GrandChelem 35, juillet 2013

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MARION, MARRY ME !

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« Pour cette quinzaine de feu, pour cette finale quasi-parfaite, pour ce samedi historique, pour cette joie de partager enfin une victoire en Grand Chelem, pour tout ça, Marion méritait notre une, avec un mot en sept lettres. Un mot qui claque et qui ne laisse pas la place au rêve, un mot qui clôt le débat, un mot qui sonne aussi bien en français qu’en anglais. Ce mot, c’est : RESPECT. » Hommage à Marion Bartoli

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« Marion est une forcenée de boulot, elle était toujours la première et la dernière à la salle de gym. Ce qu’il y a d’admirable, c’est qu’elle a su se remettre en cause et ça n’a pas dû être évident. Elle a vécu un début de saison plutôt difficile avec tous ces rebondissements, elle en a bavé. Je pense d’ailleurs qu’Amélie lui a fait un bien fou. Je ne peux être qu’admiratif de son parcours et sa carrière. » Nicolas Mahut, parmi nos témoins : Julien Bennetau, Sam Sumyk, Camille Pin…

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« Le déplacement dans le sable est fatiguant et il faut le travailler pour savoir économiser son énergie. Cela passe par un travail spécifique du jeu de jambes qui n’a rien à voir avec celui du tennis traditionnel. L’autre point central du beach tennis, c’est le coup d’oeil, il faut réagir vite, anticiper… parfois plonger (rires) ! » Olivier Samaran, ex-champion de France de beach tennis, dans notre dossier « Sea, sun & beach »

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« Nadal n’est plus exactement le même qu’avant. Mais il est tellement plus fort que les autres sur terre battue qu’il n’a pas besoin d’être à 100% pour gagner. C’est vrai pour tous les joueurs, sauf un : contre Djokovic, il doit être à 100%. Il le sait. Cette année, à Roland Garros, il a réussi à produire son meilleur tennis dans le match qu’il fallait. C’est à cela qu’on reconnaît les champions. » Andre Agassi, notre guest star, à propos de Rafael Nadal

Diffusion : 40 000 exemplaires dans 800 points en France • Liste des points disponibles sur www.grandchelem.fr • GrandChelem, le magazine gratuit 100% tennis • Fondateur et Directeur de la Rédaction : Laurent Trupiano (laurent.trupiano@grandchelem.fr) • Création artistique et mise en page : Séverine Béchet (SBDesign –Studio Graphique. www.sbdesign.pro) • Conseiller Editorial : Rémi Capber (remi.capber@grandchelem.fr) • Rédacteurs : Pauline Dahlem, Audrey Riou, Alexandre Dinkespiler • Site internet : http://www.welovetennnis.fr • Responsable Business Development: Sandrine Proton (sandrine.proton@grandchelem.fr) • GrandChelem est édité par la société Convergence Media appartenant au groupe The TENNIS FACTORY (www.thetennisfactory.fr), 8 rue Joseph Cugnot, 38300 Bourgoin-Jallieu • Rédaction : 04 27 44 26 30 • Publicité : 06 60 26 37 76 • Photos : SportVision, Chryslène Caillaud

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Elle sourit comme le soleil sous le ciel clair de Wimbledon. Marion Bartoli vient de remporter le premier tournoi du Grand Chelem de sa carrière. Non, vous ne rêvez pas… Rappelez-vous deux secondes ce que vous attendiez de cette édition 2013 au milieu du mois de juin. Vous y êtes ? Oui, ce quart de finale entre Rafael Nadal et Roger Federer. Mais aussi ces espoirs formidables pour Jo-Wilfried Tsonga, fraîchement demi-finaliste à Roland Garros, Richard Gasquet ou encore Benoît Paire. L’absence de suspense du tableau féminin et Serena Williams pas loin d’écraser ses poursuivantes comme on écrase l’herbe tondue d’une pelouse entretenue. Ne mentez pas, c’est bien à cela que vous vous attendiez. Alors… Bilan ? Cela donne le vertige. Ce vertige, c’est aussi cet ace vainqueur claqué par Marion, dont elle voit encore la craie sautiller au-dessus du gazon, le blanc sur le vert et les cris de la foule. Avant d’éclater en un sourire radieux, sans artifices, tellement vrai, tellement sincère. Un sourire d’une joie profonde : celle d’un soulagement de voir concrétisés 22 ans de carrière, de galère, de doutes, de travail acharné ; celle d’une enfant voyant réalisé le rêve d’une petite fille qui tapait la balle, déterminée déjà, sur les courts du TC Retournac dans la chaleur de l’été alto-ligérien – oui, c’est ainsi qu’on appelle les habitants de son département ; celle d’une jeune femme heureuse et accomplie, tout simplement. Ce sourire, enfin, c’est celui d’une passionnée, d’une fille qui a tout sacrifié pour son sport et qui, surtout, sait pourquoi elle l’a fait. Le sourire, elle nous le donne à tous. Ajoutez-y quelques vacances, un repos bien mérité, du soleil et, pourquoi pas, le sable fin d’une plage… Et vous obtenez un parfait cocktail post-Wimbledon. Un parfait cocktail, que ne refusera pas un fan de… beach tennis. Car GrandChelem s’est offert un petit bain découverte de cette discipline assez unique. C’est frais, c’est savoureux, c’est bon esprit et c’est surtout un sport à part entière : le beach va vous permettre de garder la banane tout au long de l’été… voire mieux, en indoor, dans les saisons plus froides. Alors conservez ce sourire bartolien… au moins pour vos photos d’été.

le m 36 So rt ie de Gr an dC he mi se pt em br e 20 13

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WIMBLEDON

WIMBLEDON

MARION

BARTOLI

Quelques fois, c’est le regard dédaigneux des autres qui nous donne la force de nous battre ; quelques fois, c’est le regard amoureux des siens qui nous permet de nous transcender. Voilà, en deux phrases, résumée la carrière de Marion Bartoli, petite fille, dernière à tous les tests fédéraux dans ses plus jeunes années, et, depuis le samedi 6 juillet 2013, championne à Wimbledon. Il y a tout ce que l’on aime, à GrandChelem/Welovetennis, chez Marion Bartoli. Et, surtout, cette idée de ne pas faire les choses comme les autres, de frapper chaque balle comme si on allait mourir, l’envie de démontrer que le tennis est avant tout un sport de neurones. Rester dans son rythme, montrer les dents, serrer le poing, maintenir un regard, noir, noir, comme pour expliquer à son adversaire que le combat sera une mise à mort. On sent un peu de Rafael Nadal en Marion Bartoli dans sa façon de mettre tout son corps dans une frappe, dans cette gesticulation permanente pour garder son calme aux moments importants. Mais pas de Roger Federer chez elle, parce que le classicisme a laissé la place à une épreuve de force où c’est le résultat qui compte. « Je suis d’une mentalité américaine et je pense toujours de manière positive en me disant que tout est possible », nous avait-elle confié lors d’un bel entretien paru dans notre numéro 5. Sa finale passée et perdue en 2007 ? Beaucoup de spécialistes étaient venus nous rire au nez en expliquant qu’elle n’était qu’une verrue de l’histoire et qu’on ne verrait plus jamais cette Marion Bartoli à pareille fête. Prétextant, comme d’habitude, un physique inadapté, ces amoureux du beau geste, voire du geste pur, avaient juste oublié que la volonté et la croyance nous permettent de déplacer des montagnes. Plus simplement, de saisir sa chance. Et Marion a bien compris, durant cette quinzaine, que la chance venait à elle, qu’il fallait la choyer, la chérir. Alors, au fil des tours, elle a installé sa patte, elle a souri, souri encore et encore au point de ne plus savoir ce qui lui arrivait lors d’une balle de match extravagante. « Finir sur un ace à Wimbledon, vous vous rendez compte ! » s’exclamait la native du Puy-en-Velay à un public conquis par son anglais grande classe. Car Marion est aussi une vraie professionnelle, qui ne néglige rien et qui a compris que le tennis moderne se joue dans la langue de Shakespeare, surtout quand on veut soulever des trophées qui marquent l’histoire du tennis. Féérique, titrait L’Equipe le lendemain du titre, pour tenter de nous faire passer le coup de la princesse. Nous, on a choisi de le marquer, le coup. Faire taire les sceptiques et les aigris une fois pour toutes. Non, le tennis ne se joue pas qu’avec une technique léchée, apprise dans les grandes écoles, non le tennis n’est pas un sport uniquement réservé à une certaine élite. Le tennis s’apprend face à un mur, comme l’a fait Victoria Azarenka, ou dans un boulodrome couvert, à Retournac. Forcément, si l’on va aussi loin dans le département de la Haute-Loire, on est obligé d’évoquer Walter Bartoli. Personnage étrange, que j’avais eu la chance de rencontrer il y a trois ans à Roland Garros. Nous avions échangé brièvement

et convenu qu’un jour nous pourrions évoquer sa manière assez particulière de trouver des solutions inventives pour faire progresser sa fille. Cette première rencontre avait été marquée par un petit détail qui m’avait frappé. A chaque fois que je faisais un pas pour me rapprocher de lui, Walter en faisant un, en arrière, pour garder constamment une distance de sécurité. Distance qu’il a eu soin de préserver également tout au long de la carrière de sa protégée, car c’est isolés du monde que Marion et Walter ont parcouru les continents. Néanmoins, malgré son envie, on ne peut combattre le temps qui passe et un mode de fonctionnement qui a ses limites. Quand sa fille grandit, comme tout père aimant, on veut la voir heureuse. « Ma fille a 28 ans et, quand je la vois aujourd’hui, elle est épanouie. » Rien ne peut être ajouté à cette confession d’un père qui a tout sacrifié pour réaliser le rêve d’une vie, le sien, celui de sa fille et d’une certaine idée de la paternité. Maintenant qu’ils sont parvenus à se délester d’un poids énorme, ils peuvent enfin parler de sérénité. Et, comme en tennis, seul le résultat compte, les défauts d’hier seront déjà oubliés, voire effacés, les brimades aussi, les entraînements qui n’en finissaient plus... Le parcours de Marion Bartoli va sûrement faire naître des ambitions ça et là et engendrer quelques accès de folie. D’ailleurs, si Walter et sa fille ont toujours placé l’aspect mental au centre de leur projet, ils ont su lâcher du lest, finalement, au moment où on leur tendait vraiment la main. Après une folle ambition née dans l’envie de prouver au monde qu’ils avaient raison, ils ont accepté une aide précieuse, celle de la famille du tennis. Alors bien sûr, Amélie Mauresmo, Alexandra Fusai, Nicolas Perrote et les coéquipières de Fed Cup n’étaient pas sur le terrain, mais il est indéniable que Marion avait besoin d’amour et d’un vrai supplément d’âme. Pour cette quinzaine de feu, pour cette finale quasi-parfaite, pour ce samedi historique, pour cette joie de partager enfin une victoire en Grand Chelem, pour tout ça, Marion méritait notre une, avec un mot en sept lettres. Un mot qui claque et qui ne laisse pas la place au rêve, un mot qui clôt le débat, un mot qui sonne aussi bien en français qu’en anglais. Ce mot, c’est : RESPECT. Respect pour ce parcours, respect pour cette envie, respect pour cette croyance. Car, tout le reste, les polémiques, les jugements, c’est bon pour ceux qui n’ont pas compris que réaliser son rêve est un Graal qui appartient aux forcenés du travail, aux amoureux de l’émotion et, je dirais presque, aux accidentés de la vie. Laurent Trupiano

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Je me souviens… par Chryslène Caillaud, photographe de GrandChelem/Welovetennis « Marion et moi nous sommes rarement parlées. Mais, sur le court, nos regards se croisent depuis des années. Car il n’y a pas toujours eu beaucoup de supporters français pour la soutenir... Oui, je photographie Marion Bartoli sur les courts de tennis du monde entier. Je l’affirme : sa volonté de gagner est assez exceptionnelle et j’ai énormément de respect pour tout le travail qu’elle a fourni, avec tant de courage et de mérite. Je m’en souviendrai. Toujours. Je me souviens l’avoir vue se mettre dans un état second pour remporter un set et en faire un malaise ensuite… Je me souviens l’avoir vue battre Serena Williams sur le court n°1 à Wimbledon. D’ailleurs, la famille Williams a toujours pris Marion Bartoli très au sérieux. Quand je voyais le père de Serena venir au bord du court pour observer Marion, cela voulait dire qu’il y avait danger pour l’une des deux

« Sisters »... Je me souviens également de ce match qu’elle avait perdu à Wimbledon pendant un orage diluvien. Le toit du central avait été déployé, mais la pluie était si forte que le bruit des trombes d’eau qui s’abattaient l’empêchait d’entendre la frappe des balles. Elle avait été très gênée… mais n’avait rien dit. C’était incroyable. Avec Marion, c’est souvent comme cela. Elle est différente des autres joueuses. Elle a un caractère à part, mais également de grandes valeurs. Ce samedi 6 juillet 2013 restera gravé dans ma mémoire : c’est la date à laquelle Marion a remporté le plus grand tournoi du monde en s’imposant en véritable patronne. Je me souviens aussi pourtant… Il y a un mois, elle perdait contre une joueuse italienne, Giorgi, au premier tour des Internationaux de Strasbourg. Je l’avais croisée dans les couloirs du stade, elle était très

triste. Et je lui avais dit : « Ce n’est pas grave, je t’ai déjà vue accomplir de grands exploits… notamment à Wimbledon. » Elle m’avait gentiment remerciée. Hier, en entrant sur le court central, elle m’a aperçue. J’étais assise sur la plateforme des photographes. Nos regards se sont croisés et je lui ai fait signe d’y aller, que tout irait bien. En sortant du court, après son formidable match, elle m’a regardée à nouveau avec un sourire radieux. C’était maintenant une championne qui sortait avec le plus beau titre qu’elle puisse espérer. Aujourd’hui, quoi qu’il arrive, Marion Bartoli est entrée dans l’histoire du tennis français et je suis fière d’avoir pu photographier ce moment. Ce matin, lors d’une séance pour la Fédération Française de Tennis, nous avons pu faire cette photo ensemble, sur laquelle je refais ce petit signe que je lui ai fait au moment ou elle est entrée sur le court… pour gagner ! »

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WIMBLEDON

Bartoli vue de près… Nous avons contacté des témoins parfois privilégiés et d’autres plus lointains pour évoquer le titre à Wimbledon de Marion Bartoli. Que faisaient-ils au moment du sacre de la Française ? Et, surtout, que leur inspire le parcours de cette jeune fille atypique au professionnalisme d’exception et à la volonté sans failles ? Miscellanées.

