Go Out! n°36 November

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Novembre.15




Clinique des Grangettes

7, chemin des Grangettes

CH-1224 ChĂŞne-Bougeries

TĂŠl. ++ 41 22 305 -01-11

www.grangettes.ch


Edito

Edito A ceux qui invoqueraient les frimas pour ne pas quitter leur chez soi, tentons de les convaincre de sortir, et plus d’une fois.

ces rendez-vous en France, on vous conseille de vivre à cent à l’heure dans la Cité qui ne connaît pas d’heure: New York City!

A Genève d’abord, les cimaises font montre d’une morgue à faire fléchir les orques. Commençons avec l’espace d’exposition des SIG, qui accueille un créateur tout en rondeur: Hundertwasser. L’architecte est connu pour son amour des courbes et son rejet de l’angle droit. Au cabinet des arts graphiques du MAH, on navigue entre Ciel et Enfers, avec Visions célestes visions funestes, un voyage biblique entre Dürer et Redon. Retour au jardin d’Eden, avec Gilles Clément cette fois, qui présente sa vision d’un paysage peu touché par l’homme, à découvrir au Forum de Meyrin.

Pour terminer, on pourra se lover sur les fauteuils feutrés du Grand Théâtre pour apprécier à choix Casse-Noisette ou le Songe d’une Nuit d’été. Sinon on ira écouter la direction d’Arie van Beek, en compagnie du violoniste Tedi Papavrami, au Bâtiment des Forces Motrices (BFM). A celui qui aime la découverte et la compétition, il faut aller au Concours de Genève écouter les nouvelles compositions. Enfin, les amoureux de musique liront avec délice nos retours du Concours Chopin.

Les frileux pourront voyager sur essieu, le train les conduisant à Lyon (pour la Biennale) ou Bordeaux (ville déconseillée à celui qui est frugal). Hormis

Avant de passer cette page, nous voudrions encore adresser un humble hommage, à la Fondation Coromandel. Depuis nos débuts, son conseil prête une attentive oreille à notre aventure qui se veut belle! Merci à elle!

Mina Sidi Ali & Olivier Gurtner

Co-directeurs de la publication

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ESPERANZA FERNANDEZ

RAICES DEL ALMA

VENDREDI 27 NOVEMBRE — 20h SALLE DU LIGNON

Place du Lignon 16 — 1219 Le Lignon

Service de la culture — 022 306 07 80 — culture@vernier.ch www.vernier.ch/billetterie


Sommaire

sommaire On en parle

Cinéma

On profite

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32 Cinéma sur tous écrans 35 La Palestine sur pellicule 36 La jeune Allemagne militante

Expositions

Danse

Coup de food

15 Retours sur la Biennale de Lyon 18 Gilles Clément cultive son jardin 20 Les courbes d’Hundertwasser

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Concours

64 Bordeaux, antre gastronomique 66 Se rendre au Fumoir

40 Retours sur le Concours Chopin

Bien-être

Théâtre

Mode

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Hermès

Van Reybrouck en Mission à la Comédie

On est charmé 24

Entre ciel et enfers au cabinet d’arts graphiques

Classique 26 Rêveries estivales au Grand Théâtre 28 Tedi Papavrami en soliste avec L’OCG 30 Les compositeurs en compétition

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Casse-Noisette de retour

Sophie Fellay, portait

Design 44 Good old days aux Automnales

Là-bas 47

Les antiquaires font salon à Lausanne

Live 49 50 52

Les musiques électroniques font acte de présence Voyage sur les Routes de la soie C.O.T.I. à voir au Zoo

On like

On prend le large 59

Off to NYC

68 Fit’n’tasty 70 Chlorys, petit nouveau 72 Cosmétiques 74 Shopping

Agendas 77

expositions, théâtre, cinéma, classique, danse, clubbing, live, là-bas, en famille

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CONCERT DE SOIRÉE N° 2

MA 24 NOVEMBRE 2015 ~ 20H ~ BFM

ARIE VAN BEEK direction ~ TEDI PAPAVRAMI violon beethoven ~ wagemans

L’OCG +41 22 807 17 90 / BILLETTERIE@LOCG.CH / WWW.LOCG.CH / BILLETS DE CHF 10 .– À CHF 50 .– MANOR / HOTELPLAN / GLOBUS / LA POSTE / COOP CITY / STARTICKET.CH 0900 325 325

chf 1.19/min depuis un poste fixe

design : pablo lavalley / photo : © davolo steiner

EN MIROIR


Impressum

Impressum Editeur Association Go Out! Présidente // Renate Cornu Vice-président // Sébastien Kaech Vice-président // Daniel Ybarra Co-directeurs de la publication Mina Sidi Ali // mina@gooutmag.ch Olivier Gurtner // olivier@gooutmag.ch Secrétaire générale Mayla Chevrolet Rédacteurs Laurence Amsalem Olga Baranova Fabien Bergerat Djabar

Clarisse Encontre Pierre-Emmanuel Fehr Lucia von Gunten Vincent Magnenat Clea Muralti Mabrouk Hosni Ibn Aleya Tania Rutigliani Mathieu Roux Alexandre Varela Mise en page Boris Meister Conception graphique Meret Watzlawick Coordination de production d’impression Chamberlinprod. Carouge

mercis Catherine Cornu et Jérôme Sicard (Banque Piguet Galland), Caroline de Senger (L’Orchestre de Chambre de Genève), Ushanga Elébé (Théâtre Forum Meyrin), Christine Ferrier (Comédie de Genève), Véronique Lombard (Ville de Genève), Anicée Favero (Ville de Vernier), Philippe Glatz et Sébastien Kaech (Clinique des Grangettes), Sandra Mudronja et Claudia Lanz (Haute école Go Out! n

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d’art et de Design), Mathieu Poncet, Frédéric Leyat et Isabelle Jornod (Grand Théâtre de Genève), Marion Talbot (Kempinski), Alexis Toubhantz (Ateliers d’ethnomusicologie), Céline Tissot (Ensemble Contrechamps), Sylvie Treglia-Detraz (Musées d’art et d’histoire), Marion Vallée (Am Stram Gram) et Véronique Zehntner (Abbaye de Bonmont)

Diffusion Naville Couverture Girard Audran (1640 – 1703) d’après Charles Le Brun (1619 – 1690); Coupole de la chapelle de Sceaux. Triomphe du Nouveau Testament sur l’Ancien (Le Baptême du Christ), 1681; Ensemble de cinq gravures à l’eau-forte et burin; diamètre 1170 mm; © MAH, photo: André Longchamp; Inv. E 20020471

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On en parle

NEWS André Villers, Découpage de Picasso: Masque 1 – version en négatif, Cannes, Vallauris, 1957, Tirage au platine-palladium sur papier de lin, 58 x 45cm  ©André Villers

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Oman à Versoix Le Sultanat d’Oman s’arrête pour un mois à Versoix, à l’occasion d’une exposition intitulée Visions & Traditions-les artistes d'Oman. Organisé par Artlabinthecity, l’événement accueille du 14 novembre au 13 décembre une exposition de photos de ce pays entre désert, neige et verdure. Contes pour enfants, gastronomie, art contemporain, peinture et calligraphie feront partie de ce programme, qui compte également une soirée musicale autour du Oud, le 21 novembre.

Hélène chez Victoria L’Orchestre de chambre de l’Orchestre Symphonique de la radio bavaroise (sic) sera accompagné de la fantastique Hélène Grimaud au Victoria Hall le 26 novembre prochain, dans le cadre du Pour-cent-culturel Migros. Une œuvre contemporaine pour cordes du saintgallois David Hefti ouvrira la soirée, qui se poursuivra au fil du doigté de la belle Hélène avec un concerto pour clavier de Bach puis l’illustrissime 20ème concerto pour piano de Mozart, l’un des deux seuls que l’autrichien à composé en mineur. La soirée s’achèvera sur le joyeux registre de la 60ème Symphonie de Haydn.

Les artistes d’Oman Du 14 novembre au 13 décembre Espace Boléro Chemin J-B Vandelle 8, 1290 Versoix www.versoix.ch/bolero

Hélène Grimaud Le 26 novembre à 20h Victoria Hall Rue du Général-Dufour 14, 1204 Genève 058 568 29 00

Œuvre à 4 mains Gagosian Gallery s’installe de plain-pied place Longemalle, dans des locaux agrandis et métamorphosés par l’architecte Michel Buri. Cette inauguration est marquée par une exposition qui ne nous a pas laissé de marbre: VILLERS|PICASSO. Présent lors du vernissage, le compère de Picasso: André Villers. Au-delà d’un personnage touchant et étonnant de talent, il faut apprécier le travail foisonnant d’inspiration illustrant une décennie de complicité avec le génie catalan. Le photographe et artiste plasticien y dévoile des photogrammes prodigieux créés à partir de photographie et sculpture, à découvrir jusqu’au 19 décembre. Gagosian Gallery Place de Longemalle 19, 1204 Genève www.gagosian.com Go Out! n

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On en parle

© Peter Rigaud

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Cerveau brûlé Après ses pièces de théâtre Prometheus Landscape II et Preparatio Mortis en 2011, Jan Fabre revient exposer à la galerie Art Bärtschi & Cie pour y dévoiler une installation de sculptures en marbre blanc et une dizaine de collages et dessins préparatoires.Poursuivant ses recherches sur la neurologie, l’artiste prolonge son exploration des possibilités poétiques de l’organe en présentant treize cerveaux, traversés par des clous, des flammes et des couteaux ou enfermés dans des autels immaculés.

Jan Fabre Sacrum Cerebrum Du 7 novembre au 8 janvier 2016 Art Bärtschi & Cie 24 rue du Vieux-Billard, 1205 Genève www.bartschi.ch Go Out! n

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du 11 au 29 novembre 2015 lescreatives.ch

11ème édition de la création! Genève recevra un des évènements les plus marquants de l'automne, dans lequel jeunes femmes du milieu artistique se présenteront sur la scène: Les Créatives. Celui-ci est coordonné depuis 2005 par l’association éponyme et la ville d’Onex. En devenant de plus en plus populaire chaque année, la manifestation encourage le talent féminin à travers la diversité et l’épanouissement. Au menu de cette 11ème édition: Mélanie René, Hindi Zahra, Coely, Deradoorian, Billie Bird ou encore Souad Massi. A noter aussi une collaboration avec les Ateliers d’ethnomusicologie.

Festival Les Créatives Du 11 au 29 novembre 2015 Différents lieux à Genève www.lescreatives.ch

Fête ibérique Les 11 et 12 décembre, Genève a rendez-vous avec toutes les cultures de l’Espagne: musique, danse, folklore et gastronomie. Parrainé par le prestigieux chef d’orchestre Jesús López Cobos, le Festival Goyescas organise sa toute première édition, avec un concert, une table ronde et une soirée de danse au Conservatoire de Genève. Une belle initiative de l’association Amigos de España, fondée en 2013!

Festival Goyescas Les 11 et 12 décembre Conservatoire de Genève, Grande Salle Place de Neuve 5, 1204 Genève www.festivalgoyescas.com 022 557 75 61

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Hermès

Hermès aime

Chaque mois, Hermès, notre félin-câlin, expert en psy-chat-na-lyse, ronronne ou sort les griffes sur l'actualité locale. Miaou qui peut!

un miaou

Beaucoup

Meowember!

Epicerie en mode short story

Ce mois-ci, on se relâche et on arbore un look négligé pour défendre une cause qui concerne les hommes comme les félidés. Je ne parle par d’une barbe de trois jours en guise d’atours, mais bien d’une tâche: laisser pousser sa moustache. En novembre je passe donc à la mode Movember, une action qui consiste à se laisser pousser la moustache, le tout en faveur de la santé masculine et pour lutter contre les cancers (prostate et testicules), la mauvaise santé mentale et l’inactivité physique. Fondé en 2003 par de très bons copains chats, le mouvement a déjà permis de récolter plus de 536 millions d’euros en tout pour la santé des matous. A Genève, on salue les chatons de Medstache, meute d’étudiants en médecine qui apportent leur science au mouvement! Alors faites comme moi, sortez votre plus belle moustache! www.facebook.com > theMedstacheGE

Deux matous plein d’atouts et amoureux de tout – Rylsee et Ben thé– deux artistes que je ne saurai imiter, se lancent dans un projet gastro: L'épicerie DEPOTO. Le 26 novembre, je sortirais de mon district de la Jonx pour rejoindre l’autre rive, à l’Espace Highlight. Je me réjouis déjà de rejoindre ces déjantés à Saint-Jean et de jouer avec leurs produits, aussi originaux que jolis. Entre objets révolutionnaires, cools et superflus, on entrera dans le «post-futur»! Cette fois, je n’aurai aucune excuse pour traîner la patte, car la boutique n’ouvrira que trois mois!

L'épicerie DEPOTO Ouverture officielle le 26 novembre Espace Highlight Rue du Contrat-social 6, 1203 Genève Go Out! n

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Hermès

PAS DU TOUT Pas touche à ma Nouvelle Comédie! Alors là, vraiment je ne comprends pas! Tout Genève, le Grand-Genève, ma maîtresse et moi on se réjouissait de voir notre Cité se doter d’un nouveau temple de l’art parlé: la Nouvelle Comédie. Et avec le CEVA, c’est donc ma ville préférée qui change à tout va. Sauf que patatras! Une bande décide que ce nouveau phare coûte trop cher, que la jauge est trop maigre, que la Ville ne veut personne dans ses affaires. Des arguments qui ne manquent d’air! En effet, ma maîtresse me rappelle que la participation du Canton devait s’élever à 45 millions, alors

Passionnément

qu’il dépense en investissements presque 780 millions. Mais on reste positif: si des actions de mobilisation se dessinent, ramenez vos pattes entre chats et chattes pour montrer qu’il faut se qu’on se batte!

à la folie

Boris en coulisses!

Merci à Coromandel!

C’est un matou discret, qui préfère la régie à l’avant-scène. Maître Boris –AKA Boris Meister– officie en coulisses pour sublimer le graphisme. Depuis septembre, il a rejoint nos bureaux à deux pas des siens. J’aime son allure féline et son amour discret pour ce qui est intime, lui qui abhorre paillettes et starlettes, leur préférant une discrète retraite. Pour le prochain numéro, il nous a promis un projet tout beau! Alors je vous donne rendez-vous en décembre pour découvrir son projet que j’imagine complètement fou!

Alors que ma cheffe était encore au lit, c’est le facteur qui vient me remettre un pli. Dès que je l’ouvris, je fut surpris: la Fondation Coromandel, conduite par un président généreux secondé d’un fou de Mahler, annonce un soutien comme un coup de semonce! Une si belle manière d’encourager, une invitation amicale à continuer. Un message bien reçu, et nous ferons en sorte que vous ne soyez pas déçus! Avec toute mon équipe de félidés passionnés, on adresse un immense remerciemeow!

