World Bank Middle East and North Africa Economic Update (October 2023) (French)

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BULLETIN D’INFORMATION ÉCONOMIQUE DE LA RÉGION MENA

TROUVER LE JUSTE ÉQUILIBRE

: EMPLOIS ET SALAIRES EN TEMPS DE CRISE DANS

LA RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD

Roberta Gatti, Daniel Lederman, Nelly Elmallakh, Jesica Torres, Joana Silva, Rana Lotfi et Ilias Suvanov

GROUPE DE LA BANQUE MONDIALE

OCTOBRE 2023

Trouver le juste équilibre : Emplois et salaires en temps de crise dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord

GROUPE DE LA BANQUE MONDIALE RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD BULLETIN D’INFORMATION ÉCONOMIQUE DE LA RÉGION MENA OCTOBRE 2023

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Cet ouvrage a été publié initialement en anglais sous le titre Balancing Act : Jobs and Wages in the Middle East and North Africa

When Crises Hit en 2023. En cas de divergence entre l’anglais et la traduction, la langue d’origine fait foi.

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Mention de la source — L’ouvrage doit être cité de la manière suivante : Gatti, Roberta, Daniel Lederman, Nelly Elmallakh, Jesica Torres, Joana Silva, Rana Lotfi et Ilias Suvanov. 2023. Trouver le juste équilibre : Emplois et salaires en temps de crise dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord. Bulletin d’information économique de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (octobre 2023), Washington, DC : La Banque mondiale. DOI : 10.1596/978-1-4648-2036-6. Licence : Creative Commons Attribution CC BY 3.0 IGO

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ISBN (version électronique) : 978-1-4648-2035-9

DOI : 10.1596/978-1-4648-2035-9

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Maquette de couverture : Rajesh Sharma

Table des matières Remerciements ......................................................................................................................................................... iv Sigles et abréviations ................................................................................................................................................. v Avant-propos : Quand l’urgence d’aujourd’hui devient destinée ................................................................................. vi Chapitre 1 Introduction et présentation générale des résultats ���������������������������������������������������������������������� 1 1.1 Tout est question d’équilibre lorsque surviennent des crises 1 1.2 Perspectives de croissance de la région ........................................................................................................... 2 1.3 Incidence des chocs macroéconomiques sur le plan humain dans la région MENA ............................................ 2 1.4 Implications des résultats et moyens d’action envisageables ............................................................................ 3 Chapitre 2 Perspectives macroéconomiques ��������������������������������������������������������������������������������������������������� 5 2.1 Perspectives de croissance de la région ........................................................................................................... 5 2.2 Inflation 12 2.3 Termes de l’échange depuis le choc provoqué par la COVID-19 14 Chapitre 3 Comment les marchés du travail réagissent-ils aux chocs ? ������������������������������������������������������������� 17 3.1 Arbitrages dans les ajustements du marché du travail ................................................................................... 17 3.2 Marges d’ajustement dans des contextes de faible et de forte inflation ........................................................... 18 3.3 Marges d’ajustement aux chocs macroéconomiques dans la région MENA ...................................................... 19 Chapitre 4 Comment le marché du travail s’est-il ajusté apres le choc de la covid-19 ? ��������������������������������� 22 4.1 Ajustement par des changements dans les niveaux d’emploi .......................................................................... 22 4.2 Changements dans les niveaux d’emploi contre changements dans les heures de travail 26 4.3 Facteurs expliquant les variations du niveau de chômage 28 4.4 Impact de la pandémie sur les pertes d’emploi dans le secteur informel 29 Chapitre 5 Comment le marché du travail s’est-il ajusté aprés de fortes dévaluations monétaires ? �����������������31 5.1 Ajustement dans les pays émergents et pays en développement .................................................................... 31 5.2 Ajustement consécutif à la dévaluation monétaire de 2016 en Égypte ........................................................... 32 Chapitre 6 Comment le marché du travail s’est-il ajusté apres un choc négatif sur les termes de l’échange ? ������� 35 6.1 Ajustement dans les pays émergents et pays en développement..................................................................... 35 6.2 Ajustements opérés par la République islamique d’Iran à la suite du choc pétrolier de 2014-2015 36 Chapitre 7 Consequences à long terme sur l’emploi et baisse des niveaux de vie ������������������������������������������ 39 7.1 Conséquences négatives à long terme des suppressions d’emplois ................................................................. 39 7.2 Érosion des salaires : accroissement des inégalités de revenus et conséquences disproportionnées sur les pauvres ........41 7.3 Moyens d’action possibles pour relever les défis du marché du travail ............................................................ 41 Bibliographie ......................................................................................................................................................... 43 Annexe A Effet de la pandémie de COVID-19 sur le chômage, par âge et par statut migratoire ............................ 47 Annexe B Indicateurs agrégés du marché du travail dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord 49 i TABLE DES MATIÈRES TROUVER LE JUSTE ÉQUILIBRE : EMPLOIS ET SALAIRES EN TEMPS DE CRISE DANS LA RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD

Liste des figures

Figure 1.1 Eléments d’arbitrage entre prix et quantité dans les ajustements du marché du travail......................... 1 Figure 1.2 Moyens d’action possibles pour répondre aux ajustements du marché du travail 4 Figure 2.1 Indice de croissance cumulée – effective et prévue – du PIB réel dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, 2021-2024.............................................................................................................. 6 Figure 2.2 Indice de variation des prévisions du secteur privé concernant la croissance du PIB réel en 2023 dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord depuis février 2022 ...........................................................................7 Figure 2.3 Prix du pétrole brut de Brent, janvier 2022 - décembre 2023 .............................................................. 7 Figure 2.4 Taux directeurs dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord en février 2022 et évolution desdits taux entre février 2022 et août 2023 ........................................................................................................ 10 Figure 2.5 Indice de croissance cumulée du PIB réel par habitant dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, 2019-2024 12 Figure 2.6 Inflation dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord après correction des variations de change, par pays ................................................................................................................................................. 14 Figure 2.7 Indice des prix mondiaux du maïs jaune, du blé et de l’huile de soja, janvier 2020 - juillet 2024 14 Figure 2.8 Indice de volatilité des termes de l’échange dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, 1980-2023 ...................................................................................................................................... 15 Figure 2.9 Corrélation entre les taux de chômage et le PIB par habitant, par niveau de revenu des pays, 2022 16 Figure 4.1 Résultats des régressions à effets fixes des résultats du marché du travail dans un échantillon mondial de PEPD, 2017-2022 .......................................................................................................... 23 Figure 4.2 Licenciements, mises en chômage technique et réduction du temps de travail ou de la rémunération après le début de la pandémie de COVID-19 (novembre 2020 - août 2021) dans certains pays de la région MENA ....................................................................................................... 23 Figure 4.3 Variation en points de pourcentage du chômage des hommes et des femmes attribuable au choc provoqué par la COVID-19 dans certains pays MENA, 2020T2-2021T4............................................... 24 Figure 4.5 Pertes et gains d’emploi chez les hommes de Cisjordanie et de Gaza après le début de la pandémie de COVID-19 (2020T2-2021T1) ........................................................................................ 28 Figure 4.6 Emploi informel en Cisjordanie et à Gaza, 2018-2021 29 Figure 5.1 Ajustements du marché du travail aux fortes dévaluations monétaires dans les PEPD, 1970-2022 ...... 32 Figure 5.2 Taux d’inflation et de croissance économique en Égypte, 2012-2022 ................................................ 33 Figure 5.3 Chômage et salaires après la dévaluation de la monnaie égyptienne en 2016 et la pandémie de COVID-19 ........................................................................................................................................ 34 Figure 6.1 Ajustements du marché du travail à une détérioration importante des termes de l’échange dans les PEPD entre 1981 et 2020 36 Figure 6.2 Taux d’inflation et de croissance économique en République islamique d’Iran, 2012-2022 ................ 37 Figure 6.3 Chômage et salaires après la détérioration des termes de l’échange et la pandémie de COVID-19 en République islamique d’Iran 38 Figure 7.1 Effet des suppressions d’emploi involontaires sur les salaires, l’emploi, le chômage et le secteur formel en Égypte ............................................................................................................................. 40 Figure 7.2 Effet des suppressions d’emploi involontaires au Mexique 40 Figure 7.3 Effet des suppressions d’emploi involontaires en Égypte .................................................................... 40 Figure A.1 Variation en points de pourcentage du taux de chômage chez les jeunes et les adultes dans cinq pays MENA que l’on peut attribuer au choc causé par la COVID-19 47 Figure A.2 Variation en points de pourcentage du chômage chez les citoyens et les non-ressortissants en Arabie saoudite et en Jordanie que l’on peut attribuer au choc causé par la COVID-19 ....................... 48 ii TABLE DES MATIÈRES RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD | BULLETIN D’INFORMATION ÉCONOMIQUE DE LA RÉGION MENA — OCTOBRE 2023