Louis-Paul Garcia,

Thierry Ascione,

Camille Pin,

coach de Caroline Garcia

ex-coach de Kristina Mladenovic

ex-61ème joueuse mondiale

« On s’entraînait avec Caroline (Garcia) à la Ligue du Lyonnais. On a terminé juste au moment où Sabine Lisicki revenait dans le match. On a vu ce dernier jeu, la remise du trophée… c’était plus qu’émouvant. Caroline n’a rien raté et, je vais être sincère, moi, non plus. J’ai trouvé le discours de Marion épatant. Ce titre est une vraie bonne nouvelle pour le tennis féminin. D’ailleurs, c’est assez drôle de constater que les hommes sont toujours à la Une alors qu’il y a une disette de 30 ans, ce qui n’est pas le cas chez les filles (rires), même si cela n’a pas de sens de comparer les deux. Ce qu’il y a de beau dans le succès de Marion, c’est de se dire que la croyance peut mener à tout. Cette quête d’un absolu est le moteur d’un champion. Et je pense que Marion, au fond d’elle, y a toujours pensé. Au fil des tours, elle s’est installée dans son jardin en augmentant la qualité de son jeu. Sur ses deux derniers matches, il n’y a pas photo, Marion pratiquait un tennis d’attaque impressionnant.

« Cette finale, je l’ai vue entièrement. J’ai trouvé que les deux joueuses étaient assez tendues. Et puis, dès que Marion est passée devant, ça a été un ouragan. J’ai eu un peu peur à 5-4 dans le deuxième set, mais elle a su faire ce qu’il fallait. C’est ça, la race des championnes. J’ai aussi trouvé qu’il y avait beaucoup de choses qui se passaient entre elle et son clan et, ça, je sais que ça compte. Ce qu’il y a de plus bluffant, c’est que Marion s’impose finalement au pire moment de sa carrière. Elle cherchait une structure depuis plusieurs mois, elle n’était pas bien en début d’année. En même temps, elle n’a jamais cessé de travailler et c’est aussi l’une de ses grandes forces. C’est une travailleuse.

« En fait, comme j’ai commenté toutes ses matches pour Canal+ jusqu’aux quarts de finale, j’ai bien suivi la montée en puissance de Marion. Déjà, en début de quinzaine, quand je suis allée la voir au Player’s Lounge, je l’ai trouvée très détendue, souriante, heureuse. Moi qui la connais très bien pour avoir fait des tournées avec elle, j’en ai été assez touchée. Ce qu’il y a d’intéressant, chez Marion, c’est qu’elle parvient à scorer même quand elle ne joue pas très bien, comme Rafael Nadal. Et ça, c’est une des clefs de son succès à Wimbledon. Elle n’a pas perdu trop d’énergie dans ses premiers tours. Puis elle est parvenue à jouer plus relâchée, sans chercher à frapper plus fort. La base du jeu de Marion, c’est ce relâchement. Il y a aussi autre chose qui n’est pas forcément visible quand on l’affronte et que j’ai ressenti, moi, quand j’y ai été amenée : elle ne vous laisse pas le temps de vous organiser, surtout quand elle est dans sa bulle.

« Cette quête d’un absolu est le moteur d’un champion »

L’autre point important, c’est que Marion ne renonce jamais. Quand Walter est venu me demander si Thomas Drouet était un bon sparring-partner, je lui ai dit que c’était un bon gars. Son père cherchait encore et toujours des solutions. Et que Marion l’emporte juste après qu’elle a eu la force de se séparer de son père, c’est un beau signe du destin. Maintenant, c’est un peu une nouvelle vie qui commence pour elle et, pourquoi pas, une deuxième carrière. Sincèrement, qu’elle remporte Wimbledon, c’est un vrai truc de dingue, je ne m’en suis pas remis ! Enfin, quel exemple vraiment, alors que rien ne laissait présager cet exploit ! Elle est montée en puissance. J’étais au bord du court sur le 14 lors de son premier tour, il n’y avait pas grand monde (rires). Et puis, tout s’est bien goupillé, son niveau de jeu n’a cessé d’évoluer vers le haut... Marion a sacrifié sa vie pour le tennis et la voilà récompensée. Cela donnera, j’en suis sûr, des espoirs à beaucoup d’autres. Moi, qui reste un passionné, j’ai pris vraiment un pied énorme à suivre sa quinzaine. Le tennis est vraiment un sport de malades (rires) et c’est pour cela que je continue de m’y investir ! »

Son parcours peut être un exemple. D’ailleurs, même si elle ne l’a pas dit, je suis sûr que Caroline s’est aussi projetée dans sa tête quand elle a regardé les images de Marion soulevant le trophée. C’est très bien d’avoir un leader et Bartoli l’est encore davantage avec ce titre, cela va sûrement amener l’équipe de France à avoir de nouvelles ambitions. Quand j’entends, quelques fois, ce que certains nous expliquent sur le physique de Marion, par exemple, je suis atterré. Le tennis n’est pas un sport d’esthétique, il y a pas une note de style comme au patinage. Ce qui est important, c’est de l’emporter et de tout mettre en œuvre pour y parvenir. Notre sport est un duel, un jeu de géométrie, presque des mathématiques parfois, avec des zones à privilégier. Il faut connaître ses qualités, son explosivité et, surtout, ne pas oublier de cultiver ses points forts. Marion l’a compris mieux que quiconque. »

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« Bartoli n’a jamais cessé de travailler »

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« La base du jeu de Marion, c’est le relâchement » D’ailleurs, c’est ce qui est arrivé à Lisicki : elle n’a pas eu le temps de mettre son jeu en place, quand Marion, elle, plus fraîche a très rapidement pris le dessus. Avant la finale, j’avais pourtant peur que Liscicki soit totalement injouable. Heureusement, ça n’a pas été le cas, surtout parce que Marion lui a mis cette incroyable pression. A la suite de sa victoire, je l’ai appelée pour lui faire part de mon admiration. Elle a tout de suite commencé à évoquer nos souvenirs, quand on jouait le double ensemble lors de tournées dans des pays lointains. C’était touchant. J’ai une petite anecdote qui symbolise bien l’acharnement au travail qui a conduit Marion à devenir une championne. On était partie ensemble en Slovénie sur un tournoi, on venait de loin, on avait fait un voyage de plus de 20 heures. A notre arrivée à l’hôtel, il était très tard. Moi, je suis allée au lit. Marion, elle, est partie à la salle de sport pour faire deux heures de musculation. »

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WIMBLEDON

MARION BARTOLI

Bartoli vue de loin… Nous avons contacté des témoins parfois privilégiés et d’autres plus lointains pour évoquer le titre à Wimbledon de Marion Bartoli. Que faisaient-ils au moment du sacre de la Française ? Et, surtout, que leur inspire le parcours de cette jeune fille atypique au professionnalisme d’exception et à la volonté sans failles ? Miscellanées.

Sam Sumyk,

Nicolas Mahut,

coach de Victoria Azarenka

127ème joueur mondial

« C’est magnifique. C’est son moment. Il faut qu’elle savoure cette période » Evidemment, il faut aussi insister sur la cellule mise en place avec la Fédération. Là aussi, cela a été très pro. Je connais bien Perrote (NDLR : préparateur physique à la FFT), c’est du sérieux, et l’apport d’Amélie (Mauresmo) a été aussi un petit déclic. Bref, j’ai le sentiment qu’elle a été très bien entourée et cela compte quand on est une athlète de haut-niveau. A propos de sa finale, je vais être honnête, je n’ai rien vu, comme d’ailleurs de tout le tournoi. Le jour de la finale, je faisais un entraînement physique avec Laird Hamilton (NDLR : un célèbre surfeur) (rires), mais je suppose que Marion a joué comme elle sait si bien le faire. C’est-à-dire en prenant la balle tôt, en ne laissant pas respirer son adversaire, en mettant une grosse pression dès la première frappe. Tout le monde sait qu’elle a des qualités mentales assez exceptionnelles. Et, dès lors qu’elle sent bien la balle, elle devient très dangereuse. Son parcours ne m’étonne pas. Quant à minimiser son succès parce qu’elle n’aurait pas battu Serena, Vika ou Maria, c’est tout simplement ridicule, c’est surtout ne pas connaître grand chose du tennis de haut niveau. »

Julien Benneteau, 34ème joueur mondial « J’étais à une fête de famille le jour de sa finale (rires) ! Heureusement, j’ai pu me sauver un moment pour regarder la fin de la rencontre. J’ai trouvé Marion bien dans son match, même si le moment était plutôt tendu. C’est drôle, parce que je l’avais croisée avec Amélie pendant la deuxième semaine. Elle était super relaxe dans le player’s lounge ! Pourtant, c’était juste avant son quart de finale...

« Elle était super relaxe ! » On aurait pu imaginer un peu de tension pour une joueuse qui allait tenter de se qualifier pour les demi-finales... Mais non. Je lui ai dit : «En fait, tu es chez toi, ici ! Comme la Reine (rires) ! » Elle a éclaté de rire. Je pense que c’est une des clefs de sa réussite. Elle a su changer d’environnement et se donner de nouvelles chances. Son parcours est en tout point remarquable. C’est finalement très impressionnant et un très bel exemple pour nous tous. »

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« Je suis très heureux, j’ai vu la fin du match, c’était dingue ! Marion, j’ai vraiment fait sa connaissance lorsqu’elle est venue au CNE pour travailler avec Perrote (NDLR : préparateur physique à la FFT). Moi, j’y bossais déjà dur et on s’est fait de sacrées séances. Marion est une forcenée du boulot, elle était toujours la première et la dernière à la salle de gym. Ce qu’il y a d’admirable, c’est qu’elle a su se remettre en cause et ça n’a pas dû être évident. Elle a vécu un début de saison plutôt difficile avec tous ces rebondissements, elle en a bavé. Je pense d’ailleurs qu’Amélie lui a fait un bien fou. Je ne peux être qu’admiratif de son parcours et sa carrière. Vous imaginez ? C’est quand même Wimbledon, le temple du tennis ! J’ai presque envie de dire que tout ce qu’elle fera par la suite, on s’en moque un peu (rires).

« Une vraie bouffée d’oxygène pour le tennis français » Finalement, c’est en sortant de sa bulle, en s’ouvrant vers le monde extérieur qu’elle est parvenue à atteindre son objectif ultime, même si c’est aussi le résultat des années de travail. Cela prouve bien que rien n’est figé, qu’on doit toujours chercher des solutions et, surtout, croire en son étoile. Pour tout, ça je trouve que son succès est un encouragement pour tous les athlètes et une vraie bouffée d’oxygène pour le tennis tricolore. »

Denis Naegelen, Directeur des Internationaux de Strasbourg

CHAMPIONNE DE WIMBLEDON 2013

« J’ai vu peu de matches pendant le tournoi, sauf la finale de Marion. Elle est venue deux fois aux Internationaux de Strasbourg et elle m’a toujours impressionné dans sa façon de travailler. Il y a quelques années, quand j’allais encore jouer le soir à Roland Garros, j’avais eu la chance d’assister à certaines des ses séances d’entraînement. C’est juste hallucinant. C’est une bosseuse. Je pense que si les autres championnes ne faisaient que la moitié du travail de Marion, elles iraient encore beaucoup plus haut. Son succès est donc celui du travail et de la persévérance. Marion a souvent pensé que son bonheur passait par la victoire. Moi, j’ai toujours pensé que c’était l’inverse et que c’était le fait d’être heureuse qui allait lui permettre de s’imposer.

« C’est une belle leçon de vie qui confirme que le tennis reste un sport incroyable » Certains nous expliquent qu’il y a des stars dans le tennis féminin, qu’il faut avoir un certain physique pour accéder à ce rang… Tout ça ne veut rien dire. Moi qui organise un tournoi féminin, je sais de quoi je parle et Marion est avant tout une championne, une ambitieuse. Le fait d’avoir trouvé son équilibre lui a permis de réaliser son rêve. C’est une belle leçon de vie. Et ça confirme que le tennis reste un sport incroyable. Enfin, logique de noter que la Fédération Française a pris conscience de tout ça et qu’à partir du moment où Marion s’est ouverte, tout a été mis en place pour lui permettre d’avancer. Ca conforte mon idée que le tennis féminin a une belle carte à jouer et que le projet de gagner la Fed Cup dans les quatre ans qui viennent est un bel objectif. »

Tout le tennis français te félicite pour ta force mentale couronnée par cette magnifique victoire chargée d’émotion. FFT • Photo : G. Ciaccia

« C’est magnifique. C’est son moment. Il faut qu’elle savoure cette période. Et qu’elle pense à rester le plus haut possible dans sa tête, car cela fait du bien. Ce sont des instants très précieux. Il faut aussi qu’elle pense à se centrer sur ellemême, car ce succès est avant tout le sien. Elle a été la meilleure sur gazon en 2013, puisqu’elle a remporté Wimbledon. Tout le reste, c’est du blabla. Je la connais en tant que joueuse, peu endehors. Avec son papa, on avait eu des échanges sur notre façon de voir les choses, le coaching, puis cela s’était interrompu. J’aimais son approche et, surtout, l’idée de pouvoir partager sans nourrir cette pseudo-légende du secret qui devrait exister chez les entraîneurs alors qu’il s’agit avant tout de méthode. Sa victoire est une très belle histoire, c’est le fruit du travail mené avec son père depuis des années.

www.fft.fr

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WIMBLEDON

MURRAY MOUNT… FOREVER ! Parce que la Grande Bretagne est une terre ancestrale de tennis, elle méritait amplement d’être à nouveau au sommet de ce sport. Andy Murray a accompli un véritable exploit, redonnant à l’Union Jack une splendeur un peu jaunie par une longue ère de disette. Textes de Laurent Trupiano

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l y eut un peu John Lloyd, beaucoup Greg Rusedski, une petite folie pour Tim Henman… Il y aura désormais Andy Murray passionnément. « C’est juste fantastique d’avoir gagné et d’avoir partagé ça avec mon équipe, parce qu’ils ont vu dans quel état j’étais ici l’an dernier après la défaite. » C’est bien connu, ce qui ne te tue pas te rend plus fort, comme l’expliquait son adversaire du jour, Novak Djokovic, dépité, mais lucide. Une maxime, certes, tristement galvaudée, mais qui prend tout son sens quand on analyse la carrière de l’Ecossais. Enfin, sa première carrière, car depuis l’arrivée d’Ivan Lendl ou les larmes face à Roger Federer, il y a déjà eu l’or des Jeux Olympiques et, surtout, un titre arraché au forceps à l’US Open. Là encore, ce succès à Wimbledon devant son peuple est celui de l’opiniâtreté, la croyance et le travail, comme celui de Marion Bartoli : « Il a fallu apprendre à bosser dur, ce qu’a fait Andy avec un investissement incroyable », commentait Judy Murray, dans L’Equipe, une maman toujours aux petits soins pour un fils qui, selon elle, n’a jamais changé. Et pourtant, c’est bien le souhait du fiston qui veut que sa vie soit enfin… un peu plus cool. « La pression avant le début de cette édition était assez importante et les derniers jours plutôt difficiles à gérer. J’aimerais que tout devienne plus facile maintenant. » Soulagé, délesté, presque léger, Andy Murray a accompli son devoir en bon soldat de Sa Majesté. Maintenant auréolé de deux titres du Grand Chelem, il va pouvoir encore gravir d’autres marches, viser d’autres sommets et, cette fois, ce ne sera plus le Murray Mount qu’il risque d’enivrer, mais bien la planète tennis, qui pourrait voir éclore un autre joueur, plus sûr de lui, plus généreux, voire plus funky. Enfin… on en demande un peu trop !

