GrandChelem 37

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Rafa, mon amour SA VIE, SON OEUVRE, SA LÉGENDE, SON MYTHE

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TENNIS MAGAZINE DE 100% GRATUIT 2013 - DÉCEMBRE NOVEMBRE

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ON FOURMILLE DE PROJETS...

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« DANS LES GRANDS MATCHES, TU DOIS CONCRÉTISER TES OPPORTUNITÉS. JE NE SAIS PAS SI J’AI TORT OU RAISON SUR CE SMASH. POUR MOI, LA BALLE EST DÉJÀ HORS DU COURT LORSQUE JE TOUCHE LE FILET. OR, SELON LA RÈGLE, ON PEUT TOUCHER LE FILET DÈS LORS QUE LA BALLE A REBONDI DEUX FOIS. LÀ, COMME ELLE AVAIT QUITTÉ LES LIMITES DU TERRAIN, JE NE SAIS PAS COMMENT ÇA SE PASSE... SI J’AVAIS GAGNÉ CE POINT, ÇA AURAIT PEUT-ÊTRE ÉTÉ DIFFÉRENT. » Novak Djokovic et le smash qui fait perdre Roland Garros... La rétro de l’année 2013 !

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« Jouer devant le public français, être proche de ma famille et des gens que je connais, cela me donne un coup de boost, cela me permet de me surpasser. J’ai cette envie de ne pas décevoir ceux qui sont là pour me soutenir. A l’étranger, c’est beaucoup plus impersonnel. Je ne connais pas les gens, eux ne me connaissent pas non plus. » Marc Gicquel, motivé, oui... mais chez lui !

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« Un fan, c’est une personne qui s’identifie à son idole. C’est aussi un phénomène plus féminin que masculin. Dans ce cas précis, très souvent, le champion correspond à l’homme idéal, celui qu’on aimerait rencontrer. Il s’agit également de partager sa passion avec d’autres fans et de s’inventer une vie à travers son champion. Cela donne un intérêt tout à fait différent à son existence. » Patrick Mignon, sociologue, dans notre dossier spécial « Tous Rafamaniaks »

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« S’il y a un mec que je ne peux pas voir en peinture, c’est Andy Murray. Il est truqueur, il se plaint, il a un coach qui ne sait pas sourire (NDLR : Ivan Lendl)... Bref, tout ce que j’aime. Regarder Murray, c’est une vraie souffrance. » Pierre Ménès, notre Guest Star, qui n’a sa langue dans sa poche ni pour le foot... ni pour le tennis

Diffusion : 40 000 exemplaires dans 800 points en France • Liste des points disponibles sur www.grandchelem.fr • GrandChelem, le magazine gratuit 100% tennis • Fondateur et Directeur de la Rédaction : Laurent Trupiano (laurent.trupiano@grandchelem.fr) • Création artistique et mise en page : Séverine Béchet (SBDesign –Studio Graphique. www.sbdesign.pro) • Conseiller Editorial : Rémi Capber (remi.capber@grandchelem.fr) • Rédacteurs : Pauline Dahlem, Simon Alves, Benoît Sourd, Clément Gielly • Site internet : http://www.welovetennnis.fr • Responsable Business Development: Sandrine Proton (sandrine.proton@grandchelem.fr) • GrandChelem est édité par la société Convergence Media appartenant au groupe The TENNIS FACTORY (www.thetennisfactory.fr), 8 rue Joseph Cugnot, 38300 Bourgoin-Jallieu • Rédaction : 04 27 44 26 30 • Publicité : 06 60 26 37 76 • Photos : SportVision, Chryslène Caillaud

Certains prennent des décisions importantes en début d’année. D’autres choisissent de se lancer en avance... ou en retard, c’est selon, anticipant ou attendant le douzième mois. Pas un mauvais choix, loin de là, et peut-être une manière de générer un peu d’animation en une saison qui célèbre les feuilles mortes, les branches mortes, les villes mortes et les morts qui sonnent aux portes le 31 octobre. Pour casser ce panorama morbide qui inciterait un guillotiné à rendre sa guillotine au service après-vente, il suffit de bien peu... Un GrandChelem numéro 37 au ton toujours aussi décalé, qui s’offre un bain de proximité en partant à la rencontre des fans, les siens – peut-être en faites-vous partie ? –, ceux de tennis et ceux de Rafael Nadal. Un nouveau magazine, ClubHouse, que certains chanceux pourront trouver glissé dans les pages qui suivent, que tous pourront télécharger via welovetennis.fr ou la plateforme consacrée. On vous l’annonce, c’est une petite bombe drôle et sexy, qui vous fera envisager le tennis sous un angle inédit ! Et, pour terminer, le traditionnel livre de la fin d’année, troisième opus de la collection Welovetennis, j’ai nommé « Rafa, mon amour ». Après « Roger, mon amour », qui s’était écoulé à 5000 exemplaires, notre Majorquin méritait bien le plus bel hommage qui soit, celui des mots et du papier qui vous inscrivent dans une forme d’éternité. L’éternité, une manière d’oublier... les feuilles, les branches et les villes mortes ! La boucle est bouclée, le reste n’est qu’un nouveau départ et de nouveaux projets... ceux de l’année 2014 !

LE M 38 SO RT IE DE GR AN DC HE FÉ VR IER 20 14

Ce numéro 37 de GrandChelem est accompagné sur 20.000 ex de ClubHouse, le supplément Tennis and Style de GrandChelem. Pour les clubs, magasins qui n’ont pas reçu Club House, il suffit d’en faire la demande à clubhouse@grandchelem.fr GRANDCHELEM - MAGAZINE D’INFORMATIONS GRATUIT SUR LE TENNIS - BIMESTRIEL -

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LES COUPS DE COEUR DE 2013

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Quelle annĂŠe, mes aĂŻeux, quelle annĂŠe ! Les circuits ATP et WTA ont rĂŠservĂŠ bien des surprises, bonnes ou mauvaises, et leur lot de scĂŠnarii incroyables... Mais lançons-nous. Oui, car la RĂŠdaction de GrandChelem/Welovetennis s’est essayĂŠe Ă l’ardu exercice du coup de cĹ“ur. Quels ont ĂŠtĂŠ les moments les plus forts de cette saison pour Simon Alves, RĂŠmi Capber, Pauline Dahlem et Laurent Trupiano ? Evidemment, Novak Djokovic et Rafael Nadal, les deux grands animateurs de l’annĂŠe, se taillent une belle part des hommages. Djoko, fort d’une fin de saison hallucinante a laissĂŠ une empreinte durable. Et que dire de Rafael Nadal, hĂŠros de ÂŤ Rafa, mon amour Âť, qui a reconquis le trĂ´ne du tennis mondial ? Il y aurait tant Ă citer, de l’exploit de Steve Darcis, Ă ce Black Wednesday un peu fou, en passant par le parcours de Richard Gasquet Ă l’US Open ou l’excellence des trentenaires et des revers Ă une main. Mais il fallait choisir...

-& #*( '063 &45 .035 -& 4&15&.#3& Il y a une rĂŠalitĂŠ qu’on ne peut plus nier : Rafael Nadal et Novak Djokovic vivent dans un autre monde. Celui d’un tennis puissant, tendu, prĂŠcis. Ils ont anĂŠanti par leurs performances la notion de Big Four, qui ĂŠtait encore d’actualitĂŠ dĂŠbut 2013 malgrĂŠ le recul de Nadal au classement. Et, ce, mĂŞme si Andy Murray a pointĂŠ le bout de son nez en remportant Wimbledon. Jamais, dans l’ère Open, deux joueurs ne se sont rencontrĂŠs autant de fois (NDRL : 39) et ce chiffre va gonfler irrĂŠmĂŠdiablement. Chacun de leur duel aura maintenant une saveur particulière, puisque, quoi qu’en pensent les fans de Roger Federer – et ils sont nombreux ! –, le Suisse ne pourra briller face Ă eux que par sĂŠquences ou suite Ă un concours de circonstances. Le point de passage est sans doute la finale de l’US Open oĂš Rafa et Novak ont livrĂŠ un combat de titans. Alors, les puristes se plaindront sĂťrement d’une rivalitĂŠ monotone liĂŠe Ă un style de jeu trop semblable. Je rĂŠpondrai que Novak Djokovic cherche des solutions, comme ce fut le cas en travaillant avec Wojtek Fibak, et a prouvĂŠ qu’il ĂŠtait capable de prendre le filet d’assaut durant la finale du Masters. ÂŤ Nous nous poussons tous les deux Ă ĂŞtre encore plus forts. Âť VoilĂ une vĂŠritĂŠ qui risque de se vĂŠrifier dans les annĂŠes Ă venir, mĂŞme si, comme l’explique le Serbe, il s’agit aussi de savoir Ă chaque fois tirer les enseignements d’une dĂŠfaite : ÂŤ Après la finale de l’US Open, j’ai cherchĂŠ Ă comprendre ce qui n’avait pas fonctionnĂŠ et ce que je devais amĂŠliorer particulièrement face Ă lui. Je dois dire que mon team m’a bien aidĂŠ. Âť A voir Toni Nadal gesticuler dans son box, on imagine aussi que le clan espagnol va chercher des solutions encore et encore. Et c’est bien lĂ le challenge, car une fois que l’un aura trouvĂŠ la parade, l’autre cherchera une nouvelle fois Ă surprendre son adversaire. C’est un mouvement perpĂŠtuel, un peu comme sur le court, quand les deux meilleurs joueurs du monde se rendent coup pour coup, cherchant l’uppercut dĂŠcisif. Laurent Trupiano

- )6.*-*5­ %& 30(&3 '&%&3&3 ÂŤ Cette annĂŠe a ĂŠtĂŠ difficile. Âť Et pour cause. En 2013, Roger Federer a vu le mythe qu’il s’est façonnĂŠ depuis 10 ans salement amochĂŠ. Battu avant les quarts de finale en Grand Chelem pour la première fois depuis 2004, sorti dès le deuxième tour de Wimbledon, vaincu par des joueurs comme Delbonis, Brands ou Robredo, le Suisse est allĂŠ de dĂŠceptions en dĂŠsillusions. Ses sĂŠries interrompues, ses records effacĂŠs, bref, sa lĂŠgende ĂŠcorchĂŠe, l’ex-numĂŠro un, connu pour son orgueil dĂŠmesurĂŠ, aurait pu basculer dans l’aigreur. C’Êtait mal le connaĂŽtre. Après chacun de ses ĂŠchecs, aussi dĂŠcevants soient-ils, Federer est restĂŠ digne. ÂŤ Mon adversaire a ĂŠtĂŠ meilleur, je n’avais pas de problèmes physiques et j’Êtais suffisamment prĂŠparĂŠ ; je n’ai donc pas d’excuse Âť, martèle-t-il, dĂŠfaite après dĂŠfaite. Droit, Federer prend les coups. Humble, il en tire les consĂŠquences. Brave, il cherche des solutions. ÂŤ Après l’US Open, je me suis mis dans un tunnel en me disant que c’Êtait juste l’entraĂŽnement qui allait compter. Âť Tout Federer qu’il est, Roger met les mains dans le cambouis. Et après 10 mois de galère, il retrouve, enfin, lors des tournois de Bercy et Londres, ce tennis ĂŠtincelant qui a fait sa lĂŠgende. Certes, la constance d’antan n’est pas encore au rendez-vous. Mais le temps d’un point, d’un jeu, voire d’un set, Federer brille Ă nouveau de ses sublimes fulgurances. Suffisant pour battre Del Potro, faire trembler Djokovic et retrouver la confiance qui le relancera en 2014. MalgrĂŠ sa saison galère, Roger Federer demeure ainsi mon coup de cĹ“ur de l’annĂŠe. Parce qu’il a montrĂŠ que son dĂŠclin n’Êtait pas inĂŠluctable. Parce qu’il s’est mis en quatre pour retrouver son tennis alors qu’il n’a plus rien Ă prouver. Parce qu’il reste le seul capable de jouer aussi vite et de crĂŠer autant sur un terrain. Parce que le beau jeu n’est pas mort. Et parce que Federer renaĂŽtra. Pauline Dahlem

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LES COUPS DE COEUR DE 2013 -& +063 0Âż 540/(" . " '"*5 3ÂŽ7&3 Transcendant. C’est le mot qui me vient Ă l’esprit quand je repense Ă ce moment. Pas seulement pour ce qu’il vaut en termes de qualitĂŠ tennistique et de spectacle – on repassera de ce cĂ´tĂŠ-lĂ , on a vu mieux. Pas seulement, non, pour la performance assez remarquable de Jo-Wilfried Tsonga qui, ce jour-lĂ , avait sorti ses tripes pour s’offrir le scalp du grand et magnifique Roger Federer en trois sets. Non, rĂŠellement, ce qui laissera ce moment ancrĂŠ dans ma jeune mĂŠmoire d’amateur de sport ĂŠpicurien, c’est le contexte qui a entourĂŠ son visionnage Ă la RĂŠdaction lyonnaise de GrandChelem/Welovetennis. Une très belle journĂŠe de juin, je m’en souviens encore. La rencontre entre ces deux hommes, l’un considĂŠrĂŠ comme l’incarnation de son sport et l’autre comme la plus grande chance tricolore de soulever un trophĂŠe du Grand Chelem, 30 ans après ce diable de Yannick Noah – nous l’avons assez ressassĂŠ –, avait drainĂŠ toute notre attention et notre ĂŠnergie. En ĂŠbullition, nous avions mis les petits plats dans les grands pour que ce duel soit un rendez-vous d’exception. Le comble, c’est que notre bien aimĂŠ RĂŠdacteur en Chef, RĂŠmi Capber, ĂŠtait revenu faire une halte auprès de ses troupes lyonnaises avant de repartir, tel le spartiate qu’il est, dĂŠfendre l’honneur de l’imprenable citadelle qu’est GrandChelem/Welovetennis sur les terres d’Auteuil. Mais, emportĂŠs par notre ferveur et notre ĂŠlan, c’est hors de tout contrĂ´le que nous nous sommes emballĂŠs. Jo fait le show et nos cris rĂŠsonnent dès que ses frappes lourdes prennent Ă dĂŠfaut le Suisse dĂŠsabusĂŠ. Ouverte, la fenĂŞtre laisse ĂŠchapper nos encouragements, faisant tinter dans tout le deuxième arrondissement lyonnais les sonoritĂŠs d’une ambiance digne d’une finale de Coupe du Monde. Les passants se demandent ce qu’il se passe et qui est cet ĂŠnergumène qui gesticule lĂ -haut. Mais voyons, ĂŞtes-vous passĂŠs Ă cĂ´tĂŠ de l’exploit ? Repus d’embrassades en tout genre une fois la qualification acquise, c’est avec le cĹ“ur lĂŠger que nous avons d’ailleurs trinquĂŠ au bonheur de Jo‌ et au nĂ´tre. ÂŤ On partage ? Âť Simon Alves

%+0,07*$ ­5"*5 13&426& &/ '*/"-& Roland Garros. Court central. Vendredi 7 juin 2013. Novak Djokovic est au service, il mène 4-3, 40-40, un break d’avance. Dans ce point bien embarquĂŠ, il dirige l’Êchange, balançant ses habituels caramels en coup droit en s’appuyant sur le lift de Rafael Nadal. Ce dernier recule jusque dans les cordes... et s’arrache sur son revers pour remettre un coup lobĂŠ Ă Nole. Un coup ratĂŠ ! Djoko, facile, s’approche du filet en se dĂŠcalant. Arme. DĂŠpose la balle dans un coin en une gestuelle peu acadĂŠmique... et touche le filet. Avec sa raquette. Point Nadal. Stupeur dans le stade. Stupeur de Novak Djokovic. Stupeur Ă la RĂŠdaction devant la tĂŠlĂŠ. Le Serbe pouvait s’offrir une balle de 5-3. Presque une balle de match, presque une balle de finale. L’erreur fatale, sanctionnĂŠe par Pascal Maria, arbitre de la rencontre. Evidemment, Djoko n’est pas d’accord. Il proteste. ÂŤ Je ne sais pas si j’ai tort ou raison sur ce smash. Pour moi, la balle est dĂŠjĂ hors du court lorsque je touche le filet. Or, selon la règle, on peut toucher le filet dès lors que la balle a rebondi deux fois. LĂ , comme elle avait quittĂŠ les limites du terrain, je ne sais pas comment ça se passe... Âť Mais n’obtient pas gain de cause. Un tournant dans le tournoi, mais aussi dans l’annĂŠe 2013. ÂŤ Enfin, qui sait ? Si j’avais gagnĂŠ ce point , ce que j’aurais dĂť faire Ă 99%, ça aurait peut-ĂŞtre ĂŠtĂŠ diffĂŠrent Âť, continue Novak en confĂŠrence de presse. Mais pourquoi faire d’une erreur mon coup de cĹ“ur de l’annĂŠe ? Parce que c’est bien lĂ , toute la magie du sport et du tennis. Le court est une scène et les joueurs deux comĂŠdiens d’une pièce de thÊâtre. On n’Êgorge plus le bouc au dĂŠbut de la pièce, comme le faisaient les anciens. Mais on se rend coup pour coup de part et d’autre du filet. Avec la part du jeu, la part de l’imprĂŠvu. Ce smash dans le filet a peut-ĂŞtre modifiĂŠ la physionomie de cette saison 2013. Et si Djokovic s’Êtait qualifiĂŠ pour la finale ? S’il l’avait gagnĂŠe, dĂŠtrĂ´nant ainsi Rafael Nadal ? Et si ? Et si ? Ce point fait dĂŠsormais partie de l’histoire du tennis. Comme cette balle de match de Boris Becker, qui prend la bande avant de retomber du bon cĂ´tĂŠ du filet, lui offrant le titre au Masters 1988, face Ă Ivan Lendl. Oui, c’est peut-ĂŞtre cela qu’on appelle l’indescriptible ÂŤ beautĂŠ du sport Âť. RĂŠmi Capber

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Un ace, et un cri, une quinzaine de folie, et un peu de magie. Marion Bartoli ĂŠteint Lisicki... et Wimbledon rugit. Suit la une de GrandChelem avec ce mot ÂŤ Respect Âť, la farandole des louanges et, malgrĂŠ l’ÊtĂŠ, une petite envolĂŠe mĂŠdiatique. Marion sourit, son père aussi, nous voilĂ heureux, heureux qu’une Française succède Ă AmĂŠlie Mauresmo et hisse le drapeau tricolore sur le toit du monde tennistique. Après ce coup de cĹ“ur lĂŠgitime, il y a un vrai coup de blues et un peu d’amertume : celui d’une retraite annoncĂŠe un jour de semaine Ă la surprise gĂŠnĂŠrale, presque en catimini. Mais on prĂŠfère faire l’impasse sur ce petit couac et garder en tĂŞte le poing serrĂŠ de Marion, son tennis shadow et ses mots au micro après son succès londonien. Pour cela, quoi qu’il arrive, elle restera dans nos mĂŠmoires de sportifs. Peu importe, au final, la voie qu’elle a choisie de suivre aujourd’hui. Ce titre, personne ne pourra le lui enlever. Le reste n’est que bavardage.

