... Ce serait parfait, en effet. Tu as des idoles, chez les femmes comme chez les hommes ? J’ai toujours suivi les performances de Kim Clijsters, son jeu, son histoire, sa simplicité. Elle m’a toujours inspirée ; ses titres, comme son parcours, ont marqué le tennis des années 2000. Après, chez les hommes, je dois aussi avouer que je ne suis pas insensible au style de Dolgopolov. Et, dès que je le peux, je supporte Stakhovsky également.

Des compatriotes, forcément... A ce sujet, tu as pu suivre les événements qui se sont passés en Ukraine ? Cela t’inquiète ? Bien sûr, oui, cela m’inquiète, mais je ne peux pas faire grand chose. Je prends souvent des nouvelles de mes proches et de ma famille. A propos de cette situation, tout a été dit, tout peut être dit... J’espère juste que les choses s’éclairciront dans les mois à venir. Aujourd’hui, tu t’entraînes en France, à l’ISP Academy. Entre toi et notre pays, c’est une histoire d’amour... C’est un peu cela (rires) ! J’y suis assez souvent, puisque je travaille régulièrement chez ISP. C’est vraiment mon camp de base. Je suis contente et je pense avoir fait le bon choix... D’autant que je peux profiter du soleil de la Côte d’Azur (rires) ! La France, c’est aussi un pays de la mode... Tu attaches beaucoup d’importance à ton apparence sur le court ? Il faut dire qu’on passe quand même une bonne partie de notre vie sur les terrains... Donc, oui, je trouve qu’il vaut mieux être élégante et, surtout, se sentir bien dans ses tenues. Moi, j’ai plutôt été gâtée depuis que je joue ! Cette année, j’ai signé avec Ellesse, une marque qui symbolise parfaitement l’élégance – tout le monde s’accorde à le dire. Tu connais bien l’histoire de cette marque ? Comment ne pas la connaître ! Ellesse a vu passer tant d’immenses champions, j’aurais bien du mal à en donner une liste exhaustive. Même si, évidemment, une certaine Chris Evert vient assez rapidement à l’esprit... Toi qui en es la seule ambassadrice, tu dois avoir la pression, non ? Pas du tout ! J’ai des rapports assez privilégiés avec la marque et son team. La pression, je l’ai plutôt sur mes performances (rires). On nous a dit que tu allais même participer à l’élaboration des collections... Oui, c’est vrai, vous êtes bien informés ! J’ai donné mon avis et mes goûts. Je sais que je suis assez privilégiée car je suis la seule du circuit à jouer en Ellesse. On peut considérer que mes tenues sont vraiment les miennes... Il n’y a pas beaucoup de championnes qui peuvent en dire autant (rires). D’une manière générale, quelle est la joueuse la plus stylée, actuellement ? Très honnêtement, pour moi, c’est Serena. Elle a toujours des tenues incroyables avec des surprises et des détails qui font la différence. Là aussi, elle est numéro un mondiale, sans aucun doute !

GRANDCHELEM - magazine d’informations GRATUIT sur le tennis - bimestriel - MAI-JUIN 2014

41


DOSSIER • ROLAND GARROS

Caroline Garcia Je ne me donne pas de limites Caroline Garcia sera l’un des grands espoirs du tennis tricolore durant Roland Garros. Car la Lyonnaise a passé un cap cette année. Après quelques mois difficiles, elle a remporté le premier titre de sa carrière à Bogota, porté l’équipe de France de Fed Cup à bout de bras et fait son entrée dans le top 50. Nous l’avons rencontrée à la Ligue du Lyonnais pour un entretien grand format. Caroline ne cache pas son ambition, sûre de ses forces, mais n’oublie pas tous les progrès qu’elle veut encore réaliser. Une jeune fille qui a la tête sur les épaules à 20 ans seulement ; en quelques mots : un esprit sain dans un corps sain ! Entretien réalisé par Pauline Dahlem et Laurent Trupiano Parlons peu, parlons bien : pour Roland, quels sont tes objectifs, cette année ? Cela reste un tournoi comme les autres, ce n’est pas parce que c’est Roland qu’il faut se mettre plus de pression. Mon objectif, à mon niveau, c’est avant tout d’apprendre et de donner le meilleur de moi-même. Plus concrètement, en Grand Chelem, j’aimerais déjà atteindre une deuxième semaine. Si je pouvais le faire dès Roland, ce serait bien. Mais cela représente trois matches difficiles et de haut niveau à gagner, donc on verra. Cela va pas mal dépendre du tirage au sort… Oui, comme toujours. Mais, de toute façon, si on veut atteindre la deuxième semaine, il faut battre au moins une ou deux têtes de série. C’est un bon objectif à avoir. Il faudra prendre les matches les uns après les autres, sans se poser de question. On parle beaucoup de la pression sur les joueurs français à Roland Garros. C’est un truc que tu ressens ? C’est vrai, il y a plus d’attentes, mais j’essaie de ne pas me focaliser dessus. Je joue pour moi, avant tout, pas pour les autres. Pour donner le meilleur, progresser et me faire plaisir. Le reste, que les gens pensent que je vais gagner le tournoi, que je vais faire une deuxième semaine ou m’arrêter au premier tour, ce n’est pas important. Il faut que je reste concentrée sur moi-même, comme je le fais depuis que j’ai commencé à jouer au tennis.

