GrandChelem 6, décembre 2007

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AT U I T - D É C E M B R E 2 0 0 7 MAGAZINE DE TENNIS 100% GR

LE LIVRE ÉVÉNEMENT » R E N G A G R U O P R E U Q U D E « PATRICK MOURATOGLOU

# 06


SOMMAIRE #06 EDITORIAL NE POUR ETRE CHAMPION ?

10 : MOURATOGLOU

« JE SUIS SIDÉRÉ DU PEU DE GENS INTÉRRESSÉS PAR LE PÈRE WILLIAMS » 6

Le National Tennis Cup en fusion souffle sa 20ème bougie La plus grande épreuve amateur du monde a fêté ses 20 ans en grande pompe. GrandChelem, partenaire officiel, a posé ses valises une semaine au Cap d’Agde.

8-9 De Séverine Ferrer à Tony Parker

Ils sont fans de tennis et le clament haut et fort dans une spéciale double page Ace qui va marquer les mémoires.

10-17

PROTENNIS

RIVIERE SPORTS

CAP TENNIS IS

Parc sud Galaxie, 3 rue Octant 38130 ECHIROLLES Tel : 04 76 33 22 70 www.tennis.fr

Avenue Jean Prouvé 30900 NIMES Tel : 04 66 04 09 37 Fax : 04 66 04 09 89

139 Rue du 8 Mai 1945 59650 VILLENEUVE D’ASCQ Tel : 03 20 05 48 08 www.riviere-sports.fr

28 quai Victor Augagneur 69003 LYON Tel : 04 78 60 47 01 Mail : captennislyon@orange.fr

TIE BREAK

SARL CENTRAL COURT

RIVIERE SPORTS

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768 route de Grenoble C.S.L Les Combes 06200 Nice Tel : 04 93 08 83 31 www.tiebreak.fr

38 rue Badouillère 42100 ST ETIENNE Tel : 04 77 37 42 56 www.15a.fr

8 Rue Ratisbonne 59000 LILLE Tel : 03 20 15 22 22 www.riviere-sports.fr

41 rue Louis Brindeau 76600 LE HAVRE Tel : 02 35 22 77 59 www.promo-tennis.com

ESPACE TENNIS LA BAULE

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SET ET MATCH

222 av. de Lattre de Tassigny 44 500 LA BAULE Tel : 02 40 24 09 05 www.espace-tennis-bad.com

37 Bld Ste Barbe 59140 DUNKERQUE Tel : 03 28 66 74 98 www.riviere-sports.fr

69 Avenue des Ruchoux 87100 LIMOGES Tel : 05.55.02.25.03 www.setetmatch.fr

H-SPORTS 86 rue Montaigne - St Barnabé 13012 MARSEILLE Tel : 04 91 49 29 81 Fax : 04 91 85 04 92

Le livre de Patrick Mouratoglou, Eduquer pour gagner, ouvre un débat, GrandChelem a donné la parole aux spécialistes de la formation.

studiosbdesign.com

2 TENNIS.FR

Le gène de la victoire existe-t-il ?

20-21 Résumé d’une année

bleu-blanc-rouge réussie

Retour sur les révélations de la saison et notamment du duo inattendu composé de Gilles Simon et Nicolas Mahut.

24 Faites vos jeux

pour 2008 !

Six énigmes, quelques certitudes suisses, et des inconnues. A vous de résoudre les équations de ce début de saison.

30 Un grand chef se met

à table

Michel Troisgros est notre guest star pour clore l’année et préparer les fêtes en toute simplicité.

Tout se joue avant six ans, cette thèse soutenue par le docteur Fitzhugh Dodson au début des années 70 a suffisamment marqué les consciences parentales pour enclencher depuis 35 ans un débat sans fin sur la question de l'inné et de l'acquis précoce. Ayant transpiré dans toutes les couches de la société, cette question a atteint les rivages du sport à la fin des années 80 quand une génération d'enfants fabriqués pour atteindre les sommets a pris les rênes du jeu : Jennifer Capriati, Monica Seles, Michael Chang mais surtout leurs parents s'y targuaient d'avoir attaqué la programmation mentale du bambin au sortir du berceau. Et puis c'est l'ouragan Tiger Woods, un petit prodige modelé par un ancien béret vert du Vietnam. A 2 ans, le gamin putte sans fléchir sur un plateau de télé face au grand acteur Bob Hope. Ceux qui hurlent au loup 20 ans plus tard en sont pour leurs frais. Ils parlent encore de hasard, ils se trompent. Car entre temps a sonné l'heure de Richard Williams, un simple responsable de la sécurité qui assiste devant son poste à une remise de chèque à la fin d'un tournoi de tennis. Le montant : 40 000 dollars. Bigre ! se dit le bougre. Pouquoi ne pas refaire deux filles, les mettre au tennis et gagner autant d'argent. Sitôt dit, sitôt fait. Sans rien connaître de ce sport, Richard Williams crée deux numéros 1 mondiales et empoche la cagnotte. Qui peut encore parler de chance après ça ? C'est en tout cas la question que soulève Patrick Mouratoglou dans Eduquer pour gagner, son essai sur la fabrication des champions, une réflexion qui nous a permis de porter le débat au coeur du systéme de formation français, considéré comme le meilleur du monde et d'entendre des propos somme toute assez rassurants. Les mentalités bougent. And The Times, They Are A-Changin'. La rédaction

Diffusion : 40.000 exemplaires en diffusion nationale dans plus de 690 points (clubs de tennis, tournois et compétitions, centres de stage, magasins spécialisés). GrandChelem, le magazine gratuit 100% tennis. Fondateur et Directeur de la publication : Laurent Trupiano (laurent.trupiano@grandchelem.fr) Rédacteur en chef : Benjamin Rassat (benjamin.rassat@grandchelem.fr) Rédacteurs : Gaël Anger, Jérôme Capton, Anne Gilet, Sébastien Kozaczyk, Audrey Riou Secrétaire de rédaction : Sébastien Bordas Responsable Marketing : Alexandra Saper Photos : Caillaud Chryslène, Gianni Ciacca (Sportvision) Création artistique et mise en page : Séverine Béchet (SBDesign – Studio Graphique) Le Blog de GrandChelem : http://www.grandchelem.net Webmaster Editorial : Audrey Riou (audrey.riou@grandchelem.fr) GrandChelem est édité par la société Convergence Media 8 rue Joseph Cugnot, 38300 Bourgoin Jailleu Rédaction et publicité : 04.78.37.90.88 Vos réactions et remarques : redaction@grandchelem.fr Remerciements : Thierry Bertrand, Cap Tennis (Lyon), Pascal Collet, Olivier Letort, Jean-Jacques Poupon.

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NEWS Roger Federer ou Pete Sampras

QUI EST LE MEILLEUR JOUEUR DE L'HISTOIRE EN EXHIBITION ?

HOMMES ● ATP : LES TEMPS FORTS

S WEB ➜

http://www.rogerfederer.com/ http://www.petesampras.com/

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oyons clairs, les trois matches entre Roger Federer et son idole Pete Sampras ont entériné le fait qu'un jeune numéro 1 en activité et au sommet de son art dominait statistiquement un numéro 1 retraité et sans référence en compétition, d'où deux victoires logiques du Suisse lors des deux premières rencontres : 6-4 6-3 à Seoul, 7-6 7-5 à Kuala Lumpur. Pour le reste, Sampras reste Sampras, c'est à dire un des meilleurs services au monde en 1ère et 2ème balle et surtout un service que Federer n'ait jamais complètement parvenu à lire pendant toute la semaine, d'où une défaite pas complètement imméritée lors de la troisième partie à Macao (7-6 6-4). On pourrait soupçonner Rodgeur de ne l'avoir joué qu'à moitié, mais on se reportera aux images sur Youtube pour comprendre que Pete développe finalement le jeu le plus apte à gêner le Suisse : pas d'échange, pas de possibilité de se régler en fond de court et que des passings à tirer pendant une heure, dont le dernier termine dans le couloir à Macao. Tout un symbole. En tout cas Federer et Sampras ont eu l'air de beaucoup s'amuser dans ce tennis champagne. Verdict du Suisse toujours aussi magnanime : « Si Pete jouait encore, il serait dans les cinq premiers mondiaux ».

LE CAS GASQUET À LA SAUCE GRANDCHELEM.NET Enième sortie tonitruante d'Apolline, à l'occasion de la victoire de Richard Gasquet face à Novak Djokovic aux Masters de Shanghai, sous le titre « Gasquet ou l'éducation sentimentale». Pour traiter du cas du numéro un français, il fallait donc pour nos lecteurs sortir son petit Flaubert illustré. Selon Arnaud, ce qu'il manque à Richard Gasquet c'est la définition propre du champion : « Un vrai champion gagne pour lui, pour sa gueule, pour son plaisir personnel; une sorte

]

de jouissance intime et exclusive qu’il ne partage avec personne ». Ce qui amène Diane à poser une question implicitement soulevée par Apolline lorsque cette dernière relève les deux tics très personnels de Gasquet : 1) son regard soulagé ou inquiet vers son camp, 2) son poing serré dévié sur le côté quand il gagne un point : « Gasquet ne serait-il pas trop materné au sein de son clan ? Un ouf de soulagement pour dire: " Vous avez vu je m'en sors bien " et le poing serré mais poing d'enfant voire de nourrisson ! Je pousse un peu mais il va grandir, j'en suis sûre. Il va jouer pour lui, devenir adulte et même devenir méchant. ». Plus de 20 commentaires sur ce débat et à Patricia, l'une des sages du blog, de prophétiser avec la finesse et l'expertise qui la caractérisent: « Gasquet grandit, en fragilité certes, mais il grandit indéniablement.» . Devant la qualité constante des débats de grandchelem.net, toute la rédaction tient à présenter ses meilleurs voeux à ses fidèles internautes, de plus en plus nombreux, pour l'année 2008.

DIS-MOI QUEL ANTIVIBRATEUR TU AS ET JE TE DIRAI QUI TU ES

WEB ➜

A L'ETRANGER

31 décembre-7 janvier: Doha

7-14 janvier: Sydney et Auckland

14-28 janvier: Open d'Australie

18 janvier-25 février: Rotterdam

08-10 février: 1er tour de

LE ROI RODGEUR IMMORTALISÉ

Coupe Davis (Roumanie) ■

11-18 février: Delray Beach

10-24 mars: Indian Wells

EN FRANCE ■

11-18 février: Marseille

FEMMES ● WTA : LES TEMPS FORTS ■

7-14 janvier: Sydney

14-28 janvier: Open d'Australie

02 zr 03 février: 1er tour de Fed Cup

04-11 février: Open Gaz de France

18-25 février: Doha

25 février- 03 mars: Dubai

10-24 mars: Indian Wells

[

Roger Federer

Il était fort, il était beau, il jouait pas comme un manchot, mon roi Rodgeur. » En se transformant en roi Arthur le temps d'une séance shooting d'Annie Leibovitz, une des photographes les plus reconnues pour son travail de portrait, Roger Federer a adoré le sentiment de puissance que cela lui a procuré: « Je me suis senti fort comme un roc. Tout le monde me regardait. J'étais plus grand que n'importe qui. J'avais l'épée, j'avais

WEB ➜

http://www.disneylandparis.com

http://www.temple.edu/photo/photographers/leibovitz/index.html

l'armure et les cheveux longs à nouveau. C'était une sensation très agréable. » Une cape, une épée d'Excalibur et notre Roger rejoint ses petits camarades people qui ont eux aussi jouer le jeu pour la nouvelle campagne publicitaire de Disney: Scarlett Johansson en Cendrillon, Beyonce en Alice au pays des merveilles et David Beckham en Prince Philip. De son côté, la rédaction de GrandChelem a lancé un petit jeu interne pour

©Annie Leibovitz - Disney

trouver quel héros de dessins animés correspond à quel joueur(se). Par avance, nous présentons

nos excuses à Kim Clijsters mais dans Shrek, c’est pas elle la princesse Fiona ?

En tapant « Gasquet » sous Google, 941 000 sites sont référencés alors que de la même manière, 1 810 000 pages web s'affichent lorsque l'on entre « Paul-Henri Mathieu » dans la barre de recherche. Le record de spectateurs ayant assisté à une rencontre de Coupe Davis remonte à 1954, lors de la finale Australie-USA à Sydney où 25 578 personnes se tenaient présentes. 400 000 mordus de tennis se déplacent à Roland-Garros chaque année. Des autographes de Nadal et Federer sont en vente sur eBay pour une mise à prix de 2 euros, tandis que le site historyforsale.com propose de nombreuses signatures à partir de 200 dollars.

Sosie ●

QUI ACE ?

WEB ➜

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http://www.mikalife.fr/

http://paul-henri-mathieu.over-blog.com/

“ RELAX, TAKE IT EASY, c'est le tube de Mika que Paul-Henri Mathieu a du le plus écouter après avoir appris par voie de presse la nouvelle du départ de son coach, Thierry Champion, pour s'occuper de Gaël Monfils, autre entertainer des courts. Mika, de son vrai nom Michael Holbrook Penniman (tiens ça fait MHP, c'est drôle, non ?) partage avec PHM cette même gueule d'ange, cette même chevelure à bouclettes, cette même grande carcasse longiligne prompte à affoler les foules, enfin Paul-Henri c'est surtout sur ses propres balles de match. C'est pourtant en 2007 que les deux wonder boys ont enclenché la marche avant : 3 millions d'albums pour Mika qui, au passage, a raflé 4 World Music Awards, deux tournois pour PHM qui lui, est passé de la 55ème à la 25ème place mondiale. Pour préparer le tube de l'année 2008, Happy Ending in Roland Garros, Paulo s'est adjoint les services de Mats Wilander, autre grand guitariste à ses heures. Pour confirmer sa belle montée au filet, Mika songe, lui, à s'essayer au double mixte avec Madonna Louise Ciccone, une vieille coach italo-américaine sur le retour.

http://www.wilson.com/

C'est la nouvelle mode sur le circuit, désormais chacun y va de son antivibrateur personnalisé. Le « Bowl O' Fun » de Wilson propose toutes les couleurs d'antivibrateur au gré de vos humeurs : smiley pour Novak Djokovic, yingyang pour Tatiana Golovin et Ana Ivanovic. L'Italien Federico Luzzi (134ème mondial) nous a même confié que son antivibrateur en forme de coeur lui portait chance parce que sa petite amie avait laissé un baiser dessus. Plus pragmatiques, Roddick et Agassi sont des habitués du système D et du gros caoutchouc noué sous le dernier travers. Reste l'exception, le résistant de la dernière heure, Roger Federer: « Je déteste jouer avec des antivibrateurs, je n'entends pas la bon son du cordage, cela fausse mes sensations. » Une déclaration qui résonne avec celle de notre Mousquetaire Henri Cochet auteur de cette célèbre phrase « Le tennis est un jeu qui se joue à l'oreille. »

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GRANDCHELEM TOUR

GRANDCHELEM TOUR

ON N’A PAS TOUS LES JOURS 20 ANS…. AVEC 1 834 PARTICIPANTS, LE NATIONAL TENNIS CUP A FÊTÉ DIGNEMENT SON 20ÈME ANNIVERSAIRE. LE TEMPS SPLENDIDE A FACILITÉ LE BON DÉROULEMENT DES RENCONTRES. AUTANT DIRE QUE TOUT LE MONDE, PARTENAIRES COMPRIS, AVAIENT LE SOURIRE. RESTE PLUS QU’À PRÉPARER LA 21ÈME ÉDITION.

LE PALMARÈS HOMMES NC Wilfried LABROT 30/5 Brice HAGEGE 30/4 Hugo-Pierre MASELLI 30/3 Jérôme BERNARD 30/2 Julien TEUFFOT 30/1 Maxime BOURGOIN 30 Antoine AULAGNE 15/5 Vincent CHATEL 15/4 Matthieu LEMEILLE 15/3 Marc OLIVE 15/2 Guillaume RENAUT 15/1 Steeve NOISETTE 15 Arnaud SAVIGNY 5/6 Eric LOCARNI 4/6 Gérald TARRUSSON 3/6 Daniel BRENDER 2/6 Olivier PAGANELLI

+ 35 ans NC Lionel JACQUOT 30/5 Laurent SUCCAB 30/4 Hervé TASTET 30/3 Pierre MUTIN 30/2 Christophe ROZAN 30/1 Patrice MARION 30 Laurent BRISSART 15/5 Lionel COHEN 15/4 Benoît GHIENNE 15/3 Stéphane PASTORINO 15/2 Emmanuel BRAZ 15/1 Pascal DURLIN

FEMMES NC Laurie CHAPEY 30/5 Nicole ROBIN 30/4 Mélanie PALLUEL 30/3 Juliette KOCHER 30/2 Maryline SIMON 30/1 Marine VEILLE 30 Bérangère MAIRE 15/5 Aurélie TETOT 15/4 Carole BIGARRE 15/3 Coline BASO 15/2 Caroline CHATELARD 15/1 Frédérique ODIN 15 Céline GUY-VIDAL 5/6 Aurélie FERRER GAISSET 4/6 Camille LAGANE 3/6 Cindy PEYRE 2/6 Delphine LAMOUR

+35 ans NC Florence SAINSAULIEU 30/5 Corinne BALAINE 30/4 Maïté LIZARAZU 30/3 Marie-Christine GEORGE 30/2 Monique LAGLOIRE 30/1 Sandrine CAZES 30 Leslie TANCOGNE 15/5 Michèle NIVON 15/4 Pascale DUONG 15/3 Sandrine GASNE 15/2 Pierrette SAUSE 15/1 Déborah SCHALLMACK

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INTERVIEW D’AURÉLIA DUBOIS

CHARGÉE DE PROMOTION SPORT DE RAQUETTES CHEZ ASICS Voir Julien Benneteau s'éclater avec un gamin de sept ans sur le court de démonstration c'était prévu ? Prévu, non, pas vraiment. Cela dit, pour être honnête, ça n'a vraiment rien d'étonnant non plus. Julien est un garçon qui sait prendre des plaisirs simples. Il aime le contact avec le public et puis, ce petit garçon était génial ! Plus sérieusement, on a constaté que le team ASICS a pris un vrai plaisir ? Effectivement, ça, je peux te le confirmer. Depuis quatre ans que nous sommes l'équipementier officiel du National Tennis Cup, il ne se passe pas une journée ASICS sans que mes joueurs ne viennent me dire combien ce qui se passe ici est incroyable. Ils sentent que les gens sont contents de les voir et de passer quelques instants avec eux. Mes joueurs ne sont pas des stars, leur présence sur les tournois ne crée pas d'émeute, alors, quand ils se rendent compte à quel

point les gens qui viennent les voir ici sont ravis, ils apprécient et le leur rendent bien. Ici, les gens adorent jouer, discuter ou faire des photos avec le team. Virginie Razzano et Julien Benneteau étaient les têtes d'affiche de cette année, mais les autres (Virginie Pichet, Karla Mraz, Jean-Christophe Faurel et Frédéric Jeanclaude), ont été tout autant appréciés et c'est ça qui est bon. Mes joueurs ne rechignent jamais à venir ici car ils savent qu'ils ne vont y prendre que du bonheur ! Tu as une anecdote un peu off sur l'ambiance pendant cette journée ? Je ne sais pas si c'est racontable. Non, je plaisante, rien de grave à balancer ! Comme tu le sais, le National Tennis Cup, c'est une compétition qui se joue le jour… mais aussi la nuit. Alors, puisque, comme tu t'en doutes, les membres du team Asics ne sont pas des petits joueurs, et comme la fin d'année est proche,

nous avions décidé de nous donner rendez-vous entre 3 et 5 heures du matin (en boite, bien sûr), pour entamer les négociations des contrats pour 2008. Ton meilleur souvenir pour cette 20ème édition ? Difficile à dire, parce que lors d'une semaine de National Tennis Cup, on en a plein la tête des souvenirs super sympas. A titre personnel, je retiendrais bien sûr la super journée que nous avons passée avec les joueurs du team ASICS, car pour moi, c'est vraiment le plus grand moment de complicité de l'année que j'ai avec eux. Sinon, au titre des 20 ans d’anniversaire, comment ne pas retenir la présence de Nelson Monfort qui est venu enflammer la remise des prix en fin de semaine.

Christophe Lesage, organisateur du NTC : On avait un doute, un petit stress sur la soirée Flower Power du vendredi soir au Bora Bora, on savait pas si tout le monde allait adhérer car le choix musical était marqué. Mais on bout de cinq minutes, on a su que le pari était gagné, et que ces 20 ans étaient une réussite.

