GrandChelem N°44

Page 1


CHANGE THE GAME

EDITO TOUS ENSEM BL E!

* C’est la première fois que nous traitons un sujet très éloigné des champions et du circuit professionnel. Vous me direz, au numéro 44, il était temps… Et vous n’aurez probablement pas tort ! Nous avons donc enquêté sur la pratique du tennis, celle dans les clubs, dans les tournois, au cœur de l’enseignement. Forts de tous les témoignages récoltés, nous avons synthétisé l’ensemble pour vous proposer notre analyse de l’état actuel du tennis en France. Ce travail est là pour susciter des réactions, vos réactions, et pour ouvrir le débat sur certaines réformes ou initiatives qui pourraient fonctionner. Ce n’est pas encore un signal d’alarme, car, si l’évolution de la société pose une nouvelle donne, le tennis garde des atouts incroyables. « C’est le sport de toute une vie », explique l’un de nos experts, à juste titre. Le « travail » consiste alors à ouvrir la porte de la maison tennis à ceux qui hésitent à en franchir le pas, à proposer à nos compétiteurs des tournois toujours plus attrayants, à ne délaisser ni les seniors, ni les débutants qui sont l’avenir et la mémoire de notre discipline. Le tennis fait partie de notre ADN français, il est ancré dans notre histoire et notre culture. Et nous ferons tout, tous ensemble, pour qu’il en soit ainsi dans les siècles des siècles… Laurent Trupiano Directeur de la rédaction

*CHANGER LE JEU

Vos réactions à notre dossier sont à envoyer à id@grandchelem.fr (réponse garantie sous 48 heures)

SOMMAIRE MILOS RAONIC

OPEN D’AUSTRALIE 2015 : 4-6

LE MEILLEUR DU SHOPPING : 15

COUPE SOISBAULT 2015 : 8

TENNIS WAREHOUSE EUROPE DÉVOILE SA STRATÉGIE : 16

PETIT POTIN : 10

NEW BALANCE DÉBARQUE À L’OPEN 13 : 13

DOSSIER « OÙ VA LE TENNIS ? » : 18-29 • Le bilan avec nos six experts • Patrick Mouratoglou : notre grand témoin • Reportage : TC Grigny, l’enseignement réinventé. • Décryptage : le padel à suivre de près. • Nos solutions : Tennis Around Me, la fête du tennis.

SERGIO TACCHINI S’INSTALLE À LA VILLA PRIMEROSE : 14

LE JOURNAL DE LA MOURATOGLOU TENNIS ACADEMY : 13

LE JOUTNAL DE LA NTC : 10 LA CHRONIQUE DE MICKAËL LLODRA : 11

GRandchelem Diffusion : 40 000 exemplaires dans 800 points en France Liste des points disponibles sur www.grandchelem.fr GrandChelem : magazine gratuit 100% tennis

New Balance 996v2

Fondateur et Directeur de la Rédaction : Laurent Trupiano (laurent.trupiano@grandchelem.fr) Création artistique et mise en page : cblaise@goliatus.com Conseiller éditorial : RCV Rédacteurs : Loïc Revol, Clément Gielly, Pauline Dahlem Photos : SportVision, Chryslène Caillaud Site internet : http://www.welovetennnis.fr

Responsable Business Development : Philippe Trémolières (philippe.tremolieres@grandchelem.fr) GrandChelem est édité par la société Convergence Media appartenant au groupe The TENNIS FACTORY www.thetennisfactory.fr, 8 rue Joseph Cugnot, 38300 Bourgoin-Jallieu Rédaction : 04 27 44 26 30 Publicité : 06 60 26 37 76

Tous les numéros de GRANDCHELEM et de ClubHouse sont à lire gratuitement en format numérique sur

www.grandchelem.fr

GrandChelem I

www.welovetennis.fr I

3


OPEN D’AUSTRALIE 2015

OPEN D’AUSTRALIE 2015

DJOKOVIC, ROI D’AUSTRALIE !

SERENA, MOTIVÉE COMME JAMAIS !

En remportant son cinquième titre aux antipodes, Novak Djokovic confirme qu’il est très à l’aise sous le soleil austral. Après un début de tournoi sans anicroches, il a passé Stanislas Wawrinka à l’essorage, puis Andy Murray, au terme d’une finale intense où son tennis pourcentage a fait des ravages, 7-6(5) 6-7(4) 6-3 6-0.

A l’issue d’un duel de très haut niveau face à Maria Sharapova (victoire 6-3 7-6(5)), Serena Williams a remporté son 19ème titre du Grand Chelem, le sixième en Australie. Elle dépasse, désormais, Martina Navratilova et Chris Evert. Et, à 33 ans, donne toujours l’impression que sa carrière ne fait que commencer.

Ne demandez pas au numéro un mondial d’enchaîner les services-volées et les prises de risques incessantes. Non, Novak Djokovic a une autre idée de l’efficacité tennistique : c’est une grosse machine qui lui permet, quand il le désire, de choisir le programme qui convient pour fatiguer son adversaire. Cet adversaire, bousculé à 1200 tours par minute, peut voir le duel tourner à un lavage express, comme l’a connu le Canadien Milos Raonic en quarts de finale. Mais, quand la tache est plus tenace, alors le Serbe préfère démarrer à un rythme constant, progressif, mais éreintant.

Au début du troisième set, j’étais très mal En finale, face à Andy Murray, c’est cette méthode qu’il a choisi de mettre en place. Deux manches menées tambour battant et voilà les deux athlètes essorés. Breaké et mené 2-0 au début du troisième set, Novak est à deux doigts de se transformer en arroseur arrosé. « A ce moment-là, j’étais très mal. J’ai rarement été comme cela dans ma carrière, mais je me suis souvenu que ça avait été le cas face à Andy en 2013 et que, finalement, j’étais parvenu à inverser la tendance. » Un souvenir qui lui a permis de retrouver ses esprits et de reprendre le commandement, avant de boucler la troisième manche et de faire cavalier seul dans la quatrième. « Ce succès est particulier, car c’est mon premier en tant que père. Les choses sont différentes quand vous êtes papa. Les moments ont une saveur tout à fait particulière. C’est après un tel succès que je m’en rends compte », raconte le Serbe après avoir soulevé son huitième trophée du Grand Chelem. Il rejoint donc Ivan Lendl, Jimmy Connors et Andre Agassi, rien que ça. Devant lui, dans ce palmarès de légende, ne figurent plus que Björn Borg (11 titres), Pete Sampras (14), Rafael Nadal (14) et, bien sûr, Roger Federer (17). Et, comme Novak est en pleine forme, qu’il n’a que 27 ans, que la saison ne fait que commencer, il y a fort à parier que ce capital va encore augmenter. Le rendez-vous de la porte d’Auteuil, en mai prochain, seul tournoi du Grand Chelem qui lui manque, constituera l’ultime épreuve, celle à ne pas rater, pour entrer, définitivement, parmi les plus grands.

Le Top 10 des vainqueurs en Grand Chelem

4

1. Roger Federer (Suisse) : 17 titres en 25 finales 2. Rafael Nadal (Espagne) : 14 titres en 20 finales 3. Pete Sampras (Etats-Unis) : 14 titres en 18 finales 4. Björn Borg (Suède) : 11 titres en 16 finales 5. I van Lendl (Tchécoslovaquie/Etats-Unis) : 8 titres en 11 finales 6. Andre Agassi (Etats-Unis) : 8 titres en 15 finales 6. Jimmy Connors (Etats-Unis) : 8 titres en 15 finales 6. Novak Djokovic (Serbie) : 8 titres en 15 finales 9. John McEnroe (Etats-Unis) : 7 titres en 11 finales 9. Mats Wilander (Suède) : 7 titres en 11 finales

I GrandChelem I

www.welovetennis.fr

MURRAYSMO, C’EST PARTI ! Battu pour la troisième fois en finale à Melbourne, Andy Murray présente, quand même, un bilan plus que positif après cette quinzaine australienne. D’une part, il reconstitue le fameux Big Four ; d’autre part, sa collaboration avec Amélie Mauresmo porte déjà ses fruits. Lorsque Andy Murray a confirmé Amélie Mauresmo comme coach officiel, en début de saison, après un essai prolongé jusqu’à fin 2014, les spécialistes du tennis, même les plus progressistes, étaient plutôt sceptiques. « Je me souviens qu’on a beaucoup mis en doute la qualité de mon choix. Aujourd’hui, j’ai répondu sur le terrain et Amélie y est pour beaucoup », s’est empressé d’expliquer l’Ecossais à l’issue de son succès, en demi-finale, face à Tomas Berdych, coaché par son ancien entraîneur et ami d’enfance, Dani Vallverdu. Jamais on avait vu Andy aussi tendu, offensif et, surtout, heureux d’avoir retrouvé le niveau qui avait fait de lui l’un des piliers du Big Four. « Plus le temps passe et plus les choses se mettent en place », se réjouit Amélie Mauresmo, première femme à entraîner un leader du tennis mondial. Andy a certainement choisi la Française pour sa connaissance du jeu, mais, aussi, parce qu’elle a su, au fil de sa carrière, apprendre à maîtriser ses nerfs, ses peurs, pour vaincre ses démons et atteindre ses objectifs. Cérébral, comme elle, Andy a besoin de s’exprimer et de s’accomplir. Jusqu’à 2-0 en sa faveur dans le troisième set de la finale, le Britannique faisait même mieux que cela, avant que le château de cartes ne s’effondre. « Quand Novak est tombé, j’ai pensé qu’il avait des crampes et ça m’a distrait, ça m’a un peu sorti du match. » Ce qui explique, peut-être, son attitude en fin de rencontre : plutôt énervé contre lui-même, il nous propose une « Baghdatis », avec quelques raquettes mises en morceaux. Avant de reprendre ses esprits en conférence de presse et de ne pas oublier de positiver. « C’est une belle quinzaine. D’autant plus quand je vois où j’en étais il y a deux mois. C’est le jour et la nuit ! Je joue bien mieux, je suis meilleur dans tous les compartiments de mon jeu. Je bouge bien, physiquement, je me sens mieux, plus confiant, plus serein. Je suis beaucoup plus calme avant mes matchs. Mentalement, je suis aussi plus fort qu’en fin d’année dernière. Donc, pour moi, il y a beaucoup de positif à retirer de ce tournoi. » Personne ne dira le contraire !

A la voir sautiller comme une jeune fille venant de remporter son premier titre, on peut dire que Serena Williams n’est jamais rassasiée. Son discours, lors de la remise des prix, en dit également long sur sa ligne de conduite : « Donnez toujours le meilleur de vous-même et vous en serez toujours récompensés », explique cette championne hors-norme, capable de tirer deux aces de suite dans la même zone, sur une balle de match à haute-tension qui dut être rejouée suite à un let, pour se défaire des griffes d’une Maria Sharapova agressive et tonique. Son coach, Patrick Mouratoglou, peut être fier du travail accompli, car il faut savoir trouver les mots pour motiver une athlète qui a déjà tant donné pour sa discipline préférée. Et, visiblement, comme l’a confirmé la championne à l’issue de la rencontre devant le public, le dialogue passe bien : « Merci, Patrick, pour tout ce que tu m’as apporté, merci d’être là à mes côtés. »

Donnez toujours le meilleur de vous-même et vous en serez toujours récompensés Certains diront qu’il est aisé d’entraîner une athlète de ce niveau ; on rétorquera que, pour former un bon duo, il faut que les compétences soient présentes des deux côtés. C’est, au final, ce qui constitue l’essence même d’un bon coaching. Et, Marion Bartoli l’expliquait à l’antenne d’Eurosport, la grande force de Serena, après autant d’années passées sur le circuit, est d’être encore capable de se réveiller tôt le matin pour aller faire des gammes sur un court. Ce sont ces petites choses qui constituent les facteurs de la réussite et, ce, quel que soit le talent du sportif. Désormais, les spécialistes se posent tous la même question. Parviendra-t-elle à atteindre le record mythique de Steffi Graff et ses 22 titres en Grand Chelem, devenant ainsi LA légende du tennis féminin ? Serena, sur ce point, garde un peu de réserve : « Bien sûr, j’aimerais atteindre les 22. Mais ça a déjà été très dur d’arriver à 19. Ça m’a pris 33 ans, donc (rires)… Je dois d’abord arriver à 20, puis à 21. Il y a tellement de jeunes joueuses géniales qui tirent leur épingle du jeu ! Ce sera très compliqué. » Son coach, lui, avait été plus direct en début de saison, lorsqu’on l’avait rencontré : « C’est un objectif, je ne vais pas vous dire le contraire, et, forcément, un challenge très excitant. » Prochaine étape ? En mai, du côté de la porte d’Auteuil.

LES KANGOUROUS SONT DE RETOUR ? L’Open d’Australie a offert de grands frissons à ses spectateurs, suite aux performances des joueurs du cru. Qu’il s’agisse de Kyrgios, Tomic, Groth ou encore Kokkinakis, tous ont démontré de véritables progrès à Melbourne. Alors, se pose désormais cette question : l’avenir du tennis masculin se situe t-il au Down Under ? C’est, en tout cas, ce qu’a laissé entendre Pat Rafter, double vainqueur de l’US Open en 1997 et 1998 : « Il y a énormément de potentiel avec tous ces garçons. Ils doivent simplement continuer à travailler dur. » La voilà, la clé : travailler dur et se montrer sérieux. Tout le contraire de ce qu’a fait Bernard Tomic jusqu’à aujourd’hui. Le joueur de 22 ans a, cependant, tiré un trait sur ses précédentes frasques et réalisé un joli parcours à Melbourne Park. Encore une fois, Rafter s’est montré dithyrambique : « Quand on voit ce qu’il a réalisé cette année, on constate qu’il est de retour. Je le vois futur Top 10, c’est du solide. » Ajoutez à cela un Thanasi Kokkinakis qui a électrisé la foule lors de sa victoire contre Ernests Gulbis, un Samuel Groth en constante progression et, bien sûr, un Nick Kyrgios quart-de-finaliste et futur grand nom du tennis mondial… Voilà qui est prometteur pour l’Australie, qui trouvera forcément, en ces joueurs, un successeur à Lleyton Hewitt. Le mot de la fin revient à James Duckworth, numéro six «aussie» et partie intégrante de cette génération de diamants bruts : « Le tennis australien n’a pas été aussi bon depuis des années. C’est donc normal que tout le monde soit excité à cette idée ! » GrandChelem I

www.welovetennis.fr I

5


OPEN D’AUSTRALIE 2015

ET NOS FRENCHIES DANS TOUT ÇA ? AU POINT MORT ?

A LA RELANCE ?

A l’issue de cette quinzaine australienne, force est de constater que nos joueurs tricolores n’ont pas vraiment brillé… Sans tirer de conclusions hâtives, la manière et le jeu proposé sont loin d’être rassurants. Bref, la saison 2015 démarre mal pour nos Bleus.

Si cet Open d’Australie n’a pas été glorieux côté Messieurs, il s’est montré plus encourageant côté Dames. De Cornet à Garcia, en passant par la rafraîchissante Dodin, on veut y croire ! OCÉANE DODIN : MENTION TB ! « C’est Lucky Luke, cette fille ! Elle frappe sur tout ce qui bouge avec une puissance de dingue… C’est impressionnant. J’adore ! » Sortis de la bouche d’Henri Leconte, bluffé par la jeune Océane qu’il découvrait comme nous tous, ou presque, à Melbourne. Car Miss Dodin est bel et bien bluffante. Pas même membre du Top 600 il y a seulement un an, la Lilloise progresse à la vitesse de l’éclair depuis qu’elle s’est adjoint les services de Georges Goven, ex-coach de Golovin, Mladenovic ou Cornet. Récompensée par l’attribution d’une wildcard à Melbourne, Dodin a saisi sa chance avec culot et ambition. Bilan ? Une victoire sur Alison Riske, qui la devance de 140 places au classement, et une défaite très serrée face à la 20ème joueuse mondiale, Karolina Pliskova. Dodin, dont le tennis explosif comme le physique longiligne font penser à Maria Sharapova, vise très haut : « Je rêve d’être numéro un mondiale. Et j’y crois. » Une carrière similaire à celle de la Russe pour la Française ? On signe tout de suite !