Tu es dans le Top 50, aujourd’hui ; tu as forcément des objectifs… Oui, j’en ai, mais je ne me donne pas de limites. Je ne veux pas considérer un truc comme un aboutissement, m’arrêter à l’objectif atteint. Si je gagne des matches, normalement, le classement suivra avec. D’ailleurs, j’espère plus gagner un tournoi que je ne vise un classement précis.

Pourquoi pas le service ? Le service n’est pas mal non plus, oui (rires). C’est vrai qu’il y a les deux. Mais j’aime assez m’appuyer sur mon coup droit, me décaler autour de mon revers pour mettre, parfois, un peu plus de volume ou prendre la balle plus tôt. Je sens que je peux plus facilement le faire avec mon coup droit qu’avec mon revers. Mais, sans mon service, c’est vrai que je ne suis rien non plus !

Tu as tout de même des rêves, non ? Oui, je veux être numéro un mondiale, je veux gagner des Grands Chelems, bien sûr. Mais c’est à plus long terme. Bon, si cela peut arriver le plus vite possible, je prends (rires)! Mais, pour l’instant, je me focalise sur mon jeu, sur moi-même. Je veux grandir et progresser à chaque match.

« Je veux être numéro un mondiale »

Si tu devais gagner un Grand Chelem, tu prendrais lequel ? C’est difficile, parce qu’ils ont tous leurs particularités. Roland, en tant que Française, c’est fort. Après, Wimbledon aussi, parce qu’il y a beaucoup d’histoire derrière. L’US Open, c’est super, car les supporters américains sont de vrais fans et très marrants. En Australie également, d’ailleurs. Je ne sais pas, je ne peux pas choisir, c’est trop dur (rires) ! Je prends les quatre ! Tu as une joueuse modèle ? Non. En fait, je n’en ai jamais eu.

« Contre Sharapova, je n’étais pas assez mûre »

Trois ans après le match contre Sharapova, tu en gardes quels souvenirs ? De très bons et, forcément... de moins bons. J’ai mené… Combien, exactement ? 6-3 4-1 ! C’est encore bien présent dans ton esprit ! Oui, je ne l’oublierai jamais (rires) ! 6-3 4-1, 30-A, je crois. Et il y a un truc qui se passe à ce moment-là ? A 4-1, il y a une « ola ». Après, cela n’a plus été pareil. J’avais super bien joué, peut-être trop bien pour le niveau que j’avais à l’époque. Cela m’a permis de progresser. Je n’étais pas assez mûre pour pouvoir enchaîner de tels coups à ce niveau. Il fallait que je grandisse dans ma tête et dans mon jeu pour m’améliorer. C’est ce que j’ai réussi à faire, depuis Acapulco, cette année. Tu aimerais la rejouer, demain, sur le Central de Roland, pour prendre ta revanche ? Je l’aurai, ma revanche. Je n’en ai aucun doute. On se rejouera sur le circuit. Mais je ne suis pas particulièrement pressée, ce n’est pas le plus important. Il y avait eu le fameux tweet d’Andy Murray pendant le match. Tu lui as parlé suite à cela ? (Rires) Je lui dis bonjour… Enfin, au début, il me croisait, il ne me disait rien de spécial. Maintenant, il me sourit, il me dit bonjour, me demande comment cela va. Il est super sympa, très cool ! Même avec son staff, on discute un peu. Andy, c’est une bonne personne.