INCONTOURNABLE : le retour de Rafael Nadal au plus haut niveau. Après sept mois d’absence, le Majorquin est revenu le couteau entre les dents. Cela a commencĂŠ pas loin de la jungle amazonienne, en fĂŠvrier, avant de se terminer dans les mĂŠandres de la Tamise, en novembre. Par une dĂŠfaite, certes. Mais que de victoires avant... ForcĂŠment, restent en mĂŠmoire son succès Ă Indian Wells, après un mois de compĂŠtition seulement, sur la surface qui l’avait tant martyrisĂŠ, et son titre Ă l’US Open, le deuxième, foulant au pied les sempiternelles leçons des dĂŠtracteurs le confinant Ă un rĂ´le de terrien. Mais comment ne pas ĂŠvoquer sa huitième couronne Ă Roland Garros, avec cette demi-finale dantesque face Ă Novak Djokovic ? Au final, ses dĂŠfaites-mĂŞmes contribuent un peu plus Ă l’Êmotion de cette annĂŠe 2013. Les ĂŠchecs Ă Monte-Carlo et Wimbledon sonnent comme de petits tremblements de terre. VoilĂ qui est formidable : non, Rafa n’est pas une machine, c’est un homme qui peut perdre... Et, dans cette peur de la dĂŠfaite, les victoires deviennent encore plus belles. RĂŠmi Capber

Laurent Trupiano

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LES COUPS DE COEUR DE 2013

%0$5&63 (*$26&- &5 .*45&3 Si le circuit principal truste, en fin de saison, tous les honneurs et toutes les attentions, le circuit secondaire constitue lui aussi un vivier de coups de cĹ“ur. Pour 2013, la RĂŠdaction a dĂŠcidĂŠ de s'attacher Ă deux profils atypiques. Tous deux ont atteint l'âge de la maturitĂŠ, celui de la sĂŠrĂŠnitĂŠ, du calme et du recul, celui du plaisir sans calcul, tout près de la retraite et d'une nouvelle vie. Mais chacun a choisi une façon diffĂŠrente d'en profiter... Docteur Marc Gicquel, 36 ans, 119ème mondial, fait le choix de rester chez lui, au pays de la baguette et du fromage. Son tour de France le rapproche du tour d'honneur, avec, toujours, de très bons rĂŠsultats. Mister StĂŠphane Robert, 33 ans, 116ème mondial, prĂŠfère, lui, s'offrir un vĂŠritable tour du monde, mĂŞlant tennis, tourisme et dĂŠcouverte. Steph' ne peut se contenter de son pâtĂŠ de maison – alors il part. GrandChelem a rencontrĂŠ ces deux caractères. L'un casanier, l'autre baroudeur. Les deux formidables !

."3$ (*$26&-ø ÂŤ JOUER EN FRANCE, CELA ME DONNE UN COUP DE BOOST Âť Marc, ĂŠtant moi-mĂŞme Breton, je devais forcĂŠment faire de ta saison mon coup de cĹ“ur de l’annĂŠe 2013. Revenir dans le top 100 après ta victoire Ă Saint RĂŠmy de Provence, j’imagine que cela a ĂŠtĂŠ un super moment... Ah, un Breton (rires) ! Tu sais, quand le tennis est au niveau, les rĂŠsultats suivent et c’est bon pour la confiance. Physiquement, je me suis senti en super forme. Presque pas de bobos ! Cela m’a permis de bien enchaĂŽner les tournois. J’Êtais vraiment content de rentrer Ă nouveau dans les 100 (NDLR : il a ĂŠtĂŠ 99ème), ĂŠvidemment. Je dois avouer que c’est un objectif que j’ai eu en tĂŞte une bonne partie de la saison. Au dĂŠbut, je n’y pensais pas trop, je prenais les matches les uns après les autres. Mais, quand cela a commencĂŠ Ă sourire... Avec ma belle fin d’annĂŠe, j’ai pu me retrouver Ă la 99ème place. Top ! Cela faisait deux ans que je n’y ĂŠtais pas parvenu. La dernière fois, c’Êtait gĂŠnial, cela m’avait permis de jouer le premier tour de l’US Open. Je me suis fait un peu chambrer par les potes (sourire), parce qu’à bientĂ´t 37 ans, intĂŠgrer directement le tableau de l’Open d’Australie, ce serait un peu dingue.

rester en famille et ne pas vadrouiller sans arrĂŞt. Mais, le changement s’est surtout fait au niveau de l’Êtat d’esprit. Aujourd’hui, j’ai l’impression de n’avoir plus rien Ă prouver sur le court. DĂŠfaite ou victoire, cela m’est ĂŠgal (rires) ! L’important, c’est de bien jouer. Avant, j’avais les nerfs après chaque ĂŠchec... Maintenant, je suis plus relax.

ma famille et des gens que je connais, cela me donne un coup de boost, cela me permet de me surpasser. J’ai cette envie de ne pas dÊcevoir ceux qui sont là pour me soutenir. A l’Êtranger, c’est beaucoup plus impersonnel. Je ne connais pas les gens, eux ne me connaissent pas non plus. La motivation n’est plus trop là ...

Certainement la recette du succès ? Le truc, c’est que j’en deviens parfois trop cool sur le court... Cette nonchalance m’a jouĂŠ quelques tours, cette saison. Tu es tellement dĂŠcontractĂŠ que tu sors de ton match ! Il faut dire que j’approche vraiment de la retraite... Alors j’arrĂŞte de me mettre la pression et, par moments, je manque de niaque...

Du coup, je suppose que ta victoire en double, Ă Montpellier, avec Michael Llodra, a vraiment dĂť te faire plaisir... Oui, c’Êtait super sympa ! A domicile, entre potes... On s’est mĂŞme fixĂŠ un petit challenge pendant le tournoi. C’Êtait au deuxième tour, cela commençait Ă partir en vrille sur le terrain... Alors Mika a dĂŠcidĂŠ de pimenter un peu plus la compĂŠtition avec un jeu de son cru. Le but : compter individuellement nos points gagnants marquĂŠs durant la rencontre. A la fin, celui qui a eu le meilleur total a dĂť payer une bouteille de rouge au vainqueur. Autant te dire que, des bouteilles, j’en dois pas mal Ă Mika (rires) !

Quand le tennis va, tout va ! Mais comment as-tu rÊussi à retrouver ce niveau ? On avait l’impression d’avoir sous les yeux le Marc Gicquel d’il y a quelques annÊes‌ Je crois que c’est aussi dÝ à la bonne gestion de mon calendrier. Même lorsque je me sentais bien physiquement, je me suis laissÊ le temps de souffler, je n’ai pas tirÊ sur la corde. Cet ÊtÊ, j’ai dÊcidÊ de faire un break d’un mois pour

Marc Gicquel qui manque de ÂŤ niaque Âť, c’est surprenant, non ? Je commence Ă me lasser d’aller jouer un peu partout. Je n’ai plus le courage de partir en Slovaquie ou en AmĂŠrique du Sud pour disputer des tournois. Ce que j’aime, aujourd’hui, c’est jouer dans mon pays. Evidemment, l’aspect financier est important, mais ce n’est pas tout. Jouer devant le public français, ĂŞtre proche de

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Parfois, je deviens trop relax sur le court !

Tu me lances sur les anecdotes... DĂŠsolĂŠ, Marc, mais je suis obligĂŠ de te reparler de cette histoire, Ă Halle, en 2007 (rires) ! Oui, c’est l’histoire qui a marquĂŠ ma carrière (rires) ! Je jouais au deuxième tour contre Benjamin Becker, quand il m’a servi dessus Ă 210 km/h. Je n’ai pas eu le temps d’Êviter la balle et, malheureusement, j’ai ĂŠtĂŠ touchĂŠ dans une partie‌ plutĂ´t intime (rires) ! J’ai quand mĂŞme rĂŠussi Ă boucler le match dans la foulĂŠe, mais, le soir, après ĂŞtre rentrĂŠ, j’ai fait un malaise vagal. C’Êtait horrible, j’ai vraiment dĂŠgustĂŠ ! Le lendemain, le rĂŠveil a ĂŠtĂŠ très dur. C’Êtait comme

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si je m’Êtais tapĂŠ une ĂŠnorme cuite... Après toutes ces aventures et vu comme tu es attachĂŠ Ă ton pays et tes racines, tu envisages un retour en Bretagne Ă la fin de ta carrière ? Non, pas pour le moment. Aujourd’hui, j’habite Ă Paris avec ma famille. On s’y sent très bien. Mais cela ne m’empĂŞche pas de revenir au pays ! J’ai passĂŠ de supers annĂŠes, dans mon enfance, Ă Saint-Brieuc. La Croix-Saint Lambert, le lycĂŠe François Rabelais‌ Franchement, on se marrait bien ! Après, j’ai dĂť monter sur Paris pour faire mes ĂŠtudes Ă l’INSEP. C’Êtait la belle ĂŠpoque, je pouvais encore mettre des raclĂŠes aux petits jeunes comme Gilles Simon. Maintenant, la tendance s’est un peu inversĂŠe (rires). La retraite, j’imagine que cela commence Ă te faire cogiter? Je reconnais que j’y pense de plus en plus. Je vais quand mĂŞme avoir 37 ans ! Du coup, je pense allĂŠger encore mon calendrier en disputant exclusivement des tournois français. Puis, si je fais un excellent dĂŠbut de saison, je pourrai toujours me rajouter quelques semaines de compĂŠtition. Mais, mentalement, je commence vraiment Ă fatiguer. L’objectif est clair : partir dans le mĂŞme ĂŠtat d’esprit qu’en 2013, donner le maximum... et prendre du plaisir sur le terrain !

Entretien rĂŠalisĂŠ par BenoĂŽt Sourd


LES COUPS DE COEUR DE 2013

3 45&1) ø 45­1)"/& 30#&35 « JE SUIS QUELQU’UN QUI AIME S’AVENTURER ET VOYAGER » Stéphane, à 33 ans, comment tu te sens physiquement ? Je suis en délicatesse avec mon dos depuis un mois. Cela a un peu précipité la fin de ma saison. Mais, nous, les joueurs de tennis, on sait que l’on est plus sujet à ces problèmes-là. On s’y prépare avec l’âge et on en rigole entre nous. D’ailleurs, avec Marc (Gicquel), on s’est récemment retrouvé sur un tournoi et on s’est rendu compte qu’on ne faisait plus qu’un seul entraînement par jour. Quand on sait que les joueurs plus jeunes s’entraînent le double de nous, cela nous fait marrer (rires) ! Mais on est obligé de s’adapter et de bien penser la préparation physique. En vieillissant, on n’a qu’une hantise : se blesser et devoir arrêter sa carrière sans prendre de réelle décision. Avant cette blessure, tu avais réalisé une belle année... C’est vrai. A mon sens, c’est la deuxième meilleure saison de ma carrière. J’ai été régulier dans mes résultats, ce qui est très satisfaisant. Le gros plus, ce sont mes performances en Grand Chelem, avec mes deuxièmes tours à Wimbledon et à l’US Open. Cela me fait penser à ma saison 2009, où j’avais également su être constant. Tu te fixes quels objectifs pour 2014 ? Rester sur le circuit Challenger ou évoluer à un niveau plus élevé ? Je pense changer d’optique. Je veux jouer de gros tournois pendant la première partie de la saison, passer par les qualifications à Indian Wells, par exemple, où je n’ai jamais joué. Evoluer quatre à cinq mois sur le grand circuit et prendre une décision après Roland Garros. Soit je continuerai dans cette voie, soit j’arrêterai ce type de tournois pour me réorienter vers les Challengers. Il faut rester prudent : si les résultats ne suivent pas, on peut vite perdre pied et c’est plus difficile de rebondir. A 33 ans, la notion de plaisir prend le pas sur celle de performance ? C’est clair, je n’accepte pas de jouer au tennis pour m’emmerder (rires). Je ne veux pas me sentir crispé, je veux lâcher mes coups. Même si j’ai perdu d’entrée au Challenger de Melbourne, j’ai pris du plaisir. A mon âge, c’est plus facile de se libérer, car l’obligation de résultat est moins omniprésente qu’en début de carrière. Mais elle n’est pas absente pour autant ! Il faut toujours en vouloir plus. C’est bien pour cela que mes performances en Grand Chelem me motivent et me donnent envie de me tester sur le grand circuit. Après, le plus important, c’est d’être en paix avec moi-même et de décider du tennis que j’ai envie de produire.

Le plaisir, c’est aussi voyager ? Ta saison 2013 ressemble à un vrai tour du monde... C’est vrai (rires). Mais, tu sais, c’est aussi stratégique. A l’étranger, il y a moins de pression et moins d’exposition. On est plus tranquilles et protégés. J’ai passé très peu de temps en France, cette année. Je n’ai joué qu’à Saint-Brieuc et à Blois, dans mon club. Dans l’ensemble, c’est aussi plus facile d’être tête de série dans d’autres coins du monde. Un petit Challenger en Asie centrale peut vous rapporter gros (sourire) !