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On sort art/expo

Texte // Mina Sidi Ali, Mabrouk Hosni Ibn Aleya

Lyon, fief de la crEation

D’art, il n’est question que de cela à Lyon. Edifices originaux à la facture résolument contemporaine, reconversion de bâtisses industrielles, dessins ingénieux et de qualité environnementale estampillée développement durable, paysages singuliers cadencés par l’élan de deux fleuves — le Rhône et la Saône — font de la deuxième ville de France un modèle d’innovation. Normal que la Biennale d’art contemporain perpétue sa résonance internationale exceptionnelle. Pour sa 13 ème édition, chapeautée par Ralph Rugoff, directeur de la Hayward Gallery à Londres, elle dévoile jusqu’au 5 janvier une soixantaine d’artistes exposés sur trois lieux majeurs: la Sucrière (l’un des joyaux lyonnais réhabilité pour l’occasion et situé en bord de Saône et qui, à elle seule, met à disposition du public 7 000 m 2), le Musée d’art contemporain (MAC Lyon) et le Musée des Confluences (ci-dessus). Déclinées autour de la thématique La vie moderne, plusieurs installations piquantes ont piqué la tête d’affiche aux photos et aux tableaux. Ici ce n’est plus «le regardeur qui fait l’œuvre» comme aimait à le souligner Marcel Duchamp mais l’interaction entre les deux. Actions et réactions avec 3 œuvres qui ont marqué tous nos sens.

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Attention œuvre contagieuse Au MAC (musée d’art contemporain), on est tombé des nues et de sommeil devant le travail de l’artiste He Xiangyu avec «Turtle, Lion, Bear», sorte d’éloge de la lenteur et du bâillement. Son travail a éveillé chez nous un intérêt particulier. A travers vingtquatre écrans où vingt et un adultes, dont l’artiste lui-même, et trois animaux, ont été filmés en train de bâiller selon la technique de la photographie rapide (une méthode ayant pour objectif de capter ce qui est souvent invisible à l’œil nu), He Xiangyu provoque chez nous l’empathie. On entre dans une salle obscure où le calme nous gagne hâtivement. On baille pour résister…zzzz

He Xiangyu, Turtle, Lion, Bear Blessures manifestes On l’avait redécouvert cet été au Musée cantonal des Beaux-Arts (mcb-a) de Lausanne qui avait présenté une exposition majeure. Kader Attia ne nous a pas laissés de marbre, avec son installation gravée au sol à la Sucrière. Depuis près de vingt ans, il s’intéresse particulièrement aux questions de la réparation, de la reconstruction et de la remise en état – d’un point de vue physique psychique, historique et intime. Ici, il présente une création spécialement conçue pour la Biennale de Lyon, où il a décidé de raccommoder l’espace avec des agrafes venant mordre le béton et resserrer les fissures d’un bâtiment qui fut une usine avant d’être un lieu d’expositions. La blessure du sol, si elle est ici réparée, reste visible. L’artiste francoalgérien met en exergue la différence que revêt la réparation dans les sociétés qui cherchent coûte que coûte à redonner à l’objet son état initial, et celle, aussi apparente que possible, qu’on retrouve dans les sociétés non occidentales.

Kadder Attia, Traditional Repair, Immaterial Injury Ready-made marbré À partir des techniques classiques de la sculpture, Andreas Lolis recrée des objets de la vie courante avec un soin tel qu’on les confond souvent avec leurs parangons. Et coïncidence, il était présent lors de notre visite à la Sucrière. On a hésité en pensant que ce n’était pas lui mais son modèle. En face de nous, une cabane en carton pour sans-abri. Il nous a demandé d’aller la toucher. Sculptés à la perfection en marbre précieux, son œuvre rend compte des textures, des couleurs et des formes des objets qu’ils incarnent. De loin, l’abri semblait encore chaud, transpirant la pauvreté, et puant l’urine. De près, le matériau ne laisse pas de marbre puisque le toucher, froid, renvoie à la dureté des conditions de vie des milliers de Grecs ayant subi la crise. Investis d’une symbolique très forte, le travail d’Andreas Lolis nous a bouleversé.

Andreas Lolis, Permanent Residence 13ème Biennale de Lyon Jusqu’au 5 janvier 2015 www.biennaledelyon.com www.onlylyon.com www.france.fr Go Out! n

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Lyon pendant la Biennale d’art contemporain La capitale des Gaules détient une vitrine alléchante d’espaces gourmands et d’hôtels aux concepts innovants. Sélection de nos 4 spots au top! Tapas palace Couteaux gratinés au bon beurre d’escargot, carpaccio de magret de canard, sardines en escabèche, anchois frais frits, poulpe au concassé d’olives et autres boudins noirs fraîchement débarqués du Pays Basque ou de la Corse. Au Bistrot du Potager, on ne boude pas son plaisir et on arrose tapas, planches de charcuterie et autres gourmandises à partager avec un bon chardonnay Les Auréliens de Triennes ou un Abotia rouge. Bistrot du Potager 3, rue de la Martinière, 69001 Lyon Tél. +334 72002484 www.lebistrotdupotager.com

Repaire à ripailles Dans une ambiance de vieux cinéma des années 1930, on y côtoie des personnages singuliers et atypiques. Une atmosphère à la fois sombre, bourrue mais chaude, authentique et animée par des vinyles de variété que tout le monde chante à cœur joie ou par vieux gitan qui chante du Brel avec sa guitare désaccordée. Implorez à «Dieu» (le patron) un nuages noir - vodka + liqueur de café ou pour un vol plané et planant opter pour un Singapour. Blackout assuré. Il troublera vos esprits et vous fera oublier le reste de la nuit. Look bar 2, rue du Palais de Justice, 69005 Lyon Tél. +334 78373894

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Terroir gourmand Niché dans une des sinueuses ruelles du vieux Lyon, le Terroir Gourmand détonne par sa délicieuse simplicité. Il est midi, entrée foulée, première sensation: la savoureuse hospitalité de ses tenanciers qui donnerait presqu’envie de s’y installer pour la soirée, on est déjà conquis avant même que les plats nous soit livrés. Sans prétention, la carte fait honneur aux plats de maman revisités : potager, œuf fermier à la coque, gratin de crozets de Savoie, parmentier de cannettes de Dombes et surtout… le sacro-saint Graal des carnassiers, l’ultime tartare de Charolais dont la saveur vous laissera tout simplement cloué. L’herbe étant loin d’être plus verte ailleurs, tous ces petits bonheurs sont intégralement concoctés avec les produits du terroir. Excepté charolais, évidemment. Café Terroir 14, rue Amboise, 69002 Lyon Tél. +33 9 53 36 08 11 www.cafeterroir.fr Un hôtel plus qu’ok Au coeur du patrimoine haussmannien avec une situation centrale idéale, une bâtisse du fin XIXème à la façade très lisse, loge Okko, un concept motelier high tech à prix mini complètement novateur en France. Bouleversant les codes de l’hôtellerie, ce 4 étoiles designé par Patrick Norguet propose une formule inouïe: pas de minibar, ni de room service mais un salon accessible à tous, copié-collé des business lounges des compagnies aériennes mettent à dispo de leurs passagers tout gratuitement. Accessible H24, «Le Club » offre autour d'une table d'hôte lookée, un joli choix de d’encas, mignardises et boisson à volonté. Okko Hôtels 14, bis Quai Général Sarrail, 69006 Lyon Tél. +33 4 28 00 02 50 www.okkohotels.com

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Texte // Olga Baranova

Gilles Clément, le jardinier planétaire L’exposition en format carte blanche qui aura lieu aux galeries du Forum Meyrin (du 6 novembre au 2 février) est à l’image de son créateur: itinérante, évolutive et surtout transversale. Gilles Clément, originaire du Val de Loire, est un enfant terrible de l’architecture du paysage: la rétrospective (et la prospective) d’une activité dense en faveur de la diversité, biologique comme humaine. Constitué d’extraits de textes, d’un stock iconographique très large et de pièces d’exposition naturelles, Toujours la vie invente est un capharnaüm intimiste qui retrace autant le travail de Gilles Clément que ses revendications artistiques, politiques et sociales. Retour sur un parcours. Virtuose de la relation homme-nature Ecologiste avant-gardiste devenu une véritable référence aujourd’hui, Gilles Clément invite au voyage à travers son action et ses concepts, dans une exposition organisée par la Ville de Meyrin, jusqu’au 2 février. Que ce soient les projets architecturaux d’envergure (comme le parc André-Citroën à Paris) ou des haïkus paysagers (comme l’aménagement de la base sous-marine de Saint-Nazaire), Gilles Clément oppose sa vision très particulière du lien entre l’artificiel et le naturel, le dompté et le sauvage. Ses écrits*, tout comme ses jardins, témoignent de cette vision. Autant les Les jardins de résistance que Le Manifeste du Tiers-Paysage lient des aspects concrets aux utopies et se lisent comme des descriptifs des mondes imaginaires, permettant ainsi de penser le paysage d’une manière parfaitement inédite. Il pense les espaces urbains post-industriels comme des paysages naturels étendus. Même si on ne trouve pas chez lui le systématisme encyclopédique d’un Michel Damblant (le créateur du «jardin eden du voyageur» à Belle-Île-en-Mer), le même plaisir du voyage, réel ou imaginaire, l’habite. Et il l’expose avec finesse, passion et une bonne dose de pédagogie. L’avocat des mauvaises herbes L’homme derrière l’exposition prendra la parole le 18 novembre – pour une conférence qui entre dans le cadre de son concept de Jardin planétaire, alliant les enjeux de création paysagère aux réflexions globales sur la place que la nature prend dans notre vie, la responsabilité de chacun face à l’environnement et les revendications politiques face à la finitude des

ressources naturelles. Une finitude pensée non en termes d’opposition (Nord-Sud) mais en termes de brassage planétaire. Cette dynamique transforme le végétal et l’humain en créant autant de risques que d’opportunités. Dans ce contexte, qui mieux qu’un jardinier est le mieux à même d’amener une vision qui dépasse le discours classique sur la globalisation? Au delà de l’attachement de Gilles Clément aux «mauvaises herbes», son message n’exclut pas l’intervention du jardinier dans le jardin, qu’elle soit limitée dans son périmètre ou comprise comme une métaphore de notre espace de vie planétaire. Sa pensée lui rappelle juste que l’équilibre est préférable à la domination, l’observation à l’interventionnisme à tout prix. Car au final, en filigrane, on lit un message tout simple: le jardinier est beaucoup plus dépendant de son jardin que le jardin l’est de lui. C’est peut-être là l’essence-même de l’écologie. Toujours la vie invente est une belle occasion pour méditer sur ces questions. Et bien d’autres encore.

Vernissage le jeudi 5 novembre à 18h Conférence avec Gilles Clément le mercredi 18 novembre à 20h Galeries du Forum Meyrin Place des Cinq-Continents 5, 1217 Meyrin meyrinculture.ch > evenement *Les textes sont disponibles en téléchargement libre sur le site www.gillesclement.com Go Out! n

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ŠVictor Tsur

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Texte // Clea Muralti & Mina Sidi Ali

Vivre d'amour et d'’ H undertwasser La dernière exposition de Quartier Libre SIG nous a donné l’eau à la bouche. On y découvre depuis cet été les croquis, planches, tableaux et réalisations 3D de l’artiste pluriel et prolifique Friedensreich Hundertwasser. Tout au long de sa vie, ce «médecin de l’architecture», cet ardent militant a encouragé et développé une manière de vivre écologique. Source d’inspiration pour des générations de bâtisseurs verts, ce créateur amoureux des couleurs et des rondeurs a toute sa vie œuvré à réconcilier la nature et l’homme, dans l’espoir de rétablir un cadre de vie en harmonie avec son environnement. L’exposition Dans la peau de Hundertwasser –organisée en collaboration avec la fondation Hundertwasser de Vienne– présente ses créations visuelles et architecturales exprimant pleinement son engagement pour le développement durable et le refus de conformité et d’uniformité. Close-up. Vert, bleu, violet étincelants, exaltés par des aigus carmins, vermillons et jaune parfois renforcés par l’application de feuilles d’or et d’argent… Les couleurs sont au cœur de l’œuvre d’Hundertwasser, qu’il laisse éclater en ôtant la ligne droite et en conviant inlassablement la végétation à se déployer. Que ce soit en peinture ou en architecture, l’artiste autrichien a boulversé notre urbanisme standarisé. Qu’on adore ou qu’on abhorre son esthétique, ce qui séduit chez Hundertwasser ce sont avant tout ses idées. Il met l’art au service de l’humanisme et de l’écologie. En jettant les bases d’une architecture nouvelle, ce fervent défenseur de l’environnement, précurseur de l’écologie, redessine les villes dans leur entier, en créant des immeubles avec des arbres aux fenêtres (le fameux arbre-locataire). Il conçoit et réalise en ville et à la campagne des maisons dont les toits sont recouverts de verdure et de végétaux. Quartier Libre SIG a choisi de rendre hommage à ce grand artiste autrichien, à travers l’exposition intitulé Dans la peau de Hundertwasser, marquée par des temps d’arrêt sur quatre thèmes: l’architecture, les œuvres graphiques, l’écologie et la peinture. Au centre de l’exposition, on entre dans un écrin où on peut admirer ses peintures aux couleurs intenses et lumineuses. Point de départ de toutes les autres activités de Hundertwasser, la peinture Go Out! n

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se lit chez lui comme un livre ouvert. Sa peinture révèle sa sensibilité et traduit ses intuitions en images, lesquelles lui ont inspiré les fondements de sa pensée, de ses préoccupations et de son action écologique. Hundertwasser appliquait des couleurs intenses et lumineuses de manière instinctive pour recomposer, tel «un maître solitaire», le paradis de ses rêves. Il disait par ailleurs en 1972, «Quand je peins, je rêve. Quand mon rêve a pris fin, il m’est impossible de me rappeler son contenu. Mais la toile reste. La toile est la moisson du rêve.» Un voyage onirique dans le travail de ce graphiste émérite, véritable avant-gardiste des thèses écologistes à ne pas manquer!