Djokovic ou le syndrome Wilander ?

Lors de son discours à la remise des prix, Novak Djokovic a expliqué, brièvement, qu’il lui semblait difficile de venir battre Andy Murray sur ses terres et de priver son peuple d’un moment aussi fort. On peut légitimement se poser la question d’un syndrome Wilander, un phénomène évoqué par le joueur suédois face à Yannick Noah, en 1983. De toute évidence, Nole n’était pas dans une forme optimale, notamment dans l’ultime manche où, menant 4-2, il s’est complètement désagrégé en multipliant les amorties jet d’eau, permettant à son adversaire de briller de mille feux. Très fair-play dans la défaite, le Serbe avait été arrêté par la patrouille pour port de chaussures prohibées. En cause, des picots placés sur les cotés. Ces pneus radiaux démasqués, le numéro un mondial a été contraint de rechausser des montures acceptées par le très sélect All England Club. En début de semaine, c’est le Roi Rodgeur Federer qui avait dû abandonner ses semelles orange, jugées trop voyantes. On ne badine vraiment pas avec la tradition au pays de l’Union Jack.

Lendl sait-il sourire ?

Dans son temps, Ivan Lendl avait aussi fait l’impasse à Roland Garros pour tenter de s’imposer sur le gazon londonien, en 1990 notamment. Hélas, il avait échoué une nouvelle fois en demifinale. C’est pour cela que les mots prononcés par Andy Murray, lors de la cérémonie de remise du trophée, ont un sens un peu particulier. Offrant la coupe à son peuple, Andy a également insisté sur le rôle crucial qu’avait joué Ivan Lendl dans cette quête impossible. « Sans toi, je ne suis pas certain que j’y serais arrivé », a expliqué l’Ecossais. C’est d’ailleurs Ivan qui a eu l’honneur de la première accolade quand Andy a grimpé dans la player’s box. Auparavant, sa maman, très émue, avait littéralement craqué, tombant en sanglots. Ce n’est sûrement pas pour cela qu’Andy a oublié de l’embrasser, avant que, sur le chemin du retour, le public le rappelle pour qu’enfin l’étreinte maternelle tant attendue puisse avoir lieu.

RAFA-ROGER, POSITIVE ATTITUDE Roger, le lion ne meurt jamais…

Roger Federer demeurera Roger Federer jusqu’à la fin de sa carrière. Si le physique, parfois, et la motivation, souvent, déclinent, le Suisse possède encore en lui la capacité de gagner un tournoi du Grand Chelem : ce ne sera certainement pas au panache, en battant les trois premières têtes de série ; plutôt en un concours de circonstances heureux. Or, le sport, c’est le concours des circonstances. Andre Agassi et Pete Sampras ne l’ont-ils pas prouvé ? Agassi, vainqueur de l’Open d’Australie à 33 ans et encore finaliste de l’US Open à 35, un an avant sa retraite. Sampras, qui conclut sa carrière sur une victoire en finale à Flushing Meadows, à 31 ans, face à ce même papy Andre. Peter Lundgren, ex-entraîneur de Federer, est bien de cet avis. « Je suis sûr qu’il reviendra facilement à un très haut niveau. Beaucoup de personnes m’ont dit : Roger est désormais fini. Je crois qu’il ne le sera réellement que lorsqu’il mettra fin à sa carrière. Pas avant. Jusqu’à ce moment là, tant qu’il rentrera sur le court, il aura toujours la possibilité de gagner un Grand Chelem. » Certes, le Bâlois a vécu ses premières semaines en-dehors du top 4 pour la première fois depuis dix ans, mais cette quinzaine de Wimbledon a prouvé que les scenarii les plus incroyables pouvaient se passer, même dans des tournois majeurs qu’on imaginait, jusqu’à présent, phagocytés par les meilleurs. Ce n’est pas Serguey Stakhovsky, simple incident dans une immense carrière, qui va transformer Roger Federer en un joueur lambda.

Rafa, la terre, mais pas que !...

« Pour gagner chaque rencontre, il faut mieux jouer que Rafa ne l’a fait à Wimbledon. Ceci dit, pour un garçon qui a été blessé et tenu loin des courts pendant sept mois, il a plutôt pas mal gagné cette année… » C’est ainsi que Toni Nadal débriefe la défaite de Rafa contre Steve Darcis, à Wimbledon. Comme un épiphénomène. La simple résultante d’un Majorquin pas au niveau – et insuffisamment préparé. Car cet échec était franchement envisageable à l’orée du tournoi : les propriétés du gazon n’ont pas changé en un an, hein ! Son caractère exceptionnel s’est seulement trouvé renforcé par l’histoire écrite des mains de Lukas Rosol au même endroit, un an auparavant. L’occasion de sortir les grands adjectifs et les théories les plus folles, « gazon maudit » et autres fables. La réalité paraît beaucoup plus simple : Rafael Nadal souffre de problèmes physiques qui rendent désormais plus difficile, mais pas impossible, une victoire sur gazon et nécessitent, surtout, un temps d’adaptation plus important que celui dont il a bénéficié cette année. La semaine rajoutée à la saison sur herbe, à partir de 2015, est un premier – petit – pas en ce sens. D’ailleurs, gazon ou pas, Rafa a déjà prouvé qu’il était encore capable de gagner sur des surfaces exigeantes. Son succès sur dur, à Indian Wells, n’est pas anodin : n’y a-t-il pas battu trois membres du top 8 ? Enfin, dans le pire des cas, le Majorquin possède encore la terre. Après ses huit titres à Roland Garros, rien ne semble vraiment le séparer d’un neuvième ou d’un dixième trophée. Rien, sauf Novak Djokovic, ici ou là seulement. Mais certainement pas de Steve Darcis. Textes de Rémi Capber

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LE CARNET DE ROUTE DE FREDERIC FONTANG Après avoir entraîné Jérémy Chardy et Caroline Garcia, Frédéric Fontang a décidé de s’exporter en Amérique du Nord. Il est, depuis décembre, le coach de Vasek Pospisil, Canadien de 23 ans, 103ème joueur mondial. Pour GrandChelem, il évoque cette expérience qui passe obligatoirement par les grandes étapes du circuit, Roland Garros et Wimbledon. Un carnet de route au cœur du circuit mondial. Entretien réalisé par Laurent Trupiano

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Fin 2012 : les débuts de la collaboration... enfin, presque ! « Après mon expérience avec Caroline Garcia, j’ai pris le temps de me poser un peu. C’est alors que Louis Borfiga, DTN au Canada, m’a contacté à la fin de l’été. Il m’a proposé de coacher Vasek Pospisil. Ce challenge m’a tout de suite plu, car Vasek possède un profil intéressant et un vrai potentiel. Le seul souci, c’est qu’au moment de commencer à travailler, il s’est plaint d’un manque d’énergie. Très vite, une mononucléose a été diagnostiquée et il a été contraint de se reposer. Une fois guéri, il a participé aux championnats de France avec le Tennis Club de Paris. Donc, en vérité, notre collaboration a réellement débuté en 2013. » L’entraînement et la Coupe Davis « Quand Vasek s’est senti mieux, l’opportunité de jouer le double en Coupe Davis a été une vraie chance. Il a su la saisir. Par la suite, on a enfin pu mettre en place un programme, même si la difficulté restait d’arriver à mêler travail technique et compétition. C’est d’ailleurs cela qui est le plus périlleux quand on doit coacher un joueur qui a besoin de points sur le circuit. Je me suis attaché à mettre en place un plan pour que Vasek exploite encore davantage ses qualités d’attaquant. Très vite, la mayonnaise a pris et les résultats ont suivi avec une qualification pour Indian Wells. » Roland Garros, une étape importante « Dès le départ, Vasek m’a expliqué que, la terre, ce n’était pas son truc. Je lui ai rétorqué qu’au contraire, son jeu pouvait être performant et qu’on ne devait pas faire l’impasse sur cette partie de la saison. Une fois qu’il a accepté le challenge, il s’est engagé à fond. Vasek est un grand bosseur, cela a été un plaisir. Un plaisir récompensé avec une qualification pour le grand tableau de Roland Garros. Mieux, face à Zeballos, il mène dans la cinquième manche avant de perdre pied. »

Wimbledon, un moment spécial « Automatiquement, quand on est un bon serveur, on part à Londres avec de l’ambition. Et Vasek en avait. Il est vraiment passé tout près face à Sam Querrey. Cette édition a été très spéciale, même si, au final, ses résultats ne m’étonnent pas. Avant, il fallait être top 100 ou top 50 pour pouvoir faire vaciller les meilleurs. Aujourd’hui, le niveau est tellement élevé que ces critères ne comptent plus. Un joueur classé 120ème mondial est entraîné, affuté, prêt à réaliser un exploit. Cette tendance va perdurer. C’est pour cela que je ne suis pas tant surpris par les défaites des têtes de série à Londres. Le jeu sur gazon garde réellement certaines spécificités et on ne peut pas dire que le calendrier permette d’avoir le temps de s’adapter. » Les défaites de Roger Federer et Rafael Nadal « Rafa et Federer, ce n’est pas la même chose. Roger est entré sur le court sans réelle confiance en son jeu, quand son adversaire, lui, s’était défini un vrai plan : pilonner son revers et monter dès qu’il en avait l’occasion. Rafa, lui, est tombé sur un gars qui n’avait peur de rien. En première semaine, sur un gazon tout neuf… Ce ne sont pas des circonstances très favorables pour l’Espagnol ! » Caroline Garcia et Jérémy Chardy « Je suis parti en très bons termes avec Caroline Garcia. Son père m’avait même invité à venir dans la player’s box pour le match face à Serena Williams, mais je ne pouvais pas, car Vasek jouait en double. Caroline a passé un cap en entrant dans le top 100. Je pense qu’elle sera de plus en plus performante face à des adversaires de qualité. Elle jouera des matches où elle pourra exploiter tout son potentiel. Quant à Jérémy, qu’il soit à ce niveau ne m’étonne pas. Il a été bien formé et garde des qualités de bras assez exceptionnelles. »

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L’avenir avec Vasek Pospisil « L’objectif, c’est d’abord de se stabiliser dans le top 100 et de jouer les grands tournois. Là, on sait déjà qu’on participera à l’US Open, c’est une bonne nouvelle. J’ai toujours cru aux projets individuels plutôt qu’aux structures collectives. Vasek a une vraie ambition, notre duo va être performant. Et il ne faut pas croire que notre collaboration se résume aux 30 semaines que je dois faire avec lui sur le circuit. Coach, c’est un métier qui nécessite une implication de tous les jours, à observer, écrire, préparer les programmes. En plus, aujourd’hui, la technologie nous aide, car on peut voir tous les matches n’importe où sur le globe. C’est un vrai plus : au moment du débriefing, le coach détient de vraies informations. »

Le Canada, version bleu-blanc-rouge Un DTN, Louis Borfiga, qui a formé Gaël Monfils, Jo-Wilfried Tsonga et Gilles Simon à l’INSEP ; un responsable des moins de 18 ans venu tout droit d’Alsace, Guillaume Marx ; Nathalie Tauziat qui s’occupe d’Eugénie Bouchard, 19 ans, 66ème mondiale et numéro un nationale : le staff technique est bien bleu-blanc-rouge au pays du sirop d’érable. Frédéric Fontang a son explication : « La formation à la Française est l’une des plus efficaces au monde, tout le monde le sait. Il n’est pas étonnant que certains de nos cadres s’exportent. Au Canada, le hockey est roi ! Néanmoins, le parcours de l’équipe nationale en Coupe Davis et les performances de Milos Raonic confirment que le travail de fond mis en place commence à porter ses fruits. Raonic est maintenant bien épaulé, même s’il reste la locomotive. Je pense qu’Elodie Bouchard va aussi continuer à progresser sous la houlette de Nathalie Tauziat. »

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PRINCE PARIS TOUR 2013

Paris Tour 2013

le show parisien ! Pendant huit jours, le Prince Paris Tour a animé la Porte d’Auteuil avec plusieurs animations très prisées par les amoureux du tennis. De plus, comme l’ensemble des champions de la marque a joué le jeu, la terrasse du bus à impériale s’est retrouvée «squattée» par les stars du circuit et notamment une certaine Marion Bartoli interviewée de main de maître par Pauline Dahlem. Même si Marion n’était pas au top de sa forme, la Française a toujours été très cordiale et plutôt prolixe comme à son habitude face aux médias. Elle a même accepté de poser avec la une de GrandChelem. A ce moment-là, on était tous loin d’imaginer qu’elle allait triompher outre-manche quelques semaines plus tard...

Jeudi 30 mai

Dimanche 26 mai Le bus part visiter les monuments historiques de la capitale !

Mercredi 29 mai

Jour de pluie sur la capitale. Le bus en profite pour faire une révision mécanique avant de repartir de plus belle !