DEUX BONNES R AISONS DE GARDER LE SOURIRE .

La seule éclaircie est arrivée un dimanche, quand, mené 5-1, éreinté, Gilles Simon nous a offert un baroud d’honneur assez émouvant. Et, même s’il a baissé les armes face à un David Ferrer constant, mais sans génie, il reste la seule satisfaction de cette édition 2015 de l’Open d’Australie. Car, pour le reste, c’est morne plaine. Gaël a fait du Monfils, impliqué sans l’être, et Richard Gasquet, malgré une préparation aux petits oignons avec, notamment, une semaine chez Rafa, nous a offert un spectacle seulement digne de son classement actuel. Du coup, sa défaite face à un solide Anderson devient presque logique. Certes, on pourrait s’extasier sur les deux premiers sets de Lucas Pouille au premier tour, face à la Monf’, mais c’est bien maigre pour rêver à des lendemains qui chantent. Le réservoir est vide et le moral en berne. La déflagration des palabres après la défaite en finale de Coupe Davis semble avoir touché beaucoup de monde. Et tous n’ont pas encore fait le tri ou effacer leurs doutes. La prise de parole de Jo-Wilfried Tsonga chez nos confrères de L’Equipe pendant le tournoi en est, d’ailleurs, un vrai symbole. Alors qu’il se sent un peu traité comme un bouc-émissaire, Jo, avec ses mots, a tenté d’expliquer que nous avions tous la mémoire courte et qu’il ne fallait pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Il n’a pas forcément tort, mais il n’a pas forcément raison. Il serait simplement temps, une fois pour toutes, de clore le sujet pour que tout le monde puisse repartir sur des bases saines. Car, quand on voit le niveau de tennis offert en finale par Andy Murray et Novak Djkovic, on constate qu’il y a du travail, beaucoup de travail. Et qu’un champion doit rechercher la performance de façon permanente, le tout dans un climat propice, comme l’explique bien Jo. Les matchs se gagnent tous les jours, sur les courts d’entraînement, à force de sueur, de joie de vivre et de conseils avisés. C’est évident, c’est une certitude, peu importent les critiques, les observateurs ou le climat, il faut juste avoir une conviction, des objectifs, s’y tenir et éviter de trouver ailleurs les raisons d’une contre-performance. Cela, le Big Four l’a compris depuis longtemps et les rookies, derrière, comme Raonic, Nishikori et Dimitrov, en font encore l’apprentissage. Nos Français n’ont pas moins de qualité. Bien au contraire, ils ont les leurs et peuvent revenir à leur meilleur niveau. LE PIÈGE D’ALLEMAGNE-FRANCE Reste qu’après ce mauvais départ, se pointe, pour eux, un rendez-vous piège : Allemagne-France, à Francfort, pour le premier tour de la Coupe Davis, début mars. Ce duel, c’est un peu l’histoire de deux grandes nations du tennis à la recherche d’un nouveau souffle. On attendra donc avec une certaine impatience la sélection du capitaine Arnaud Clément. Jo-Wilfried Tsonga absent, il faudra faire des choix. C’est d’autant plus important que cette campagne de Coupe Davis a pris une nouvelle dimension depuis que Novak Djokovic a confirmé qu’il serait présent sur les courts.

6

Lacoste, Partenaire Officiel de l’Open d’Australie 2015, félicite Pierre-Hugues Herbert et Nicolas Mahut pour leur parcours en double dans la compétition.

CAROLINE GARCIA : VIFS ENCOURAGEMENTS Emballante lors de la première moitié de saison, en 2014, Caroline Garcia avait nettement marqué le pas lors des derniers mois de l’année. Bonne nouvelle, la Lyonnaise a parfaitement relancé la machine en 2015. Après avoir fourni un très gros travail lors de l’intersaison, sous l’œil avisé de Nathalie Tauziat qui fait, désormais, partie de son équipe, la Française a montré tous ses progrès lors de cet Open d’Australie. Agressive et explosive, elle a successivement dégommé Kuznetsova et Voegele avec l’autorité d’une grande. Si Eugenie Bouchard, septième mondiale, s’est montrée trop solide en seizièmes de finale, Miss Garcia ne sera pas venue à Melbourne pour rien : grâce à son très bon tournoi, la Française intègre le Top 30 pour la première fois de sa carrière ! KRISTINA MLADENOVIC ET ALIZÉ CORNET : MENTION PASSABLE, EFFORTS À POURSUIVRE Une deuxième semaine à l’Open d’Australie, voilà, justement, ce que tente d’atteindre Alizé Cornet depuis… plus de six ans. Et, pourtant, après sa traversée du désert des années 2010, la Niçoise évolue, désormais, à un niveau moyen très honorable. En témoigne encore cet Open d’Australie, où Cornet a, une nouvelle fois, rallié les seizièmes de finale. Mais, voilà, pour la troisième année d’affilée, elle s’est arrêtée là. Quasi-incapable de dominer des joueuses mieux classées qu’elle en Grand Chelem, l’ex-numéro 11 mondiale donne la pénible impression de faire du surplace. Même constat de non-progression pour Kristina Mladenovic. Avec, peut-être, encore plus de frustration. Car l’ex-numéro un mondiale junior est véritablement capable du meilleur. Preuve en est, cette victoire de prestige sur Sabine Lisicki au premier tour, à Melbourne. Mais, comme souvent, Kiki n’a pas su confirmer, perdant dès le match suivant face à Bethanie Mattek. Cette absence de constance dans le jeu comme dans les résultats reste un problème récurrent chez elle.

P A R T E N A I R E OFFICIEL I GrandChelem I

www.welovetennis.fr


GRANDCHELEM FRANCE

COUPE SOISBAULT 2015 L’ÉVÉNEMENT DES 50 À actualité exceptionnelle, couverture exceptionnelle. La Coupe Soisbault fêtera, à Granville, début août, son 50ème anniversaire. Tout au long de l’année, nous allons vous faire vivre les coulisses de l’organisation de cet événement. Pour ce premier coup de projecteur, revenons sur la personnalité d’Annie Soisbault, qui a marqué à tout jamais les esprits granvillais.

Tellement ancrée, qu’après une carrière chez les juniors plutôt prometteuse, puisqu’elle atteignit la finale de Wimbledon en 1953, Annie Soisbault, fille du président de la Fédération Française de Tennis, décide de ranger sa raquette au placard pour passer au volant trois branches d’une Triumph : « J’ai compris que je ne gagnerais pas assez convenablement ma vie sur les courts, alors, très vite, le plaisir de conduire et de gagner l’a emporté. » Championne de France des rallyes en 1957 et 58, intrépide et fonceuse, Annie Soisbault fait partie de ces femmes qui avaient décidé de casser les codes, d’oublier certains principes pour faire avancer les idées et les mentalités.

« DE L’AUDACE, ENCORE DE L’AUDACE, TOUJOURS DE L’AUDACE ! » C’est pour cela que, lorsque son père eut l’idée de lancer une compétition pour valoriser le tennis féminin et les jeunes joueuses, il trouva tout à fait légitime de lui donner le nom de sa fille. Devenue l’antichambre des plus grands succès pour les futures championnes du circuit, cette coupe, qui regroupe, chaque année, huit équipes européennes chez les moins de 18 ans, a vu défiler d’illustres noms, d’Amélie Mauresmo à Justine Henin, en passant par Francesca Schiavone. Aujourd’hui, elle est devenue un vrai classique du calendrier et c’est Granville qui l’accueille tous les deux ans. Dans le cadre idyllique de la Monaco du nord, Annie Soisbault retrouvait donc l’ensemble de l’équipe d’organisation. « Elle aimait venir ici, elle avait ses habitudes, elle était proche de l’organisation et ne ratait pas une seule édition. C’était un peu notre ambassadrice, avec son francparler, son expertise… Elle mettait toujours une ambiance à laquelle nous ne pouvions pas rester insensibles », relate, ému, Roger Davy. Sa disparition en 2012, juste avant la 48ème édition, a été un choc, puis un électrochoc qui a décuplé la volonté de marquer le coup en 2015 pour les 50 ans de la compétition : « On veut tous lui rendre hommage et faire les choses en grand, honorer sa mémoire », insiste Roger Davy. Un message compris par l’ensemble des partenaires, la ville de Granville, bien sûr, mais aussi le département de la Manche et la région Basse-Normandie, qui sont déjà mobilisés. « Le thème, cette année, à Granville, est « sport et élégance » ! Et notre leitmotiv : de l’audace, toujours de l’audace ! Des idées qu’Annie Soisbault n’aurait pas reniées », affirme Madame le Maire, Dominique Baudry, qui a fait des 50 ans de la Coupe Soisbault une date importante du calendrier. « Tout est réuni à Granville pour mettre en place un événement de qualité, populaire, qui nous donnera également une visibilité importante. Notre stratégie est partie du nombre 50, celui du département de la Manche. A partir de là, on avait notre concept », commente Roger Davy, ravi.

LES JOUEURS PRO DU TEAM BABOLAT PEUVENT JOUER AVEC UN MODELE PERSONNALISE OU DIFFERENT DE L’EQUIPEMENT PRESENTE. * SAUF AU JAPON. ** 25 AVRIL 2014.

« Au danger, mon plaisir ! » Voilà la devise qui guidait la vie d’Annie Soisbault. En quatre mots, c’est tout le personnage qui se révèle au grand jour, le plaisir du danger, le danger d’un plaisir, rien de plus et surtout rien de moins. « Annie, elle aimait, ou pas », explique Roger Davy, directeur de l’organisation de la Coupe Soisbault. « Mais, quand elle aimait, alors… » Alors, elle y allait de sa petite anecdote sur sa vie passée dans la jet set, sur sa carrière de pilote, et un peu moins sur le tennis : « Elle venait, le matin, au club et ne ratait pas un match. Elle aimait le tennis, c’est certain, mais la passion de la course automobile était ancrée en elle », note Catherine Coudrin, la responsable des ramasseurs de balles.

IER (FRA) U Q R U B e Grégoir * ATP #177

Maintenant, c’est le temps des brainstormings, des projets et des réunions, même si le programme de ces cinq jours de festivités autour du tennis est déjà bien établi. Et, vous le verrez, il ne manque ni de peps, ni de surprises ! De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace !

LE DÎNER DES 50… TOUT EST DIT !

NOUVELLE

Pour fêter dignement les 50 ans de la Coupe Soisbault, un dîner de gala sera organisé le samedi 1er août 2015 sur la pelouse du parc du Musée Christian Dior. 50 personnalités du monde du tennis seront conviées, mais des VIP et 100 invités seront également présents.

8

I GrandChelem I

www.welovetennis.fr

PROPULSE BPM

BOOSTEZ VOTRE JEU DE JAMBES ET DONNEZ LE RYTHME AU JEU AVEC LE BPM SYSTÈME

FB.COM/BABOLAT

@BABOLAT

BABOLAT – RAQUETTES, CHAUSSURES*, BAGAGERIE ET ACCESSOIRES OFFICIELS DU TOURNOI DE WIMBLEDON


PETIT POTIN

AGENDA Retrouvez tous les rendez-vous importants de février à mars 2015

ATP Du 9 au 15 février 2015 • Rotterdam (ATP 500) • Sao Paulo (ATP 250) • Memphis (ATP 250) Du 16 au 22 février 2015 • Rio de Janeiro (ATP 500) • Delray Beach (ATP 250) • Open 13 Marseille (ATP 250) Du 23 février au 1 mars 2015 • Dubaï (ATP 500) • Acapulco (ATP 500) • Buenos Aires (ATP 250) Du 12 au 22 mars 2015 • Indian Wells (Masters 1000) Du 25 mars au 5 avril 2015 • Miami (Masters 1000)

WTA Du 9 au 15 février 2015 • Anvers (Premier) • Pattaya (International)

SEXY NEWS ! Eugénie Bouchard, une valeur (déjà) sûre ! En ce début d’année 2015, de nombreux équipementiers entament de nouvelles campagnes de communication. Parmi eux, la firme américaine Nike. Déjà partenaire des deux finalistes de l’Open d’Australie, Maria Sharapova et Serena Williams, la marque a décidé de miser sur la jeune garde féminine. Dans un souci de renouveler sa collection, Nike a lancé une nouvelle gamme de produits, au look fluo et plutôt avant-gardiste. Et, pour en assurer la promotion, c’est Eugenie Bouchard qui a été choisie ! La jolie joueuse canadienne matche ainsi parfaitement avec l’image du produit, énergique et haut en couleur. Une campagne de publicité qui prouve que Bouchard, quart-de-finaliste à Melbourne et septième joueuse mondiale, est en train de devenir une valeur sûre sur le circuit WTA. Que ce soit sur les courts… ou en-dehors !

Welovetennis.fr et GrandChelem sont partenaires de la plus grande épreuve de tennis amateur du monde. Dans chaque numéro, nous vous proposerons de faire un point sur cette compétition unique, plébiscitée année après année par les compétiteurs français.

Du 23 au 28 février 2015 • Acapulco (International) • Doha (Premier)

Du 11 au 22 mars 2015 • Indian Wells (Premier Mandatory) Du 24 mars au 4 avril 2015 • Miami (Premier Mandatory)

FED CUP

Du 7 au 8 février 2015 • Premier tour Groupe Mondial : Italie – France (Gênes)

COUPE DAVIS

Du 6 au 8 mars 2015 • Premier tour Groupe Mondial : Allemagne – France (Francfort)

10

I GrandChelem I

www.welovetennis.fr

GILLES VOYER :

« NOTRE TOURNOI SE VEUT UN MOMENT DE PARTAGE »

Le mot de Christophe Lesage, le directeur : « J’ai encore en tête les images de l’édition 2014, qui a été la plus réussie et accomplie de notre histoire. Bon, je dis un peu cela chaque année (rires) ! Plus sérieusement, notre initiative d’introduire le padel a été un vrai succès. On va d’ailleurs continuer dans cette voie, car cela a créé une belle dynamique et un excellent état d’esprit. L’autre facteur important a été la météo, avec peu de vent et un soleil radieux, ce qui nous a permis de proposer un spectacle de toute beauté. Enfin, l’arrivée d’un nouveau partenaire comme New Balance a généré un impact très positif. On travaille déjà sur la prochaine édition avec, toujours, l’envie de proposer davantage de services, en gardant notre identité : la simplicité et la convivialité, des qualités qui font du National Tennis Cup une fête du tennis, une fête de tous les tennis. L’info : Un nouveau partenaire de choix a décidé de soutenir l’épreuve. En effet, la marque Jaguar sera présente en 2015 au Cap d’Agde et lors des épreuves qualificatives. Jaguar est déjà très impliquée dans le tennis, avec, notamment, Mickaël Llodra et Nicolas Mahut comme ambassadeurs. Une épreuve de double sera organisée, en parallèle du NTC, avec le soutien de la marque. A la clef, il y aura certainement quelques essais privés à gagner… Conduire la nouvelle F-Type doit être un moment plutôt spécial, non ? LE CHIFFRE : DEPUIS SA CRÉATION, PLUS DE 500 000 LICENCIÉS ONT PARTICIPÉ AU NATIONAL TENNIS CUP, RIEN QUE ÇA !

LA CHRONIQUE DE MICKAËL LLODRA Absent des courts après une opération au coude, Mickaël Llodra a accepté de devenir notre consultant de luxe jusqu’à son retour sur le circuit, en double.

Il n’y a pas que les gros tournois qui méritent qu’on s’intéresse à eux. Raison de plus pour se pencher avec son directeur sur l’Open du Country Club de Schoelcher à Fort-de-France, qui se déroulera du 12 février au 14 mars.

Alors, Mika, comment ça va ? Mieux ! Après une période de six semaines sans rien faire, j’ai repris le chemin de la salle de sport. Et ça fait un bien fou ! Je me rends compte que le tennis, la compétition et l’adrénaline sont encore très importants pour moi.