Jusqu’au 10 janvier 2016 Quartier Libre SIG Pont de la Machine 1, 1204 Genève 022 420 75 75 www.sig-ge.ch

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Š Koen Broos

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On sort théâtre Texte // Alexandre Varela

Journal d'un curé de campagne Au Congo… David Van Reybrouck écrit depuis longtemps sur le Congo. On se souvient de sa première pièce Die Siel van die Mier. Fasciné par le pays et en poussant toujours plus loin sa connaissance, il a créé en 2007 Mission, monologue étrange et direct d'un ancien missionnaire belge. Il faut remercier la Comédie de Genève de nous remettre sous les yeux cette petite bombe théâtrale, du 17 au 22 novembre. Monologue d’un père blanc Un homme seul sur scène, derrière un pupitre, qui commence une conférence pour la transformer en monologue intense. Mais déjà le grand souffle théâtral de David Van Reybrouck éparpille sa voix dans la nuit, haché, percutant, fort. Ce prêtre qui nous raconte sa vie en Afrique, déroule ses expériences semi-coloniales en les parsemant de réflexions personnelles, sur la vie, la mort, la foi, Dieu... Admirablement construit et parfois d’une simplicité émouvante, ce dialogue d’un religieux avec lui-même tient le public en haleine d’un bout à l’autre de la pièce. Que ceux qui auraient peur d’une bondieuserie un peu mièvre se rassurent, David Van Reybrouck n’est pas un Teilhard de Chardin belge. Son style limpide et hermétique à la fois pourrait plutôt évoquer un Juan Mayorga à ses débuts, la spiritualité en plus, l’intense signification politique moins sous-entendue. David l’Africain Né en 1971, David Van Reybrouck a une formation d’historien et d’archéologue, et, avant de se tourner vers le théâtre, regardait déjà en direction de l’Afrique. En 2001, il publie De plaag, roman policier et récit de voyage qui a pu rappeler Bolaño dans certaines de ses approches, dans l’Afrique du Sud post-apartheid. On lui doit également des essais politiques sur son pays, comme Waar België voor staat ou Pleidooi voor populisme. Dès 2004 pourtant, il publie pour le théâtre, en employant déjà le monologue, dans Die Siel van die Mier, ce récit à une voix d’un entomologiste au Katanga. Van Reybrouck parcourt les styles littéraires comme il parcourt l’Afrique, il fonde le Collectif bruxellois de poètes, écrit dans la Het Liegend Konij, et publie Go Out! n

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en 2010 une Histoire du Congo. C’est donc l’œuvre intense d’un polygraphe de talent que la Comédie nous propose à nouveau en novembre. Servie par la mise en scène d’un compatriote, Raven Ruëll, Mission sera jouée par Bruno Vanden Broecke qui tient le rôle du missionnaire depuis sa création en 2007. La Comédie contre les robots Ainsi, à l’heure ou certains Messieurs OuiNon mettent en péril le projet d’une nouvelle Comédie par leurs atermoiements mâtinés de basse considérations matérielles infondées sur l’hypothétique rentabilité d’un théâtre qui ferait autre chose que du boulevard, on se trouve ici face à une production de qualité, moderne et actuelle, qui allie la puissance d’un verbe clair et incisif, le talent d’un comédien de renom, la précision d’un metteur en scène dont la réputation n’est plus à faire. Le public répondra présent, n’en doutant pas, montrant ainsi que lorsque l’excellence monte sur scène, la foule ne peut qu’applaudir.

Mission, du 17 au 22 novembre Comédie de Genève Bvd des Philosophes 6, 1205 Genève 022 320 50 01 www.comedie.ch

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Lucas Vorsterman I (1595 – 1675),d’après Peter Paul Rubens (1577 – 1640); L'Archange saint Michel foudroyant les anges rebelles, 1621; Burin; feuille : 560 x 433 mm; © MAH, photo : CdAG; Inv. E 2009-0113


On sort on est charmé

Texte // Mabrouk Hosni Ibn Aleya, Mina Sidi Ali

DUEME 7EME CIEL 36 DESSOUS L’Apocalypse? Une thématique diablement évocatoire! A peine les yeux fermés et nous voilà d’ores et déjà à nous représenter de la chair vive ébouillantée, des esprits paisibles s’envolant vers leur Seigneur pour une ultime d’étreinte salvatrice saveur free hug pendant que d’immondes bestioles se livrent à une orgie de type SM. Bien que le passage à l’au-delà semble aussi mouvementé qu’une rave sous acide où ses acteurs oscilleraient entre extase et badtrip, sa puissance symbolique n’a cessé de nourrir l’imaginaire d’artistes et écrivains qui tout au long de l’histoire se sont référés à cet épisode du Nouveau testament pour donner une riche iconographie qui n’a cessé d’évoluer. Une partie de va-et-vient entre littérature, gravure et peinture… ainsi se présente cette verdoyante joyeuseté que le Cabinet d’arts graphiques organise en ce saint mois de novembre et jusqu’au 16 janvier 2016. On reprend ses esprits. L’intitulé de l’exposition: Visions Célestes, Visions Funestes où quand les textes sacrés deviennent un vivier d’inspiration au point de façonner l’histoire de l’art et de la littérature en Europe. Voyage aux allures d’hallucinations sur ces récits et cette iconographie de fin du monde, sublimée par l’art. C’est muni d’une loupe qu’on entre dans l’antre de l’apocalyptique exposition Visions Célestes, Visions Funestes du Cabinet d’arts graphiques du Musée d’art et d’histoire (MAH) de Genève. Les visions imposantes requièrent un coup d’œil diligent et minutieux sur des ornements microscopiques. Il est vrai que les textes prophétiques de Dante dans La Divine Comédie ont souvent inspiré des artistes qui dépeignent avec attention – et de riches détails – cet univers ténébreux et mystérieux. La mort, l’âme, le corps, la souffrance ou juste récompense pour les pieux, aux côtés de pieux aiguisés déchirant la chair des mécréants dans un défilé de lames dégainées pour parer au déchainement de démons et autres âmes damnées, hérissent le poil et épouvantent. L’exposition réussit le pari de sublimer cet univers terrifiant à travers la beauté des compositions disposées. En effet, les textes sur l’Apocalypse, issus de cette voie de communication privilégiée entre Dieu et les mortels, se muent ici en thématique artistique, incroyable vivier d’inspiration et de foisonnement dynamique. Au sein de 350 000 œuvres conservées au Cabinet d’arts graphiques, une centaine d’estampes est Go Out! n

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dévoilée. L’Apocalypsis cum figuris d’Albrecht Dürer, le Paradise Lost de John Martin et l’Apocalypse de Saint Jean d’Odilon Redon composent les trois épisodes de l’exposition organisée chronologiquement. On y trouve également des gravures du XXème siècle avec des planches de Marc Chagall et le sculpteur/graveur genevois Henri Presset. Les apparitions divines et visions infernales, au-delà de susciter inclinations et appréhensions, soulèvent chez le public ce sentiment d’engouement et de ravissement.

Exposition Visions Célestes, Visions Funestes Jusqu’au 16 janvier Cabinet d’arts graphiques Prom. du Pin 5, 1204 Genève 022 418 27 70 www.ville-ge.ch/mah

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On sort classique

Texte // Laurence Amsalem

Entre rêve et réalité L’année 1595 sonne l’achèvement d’une pièce de théâtre qui aura un impact phénoménal sur le monde des arts, toutes catégories confondues. Le Songe d’une nuit d’été, une œuvre signée William Shakespeare, aide à se laisser entraîner vers une promenade en territoire forestier et onirique, à la rencontre de personnages imaginaires créés par la plume du dramaturge anglais, à un moment de sa vie où il écrit et joue pour la troupe du mécène Lord Chamberlain. La version opératique composée par un compatriote, Benjamin Britten, sera donnée au Grand Théâtre de Genève, du 20 au 30 novembre. Genèse britannique Au vu de la complexité de ladite pièce, Peter Pears, un grand monsieur et un grand ténor, en tire un livret et l’adapte à l’opéra en 1960, avec la collaboration de Benjamin Britten, son compagnon, qui est aussi un éminent compositeur, chef d’orchestre et pianiste. Cette création naît lors du Festival des arts d’Aldeburgh, un festival duquel les co-librettistes et Eric Crozier, écrivain et metteur en scène, sont à l’origine. La pièce aborde divers thèmes sociétaux, comme la nature éphémère et improbable de l’amour, mais aussi les mariages arrangés. Le monde particulier dans lequel elle prend place inspirera de nombreux artistes comme les peintres Johann Heinrich Füssli (Le Réveil de Titania, 1793-1794, Kunsthaus, Zurich), William Blake (Danse d’Obéron, Titania et Puck avec les Fées, c. 1786, Tate Gallery, Londres) ou encore Paul Gervais (La Folie de Titania, 1897, Musée des Augustins, Toulouse). Argument grec L’œuvre débute au crépuscule, au cœur d’une forêt proche d’Athènes. Titania, reine des fées, apparaît et se querelle avec Obéron, roi des elfes, à propos d’un page qu’elle aurait mis à son service. Le roi, ne parvenant pas à ses fins, envoie Puck, son serviteur, chercher une herbe dont le suc versé sur les paupières d’une personne endormie provoquerait l’amour pour le premier quidam aperçu à son réveil. Dans la même forêt arrivent deux amants, Lysandre et Hermia, fuyant Athènes après que le père de la fille a décidé de lui faire épouser Démétrius. Ce dernier, bien que compagnon d’Héléna, ne reste

pas insensible aux charmes d’Hermia. Par amour pour elle, il décide de poursuivre le couple dans les bosquets suivi d’Héléna, la délaissée tentant de faire revenir son bien-aimé. En voyant la façon détestable dont Démétrius traite l’infortunée, Obéron s’en mêle. Après quelques farces et erreurs de parcours au moyen du suc magique, c’est finalement Lysandre qui tombera sous le charme d’Héléna et Titania sous celui de Bottom, un artisan malencontreusement affublé d’une tête d’âne, occupé à répéter une pièce de théâtre mythologique pour le mariage du Duc d’Athènes. Interprétation allemande Avec sa longue carrière d’actrice et de comédienne, puis de directrice artistique, c’est Katharina Thalbach qui dirigera la mise en scène au théâtre de Neuve. Aidée d’Ezio Toffolutti pour les décors et des costumes, elle donnera du 20 au 30 novembre au Grand Théâtre une nouvelle vision de la pièce de Pears et Britten. Devant cet enchevêtrement de scénarios en pleine forêt, à la façon d’un rêve, il va sans dire que la direction de cet œuvre relève du défi, entre les récits qui se déroulent sur plusieurs niveaux, les groupes de personnages et la résolution des ennuis de chacun. Heureusement, avec de nombreux opéras à son actif (Le Barbier de Séville, 2009 ou La Flûte Enchantée, 2011), la directrice artistique berlinoise pourrait faire retrouver la raison aux personnages, voire même qu’ils finissent par célébrer un, deux, ou trois mariages.

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A Midsummer Night’s Dream Du 20 au 30 novembre Grand Théâtre de Genève Bd du Théâtre 11, 1204 Genève 022 322 50 50 www.geneveopera.ch


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On sort classique

Texte // Tania Rutigliani

Grande suite dansée Le 24 novembre le Bâtiment des Forces Motrices (BFM) accueillera l’Orchestre de Chambre de Genève (L’OCG), sous la baguette d’Arie van Beek et l’archet de Tedi Papavrami, qui rendront hommage à Beethoven et feront découvrir aux auditeurs la toute dernière œuvre de Peter-Jan Wagemans. Une fugue, une suite, un concerto En apéritif, une fugue, mais pas n’importe laquelle: la Grande, la plus connue, la plus jouée, celle qui après plusieurs centaines d’enregistrements n’a encore lassé aucun auditeur. Originellement dernier mouvement d’un quatuor à cordes, Beethoven, encouragé par son éditeur, publiera cette fugue séparément en 1827. Incomprise par ses contemporains, saluée par les compositeurs romantiques, elle s’implante dans le canon de l’histoire de la musique. Elle reste l’une des œuvres les plus jouées et arrangées du compositeur, en dehors de ses symphonies. Les huit premières notes interpellent en créant une ambiance sombre due à cette tension chromatique graduelle qui s’installe dès la seconde note. Grâce à l’arrangement pour orchestre de chambre que fait Peter-Jan Wagemans, les auditeurs auront le loisir de redécouvrir cette pièce par des couleurs et des timbres nouveaux. Soirée de tradition et de création Wagemans, n’est pas uniquement à l’affiche de cette soirée par son arrangement de la Grande fugue de Beethoven, il présente également sa toute nouvelle pièce: Suite Révolutionnaire (et Catastrophale), plat de résistance de cette soirée aux accords variés. Wagemans est un compositeur néerlandais né en 1952 à la Haye. Egalement organiste et enseignant au conservatoire de Rotterdam, il connait actuellement un grand succès. Ce n’est pas la première fois que L’OCG interprète voire crée l’une de ses œuvres. Les auditeurs se rappelleront encore qu’en 2014 Die Vlinderdansen, ses «Trois Danses de Papillon» faisaient leur première apparition en Suisse. Sa musique, comme il la définit lui-même, est une musique d’aujourd’hui qui sait tenir compte des formes du passé, tout en évitant le néobaroque.

Il joue avec les formes familières à l’auditeur pour le surprendre, pour l’inviter à le suivre dans le monde imaginaire qu’il crée pour chaque œuvre. Le titre, intriguant et légèrement irritant pour les linguistes, promet une pièce haute en couleurs, une pièce qui fera du bruit. Pièce montée En dessert, un concerto, et pour un concerto il faut un soliste: Tedi Papavrami, actuellement professeur à la Haute école de musique de Genève (HEM), est un enfant prodige né en Albanie avant de passer à l’ouest, grâce au flûtiste Alain Marion. Il a plus d’une corde à son arc: virtuose d’une grande renommée, distingué du Diapason d’or et actif dans de multiples projets, Papavrami se consacre également à l’écriture, notamment de son autobiographie. Pour ce concert, il sera l’interprète du Concerto pour violon, op. 61 de Beethoven. Œuvre composée en 1806 pour le célèbre violoniste Franz Clement, c’est un concerto qui commence par un long passage sans soliste, rythmé de quatre coups de timbales qui reviennent comme un martèlement obsédant. S’ensuit le troisième mouvement qui se base sur une mélodie très simple et dansante, composée par Clement, Beethoven n’ayant plus qu’à harmoniser le tout. C’est l’un des concertos les plus joués du compositeur, de célèbres interprètes tels que Fritz Kreisler ou encore Camille Saint-Saëns ont marqué les lectures de l’œuvre, par leurs cadences virtuoses. A Tedi Papavrami de se montrer à la hauteur. Une fugue, une suite, un concerto; un chef d’orchestre, un compositeur, un soliste; tant d’ingrédients pour mettre l’eau à la bouche de tout mélomane.