INTERVIEW DE CHRISTIAN BEZES,

DIRECTEUR DE L’OFFICE DE TOURISME DU CAP D’AGDE. Le Cap et le National c’est une vraie histoire d’amour visiblement ? C’est en tous cas une belle histoire qui dure depuis 20 ans ! L’Office de Tourisme du Cap d’Agde a participé en 1988 à la naissance de ce tournoi, et a chaque année apporté son soutien. Il l’a vu grandir, mûrir et atteindre sa vitesse de croisière qu’on lui connaît maintenant. C’est une magnifique fête du tennis, unique en son genre. Aujourd’hui, c’est une organisation bien huilée, mais au cours des premières éditions, on a connu quelques imprévus que l’on évoque maintenant en souriant avec Christophe. Je pense notamment à cette fameuse grève du courrier une des premières années et que l’on a

gérée sans filet ! On n’en finissait pas de voir arriver des participants qui ne figuraient pas sur les listes puisque leurs bulletins d’inscription n’étaient jamais arrivés. Et jusqu’à une heure avancée de la nuit, il a fallu leur trouver un hébergement au pied levé. Tout le monde était sur le pont ! Christophe a vanté les qualités de la météo du Cap pendant cette semaine, c’est exceptionnel non ? C’est exceptionnel pour qui ne connaît pas Le Cap d’Agde à cette période de l’année, mais pour nous, non ! C’est effectivement très agréable pour les participants de vivre cette semaine avec de belles journées ensoleillées, et c’est surtout

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extrêmement rassurant pour les juges-arbitres qui ont à gérer un nombre impressionnant de matches en extérieur, surtout les premiers jours. Il est vrai que sur les 20 éditions, très peu ont connu de mauvais temps, et en tous cas jamais pendant une semaine entière, ce qui a permis de toujours terminer le tournoi.

GRANDCHELEM… ● OPEN DE MOSELLE : 29 SEPTEMBRE AU 7 OCTOBRE 2007 On ne change pas une équipe qui gagne. GrandChelem est revenu sur les terres de son premier partenariat avec le tournoi ATP de Metz. Un tournoi qui avait cette année un plateau de tout premier ordre et un joueur de rêve. Véritable plaisir des yeux, mini Miloslav Mecir en mouvement - même si le Chat Milos reste immortel - tout en chatoyance, en rythme et en relachement, Andy Murray nous a impressionné malgré sa défaite en finale. Pas d’Euro 2008 pour les Ecossais mais de belles sensations à venir sur le gazon londonien où la Henman Hill devrait être très vite débaptisée en Murray Hill. A ne pas confondre avec Murray Head, le barde des années 80. ● OPEN D’ANDRÉZIEUXBOUTHÉON : 15 AU 21 OCTOBRE 2007 La rédaction de GrandChelem sur le plateau télé de la chaine TL7 pour l'émission Sport 7, animé par Thierry Bertrand, directeur du tournoi d'Andrezieux. Soudain un échange express entre Julien Benneteau, éliminé au 2ème tour et Stéphane Elric, responsable tennis de Yonex France. Aveu de Benneteau : « Il faut savoir que je suis en fin de contrat avec Babolat ». Réponse d'Elric : « Passez me voir après l'émission ». C'est beau, l'amour.. ● GRAND PRIX DE TENNIS DE LYON : 22 AU 28 OCTOBRE 2007 Petits plats dans les grands cette année dans la capitale de la gastronomie puisque tout le village des VIP était invité chaque

midi au Grand Chelem. Le restaurant tellement bien nommé que Michel Lacoste, le patron de la marque au crocodile, nous accostait le plus sérieusement du monde pour nous féliciter. « Bravo, vous montez en puissance ». Gros fou rire de la rédaction. Tout comme devant la soirée du jeudi signée Gerflor avec un défilé de mannequins digne de la grande époque où Christophe Salengro, l'actuel président de Groland, apparaissait nu comme un ver avec une simple dalle autocollante pour cacher son intimité. Et hop ! ● GRAND PRIX DE TENNIS DE LYON (BIS) : 22 AU 28 OCTOBRE 2007 Ce fut d’abord une rumeur, puis une information relayée par nos confrères de l’Equipe. Le National est de retour ! Logique donc d’aller interroger les protagonistes de ce nouvel évènement et notamment Jean-Louis Haillet. « Dis Jean-Louis, quel intérêt sportif de réunir les 8 meilleurs français en décembre ? ». Réponse : « C’est simple, on va enfin les préparer convenablement pour l’Open d’Australie sur une surface identique. On a su réunir les partenaires pour que le prize money soit à la hauteur de leurs talents et qu’ils soient chouchoutés. Avant que tout ce beau monde s’envole pour les antipodes, nous allons les rendre disponibles pour les média sur un même lieu. Qui peut nous dire que cette idée de National est une mauvaise initiative ? ». Qui ? Jean-Louis, on connait les noms mais on ne les donnera pas. Vive le National !

● MASTERS BNP PARIBAS À PARIS BERCY : 27 OCTOBRE AU 4 NOVEMBRE Belle ambiance cette année au POPB et retour du Masters BNP Paribas comme événement majeur de la planète tennis, mais un grand tournoi sans une petite vanne de Pierre Barthes ne saurait être totalement réussi. On croise l'ami Pierre à la sortie du match NalbandianFerrer, bras de fer titanesque ayant répété le même format d'échanges pendant 2 heures trente de jeu. Mines, contre-mines, surmines et dix de der entre l'Argentin placide et l'Espagnol monté sur ressort. Commentaire de l'ancien numéro 1 français : « C'est à la fois spectaculaire et un peu chiant, non ? ». Pierrot, t'es vraiment le meilleur ! ● MASTERS DE SHANGHAI : DU 11 AU 18 NOVEMBRE Nadal et Federer, inséparables même dans le football. Juste avant son interview avec le journal espagnol El Pais, Rafa se pointe dans le Players Lounge chinois avec un ballon de foot. Quelques jongles habiles de gaucher et la balle à Roger qui enchaîne avec maestria. Facilité technique des deux colistiers et ce compliment du Suisse à l'Espagnol : « Tu joues mieux que Maradona ! ». Maradona, tout de suite, les grands mots. Sont énervants ces champions...

…TOUR

Un beau tournoi de beach tennis pendant l’été au Cap d’Agde, c’est pas une bonne idée ? Toutes les idées sont à étudier d’autant plus que nos 14 kilomètres de plage sont un beau terrain de jeux !

MAGAZINE D’INFORMATIONS GRATUIT SUR LE TENNIS - TRIMESTRIEL - DÉCEMBRE 2007 - GRANDCHELEM

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ACES, SMASHS BOISES ET AMORTIES RETRO

Propos recueillis par SébastienRassat Kozaczyk, Laurent Trupiano et Benjamin Rassat parBenjamin

POUR CETTE PAGE FAN DE, IL ÉTAIT LOGIQUE D’ALLER À LA RENCONTRE DE SÉVERINE FERRER, ÇA TOMBE BIEN, ELLE ADORE LE TENNIS…

➜ Antoine Sire est le directeur de la communication de BNP PARIBAS qui fêtera cette

➜ Alexandre Bompard est le grand patron des Sports du groupe

année le 35ème anniversaire de son partenariat avec Roland-Garros. Raison de plus pour faire un

Canal Plus qui a décidé de faire du tennis un axe primoridal de sa stratégie. Décryptage

Comment as-tu découvert le tennis ?

point avec le plus gros sponsor du tennis dans le monde.

FAN DE

Qu’est-ce qui te plait dans le tennis que tu ne trouves pas dans les autres sports ? La rigueur. Quoi qu’il arrive, tu ne dois jamais relâcher, tu dois faire preuve d’un mental à toute épreuve. C’est un combat psychologique palpitant où l’intelligence a une place primordiale. Mon fils de 7 ans vient de rentrer en école de compétition, le tennis c’est toute sa vie, sa passion, son objectif. Il fait des recherches sur certains gestes techniques, il étudie chaque jeu pour mieux progresser. Il fait preuve d’une rigueur impressionnante. Ce que j’aime aussi dans ce sport, c’est la classe des joueurs. Tout est élégant, de la tenue à la gestuelle en passant par les déplacements.

Est-ce qu’il t’arrive de prendre la raquette de temps en temps ? Je ne joue pas du tout. A chaque fois que j’ai essayé ce fut une catastrophe. J’en ai déduit que je n’étais pas douée. En revanche je me débrouille plutôt bien à la Wii (rires).

FAN DE VIEILLES RAQUETTES

Thierry Moulon est certainement l’un des plus grands collectionneurs français à tel point qu’il a du déménager pour pouvoir garder l’ensemble des pièces de sa collection chez lui. Voyage au cœur du monde trépidant des ventes aux enchères. Comment devient-on collectionneur d’objets liés au tennis ? Moi j’ai une passion pour les Mousquetaires, pour Suzanne Lenglen qui est la grande époque du tennis français, et je suis persuadé que ce dernier ne serait pas ce qu’il est sans ses personnages mythiques. Roland-Garros a été construit pour les Mousquetaires. Leur première victoire est en 1927, et Roland-Garros est bâti en 1928. Cette époque-là est clef pour l’essor du tennis français. Je me passionne également pour l’avant 1900. Il y a dans cette époque une grande noblesse des matériaux Moi je trouve ça fabuleux, ce bois, ces vieux cordages boyaux, les gens qui jouent sans grip, tout l’aspect vestimentaire. C’est quand même incroyable de pouvoir jouer en pleine été avec des pantalons de flanelle, des pulls, des chemises manches longues avec des chaussures loin d’être aussi techniques que celles d’aujourd’hui. Ce moment de l’histoire du tennis, c’est aussi l’âge d’or de la photographie en noir et blanc Oui j’y suis très sensible, malheureusement je ne

suis pas le seul sur le coup et les prix flambent. Alors les prix, parlons-en ? Il y a deux mois deux raquettes visiblement historiques qui viennent de te passer sous le nez ? Si on parle de ce qui vient de se produire il y a trois jours sur eBay, c’est effectivement deux raquettes d’une personne qui n’y connaissait rien, qui a retrouvé ça dans sa maison et qui pensait même que c’était des raquettes de badminton. Mais bien authentifiées par des livres et des catalogues d’enchères, moi je peux estimer que ces raquettes viennent d’avant 1800 et même qu’elles datent du paumier du roi Louis XV, Guillaume Barcellon, dont le tableau est exposé au musée de Wimbledon. Donc ce sont des raquettes extraordinaires… qui sont malheureusement parties trop vite en Angleterre. Estimer ça, c’est très difficile parce qu’il n’y a pas de vente similaire dans les catalogues, mais on peut penser que ça tourne entre 20 et 30 000 euros. Puisque tu les collectionnes, est-ce qu’il t’arrive de jouer avec ces raquettes en bois ? J’ai essayé une fois, avec une raquette des années 60. Je l’ai écornée deux, trois fois en rattrapant des balles basses et je m’en suis tellement voulu que je n’ai pas recommencé (Rires) En revanche je n’ai jamais essayé avec des raquettes des années 20 parce que les cordages sont un peu abîmés et j’ai trop peur. Mais je

trouverais intéressant de créer un tournoi des vieilles raquettes. Ce serait fabuleux. Aujourd’hui si je garde une raquette de Nadal, dans combien de temps ce sera un magnifique objet de collection ? Moi en tout cas je pense qu’il faut la garder. Aujourd’hui j’ai deux paires de chaussures de deux très grands joueurs dont Pete Sampras qui reste le détenteur du record de Grands Chelems. D’ici quelques années, ça va prendre de la valeur. Juste pour exemple, deux semaines après la finale Federer-Nadal à Roland en 2007 s’est vendue sur eBay par un chauffeur de joueurs la vraie paire de chaussures portée par Nadal, que ce dernier lui avait d’ailleurs offerte et qui est partie à 2 200 euros. Est-ce qu’avec cette démocratisation des sites d’enchères, eBay n’est pas en train de fabriquer une nostalgie du présent ? Oui on commence à voir une multiplication de collectionneurs dans le monde entier, des EtatsUnis, d’Australie. Avant vous n’auriez même pas été au courant de l’existence de ces objets et les enchères auraient atteint des sommes astronomiques. A l’inverse, des sites comme eBay font peut-être perdre un peu de sa superbe à certains produits. On voit maintenant des raquettes comme les Dayton qui s’achetaient à 300-400 euros et qui partent maintenant à 100 euros, parce qu’on en trouve un peu trop sur le marché.

FAN DE SMASH On le sait peu, mais Tony Parker est un grand amateur de tennis. Interview coast to coast avec le plus glamour des joueurs de la NBA. Tu es Nadal ou Federer ? Plutôt Federer, même si Nadal est un vrai guerrier. Il ne lâche jamais rien. Ce qu’il réalise à son âge est exceptionnel. Concernant Roger Federer, c’est un réel bonheur de le voir jouer. Il sait tout faire. Tout semble facile avec lui. Il est capable de réaliser des coups invraisemblables. C’est un véritable magicien. Est-ce qu'un basketteur a des dispositions pour être doué au tennis ? Il est assez difficile de répondre à cette question. Je tape la balle mais je ne suis pas un grand spécialiste. On va dire qu’il me manque quelques heures de pratique derrière moi pour être un grand joueur. (Rires)

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Le dernier match dont tu as le souvenir... Dès que mon programme me le permet, je vais faire un tour du côté de Roland-Garros. Mais comme le tournoi se déroule durant les play-offs, ça me laisse très peu d’occasion d’y aller. Pour mettre les pieds à la Porte d’Auteuil, San Antonio doit perdre en demi-finale de Conférence. Cela arrive donc assez rarement. Si ma mémoire est bonne, j’étais à Roland en 2004. J’avais eu l’occasion de voir jouer Sébastien Grosjean. Joakim Noah est plus connu que son père aux USA, penses-tu que tu es plus connu qu'Andy Roddick ? Je n’en ai aucune idée. Mais dans le Texas, Roddick est connu puisqu’il a passé pas mal de

temps à Austin. Maria Sharapova, Justine Henin ou Serena Williams J’ai envie de dire Serena Williams pour sa puissance, Justine Henin pour la pureté de son jeu et Maria Sharapova pour sa classe. Le plus facile, un dunk ou un smash au tennis ? Un joueur de basket vous dira le dunk. Mais je sais qu’il faut une très bonne coordination pour réussir un smash, surtout quand la balle est très haute.

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Quel est ton joueur préféré ? Mon chouchou d’amour c’était «Guga». J’ai eu la chance de le voir plusieurs fois à Roland et ce mec dégage un truc intense sur le court qui ne laisse pas de marbre. Son histoire d’amour avec le public vient de là et du fait qu’il se donne corps et âme sur le terrain. Sinon, j’ai beaucoup aimé Chang pour son côté surhumain et Agassi pour son aspect rebelle et showman. Actuellement, je suis fan de Roger Federer, ce gars c’est le top, un extraterrestre, la classe à l’état pur.

Les bâches BNP de notre enfance sont aujourd’hui devenues les bâches BNP Paribas. A votre avis vous êtes pour combien de temps encore à Roland-Garros ? Ca c’est une bonne question parce que je ne sais pas encore quand arrivera la fin du monde. A priori jusqu’à la fin du monde, sauf incident majeur, on aimerait y rester. Vous êtes effectivement un des plus vieux partenariats au monde, très naïvement quel est l’intérêt pour une banque de rester associée à ce même évènement sportif depuis tant d’années ? D’abord il y a un très fort intérêt pour une marque d’être associée à un évènement sympathique où cette marque est très visible. Vous savez que BNP Paribas est la 2ème marque mondiale française par sa valeur après Louis Vuitton et ça ce sont des organismes extérieurs qui le mesurent en référence a un niveau de notoriété, au niveau d’attrait, au niveau de capacité de conviction et de confiance. Nous on est deuxième et on pense que le tennis, grâce aux deux milliards de téléspectateurs qui regardent Roland-Garros et qui regardent la Coupe Davis, grâce aux 60 000 invités de relations publiques de BNP Paribas sur tous les évènements tennis que nous parrainons, tout ça contribue au rayonnement de la marque.

Est-ce que tu t’intéresses au tennis féminin ? Oui, mais moins qu’au tennis masculin c’est vrai. J’adore Mary Pierce, toujours très classe, très simple, c’est une chouette fille. Après j’ai vu jouer Bartoli. C’est impressionnant.

FAN DE CLICHÉS… Gérard Ruffin scrute le tennis à travers son objectif. Auteur de l’exposition « Le 6ème set » au Tenniseum de Roland Garros, il nous livre ses impressions sur l’univers très particulier des conférences de presse.

©FFT/ERIC DELLA TORRE

J’ai toujours aimé ce sport mais depuis que j’ai rencontré mon mari je m’y intéresse d’avantage, j’ai franchi un cap. Avant ce qui m’intéressait surtout c’était les joueurs, à présent on m’a initiée à la beauté de la gestuelle, à la stratégie de jeu, à comprendre le tennis en profondeur. Par exemple, je prends beaucoup de plaisir à visionner d’anciennes rencontres sur ESPN Classic. Désormais, je savoure les matches de Borg, Chang ou encore Agassi dans son petit jean. Il y a un monde d’écart avec le tennis actuel. Aujourd’hui, il se passe moins de choses, les joueurs sont moins charismatiques et moins spontanés. Tu sens l’enjeu mais plus le plaisir du jeu.

D’où vient l’idée de photographier les conférences de presse ? Comme toujours c’est un accident, j’avais prévu de faire une planche contact sur Federer. Je n’avais pas prévu d’autres planches. Mais il a plu, et au fil de la journée, je me suis rendu compte que la conférence de presse, c’était un vrai sujet. Il y avait autre chose que les mots. Le langage du corps ? Oui, on se rend compte par exemple que Federer est très à l’aise, qu’il domine son sujet, qu’il parle toutes les langues, français, anglais, allemand. Et pourtant il se touche sans arrêt. Il se touche le nez, il remet sa mèche comme s’il voulait toujours contrôler son corps. Nadal, c’est la deuxième planche que j’ai faite. On sent qu’il est moins à l’aise, qu’il va livrer un combat, que chaque question va être difficile et qu’il va y répondre de la même façon que s’il était mené 40-0 dans un jeu. Est-ce que la barrière de la langue est problématique ? Effectivement on sent que Nadal est embêté de ne pas parler correctement l’anglais. Mais il y a une partie de cette exposition que j’ai appelé Babel et qui reprend les fins de conférence de presse, celle où vous vous adressez aux journalistes de votre pays dans votre langue. Et là on voit les visages s’éclairer. On sent qu’ils retrouvent la famille. Est-ce que la conférence de presse est le miroir du match ? Oui, la défaite est cruelle sur le court et elle est certainement encore plus cruelle en conférence de presse. J’ai assisté à la conférence de Davydenko après sa défaite contre Federer. C’était horrible, il n’y a plus que trois journalistes et c’est en plus les trois de votre pays à qui vous n’avez certainement pas envie de parler. Mais paradoxalement certaines victoires ne sont pas euphoriques. C’est le cas de Justine Hénin. Son objectif c’est la finale et on sent que chaque victoire importe peu face à cet objectif. Quel est le joueur le plus expressif ? Il y a des gens qui sont intéressant à photographier. Rafael Nadal ou Gaël Monfils, qui a des yeux incroyables, qui jouent avec les journalistes. On sent que c’est un jeune garçon qui essaye de maîtriser son sujet en le détournant. Vous avez des gens comme Mathieu, franchement c’est extraordinaire. Vous le photographiez et puis à un moment il n’est plus là. Je ne sais pas, ça le barbe ou alors il est ailleurs pendant 30 secondes. Il est parti. Il n’est plus là.