Je n’accepte pas de jouer au tennis pour m’emmerder

Tu es resté longtemps en Australie, cette année. Tu es fan de kangourous ou des aborigènes ? (Rires) Non. En fait, il y a beaucoup d’épreuves nouvelles là-bas, ce qui fait que la concurrence est moins forte. Mon objectif, à ce moment-là, c’était de remonter au classement parce que j’étais vraiment loin, vers la 300ème place. Au final, cela a été une belle opération, j’ai réussi mon coup. Avoue, tu en as quand même profité pour visiter un peu (sourire)... Forcément, oui ! Je suis quelqu’un qui aime s’aventurer et voyager, découvrir de nouvelles cultures, de nouveaux paysages. L’Australie, c’est un pays qui fait rêver, il y a beaucoup d’espace... J’ai joint l’utile à l’agréable en faisant du tourisme. Je suis notamment allé en Tasmanie, je ne connaissais pas. C’est marrant de voir que ce pays a été le point de départ de ma saison... et son point d’arrivée (NDLR : au Challenger de Melbourne, en octobre).

j’avais joué un Future, là-bas. Tout au long de la semaine, les tribunes avaient été totalement vides. Mais, le jour de la finale, le stade était plein à craquer. Tu sais pourquoi ? Parce que l’armée obligeait les gens à assister au match. Ils ne connaissaient rien au tennis et parlaient durant les points... Ton côté aventurier s’exprime un peu dans ton jeu, non ? Un jour, tu as parlé de « tennis casino » pour le décrire... Oui, « tennis casino », le but étant de surprendre son adversaire. Tenter une amortie sur un retour de deuxième balle, une amortie rétro… Mais j’essaie de m’en détacher. Le danger, avec ce jeu, c’est de décrocher mentalement et de sortir de son match. Mon ancien entraîneur, Ronan (Lafaix), était adepte d’un tennis plus sécurisé. Même si j’ai besoin de tenter des choses, j’essaie de respecter ma ligne. « Les idéaux se succèdent, on les dépasse, ils tombent en ruines, et puisqu’il n’y a pas d’autre vie, c’est sur ces ruines encore qu’il faut fonder un idéal dernier. » Tu reconnais cette citation ? (Rires) Dostoïevski ! C’est l’un de tes auteurs préférés, non ? Cela semble évoquer un peu la vie de joueur de tennis... Oui, j’ai lu beaucoup de littérature russe. C’est vrai, cette citation évoque tant le tennis, que la vie en général. Il faut accepter sa condition, sans entrer dans la fatalité. Lorsqu’on touche ses limites, on se pose la question : faut-il tourner la page ou continuer au même niveau ? Pour moi, quoi qu’il arrive, il faut supporter quelques déconvenues. Et toujours continuer à se bagarrer. Entretien réalisé par Clément Gielly

Toi, le baroudeur, tu dois avoir quantité d’anecdotes à raconter... Oh que oui (rires) ! Prenons l’Ouzbékistan. C’est un des pays les plus pauvres que j’ai visité, avec certains états d’Amérique du Sud. Ce qui est étonnant, c’est que ce pays n’est pas du tout comparable à son voisin kazakh. Quant on débarque à Astana (NDLR : la capitale du Kazakhstan), on se croirait à Las Vegas. Mais l’Ouzbékistan... C’est un coin où l’armée est omniprésente. Les soldats se servent dans les caisses des hôtels où vous logez. Il y a 10 ans,

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LES COUPS DE COEUR DE 2013

JULIEN BERCOVICI « Le très haut-niveau est un élément de crédibilité à condition de faire les efforts sur les bonnes personnes » Après le bilan du circuit secondaire, place à celui de la formation avec l’ISP Académie, qui a vécu une année 2013 charnière en réinvestissant dans le haut-niveau. Entretien avec Julien Bercovici, son Directeur Général. Julien, si vous deviez résumer en un mot cette année 2013 chez ISP... « Internationale », sans aucun doute ! Une année charnière dans votre stratégie ? Oui, c’est vrai. En 2012, notre point de mire, c’était le développement international. Un gros sujet. Nous avons fait des efforts considérables avec le leitmotiv suivant : « Nous développons tout ce que nous pouvons. Si nous finissons pas être débordés, ce sera un bon problème ! » (Rires) 2013 nous a récompensés. Que répondez-vous aux rumeurs liées à l’arrivée de Patrick Mouratoglou à Sophia Antipolis ? Nous sommes en réflexion avec Patrick, il y a une forte complémentarité entre nos deux structures. Du côté sportif, un effort a été consenti sur le département du très haut-niveau avec de bons retours. Pouvez-vous nous expliquer les objectifs de ce déploiement ? Le haut-niveau n’est pas un sujet évident, loin de là, mais nous avons voulu faire un effort pour quelques joueurs et joueuses. Notre idée, c’est que le très haut-niveau est un élément de crédibilité à condition de faire les efforts sur les bonnes personnes. Nous sommes ravis de notre travail avec Marton

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Fucsovics (236ème au classement ATP) et Elina Svitolina (46ème au classement WTA) et ils nous le rendent bien. Ils apportent tous deux à la fois une ambiance, ici, à l’Académie, mais aussi une forme de résonance sur le circuit. Ils sont travailleurs et généreux, et on aime ça. Elina commence à battre certaines des meilleures joueuses du monde et Marton était le sparring-partner officiel du Masters, à Londres. Nous voulons continuer d’avancer avec eux, nous n’avons que de bonnes raisons de le faire !

Quels arguments pourriez-vous mettre en avant si des parents hésitaient à faire le choix d’ISP ? Nous sommes très proches de nos stagiaires, d’autant plus lorsqu’ils reviennent. Nous leurs offrons une expérience totale, qui se rapproche du haut-niveau. Nous cherchons à travailler avec eux comme nous travaillons avec nos Académiciens, avec la même exigence et, ce, malgré les courtes durées. Nos stages sont très intensifs quel que soit le niveau du joueur. C’est notre devise.

On cite souvent les académies espagnoles en exemple. Il est malgré tout possible de voir émerger une autre place forte en Europe ? Oui, peut-être, mais, vous savez, il est bien plus facile d’entreprendre et de réussir en Espagne, et plus encore aux Etats-Unis. En France, c’est un tout autre challenge !

Avec toutes ces activités, vous avez le temps de suivre l’actualité du tennis ? Si oui, quel est le moment qui vous a marqué, cette année ? D’une manière générale, nous trouvons tous que le charisme et le niveau de jeu de l’actuel top 10 est incroyable. Nous parlons plus que jamais de joueurs au présent lorsqu’il s’agit de donner des exemples à nos jeunes. Je ne retiens donc rien en particulier, juste un énorme respect pour l’ensemble de ces joueurs.

Vous avez pu jouir de la rénovation du Sophia Country Club, une adresse mythique du tennis. Cela a eu des effets bénéfiques sur votre activité ? Oui, très clairement ! Cet été, à l’hôtel, nous avons reçu une centaine de familles qui a pu apprécier les nouvelles prestations. Quand on parle de stage de tennis, on parle un peu de tout et de rien. Vous, vous avez aussi une philosophie très précise de la qualité de votre service.

Nous sortons un livre sur Rafael Nadal, « Rafa, mon amour ». Chez vos jeunes, le phénomène nadalien est toujours aussi prégnant ? Oh oui ! Rafa, on en parle tout le temps, ici. Qui n’en parle pas (rires) ?! Le joueur, l’homme, la carrière... c’est grand !

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Avec un titre gagné sur le circuit WTA à Bakou, en Azerbaidjan, et une place de 39ème joueuse mondiale, Elina Svitolina a réussi une saison remarquable aux côtés de son coach, Sébastien Mathieu. Ce titre lui a même permis de participer en tant que remplaçante, puis sur le court, au EYkl]jk :ak$ bgm­ § KgÚY& =dd] k]jY ­na\]ee]fl § kmanj] en 2014. Chez les garçons, le Hongrois Marton Fucsovics a ­_Yd]e]fl eYjim­ d]k ]khjalk ]f k aehgkYfl kmj d] [aj[mal >mlmj]& EYak kY hdmk _jgkk] h]j^gjeYf[]$ ad d Y j­Ydak­] § Metz en dominant Jérémy Chardy au premier tour. De quoi lui offrir un bond au classement ! Il était au-delà de la ,((®e] hdY[] ]f \­Zml \ Yff­]$ ad Y [mdeaf­$ ad q Y h]m$ au 236ème rang. Dernière cerise sur le gâteau : Marton Y ]m mf j¸d] \] khYjjaf_%hYjlf]j g^Ú[a]d Ym EYkl]jk \] Londres. Une belle expérience pour ce joueur en devenir, ainsi que pour son coach, Patrick Tauma.


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L’HEURE DES BILANS

Alexandra Fusai, responsable du haut niveau féminin, département 16 ans et plus, et Eric Winogradsky, responsable du haut niveau masculin, département 16 ans et plus, dressent le bilan de cette année 2013 pour nos Tricolores, filles et garçons. Un bilan satisfaisant qui augure une belle année 2014 ! Propos recueillis par Laurent Trupiano

ALEXANDRA FUSAI

« Wimbledon, c’était l’objectif majeur de la FFT » de sérénité. Mais ses résultats sont de nouveau constants. A ses côtés, Kristina Mladenovic et Caroline Garcia offrent de belles promesses. Une dynamique s’est mise en place avec ces trois jeunes. Il y a des progrès à faire, mais c’est super positif !

Quel bilan tirez-vous de cette saison 2013 ? Marion Bartoli a gagné un Grand Chelem, ce bilan est donc forcément tout à fait positif, voire exceptionnel. Mais il ne faut pas résumer l’année à cet exploit. On a aussi Alizé Cornet, classée aujourd’hui dans les 30 premières et qui a retrouvé son niveau. Elle a vécu deux années d’efforts intenses, mais cela a payé. Maintenant, elle a un petit cap à passer. Il ne lui manque pas grand chose, sans doute un peu

Les objectifs ont été atteints ? Il faut reconnaître que nous avons pour le moment peu de joueuses dans le top 100, mais le travail ne porte pas ses fruits du jour au lendemain. On est sur la voie. En Fed Cup, on a réussi à se maintenir. Marion Bartoli a rejoué en équipe de France. Amélie et son staff ont su insuffler un vrai état d’esprit tourné vers la performance. Il n’y a peut-être pas assez eu de deuxièmes semaines en Grand Chelem, mais on s’en rapproche. Pour l’heure, les jeunes bloquent un peu au troisième tour. Quant à Wimbledon... Cette victoire, c’est un objectif majeur de la FFT et il a été atteint. Ce qu’a réussi Marion, c’est énorme et incroyable. Justement, maintenant que Marion est retraitée, c’est Cornet qui a revêtu le costume de leader. Jusqu’où la pensez-vous capable d’aller ? Alizé a été 11ème mondiale en 2008. Cette année, on a pu la voir rivaliser avec les meilleures lors de certains matches. Elle a encore un cap à passer physiquement et

mentalement, mais elle peut aller se chercher une place dans le top 10. Elle s’en était rapprochée en 2009. En tout cas, elle fait tout pour. Elle cherche des solutions pour progresser, elle a beaucoup évolué. Ne lui manque peut-être plus qu’un match déclic qui fera la différence. L’avenir, comme vous le dites, c’est aussi Mladenovic et Garcia. Malgré de belles choses, on attend encore un peu plus d’elles... Qu’est-ce qui leur manque ? Kristina était numéro un mondiale junior à 16 ans, mais, ensuite, des blessures l’ont stoppée dans son élan. Elle a cette année intégré le top 50, battu une joueuse dans le top 10. Elle a besoin maintenant de stabiliser ce niveau dans la durée pour ensuite encore évoluer. Physiquement, Kristina a encore une belle marge de progression qui lui permettra d’exploiter mieux ses qualités et de mettre en place son jeu. Caroline, quant à elle, a eu une maturation différente, elle a besoin de progresser dans sa façon de jouer, dans les choix qu’elle peut faire aux moments importants. Elle a une énorme explosivité, mais il faut qu’elle s’améliore dans sa gestion des moments-clefs. Cela viendra avec l’expérience. On constate que les filles les mieux classées ont la maturité qui leur permet de faire les bons choix aux bons moments.

Justement, on ne sent pas forcément une grande stabilité dans leur environnement. Sont-elles accompagnées par la Fédération ? Une progression passe déjà par la régularité d’une relation avec un entraîneur. Mais également par la continuité du travail effectué au quotidien. C’est aussi ce qui leur fera passer les prochaines étapes. Aujourd’hui Kristina démarre une nouvelle collaboration avec Rodolphe Gilbert, quant à Caroline, elle s’entraîne avec son papa et a été suivie sur l’année par Nicolas Perrotte au niveau physique. La Fédération met en place différentes actions pour les accompagner, en 2013 elles ont été aidées financièrement pour se structurer, un stage Fed Cup a été organisé et un suivi physique et kiné sur certaines périodes. Notre système d’accompagnement va évoluer en 2014 notamment sur les aides financières et nous soutiendrons toujours notre élite à travers diverses actions. Où les voyez-vous dans un an ? L’idéal ? Classées dans le top 30 ! Et puis, pourquoi pas atteindre une deuxième semaine en Grand Chelem ? L’essentiel sera de trouver de la constance dans les résultats. Cela va se faire petit à petit.

ERIC WINOGRADSKY

« En 2014, pourquoi ne pas espérer un succès en Grand Chelem ? » le grand tableau, puis en passant un tour et en faisant plus que de la figuration contre Djokovic. C’est un bon indicateur. A ce propos, il a sollicité la Fédération, il y a peu, pour bénéficier d’un suivi sur des semaines d’entraînement au CNE et des accompagnements en compétition. C’est une aide sur laquelle il peut désormais compter.

Eric, quel bilan tirez-vous de cette édition 2013 de Bercy pour les forces françaises ? Globalement, les performances des Français ont été en adéquation avec leur forme du moment. Richard (Gasquet) est celui qui est arrivé en surfant sur la meilleure dynamique. Il a atteint les quarts de finale, c’était logique. Gilles (Simon) et Jo (Tsonga) n’avaient, quant à eux, pas retrouvé l’intégralité de leurs moyens physiques et cela limite forcément le niveau de leurs performances face à une opposition très relevée, comme celle qu’on retrouve à BNP Paribas Masters. C’est dommage pour l’un comme pour l’autre, peut-être un peu plus pour Jo, car cela l’a privé du Masters. Je veux aussi retenir une très bonne surprise : le parcours de Pierre-Hugues Herbert. Nous lui avions octroyé une invitation pour les qualifications, il en a merveilleusement profité en atteignant

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Gasquet s’est qualifié pour le Masters. A quel point est-ce important d’avoir une présence française, là-bas ? C’est important, car cela vient confirmer les très bons résultats d’un joueur sur l’année. On n’était pas loin d’avoir deux Tricolores dans la compétition, en plus. Richard a été suffisamment régulier, je suis content pour lui. Cela souligne la qualité et la continuité de son travail. Plus globalement, si vous deviez dresser un bilan de cette année 2013 ? Dans l’ensemble, c’est une vraie satisfaction de pouvoir régulièrement compter sur un réservoir conséquent de joueurs classés dans le top 50 (8), dont trois dans le top 2O, ce qui nous permet d’espérer de très bons résultats à terme en équipe de France de Coupe Davis. Richard et Jo ont consolidé leur place dans le top 10. Gilles Simon est également juste derrière. S’il est épargné par les soucis physiques en 2014,

il peut légitimement espérer retourner dans les 10. On peut parler aussi de l’arrivée de Benoit Paire au plus haut niveau. Il fait désormais partie du top 30, tout en sachant qu’il a encore une bonne marge de progression. Il a vraiment très bien évolué cette année. En 2014, il lui faudra confirmer dans un premier temps, puis mettre en place une stratégie pour continuer sa progression et viser un peu plus haut. Quant à Gaël Monfils, il est sur le retour. Il a accompli une bonne partie du chemin cette saison, puisqu’il a retrouvé un classement qui lui offre un statut de tête de série en Grand Chelem. Mais il lui reste encore un peu de boulot pour accéder à un rang digne du tennis qu’il est capable de produire. Richard et Jo ne sont pas les seuls à avoir été performants cette année.. Bien sûr que non, Jérémy Chardy et Julien Benneteau ont fait aussi une belle saison. Chardy avait notamment très bien commencé avec un quart en Australie. On pouvait penser qu’il était en mesure d’intégrer le top 20. Mais chaque chose en son temps. Julien confirme une nouvelle fois son statut de « tête de série » en Grand Chelem, ce qui est primordial lorsqu’on ambitionne de très bons résultats dans ces compétitions. Nous lui souhaitons dès 2014 de remporter son premier titre sur

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le circuit. Edouard Roger-Vasselin atteint le meilleur classement de sa carrière (50) et frôle la qualification au Masters en double. Nicolas Mahut est revenu après être descendu au-delà de la 200ème place mondiale. Il a en plus gagné ses deux premiers titres ATP et atteint la finale du double à Roland Garros avec Mika Llodra. Adrian Mannarino a réintégré les 100 meilleurs, c’est une grosse satisfaction. Kenny de Schepper a aussi atteint ce cap. Guillaume Rufin, s’il n’avait pas été contrarié par ses problèmes de hanche, aurait pu finir beaucoup plus haut. Enfin, Paul-Henri Mathieu a eu des soucis et des problèmes personnels qui l’ont empêché de se maintenir dans le top 100, mais le niveau de jeu qu’il a montré en fin d’année devrait lui permettre de le retrouver en 2014, voire de faire mieux. Vous parlez de 2014... Quel est le plus bel objectif à atteindre pour le tennis masculin français ? Je crois que la famille du tennis français aimerait vraiment voir une victoire en Grand Chelem (sourire) ou un succès en Coupe Davis. Il faut être honnête. On a des joueurs dans le top 10, dans le top 30. Nous avons le réservoir qui nous permet d’être ambitieux en Coupe Davis et de viser la victoire dans un tournoi majeur.