« L’équipementier américain se met désormais au vert avec l’ouverture d’une nouvelle boutique au coeur de Wimbledon Village et une collection ‘Wimbledon by Prince’ pour la bagagerie et les raquettes. Les commerçants des autres boutiques de Wimbledon ont accueilli Prince en décorant leurs vitrines de raquettes et balles. »

Le Kid’s day ! Plusieurs clubs partenaires de Prince sont venus se faire prendre en photo devant le bus à impériale et récupérer quelques goodies.

Samedi 25 mai

Le rendez-vous est pris à Courbevoie pour un clinic en présence des frères Bryan, John Isner et Xavier Malisse. Les 80 enfants présents ont eu la chance de taper quelques balles avec les pros avant d’assister à une démonstration entre Isner et Malisse et de faire signer des autographes.

Le Prince Paris Tour

en chiffres Vendredi 31 mai

Un peu de sport sur la plus belle avenue du monde où des mini matchs en simple et double s’improvisent sur les Champs Elysées. Et le grand espoir du tennis français, Lucas Pouille, venu dédicacer le bus.

Lundi 27 mai

Des sourires, un challenge pour réussir à toucher la cible avec la grosse raquette Prince et la venue de David Ferrer sur le toit du bus…

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Mardi 28 mai

Marion Bartoli prend la pose et le public s’amuse toujours autant avec les raquettes géantes.

Samedi 1er juin

Entre la distribution de viennoiseries par les hôtesses, la remise des nouveaux sacs Prince aux juniors, les interviews d’Arnaud Clément et de Paul Annacone (coach de Roger Federer et ancien mentor de Pete Sampras et Tim Henman, rien que ça !) et des échanges haletants sur le parvis du Trocadero, la journée du samedi est venue clôturer en beauté cette édition 2013 du Prince Paris Tour.

• 1 500 T-Shirts collector distribués, • 1 500 passeports offerts aux enfants, • 8 interviews de joueurs professionnels ou entraîneurs réalisés sur la terrasse du bus (Pablo Andujar, Paul Annacone, Marion Bartoli, Annika Beck, Arnaud Clement, David Ferrer, Marcel Granollers, Lucas Pouille), • 300 viennoiseries englouties en moins de 30 minutes • 252 kms parcourues • 20 784 followers glanés sur Twitter

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Corner Spécialistes

Corner Spécialistes

LA PASSION

COMME MOTEUR Que vous soyez joueur du dimanche ou compétiteur confirmé, ils vous accompagnent à travers votre saison tennistique, vous équipent de la tête aux pieds, cordent vos raquettes et, surtout, vous font bénéficier de leurs plus précieux conseils. Ce sont les spécialistes tennis ! Souvent eux-mêmes pratiquants depuis leur plus jeune âge, ils partagent la passion de la petite balle jaune. Parfaits connaisseurs de ce sport, ils ne troqueraient leur métier pour rien au monde. Pour ce troisième épisode du Corner Spécialiste, focus sur Grégory Binet et Laurent Lardon, deux pointures de la profession.

C

ela fait maintenant 35 numéros que GrandChelem est distribué chez votre spécialiste tennis. Je tenais donc à remercier les 120 magasins qui, depuis le numéro un en septembre 2006, joue le jeu en permettant à leurs clients passionnés de suivre l'actualité tennistique dans notre magazine. GrandChelem a aussi été créé pour valoriser leur métier et leur savoir faire. Sportivement, Laurent Trupiano, fondateur de The Tennis Factory-www.thetennisfactory.fr

Grégory Binet

Balle de Match, Metz « J’ai toujours été attiré par le conseil et, surtout, le partage de ma passion » Quand est-ce qu’est née cette passion du tennis ? En fait, j’ai commencé le tennis assez tôt. J’ai grandi avec une raquette à la main. Tu me diras, c’est facile quand on a un père qui gère un club de tennis. J’ai été bercé par ce sport et j’ai toujours accroché à son esprit. Du côté de la compétition également ! D’ailleurs, j’entame ma 21ème année en seconde série (rires) ! Evidemment, ce sont aussi les premiers éducateurs qui donnent envie de continuer ou d’arrêter. Moi, je suis bien tombé !

Entretiens réalisés par Alexandre Dinkespiler

LAURENT LARDON Stringbox, Montpellier « Je customise les raquettes de mes clients comme je le ferais pour un professionnel » Peux-tu nous parler de la genèse et du concept de Stringbox ? J’ai toujours été passionné par le tennis dans sa dimension technique. Après avoir été préparateur physique des équipes en compétition dans un club de tennis, puis chef de rayon tennis dans une enseigne de la grande distribution, je me suis lancé dans le projet Stringbox. L’idée, c’était de pouvoir consacrer plus de temps aux joueurs et de leur proposer une customisation sur mesure, personnalisée. Aujourd’hui, on observe que la quasi-totalité des clients sont des compétiteurs passionnés. Par exemple, on vend beaucoup de raquettes pendant l’intersaison, entre la fin des championnats interclubs et le début des tournois. C’est la meilleure période pour un compétiteur qui souhaite changer de raquette et s’y habituer avant le début des matches. Ce n’est pas le cas pour les magasins plus classiques qui, eux, vendent beaucoup de raquettes au printemps, pendant le rush des tournois. Tu as une approche particulière du métier ? Le but, c’est d’être le plus complet possible dans les réponses que l’on apporte. Mon collègue est un spécialiste de l’aspect pédagogique du tennis. Et, moi, je m’occupe plutôt de l’aspect technique du matériel. On est assez complémentaires, au final. Je customise les raquettes de mes clients comme je le ferais pour un professionnel. Tout part d’une discussion avec le joueur pour bien cerner son profil tennistique et le type de sensations qu’il aimerait avoir. Puis, je propose la solution qui me paraît être la mieux adaptée. Plomber le cadre pour l’alourdir, rajouter du silicone dans le manche pour suppri-

mer certaines vibrations, modifier l’équilibre de la raquette ou encore opter pour un nouveau type de cordage… D’ailleurs, avec un nom de boutique pareil, le cordage c’est quelque chose que vous devez maîtriser (rire) ! C’est vrai, c’est un peu notre spécialité. On a énormément de cordages, quasiment toutes les marques de monofilament qui existent, dans beaucoup de jauges différentes. Pour nous, c’est un paramètre très important de la performance d’une raquette. Du coup, on s’entoure d’une équipe de 15 à 20 joueurs qui testent sans cesse de nouveaux cordages pour élargir notre gamme. Lorsqu’un modèle est validé par cette équipe, on le pose sur des raquettes d’essai pour le faire connaître. Les clients sont souvent agréablement surpris par ces modèles. Cela nous permet aujourd’hui de présenter environ deux nouveautés par mois. Par exemple, on était les seuls dans le Sud de la France à avoir des bobines du cordage utilisé par Bernard Tomic. A l’Open 13 de Marseille, quand son stock a été épuisé, on a été réquisitionné en urgence pour faire l’aller-retour. Un bon souvenir, puisqu’il est allé jusqu’en quart de finale (rire) !

le dessus (cf : photo), c’est un bon moyen de les mettre en valeur. La raquette, c’est quand même important pour un joueur (rires). Nous avons aussi une politique différente pour le textile. On s’est rendu compte que nos clients ne sont pas forcément intéressés par les tenues des professionnels. Vous verrez peu de joueurs classés en troisième et seconde séries porter le polo de Federer, Nadal ou Tsonga, par exemple, qui sont sensiblement les mêmes à chaque saison, à l’exception de la couleur peut-être. Par contre, le textile vintage revient en force, sous forme de tee-shirts en coton dri-fit (anti-transpirant). On revient aux couleurs flashies. L’orange fluo, le jaune, les motifs vintages ont beaucoup de succès. On propose près de 25 modèles de tee-shirts vintages différents. Il y en a pour tous les goûts !

Et chez les pros, il y a un joueur qui t’a fait aimer ce sport ? Borg !… Et McEnroe. C’est important de mentionner les deux, parce qu’ils vont ensemble. C’est quand même les deux grandes légendes des années 80. Ils m’ont fait rêver et continuent de le faire, d’ailleurs. C’est intéressant d’avoir vu ce sport évoluer, les champions et le matériel qui va avec. D’ailleurs, en parlant de matériel, il y a quelques semaines tu nous confiais être un grand collectionneur (NDLR : GrandChelem numéro 32). Où en es-tu de cette passion ? Exact ! Depuis quelques années déjà, je collectionne le matériel de tennis de mon enfance. Chaussures, raquettes, accessoires... Tout ce qui se rapporte au tennis des années 80, en fait. Je commence à posséder une belle collection. Il y a certaines pièces que l’on peut trouver facilement, mais, pour d’autres, j’ai galéré (rires) ! Par exemple, celles dont je suis le plus fier aujourd’hui, ce sont les quatre modèles des raquettes de Borg et McEnroe, en version géante. Pour être précis, les modèles Dunlop Max 200g, Dunlop Maxfly, Borg Pro et Borg Allwood. Ce sont en fait des objets publicitaires que j’ai mis 12 ans à dénicher et que je trouve tout simplement superbes. Les raquettes ont 30 ans. Elles sont intégralement en bois et, quand je les regarde (rires)… Le caractère vintage, c’est quelque chose que tu mets en avant dans ta boutique ? Dans mon ancienne boutique, je me servais de cette collection pour habiller les murs. Là, actuellement, je réfléchis à un moyen de la mettre en valeur et d’en faire profiter mes clients. Sinon, plus généralement, je propose aussi des col-

lections vintages à la vente. En ce moment, j’ai aménagé un espace dédié à Tretorn, une marque mythique des années 80, vintage à mort ! Les matières sont actuelles, mais le look est assez rétro. Cela plait beaucoup aux quadragénaires, en tant qu’alternative aux tenues modernes que l’on trouve partout. Après, en termes d’accessoires, je trouve que les marques pourraient se lâcher un peu plus. Elles jouent beaucoup avec le rétro au niveau des chaussures et du sportswear, mais pas pour le reste du matériel. Alors qu’à mon sens, il y a une réelle demande. Il y a bien eu une réédition de la raquette de Noah en 2003. Mais c’est un peu un cas isolé. Je trouve cela dommage. Au fait, comment es-tu passé de joueur passionné à vendeur? J’ai toujours été attiré par le conseil et, surtout, le partage de ma passion. Avec des copains, on faisait le même constat : il y avait un réel manque de matériel pour les passionnés de tennis de la région. Un magasin de la grande distribution, seul, était implanté, mais il n’offrait pas beaucoup de choix aux clients. J’y ai réfléchi quelque temps et je me suis lancé après avoir fait mon service militaire. Je ne regrette pas, aujourd’hui ! Même si je suis seul et que les journées sont parfois longues, cela en vaut vraiment la peine. A l’heure actuelle, il y a un projet que tu aimerais mettre en place ? Oui, j’aimerais vraiment me lancer dans la vente de matériel vintage, justement. Je me suis déjà penché dessus, mais cela implique d’avoir un espace plus grand pour continuer à proposer les articles plus traditionnels. Pour l’instant, je ne me presse pas, je continue à chiner pour récupérer des pièces. J’ai encore le temps !

Lorsqu’on entre dans la boutique, on sent qu’il y a une réelle recherche de différenciation. Peuxtu nous en parler ? C’est vrai, on a fait le choix de disposer nos raquettes différemment. Un peu comme des skis, en fait. Dans la plupart des grandes surfaces, elles sont alignées de face. Pour nous, les présenter sur

Les magasins partenaires du Corner Spécialistes Balle de match Responsable : Grégory BINET 16, rue du Sablon 57000 Metz w w w.per f-tennis.com

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Perf Tennis Responsable : Thierry GRANIER 96, rue Vendôme 69006 Lyon www.perf-tennis.com

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RIVIERE SPORTS Responsable : Hugues RIVIERE 139, rue du 8 Mai45 (La Cousinerie) 59650 Villeneuved’Ascq www.riviere-sports.fr

String Box Responsable : Laurent LARDON 7 avenue Charles Flahault 34090 Montpellier www.stringbox.fr

Set et Match Responsable : Jean-Philippe BIOSSAC 6, avenue Albert Thomas 87100 Limoges Et : 169, route d’Angoulême 24000 Perigueux www.setetmatch.fr

Tennisland Responsable : Antony FACONDINI 2, quarter rue de l’Epinette 77340 Pontault-Combault www.tennisland.fr

Tennis Store Responsable : Jérome COING 89, rue du Sergent Blandan 54000 Nancy www.tennis-store.fr

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TennisBOX

La se décline au féminin !

Depuis son lancement, la TennisBOX, concept qui permet de partager un moment en compagnie d’un ancien joueur ou d’un coach du circuit, n’a connu qu’une clientèle exclusivement masculine. Jusqu’au 13 juin dernier, jour où Viviane, classéE 15, a enfin ouvert la voie avec la toute première TennisBOX féminine. En choisissant Ronan Lafaix, cette joueuse a privilégié une approche mentale du jeu. Une première décryptée par la joueuse et son coach d’une journée. « J’ai rarement coaché une femme. Pour ma part, cette séance a été très productive. Viviane est une athlète (vice-championne de France de kite-surf) qui se laisse bouffer par sa peur et sa crispation. Nous avons travaillé sur cet aspect-là. L’accès à ses émotions a été plus facile qu’avec un homme, ce qui est primordial pour appliquer ma méthode. Tous les joueurs de haut-niveau que j’ai coachés ont toujours eu beaucoup de mal à accéder à leurs émotions. Je travaillais surtout à développer leur côté féminin. Un joueur et, par extension, un homme est souvent enfermé dans un schéma qui lui fait croire qu’avoir des émotions est un gage de faiblesse et non de force. Avec une joueuse, c’est plus simple. Il te suffit de l’écouter et de laisser le livre s’ouvrir. Une femme se ment moins et tu peux donc travailler beaucoup plus vite. »

« Je connaissais déjà l’approche de Ronan. J’ai lu ses livres expliquant sa méthode. Je suis actuellement classée 15 et j’ai un vrai problème avec ma gestion des émotions en compétition et même à l’entraînement. La séance TennisBOX a totalement répondu à mes attentes. Ronan a su m’apporter des clefs pour progresser. Nous avons beaucoup discuté, il a su comprendre ma problématique très rapidement. Pourtant habituée à la compétition, j’ai constaté que le tennis cristallise plus mes émotions. Seule face à moi-même, j’ai du mal à gérer ma peur. Ronan m’a aidée à me poser, à me relâcher. Et cela a commencé à porter ses fruits puisque je viens enfin de gagner plusieurs matches d’affilée cette année ! (rires) » Viviane Kermoal, cliente TennisBOX, classée 15

Ronan Lafaix, coach-intervenant TennisBOX

CAMILLE PIN REJOINT LE TEAM TENNISBOX !