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On sort

© Davolo Steiner

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Concert «En Miroir» Le 24 novembre à 20h Bâtiment des Forces Motrices Place des Volontaires 4,1204 Genève www.locg.ch Go Out! n° 36 nov. 2015

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On sort classique

70 ème Concours de Genève Compétition de composition Du 8 au 15 novembre Différents lieux à Genève www.concoursgeneve.ch Go Out! n

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Texte // Pierre-Emmanuel Fehr

70 ème Concours de Genève: entre composition et concerts Le Concours de Genève voit le jour à la vieille de la 2ème Guerre mondiale. Il s’impose sur la scène internationale des concours, dans un contexte où la plupart des compétitions sont suspendues, et attire de fait immédiatement de nombreux candidats. La découverte du pianiste Arturo Benedetti Michelangeli, lors de la première édition en 1939 ne sera pas anodine à la renommée immédiate du concours. Pendant le second conflit mondial, il sera maintenu, malgré des candidats quasi exclusivement suisses (ou ayant pu se réfugier en Suisse avant le début de la guerre, comme Georg Solti), les internationaux ne pouvant se rendre à Genève. En 2015, la composition est à l’honneur, en plus d’un festival des lauréats. Un palmarès qui confirme son statut En plus de 75 ans d’existence, avec plus de 10 000 candidats et près de 760 lauréats dans une trentaine de disciplines, le Concours de Genève compte parmi les plus grands concours internationaux de musique. Il a révélé ou affirmé certains des plus grands musiciens, tels Arturo Benedetti Michelangeli (dont le périple depuis l’Italie a été probablement plus ardu que la compétition elle-même), Georg Solti (preuve que le chef d’orchestre était aussi un excellent pianiste), Friedrich Gulda, Victoria de los Ángeles, Alan Gilbert, le Quatuor Melos, Heinz Holliger, Maurice André (les organisateurs l’approchèrent afin de lui proposer de venir comme juré; il refusa en disant qu’il gagnerait plus d’argent en se présentant comme candidat; ce qu’il put vérifier), Martha Argerich (en 1957, dernière année durant laquelle le Concours séparait encore hommes et femmes en deux catégories), Maurizio Pollini (1er prix en 1958, probablement vexé de n’avoir été que second derrière Dominique Merlet en 1957), Christian Zacharias, Nelson Goerner ou encore Emmanuel Pahud. Une 70ème édition consacrée à la composition Introduite en 2011, la composition place cette année comme sujet imposé une œuvre pour quatuor à cordes. Parmi les 109 candidatures (dont 24 de Corée du Sud!), le jury a sélectionné quatre œuvres finalistes, «Moment étincelant» par Sunghyun Lee (Corée du Sud, 20 ans), «Onis ex tempore» par Adérito Valente (Portugal, 35 ans), «Billow» par Shoichi Yabuta (Japon, Go Out! n

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32 ans, déjà largement acclamé par les critiques) et «Klangfoto» par Hankyeol Yoon (Corée du Sud, 21 ans). Ces quatre pièces seront interprétées lors d’une finale publique le dimanche 8 novembre à 20h00 au Studio Ansermet. Festival des Lauréats: une excellente initiative! Créé en 2013, le Festival des Lauréats célèbre l’héritage du concours ainsi que la promotion des récents primés, en programmant 14 concerts du 8 au 15 novembre, autour de deux axes, le quatuor et le piano. Parmi ces concerts, ne manquons surtout pas le concert de gala du 11 novembre au Victoria Hall, avec l’Orchestre de la Suisse Romande (OSR), sous la baguette de Gaetano D’Espinosa et avec les interventions de 6 anciens lauréats (le violoncelliste Rafael Rosenfeld, l’hautboïste Philippe Tondre, le bassoniste Laurent Lefèvre ainsi que les Quatuors Armida et Terpsycordes). Ce concert sera suivi du Concert des Lauréats le 13 novembre, avec le Quatuor Hermès, le flûtiste Yubeen Kim et la pianiste Ji-Yeong Mun, 1er prix piano de l’édition 2014. Et clou de fin des festivités le 14 et 15 novembre au Bâtiment des Forces Motrices (BFM) avec le Week-end du Piano: pas moins de 17 pianistes primés de 2001 à 2014 se succéderont toutes les demi-heures de 14h à 21h45 le samedi et de 11h à 18h le dimanche. En concert de clôture à 20h, jouera en soliste la flutiste Adriana Ferreira, 2ème prix en 2014. Un week-end marathon en perspective pour un concours d’exception!

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On sort cinéma art/expo

© Rebecca Bowring

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Emmanuel Cuénod, directeur du Festival Tous Ecrans

Festival Tous Ecrans Du 6 au 14 novembre Rue de Carouge 52, 1205 Genève www.tous-ecrans.com Go Out! n

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On sort cinéma

Texte // Mathieu Roux

La vie sur grand écran «Nous prolongeons et renforçons l’expérience de l’année passée». C’est avec cette confirmation réjouissante que le directeur du Festival Tous Ecrans, Emmanuel Cuénod, entamait cet entretien. Une phrase de bon augure, compte tenu d’une édition 2014 réussie en tous points. Relogée à Pitoëff du 6 au 14 novembre, la manifestation semble avoir placé la barre encore plus haut et accroché plus d’une corde à son arc. Quels sont les points forts de cette édition? Cette année, notre axe touche le rapport entre l’audiovisuel et la musique. Dans ce cadre, Anton Corbijn [photographe et réalisateur néerlandais] est notre invité d’honneur. D’autre part, le programme Nuits Blanches permettra à des cinéastes et réalisateurs de devenir DJ, comme Asia Argento ou Serge Bozon. Ils viendront d’abord présenter un de leurs films et passeront ensuite des plaques le soir. Inversement, nous avons invité des DJ en contact avec le monde du cinéma. Par exemple DJ Cam, père de l’abstract hip hop en France, remixera la musique de la série «Miami Vice» [série emblématique des années 80]. Par ailleurs, nous avons un programme très fort autour du cinéma, avec notre section intitulée High lights screening, réservée aux grands maîtres du cinéma, qui présentera en ouverture The Assassin de Hou Hsiao-hsien [prix de la mise en scène à Cannes cette année] et la comédie musicale Office, de Johnnie To, en clôture. Nous présentons également deux projets révolutionnaires liés au monde virtuel, en collaboration avec Artanime, studio leader dans le domaine. Face à cette technologie lourde, ils ont créé un dispositif léger, qui pourra être testé durant le Festival. Avec un casque et des capteurs, entourés de caméras, les publics pourront s’immerger mais aussi voir une autre personne, la toucher, physiquement et virtuellement. Ça va révolutionner le jeu vidéo et probablement le cinéma! En l’occurrence, le studio viendra avec trois projets: soit une balade dans une tombe de pharaons, dans un labyrinthe riche en dangers à éviter (comme dans un jeu vidéo), ou approcher des danseurs issus d’une performance de Gilles Jobin (célèbre danseur et chorégraphe suisse). C’est très impressionnant. Go Out! n

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Les séries occupent-elles toujours une place de choix? Nous avons complètement revu notre stratégie autour de la série télé, en réunissant des pilots autour d’une première grande fête appelée «Serial day and Night». Toute la journée et la nuit du samedi, près d’une vingtaine de pilots sera diffusée. Nous aurons notamment la dernière série de la RTS «Anomalia», la dernière de Canal+ «Versailles» et celle d’Arte «Trepalium», que l’on passera en intégrale. Les gens pourront avoir accès à l’entièreté du programme pendant toute la journée, avec un seul billet, soit environ 12h. Cette année, nous avons moins de séries américaines, parce que finalement elles sont très vite piratées. Avez-vous prévu une installation originale, comme le drive-in l’an dernier? Oui, lié au pan du digital, qui prend de plus en plus d’importance. Il se manifeste par un dôme digital dans lequel des films immersifs seront projetés. J’en ai fait l’expérience. Par ailleurs, nous aurons au soussol le Wonderlab, où les gens pourront découvrir des projets en réalité virtuelle. Cette année, le journalisme immersif est un des thèmes centraux de la réalité virtuelle et nous nous sommes demandés comment présenter ce concept. Dans cette optique, il y aura le projet The March de Spike Jonze au cours duquel nous nous retrouvons littéralement dans la foule d’une manifestation à New-York. L’ONU notamment s’intéresse beaucoup à ce type de technologie et nous permet de créer des projets avec leur soutien.

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Prix Töpffer international

Prix Töpffer Genève

Prix de la jeune bande dessinée du canton de Genève

Nombreuses expositions à découvrir à partir de décembre


On sort cinéma

Texte // Mina Sidi Ali

Pinceau pinçant Marc Rudin. Un graphiste suisse au parcours loin d’être aussi lisse qu’un cadran de Rolex. Affichant la couleur dès 1968, il est sur tous les fronts de l’édition. Une figure underground, du temps où ce mot avait encore un sens. Ce militant de gauche, esthète activiste, met tout son talent et son expérience d’illustrateur au service de toutes les luttes d’émancipation populaire. Il noue rapidement des relations avec l'Organisation de libération de la Palestine (OLP). Avec des motifs symboles de la lutte d’un peuple dépourvu de terres, Marc – surnommé dès lors Jihad Mansour – réalise des affiches qui donnent à réfléchir. Les messages gravent l’inconscient collectif. Convié à exposer ses posters pour le Festival Palestine: filmer c’est exister (PFC’E), il y dévoile une série d’affiches intitulée «1980 – 90. La résistance palestinienne au travers d’une œuvre graphique». Aparté avec ce militant mélomane et sensible. Qu’est-ce que cela représente de voir vos affiches exposées dans le cadre du festival Palestine: filmer c’est exister? Il faut profiter de chaque occasion pour briser le silence que nous imposent les médias. Ici, on parle d’un peuple opprimé. Il est important d’en parler. En quoi l’art peut-il s’insérer dans un mouvement d’émancipation? Quelle est sa mission? On essaie de faire croire à une hiérarchie entre art pur, art appliqué et art populaire. Ceci rend l’art pur assez souvent formaliste et stérile, voire mort. L’art qui est en dialogue avec les masses populaires est vivant. Un peuple qui s’exprime et un peuple qui existe. Quels événements ont inspiré vos affiches? Il y a un événement en particulier qui m’a beaucoup enrichi politiquement et artistiquement: ma participation à la défense de Beyrouth en 1982. Mélomane et musicien, vous êtes un fin connaisseur de musique arabe. Qu’évoquent pour vous Fayrouz et Cheikh Imam? Fayrouz et Cheikh Imam ont tous deux renouvelés leur musique en puisant leur modernité à l’international. Fayrouz a importé des mélodies tandis que Cheikh Imam a chanté sur le Che Guevara. C’est ce qui les a rapprochés des masses populaires. En effet, contrairement, aux idées reçues, la rue arabe aspire à cette modernité. Go Out! n

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Qu’est il maintenant de la rue arabe? Les contradictions s’aggravent et malgré quelques récupérations politiques, on palpe une dynamique positive. Il existe une réelle volonté de s’émanciper et d’aller de l’avant.

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On sort cinéma

Texte // Mabrouk Hosni Ibn Aleya Photo // Pierre-Emmanuel Fehr

«L'’H istoire est un éternel recommencement» Qu’ils soient génériques ou non, terrorisme, barbarie et violences demeurent une thématique récurrente au point d’en ponctuer notre quotidien. A la fois objet de logo pour flashs spéciaux, punch lines pour discours à la moralité bien rodée, d’un frénétique gavage de pop corn lors de sessions ciné et son défilé héros bien ficelés. Passion, indignation ou effroi prennent le pas pour se muer en une équation dont il est moralement plus confortable de dénoncer que d’en analyser dans la complexité. A commencer de celle des fondateurs de la RAF, pour lesquels Jean Gabriel Periot a consacré son premier long-métrage: Une jeunesse allemande. Une archéologie filmique à la précision chirurgicale, dont le procédé fait d’une pierre deux coups: composé d’archives brutes, le film aborde de front le rôle trouble des médias, tandis que l’absence de narration propulse le spectateur au rang de témoin de l’Histoire. Celle des années de plomb mais surtout celles des idéalistes Ulrike Meinhof, Andreas Baader, Holger Meins et Gudrun Ensslin, dont la ferveur de leur engagement n’aura pour réponse que la répression d’une société figée. Une génération muselée, marginalisée et violentée au point où la créativité et l’enthousiasme de ses discours laissent le pas à l’opiniâtreté de l’action armée. Dans ce glissement auquel chacun est invité à tirer sa propre conclusion, le rôle des médias est naturellement au centre du sujet. Plus qu’un chef-d’œuvre, une immersion troublante dans une époque pas si révolue que l’on ne croit. Rencontre avec Jean-Gabriel Periot. Ce film est-il une réponse à une conjoncture actuelle marquée par des mouvements sociaux et le débat sur l’impartialité des médias? Bien qu’il y ait un lien, je n’irais pas jusqu’au dire que c’est une réponse. J’ai commencé le travail ayant abouti à ce film 8 ans auparavant, avec comme point de départ, un amas de questions: Comment peut-on s’opposer à système déterminé, à des normes ou à une classe politique à laquelle on ne s’identifie pas? Je me aussi demandé comment chaque événement est écrit, perçu et retranscrit par les médias, notamment par le cinéma.

priori? Du point de vue technique, le processus de montage est différent, car il affirme par des boucles, des ralentis… Chose dont je n’ai pas eu à faire avec Jeunesse allemande car tous les extraits comptent de par ce qu’ils racontent. Chacun d’eux est nécessaire pour appréhender toute l’histoire dans sa complexité. Huit années ont été nécessaires pour mettre la main sur des archives telles que les interventions d’Ulrike Meinhoff, de Horst Mahler et les productions des élèves de l’école de cinéma de Berlin, la Deutsche Film Und Fernsehakademie Berlin (DFFB).

Ce long-métrage est-il dans la même lignée que The Devil, court-métrage que vous avez consacré aux Black Panthers? C’en est une extension, puisqu’il questionne la même idée, à savoir l’image initiale que j’avais sur les Black Panthers. Celle d’afros armés, décidés à en découdre. Il a suffit d’une recherche pour mesurer avec surprise l’ampleur de mon ignorance à ce sujet. Reste la question: d’où vient cet a

Deux parties composent le film: on est d’abord aux cotés des fondateurs de la RAF avant sa création, puis on se retrouve propulsé du côté des médias de l’époque, pourquoi? Les protagonistes ont été particulièrement prolifiques dans leurs productions cinématographiques avant l’avènement de la RAF. Un travail d’enquête a été nécessaire pour les dénicher, les identifier et les contextualiser afin de Go Out! n

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On sort classique

suivre leur évolution à leurs côtés. Une fois dans la clandestinité, le travail de cinéaste a cessé puisque leurs actions ont commencé à parler d’ellesmêmes. Là, les archives des médias rendent compte des événements à travers une couverture à chaud. L’avènement du direct et du sensationnel qui lui est associé a débouché sur une forme d’amnésie, tirant un trait sur ce qui a bien pu pousser une personne publique telle qu’Ulrike Meinhof, à sombrer dans une telle violence. L’évidence était qu’il y avait des terroristes, aucune réflexion sur l’origine, ni le contexte. On s’interdit de penser. Il est évident que c’est dans ces circonstances que l’instrumentalisation politique prend le relai, à savoir esquiver les questions politiques par des lois liberticides et des policiers dans la rue qui ne résolvent rien. Cela place le rôle des médias au centre du film. Message fataliste donc? Plutôt interrogateur.