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LE TEMPS FORT LAURENT CHAUMONT

ÂŤ GARDER NOTRE ÉTAT D’ESPRIT, CAR C’EST NOTRE FORCE ! Âť Il y a des dates du circuit CNGT qui sont des points de passage importants dans la saison. L’Open de la Baie de Somme, remportĂŠ cette annĂŠe par Edouard Roger-Vasselin, en fait partie. Bilan d’une semaine riche en ĂŠmotions avec le Directeur du tournoi, Laurent Chaumont. Vous fĂŞtiez les 10 ans du tournoi, cette annĂŠe... Cela commence Ă faire ! On voulait rĂŠaliser une ĂŠdition un peu spĂŠciale et je pense que l’on a rĂŠussi. Le plateau constituĂŠ avec l’aide de Tennis Pro ĂŠtait vraiment d’un très haut niveau, avec un quatuor de premier choix : BenoĂŽt Paire, JĂŠrĂŠmy Chardy, Michael Llodra et Edouard Roger-Vasselin. Je pense qu’il est difficile de faire mieux. Traditionnellement, d’ailleurs, on rĂŠussit Ă attirer les meilleurs joueurs de l’hexagone. Richard Gasquet s’est dĂŠjĂ imposĂŠ ici, comme Paul-Henri Mathieu, Marc Gicquel et Jo-Wilfried Tsonga. Cette ĂŠdition a aussi ĂŠtĂŠ marquĂŠe par une finale haletante... C’est le moins qu’on puisse dire ! L’an dernier, Julien Benneteau et Michael Llodra avaient ĂŠtĂŠ plus relaxes, avec quelques sĂŠquences

d’humour pour le plus grand plaisir des spectateurs. Cette annĂŠe, en revanche, on n’a pas assistĂŠ au mĂŞme style de confrontation. Les deux finalistes n’Êtaient pas lĂ pour rigoler (rires) et la passe d’armes entre Edouard RogerVasselin et JĂŠrĂŠmy Chardy a ĂŠtĂŠ vraiment spectaculaire ! Avec une victoire d’Edouard au bout du suspens, 1-6 7-6 7-5. On dit souvent qu’après 10 ĂŠditions, il est temps de dresser un bilan... C’est aussi ce qu’on s’est dit, avec l’ensemble du staff et des bĂŠnĂŠvoles. On a atteint une belle efficacitĂŠ, une forme de maturitĂŠ, on connaĂŽt nos qualitĂŠs et nos limites. DĂŠsormais, il faut juste rĂŠflĂŠchir Ă ce qu’on peut encore mettre en place pour faire grandir l’Êpreuve. Quoi ? Quand ? Pourquoi ? Comment ? Les questions sont nombreuses (rires) !

IntĂŠgrer un circuit plus classique, Future ou Challenger, cela ne vous intĂŠresse pas ? Ce n’est pas notre ambition. Notre ĂŠpreuve est plĂŠbiscitĂŠe, parce qu’elle est hors norme. Il faut qu’elle garde sa convivialitĂŠ et son caractère familial. C’est dans cet ĂŠtat d’esprit que l’on a mis ce projet en place et cela doit perdurer. D’ailleurs je tiens aussi Ă souligner que cette rĂŠussite est aussi liĂŠe au soutien de Tennis Pro (le syndicat des joueurs professionnels) qui nous conseille, et nous accompagne depuis des annĂŠes. Grâce Ă notre ĂŠquipe et Ă leur expertise l’open de la Baie de Somme est devenu un vrai rendez-vous pour les passionnĂŠs, mais aussi pour un autre public qui n’a pas l’occasion de dĂŠcouvrir le haut-niveau dans la rĂŠgion. Pour la finale, les gradins ĂŠtaient comble ! Cela nous encourage Ă continuer.

A VENIR‌ RICHARD GASQUET EN GUEST STAR... Après s’être remis de ses ĂŠmotions londoniennes et avoir pris quelques vacances, Richard Gasquet dĂŠfendra son titre Ă l’Open de Caen, dans le ZĂŠnith de la ville normande. L’an dernier, il s’Êtait imposĂŠ en finale face Ă Nicolas Devilder. Pour cette ĂŠdition 2013, les organisateurs ont encore choisi de frapper fort. Seront prĂŠsents, aux cĂ´tĂŠs de Richie, Michael Llodra et BenoĂŽt Paire. Le rĂŠgional de l’Êtape, Jules Marie (284ème Ă l’ATP), pourrait ĂŞtre l’un des joueurs Ă suivre. Il sera soutenu par le public toujours très nombreux de ce tournoi atypique qui parvient Ă remplir un ZĂŠnith, chaque annĂŠe. Rien que ça !

PROGRAMME DE

NOVEMBRE-DECEMBRE LE PALMARES DE SEPTEMBRE-OCTOBRE Thias Belle Epine

US Fontenay

TC Rue le Crotoy

TC Grand Versailles TC Saint Priest

• V: A.Renard • F: J.Haehnel

• V: Y.Thivant • F: R.Gilbert

• V: ER.Vasselin • F: J.Chardy

V: Charles Roche F: Alexandre Renard

6-8 septembre

13-15 septembre

13-15 septembre

21-22 septembre

27-29 septembre • V: Y.Jankovits • F: V.Millot

Le Chesnay Trianon TC Caen

TSB Dunkerque

• V: J.Ouanna • F: J.Haehnel

V: K.De Schepper F: A.Klegou

27-29 septembre

28-30 octobre • F: O.Patience • F: M.Rodrigues

1-3 novembre

s 2#- ,)-/'%3 AU NOVEMBRE s 4# 6)6!)3% AU DĂ?CEMBRE s "/4# 2ÂĄ5.)/. AU DĂ?CEMBRE s /0%. $% #!%. AU DĂ?CEMBRE s #2%), #!4 AU DĂ?CEMBRE s #/-)4ÂĄ %52% %4 ,/)2% AU DĂ?CEMBRE

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PETITS POTINS

Textes de Simon Alves et Clément Gielly

BARTOLI, LA FEMME CHOCOLAT

M RENDEZ-VOUS

DÉCEMBRE 2013-FÉVRIER 2014 ATP 30 décembre au 5 janvier s "RISBANE !40 s $OHA !40 s #HENNAI !40 6 au 12 janvier s 3YDNEY !40 s !UCKLAND !40 13 au 26 janvier s /PEN D !USTRALIE 'RAND #HELEM WTA 29 décembre au 4 janvier s "RISBANE 0REMIER s 3HENZHEN )NTERNATIONAL s !UCKLAND )NTERNATIONAL 5 au 11 janvier s 3YDNEY 0REMIER s (OBART )NTERNATIONAL 13 au 25 janvier s /PEN D !USTRALIE 'RAND #HELEM 27 janvier au 2 février s 0ARIS 0REMIER s 0ATTAYA )NTERNATIONAL COUPE DAVIS 31 janvier au 2 février s &RANCE !USTRALIE PREMIER TOUR EXHIBITIONS 26 au 28 décembre s !BU $HABI -UBADALA 7ORLD 4ENNIS Championship) 28 décembre au 4 janvier s 0ERTH (OPMAN #UP 7 au 9 janvier s !DELAIDE 7ORLD 4ENNIS #HALLENGE

arion Bartoli, la mode, c’est son truc. En douce rêveuse, la vainqueur de Wimbledon se verrait bien devenir la cador des podiums, la starlette de la haute-couture. Premier tour de chauffe à Paris, au salon du chocolat. Oui, c’est sexy. Vous savez, il y a toujours un début. Un premier jet. Une première tentative. Au sport, cela se concrétise souvent par une médaille en chocolat, avant de gagner enfin l’or. Pour notre Frenchy Bartoli, c’est la même chose : en attendant Jean-Paul Gaultier, place au chocolatier ! Dans une robe dessinée par Florence Soerensen et chocolatée par la maison Bernachon, Marion a pris ses marques. Et touché d’un peu plus près au podium, sur lequel elle a tout de même défilé. Il faut dire que son chocolat, à elle, il a de la gueule ! « Je trouve la robe magnifique », confirme l’intéressée. « Il y a eu un travail extrêmement minutieux pour avoir autant de détails. Les couleurs vont bien avec mon teint, je suis très heureuse de la création qu’ils ont fait pour moi. » Prochaine étape, Marion, la médaille d’or ? Ce pourrait être une création portée au défilé Armani durant la fashion week, à New York ? Il faut avoir de l’ambition ! Si cela ne se concrétise pas, tant pis, tu garderas pour toi d’avoir été, quelques minutes durant, une femme chocolat. Un fantasme ! Olivia Ruiz n’aurait pas demandé mieux : « J’ai trop mangé de chocolat. Croque moi la peau, s’il-teplait. Croque-moi les os, s’il faut. » Alors, Messieurs, des intéressés ?

ERRANI ET L’IMPROBABLE RECONVERSION

«

Même la plus petite personne peut changer le cours de l’avenir », disait l’Elfe Galadriel à Frodon Sacquet dans « Le Seigneur des Anneaux » de Tolkien. Drôle de référence pour une joueuse de tennis ? Pas tant que ça. En effet, il semblerait que ces paroles aient été prises au sérieux par la plus hobbit des filles du circuit WTA ! Un peu d’entraînement, de témérité et de ténacité pour Sara Errani et son mètre 64, et la voilà qui imite Michael Jordan ou Magic Johnson, s’élève dans les airs, dunke, puis reste accrochée à son panier comme une moule à son rocher. Alors, si même les lilliputiens peuvent se prendre à rêver d’une carrière dans un sport où Tony Parker, 1m88, est considéré comme un nain, on peut tout envisager ! Tenez, imaginez-vous donc… si, si, faites un petit effort. Un champ de courses, à Vincennes. Sur la piste, le fougueux pur sang « Perle du désert » file à toute allure vers son sacre, acclamé par les parieurs veinards qui ont misé sur lui. Trônant sur son dos, on vous le donne en mille : Ivo Karlovic, 2m08. Le garçon est tellement imposant que ses propres jambes, touchant le sol, se joignent au canasson pour accélérer le pas. Trop improbable ? Vous êtes durs en affaires… Bon, on en a une autre ! Mise en situation. Un parcours de golf, les oiseaux chantent et l’ambiance enchanteresse apaise les sens du public qui attend, patiemment, le prochain swing. Mais qui aperçoit-on là-bas, son club à la main, transpirant un calme olympien dans son petit polo blanc immaculé et savourant la tranquillité de cet instant de son regard balayant l’horizon ? Ne serait-ce pas Benoît Paire ? Bon, on avoue, là, c’est peut-être un peu gros…

8 au 11 janvier s +OOYONG !!-) #LASSIC

VENDREDI 8 NOVEMBRE 2013, À 15H15

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nis.fr http ://www.weloveten

PETITS POTINS Textes de Simon Alves et Benoît Sourd

AZARENKA

QUI TWERK, TWERK, TWERK !

A

ttachez vos ceintures, vous entrez dans une zone de fortes, très fortes turbulences. Oh non, pas de simples agitations à caractère sismique qui troublent votre organisme et le placent en alerte, réveillant ainsi votre instinct de survie. Pas non plus de vulgaires secousses venteuses qu’un nuage chargé de courants aura vite fait d’inciter à dégouliner dans votre nuque avec cette désagréable insistance des sueurs froides ou des incontinences. Et, pourtant, ces symptômes pourraient bien ressurgir. Car les vibrations, elles, seront là. Mais elles dégageront une sensualité absolument terrifiante ! Rendez-vous sur YouTube – les mots-clefs « Azarenka » et « twerk » suffiront. De son petit visage faussement innocent, Vika vous accueille, la voix assurée, mais pleine de malice. Ses lèvres fines se plaisent à se mouvoir pour laisser échapper un petit filet de sonorités articulées. Le nom de « Miley Cyrus » résonne. Mais pourquoi Miley Cyrus, d’ailleurs ? Elle a fait parler d’elle il y a quelques temps, celle-là. Pour quelle raison, déjà ? Autour de Vika, le décor est lambda. Seules quelques petites canettes de boissons énergisantes semblent se reposer dans leur frigo en arrière-plan. Miley Cyrus, Miley Cyrus… Ne serait-ce pas une jeune chanteuse américaine ? Celle qui a récemment créé la polémique aux MTV Awards avec son twerk, une danse qui consiste à remuer, de façon osée, son… Oh non ! Pas ça ! Trop tard. La vidéo se poursuit et l’irréparable se produit déjà sous nos yeux. L’image instantanée d’un arrière-train, celui de l’agent d’Aza’, en train de vibrer sur une machine probablement destinée à raffermir les cuisses, nous jaillit à la figure comme une provocation faite à nos sens et notre libido. C’est au tour de Vika maintenant, dans son petit shorty bleu (ah, ce petit shorty bleu !) de créer la confusion dans notre cerveau. Des connexions se font, beaucoup se défont, jusqu’à se fondre au fond de nos hormones. C’est chaud, très chaud, trop chaud. On suffoque, on ne respire plus. « Twerk, twerk, twerk », entonnent en chœur les deux démons, nous emmenant avec elles dans un tourbillon de débauche et de luxure. Leurs rires semblent loin, à présent, alors que l’ivresse emporte ce qu’il reste de notre dignité…

6/& °.& 3­644*&ø La 50ème édition des finales du Championnat de France de Tennis Entreprise, organisée par la Ligue du Lyonnais, s'est déroulée le 26 octobre au Tennis Club de Lyon. Si l'objectif était, bien sûr, de défendre les couleurs de sa société, tous les participants ont aussi profité de l’événement pour prolonger la fête jusqu'au milieu de la nuit.

LE PALMARÈS Femmes s $IVISION : USFEN 40 (Enseignantes, CBBL) bat ENTVO (Enseignantes, VDO) 4-1 s $IVISION CREDIT MUTUEL (ALS) bat ENSEIGNANTES D'ILLKIRCH 2F OPEN 5-0 s $IVISION SOCIETE GENERALE (PAR) bat ASDE 38 (Enseignantes) 3-2

Hommes s $IVISION : METRO TRANSPORTS (PAR) bat AEROPORTS de PARIS (SSD) 3-1 s $IVISION AS TECNIFIBRE (YVE) bat CTE FEDERATION FRANCAISE de TENNIS (PAR) 3-2 s $IVISION ENTVO (Enseignants, VDO) bat CREDIT MUTUEL D'ALSACE (ALS) 3-2 s #OUPE DE &RANCE MIXTE CONSEIL GENERAL D'ALSACE (ALS) bat EUROCOPTER (PRO) 3-2 s #OUPE DE &RANCE MASCULINE AVIATION CIVILE (GUY) bat LCMU (FLA) 3-0

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Sur la route de l’ATP WORLD TOUR

*Classement ITF 2012

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-&4 #"3$-":4 "51 803-% 5063 '*/"-4 En devenant partenaire de l’ATP World Tour pour les cinq prochaines années, Tecnifibre a gagné sa participation aux Barclays ATP World Tour Finals. Pour sa première édition à Londres, la marque française avait décidé de frapper fort. Le partenaire officiel de l’épreuve s'est donc installé dans l’O2 Arena et a marqué les esprits avec un service de cordage aux joueurs toujours aussi performant, ainsi qu'un stand public dans la Fan Zone, mais aussi des tests produits en avant-première sur les courts d’entraînement. Mais si l'aspect marketing a été optimisé, Tecnifibre n'a pas oublié le programme On The Road to the ATP World Tour en invitant deux jeunes espoirs de son team à être sparring-partner du top 8 mondial. Filip Peliwo, champion du monde junior 2012, et Marton Fucsovics, vainqueur de Wimbledon junior 2010, ont ainsi pu partager l’expérience des pro pendant toute la durée du tournoi. Rien que ça...

FILIP PELIWO

« Une expérience unique » Le jeune joueur canadien, Filip Peliwo, a vécu une semaine inoubliable, à Londres, en tant que sparring-partner des joueurs participant au Masters. Retour sur cette aventure plus qu'enrichissante et sur la carrière déjà bien remplie de cet espoir du tennis mondial. Depuis quand fais-tu partie du team Tecnifibre ? J’ai signé chez Tecnifibre en début d’année. J’ai essayé les produits et j’ai tout de suite accroché. Ils correspondent parfaitement à mon style de jeu. Aujourd'hui, je joue avec la TFight 305 et le cordage Razor Code. Comment se passe ta relation avec la marque ? Très bien, j’ai eu la chance de rencontrer une grande partie du team à Londres et tout le monde a été aux petits soins avec moi. Ils m’ont mis dans les meilleures conditions possibles pour que je sois au top. Je me sens vraiment soutenu, accompagné et valorisé. J’ai vraiment l’impression de faire partie de l’équipe. Et c’est aussi cela qui me plaît chez Tecnifibre.

pendant le tournoi. En effet, après le premier entraînement, il a souhaité que je sois présent toute la semaine, j'ai dû être super performant lors de la première séance (rires). J’étais content et fier, car cela prouve qu’il était satisfait de mon niveau et de l’intensité de mon jeu. J’ai également joué avec Roger Federer et Richard Gasquet et, au final, chaque entraînement était enrichissant. J'ai ainsi pu observer leurs attitudes, leurs routines, leur préparation durant un événement comme le Masters. J'ai compris que le moindre détail est important et peut faire la différence. Cette expérience unique m’a permis d’élever mon niveau de jeu et de mieux appréhender l’exigence que nécessite le top niveau. Inutile de dire que cela m’a encore plus motivé à l'atteindre et être, un jour, au Masters.

Comment as-tu vécu cette expérience de sparring-partner du top 8 mondial ? C’était une expérience incroyable, un truc de fou ! De plus, j’ai eu l’opportunité d’être le sparring attitré de Rafael Nadal

Que dois-tu améliorer pour continuer à progresser et rentrer dans le top 100 ? Je dois être plus solide, plus constant. Il faut que je m'appuie davantage sur mes

points forts et que je sois plus malin sur le court. Quels ont été les moments les plus importants de ta jeune carrière ? Gagner les Grands Chelems Juniors à Wimbledon et l’US Open sont mes meilleurs souvenirs, pour l'instant. Mais la victoire sur un top 50, Jarkko Nieminen, au Masters 1000 du Canada, reste aussi gravée dans ma mémoire. Ces succès m’ont donné confiance et confirment surtout que je suis sur la bonne voie. Enfin, je donnerai une mention spéciale à mon expérience en Coupe Davis, car faire partie de cette équipe canadienne, c’est carrément un rêve de gosse. Quels sont tes objectifs pour 2014 ? Mon objectif, c'est de rentrer dans le top 100 dès l’année prochaine. A plus long terme, c’est d'intégrer le top 10 avec l'idée d’être, un jour, numéro un ! Je sais que c’est un gros challenge, la route est encore longue, mais je vais me donner les moyens d’y arriver.