Devant cette demande féminine grandissante, la TennisBOX a décidé d’intégrer une petite nouvelle à son équipe jusqu’alors 100% masculine. Camille Pin, ex-61ème mondiale et actuelle Présidente de la société Pro-Elle, a décidé de se lancer dans l’aventure TennisBOX. Camille, tu es aujourd’hui à la tête de Pro-Elle. Tu peux nous expliquer succinctement en quoi consiste cette structure ? La société Pro-Elle a été créée par l’UTF (Union du Tennis Féminin) en 1993. Cette entité a pour but de développer les activités événementielles autour des joueuses. Cela répond à une demande grandissante des clubs et des entreprises qui souhaitent animer leurs tournois, séminaires, etc. C’est aussi dans ce but que tu te lances dans l’aventure TennisBOX ? Pour promouvoir le tennis féminin ? Exactement. Je connaissais déjà le concept TennisBOX et je trouvais l’idée géniale. Je trouvais juste dommage que le team joueurs et coaches soit exclusivement masculin. Je

pense qu’une joueuse va être plus vite en confiance avec une autre femme. Je suis persuadée que l’approche des séances sera différente qu’avec les autres intervenants TennisBOX. Attention, cela n’enlève rien au talent de l’équipe en place, je les connais, ce sont des bons (rires) ! Je pense juste qu’il était impératif qu’une femme rejoigne cette belle aventure. Prête à relever le défi ? Totalement, je suis encore très affûtée (rires) ! J’ai vraiment hâte d’effectuer ma première séance. J’ai vraiment l’envie de partager mon expérience du haut-niveau. L’idée de passer un moment avec des passionnés me réjouit vraiment. Je sais que cela se fera dans la bonne humeur, avec un réel amour du tennis. Comment ne pas être motivée ?!

Toutes les TennisBOX sont sur

Pendant ce temps, les TennisBOX continuent... 17 mai 2013 – TC de la Châtaigneraie (92) Sébastien Chéramy a vécu un moment « inoubliable et rempli d’émotions » grâce à sa TennisBOX Player Rodolphe Gilbert. 17 juin 2013 – FCL (69) Franck Herbez a partagé une séance de haut-niveau avec Lionel Roux grâce à sa TennisBOX Coach : « Au bout de 15 minutes, j’étais déjà rincé. Mais c’est ce que j’étais venu chercher et, franchement, quel pied ! »

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Retrouvez tout le Team TennisBOX : Julien Boutter, Thierry Ascione, Lionel Roux, Rodolphe Gilbert, Ronan Lafaix, Frédéric Fontang et Camille Pin. La TennisBOX est un service exclusif uniquement disponible sur la boutique en ligne : www.kdotennis.com

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WILSON SPIN EFFECT

WILSON SPIN EFFECT

Le Spin Effect a débarqué... L’heure est à la technologie : Wilson a décidé de s’appuyer sur son concept TrackMan pour valoriser ses innovations, notamment le Spin Effect. Un Spin Effect Tour a donc été organisé avec des étapes dans toute l’Europe, à Barcelone, en Italie, en Allemagne, en Russie, en Espagne et, bien sûr, en France. C’est au Tennis Club de Lyon, un club Wilson, qu’une des étapes tricolores a eu lieu. GrandChelem était présent, mais aussi deux lecteurs du site www.welovetennis.fr, grands gagnants d’un jeu-concours organisé pour tester le fameux Spin Effect. Résumé d’une journée plutôt animée… où le lift n’a cessé de s’accélérer !

Raphael Bove, chargé du Spin Effect tour Pour valoriser la technologie Spin Effect, vous utilisez le TrackMan. D’où vient ce concept ? Wilson est aussi une marque de golf. On sait que la technologie est déjà bien présente dans cette discipline, notamment pour corriger son swing et, surtout, analyser la puissance et la trajectoire de sa balle. Logiquement, notre département de Recherche et Développement a réfléchi à une adaptation au tennis. Les chercheurs ont élaboré des solutions pour rendre cette technologie concrètement utile à un joueur. En parallèle, nous avons développé la technologie Spin Effect sur la gamme des raquettes Steam. Très vite, il est apparu très intéressant d’utiliser le TrackMan pour mettre en perspective les performances des Steam 99S et 105S.

trackman avec des balles intelligentes permet effectivement d’avoir énormément de données, puisque chaque frappe de balle est enregistrée. Pour chaque coup, on peut connaître la vitesse, le nombre de tours par minute, mais aussi la localisation du rebond. C’est vraiment un outil très puissant, qui n’a pas d’équivalent aujourd’hui. Peut-être un peu cher pour une utilisation dans les clubs ? Ce n’est pas l’objectif. Il existe seulement trois Trackman Tennis dans le monde, dont un qui est en permanence dans notre laboratoire à Chicago. On est sur du matériel à plus de 50 000 euros. L’idée de l’avoir associé à la sortie de nos deux modèles Steam S était de prouver, chiffres à l’appui, sur le terrain, l’apport de la technologie Spin Effect.

Avec le TrackMan, on a vraiment l’impression d’avoir en face l’écran de contrôle d’une fusée... Mais le Spin Effect, c’est la garantie d’avoir une balle qui fuse (rires) ! Plus sérieusement, le

Spin Effect ou comment améliorer son lift… On le sait, le lift est devenu une arme importante du jeu moderne, surtout si le contrôle l’accompagne. La gamme Steam S lancée par Wilson a été créée dans cette perspective-là. Le lift est généré par le mouvement des cordes et le frottement qui lui est associé. La technologie Spin Effect permet d’améliorer l’efficacité de l’action du cordage grâce à un plan de cordage qui se replace plus rapidement que sur un cadre normal. Pour y parvenir, le tamis a été élargi. « Quand on lifte, les cordes bougent énormément. Plus elles se replacent rapidement dans un plan de cordage efficace, plus on pourra mettre de la rotation tout en ayant de la puissance. De plus, une donnée importante : cette technologie améliore votre lift sans changer votre geste », confirme encore Raphael Bove.

Matthieu Renaudier et Arnaud de Lavison, testeurs en herbe Vainqueurs du jeu-concours Spin Effect organisé sur www.welovetennis.fr, Matthieu Renaudier et Arnaud de Lavison ont testé pour nous la Wilson Steam S. Bilan d’une séance plutôt réussie. Matthieu Renaudier : « C’est très impressionnant ! Avoir toutes ces données sur son jeu grâce au TrackMan, c’est un peu rentrer dans un tennis d’une autre dimension. Ce qui est aussi très intéressant, c’est de pouvoir comparer nos performances avec plusieurs types de cadres pour pouvoir juger de l’effet. Même si je ne suis pas un fou de lift, c’est vrai que les chiffres de la Steam S parlent pour elle ! »

Les deux vainqueurs du jeu-concours Wilson Spin Effect-GrandChelem-www. welovetennis.fr posent pour une photo souvenir.

Raphael Bove briefe nos deux testeurs avant leur entrée sur le court face au lance-balles.

Matthieu passe à l’action avec une certaine efficacité en coup droit.

Les balles utilisées ont toutes une marque qui permet au TrackMan de bien suivre sa trajectoire et d’être forcément très précis, plus qu’avec une balle normale.

Le TrackMan, c’est comme un œil intelligent… sauf qu’il est carré !

Ludovic Bardot, le Directeur de Wilson France, était venu rendre visite à nos gagnants.

L’écran de contrôle du TrackMan avec toutes les données mises à disposition du joueur sur chaque frappe et sur chaque séquence.

Le TrackMan renvoie des données à une unité centrale qui les traite pour une visualisation optimisée.

Raphael Bove règle le TrackMan, une partie essentielle du test. Le TrackMan doit être positionné exactement au milieu du court.

Cette étape était aussi l’occasion pour les meilleurs joueurs et joueuses de la région de venir tester le Spin Effect.

Arnaud de Lavison : « Voir une balle avec une cible et imaginer que cela permet de tout savoir sur son déplacement, c’est assez dingue ! Moi qui aime les statistiques, je trouve que ce TrackMan est une petite révolution. Cela m’a d’ailleurs permis de constater qu’en modifiant quelques trucs au cours de ma séance, je pouvais être plus précis et plus performant. Sur les Steam S essayées, c’est incontestablement la 105 S que j’ai préférée. »

www.welovetennis.fr et le magazine GrandChelem te permettent de pouvoir, toi aussi, devenir un joueur Steam

S.

Pour cela, il suffit de t’inscrire sur le site : www.wilsonsmashweeks.com/jeu

Tu pourras alors gagner une raquette Steam S !

Le jeu se déroule du 15 juillet au 15 août. 20

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SEA, SUN & BEACH !

L’été approche... Avec ses chaleurs et ses vacances tellement attendues, vous prenez, heureux et soulagés, la direction des plages, de la mer et du farniente. Mais le tennis ne s’arrête pas pour autant... Et, plutôt que de suer toute l’eau de votre corps meurtri par une année de boulot - de métro et de dodo aussi - sur des courts en goudron brûlants, c’est le moment de vous lancer dans une autre discipline : le beach tennis. Du sable, une raquette et des vagues à deux pas... Le pied ! GrandChelem est parti à la découverte de ce sport à part entière, à l’esprit unique, qui surfe sur une vague formidable d’initiatives et de professionnalisation. Un sport qui était, hier, un sport de demain, et qui est, aujourd’hui, résolument, un sport... de maintenant. Dossier réalisé par Rémi Capber et Laurent Trupiano / L'ensemble des entretiens a été réalisé par Laurent Trupiano

« Le beach tennis appartient aux pratiquants » Olivier Samaran et David Mottin, joueurs passionnés et forcément impliqués dans le beach tennis, ont accepté de jouer le jeu d'une interview croisée. Plutôt logique qu'ils relèvent ce challenge, amoureux d’un sport qui se pratique exclusivement en double... Comment en êtes-vous venus à jouer au beach tennis ? Olivier Samaran (OS) : En fait, j’ai été seconde série au tennis (3/6). Mais, à un moment donné, j’ai manqué de motivation et d’envie. J’ai eu l’opportunité de tester le beach tennis ; cela m’a tout de suite plu. Le fait de jouer avec un pote, l’ambiance des compétitions... Je me suis rendu compte que, ce qui me plaisait réellement jusque-là, c’était les matches par équipe plus que les tournois pour améliorer mon classement. Comme j’étais aussi un amateur de beach volley depuis toujours, le beach tennis est arrivé au meilleur moment. David Mottin (DM) : Moi, j’avais organisé à Toulouse, en 2001, un concept qui s’appelait « tennis plage ». L’idée, c’était de jouer au bord de la Garonne, sur du sable, avec un terrain de mini-tennis. C’était un peu les prémices du beach tennis. Depuis, je ne me suis jamais arrêté (rires). Cela veut dire que vous avez arrêté de jouer au tennis traditionnel ? OS : Oui, car c’est dur de faire les deux de façon optimale. Maintenant que je participe au circuit mondial, je dois avoir une certaine rigueur d’entraînement pour être compétitif. D’autant que le niveau augmente chaque année… Et je sais de quoi je parle, car je fais partie des pionniers (rires). Je m’oblige à jouer au moins deux fois par semaine et à être au top physiquement également. DM : Non, moi je pratique encore les deux. Je suis professeur dans mon club, je ne me vois pas privilégier un sport par rapport à l’autre, je n’ai pas envie de faire un choix.

Mais, en beach, je n’ai pas le niveau d’Olivier (rires)… enfin, pas encore ! Le beach tennis, c’est dur physiquement ? OS : Le déplacement dans le sable est fatiguant et il faut le travailler pour savoir économiser son énergie. Cela passe par un travail spécifique du jeu de jambes qui n’a rien à voir avec celui du tennis traditionnel. L’autre point central du beach tennis, c’est le coup d’œil, il faut réagir vite, anticiper… parfois plonger (rires) ! DM : C’est certain que le beach tennis sollicite d’autres muscles, c’est un sport de sensations. Déjà le contact des pieds nus avec le sable change la donne. Et celui de la raquette avec la balle est aussi très particulier. De plus en plus de nations s’investissent dans le beach tennis. Avez-vous eu le loisir de voyager pour le vérifier ? OS : Oui, c’est tout à fait vrai. J’ai eu la chance de participer à des tournois en Floride, en Italie, bien sûr, mais aussi à Saint Martin ou à l’île Maurice. A la Réunion, également, et dans le temple de la discipline, à Aruba. Partout, j’ai constaté que cela prenait.

Vous n’avez pas peur que l’esprit beach tennis s’éteigne avec le développement de la discipline, l’organisation, le prize-money… OS : J’ai déjà pointé quelques petits signes, mais rien d’alarmant. En fait, je trouve qu’il y a des joueurs qui roulent un peu des mécaniques maintenant qu’ils ont un classement mondial, alors que cela n’en vaut pas vraiment la peine. Mais notre ADN sera plus fort et la nature-même de notre discipline évitera de tomber dans ces pièges. On peut faire du sport de très haut niveau sans se prendre toujours au sérieux. DM : Le niveau augmente et, forcément, il y a des joueurs qui sont de mieux en mieux préparés. Cela implique qu’ils y passent plus de temps et qu’ils abordent les compétitions de manière un peu moins détendue que par le passé. Mais, attention, l’esprit est là et il sera toujours là. Là-dessus, je n’ai aucune inquiétude.

DM : Je n’ai pas vraiment eu l’occasion d’aller à l’étranger régulièrement. Mais je dirais que je voyage via les réseaux sociaux qui sont très importants pour que notre communauté bouge et se donne des informations. Pour répondre à la question, c’est clair que la discipline est en train de grandir partout aux quatre coins du monde.

Pauline Bourdet « Pour être top 10 mondial, il ne faut pas avoir peur de faire des kilomètres » Pensionnaire du top 10 mondial, Pauline Bourdet a décidé de s'investir corps et âme dans le beach tennis pour aller au bout d'une passion née dans le berceau de la discipline en France : la Réunion. Avant de se mettre au beach, les passionnés ont souvent fait du tennis... C'est ton cas ? Bien évidemment (rires) ! J'ai été classée -2/6, puis je suis tombée dans la marmite du beach tennis. J'avais aussi une bonne raison, puisque je suis d'origine réunionnaise.