42

Vraiment aucune ? Non. Même quand j’étais petite, je ne me suis jamais vraiment identifiée à une joueuse. Je pouvais avoir un attachement temporaire, mais je ne me suis jamais identifiée sur la durée. C’est une volonté de ta part ? Pas vraiment, je ne sais pas. Quand j’étais petite, j’étais plus fan des hommes que des filles, en fait. Alors, chez les hommes, quel est ton modèle ? Cela a toujours été Roger (Federer) et (Rafael) Nadal. J’ai plus un jeu d’attaquante, comme Roger. Mais je sais aussi qu’il me faut la discipline et la rigueur de Nadal dans mon placement, dans mon travail, etc., pour que ce jeu s’exprime correctement. C’est justement ce que j’arrive à faire un peu mieux, ces derniers temps, à mon niveau. Et ta surface préférée ? On te sent relativement à l’aise de partout… Je suis assez polyvalente, en effet. Avant, j’avais un peu de mal à tenir sur terre battue, mais, maintenant, c’est bon, sur une bonne terre, je peux bien m’exprimer. En tout cas, j’ai eu des résultats un peu partout. Quelle est ta plus grande force ? Mon coup droit. Sans hésiter.

GRANDCHELEM - magazine d’informations GRATUIT sur le tennis - bimestriel - mai-juin 2014

Dans quels secteurs aimerais-tu progresser ? Qu’est-ce qui te manque pour franchir un nouveau cap ? Hum... Depuis deux mois, j’ai bien progressé dans ma rigueur, mon placement et ma concentration. Cela a payé. Je dois continuer dans cette voie-là. Pour le reste, ce sont de petits détails un peu partout, plutôt qu’un gros point en particulier. Améliorer le service, le coup droit, le revers… Je n’ai pas d’énormes faiblesses, non plus. Enfin, je ne crois pas (rires) ! La volée de coup droit, non ? (Rires) C’est vrai que j’en ai raté deux belles, en Fed Cup. Mais c’était plus un problème de zone qu’un souci technique. C’est vrai qu’elles n’étaient pas terribles ! Beaucoup de joueuses sont coachées, comme toi, par leur papa. Quels sont les avantages et les inconvénients de cette relation ? Quand on est jeune, il y a plus d’inconvénients que d’avantages. Quand tu grandis, tu arrives à faire la différence entre les moments où il est ton père et ceux où il est ton coach. Mais, avant, ce n’est pas tout le temps facile. Tu aimes bien que ton père te félicite ; mais, s’il veut te faire progresser, il ne peut pas te féliciter tout le temps. Malgré tout, il y a un truc primordial avec ton père : tu es sûre que c’est une personne qui ne veut vraiment que ton bien et qui va faire tout ce qui est en son pouvoir pour que tu puisses donner le meilleur de toi-même. Parce qu’il y a beaucoup de personnes en qui tu n’aurais pas confiance ? Je sais que mon père, comme ma mère, ne veulent qu’une seule chose : que je sois heureuse, que je prenne du plaisir sur le terrain, que j’arrive à faire ce que je veux. Ce n’est pas vraiment le cas de tout le monde... Derrière les beaux discours, c’est souvent plus flou... Et, dans le tennis, il y en a beaucoup des gens comme cela, alors il faut faire attention et bien choisir les personnes dont on s’entoure. Comment tu expliques le déclic que tu as eu à Acapulco (NDLR : elle y a atteint les demi-finales après avoir battu Eugénie Bouchard) ? Tu restais sur un début de saison très compliqué... J’ai toujours travaillé très dur depuis que je suis toute petite. Mais, après Wimbledon, j’ai vécu une période un peu morte. Pourtant, j’ai continué à bosser, même si c’était dur, même si je ne gagnais pas de matches. J’ai fait une très bonne intersaison, je me suis entraînée


DOSSIER • ROLAND GARROS

dur, j’ai mis en place beaucoup de choses pour progresser. Cela n’a pas payé en début d’année. Mais on a continué à discuter de tout cela avec mon père et, à Acapulco, j’ai eu une prise de conscience : mon tennis était là, mon physique était là et, dans la tête, je n’avais rien à envier à certaines autres joueuses. Sur le court, j’ai tout donné, j’ai cru en moi, du début à la fin, sans lâcher. Ce que je devais faire sur le terrain était un peu plus clair dans ma tête et cela a tout de suite fait la différence. Ta maman dit aussi que tu as pris conscience, aujourd’hui, que le tennis n’était pas seulement un plaisir, mais ton job. Tu confirmes ? Elle a raison. Cela fait un petit moment déjà que j’ai pris conscience de cela – il y a des jours où tu n’as pas envie de t’entraîner, mais il faut quand même y aller. Du coup, en raisonnant ainsi, je prends plus de plaisir à bosser. Je me dis que ce n’est pas parce que je suis dans un mauvais jour que je vais faire un mauvais entraînement ou un mauvais match. Tout peut changer très vite. Quand j’en ai pris conscience, je me suis subitement mieux entraînée et de façon plus régulière. Avant, quand je n’avais pas envie, on pouvait être sûr que la séance serait pourrie (sourire). Le fait de remporter le tournoi de Bogota et des matches en Fed Cup t’a donné l’impression d’avoir mûri ou changé de statut ? (Sourire gêné) Pour moi, en tant que personne, cela ne change rien. Ce sont plutôt les autres qui changent... Leur regard, leurs attentes. Moi, je veux continuer à rester moi-même, conserver le même état d’esprit. Tu parles d’« attentes ». Tu sens qu’il y a une petite pression ? C’est toi qui te la mets ? Non, moi, je ne vais pas me mettre de pression, ce n’est pas mon genre, ce n’est pas efficace, sur le court comme dans la vie de tous les jours. Il faut juste que je sois moi-même, que je joue mon jeu... et après on verra ! De toute façon, le regard des autres… Sur le circuit, je suis connue depuis que j’ai fait mon truc contre Sharapova (sourire). Cela m’avait plus changée à ce moment-là qu’aujourd’hui. A compter de ce match, les filles savaient que j’étais dangereuse, même si je ne faisais pas grand chose. Sur une rencontre, elles avaient conscience que je pouvais être là, donc je ne pense pas que mon statut va telle-