LE JOURNAL DE LA NTC

Du 15 au 22 février 2015 • Dubaï (Premier 5) • Rio de Janeiro (International)

Du 2 au 8 mars 2015 • Monterrey (International) • Kuala Lumpur (International)

GRANDCHELEM FRANCE

Pourquoi avez-vous décidé de faire progressivement monter en gamme votre tournoi Open ? Quel est son objectif sur le plan sportif, comme sur l’animation de la région ? La première édition, qui était, pour nous, un véritable challenge, a été une grande et belle réussite, d’après ce qu’en ont dit les internationaux, leurs accompagnants et le public venu en nombre. Pour cette deuxième édition, notre objectif est d’offrir au public martiniquais un plateau sportif d’une qualité encore supérieure. Cependant, nous souhaitons aussi faire de cet événement un véritable rendez-vous sportif annuel, axé sur les notions de convivialité et d’échanges. Aujourd’hui largement reconnus et soutenus par les collectivités locales, nous désirons créer un lien entre les professionnels et nos jeunes locaux en organisant des rencontres dans les établissements scolaires et les écoles de tennis. Au-delà de ces échanges et des animations extra-tennis, nous instaurons une dynamique de découverte de notre culture et de notre île en organisant deux journées touristiques, de partage et de découverte de nos spécificités. Ce sont tous ces éléments qui caractérisent notre Open et lui confèrent cette identité unique que nous voulons pérenniser. Quelles sont les améliorations que vous allez apporter pour cette deuxième édition ? Proposer toujours plus de spectacle au public martiniquais en accueillant des joueurs classés dans les 100 meilleurs au classement français et les meilleurs représentants des différents pays invités. Mais on va également accentuer notre positionnement sur le développement des valeurs du sport, dans un esprit de convivialité et de partage. Dans cette perspective, nous avons innové, cette année, et mis en place un tableau de double «mixte», dont les équipes seront composées d’un joueur international et d’un joueur local. C’est inédit ! Mais un espace de découverte et de pratique du beach-tennis sera également mis en place autour de l’événement tennistique. En fait, l’Open de tennis international du Country Club, c’est ça : offrir un spectacle de haut vol, aller à la rencontre de l’autre et diffuser des valeurs sportives communes. Vous avez envie de vous inscrire dans le circuit CNGT, voire ITF, dans un avenir proche ? L’aventure des CNGT ou d’un ITF n’est pas à l’ordre du jour. Notre concept est de confronter les meilleurs joueurs de tennis de différents pays et de proposer des animations extra-tennis, à travers une organisation qui nous offre plus de souplesse. L’Open du Country Club veut conserver sa flexibilité, sa convivialité, son esprit familial, tout en favorisant la découverte sportive et culturelle de notre Martinique. Nous souhaiterions qu’une fois dans l’année, le Country Club devienne un lieu où les joueurs internationaux ont plaisir à se rendre, pendant une semaine, et à offrir du beau jeu. Notre Open deviendrait alors complémentaire des deux autres manifestations phares de la région, l’ITF féminin et le tournoi des légendes. Un tournoi, cela permet aussi aux espoirs d’un club de s’identifier aux champions qui viennent. Si vous aviez un choix à faire parmi les joueurs du circuit pour désigner un ambassadeur, vous seriez plus Federer, Nadal, Murray, Tsonga, Monfils ?… Il est incontestable que la participation de joueurs en voie de professionnalisation sert d’exemple à nos jeunes pratiquants et leur offre la possibilité de mieux comprendre les exigences de ceux qui veulent faire du tennis leur métier. Ainsi, cette année, notre ambassadeur sera Johan Sébastien Tatlot. Nos jeunes s’identifieront aisément à ce jeune Martiniquais de 18 ans, champion de France, qui plus est né à Schoelcher, véritable capitale du tennis local, et qui évolue aujourd’hui dans la cour des grands.

Tu étais obligé de te faire opérer ? Oui, car, au-delà de ma carrière tennistique, cette douleur était pénalisante dans ma vie de tous les jours. Pour ce qui est du tennis, il m’était presque impossible de servir. J’ai vraiment souffert le martyr en 2014, j’ai subi quatre infiltrations, je jouais sous anti-inflammatoires… Tu espères revenir sur les courts ? Ce n’est pas que j’espère, c’est que je le souhaite et que je vais le faire. Mon objectif est de pouvoir jouer en double pour Roland Garros. Je suis sûr que je serai prêt physiquement, car je fais tout pour être en forme. Après, c’est le jeu en lui-même et les sensations qui sont moins programmables. Reste que je suis archi-motivé ! Toi qui es président du Club France Coupe Davis, tu as dû moyennement apprécier les sorties de Yannick Noah après votre défaite en finale… Je me suis déjà exprimé sur le sujet. Pour moi, c’est plus de la maladresse qu’autre chose. Maintenant, c’est du passé, il faut regarder devant nous. Je pense juste qu’on s’est vus un peu trop beaux, moi le premier, car on jouait chez nous. On sait que Sergio Tacchini a des projets avec toi. Malgré ton arrêt, la marque est toujours à tes côtés… Depuis le début, j’ai une relation privilégiée avec Sergio Tacchini. Et on a, effectivement, de beaux projets ensemble. Tout le staff de la marque aime vraiment le tennis. On a donc l’idée que je sois un référent pour eux, que je leur donne des conseils. On réfléchit à plusieurs axes, comme celui d’être parrain d’un team espoirs, etc.

Posez vos questions à Mikaël Llodra sur

mika@grandchelem.fr

GrandChelem I

www.welovetennis.fr I

11


Le Conseil Général des Bouches-du-Rhône présente

l’Open

LE CONSEIL GENERAL DES BOUCHES-DU-RHONE PRESENTE

NOUVEAU PARTENAIRE DE L’OPEN 13 : NEW BALANCE PASSE À L’OFFENSIVE ! Après avoir été remarqué lors du National Tennis Cup, New Balance investit le palais des sports de Marseille. Une grande première sur le circuit professionnel… Rencontre avec Stéphane George, directeur France !

C’est la première fois que New Balance est partenaire d’un tournoi ATP ? New Balance a fait un retour remarqué dans le monde du tennis et notre présence sur le terrain s’intègre parfaitement dans notre stratégie marketing. C’est un moyen d’être en contact direct avec les consommateurs finaux et de leur présenter l’ensemble de nos gammes chaussures et textile. C’est pour cela que vous avez fait le choix de l’Open 13 ? L’Open 13 est un tournoi d’envergure qui véhicule un message de qualité et qui fait toujours la place aux jeunes joueurs de demain, comme notre ambassadeur Milos Raonic. Quelles sont les activations que vous allez mettre en place pendant cette semaine de tournoi ? Nous allons inviter de nombreux magasins et partenaires, afin de présenter notre collection Automne-Hiver 2015. Nous serons également présents dans le village pour détailler nos produits, chaussures, textile et accessoires, aux spectateurs du tournoi. Bien entendu, notre présence sera relayée sur les réseaux sociaux tout au long de l’événement.

Wawrinka, Gasquet, Raonic, Benneteau, Gulbis, Simon... PALAIS DES SPORTS DE MARSEILLE - www.open13.fr

16-22 fevrier 2015

Après le National Tennis Cup, qui regroupe des amateurs, vous voilà chez les pros. New Balance est, sans aucun doute, venu dans le tennis avec une stratégie clairement définie ? L’ADN de la marque a toujours été la performance, et le tennis est une catégorie performance à part entière, chez nous. Nous souhaitons donc développer cette catégorie, saison après saison, pour gagner des parts de marché, comme nous le faisons avec notre catégorie mère, le running. On sait que l’ambassadeur de la marque est Milos Raonic. Le fait qu’il vienne à l’Open 13 depuis plusieurs années a facilité votre choix ? En effet, la venue de Milos est un plus dans notre engagement avec ce tournoi majeur en France. Vos produits sont distribués dans le réseau des spécialistes. Pouvez-vous nous faire un point sur cette offensive, qui a débuté l’an dernier ? New Balance est revenu dans le tennis, en France et en Europe, l’an dernier. L’accueil des magasins a été très positif dès le départ. Pour la deuxième saison, nous comptons déjà 95% des spécialistes tennis français dans notre portefeuille clients. Les produits sont plébiscités par les consommateurs, qui reconnaissent à New Balance son côté technique et performant à l’usage, héritage de notre savoir-faire dans la chaussure de sport depuis 1906.

Dernier point : un bruit court sur une chaussure spéciale terre battue plutôt innovante. Vous pouvez nous en dire plus ? Nous vous donnons rendez-vous à l’Open 13 pour découvrir nos nouveautés 2015 et, notamment, la chaussure la plus légère du marché !

JEAN-FRANÇOIS CAUJOLLE : « RAONIC GAGNERA BIENTÔT UN TOURNOI DU GRAND CHELEM ! » Le directeur de l’Open 13, Jean-François Caujolle, revient sur cet accord signé avec New Balance. Il réaffirme, par ailleurs, ses certitudes : à Marseille, le plateau restera toujours la priorité des organisateurs. Pourquoi avoir choisi de signer un accord avec Milos Raonic, vous garantissant sa présence dans le tournoi durant plusieurs années ? Je souhaitais présenter de nouveaux joueurs au public et Milos, avec son parcours, fait partie de la génération qui monte. Stanislas Wawrinka, au vu de sa saison 2014, me paraissait également indispensable. Enfin, j’ai aussi misé sur des joueurs talentueux qui bousculent certains codes. Je pense à Nick Kyrgios ou à des espoirs en devenir comme Dominic Thiem, Borna Coric et Alexander Zverev. Mais, pour revenir à Raonic, je pense sincèrement qu’il peut gagner un Grand Chelem dans les deux ans à venir. Beaucoup de tournois se disent en crise, mais on a l’impression que ce n’est jamais le cas, à Marseille ! Quand on a moins de moyens que les mastodontes du Moyen-Orient ou de la Chine, il faut être clairvoyant et investir sur l’avenir avec des joueurs à fort potentiel. L’Open 13, avec un budget de plus de cinq millions d’euros, est en progression constante et la priorité est toujours donnée à la qualité sportive, car c’est notre marque de fabrique. C’est la première fois que New Balance signe avec un tournoi ATP. Pourquoi vous êtes-vous engagés aux côtés de cette marque ? Tout simplement parce qu’elle est synonyme de qualité. On verra donc les juges de lignes et les ramasseurs de balles aux couleurs de New Balance. Je crois savoir que c’est une véritable exclusivité !

GrandChelem I

www.welovetennis.fr I

13


GRANDCHELEM FRANCE

SERGIO TACCHINI ET VILLA PRIMROSE, UN MARIAGE LOGIQUE Déjà partenaire de deux clubs centenaires avec le Tennis Club de Paris et le Lagardère Paris Racing, la marque italienne réalise la passe de trois avec la signature d’un partenariat avec le club bordelais de la Villa Primrose. Sergio Tacchini continue donc son offensive auprès des clubs historiques de l’Hexagone.

SHOPPING PARTY ! COUPS DE CŒUR TENNIS WAREHOUSE EUROPE

SPEED PRO GRAPHENE XT

La panoplie de Novak Djokovic se refait une jeunesse, et la nouvelle version de la Speed Pro va encore faire des fans... PPC (non cordée) : 219.95e

MC996

Milos Raonic fait parler de lui mais sa tenue et ses chaussures aussi ! Le fluo et le flashy sont à la mode en 2015. PPC : 110e

THERMOBAG DJOKOVIC 9 RAQUETTES PPC : 84.95e

CRISTIANO ROHRICH, MARKETING MANAGER DE SERGIO TACCHINI : « UNE STRATÉGIE DE COMMUNICATION À 360 DEGRÉS » Quelles sont les raisons qui ont poussé la marque à se rapprocher de la Villa Primrose, une véritable institution ? Cette association rentre dans le cadre de nos partenariats avec les clubs les plus prestigieux de France, comme le TCP, le Lagardère ou Primrose. Nous nous sommes rendus compte que la marque avait presque disparu dans les clubs depuis cinq ans. Nous voulons donc qu’elle revienne en force, tout en gardant notre héritage tennis, sur lequel nous devons communiquer dans les clubs historiques, en accord avec l’univers et l’image de la marque. Ces accords peuvent-ils dépasser les frontières de l’Hexagone ? En effet, nous avons mis en place une stratégie globale. Le but étant de reproduire ce schéma dans d’autres pays, comme l’Espagne, où nous avons déjà signé avec Valence et où nous sommes en négociations avec d’autres clubs qui comptent. Sport Finance (NDLR : la filiale de distribution de Sergio Tacchini) dispose des licences pour la France et l’Espagne, mais aussi pour le Portugal, la Suisse, la Scandinavie, la Belgique et les Pays-Bas. Tout cela s’inscrit dans une démarche de communication à 360 degrés. Quelle forme prennent alors ces partenariats avec des clubs aussi prestigieux ? Nous sommes partis de l’idée qu’il y avait une véritable identité connue et reconnue dans les clubs sélectionnés et que leurs membres en étaient fiers. Nous avons ainsi décidé d’adapter notre collection en la personnalisant pour chaque club partenaire, que ce soit au niveau du logo et des couleurs, comme de rajouts spécifiques – s’il y a eu titre de champion de France, si le club est centenaire… Le but est de faire un produit sportswear, que les gens peuvent porter aussi bien sur le court qu’en-dehors. Il revendiquera leur amour pour leur club et mettra ce dernier en avant dans tous les endroits où il sera porté. À l’heure où je vous parle, on ne travaille que sur un produit, le polo. Si, par la suite, les choses se déroulent bien, on pourra étendre la personnalisation à toute une gamme aux couleurs des clubs. Ce produit s’inscrit dans l’ère de la personnalisation, une vraie tendance actuelle… Exactement ! Aujourd’hui, la logique est de personnaliser ses achats au maximum : vêtements, voitures, vacances… Il y a aussi un désir d’exclusivité de la part des consommateurs. C’est pourquoi les produits ne seront vendus que dans les boutiques du club, et nulle part ailleurs. Si le succès est au rendez-vous, les marques concurrentes peuvent-elles s’y mettre ? Nos concurrents actuels ne le font pas et je ne pense pas qu’ils le fassent prochainement. Ce sont des équipementiers, tandis que, nous, nous sommes des spécialistes textile. Pour eux, faire une offre personnalisée en textile, en plus des balles, des raquettes, etc., c’est très lourd. Au final, on gardera une crédibilité supérieure et une légitimité. C’est notre savoir-faire qu’il faut développer, ainsi que notre singularité.

14

I GrandChelem I

www.welovetennis.fr

TOP TOURNAMENT CREW

VILLA PRIMROSE, ENTRE TRADITION, COMPÉTITION ET PRESTIGE Posté entre des arbres, dans un parc classé en plein centre-ville de Bordeaux, un club prestigieux : la Villa Primrose. Ce club multisports est un pilier du tennis français. Membre du CTC (Centenary Tennis Club), Primrose cultive son histoire avec d’autres structures tout aussi anciennes et prestigieuses autour du globe. « Nous avons des liens forts avec les structures affiliées au CTC », explique Bernard Dupouy, président de la Villa Primrose. « Ces liens se sont tissés au travers d’échanges variés, notamment mis en lumière par les compétitions de jeunes. » Mais le club bordelais ne s’arrête pas là, dans le perpétuel objectif de défendre la tradition du tennis. C’est ainsi qu’une délégation s’est plusieurs fois rendue du côté de Wimbledon et de son mythique gazon, quelque chose de « très flatteur » avoue le président.

PPC : 39e

BAS TOURNAMENT CREW PPC : 45e

TFIGHT 305

La nouvelle raquette de Jérémy Chardy. Poids : 305 gr Concept Dynacore pour une combinaison flexibilité/stabilité en torsion exceptionnelle. PPC : 190e

COUP DE CŒUR DE LA RÉDAC’ !