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sérieux. J'ai eu la chance d'y participer, c'est une date qu'on coche chaque année dans notre calendrier. Plus de 650 joueurs sont présents, le niveau de jeu est très élevé, le public est chaud… C'est l'événement incontournable du beach tennis.

C'est-à-dire ? Imaginez la plage de Saint Gilles et se 12 terrains, des joueurs qui attendent au bord des courts et, ce, presque tout l'année... Bref, la Mecque du beach tennis, c'est la Réunion, juste après Aruba...

Aujourd’hui, on peut dire que tu es professionnelle ? D'un point de vue sportif, oui. D'un point de vue financier, j'en suis loin. En fait, si je parviens à parcourir le monde, c'est aussi parce que je suis soutenue par mon équipementier N'Shot et par un amoureux du beach tennis.

Justement, Aruba, c'est Wimbledon ? Je ne sais pas, je n'y suis jamais allée, à Wimbledon (rires). Plus sérieusement, Aruba est le plus gros tournoi au monde avec un prize money qui commence à être plutôt

C'est qui, cet amoureux ? Cela va vous faire rire, mais c'est le propriétaire d'une station service Engel à la Réunion. Sans son aide, je ne pourrais pas me consacrer autant au beach tennis.

Avec toutes ces contraintes, comment fait-on pour être top 10 ? On joue beaucoup, on s'entraîne physiquement et tactiquement, on a une bonne partenaire et, surtout, on n’a pas peur de faire des kilomètres. Enfin – et c'est le plus important –, on aime cela, car il est évident qu'aujourd'hui on ne peut pas vraiment en vivre. Au final, la récompense, c'est aussi de voyager dans des endroits paradisiaques. De découvrir le monde. Si on dit que le beach tennis, c'est ton job d'été, cela te vexe ? Pas du tout, j'assume (rires) ! Plus sérieusement, j'essaye de me donner à fond, car j'ai un peu de temps et je ne veux pas avoir de regrets. La suite de ma carrière dans le beach tennis, je ne la connais pas. Mais j'aimerais grandir avec la discipline, car je sens que les choses avancent.

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Chez les hommes, l’Italie est une nation particulièrement forte. Chez les femmes, j’ai cru comprendre que c’était moins le cas... C'est vrai, mais l'Italie reste la nation forte et les Italiennes sont les joueuses à battre. La tendance ne va pas s'inverser si vite. L'Italie s'appuie sur 40 ans de pratique. Sur la côte adriatique, le beach tennis squatte toutes les plages avec des tournois de tout niveau. C'est juste un truc de dingue ! Un jour, peutêtre, on verra la même chose en France. On peut déjà se dire qu'on a les plages pour le faire. Ce n'est pas le cas de toutes les nations qui tentent de percer dans le beach tennis.

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SEA, SUN & BEACH !

SEA, SUN & BEACH !

Fabien Boudet

Ghislain de Saint Preux

«Notre objectif, c’est qu’on joue au beach tennis partout en France !»

« Le beach tennis, c’est avant tout un état d’esprit »

Le Directeur des activités fédérales dresse un premier bilan de la pratique du beach tennis en France. Et se projette sur l’avenir radieux de cette discipline qui a trouvé son public et ses adeptes. Même s’il reste encore beaucoup de travail...

Speaker bien connu dans le monde du tennis, Ghislain de Saint Preux est désormais acteur à part entière dans celui du beach tennis. Il vit de l’intérieur le développement d’une discipline qui relie avec des codes un peu perdus dans le tennis traditionnel.

Est-ce qu’on peut dire que les efforts entrepris par la Fédération Française pour développer le beach tennis sont en train de porter leurs fruits ? Je pense que oui. Tout a commencé en 2009, avec les premiers championnats de France. A l’époque, il n’existait une pratique régulière qu’à la Réunion. Puis, au fil des années, cela a commencé à prendre. Aujourd’hui, on compte plus de 2000 joueurs. Ce qui est encourageant, c’est qu’on surfe sur une progression constante. A l’origine, à la Fédération, nous ne nous sommes pas fixés d’objectifs chiffrés. Il fallait d’abord structurer la discipline, la faire connaître. Quand il n’existe rien, le travail doit être colossal… C’est exact, mais quel challenge ! D’abord, il a fallu mettre en place des outils de communication, présenter des solutions de développement, expliquer comment créer une section, comment fabriquer un court… Car le développement du beach tennis passe forcément par des lieux de pratique. On s’est aussi attaché à proposer des dotations, des prêts de matériel. En fait, on s’est attaché à présenter avec précision les atouts de cette discipline pour sensibiliser le maximum de pratiquants potentiels. Il y avait, par exemple, un souci d’équipementier ? Pas vraiment, les grands équipementiers du tennis considèrent que le marché est trop petit, c’est tout. Mais il y a des acteurs majeurs, notamment en Italie. On a pu présenter une offre tout à fait cohérente, via la centrale du club. Depuis ces débuts, on a aussi demandé à des fabricants d’améliorer les matériaux, notamment afin d’avoir des raquettes plus légères, pour les femmes et les jeunes. Aujourd’hui, quels sont les points à améliorer ? Il y a toujours des choses à faire. On aborde une deuxième phase du développement. La discipline est maintenant connue ; le travail, c’est désormais qu’elle soit reconnue et,

Philippe Lemoine

surtout, pratiquée sur tout le territoire. Notre objectif, c’est qu’on y joue bientôt partout en France ! C’est un sport qui est déjà bien présent en bord de mer... Il ne faut surtout pas résumer la pratique du beach tennis au bord de mer, même si c’est un atout considérable d’avoir tous ces kilomètres de côtes. Mais on joue aussi au beach tennis dans le centre de la France et il ne faut pas l’oublier. En fait, le sable peut se poser partout (rires) ! Il y a beaucoup d’exemples de terrains de beach tennis qui s’installent dans un complexe sportif ou une base de loisirs. Evidemment, cela présente un autre attrait à Quiberon ou à Royan. Mais notre envie est bien de prouver que le beach peut se pratiquer dans n’importe quelle région et qu’il peut apporter une animation supplémentaire au sein d’un club. Toutes les structures font ce constat : une section de beach tennis, c’est un nouvel outil de convivialité. Forcément, cela renforce l’idée d’esprit de club. Où se situe la France par rapport aux autres nations dans le concert international ? De plus en plus haut, mais la suprématie italienne demeure indéniable. Le beach est une véritable institution en Italie. Il y a des tournois un peu partout sur la côte adriatique et un véritable engouement. Je compare un peu ce phénomène à celui du padel en Espagne. Je pense que c’est culturel. Le beach est installé depuis plus de 15 ans chez eux, il est donc en ordre de marche, un peu comme à la Réunion où il fait partie des mœurs. En France métropolitaine, on devra toujours continuer à expliquer le pourquoi et le comment, c’est comme cela... Mais Rome ne s’est pas faite en un jour et ce travail est très intéressant. On assiste à la naissance d’une nouvelle discipline dont le potentiel est évident, car elle colle à une certaine pratique sportive. Le fait de jouer uniquement en double, par exemple, est un atout considérable. Et cela nous place dans une dynamique tout à fait différente que celle du tennis traditionnel.

Comment ce sport peut-il continuer à grandir à l’échelle internationale ? En fait, le beach tennis est géré par la Fédération Internationale, alors qu’il avait une certaine forme d’autonomie par le passé. Cela lui a permis de conquérir de nouvelles nations et d’être beaucoup plus puissant. La Russie s’y est mise : pour dire, elle possède des complexes dits de « sable », où le beach tennis est beaucoup pratiqué à côté de ses cousins du volley et du football. D’ailleurs, on observe un beau développement là où le beach volley a fait ses preuves, je pense notamment au Brésil. A terme, vous avez l’ambition d’en faire une discipline olympique, comme le beach volley ? On a parlé de ce sujet au responsable de l’ITF quand il est venu à Roland Garros. Il semble que le beach pourrait être sport de démonstration au Brésil, en 2016. Et il arrive souvent que les sports de démonstration soient intégrés, par la suite, dans le programme du CIO…

Comment as-tu découvert cette discipline ? En faisant mon métier de speaker lors des deuxièmes championnats de France, organisés à Calvi, en Corse. Je dois avouer que cela a été un vrai choc. Pourquoi ? Le beach tennis, c’est avant tout un état d’esprit, une atmosphère, une ambiance avec ses codes et sa formidable convivialité. Je suis venu au métier de speaker, parce que je suis avant tout un passionné de tennis un peu nostalgique de son âge d’or. Au beach, en un week-end, j’ai retrouvé tout ce qui fait le charme d’une pratique ludique, d’une compétition où le sérieux est présent sans que cela dégénère. Depuis que j’ai été piqué, je n’ai cessé de rester en contact avec des organisateurs et la Fédération Française, car je crois que

Il faut dire que le beach tennis possède un certain avantage… En effet, un terrain de beach tennis a les mêmes dimensions qu’un terrain de beach volley. Il suffit donc de changer de filet pour changer de discipline. Il n’y a pas vraiment de surcoût en termes d’installation. L’argument est surtout le fait que de nombreux pays le pratiqueront, ce qui commence à être le cas.

Directeur adjoint chargé du développement de la pratique, Philippe Lemoine est au cœur du processus du développement du beach tennis. Il revient pour GrandChelem sur les qualités que doit posséder un futur champion de beach.

Il y a beaucoup de jeu en toucher, également, non ? Oui et le beach peut devenir très tactique. Ce n’est pas un sport de force et de puissance. Par ailleurs, le fait de jouer en double implique forcément des plans d’action à mettre en place. La stratégie joue ainsi un rôle fondamental. Pourquoi avoir invité les meilleures équipes françaises pour une démonstration à Roland Garros, cette année ? Pour répondre concrètement à toutes les questions que

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l’on peut se poser sur cette discipline. Et, bien sûr, pour présenter ce qui se fait de mieux chez nous. Tous ceux qui sont venus assister à ces démonstrations ont été surpris par le niveau de jeu et la rapidité des échanges. Et ceux qui ont voulu tester la discipline raquette en main se sont très vite pris au jeu, même s’ils étaient un peu essoufflés (rires)… Cet espace de beach tennis à Roland Garros né en 2012, c’est une bonne idée, non ? Evidemment et c’est plus que symbolique. Et puis, le Président Jean Gachassin a insisté pour qu’il ne soit pas démonté l’année dernière, mais qu’il fasse partie du stade : c’est un super signe de sa part. Et cela permet de l’utiliser toute l’année. La cerise sur le gâteau, c’est que cela devient un outil de communication formidable pendant les Internationaux de France. On a même vu quelques stars qui sont passées vous rendre visite… Benoît Paire était déjà venu il y a un an, il est revenu cette année, il se débrouille pas mal ! Je me souviens aussi qu’Emilie Loit avait participé aux premiers championnats de France, mais avait été dominée par des spécialistes.

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Nos joueurs de la Réunion sont les grands dominateurs de la discipline sur le territoire national… C’était vrai au départ, mais, aujourd’hui, l’écart avec la métropole se réduit peu à peu. La pratique est devenue régulière, les meilleurs parviennent à s’entraîner toute l’année en France. De plus, de nombreux tournois de qualité ont été mis en place avec des qualifications pour les championnats de France. Il y a un beau dynamisme ! Ce qui est remarquable, c’est que ce sont souvent des amoureux de la discipline, qui en ont fait la découverte un jour, qui se mettent à partager cette passion. L’autre point positif, comme l’a expliqué Fabien (Boudet, voir interview ci-dessus), c’est que le nombre de sections augmente aussi. Beaucoup de clubs font le constat qu’un court de beach tennis est un investissement rentable pour la pratique comme pour l’animation.

l’élan autour de cette discipline. On va commencer par une épreuve qualificative pour la phase finale de la Ligue de l’Essone, mais on compte devenir, à l’avenir, une étape du France Beach Tennis Tour. Notre volonté, c’est d’être un point de passage obligé en Île-de-France.

Tu as décidé de participer à ce mouvement ? Cela me paraissait indispensable. J’aurais eu des regrets, sinon... J’aime être dans le mouvement. Déjà, quand j’ai lancé ma société Tennis Fun Events, on me demandait pourquoi j’avais eu cette idée. A l’époque, j’avais le sentiment qu’il manquait une offre pour animer les fêtes de fin d’année, les anniversaires dans les clubs. C’est pour cela que j’ai créé cette société spécialisée dans les jeux gonflables adaptés au tennis. Il a fallu du temps pour me faire connaître, mais, depuis, mon calendrier est bien rempli. Quand on aime animer, il faut trouver des idées. Le beach tennis est un condensé de tout cela, car on peut aller loin dans l’organisation d’un événement. Cela devenait alors assez logique d’investir dans cette voie en créant un club, puis une compétition.

Tu t’appuies sur ton expertise d’animateur de plusieurs grosses étapes ? Evidemment, je regarde ce qui se fait sur les événements où je travaille. Mais les recettes sont souvent les mêmes et assez liées à la nature des participants. Sans vouloir comparer les choses, sur les tournois ATP où j’officie, la nature du protocole et les règles à respecter limitent un peu les innovations possibles pour l’animation. Au beach, c’est presque no limits ! Et, comme je suis un gros fan de musique, je vous laisse imaginer ce que j’aimerais mettre en place...

Cela a été facile ? Il faut trouver les bons interlocuteurs, des personnes qui aiment prendre des risques. Quand mon ami Stéphane Sivori a décidé de se lancer dans la création d’un club, une véritable aventure, je l’ai tout de suite accompagné. Et on a trouvé une oreille très attentive auprès du Maire de Boullay-les-Troux. Il a été très sensible à l’image que renvoie le beach tennis. Très vite, on a trouvé un espace au milieu des champs de tournesols (rires) et on a monté une association affiliée à la FFT. Aujourd’hui, on possède trois courts et on compte bien participer à

« Il y a un beau dynamisme ! »

Faut-il avoir été un bon joueur de tennis pour devenir un très bon joueur de beach tennis ? Pas obligatoirement. On est dans une discipline qui possède ses propres spécificités techniques. D’abord, il y a la faculté à bouger dans le sable. Je peux vous assurer que c’est vraiment très physique et que cela implique une véritable technique de déplacement. Rien à voir avec le tennis. Ensuite, en termes de frappe, on utilise un matériel tout à fait différent. Le contact avec la balle est très particulier, bien loin de celui d’une raquette et d’un cordage traditionnels. En plus, les distances étant aussi raccourcies, je dirais que l’œil doit être encore plus dynamique.

cette discipline possède un potentiel incroyable dans toutes les catégories d’âge, pour les filles comme pour les garçons. J’y vois une petite révolution qu’il faut soutenir. Le beach tennis, c’est quand même l’un des seuls sports où les mecs s’embrassent quelle que soit l’issue du duel (rires).