ment plus changer que cela. On passe du coq à l’âne, mais certaines personnes proposent de mettre les matches des filles en trois sets gagnants en Grand Chelem, pour dynamiser l’intérêt du tennis féminin... Moi, ça me va ! Tu serais partante ? Oui ! Je sais que beaucoup de filles le seraient, d’ailleurs. Je ne sais pas si cela se fera un jour, mais j’en ai déjà entendu pas mal parler dans les vestiaires. Physiquement, les filles s’en sentent capables ? Je ne sais pas, mais, moi, oui, je m’en sens capable (rires) ! Les autres, je m’en fous ! On dit du circuit féminin qu’il est très froid. Tu confirmes ? Il y a des filles froides. Mais il y a des filles qui sont normales. Qui sont les filles froides ?... Je pense que tout le monde peut le deviner (sourire). Il y en a qui ne sont pas très avenantes, qui ne disent pas bonjour, ce genre de choses.

« C’est le regard des autres qui change ; moi, je reste moi-même » Du genre... Sharapova ? Voilà. Mais il n’y a pas qu’elle ! Serena, cela dépend des jours. Parfois, elle te croise et ne va pas te calculer, d’autres fois, elle te lâche un sourire… Il ne faut pas chercher à comprendre (rires). Tu as aussi des filles pas connues qui ne sont pas très sympas. C’est ainsi. Certaines ne parlent qu’aux meilleures... C’est-à-dire que les meilleures ne se parlent qu’entre elles et te font sentir que tu n’es bonne à rien. C’est assez typique. Mais elles ne sont pas toutes comme cela. Na Li, par exemple, elle est cool. Azarenka également, ça va, je la connais un peu. Je pense que la majorité des filles sont très gentilles en-dehors du circuit. Mais, au quotidien, on est toutes en compétition et, du coup, certaines ne veulent pas trop s’ouvrir... Heureusement, il y a des filles géniales aussi, hein (rires) !

Et chez les garçons ? Tu suis le tennis masculin, d’ailleurs ? Oui, beaucoup ! Beaucoup, c’est-à-dire ? Je suis les résultats chaque jour, je regarde des matches quand je tombe dessus... Je regarde beaucoup les tableaux, grâce aux applis, notamment. Je me tiens au courant, quoi ! Parce que je suis avant tout une passionnée de sport et de tennis. J’adore regarder jouer Roger quand il est dans une bonne période, cela donne vraiment envie... Mais il y en a plein d’autres que j’aime voir : Wawrinka, notamment, c’est assez spectaculaire. Quel score tu ferais contre un joueur pro masculin ? Je n’en sais vraiment rien ! En fait, je n’ai jamais tapé la balle avec un Top 50. Je ne pense pas qu’il y en ait un qui voudrait jouer avec moi (rires). Personnellement, je m’en fous, mais je n’en sais rien (sourire). Le manque d’intérêt pour le tennis féminin de la part des médias et du public, tu le trouves justifié ? Non. C’est vrai qu’on n’a jamais eu la même valeur que le tennis masculin. Et on ne l’aura peut-être jamais, parce que le tennis masculin, il y a plus d’histoire, derrière. Et puis, on n’a pas les mêmes qualités que les hommes, on ne peut pas produire le même jeu. Ce n’est pas le même sport, on ne peut pas couvrir le terrain de la même façon. Voilà, on fait avec nos qualités, et je pense que c’est du beau spectacle aussi. Évidemment, comme chez les garçons, 100% des matches ne sont pas beaux à voir. Il y a tellement de paramètres extérieurs qui font, ou non, qu’un match est agréable à regarder : que les deux adversaires soient au maximum de leurs capacités en même temps, les conditions, l’ambiance… On ne peut pas comparer le tennis masculin et le tennis féminin, ce sont deux sports différents. Mais il y a aussi beaucoup de gens qui se déplacent pour la WTA. A Bogota, par exemple, les tribunes étaient régulièrement pleines et les gens avaient l’air de prendre du plaisir. Tant mieux !