Mais pourquoi choisir spécifiquement le tennis ? C’est comme les histoires d’amour, il y a un peu de prédestination mais aussi un peu de hasard parce qu’en 1973, Monsieur Chatrier, président de la Fédération a appelé Monsieur Ledoux, président de la BNP, et il lui a dit « Ecoutez, j’ai besoin de construire des loges en fond de court. Ce serait sympa si vous me donniez un peu d’argent pour faire les loges, et j’écrirais BNP sur les loges ». Et à l’époque, le président Ledoux avait dit « Ok, d’accord, très bien, faisons affaire pour 300 000 francs ». Après évidemment le prix de bâches a légèrement augmenté depuis mais la qualité et l’ampleur médiatique de l’évènement également (Sourires). En gros on est passé de 300 000 francs à combien ? Ecoutez, aujourd’hui, l’ensemble de notre investissement tennis au niveau mondial avec Roland-Garros, la Coupe Davis, la Fed Cup et le Masters de BNP Paribas de Paris, tout ça fait autour de 20 millions d’euros. La partie Roland-Garros seul, c’est 7 à 8 millions d’euros. En tant que parrain présent depuis des années dans le milieu, est-ce que vous pouvez ressentir la mondialisation de ce sport ? C’est vrai que le monde qui se dessine est un monde dans lequel l’Asie, le Brésil, les pays du bassin méditerranée occupent une place de plus importante. Et soit à travers le tennis masculin, soit à travers le tennis féminin, pas toujours d’ailleurs dans les mêmes zones, on voit arriver des pays nouveaux dans le tennis. La Russie par exemple est devenue un pays majeur du tennis. La raison pour laquelle le tennis accompagne cette mondialisation, c’est que c’est un des très rares sports mondiaux qui se joue selon les mêmes règles. Si vous regardez les Etats-Unis, le football américain n’a rien à voir avec notre football mais il reste plus important que le soccer. Si vous regardez le rugby, c’est l’affaire d’une quinzaine de pays qui sont passionnés, mais pas plus que ça. Si vous regardez le sport automobile, on sait très bien que sa présence aux Etats-Unis est superficielle parce que les spectateurs américains ne s’intéressent qu’à la NASCAR. En revanche le tennis est vraiment mondial, avec un retentissement homogène. C’est pour ça que quand un pays arrive sur la scène mondiale, il arrive également sur la scène mondiale du tennis, et nous ça nous va très bien. Plus personnellement, quel est votre plus grand souvenir de tennis ? Je crois qu’on est tous marqués par les grands moments de tennis de notre vie d’étudiant. Moi, si vous voulez, quand Noah a gagné Roland-Garros, j’étais en train de réviser des examens très importants. Donc difficiles en conséquence vu Roland-Garros… (Sourires) Oui parce que je révisais mes examens devant Roland-Garros. Noah était en train de gagner, j’étais très en retard sur mon programme de révision et je garde d’abord ce souvenir des bâches qui n’étaient pas BNP Paribas mais BNP, et je ne savais pas qu’un jour je deviendrais responsable de la communication de ce groupe. Mais je garde surtout comme un souvenir important de ma vie ce dimanche de juin 1983 où je montais le son de la télévision pour suivre le match puis je le redescendais pour réviser. C’était horrible. Et finalement Noah a gagné et moi j’ai eu mon examen. Tout s’est bien terminé.

des enjeux liés à la médiatisation de la petite balle jaune par celui qui signe aussi le plus gros chèque en France pour le ballon rond. Canal + opère une grosse montée en puissance dans le tennis, pourquoi ? D’abord parce qu’on essaye de diversifier notre offre Sports. Aujourd’hui Canal + diffuse plus de 80 sports sur ses chaînes. Ensuite parce qu’on croit au tennis. C’est un sport mondial, c’est un sport incroyablement télévisuel qui offre des duels fantastiques. On a fait une année 2007 formidable en matière de tennis puisqu’on a eu les deux victoires de Federer à Wimbledon et à l’US Open. On retransmet tous les Masters Series et maintenant la Fed Cup et la Coupe Davis pour un certain nombre de matches. En complément, on est très content d’avoir eu l’exclusivité du tournoi du Masters BNP Paribas à Paris Bercy.

Quels ont été vos retours d’audience sur Wimbledon et l’US Open ? Vous savez, nous on est une chaîne payante et on mesure le succès d’un programme à trois critères. Un premier qui est son audience. Le second, c’est la satisfaction de nos abonnés. Et le troisième c’est l’image générale de cette satisfaction. Avec des tournois comme Wimbledon et l’US Open qui sont des tournois exceptionnels, on atteint des bons scores sur ces trois critères. L’audience est au rendez-vous sur les deux finales, autant sur le Federer-Nadal de Wimbledon que sur le Federer-Djokovic de l’US Open. La satisfaction, elle est également là parce que nos abonnés adorent ces feuilletons qui durent une quinzaine de jours. Et l’image de la satisfaction c’est l’image de la diversité des sports diffusés. Cette image nous va très bien.

Actuellement il vous manque Roland-Garros dans votre offre, est-ce que c’est un tournoi que vous voudriez avoir ? On adorerait mais il y a une réglementation en France sur les évènements majeurs qui fait qu’un certain nombre d’évènements doivent être diffusés en clair. C’est le cas pour Roland-Garros donc, pour le moment, Canal + ne peut pas être diffuseur de ce tournoi mais il va sans dire que c’est quelque chose que nous apprécierions particulièrement.

Le président Christian Bîmes parlait de votre passion personnelle pour le tennis, est-ce que ça explique que vous vous intéressiez plus précisément à ce sport-là ? Non. J’adore le tennis, mais ce qui prime c’est notre compréhension que ce sport est mondial, que ce sport a un potentiel télévisuel extraordinaire, qu’il y a des stars incroyables aujourd’hui. On a quand même Federer qui va marquer durablement l’histoire de ce jeu et les prochaines générations citeront son nom comme probablement le meilleur joueur de tous les temps. On a le phénomène Nadal. On a des Français très prometteurs, Gasquet, Monfils. On a tous les éléments pour que le tennis vive dans les années à venir une belle expansion et c’est pour ça qu’on a les droits de Wimbledon pour trois saisons, qu’on a renouvelé les Masters Series, qu’on s’est engagé sur Lyon et sur Bercy. C’était le moment de le faire parce qu’aujourd’hui tous les clignotants du tennis sont au vert.

En comparant a ce qu’il se passait il y encore trois ans avec des champions peut-être moins charismatiques, on a l’impression que Canal + a la chance en tant que diffuseur d’arriver en effet à un moment clef de l’histoire du tennis Vous savez, les Français ont un rapport au sport qui passe soit par la présence de grandes stars du jeu, soit par les performances de grands sportifs français. C’est ça que les Français apprécient le plus. Là on est à un tournant de l’histoire du tennis où on a à la fois des stars du jeu comme Federer et des Français prometteurs, charismatiques qui peuvent aussi marquer l’histoire du jeu. On a tout pour que ce soit le bon moment.

Quel est pour vous le grand moment de tennis de cette année 2007 ? L’évènement le plus incroyable, c’est la victoire de Federer à l’US Open parce que c’était un tournoi extrêmement compliqué. On a eu l’impression lors des trois derniers tours qu’il était en difficulté, il avait contre lui des balles de break dans tous les sets, des balles de sets dans tous les matches et à chaque fois on a eu le sentiment qu’il était capable sur 5, 6 points d’accélérer, de passer devant. On a eu ça aussi à Wimbledon en finale contre Nadal : la capacité de ce joueur à se situer sur une autre planète pendant quelques jeux, pendant quelques points, quand on aime le tennis c’est exceptionnel. Dernière question, vous jouez à quel niveau aujourd’hui ? (Sourires) A un niveau suffisamment modeste pour ne pas être mentionné, mais j’aime beaucoup ça en tout cas.

Comme en match, non ? Oui, ça peut être le cas aussi. (Rires). Mais ça trahit la psychologie des gens. Mauresmo, elle ne peut pas laisser passer une question sans répondre. Elle est aux aguets, elle vit les questions de façon très intense. J’ai également été étonné par Sharapova. C’est une grande fille, belle, mais elle est toujours dans la justification, sur la difficulté de son parcours, sur la difficulté d’être championne. Elle veut montrer qu’elle est autre chose qu’une poupée russe.

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DOSSIER : NÉ POUR GAGNER Propos recueillis par Audrey Riou

SI RICHARD WILLIAMS L’A FAIT… SOYONS CLAIRS. PATRICK MOURATOGLOU A DES AMBITIONS DANS LE TENNIS, ENTRE AUTRES DE DÉMONTRER LE BIEN FONDÉ DE SES IDÉES SUR LA PROGRAMMATION DES CHAMPIONS. IL A DONC SORTI UN LIVRE, EDUQUER POUR GAGNER, QUI RETRACE SA PHILOSOPHIE ET IL A CHOISI GRANDCHELEM POUR EN FAIRE SA PROMOTION. NOUS AURIONS PU ENREGISTRER LA CHOSE D’UN POINT DE VUE UNIQUEMENT COMPTABLE, NOUS AVONS DÉCIDÉ DE FAIRE L’INVERSE : DE NOUS SERVIR DE CET ESSAI POUR ALLER POSER DES QUESTION AUX GENS QUI FABRIQUENT LES SUPER CRACKS DE DEMAIN. AVEC EN TÊTE LE CAS ASSEZ EXCEPTIONNEL DES SŒURS WILLIAMS ET DE LEUR DRÔLE DE PAPA. ON PEUT EN EFFET ARGUER SUR LES MÉTHODES DE RICHARD WILLIAMS, S’INTERROGER COMME ALAIN SOLVÈS SUR LE RÉEL AMOUR DU JEU CHEZ LES DEUX SOEURS, ATTENDRE DE VOIR COMME SCOTT SILVA SI ELLES ONT L’INTENTION DE RENDRE AU TENNIS CE QUE LE TENNIS LEUR A DONNÉ, OU SE DEMANDER COMME GRANDCHELEM SI CE GENRE DE PROGRAMMATION N’EST PAS PLUS FACILE DANS LE JEU MONOLITHIQUE DU TENNIS FÉMININ QUE CHEZ LES HOMMES. MAIS IL Y A UNE CHOSE QUI EST INDÉNIABLE, C’EST QUE RICHARD WILLIAMS L’AVAIT ANNONCÉ ET IL L’A FAIT, QUI PLUS EST EN SE VANTANT DE NE RIEN CONNAÎTRE AU TENNIS. AVEC DERRIÈRE ÇA, UNE IDÉE FORTE : LE SPORT N’EST PAS UNIQUEMENT UNE QUESTION DE TALENT OU DE TECHNIQUE MAIS DE CONFIANCE EN SOI.

UN ARGUMENT QUI PÈSE ET QUI NOUS PARLE, SURTOUT EN FRANCE, À RELIRE L’INTERVIEW RÉCENTE D’AMÉLIE MAURESMO DANS LE MAGAZINE PSYCHOLOGIES : « J’AI COMPRIS CE QUI ME BLOQUAIT AVANT : LA MENACE DE LA DÉFAITE. PARADOXALEMENT JE L’AI COMPRIS EN GAGNANT ». GRANDCHELEM A DONC LANCÉ LE DÉBAT AU SEIN DES INSTANCES FÉDÉRALES, DES ENSEIGNANTS ET DES PARENTS, INCONTOURNABLE TRINITÉ. CI-JOINT SEPT PAGES DE PISTES PASSIONNANTES ET RASSURANTES POUR L’AVENIR. IL N’EST PAS DIT QU’UN FRANÇAIS RAFLE TOUS LES GRANDS CHELEMS DANS LES 15 ANS, MAIS IL SE POURRAIT BIEN QUE CELUI QUI LE FASSE AIT ÉTÉ FORMÉ EN FRANCE. ON PARIE ?

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PATRICK MOURATOGLOU

« LES FRANÇAIS NE SONT PAS ÉDUQUÉS POUR GAGNER » IL AVAIT PRÉVENU GRANDCHELEM IL Y A 6 MOIS : IL SORTIRAIT UN LIVRE POUR SECOUER LE COCOTIER DE LA FORMATION FRANÇAISE, CONSIDÉRÉE COMME LA MEILLEURE FORMATION DU MONDE. PATRICK MOURATOGLOU S'EST EXECUTÉ. VOICI EDUQUER POUR GAGNER, L'ESSAI QUI CRISTALLISE SES RÉFLEXIONS SUR CE QUI FAIT LA BASE DES CHAMPIONS. L'OCCASION DE LANCER UN GRAND DÉBAT NATIONAL SUR LA FABRIQUE DES CRACKS. JUSTE AVANT, NOUS SOMMES ALLÉS RENCONTRER L'AUTEUR POUR SAVOIR SI ON AVAIT BIEN COMPRIS CE QU'ON AVAIT LU. Pourquoi ce titre « Eduquer pour gagner » ? L’idée du livre c’est d’expliquer comment les champions deviennent des champions et ce qui fait vraiment la différence. Des joueurs qui jouent bien au tennis, il y en a des centaines. La différence se fait sur autre chose et c’est l’éducation que les enfants ont reçue, qui forge leur personnalité. Le tennis, c’est un mode d’expression comme un autre, comme la musique ou la danse, mais ce que tu amènes sur le terrain c’est ta personnalité et c’est ça qui fait de toi un vainqueur. On a l’habitude d’entendre que pour être un champion, il faut avoir un talent particulier. Qu’est-ce qui relève de l’acquis et de l’inné dans une trajectoire ? Moi je ne crois pas du tout à cette histoire de prédisposition. Je sais qu’on est tous différents à la naissance, je sais que certains peuvent avoir plus de talent pour ceci ou cela, mais ce n’est pas ça qui fait la différence au final. On peut prendre un exemple. Hormis Federer qui est un cas unique au point que je le mette hors concours, tous les autres champions, Nadal, Sharapova, les sœurs Williams, Hewitt, ne sont pas des gens qui sont très talentueux. Bien sûr ils ont un peu de talent, mais on peut trouver bon nombre de joueurs bien plus doués qui n’ont pas le début de leur palmarès. Ca montre bien que l’essentiel n’est pas le talent. Ce qui est important c’est l’éducation qui développe les attitudes pour gagner. Secundo je sais bien qu’on peut avoir quelques prédispositions, mais le tennis est tellement vaste que tout le monde a

au moins un petit talent : un bon œil, un bon pied, des qualités mentales, une bonne tactique, une bonne main. Prenez les cent premiers mondiaux, vous

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trouverez des qualités à tout le monde, donc ça ne tient pas. Dernier point, moi je trouve que les enfant sont bien plus prédisposés aux choses qu’on ne le pense. Je vois ça comme une série de pots de fleurs qu’on a devant soi avec des fleurs qui peuvent grandir à l’infini et on s’aperçoit que les parents ont très rapidement une idée de leurs enfants. « Il est doué pour ci », « Il n’est pas doué pour ça ». Vrai ou faux, les prédispositions se font comme ça : dans le regard des parents. C’est comme s'ils disaient: « Dans ce pot-là rien ne poussera. Dans celui-là non plus ». Or je ne vois pas comment un enfant à qui on dit « Il n’est pas rapide » peut devenir rapide. Les parents jugent leurs enfants. Ils ne s’en rendent pas compte mais ils le font. Et ça bloque l’enfant. Alors justement les parents sont au centre de ce livre. Quelle est leur place dans la carrière de leurs enfants ? C’est une très bonne question et la réponse est loin d’être évidente. Moi ce que je peux noter depuis que je suis dans le milieu du tennis, c’est que les parents sont systématiquement rejetés. Ils ont été mis de côté. Pourquoi ? Parce qu’on veut le pouvoir sur le joueur. C’est très choquant mais c’est la réalité. Mais j’ai vite constaté que sans les parents, on ne faisait pas beaucoup de résultats. Je me suis dit « On va travailler ensemble, avec un projet commun ». J’ai aussi noté que quasiment 100% des filles sur le circuit étaient encore avec leurs parents, ce qui montre bien qu’il y a un besoin : le père Williams, la mère Hingis, le père Sharapova, la mère Dementieva. Les autres sont véritablement des exceptions : Mauresmo et Hénin par exemple. Mais vous récupérez des enfants qui ont 10, 11, 12 ans, déjà très imprégnés de leurs parents. Que faut-il savoir de votre livre avant même de vous confier son enfant ? Je pense que ce livre donne la réponse à la question que tous les journalistes viennent me poser chaque année, c’est : comment ça se fait que les Français mettent douze joueurs dans les cent premiers mondiaux ? Ce qui prouve donc qu’on a bien la meilleure école de tennis du monde, la meilleure école de détection et de formation mais pas la meilleure école de champions. Et la réponse est ? Parce que les Français ne sont pas éduqués pour gagner. Le système américain est beaucoup plus apte à former des champions parce qu’il est basé sur un truc central qui est la transmission de la confiance. Vous parlez d’ailleurs du père Williams, qu'avez vous retenu de son histoire ? D’abord qu'on ne peut plus croire au hasard. Quand le père de Tiger Woods fait Tiger Woods, on peut toujours dire qu’il a un coup de chance, qu’il ait tombé sur un enfant surdoué. Moi je n’y crois pas mais je comprends qu’on puisse le dire. Mais le père Williams, c’est deux fois. Quand on le fait deux fois, il

Prestige rocks on

n'y a plus de hasard. Il a pris deux enfants à la naissance, il les a emmenés tous les deux à la place de numéro 1 mondial dans un sport qu’il ne connaissait absolument pas, ce qui montre bien que ce n’est pas une histoire de technique mais de psychologie et d’éducation. C’est évidement le plus grand coach de l’histoire du tennis féminin. C’est une idée insupportable pour tout un tas de gens dans le tennis mais personne n’a un palmarès comme le sien. Personne ! Donc il a beaucoup de leçons à donner à tout le monde, et je suis sidéré du peu de gens intéressés par le père Williams. Est-ce qu’on peut rentrer dans les détails de sa méthode ? Richard Williams a fait ce que j’ai décrit dans le livre, sauf qu’il l’a fait à 100% et en allant très loin y compris sur le plan de l’éthique. L’anecdote qui est incroyable, c’est quand elles sont gamines et qu’elles jouent, il les met dès le départ dans une optique professionnelle, donc elles gagnent des sous quand elles vont s’entraîner. En fait ils payent discrètement des entraîneurs pour qu’ils donnent de l’argent à ses filles quand elles s’entraînent bien. Derrière ça, il y a plein de messages intéressants. Le premier c’est « Le tennis est un travail. Si vous voulez gagner de l’argent, il faut travailler ». Deuxième message, la notion de réussite. « Quand vous réussissez dans votre travail, vous gagnez quelque chose. Quand vous ne réussissez pas, vous ne gagnez rien ». Ca, c’est la culture de la gagne. Rien n’est fait au hasard et surtout il n’y a rien de théorique. Les parents répètent « Dans la vie, faut travailler », mais c’est de la théorie ! Les gamins n’aiment pas ça. Lui, c’est pratique : « Je fais, je gagne. Je ne fais pas, je ne gagne pas ». En dehors d’un terrain de tennis, il leur transmet quoi en terme de valeur ? Tu aimerais être le père de ces deux filles-là ? Ah oui j’en serais très fier parce que je trouve que ce sont des filles très épanouies et très gagneuses. Moi en tout cas, dans les tournois, je trouve que leur comportement n’a rien de choquant. Ce qui l'est plus, c’est éventuellement leur déclaration au micro mais c’est de la provoc’ et ça fait partie du jeu. Chacun a sa personnalité. Elles se sont créées une image parce que si elles veulent faire vendre sur leur nom, il faut qu’elles aient une image très marquée. Elles ont compris le système. Pour revenir sur le père Williams, il est peut-être allé un peu loin mais il a crée quelque chose de très nouveau dans le tennis, qu’il y avait déjà dans la boxe. Le tennis est un jeu très psychologique et les sœurs Williams ont gagné beaucoup de matches avant même de rentrer sur le terrain. Elles jouent de leur physique et elles ont bien raison car ça leur a fait gagner des centaines de matches. Je ne veux pas me placer sur la question morale. On n’est pas là pour faire de la morale mais du sport de haut niveau. Nadal, qu’est-ce qu’il fait dans les vestiaires ? Il court, il fait des sauts, il fait également comme les Williams : prendre un ascendant psychologique souvent décisif. C’est très intelligent.

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DOSSIER : NÉ POUR GAGNER

DOSSIER : NÉ POUR GAGNER LA FRANCE, MEILLEURE FORMATION DU MONDE ?

QUELLE PLACE POUR LES PARENTS ?