Suite de l’interview sur le blog www.gooutmag.ch/ blog Une jeunesse allemande de Jean-Gabriel Périot Sorti le 21 10 2015 Distribué par Adok Film www.adokfilms.net

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On sort danse art/expo

© GTG/ Gregory Batardon

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Casse-Noisette Ballet-féerie en deux actes de Tchaïkovski Du 21 au 29 novembre 2015 Grand Théâtre de Genève Bd du Théâtre 11,1204 Genève www.geneveopera.ch Go Out! n

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On sort danse Texte // Lucia von Gunten

Jeroen Verbruggen libère Casse-Noisette «Celle-ci c’est la bonne, je le sens!» lance le chorégraphe Jeroen Verbruggen au corps de ballet du Grand Théâtre en pleine répétition. À la fin du mois le célèbre ballet-féerie de Tchaïkovski retrouve la scène de Neuve. Casse-Noisette fait peau neuve sous la direction du jeune chorégraphe belge. La danse et l’interprétation priment sur le récit. Les danseurs enchaînent les pas avec vigueur et justesse dans une scénographie captivante et des costumes, créés par la maison de haute couture parisienne On Aura Tout Vu. Dans le studio Balanchine, une rencontre délicieuse avec Jeroen Verbruggen! Suite aux représentations de l’année passée, avezvous modifié des éléments de la chorégraphie? L’année écoulée nous a permis de voir ce qui pouvait être amélioré. J’écoute les suggestions des danseurs; c’est un échange constant. Comment avez-vous élaboré cette chorégraphie? Avec Tchaïkovski, on est tenté de se limiter à la danse classique. C’est la musique qui guide, elle est très belle et automatiquement on tombe dans le piège. Dans ma chorégraphie, c’est la danse néoclassique et moderne qui domine. J’ai intégré une idée nouvelle pour chaque morceau, par exemple avec l’ajout de mouvements désarticulés. Quelle est votre regard sur le conte d’Hoffmann? Marie est une jeune adolescente mal dans sa peau. Sur scène, elle ne trouve pas sa place parmi les autres danseuses. Amoureuse de Casse-Noisette maudit par une apparence vilaine, l’histoire est celle de la recherche du bonheur à travers l’acceptation de soi. La valse des flocons de neige est remplacée par une valse des miroirs au cours de laquelle Marie danse avec elle-même. Bien que j’ai complètement transformé la pièce et qu’on ne parle pas vraiment de Noël, ça reste une version fidèle et «tout public». Quelle est la signification du miroir dans la scénographie? Le miroir est pour moi la clé. Le deuxième acte représente d’ailleurs le monde à l’envers. Comme dans Alice au Pays des Merveilles le miroir amène à découvrir ce qui se trouve de l’autre côté. Il fait partie de la quête d’identité. Go Out! n

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La féérie du conte se déploie dans un décor sombre, presque inquiétant. Pourquoi? Avec ce Casse-Noisette, je pense beaucoup à Tim Burton. Ce n’était pas voulu au départ mais l’esprit est complètement le même. Et Tim Burton ce n’est pas inquiétant, enfin, pas pour moi! [rires] Le plus difficile dans la création de ce ballet? La musique. Ce n’est pas évident de toucher à Tchaïkovski et à son écriture. Par exemple, le thème de l’oncle Drosselmeyer revient à cinq reprises tout au long du ballet. Parlons de votre parcours personnel. Comment passe-t-on de danseur à chorégraphe? Chorégraphier était une envie de longue date. Danser m’a permis de me familiariser avec ce métier. Puis il y a eu cette opportunité au Grand Théâtre de Genève, avec le directeur du ballet Philippe Cohen, et d’autres projets ont suivi. Etre sur scène ne me manque pas, car je suis toujours très physique en studio. À part les musiques sur lesquelles vous travaillez, qu’écoutez-vous en ce moment? J’écoute énormément de musiques! En ce moment Spaces de Nils Frahm, c’est du piano-électro. Une pièce que vous rêveriez de chorégraphier? Oui! Mais je ne dirai pas laquelle [sourire]. C’est une œuvre anglaise, qui n’a jamais été chorégraphiée à ce jour. Tout dans cette histoire me correspond, à 100%!

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On sort art/expo

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On sort concours

Texte // Fabien Bergerat Djabar

Coup de Cho sur Varsovie A peine sa victoire fût-elle annoncée qu’une meute de journalistes s’entretuant s’apprête à piétiner le pauvre petit. À tout juste 21 ans, Seong-Jin Cho vient de remporter le 17ème Concours Chopin, la plus prestigieuse compétition pianistique au monde. L’émotion est grande, le gamin est timide. On hurle, on pleure, le moment est historique. Sur 455 inscrits, 84 jeunes pianistes de 29 pays ont obtenu leur place dans l’arène de l’intensive olympiade chopinesque. Du 1er au 21 octobre, ils se sont battus à coups de notes devant un jury de grands noms parmi lesquels Garrick Ohlsson, Philippe Entremont, Nelson Goerner et Dang Thai Son. Pour la finale, ils n’étaient plus que dix. Embarquement pour Varsovie, via l’aéroport Frédéric Chopin, pour trois jours de concertos sans répit. Mais Chopin n’en a écrit que deux, il y a 10 finalistes, et 9 d’entre eux ont choisi de jouer le no1. Au départ, le programme s’annonçait un peu répétitif, mais nous n’entendrons deux fois ni le même jeu, ni la même sensibilité, ni les même nuances… ni pour certains les mêmes notes. Il n’y a que Charles Richard-Hamelin, l’ainé des finalistes et le vainqueur du second prix, qui jugera opportun d’informer l’audience – non sans virtuosité – de l’existence du Concerto no2. Tous les soirs, la salle est comble. Des gens assis, des gens debout, ça court dans tous les sens. Certains s’excitent, jouent le concerto avec leurs doigts sur leurs genoux; d’autres roupillent. L’assemblée émet une quinte de toux entre chaque mouvement. L’ambiance est résolument scolaire, la moyenne d’âge aussi. Les nombreux enfants en bas âge qui connaissent les mélodies par cœur dansent des valses dans les couloirs durant l’entracte et rarissimes sont les grisonnants qui ne sont point jurés. Jury de compétition Dix-sept virtuoses composent le jury, sérieux et concentré, à l’exception de Yundi Li (lauréat en 2000) qui ne cesse de frénétiquement danser sur sa chaise et agacer ses voisins. Quant à Martha Argerich, systématiquement flanquée d’Akiko Ebi, elle est la reine, elle est chez elle. Elle se met en chaussettes, les pieds sur la balustrade, se vautre sur sa chaise et sort ses jumelles pour accomplir l’impossible tâche: départager Go Out! n

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dix finalistes constituant déjà la fine fleur des pianistes. Tous sont copieusement applaudis, certains font l’unanimité, d’autres polarisent, chacun trouve son public. Seong-Jin Cho figurait parmi les favoris, mais d’autres ont bien davantage fait parler d’eux. Aimi Kobayachi ne pouvait pas faire deux mètres dans les couloirs sans être prise d’assaut par la foule. Quant à Szymon Nehring, seul polonais en finale, une véritable star nationale. Mais aucun des deux ne l’a emporté car pour la première fois, c’est un coréen qui voit sa vie basculer à l’âge de 21 ans, alors qu’il n’a pris sa première leçon de piano qu’âgé de 10 ans. Mercredi matin à 00:53, après 4h30 d’attente, le verdict tombe enfin et il devient nouvelle idole des 80 millions d’aficionados ayant suivi le concours à travers le monde. La foule veut l’approcher pour un mot, pour une image, une signature, mais Cho a désormais un garde du corps, alors que dans les couloirs plus personne ne remarque la petite Aimi qui déambule incognito. Le lendemain soir, devant les télévisions du monde entier, le Président de la République lui a remis son prix, puis il nous a joué une nouvelle fois le premier concerto… de Chopin. Seong-Jin Cho commence maintenant sa nouvelle vie, avec une tournée mondiale jusqu’en février 2016. Il vient de rebondir avec dextérité sur le plus grand tremplin pianistique au monde: son nom sera bientôt sur toutes les langues et son doigté résonnera dans tous les cœurs. Nous lui souhaitons une carrière harmonieuse et nous réjouissons de l’entendre à nouveau en attendant la prochaine édition du Concours, en 2020.

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On sort mode

Texte // Clarisse Encontre & Mina Sidi Ali Photo // Tom de Peyret

Fellay in love Le 8 octobre dernier, c’est au défilé de la Haute Ecole d’Art et de Design (HEAD) qu’on est allé repérer les collections qui dresseront les codes de nos futurs dressings. Chapeauté par un nouveau partenaire: Chloé, la très chic maison de mode française, les talents émergents ont dévoilé cette année des lignes moins conceptuelles et plus «portables». Porté probablement par un souhait d’études plus professionnalisantes, la HEAD a présenté des travaux d’élèves de Bachelor et Master aux finitions plus abouties que l’an dernier. Parmi eux, on a relevé les silhouettes allurées de Sophie Fellay. Sa ligne évoque l’épanouissement et le mouvement, le tout dans une harmonie sensuelle, féminine, et contemporaine qui nous a séduit. Avec son travail de bachelor sur le reflet et l’importance de la banalité, comme source d’inspiration dans le design, elle nous a ébloui. Une fille brindille au talent infini qu’on n’a pas fini de filer. On a rencontré cet astre de grâce le temps de saisir ses envies post-HEAD. Extraits. Qu’est ce qui vous a inspiré à vous lancer dans la mode? Au départ, j’avais eu cette envie d’écrire. La mode m’intéressait beaucoup, donc je pensais rédiger dans ce domaine. Je n’ai jamais vraiment passé mon enfance à dessiner des vêtements. Ce n’était pas du tout inné chez moi, mais juste un intérêt hyper fort. Ensuite je me suis dit que je ferais du journalisme et je me suis orienté dans une voie académique pour finir un bachelor en Relations Internationales, ce qui ne me correspondait pas du tout. Ecrire sur la mode ne me suffisait pas, j’avais besoin de créer et réaliser manuellement. Votre collection se nomme Gravlax. A quoi cela renvoie t’il? A une technique de marinade de saumon, ce qui a inspiré les couleurs de mes créations. En fait, tout le principe de ma collection repose sur le non-usage de système de fermeture. Ainsi, on ne trouve ni bouton ni zip. Tout est maintenu par des tissages en élastique.

qu’en général, je pars de la coupe pour continuer sur la technique. Lors de ma pré-collection, quand j’ai réalisé un manteau tissé en bande, est née l’envie de tissage. Quels sont les matériaux de prédilection pour incarner cette idée d’effervescence? Je dirai toutes les matières un peu sensuelles. J’aime la soie, mais aussi le daim, le velours. J’apprécie les couleurs et coupes assez épurées dans l’ensemble. Envisagez-vous de poursuivre un master? Au départ, je n’en avais nullement envie. Puis quand j’ai vu le défilé de la HEAD, le travail au rendu final très impressionnant, je me suis ravisée et j’envisage désormais de poursuivre. Mais pas tout de suite; je vais d’abord effectuer des stages. Après, on verra.

D’où la notion de mouvement, récurrente dans votre travail… Oui, inspirée par la danse; une activité qui m’a toujours passionnée et que je pratique. La danse classique et contemporaine surtout. Mais il est vrai Go Out! n

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On sort design

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corps de texte

Les Jours Vintage Du 13 au 16 novembre Palexpo Route Franรงois-Peyrot 30, 1218 Le Grand-Saconnex 022 761 11 11 www.automnales.ch Go Out! n

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On sort design

Texte // Clea Muralti et Olivier Gurtner

, «C était bien» Pour la 3ème année consécutive et en marge des Automnales, les Jours Vintage reviennent à Palexpo, du 13 au 16 novembre. Rendez-vous incontesté des hipsters, dandys et fans de sixties, la manifestation gagne un jour pour attirer encore plus les amoureux d’anciens atours. De 1920 à 1990, les aficionados des belles jantes viendront se faire plaisir. Nostalgique des années folles ou simplement curieux, on aura l’occasion de se plonger dans l’ambiance de cette période qui fait encore et toujours vibrer. Entre Vespas et VW On change de coiffure, on profite des bars et restaurants ou on se photographie dans cet ancienne VW reconvertie pour l’occasion en photomaton! Invité d’honneur de cette nouvelle édition, le Volkwrecks Bar & Museum de St-Sulpice (NE) déplacera une grande partie de sa collection ainsi que son fameux bar au concept unique, composé de pièces détachées Volkswagen. Sinon, il faudra essayer les Vespas vintage du club Amici della Vespa. En mode Mad Men Fans de meubles, de vêtements et d’objets anciens ayant du charme et du chien, on pourra aussi profiter des nombreux événements organisés pour les Jours Vintage. On commence le vendredi 13 avec une soirée Woodstock, animée par le DJ de Dig It, véritable caverne d’Al Baba du disque à Genève (son vrai nom: Jack La Menace). Le lendemain, Emma Mylan présente «Carroussel», un show burlesque inédit, en compagnie de la troupe Secret Follies. Dimanche, c’est défilé de mode, avec les meilleurs looks et le regard affûté du public, appelé à voter sur les créations d’Arasa Morelli, maison spécialisée dans la tenue de soirée du XX ème siècle, le tout dans un décor imaginé par IPAC Design. Pour terminer en beauté le lundi, c’est Geneva Swing, un collectif aussi jeune que talentueux, qui offre une jam avec les danseurs de leur école. Soulignons enfin les très nombreux ateliers, parmi eux celui consacré au tricot (si si!) avec Au Dé d’argent ou encore l’atelier lindy hop. Go Out! n

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De l’importance de l’apprêt A l’heure où le normcore instaure la dictature du beauf complètement plouc à force d’ériger les ringards de la série Friends – qui n’ont JAMAIS su s’habiller – en icône de beauté, un rappel des do’s and don’ts paraît indispensable. Alors retour vers le passé, époque(s) où l’on savait s’apprêter. Mèches années trente, moustaches cirées, rasage soigné, il est recommandé de passer voir les coiffeurs et esthéticiens, parmi lesquels le Bal des créateurs et Wood. A noter enfin que la manifestation créée en 2013 prévoit un espace pour enfants, avec candy bar et fabrication de sucre d’orge.

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23--31 JANUARY 2016

BRUSSELS

O N E O F T H E M O S T I N S P I R I N G FA I R S I N T H E W O R L D


On sort là-bas

Texte // Clea Muralti

Le rencard des antiquaires Le salon des antiquaires revient pour sa 46 ème édition au palais de Beaulieu, du 14 au 22 novembre prochain. Si au début de la manifestation les antiquaires étaient généralistes, les exposants sont aujourd’hui quasi tous devenus des spécialistes, qui partagent avec ferveur leur passion avec le public. Go Out! est allé à la rencontre de Lionel Latham, propriétaire de la Galerie Latham à Genève, président du Syndicat romand et du salon des Antiquaires de Lausanne, afin de palper le pouls d’une foire qui se fait de plus en plus rare en Suisse. Entretien avec un amoureux des arts.

Photos: Mark Niedermannpour Tom Postma Design

contemporain est la communication. Je suis convaincu qu’internet est le nouveau moyen pour communiquer. Ce que nous essayons d’améliorer. Il y a aussi cette notion de rareté des objets qui tend à en élever le prix, puisque nous ne pouvons pas refaire des objets du XXème siècle, à contrario des œuvres d’art contemporain. En achetant des antiquités, beaucoup de gens souhaitent se démarquer de la mode actuelle et s’approprier l’histoire d’un objet, d’un meuble ou autre peinture.