Liste des tableaux

Tableau 2.1 Croissance du PIB réel, croissance du PIB réel par habitant, solde des transactions courantes et solde budgétaire dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, par pays, 2021-2024 ..................... 8 Tableau 2.2 Inflation dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, par pays, 2021-2024 ............................... 13 Tableau 3.1 Réaction des salaires horaires nominaux et réels aux fluctuations du PIB réel dans les pays MENA et dans les PEPD 21 Tableau B.1 Indicateurs agrégés du marché du travail dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, par pays 48 Tableau B.2 Indicateurs agrégés du marché du travail pour les hommes de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, par pays ............................................................................................................... 50 Tableau B.3 Indicateurs agrégés du marché du travail pour les femmes de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, par pays ................................................................................................................ 52
des encadrés Encadré 2.1 Les effets macroéconomiques potentiels des récentes catastrophes naturelles au Maroc et en Libye .......... 9 Encadré 4.1 Méthodologie utilisée pour estimer les variations du taux de chômage attribuables à la pandémie .......... 25 Encadré 4.2 Quelles répercussions la pandémie a-t-elle eues sur les travailleurs de Cisjordanie, avec ou sans papiers, qui exercent en Israël et dans les colonies ? ........................................................................................ 30 iii TABLE DES MATIÈRES TROUVER LE JUSTE ÉQUILIBRE : EMPLOIS ET SALAIRES EN TEMPS DE CRISE DANS LA RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD
Liste

Remerciements

Le Bulletin d’information économique de la région MENA est produit par le bureau de l’économiste en chef de la Banque mondiale pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord. Le présent rapport a été rédigé par Roberta Gatti (économiste en chef pour la région), Daniel Lederman (économiste en chef adjoint), Nelly Elmallakh (chef d’équipe de projet), Jesica Torres, Joana Silva, Rana Lotfi et Ilias Suvanov. Mennatallah Emam Mousa et Diego Faurès ont apporté une aide inestimable à la recherche.

L’équipe se félicite des commentaires et conseils avisés reçus sur le rapport. Les observations de Ferid Belhaj (vice-président régional), Nadir Mohammed, Stefan G. Koeberle et Stephane Guimbert lui ont été fort utiles.

L’équipe a bénéficié des contributions et commentaires inestimables du personnel des Pôles mondiaux d’expertise en Macroéconomie, commerce et investissement (MTI) et en Protection sociale et emploi pour la région MENA, notamment : Eric Le Borgne, Sara B. Alnashar, Zeljko Bogetic, Fatma Elashmawy, Hoda Youssef, Luan Zhao, Daniel Prinz, Majid Kazemi, Anush Bezhanyan, Johanne Buba, Carole Chartouni, Johannes Koettl, Mohamed Ihsan Ajwad et Nahla Zeitoun. L’équipe remercie Samira Hillis (responsable de programme, HMNDR, Banque mondiale) et Gianluca Mele (responsable de programme, EMNDR, Banque mondiale), de leurs précieuses informations contextuelles sur la pandémie de COVID-19 en Cisjordanie et Gaza. Les commentaires en retour de nos collègues du MNACE, à savoir Hoda Assem, Federico R Bennett et Asif M. Islam, ont également été très appréciés.

L’équipe tient à remercier particulièrement de nombreux collègues de la Banque mondiale pour leur aide inestimable dans le processus de collecte de microdonnées sur le marché du travail. Même si la saisie des données n’a pas toujours été couronnée de succès, leur soutien a été déterminant pour nos travaux. Il s’agit entre autres des personnes suivantes : Ekaterina Pankratova, Yisgedullish Made, Iva Hamel, Mohamed Ihsan Ajwad, Ghassan Alkhoja, Cristobal Ridao-Cano, Carole Chartouni, Erwin W. Knippenberg, Nour Al Moghrabi, Angela Elzir, Marco Ranzani, Alexandre Arrobbio, Cyril Desponts, Kamel Braham, Henriette von Kaltenborn-Stachau, Johannes Hoogeveen, Abdoulaye Sy et Federica Marzo.

Ashraf Al-Saeed, Susan Pleming et Maha El-Swais nous ont fourni des conseils opportuns sur la formulation des messages aux derniers stades de production du rapport. Nous remercions Barbara Karni pour l’édition du manuscrit, Rajesh Sharma pour la conception de la page de couverture et Budy Wirasmo pour la composition typographique. Notre gratitude s’adresse également aux unités Traduction, Imprimerie et Multimédias du département des Solutions institutionnelles globales (GCS) de la Banque mondiale. Nous saluons enfin l’appui administratif remarquable fourni par Heran Getachew Negatu.

iv REMERCIEMENTS RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD | BULLETIN D’INFORMATION ÉCONOMIQUE DE LA RÉGION MENA — OCTOBRE 2023

Sigles et abréviations

ALMPs Politiques actives du marché du travail

ATT Effets moyens du traitement sur le groupe traité

CAPMAS Agence centrale pour la mobilisation publique et les statistiques d’Égypte

CAS Administration centrale de la statistique du Liban

CCG Conseil de coopération du Golfe

COVID-19 Maladie à coronavirus 2019

DOS Département des statistiques de Jordanie e Estimation

EIA Agence américaine d’information sur l’énergie

EMBI Indice des obligations sur les marchés émergents

ERF Forum de recherche économique

FMI Fonds monétaire international

GASTAT Autorité générale des statistiques d’Arabie saoudite

GOSI Organisme général de sécurité sociale d’Arabie saoudite

HCP Haut-Commissariat au plan du Maroc

ILOSTAT Département des statistiques de l’OIT

INS Institut national de la statistique de Tunisie

IPC Indice des prix à la consommation

MENA région Moyen-Orient et Afrique du Nord

MOAC région Moyen-Orient et Asie centrale

MPO Macro Poverty Outlook

NIS Nouveau shekel israélien

OCDE Organisation de coopération et de développement économiques

OIT Organisation internationale du travail

OPEP+ Organisation des pays exportateurs de pétrole et autres pays producteurs de pétrole

p Prévision

PDEP Pays en développement exportateurs de pétrole

PDIP Pays en développement importateurs de pétrole

PEPD Pays émergents et pays en développement

PIB Produit intérieur brut

PPA Parité de pouvoir d’achat

PSA Autorité de la planification et des statistiques du Qatar

S.O. Sans objet

SCI Centre de statistiques de l’Iran

STEO Perspectives énergétiques à court terme de l’EIA

v SIGLES ET ABRÉVIATIONS TROUVER LE JUSTE ÉQUILIBRE : EMPLOIS ET SALAIRES EN TEMPS DE CRISE DANS LA RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD

Avant-propos : Quand l’urgence d’aujourd’hui devient destinée

Soulèvement populaire connu sous le nom de Printemps arabe. Conflits armés. Augmentation de la dette publique. Défaut souverain. COVID-19. Invasion russe de l’Ukraine. Inflation. Hausse des taux d’intérêt. Volatilité du prix du pétrole. Catastrophes naturelles. Nous avons vécu et nous vivons encore une période d’incertitude pour l’économie mondiale et l’économie régionale. D’après les économistes, ces « chocs » sont censés être temporaires. Mais vont-ils marquer à jamais la ressource la plus précieuse de la région, ses habitants ? Bien que cela soit frustrant à entendre, notre économiste en chef et ses coauteurs nous disent que cela dépend. J’en conviens : ce que nous faisons aujourd’hui déterminera si l’incertitude macroéconomique actuelle laissera des séquelles irréversibles qui changeront la destinée des populations de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA).

Le nouveau Bulletin d’information économique de la région MENA intitulé « Trouver le juste équilibre », qui s’inscrit dans le prolongement de l’édition d’avril 2023 intitulée « Destins bouleversés », attire une fois de plus notre attention sur les effets durables des chocs macroéconomiques, même transitoires. Une fois de plus, le rapport met en lumière l’aspect humain de l’incertitude macroéconomique qui plane actuellement sur l’économie mondiale et, en particulier, sur notre région.

