GrandChelem 35, juillet 2013

Page 12

SEA, SUN & BEACH !

L’été approche... Avec ses chaleurs et ses vacances tellement attendues, vous prenez, heureux et soulagés, la direction des plages, de la mer et du farniente. Mais le tennis ne s’arrête pas pour autant... Et, plutôt que de suer toute l’eau de votre corps meurtri par une année de boulot - de métro et de dodo aussi - sur des courts en goudron brûlants, c’est le moment de vous lancer dans une autre discipline : le beach tennis. Du sable, une raquette et des vagues à deux pas... Le pied ! GrandChelem est parti à la découverte de ce sport à part entière, à l’esprit unique, qui surfe sur une vague formidable d’initiatives et de professionnalisation. Un sport qui était, hier, un sport de demain, et qui est, aujourd’hui, résolument, un sport... de maintenant. Dossier réalisé par Rémi Capber et Laurent Trupiano / L'ensemble des entretiens a été réalisé par Laurent Trupiano

« Le beach tennis appartient aux pratiquants » Olivier Samaran et David Mottin, joueurs passionnés et forcément impliqués dans le beach tennis, ont accepté de jouer le jeu d'une interview croisée. Plutôt logique qu'ils relèvent ce challenge, amoureux d’un sport qui se pratique exclusivement en double... Comment en êtes-vous venus à jouer au beach tennis ? Olivier Samaran (OS) : En fait, j’ai été seconde série au tennis (3/6). Mais, à un moment donné, j’ai manqué de motivation et d’envie. J’ai eu l’opportunité de tester le beach tennis ; cela m’a tout de suite plu. Le fait de jouer avec un pote, l’ambiance des compétitions... Je me suis rendu compte que, ce qui me plaisait réellement jusque-là, c’était les matches par équipe plus que les tournois pour améliorer mon classement. Comme j’étais aussi un amateur de beach volley depuis toujours, le beach tennis est arrivé au meilleur moment. David Mottin (DM) : Moi, j’avais organisé à Toulouse, en 2001, un concept qui s’appelait « tennis plage ». L’idée, c’était de jouer au bord de la Garonne, sur du sable, avec un terrain de mini-tennis. C’était un peu les prémices du beach tennis. Depuis, je ne me suis jamais arrêté (rires). Cela veut dire que vous avez arrêté de jouer au tennis traditionnel ? OS : Oui, car c’est dur de faire les deux de façon optimale. Maintenant que je participe au circuit mondial, je dois avoir une certaine rigueur d’entraînement pour être compétitif. D’autant que le niveau augmente chaque année… Et je sais de quoi je parle, car je fais partie des pionniers (rires). Je m’oblige à jouer au moins deux fois par semaine et à être au top physiquement également. DM : Non, moi je pratique encore les deux. Je suis professeur dans mon club, je ne me vois pas privilégier un sport par rapport à l’autre, je n’ai pas envie de faire un choix.

Mais, en beach, je n’ai pas le niveau d’Olivier (rires)… enfin, pas encore ! Le beach tennis, c’est dur physiquement ? OS : Le déplacement dans le sable est fatiguant et il faut le travailler pour savoir économiser son énergie. Cela passe par un travail spécifique du jeu de jambes qui n’a rien à voir avec celui du tennis traditionnel. L’autre point central du beach tennis, c’est le coup d’œil, il faut réagir vite, anticiper… parfois plonger (rires) ! DM : C’est certain que le beach tennis sollicite d’autres muscles, c’est un sport de sensations. Déjà le contact des pieds nus avec le sable change la donne. Et celui de la raquette avec la balle est aussi très particulier. De plus en plus de nations s’investissent dans le beach tennis. Avez-vous eu le loisir de voyager pour le vérifier ? OS : Oui, c’est tout à fait vrai. J’ai eu la chance de participer à des tournois en Floride, en Italie, bien sûr, mais aussi à Saint Martin ou à l’île Maurice. A la Réunion, également, et dans le temple de la discipline, à Aruba. Partout, j’ai constaté que cela prenait.

Vous n’avez pas peur que l’esprit beach tennis s’éteigne avec le développement de la discipline, l’organisation, le prize-money… OS : J’ai déjà pointé quelques petits signes, mais rien d’alarmant. En fait, je trouve qu’il y a des joueurs qui roulent un peu des mécaniques maintenant qu’ils ont un classement mondial, alors que cela n’en vaut pas vraiment la peine. Mais notre ADN sera plus fort et la nature-même de notre discipline évitera de tomber dans ces pièges. On peut faire du sport de très haut niveau sans se prendre toujours au sérieux. DM : Le niveau augmente et, forcément, il y a des joueurs qui sont de mieux en mieux préparés. Cela implique qu’ils y passent plus de temps et qu’ils abordent les compétitions de manière un peu moins détendue que par le passé. Mais, attention, l’esprit est là et il sera toujours là. Là-dessus, je n’ai aucune inquiétude.