LACOSTE LT12

Le crocodile revient à ses premiers amours avec un cadre de toute beauté ! Fabrication alliant bois et graphite pour des sensations inégalées. Vendue à 650 exemplaires. PPC : 550e / Sortie avril 2015

PRIMROSE, OU LE CULTE DE LA COMPÉTITION L’histoire de la Villa Primrose rime également avec compétition. Elle a même accueilli en son sein un tournoi ATP entre 1979 et 1995, comptant parmi ses vainqueurs des noms prestigieux comme Noah, Muster ou Lendl, pour ne citer qu’eux. Aujourd’hui, la compétition a refait surface sous forme d’un Challenger, qui se dispute depuis 2008 au mois de mai. Un tournoi apprécié sur le circuit comme l’explique le président: « Ici, les joueurs sont chouchoutés. Les conditions sont idéales pour préparer Roland Garros, qui a lieu deux semaines plus tard. La terre battue est semblable et les balles sont identiques. C’est une bonne préparation pour les joueurs qui viennent ici, c’est aussi cela qui a séduit Sergio Tacchini, qui est partenaire du tournoi comme il l’est aussi à Monte-Carlo. »

PRO ATP 10R

Le sac officiel de l’ATP World Tour. Housse 10 raquettes. PPC : 99e

LLODRA, AMBASSADEUR DE CHOIX Pour assurer son image, la Villa Primrose a choisi Mickael Llodra comme ambassadeur. C’est donc très naturellement que Sergio Tacchini, qui soutient aussi le gaucher tricolore depuis 2014, s’est tourné vers la Villa Primrose. Cet accord a très vite semblé naturel pour Bernard Dupouy: « J’ai senti que ça correspondait bien car c’est une marque historique avec un passé qui a marqué les générations, cela s’emboite parfaitement avec l’image de notre club. » Un club qui ne cesse de faire parler de lui : champion de france en 2012, club d’accueil de l’équipe de France pour la préparation de la finale France-Suisse… La Villa Primrose reste une place forte du tennis tricolore avec, maintenant, une vraie touche italienne.

POLO AO ICON

La réactualisation d’une ligne qu’avait portée John McEnroe en son temps fait toujours de l’effet ! PPC : 55e

T-SHIRT AO ICON

SHORT AO ICON PPC : 40e

PPC : 30e

COUP DE CŒUR

TENNIS WAREHOUSE EUROPE

AEROPRO DRIVE PLAY

La révolution continue et cette fois c’est tout simplement Rafael Nadal qui est aux manettes ! PPC : 349e

GrandChelem I

www.welovetennis.fr I

15


GRANDCHELEM FRANCE

LA FRANCE EST UN MARCHÉ CLÉ ! La pratique du tennis, c’est aussi un marché. En observant certaines tendances, on peut anticiper les évolutions de la pratique. Pour bien comprendre la situation en France, nous sommes allés à la rencontre de Christian Singer, directeur de Tennis Warehouse Europe, le leader français de la vente en ligne, et d’Antoine Ballon, son directeur du développement. On a fait un dossier sur l’état du tennis en France dans ce numéro 44. Chez vous, quelle place occupe le marché français ? Christian Singer : La situation générale du tennis en France est stable, voire en légère régression. En ce qui nous concerne, il s’agit du deuxième marché européen en termes de licenciés, après l’Allemagne. Je ne peux évidemment pas vous divulguer nos derniers chiffres, mais, si nous continuons de croître, cela signifie nécessairement que nous faisons bien notre travail. Est-ce que le consommateur tennis français a des habitudes particulières, par rapport à celui d’autres nations ? Antoine Ballon : Bonne question. C’est vraiment le point fort de notre site. Nous sommes, en effet, capables de répondre aussi bien aux demandes générales quant aux tendances et aux marques, qu’aux demandes spécifiques de certains pays si besoin. Tout d’abord, il ne faut jamais oublier qui est notre consommateur type, celui qui nous fait vivre, vibrer et évoluer. Il s’agit du joueur – ou de la joueuse ! – de tennis pur et dur. Celui qui vit et rêve tennis tous les jours. Ceux qui partagent cette passion ont nécessairement des envies et des points communs. Ce n’est pas une surprise que nos meilleures ventes, tous pays confondus, soient la tenue et la raquette de Roger Federer ! Pour le reste, en-dehors du fait que les joueurs et marques françaises se vendent logiquement mieux en France, il y a des différences, pour la plupart historiques, qui continuent d’exister. Par exemple, nous constatons une consommation bien plus élevée de cordages multi-filaments en France, par rapport aux autres pays. Pour tout ce qui est textile, nous avons tendance à être un peu plus conservateurs sur le choix et le mariage des couleurs, mais beaucoup plus tendances sur les matériaux et la coupe. C’est la raison pour laquelle nous travaillons avec autant de marques et de manière exclusive avec certaines (ATP, Fred Perry). Une dernière anecdote : pendant la Coupe du Monde, les Français continuaient à jouer et consommer du tennis, alors qu’en Allemagne, tous semblaient avoir troqué leurs raquettes contre des crampons. Pendant trois semaines, notre service-clientèle allemand s’est tourné les pouces (rires).

ET L’ASIE ? « Pour l’instant, nous restons en observation de cette partie du monde. Aujourd’hui, nous sommes dans la définition même du marché mature, qui peut encore connaître quelques poches de croissance forte suite à l’explosion de joueurs sur le circuit. C’était le cas, auparavant, avec des pays comme la Suède et Björn Borg, puis avec l’Allemagne et Becker. C’est un phénomène que l’Espagne a également connu il y a quelque temps avec Rafa et que nous avons plus récemment observé en Serbie avec Djokovic. Hormis ces épiphénomènes, l’Europe reste calme, les USA aussi. Mais nous savons qu’il y a beaucoup d’attente des marques sur l’Asie. » Christian Singer

16

I GrandChelem I

www.welovetennis.fr

On dit que les consommables du tennis (balles et cordages) permettent de mesurer la pratique. Est-ce qu’au niveau européen, on peut effectivement tirer quelques conclusions en se basant sur vos chiffres ? Antoine Ballon : C’est un indicateur de pratique pour les marques et les fédérations. Pour nous, par contre, c’est un peu différent. Notre premier indicateur, c’est avant tout le trafic sur notre site. Si celui-ci augmente, irrémédiablement, nos ventes augmentent aussi. Attention, l’inverse est vrai ! En France, une grosse partie de la vente des balles passe par la consommation des clubs. Bien que nous soyons relativement bien implantés dans ce domaine dans l’est de la France, il nous reste encore beaucoup de choses à faire sur ce marché spécifique des clubs. En ce qui concerne le cordage, c’est, tous les ans, un business en croissance à deux chiffres pour nous. Ne nous trompons pas : je ne pense pas que cela reflète la réalité du marché. C’est encore une fois dû à la nature de notre site et de notre clientèle. La seule conclusion que je m’autorise donc à faire, c’est qu’aujourd’hui, dans le tennis, la distribution en France et en Europe est une affaire de spécialistes. TWE est une grosse machine. Vous allez vous engager dans une politique de partenariat avec des clubs, en France ? Christian Singer : Mais nous avons déjà commencé ! Plus de 50 clubs, en France, nous font confiance. Nous sommes aussi en train de réorganiser notre structure clubs en redéfinissant nos objectifs et notre politique pour mieux répondre à leurs besoins, quelles que soient leur taille et leur situation géographique. Bien sûr, plus le club sera important et susceptible de générer des ventes substantielles, plus il sera récompensé. Mais les petits clubs ne seront pas délaissés non plus. Je pense sincèrement que nous pouvons offrir un service, des produits et des offres uniques aux adhérents de nos clubs partenaires, comme un discount spécial de 15% sur tous nos articles pendant la durée de leur tournoi. Ils peuvent nous joindre par mail ou téléphone, une personne française leur répondra. C’est maintenant à nous de communiquer autour de cela. Merci de me donner, ici, l’occasion de le faire !


DOSSIER : LE TENNIS EN FRANCE

DOSSIER : LE TENNIS EN FRANCE

OÙ VA LE TENNIS EN FRANCE ?

QUELQUES CHIFFRES :

Dossier réalisé par la rédaction.

NOS SIX EXPERTS • Denis Naegelen : ancien joueur professionnel, aujourd’hui président de Quarterback, société de marketing sportif qui organise, notamment, les Internationaux de Strasbourg, tournoi du circuit WTA.

• Pierre Bayssat : directeur général adjoint de la marque Tecnifibre.

• Olivier Letort : enseignant (Brevet d’État Troisième Degré) à l’ASBB Tir aux Pigeons. Inventeur du «Tennis Cooleurs », auteur de plusieurs livres pédagogiques sur le tennis.

• Christophe Lesage : organisateur de la National Tennis Cup, le plus grand tournoi amateur du monde.

• Alexis Tetang : agent, membre de la commission des agents, Brevet d’Etat depuis 1999.

Pour GrandChelem, ces six consultants ont passé en revue les grandes thématiques du tennis actuel et répondu à des questions fondamentales sur l’état de la pratique, le rôle du club, de l’élite, des enseignants. Leurs réponses ont été illustrées par d’autres témoignages recueillis sur le terrain, lors d’une visite au Tennis Club de Grigny, ou au travers d’un focus sur le circuit de Nîmes Gard. Autant d’informations qui vont permettre de se faire une bonne opinion de l’état du tennis en France !

18

I GrandChelem I

www.welovetennis.fr

1980: 801 504

1980: 4822

1991: 1 339 409

1991: 10224

2001: 1 064 773

2001: 9067

2005: 1 054 513

2005: 8661

2012: 1 121 752

2012: 8125

2013: 1 103 519

2013: 8027

• 32 043 courts • 1 103 519 de licenciés • 577 866 licenciés de 18 ans et moins • 400 391 compétiteurs

• 401 010 joueurs classés • 5 860 brevetés d’Etat • 13 000 initiateurs de clubs

EN FRANCE, LE TENNIS SE PORTE-T-IL BIEN ? OUI Denis Naegelen : « Je vais choquer beaucoup de gens, mais je trouve qu’il se porte bien, oui. J’ai beaucoup voyagé et je trouve qu’on a une fédération parmi les mieux structurées au monde, ce qui veut dire que le tennis ne repose pas sur une vedette, comme dans beaucoup de pays. Chez nous, il s’appuie sur un réseau de 8000 clubs, 35 ligues, 100 comités départementaux et plus de 3000 enseignants. Tout cela est peut-être moins souriant qu’il y a 20 ans, mais constitue une bonne assise. »

OUI ET NON • Jacques Dupré : président de Tennis Europe, ancien secrétaire général de la Fédération Française de Tennis.

Année Clubs

2013 : • 1er sport individuel • 2 100 491 matchs • 12 515 tournois • 8 027 clubs

Vaste question à laquelle nous allons essayer d’apporter des réponses. Comme à notre habitude, nous sommes allés interroger des personnes de différents horizons pour aborder l’ensemble des problématiques qui touchent au tennis dans notre pays. Le pouvoir de la compétition, la place de Roland Garros, les nouvelles formes d’enseignement, le rôle prépondérant du club, de l’élite, des champions… Une fois le bilan réalisé avec nos experts, nous avons décidé, nous aussi, à GrandChelem/Welovetennis.fr, de faire bouger les choses en lançant une application, Tennis Around Me, qui favorisera la mise en relation des joueurs, et en imaginant une « journée du tennis » qui, un peu comme la « fête de la musique », deviendrait un vrai moment de convivialité. Cette enquête se veut donc constructive. Elle a pour objectif de lancer des pistes, des idées et des projets. Le magazine gratuit GrandChelem et le site internet www.welovetennis.fr sont nés pour partager notre passion : il nous paraissait légitime d’aborder ces sujets à l’aube d’une nouvelle année et après 43 numéros où, très souvent, nous avons fait la part belle aux stars du circuit. Place à la pratique, aux questions de ce tennis de tous les jours, de tous les horizons, partout aux quatre coins de l’Hexagone !

Année Licenciés

Olivier Letort : « Je ne suis pas sûr que les gens aiment moins le tennis aujourd’hui, mais ils l’aiment différemment. Quand toutes les conditions sont réunies, ils apprécient toujours autant ce sport très ludique. Le problème, à l’heure actuelle, c’est justement de réunir ces conditions. Pour moi, il y en a trois : - L’accès à la pratique, qui devrait être bien mieux optimisé pour les non-licenciés et les non-adhérents à un club. - La possibilité de trouver un partenaire facilement. - Et, évidemment, celle d’avoir un créneau de libre pour jouer, ce qui peut être un vrai casse-tête, la priorité étant souvent donnée aux entraînements. Avant, les personnes restaient une journée entière dans leur club ; maintenant, elles consomment leur heure et repartent ensuite. » Pierre Bayssat : « La pratique du tennis se divise en trois parties distinctes : le jeu libre, le jeu encadré et la compétition. Le jeu libre, qu’on peut pratiquer en club ou pas, est un secteur en perte de vitesse, notamment chez les jeunes. Ces derniers jouent rarement sans avoir un enseignant sur le dos, ce qui n’était pas le cas il y a 25 ans. Auparavant, on apprenait en jouant et on n’avait pas trois séances d’entraînement par semaine. Mais le jeu libre a probablement souffert du phénomène de zapping chez les jeunes : les gamins faisant du tennis, mais aussi du football ou de la musique, sont beaucoup plus sollicités que par le passé. De son côté, le jeu encadré, qui correspond, lui, aux adultes, fonctionne bien, la Fédération Française de Tennis a fait des choses en ce

sens. Enfin, je suis réellement inquiet pour la compétition, car elle perd en convivialité, devient trop chronophage et reste plutôt chère. » Alexis Tetang : « Je suis inquiet et les prévisions ne sont pas bonnes. On arrive à un moment charnière, à un tournant, et il faut absolument s’en rendre compte. C’est pour cela que je suis heureux, par exemple, que la FFT ait lancé la réforme des moins de 12 ans avec Galaxy Tennis, cela va dans le bon sens. Mais c’est aussi à nous de faire bouger les choses, sans attendre que tout vienne d’en haut. Car j’ai peur que le fossé se creuse : un nouveau Roland Garros, c’est bien, gagner un Grand Chelem aussi, mais ce n’est pas cela qui garantit la pérennité de la pratique. Il faut aller beaucoup plus loin. Si j’en avais le pouvoir, comme le club est la base, je lancerais un grand plan Marshall pour faire passer un message fort aux joueurs, bénévoles et enseignants. En effet, on risque d’être surpris des bouleversements à venir… Sans être alarmiste, je pense qu’on a suffisamment de forces vives pour faire mentir ces prévisions et insuffler une nouvelle dynamique : le tennis est ancré dans notre culture, c’est le sport de toute une vie. »

NON Christophe Lesage : « On a la chance d’avoir Roland Garros en France, un tournoi du Grand Chelem. Mais c’est aussi un point faible, car on a l’impression que tous les efforts se concentrent uniquement sur ce temps fort, ce monument. Je le déplore vivement. Selon moi, il faudrait sortir Roland Garros du cadre fédéral et en faire un département à part, presque indépendant. Car, pour le coup, j’ai le sentiment que l’autre partie du tennis, c’est-à-dire la vie de tous les jours, celle des compétitions amateurs, des clubs, des matchs par équipe, n’est pas valorisée à sa juste valeur et pas toujours soutenue comme elle devrait l’être. Or, la pratique du tennis, c’est au quotidien, dans les clubs, et pas seulement 15 jours dans l’année, même si Roland Garros demeure un événement extraordinaire. De ce fait, j’ai l’impression que le tennis se trouve scindé en deux. Et, à long terme, cela peut nuire à la pratique, car certains acteurs, joueurs ou clubs ne se sentent pas épaulés, écoutés, soutenus et ils s’essoufflent. »

A L’ÉTRANGER…

Jacques Dupré : « Je trouve qu’il est intéressant d’étudier le cas de l’Allemagne. De l’autre côté du Rhin, le nombre de joueurs est en baisse de 2%, avec une grosse régression chez les 18-40 ans. Fin 2013, on comptait quatre millions de pratiquants pour seulement un million et demi de licenciés. Pourtant, nos voisins ont 9580 clubs, ce qui n’est pas rien, et plus de 20 000 enseignants. Il y a plusieurs raisons qui expliquent ce recul. D’abord, la fédération allemande a été mal gérée, par des personnes qui ne connaissaient pas cette discipline, et cela a eu d’importantes répercussions en termes de communication. Ensuite, la crise économique a joué un véritable rôle, car, en Allemagne, les clubs sont plus chers qu’en France. Enfin, les sports dits « traditionnels » n’ont plus la même cote auprès des jeunes. Si vous ajoutez à cela qu’aucun champion allemand n’a vraiment pris le relais de Boris Becker ou Steffi Graf… Bref, les Français peuvent ou se réjouir de leur situation, ou s’inquiéter à l’idée de prendre le même chemin. »

GrandChelem I

www.welovetennis.fr I

19


DOSSIER : LE TENNIS EN FRANCE

DOSSIER : LE TENNIS EN FRANCE

PATRICK MOURATOGLOU :

Et c’est ce que tu veux apporter ? Je dis juste que notre académie vise l’excellence, qu’elle est basée en France, qu’elle sera ouverte à tous les joueurs qui voudront s’y entraîner. Et que si l’on contribue aussi à faire évoluer certaines mentalités, cela peut permettre à tous de progresser. Je ne donne pas de leçons, j’exprime des opinions avec l’envie de faire avancer les choses. Nous avons la chance, en France, d’avoir beaucoup de compétences diverses reconnues sur le plan mondial dans notre sport. Si elles expriment leur désir de participer au développement du tennis français, il serait dommage de nous en passer.