Comme pour chaque numéro du Bulletin d’information économique de la région MENA, les auteurs évaluent les perspectives macroéconomiques de la région. Selon les prévisions, la région MENA devrait connaître un net ralentissement de sa croissance en 2023, dont le profil variera entre pays exportateurs et importateurs de pétrole. Les réductions successives de la production pétrolière par les membres de l’OPEP+, combinées à des prix du pétrole relativement bas par rapport à la mi-2022, ont mis fin au discours autour de la dichotomie de la région et aux modèles de croissance divergents observés entre les pays en développement exportateurs de pétrole et les membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) d’une part, et les pays en développement importateurs de pétrole d’autre part. En 2023, la croissance devrait être plus forte dans les pays en développement importateurs de pétrole (3,6 %) que dans les pays en développement exportateurs de pétrole (2,4 %) et les pays du CCG (1 %). L’amélioration des moyens de subsistance des habitants de notre région dépend du revenu par habitant, dont la croissance devrait globalement ralentir dans la région, passant de 4,3 % en 2022 à 0,4 % en 2023. En d’autres termes, nous sommes revenus au même point qu’au début du 21e siècle : la région MENA reste sur une trajectoire inacceptable de faible croissance. Je pose à nouveau la question que je n’ai cessé de poser au cours des cinq dernières années : si la région se développe lentement, avec des poussées de croissance suivies de phases de décélération, comment les 300 millions de jeunes qui frapperont aux portes du marché du travail d’ici 2050 pourront-ils trouver un emploi digne ?

Au milieu des chocs macroéconomiques, nous risquons de perdre de vue l’essentiel. Ce rapport nous rappelle que les moyens de subsistance des populations de la région MENA sont en jeu. Alors que nous essayons de trouver notre voie dans le contexte économique actuel marqué par une volatilité accrue des termes de l’échange résultant de l’invasion russe de l’Ukraine, de la flambée des taux d’intérêt sur le marché mondial, des dépréciations monétaires et des pressions inflationnistes, nous devons garder à l’esprit ce qui compte, à savoir les moyens d’existence des populations de notre région.

En parcourant les conclusions de ce rapport, vous découvrirez probablement que les marchés du travail des pays MENA présentent des similitudes avec ceux d’autres pays émergents et pays en développement (PEPD). Cette constatation remet en question l’idée répandue selon laquelle les marchés du travail de la région MENA sont fondamentalement distincts du paysage mondial ; que nous sommes en quelque sorte exceptionnels. Cela dit, les auteurs du rapport mettent en lumière des dimensions spécifiques dans lesquelles les dynamiques de ces marchés peuvent effectivement différer. Une de ces dimensions, qui mérite notre attention, nous dit-on, est la réponse du chômage face au ralentissement de l’économie qui, dans les pays MENA, est presque deux fois plus importante que dans les autres PEPD. La conséquence en est que lorsque les marchés du travail sont confrontés à des chocs négatifs, il s’ensuit un nombre plus élevé de chômeurs dans les pays MENA que dans les autres PEPD.

vi AVANT-PROPOS RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD | BULLETIN D’INFORMATION ÉCONOMIQUE DE LA RÉGION MENA — OCTOBRE 2023

La mission de ce Bulletin d’information économique de la région MENA est de nous guider vers l’équilibre délicat que doivent établir les marchés du travail lorsque surviennent des chocs économiques. À la lecture du rapport, vous découvrirez que lorsque des chocs économiques se produisent sans entraîner d’inflation, c’est le chômage qui tient la vedette en tant que principale marge d’ajustement du marché du travail dans la région MENA. Qu’il s’agisse des répercussions de la crise de la COVID-19 ou de l’impact de la détérioration des termes de l’échange, le rapport souligne que dans la région MENA, ces chocs peuvent conduire à une augmentation du nombre de personnes se retrouvant au chômage. Les auteurs avancent un chiffre qu’il convient de garder à l’esprit. Entre 2020 et 2022, à peu près 5 millions d’emplois ont été perdus. Les jeunes ont été les plus touchés.

Ce rapport apporte un éclairage sur une autre marge cruciale d’ajustement du marché du travail en période de forte inflation, à savoir la réduction des revenus réels. Il montre dans quelle mesure le chômage peut être moins sensible à des dévaluations monétaires, l’érosion des salaires réels occupant dans ce cas une place prépondérante. Un exemple instructif tiré de l’Égypte illustre l’impact d’une telle situation dans le monde réel, les travailleurs ayant perdu jusqu’à un cinquième de leur salaire réel après la dévaluation monétaire de 2016.

Pourquoi devrions-nous nous soucier de ces résultats ? La réponse est assez simple. Notre intérêt actuel pour l’élaboration de politiques propices à des réponses immédiates face aux crises et notre action dynamique à l’appui de cet objectif sont déterminants. Faute de réformes appropriées, nous pourrions aggraver par inadvertance les défis structurels persistants qui menacent les marchés du travail de la région MENA. Le rapport suscite des incertitudes liées aux conséquences négatives à long terme que pourraient avoir des suppressions d’emploi involontaires. Comme le soulignent ses auteurs, les pertes d’emplois causées par des chocs temporaires peuvent avoir des conséquences à long terme sur les personnes concernées. En Égypte, par exemple, la probabilité est plus grande pour les hommes qui ont connu des suppressions d’emploi involontaires, en raison de la fermeture d’une entreprise ou d’un licenciement par l’employeur, de rester au chômage ou d’intégrer le secteur informel, même dix ans après avoir perdu leur emploi. Les séquelles sur le marché du travail sont réelles : elles sont mises en évidence dans la littérature scientifique validée par les pairs, nous dit-on, et nous devrions essayer de réduire les pertes d’emplois.

Le rapport souligne par ailleurs l’importance de préserver la flexibilité des salaires réels pendant les périodes de chocs économiques défavorables, ce qui peut contribuer à limiter les pertes d’emplois, tout en protégeant les couches vulnérables de la population à l’aide de programmes de transferts monétaires bien ciblés. Il est grand temps de réformer les systèmes de protection sociale de la région, car les subventions inefficaces du passé se sont en quelque sorte intensifiées au cours des récentes années de turbulences économiques, tandis que les programmes de transferts monétaires, qui sont beaucoup plus efficaces et efficients, sont insignifiants par rapport aux largesses budgétaires déployées pour soutenir la consommation. L’heure des réformes a sonné, car hier n’est plus.

Je vous invite à lire cet important rapport technique qui analyse les ajustements du marché de l’emploi dans les pays MENA et dans les autres pays émergents et pays en développement face à divers chocs. Page après page, vous constaterez que les conditions du marché du travail ne se résument pas à des chiffres sur un graphique, mais qu’elles détiennent le pouvoir d’influer sur notre bien-être économique et sur les assises mêmes de notre société.

vii AVANT-PROPOS TROUVER LE JUSTE ÉQUILIBRE : EMPLOIS ET SALAIRES EN TEMPS DE CRISE DANS LA RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD

CHAPITRE 1 INTRODUCTION ET PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES RÉSULTATS

Les défis structurels des marchés du travail occupent une place importante dans le programme d’action de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) depuis des décennies, mais la réflexion sur la façon dont ces marchés s’ajustent aux chocs n’avait jamais été aussi importante qu’aujourd’hui. Alors que la région se relève des effets de la crise provoquée par la COVID-19 et s’attache à remédier à la volatilité accrue des termes de l’échange qui fait suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, ses habitants sont aux prises avec les conséquences sur leurs moyens de subsistance de la hausse mondiale des taux d’intérêt, de la dépréciation des monnaies et des pressions inflationnistes qui en découlent. Le présent rapport expose les dernières prévisions macroéconomiques de la Banque mondiale et examine l’aspect humain des chocs macroéconomiques provoqués par les événements mondiaux interconnectés survenus ces quatre dernières années à travers l’une des toutes premières analyses systématiques des ajustements du marché du travail en réponse aux secousses dans la région MENA. Compte tenu des perspectives qui se profilent pour cette région, la façon dont les marchés du travail réagissent aux chocs continuera de revêtir une importance fondamentale.

1.1 Tout est question d’équilibre lorsque surviennent des crises

Les marchés du travail peuvent s’adapter aux chocs par le biais de changements au niveau des salaires réels, à travers différentes marges de l’emploi (taux d’activité, chômage, économie informelle, heures de travail effectives) et/ou par la réaffectation des ressources entre les entreprises, les professions ou les secteurs d’activité. Lorsqu’en période de ralentissement économique les salaires réels sont fixes ou rigides, les ajustements aux chocs sur le marché du travail se font principalement par les marges de l’emploi. Lorsque les salaires réels sont flexibles, les ajustements au niveau du chômage, de l’économie informelle et des taux d’activité sont considérablement réduits.