Comment êtes-vous devenu antiquaire? Il n’existe pas de formation scolaire à proprement parler. J’ai débuté comme marchand-fripier au marché aux puces de Plainpalais en 1974, en débarrassant des appartements. Très vite, les objets du début du XXème siècle dénichés m’ont donné envie de me consacrer à cette période. Votre public est-il comme dans nos a priori, âgé? Comme les prix de nos œuvres sont élevés, les acheteurs ont souvent plus de 40 ans et je pense qu’i s’agit-là d’un phénomène cyclique. A chaque âge vient sa mode! Comment changer cela? La création contemporaine touche davantage un public plus jeune… Il est vrai qu’un des points forts de l’art Go Out! n

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Après le MUDAC en 2013 et la bibliothèque de Genève en 2014, ce sera la fondation Pierre Arnaud (Lens/VS) qui sera à l’honneur, avec une sélection de sa collection intitulée «Une passion Suisse». Pouvez-vous nous en dire davantage? Ce qui est intéressant pour nous, c’est de montrer des œuvres méconnues. Pierre Arnaud a tout au long de sa vie acquis des objets d’une extrême rareté en Suisse. Avec sa fondation basée à Lens, nous avons décidé de les inviter à Lausanne. Notre devoir de marchand est de passer le témoin aux générations futures et ainsi inscrire la pérennité de notre histoire.

Le salon des antiquaires et des arts du XXème siècle 14 au 22 novembre 2015 Expo Beaulieu Lausanne Avenue Bergières 10, 1004 Lausanne www.e-antiquites.ch

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On danse live/clubbing

Texte // Clarisse Encontre et Mabrouk Hosni Ibn Aleya

A coup d,ACCOUSMONIUM Appareils auditifs adeptes d’électrodes ou frénétiques bipèdes assoiffés d’acoustiques électriques, voici un événement dont les échos ne manqueront de faire vibrer votre petite corpulence en quête de bonnes basses parées de milles résonnances. Temps d’arrêt, grosse déferlante en vue. Du 26 au 28 novembre, on reprend son souffle et on beugle sur les toits des chaumières de Calvin la venue de la 5 ème édition du festival Présences Electroniques. Au menu des réjouissances, mousse de bière, conférences et déferlante de Dj set rythmant une frénésie de danse. Rien que pour l’enthousiasme de la prog, on stoppe nos miasmes de rimes évidentes et se lance dans le sommaire des soirées en vues. Coup d’envoi: L’ouverture du festival se fera au Musée d’Art et d’Histoire (MAH), où la salle des armures accueillera Niche, une installation son et lumière par les légendaires Mimetic et Sigmasix. Le jour-même, les geeks assoiffées de connaissances fonceront au Centre des arts s’abreuver d’une conférence animée par l’INA GRM. A l’honneur: l’histoire de la spatialisation du son. Une petite douceur en forme d’installation immersive en octophonie y sera spécialement affrétée pour accueillir les convives. Par la suite, petite collation sur une orgie sonique au Bâtiment des Forces Motrices (BFM) avec ACCOUSMONIUM. Un petit dispositif de hauts parleurs – spécialement concocté par le Groupe de Recherche Musicale de l’INA – ne manquera pas de faire vriller chaque membrane de vos cellules sur l’œuvre de Philippe Carson (27 novembre) et François Bayle (le 28). Par la suite, les petits veinards parés d’un Parkinson de circonstance auront tout le loisir de continuer à vibrer sur le système de quadriphonie spécialement installé au Zoo. Au menu: Du Vjing avec Gertrude Tuning, la coqueluche du collectif Argent Sale et Camille Dedieu. Niveau son, le festival verra défiler une horde de DJs tantôt émergents tantôt reconnus: entres autre Nathan Fake, l’autrichienne Electric indigo, les suisses Ultra Panthère… Mention spéciale pour le naturopathe du son Dominik Elber, qui se produira le 28 novembre et KTL, un dark duo composé de l’imprésentable Stephen O’Malley et de Pita (qui s’est illustré lors du dernier festival La Bâtie). Les Go Out! n

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deux plus que jamais déterminés à pousser l’expérimentation hors des sentiers de la raison. Headfun nous fait déjà trépigner d’impatience pour cette 5ème session de Présences Electroniques. Du 26 au 28 novembre 2015 Au BFM, Centre des Arts, Zoo et Musée d’Art et d’Histoire www.presenceselectroniques.ch

Pantha du Prince jouera au BFM le vendredi 27 novembre.

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On danse live

©Kurbanjan Samat

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Asie intérieure Du 5 au 15 novembre Alhambra 10, rue de la Rôtisserie, 1204 Genève Bibliothèque de la Cité 5, Place des Trois-Perdrix, 1204 Genève www.adem.ch Go Out! n

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On danse live

Texte // Olivier Gurtner

Asie en mode mineure Les Ateliers d’ethnomusicologie invitent à quitter Genève pour rejoindre les Routes de la Soie, en passant par l’Alhambra. Du 5 au 15 novembre, le festival Asie intérieure propose d’embarquer en caravane à rejoindre l’est de l’Eurasie, avec un programme entre concerts, exposition et activités pour jeune public. Une manifestation à ne manquer. L’Asie de l’intérieur Du 5 au 15 novembre, on peut écouter et voir les Echos des Routes de la Soie, grâce au Festival Asie intérieure organisé par les Ateliers d’ethnomusicologie de Genève (ADEM). «Du Caucase aux confins de l’océan Pacifique, ce vaste territoire a été le creuset de traditions spirituelles comme le soufisme, le zoroastrisme, le bouddhisme ou le chamanisme. Leur influence a contribué à forger des expressions artistiques d’une grande originalité, dont ce festival propose quelques témoignages particulièrement significatifs.» explique Laurent Aubert, directeur et fondateur des ADEM, qui a récemment reçu un Prix Culture et Société de la Ville de Genève. Sortir, écouter, voir De la Géorgie à la Chine, la dizaine de jours permettra de découvrir les traditions musicales d’Asie, avec des œuvres et des instruments de répertoire, mais également d’apprécier l’actualité de sociétés qui évoluent. Ainsi, on pourra apprécier une des grandes voix d’Azerbaïdjan, Alim Qasimov, qui maîtrise la musique savante traditionnelle de son pays, le mugham (une invitation à l’improvisation pouvant tenir des heures). Un regret, l’absence du violoncelliste Yo-Yo Ma, qui pourtant collabore souvent avec M. Qasimov. L’occasion d’organiser une belle rencontre entre Azerbaïdjan et Japon… Direction l’Afghanistan avec Daud Khan, spécialiste du rubab, qui s’apparente à une vièle ou un luth. Plus proche de notre époque, le groupe de rock ouïghour Qetiq et son leader Perhat Khaliq – finaliste de The Voice China en 2014 – viendront officier le 7 novembre à l’Alhambra. Go Out! n

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Retour chez les Ouïghours Toujours avec les Ouïghours, population répartie entre l’Ukraine et l’ancien Empire du Milieu, c’est le photographe Kurbanjan Samat qui propose en exposition ses portraits du Xinjiang, aussi à l’Alhambra (mais au foyer du 2ème étage). Dans ses clichés qui montrent des habitants de l’ancien Turkestan chinois, on sent l’envie de présenter, témoigner et garder une trace des multiples ethnies et religions présentes, avec notamment des Mongols, des Tadjiks, des Kirghizes, des Ouzbeks ou encore des Mandchous… La pudeur paraît évidente dans ses photos imprimées sur papier traditionnel du Khotan. En effet, rarement le regard du sujet croise l’axe de l’objectif, comme pour montrer que ce qui compte, c’est la culture, la société, le groupe, plus que le nombril individuel de chacun. Festival dans la Cité On notera encore deux collaborations, avec le Festival Les Créatives, manifestation qui promeut le talent et l’art des femmes. En l’occurrence, la délicate soirée Perles d’Orient invite le 13 novembre la danseuse Mukaddas Mijit, la joueuse de luth Wu Man et la chanteuse Sanubar Tursun. A noter aussi le Voyage de Mehmet, le lendemain, un conte musical comme un périple initiatique, où le jeune héros adolescent quitte Turquie natale et enfance pour découvrir l’Asie et la maturité. Un spectacle emmené par Maria Robin et Shadi Fathi pour les jeunes publics, tout comme Chin Tömur et le monstre à sept têtes à la Bibliothèque de la Cité, le 7 novembre. Ici, un récit oral du Trio Senem, entre conte, danse, poésie et chants. Alors, on fait quand ses valises?

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On danse live/clubbing

Vernissage de l’album Def, Dumb & Rhymed Le 12 novembre Zoo de l’Usine Place des Volontaires 4,1204 Genève www.c-o-t-i.com www.lezoo.ch Go Out! n

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On danse live/clubbing

Texte // Vincent Magnenat

El Capitano de la Imaginacion Le froid est revenu (surprenant, nous sommes d’accord), et l’ardeur de la Réaction, celle qui pousse dans les retranchement, ou les tranchées devrait-on dire, a fait sa voix. Eh bien soit, puisqu’entre humanisme et égoïsme le choix semble devenir plus tranché. Mais c’est de toutes façons une méprise: tout le monde est sûr d’agir pour le bien et le meilleur. Tout va donc très bien, restons civilisés et tout ira bien. Reprenons. Ainsi, plutôt que de parler des choses qui se passent et dont on est forcément mal informé pour tirer des conclusions et toutes ces choses amusantes par ailleurs, nous allons rester dans un univers plus tangible, aux valeurs plus claires, celui du hip hop. Et on ne parle pas de ses dérives au vocodeur de branleurs. Dire qu’il y en a encore pour croire à l’efficacité de ce cache-misère. Le troisième album studio de C.O.T.I. ne rentre clairement pas dans cette dernière catégorie, «Def, Dumb & Rhymed» défend un son très clair et des lyrics qui font du sens. Commençons par cette abréviation avant tout, C.O.T.I pour Captains Of The Imagination. Ce 3ème opus sera verni le 12 novembre au Zoo de l’Usine en collaboration avec l’association World Wide Connect, qui promeut (entre autres) de hip hop à Genève et plus loin. Cinq luronnes & lurons se partagent le devant de la scène: Imagine, Dr Koul, SeZ', Evita Koné Et Dj Tiny Tim, respectivement les trois chanteurs, un cavalier à disques et un faiseur de beats. Et ça pose dans la langue de Cromwell parce que, hey, à Genève on vient tous clairement du bassin genevois et comme tout le monde parle la même langue de base, ça ne fait pas du tout de sens d’occuper le pavé avec l’anglais comme lingua franca. Ce sont donc des jeunes artistes qui ne vont pas se laisser dicter qui ils doivent être pour représenter Genève, sa diversité naturelle extrême et ses valeurs d’ouverture et de tolérance. Et comme dans ce hip hop, on aime rarement faire les choses seul, ce vernissage sera l’occasion de Go Out! n

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porter une soirée dédiée à la culture indépendante et locale, avec en plus de C.O.T.I., La Gallagh’s Family, Persona Non Grata et Les Partisans du Hip Hop. Ce dernier collectif regroupe notamment nos Capitaines de l’Imagination justement, dans une approche plurielle, transdisciplinaire et surtout engagée. Si on pouvait se permettre quelques envolées référencielles, on oserait avancer qu’ils visent à suivre le genre de voie que les Zulu Nation, c’est-à-dire être bien plus qu’un groupe de musique, mais un ensemble. Un ensemble qui soutient, éduque, guide, inspire et motive. Une structure qui inculque une philosophie et des valeurs plus que nécessaires en ces temps troubles. Si vous vous massez les miches suffisamment tôt bande de looses vous aurez droit à la projection du premier clip issu du nouvel album, réalisé par Juliette Bertoldo, qui sortira simultanément sur Youtube. Jeunes mais sérieux on a dit. C’est entrée libre, allongez un peu d’oseille et «support your local underground» comme on dit. Sinon les tee-shirts et le CD seront en vente, avec bien sûr l’artwork de Dym Kibardine dessus (quoiqu’un album de hip hop avec un canard dessus, ou un plat d’épinards, en pensant bien...). Cette soirée se clora avec un très traditionnel open mic (— rophone — bande de babtous francophones), la grosse marque de fabrique de wWC (on se souvient du fameux avec Das EFX en 2013). Voilà vous savez tout. Donc si les dernières fédérales vous en ont mis une bien grosse, venez donc vous en mettre une de fédérale le 12 au Zoo.

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ConCerts du dImanChe

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saison

2015 16

4

o c t o b r e 2015 17h 0 0

8

n o v e m b r e 2015 17h 0 0

28

f é v r i e r 2016 17h 0 0

20

m a r s 2016 17h 0 0

Kammerorchester Basel

Orchestre des Pays de Savoie

13

d é c e m b r e 2015 17h 0 0

17

av r i l 2016 à 17h 0 0

24

j a n v i e r 2016 17h 0 0

Sinfonietta hong Kong

Cappella Mediterranea Gli A ngeli Genève

L’Orchestre de Chambre de Genève

Orchestr e de la Suisse Romande 8

L es Dissonanc es

Billetterie: espace Ville de Genève, Maison des arts du Grütli, Genève tourisme, Cité Seniors, Victoria Hall (une heure avant le concert). renSeiGneMentS: 0800 418 418 (Suisse) +41 22 418 36 18 (etranger) Billetterie en liGne: http://billetterie-culture.ville-ge.ch Prix: plein tarif CHF 25.- CHF 15.-, tarifs réduits CHF 13.-, CHF 10.-, CHF 8.Abonnements CHF 144.- et CHF 96.-Chèques culture acceptés. Salle équipée d’une boucle magnétique pour malentendants. Accès pour handicapé

Genève, ville de culture www.ville-geneve.ch

m a i 2016 17h 0 0

Scène culturelle de la Ville de GenèVe


On profite on like

ON LIKE

Le champagne fait salon

Les Grangettes en vedette!

Parce qu’il y a une vie après les vins tranquille, on se précipite vers les bulles, au Salon du Champagne, organisé pour la deuxième fois à Genève, le 21 novembre au Swissôtel Métropole. Les nez experts et les palais d’amateurs pourront se laisser séduire parmi les 150 champagnes de cette dégustation organisée par wiine.me. Un conseil amical, les bulles ne se servent pas frappées, sorties à peine d’un seau à glace; elles doivent être quasiment tièdes, parole d’expert! C’est à cette condition seulement que les arômes peuvent se libérer. Pour continuer la soirée on passe en mode Gatsby, style années 20 pour apprécier le meilleur de Pernod Ricard, à savoir le champagne Perrier Jouët!

Mythique clinique implantée à Genève depuis le 1933, les Grangettes se parent d’un nouvel habit pour communiquer ailleurs et ici. Leur site internet www.grangettes.ch aborde une peau nouvelle pour une navigation facilitée grâce à une ergonomie renouvelée. Du coup, on se réjouit d’y naviguer de jour comme de nuit, notamment pour découvrir les soins du spa et les cosmétiques que Grangettes Genève produit. Peu importe son besoin en soin ou ses envies, on file vers le browser découvrir ce nouveau site!