Un concert beach tennis (rires) ? Je ne vais pas tout vous dévoiler tout de suite (rires)... C’est assez rafraichissant ! En cinq ans, le beach tennis a su se structurer et trouver une place. Maintenant, il appartient aux amoureux de s’engager dans des projets, de convaincre des Présidents de club, de construire des courts de beach, de penser que le beach tennis peut être un nouvel axe de développement, voir de recrutement... Avec toutes ces idées que tu as, ta société, Tennis Fun Events… Tu as encore le temps de te consacrer à ton métier de speaker ? Speaker, c’est mon ADN. Pendant Roland Garros, j’ai eu la chance de travailler lors d’une exhibition au Polo de Paris, managée par Frédéric Vitoux. John McEnroe était présent, j’en ai encore la chair de poule. C’est pareil pour l’Open d’Orléans, les Petits As, le Corsica Open, la Ouatt... Au fur-àmesure, les organisateurs ont bien compris l’utilité d’avoir un speaker professionnel. Il constitue un vrai lien entre le public, les sportifs et l’organisation. Evidemment, il faut savoir s’adapter aux situations. A Orléans, par exemple, on est dans le cadre d’un gros tournoi Challenger avec son timing, son programme minuté. A l’inverse, lors de l’Open de Royan de beach tennis, je joue plus le rôle d’animateur, presque de chauffeur de salle pour faire monter l’ambiance. En gros, je troque ma cravate et ma veste pour un maillot de bain et quelques ola. Mais, l’essentiel, c’est de faire vivre le tennis et, maintenant, vous l’aurez compris, le beach tennis.

Tennis Fun Events C’est en 2009 que Ghislain de Saint Preux crée Tennis Fun Events. Son objectif : apporter son expertise d’animation à ceux qui le sollicitent avec la mise à disposition d’un radar et de jeux gonflables. « L’anniversaire d’un club ou sa fête annuelle sont des temps forts qu’il faut savoir manager au mieux. Avec mon expertise et les outils que je propose, ces moments prennent une autre dimension. Par le passé, j’avais une offre plus multisports pour les jeux gonflables, mais je me suis recentré uniquement sur les jeux de tennis. Mon offre est ainsi plus performante. » En savoir plus sur : www.tennisfunevents.fr

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SEA, SUN & BEACH !

Le Beach Tennis

s'organise

Partout dans le monde, de nouvelles étapes du circuit de beach tennis fleurissent. Coup d’oeil tout particulier sur des pionniers, les Bretons et la Ligue de Bretagne, un pays conquis, la Bulgarie, et un projet d’avenir, le France Beach Tennis Tour, né cette année.

Marie-Christine Peltre « Le beach tennis appartient à des pionniers »

Matthieu Blesteau « Le beach tennis est bien pensé pour l’événementiel »

La nouvelle Présidente de la Ligue de Bretagne, Marie-Christine Peltre, croit dans le beach tennis. Pour GrandChelem, elle explique d’où vient cette envie et quelles sont les opportunités que peut créer l’émergence du beach tennis au sein du paysage tennistique.

Fondateur du Challenger de Quimper, chargé également de celui de la Roche-sur-Yon qui se déroulera pour la première fois du 14 au 20 octobre, Matthieu Blesteau est un joueur de beach tennis, mais aussi un consultant idéal pour comprendre l’avenir de cette discipline dans l’univers de l’événementiel.

Avez-vous testé le beach tennis ? Evidemment, oui, on ne peut pas parler de quelque chose qu’on n’a pas pratiqué, c’est le minimum. J’ai été surprise par l’aspect physique, mais aussi le degré de concentration à maintenir. Pour moi, c’est une discipline à part entière. Elle mérite qu’on y mette des moyens spécifiques et qu’on définisse une vraie stratégie. Cela veut dire que la Ligue de Bretagne et ses 3000 kilomètres de côte se doivent d’être le bon élève du beach tennis... Bon élève, je ne sais pas, mais depuis que j’ai pris mes fonctions (NDLR : Marie-Christine Peltre a été élue en janvier 2013), c’est un dossier qui fait partie du plan d’action défini avec mon équipe. Cela aurait été une aberration que la Ligue de Bretagne ne rentre pas dans cette dynamique, car je considère que le beach tennis fait bouger les lignes.

Expliquez-nous... C’est une discipline jeune, ses pratiquants sont enthousiastes, fourmillent d’idées et d’envie. J’ai l’impression de revivre ce qui s’est passé avec l’arrivée de la compétition dans les clubs, le fameux âge d’or de la pratique. On ne peut pas être insensible à cette débauche d’énergie pour faire connaître le beach tennis et le faire vivre quotidiennement. On vous sent plutôt motivée ! C’est exact, je le suis vraiment. Le beach tennis peut permettre de retrouver un esprit de club plus intense et plus fort. J’en ai la certitude. En tout cas, nous mettrons des moyens pour encourager son développement. Je considère aussi que le beach tennis doit garder son identité, qu’il ne faut pas en dénaturer les forces. C’est un sport qui appartient à des pionniers, c’est eux qui connaissent vraiment les axes et les initiatives à mettre en place. Chaque

fois que je rencontre un organisateur ou un pratiquant, je sens que ça bout et qu’il y a l’envie d’inventer des choses dans un état d’esprit assez remarquable. Au sein de la Ligue, on a donné les rênes à un passionné, car c’était la seule façon de ne pas faire fausse route.

Lesquels ? Sa place au sein de l’ensemble de l’enseignement, par exemple, ce qu’il peut impliquer en termes de compétitions de très haut niveau, de formation des cadres, de pratique au plus jeune âge… Que de très beaux enjeux !

Avec des codes quand même bien spécifiques… Celui du soleil, vous voulez dire (rires) ! Et bien oui, le soleil, la fête, le jeu, le sable… J’aime ces images. D’ailleurs, en Bretagne, on a trop souvent privilégié l’idée que le tennis devait se jouer en indoor. Il y a donc des clubs sans courts extérieurs. Le beach tennis peut être, là aussi, une véritable opportunité pour des investissements moins importants, pour recréer une vie de plein air dans des clubs bretons. C’est un point qui compte. Et, si le beach tennis continue de grandir, il y a aura d’autres critères à envisager.

nos plages, même si l’on ne peut pas installer des courts n’importe où. Il faut tenir compte des marées, plus que du vent. Avec quatre départements côtiers, la Ligue de Bretagne possède un léger avantage sur les autres Ligues de bord de mer, car l’ensemble des

Thibaud Serre

« Faire en sorte que la mayonnaise prenne »

Si tu t’impliques autant pour un tel événement, c’est plus par passion que dans un objectif économique… C’est sûr que l’environnement économique n’a rien à voir avec celui du Challenger de Rennes. Mais je m’attache aussi à faire les choses dans les règles de l’art. Si le beach tennis veut rencontrer du succès, c’est aussi en proposant des événements de qualité en termes de prestations et d’accueil de soirées. Tu as eu du mal à trouver des partenaires ? J’ai la chance de pouvoir solliciter ceux qui sont déjà présents au Challenger, car ils me font confiance. Cette première a donc été assez simple à construire.

Pour toi, quel est le point le plus important pour que le beach tennis s’installe définitivement dans le paysage français ? Qu’on puisse y jouer toute l’année et, donc, que se développent des structures couvertes. Mon club a cette chance, mais on n’est encore trop peu dans ce cas. Ce passage

Cela veut dire que tu risques, toi aussi, de passer dans le clan des organisateurs, dans le beach ? J’ai déjà pas mal de travail avec l’Open de Quimper et, maintenant, celui de la Roche-sur-Yon. Lancer un nouveau tournoi demande beaucoup d’énergie. En 2014, je serai un peu plus cool (rires) ! Plus sérieusement, j’observe, je regarde… Je ne

C’est quoi le France Beach Tennis Tour ? En fait, on a fait le constat que des disciplines de sable possédaient un circuit bien structuré avec des sponsors nationaux et une couverture médiatique bien pensée. Sans vouloir copier ce modèle, on s’est dit que le beach tennis méritait d’avoir une approche sportive et économique assez similaire.

Comités sont concernés. C’est peut-être pour cela que l’on est en ordre de marche pour faire du beach tennis une discipline à part entière avec ses formateurs, ses compétitions et ses pratiquants réguliers. »

Quelle est la clientèle du beach tennis ? Il y a ceux qui sont des fans, des pratiquants assidus – et ils sont de plus en plus nombreux. Et les occasionnels. Ainsi que les débutants qu’il faut convaincre. L’idée, lors d’un Open comme celui de Rennes, c’est de faire en sorte que la mayonnaise prenne auprès de toutes ces cibles.

On a l’impression que lorsqu’on participe à un tournoi de beach tennis, on en a pour son argent... Je ne sais pas si l’on peut résumer cela de cette manière. Toujours est-il qu’on est loin d’un tournoi de tennis où, le match fini, vous rentrez chez vous en catimini – surtout si vous avez fait une contre-performance. Là, on sait qu’on va faire

dis pas non car, je le répète, le format est vraiment adapté à notre consommation des loisirs. Presque plus personne n’a envie d’être convoqué à 17h pour finalement jouer une heure plus tard. Le beach tennis, qui a mis la convivialité au centre du débat, est une belle piste pour avoir une réflexion sur nos formats classiques de compétition. Sur quels tournois te verra-t-on, cet été ? On m’a déjà vu à l’Open de Rennes… Après, je ne sais pas encore, je n’ai pas tout à fait peaufiné mon programme (rires) !

« Le France Beach Tennis Tour veut être fédérateur »

Organisateur de l’Open de Royan, un tournoi Grade 2, François-Xavier Pattedoie et son associé, Maxime Lahondès, veulent aller plus loin pour permettre aux compétitions majeures de beach tennis d’avoir un circuit digne de ce nom.

Certes, mais ces circuits sont parfois plus un prétexte pour communiquer autour de sa discipline majeure – je pense notamment au rugby… De plus, ils sont fortement soutenus par leur fédération. C’est tout à fait vrai et notre fédération, qui a déjà fait beaucoup de travail pour le beach tennis, nous a laissé une vraie marge de manœuvre de ce côté-là. C’est pour cela que notre circuit, notre « tour », a un sens, car il a pour objet de créer des synergies et des cohérences en termes d’organisation et de prestations. Sur ce sujet, notre expérience de l’Open de Royan nous a beaucoup aidés.

Organisateur du premier Open de Rennes, qui s’est déroulé du 28 au 30 juin, Thibaud Serre nous explique pourquoi il a décidé de s’investir dans le beach tennis. On te connaît comme organisateur du Challenger de Rennes, moins comme celui de l’Open de Rennes de beach tennis... Et pourtant (rires) ! En fait, je suis un fan de beach tennis, j’y joue régulièrement. Pour aller plus loin, j’ai même créé un club, le Rennes Bretagne Beach Tennis. Après, comme j’aime faire bouger les choses dans le tennis, j’ai tout de suite imaginé qu’une épreuve pouvait avoir sa place dans le mois consacré au sable, qui se déroule à Rennes. C’est comme cela que l’Open de Rennes de beach tennis est né. C’est un tournoi Grade 3 qui va trouver son public. D’ailleurs, on a eu la chance, pour cette première édition, d’avoir la présence d’un champion de France.

plusieurs matches, qu’on joue avec un ami, qu’on va se faire plaisir... Le plaisir, une notion qui s’est un peu perdue dans le circuit traditionnel. D’ailleurs, je croise souvent d’anciens adversaires qui, blasés par le tennis traditionnel, retrouvent de l’envie dans le beach tennis.

Francois-Xavier Pattedoie

Jean-Marie Nedelec, responsable du beach tennis à la Ligue de Bretagne « L’activité est en plein essor. Elle s’est d’abord bien structurée dans notre région et, maintenant, on peut passer à la vitesse supérieure. On peut déjà s’appuyer sur le complexe de courts couverts de la Sapinière - c’est un vrai plus ! Enfin, inutile de parler de

Tu y crois, toi, au beach tennis ? Bien sûr que j’y crois et j’y joue aussi (rires) ! J’estime que le format du beach tennis est très bien pensé pour un professionnel de l’événementiel. Cela se déroule sur un week-end, dans une ambiance conviviale… c’est l’idéal.

Comment cette initiative a été accueillie par les autres organisateurs ? Plutôt positivement, puisqu’on est parvenu à fédérer cinq dates (NDLR : Lorient, Rennes, Angoulême, Cognac, Palavas-

les-Flots) autour de la nôtre, c’est un bon début. Notre objectif est de parvenir à rayonner sur tout le territoire. Plus il y aura d’étapes de qualité, plus le tour sera reconnu. Nos tournois partenaires ont bien compris notre volonté. En fédérant des dates, on sera plus puissant pour séduire des sponsors importants ou des partenaires médias, car le beach tennis manque encore de visibilité. Bref, il y a beaucoup de choses à faire. On n’a pas encore l’aura du beach soccer ou du beach volley, c’est une évidence. Mais à nous de démontrer par la qualité de nos événements que nous sommes devenus un sport mûr, qui peut devenir un vrai support de communication. Votre tournoi, l’Open de Royan, l’est déjà... C’est vrai que l’Open de Royan est une date importante du calendrier du beach tennis. On est parvenu à en faire un bel événement. En même temps, notre plage est un paradis pour une telle manifestation et nos contacts locaux ont été à l’origine de ce succès. A côté du central, on a assez de place pour installer une dizaine de courts, des espaces d’animation, ainsi qu’un village. C’est aussi cela la clef de notre réussite. Pour autant, si la plage est le terrain de jeu idéal, on peut aussi créer ce type d’environnement sur une base de loisirs sans être forcément au bord de l’eau. En tout cas, ce qui nous

encourage dans notre démarche, c’est l’adhésion du public et l’ambiance qu’on parvient à installer durant la compétition. On est vraiment loin de Wimbledon et des tenues en blanc (rires). Cela a été facile de convaincre des partenaires d’envergure ? La discipline vient de naître… Pour ce qui est de la prospection des partenaires, on est au début d’une course de fond. Mais l’exemple du beach volley et de sa réussite peut donner certaines idées aux communicants, c’est un plus. Il faut continuer à expliquer notre démarche. C’est une habitude, maintenant (rires) !