Cela dit, la rigidité des salaires nominaux est généralement plus marquée à la baisse. Les salaires réels peuvent cependant s’ajuster si le choc économique se traduit par des taux d’inflation plus élevés, ce qui amortit l’ajustement par l’emploi, comme on le voit à la figure 1.1.

Figure

entre prix et quantité dans les ajustements du marché du travail

Ajustements du marché du travail

Quantités (situation de l’emploi)

Marge intensive (heures de travail effectives)

Lorsque le choc provoque une inflation :

Source : Conception des auteurs.

Marge extensive (nombre d’employés) Rigidité à la baisse des salaires nominaux

Trouver le juste équilibre

Ajustement par les quantités Baisse des salaires réels

L’exercice d’équilibre consiste à faire des arbitrages sur le marché du travail lorsqu’une économie est confrontée à des chocs économiques qui donnent lieu à une diminution de la demande de main-d’œuvre. L’un des arbitrages les plus importants à opérer porte sur la réduction des emplois et sur la baisse des salaires réels dans des environnements inflationnistes, bien qu’aucune de ces deux options ne soit souhaitable. Les pertes d’emploi temporaires peuvent induire des effets négatifs à long terme sur les travailleurs (ce que la littérature académique désigne en anglais par labor scarring), et l’érosion des salaires réels a des conséquences désastreuses sur les niveaux de vie et les inégalités des revenus.

1�1 Eléments d’arbitrage
Prix (salaires)
1 CHAPITRE 1. INTRODUCTION ET PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES RÉSULTATS TROUVER LE JUSTE ÉQUILIBRE : EMPLOIS ET SALAIRES EN TEMPS DE CRISE DANS LA RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD

Les politiques qui traitent des incidences négatives des cessations d’emploi, telles que les politiques actives du marché du travail, affichent jusqu’à présent des résultats mitigés. En revanche, des transferts d’argent bien ciblés ont montré leur efficacité pour répondre à court terme aux pertes de revenus. Le présent rapport préconise par conséquent de maintenir la flexibilité des salaires réels en cas de chocs négatifs pour aider à réduire les pertes d’emploi, tout en protégeant les personnes vulnérables à l’aide de programmes de transferts de fonds bien ciblés.

1.2 Perspectives de croissance de la région

En 2022, la région MENA a enregistré une croissance extrêmement rapide à la faveur de la flambée des cours du pétrole. D’après les prévisions, l’activité économique de la région devrait ralentir en 2023 et la croissance s’effondrer, passant de 6 % en 2022 à 1,9 % à peine. Le rythme exceptionnel de la croissance en 2022 a été imprimé par les pays exportateurs de pétrole de la région, et surtout par les pays membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui ont progressé plus rapidement que les pays importateurs et qui, de ce fait, ont tiré ces derniers. Cet écart devrait se refermer en 2023 et 2024, mettant un terme à l’existence de ce qui s’apparente à « deux MENA ».

Dans les pays du CCG, la croissance devrait s’établir en moyenne à 1 % en 2023, ce qui est nettement inférieur aux 7,3 % enregistrés en 2022. La décélération devrait être moins accentuée dans les pays en développement exportateurs de pétrole, dont le taux de croissance devrait se situer à 2,4 %, soit une baisse par rapport aux 4,3 % de 2022. Dans les pays en développement importateurs de pétrole de la région, il est prévu un taux moyen de croissance de 3,6 %, contre 4,9 % en 2022. En 2024, la croissance dans la région MENA devrait s’accélérer pour atteindre 3,5 %, sans que l’on n’observe une grande différence entre les pays exportateurs et importateurs de pétrole.

Le PIB réel par habitant est une meilleure mesure du niveau de vie. Selon les prévisions, il devrait dégringoler à 0,4 % en 2023, partant de 4,3 % en 2022. Certes, le ralentissement s’observe dans tous les groupes de pays, mais il est plus marqué chez les exportateurs de pétrole. Dans les pays du CCG, le PIB par habitant devrait enregistrer une baisse de 1,5 %, ce qui contraste nettement avec le taux de croissance de 4 % affiché en 2022. Dans les pays en développement exportateurs de pétrole, le PIB réel devrait croître de 1 %, contre 2,9 % en 2022. Dans les pays en développement importateurs de pétrole, les projections tablent sur une baisse du taux de croissance du PIB par habitant, qui devrait passer de 3,7 % en 2022 à 2,2 % en 2023. À la fin de 2023, huit des 15 économies de la région MENA auront retrouvé le niveau de PIB réel par habitant qu’elles avaient avant la pandémie.

1.3 Incidence des chocs macroéconomiques sur le plan humain dans la région MENA

Le présent rapport compare les marchés du travail de la région MENA avec ceux d’autres pays émergents et pays en développement (PEPD) en périodes de contraction et d’expansion économiques. Il fait ensuite une analyse approfondie de trois chocs macroéconomiques, à savoir la crise provoquée par la COVID-19, les dévaluations monétaires importantes et les chocs négatifs sur les termes de l’échange (autrement dit la baisse des prix à l’exportation d’un pays par rapport à ses prix à l’importation).

Les résultats obtenus montrent que, dans l’ensemble, les marchés du travail des pays MENA et ceux des autres PEPD s’adaptent aux chocs de façon similaire. En période de ralentissement de l’économie (lorsque le PIB réel est inférieur à sa tendance à long terme), le taux d’activité baisse dans les deux groupes de pays, tandis que le chômage et l’emploi informel augmentent. Les salaires sont aussi rigides à la baisse dans les deux groupes, c’est-à-dire qu’ils restent globalement au-dessus de leur tendance à long terme en périodes de contraction.

Les marchés du travail des pays MENA diffèrent néanmoins de ceux des PEPD sur un point essentiel, à savoir qu’en période de ralentissement, la réaction du chômage dans la région MENA est presque deux fois supérieure à ce qu’on observe dans les PEPD. L’analyse indique par exemple que jusqu’à 5,11 millions de personnes dans la région MENA pourraient avoir connu des suppressions d’emploi à cause des chocs de 2020-2022, posant des défis à long terme pour

2 CHAPITRE 1. INTRODUCTION ET PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES RÉSULTATS RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD | BULLETIN D’INFORMATION ÉCONOMIQUE DE LA RÉGION MENA — OCTOBRE 2023

les marchés du travail de la région. Cette différence dans la réponse du marché du travail conditionne la formulation de politiques visant à remédier aux répercussions de chocs importants sur les moyens de subsistance des populations.

Cependant, lorsque les chocs sont inflationnistes, le chômage tend à être moins sensible, celui-ci pouvant même diminuer dans certains cas. À la suite de fortes dévaluations par exemple, les travailleurs peuvent être préservés du chômage, les niveaux d’emploi restant relativement stables. Cependant, leur pouvoir d’achat va s’amenuiser à cause de la baisse de leur revenu réel.

Ce type d’ajustement s’est produit lors de la dévaluation monétaire qui a eu lieu en 2016 en République arabe d’Égypte. La Banque centrale d’Égypte ayant mis fin au contrôle des changes et au régime de flottement dirigé le 3 novembre 2016, la livre égyptienne avait enregistré une forte dépréciation. Au quatrième trimestre 2016, la variation en glissement annuel du taux de change nominal (en unités de monnaie nationale par rapport au dollar) s’établissait à 87 %. Cette forte dépréciation a donné lieu à une inflation de 30 % en 2017. Les taux de chômage n’ont cependant pas bondi. En revanche, au cours des six mois qui ont suivi, les salaires réels ont diminué de 10 %. Quinze mois après la dépréciation de la monnaie, ils avaient baissé de 20 %.

Lorsque les chocs ne sont pas inflationnistes, le chômage constitue la principale marge d’ajustement dans la région MENA. À la suite de la crise provoquée par la COVID-19, les marchés du travail se sont principalement ajustés par le biais d’une réduction de l’emploi et des heures de travail effectives dans les pays MENA où les niveaux d’inflation étaient faibles, une tendance qui s’observe communément à travers le monde. Les enquêtes de surveillance de la COVID-19 dans la région MENA menées par le Forum de recherche économique (ERF) en novembre 2020 montrent que 29 % des travailleurs salariés au Maroc et en Tunisie ont déclaré avoir subi un licenciement ou une mise en chômage technique, 21 % ont signalé une diminution d’heures de travail, mais seulement 15 % ont fait état d’une baisse de salaire.