GRANDCHELEM - magazine d’informations GRATUIT sur le tennis - bimestriel - MAI-JUIN 2014

43


guest star

monsieur

Ronald Agenor

Je n’ai pas été assez fort émotionnellement Entretien réalisé par Antoine Lebrun

Ronald Agenor fait partie de l’histoire du tennis. 22ème mondial en 1989, l’Haïtien, natif de Rabat au Maroc, a marqué les années 80 et 90 de son empreinte. Vainqueur de trois tournois au cours de sa carrière, la « sensation haïtienne » est connue pour avoir disputé la première finale opposant deux joueurs noirs, face à Yannick Noah, à Bâle, en 1987. Mais ce n’est pas tout : celui dont le nom signifie « héroïque » en latin a également disputé un quartde-finale mémorable, à Roland Garros, contre Michael Chang, en 1989. Entre fierté, déceptions et musique, Ronald Agenor revient sur sa carrière et sa reconversion. Sans prétention, mais avec beaucoup d’émotion.

44

Magnéto ! En 1988 et 1989, tu vis deux années exceptionnelles, avec un grand moment à Roland Garros et ce quart de finale... Tu atteins également la 22ème place mondiale. Ce sont clairement tes meilleures saisons ? C’est vrai que ces deux années ont concentré tous mes meilleurs résultats, notamment en Grands Chelems. J’étais toujours extrêmement concentré et je ne me rends compte de ce que j’ai fait qu’avec le recul et l’âge. On peut se demander pourquoi je n’ai pas su aller au-delà de la 22ème place mondiale. J’avais quelques failles dans mon jeu et, ma plus grosse erreur, c’est de m’être trop entraîné sur terre battue, alors que j’avais un jeu qui m’aurait permis de briller sur rapide. C’est pour cela qu’en fin de carrière, j’ai mieux joué sur dur. Mais, mis à part ces quelques défauts, ce sont surtout les émotions qui ont rythmé ma carrière. Et c’est ce qui fait toute la différence entre un bon joueur et un top mondial. Gérer ses émotions sur le court, c’est presque facile. Le plus compliqué dans la vie d’un athlète, c’est d’oublier les aléas de sa vie personnelle. Ton jeu et ton niveau ont, en effet, été très dépendants de ton état mental. Peut-on dire que tu es passé à côté d’une carrière encore plus brillante à cause de cela ? Probablement, même si cela peut paraître prétentieux de l’affirmer. Et puis, c’est le cas de la majeure partie des joueurs. J’ai un incroyable souvenir, à ce propos : en 1990, je joue les demifinales du tournoi de Bordeaux contre Guy Forget. Nous étions tous les deux très marqués par nos vies respectives, à ce momentlà : le père de Guy était mort la veille et ma mère était dans le coma et attendait une greffe du foie pour survivre (NDLR : qu’elle a finalement obtenue trois jours plus tard). Mais on a réussi à jouer un bon match, alors que, dans ce genre de moments, on a souvent tendance à ne plus rien gérer. Nos matches, nos résultats, nos carrières sont rythmés par les émotions. Certains savent mieux faire avec que d’autres. Pete Sampras a disputé une partie face à Courier, en quarts, à Melbourne, en sachant que son coach et meilleur ami, Tim Gullikson, venait d’être victime d’une attaque cérébrale. Il n’en finissait plus de pleurer sur le court, mais il a réussi à gagner cette rencontre et à aller en finale. Donc, tous les meilleurs, qui sont déjà au-dessus du lot d’un point de vue du jeu, sont aussi des gens qui sont parvenus à manager leur vie sur et en-dehors du court. Moi, je n’ai pas été assez fort émotionnellement. Ta défaite contre Chang (6-4 2-6 6-4 7-6), en quarts à Roland, l’année où il gagne, cela reste, aujourd’hui encore, l’un de tes plus grands regrets ? Ou celle en demi-finale, à Rome ? A Rome, en 1988, j’étais vraiment sur un nuage. J’avais pourtant failli perdre au premier tour, mais j’avais réussi à battre Mats