Salon du champagne Le 21 novembre Swissôtel Métropole Quai du Général-Guisan 34, 1204 Genève 022 575 43 55 www.wiine.me/fr/salon-du-champagne Go Out! n

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www.grangettes.ch > cosmétiques www.grangettes.ch > spa

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On sort art/expo

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TAO YE — TAO DANCE THEATER

JEUDI 19 NOVEMBRE — 20h VENDREDI 20 NOVEMBRE — 20h SALLE DU LIGNON

Place du Lignon 16 — 1219 Le Lignon

Service de la culture — 022 306 07 80 — culture@vernier.ch www.vernier.ch/billetterie

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On profite on like

ON LIKE

Vers le Nord

For the World

Le design nordique a ouvert à Genève sa représentation diplomatique: HYGGE. Derrière ce nom qui paraît abscons, c’est l’élégance et l’épure qui montent au front. Teintes pâles qui rappellent le doux soleil d’hiver, bois au naturel, mobilier aussi confortable qu’adorable… la ligne HYGGE traduit d’abord une conception typiquement nordique: celle de l’harmonie visuelle qui se traduit jusque dans l’esprit. Sorte de Feng shui boréal en somme. Alors on sort ses plus belles bottes et son plus gros manteau pour aller découvrir le talentueux travail de Camille Ritz, la créatrice, du 17 au 21 novembre prochain.

Telle pourrait être la devise de la soirée organisée le 14 novembre au Fairmont-Le Montreux Palace. The Middle East Children Institute (MECI), fondation créée en 2005 et en 2011 en Suisse, promeut l’éducation et l’aide humanitaire auprès des enfants et des femmes au Moyen-Orient, entre la Jordanie et la bande de Gaza, dans des projets soutenus par l’ONU et l’UNESCO. L’objectif du gala est de récolter des fonds pour venir en aide aux réfugiés en Syrie. La soirée permettra de prendre connaissance des réalisations de la fondation reconnue d’utilité publique et de soutenir ses missions, en prenant part à la vente aux enchères caritative.

Du 17 au 21 novembre 2015 The Square - Pop up store 2-4 rue du Diorama, 1204 Genève 079 124 67 48 www.hygge.ch

MECI Avenue du Casino 52, 1820 Montreux 021 963 3485 event@mecinstitute.org www.mecinstitute.org Dîner de Gala Le 14 novembre au Fairmont Montreux Palace

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Texte // Mina Sidi Ali, Mabrouk Hosni Ibn Aleya

Meltingpomme

40° 38' 23'' N 73° 46' 44'' E Go Out! n

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JFK

Durée du voyage: 8h55m, distance depuis GVA: 6'279 km

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New York. Une ville excitée d’exister. Sa logique de s’agiter, son rythme frôlant l’infarctus – en surrégime permanent – donnent le up-tempo. La Grosse pomme, une ville anti-farniente capable de se contredire sans cesse tant elle arbore de visages. Perméable au brassage ethnique, on coexiste sans heurts dans cette Babel de bengalis, hispaniques, ouzbeks, sikhs, caribéens et africains. C’est une ville et, à la fois, c’est toutes les villes. Ici, tout se joue sur la pointe des excès, à la limite des possibles avec une belle envergure. Il faut s’y émerveiller de tout, sourire et saluer à tout le monde, s’imposer comme si la cité était sienne, se droguer au café, s’habiller choc, rouler des mécaniques en slalomant de la sphère branchée de Manhattan à Brooklyn. Aucune autre métropole au monde n’est aussi hospitalière. Mais son mode d’emploi s’évertue à tout chinoiser. A New York, on peut s’attendre à tout. Cette cité se drape dans le zapping et ne vous accueille pas, elle vous engloutit. Radioscopie, serrée comme un double expresso, d’une cité speedée où on y est resté éveillé journée comme nuitée. Aux USA la délation est considérée comme une bonne action. Alors on a croqué la grosse pomme à pleines dents pour vous balancer les meilleurs spots de la ville.

Un ovni sur Bowery  ◁ Ouvert en 2007, le New Museum, conçu par les architectes japonais Kazuyo Sejima and Ryue Nishizawa (de l’agence Sanaa), fait un peu penser à un empilement de containers futuristes. Un contenant à la hauteur de l'ambition de ce musée, devenu une référence dans le milieu de l'art contemporain. Déployé sur 7 étages, on y a dévoré une expo du fantasque Jim Shaw et on a dansé sur les perfos vidéos délurées de la féministe queer Wynne Greenwood aka Kelly. New Museum of Contemporary Art 235 Bowery, New York, NY 10002 www.newmuseum.org

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Rooftop au top!  △ De l’entrée du Roof à votre table, 28 étages vous séparent. Vous l’aurez compris, c’est perché tels de coucous gais que l’on commence sa radieuse soirée. Ici le before se mue en un véritable festin pour la vue. D’une lichée à l’autre elle se balade des sommets des buildings pour longer la Cinquième Avenue avant, les yeux écarquillés, de s’arrêter sur Central Park. Vous vous pincez, cherchez à tâtons votre verre, fermez les yeux puis les rouvrez, vous voilà en train de vous enivrer du vertige new yorkais sans même que votre conso ne soit vidée. The Roof 124 W 57th St, New York, NY 10019 theroofny.com

Atelier gourmet  ▽ A force d’être trainés de fast-food en fastueux restos, l’envie de se concocter un fastueux festin nous traverse quelque fois l’esprit. Qu’à cela tienne, il suffit d’aller mettre la main à la pâte au Brooklyn Kitchen. Niché dans un quartier que l’on ne présente plus, le bâtiment industriel dévoile agencement qui pourrait faire frisoter d’émois la barbe des hipsters de nos contrées: désaffecté mais subtilement rénové, assorti de meubles designs neufs et chinés, logos stylés par pelletées, packaging looké, ustensiles de cuisines vintages réédités mais surtout un chef de cuisine avec lequel concocter une recette aux petits oignons. Les leçons se font en groupe, les bières y sont gratuites et la bonne ambiance tout sauf fortuite. L’occasion ou jamais de nouer des connaissances autour de compétences gourmandes. Brooklyn Kitchen 100 Frost St. Brooklyn, NY 11211 www.thebrooklynkitchen.com

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Banksy was here  ▷ Bien que situé en plein dans le quartier de Williamsburg, il n’est pas évident de dénicher TBA. Surprenant quand, faisant face à l’entrée on se retrouve planté nez-à-nez face à une fresque de Banksy. Le temps de reprendre ses esprits, de mettre un pied devant l’autre pour fouler l’entrée, que l’on est d’ores et déjà happé par la convivialité typée de l’endroit. Ici, cool ne se limite pas qu’au look, on est bien dans un bar underground ou les idées défilent à mille lieues du clinquant de la presqu’île guindée. Les genres se suivent et ne se ressemblent pas, vous abordent et vous questionnent sur votre origine. Rythmées par le son des Djs, les discussions s’enchainent comme si au final vous étiez attendu, convié à la soirée. Couche-tôt s’abstenir, ici d’un clignement d’œil on se retrouve téléporté dans une after improvisée sans heures ni heurts. TBA Brooklyn 395 Wythe Ave, Brooklyn, NY 11211 www.tbabrooklyn.com

Sparadis Entouré de manufactures, de ponts et d’entrepôts, le Spa détonne par une convivialité tout américaine et sa charmante simplicité. Loin du bling bling tamisé de ses contemporains aux airs entêtants chill out d’une énième compil type Bouddha (bar). Non, au Body the Spa on est accueilli par des portraits de MC’s alignés à l’entrée, on se laisse aller au jacuzzi sur un petit morceau RnB et on salue par «what’s up» chaque client croisé. Ici, le bien-être se décline façon cool, une coupe de champagne proposée, de quoi presque se lancer dans le remake du clip «Juicy» de Notorious BIG avant de passer aux mains des masseurs. De véritables maestros qui nous ont laissés délassés et bouche bée par la qualité des effets prodigués. Body by Spa 275 Park Avenue, Brooklyn www.bodybybrooklyn.com

Hot dog for coolcats  ▽ Aficionados de hot dogs aux oignons frits, saucisses chaudes et sauces dégoulinantes, votre paradis se situe à East Village, au Crif dogs! Foncez-y tête baissée sans même attendre que Saint-Pierre n’ait à se prononcer. A la qualité des merveillosités que l’on y sert, il est fort à parier qu’on s’y trouve à pécher par gourmandise sans sourciller, entre deux bières locales bien frappées. Une fois rassasié, on vous conseille de lancer un discret regard à gauche puis à droite avant de filer décrocher le téléphone planqué dans la cabine, le mur s’effacera pour laisser place un bar à cocktails secret. De quoi bien arroser votre bedaine en espérant y voir germer des hot dogs par milliers. Crif dogs 113 Saint Marks Pl, New York www.crifdogs.com


On profite on prend le large

Paradis de la friperie  ▽ Vous aimez passer des heures dans les boutiques second hand? Ici, vous y laisserez vos journées tant on ne voit le bout des rangées de fringues, qui tout sourire, vous attendent pliées ou pendus et alignées. De tous les genres à tous les goûts, au point où votre esprit même se retrouve à tournoyer devant l’ampleur des accessoires, blousons, jackets, jeans, redingotes, fichus et autres ombrelles qui s’exhibent à votre choix. Tout y est à dénicher, décrocher des perchoirs, essayer pour au final succomber et échoir. Beacon’s closet www.beaconscloset.com

Afternoon Tea Time  △ Si vos a priori sur l’heure du thé dans les hôtels huppés se résume à un service guindé et à des prix élevés, vous n’êtes pas loin de l’image pour la plupart de ceux proposé dans la cité qui vit à mille à l’heure. Le Langham Place, l’enseigne d’hôtel de luxe fondée à Londres (tea time city), inverse totalement cette tendance en offrant une touche ultra moderne et innovante à ce moment de temps suspendu avec vue sur la 5ème avenue. Évitant la classique tour argentée à plusieurs niveaux, le chef David Vandenabeele a créé une boîte bento (homemade) dotée de savoureux sandwichs, et scones à la crème à faire damner tous les saints du paradis. Ici, on ne lésine pas sur la qualité du thé qui se marie à merveille avec les encas exquis: on a opté pour un bergamote parfumée Earl Grey et un thé vert Genmaicha. Measure Lounge at Langham Place Fifth Avenue Hotel, 400 5th Ave, New York, NY 10018 www.measurenyc.com

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On profite coup de food

Texte // Olivier Gurtner

Papilles en périple Cité gourmande au bord de la Garonne, Bordeaux déborde de commandes. Entre ses 1800 hectares classés à l’UNESCO, son quartier des Chartrons branché et les Bassins à Flot, ilot qui respire le nouveau, la Ville girondine mérite de s’y arrêter, pour déguster, visiter ou respirer. On observe l’urbanisme hérité du XVIIIème siècle –un des plus importants de France– la Ville ayant passé par les traits de l’intendant Tourny, un siècle avant le baron Haussmann. Au nord, on découvrira la Cité du Vin, située sur un ancien complexe portuaire marchand. Autre point fort, l’amour du confort, qui renvoie voitures et poids lourds hors les murs, pour crier bravo au tram et au vélo. Portrait de la «Best European destination 2015». www.bordeaux-tourisme.com Le Quatrième Mur Le médiatique chef Philippe Etchebest, meilleur ouvrier de France 2000 (MOF), a ouvert un restaurant logé dans le Grand Théâtre de Bordeaux, un des très rares opéras du XVIII ème siècle encore préservé. Son nom? le Quatrième mur, expression empruntée à Diderot, qui fait référence à la cloison imaginaire séparant des comédiens à leur public. Ici, la cuisine est sous les feux de la rampe, dans l’élégant décor de boiseries, peintures et lustres. Au lever de rideau, on peut apprécier la marinade de moules, avec légumes, huile essentielle et émulsion… un potage très gourmand et riche en goût, rare pour cette entrée souvent négligée. Au deuxième acte, les aiguillettes de canette, avec du chou, une sauce forte, de la coriandre, du sésame et des aubergines révèlent une forte personnalité, notamment grâce aux épices. Le finale, deux scénarios possibles, la Panna cotta, avec son crumble poire et flan chocolat amer (très bien pensé!) ou le Millefeuille aux agrumes avec crème anglaise (et une pâte extra légère). Le Quatrième Mur 2 place de la Comédie +33 5 56 02 49 70

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La Cité du vin On l’attendait depuis longtemps, voilà qu’elle sortira en juin, la Cité du Vin. Un édifice signé par les parisiens de XTU, qui ont notamment conçu le pavillon français de Milan 2015. Consacré à tous les vins du monde, l’édifice en forme d’un ceps de vigne veut amener le visiteur à travers le vin et ses civilisations. Dans ce bâtiment de verre sérigraphié et couvert en panneaux d’aluminium laqué irisé perforés, le programme conçu par les scénographes britanniques Casson Mann invite à découvrir l’histoire du vin, ses arômes, ses goûts sur 13500 m 2 répartis sur 8 étages, dont le dernier offre une vue panoramique, entre pont Chaban-Delmas et d’Aquitaine et l’ancien quartier industriel des Bassins à Flot. Rendez-vous en juin 2016 pour son ouverture publique! Cité du Vin 94 Quai de Bacalan www.citedescivilisationsduvin.com

Vins Parce que Bordeaux est d’abord célèbre pour ses vignobles, voici deux adresses à essayer et des crus à déguster. Sur le mythique plateau calcaire de Saint-Emilion d’abord, il faut passer visiter une famille présente depuis 400 ans, les DavidBeaulieu, spécialisés dans la culture et l’élevage bio. Fonctionnant comme un mini-écostystème leur domaine château Coutet compte un étang, un poulailler, quelques oies et des arbres fruitiers. On quitte Saint-Emilion pour rejoindre l’autre célébrissime cru, celui de Pomerol, connu notamment grâce au château Petrus. En l’occurrence, on s’arrête au château Tailhas, tenu depuis 5 générations dans la même famille. Sur ces 11 hectares d’un seul tenant, riche en graves et oxydes de fer, le Merlot et roi, lui qui est élevé dans des cuves en béton (si si!) datant de 1920. © Olga Baranova

www.chateau-coutet.com www.tailhas.com

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Texte // Olivier Gurtner

Volutes veloutées L’InterContinental se remarque dans le bâti de Genève. Si le volume en impose, c’est l’atmosphère discrète qui repose. Dans le quartier des Nations, entre négociations entre nations et discussions de résolutions, une pause s’impose. Passé le hall en pierre de taille, qui contraste avec la façade de verre et d’aluminium, on emprunte la volée de marches pour le Fumoir, un oasis des plaisirs. Dans la cité de Calvin, certains voient l’InterContinental comme une adresse discrète –où tenir d’importantes négociations secrètes– ou comme un phare à paillettes pour des étoiles comme Charles Aznavour ou Christophe Lambert. Avec sa mallette ou ses paillettes, c’est pourtant bien ici qu’on s’arrête. Car le Fumoir reprend du service et il faut profiter de la vie sans tour de vis.