Patrice Dominguez

Patrice Dominguez

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« Le système à la française produit une masse de joueurs dotés d’une excellente technique. Ce n’est pas nous qui le disons, c’est la concurrence. On ne va pas se lancer des fleurs mais techniquement les Français sont très en place. 15 joueurs et 11 joueuses dans les cent premiers et autant entre la centième et la deux centième place, ça veut dire qu’on sait former des joueurs. Après ça, il faut transformer le compétiteur moyen en champion puis en super crack, et c’est une autre exigence. Sur le plan physique, on a fait un énorme travail pour que tout le monde ait les pré requis pour tenir 20 tournois par an, enchaîner Roland-Garros et Wimbledon, avoir une vraie caisse physique. Trois fois par an, le CNE va faire passer des tests de validation sur les indicateurs physiques de chacun. Après on entre dans un monde d’adulte. Le défaut de la société française, c’est que c’est une société formidablement organisée mais confortable. Il y a également notre système de classement hyper sophistiqué. On a dépénalisé la défaite donc on a encouragé la compétition mais on obnubile tout le monde avec le classement alors qu’on devrait se fixer sur l’objectif final. C’est pour ça que ceux qui ont un peu de sang étranger comme les Golovin, les Pierce réussissent mieux et plus tôt. Ils mêlent la technique à la française au sens du risque en compétition. Il reste donc un travail d’exigence sur le mental. Prenez Monfils, il a tout, le jeu, le physique à 120 % mais il n’arrive pas à se situer par rapport à sa vie ou à ses contemporains comme Gasquet. Il a un problème et il ne le règlera que dans un an et demi, comme les autres. C’est dommage parce que moi j’écoute un de mes maîtres, Aimé Jacquet, qui dit qu’entre 18 et 21 ans, on peut encore travailler sur la marge et le développement de qualités supérieures, mais après on ne fait plus que de la récupération. »

Alain Solvès

« La qualité de la fomation française vient d'une chose assez simple : la qualité des enseignants. En France le niveau de l’enseignement est celui qui demande le plus haut niveau d’expertise. On a été à l’époque de Gil de Kermadec (ancien DTN, photographe et réalisateur) les initiateurs de la méthode française. Même si elle a évolué, la culture, les examens qui sont demandés avec les démonstrations sur le terrain, justifie une vraie connaissance de la technique ce qui n’est pas le cas dans tous les autres pays. Il n’y a pas les mêmes pré-requis à l’étranger. La deuxième chose, c’est qu’on est convaincu qu’il y a un âge d’or de la progression où on peut insister sur le fait qu’il n’y ait pas de limites techniques pour aller au plus haut niveau. C’est une vision française même si on sait que ça ne jouera pas que là. La balle de match ne sera pas jouée sur une question de technique ou d’esthétique. Si je parle de l’esthétique, c’est qu’on nous donne l’image d’un apprentissage de la technique sous un objectif d’esthétique, alors que notre approche est purement mécanique, tournée vers la prévention des blessures. C’est un langage d’efficience. Nous on ne met pas une note artistique à la fin. En revanche on sait que pour jouer au tennis, il ne faut pas être blessé et si on prend un Gasquet, il rentre dans le top 10 parce que c’est l’année où il joue deux fois plus que les autres années. Pour la première fois, il engage une année complète parce qu'il n'est pas blessé. »

L'intégralité des interviews réalisées pour concocter ce dossier se trouve sur notre blog

www.grandchelem.net

TROIS TÉMOINS FACE AUX QUATRE QUESTIONS QUI TUENT

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« Puisqu'on parle des parents, je tiens à dire que le problème du papa Rezaï a été réglé. Les Rezaï ont aplani le différent entre eux et la DTN, et je trouve que c’est une bonne chose parce qu’on ne pouvait pas continuer comme ça. Je suis très content qu’on soit parvenu à cette entente, c’était une de mes priorités et c’est donc ce que je répète aux entraîneurs : « Les parents seront toujours les parents, donc on doit faire avec ». C’est une directive de la DTN : toutes les décisions que nous prenons avec les enfants doivent être prises avec leurs parents. Moi-même je suis parent d’enfants, si on ne me demandait pas mon avis, je ne supporterai pas ça. Maintenant il est vrai que pendant longtemps on a dit aux parents « Vous posez les enfants sur le parking et vous revenez les chercher à 17 heures ». Aujourd’hui on est dans une société qui a évolué. On ne peut plus faire ça. D’autant que le problème se pose de façon encore plus accrue avec les filles car elles sont lâchées précocement dans le grand bain. Mon métier a changé depuis 10 ans. Je dois raconter aux parents où les enfants vont se situer dans un an, dans deux ans, dans dix ans. Je fais des réunions qui impliquent également le corps médical car il y a eu les problèmes soulevés ces dernières années par la prévention du dopage, le harcèlement sexuel, etc… Les parents doivent être informés et principalement sur une chose, c’est que dans notre sport il y a de la cruauté : sur cent enfants d’une classe d’âge, seul un enfant ira au bout. Donc il ne faut pas s’emballer. Tout le monde ne sera pas la fille du père Williams. »

Alain Solvès

« La grosse évolution de ces dernières années, c’est que les parents sont placés au coeur de la cellule . On s’attache avoir une formation sur les parents avec des psychologues, des pédopsychiatres pour leur faire comprendre les enjeux de la pratique de leurs enfants et leur clairifier leur rôle. Leur rôle c’est de donner de l’amour, de la confiance en soi mais de ne pas être des juges. Et c’est difficile. Pendant des années, on est resté sur les dimensions techniques. Il fut un temps où les parents devaient rester dans la voiture, là maintenant c’est une vraie association. On a besoin d’eux. C’est eux qui vont être capable de nous dire si l’enfant s’endort bien, se couche tard, mange bien. Un gamin a également besoin du réconfort de ses parents. Au-delà de ça, il y a eu un rajeunissement de la filière. Quand avant on envoyait les premières tournées à 14 ans, aujourd’hui c’est 12 ans donc les parents doivent être là. Il y a également eu des faits extra sportifs… donc la responsabilité du soir, du coucher, c’est fait avec les parents. Ca nous dégage de ce type de responsabilités par exemple. »

Scott Silva

« Ma place de parent est très simple, elle est de mettre tout le monde en responsabilité avec le projet et de garder un regard général sur celui-ci. Je discute avec Patrick Mouratoglou et avec les différents responsables de l’Academy. Question tennis, eh bien justement je ne suis pas un joueur de tennis ! (Rires) D’ailleurs si on joue avec des balles modifiées, mon fils peut déjà me battre. Vu son niveau et vu ce qu’il peut devenir, mon boulot c’est donc d’organiser les choses autour de lui, le rapport aux médias par exemple, le site où je tiens régulièrement les informations sur lui, pour faire en sorte qu’il ne soit pas qu’une bête de foire, un phénomène de cirque, mais qu’il y ait de la substance. Je veux dire que si tout le monde fait ce qu’il a à faire, il n’y a aucune raison pour que nous échouions, il n’y a aucune raison pour que Jan ne remporte pas plusieurs Grands Chelems. Maintenant la chose la plus importante, c'est l'amour parce que c’est ce qui reste à la fin de la journée. Il faut savoir que dans les 5, 10 prochaines années, Jan va jouer et perdre beaucoup de matches. Défaites, défaites, défaites et nous, nous continuerons de l’aimer quelque soit son destin. Vous savez, on écoute pas mal de rap à la maison et il y a une chanson de Jay-Z qui raconte la peine qu’il y a à perdre, mais c’est une peine obligatoire qui t’apprend justement à ne plus vouloir perdre. Moi je veux que Jan apprenne ça, je veux que des gamins le battent, sans discussion possible, parce qu’à la fin, on est un grand champion que si on a appris à perdre. »

DE L'INTERVIEW DE PATRICK MOURATOGLOU, GRANDCHELEM A TIRÉ QUATRE PROBLÉMATIQUES CONCRÈTES. 1) POURQUOI LE MONDE ENTIER RÉPÈTE QUE LA FRANCE A LA MEILLEURE FORMATION DU MONDE ? 2) EN CONSÈQUENCE, OÙ SE SITUE NOTRE PROBLÈME : DANS LA TÊTE ? 3) QUELLE DOIT DÉSORMAIS ÊTRE LA PLACE DES PARENTS DANS LA RÉUSSITE DE LEURS ENFANTS ? 4) QUELS ENSEIGNEMENTS PRÉCIS TIRER DE L'EXTRAORDINAIRE RÉUSSITE DE LA FAMILLE WILLIAMS ? POUR RÉPONDRE À CES QUESTIONS, NOUS SOMMES ALLÉS VOIR TROIS TÉMOINS CLEF : PATRICE DOMINGUEZ, RESPONSABLE DE LA DIRECTION TECHNIQUE NATIONALE, ALAIN SOLVÈS LE RESPONSABLE DU PROGRAMME AVENIR NATIONAL ET SCOTT SILVA, LE PAPA DE JAN SILVA, CE PETIT PRODIGE ARRIVÉ À 5 ANS EN FRANCE ET QUE SON PÈRE ANNONCE COMME ÉTANT LE FUTUR TIGER WOODS DU TENNIS.

C'EST DANS LA TÊTE, DOCTEUR ? Patrice Dominguez

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« La France est une société qui compare, ça veut dire une société restrictive, qui met des étiquettes. Ce n’est pas bon quand on cherche le haut niveau. Le nerf de la guerre, ce n’est pas d’avoir l’orgueil mal placé, c’est de renforcer l’estime de soi, même avec des défaites. Les trois points sur lesquels on insiste le plus à la DTN, c’est la technique, le qualitatif et renforcer les points forts. Renforcer les points forts. On a eu trop tendance à formater des joueurs égaux, équilibrés. Or moi j’ai toujours eu des profs qui m’ont dit - et Bollettieri est un maître dans ce domaine : « C’est par son point fort qu’on ait craint ». C’est par son point fort à 4 partout 30 égalité, quand le fond du pantalon est mouillé, qu’on gagne le match. Tout le monde est capable de bien jouer au tennis, mais c’est sur ce point-là qu’il ne faut pas se tromper. Or si on ferme les yeux, quels sont les points forts des joueurs français ? Est-ce qu’on a un Français dans le top 10 des serveurs ? Non, pas un depuis 10 ans. »

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Alain Solvès

« Sans rentrer dans de la basse philosophie, je pense que c’est un problème d’éducation et de société. Contrairement aux Américains, on est dans une société judéo-chrétienne. Moi je me suis amusé à prendre les 10 commandements. Sur les dix, il y en huit qui sont formulés de façon négative. « Tu ne feras pas, tu ne feras pas, tu ne feras pas ». Le mal français, c’est « Oui, mais… ». C’est quelque chose sur lequel on travaille. Combien d’enfants en France quand ils ont bien fini leur devoir ont des parents qui leur disent « Fais de ton mieux, c’est bien, bravo » ? Et combien leur disent « T’as eu que 15 ? T'es privé de sport ce week-end!» ? Alors que ça fait 15 ans qu’on sait que la réussite dans la vie se joue sur l’estime de soi. Après ça on a une maturité physique en France qui est plus tardive que dans d’autres pays. Quand Gilles Simon ou Julien Benneteau arrivent sur le circuit, il leur manque 10 kilos. A part leur faire des piqûres ce qu’évidemment aucune fédération ne saurait faire (Rires), on ne peut rien faire d’autres. On a peu « d’athlètes ». Allez à la sortie d’une terminale, vous verrez que le Français a un physique moyen. J’aimerais aller à la sortie d’un lycée croate pour ne voir que des gars qui mesurent 1,85 m, 1,90 m. Et puis il y a l’appropriation du projet entre 12 et 15 ans où on ne joue plus pour l’entraîneur, ni pour la structure, ni pour les parents, on joue pour soi-même, on est livré à soi-même. Ca change tout. »

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ET LE PÈRE WILLIAMS, C'EST DU POULET ? Scott Silva

« C’est vrai qu’en m’asseyant au bord des terrains, je vois des jeunes Français rentrer sur le court et avant même la première balle, je sais qu’ils vont perdre, mais il ne faut pas comparer commme ça la mentalité française et américaine parce qu'il n'y pas une mentalité américaine générale, il y a une mentalité américaine dans certains endroits spécifiques. Par exemple sur les playgrounds de basket ou dans n’importe quel parc de Californie, tous les gars qui sont là sont persuadés qu’ils sont le meilleur joueur de basket au monde. Ce sont des gars qui vont développer cette espèce de dureté qui va leur permettre de se mesurer en permanence. C'est une dureté qui vient de la rue, ça vient des règles de la rue. Vous êtes obligés d’être confiant en vous sinon vous n’aurez aucun succès. Vous savez que votre copain ou votre adversaire veut également y arriver. Et celui qui sera le plus fort, c’est celui qui ne va pas renoncer, qui sera le plus costaud, le plus malin, celui qui comprend mieux le jeu, les subtilités. Et si vous bossez bien, vous pouvez être celui-là, celui qui aura le plus de succès. Mais la raison pour laquelle nous sommes venus en France, c’est que si vous regardez le nombre d’enfants qui jouent au tennis par pays, la France est celui qui a la plus grande proportion. Les plus grosses compétitions ont lieu en France. C’est donc là que nous voulons être. Nous plaçons tout sur le long terme. La France est le pays idéal de ce point de vue-là. »

Patrice Dominguez

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« Le père Williams a fait pour ces deux cadettes ce qu’il n’avait pas fait pour les aînées. Elles ont formidablement réussi du point de vue du tennis. Maintenant est-ce que ce sont des femmes heureuses et épanouies ? Je ne peux pas en juger, je ne les connais pas assez pour ça, on verra sur la durée. Mais ce qu’a fait le père Bartoli est du même tonneau. Moi j’ai un immense respect pour Walter Bartoli parce que ce qu’il a amené Marion là où elle est, personne n’aurait pu le faire. Il lui a tout donné, et au passage énormément d’amour. On ne réussit pas sans amour. Alors certains me diront que c’est un amour intéressé, mais le père Graf a également amené Steffi là où elle est. Il n’y a pas que de la frustration et de la procuration entre un père et sa fille. Non, il considère qu‘elle a des qualités, qu’il peut développer un projet avec elle et qu’ils vont partir dans ce projet. On parle moins des pianistes et des violonistes qui se tapent des heures sur l’archet avec des parents derrière, mais c’est la même chose que le père Williams. Et on entend : « On leur a volé leur enfance ». Mais non, on ne leur a rien volé du tout, c’est leur projet, c’est une construction. Dans certains cas, la collaboration s’arrête et le témoin se transmet. C’est le cas de Francis Gasquet qui passe le témoin à quelqu’un de son âge, Eric Deblicker, mais il reste cette filiation même si le discours change. »

Alain Solvès

« A la DTN, George Goven est rentré en contact avec Richard Williams, mais c’est toujours difficile de parler du cas des deux soeurs. Même si l’une est partie six mois faire de la mode, de la décoration, du cinéma, c'est sûr qu'elles tiennent encore le coup. Maintenant je ne crois pas que les Williams, on les retrouvera dans 20 ans à la tête de la Fed Cup américaine. Je ne suis pas certain qu’elles aient l’amour du jeu. Alors tant mieux, Richard Williams a réussi, et ce qu'il a fait c’est un truc de dingue. Il y a un vrai projet des parents parce que ce sont eux qui amènent les enfants au tennis mais je crois qu’à un moment le projet doit être approprié par l’enfant qui doit avoir un rêve, celui d’être numéro 1. Les pro disent « Avant 12 ans, c’est très compliqué de jouer pour soi ». Après, vers 14 ans, au moment de la puberté, il y a ce choix à faire. Or l’aspect compliqué, c’est que de façon de plus en plus précoce dans le tennis, il faut élaborer des stratégies alors que rien n’est prêt à l’intérieur du corps. C'est une course à l'armement qu'on veut la plus généraliste possible, avec le plus de confiance en soi mais on sait très bien qu’on n’a aucune garantie, que celui qui est timoré à dix ans avec une bonne victoire peut prendre une confiance décuplée, et qu’au contraire celui qui fait 10 centimètres de plus que tout le monde à 10 ans et qui fait le malin, à 15 ans peut faire 10 cm de moins que ses copains et ça va beaucoup changer pour lui. C’est sur cette fragilité qu’on travaille. »

Scott Silva

« Richard Williams a fait deux filles et il a fait deux championnes qui ont mis la main sur le circuit et empoché tous les gains pendant trois ans. Ca c’est incroyable. Il avait surtout l’argent pour le faire, pour éduquer ses filles. Alors cet argent je ne sais pas où il l’a trouvé, mais il l’a fait, qui plus est à sa façon, avec ses idées sans se soucier de ce qu’on allait lui raconter et si ça collait avec ce qui se faisait ou non. Parce que ce n'est pas ça qui est important. Ce n'est pas ça. On n’a pas besoin de savoir jouer au tennis ! Bon mais il est certain que s’il avait su jouer, elles auraient peutêtre développé une autre technique, et qu’elles auraient remporté deux fois plus de Grands Chelems aujourd’hui. Quelque part c’est ma problématique personnelle sur cette question. Mais ce que Richard Williams a fait reste incroyable. Vraiment incroyable. Maintenant le grand test et la grande question que je pose, c’est qu’est-ce que Richard Williams a rendu au tennis ? qu’est-ce qu’il a fait pour le tennis afro-américain chez les juniors ? Est-ce qu’il aide sa communauté ? Avec ma femme, nous sommes très impliqués sur ce genre de question. »

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DOSSIER : NÉ POUR GAGNER

DOSSIER : NÉ POUR GAGNER

PATRICK LABAZUY

LE LIVRE ÉVÈNEMENT !

RESPONSABLE DU PÔLE FRANCE DE POITIERS, PATRICK LABAZUY A INAUGURÉ UNE EXPÉRIENCE CONCRÈTE D'ÉCHANGES TENNISTIQUES EN INVITANT LES ENTRAINEURS ET LES JEUNES TALENTS DU POLE ESPOIR ESPAGNOL À VENIR SE CONFONTER AUX MEILLEURS FRANÇAIS. UNE SEMAINE D'ENTRAINEMENT ET DE JEU LIBRE RICHE EN ENSEIGNEMENTS QUE CE PASSIONNÉ DE LA PÉDAGOGIE ACTIVE NOUS A RESTITUÉ EN UN TEMPS RECORD. Patrick, vous venez juste de recevoir les jeunes Espagnols pendant une semaine au Pôle France de Poitiers, qu’en est-il ressorti ? Il en ressort qu’on est bien plus en avance qu’on ne le croit. Dans l’échauffement, dans les rituels d’avant match, dans le conditionnement, quand les Espagnols rentrent sur le court, il ne se passe rien.

ont 44 Futures en Espagne alors qu’on doit en avoir qu’une trentaine en France. Ce calendrier permet à ces joueurs d’expérimenter très vite un monde de semi-pros, de voir qu’il est abordable, qu’on peut y avoir sa chance. Enfin il y a le temps, le soleil, le fait pour eux de jouer dehors pendant toute l’année, de jouer tout le temps.

C’est bien ? c’est mal ? Non, mais ça veut dire deux choses. 1) Ce sont des joueurs avant tout, ils aiment le jeu libre 2) Ils ont compris que le tennis commençait à 17, 18 ans et que c'est une affaire de combattants.

Ils jouent sur quelle surface ? Sur tout, terre battue, green set, pas de problème. Nous ce sont des conditions qu’on ne peut avoir que dans le sud-est de la France.

Côté entraîneurs, ça se passe comment ? Même chose. Ils leur donnent très peu de consignes, font très peu d’interventions, laissent les enfants libres.

De leur côté, qu’est-ce que les Espagnols ont appris ? D’abord ils savaient qu’ils venaient dans le pays idéal du point de vue de la formation. Il faut savoir qu’il n’y a qu’une quinzaine d’entraîneurs nationaux en Espagne. En France, vous en avez entre trois et quatre par Ligue, ce qui veut dire une grosse centaine d’entraîneurs sur tout le territoire.