GRANDCHELEM - magazine d’informations GRATUIT sur le tennis - bimestriel - mai-juin 2014

Wilander. La demie, c’est dommage... Mais le quart à Roland Garros, en 1989, garde tout de même une saveur particulière. Je regrette vraiment de ne pas avoir battu Chang, parce que j’ai presque tout le temps mené dans la rencontre. Je menais 4-2 au premier set, je gagne le deuxième 6-2, je mène 4-1 au troisième… Et, finalement, je réussis à perdre ce match. C’est un peu désolant (rires) ! Ta carrière aurait pris une autre dimension si tu avais remporté ce match ? Bien sûr. Andreï Chesnokov était prenable en demie et, contre Stefan Edberg, en finale, tout était jouable. C’était un tournoi ouvert ; malheureusement, cela ne m’a pas souri. Mais c’est quand même pas mal ! Quand je regarde ma carrière, je n’ai pas de regrets, même s’il y a certaines choses que je changerais avec l’expérience. En étant 22ème mondial, j’étais potentiellement le troisième joueur français derrière Noah et Leconte. J’aurais pu avoir une toute autre carrière, notamment en Coupe Davis, si je n’avais pas opté pour la nationalité haïtienne.

« La guitare et la raquette, ce sont les cordes de ma vie » Parmi les regrets, malgré tout, le fait d’avoir donné ta priorité à la terre battue... Évidemment, oui. C’est très important de choisir ses tournois. Avoir les coups, c’est une chose, mais cela ne fait pas tout. Je me suis usé à jouer sur terre battue, alors que j’avais assez de puissance pour jouer sur surface rapide. Je pense qu’en me concentrant davantage sur le rapide, j’aurais pu grimper entre la cinquième et la dixième place mondiale. Un regret que tu n’as pas : avoir embrassé la musique, non ? Une reconversion à la Yannick Noah (rires) ?... La musique n’a pas de frontières, et j’adorerais rejouer avec Yannick (rires) ! Lorsque je vivais à Bordeaux, j’avais un groupe de hard rock, mais j’ai dû arrêter, car c’était très difficile de poursuivre la musique en étant 22ème mondial. Mais je joue de la guitare depuis l’âge de 17 ans. Tout n’a pas été facile pour moi, ces dernières années, et replonger dans la musique m’a permis de continuer à vivre. Je me suis surpris à chanter et à ne pas trop mal le faire, au point qu’on m’a proposé un concert au tournoi d’Atlanta, l’année dernière. A la suite de cela, j’ai sorti mon premier single en avril 2013 (NDLR : « J’ai le Bordeaux blues ») et je me suis mis à écrire. Mon premier album, intitulé « Genius Love », sortira le 29 mai prochain. La musique, c’est ma deuxième passion après le tennis, et je n’en délaisserai aucune. La guitare et la raquette, ce sont les cordes de ma vie.


shopping Sergio Tacchini, un air de Wilander 85

Voici la tenue que va porter le team Sergio Tacchini (polo : 55 euros, short : 40 euros) à Roland Garros et, ce, jusqu’à l’US Open. Enfin, exception faite de Wimbledon, tenue blanche oblige. Mais on fait confiance aux designers italiens pour créer un bel ensemble, notamment pour Michael Llodra qui veut y faire un gros coup !

Asics... à fond !

Le Coq is back

Gaël Monfils n’aime pas les manches, c’est connu. Raison de plus pour arborer ce splendide débardeur (40 euros), bien assorti à son short bleu roi (45 euros).

Marque légendaire, surtout à Roland Garros, le Coq Sportif est de retour sur les courts avec Richard Gasquet comme ambassadeur. Richie portera donc la tenue (polo : 69 euros, short : 55 euros) d’une marque française, fabriquée en France. Cocorico !

Le Tee-Shirt Collector pour Roland Garros

KDOTENNIS.COM, la E-boutique des passionnés de tennis, lance sa nouvelle collection. Premier opus : « Tennis is supporting ». Attention, série limitée, à seulement à 21 euros, uniquement sur kdotennis.com !

Exlusivite série limitée

Tecnifibre, très flash !

On ne peut être insensible au design de la TFLASH 300 (169 euros), parfaitement assortie au thermobag TOUR ATP 9 R (69 euros). Bien évidemment, comme Tecnifibre est partenaire de l’ATP, le HDX Tour (21,95 euros) risque de vous aider à faire des perfs.

Fini, les chutes de tension !

Voilà une innovation qui va faire du bruit : la société Lorow a créé le Tsengo (89 euros) qu’il suffit de poser sur son cordage pour connaître avec précision sa tension. En jouant aussi sur le look du produit, cette société française a réussi son pari

Head, so smart...