« JE SUIS NOSTALGIQUE DE L’AMBIANCE DE CLUB »

C’était un peu le discours du Team Lagardère à une époque… Oui, mais le Team Lagardère s’était placé en concurrent direct de la Fédération. Il y a eu une sorte d’escalade dans les offres faites aux joueurs pour les entraîner. Cela n’a pas été très profitable sur le long terme. Moi, j’ai, au contraire, envie de collaborer, de construire, d’échanger. Nous ne sommes pas concurrents, nous n’avons pas les mêmes objectifs et pas les mêmes obligations. La Fédération a un rôle social, c’est une très grosse machine avec la gestion de la pratique sur le territoire, de la formation des cadres, l’organisation de Roland Garros. Elle n’est pas uniquement centrée sur le haut-niveau.

Coach de Serena Williams, patron de l’académie éponyme, Patrick Mouratoglou a accepté d’être le grand témoin de notre dossier. Il a profité de cette occasion pour faire le point sur la fusion avec ISP, ses discussions avec la Fédération… Enfant de la balle, Patrick Mouratoglou n’a finalement qu’un seul gros défaut : il aime trop le tennis ! Entretien réalisé par Laurent Trupiano et Loïc Revol

Patrick, que penses-tu de l’état du tennis en France ? Sur le plan international, je trouve que le tennis souffre un peu. Le paysage mondial du sport a évolué. Les sports américains ont pris une place importante et nous sommes dans une société de spectacle. Le tennis doit évoluer avec son temps pour être plus spectaculaire et offrir plus d’émotion aux non-spécialistes. Malheureusement, au contraire, il se fait de plus en plus conservateur. Le ralentissement des surfaces a limité la diversité des styles de jeu. Les règlements sont de plus en plus rigides, empêchant les joueurs de s’exprimer sur le court. Bien entendu, les limites doivent exister, mais les excès font partie du folklore. N’avons nous pas adoré McEnroe ? Personnellement, j’avais aimé cette scène, à Melbourne, où l’on voit Marcos Baghdatis casser toutes ses raquettes sur le court par dépit. Le sport, c’est aussi ça ! De grandes émotions, un peu de folie ! Le public doit pouvoir s’identifier, adorer ou détester. Et, pour ce faire, les athlètes doivent être en mesure de s’exprimer sur le court. Quant à la pratique loisir du tennis, mon constat et mon regret concernent l’état du club de tennis qui ne joue plus autant son rôle que par le passé… Peux-tu être plus précis ? Là, j’enlève ma casquette de coach du circuit et je retourne un peu à mon enfance. J’ai le souvenir de mon club où je restais des journées entières pour jouer, discuter avec mes amis, regarder les meilleurs… Aujourd’hui, c’est de plus en plus rare. La société a évolué ces 30 dernières années : les pratiquants viennent jouer leur heure de tennis et rentrent chez eux. Le club doit absolument redevenir un lieu de vie convivial. Je n’ai pas de solutions à ce problème, mais il y a sûrement des choses à faire. Et je dirais même que l’on n’est pas si mal lotis en France, car certaines structures n’existeraient plus si les municipalités ne les soutenaient pas.

En ayant acquis le Sophia Country Club, près de Nice, tu vas pouvoir recréer ce fameux lieu de vie ! C’est, effectivement, l’un de nos objectifs. La Mouratoglou Tennis Academy regroupera des pros, des aspirants pros, mais aussi des joueurs de club. Je veux créer, avec mon équipe, un vrai lieu de vie dont le tennis est le centre. Cette infrastructure sera installée sur un site légendaire du tennis français, un site auquel je veux qu’on rende toutes ses lettres de noblesse. Le Sophia Country Club, la fusion avec ISP… Cette année 2015 marque un nouveau départ ? Oui, le projet est effectivement passionnant ! Toute notre équipe est archi-motivée par ce qui se prépare et ce que nous construisons chaque jour. Peux-tu nous en dire plus sur cette rencontre avec Charles Auffray et tout le team d’ISP ? Il y a deux ans, Charles est venu me voir et on a commencé à discuter. Plus on avançait, plus les choses semblaient limpides tant nos deux entreprises se complètent. ISP détient un savoir-faire reconnu en termes de scolarité et d’organisation. Mouratoglou, elle, est une marque forte et le haut-niveau est notre domaine d’expertise. S’unir permet d’être performant à tous les niveaux et nous donne la possibilité de nous développer sereinement. A Thiverval-Grignon, ce n’était pas possible ? C’était une option, mais déménager sur la Côte d’Azur a plus de sens. Nous avons la possibilité de jouer en

Vous auriez pu vous exiler encore plus au soleil pour mener à bien cet ambitieux projet… C’est évident, mais je suis très attaché à mon pays. Je suis Français et, même si cela aurait été beaucoup plus simple ailleurs, j’ai décidé de continuer à investir en France, car j’ai envie de faire bouger les choses, les mentalités. Créer un tel centre d’expertise sur le territoire des quatre Mousquetaires, c’est aussi envoyer un signal à la planète tennis pour dire que la France reste un pays majeur de notre sport.

Certains estiment qu’il faudrait regrouper des clubs pour qu’ils redeviennent de vrais centres de vie… Je comprends cette idée, mais je pense que notre manière de consommer nous conduit à attendre de tout avoir à portée de main. Je ne suis pas certain que de devoir faire 20 km pour accéder à son club aille dans la bonne direction.

20

I GrandChelem I

www.welovetennis.fr

C’est-à-dire ? Je ne peux pas tout dévoiler dans les détails, mais notre ambition est de devenir la meilleure académie d’Europe, que ce soit en termes de formation, de sport-étude, de compétition, d’accueil des meilleurs joueurs du monde ou de recherche… Pour y parvenir, on va s’appuyer sur un complexe unique en son genre.

Que veux-tu dire par là ? Il y a des règlements assez stricts qui ne nous autorisent pas à faire plusieurs tournois par an. C’est dommage. C’est un réel frein pour animer son lieu de pratique. Imaginer notre académie avec des compétitions régulières où les passionnés pourraient jouer en permanence, ce serait assez fantastique et cela permettrait à la France de rayonner davantage.

Il est donc loin le temps où tu démarrais à Montreuil avec Bob Drett… Oui, c’est vrai, mais j’en garde des souvenirs fabuleux. On faisait beaucoup de choses avec des bouts de ficelle, il y avait une ambiance indescriptible. A Montreuil, j’ai rencontré des personnes incroyables. Je pense que disposer des meilleurs outils est un énorme plus, mais notre vraie valeur, c’est l’humain et la compétence. Nous ne devons jamais l’oublier. Tu t’es exprimé, dernièrement, suite à l’affaire de la Coupe Davis, sur l’idée d’une ouverture vers la Fédération Française. Quelle est exactement ta pensée, car il y a eu quelques remous suite à tes prises de position ? Mon idée est assez simple, en fait. Je suis Français et j’ai envie que la France brille au plus haut niveau. Ma démarche a donc été d’aller voir la Fédération Française pour lui présenter notre projet et lui expliquer que nous pouvions trouver des synergies entre nos deux structures. On a d’ailleurs été très bien reçus avec Charles (Auffray, directeur d’ISP). Ce rendez-vous s’est avéré très constructif. Mais je ne me suis jamais positionné concernant la Coupe Davis.

Le tennis est le sport le plus ludique qui soit. C’est, avant tout, un jeu. outdoor toute l’année grâce au climat et ses 300 jours d’ensoleillement par an. Nous pouvons également construire une académie ultra-moderne qui répond à la totalité des besoins des joueurs. Enfin, nous délocaliser à Sophia permettait d’opérer la fusion avec ISP, et donc d’unir nos forces.

Justement, pour parler de compétition et de tournois, que penses-tu de ce qui est mis en place dans l’Hexagone ? J’en garde des souvenirs extraordinaires. Ma première perf’, ma première contre… Non, celle-ci, je l’ai oubliée (rires) ! On a, d’ailleurs, l’ambition de proposer des compétitions de façon constante sur Sophia Antipolis. Des réglementations nous freinent pour l’instant, mais nous espérons que les instances comprendront que ce que nous mettons en place va dans l’intérêt du tennis français.

On sent que cette idée de synergie te tient à cœur… La FFT est reconnue dans le monde entier et elle est très souvent copiée. En France, nos systèmes de détection comme de classement sont des références. Nos techniciens sont considérés comme étant parmi les meilleurs de la planète. On est donc très forts pour former de très bons joueurs. Mais la dernière étape manque souvent. Nous avons l’une des plus grosse densité de joueurs dans le Top 100 depuis longtemps, des joueurs avec d’immenses qualités, mais nos résultats au plus haut niveau manquent. C’est notre responsabilité à tous.

Vous avez également l’ambition d’accueillir des compétitions internationales ? L’outil va être unique, donc on veut le faire savoir. On a, notamment, un très beau projet qui va voir le jour dans une catégorie qui manque d’une grande épreuve : il s’agit des moins de 10 ans. Mais on devrait aussi se positionner sur d’autres types de compétitions. C’est important pour nous, car, le tennis, c’est la formation, mais aussi la compétition.

La Fondation Champ’Seed

ON AIME !

Fin 2014 est née ma fondation : Champ’Seed. Sous l’égide de la Fondation du Luxembourg, elle est reconnue d’utilité publique. Mon objectif, à travers elle, est de venir en aide à des jeunes talents tennistiques. A travers le monde, de nombreux jeunes joueurs très talentueux ne peuvent exploiter leur talent faute de moyens. Mon idée consiste à les détecter, puis à faire un état des lieux de leurs besoins et de leurs moyens. Enfin, nous répondrons au mieux à leurs besoins en leur fournissant tout type de prestations : de l’accompagnement, du coaching, de la préparation physique, du suivi médical etc… Cette nouvelle aventure me tient vraiment à cœur, car j’ai connu trop de talents qui, par manque d’encadrement, de moyens financiers n’ont pas pu percer. Enfin, notre système de recrutement et de parrainage sera assez unique, j’en ai déjà parlé à des proches, et ils sont prêts à me suivre, c’est très encourageant.

Pour en revenir au sujet de notre dossier, est-ce que tu penses que le tennis est assez connu pour son côté « plaisir » ? Il y a encore du travail à faire (rires) ! Encore une fois, de nombreux sports voient le jour régulièrement et cherchent à nous concurrencer. Il faut être vigilants. Et je ne vais pas vous étonner en affirmant que, pour moi, le tennis est le sport le plus ludique qui soit. C’est, avant tout, un jeu. Tu fais du sport en t’amusant et ça n’a pas de prix ! J’adore faire du jogging, mais, pour être franc, ce n’est pas très fun… Au tennis, on fait courir l’autre. C’est un sport technique avec une grande composante tactique. Un sport vraiment unique. On n’est pas surpris par cette déclaration d’amour ! Là, tu me charries (rires). Mais pour revenir à l’idée de départ – sur laquelle j’ai encore envie d’insister : le club reste la clé pour que le tennis garde sa place. On y rencontre ses copains, on fait des duels, on déjeune ensemble. Et puis, on choisit ou non de faire de la compétition, de s’identifier aux champions. Fan de cet article ? Découvrez la totalité de l’interview

sur welovetennis.fr

GrandChelem I

www.welovetennis.fr I

21


DOSSIER : LE TENNIS EN FRANCE

DOSSIER : LE TENNIS EN FRANCE

LE CLUB EST À RÉINVENTER Après le fameux plan de développement mis en place sous l’ère de Philippe Chatrier, le club de tennis, jadis cloisonné, s’est ouvert. Il fut même un temps où chaque commune voulait ses courts de tennis. Depuis cet âge d’or révolu, le club a évolué. Certains se sont même professionnalisés. Néanmoins, avec la crise du bénévolat, d’autres commencent à vaciller sérieusement, alors qu’ils demeurent les poumons de la discipline. La solution à ces difficultés passe forcément par une remise en question et de nouvelles initiatives. Nos experts ont donc quelques propositions très simples qui confirment que le club est l’avenir du tennis, toujours et encore.

IDÉE 1 : FAIRE SAUTER LE VERROU DE L’APPARTENANCE Olivier Letort : « Au foot, un club représente sa ville. En étant licencié, un Lyonnais devrait pouvoir jouer partout dans sa ville. Selon moi, il faudrait revoir cette notion de « licencié » qui va à l’encontre de l’ouverture et de la simplicité. Les clubs sont restés figés, même s’ils ont tenté de suivre l’évolution de la société. Ceux qui s’en sortent sont soit les très gros qui vivent sur leur histoire, soit ceux qui font preuve d’imagination et qui s’appuient sur des membres inventifs et créatifs. Et les idées ne manquent pas, mais elle sont souvent hors-système et pas assez partagées ou valorisées. »

IDÉE 2 : UN ACCUEIL IRRÉPROCHABLE Denis Naegelen : « Il y a plus de 20 ans, quand on ouvrait un club, on triait les membres. C’était des progressions à deux chiffres. Aujourd’hui, quand on fait 1%, on est content… Mais il est vrai qu’on a désormais 1,1 million de licenciés. C’est plus difficile de tenir, les gens sont plus exigeants. Le pratiquant devient un client qui est aussi là pour consommer. Le sport n’est plus qu’un produit : on en fait un petit peu là, un petit peu ailleurs. Le boulot du club est donc d’apporter le meilleur service possible en fonction de ses moyens. C’est un tas de petites choses, mais je trouve que ce travail est, en général, assez bien fait, même s’il reste perfectible. »

IDÉE 3 : UN COLLOQUE POUR PARTAGER SES INITIATIVES ET REBONDIR Olivier Letort : « La réalité des clubs se tâte sur le terrain, au jour le jour, région par région, commune par commune. Il n’y a presque que des cas particuliers. Et il ne se passe pas un mois sans que je découvre une initiative nouvelle qui a fonctionné. Tout cela m’amène à penser que l’on devrait organiser un Grenelle des clubs et du jeu, où l’on pourrait partager ses expériences et trouver des solutions. Je suis catégorique sur ce point : l’évolution du club passera par la base de la pyramide et par le club lui-même, non par une grande réforme venant d’en-haut. »

IDÉE 5 : METTRE EN RELATION Pierre Bayssat : « Je prends un exemple précis pour être bien compris. Quand on arrive dans un club et qu’on n’est pas classé 15/2, on n’est pas reconnu comme étant un bon joueur. Du coup, il n’y a rien ou pas grand chose qui nous est proposé. Alors, oui, je fais ma leçon de tennis adulte une heure par semaine, mais je n’ai pas de jeu libre. Et pas de jeu libre, cela veut dire que les courts du week-end ne sont pas occupés. Les courts sont inaccessibles le mercredi et les soirs de la semaine à cause des entraînements. Il ne me reste donc que le dimanche, mais je n’ai pas de partenaire. Qu’est-ce que je fais ? On perd beaucoup de gens comme cela. Il y a un effort à faire dans ce sens. C’est important. » Alexis Tetang : « Tout a changé. L’adhérent n’est plus un membre, c’est un client. Et cela, il faut qu’on l’intègre vraiment avec les services qui vont avec. De plus, on est dans une société où tout est à portée de main, donc c’est au club de trouver des solutions. Évidemment, il se peut aussi que le modèle associatif démontre certaines limites avec l’évolution de la société, car on constate que les gros clubs n’ont pas de soucis pour se développer. Ils ont les moyens d’offrir des services performants. »

IDÉE 6 : L’ANIMATEUR, LA CLEF DE LA RÉUSSITE Pierre Bayssat : « De nombreux enseignants BE sont sensibilisés à l’idée d’être aussi des « animateurs » de la pratique. C’est le cas de beaucoup de dirigeants bénévoles qui se donnent corps et âme à leur club. Mais, avec la société de communication dans laquelle nous vivons, solliciter et savoir séduire les gens, c’est devenu un métier à part entière. Mettre les gens en relation, créer des formats, des soirées… C’est essentiel et, pour y parvenir, il faut un vrai savoir-faire, car ce n’est pas toujours inné. D’autant que l’environnement du tennis est très concurrentiel et d’autres disciplines sont plus accessibles, plus faciles. Je pense, par exemple, au boom incroyable du running. Souvent, dans certains clubs où il y a des enseignants qui ont plus le sens du contact, cette logique dite d’« animation » est naturellement inscrite dans le fonctionnement et cela crée du lien. »

COMPÉTITION, TOURNOIS... ET, MAINTENANT, ON FAIT QUOI ?