ZOOM Vu de l’intérieur avec Guillaume Ducruet, responsable sport marketing « J’ai pu partager des moments forts avec nos joueurs. Un véritable esprit d’équipe s’est créé pour apporter le meilleur service au top 8. Au-delà de ces émotions, Filip et Marton ont pu découvrir le rythme, l’intensité des maîtres du jeu. Leur routine, leur concentration et l’exigence que ces champions s’appliquent à mettre dans chaque balle et dans chaque placement. En clair, je suis heureux que Tecnifibre ait pu leur faire toucher du doigt la somme des détails qui font la différence entre le haut-niveau et l’excellence. Filip est reparti, boosté, pour disputer un tournoi challenger avec la ferme volonté de rentrer dans les 100 meilleurs du monde le plus vite possible. Marton, quant à lui, est prêt à mettre les bouchées doubles pour continuer à grandir sur le circuit et passer un nouveau cap en 2014. »

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PETITS POTINS Textes de Simon Alves, Rémi Capber et Benoît Sourd

L’IDÉE CADEAU

DE NOËL

BELZEBUTH,

SORS DE CE CORPS !

V La TennisBOX

un succès qui perdure

ite, que quelqu’un appelle Batman, le Joker est de retour ! Tout droit venu des plaines serbes, le démoniaque Novak est prêt à nous jouer un mauvais tour. Alors qu’on s’attendait à le voir débouler masqué à Bercy pour Halloween, la fête des drôles de diables, il nous a fait faux bond... pour mieux nous prendre par surprise, quelques jours plus tard, sur les terres de John Christie et de Jack l’Eventreur. Malin, Djokozébuth est apparu lors du tournoi final, fantôme errant dans le brouillard londonien. Sa cible ? L’O2 Arena. Une enceinte prestigieuse où est planqué un joli pactole d’1,9 millions de dollars. Méphistophélique, il a montré suffisamment d’adresse pour commettre le crime parfait. Roger Federer a été enterré. Del Potro, crucifié. Nadal, annihilé... Si sa présence était spectrale, ses coups de hachoir, eux, ont fait mouche à chaque frappe. Jusqu’à ce que le trophée soit entièrement... dévoré. Oui, Djoko-le-maléfique était bien présent à Londres.

Belle actualité pour la TennisBox le mois dernier avec la première box féminine réalisée par Emilie Loit : « Ce fut un moment super sympa. Etre au contact de passionnés, c’est toujours très intéressant », explique l’ex-joueuse française. Comme souvent, cette TennisBox a eu lieu au Tennis Club de la Châtaigneraie, dirigé de main de maître par Georges Brasero. Cette année a aussi été marquée par la montée en puissance de l’ensemble de notre Team, puisque Thierry Ascione est maintenant coach de Jo-Wilfried Tsonga, que Frédéric Fontang a permis au Canadien Vasek Pospisil de monter à la 32ème place mondiale et que Rodolphe Gilbert est devenu le coach de Kristina Mladenovic. Cette formule s’ouvre désormais aux groupes, grâce aux nouvelles formules Duo,Trio ou Quattro Exemple de tarifs séance TennisBOX Coach s &ORMULE 3OLO € s &ORMULE $UO € par personne s &ORMULE 4RIO € par personne s &ORMULE 1UATTRO € par personne

N’hésitez pas, vivez l’expérience du haut-niveau LE TEAM COACH Lionel Roux Frédéric Fontang Ronan Lafaix

LE TEAM PLAYER Thierry Ascione Rodolphe Gilbert Emilie Loft

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Pour Noël, la reste un cadeau unique. Pensez-y c'est à réserver sur

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CA BOUGE À MONTREUIL !

C

’est à Montreuil que Patrick Mouratoglou avait commencé son aventure. Depuis, le complexe sportif a évolué. Il est aujourd’hui géré par la commune, dont la Maire est Dominique Voynet. Un projet ambitieux a été défini avec un investissement important pour remettre aux normes le centre sportif où l’on peut aussi pratiquer le badminton, le squash et le fitness. « Notre objectif est de faire de ce centre un lieu de convivialité. Le tennis est géré par le Tennis Club de Montreuil et nous avons plusieurs projets ambitieux. Ce sport a toujours fait partie de l’histoire de la ville. Avec cet outil, on peut légitimement monter de beaux projets. » Difficile de contredire AnneMarie Heugas, l’Adjointe aux Sports, car avec 12 courts couverts chauffés, quatre terres battues et deux quicks extérieurs, le TC Montreuil a effectivement de beaux jours devant lui. Pour fêter ce renouveau, le centre sera « inauguré » officiellement le 23 novembre. A noter, également, la naissance dans ce complexe d’un pro shop de tennis géré par Alexandre Ave et Lorenzo Schaeffer, deux passionnés que la famille du tennis connaît bien. Pro Shop Montreuil – 150, rue de la nouvelle France – 93100 Montreuil

« MASTERS » RIME AVEC « GODDESS » !

A

h, la traditionnelle photo des Masters... Quel plaisir de voir ces damoiselles et dames du circuit troquer leur traditionnel bleu de chauffe pour des robes, longues, courtes, sexys ou distinguées... Des styles très différents, simples ou ornés, qui mettent en valeur de sérieux attributs ! Un mot, un seul : « divines » ! Serena Williams paraît autant charismatique que resplendissante dans sa tenue pourpre et sensuelle, Na Li splendide dans ce nacre très classe et Agnieszka Radwanska étonnante avec cette robe et cette coiffure sophistiquées. Petite déception, peut-être, du côté de Victoria Azarenka, au charme ravageur en 2012, qui, là, semble flotter un peu, malgré un regard toujours aussi hypnotique. Une seule absente de marque : celle qui devient une icône de la mode et profite de sa fin de saison prématurée pour visiter les défilés du monde, j’ai nommé... Maria Sharapova, évidemment. Gageons que la Russe se rattrapera l’année prochaine !

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SUR LES

courts

La fin de l’année coïncide toujours avec le lancement de nouveaux produits. Chez Babolat, place à la Pure Strike, qui sort officiellement le 1er décembre. Cette raquette ouvre un nouveau segment pour la marque basée à Lyon. Le moins qu’on puisse dire, c’est que le pari est réussi au niveau de la cosmétique ! Le cadre est déjà utilisé par Jo-Wilfried Tsonga et Jerzy Janowicz. En termes de cosmétique également, la nouvelle Head Radical d’Andy Murray tranche avec le passé. Fini le 100% orange... place à un style moins classique ! Prince n’est pas en reste et fait sa petite révolution en proposant un plan de cordage de 14 montants et 16 travers. Selon la marque, cela implique un gain de 30% en termes d’effets, puisque l’espace entre les cordes est supérieur à celui d’un plan de cordage habituel, à 16 montants et 19 travers. Un dernier mot sur la marque Tecnifibre dont les nouveaux produits seront dans les rayons début 2014. Le fer de lance de la gamme Tflash est ici la Tflash 300. Tecnifibre inaugure la technologie Velocity Shaft Design. C’est une nouvelle ergonomie au niveau du shaft qui offre moins d’encombrement, plus de maniabilité, et donc plus de vélocité. • Babolat Pure Strike : de 189,95€ à 209,95€ suivant le modèle • Head Radical : de 169.95 à 219.95€ selon le modèle. • Tecnifibre Tflash 300 : 169€ • Prince Warrior 100 Esp : 189,99€

Shopping LES NOUVEAUTÉS !

DANS LES

bois

En hiver, priorité au travail foncier, aux parcours dans les sous-bois, aux courses sur le bitume. Pour ne pas vous tromper, voici sélectionnés deux modèles de running qui vous permettront d’être à l’aise et de courir en toute quiétude : la XR Crossmax 2 de Salomon (130€) et la nouvelle Gel Kayano d’Asics (175€), plus légère que la précédente, mais qui conserve l’amorti qui a fait sa renommée, grâce à une semelle double densité.

AU

pied du sapin DE NOËL...

Les fêtes de fin d’année vont vite arriver et Kdotennis.com a sélectionné pour vous trois produits incontournables. La TennisBox 2h30 de jeu ou de coaching avec un pro (Lionel Roux, Frédéric Fontang, Thierry Ascione, Ronan Lafaix, Rodolphe Gilbert, Emilie Loit, Camille Pin) 500€

La collection Welovetennis, trois volumes « GrandChelem, mon amour », « Roger, mon amour » et « Rafa, mon amour », exclusivement sur Kdotennis.com : 90€

Collection Welovetennis « Rafa, mon amour », 112 pages, 29€

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GRANDCHELEM FRANCE

Le Moselle Open 2013 a été marqué par la victoire de Gilles Simon en finale face au tenant du titre Jo-Wilfried Tsonga, mais en coulisses il y avait aussi d’autres enjeux. Décryptage.

JULIEN BOUTTER

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« On a senti, de la part d’Artengo, la volonté de marquer les esprits »

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Le 10ème Moselle Open a été animé par des choix stratégiques assumés par Julien Boutter, Directeur du tournoi, et l’ensemble de l’organisation. Notamment du côté des équipementiers, avec l’arrivée d’Artengo comme fournisseur officiel de l’épreuve. Julien revient, pour GrandChelem, sur cette première édition avec la marque du groupe Décathlon. Julien, lorsque vous avez annoncé votre accord avec Artengo, cela a surpris le monde du tennis... Je ne vois pas ce qu’il y a d’étonnant ! On a été agréablement surpris par leur proposition quand on a lancé un nouvel appel d’offre. Quand je dis surpris, ce n’est pas en termes de budget. Très vite, on a senti qu’on parlait le même langage, qu’on avait les mêmes idées. Notre tournoi a été créé pour animer notre région, pour valoriser notre savoir-faire. Au milieu de tout cela, il y a les idées de proximité et de terrain. Chez les dirigeants d’Artengo, on a retrouvé tout cela. C’est la première fois qu’Artengo signait avec un tournoi ATP 250... Oui, il faut un début à tout. Au départ, bien sûr, il y avait un peu d’appréhension. Des deux côtés, d’ailleurs. C’est aussi pour cela qu’on a d’abord appris à se connaître et qu’on a défini un cahier des charges très précis.

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C’est-à-dire ? Nous sommes allés à Lille, chez eux. On a beaucoup échangé. Ils ont toujours été à notre écoute. A partir de là, on a mis en place un calendrier pour que les produits soient testés en amont sur des tournois Futures. Jo-Wilfried Tsonga a également reçu des balles pour les essayer. Bref, on a mis tout un process en place pour se rassurer et faire tomber les a priori. Durant le tournoi, comment cela s’est passé ? Formidablement bien ! Il n’y a pas eu un retour négatif. On a senti de la part d’Artengo la volonté de marquer les esprits, une vraie motivation pour présenter au mieux leur savoirfaire. Le symbole de tout cela, c’est leur stand de cordage qui était vraiment réussi. En termes de service auprès des joueurs, on ne m’en a dit que du bien. Il y a aussi eu de petites attentions pour les ramasseurs de balles, les juges de ligne... Cela confirme leur discours de

proximité et, pour un organisateur, c’est un vrai plus. Ce choix était donc judicieux ! Oui ! En plus, il s’agit d’une marque française. Le tennis est un monde conservateur et je suis assez heureux de faire bouger les choses. Qu’est-ce que vous retenez de cette 10ème édition ? Que Gilles Simon fait un beau vainqueur ! Par ailleurs, j’ai reçu le message de ceux qui m’ont dit que le gris n’était pas la meilleure couleur pour le court. C’est une couleur qui est très efficace pour le jeu, quand on est en tribune. Mais, à la télé, c’est vrai que c’était différent. On va faire un point et voir comment améliorer la situation.

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Fglj] ngdgfl­ f ]kl hYk \] emdlahda]j d]k Y[[gj\k Yn][ des tournois du circuit. Le Moselle Open, par son histoire et son équipe, nous ressemblait, et nous avons très vite eu le sentiment de nous retrouver autour de valeurs communes avec les organisateurs. Ensuite, il a fallu se mettre au travail, car une première reste une première, ]l [] [`Ydd]f_] ­lYal \gf[ lj®k aehgjlYfl hgmj d `aklgaj] de la marque. Nous sommes parfaitement conscients du regard que certains joueurs portent sur nos produits, nous devions donc prouver ce dont nous sommes capables. Les retours positifs des joueurs sur la balle et sur la hj]klYlagf [gj\Y_]$ eYak Ymkka d ]fk]eZd] \]k kh][lYl]mjk venus tester notre produit révolutionnaire, le Personal ;gY[`$ gfl [gfÚje­ dY h]jlaf]f[] \] [] hYjl]fYjaYl& ;]ll] première immersion pour Artengo sur le circuit a donc été un franc succès. Le Moselle Open est une épreuve chaleureuse, maintenant bien ancrée dans le paysage du tennis mondial avec un public de passionnés qui tous, sans exception ont complètement changé de perceplagf kmj fglj] eYjim]& ; ]kl hj­[ak­e]fl []l ­[`Yf_] quotidien qui nous a le plus attiré sur le tournoi, car telle est bien notre obsession chez Artengo : écouter nos clients pour développer des produits répondant à leurs attentes. D ­[`Yf_] [gfklYfl Yn][ d]k hYkkagff­k ]kl njYae]fl d mf des atouts de ce tournoi. La prochaine édition 2014 nous h]je]lljY$ fgmk d ]kh­jgfk$ \] [gfÚje]j [] km[[®k ]l \] hgmjkmanj] d ­[`Yf_] Yn][ d] hmZda[ egk]ddYf&


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KARIM BENHAMADA « Notre rôle est de répondre parfaitement à la demande du joueur ! » Le plus chevronné des cordeurs du team Artengo, qui est aussi responsable partenariat et de la formation produit pour la marque, revient sur une semaine messine plutôt agitée ! Karim, je crois savoir que vous êtes un cordeur déjà confirmé. Vous pouvez nous résumer votre parcours en quelques mots ? C’est très simple, j’ai débuté chez Sport 2000 dans un magasin de spécialiste tennis. En 2001, j’ai rejoint le groupe Décathlon. Cela m’a permis d’exercer comme cordeur sur des tournois professionnels. J’ai ainsi travaillé à Roland Garros, à Monte Carlo ou au Moselle Open. Au départ, le cordage était un job étudiant. Puis, j’ai pris goût à cet artisanat, j’ai pris la passion du produit. Le cordage, ce sont plein de composants, plein de combinaisons, plein de dynamiques différentes, tout cela au service d’une chose : le confort et la performance du joueur. Lors de ce Moselle Open, quel était votre quotidien de cordeur officiel ? En pratique, j’étais présent sur le site de 9h à 23h tous les jours. L’ATP nous impose d’être présents une heure avant le premier entraînement et 45 minutes après le dernier match. Il est fréquent qu’un joueur vienne nous voir le soir, après sa rencontre, et nous demande d’avoir la raquette pour le lendemain matin. J’imagine qu’il y a des moments de stress dans une journée de cordeur sur un tournoi ATP ? On évite ce stress ! Comment ? En s’organisant. C’est rare qu’un joueur nous exige d’avoir sa raquette immédiatement. Et, si cela se produit, on s’organise toujours pour respecter le programme des matches de la journée. Logiquement, le joueur qui joue en premier passe le premier. L’organisation permet vraiment de mettre le stress de côté. Notre rôle est de répondre parfaitement à la demande du joueur. Si une raquette est mal cordée, cela

fausse tout, nous sommes donc très exigeants avec nous-mêmes. C’est une philosophie, une consigne que l’on respecte, mais qui ne nous procure pas un stress insupportable. Notre journée est bien réglée, même s’il y a toujours des coups de speed de temps en temps ! Notamment lorsqu’un joueur vous envoie une raquette en cours de rencontre ? On en voit parfois qui reçoivent une raquette en match et se plaignent de la tension. Vous avez déjà vécu ce genre de couacs ? En fait, il y a deux types de joueurs : ceux qui emmènent sur le court un lot avec plusieurs raquettes de différentes tensions et qui ne prévoient pas de faire appel au cordeur pendant le match. D’autres, au contraire, emmènent moins de raquettes et nous envoient des cadres à corder pendant la partie afin de bénéficier d’une tension toute fraîche et, donc, d’un maximum de précision. Richard Gasquet fonctionne comme cela. Je l’ai vu se plaindre d’un problème de tension à Bercy, mais c’est facilement explicable : dans ce cas précis, la raquette ne passe pas directement de la main du joueur à celle du cordeur. L’information transite par l’arbitre et par un ramasseur de balles. Elle peut ainsi être déformée et conduire à des erreurs sur la tension des cordes ! D’où les couacs qui se produisent parfois. En combien de temps la raquette revientelle au joueur, lorsqu’il vous l’envoie en match ? Nous, on s’engage à la corder en 13 minutes maximum. Avec le temps de trajet, elle revient en général en 15 minutes. Chez Artengo, on appelle cela l’express !