Babolat en mode French Open

Nadal a choisi de jouer avec l’Aero Pro Drive French Open (235 euros), qu’il rangera consciencieusement dans son Racket Holder X 12 (189,95 euros), durant Roland Garros. Pour Wimbledon, la marque vous propose plutôt une Pure Drive Wimbledon (189,95 euros).

Cette année encore, head relance sa ruée vers l’or avec l’opération Golden Ball (Bi Pack à 12,95 euros), où un lingot est caché dans un tube de balle. Rien que ça ! Petit zoom, aussi, sur la Head Graphene PRESTIGE REV PRO, à 219,95 euros ainsi que sur le sac Head (49,95 euros) trop in pour aller flâner à Roland.

Lotto brille de mille feux La marque de David Ferrer a choisi d’étonner avec ce haut bleu nuit très réussi (25 euros) et un short classique (23 euros). Espérons que cela va permettre à l’Espagnol de briller, car il joue gros à Roland Garros, après sa finale de l’an dernier.

GRANDCHELEM - magazine d’informations GRATUIT sur le tennis - bimestriel - MAI-JUIN 2014

45


Le tennis fait partie intégrante de la stratégie de New Balance Nous vous en avions parlé dans les tests chaussures du numéro 39 de GrandChelem, New Balance arrive en France avec l’ambition de s’installer durablement comme une marque de référence dans le tennis. Raison de plus pour poser quelques questions-clefs à son Directeur France, Stéphane George.

New Balance va fêter ses 100 ans en 2016. On peut dire que c’est une marque plutôt ancienne... Oui. New Balance est une marque axée sur la performance depuis près de 100 ans, active au niveau mondial à travers plusieurs sports, avec une expertise basée sur les attentes des runners. En effet, en France, on connaît la marque surtout pour le vintage et le running. Pourtant, New Balance est un acteur généraliste du sport... La marque n’a jamais caché son objectif numéro un, qui est de devenir le leader incontesté dans le running mais a également investi des sports comme le baseball, le cricket et le tennis. Tous sont axés sur la performance, qui est l’ADN de la marque. Depuis plusieurs années, d’anciennes silhouettes running sont passées dans l’univers du lifestyle, mais nos investissements restent orientés autour des catégories dites « performance ».

GRANDCHELEM - magazine d’informations GRATUIT sur le tennis - bimestriel - mai-juin 2014

Comment expliquez-vous le succès incroyable de la gamme « Vintage » ? L’image de la marque est très forte, avec des racines et une histoire très riches. Cette force, alliée à des produits de qualité et une tendance orientée vers le rétro-running constituent un bon « mix » pour avoir le succès qu’on connaît actuellement.

Pourquoi New Balance a décidé, dernièrement, de se lancer plus intensément dans le tennis ? Le tennis a été travaillé dans le passé par la marque et a été relancé en 2013, aux Etats-Unis, parallèlement à la signature du joueur canadien Milos Raonic, notre ambassadeur numéro un. C’est un sport d’une catégorie performance, légitime avec la stratégie de la marque qui veut s’adresser aux sportifs et pratiquants.

On sait que le joueur australien Roy Emerson a joué en New Balance, dans les années 60. Vous allez rééditer son modèle, un jour ? Oui, la CT300 va être rééditée, cette chaussure ayant été un vrai succès de notre gamme tennis à la fin des années 70. Mais, cette fois-ci, elle sera produite pour un usage lifestyle. Ce modèle sera « made in UK » et disponible, cet été, dans les belles boutiques de sneakers. Cela permettra à ceux qui en doutaient de constater que notre marque était dans le tennis depuis longtemps !

Et le team tennis de New Balance va croître de quelques autres noms ? Nous avons, aujourd’hui, de nombreuses demandes d’athlètes qui veulent jouer avec nos produits. Oui, il se peut que notre team s’agrandisse prochainement.

Roland Garros approche à grands pas... Vous avez prévu des opérations spéciales avec Milos Raonic ? Essentiellement des relations presse et une opération digitale/réseaux sociaux pendant le tournoi.

La signature d’un joueur français pourrait faire partie des objectifs ? On sait que le marché tricolore est l’un des plus importants en Europe. C’est une possibilité, évidemment, mais je ne peux, hélas, vous donner un scoop tout de suite (rires).

Dans le milieu, on parle d’une soirée New Balance... C’est vrai ? Nous serons, effectivement, le nouveau partenaire de la traditionnelle « Player’s Party », le 2 juin prochain.