Les ajustements du marché du travail à la suite de chocs négatifs sur les termes de l’échange se font généralement par le biais de changements dans les quantités ; lorsque les termes de l’échange se dégradent, un plus grand nombre de personnes peut se retrouver au chômage. La baisse des cours mondiaux du pétrole en 2014-2015 a entrainé une diminution de la demande globale et une pression à la baisse des prix. En République islamique d’Iran, le taux de chômage a progressé d’environ 5 % au cours du trimestre qui a suivi le choc, et jusqu’à 15 % trois trimestres plus tard, probablement parce que les salaires réels ont continué d’augmenter.

1.4 Implications des résultats et moyens d’action envisageables

En cas de chocs macroéconomiques, les décideurs politiques doivent trouver le juste équilibre entre les risques de pertes d’emplois et les risques de baisse des salaires réels. Les suppressions d’emplois peuvent compromettre les perspectives de travail, les possibilités de revenus et le parcours professionnel de manière générale. Des données attestant de la perte à long terme des revenus — autrement dit des pertes de revenus qui perdurent plusieurs années après la cessation d’un emploi ont été recueillies aussi bien dans les pays développés (Ruhm, 1991 ; Jacobson, LaLonde et Sullivan, 1993 ; Pissarides, 1992 ; Kroft, Lange et Notowidigdo, 2013 ; Filomena, 2021) que dans les pays en développement (Arias et Lederman, 2023). Le présent rapport présente des données issues de l’Égypte qui montrent que les travailleurs touchés par une suppression d’emploi involontaire (consécutive à une cessation d’emploi à l’initiative de l’employeur, à une suspension du projet ou à une fermeture de l’entreprise) ont une probabilité significativement plus élevée de se retrouver dans le secteur informel ou au chômage, même dix ans après avoir perdu leur emploi, que ceux qui n’ont jamais connu la même situation.

L’érosion à court terme des salaires réels induite par une forte inflation pose d’autres problèmes. Comme cela est indiqué dans le Bulletin d’information économique de la région MENA d’avril 2023, les ménages les plus pauvres connaissent généralement des niveaux d’inflation supérieurs à ceux des ménages les plus riches (Gatti et al., 2023), ce qui creuse davantage les inégalités. La boîte à outils sur les politiques propose différents instruments pour aider à remédier aux effets des chocs sur le marché du travail, comme on peut le voir à la figure 1.2. Tous ces instruments n’ont cependant pas apporté la preuve de leur efficacité.

3 CHAPITRE 1. INTRODUCTION ET PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES RÉSULTATS TROUVER LE JUSTE ÉQUILIBRE : EMPLOIS ET SALAIRES EN TEMPS DE CRISE DANS LA RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD

Ajustement par les quantités

Ajustements du marché du travail

Ajustement par les prix

Érosion des salaires réels Pertes d’emploi et économie informelle

Politiques actives du marché du travail

Source : Conception des auteurs.

Encourager la formalisation

Filets de sécurité sociale

Maintenir la flexibilité des salaires réels

Les politiques conçues pour améliorer l’employabilité des travailleurs à long terme, que l’on regroupe souvent sous le terme de « politiques actives du marché du travail », ont des résultats mitigés. Un examen de la littérature donne à penser que l’efficacité de tels programmes d’action dépend fondamentalement de leur nature, leur durée, leur ancrage institutionnel et leur mise en œuvre (Card, Kluve et Weber, 2010, 2018 ; Brown et Koettl, 2015 ; ILO, 2022). Les interventions visant à promouvoir la formalisation doivent également faire l’objet d’essais plus approfondis, car celles-ci se sont généralement révélées inefficaces jusqu’à présent (Floridi, Demena et Wagner, 2020).

Au regard de l’expérience, on peut dire que les politiques actives du marché du travail ne constituent probablement pas le bon instrument de politique économique que l’on devrait déployer à court terme face à des chocs macroéconomiques majeurs. Certes, elles peuvent contribuer efficacement à relever les défis structurels à long terme auxquels les marchés du travail de la région sont confrontés, mais cette question importante dépasse largement le cadre du présent rapport. Contrairement aux politiques actives du marché du travail, les transferts monétaires se sont révélés être un outil efficace pour répondre aux crises à court terme (Haushofer et Shapiro, 2016 ; Baird, McIntosh et Özler, 2011 ; Bastagli et al., 2016 ; Egger et al., 2022). Ils semblent en effet bien adaptés pour remédier aux effets négatifs de la baisse des revenus réels dans des familles pauvres et vulnérables.

Le présent rapport fait valoir que le mécanisme d’ajustement par les prix doit rester flexible pendant les crises. Lorsque cette marge d’ajustement est supprimée, les marchés du travail s’adapteront principalement par le levier de l’emploi, ce qui pourrait déboucher sur des niveaux plus élevés d’emploi informel à long terme. Les responsables politiques doivent donc résister à la tentation de soutenir les salaires et les revenus lorsque les prix augmentent. L’indexation des salaires du secteur public ou du secteur privé sur le niveau des prix pourrait se révéler contre-productive et avoir des effets délétères à long terme sur la main-d’œuvre. Les politiques publiques devraient viser à protéger les travailleurs vulnérables en cas de choc à l’aide de transferts monétaires, tout en permettant l’ajustement des salaires réels.

Une question fondamentale est de savoir comment financer l’expansion des transferts monétaires (ou des politiques actives du marché du travail si les autorités en décident ainsi) en temps de crise lorsque l’épargne budgétaire diminue. D’où l’importance de constituer au préalable des économies budgétaires sous la forme de fonds d’urgence.

Le reste du présent rapport est structuré ainsi qu’il suit : le chapitre 2 décrit les perspectives macroéconomiques de la région MENA ; le chapitre 3 présente le cadre d’analyse et les réactions du marché du travail en période de ralentissement et d’expansion économiques ; les chapitres 4, 5 et 6 examinent les réponses du marché du travail à la crise provoquée par la COVID-19, aux dévaluations monétaires de grande ampleur et aux chocs négatifs sur les termes de l’échange, respectivement ; et le chapitre 7 se penche sur les implications de l’analyse en ce qui concerne les niveaux de vie et les conséquences à long terme sur l’emploi, et décrit quelques moyens d’action envisageables à cet égard.

Figure 1�2 Moyens d’action possibles pour répondre aux ajustements du marché du travail
4 CHAPITRE 1. INTRODUCTION ET PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES RÉSULTATS RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD | BULLETIN D’INFORMATION ÉCONOMIQUE DE LA RÉGION MENA — OCTOBRE 2023

CHAPITRE 2 PERSPECTIVES MACROÉCONOMIQUES

Points clés du chapitre 2 :

• La Banque mondiale prévoit une croissance de 1,9 % pour la région MENA en 2023, soit le tiers du taux enregistré en 2022 (6 %).

• La réduction de la production pétrolière, dans un contexte marqué par le ralentissement de l’économie mondiale qui exerce une pression baissière sur les prix du pétrole, grèvera l’activité économique des pays MENA exportateurs de ce produit. Au sein du Conseil de coopération du Golfe, la croissance devrait s’établir en moyenne à 1 % en 2023, ce qui marque une nette décélération par rapport au taux de 2022, à savoir 7,3 %. Pour les pays en développement exportateurs de pétrole, les prévisions font état d’une croissance de 2,4 % en 2023, ce qui est largement en deçà des 4,3 % de 2022.

• Dans les pays importateurs de pétrole de la région, l’activité économique continue de pâtir du durcissement des conditions financières mondiales. La croissance dans ces pays devrait s’établir à 3,6 % en 2023, contre 4,9 % en 2022.

2.1 Perspectives de croissance de la région

L’activité économique devrait fortement ralentir dans la région

Moyen-Orient et Afrique du Nord

En contraste avec la croissance exceptionnellement rapide de 2022, qui a bénéficié de la flambée des prix du pétrole après l’invasion russe de l’Ukraine, l’activité économique de la région MENA devrait décélérer en 2023. Les économistes de la Banque mondiale prévoient un taux de croissance du PIB réel de 1,9 % pour cette région en 2023 (tableau 2.1), par rapport aux 6 % de 2022.

Les prévisions de croissance dans la région MENA en 2023 sont plus proches de la moyenne mondiale, contrairement à 2022 où la région a largement distancé le reste du monde (figure 2.1). Partant de 3,1 % en 2022, l’activité mondiale devrait ralentir à 2,5 % en 20231. Le ralentissement de la croissance à l’échelle mondiale est le reflet du resserrement de la politique monétaire dans les économies avancées et de nombreux marchés émergents (avec des effets décalés et continus sur les conditions de crédit), ainsi que des conséquences prolongées des chocs négatifs concomitants de la pandémie et de la guerre en Ukraine (Global Economic Prospects, juin 2023). L’inflation, qui tend à réduire la demande réelle globale, influe aussi négativement sur l’économie mondiale. En 2024, la croissance mondiale devrait rebondir légèrement pour atteindre 2,3 %.