Se perdre sur la route du Rhum Escaladée l’imposante volée de marches, on va se lover dans les élégants Chesterfield, pour choisir son plaisir. Entre vitoles et alcools, on pendra son temps. Les yeux finissent par se perdre dans cette encyclopédie qui fait office de menu, avec presque 60 rhums qui viennent du monde entier: Barbade, Bermudes, Colombie, Guadeloupe, Marie Galante… A ceux qui aime les mélanges, le mixologue sait donner le change. Ici, on demandera un Old Fashioned sans que l’on vous regarde dans le blanc des yeux, l’air perdu. Les plus curieux se laisseront tenter par créations maison, comme le Toblerone Martini, particulièrement indiqué pour les becs à miel, puisqu’il contient amaretto, lait de nougat, liqueur Mozart et chocolat. Sinon, ce sera Catch me if you can, une composition comprenant Grey Goose poire, sirop vanille, chartreuses jaune et verte, citron et poivre noir. Enfin, rendons hommage à la tradition caribéenne des rhums arrangés, ces mélanges où les alcools sont macérés, comme dans un bon plum pudding britannique. S’évanouir dans la fumée L’alcool choisi, il faut passer au Fumoir sélectionner sa vitole. Cette pièce consacrée aux volutes vient du XIXème siècle. Dans l’enfilade des séquences du dîner aristocratique et bourgeois, invités et invitées se séparaient à l’issu du repas, ces messieurs pour fumer dans une pièce distincte. D’ailleurs, Go Out! n

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ils prirent l’habitude de retirer leur queue-depie pour enfiler une autre veste. Ainsi l’odeur du tabac ne venait pas chatouiller le nez des dames, une fois l’assemblée à nouveau réunie. De là vient d’ailleurs la Smoking jacket. Retour sur la carte, qui permet choisir son cigare en voyageant entre la République dominicaine, le Honduras et Cuba. Un seul regret, pas de Davidoff, une maison genevoise pourtant. Sur le pouce C’est ainsi que se mange le caviar. Le Fumoir propose chaque jeudi soir de fêter l’arrivée du TGIF («Thank God it’s Friday») en compagnie des œufs d’esturgeon, flanqués de vodka ou de champagne. Bonne nouvelle pour le budget et le portemonnaie, ce n’est pas le Huso Huso (Beluga) qui est servi, mais le Prunier Tradition (de la Dordogne), bien plus accessible. En effet, ceux de la mythique marque Beluga vous reviendrait à… 1222 CHF les 125 grammes. Alors on remercie l’InterContinental d’avoir retenu un cru plus accessible. Un beau cigare, un beau cocktail ou du bon caviar, il y a aucune raison de bouder le Fumoir!

Le Fumoir InterContinental Genève 7-9, chemin du Petit Saconnex ,1209 Genève 022 919 31 00 www.intercontinental-geneva.ch

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On profite bien-être

Texte // Mina Sidi Ali

The Cure Entre 52 cocktails, 23 vernissages, 15 dîners de presse par mois, on est victime de terrorisme digestif. Une belle brochette d’events qui met notre estomac en émoi mais frelate notre moi. Alors, pour éviter que les formes ronronnent sous le capot et que les kilos en trop transforment notre silhouette en celle d’un sumo, on a décidé de se prendre en main et de tester une détox en duo. Aux thalassos bobos, aux retraites exotiques, aux spas lambda, aussi alléchants soient-ils, on a opté pour une cure à base de jus de fruits et légumes bio avec Fit’n’tasty. On avait le choix entre la formule 1,3,5 et 7 jours. On s’est farci celle à 72 heures pour débutants, forcément. Morceaux choisis de notre épopée à plein régime. Quand on est journaliste, notre régime alimentaire pèse souvent sur l’estomac et cette bombance barbaque met en appétit sur le moment mais ne fait pas toujours du bien à notre santé. A la rédaction, on a toujours de quoi se mettre sous la dent. Affamé de nouveaux concepts, notre quotidien se voit avalé par des dîners conceptuels, des vernissages aux mignardises par milliers et des cocktails aux petits fours loin d’être allégés. On s’est dit qu’on allait ravaler notre salive et oublier les olives confites encas du pré-goûter. Il fallait que ça s’arrête et que nos assiettes deviennent ascètes. On a opté pour 3 jours de break alimentaire en mode détox qu’on a attendus en claquant des dents, notre estomac criant déjà famine. On avait la dalle avant même de débuter.

Décision prise après maintes consultations: on allait flirter avec la méthode Fit’n’tasty parce que ça sonnait bien et surtout car on les avait croisés lors d’un pop-up store et qu’ils avaient marqué nos esprits avec leur concept super abouti. BIO, local et pressé à froid, avec un packaging ultra design et des formules commodes, tout sonnait à merveille. Il ne restait plus qu’à convaincre nos gésiers gargantuesques. Wendy la fondatrice nous avait envoyé un guide pour nous préparer 3 jours avant et expérimenter au mieux pendant. Il fallait boire de l’eau (plus on boit, plus on élimine), se contenter d’un repas à midi et éviter clopes, alcools et autres addictions foodpornographiques. Bref, on était paré pour notre retraite «no toxines» hypotoxique, hypocalorique et énergisant. On allait recevoir un paquet livré aux aurores, composé de 5 jus de fruits et légumes par jour issus de l’agriculture locale, pressés à froid. Et aussi des recettes faciles à mitonner pour le déjeuner. Ainsi, le premier jour, le postier sensé laisser le colis devant la porte a décidé d’inaugurer notre initiation de cénobite en nous gavant dès 7h du mat de cinglants drings. On a bu notre premier jus — gingembre, citron, eau — les yeux fermés, l’estomac serré. Puis, on a enchaîné la cure comme des pros, assidus en rêvant de perdre les quelques kilos qui avaient infléchi notre physique à l’appétit infini. Goûtus, les jus composés de pomme, poire, épinard, concombre, spiruline, carotte, kiwi, betterave, persil et kale, nous ont Go Out! n

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On profite bien-être

séduit. On a parfois eu des visions surréelles, entre autres celles du Festin cannibal (1993) de Patrick Raynaud évoquant un christ en suaire s’offrant aux apôtres, dans une cène de néons et d’assiettes. «Ceci est mon corps », qu’il disait et nous de rétorquer, «partage mon frère!». Au final, on a eu les tripes de relever le défi haut la main et de ne pas craquer. Faudra qu’on réitère l’expérience tous les deux mois pour pouvoir retrouver cette sensation ineffable en fin de détox où on s’est senti léger comme des flocons… d’avoine. Ça y est, la fibre détox nous a eu!

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Fit’n’tasty Livré partout en Suisse Le mardi, jeudi et samedi Formule 1,3, 5 et 7 jours www.fitntasty.ch

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On profite bien-être

Texte // Mina Sidi Ali

Chlorys, cosmétique suisse Une jeune marque suisse fleurit dans la méga-industrie cosmétique avec des produits complets de soins dernier cri: Chlorys. 8 lignes complètes dévoilées lors d’un cocktail chic à l’Hôtel des Bergues en octobre dernier. Audacieuse, elle se distingue avec sa gamme beauté pour tous types de peau, associant biotechnologie et bienfaits à base de Rose des Alpes et de qualité Swiss made à prix attractifs. Quand le luxe devient accessible, on s’enquière d’aller poser quelques questions à Sofiane Dechemi, jeune directeur de la marque Chlorys. Leçon de talent à haut pouvoir floral et commercial. Comment est née la marque? La marque est née il y a plus de 3 ans. Je là suis depuis une année mais cela fait 3 mois que j’ai intégré le projet. J’ai très rapidement adhéré à l’univers de Chlorys, qui détient une vraie identité beauté. La gamme est complète, avec 8 lignes aux codes couleurs distincts. Cela aide énormément pour s’y retrouver. Nous venons d’ouvrir notre première boutique à la rue de Chantepoulet 9. Quelles sont les valeurs véhiculées par Chlorys? La beauté, le naturel et la technologie suisse. Les autres marques helvétiques ne communiquent pas assez sur la beauté. Elles se focalisent davantage sur l’aspect technologique. Comment s’imposer sur un marché bien chargé? Qu’est-ce qui distingue Chlorys des autres marques cosmétiques? Tout d’abord, la marque présente une gamme de produits complète. Ensuite, je dirais le positionnement dans la gamme luxe. Nous restons beaucoup plus abordable comparé à La Prairie par exemple. Si je dois résumer: nous sommes une marque de luxe qui offrons un prix juste. Je pense que nous avons clairement notre place dans le marché. En effet, le concept s’inscrit dans un créneau libre dont personne ne s’est encore saisi. L’expertise suisse légitime la qualité de notre produit composé essentiellement de plantes naturelles, dont la rose des Alpes qui est présente dans toutes les lignes. Go Out! n

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Et quelles sont ses propriétés? La rose des Alpes agit sur les causes les plus importantes du vieillissement de la peau: le stress oxydatif, la déshydratation cutanée et la perte de fermeté. La fleur est cueillie dans les Alpes suisses, où elle ne pousse qu’un mois par an et c’est une plante protégée par le gouvernement helvétique. Nous avons dû obtenir une autorisation pour que les laboratoires puissent la prélever et en extraire une concentration optimale. Cette fleur se dévoile comme la réponse la plus complète aux signes visibles de l’âge. La gamme de produits est-elle destinée qu’aux femmes? A mes yeux, hommes et femmes peuvent l’utiliser. Je l’ai d’ailleurs moi-même testée. Chlorys correspond à tous types de peau dès 25 ans lorsque les premières signes de l’âge sont à prévenir. Celle qui me plaît le plus, c’est Rosylife, pour les 35-45 ans. Ses tests d’efficacité sont les plus probants. Et elle détient le plus d’actif. Je recommande son sérum.

Chlorys Rue de Chantepoulet 9, 1201 Genève 022 900 11 90 www.chlorys.com Go Out! n

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On profite cosmétiques

Texte // Mina Sidi Ali

Luxe, calme et beauté Drapés dans des packagings ultra design, 7 produits qui ont marqué les esprits de la rédaction. The Mask  1 Véritable bain régénérant, ce masque crème, voluptueux et fondant, s’étend sur la peau en y laissant une incroyable sensation de détente et de confort. La présence hautement hydratante et nutritive du beurre d’Orchidée contribue à faire de ce moment une agréable expérience de douceur nourrissante. La peau, gorgée d’énergie, se lisse et rayonne, retrouvant une densité pulpeuse et rebondie. Le teint unifié se fait velours. Le plus: sa méthode d'application au pinceau! Orchidée Impériale, le masque, Guerlain Extrait d’excès  2 Terry de Gunzburg dévoile une nouvelle folie olfactive troublante: Ombre Mercure Extrême, extrait de parfum. Plus qu’une variation de l’Eau de Parfum, c'est une réinvention totale, surprenante, ductile et polymorphe qui coule dans le nouvel écrin d’inspiration Art Déco. Overdose de violette, sensualité du beurre d’iris, solarité ultime de l’ambre doré, cet élixir embrasse la peau d’effluves sombres et éclatantes sous ses accords balsamiques, ténébreux au mystère impénétrable. Ombre Mercure Extrême, Extrait de parfum, Terry de Gunzburg Astrogirl & boy  3 Les nouveaux coffrets Aesop ont puisé leur inspiration dans les constellations et on trouve ça canon! La thématique renvoie également aux connexions qui nous relient les uns aux autres. Nous partageons le même ciel nocturne en fonction de l’hémisphère dans lequel nous vivons, mais les pléiades symbolisent également notre réseau de relations. Le coffret-cadeau est emballé dans un magnifique fourreau sur lequel est représenté l’une des 6 constellations parmi les 88 existantes. Les boîtes contiennent entre autres les soins à la feuille de Géranium pour le corps, la gamme pour le visage à la graine de persil et des produits pour les mains et le corps. On adore! Coffret-cadeaux balise astrale Aesop

Flower power  4 Inspiré par la photo de Marc Riboud –La fille à la fleur– de 1967, celle qui fit le tour du monde où une jeune américaine offre une fleur aux soldats armés devant le Pentagone pendant la guerre du Vietnam, Kenzo a depuis poursuivi sa série Flower by Kenzo. La marque crée cette année son premier Elixir. Un floral gourmand composé de coquelicot, une fleur précieuse, à la puissance inestimable. Le parfum se pare également de framboise, de mandarine, d’essence de rose bulgare et de fleur d’oranger. Le flacon iconique se pare d'une robe rouge intense, sur laquelle irradie l'éclosion dorée de la fleur emblématique de la maison. Flower By Kenzo L'Elixir Game of light  5 À la pointe des tendances, Terry de Gunzburg offre sa vision du contouring. Simples et efficaces, ces duos compacts teint et blush architecturent et harmonisent les volumes du visage, même pour les moins douées qui sauront désormais maîtriser le jeu du clair-obscur. Dotés de la technologie Densiliss®, ce sont les seuls contouring anti-rides! Duo poudre sculptant focus rides, Terrybly densiliss by Terry Cure de sommeil en tube  6 Le produit pour tout oiseau de nuit, stressé chronique ou grand voyageur c’est lui: le Dioptifatigue! Un soin spécialiste du contour de l’œil qui vient corriger les marques de fatigue installées qui ternissent le regard. Le double acide hyaluronique défroisse la peau en la réhydratant en surface et repulpe les tissus en profondeur. L’extrait de ruscus, enrichi en caféine pure, relance la microcirculation pour décongestionner les yeux. La vitamine C stabilisée contrôle la pigmentation de la peau. La formule SOS des regards à bout de souffle! Dioptifatigue, gel correcteur anti-fatigue contour des yeux, Liérac

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1. Radio Pure — 2. Enceinte Geneva AeroSphère, Genevalab — 3. Lampe Franklin Chandelier Menu chez Aegon & Aegon — 4. Almost White - Edition limitée spéciale pour Noël, Freitag — 5. Machine à café Drop, Nescafé Dolce Gusto — 6. Calendrier perforé, HAY chez Caillou shop — 7. Lunettes de soleil, Einstoffen — 8. Théière et tasse SERAX collection Dailybeginnings chez Caillou shop — 9. Série limitée du stylo bille 849 Caran d'Ache × Paul Smith — 10. Fauteuil vintage Watford, La Redoute — 11. Collection Street inspirée de pavés de New-York, Bonnet — 12. Miroir Hang Mirror, Omelette Ed chez Chic Cham Go Out! n

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Au Grill, Il Vero, FloorTwo Bar et FloorTwo Lounge

Pour toute réservation contactez-nous au : * tarifs par personne, taxes et service compris

Tél. +41 (0) 22 908 91 61 | Fax. +41 (0) 22 908 90 92 fb1.grandhotelgeneva@kempinski.com | www.kempinski.com/geneva


Sans objet © Aglaé Bory

Danse – Acrobatie 24 novembre 20h30

Sans objet  Aurélien Bory

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