Mais ça veut dire que des gamins ont balancé des raquettes et qu’eux n’intervenaient pas ? Oui, on a pu voir ça. Certains gosses ne se tenaient pas forcément très bien et les entraîneurs n’intervenaient pas. On leur a quand même fait quelques remarques et le dernier jour, ils ont repris un des gamins qui se tenait mal. Mais la différence vient de quoi ? Je dirais que ça vient de l’éducation à la française. En France, on n’aime pas voir un gamin gueuler, jeter une raquette sans interve-

nir immédiatement pour le recadrer. Il y a une éducation tennistique qui se double d’une éducation plus large, d’une palette complète de valeurs qu’on va essayer de transmettre. L’éducation est prise au sens large, quelque part dans un sens plus intello. Ca a ses avantages et ses défauts aussi. Est-ce que c’est si problématique que ça de balancer une raquette ? C’est justement le point sur lequel j’ai attiré l’attention de mes entraîneurs. Le truc le plus important chez nos jeunes, ce sur quoi on veut travailler, c’est leur ego. Donc quand ils balancent une raquette, la question ça doit être « quelle est la conséquence ? estce que ça a une influence sur son jeu ? ». Si son jeu se détruit, ce n’est pas tolérable, mais si le jeu ne s’en ressent pas, on peut aussi se dire « pourquoi pas ? ». D’autres différences culturelles à première vue ? Oui, la différence des calendriers et le temps. Sur le calendrier, ils

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Mais là aussi qu’est-ce que vous avez appris en regardant vivre vos confrères ? Moi je retiens l’enthousiasme de ces entraîneurs. Ce sont des gens très gais, très souriants, très positifs. Je trouve qu’on ne s’enthousiasme pas assez en France. On devrait plus souvent dire à nos enfants qu’on est super content. Quand vous allez passé les brevets d’entraîneur, vous allez recevoir 8 consignes sur 10 qui

sont négatives et c’est celles que vous allez répéter à vos enfants : « Fais pas ci, fais pas ça ». Mais je n’entends pas assez des termes comme « audace », « tenter », « bravo ». Est-ce qu’on peut maintenant rentrer dans les détails de cette semaine ? On a débuté par des journées avec des séances très orientées, très fermées, presque rébarbatives parce que je voulais voir comment tout le monde allait réagir. Et on voit que les Espagnols n’aiment pas quelque chose d’aussi encadré, répétitif. De leur côté, nos jeunes ont adoré parce que ça les a rassuré sur leur niveau technique et sur le niveau de notre formation. Ils sont en avance sur les Espagnols. Il y avait même un petit côté « C’est des branleurs ou quoi ? ». Et puis à partir de jeudi on a lancé du jeu libre, des matches. « puntos » comme disent les Espagnols et là c’était tout de suite autre chose. Les gars se sont éclatés. Les Espagnols étaient dans leurs éléments. Il y avait tout à coup cette envie, cet

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orgueil incroyable, cet ego. Ils prennent un plaisir fou à courir partout et l’autre chose qui nous a frappé, c’est qu’ils acceptent de mal jouer pour gagner. Ils s’adaptent à cette frustration. Nous on a encore du mal. Pourquoi ? Parce qu’il y a notre culture du beau geste, du beau jeu, et que gagner en jouant mal n’est pas suffisant en France. Les Espagnols acceptent mentalement ces moments-là. Techniquement on a également remarqué qu’ils avaient des prises très fermées, qu’ils se servaient beaucoup de l’amortie sur terre battue et qu’ils avaient un pourcentage de 1ère et 2ème balles assez incroyable : 83% sur la moyenne des matches, c’est énorme. Et derrière ça, ils courent partout, ils sont indébordables.

LA GALAXIE DES PRODIGES TRACY AUSTIN Née le 12 décembre 1962 Professionnelle en 1978. Plus jeune joueuse à remporter l'US Open à 16 ans et 9 mois en 1979.

MICHAEL CHANG Né le 22 février 1972 Professionnel en 1988. Plus jeune joueur à gagner un match du tableau final à l'US Open (15 ans et 6 mois) après avoir bénéficié d'une wild card.

Après ça, vos jeunes ont-ils compris où se trouvait le talent de Ferrer ou de Robredo ? Ah mais tout à fait ! Il n’y a qu’à voir une chose. A la sortie de la matinée de matches, quand on leur a dit qu’ils allaient devoir remettre ça l’après-midi contre les Espagnols, on a tout de suite vu dans leurs yeux que ça allait être dur. Il ne faut pas que nous devenions des joueurs d’entrainement.

MONICA SELES

Patrice Dominguez, votre DTN, insiste justement sur la notion de jeu libre, jouer des sets, jouer des matches, s’amuser. Ca me fait penser à quelque chose d’autre. J’ai assisté à RolandGarros à l’entraînement de Nadal le matin de la finale contre Federer. Je n’avais jamais vu ça. C’était n’importe quoi, des coups entre les jambes, des amortis rétros, il n’a fait que s’amuser. Un entraîneur français aurait vu ça, il se serait arraché les cheveux, mais ça montrait au contraire que Nadal se sentait bien, qu’il était décontracté, libéré. Il faut favoriser cette libération. Il faut laisser libre.

Née le 29 mars 1976 Professionnelle en 1990. Plus jeune joueuse à atteindre une finale en circuit professionnel (13 ans et 11 mois) en 1990.

Mais ça voudrait dire que l’entraîneur français accepte de perdre le pouvoir sur son joueur. Etes-vous capable de ça ? Ce n’est pas un pouvoir, c’est simplement que tout le monde veut être rassuré. Moi il y a quelques temps, j’ai proposé pendant quatre mercredi par mois aux entraîneurs de laisser les enfants jouer les matches, sans intervenir. Résultat, les parents vous tombent dessus en vous demandant à quoi vous servez, donc fatalement on va rassurer les parents en leur montrant qu’on s’occupe des enfants, en faisant de la pédagogie le long du terrain. Le problème commence avec l’éducation française. C’est un éducation qu tourne autour d’un mot « Attention ». On est frileux, on a peur, on est un pays qui fonctionne dans le jugement. Mais ça ressemble surtout à un besoin d’amour : besoin des enfants de montrer qu’ils aiment leurs parents en faisant ce qu’ils veulent, besoin des parents de montrer qu’ils s’intéressent à leurs enfants. Oui, mais le problème c’est que ce cordon ombilical a du mal à être coupé. Je ne compte pas le nombre de jeunes qui se retournent vers leurs parents après chaque point. La comparaison avec les Espagnols nous a également permis de voir le confort dans lequel on vivait alors que le tennis devient hyper concurrentiel. Tous nos enfants ont un contrat textile, un contrat raquettes, un contrat chaussures, même pour le 4ème ou 5ème joueur français, quelqu’un qui est encore loin du compte alors que les gamins espagnols n’avaient rien de tout ça. Attention, on a une tendance à s’embourgeoiser.

, s é u q u d é é t é t Ils on » s é m m a r g e o g â e « pr n eu j s u l s p n r o i u p e l m a dès h c s e d r i n à deve s, 6 page 7 1 e d Livre urs n coule e r e i h + ca hotos. de 35 p

Née le 2 décembre 1973 Professionnelle en 1989. Plus jeune joueuse a remporter Roland-Garros (16 ans et 6 mois) en 1990.

JENNIFER CAPRIATI

17,00 €

MARTINA HINGIS Née le 30 septembre 1980 Professionnelle en 1994. Elle à commencé le tennis à 2 ans. Plus jeune joueuse à remporter un titre Grand Chelem (16 ans et 3 mois) à l’Open d’Australie 1996.

tan u o r é t?D n a ... n r n e s o n Ét e le p z e v u o Vous p

LLEYTON HEWITT Né le 24 février 1981 Professionnel en 1998 Plus jeune joueur qualifié à l'Open d'Australie (15 ans).

Plus d’infos sur

RAFAEL NADAL

www.eduquerpourgagner.com

Né le 3 juin 1986 Professionnel en 2001. Plus jeune joueur à atteindre le 3ème tour de Wimbledon (17 ans) depuis Becker en 1984.

En vente en librairies, magasins spécialisés et sites internet de vente en ligne.

RICHARD GASQUET Né le 18 juin 1986 Professionnel en 2002. Plus jeune joueur à se qualifier pour un ATP Masters Series en 2002.

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© Tennis Magazine

« EN FRANCE, ON N'ENTEND PAS ASSEZ DES MOTS COMME AUDACE, TENTER, BRAVO »

M A G A Z I N E D ’ I N F O R M AT I O N S G R AT U I T S U R L E T E N N I S - T R I M E S T R I E L - D É C E M B R E 2 0 0 7 - G R A N D C H E L E M

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DOSSIER : NÉ POUR GAGNER

DOSSIER : NÉ POUR GAGNER

SCOTT SILVA

MARIE-CLAIRE NOAH

QUELLE PLACE POUR LES PARENTS DANS L'ÉDUCATION DU HAUT NIVEAU ? C'EST CE QUE NOUS SOMMES ALLÉS DEMAN-

LE BRÉSIL VOUAIT UN CULTE À DONA CELESTE, LA MÈRE DE PELÉ. LES ETATS-UNIS SOURIAIENT DE VOIR LES GESTICULATIONS EN TRIBUNE DE KAY

DER À SCOTT SILVA, LE PAPA DE JAN SILVA, CE PETIT PRODIGE QUI A REJOINT L'ACADÉMIE DE PATRICK MOURATOGLOU

MCENROE, LA MAMAN DU PETIT JOHN. EN FRANCE NOUS AVONS AUSSI NOTRE MAMY LA GAGNE, C'EST MARIE-CLAIRE NOAH, FEMME DE

À L'ÂGE DE 5 ANS. L'OCCASION D'ÉCOUTER UN AMÉRICAIN NOUS PARLER DE LA BELGIQUE, DE L'ALLEMAGNE, DE LA

ZACHARIE, MÈRE DE YANNICK ET GRAND-MÈRE DE JOAKIM. MÊME OCCUPÉE PAR SON ASSOCIATION DES ENFANTS DE LA TERRE, MADAME NOAH

« REGARDE CETTE MAPPEMONDE, LE MONDE EST GIGANTESQUE ! »

FINLANDE, ET DE LA FRANCE. BEAUCOUP DE LA FRANCE. ATTENTION INTERVIEW SPÉCIALE MONDIALISATION. Est-ce que vous avez lu le livre de Patrick Mouratoglou ? Non, car il n’a pas encore été traduit mais je sais bien de quoi il parle. Il reprend toute la philosophie de Patrick sur la façon de devenir un champion, comment il faut croire en soi, qu’on soit tennisman ou pas. Qu’est-ce qui vous a séduit dans son projet d’Academy ? C’est qu’il nous aurait été impossible de le faire sans la proposition de Patrick, impossible de monter un projet sportif tout en restant uni en tant que famille. En Amérique, on serait obligé de consacrer un temps énorme à la progression de nos enfants tout en prenant un job à plein temps pour pouvoir soutenir ce projet financièrement. On repasserait à la maison, on repartirait au club, on conduirait les enfants, on ne rentrerait pas avant 11 heures tous les soirs. Ce serait impossible. Ici nous avons tout sur place, les courts, les entraîneurs, un masseur. Ici on peut voir une blessure arriver. Ici on essaye d’envisager tous les obstacles qui peuvent se mettre en travers de sa route. Vous venez des Etats-Unis, vous vivez en France, apprendre une autre langue comme Jan, est-ce que c’est important ? Oui c’est très important de voyager et d’apprendre des langues. Imaginez que Jan devienne un tennisman professionnel et qu’il gagne… Roland-Garros, et au moment de s’adresser à tout le monde, il parle français. Ce sera quelque chose quand même ! Et je sais que les Français seront heureux d’avoir une part de cette victoire parce qu’il a été élevé ici. Nous avons une vision mondiale de ce sport et non une vision de super Américain où il n’y aurait rien en dehors des Etats-Unis. Regardez cette mappemonde derrière nous, le monde est gigantesque. Jan devra aller jouer partout en Belgique, en Allemagne, en Finlande parce que ce monde est gigantesque. Il aura une vision plus large qu’un gamin qui n’est resté qu’en Californie. Mais est-ce que finalement il ne va pas devenir un joueur français? (Eclats de rire) (Rires) Parce que s’il gagne Roland, les Français vont dire qu’il est français. On sera très fier de sa victoire. (Rires) Oui je sais. Je vais vous répondre. Il est mi finlandais, mi

américain mais il y a un an, j’ai mis une vidéo de Jan sur Youtube qui s’intitulait : « Est-il l’avenir du tennis américain ? ». C’est vous qui avez écrit ça ? Oui c’est moi qui l’ai écrit. Mais c’est une interrogation. Je n’ai pas écrit que mon fils était l’avenir du tennis américain, j’ai soulevé la question. Et l’autre jour j’ai reçu un mail qui me demandait : « Mais pourquoi il ne serait pas l’avenir du tennis finlandais ? ». Et derrière ça, puisqu’il s’entraîne en France on pourrait effectivement se demander pourquoi il n’est pas non plus l’avenir du tennis français. C’est très drôle. C’est sûr qu’il va développer beaucoup de choses très françaises, dans sa façon de vivre sa passion, et que si un jour il gagne Roland-Garros, ce qui serait un vrai rêve pour moi, pourquoi ne prendrait-il pas un drapeau français pour faire comme Gustavo Kuerten qui avait dessiné un cœur sur la terre battue. Juste pour dire « Merci la France. Si la France n’était pas là, tout ça n’aurait pas été possible ». Vous mettiez un point d’interrogation sur cette vidéo de Youtube, quels sont les arguments rationnels qui peuvent laisser penser que votre fils sera un jour le numéro 1 ? (Longue respiration) D’abord il est dans un environnement qu’il n’aurait pas eu aux Etats-Unis. Tous les jours, il croise Marco Baghdatis, demi-finaliste et finaliste en Grand Chelem. Cela montre à Jan ce qu’il peut devenir. Il a la possibilité de rêver et de voir ce que c’est de réussir en tant que tennisman. Deuxième chose, à 5 ans il a déjà impressionné beaucoup de gens. Partout où il est passé, partout il a eu des articles, en Australie, en Estonie, en Slovénie, de personnes qui disent ne jamais avoir vu ça. La dernière chose, c’est que Patrick croit en lui et fait ce qu’il faut faire avec lui pour qu’il grandisse en tant que joueur et en tant qu’être humain. Je l’ai déjà dit à Jan : « Tu n’es pas qu’un tennisman, tu es une personne humaine, et il y a plein de choses à découvrir dans la vie ». Il joue au basket, il joue au foot, il écoute de la musique, il ne fait pas que du tennis. Il est éduqué comme un enfant normal. Il se passe juste que Jan adore le tennis. Quand il était petit, il prenait la balle et allait jouer au mur pendant des heures, tout seul, de son propre fait. Voyant qu’il développait de lui-même ce désir d’y arriver, j’estime qu’il a ici à l’Academy tout ce qu’il faut pour y arriver. Je crois qu’il peut être un vainqueur de Grand Chelem.

Est-ce que vous rêvez pour Jan d’une carrière à la Tiger Woods, quelqu’un qui réinvente son sport ? Je pense que si vous regardez leur trajectoire, c’est pour l’instant la même. Ils ont une vie très semblable. Ils viennent tous les deux d’un mariage mixte. Ils ont tous les deux un père afro-américain, et ils sont tous les deux des prodiges qui font des choses anormales. Ils ont démarré tous les deux leur sport à un an, à peine après avoir fini d’apprendre à marcher. Ils ont tous les deux fait les grands médias américains à 5 ans et visiblement ça ne leur pose aucun problème. Pour des gamins de cet âge, vous avez toujours les parents qui sont la voix de l’enfant. Là ces deux enfants ont parlé de leur propre voix dès les premières émissions. Devant des millions de téléspectateurs, ils arrivent sans aucune pression. Jan débarque sur le plateau avec sa raquette et c’est comme s’il était à la maison. Même chose sur un court, vous lui mettez vingt personnes qui le regardent, il ne sera pas affecté par cette expérience, il va au contraire prendre du plaisir. Il est content, il sourit, il joue avec les gens assis dans les tribunes, il a cette capacité à interagir avec les gens qui peut lui permettre un jour d’amener encore plus de personnes à regarder du tennis. Sur une vision à long-terme, Tiger a complètement transformé son sport. Tous ces gars qui arrivaient avec une préparation physique très limite sur le circuit, après Tiger Woods ça n’était plus possible. Il a apporté la dimension athlétique dans le golf. De notre côté, nous voulons apporter autre chose encore. Lors d’une émission, on a offert une quarantaine de jouets à Jan. Tous les jouets étaient pour lui. Nous lui avons demandé de choisir celui qui l’aimait le plus et nous avons offert tous les joueurs pour une association d’aide à l’enfance afin que des enfants qui n’ont rien reçoivent ces jouets pour Noël. Ca c’est le genre de choses que nous voulons apporter dans le tennis. Jan a le potentiel pour gagner des millions de dollars, des millions. L’important c’est qu’est-ce qu’on fait de cet argent ? Nous, nous n’avons jamais eu d’argent et là je pense que si tout le monde travaille bien, nous en aurons pour vivre confortablement. Mais à la fin, ce n’est pas l’objectif. L’objectif c’est ce qu’on en fait.

CONTINUE DE PORTER UN REGARD INCISIF SUR L'ÉDUCATION SPORTIVE FRANÇAISE. Marie-Claire, est-ce que vous trouvez que la place du sport a changé en France depuis 40 ans et la victoire de votre mari avec l'équipe de Sedan ? Ah non ça n’a pas bougé. Moi je suis enseignante et l’enseignement du sport à l’école reste catastrophique. C’est assez incroyable d’autant que sur tout le reste, j’ai la possibilité de comparer avec mes enfants et mes petits enfants qui vivent aux Etats-Unis : on n’est pas du tout en retard. Mais sur le sport, il y a un blocage. Mais d’où ça vient ? Il faut demander ça à nos politiciens. Pourtant le sport est plutôt apprécié en France mais juste en tant que téléspectateur. C’est du sport passif. Là encore, comparé aux Etats-Unis, on manque de moyens. Regardez la surface consacrée au sport sur un campus américain comparée à l’université française. On a encore une image négative du sport. Parce qu’on est trop intellectuel ? Je ne sais pas, mais regardez le nombre d’enfants qui, quand ils arrivent en 6ème, sortent leurs certificats médicaux pour être dispensés

de sport. Comme si le sport ça ne servait à rien. Mais est-ce que la compétition c’est si bon que ça pour les enfants ? Ecoutez, je ne suis pas toujours d’accord avec notre sélectionneur national de rugby, Bernard Laporte, mais je trouve qu’il touche juste sur le sport qui apporte « des grandes joies et des grandes douleurs ». C’est ça le sport, c’est l’appréhension de la passion. On gagne, on perd aussi, et le gros problème à ce moment-là c’est de dire « Bien joué ». Personne ne peut être content d’avoir perdu mais il faut savoir dire cette phrase-là. Dans son livre, Patrick Mouratoglou insiste sur le triangle enfant-parents-entraineur comme clé du plus haut niveau, comment percevez-vous cela en référence à l'aventure de Yannick ? Yannick est parti en France tout seul. Il s’est donc élevé tout seul. Il y avait un critère très important, c’est que Yannick joue de la même façon sans ou avec ses parents dans la tribune. L’autre jour je voyais jouer Dementieva, et elle a raconté la même chose. Elle a été élevée par sa mère, mais sur le terrain, elle vit le match toute seule.

PASCAL JULIAN

La mère doit être là mais ne pas se mêler de sa vie professionnelle. Mais elle doit être là quand même. Vous n’étiez pas avec Yannick mais il savait que vous étiez d’accord avec son projet sportif. Oui et ça je dirais que c’est quasiment physique, c’est les tripes qui parlent. On est dans les tribunes et on encourage tout le temps. Les gens ne comprennent pas le fameux « Allez !» que balancent les parents. Ca les fait rire mais c’est impossible autrement. « Allez ! Allez !». Puisqu’on parle de Yannick ou de Joakim, est-ce que le sport ce n'est pas avant tout la notion de voyage, l’obligation d’aller voir ailleurs. Bien sûr. A part pour ceux qui n’ont pas financièrement la possibilité de voyager, il faut aller voir ailleurs. Quand on a ses enfants qui sont aux Etats-Unis, on va forcément pouvoir comparer les systèmes et c’est le moment où on doit se rendre compte que la France, c’est pas si mal que ça. Nous sommes critiques, c’est notre côté latin, mais après tout la France ce n’est pas si mal. Au moins on peut s’enorgueillir de ne pas être des légumes. Quand on revient de l’étran-

ger, on comprend que la France est un beau pays. Il n’y a pas que Paris, le mauvais caractère des taxis parisiens. En province on tient encore la porte et on sourit dans le véhicule. Moi je dis toujours aux gens : « Arrêtez de critiquer votre pays, changez-le !». Est-ce que vous jouez encore au tennis ? Non, je marche, je voyage, je parcours les volcans (Sourire) Et votre mari Non, il ne joue plus, il s'est mis au golf. (Rires)

L'intégralité des interviews réalisées pour concocter ce dossier se trouve sur notre blog

www.grandchelem.net

« L'ÉDUCATION NATIONALE DEVRAIT NOUS PERMETTRE D'ALLER VOIR AILLEURS » RESPONSABLE DE SPORTS ETUDES CONCEPT QUI ASSURE TOUTE LA STRUCTURE SCOLAIRE DES TALENTS PRÉCOCES QUI TEL RICHARD GASQUET VEULENT MENER DE FRONT ÉTUDES ET SPORT DE HAUT NIVEAU, PASCAL JULIAN A ACCEPTÉ DE REBONDIR SUR L'ESSAI DE PATRICK MOURATOGLOU, ET PASSER EN REVUE LE CAS DE JAN SILVA, DE GAËL MONFILS ET DE NOTRE RICHIE NATIONALE. INTERVIEW À LA GLOIRE DE L'ÉCOLE BUISSONNIÈRE.