Certains joueurs ont des exigences particulières ? Oui. Au Moselle Open, je me souviens que Berlocq ne voulait pas qu’on corde trop vite ses raquettes. Une fois, il m’a même ramené un cadre en me disant qu’il était mal cordé parce que j’étais allé trop vite. J’ai vérifié la tension, c’était pourtant celle qu’il m’avait demandée ! Il n’y avait pas eu d’erreur. Mais il fallait qu’on passe un certain temps sur le cadre pour que cela lui convienne et qu’il soit en confiance. Je me suis donc exécuté ! Dans la série des cas particuliers, je me souviens d’avoir cordé une raquette de Filippo Volandri... à 13 kilos ! Quand on sait que Maria Sharapova tend à 30 ou 31… Une preuve de plus que l’on peut vraiment tout faire avec le cordage. Les joueurs ont-ils des superstitions vis-àvis de leur cordage ? Clairement. Ils nous demandent parfois de corder la raquette numéro cinq, puis la six et, enfin, la un, dans cet ordre précis. Ils ont aussi des repères ou des préférences sur leurs raquettes. Certains jouent toujours avec la un ou la deux de leur lot, mais nous ramènent aussi la trois et la quatre à recorder, alors qu’ils ne s’en sont pas servis. Ce sont des habitudes qui sont devenues des superstitions. Parfois, on se sent mieux avec une raquette pour un détail infime. A Metz, Igor Sijsling nous a demandé de rajouter 0,8 gramme de poids en tête d’une raquette, parce qu’il sentait une différence avec les autres. Vous imaginez la sensibilité du joueur... Personnellement, je trouve qu’il est important que les joueurs s’impliquent en ce qui concerne la technique de leurs cadres et de leur cordage. Cela leur permet d’avoir la connaissance de ce qu’il leur faut.

Dans l’ensemble, ils sont sympas avec vous ? Oui, ils se comportent très bien, de manière courtoise et élégante. C’était le cas au Moselle Open. Ils savent qu’on va passer une semaine ensemble et qu’il vaut mieux, pour eux, comme pour nous, que l’on ait de bons rapports. A la fin du tournoi, certains passent même nous dire un petit mot pour nous remercier. A Metz, Cédric Mourier, le superviseur ATP, est personnellement venu nous féliciter pour la qualité de notre travail. On savait qu’on était attendu sur ce tournoi et cela nous a forcément fait très plaisir ! Combien de raquettes avez-vous cordé durant ce Moselle Open ? Je dirais 200 ou 205. Ce n’est pas énorme, parce qu’il y avait la Coupe Davis le weekend d’avant. Les joueurs étaient arrivés avec plusieurs raquettes cordées par les cordeurs de leur équipe nationale. Quelle est la moyenne des tensions que vous cordez sur le circuit ? Je ne pourrais pas vous le dire précisément, mais, la moyenne du haut niveau, c’est en général 24-25. Sur le Moselle Open, la tension la plus faible était à 18,5 kilos. Et les plus fortes à 28, avec Marc Gicquel, et 28,5, pour PaulHenri Mathieu !

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DOSSIER : TOUS RAFAMANIAKS !

PATRICK MIGNON

« Etre fan, c’est donner une autre dimension à sa vie »

Ca y est ! « Rafa, mon amour » est disponible. « Rafa, mon amour », LE livre de la Rédaction, célébrant Nadal en cette fin d’année qui voit l’Ibère de retour à la première place mondiale. Il méritait bien ce bel hommage. Car, oui, Rafa peut être un « amour ». S’il est souvent boudé ou caricaturé en France, il bénéficie, à l’international, d’une popularité et d’une aura intactes, seulement égalées par celles de Roger Federer. Sa personnalité et son attitude paradoxales sur et en-dehors du court fascinent et déchaînent les passions. GrandChelem est parti à la rencontre de tous ces gens qui font de Rafael Nadal leur idole, leur champion... un membre de leur famille. Un être aimé. Les fans. Qui ? Pourquoi ? Comment ? Enquête sur un phénomène et son mouvement : le Rafan... et la Rafamania. Rémi Capber

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Sociologue et chercheur à l'INSEP, Patrick Mignon décrypte le concept de « fan ». Ses tenants, ses aboutissants... Qu'est-ce qui nous pousse à supporter un joueur ou une équipe, à la suivre, à l'encourager... à l'aimer ? Explications. Propos recueillis par Laurent Trupiano Patrick, toi qui connais bien ce concept, d’où vient le mot « fan »? De « fanatique » ! C’est une contraction, d’origine, bien sûr, américaine. En Italie, ce sont des tifosi. Auparavant, dans notre pays, on parlait de fervents supporters. En fait, l’arrivée du « fan » coïncide avec la période yéyé. Cela s’est amplifié, notamment avec la montée en puissance de stars comme Johnny Halliday. On peut même évoquer le fameux concert à l’Olympia de Gilbert Bécaud, où les spectateurs ont commencé à casser des chaises. Là, on s’est mis à parler d’une forme de fanatisme. Donc, de fans.

cela, la magie du fan. Parce qu’il faut bien saisir que le champion fait partie de sa vie quotidienne. C’est presque un membre de sa famille, voire plus, dans certains cas. Se retrouver dans des endroits incroyables loin de chez soi pour l’encourager, c’est donner obligatoirement une autre dimension à son existence. Depuis la période yéyé que vous avez évoquée, les choses ont beaucoup évolué. Etre fan, c’est aussi disposer de nouveaux outils pour entrer en contact avec son champion préféré... Oui, les réseaux sociaux, tout comme les sites internet, ont changé la donne. Avant, on envoyait des lettres ! Aujourd’hui, ce sont des mails ou des tweets. Mais, à vrai dire, la démarche demeure la même et il n’est toujours pas certain que ce soit le champion qui réponde. Les nouveaux médias créent l’illusion d’une forme de proximité. Mais, en réalité, la vérité se situe toujours sur le terrain, dans ce que l’on appelle désormais la « vraie vie ».

Cela veut dire qu’il n’y avait pas de fans auparavant ? Si, mais on n’avait pas défini le phénomène de la même façon. Cela touchait déjà les sportifs et, particulièrement, des cyclistes et des footballeurs. On pouvait collectionner des chewing-gums, des figurines, des photos à l’effigie des rois du peloton, des cartes... La carte, d’ailleurs, a été plus ou moins importée des Etats-Unis, où ce système marchait déjà très bien, dans le baseball notamment. Il y a une typologie précise du fan ? Un fan, c’est une personne qui s’identifie à son idole. Quelques fois, cet amour va très loin et peut se transformer en haine meurtrière. Je pense à John Lennon et, dans le tennis, à Monica Seles. Etre fan est aussi un phénomène plus féminin que masculin. Dans ce cas précis, très souvent, le champion correspond à l’homme idéal, celui qu’on aimerait rencontrer. Il s’agit également de

elle, virtuellement, à travers le prisme de la télé ou à distance, sur le terrain, le fan s’approprie une partie de sa vie. C’est pour cela qu’il est prêt à tout pour approcher son idole ? C’est l’un de ses objectifs, clairement : découvrir son univers, faire comme lui,

Pour le fan, le champion est presque un membre de sa famille partager sa passion avec d’autres fans et de s’inventer une vie à travers son champion. Cela donne un intérêt tout à fait différent à son existence. Un champion, un chanteur, un acteur... A ces personnes correspondent souvent des vies hors du commun. En côtoyant la star, en passant des instants avec

comprendre. Ce n’est pas étonnant que certains fans prennent des vacances en fonction du calendrier du joueur et qu’ils aillent régulièrement sur les terres de leur champion. Cela amène d’ailleurs souvent le fan à se rendre dans des endroits où, seul, il ne serait jamais allé. C’est aussi un peu

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La « vraie vie », c’est obtenir un autographe, par exemple. Pourquoi la signature a-t-elle autant de valeur aux yeux des fans ? Parce qu’une signature, c’est une authentification officielle. C’est unique. C’est la main du champion. Le graal du fan, même si, aujourd’hui, la fameuse photo classique prise aux côtés de son idole avec un téléphone portable est devenue un véritable objet de convoitise. Vous pensez qu’avec le tennis puissent exister de belles communautés de fans ? Les scores des Facebook de Roger Federer et de Rafael Nadal en sont la preuve. Un tennisman, c’est un peu comme un chanteur ou un acteur, on est dans le même registre. Le tennis est un sport individuel mondial, avec des joueurs qui ont tous des caractères bien différents, venus des quatre continents. Ils constituent des cibles idéales pour de potentiels fans.


DOSSIER : TOUS RAFAMANIAKS !

AUX

origines DU FAN...

Pour comprendre le phénomène des fans dans le tennis, il faut s’offrir une séquence nostalgie et revenir à cette époque où le joueur est devenu une rock-star, avant de se transformer, avec la technologie et les moyens de communication, en icône mondiale.

F

in des années 70. Génération Borg-McEnroe-Connors-Gerulaitis. C’est certainement à cette époque que le phénomène des fans est réellement apparu dans le tennis moderne. Auparavant, ceux qui remplissaient les stades et suivaient l’actu de la petite balle jaune étaient des supporters très policés dans la pure tradition du tennis, de la raquette en bois, des polos blancs piqués. Et puis... est arrivé Bjorn Borg et son inimitable style. Dépassant le cadre sportif, le Suédois entraîne un mouvement radical plus proche de celui d’une rock-star que d’un athlète de haut-niveau. Mieux, tout s’amplifie encore avec l’arrivée de John McEnroe dans son sillage, mais aussi celle de Vitas Gerulaitis et sa fameuse Rolls Royce Corniche décapotable. A ce moment précis, le tennis est en plein boom, il sort enfin de son carcan bourgeois pour entrer dans les foyers grâce à la basket que tout le monde porte en ville. Mais aussi, et surtout, grâce à la belle histoire qu’écrivent les joueurs sur le court. Cet âge d’or entraîne d’exceptionnels projets. L’un d’entre eux résume bien la période : d’août 1978 à octobre 1980, un magazine mensuel « Be Cool, Be Borg » sort dans les kiosques et connaît un beau succès, un peu comme l’avait fait Claude François avec « Salut les Copains ». Et puis, l’âge d’or passé, le tennis s’est professionnalisé. Les joueurs sont entrés dans une sphère de la communication et du sponsoring. L’artisanat a laissé place à une certaine mécanique et une vraie stratégie marketing. Stratégie qu’a maîtrisée à merveille le Kid de Las Vegas, Andre Agassi et son fameux short en jean. C’est le deuxième point de passage. L’athlète, même s’il peut être performant, doit proposer de la nouveauté pour enflammer les foules. Il doit surprendre, mais aussi s’exprimer autrement que par les mots et les comportements, puisque que le code de conduite ne lui permet plus des envolées lyriques comme en faisait Ilie Nastase. Parallèlement à la percée d’Agassi, il n’est pas inutile de citer la trajectoire plutôt curieuse d’Anna Kournikova, dont le score sur Facebook encore aujourd’hui est tout simplement hallucinant. Il y a donc l’avant et l’après Agassi, en termes de fans, avant que la technologie, l’internet et les réseaux sociaux ne définissent des règles nouvelles. Malgré tout, vous pouvez avoir un beau site internet et un compte twitter bien actualisé, reste une donnée que vous ne pourrez jamais maîtriser pour entraîner un mouvement : votre charisme, votre aura naturelle, votre attitude et les images qu’ils renvoient. Au final, avec les performances, c’est toujours cela qui fait la différence. Il n’est donc pas étonnant de constater qu’aujourd’hui, Rafael Nadal titille Roger Federer au décompte Facebook avec des chiffres qui dépassent la dizaine de millions et qui dament le pion à d’autres disciplines, comme le cinéma ou la musique. Laurent Trupiano

En chiffres

S’il est un lieu où s’est concrétisé de façon virtuelle, certes, mais tout à fait palpable le concept du fan, c’est bien sur les réseaux sociaux. Et à ce petit jeu-là, c’est sur Facebook et Twitter que les chiffres parlent le mieux.

Facebook 'BDFCPPL 5PQ

Twitter

5PQ EFT GFNNFT

5PQ 4QPSU

5PQ EFT BDUFVST

5PQ UFOOJT TVS 5XJUUFS

5PQ .VTJRVF

Roger Federer............13 500 000 fans

Maria Sharapova .....11 100 000 fans

Cristiano Ronaldo.. 64 600 000 fans

Will Smith .....................54 100 000 fans

Rafael Nadal ..................... 5 300 000 followers

Katy Perry ........................46 700 000 followers

Rafael Nadal ...............12 200 000 fans

Anna Kournikova........2 300 000 fans

Lionel Messi ................50 000 000 fans

Vin Diesel ......................50 600 000 fans

Serena Williams ............. 4 000 000 followers

Justin Bieber ..................46 600 000 followers

Maria Sharapova .....11 100 000 fans

Serena Williams

700 000 fans

David Beckham ........30 700 000 fans

Megan Fox....................45 300 000 fans

Novak Djokovic............... 2 500 000 followers

Lady Gaga ........................40 500 000 followers

Novak Djokovic............3 500 000 fans

Venus Williams ............1 350 000 fans

Michael Jordan ..........24 500 000 fans

Adam Sandler............44 350 000 fans

Anna Kournikova........2 300 000 fans

Ana Ivanovic ..................1 220 000 fans

Ricardo Kaka ...............24 400 000 fans

Jackie Chan ..................44 300 000 fans

Andy Murray ..................1 800 000 fans

Victoria Azarenka............560 000 fans

........ 1

5PQ .VTJRVF

Serena Williams ..........1 700 000 fans

5PQ EFT GSBOÉBJT 5PQ EFT IPNNFT TVS 'BDFCPPL Roger Federer............13 500 000 fans Rafael Nadal ...............12 200 000 fans

Rihanna

.........................80

000 000 fans

Jo-Wilfried Tsonga ..........508 000 fans

Eminem ..........................77 200 000 fans

Gaël Monfils ........................230 000 fans

Shakira.............................73 600 000 fans

Richard Gasquet .............................40 233

Michael Jackson .......66 000 000 fans

5PQ 4QPSU

5PQ "DUFVST

Cristiano Ronaldo.......22 500 000 followers

Ahton Kutcher ..............15 200 000 followers

Ricardo Kaka ..................17 300 000 followers

Jim Carrey................ 11 700 000 followers

Lebron James ................10 300 000 followers

Emma Watson ..............10 850 000 followers

Lady Haha .....................60 400 000 fans

Novak Djokovic............3 500 000 fans

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DOSSIER : TOUS RAFAMANIAKS !

FAN de...

L'une est une fan acharnée, l'autre une fan modérée. Les deux supportent... Rafael Nadal. Mathilde Veauville suit le Majorquin partout sur la planète. Prête à faire ses bagages pour Indian Wells ou Miami, elle peut aussi, tout simplement, s'organiser un aller-retour express pour Majorque, histoire de soutenir son idole dans une rééducation ou un entraînement quotidien. Guylaine Baroz, elle, est tombée amoureuse de Rafa plus progressivement... Son rêve ? Le rencontrer, évidemment. Moins engagée que Mathilde, elle supporte néanmoins l'Espagnol avec une vraie ferveur. Témoignages. Propos recueillis par Laurent Trupiano

MATHILDE VEAUVILLE « Être fan de Rafa, c’est un cadeau » Quand est-ce que vous êtes devenue fan de Rafael Nadal ? J’ai vu jouer Rafa pour la première fois en 2004, mais c’est à Roland Garros 2005 qu’il m’a fascinée : son jeu défensif spectaculaire, son look, son mental d’acier pour quelqu’un d’aussi jeune... Je me suis alors intéressée à lui plus largement et j’ai découvert quelqu’un que les premiers grands succès ne grisaient pas, une personne très attachante. Je ne l’ai plus lâché depuis (rires) ! Cela veut dire que vous choisissez vos vacances en fonction de Rafa ? Et de Roland Garros ? En partie, oui. Durant Roland Garros, je prends une semaine de congés pour aller au tournoi. Pendant Bercy, cela m’arrive aussi. Je suis déjà allée à Indian Wells et Miami. Lors de ces tournois, je combine tennis et tourisme. Je vais à Majorque, je prends des week-ends prolongés pour Monte Carlo et je consacre d’autres jours à des événements spécifiques : je suis allée le voir en Belgique, par exemple, pour la Coupe Davis. D’ailleurs, je croise souvent les mêmes fans dans ces voyages, de Hong Kong, de Dubaï, des USA, de Grande-Bretagne... C’est très enrichissant. Vous pensez que Rafa n’est pas apprécié à sa juste valeur en France ? Oui, malheureusement. Certains ont arbitrairement décidé qu’il existe un seul beau jeu et une seule manière d’être sur un court de tennis. Et Rafa n’est jamais entré dans leur cadre. Pour autant, il s’est bâti un palmarès exceptionnel, qui le fait d’ores-et-déjà figurer dans la légende du tennis. Cela dérange, il y a un déni de son talent et on l’affuble de beaucoup de défauts. Ce manque de reconnaissance, ces critiques, ces attaques donnent aux Français une très mauvaise réputation sur les réseaux sociaux, la pire de tous les supporters de tennis. Evidemment, comme n’importe quel autre joueur, Rafa ne fait pas l’unanimité. Chacun ses favoris ! Mais il est pourtant très apprécié de ses pairs sur le circuit et il suffit de voyager au-delà des frontières françaises pour constater qu’il est adulé partout. Pas seulement pour son immense talent et son mental

de compétiteur hors-norme, mais aussi pour ses qualités humaines : son éducation, son honnêteté, sa simplicité, sa disponibilité et sa gentillesse. Vous le suivez un peu partout, j’imagine que vous lui avez déjà fait des cadeaux ? Oui. C’est difficile de trouver une idée originale qui puisse attirer son attention, mais je peux vous dire qu’il y attache de l’importance et qu’il a une excellente mémoire. J’ai une anecdote à ce sujet : ma mère, qui est peintre, a fait un portrait de lui. Elle a pu le lui remettre en personne. Et bien ce portrait est posé chez lui, derrière ses trophées, je l’ai vu sur une photo qu’il a postée sur Facebook. J’ai une amie qui lui avait offert une boîte de chocolats lors de sa venue en Belgique, en 2011, pour la Coupe Davis. A Monte Carlo, quelques semaines plus tard, elle lui a demandé s’il se souvenait d’elle. Il lui a répondu : « Oui, la boîte de chocolat à l’aéroport de Bruxelles ! » Cet été, il m’a dit se rappeler de ce que je lui avais offert à Roland Garros, en juin. Cela fait évidemment très, très plaisir.

période. J’ai commencé à trouver le temps vraiment long fin 2012, quand il a annoncé ses forfaits du mois de janvier. C’était un soulagement et un immense plaisir de le revoir enfin sur un court en 2013. Et très émouvant d’assister à sa victoire à Indian Wells. Vos amis ou vos proches ne trouvent pas que vous en faites un peu trop avec lui (sourire) ? Vous savez, suivre Rafa sur certains tournois, c’est un peu comme aller voir son équipe préférée au stade, le samedi soir. Bon, d’accord, la logistique est un peu plus lourde à mettre en place... Mais mes proches apprécient Rafa et suivent de près son parcours, pour la plupart. Je n’en parle évidemment pas beaucoup avec ceux qui ne suivent pas le tennis. Ceux-là s’amusent et s’étonnent de certaines choses, c’est sûr, mais sont aussi agréablement surpris quand je leur raconte certaines anecdotes. Autrement, je suis une fan calme, donc on ne me reproche jamais de potentiels débordements (rires) !