DM : Je n’ai pas vraiment eu l’occasion d’aller à l’étranger régulièrement. Mais je dirais que je voyage via les réseaux sociaux qui sont très importants pour que notre communauté bouge et se donne des informations. Pour répondre à la question, c’est clair que la discipline est en train de grandir partout aux quatre coins du monde.

Pauline Bourdet « Pour être top 10 mondial, il ne faut pas avoir peur de faire des kilomètres » Pensionnaire du top 10 mondial, Pauline Bourdet a décidé de s'investir corps et âme dans le beach tennis pour aller au bout d'une passion née dans le berceau de la discipline en France : la Réunion. Avant de se mettre au beach, les passionnés ont souvent fait du tennis... C'est ton cas ? Bien évidemment (rires) ! J'ai été classée -2/6, puis je suis tombée dans la marmite du beach tennis. J'avais aussi une bonne raison, puisque je suis d'origine réunionnaise.

22

sérieux. J'ai eu la chance d'y participer, c'est une date qu'on coche chaque année dans notre calendrier. Plus de 650 joueurs sont présents, le niveau de jeu est très élevé, le public est chaud… C'est l'événement incontournable du beach tennis.

C'est-à-dire ? Imaginez la plage de Saint Gilles et se 12 terrains, des joueurs qui attendent au bord des courts et, ce, presque tout l'année... Bref, la Mecque du beach tennis, c'est la Réunion, juste après Aruba...

Aujourd’hui, on peut dire que tu es professionnelle ? D'un point de vue sportif, oui. D'un point de vue financier, j'en suis loin. En fait, si je parviens à parcourir le monde, c'est aussi parce que je suis soutenue par mon équipementier N'Shot et par un amoureux du beach tennis.

Justement, Aruba, c'est Wimbledon ? Je ne sais pas, je n'y suis jamais allée, à Wimbledon (rires). Plus sérieusement, Aruba est le plus gros tournoi au monde avec un prize money qui commence à être plutôt

C'est qui, cet amoureux ? Cela va vous faire rire, mais c'est le propriétaire d'une station service Engel à la Réunion. Sans son aide, je ne pourrais pas me consacrer autant au beach tennis.

Avec toutes ces contraintes, comment fait-on pour être top 10 ? On joue beaucoup, on s'entraîne physiquement et tactiquement, on a une bonne partenaire et, surtout, on n’a pas peur de faire des kilomètres. Enfin – et c'est le plus important –, on aime cela, car il est évident qu'aujourd'hui on ne peut pas vraiment en vivre. Au final, la récompense, c'est aussi de voyager dans des endroits paradisiaques. De découvrir le monde. Si on dit que le beach tennis, c'est ton job d'été, cela te vexe ? Pas du tout, j'assume (rires) ! Plus sérieusement, j'essaye de me donner à fond, car j'ai un peu de temps et je ne veux pas avoir de regrets. La suite de ma carrière dans le beach tennis, je ne la connais pas. Mais j'aimerais grandir avec la discipline, car je sens que les choses avancent.

G R A N D C H E L E M - maga z i ne d ’ i n f o rma t i o n s G R A T U IT s ur le t enn i s - b i me s t r i el - J U I L E T - A Ô U T 2 0 1 3

Chez les hommes, l’Italie est une nation particulièrement forte. Chez les femmes, j’ai cru comprendre que c’était moins le cas... C'est vrai, mais l'Italie reste la nation forte et les Italiennes sont les joueuses à battre. La tendance ne va pas s'inverser si vite. L'Italie s'appuie sur 40 ans de pratique. Sur la côte adriatique, le beach tennis squatte toutes les plages avec des tournois de tout niveau. C'est juste un truc de dingue ! Un jour, peutêtre, on verra la même chose en France. On peut déjà se dire qu'on a les plages pour le faire. Ce n'est pas le cas de toutes les nations qui tentent de percer dans le beach tennis.

G R A N D C H E L E M - maga z i ne d ’ i n f o rma t i o n s G R A T U IT s ur le t enn i s - b i me s t r i el - J U I L E T - A Ô U T 2 0 1 3

23


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.