Votre première gamme de chaussures est sortie sur le marché. Quels sont les retours positifs et négatifs ? Nous avons livré, très récemment, cette première collection et le retour des magasins est déjà très positif avec plus de 50 spécialistes tennis qui ont commandé nos produits, que ce soit en chaussures ou en textile. Mais nous attendons, néanmoins, le vrai démarrage de la saison pour tirer des conclusions.

46

La marque New Balance est connue pour la qualité de ses produits et de ses innovations. Préparez-vous quelque chose de spécial pour le marché du tennis à court, moyen ou long terme ? Nous allons étendre la collection pour l’été 2015 et développer de nouvelles semelles pour répondre à l’usage sur toutes les surfaces. Avec, notamment, un nouveau modèle spécifique terre battue pour début 2015.

A l’instar des autres marques, vous comptez vous rapprocher des clubs et de leurs moniteurs, afin qu’ils jouent le rôle de prescripteurs ? Nous réfléchissons, oui, à mettre en place des partenariats forts avec des clubs référents, mais aussi avec quelques événements majeurs. Pour 2014, nous avons signé avec la National Tennis Cup, ce qui va nous permettre d’être présents dans une centaine de clubs en France pendant les phases qualificatives. Et, lors de la phase finale, fin octobre, nous aurons l’occasion de faire découvrir et tester nos produits à tous les finalistes du tournoi.


NB ATHLETE MILOS RAONIC #TEAMNB

CHANGE THE GAME

*CHANGER LE JEU

*

THE 2014 FRENCH PACK LA MAISON DU TENNIS BORREL - NICE 06 • GRAND CHELEM - NICE 06 • COTE COURT - LE CANNET 06 • TENNIS MANIA - ST CONTEST 14 • TENNIS SHOP - LA ROCHELLE 17 • AVANTAGE DGE - DIJON 21 • SET ET MATCH - PERIGUEUX 24 • COURT CENTRAL - PIREY 25 • SMASH 27 - EVREUX 27 • PRO TENNIS - NIMES 30 • CESTAS SPORT - CESTAS 33 • VINCENT GOLF - LATTES 34 • MONDIAL RAQUETTE - CHATEAUROUX 36 • 7 ET MATCH - ST MARTIN D’HERES 38 • SPORT TEAM - BLOIS 41 • COULEUR TENNIS - NANTES 44 • ESPACE TENNIS - LA BAULE 44 • PROMO CLUB - CORMONTREUIL 51 • TENNIS FUN - ST DIZIER 52 • TENNIS STORE - NANCY 54 • BALLE DE MATCH - METZ 57 • JEU BLANC HEM 59 • RIVIERE SPORT - VILLENEUVE D’ASQ 59 • SET ET MATCH - CLERMONT FERRAND 63 • SMASH TENNIS - STRASBOURG 67 • COURT ANNEXE - BRUNSTATT 68 • PERF - LYON 69 • ESPACE TENNIS - TASSIN 69 • SPORTS CENTER - PARIS 75 • SPORTSYSTEM - PARIS 75 • TENNIS WORLD SHOP - PARIS 75 • BALLE DE MATCH - ROUEN 76 • TIE BREAK - LE HAVRE 76 • TENNISLAND - PONTAULT COMBAULT 77 • PLAYERS LOUNGE TENNIS - LE PORT MARLY 78 • ECOSPORT - PLAISIR 78 • COTE COURT VERSAILLES 78 • TENNIS PLUS - TOULON 83 • UNIVERS DU TENNIS - LA FARLEDE 83 • RAQUETTES SERVICES 86 - MIGNE-AUXANCES 86 • SET ET MATCH - LIMOGES 87 • ATO LA BOUTIQUE DU TENNIS - ORSAY 91 • VF SPORT - BALLANCOURT 91 • SPORTS CENTER - NEUILLY SUR SEINE 92 • SPORTSYSTEM - BOULOGNE 92 • ECOSPORT BOULOGNE 92 • OPEN CLUB - NANTERRE 92 • SPORT CENTER - BOULOGNE 92 • PRO SHOP FRUIT DEFENDU - RUEIL MALMAISON 92 • SPORTSYSTEM - LE RAINCY 93 • SPORTSYSTEM GENTILLY 94 • FIBER SPORT - BRY/MARNE 94 • MMO - SUCY EN BRIE 94 • ECOSPORT - PIERRELAYE 95


Jouez, analysez, partagez

artengo personal coach 2350 Joueurs connectĂŠs // 2900 heures

de connexion sur artengo.com

consultez

vos donnĂŠes en direct

type

des coups

centrage des frappes

vitesse

des services

99e

95

+

+

// 10165 visites uniques par mois

disponible chez

et sur decathlon.fr


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.