Quelques Ligues

dynamiques… Parmi les Ligues de bord de mer, toutes n’ont pas la même volonté de profiter de leurs plages pour se lancer dans le beach tennis. Aux côtés de la Bretagne, pionnière et fière de l’être, on peut aussi citer la Ligue des Pays de Loire qui accueille, par exemple, le championnat de France à La Baule depuis maintenant un an et qui possède un tournoi de Grade 2 avec l’Open de Royan.

vers l’indoor va donner une réalité au beach tennis. Une fois que ce sera le cas, on pourra sortir de la simple pratique saisonnière. Cela t’étonne que le beach tennis rencontre du succès en Bretagne ? Là, tu me taquines (rires)... Franchement, cela aurait été un peu illogique que la Bretagne ne se mobilise pas autour du beach tennis.

LA BULGARIE, valeur montante du beach tennis ? La Bulgarie a accueilli les Championnats du Monde de beach tennis en 2012 et compte bien continuer à jouer à fond la carte du beach. Pourquoi ce pays s’investit-il autant dans ce sport ? Réponse de la secrétaire générale de la Fédération Bulgare de Tennis : Katerina Genova.

« Le beach tennis est un sport relativement nouveau en Bulgarie, mais il connaît un développement rapide. Il est très attractif et la Fédération Bulgare de Tennis fait des efforts constants pour le populariser depuis près de cinq ans. Jusqu’à présent, nous avons organisé avec succès les Championnats d’Europe en 2011 dans le complexe d’Albena, qui dispose d’une large plage et d’hôtels à

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proximité. En 2012, nous avons enchaîné avec les Championnats du Monde, qui, pour la première fois, avaient lieu hors d’Italie. Ils se sont déroulés dans la ville de Burgas, où les athlètes étaient logés dans un hôtel cinq étoiles sur la plage. Chaque année, le nombre de tournois internationaux organisés en Bulgarie augmente, en parallèle avec le nombre de participants. En plus de l’hospitalité et

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de l’enthousiasme drainés par la discipline, on peut citer le succès des athlètes bulgares. Désormais, nous avons deux joueurs classés dans le top 50 mondial masculin. Lors du dernier Championnat du Monde par équipe, l’équipe bulgare a pris la huitième place. »

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une première réussie à 1000% Samedi 18 mai, Club des Pyramides à Port-Marly, un doux soleil de printemps vient éclairer les courts en terre battue. C’est dans ce cadre angélique que les premières rencontres de célibataires autour du tennis se sont déroulées avec le soutien d’Attractive World. crédit photos: Simon Aleves

Les quatre temps forts de cette belle rencontre

Lovetennis, c’est avant tout un état d’esprit. Et les 70 participants de cette grande première, des

pionniers en somme, sont arrivés tôt le matin pour un welcome coffee, avant de filer sur les courts où l’équipe de The Tennis Factory leur avait concocté un programme plutôt sportif : atelier radar, tournoi vintage avec des raquettes en bois, mais aussi compétition de mini-tennis avec balles en mousse, histoire de très vite rentrer en contact. « L’idée de nous faire jouer dans des conditions différentes de celles d’un tournoi classique a été un vrai plus, cela nous a permis de faire connaissance et a lancé la journée. J’ai aussi apprécié de pouvoir tester les raquettes Head. Comme il y avait toute la gamme, j’ai pu faire mon marché (rires) ! » souligne Nicolas, un fan de Roger Federer.

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L’autre grand temps fort programmé après un déjeuner arrosé d’eau fraîche fut le training-camp organisé par Rodolphe Gilbert. Rodolphe s’est attaché à échanger des balles avec

l’ensemble des participants. Mais a également délivré quelques conseils précieux ! Sa joie d’être parmi les Lovetennis Player’s a été appréciée : « Dès que The Tennis Factory m’a contacté pour être le parrain de Lovetennis, j’ai accepté. Et je ne regrette pas ! J’ai rencontré des personnes passionnées… qui m’ont fait un peu suer ! Lors de l’exhibition, on m’a mené la vie dure (rires) », explique Rodolphe, qui est aussi intervenant de la TennisBox.

Mais un moment de convivialité, c’est aussi une soirée avec une remise des prix. Pour marquer le coup, The Tennis Factory et l’ensemble des

partenaires ont récompensé tous les participants. La marque Björn Borg avait bien fait les choses en offrant un cadeau aux hommes comme aux femmes. « Je ne connaissais pas la marque et je suis ravi ! C’est original et très confortable », note Juan.

Enfin, le couple vainqueur du tournoi de double mixte a eu l’honneur d’être invité à la finale dame de Roland Garros. Un choix plutôt logique pour une journée Lovetennis ! Quelques jours plus tard, ils étaient donc présents en tribune pour assister à la victoire de Serena Williams.

Partenaires

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monsieur Andre

Agassi

Deuxième chapitre de nos grands témoins pour présenter la sortie de notre tome trois de la collection Welovetennis, « Rafa, mon amour ». Notre invité n’est autre qu’Andre Agassi. Présent à Roland Garros lors de la finale, cette année, le Kid de Las Vegas connaît bien le Majorquin… Oui, c’est Rafa qui l’a battu pour le dernier match de sa carrière sur le gazon de Wimbledon, en 2006. Andre Agassi a rencontré deux fois Rafael Nadal. En 2005, au tournoi de Montreal, où il s’était incliné en finale en trois manches 6-4 4-6 6-2 et à Wimbledon, au troisième tour, en 2006, où il a perdu 7-6(5), 6-2, 6-4.

En tant que partenaire officiel de Roland Garros, Longines part à la recherche des champions de demain lors du tournoi Longines Future Tennis Aces. Chaque année, 16 jeunes âgés de moins de 13 ans tentent de se qualifier pour la finale et ainsi participer à un match d’exhibition exceptionnel. C’est Andre Agassi qui est le parrain de cette épreuve remportée cette année par l’Allemand Rudolf Molleker vainqueur de l’Espagnol Carlos Sanchez Lover.

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Rafael Nadal a gagné Roland Garros à huit reprises. A quel point trouvez-vous cela monumental ? Quand on y réfléchit, c’est sans doute quelque chose qui ne se reproduira plus jamais. Rien que le fait de le dire, comme cela… Cela vous place le truc. C’est un accomplissement extraordinaire. Borg avait gagné cinq fois d’affilée à Roland et on ne pensait pas que ce serait un jour égalé. Rafa a déjà gagné huit fois, il n’a perdu qu’un match, n’a été poussé que deux fois au cinquième set... Je ne pense pas qu’on assistera de nouveau à un exploit pareil, tous sports confondus. C’est absolument incroyable. Et ce n’est pas encore fini ! Rafa est jeune, il n’a que 27 ans… Oui. Et cela va dépendre de son corps, de la manière dont il va tenir. Je pense qu’il va tenir, parce que Nadal va tirer des leçons du passé. Il sait désormais ce que cela coûte de trop jouer, de prendre les mauvaises décisions. Il est désormais conscient de la fragilité de son corps et de son physique. Ceci étant dit, je pense qu’il va beaucoup plus se concentrer sur ses choix de programmation, de manière à être prêt pour les grands événements. Peut-être qu’il va mettre un peu moins l’accent sur les tournois de moindre importance. C’est une bonne chose pour le tennis, parce qu’on a besoin de pouvoir compter sur un champion comme lui aussi longtemps que possible.

nouveau lui permettre de faire partie des prétendants à une victoire en Grand Chelem. A un moment donné, durant ma carrière, j’ai dû m’arrêter pendant deux ans. Et c’est deux ans après avoir repris que je me suis retrouvé en finale de Roland Garros. Pour Nadal, il a été immobilisé sept mois. Quand il a repris, je me suis dit qu’il lui faudrait au moins un an avant de retrouver son niveau. Alors quand je le vois jouer aujourd’hui… Je ne m’attendais pas à ça. Je pense qu’il a pris les bonnes décisions tout au long de son processus de retour. Malgré cela, quand il est arrivé à Roland Garros, lors de ses premiers tours, je le trouvais moins en forme qu’à Rome et je me suis dit qu’il en avait peut-être trop fait. Je pensais que Djokovic avait été plus professionnel dans sa préparation avec pour seul objectif la victoire à Paris. Il s’était employé à gagner tout de suite sur terre battue, à Monte Carlo, et ensuite avait géré son planning. Il semblait frais, parfaitement prêt. Je pensais qu’il allait le faire. Mais non, la faute à un Nadal déjà revenu à son meilleur niveau. Revenir en aussi peu de temps comme Nadal, je crois que je n’avais jamais vu ça auparavant.

Nadal est vraiment à 100%, aujourd’hui ? Je ne pense pas. Il n’est pas exactement le même qu’avant. Mais il est tellement plus fort que les autres sur terre battue qu’il n’a pas besoin d’être à 100% pour gagner. C’est vrai pour tous les joueurs, sauf un : contre Djokovic, il doit être à 100%. Il le sait. Cette année, à Roland GarA terme, doit-il se concentrer uniquement sur Roland Garros et un ros, il a réussi à produire son meilleur tennis dans le match qu’il fallait. peu moins sur les autres Grands Chelems ? C’est à cela qu’on reconnaît les champions. Je n’ai pas pu voir toute la C’est sûr que cela va être de plus en plus compliqué pour Nadal de gagner rencontre, d’ailleurs, j’étais dans l’avion. Mais, à l’aéroport, j’ai pu regarailleurs que sur terre battue. Quand der un jeu, à 4-3 au cinquième. C’est là que Djokovic, Murray et lui-même jouent Djokovic a perdu un point après avoir touché « Revenir en aussi peu de temps leur meilleur tennis, je les classe dans le filet. Je me demande bien ce qui a pu se cet ordre : Djokovic en numéro un, comme Nadal, je crois que je n’avais passer dans sa tête à ce moment-là pour Murray en numéro deux et Nadal en jamais vu ça auparavant. » qu’il agisse ainsi… Il doit encore en faire des numéro trois… sauf sur terre battue. cauchemars. Nadal était tout au fond, dans Cette génération est remarquable, ces un coin du court, Djoko n’avait pas besoin de joueurs ne laissent que des miettes à leurs poursuivants. Quant à Nadal, contourner la balle comme cela pour smasher. Le point était tout fait. je pense qu’il peut gagner encore plus de tournois majeurs. Il ne va Et derrière, il aurait mené 5-3. Mais, voilà, c’est le sport. Et le sport est pas uniquement se concentrer sur Roland Garros, il va aussi essayer de cruel (sourire). gagner les autres. Maintenant, s’il ressent des douleurs lorsqu’il joue sur dur, peut-être qu’il devra faire l’impasse sur un tournoi comme l’US Aujourd’hui, vous regardez plus de tennis que lorsque vous jouiez ? Open. Mais, s’il n’a pas mal, alors pourquoi pas jouer et gagner ? Il va Oui. J’en profite beaucoup plus qu’avant. Quand je jouais, je devais pense donner toutes les chances de remporter les Grands Chelems qu’il ser à moi et à mon jeu. C’était difficile d’apprécier les matches. Mais, s’estime capable de remporter. Le tout, en ayant en tête un objectif : aujourd’hui, c’est différent et j’en profite au maximum. faire durer sa carrière au maximum. Son but est certainement de gagner le plus de tournois majeurs possible. Combien a-t-il de Grands Chelems Quel est votre joueur préféré du Big Four ? aujourd’hui ? J’apprécie et je respecte tellement chacun de ces joueurs qu’il me serait impossible d’en choisir un. Regardez Djokovic : il a commencé le tennis Déjà 12... dans un pays en guerre et est devenu un athlète exceptionnel, doté 12… C’est déjà incroyable. Je me souviens de sa première victoire à d’une qualité de déplacement remarquable. Regardez l’engagement Roland Garros. Il avait clamé au monde entier que son rêve était de que met Nadal dans son jeu, il a donné une autre dimension à ce sport. gagner Wimbledon. Brad Gilbert, moi-même et plein d’autres personnes Regardez la facilité de Federer. Regardez Murray, ses qualités défensives avions alors rigolé. Mais, dès l’année suivante, il était arrivé en finale à et ses atouts offensifs, qu’il doit encore développer. Mais regardez aussi Londres. Un gars nommé Federer l’avait battu. Et puis, l’année d’après, Ferrer. Ce gars a peut-être accompli encore plus que ces quatre-là réunis. suite à une nouvelle victoire à Roland, Nadal était de nouveau finale. Je veux dire… Faire partie de cette génération et être numéro cinq – Et, malgré encore une défaite, il répétait qu’il voulait gagner ce tour- et mieux encore, maintenant ! – depuis 10 ans avec ses capacités… noi, qu’il ferait tout pour y parvenir... Il a fini par y arriver... A l’époque, Combien de joueurs d’1m75 font partie du top 100 ? Ce que fait Ferrer Federer avait gagné 12 ou 13 Grands Chelems. On se disait qu’il était et est remarquable. resterait le meilleur joueur de tous les temps. C’était dingue. Aujourd’hui, on voit que Nadal en est déjà à 12. Dont huit Roland Garros – c’est juste Vous êtes inquiet pour le futur du tennis ? Quand cette génération exceptionnel. partira… Il y a un risque que le tennis ne progresse plus, effectivement. Chaque Que pensez-vous de ce retour si rapide au haut niveau ? sport a ses cycles. Il faudra peut-être attendre cinq ou sept ans pour Pourriez-vous nous parler de la récupération après une blessure ? avoir de nouveau un grand champion. Mais je ne crois pas qu’on puisse Me concernant et ce qu’on m’a toujours dit, c’est qu’il faut le temps de comparer des générations avec d’autres générations. On peut comparer l’immobilisation plus la moitié de ce temps pour retrouver son niveau des champions placés dans le contexte de leurs propres générations. Si d’avant. Si vous vous arrêtez deux ans, il vous faudra trois ans pour reve- le tennis ne progresse pas dans les années qui viennent, nous attendrons nir. Regardez Del Potro, il a dû arrêter un an après sa victoire à l’US seulement la prochaine génération (sourire). Open. Et cela lui a pris un an et demi pour retrouver le tennis qui peut de Entretien réalisé par Pauline Dahlem

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