En 2022, les pays exportateurs de pétrole de la région MENA, en particulier ceux membres du Conseil de coopération du Golfe, ont connu une croissance rapide, dépassant les pays importateurs de pétrole à l’exception de l’Égypte. L’écart entre ces deux groupes devrait se refermer en 2023 et 2024, mettant un terme à l’existence de ce qui s’apparente à « deux MENA ».

Au sein du CCG, la croissance en 2023 devrait être de 1 % en moyenne, soit 2,2 points de pourcentage de moins que prévu dans le Bulletin d’information économique d’avril 2023, et loin derrière les 7,3 % de 2022. Dans les pays en développement exportateurs de pétrole, la décélération est moins marquée. Leur croissance attendue pour 2023 est de 2,4 %, ce qui est

5 CHAPITRE 2. PERSPECTIVES MACROÉCONOMIQUES TROUVER LE JUSTE ÉQUILIBRE : EMPLOIS ET SALAIRES EN TEMPS DE CRISE DANS LA RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD
1 Source : Calculs des auteurs, à partir de données du Macro Poverty Outlook de la Banque mondiale (octobre 2023) pour 186 économies.

Figure 2�1 Indice de croissance cumulée – effective et prévue – du PIB réel dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, 2021-2024

a. Région MENA et reste du monde b. Par sous-groupe régional

Croissance cumulée du PIB réel depuis 2021 (2021=1)

Croissance cumulée du PIB réel depuis 2021 (2021=1)

Monde

Conseil de coopération du Golfe Pays en dév. exportateurs de pétrole Pays en dév. importateurs de pétrole (sauf Égypte) Égypte (année civile)

Source : Calculs des auteurs à partir du Macro Poverty Outlook de la Banque mondiale, octobre 2023.

Note : La région MENA comprend l’Algérie, l’Arabie saoudite, Bahreïn, la Cisjordanie et Gaza, Djibouti, l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Iraq, la Jordanie, le Koweït, le Maroc, Oman, le Qatar, la République islamique d’Iran et la Tunisie. Le Conseil de coopération du Golfe regroupe l’Arabie saoudite, Bahreïn, les Émirats arabes unis, le Koweït, Oman et le Qatar. Les pays en développement exportateurs de pétrole sont l’Algérie, l’Iraq et la République islamique d’Iran. Les pays en développement importateurs de pétrole, à l’exclusion de l’Égypte, comprennent la Cisjordanie et Gaza, Djibouti, la Jordanie, le Maroc et la Tunisie. Les estimations du PIB réel concernant l'Égypte au panneau B correspondent aux années civiles. Les taux de croissance moyens pondérés du PIB réel aux niveaux régional et sous-régional sont calculés en utilisant les niveaux du PIB réel de l’exercice précédent comme éléments de pondération.

inférieur aux 4,3 % de 2022. Dans les pays en développement importateurs de pétrole, la moyenne attendue pour 2023 est de 3,6 %, en baisse par rapport aux 4,9 % de 2022.

En 2024, la croissance devrait s’accélérer pour atteindre 3,5 % dans la région MENA, 3,6 % dans les économies du CCG, 3,4 % dans les pays en développement exportateurs de pétrole et 3,4 % dans les pays en développement importateurs de pétrole.

Les turbulences sur les marchés mondiaux du pétrole ont freiné la croissance des pays exportateurs de pétrole de la région Selon les prévisions, la croissance dans la région MENA devrait ralentir en 2023, en raison à la fois des effets de base et des répercussions du ralentissement de l’économie mondiale. Les prévisions pour 2023 ont de nouveau été revues à la baisse au cours des 12 derniers mois qui ont suivi les coupes de production annoncées par l’OPEP+ en octobre 2022 et avril 2023, ainsi que les réductions supplémentaires dont a fait état l’Arabie saoudite en juin 2023 (figure 2.2). Après l’annonce d’avril 2023 particulièrement, la moyenne des prévisions des analystes du secteur privé pour 2023 a fortement baissé pour les économies du CCG, suivie de la moyenne pour la région MENA. La moyenne tendancielle des prévisions du secteur privé concernant les économies du CCG en 2023 a continué de se détériorer avec l’annonce faite par l’Arabie saoudite en juin. Les prévisions du secteur privé pour les pays en développement exportateurs de pétrole ont également changé après avril 2023, mais d’une manière moins drastique que celles concernant le CCG. Les prévisions pour les pays en développement importateurs de pétrole ont poursuivi leur tendance à la baisse amorcée deux ans plus tôt. Malgré les coupes de production, les prix moyens du pétrole pour 2023 n’ont pas retrouvé les niveaux de 2022 (figure 2.3). Au 20 septembre 2023, le prix au comptant du Brent avait bondi à 93,5 dollars le baril, mais le prix moyen estimé du pétrole pour l’année civile 2023 (sur la base des contrats au comptant et à terme) était de 83,5 dollars, ce qui est nettement inférieur à la moyenne de 2022 (100 dollars)2. L’augmentation de la production pétrolière dans d’autres pays,

2 Source : Calculs des auteurs, à partir des données de Bloomberg L.P. Le prix moyen en 2023 est estimé en utilisant le prix au comptant pour le 22 de chaque mois entre janvier et août 2023, le prix au comptant pour le 20 septembre 2023 et les contrats à terme d’octobre 2023 jusqu’à la fin de l’année (sur la base d’un total de 12 points de données pour 2023).

1,15 1,10 1,05 1 202120222023e2024p 1,15 1,10 1,05 1
202120222023e2024p MENA
6 CHAPITRE 2. PERSPECTIVES MACROÉCONOMIQUES RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD | BULLETIN D’INFORMATION ÉCONOMIQUE DE LA RÉGION MENA — OCTOBRE 2023

2�2 Indice de variation des prévisions du secteur privé concernant la croissance du PIB réel en 2023 dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord depuis février 2022

dont les États-Unis, pourrait exercer une nouvelle pression baissière sur les prix mondiaux du pétrole3 .

Fév-2022Mars-2022Avr-2022Mai-2022Juin-2022Juil-2022Août-2022Sept-2022Oct-2022Nov-2022Déc-2022Jan-2023Fév-2023Mars-2023Avr-2023Mai-2023Juin-2023Juil-2023Sept-2023

 MENA  CCG

 PDEP  PDIP

Août-2023

Source : Calculs des auteurs sur la base des données de Consensus Focus Economics Forecasts La région MENA exclut la Cisjordanie et Gaza, Djibouti, la Libye et la Syrie, faute de données. Le CCG regroupe l’Arabie saoudite, Bahreïn, les Émirats arabes unis, le Koweït, Oman et le Qatar. Les PDEP sont l’Algérie, l’Iraq, la République islamique d’Iran et le Yémen. Les PDIP comprennent l’Égypte, la Jordanie, le Liban, le Maroc et la Tunisie. Les prévisions de croissance de l’Égypte sont extrapolées de l’exercice budgétaire à l’année civile (l’exercice budgétaire de l’Égypte débute le 1er juillet). Pour l’année civile 2023, la prévision constitue la moyenne de la croissance prévue pour les exercices 2022-2023 et 2023-2024. La croissance moyenne prévue pour chaque groupe est une moyenne pondérée de la croissance prévue au niveau des pays pour 2023, en utilisant les estimations des PIB réels pour 2022 comme éléments de pondération.

En raison de la baisse des niveaux de production pétrolière dans un contexte d’atonie des prix, l’activité économique en Arabie saoudite devrait se contracter de 0.9 % en 2023, ce qui représente une dégringolade par rapport aux 8,7 % de 2022 (tableau 2.1). La croissance dans les autres économies du CCG devrait également se contracter fortement en raison de perspectives moins favorables sur le marché pétrolier. Aux Émirats arabes unis, la croissance plongera de 6,6 % en 2022 à 3,4 %. Elle va chuter brutalement à Oman, passant de 4,3 % en 2022 à 1,4 %. L’activité économique dans les pays du CCG devrait néanmoins reprendre en 2024, dans l’hypothèse d’un assouplissement des quotas de production de l’OPEP+.