C’est un débat qui a suscité l’enthousiasme de nos experts, notamment celui de Christophe Lesage qui, comme fondateur de la National Tennis Cup, connaît plutôt bien la question. Si la France a structuré la compétition de façon assez optimale, avec un système de classement reconnu mondialement, il y a des choses à améliorer, des réflexions à mener, tout en essayant d’éviter les dérives.

UNE RÉGLEMENTATION QUI NE FAVORISE PAS L’EXCELLENCE ?

Christophe Lesage : « Il y a plusieurs choses qui m’amènent à le penser. Déjà, dans la Ligue de Paris, les montants des inscriptions ne sont pas les mêmes que dans la Ligue de Bretagne, par exemple. Ensuite, chaque ligue a mis un règlement en place régissant le nombre d’épreuves organisées. Par exemple, la Ligue de Côte d’Azur a décrété, depuis l’année dernière, qu’un club avait le droit d’organiser un seul tournoi Open par an. Je trouve cela complètement illogique, même si je pense que leur volonté est de limiter les pratiques abusives. Selon moi, un club devrait pouvoir organiser autant de tournois qu’il le souhaite. C’est aux joueurs de choisir s’ils veulent y participer ou non, si l’accueil et le service les satisfont. Aujourd’hui, quand tu fais un tournoi de tennis, tu arrives, tu files tes 15 ou 20 euros€, tu vas jouer, merci, au revoir… Il y a 20 ans, c’était déjà un peu le cas, sauf qu’il y avait une espèce de convivialité naturelle, car le tennis marchait très bien. Ce n’est plus du tout le cas aujourd’hui. Enfin, il faut quand même se rendre compte que chaque ligue édite son calendrier de tournois. Les clubs doivent postuler pour organiser, mais il y a beaucoup plus de clubs que de semaines dans l’année. Ce qui veut dire qu’il y a des clubs qui ont des privilèges avec une date bloquée depuis 50 ans. On devrait vraiment avoir une réflexion pour ouvrir davantage le système. Au final, logiquement, de nombreux clubs peuvent en venir à manquer de motivation, de reconnaissance. Il ne faut pas oublier que ce sont des bénévoles, des gens qui donnent tout pour le tennis. »

DES DROITS D’INSCRIPTION PROHIBITIFS ?

Christophe Lesage : « Celui qui perd au premier tour, on devrait lui rembourser une partie de son inscription. Ou alors, toutes les inscriptions devraient être beaucoup plus basses et, quand tu passes des tours, tu rajoutes deux ou trois euros… A Paris, un tournoi, c’est 25 euros. Je me mets à la place des jeunes : tu prends 6-1 6-1, ça fait cher. L’idée de base, ce serait donc d’avoir un tarif évolutif, qui ne soit pas non plus pénalisant pour celui qui joue bien. Avec, si possible, de petites compensations pour les vaincus, des cadeaux… C’est ce que j’appelle un service plus. J’insiste aussi sur le rôle des juges-arbitres. Leur mission première est technique et tous ne sont pas habilités à accueillir efficacement les compétiteurs. Alors, on en revient forcément à la présence d’un animateur du club qui, lui, aurait ces compétences. Pour moi, c’est essentiel. »

ET LES DÉBUTANTS DANS TOUT ÇA ?

Olivier Letort : « Je pense qu’une grande partie des personnes qui ne reprennent pas leur licence sont des débutants à qui l’on n’a pas su proposer, en tournoi, des formats de jeu adaptés à leur niveau. A part donner un droit d’engagement et perdre au premier tour sans avoir pris le moindre plaisir, le débutant est encore trop peu choyé, même si les mentalités changent un peu. De mon côté, comme c’est l’un des cœurs de mon activité, j’ai mis en place des formats « Tennis Cooleurs » depuis longtemps et cela fonctionne parfaitement, tant chez les adultes que chez les enfants. Une fois que l’apprentissage de la compétition est acquis, alors ils sont prêts à entrer dans le système classique. »

UN SYSTÈME À REVOIR ? IDÉE 4 : REJETER UNE FORME DE MODERNITÉ Jacques Dupré : « Il est évident que la technologie apporte des solutions. Cependant, il ne faut pas se leurrer, cela ne crée pas de lien social, mais, au contraire, en détruit. La réservation des courts en ligne en est l’exemple le plus criant. Il faut sortir de l’individualisme, retrouver un état d’esprit et, peut-être, condamner ces innovations qui n’en sont finalement pas. Certains penseront que je suis archaïque, mais, croyez-moi, ils se trompent. Un club, c’est une association, des échanges… Autrement, ce ne ne sont que des courts que l’on ouvre avec une carte magnétique. »

22

I GrandChelem I

www.welovetennis.fr

LE CLUB : LA SUCCESS-STORY DE GRANDCHELEM Depuis septembre 2006 et le lancement du numéro 1 de GrandChelem, nous n’avions jamais pris le temps de vous remercier, vous, notre réseau de plus de 800 clubs qui, tous les deux mois, recevez et distribuez gratuitement le magazine. Il ne se passe pas une semaine sans que plusieurs d’entre vous nous appellent pour rejoindre notre réseau. Le pari de GrandChelem était aussi celui-là. Et il a été gagné, car vous avez compris notre démarche. Le club reste et restera toujours le lieu de la pratique, des débats et de l’initiative. Merci encore !

Pierre Bayssat : « Le tennis s’est démocratisé, mais, je le répète, la compétition reste chère. Le nombre de matchs est à peu près stable, mais je suis inquiet pour l’avenir. Avant, il y avait un état d’esprit qui régnait dans les tournois et qu’on ne retrouve plus aujourd’hui. Après la partie, on invitait son adversaire à boire un coup, cela se fait moins… Beaucoup de jeunes font de la compétition uniquement pour les points. Ils ne pensent qu’à une chose, une fois la partie terminée, c’est de rentrer chez eux. Enfin, la compétition est chronophage pour les parents, mais aussi pour un joueur adulte. Le dernier point, et je dois le dire, c’est qu’il y a un petit business qui s’est fait autour du juge-arbitre. Maintenant, j’ai l’impression qu’on cherche à prendre le plus de monde possible, qu’on nous convoque à des horaires improbables… Si on laisse les choses en l’état, on va perdre des compétiteurs, alors qu’ils tirent la pratique vers le haut. La Fédération Française de Tennis a fait ce constat et l’idée de développer de nouveaux formats pour recréer de l’envie. Je pense aux tournois multichances, sur deux jours, avec des poules. Il ne faut pas oublier que le compétiteur veut matcher. Donc perdre au premier tour, il peut l’accepter, mais pas éternellement. »

LE C

EN M E S S LA

T EN

STI E U Q 3

ONS

ÊTRE CLASSÉ, UN FREIN POUR LE JEU LIBRE ?

Alexis Tetang : « On a trop tendance à évaluer le plaisir ou la performance par le classement du joueur qu’on a battu ou avec lequel on peut rivaliser. Cela n’a pas vraiment de sens, car on peut prendre du plaisir et progresser dans chaque circonstance. Souvent, au-delà d’un certain classement, les joueurs ne veulent pas jouer avec des partenaires plus faibles. C’est une pratique qu’il faut combattre. Aux Etats-Unis, tout le monde joue avec tout le monde, en Espagne aussi. A ce sujet, il faudrait avoir une vraie réflexion sur le double qui nivelle les valeurs et qui reste un super moment de convivialité. »

LE CLASSEMENT INTERMÉDIAIRE, À QUOI BON ?

Christophe Lesage : « Les classements intermédiaires enlèvent tout ce que donne le classement. Dans une carrière de joueur, tu vas te souvenir de ta meilleure progression, quand tu montes de NC à 30, par exemple… Dans un tournoi, tout le monde vient voir le petit qui passe plein de tours, qui progresse… Il faudrait donc laisser le même classement du début à la fin de l’année, je trouve que c’est beaucoup plus motivant. Que le système des défaites ne compte plus, je trouve cela dommage aussi. »

UN STATUT DE JOUEUR PROFESSIONNEL DE TOURNOIS ?

Alexis Tetang : « Je milite depuis longtemps pour un statut de joueur professionnel de tournois. Cela permettrait d’éviter les dérives qu’on connaît, avec des joueurs qui s’arrangent avant de jouer la finale ou des garçons qui deviennent de véritables chasseurs de primes. Car, malgré tout, le budget des vainqueurs pèse dans un tournoi. »

GrandChelem I

www.welovetennis.fr I

23


DOSSIER : LE TENNIS EN FRANCE

DOSSIER : LE TENNIS EN FRANCE

ENSEIGNER : UN SACERDOCE ? UNE MISSION ? UNE ENVIE ?

MICHEL RAMILLON : « NOTRE CIRCUIT EST UNIQUE »

Pour comprendre la situation de certains clubs, mais surtout celle de l’enseignement auprès des débutants, nous nous sommes rendus sur le terrain. Sur les conseils d’Olivier Letort, notre expert, nous avons poussé la porte du TC Grigny un mercredi après-midi, quand l’école de tennis bat son plein. Et avons découvert un univers très éloigné de l’image d’Épinal qu’on se fait naturellement de son club de tennis. Accueillis de façon remarquable par des dirigeants totalement investis dans leurs missions pédagogiques et sociales, nous avons eu la confirmation que de nombreuses solutions existent pour sortir de l’immobilité. Cela passe forcément par des installations performantes, une équipe de bénévoles motivés et un corps d’enseignants qui ose se remettre en cause. C’est tout cela que nous avons constaté dans ce club de la banlieue lyonnaise. Reportage.

Depuis maintenant deux ans, le circuit de tennis de la ville de Nîmes Gard confirme l’impact que peuvent avoir des initiatives locales sur la pratique. Pour comprendre la réalité de ce succès, nous sommes allés à la rencontre de Michel Ramillon, un co-directeur enthousiaste et motivé.

Parrain de la première heure, Pascal Portes, le sélectionneur de l’équipe de France féminine de handball, sera épaulé en 2015 par Mikaël Laurent, champion du monde 2014 sourds et malentendants par équipe. Autre renfort au niveau de l’organisation, avec une collaboration de la filière licence professionnelle de l’IUT de Nîmes grâce à Virginie Ourtaz (management des organisations sports et loisisrs), de Chloé et Azir.

On a l'impression que votre circuit est devenu un classique ! C'est flatteur… Ce que je sais, c'est qu'avec une progression du nombre de participants pas loin de 50%, le circuit de tennis de la ville de Nîmes-Gard continue à grandir. Avec Pascal Courtois et toute l'équipe, on essaie de professionnaliser notre démarche pour répondre à la demande, qui est réelle. Au départ, on était sereins, avec un concept spécifique et de vrais services associés. Puis, c'est l’expérience du terrain, des éditions successives, qui nous ont permis d'apporter des modifications.

ENTRETIEN AVEC GRÉGORY LE SCOUR, MONITEUR DE, RESPONSABLE ÉCOLE DE TENNIS ET POLE SPORTIF Au TC Grigny, vous avez adopté la méthode d’Olivier Letort, « Tennis Cooleurs »… Pourquoi avoir mis en place ce type d’enseignement ? Ton équipe a adhéré tout de suite au projet pédagogique ? Pourquoi ? Il suffit de regarder ce qui se passe sur les courts ce mercredi. Avec des terrains, des balles, des formules adaptés, on est rarement dans une situation d’échec, que ce soit pour les enfants, comme pour les adultes. La réforme Galaxy Tennis est une très bonne chose, mais, ici, cela fait un bout de temps qu’elle est mise en pratique et qu’elle porte ses fruits. C’est logique que cela se formalise au niveau national. Cela favorise la fidélité du joueur au tennis, sur le long terme ? Évidemment, car, avec cette méthode, on est rapidement dans le succès, dans le jeu, mais aussi dans le duel, le match. Or, c’est l’essence même de ce sport. Les enfants, qu’ils jouent sur un grand terrain ou avec une vraie balle, ce n’est pas l’essentiel : ils viennent d’abord pour passer un bon moment et se dépenser. C’est pareil pour les adultes qui débutent. Pour mettre tout cela en place, il faut quand même un minimum de moyens… Oui et non. Ici, pour les filets, on a trouvé une solution locale ; pour le marquage au sol, dès le début, on a compris les enjeux, donc on n’a pas cédé à ceux qui expliquaient que cela pouvait déranger la pratique de la compétition. Pour le reste, il nous a aussi fallu communiquer avec d’autres clubs et chercher à améliorer notre enseignement en permanence. C’est pour cela qu’Olivier Letort vient nous remettre un coup de boost régulièrement. D’ailleurs, quand il est ici, sa formation est ouverte à tous et pas seulement à notre staff. Alors, c’est vrai qu’on est un peu vus comme des précurseurs ou des originaux, mais, ce qui compte, c’est le résultat. Et il est là, ce résultat ! Plutôt, oui, on est obligés de refuser des inscriptions, nos gamins partent de leur entraînement avec la banane, les adultes en redemandent… Après, j’ai aussi la chance de pouvoir m’appuyer sur un bureau présent et passionné, car les enseignants ne peuvent pas tout faire. Quand il s’agit d’organiser des tournois « cooleurs », de créer du lien social, le bureau et les bénévoles qui s’occupent des aspects administratifs sont

24

I GrandChelem I

www.welovetennis.fr

essentiels. Cela fonctionne en duo et c’est, ici, à Grigny, un confort de travail incroyable, motivant pour tout le monde : des adhérents aux enseignants, en passant par le club qui a des résultats. Cela confirme que tout est possible et que le tennis reste un sport formidablement attractif pour tous les âges et tous les niveaux d’expertise.