Vous avez dû être malheureuse lorsqu’il a été absent sept mois, l’année dernière... Ce n’était pas vraiment une surprise. A l’entraînement, à Roland Garros, la veille de sa finale, je l’ai entendu dire à quelqu’un de son entourage qu’il avait mal au genou. Je suis allée à Wimbledon pour assister aux JO. Sans lui, c’était un peu crève-coeur. Ensuite, j’ai assisté à quelques séances d’entraînement à Manacor, début août, que je l’ai vu raccourcir, puis espacer... Il grimaçait de plus en plus et parlait beaucoup de son genou avec Toni et Rafael Maymo, son kiné. Alors les forfaits se sont enchaînés. Est-ce que j’étais malheureuse ? Oui et non. J’adore Rafa et je lui consacre beaucoup de mon temps, mais j’ai aussi une vie qui ne s’arrête pas au tennis (sourire). La sienne non plus. Il devait être déçu et inquiet, mais très bien entouré aussi. Et puis, j’étais persuadée qu’il prendrait le temps nécessaire, avant de revenir avec plus de fraîcheur et d’envie. C’est vrai que j’ai un peu moins suivi le tennis durant cette

GUYLAINE BAROZ « Je suis touchée par la Rafamania et, quand j’aime, je suis exclusive » Comment devient-on fan de Rafael Nadal ? Comme dans toutes les belles rencontres, cela ne s’explique pas vraiment. J’ai toujours aimé le tennis, même si je n’étais pas une spectatrice très assidue. Lorsque j’ai vu Rafa remporter son premier Roland Garros, en 2005, contre Puerta, je me suis dit que les choses allaient prendre une tournure différente. En 2006, contre Federer, c’est devenu une évidence. Pour moi, Rafa allait devenir LE meilleur joueur de tous les

temps. Depuis, je suis de très près son actualité et, récemment, je me suis abonnée à Canal Plus pour suivre tous les Masters 1000. En quoi vous touche ce garçon ? Par son humilité, dans la victoire comme dans la défaite. Mais il a tellement de qualités ! J’aime sa persévérance, son fair-play, sa ténacité, son mental de guerrier, son respect pour tous ses adversaires. Sa gentillesse, aussi… Et vous comprenez qu’on puisse ne pas l’aimer ou le détester ? Je conçois qu’on puisse préférer un style de jeu à un autre, mais que l’on déteste un joueur me dépasse. A mon sens, détester Rafa ne se justifie pas. Ce garçon est d’une telle discrétion que je ne vois pas en quoi il attire la haine. Ce doit être une question de jalousie. Les Français, tout particulièrement, n’aiment pas les gens qui réussissent. Ils trouvent cela suspect, alors ils préfèrent démolir. Moi, au contraire, je dis « respect ». Vous le pensez capable de battre les records de Roger Federer ? Difficile à dire... Tout va dépendre de sa longévité. Si son physique le lâche, il n’y parviendra probablement pas. Mais, avec Rafa, tout est possible ! On disait qu’il n’était bon que sur terre battue et, aujourd’hui, il prouve qu’il peut être excellent sur dur. Il a été absent sept mois et il a réussi à redevenir numéro un mondial un an après. En tout cas, s’il ne bat pas les records de Roger, il s’en rapprochera tout près, c’est sûr.

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Quel est votre meilleur souvenir de fan ? Il y en a beaucoup ! Chaque fois qu’on voit Rafa, on sait qu’on en aura un beau. Très récemment, c’est sa demi-finale contre Djoko, à Roland Garros, qui m’a marquée. Cela résume ce qu’est Rafa : un joueur qui ne lâche jamais rien, un guerrier prêt à mourir sur le court. Avec lui, on est tenu en haleine du début à la fin, on ne connaît jamais l’issue de la rencontre. Qu’est-ce que vous seriez prête à faire pour le rencontrer ? Je suis en train de faire jouer mes relations et j’ai peut-être une piste pour le voir en tête-à-tête... Mais je suis un peu superstitieuse, alors je préfère ne pas en parler. Si cela se produit, je vous tiendrai informés, c’est sûr ! Parfois, on a l’impression que Rafa est encore un grand enfant, qui cherche à faire plaisir à sa famille et ses amis... Que ce soit un grand enfant, c’est indéniable, rien que son sourire le prouve. Je pense qu’il est capable de savourer ses succès en sachant qu’il se les doit avant tout à lui-même. Même si sa famille compte beaucoup pour lui, j’espère qu’il a quand même dépassé le fait de gagner juste pour leur faire plaisir. Jouer et gagner seulement pour les autres ne marche qu’un temps. S’il n’y a pas l’envie, le plaisir et la passion, cela finit toujours par ne plus fonctionner.


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DOSSIER : TOUS RAFAMANIAKS !

THIERRY BOURETZ « Rafael Nadal, c’est l’incarnation physique des valeurs de Kia » Comme un champion véhicule forcément des images et des valeurs, il semblait indispensable d’aller à la rencontre d’une marque internationale engagée aux côtés de Rafael Nadal. Thierry Bouretz, Directeur Marketing et Communication de Kia Motors France, explique à GrandChelem le pourquoi et le comment de la relation entre le constructeur automobile coréen et le numéro un mondial. Pourquoi avoir choisi Rafael Nadal comme ambassadeur ? Rafa est ambassadeur de la marque depuis 2006. C’est bien plus qu’un simple partenariat entre un sportif et une marque automobile. Notre relation étant inscrite dans la durée, il fait partie intégrante de la grande famille Kia. Jeune, dynamique et brillant, Nadal est l’incarnation physique des valeurs qui animent Kia. Le choisir en tant qu’ambassadeur de la marque sur le circuit international semblait tout à fait naturel. Aujourd’hui, alors que votre partenariat a été mis en place depuis plusieurs années, quel a été, selon vous, le plus gros temps fort ? Chacune de ses victoires est un moment inoubliable. Cela nous rappelle le long chemin parcouru depuis 2006, à la fois par Kia et par Rafael. Aujourd’hui, chacun est devenu acteur incontournable dans son domaine. Rafael Nadal doit avoir un emploi du temps chargé,... Est-il facile de mettre des opérations en place ? Il a en effet un agenda bien fourni. Mais, même s’il est très sollicité, il a toujours fait preuve de disponibilité et de la plus grande gentillesse à l’égard de Kia et de ses équipes. Le dernier exemple qui me vient à l’esprit s’est déroulé lors de Roland Garros, cette année. Alors que le lendemain, il allait affronter le numéro un mondial, Novak Djokovic, et se rapprocher de son huitième sacre, Rafael Nadal a consacré quelques heures de son temps précieux au tournage d’un spot publicitaire pour Kia, pourtant organisé en 24 heures chrono ! Il a, comme à son habitude, fait preuve d’une immense gentillesse avec tous les membres de l’équipe de tournage et le Vice-Président Marketing et Planning Planification Produits de Kia Motors Europe, Benny Oeyen, qui était venu lui donner la réplique. De plus, s’il n’est pas disponible, il met toujours à disposition des équipements – balles, raquettes, posters – dédicacés pour les opérations de terrain, comme, par exemple, le Mondial de l’Automobile de Paris ou le Kia Open, tournoi

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national de double mixte réservé aux amateurs. D’ailleurs, Kia Motors Corporation, la maison-mère de Kia basée à Séoul, a toujours du stock avec de nombreux contenus et outils de communication à l’effigie du joueur pour animer efficacement ses filiales à travers le monde. Vous qui avez une vision internationale de la renommée de Rafael Nadal, quels sont les pays, en-dehors de l’Espagne, où vous sentez que l’impact de ce partenariat est le plus fort ? Rafael Nadal est un sportif mondialement connu et apprécié de tous. Par conséquent, la collaboration entre lui et Kia a une résonance positive et internationale. Mais c’est vrai que les pays comme les Etats-Unis, l’Australie, l’Angleterre et la France, hôtes des tournois majeurs du circuit, y sont d’autant plus sensibles. Vous avez l’idée de faire, un jour, une série limitée 100% Nadal ? En 2009, déjà, le coupé trois portes pro_cee’d proposait une série limitée dénommée « Victory », inspirée de Rafael Nadal. Celle-ci, au travers des équipements proposés, incarnait le dynamisme, la maîtrise des trajectoires et la générosité du champion. Aujourd’hui, en 2013, Rafael Nadal promeut la déclinaison GT du coupé trois portes pro_cee’d, le premier modèle de série de l’histoire de Kia axé sur la performance. Dernier-né de la gamme, ce modèle bénéficie d’un nouveau moteur suralimenté, d’éléments stylistiques intérieurs et extérieurs exclusifs et de réglages de suspensions qui raviront les amateurs de conduite dynamique. L’engagement de Kia dans le tennis ne se résume pas à Rafael Nadal. Il y a aussi l’Open d’Australie et, en France, le Kia Open. Pourquoi avez-vous choisi cette discipline plutôt qu’une autre ? Entre Kia et le sport, c’est une histoire de passion. En premier

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lieu, parce que la marque se reconnaît à travers les valeurs de fun, de dynamisme et de dépassement de soi prônées par le sport. De plus, dans sa quête de notoriété, elle a stratégiquement choisi de s’engager dans deux disciplines universelles : le football, avec des partenariats avec la FIFA, le programme Eurotop et l’organisation de la Kia Cup en France, le plus grand tournoi national amateur de foot à cinq ; et le tennis, évidemment, puisque Kia est devenu un acteur incontournable du tennis national et international, pro comme amateur. Très présent sur les courts des circuits ATP et WTA et plus fidèle sponsor principal de l’Open d’Australie (NDLR : le renouvellement du partenariat jusqu’en 2018 a été annoncé en début d’année), Kia est également devenu partenaire officiel, l’hiver dernier, de l’Open GDF Suez, disputé en février et considéré comme le troisième événement de la discipline en France après Roland Garros et le BNP Paribas Masters de Bercy. L’occasion pour la marque d’accompagner le succès croissant de ce tournoi et de soutenir le tennis féminin. Enfin, le tennis étant un sport très pratiqué en France, il nous permet des actions locales de proximité en Ile-de-France ou en province, notamment en impliquant notre réseau de concessionnaires Kia. En termes de publicité, la diffusion de spots avec Rafael Nadal dans différents pays implique aussi la création de versions différentes, adaptées à la culture du territoire ciblé ? Pas vraiment. Afin de conserver une identité de marque globale et cohérente, les spots publicitaires avec Rafa ne sont pas déclinés selon les pays… Exception faite de l’Espagne, bien sûr, qui dispose davantage d’outils de communication intégrant le numéro un mondial.


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DOSSIER : TOUS RAFAMANIAKS ! Propos recueillis par Laurent Trupiano

PHILIPPE JULLIEN « Nadal a été un accélérateur de croissance » Responsable du marketing opérationnel chez Babolat, Philippe Jullien connaît bien Rafael Nadal pour avoir monté plusieurs événements en sa compagnie. Même s’il reste très professionnel dans son approche, Philippe est, au fond de lui, un vrai fan de l’Espagnol. Avec tes fonctions au sein de Babolat, tu as forcément dû le côtoyer... J’avoue qu’en grand passionné de tennis, en entrant chez Babolat, je caressais bien sûr l’espoir de pouvoir l’approcher. Si je disais le contraire, ce serait un mensonge (sourire). Alors... En fait, j’ai été envoyé à l’Open 13 de Marseille en 2006. L’idée, c’était de pouvoir faire un cliché avec lui pour qu’il soit publié dans la rubrique « Fan de » de L’Equipe Magazine. Tout s’est passé très vite, mais j’ai bien eu ma frimousse à côté de Nadal dans le numéro d’avril. J’étais aux anges (rires), mais... Dieu, que c’est déjà loin ! Je crois savoir qu’il y a eu un grand moment un peu plus tard... Exactement, alors que j’étais responsable du web. Nous venions de lancer une nouvelle version du site internet. Pour fêter cela, on avait eu l’idée d’organiser un chat avec Rafael Nadal. C’était en 2009 et les réseaux sociaux n’avaient pas encore autant émergé. Du coup, ce chat était un vrai moment fort pour tous les fans. J’avais le rôle de modérateur, donc d’intermédiaire entre les supporters et Rafa. Juste à côté de lui ! Aux premières loges !

Philippe, est-ce qu’il est possible de ne pas aimer Rafael Nadal quand on travaille chez Babolat (sourire) ? Je ne sais pas (rires), mais Rafael Nadal a été un vrai booster pour la marque, c’est sûr. Ses valeurs collent exactement à la philosophie de Babolat. Sa proximité avec les fans, sa personnalité qui ne laisse personne indifférent, toutes ses qualités nous ont aidés et permis d’émerger sur le marché. Rafa a été un accélérateur de croissance et demeure notre ambassadeur numéro un. On dit souvent qu’il n’est pas trop aimé dans l’hexagone... Ici, au siège de Babolat, ce n’est pas le cas, il est adulé (rires) ! Plus sérieusement, j’ai plusieurs explications à donner : la première, c’est qu’on n’est pas fans des gagneurs, en France. Et Rafa excelle vraiment dans ce domaine ! L’autre explication est plus historique. Le tennis reste un sport traditionnel qu’il est difficile de faire bouger. Quand Rafa est arrivé, il portait un pantacourt, un tee-shirt sans manches, il avait les cheveux longs... Cela a forcément perturbé un ordre plus ou moins établi qui convenait au plus grand nombre. Un vrai pirate sur le court ! Oui, c’est exactement cela, un pirate à l’assaut des titres, quelqu’un qui n’a peur de rien, ni de personne sur le circuit. Il s’est un peu assagi avec le temps... C’est vrai, l’image s’est adoucie, mais le clivage de départ existe encore. Federer demeure le symbole du tennis classique. Rafa, c’est l’opposé, c’est évident.