Figure 2�3 Prix du pétrole brut de Brent, janvier 2022 - décembre 2023

 Guerre en Ukraine  Annonce de l’OPEP+ (avril 2023)  Annonce de l’Arabie saoudite (juin 2023)  L'Arabie saoudite prolonge les coupes (septembre 2023)

Prix au comptant Contrats à terme en décembre 2022 Contrats à terme en mars 2023 Contrats à terme (septembre 2023)

Source : Calculs des auteurs, sur la base des données de Bloomberg L.P.

Note : La ligne noire indique les prix au comptant du pétrole brut de Brent au 20 septembre 2023. Les lignes en pointillés de couleur représentent les prix à terme du pétrole brut de Brent au 1er décembre 2022 et au 1er mars 2023 (bases de référence), ainsi qu’au 6 septembre 2023, respectivement (un jour de Bourse après l’annonce de l’Arabie saoudite).

Parmi les pays en développement exportateurs de pétrole, la croissance du PIB en Iraq et en Algérie devrait suivre l’évolution des marchés mondiaux du pétrole. En Iraq, les prévisions pour 2023 ont été actualisées à -2,3 %, soit 5,1 points de pourcentage de moins que les prévisions d’avril 2023 et bien loin des 7 % observés en 2022. De même, en Algérie, la croissance devrait tomber à 2,1 % en 2023, par rapport à 3,2 % en 2022. En revanche, la croissance en République islamique d’Iran devrait maintenir un rythme modéré à 4,1 % en 2023, qui est légèrement supérieur aux 3,8 % de 2022.

3 Le 8 août 2023, l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA) a publié un communiqué de presse indiquant que la production américaine de pétrole brut devrait pour la première fois dépasser 12,9 millions de barils par jour en fin 2023, puis franchir les 13 millions de barils par jour au début de 2024. Dans ses Perspectives énergétiques à court terme (STEO) du mois d’août, l’EIA prévoit que la production américaine de pétrole brut atteindra en moyenne 12,8 millions de barils par jour en 2023, soit 200 000 de plus que dans ses prévisions de juillet (https://www.eia.gov/pressroom/releases/press538.php). En outre, des articles de presse plus récents ont rapporté que les volumes de production pétrolière en Iran ont augmenté au cours des derniers mois (par exemple, https://www.reuters.com/business/energy/opec-oil output-rises-august-iran-hits-2018-high-reuters-survey-2023-08-31/ and https://www.bloomberg.com/news/articles/2023-08-22/iran-aims-to-boost-oil-output-complicating-opec-and us-efforts?embedded-checkout=true).

Indice de variation des prévisions (février 2022 = 0) 0,8 0,4 0 -0,4 -0,8 -1,2 -1,6
Figure
Dollars par baril 130 120 110 100 90 80 70 Jan-2022 Avr-2022 Juil-2022 Oct-2022 Jan-2023 Avr-2023 Juil-2023 Oct-2023 Jan-2024 Avr-2024 Juil-2024 Oct-2024
7 CHAPITRE 2. PERSPECTIVES MACROÉCONOMIQUES TROUVER LE JUSTE ÉQUILIBRE : EMPLOIS ET SALAIRES EN TEMPS DE CRISE DANS LA RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD

En Libye, les inondations survenues dans la vallée du Wadi Derna les 10 et 11 septembre 2023 ont causé des dégâts sans précédent. Les implications pourraient être considérables (encadré 2.1). Au moment de la rédaction du présent rapport, la Banque mondiale n’avait pas encore procédé à une évaluation d’impact complète. Les prévisions de croissance des économistes de la Banque pour 2023 n’ont pas été revues à la baisse du fait des inondations, car les premières informations semblent indiquer que les effets de ces dernières sur le secteur des hydrocarbures (qui représente 60 % du PIB) seront de courte durée.

Tableau 2�1 Croissance du PIB réel, croissance du PIB réel par habitant, solde des transactions courantes et solde budgétaire dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, par pays, 2021-2024 Croissance du PIB réel (en pourcentage) Croissance du PIB réel par habitant (en pourcentage) Solde des transactions courantes (en pourcentage du PIB) Solde budgétaire (en pourcentage du PIB)

Source : Calculs des auteurs à partir du Macro Poverty Outlook de la Banque mondiale, octobre 2023.

Note : e = estimation, p = prévision et S.O. = Sans objet. Les valeurs sont arrondies à la première décimale. Les données concernant l’Égypte correspondent à son exercice budgétaire (juillet-juin). Le Liban, la Libye, la Syrie et le Yémen ne sont pas pris en compte dans les moyennes régionales et sous-régionales en raison de l’incertitude qui entoure leurs prévisions ; ils figurent à la rubrique du mémorandum. Les pays MENA à revenu intermédiaire comprennent l’Algérie, la Cisjordanie et Gaza Djibouti, l’Égypte, l’Iraq, la Jordanie, le Maroc, la République islamique d’Iran et la Tunisie. Les pays exportateurs de pétrole sont l’Algérie, l’Arabie saoudite, Bahreïn, les Émirats arabes unis, l’Iraq, le Koweït, Oman, le Qatar et la République islamique d’Iran. Le CCG comprend l’Arabie saoudite, Bahreïn, les Émirats arabes unis, le Koweït, Oman et le Qatar. Les pays en développement exportateurs de pétrole sont l’Algérie, l’Iraq et la République islamique d’Iran. Les pays en développement importateurs de pétrole comprennent la Cisjordanie et Gaza, Djibouti, l’Égypte, la Jordanie, le Maroc et la Tunisie. La croissance du PIB réel aux niveaux régional et sous-régional est issue de moyennes pondérées calculées en utilisant les niveaux de PIB réel de l’exercice précédent comme élément de pondération. Les taux de croissance du PIB réel par habitant aux niveaux régional et sous-régional sont des moyennes pondérées calculées à partir du PIB réel par habitant pour chaque économie (PIB réel divisé par la population). Les moyennes régionales et sousrégionales du solde des transactions courantes et du solde budgétaire sont calculées en utilisant les niveaux du PIB nominal de l’exercice en cours comme élément de pondération. Dans le tableau, les pays de chaque groupe sont classés par ordre décroissant de PIB par habitant en 2021 (dollars constants en parité de pouvoir d’achat de 2017).