OLIVIER LETORT, UN PASSIONNÉ HAUT EN « COOLEURS » ! On le sait, Olivier Letort est un chercheur. Enseigner est un sacerdoce, qui le pousse constamment à revoir sa copie. Auteur de plusieurs livres de référence, il est l’inventeur de « Tennis Cooleurs », une méthode d’apprentissage innovante. Certains clubs ayant compris sa démarche et, surtout, l’efficacité de ses programmes font régulièrement appel à lui pour des formations où l’apprentissage du tennis par le plaisir est au cœur des réflexions. « Je le répète, il n’y a pas de fatalité. Le tennis est un sport de plaisir ; encore faut-il tout de suite mettre en place des apprentissages ludiques où le succès est au rendez-vous. Je pars du principe que jeu = plaisir = réussite = valorisation = motivation pour continuer et persévérer. Si l’on résout cette belle équation, pas mal de problèmes sont réglés et les joueurs de tous les âges répondent présents. Il faut davantage valoriser l’enseignant en lui proposant des formations adaptées, plus proches de la réalité du terrain, car c’est là que tout se passe, jour après jour. Il n’y a plus de place pour des théories ou des offres packagées qu’il suffirait d’appliquer. Chaque cas est particulier. D’ailleurs, selon, moi, il manque un vrai centre de recherche pédagogique et de l’innovation en France. » Dernier livre paru : « Aux Cooleurs de l’apprentissage, l’école de tennis d’aujourd’hui », disponible sur www.tenniscooleurs.com (20e)

L’avis de l’expert Pierre Bayssat : « Je trouve qu’un certain nombre de BE sont fortement sensibilisés aux problématiques qu’évoque Olivier Letort, c’est vraiment rassurant. Néanmoins, il existe encore des enseignants qui s’isolent de tout cela et se concentrent uniquement sur les meilleurs et la compétition. Évidemment, ils se trompent, car leur rôle ne peut être consacré à une seule thématique, sauf dans les grandes structures. C’est pour cela qu’il faut que les BE évoluent, soient formés, ouverts à des initiatives qui fonctionnent déjà, etc. »

On a beaucoup parlé de « service » en abordant le sujet de la compétition. Dans ce domaine, vous êtes plutôt à la pointe… Sur une tournée, il faut que les joueurs puissent matcher dans de bonnes conditions, tout en continuant à s'entraîner. On a donc réuni plusieurs clubs autour de notre projet afin de s'appuyer sur un nombre de courts suffisant. L'autre point important, c'est la qualité de l'accueil et de l'organisation, le respect des horaires, le juge-arbitrage…

groupes dans leur hébergement grâce à Sylvie Pourin. Et on a avancé sur des accords avec les zones de loisirs proches de nos compétitions. Le circuit se déroule en période de vacances et les jeunes sont friands d'accrobranche, de cinéma ou d'autres activités pour passer de bons moments. Au vu de vos chiffres, on constate qu'il y a un nombre étonnant de participants qui ne sont pas locaux (68%)… C'est un axe important de notre développement, car cela permet aux joueurs de rencontrer de nouveaux adversaires. Beaucoup de groupes viennent aussi, car Nîmes et sa région offrent la garantie du soleil et d'installations performantes. Je pense, notamment, aux courts des Hauts de Nîmes, qui ont été entièrement refaits. A vous entendre, on a l'impression que c'est assez simple de réunir autant de compétiteurs durant l'été, alors que le secteur traverse une petite crise…

« Sur une tournée, il faut que les joueurs puissent matcher »

Il faut que tout soit carré. Que les joueurs, les groupes qui viennent puissent planifier de façon optimale leurs journées. On est parvenus à relever ce challenge, car il y a une adhésion de la part des clubs du circuit, mais aussi parce que nous avons des partenaires qui nous donnent les moyens de nos ambitions. C'est le cas avec la ville de Nîmes, le Conseil Général et prochainement la région de Languedoc-Roussillon qui nous font confiance depuis le début et qui ont rapidement compris que l'arrivée de plus de 2000 joueurs dans la région avait des répercussions économiques directes sur les activités de loisirs, touristiques, la restauration et l'hébergement. D'une certaine façon, pendant le circuit, vous devenez un gigantesque pôle de loisirs… On garantit une qualité de prestation durant les tournois, on accompagne aussi les

Rien n’est simple, c’est aussi une histoire d’ambition, d’expertise et d’échanges. On apprend tous les jours. Ce qui nous motive, c'est de pouvoir fidéliser les joueurs et de voir arriver de nouveaux groupes de toute la France. Et puis, évidemment, de nous sentir acteurs de la pratique, car, ce sport, c'est notre ADN. Aujourd'hui, tout a changé, tout le monde est vraiment sollicité. Il faut remettre de l'humain, de la convivialité, du sourire. Il faut choyer son participant, le valoriser et, surtout, communiquer. De ce côté-là, vous êtes très actifs ! Se faire connaître, c'est important. D'autant que ce circuit est unique par son concept. On vise la barre des 3000 participants en 2015 et je peux déjà vous dire qu'au niveau des inscriptions de groupes, la courbe va dans le bon sens. Il n'y a donc pas de fatalité : le tennis de compétition est encore attractif, c'est une certitude.

LE CIRCUIT DE TENNIS DE NÎMES GARD EN CHIFFRES

• 7 clubs de Nîmes-Métropole partenaires : • 1ère édition (2013) : 1 681 participants - TC LES HAUTS DE NIMES • 2ème édition (2014) : 2 457 participants - AS BAS-RHÔNE NIMES • Retombées économiques sur la ville et le département : 575 000e - TCM LE VALLON • 68% de compétiteurs hors-département - TC RODILHAN • 65% de compétiteurs de moins de18 ans - TC NIMES • 54% classés 3ème série - TC LA CIGALE • 30% de filles - AS BOUILLARGUES • 6 groupes étrangers : Fédération Royale Marocaine, Suisse, Belgique, Chine, Cameroun et Hong Kong • 13 tournois sur deux mois pour l’édition 2015 • 25 groupes français Pour plus de renseignements, contactez Michel Ramillon : mramillon@gmail.com • Devis, hébergement et restauration, contactez Sylvie Pourin : sylviepourin@sports-etudes.com GrandChelem I

www.welovetennis.fr I

25


DOSSIER : LE TENNIS EN FRANCE

DOSSIER : LE TENNIS EN FRANCE

LE MIRAGE DES CHAMPIONS...

LE PADEL, UN NIRVANA ?

Une idée très largement admise estime que les performances des stars du circuit professionnel génèrent un effet d’entraînement et d’identification sur la pratique et les pratiquants. Si cette idée s’avère effective dans certaines situations, elle ne résiste pas forcément aux arguments de nos experts dans le cas tricolore. Selon eux, une victoire de Tsonga ou Monfils en Grand Chelem ne résoudrait pas tous les soucis du tennis français. Explication.

Tout le monde n’a presque plus que ce mot à la bouche : padel. Cette discipline, qui cartonne en Espagne, suscite beaucoup d’espoirs. Aujourd’hui entrée dans le giron de la Fédération Française de Tennis, elle pourrait peut-être indirectement relancer le tennis. Pour en savoir plus, nous avons donné la parole à Robin Haziza, fondateur du club de padel de Sophia Antipolis, un précurseur puisque le Real Padel Club est né en septembre 2012.

La défaite de la France face à la Suisse en finale de la Coupe Davis, à Lille, a mis le feu aux poudres. Pourtant, les amoureux du tennis le reconnaissent facilement : l’équipe suisse a simplement été plus forte techniquement, mentalement et physiquement que nos Tricolores – ce qui s’est passé sur les courts durant les trois jours de la rencontre le confirme. Mais les critiques ont plu et les prises de position de tous les spécialistes ont traduit une réelle crispation. Comme si la capacité ou pas des Français à briller aux sommets devait régler les problèmes actuels, lors même que la pratique du tennis est loin de se nourrir exclusivement des performances des champions. S’il est indéniable que le tennis a grandi en France avec Yannick Noah, ce sport était encore alors difficile d’accès et réservé à une certaine catégorie de la population. Cette période est révolue et le travail de la Fédération, bien aidé par la vision de Philippe Chatrier, a permis qu’il soit aujourd’hui le premier sport individuel de l’Hexagone. Mais, désormais, les interrogations se bousculent. Le sport de haut-niveau peut jouer le rôle de locomotive, comme c’est le cas en Serbie avec Novak Djokovic, mais il ne doit surtout pas devenir un cache-misère et rassurer quant à l’avenir de la pratique en France, comme l’explique Jacques Dupré : « J’ai été secrétaire général de la Fédération pendant 16 ans. Lors des victoires en Coupe Davis, on s’attendait à de larges retombées en termes de licences. A chaque fois, cela a eu un impact, je ne peux pas le nier, mais pas autant qu’on espérait. » Un avis partagé par Pierre Bayssat : « Notre travail n’est pas uniquement d’avoir un Français qui gagne Roland Garros. Pour driver la pratique, c’est beaucoup plus important de fédérer la communauté des enseignants professionnels, dont c’est le métier. Si la pratique baisse, ils n’auront plus de travail. Pareil pour la compétition. »

Personne ne forme un champion hors-norme. Le joueur devient champion grâce à une multitude de facteurs Alors, quelle est réellement la place de l’élite dans le dispositif, sachant qu’elle concentre des efforts financiers importants ? « Pour garder l’attractivité du tennis, il ne faut pas se focaliser sur les meilleurs, ce qui est un peu le cas aujourd’hui », continue Pierre Bayssat. « L’élite des jeunes dans les clubs prend beaucoup de place au détriment de la santé financière d’une structure. Or, sur les 400 000 joueurs classés, 300 000 sont en troisième série. L’élite est bien ce que ce mot veut dire : elle ne concerne qu’une poignée. Ne consacre-t-on pas trop d’énergie, aujourd’hui, à cette poignée de joueurs aux dépens de la pratique, de la masse ? Je pose la question. D’autant que la surconsommation d’entraînement n’est pas un facteur de performance. Un joueur de haut-niveau est autonome : il fait des matchs et ne doit pas être consommateur de son sport, mais plutôt acteur. Le moindre gamin qui joue bien se retrouve maintenant avec deux ou trois entraînements par semaine. Je pense qu’on est allés trop loin. D’ailleurs, la Fédération en a pris conscience et a compris qu’il fallait apporter de la convivialité. » Il en va de même pour un autre sujet très épineux… Celui de la place qu’occupe Roland Garros. Encore une fois, beaucoup de moyens sont accordés au haut-niveau : « On a tous conscience que le stade n’est plus adapté. Néanmoins, Roland Garros, qui est une vitrine extraordinaire, n’est plus vraiment le moment populaire qu’il a été », regrette Alexis Tetang. « Le marketing sportif a pris le pouvoir et, quoi qu’on dise, cela crée un fossé entre cet événement, qui était celui de la famille du tennis, et les licenciés. Il faudrait retrouver l’état d’esprit qu’on a pu y connaître. Peut-être que l’agrandissement prévu pourra permettre ce changement. »

26

I GrandChelem I

www.welovetennis.fr

C’est Olivier Letort qui finit de chasser les fantasme. Selon lui, pas de doutes à avoir : décrocher le Graal sur un circuit professionnel de plus en plus concurrentiel ne réglera aucun problème dans le temps. « Avoir ou pas des champions ne dépend pas de nous. Henin, Clijsters, Djokovic, Wozniacki, Federer... Que des numéros un mondiaux qui viennent de petits pays avec de faibles moyens dédiés à la formation des jeunes. Personne ne forme un champion hors-norme. Le joueur devient champion grâce à une multitude de facteurs et, surtout, grâce à lui-même et ses qualités intrinsèques. La France, avec tous les moyens engagés, forme beaucoup de bons joueurs et, compte tenu de tout ce qui est mis en œuvre, c’est bien normal. Pour autant, elle ne connaît pas la recette miracle pour sortir un Federer… car cette recette n’existe pas. Gagner un Grand Chelem peut avoir des répercussions à court terme. Mais, le vrai défi, à long terme, est ailleurs : c’est de fidéliser. »

On a beaucoup entendu parler du beach tennis passé un temps. Mais, finalement, on s’est aperçu que cela n’avait pas d’effet d’entraînement sur le tennis. Est-ce que le padel, lui, peut jouer ce rôle ? Le padel est ouvert à tous, pratiquants sportifs ou non. C’est un sport facile à apprendre. Il n’y a pas besoin d’être joueur de tennis à l’origine. Le beach tennis, c’est différent. Si on n’a pas de notions de tennis, de contrôle de balle, c’est plus compliqué. La surface, le sable, n’est pas adaptée et évidente pour tous. Tout l’inverse du padel qui est très facile d’accès. Alors oui, s’il s’inscrit dans le cadre d’un club de tennis, il peut avoir cet effet d’entraînement. Comment le padel peut-il se développer ? Il y a deux options. La première, qui est dans l’air du temps, passe par la FFT, puisque celle-ci a récupéré le padel sous sa coupe. Il va donc y avoir une réglementation autour du sport, la mise en place de tournois… Cela va forcément intéresser. La deuxième option, c’est d’ouvrir un club de padel 100% privé. On était les premiers il y a deux ans et demi (NDLR : l’ouverture de Real Padel Club à Sophia Antipolis a eu lieu en septembre 2012). Maintenant, même des clubs de foot à 5 créent des terrains de padel. Entre l’envie de la Fédération et celle des entreprises privées, on va arriver à combler le manque de terrains. On est encore un peu dans le flou, mais, évidemment, une fois que les choses seront plus claires, nous, à SophiaAntipolis, on s’affiliera à la Fédération. On ne l’est pas pour le moment, car, quand on a lancé notre club, la FFT n’avait pas encore repris le padel. On est les précurseurs (rires) ! Mais c’est important pour les joueurs qui seront très contents de pouvoir participer à de futurs tournois estampillés FFT. En tout cas, ces deux options se rejoignent. Et puis, on se porte également candidat à l’organisation d’un futur championnat de France à l’horizon 2015/2016. Il n’y a pas encore de date précise. L’apport de la FFT est essentiel pour permettre l’expansion du padel ? La FFT, forte de Roland Garros, est une des plus puissantes fédérations de France après celle du football. La question est de savoir ce qu’elle veut faire du padel : le développer ; ou

le récupérer, certes, pour le contrôler, mais ne rien en faire. Moi, j’ai confiance en nos dirigeants pour aider ce sport. La Fédération de Padel a existé par le passé, mais il y a eu des guerres intestines. Aujourd’hui, le tremplin passe par la FFT. Vous sentez, vous, que le tennis voit sa cote d’amour baisser auprès des sportifs ? Je ne suis plus inscrit dans un club de tennis, désormais, mais c’est ce qui se dit, se ressent… Je n’ai pas la formule magique. Pour moi, un Français qui gagne un Grand Chelem fera du bien au tennis. Le padel est une activité complémentaire, plus ludique et permet de fédérer un public très varié. Mais ce ne sera pas la solution miracle pour redynamiser le tennis en France, à l’inverse d’un nouveau Roland Garros ou d’un titre majeur. Mais c’est un travail de longue haleine. De notre côté, on a ouvert il y a deux ans avec zéro client. Aujourd’hui, on en a 700 par semaine, répartis sur quatre terrains ! On met tout notre cœur pour faire découvrir ce sport, on est ouvert tous les jours de 9h à 23h… Mon associé et moi, on est fous de padel et on fait ce qui est de plus en plus oublié dans les clubs : organiser des activités, des soirées… Le but est de se retrouver, de passer du bon temps et de donner une dynamique au sport.

LES SENIORS, AUTRE RELAIS DE CROISSANCE ? Parmi les catégories de pratiquants, dans le tennis, il y en a une qui se porte bien : il s’agit des seniors. Et oui ! Si le tennis est le sport de toute une vie, qu’on n’oublie jamais vraiment, la génération qui vécut le fameux âge d’or des années 80 en témoigne, dynamisant les chiffres chez les seniors. Ce sont souvent des personnes qui ont du temps, font vivre des structures et restent dans l’ombre, jouant en semaine, le matin, au calme et en double… Pierre Bayssat confirme qu’il y a là un véritable terreau :

L’avis de l’expert Pierre Bayssat : « Le beach a été un épiphénomène. En revanche, le padel peut apporter un esprit familial et convivial. J’ai un exemple en tête, au TC du Mas, à Perpignan. Ils ont une belle activité tennis, en plus de terrains de squash. Surtout, ils ont développé le padel et cela marche très bien, sans que cela se fasse au détriment du tennis. Tout ça va dans le sens de la vie du club. Cela fait tourner l’activité, le restaurant aussi, et permet une rentabilité qui invite à investir dans les infrastructures. Le padel est un levier important, il faut être attentif à son développement. Le beach reste plus physique et plus compliqué à installer. Je ne vois pas deux dames de 45 ans se mettre au beach tennis. Par contre, le padel, oui, ça touche tout le monde. Moi, j’y crois ! »

« Il faut se pencher sur le tennis pour les seniors. On doit pouvoir s’organiser dans les clubs pour structurer les choses afin que les seniors, eux-aussi, puissent jouer avec des formats adaptés, des balles adaptées, etc. »

GrandChelem I

www.welovetennis.fr I

27


DOSSIER : LE TENNIS EN FRANCE

DOSSIER : LE TENNIS EN FRANCE

JEAN-SYLVAIN LOEZIC :

« AVEC TENNIS AROUND ME, TROUVER UN PARTENAIRE NE SERA PLUS UN CASSE-TÊTE ! »

ET SI ON FAISAIT LA FÊTE... DU TENNIS ?