Patrick Mouratoglou va dire « Qu'importe, le père de Mozart l’a bien fait ! » Oui c’est vrai. Mais je dirais que ce n’est pas Mozart qui m’intéresse, ce sont aussi tous les apprentis Mozart qui n’ont pas réussi à être Mozart. Si on prend 100 gamins à 5 ans, il en

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http://www.enfantsdelaterre.net

«ARRÊTEZ DE CRITIQUER VOTRE PAYS, CHANGEZ-LE »

Partons de Jan Silva, le petit prodige, il y a un projet qui est avant tout parental puisqu’il n’a que 5 ans. A quel moment ce projet deviendra celui de l’enfant ? Ca c’est vraiment un problème que je vis au quotidien. C’est vrai qu’il n’y a pas de projet de l’enfant sans projet fort des parents. C’est frappant dans l’exemple de Jan Silva mais je peux vous parler tout autant des gamins qui font HEC : c’est que petit, ils sont poussés par les familles. Quand vous entendez les parents dire : « Mon gamin, il est le premier ou le deuxième de la classe », ce n’est pas par hasard ! C’est qu’ils poussent les gamins. A quel âge l’enfant reprend le projet, c'est difficile de le dire...

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WEB ➜

ressortira un bon joueur. Mon boulot c’est d’aider également les 99 qui sont sur la touche à s’épanouir aussi. Quel est votre regard sur deux façons différentes d’appréhender l'éducation : le bon élève Richard Gasquet et l’élève dissipé Gaël Monfils ? D’abord ils ont tous les deux du talent. Pour en arriver là, il faut avoir des capacités hors pair, mais ce sont deux états d’esprit. Richard a l’image du premier de la classe qui suit toutes les consignes, Gaël celle de rebelle. Peu importe ! Mais vous savez comme moi, qu’en tant que professeur, le rebelle est toujours chiant à tenir en classe ? Oui, mais on est des gens intelligents et on sait que c’est important pour un gamin de se rebeller, de se rebeller contre ses parents et aussi contre ses professeurs. Il est important que

des enfants qui se posent des questions, qui tapent des pieds sous la table puissent avoir un professeur qui leur explique le bien fondé de sa pédagogie. Parlons de Richard Gasquet, comment êtesvous rentré en contact avec lui ? On l’a rencontré avec ses parents à la fin de la 5ème. Le projet sportif était déjà très abouti. La famille était très intéressante avec un réel projet pour Richard. Les choses se sont faits naturellement, on a mis en place une équipe scolaire spécifique pour l’accompagner depuis la 4ème jusqu’au moment où il irait sur Paris. Ca a toujours été très facile avec Richard parce que c’est un élève studieux, très encadré par ses parents. C'est-à-dire qu’à partir de la 4ème, il n’est plus allé à l‘école Non, il n’avait plus du tout le temps. Mais il a poussé ses études jusqu’à la fin de la 1ère.

Après, ce n’était plus tenable en terme de calendrier. On a également l’impression que l'éducation nationale n’intègre pas cette culture du moment sabbatique ou du chemin de traverse pour aller voir autre chose, aller se brûler, faire ses conneries Oui c’est drôle parce que j’ai retrouvé un ancien élève de Patrick Mouratoglou qui était 2/6, qui est parti aux Etats-Unis et qui au bout de 4 ans, ne sachant pas ce qu’il allait faire est allé voir le directeur de l’université – ce qui serait difficilement faisable en France - et il lui a demandé ce qui était bon pour lui. Le directeur lui a répondu : « Faites un break d’un an, voyagez, prenez un petit boulot, voyez des choses et revenez-nous voir ». Voilà ça je trouve ça intéressant. En France, on devrait nous permettre de faire autre chose, de la poésie, découvrir des musées plutôt que de leur bourrer le crâne comme on le fait actuellement.

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MASTERS CUP 2007

U IE IL M U D E IR P M E L’ S N A D E UNE SEMAIN PRAS, REVIVEZ LA MASTERS CUP

OVA AU P DE PETE SAM DE M COMME MARIA SHARAP DIX ANECDOTES…

DE SHANGHAI EN DIX LETTRES

ET

aura légèrement redoré le blacontre Justine Henin aux Masters ue perd le fina sa avec é de contiqui va comme Maria Sharapo diale. Ce qui ne l’a pas empêch de la 1ère à la 6ème place mon ter chu fait l’a place juste qui se se cile Rus diffi la ée son d’une ann 23 millions de dollars, rs. Résultat : avec un revenu de nso nus du spo reve des des ent tiers l’arg r un te uille ésen enq nuer à rence : si le prize money repr diffé te Peti . ions 23). mill sur 29 ion ses sur le court (1,5 mill derrière Roger Federer et fre d’affaires grâce à ses exploits chif son de 7% que ené ram n’a ia Suisse (10 millions sur 29), Mar pub ça paye mieux. Le tennis ça paye bien, mais la re Rodgeur, même dans un démonstration de tennis de Maît la par uré écœ le plus de fois est soudainement interrogé sur comme Andy Roddick, une conférence de presse quand il en le drô i auss ça. à ours er touj ress s inté mai s vou match pour du beurre, : « Ecoutez c’est très gentil de on pour les enfants défavorisés ». soir ce développement de sa Fondati eur hum e vais qui ne va pas me mettre de mau C’est une des rares questions . ité nationale autour de son nom Belges capable de faire l’unanim des e rein e e seul sign la in, ine Hen Just , ine 6-3) comme Son altesse Just contre Maria Sharapova (5-7 7-5 dans une finale de toute beauté tournois, 10 victoiFort d’une victoire prestigieuse s, un Masters, 11 finales sur 14 lem sa carrière : 2 Grands Che de ues istiq la promotion du stat es faire i bell quo plus De les rs. en 2007 iner l’année, série en cou term r pou és port rem tifs sécu res en finale et 25 matches con z les champions. me surcroit de motivation che com rce divo (3-6 7-6 7-5) lors o Gonzalez contre Roger Federer s la victoire surprise de Fernand aprè e avec humour : terr rait de ent digé se blem Suis le Trem comme battu dix fois de suite par ien, Chil le que de oire vict Une dire que personne n’est capable du premier match de poule. s et nous étions d’accord pour iaire vest les s dan ur aine entr « J’ai discuté avec mon me battre 11 fois de suite ». i-finaliste, Rafael Nadal, z les hommes qui placent un dem che e enc prés en e ada arm se ne tarit pas d’éloges sur son jeun comme Espagnols, la plus gros cette fin d’année. Un Ferrer qui de f che du dial rise mon 1 surp la éro er, num Ferr hain et un finaliste, David de plus mais pour moi le proc jouer à son niveau cinq années cadet : « OK, Roger peut encore s’appelle Rafael Nadal ». le après la finale de Wimbledon, journal El Pais sur sa tristesse le r pou t a nan on reve nd al qua Nad al el norm justement comme Rafa s, comme il paraît assez nd je suis arrivé vers les vestiaire d'oc Qua « : up 7 uco 200 bea on avec sais la et 1 de moment clef surtout contre le numéro ré et s'est fait beaucoup d’illusions, on pleu où j’ai noi elle tour laqu r d'un pou le ée fina l’ann la perdu l’unique partie de de rage, de tristesse. Cela a été ir me voir, c'était la casions, je me suis mis à pleurer nd les gens ont commencé à ven Qua . utes min 25 à 20 t dan pen ndré effo és de me laisser été and és mais je leurs ai dem une des rares dans ma vie. J’ai onter le moral. Je les ai remerci rem me et ter nfor réco me r piscine. Ils venaient pou voit pleurer ». seul. Je n'aime pas que l’on me ier jeunes chinoises pendant le prem de Gasquet, la coqueluche des et ai ngh id Sha Dav de par tion gée trac infli con on comme Shangasquet, national après la correcti trait d’humour de notre Richard ça ce é soir, oqu ce prov une a ver qui ce trou , en ters x tour de ce Mas de petite amie, mais si je veu de poule, 6-1 6-1 : « Je n’ai pas Ferrer dans son dernier match tel score ». va être un peu difficile avec un 6, c’est à la 33ème en 2005, 13ème en 200 qui monte…. 84ème en 2004, te, mon qui ndChelem se Gra Rus (cf la e, Star tadz Ta comme Chakve e grand concours Choisis a, longtemps favorite de notr Ann iote Maria e patr jeun la com sa finit tre que con e 6-2) plac 5ème gré une défaite sèche (6-2 mal et ters Mas aux ale e interi-fin notr dem de confiance » lors du numéro 3). Avec une belle Celle qui nous avouait « manqué 3. Top du te icile. por la dom à à Cup tape ite Fed Sharapova, la Moscov passage sa première min en huit mois remportant au che é sacr un i mpl acco a in view au stade de Coubert

M

A S T E R

S C A suivre.

U P

féminin et qui a reçu en forme ée de dernière heure aux Masters invit oli, Bart ion nir de Mar vre pau e ine Henin (6-0 6-0), de quoi reve comme hUmiliée, notr s de bicyclette de la part de Just roue es dur à bell t x c'es deu ça, cipé que anti ns l Noë ditio de cadeau de rait plus : « De pires con t, je it d’ailleurs qu’on ne l’y reprend men etta che prom fran se n, Cor atio La . situ e vélo mêm en la Madrid ée prochaine je suis dans l'ann Si ir. atto l'ab à ante plaç trouver. C'est envoyer la rem

n'irai pas. »

t jeu des compamoment de se lancer dans le peti distingué par Roger Federer au plus de fois que des rallyes, it une , faisa pras ne et Sam rt cou Pete comme it qu’il était planté au fond du disa de mon le t Tou « : Agassi : Borg des plus grands talents ». Sur raisons entre générations. Sur pense ». Sur McEnroe : « Un le n qu’o ux c’était s, mie côté bien x it deu eya mais il servait et voll e tôt et en attaquant des s sur la ligne, en prenant la ball pied atx imb deu it les ena e dev ball et la ud per cha t frap « Sa façon de il était chaud, il étai , je reviens toujours à lui. Quand nête hon être r Pou « : pras Sam incroyable ». Sur elle il est un peu au-dessus» table. C’est la raison pour laqu

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LA RÉTRO 2007 DES FRANÇAIS

LA RÉTRO 2007 DES FRANÇAIS Propos recueillis par Audrey Riou

LE FILM DES VAINQUEURS

GILLES SIMON

NICOLAS MAHUT

EN REMPORTANT DEUX TITRES CETTE ANNÉE, GILLES SIMON A CONFIRMÉ SA BELLE ASCENSION. LE NIÇOIS NOUS A

APRÈS UNE TRÈS BONNE SAISON SUR HERBE, NICOLAS MAHUT A CONFIRMÉ SON BON ÉTAT DE FORME EN ATTEI-

DONC ACCORDÉ UNE INTERVIEW OÙ IL NOUS A CONFIÉ QU’IL VOULAIT VISER PLUS HAUT. ENTRETIEN VÉRITÉ AVEC UN

GNANT, EN CETTE FIN D'ANNÉE, SON MEILLEUR CLASSEMENT ATP, LA 45ÈME PLACE MONDIALE. GRANDCHELEM EST

CHAMPION QUI A OUBLIÉ DE MANIER LA LANGUE DE BOIS.

ALLÉ À LA RENCONTRE DE L'ANGEVIN POUR PARLER DE 2008 ET DÉCOUVRIR QUI SE CACHE DERRIÈRE CE MÈTRE 90.

« En 2008, j'aimerais passer sous la barre des vingt meilleurs joueurs mondiaux »

GILLES SIMON Marseille (France) 12 février 2007, bat Marcos Baghdatis 6-4 7-6 (3) (dur) Bucarest (Roumanie) 10 septembre 2007, bat Victor Hanescu 4-6 6-3 6-4 (terre battue)

AMÉLIE MAURESMO Anvers (Belgique) 18 février 2007,

Peut-on revenir un instant sur ta saison qui a été très positive ? Ah oui! Plus que positive. J'ai gagné deux tournoi ATP dont l'Open 13 (l'autre est Bucarest) qui est un tournoi reconnu et relevé. En plus de cela, j'ai réussi de bonnes perfs' sur toutes les surfaces. Ce qui était l'un des objectifs de cette saison. Tu atteins ton meilleur classement cette année. Quels sont tes objectifs pour 2008 ? C'est vrai que je suis 29ème mondial. J'aimerais passer sous la barre des 20, ce qui est un cap. Donc les objectifs sont simples. Plus de deux titres ATP, un meilleur classement et progresser dans mon tennis. En fait comme 2007 mais en mieux !

bat Kim Clijsters 6-4 7-6 (4) (synthétique)

A quel âge as-tu commencé le tennis ? A six ans dans un club, comme tout enfant qui commence un sport. Je faisais beaucoup de sports différents: du foot, du golf, de la natation. Mais celui qui me passionnait le plus, c'était le tennis.

EMILIE LOIT Acapulco (Mexique) 3 mars 2007, bat Flavia Pennetta 7-6 (0) 6-4 (terre battue)

Justement, pourquoi le tennis plus que les autres ? Je pense que c'est une préference qui est venue toute seule. Personne ne jouait au tennis dans ma famille et on ne m'a pas poussé vers ce sport là en particulier. Mais moi ça me plaisait. Le côté duel, un contre un sûrement.

TATIANA GOLOVIN Amelia Island (Etats-unis) 8 avril 2007, bat Nadia Petrova 6-2 6-1 (terre battue) Portoroz (Slovénie) 23 septembre 2007, bat Katarina Srebotnik 2-6 6-4 6-4 (dur)

PAUL-HENRI MATHIEU Casablanca (Maroc) 23 avril 2007, bat Albert Montanes 6-1 6-1 (terre battue) Gstaad (Suisse) 9 juillet 2007, bat Andreas Seppi 6-7(1) 6-4 7-5 (terre battue)

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Tu te souviens de ta première raquette ? La première, c'était une raquette vraiment basique, une raquette de supermarché. Je me rappelle que la première fois que j'ai remporté un championnat de ligue, j'avais neuf ans. Le premier lot c'était une raquette, une Pro Kennex. J'étais super heureux. Je l'ai gagnée trois ans de suite! (rires) Trois fois la même ? Oui ! Mais j'étais quand même content. J'étais un des seuls gamins de mon âge à avoir une nouvelle raquette chaque année ! A cette époque il y avait des posters de joueurs dans ta chambre ? Oui, les murs était remplis de tennis. Mon joueur préféré, c'était Michael Chang. Sans être mon idole, mais plus comme mon modèle. J'adorais sa façon de jouer. Un petit bonhomme super nerveux qui faisait tomber les grands. Je trouvais cela génial. Est-ce qu'aujourd'hui tu peux être tennisman sans être passionné par le tennis ? Non. Et je suis catégorique la-dessus. Certains, comme Davydenko, ne se cachent pas de leur amour pour l'argent. Mais je ne pense pas qu'il aurait un tel niveau s'il ne prenait pas de plaisir à jouer, à progresser. De l'argent, il en gagne depuis un moment et s'il continue à s'entraîner ce n'est pas que pour le pognon. En France, certains ont fait des apparitions grâce à leur talent mais sans être vraiment passionnés. Ils ont rapidement disparu. Je pense notamment à Olivier Mutis. Il avait un vrai talent naturel dès qu'on lui mettait une raquette dans la main mais il n'avait pas un vrai amour du jeu. Quand tu ne joues pas, tu regardes les matches à la télévision ? Je regarde rarement les matches mais je m'intéresse beaucoup au jeu. On fait beaucoup de paris entre joueurs sur les résultats du circuit. Et comme je suis un gros joueur, j'adore quand une rencontre se déroule selon mes pronostics. Il y a un joueur dont tu aimes regarder les matches juste pour le plaisir ? Je trouve que certains joueurs pratiquent un tennis magnifique. Mais j'essaye de me détacher. Si on est amené à jouer contre quelqu'un que l'on admire trop, on peut faire un bon match mais rarement le gagner. Pour moi le tennis c'est comme la boxe. Et si on prend trois minutes pour regarder jouer l'autre parce qu'on est content de l'avoir en

face de soi, on ne va pas le voir longtemps ! (rires) Quand tu étais petit, tu disais déjà que tu voulais être joueur de tennis ? Oui. C'est ce que je voulais. Sur ma petite fiche signalétique à l'école, j'écrivais « joueur de tennis ». Bien sûr, à l'époque l'idée de jouer à Roland-Garros me semblait très lointaine. Rien que mon professeur, qui était 2/6, je pensais ne jamais pouvoir le battre. Mon repère était d'essayer de rester au meilleur niveau par rapport aux jeunes de mon âge que je jouais en tournois. Est-ce qu'il t'est arrivé de détester ton sport ? Non, parce qu' aujourd'hui je suis récompensé de tous mes efforts. C'est vrai que j'aurai pu. Quand t'es adolescent et que tu vois tes potes faire la fête alors que tu dois aller te coucher parce que dimanche tu as un tournoi dans le fin fond de la France, ca peut te saoûler. J'ai eu un peu ce phénomène d'attraction-répulsion pendant un court moment. Mais finalement j'ai vite enchaîné. J'aurais peut-être détesté le tennis si je n'avais jamais réussi à faire mieux qu'une 300ème place mondiale. A part le tennis, tu as d'autres passions ? J'adore le golf. Le tennis me prend beaucoup de temps donc je n'ai pas souvent l'occasion d'y jouer. Je suis aussi un grand fan de jeux vidéos et de RPG (jeu de rôles) comme Final Fantasy. J'ammène toujours ma console sur les tournois. Le soir je rentre à l'hôtel et pour décrocher des matches je joue. Sauf si ma copine est là sinon elle râle un peu. (rires) Tu vis de ta passion. Tu as conscience d'être un privilégié ? Oh que oui. C'est ça qui est incroyable. Il n'y en a pas beaucoup qui arrivent à vivre de ce dont ils ont toujours rêvé. Le tennis c'est ma vie. Et même si je m'arrête dans dix ans, il me reste une deuxième vie derrière. Je ne regretterai jamais d'avoir fait ce choix. Donc si tes enfants te disent qu'ils veulent devenir joueurs de tennis, tu les encourageras ? Oui, mais je ne les y obligerai pas non plus. Je pense qu'il est important qu'un enfant s'amuse dans son sport. Si on perd la notion du jeu, ça devient trop dur. Tennis, foot, peinture, sculpture, ils feront ce qu'ils voudront, tant qu'ils s'éclatent comme moi je m'éclate avec le tennis.

« Pour 2008, ma motivation première c'est de chercher la sélection aux Jeux Olympiques »

FABRICE SANTORO Tu as réalisé deux belles performances cette année, notamment celle du Queen's. Ca faisait partie de tes objectifs dès le début de la saison ? Au départ, l'objectif était de gagner un tournoi, mais au fond de moi j'avais encore quelques barrières psychologiques et je manquais de confiance pour y parvenir. Me retrouver sans coach lors du Queen's m'a fait du bien. Ca m'a permis de me recentrer sur moi-même. Ensuite tu as battu Ljubicic et Nadal. On peut dire que ça a été ta journée de l'année... Oui, mais je n'ai pas eu le temps de cogiter. J'ai joué contre Ljubicic, j'ai pris ma douche, j'ai mangé et puis je suis retourné sur le terrain donc tout s'est déroulé très vite. A partir de ce match-là, il s'est passé quelque chose, je suis rentré sur le court véritablement pour gagner face à Nadal. Du coup ça te donne des objectifs pour l'année prochaine, une victoire en tournoi ATP par exemple ? Oui, ça faisait déjà partie de mes objectifs en début de saison, mais la différence c'est qu' aujourd'hui j'ai joué une finale que j'ai failli remporter et maintenant je sais que j'en suis capable sur les semaines où je me sens bien. Tu attaques donc la saison 2008 de façon très sereine ? Oui je me sens très bien. Aujourd'hui, je m'entraîne avec Guillaume Peyre et j'ai vraiment confiance en lui. On a mis en place nos objectifs pour la prochaine saison et on a envie de les atteindre ensemble. La saison sur herbe, c'est ton principal objectif ? Oui, j'ai plusieurs objectifs mais ma motivation première c'est de chercher la sélection aux Jeux Olympiques. Ca va être très dur mais c'est un rêve. Ensuite, comme je le disais tout à l'heure, je voudrais remporter un titre sur le circuit. Et bien sûr, il y a la tournée sur herbe avec Wimbledon et le double avec Julien Benneteau. Tu as commencé le tennis tout petit, mais à quel moment est-ce devenu une réelle passion ? Tout le monde jouait dans ma famille. On se retrouvait au club-house le dimanche. Je voulais jouer toute la journée. J'ai passé des heures à taper la balle contre le mur, ça reste un souvenir très présent. Je dois remercier mon père d'ailleurs qui a été d'une patience exemplaire. Dès l'âge de 10 ans je savais que je ferai du tennis mon métier. Je ne mesurai pas alors tout l'investissement que ça représentait. Et qu'en pensait ta famille ? Mes parents voyaient bien que je gagnais tous les tournois de ma région donc ils me

laissaient carte blanche. La seule condition était d'avoir de bons résultats à l'école. Je suis parti de chez moi à 12 ans. J'avais une telle motivation, que pour eux, il était logique de ne pas m'empêcher de jouer. En tant que tennisman, es-tu obligé d'être un passionné de tennis ? Oui. Ca demande tellement d'investissement, tellement d'engagement sur le terrain que si on n'est pas passionné, on ne peut ni atteindre ses objectifs, ni durer sur les saisons. Certains jouent pour l'argent mais ce n'est absolument pas mon moteur. Je crois qu'il faut essayer de prendre un maximum de plaisir sur le circuit. Même s'il y a des moments plus difficiles où la fatigue s'accumule, il faut garder en tête que ça reste un jeu. Qu'est-ce qui t'a tellement attiré dans le tennis ? Depuis tout petit j'ai baigné dans cette ambiance et cet esprit de convivialité du tennis qui existe d'ailleurs moins aujourd'hui. J'ai tout de suite accroché, c'était la fête tous les week-ends pour moi et j'ai développé des qualités assez rapidement. L'esprit de compétition et l'affrontement direct à l'adversaire m'ont plu. A cette époque-là, quelles étaient tes idoles ? Au tout début, Stefan Edberg. Et puis très vite, Pete Sampras. Je demandais à mon père d'enregistrer ses matches. J'avais une admiration sans limite pour lui. J'accrochais ses posters dans ma chambre, je découpais les articles des journaux et je les rangeais dans un classeur. C'était mon modèle, pour moi c'est toujours le numéro un. Je l'ai d'ailleurs rencontré sur le tournoi de Newport où il était intronisé au Hall of Fame. J'étais comme un gosse... Et que représente la raquette pour toi ? Un objet fétiche ? Oui. La raquette c'est l'outil précieux du joueur de tennis. Et à partir du moment où on est habitué à une raquette, il devient très difficile d'en changer.