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A son arrivée sur le circuit, Rafa était un pirate qui n’avait peur de rien ! Là, tu as pu faire connaissance avec lui ? C’est un grand mot, mais j’ai effectivement un peu mieux compris la personne qu’il était en observant ses réactions, sa joie de vivre et son côté anti-star. Ce chat a été animé... Oui, par une belle panne de serveur à cause du nombre de personnes. Mais, même dans la panique, Rafa a maintenu le cap (rires). Moi, ce qui me stressait, c’était d’imaginer la frustration des fans qui restaient en-dehors de ce chat pour des raisons techniques. Je me mettais à leur place et c’était horrible. Plus tard, j’ai personnellement répondu à tous les mails que j’ai reçus. Vraiment ? J’ai estimé que c’était la moindre des choses. Cela m’a obligé à faire des heures supplémentaires (rires), j’ai également beaucoup appris. J’ai compris le pouvoir des fans, leur bonheur à avoir des nouvelles régulières de leur champion et le rôle que devait jouer une marque comme Babolat à l’intérieur de

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tout cet univers. Et puis, j’ai aussi fait de belles rencontres. La passion est toujours très communicative. Tu restes donc régulièrement en contact avec cette communauté... C’est mon devoir, mais aussi un vrai plaisir. De toute façon, les fans de Rafa lui ressemblent, alors tout se passe formidablement bien. Je pense toujours à eux et j’essaie, dans la mesure du possible, de monter des opérations, d’obtenir des produits dédicacés. Rafael Nadal est venu une fois chez vous, à Lyon, en 2010. Là aussi, cela a du être une sacrée fête... Un moment inoubliable ! Tout le monde s’en souvient, il était venu tester le RPM Blast. Rafa a mangé à la cantine de l’entreprise, comme nous tous, tranquillement. Je faisais partie de sa garde rapprochée, j’ai eu la chance de l’accompagner chez HighWay (NDLR : un simulateur de Formule 1) où il s’est éclaté ! Là encore, tout s’est fait naturellement avec son team. On peut dire que Rafa te connaît... Je ne pense pas, il doit juste me situer. Mais ce n’est pas l’essentiel, il faut savoir rester à sa place. C’est quoi l’essentiel, pour toi ? Constater que le champion est resté le même, que ses succès ne l’ont pas changé et, surtout, qu’il est fidèle en amitié, comme en business. En effet, il s’est dit qu’une marque concurrente avait posé un très gros chèque pour essayer de l’avoir, à un moment donné... C’est la vérité, mais Rafa a refusé. Finalement, quoi que tu dises, tu restes un grand, grand fan (rires)... Lorsqu’il a gagné l’US Open, tu étais où ? Devant ma télé (rires) ! Et, le lendemain, grosse fête chez Babolat ? Oui, bien sûr, grosse boum avec DJ et boule à facettes, c’est le genre de la maison (rires). Plus sérieusement, quand Rafa gagne un grand titre, chacun possède sa petite tradition. Moi, c’est celle d’ouvrir une bonne bouteille de champagne avec Jean-Christophe Verborg, le responsable de la promotion monde. Beaucoup d’experts économiques affirment que la croissance de Babolat est parallèle à la montée en puissance de Rafa... C’est difficile de dire le contraire, mais il y a une autre vérité : sans Carlos Moya, tout cela ne serait pas forcément arrivé. Rafael Nadal a toujours été fan de Carlos, Majorquin comme lui. Et tout le monde sait que Moya a été le premier à gagner un tournoi du Grand Chelem avec une raquette Babolat. Rafa a naturellement commencé le tennis avec la raquette de son idole. Et j’ai bon espoir qu’il y ait, quelque part dans le monde, un futur numéro un fan de Rafa, qui joue déjà en Babolat.


IL ÉTAIT UNE FOIS... C’est à une demi-heure de Lyon, très loin de Manacor, que nous avons emprunté une « Road to Rafa » un peu spéciale. En effet, au club de Pont-Evêque, en Isère, un certain Corentin Denolly rêve d’un parcours à la Nadal. Aujourd’hui numéro trois de sa génération et -4/6 à 16 ans, ce jeune aux yeux grands ouverts et à la tête bien faite travaille comme un certain Majorquin en son temps pour concrétiser ses ambitions. Mais les similitudes ne s’arrêtent pas là... Décryptage. Texte de Laurent Trupiano

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Chez Rafael Nadal, c’est Toni ; chez Corentin, c’est Arnaud Durand. Certes, Arnaud n’est pas son oncle, mais les données sont les mêmes, comme l’explique l’intéressé : « Quand Corentin a tapé sa première balle à l’âge de cinq ans, j’ai été subjugué. Comme j’enseignais depuis seulement deux ans, je ne me suis pas réellement rendu compte. A la sortie du court, je suis allé voir sa maman. La semaine d’après, je lui donnais sa première leçon particulière. » Depuis cette date, Corentin et Arnaud ne se sont pas quittés. Cela fait 11 ans qu’ils se retrouvent, tous les jours, sur les courts et, très souvent, à Pont-Evêque. « Corentin aurait pu faire le choix du Pôle France, comme on le lui a proposé, mais il a finalement toujours voulu garder son équilibre en restant ici. Je le dis souvent, c’est lui qui a les clefs. Moi, je suis là juste pour le faire progresser. Aujourd’hui, une telle relation entre un joueur et un coach, c’est plutôt rare. Je ne sais pas si le modèle de Nadal nous influence, mais, ce que je sais, c’est que Corentin est un vrai fan du joueur et de son approche de la compétition. » A tel point qu’Arnaud a remarqué des changements dans son jeu, dernièrement. « Il fait de plus en plus le coup droit avec une fin de geste lasso. J’en ai aussi profité pour faire évoluer son jeu vers plus de sécurité. Pour y parvenir, on a visionné des séquences de l’Espagnol. » La suite, Arnaud ne la connaît pas encore, mais il sait que le parcours déjà accompli est un bon signe pour l’avenir. « La force de Corentin, c’est de n’avoir pas de faiblesses. J’appréhendais son passage chez les négatifs, mais tout s’est bien

déroulé. Ce qui est positif, c’est qu’il a toujours progressé au classement depuis qu’on bosse ensemble. Pour un coach, c’est formidable : on demeure et on surfe toujours sur une dynamique positive. »

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Même si Corentin prend volontiers sa main droite sur un test de lancer, il reste un vrai gaucher, contrairement à Nadal. « La première fois que j’ai vu Rafa sur un court, j’ai été fan », confie-t-il. « Depuis, cela ne s’est jamais éteint. Quand il est au top, cela me donne une énergie supplémentaire. Je ne vais pas le nier, mon jeu ressemble au sien, ce n’est pas du mimétisme, c’est juste que cela me permet d’être performant. Il est mon modèle, tant sur et en-dehors du court. J’aime sa combativité, je sais qu’il y a beaucoup de similitudes, sauf, peut-être, pour les rituels où je suis un peu en retard (rires) ! » Du retard, il n’en a pas en ce qui concerne sa progression, puisque Corentin fait partie de l’élite tricolore. « J’ai eu un coup de barre quand je suis arrivé chez les adultes avec un classement de jeunes. Je perdais, alors que cela ne m’arrivait pas souvent. Puis, à force de travail et de remise en cause, je suis parvenu à me convaincre que j’allais surmonter cette période. Mon physique qui a évolué m’a aussi bien aidé. » On ne le contredira pas : Corentin est devenu un bel athlète avec son mètre 85 pour 73 kg. « En général, je fais une ou deux séances par jour avec une séquence physique. Ma vie est calquée sur le tennis, mais, comme je veux aussi réussir mes études, j’ai des journées bien chargées. » Une vie de moine : « Je suis bien organisé et méthodique. De toute

façon, si je veux réussir, je suis obligé d’avoir cette discipline », explique cet étudiant à distance en terminal S. Sans être une star, Corentin est déjà connu dans la région. Mais à l’inverse d’autres espoirs, il prend tout cela calmement. « Je ne suis que -4/6, rien n’est fait, tout est à construire. Il faut regarder devant ! » Devant, c’est, à terme, le top 100 mondial. « Depuis que je me suis lancé dans cette aventure, j’ai annoncé la couleur : je veux être dans les 100. Voire mieux... » Amusant de le voir courir tous les mercredis avec les jeunes du club. « Je cours plus vite qu’eux, mais je trouve normal de participer à la vie de mon club. Ce sont mes racines. Cette année encore, même à -4/6, je défendrai les couleurs de l’équipe première. » Vous avez dit « ressemblance » ?

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Pour se consacrer pleinement à sa discipline et nourrir de grandes ambitions, il faut aussi bénéficier d’un soutien total du clan familial. « Je jouis d’un environnement familial incroyable. Ma mère est la plus impliquée, elle s’est prise au jeu, elle participe à mon programme, et mon père et ma sœur sont aussi très attentifs. Inutile de vous dire que c’est un vrai plus, je me sens soutenu et épaulé à chaque instant dans les bons et les mauvais moments. » Dernièrement, alors qu’il avait largement contribué à la qualification de l’équipe de France Cadets aux championnats du monde, au Mexique, il n’a finalement pas été sélectionné. Un choix qui a mis le feu aux poudres à Pont-Evêque : « Au départ, personne n’a compris. Puis, avec le temps, j’ai positivé et ma petite colère s’est

transformé en motivation supplémentaire. J’aurai l’occasion de prouver sur le court que ce choix n’était pas le meilleur ! »

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« L’objectif, c’est de parvenir à marquer des points ATP », annonce clairement l’« oncle Arnaud ». « Il faut s’aguerrir et se confronter à la réalité du circuit. Je ne dis pas que les tournois ITF Juniors ne sont pas bien, mais, pour nous, la vérité se situe sur le circuit Future. » Difficile de le contredire, tant on compte de Juniors tricolores performants qui n’ont jamais passé le cap. « Gagner son premier point ATP, ce sera une nouvelle étape et un pas de plus vers le haut-niveau », conclut Corentin, qui espère, un jour, croiser son idole sur un court... « Bien sûr que ce serait un truc de dingue de donner la réplique à Rafa ! J’ai déjà eu l’occasion de jouer face à Jo (Tsonga) l’an dernier, à Roland Garros. Il venait de se faire éliminer à Rotterdam et il a débarqué au CNE pour se faire « punir », comme il l’a dit. Du coup, on était deux, en face de lui, à le faire courir. Ce qui m’a le plus impressionné, c’est sa régularité sur chaque frappe, sa précision et sa zone de sécurité. Au moins, je sais ce qu’il me reste à travailler ! »

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Pierre, ton job, c’est de parler de foot, mais je crois savoir que tu suis un peu le tennis... Quel est ton rapport avec la petite balle jaune ? Plutôt tendu (rires) ! Je regarde pratiquement autant de tennis que de football. En fait, j’ai joué au tennis quand j’étais jeune, en Seine-et-Marne. J’avais un entraîneur roumain – et pas n’importe lequel, puisqu’il avait été remplaçant lors de la fameuse finale de Coupe Davis opposant la Roumanie aux Etats-Unis en 1979. Il m’a appris à jouer sur moquette, ma surface fétiche. J’ai réussi à accrocher quelques 15/2 dessus... Ce n’est pas mal, non (sourire) ? Sur terre battue, en revanche, je ne me rappelle pas avoir battu mieux qu’un 30/2... Dans l’ensemble, comme je suis gaucher, j’ai usé et abusé du fameux service qui va avec.

MONSIEUR

PIERRE

MÉNÈS

Sa marque de fabrique ? L’analyse sans concessions. Sa force ? Le franc-parler. Son terrain de prédilection ? Le football. Mais Pierre Ménès, consultant bien connu des passionnés de ballon rond, est aussi un grand fan de tennis. GrandChelem a rencontré, pour vous, cet amoureux transi d’un certain Suisse... admirateur, aussi, d’un certain Espagnol. Entretien réalisé par Laurent Trupiano

Tu étais fan de qui, à l’époque ? De Jimmy Connors, pour sa hargne et sa combativité. Paradoxalement, j’aimais le voir pratiquer un type de jeu que je n’ai jamais voulu imiter. Ou alors que je n’ai jamais pu imiter (rires). Certains parlent de l’époque de Borg, Connors ou McEnroe comme de l’âge d’or du tennis, estimant qu’aujourd’hui, les champions sont trop lisses... Qu’ils soient lisses ou pas, je m’en fous ! Quoi qu’on dise, la qualité du tennis actuel est juste incroyable. Que les mecs soient démonstratifs, ce n’est pas le plus important, le niveau a tellement évolué depuis des années. Par le passé, un joueur du top 10 ne pouvait pas être inquiété lors des premiers tours d’un tournoi. Maintenant, cela n’est plus le cas. Un 100ème mondial peut pratiquement battre n’importe qui sur un match. Pour moi, c’est aussi ce qui caractérise le tennis moderne. C’est pour cette raison que les joueurs du top 10 ont encore plus de mérite d’être là où ils sont. J’en suis très admiratif, car j’imagine le travail accompli pour se maintenir à ce niveau. On fait un gros plan sur les fans de Nadal à l’occasion de la sortie de notre livre « Rafa, mon amour ». Quel regard tu portes sur ce joueur ? Tout le monde sait que je suis un grand fan de Roger, mais je ne peux pas rester insensible à Rafa. Déjà, il y a sa prise de raquette... Elle m’a toujours sidéré – et le mot est bien choisi ! Après, comment ne pas parler de son coup droit avec ce coude qui part en l’air et cette gifle, ce fameux lasso... C’est un défi aux lois de la physique. Esthétiquement, cela me touche beaucoup moins que la pureté et la simplicité de Roger Federer, mais Rafael Nadal reste un champion charismatique qui n’a pas fini de marquer l’histoire de sa discipline. Sa rivalité avec Roger demeure, pour moi, une période tout simplement magnifique. Les critiques émises dernièrement au sujet de Federer ont dû te toucher... Oui, et j’ai envie de dire : laissez-le tranquille. S’il y a un mec qui a bien le droit de jouer autant qu’il veut, quels que soient ses résultats, c’est lui. Il nous a tellement donné d’émotions qu’il le mérite ! Vous avez vu son âge ? A 32 ans, il est l’un des seuls à réussir à se maintenir à ce niveau. Pete Sampras a gagné l’US Open à 31 ans, mais il n’a finalement fait qu’un come back éclair. On peut citer aussi Jimmy Connors qui a continué jusqu’à la quarantaine, mais il n’a pas joué les premiers rôles, en-dehors d’une demi-finale à l’US Open en 1991.. La seule comparaison valable, c’est Andre Agassi.

Tout le monde sait que je suis un grand fan de Roger, mais je ne peux pas rester insensible à Rafa. 30

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On te sent fervent défenseur du Suisse... Fan, en fait. Un vrai. Il m’arrive encore de regarder le premier set de sa demi-finale contre Djokovic à Roland Garros 2011. Pour moi, à ce moment-là, on est proche de la perfection federienne. Que Roger gagne ou pas quelque chose dans les années à venir, je m’en tape, je profite juste de lui tant qu’il est sur un court en bonne forme physique. Si tu avais un coup de Roger à retenir... Ses improbables demi-volées de fond de court ! Pour moi, Roger, c’est cela... Finalement, tu es un peu comme tous les Français : fan de Federer (sourire). Pour autant, tu n’es pas anti-Nadal, alors que le public tricolore, lui... Tout à fait, j’ai beaucoup de respect pour Rafa et je t’ai expliqué pourquoi. D’ailleurs, tous ceux qui l’ont approché m’ont expliqué que c’était un garçon absolument incroyable, gentil, serviable, sympathique, humble, abordable... Et, moi qui suis dans le football, je sais ce que cela veut dire ! Quant à cette idée d’un mouvement anti-Nadal, je dirais qu’en France, d’une manière générale, on n’aime pas qu’un athlète domine outrageusement. Or, lui, il est dans ce cas et, pis, à Roland Garros, notre monument national. L’autre souci, ce sont les doutes qu’émettent certains sur l’origine de sa puissance physique. Toi aussi, tu t’es posé cette question ? Evidemment ! Mais je sais aussi que Rafael Nadal s’impose des charges de travail incroyables à l’entraînement. Pour l’instant, je te trouve plutôt sympathique avec la petite balle jaune alors que tu es connu pour distribuer quelques gifles à droite, à gauche, avec ton franc-parler... Il doit quand même y avoir un joueur qui t’énerve ! ‘Fallait pas me lancer cette perche (rires). S’il y a un mec que je ne peux pas voir en peinture, c’est Andy Murray. Il est truqueur, il se plaint, il a un coach qui ne sait pas sourire (NDLR : Ivan Lendl)... Bref, tout ce que j’aime. Regarder Murray, c’est une vraie souffrance. On imagine que tu es proche de certains Tricolores... Tout à fait, je communique souvent avec Gasquet, que je connais bien. D’ailleurs, plus le temps passe, plus je trouve que Richard parvient à se libérer, à être lui-même. Il l’a prouvé cette année. J’aime aussi beaucoup Gaël Monfils. Selon moi, c’est lui qui a le meilleur potentiel pour gagner, un jour, un tournoi du Grand Chelem. Mais bon, on sait aussi que Gaël... c’est Gaël. Tu aimerais commenter du tennis ? Cela me ferait plaisir, bien sûr, mais bon... c’est Canal Plus, pas Canal Pierrot (sourire). Néanmoins, faire une demi-heure si on me le permet, ce serait un beau cadeau, car – je crois que tu l’as compris – je suis un vrai fan de tennis... Et tu as encore le temps de taper la balle ? J’essaie, je suis même parvenu à faire sortir Tatiana Golovin de sa retraite... J’ai donc un fort pouvoir de persuasion (rires). C’était au TC Paris, on a bien rigolé. C’est la seule star avec laquelle tu as partagé un court ? Non, j’ai aussi joué avec Rodolphe Gilbert et Henri Leconte. Ce qui est fantastique quand tu joues avec un ex-champion, c’est que la balle qu’il t’envoie est tellement propre que tu joues super bien. Comme dans un rêve !


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