Le créateur de l’application Tennis Around Me, Jean-Sylvain LOEZIC, est un passionné de tennis, mais aussi un développeur aguerri. C’est un jour où il voulait taper la balle et qu’aucun de ses amis n’était disponible qu’il a eu cette idée.

Même si le World Tennis Day a été lancé par l’ITF (Fédération Internationale de Tennis), il nous semble opportun d’imaginer une fête du tennis, à l’image de celle de la musique. Un vrai temps fort où tous les amoureux pourraient partager leur passion et, ainsi, attirer de nouveaux adeptes.

C’est quoi l’objectif de Tennis Around Me ? Au départ, je voulais créer une application qui permette de trouver un partenaire n’importe où. Par la suite, j’ai rencontré l’équipe de GrandChelem/Welovetennis.fr et on a commencé à réfléchir à plusieurs options, avec la volonté de faire de cette application un véritable rendez-vous de la communauté du tennis. C’est-à-dire ? Tennis Around Me permet de s’inscrire sur une plate-forme pour trouver un partenaire près de chez soi ou lorsqu’on est en déplacement. Mais, à terme, on va aller plus loin, car on a de grandes ambitions pour faire de TAM une plate-forme communautaire. Un joueur qui aime faire service-volée voudra peutêtre s’entraîner avec un défenseur sur surface rapide dans un club où il y a un restaurant, etc. C’est le genre de service que TAM sera en mesure de proposer. L’idée est donc de récolter un maximum de renseignements sur le profil de l’inscrit pour que son identité tennistique soit la plus précise possible. On vous sent plutôt enthousiaste ! Oui, il existe beaucoup d’applications sur le marché, mais notre projet va bien au-delà. On a une multitude d’idées en plus, comme celle de créer un label avec les clubs qui voudront accueillir nos joueurs, par exemple. L’application existe déjà dans plusieurs langues… C’est exact, mais on va faire de la France notre show-room grandeur nature. A terme, on va référencer tous les clubs qui distribuent GrandChelem, les courts avec un accès libre, les clubs qui possèdent des courts chauffés, ceux qui ont des terres battues de qualité, du Greenset, etc. Cela veut dire que TAM s’adresse aussi aux clubs ? Oui, on veut les référencer et qu’ils adhèrent à cette idée. D’ailleurs, je les convie à s’inscrire, car le service est gratuit. Plus on aura de clubs TAM, plus l’idée de voir deux joueurs TAM venir réserver un court sera possible. Est-ce que l’idée de créer, un jour, un événement avec tous les joueurs de TAM est dans les cartons ? C’est le début, mais, avec GrandChelem/Welovetennis.fr, on ne manque ni d’idées, ni d’envies !

TENNIS AROUND ME BY WELOVETENNIS.FR… IL NE VOUS RESTE PLUS QU’À VOUS CONNECTER ! Savoir utiliser la technologie pour améliorer notre vie de tous les jours ou partager notre passion du tennis, voilà un des préceptes du site d’information Welovetennis.fr, que nous avons lancé en 2008 et qui est peu à peu devenu une plate-forme de référence. Même si couvrir l’actualité est une mission captivante, participer et aider à la pratique du tennis en est une autre. Nous avons donc réfléchi à notre engagement auprès de vous, les joueurs. Très rapidement, l’idée de créer une application pour vous permettre de trouver un partenaire près de chez vous, un partenaire avec le même état d’esprit, le même feeling, les mêmes envies, a germé. Mais, après quelques recherches, nous nous sommes trouvés face à un dilemme : cette application existait déjà. Alors, avec son fondateur, nous nous sommes mis

28

I GrandChelem I

www.welovetennis.fr

autour d’une table pour unir nos forces. C’est ainsi que Tennis Around Me by Welovetennis.fr est né. Maintenant, il ne vous reste plus qu’à vous connecter pour trouver vos partenaires de jeu, mais aussi partager votre passion. Nous restons à l’écoute de vos remarques pour améliorer notre application, sachant que des nouveautés seront proposées au fur-et-à mesure de l’année 2015 pour que vous vous y sentiez comme chez vous. Tennis Around Me by Welovetennis.fr est votre application, elle est gratuite et le sera toujours. Nous avons voulu récréer du contact et décloisonner l’idée qu’on ne peut jouer qu’avec un joueur de son club. Certes, nous ne sommes qu’au début de cette aventure qui ne sera réussie qu’avec votre soutien. Mais, sachez que, désormais, où que vous soyez, vous aurez toujours un partenaire à portée de main… ou de smartphone !

Si Roland Garros reste un moment incroyable, son visage a changé et l’évolution du marketing sportif en a presque fait, pour certains, une citadelle inatteignable. Comme c’est, après tout, le sens de l’histoire et que cet événement doit être une locomotive, il ne nous reste plus qu’à accrocher quelques wagons : « Le World Tennis Day

risqué. « A un moment donné, on avait un « tennis tour » en France : des terrains étaient installés un peu partout dans les villes, Henri Leconte venait jouer… Cela créait du buzz, les médias suivaient. Je pense vraiment qu’il faut faire ce type d’animations, car c’est beaucoup mieux que les journées portes ouvertes. Les gens ont toujours

– on pense forcément aux réseaux sociaux. La tâche est difficile, mais il y a des expériences dont on peut se servir pour tenter de fédérer les énergies. Gageons que cela créerait un bel élan populaire, dans lequel tous ceux qui hésitent à passer le cap pourraient se sentir concernés, seraient sollicités. Le tennis fait partie de notre culture et

A un moment donné, on avait un « tennis tour » en France : des terrains étaient installés un peu partout dans les villes, Henri Leconte venait jouer… Cela créait du buzz fonctionne déjà, c’est une belle expérience, une belle initiative », explique Jacques Dupré, directeur de Tennis Europe. « Plus de 2500 clubs ont adhéré et on n’est qu’au début… Cela peut prendre de l’ampleur et, surtout, cela fait parler de notre sport au niveau international. » Si on ne remet pas en cause ces résultats, une activation de ce genre à l’échelle de la planète est un pari plutôt

du mal à franchir la porte de quoi que ce soit. Il ne faut pas avoir peur de prendre des risques et d’aller chercher les futurs passionnés », analyse, de son côté, Denis Naegelen. Voilà la base posée. Mais encore faut-il parvenir à réunir tous les acteurs et, surtout, utiliser les nouveaux outils qui sont à notre disposition pour créer un mouvement

OPEN DE CAEN, POPULAIRE AU BON SENS DU TERME

comble ! Les joueurs pros ont vite compris l’état d’esprit. Ils sont très relax et vraiment surpris par cette ambiance inhabituelle. Il faut dire que l’événement se déroule en fin d’année, la saison est finie, il n’y a plus de points à défendre… Les stars viennent sans pression, juste pour participer à cette fête et offrir du beau spectacle. D’ailleurs, puisque j’en ai l’occasion, je tiens à remercier Paul-Henri Mathieu, car il a été le déclencheur, le révélateur et nous a beaucoup aidés. C’est un peu notre parrain. On a beaucoup de chance, même si je tiens à préciser que nous sommes tous bénévoles. On fait cela, parce qu’on aime ce sport. Je ne sais pas si notre modèle est transposable dans d’autres villes, mais… Pourquoi pas ? »

Chaque année, le TC Caen organise son tournoi Open avec une phase finale plutôt originale, puisqu’elle se déroule au Zénith, devant des gradins pleins, et réunit des joueurs du Top 100. Mais chaque catégorie, de la quatrième série à la seconde, a également le droit à une finale sur le même court central que les champions. Un concept unique qui confirme que tout est possible, comme l’explique Pascal Vesques, le directeur : « L’enceinte du club était trop petite et pas très adaptée pour que le tournoi grandisse. On a donc tenté l’aventure et la mayonnaise a pris. Il faut voir l’ambiance… ça crie de partout, le Zénith est archi-

la force du maillage par les clubs et les ligues permettrait sûrement d’atteindre des résultats satisfaisants. Jusqu’à l’occupation des médias, pour une autre raison que les sempiternelles performances des champions. En somme, expliquer que « tennis » rime avec « plaisir » !

ET VOUS ? Nous avons aussi besoin de votre avis, que vous soyez d’accord ou pas avec nos experts.

PROPOSEZ TOUTES VOS IDÉES PAR MAIL :

id@grandchelem.fr

réponse garantie sous 48h !

GrandChelem I

www.welovetennis.fr I

29


LE JOURNAL DE MOURATOGLOU TENNIS ACADEMY

BASTIEN FAZINCANI :

« Tout champion, aussi grand soit-il, se rappelle de son club d’enfance,

de son entraîneur ou de son terrain fétiche sur lequel il se voyait gagner un Grand Chelem chaque dimanche »

Bastien Fazincani est responsable du pôle féminin à la Mouratoglou Tennis Academy. Il donne son avis éclairé, pour GrandChelem, sur l’état du tennis en France, en apportant un regard plus précis sur la compétition, son domaine de prédilection. Et se réjouit forcément des grands projets en court à l’académie…

Bastien, nous tentons de faire un bilan sur l’état du tennis en France. En tant que coach de la Mouratoglou Tennis Academy, as-tu un avis sur le sujet ? Par ma fonction à l’académie, un avis sur la compétition, oui. Il est agréable de constater que les Français et Françaises sont de plus en plus compétitifs sur le plan international, même dans les plus petites catégories d’âge. On reste encore bien loin des tout meilleurs, mais les choses s’améliorent et l’on sait aussi depuis longtemps que nos joueurs arrivent à maturité un peu plus tard que les autres. La bonne question serait de savoir si nous avons les moyens d’agir sur ce développement tardif, qui est plus d’ordre psychologique ou culturel que purement tennistique. En ce qui concerne l’évolution de la pratique en club, j’en suis maintenant trop éloigné pour en avoir une vision très précise. Mais, par simple logique, si le haut de la pyramide s’améliore, c’est forcément que les éléments mis en place à la base, donc dans les clubs, y sont de plus en plus qualitatifs et les besoins mieux ciblés. Je sais que tu voyages beaucoup et que tu as fini ton année en Suède. Ce pays semble en perdition après avoir eu une génération de champions… Tu l’as ressenti là-bas ? Oui, c’est difficile pour eux. La meilleure joueuse est 70ème, la deuxième au-delà des 200 et il n’y a pas vraiment de jeunes qui pointent derrière. Chez les hommes, en revanche, cela commence à bouger. Ils ont deux jeunes frères qui vont vite faire parler d’eux : Elias Ymer, 18 ans, 210ème à l’ATP, et Mikael, 16 ans, qui débute sur le circuit. Ces deux-là semblent vraiment bien armés pour relancer la machine. Il faut dire qu’ils ont un système bien particulier, en Suède, avec une fédération qui ne centralise pas les jeunes talents. Tout se passe au sein des clubs, qui semblent tous avoir des moyens assez importants. Une structure privée dirigée par Magnus Norman, Nicklas Kulti et Mikael Tillström commence à y faire sa place et ses preuves – et c’est tant mieux. Les frères Ymer s’y entraînent, d’ailleurs, depuis plusieurs années. Encore un peu de patience… Mais pas facile non plus de passer après les Borg, Wilander, Edberg… On sait que le critère du classement est important chez vous. Pour le hautniveau, d’accord, mais n’est-ce pas un frein à la pratique dite « loisir » ? Oui, c’est important en parallèle de notre activité Scholarship USA, car le classement reste LE critère sur lequel se basent les recruteurs des universités américaines. Mais, au quotidien, nous n’en parlons pas vraiment. Ce qu’on cherche, c’est d’abord que les joueurs prennent confiance pour gagner des matchs quel qu’en soit l’enjeu. Et, forcément, plus tu gagnes, plus ton classement s’améliore. Pour revenir à ta question, non, je ne pense pas que cela soit un frein au tennis loisir. Personne, dans les clubs, ne t’oblige à jouer des compétitions, c’est une démarche volontaire. Par contre, si tu le souhaites, c’est devenu, aujourd’hui, très facile de jouer un tournoi, puis d’obtenir un classement. Ça, c’est encourageant lorsque tu débutes. A tes débuts, tu as enseigné en club. Selon toi, en quoi cette structure du club est importante pour progresser dans le tennis ? On a, d’ailleurs, le sentiment que votre académie est aussi un vrai club où l’on se pousse et s’encourage… Tu sais, la structure, dans le sport, c’est comme ton équipe, ta famille. Si tu ne t’y sens pas à l’aise, tu n’y accomplis rien de bon. Tout champion, aussi grand soit-il, se rappelle de son club d’enfance, de son entraîneur ou de son terrain fétiche sur lequel il se voyait gagner un Grand Chelem chaque dimanche (rires). C’est dans cette structure que tu te construis et que tu forges tes valeurs. Alors, oui, c’est primordial. Chez nous, à l’académie, cet effet est décuplé car nous évoluons dans une sorte de microsociété. Du matin au soir, tout le monde se côtoie. On s’entraîne ensemble, on mange ensemble, on vit ensemble et c’est pour cela que ça marche. Un jeune qui s’entraîne chez nous ne peut pas passer aux travers des valeurs qu’on lui inculque, tant elles sont présentes partout, à chaque instant, du matin au soir.

30

I GrandChelem I

www.welovetennis.fr

Patrick nous a confié être nostalgique du club convivial, où tout le monde échangeait, discutait, se connaissait… Je le rejoins à 100%. Encore maintenant, tous les jours, je me rappelle un souvenir ou une anecdote en rapport avec mon club d’enfance. A mon avis, c’est pareil pour n’importe quel sportif. Je vis à presque 1000 km de là où j’ai grandi, mais, à chaque fois que je rentre voir ma famille, je repasse à mon club, c’est obligatoire. D’ailleurs, j’en profite pour faire un immense coucou au TC Sartrouville dans les Yvelines. Voilà, ça, c’est fait (rires) !

Sortons du sujet de notre dossier, mais restons dans l’actualité. Est-ce que cela change sa façon de travailler d’avoir le logo Mouratoglou sur son polo (rires) ? Je l’attendais, celle-là (rire) ! Bien que le nom représente un coach reconnu jusqu’au plus haut-niveau, cela ne change pas notre travail au quotidien, mais plutôt tout ce qui se passe autour. Nous avons de grandes valeurs en commun, comme l’effort, la discipline, l’ambition et la réussite. La gagne, quoi. On se rejoint donc forcément, même si, à la base, les expériences des deux structures sont différentes. C’est même le gros point fort de cet immense projet : la fusion des expériences et des savoir-faire. Maintenant, grâce à Patrick, nous allons avoir un outil de travail unique en Europe, voire dans le monde. Même au sens large pour la France, c’est formidable. Sans compter son approche mentale du haut-niveau et de la réussite en général qu’il va pouvoir transmettre, et nous à ses côtés, à un plus grand nombre de joueurs encore…

L’ACADÉMIE S’INSTALLE SUR LA CÔTE D’AZUR

Certains pensent que c’est quand on a peu de moyens qu’on a des idées… En 2016, quand tout sera achevé ici, à Sophia-Antipolis, tous ces moyens à disposition ne nuiront pas à votre performance ? Je pense qu’on a des idées quand on a des objectifs, peu importe les moyens. Si tu veux être le meilleur, tu te dois de trouver les moyens de le devenir, dans le sport, dans le travail, partout. Même si, demain, on avait les meilleures infrastructures du monde, notre objectif quotidien resterait le même : faire progresser nos joueurs en les aidant à gagner et à repousser leurs limites dans leur tennis, comme dans leurs études. C’est quelque chose de beaucoup plus profond que la taille de notre salle de fitness ou le nombre de nos courts de tennis. Alors, non, aucun risque, la performance, c’est pour cela qu’on se lève tous les matins.

Tennis-Études

Centre d’entraînement pro Fondation pour soutenir les jeunes espoirs Stages d’entraînement

Posez vos questions à Bastien Fazincani en lui envoyant un mail : bastien.fazincani@grandchelem.fr

NICE – France



Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.