Mais si je tombe sur Federer à la télévision, je ne zappe pas c'est sûr. Là, je regarde juste pour le plaisir.

Newport (Etats-Unis) 9 juillet 2007, bat Nicolas Mahut 6-4 6-4 (herbe)

Tu as d'autres passions à part le tennis ? Je suis supporter du PSG. J'assiste à leurs matches le plus souvent possible. Et même si c'est difficile pour eux en ce moment, je ne vais pas les renier et je suis persuadé qu'ils vont s'en sortir. Alors si ta famille allait au club de foot le dimanche, tu aurais pu être footballeur? C'est possible, j'aime bien ça. J'ai aussi beaucoup apprécié l'esprit qui s'est dégagé de la Coupe du Monde de rugby. Finalement, j'aurais bien aimé faire un sport collectif pour partager des victoires avec un grand groupe. Je souffre un peu du fait de savourer mes victoires tout seul. Ca doit être pour cela que j'adore jouer en double, pour partager le plaisir.

RICHARD GASQUET Mumbai (Inde) 24 septembre 2007, bat Olivier rochus 6-3 6-4 (dur)

VIRGINIE RAZZANO Canton (Chine) 30 septembre 2007, bat Tzipora Obziler 6-0 6-3 (dur) Tokyo (Japon) 7 octobre 2007, bat Venus Williams 4-6 7-6 (7) 6-4 (dur)

PAULINE PARMENTIER Tashkent (Ouzbékistan) 8 octobre 2007, bat Victoria Azarenka 7-5 6-2 (dur)

Et quand tu ne joues pas au tennis, tu penses encore au tennis ? On essaye de faire abstraction, mais je crois qu'inconsciemment, on fait tout en fonction du tennis. Ne serait-ce que sur l'hygiène de vie. Même quand on a deux ou trois jours de repos entre les tournois, on sait qu'on va toujours y revenir, que les coupures ne sont jamais très longues. On vit au rythme du tennis. Sur le circuit actuel, il y a des joueurs dont tu ne rates aucun match ? J'essaye d'aller voir beaucoup de matches quand je suis sur un tournoi, pour analyser les jeux des uns et des autres ou pour progresser dans mon propre tennis.

SÉBASTIEN GROSJEAN Lyon (France) 22 octobre 2007, bat Marc Gicquel 7-6 (5) 6-4 (synthétique)

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RETRO 2007 PAR LES ANCIENS

RETRO 2007 PAR LES ANCIENS ●

LES SAGES ONT LA

PAROLE ●

THOMAS MUSTER ●

« Il ne faut pas jouer Roger Federer, il faut jouer au tennis » Thomas, quels sont pour toi les hommes de l'année ? D'abord Djokovic pour toute sa saison. On a également vu Nadal se rapprocher à Wimbledon. On a vu un Federer solide, peut-être moins dominateur que dans le passé, mais vainqueur à la fin. A deux doigts de tomber contre Nadal à Wimbledon, avec 7 balles de break contre Djokovic à l’US Open. Il gagne mais l’écart se réduit. D’où ça vient selon toi ? Je ne sais pas. Il y a de nouveaux gars qui arrivent. Je pense qu’ils savent un peu mieux comment jouer Federer. A part ça, je ne peux pas vraiment te dire. J’ai un immense respect pour lui. C’est un énorme champion qui a gagné tant de Grands Chelems. Moi je n’en ai gagné qu’un. On est là à chercher la petite bête mais il n’y a pas grand-chose à dire. Quel joueur ! Il faut comprendre que chaque année le mec travaille pour continuer à être performant et battre tous les records. Les attentes sont colossales. Et puis on vieillit. On a 25 ans, puis 26, 27. Chaque année, il faut se remettre en cause. On doit trouver une autre motivation, on doit voyager, on doit jouer les matches, chaque jour être au top, encore et encore. Et puis un jour, un mec arrive qui te bat et les autres commencent à se dire que c’est possible. Les temps sont plus durs chaque année. Si tu étais le coach de Federer, quel serait la partie du jeu que tu travaillerais avec lui ? (Sourires) Il n’y a rien à améliorer ? (En Terminator pince sans rire) « Il y a toujours quelque chose à améliorer ». Il sait qu’il doit s’améliorer, car si tu ne progresses plus, tu recules.

SERGI BRUGUERA ●

« Il n'y a presque plus de différence entre Roland Garros et Wimbledon » Sergi, quels sont les moments les plus importants de l’année ? Il y a d’abord le troisième titre de Nadal à RolandGarros, après la finale contre Federer à Wimbledon et un nouveau joueur qui peut les battre, c’est Djokovic. Qu'est-ce que tu as pensé de la finale de Roland-Garros Je crois que Federer a mieux joué mais qu’il se trompe dans le sens tactique contre Rafa.

Il y a trois volées en finale de Roland, de Wimbledon et de l’US Open Parce que c’est beaucoup trop difficile de déborder les gens avec les balles actuelles. Et comme les gens n’osent pas aller au filet, tu n’utilises plus la volée donc tu n’es pas en confiance et à la sortie il y a de moins en moins de gens qui font service volée.

(Rires) Un mois plus tard, à Wimbledon, as-tu été surpris par la résistance de Nadal ? Non, j’ai été surpris par la réduction de la différence entre la surface à Roland-Garros et la surface à Wimbledon.

Quand tu regardes Djokovic jouer, à quel détail tu comprends comment il devient numéro 3 mondial et pourquoi Gasquet va mettre plus de temps ? Le plus important c’est d’avoir un bon mental. Tout le monde a du bon tennis, mais si tu ne rentres sur le court qu’avec ça, tu vas rentrer à la maison. Si tu n’essayes pas de te battre, de remettre un coup droit de plus, de lutter, tu ne peux pas y arriver. Il y a des gens qui ne savent pas souffrir. Si tu as un bon mental, tu vas très haut même avec un tennis qui n’est pas aussi fort. .

Tu veux dire qu’aujourd’hui tu pourrais gagner Wimbledon. (Rires) Non mais la différence, c’est qu’avant quand tu jouais sur terre, sur gazon et sur ciment, c’était trois matches différents même face au même joueur. Là c’est presque pareil. Personne ne monte au filet.

Mais qu’est-ce qui bloque la progression d’un joueur ? La peur ? Non, ce qui bloque la progression d’une joueur, c’est quand tu ne veux pas travailler plus. Si tu continues à travailler, tu es sûr que la progression va arriver à 100%.

Mais pourquoi ? Parce que les balles sont très lourdes, parce que les gens qui décident le tennis, ce ne sont pas les joueurs. Ils ne connaissent pas le tennis. Ils font des balles plus lourdes et ça fait donc des balles plus lentes. Mais ça réduit le talent et la chose la plus importante devient la force.

Même si tu travailles dans le mauvais sens. Même dans le mauvais sens, tu vas t’améliorer. La différence c’est que si tu travailles dans le bon sens, tu vas beaucoup t’améliorer. Par exemple, j’ai vu travailler Davydenko. Il bosse comme un malade mais c’est juste coup droit et coup droit. 3h30 de coups droits. Je ne trouve pas que ce soit un bon entraînement. Il pourrait travailler le service, la volée, mais non c’est le coup droit. N’empêche que grâce à ça, il est 4ème mondial. Peut-être que s’il travaillait d’une autre manière, il pourrait battre Federer ou Nadal.

Qu’est-ce qu’il devrait faire ? Ca, je ne peux pas te le dire. (Rires) Pour ça, il faudrait que tu me payes. (Rires)

Oui, mais comment faire quand on est au top ? Ah mais c’est ça qui est dur ! Tu dois te relancer, sans cesse te remotiver si tu veux garder tout le monde à distance. Le problème, c’est que tu dois le faire alors que tu dois voyager, répondre aux sollicitations qui sont épuisantes. Moi si j’étais son coach, je ferais juste en sorte qu’il préserve sa motivation et surtout son plaisir de jouer au tennis. Maintenant si tu étais le coach de son adversaire, quels seraient tes conseils ? Ecoute, je le jouerai à plusieurs niveaux. D’abord quand tu vois ses adversaires, ils ont tendance à surjouer, à en faire trop et à un moment ils explosent. Contre Federer, il faut être rapide, très cohérent sur tes intentions et tenir. Il ne faut pas jouer Roger Federer, il faut jouer au tennis. Actuellement les gars ne jouent pas au tennis, ils jouent Federer. Ils se disent « Oh, je vais jouer le meilleur joueur du monde. Il est presque imbattable ». Et donc beaucoup de joueurs arrivent sur le terrain en étant persuadés qu’ils ne pourront pas gagner. Ils perdent un break et c’est fini.

C’est le 4ème homme aujourd’hui ? Ah oui c’est lui. Quand tu vois ce qu’il fait contre Federer à Roland-Garros. Le problème c’est qu’il a mouillé Donc le tennis est formidable, même le 4ème mondial mouille ! Ah mais même Roger et Rafa, ils mouillent ! Ils arrivent juste à contrôler leurs nerfs mais t’inquiète pas, ils mouillent aussi (Rires)

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Est-ce que c’est leur niveau qui est trop haut ou la concurrence qui est trop basse ? Probablement la combinaison des deux. Je ne suis pas assez le tennis pour te donner une réponse scientifique, mais il y a Federer qui développe cette sorte d’aura qui lui permet de gagner les matches importants.

Quel est ton regard sur la finale de Roland. Côté Roger, est-ce mieux que l’année dernière ? Non. J’ai l’impression qu’il est convaincu de gagner en jouant du fond de court. J’aimerais un moment le voir faire autre chose dès le début de match. D’ailleurs quand il fait 5 sets à Wimbledon, c’est surtout dû à ses choix tactiques. Il le bat sur gazon car il est nettement au-dessus, mais en jouant comme il le fait, il se met en danger. Je trouve qu’il y a d’autres façons de procéder. Quand je vois Mahut contre Nadal au Queens, il se dit : « De toute façon je ne peux pas gagner des points du fond, ce n’est pas possible. Je vais prendre des risques sur toutes les balles, je vais monter en chop dès que je peux. Je veux qu’il tire des passings tout le temps, je refuse plus de trois échanges. » Et sur gazon ça a marché. Je pense que Federer dans ce style d’attaques peut faire mieux que Nicolas Mahut. Il a plus de maîtrise mentale, il se déplace mieux, il volleye au moins aussi-bien, il sert pareil et c’est quand même Roger Federer !

Et Nadal, comment doit-il progresser ? Je crois qu’il veut être un très grand joueur sur toutes les surfaces. D’habitude les joueurs de terre battue se contentent de bien jouer sur terre, mais lui veut progresser partout, et il l’a prouvé en atteignant la finale de Wimbledon. Il peut encore améliorer sa volée, dans sa façon de tenir sa raquette et être plus agressif.

Côté Nadal, où est-ce qu'il a progressé ? On sent dans son jeu qu’il est plus agressif, qu’il essaie de faire plus mal sur sa première balle de service. Il a une telle vitesse de déplacement, une telle envie qu’il arrive encore à gagner plein de matches alors qu'il est parfois mal embarqué. Mais j’ai l’impression que Djokovic ou d'autres gars commencent à se rapprocher, obligeant Rafa à jouer plus offensif. Mats Wilander a déclaré que le jeu de terre battue de Nadal risquait de baisser. Je le pense aussi.

Est-ce que ça sert encore d’être intelligent sur un terrain ? Je crois qu’une façon intelligente de jouer rapporte moins aujourd’hui qu’à notre époque. Regarde Santoro, les mecs qui jouent contre lui ne savent pas comment faire mais à un moment ils le dépassent en puissance et il n’a aucune chance. Il serait intéressant, s’il était plus jeune, de vérifier s’il pourrait jouer le même genre de jeu.

MATS WILANDER ● « Je ne comprends pas les vingt premières minutes de Federer contre Nadal à Roland-Garros » ●

Mats, l'an dernier, tu as été très critique après la finale de 2006, as-tu été embarrassé par la tournure de la polémique avec Federer ? J’ai été très embarrassé par mes mots qui traduisaient de façon outrancière un fond qui lui était vrai. Mais je parlais sous le coup de la déception. Je ne comprenais pas le plan de Federer, je trouvais ça compliqué alors que Nadal lui avait sorti 90% de 1er et 2ème services sur le revers. Dans le premier set, Federer avait décalé en coup droit, lui avait mis 6-1 mais après terminé. Je ne comprenais pas. J’avais donc juste soulevé une faiblesse de Roger qui me semblait une porte ouverte pour son rival. Mais je ne suis

Qu’est-ce que tu changerais au tennis actuel ? Difficile à dire. C’est un jeu très différent. Les gars frappent la balle tellement fort. Ils ont moins de temps pour s’organiser. Ils vont vite, trouvent des angles incroyables, mais il me semble que nous jouions avec des effets plus variés, plus de demi-volées, plus de stratégie, surtout parce que nous avions le temps de le faire.

Qu’est-ce qui a changé en terme de matériel ? Tout a changé, les cordes, les cadres. Je crois que s’ils jouaient avec des raquettes en bois, les mecs les péteraient au bout de 5 minutes. Aujourd’hui ils peuvent contrôler la balle, mettre plus d’effet, c’est tranquille. Moi si je frappais ma balle comme avant, mon service finirait sur la ligne de fond. Mais avec les nouvelles cordes, on contrôle tout ça et ça explique ce changement dans le jeu.

pas pour Nadal ou pour Federer. J’adorerais que Federer gagne Roland-Garros, mais j’aimerais qu’il le fasse après avoir fait le plus beau match de tennis possible. Mais au bout de cinq minutes de la finale, que t'es-tu dit de différent cette année ? Moi je crois que Federer a besoin de beaucoup bouger pour trouver son rythme. Et je comprends qu’il ait besoin d’une demiheure pour ça et qu’il décide alors de mettre en place un plan plus agressif. Mais en face vous avez Nadal qui peut enchaîner passing-shot -lobs-passing-shot. Ca fait très mal. Je crois que Federer garde cette peur

de perdre vite son service, que ça fasse tout de suite 4-0 puis 6–1, et à la fin ça donne 6-1 6-1 6-1. S’il venait pour gagner, s’il venait pour « ne pas être embarrassé », je pense qu’il pourrait mettre Nadal plus en difficultés. Est-ce que tu penses qu’il était « embarrassé » à la fin du match ? Oui, et il l’était déjà l’an dernier. La différence reste importante. Nadal est bien le meilleur joueur de terre battue. Le seul truc que je ne comprends pas, ce sont ces vingt premières minutes. Pourquoi attend-il aussi longtemps pour tout essayer ? On ne peut pas se faire taper dessus pendant une

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Michael, quel a été le moment le plus important de cette année 2007 ? Il y a une situation où Federer domine le tennis avec un des plus grands numéro 2 de l’histoire du jeu qui est Nadal. Cette rivalité apporte beaucoup au tennis, mais vous avez un 3ème homme, Djokovic, qui peut aller les chercher avec quelques belles années devant lui.

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Guy, quel est pour toi l'évènement important de cette année 2007 ? La montée en puissance de Djokovic. Depuis quelques mois, je suis admiratif de cette suite logique. On sent que les progrès sont réguliers. Il est plus serein, il arrive à rigoler. Ce gars, s’il gagnait l’Open d’Australie en janvier, ce ne serait pas un accident. Je vois Novak remporter un tournoi du Grand Chelem dans l’année qui vient. Ca se voit dans son attitude. Dans son jeu, il n’a plus de baisse de régime, de coup de pompe comme il en avait avant. Je me rappelle des matches où il baissait les bras, il avait des crampes, il n’arrivait pas à enchaîner. En plus de ça, il arrive avec un certain détachement et il est charismatique.

heure et demi par Tyson et dire « Bon, maintenant le match commence ». Le match commence mais vous ne pouvez plus frapper, vous êtes mort ! En revanche ce que j’ai bien aimé chez Federer, c’est qu’il fait cet effort pour gagner le 2ème set, il se fait breaker d’entrée de 3ème set et ça fait 3-0 mais après il joue un tennis qui est intéressant parce qu’il gagne les points rapidement. Il n’est pas loin de Nadal. C’est ce qu’il doit faire dès les premières minutes et s’il prend 6-1 6-1 6-1, c’est pas grave, il doit se dire « Je m’en fous ». En tout cas je dois préciser que cette année, côté Federer c’était bien mieux que l’an dernier.

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APRÈS UNE SAISON 2007 TERMINÉE EN APOTHÉOSE AVEC LE TRIOMPHE DE LA REINE HÉNIN ET DU ROI FEDERER, VOICI LES SIX ÉNIGMES À RÉSOUDRE POUR LA SAISON 2008. DU RETOUR TANT ATTENDU DE MARY PIERCE À LA CONQUÊTE DE FEDERER AUX JO DE PEKIN, GRANDCHELEM JOUE AU PROPHÈTE DE GRANDS CHEMINS ET SE MOUILLE…À PEINE.

C’était à Roland-Garros lors d’une conférence de presse assez intimiste que Mary Pierce avait annoncé la couleur : « Revenir mais sans me presser et me qualifier pour les JO de Pékin comme objectif principal ». Un gros programme qui va finalement recouper celui tout aussi consistant de sa consoeur, Amélie Mauresmo. Très remontée après une année 2007, que l’on qualifiera diplomatiquement de transition, la Française se dit prête à repartir au combat après un vrai break dont elle a expliqué l’effet bénéfique à nos confrères de Psychologies Magazine : «J’ai compris ce qui me bloquait avant : la menace de la défaite. Je n’arrivais pas à l’accepter. C’était presque une honte. Paradoxalement, je l’ai compris en gagnant ». En 2008, Amélie et Mary vont donc entamer une deuxième, voir une troisième carrière. Nous on y croit !

Nalbandian, le vrai dauphin de Federer ?

« Avec le niveau que Nalbandian a eu sur les deux derniers tournois de l’année, il peut légitimement convoiter la première place mondiale, c’est clair. Encore faut-il le faire sur toute une saison » a résumé avec sa lucidité habituelle Rafael Nadal, au sortir d'une nouvelle défaite cinglante face à l'Argentin en finale à Bercy. Plusieurs éléments peuvent laisser penser que David Nalbandian sera l’homme à suivre dans ce début de saison, peut-être plus que celui qui a été prématurément considéré comme le 3ème homme, Novak Djokovic. L’Argentin n’aura pas beaucoup de points à défendre sur ce début de saison 2008, et il a surtout bénéficié de trois semaines de repos supplémentaires en refusant d’aller se perdre dans un éventuel remplacement aux Masters de Shanghai. Nalbandian est frais. Il sera une des grosses attractions de l’Open d’Australie, un tournoi qui lui réussit bien. Le Nalby, on adore !

A qui la médaille d’or dans la cité interdite ? Présent aux J.O depuis 1892, c’est en 1924 que le divorce a été consommé entre l’olympisme et le tennis avant qu’en 1988 à Séoul, Steffi Graf et Miloslav Mecir ne reviennent dans le chemin initié par le Baron Pierre de Coubertin. Depuis tous les joueurs qui se sont imposés aux JO ou qui ont eu la chance de revenir avec une breloque en parlent avec une profonde émotion, l’impression réelle d’avoir intégré la grande famille du sport. Fabrice Santoro rêve encore d’aller en Chine pour clore sa carrière, celle des records en terme de participations. Quant à Roger

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GRANDCHELEM - MAGAZINE D’INFORMATIONS GRATUIT SUR LE TENNIS - TRIMESTRIEL - DÉCEMBRE 2007

Federer, il n’a pas oublié sa défaite face à Arnaud di Pasquale en demi-finale en 2000. Si le Français en parle déjà à l’imparfait : «Pendant ces Jeux, j’étais dans un état second. C’est bien simple, je ne touchais pas terre, je volais », le Suisse ne pense presque plus qu’à ça : « C'est un des objectifs de la saison à venir. Ce n'est pas le plus facile car les JO n'ont lieu que tous les quatre ans. Ca rend un peu nerveux. Je serai probablement un des favoris. Après ça dépendra de la surface et de la forme du moment ». Le Rodgeur en larmes, on veut voir ça !

Nadal peut-il perdre à Roland-Garros ?

Depuis trois ans, ils ne sont pas nombreux, ceux qui sont parvenus à faire tomber le Majorquin sur terre battue. Mais cette année, l’Espagnol veut encore progresser sur les autres surfaces, et selon Mats Wilander, cette adaptation se fera au détriment de son jeu sur terre battue. Un espoir s’allume. Alors pourquoi pas Federer, qui l’an dernier a sorti deux sets de rêve pour clouer le bec de Rafa à Hambourg ? Ou Hewitt qui avait déjà failli faire passer l’Espagnol à la trappe en demi-finales. On se souvient également du match titanesque de Davydenko en demi-finale du tournoi de Rome. On espère surtout voir l’épouvantail Nalbandian arriver en forme à la Porte d’Auteuil. Et puis il y a la grosse cote, notre Paul-Henri Matthieu national, à coup sûr remonté comme une pendule par les déclarations de son nouvel entraîneur, Mats Wilander : « J’ai une petit idée de la raison pour laquelle Noah est le dernier Français à avoir gagné Roland-Garros et je peux aider un joueur français à être son successeur » 2008, l'année PHM, on en rêverait !

Richard Gasquet dans le Top 5 ?

C’est la grande satisfaction tricolore avec Paul-Henri Mathieu, Gilles Simon, Nicolas Mahut et Jo-Wilfried Tsonga. Richard Gasquet a passé un vrai cap en 2007 et son succès en quart de finale face à Andy Roddick à Wimbledon restera l’un des moments forts de cette saison, tout comme sa qualification aux Masters. « Etre dans les huit premiers mondiaux, c’est un vrai rêve de gosse qui s’est réalisé, je ne vais pas le cacher, mais ce n’est pas une fin en soit. Je veux continuer sur cette lancée, rejouer un Masters, me rapprocher des cinq premiers. Je vais travailler car je pense que dans les deux ou les trois années à venir, je peux remporter un Grand Chelem ». En intégrant le top 5, Richard Gasquet rejoindrait en tout cas le panthéon des quatre tricolores ayant déjà été initié à ce club hyper select : Sébastien Grosjean, Guy Forget, Henri Leconte et Yannick Noah. Et après ça, pourquoi pas le top 3 ?

Lindsay Davenport et Monica Seles, victimes du Mamy Blues ?

Il n’aura donc suffi que d’un mois de convalescence à Lindsay Davenport pour digérer son accouchement et revenir sur le circuit WTA. Après un petit double avec son ami Lisa Raymond, l’ex numéro 1 a enchaîné avec une victoire au tournoi de Bali face à Daniela Hantuchova, une demi-finale à Pekin, et une nouvelle victoire à Quebec contre Olga Poutchkova pour finalement signer la meilleure stat de l’année : 13 victoires pour une petite défaite contre Jelena Jankovic. « Ce n’est pas parce que vous avez été enceinte que vous devez abandonner votre carrière, je me sens très bien, et je prends un réel plaisir sur le court ». Ce retour a mis la puce à l’oreille à l’une de ses consoeurs et autre exnuméro 1 mondiale, Monica Seles : « Ce que Lindsay a fait en septembre après son congé de maternité, je peux le faire aussi. J'envisage sérieusement de prendre part l'an prochain aux levées du Grand Chelem et à certains grands tournois. Ce serait mon troisième retour sur le circuit ». De son côté, Billy Jean King aurait refusé toutes les offres de retour...

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Mary Pierce et Amélie Mauresmo de retour ?

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2007 ÉTAIT EN FÊTE, 2008 SERA OLYMPIQUE !

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EN ROUTE POUR 2008


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AU PAYS DES ETOILES

Texte de Benjamin Rassat

MUSTERMINATOR

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QUAND Y EN N’A PLUS, Y EN A ENCORE IL ÉTAIT LE BÛCHERON AUTRICHIEN DU TENNIS, AVEC UNE TÊTE DE RUFFIAN À ALLER DÉBITER SA CENTAINE DE COPEAUX DE BOIS TOUS LES JOURS. ON OUBLIE QUE THOMAS MUSTER FUT AUSSI UN NUMÉRO 1 MONDIAL, VAINQUEUR D’UN GRAND CHELEM À PARIS OÙ AVEC SA PATTE GAUCHE ET SON GROS BRAS D’OR, IL ANNONÇAIT AVANT L’HEURE L’IMPERIUM DE SON FILS SPIRITUEL : RAFAEL NADAL,

O

n fait quoi quand on est un sportif autrichien et qu’on gagne son premier grand titre significatif ? On sort et on fait la tournée des grands ducs en descendant sa demi-douzaine de coupes de champagne dans chacun des bouges qu’on va envahir de sa présence euphorique avant d’aller s’effondrer la bave au lèvre et l’œil vitreux dans le premier caniveau du premier trottoir qu’on accostera à quatre pattes. Même le grand skieur autrichien, Hermann Maier, pas un grand comique pourtant, ne coupait pas à cette tradition de débauche après la victoire finale. On avait l’habitude de retrouver Herminator à 5 heures du matin, la tête dans son vomi, le Golden Globe serré contre la combinaison de ski détrempée qu’il n’avait pas voulu quitter depuis la course du jour, même pour rentrer dans la boite locale réservée à son effet. Avec Thomas Muster, rien de tout ça. Thomas Muster rentrera dans l’histoire pour être le seul joueur à avoir remporté un Grand Chelem et être parti se coucher à 22 heures. C’était en juin 1995 et c’était à Roland-Garros, mais le

bon Thomas avait une excuse : le lendemain il devait se lever à 6 heures pour aller à la pêche ! (voir interview) L’anecdote fait sourire mais elle étonne à peine de la part d’un joueur qui jusqu’à la fin de sa carrière incarnera le prototype du spartiate masochiste, phénomène plus entrevu depuis le retrait d’un autre forçat de l’école du tennis à la schlague : Ivan Lendl. Il faut dire que la carrière de Thomas Muster ne fut pas de tout repos. Comme celle de son collègue Hermann Maier, elle fut coupée en deux par un accident dramatique. Alors que le natif de Leibnitz s’était déjà signalé à 22 ans par une prometteuse demi-finale à l’Open d’Australie en 1989, il était fauché trois mois plus tard par le destin sous la forme d’une voiture garée sur un parking de Key Biscayne, qui reculait et lui brisait la jambe en mille morceaux. On pensait sa carrière terminée. C’était mal connaître Musterminator, le robot androïde de 3ème génération. Au cœur même de l’été 1989, une image saisissante faisait le tour des gazettes : la jambe plâtrée et attachée sur un

banc, le rictus de la douleur en témoin de sa rééducation plus qu’active, Muster faisait ses gammes comme un joueur de tennis en fauteuil. Ce courage inouï était récompensé par son come-back à peine six mois plus tard. Mais c’est en 1995 que l’Autrichien allait marquer son empreinte dans le jeu, d’abord en étant placé au centre de la polémique quant à des suspicions sur une performance étonnante à Monte-Carlo où après une demifinale éprouvante, il remportait la finale en 5 sets face à Boris Becker après avoir eu deux balles de match contre lui (4-5 5-7 6-1 7-6 6-0). Non seulement l’Allemand ne remporterait jamais un tournoi sur terre battue mais, mauvais joueur, il soulevait quelques interrogations sur le résurrection physique de super Thomas. Un ange passait… Mais c’est sans discussion que l’Autrichien s’imposait un mois et demi plus tard à la Porte d’Auteuil (7-5 6-2 6-4) face à Michael Chang après avoir fait main basse sur la saison de terre battue en s’imposant un peu avant à Rome face à Sergi Bruguera.

Professionnel et toujours aussi méticuleux, Thomas Muster ne quittait pas le court central Philipe Chatrier sans remercier l’ensemble des officiels, des juges de ligne et surtout des petits ramasseurs de balle à qui il allait serrer la main individuellement. Cette année 1995, Muster remportait 12 titres et se rapprochait de la place de numéro 1 mondial. On lui reprochait l’unidimensionnalité de son jeu et de son terrain de prédilection, la terre battue, mais de plus en plus à l’aise sur ciment, Muster décrochait le Graal en 1995. L’espace de quelques semaines, il atteignait le sommet du classement ATP. Encore sept belles victoires pour cette saison 1995 et la carrière de l’Autrichien entamait son crépuscule juste éclairée par une dernière demi-finale en 1997 à l’Open d’Australie. Musterminator avait bien mérité sa retraite… jusqu'au prochain épisode.

THOMAS MUSTER : « ON A RAMENÉ DU POISSON ET ON A NOURRI 20 PERSONNES » C’EST AU TROPHÉE LAGARDÈRE QUE NOUS AVONS RETROUVÉ THOMAS MUSTER POUR LUI PARLER DE SA FINALE CONTRE MICHAEL CHANG À PARIS EN JUIN 1995. SOUVENIRS, SOUVENIRS.

Mais quand on arrive dans les vestiaires, on est supposé hurler de joie, non ? Non. Pas moi. (Sourires) Non, bien sûr j’ai eu une montée d’adrénaline mais d’une façon très calme. Je n’étais pas déchaîné, en train de courir dans le vestiaire à boire du champagne, non. Et pour tes parents ? Bien sûr que c’était très émouvant, mais ça prend une telle énergie que tout le

monde est cuit. J’ai pris une petite coupe de champagne mais j’étais tellement fatigué que je suis allé au lit. (Rires) En revanche le jour suivant, c’est le jour le plus agréable. Tu repenses à ta finale. Mais tu n’es pas resté à Paris ? Non, non, on est rentré en Autriche où il y avait une petite réception entre amis, et c’était tout. Une coupe de champagne et je suis allé au lit à 10 heures. (Sourires) Ah si, le lendemain, je suis allé à la pêche. Comme Miloslav Mecir Oui, je suis allé pêcher à 6 heures du matin. On a ramené du poisson et on a nourri les 20 personnes qu’on avait invitées pour faire la fête. (Sourires) De toute façon, j’avais prévenu tous les journalistes de la presse autrichienne à la fin de mon match : « Prenez vos photos, posez vos questions parce qu’après je ne veux plus qu’on m’appelle pendant une semaine ». C’est ce qu’ils ont fait et c’était parfait.

entité Ficheomd’i: Mduster ●N

mas om : Tho utriche) ibnitz (A e L à 7 6 9 1 e r 2 octob ● Né le ARÈS ● elem ● PALM grand ch titre du 1 t n o d en simple 1995) 44 titres -Garros 996 (Roland février 1 TP le 12 l'A à us d n r u e s, 271 p Numéro es gagné h tc a m ain 622 ,910 de g $12,225 ● Prén

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Thomas, tout le monde a retenu cette image de toi en train de serrer la main des ramasseurs de balle après ta victoire à Paris. C’était un jour extraordinaire pour moi. Quand je suis venu jouer Roland-Garros pour la première fois, je ne pensais jamais que je gagnerais un jour ce tournoi. Dans ma tête c’était impossible. Mais quand vous réalisez ce rêve-là, celui de votre vie, et que vous le faites à 28 ans après avoir attendu tant d’année, vous avez enfin toute la pression qui retombe. C’est comme Goran Ivanisevic qui gagne Wimbledon. Il a tellement attendu ce moment. Je pense qu’en gagner dix ou un, ça ne change rien, c’est toujours le premier dont vous vous souvenez.


GUEST STAR Propos recueillis par Laurent Trupiano

D'où vous vient cette passion pour le tennis ? C'est une passion héréditaire puisque mon père et mon oncle étaient de bons joueurs de double au niveau local. Ils se comportaient sur le court comme en cuisine. Ils étaient complices, complémentaires, indissociables. Même les très bons joueurs de simples peinaient à les battre. Etes-vous un grand spectateur de tennis ? Je ne rate jamais une finale de Roland Garros et je m'y rends tous les ans avec mes fils pour assister au spectacle. Quel est votre meilleur souvenir en tant que spectateur ? C'est probablement la rencontre de Coupe Davis, quand la France a battu les

Etats-Unis à Lyon. C'est la plus grande émotion de tennis que j'ai pu avoir parce qu'il y avait cette notion d'équipe qui est particulière à la Coupe Davis. Malgré votre emploi du temps parvenez-vous à trouver le temps de jouer ? J'ai beaucoup joué dans ma jeunesse, j'ai eu un petit classement. Et puis j'ai arrêté pour apprendre mon métier à travers le monde. Quand j'étais aux Etats-Unis, il y avait des courts de tennis à côté du restaurant où je travaillais, et j'y ai disputé quelques belles parties avec un ami américain. J'ai recommencé à jouer à l'âge de 25 ans mais mon travail ne me permettait pas de participer aux tournois. Aujourd'hui, j'ai un peu levé le pied mais je reste un grand passionné et mon fils de 14 ans est un accro de la petite balle

l'ACP: l'association des cuisiniers professionnels (rires). Mais il n'y a pas de classement dans mon domaine. Ma cuisine est acidulée, pointue, on la qualifie parfois de sportive. Elle est musclée parce qu'elle a du caractère dans les différentes notions d'assaisonnement. Je ne sais pas si ma cuisine est combative mais elle est définitivement acerbe et sûre d'elle. Au tennis, en quelques années, l’Espagne est devenue une grande puissance. Il semble que dans la cuisine aussi ce pays est entrain de bousculer une certaine hiérarchie ? Il y a une révolution en Espagne, en cuisine comme au tennis et les facteurs sont probablement identiques: l'envie

MONSIEUR TROIGROS MICHEL TROISGROS EST TOMBÉ DANS LA MARMITE DU TENNIS DÈS SON PLUS JEUNE ÂGE

PUISQUE SON PÈRE ET SON ONCLE ÉTAIENT DE VRAIS FANS DE LA PETITE BALLE JAUNE. POUR GRANDCHELEM, IL A QUITTÉ SA BRIGADE ET SES FOURNEAUX POUR ÉVOQUER UNE PASSION ENCORE VIVACE. INTERVIEW TROIS ÉTOILES. UN VRAI RÉGAL. Troisgros Place Jean Troisgros - 42300 Roanne Tél. 04 77 71 66 97

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La Maison Troisgros agite toujours les papilles de la ville de Roanne. Le restaurant est classé trois étoiles au Guide Michelin depuis 40 ans. La cuisine qui est proposée est subtile, inventive. « On m’a donné un vrai patrimoine, un vrai savoir faire, c’était une mission de parvenir à relever ce challenge, de perpétuer la tradition d’excellence de la famille Troisgros, et cela reste un vrai plaisir chaque jour quand je me rends ici pour continuer à transmettre et à créer » nous a expliqué Michel Troisgros pour évoquer son travail de tous les jours.

jaune, donc je l'accompagne et l'encourage dans ses matches. Peut-on faire le parallèle entre un champion de tennis et un champion de la cuisine en terme de préparation et de discipline ? Ce sont des parallèles qui semblent évidents, mais je ne pense pas qu'un cuisinier soit un athlète. De plus la carrière d'un chef est beaucoup plus longue que celle d'un tennisman. Mais dans un métier comme dans l'autre, il faut rester très lucide et avoir un bon sens de l'analyse quelle que soit la situation. En cuisine, on ne joue pas contre quelqu’un, on joue avec quelqu'un et on essaye de lui donner du plaisir. Alors qu'au tennis on essaye de le faire souffrir. Je rapprocherais plus mon métier du jeu en double pour la notion d'équipe. En cuisine, on travaille à plusieurs pour atteindre l'excellence. Dans le classement The Race pour les restaurants trois étoiles, où vous situez-vous ? Si l'ATP est l'association des tennismen professionnels, moi je fais partie de

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G R A N D C H E L E M - M A G A Z I N E D ’ I N F O R M AT I O N S G R AT U I T S U R L E T E N N I S - T R I M E S T R I E L - D É C E M B R E 2 0 0 7

de gagner. Ils ont une audace qui n'est pas conforme et que nous, les Français, avons du mal à produire. Que vous évoque l'expression « cuisiner un joueur »? C'est le dominer et le couper en petits morceaux, le mijoter à petits feux pendant un moment avant de le croquer (rires). Comme s'il maîtrisait la flamme et qu'il la menait de droite à gauche. Si vous deviez inventer une recette qui colle au tempérament de Roger Federer et de Rafael Nadal ? Je ne changerais probablement pas ma manière de cuisiner. Pour Federer, ce serait un plat élégant, assez consensuel, qui plairait aux femmes. Avec quelques agrumes pour donner un peu de merveilleux au plat. J'imagine un turbo cuit avec beaucoup de justesse, avec des écorces d'oranges ou de citron et quelques pointes de poivre vert. Quant à Nadal, ce serait plus sauvage, peut-être un râble de lièvre au gingembre, plein de nuances, de personnalité et de fougue. Epicé et à l'huile d'olive ou au vinaigre de Xerès pour le côté espagnol.

Avez-vous le stress du champion qui est de toujours se maintenir au plus haut niveau ? Oui, mais c'est un stress qui dure toute la vie, parce que comme au classement ATP, les chefs sont répertoriés au Guide Michelin. Nous y avons trois étoiles depuis près de 40 ans, c'est dire si c'est un marathon ! Ce n'est pas un stress comme celui avant de rentrer dans l'arène, mais plutôt une concentration permanente que l'on traduit à toute l'équipe. C'est une attention de tous les instants qui fait que l'on atteint la performance. Le stress peut exister mais sur des instants précis, quand il y a des personnalités très importantes à servir, ou un jour de concours. Dans ces cas là, c'est l'équivalent d'un joueur de tennis.

Le chef tient-il un rôle de coach plus que celui de champion lui-même ? Il y a un peu des deux. J'aime encore mettre la main à la pâte, par plaisir et par esprit de créativité. Mon chef de cuisine ou mon chef pâtissier peuvent contribuer à l'innovation par un autre point de vue, mais je reste l'auteur, c'est moi qui donne le style. Je suis à la fois acteur et chef d'entreprise, à la fois joueur et coach. Aujourd'hui il y a de jeunes joueurs qui vous fascinent par leur charisme ? Je ne suis pas qualifié pour répondre à cette question. En revanche quand j'accompagne mon fils à ses matches, je vois des jeunes qui ont un toucher de balle d'une beauté exceptionnelle. Vous avez connu l'âge d'or du tennis des années 80. Etes-vous nostalgique de cette époque ? Non, je ne suis pas nostalgique. J'aime les époques telles qu'elles étaient. Les athlètes étaient beaux en ce temps-là, ils le sont encore aujourd'hui. On parle de tennis entre chefs ? Dans le temps, il y avait un tournoi à la Baule où les restaurateurs et hôteliers se rencontraient. Mon père y a joué en double avec une poêle. Ce fut un grand moment. Les joueurs de tennis ont d'abord joué en blanc, maintenant ils sont en couleurs. Pourquoi ne verrait-on pas les grands chefs habillés en couleurs ? Il y a eu quelques fantaisies, en noir notamment, mais moi je reste très classique. Les cuisiniers de ma génération ne portent déjà plus la toque et c'est déjà une vraie révolution !



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