2021 2022 2023e 2024p 2021 2022 2023e 2024p 2021 2022 2023e 2024p 2021 2022 2023e 2024p Région MENA 3,4 6 1,9 3,5 2,4 4,3 0,4 1,9 4,5 10,6 5,9 5,2 -3,3 2,2 -1,2 -1,1 Pays à revenu intermédiaire 3,5 4,6 2,9 3,4 2,1 3,3 1,6 2 0,1 3,5 1 0,6 -4,4 -1,6 -4 -4 Pays exportateurs de pétrole 3,1 6,2 1,5 3,5 2,4 4,4 -0,1 1,9 6,9 14,2 8 7 -2,3 4,1 -0,3 -0,2 CCG 3,2 7,3 1 3,6 4,6 4 -1,5 1,2 8 15,7 9,6 8,8 -2,4 4,9 0,8 1,1 Qatar 1,5 4,9 2,8 2,5 2 -1,7 1,5 1,5 14,7 26,6 16,1 13,3 0,2 10,3 6,1 5,3 Émirats arabes unis 3,5 6,6 3,4 3,7 1,1 6 3,4 3,7 10,6 13,8 12,4 11,8 -1,4 9 5,2 4,6 Bahreïn 2,7 4,9 2,8 3,3 3,7 4,2 1,9 2,4 6,6 15,4 7,8 6,6 -11 -6 -5,3 -4,5 Arabie saoudite 3,9 8,7 -0,9 4,1 6,5 4 -4,5 0,5 5,1 13,6 5,6 5,7 -2,3 2,6 -1,5 -0,1 Koweït 1,3 7,9 0,8 2,6 3,9 7,4 -0,1 1,7 16 26,3 23,1 19,1 -7,3 2,2 -8 -10,7 Oman 3,1 4,3 1,4 2,7 3,6 3 0 1,2 -4,9 6,2 5 5,1 -3,2 7,2 6 5,7 Pays en dév� exportateurs de pétrole 3 4,3 2,4 3,4 1,6 2,9 1 2,1 4,4 10,3 4,2 3,3 -2,1 2,1 -2,8 -2,9 Iran, Rép. islamique 4,7 3,8 4,1 3,5 3,9 3 3,4 2,7 3,1 3,5 4,8 3,5 -3,2 -1,9 -1,6 -2,1 Algérie 3,4 3,2 2,1 2,5 1,7 1,6 0,5 0,9 -2,8 9,4 1,9 0,3 -7,2 -2,9 -6,8 -6,8 Iraq -2,1 7 -2,3 4,3 -4,3 4,7 -4,5 2 13,2 22,6 5 5,4 4,4 12,8 -1,6 -1,4 Pays en dév� importateurs de pétrole 4,3 4,9 3,6 3,4 2,8 3,7 2,2 1,9 -4,4 -4,4 -3,2 -3,5 -6,8 -5,9 -5,5 -5,7 Égypte, Rép. arabe 3,3 6,6 4,2 3,7 1,8 5,2 2,6 1,8 -4,3 -3,5 -2,8 -2,8 -7,1 -6,2 -6 -7,1 Tunisie 4,4 2,4 1,2 3 3,5 1,7 0,4 2,1 -6 -8,6 -4 -4,6 -7,6 -6,6 -5,6 -3,6 Jordanie 2,2 2,5 2,6 2,5 0,2 1,3 2,1 2,1 -8,2 -8,7 -7,6 -5,9 -6,4 -5,8 -5,1 -5 Maroc 8 1,3 2,8 3,1 6,9 0,2 1,7 2,1 -2,3 -3,5 -1,3 -2,6 -6 -5,2 -4,6 -4,1 Cisjordanie et Gaza 7 3,9 3,2 3 4,4 1,4 0,7 0,6 -9,8 -15 -13,8 -13,2 -5,8 -1,8 -2,5 -2,5 Djibouti 4,5 3,1 4,7 5,1 3,1 1,7 3,2 3,7 -0,7 -0,1 1 -0,8 -2,9 -1,5 -1,9 -1,4 Mémorandum Libye 31,4 -1,2 14.1 4,1 29,8 -2,4 12,8 3 13,9 21 7,8 3,6 11 2,5 14,4 7,2 Liban -7 -0,6 0,2 S.O. -5,8 1,2 0,7 S.O. -12,5 -32,7 -12,8 S.O. 1 -2,9 -1,3 S.O. Syrie 1,3 -3,5 -5,5 S.O. -1,3 -7 -9,9 S.O. S.O. S.O. S.O. S.O. -9,5 -8,4 -8,4 S.O. Yémen -1 1,5 -0,5 2 -3,1 -0,7 -2,7 -0,2 -17,3 -16,5 -21,8 -13,5 -1 -2,8 -2,9 0
8 CHAPITRE 2. PERSPECTIVES MACROÉCONOMIQUES RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD | BULLETIN D’INFORMATION ÉCONOMIQUE DE LA RÉGION MENA — OCTOBRE 2023

Encadré 2�1 Les effets macroéconomiques potentiels des récentes catastrophes naturelles au Maroc et en Libye

Le 8 septembre 2023, un séisme de magnitude 7 a frappé le Maroc, dont l’épicentre se trouvait dans la chaîne montagneuse du Haut Atlas, à environ 75 km au sud-est de Marrakech. Le 13 septembre 2023, le ministère de l’Intérieur faisait état d’au moins 2 946 décès. Le 18 septembre, on dénombrait à peu près 14 000 blessés, dont plus de 1 000 dans un état critique. Dans les zones touchées, le séisme a causé d’importants dommages aux infrastructures, ce qui pourrait encore aggraver son impact économique et social.

Les 10 et 11 septembre 2023, les inondations dans l’est de la Libye et la ville de Derna, en particulier, ont fait plus de 3 950 victimes et 9 millions de personnes étaient toujours portées disparues au 16 septembre. Les pertes de moyens de subsistance pourraient accentuer la pauvreté et les déplacements internes, plus de 880 000 personnes ayant besoin d’aide humanitaire et des milliers de bâtiments et d’unités de logement ayant été endommagés.

Au moment de la rédaction du présent rapport, la Banque mondiale n’avait pas encore réalisé une évaluation complète de l’impact de ces calamités naturelles. Toutefois, les données empiriques sur les effets des catastrophes dans les pays en développement laissent penser à un ralentissement de la croissance au début et à une augmentation de l’endettement à moyen terme pour financer la reconstruction. Fan et al. (2023) examinent 282 catastrophes naturelles (inondations, tremblements de terre, sécheresses, tempêtes, glissements de terrain, activité volcanique, températures extrêmes et incendies) entre 1960 et 2019 dans 86 pays en développement où les dommages ont dépassé 1 % du PIB. Ils comparent la dynamique de la dette publique et de la croissance économique dans les économies touchées et non touchées (le groupe témoin) trois ans avant et trois ans après la catastrophe.

Ce faisant, ils constatent qu’au cours de l’année de la catastrophe, la croissance du PIB dans les économies touchées est inférieure d’environ 1,3 point de pourcentage à celle des économies non touchées. La croissance du PIB a toutefois tendance à rebondir dans les trois années suivant l’événement, avec une hausse de 0,9 point de pourcentage la première année, de 0,8 point de pourcentage la deuxième année et d’environ 0,5 point de pourcentage la troisième année. Cependant, la dette publique a tendance à s’accumuler après une catastrophe (vraisemblablement pour financer la reconstruction).

La croissance de la dette publique bondit de près de 2 points de pourcentage l’année de la catastrophe, de près de 4 points l’année qui suit, et d’environ 3 points de pourcentage au cours des années 2 et 3 (par rapport au groupe de contrôle).

Ces résultats pourraient donner une idée des conséquences macroéconomiques potentielles du tremblement de terre au Maroc et des inondations en Libye, même si les régularités empiriques compilées par Fan et al. (2023) s’appliquent aux catastrophes ayant causé des dommages importants (supérieurs à 1 % du PIB) et l’évaluation de l’impact au Maroc et en Libye n’était pas terminée au moment de la rédaction du présent rapport.

Le resserrement des conditions financières mondiales a favorisé la dépréciation des monnaies des pays importateurs de pétrole endettés de la région

Les pays en développement importateurs de pétrole restent aux prises avec les effets du resserrement des conditions financières dans le monde. Leurs comptes courants ont été mis à mal par les fluctuations des prix du pétrole et des produits agricoles provoquées par la guerre en Ukraine en 2022 (Gatti et al., 2023). Celles-ci ont entraîné une détérioration des termes de l’échange à un moment de forte vulnérabilité budgétaire, associée notamment à des niveaux élevés d’endettement par rapport au PIB4. Lorsque les économies avancées et d’autres marchés émergents ont resserré leurs politiques monétaires pour juguler l’inflation, les pays en développement importateurs de pétrole ont dû faire face à des pressions accrues du fait des sorties de capitaux, ce qui a contribué à la dépréciation de leurs monnaies. Les coûts d’emprunt ont considérablement augmenté dans les pays importateurs de pétrole endettés, en particulier, y freinant l’activité économique malgré l’amélioration de leurs termes de l’échange lorsque le choc sur les prix des produits de base s’est atténué en 2023.

4 Les termes de l’échange désignent le rapport entre (un indice) des prix à l’exportation et (un indice des) prix à l’importation
9 CHAPITRE 2. PERSPECTIVES MACROÉCONOMIQUES TROUVER LE JUSTE ÉQUILIBRE : EMPLOIS ET SALAIRES EN TEMPS DE CRISE DANS LA RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD

En Égypte, les taux directeurs ont pratiquement doublé, passant de 9,25 en février 2022 à 20,25 en septembre 2023 (figure 2.4). Les rendements à moyen terme de la dette souveraine libellée en dollars ont quintuplé ; de 3,4 % en moyenne en 2021, ils sont montés à environ 17 % en 20235. Les taux débiteurs ont quasiment doublé pour atteindre 17 % en 2023, contre 9,4 % en 20216. En Tunisie, alors que la hausse des taux directeurs a été plus modérée, les rendements à moyen terme de la dette libellée en dollars (la part du lion) ont doublé, passant de 10,4 % en moyenne en 2021 à environ 21 % en 20237.

Compte tenu de la hausse des coûts d’emprunt, il n’est guère surprenant que les perspectives de croissance en Égypte et en Tunisie se soient assombries par rapport à 2022. En outre, la dépréciation des monnaies dans les pays importateurs de pétrole est associée à une hausse de l’inflation, comme expliqué à la section 2.2, ce qui pourrait avoir des effets récessifs supplémentaires, car l’inflation tend à diluer le revenu réel des ménages, ce qui tend à son tour à réduire la consommation privée8. La croissance en Égypte devrait descendre à 4,2 % en 2023, contre 6,6 % en 2022, ce qui représentait déjà un ralentissement notable par rapport aux taux de l’ordre de 9 % enregistrés au cours des deux derniers trimestres de l’année civile 2021. En Tunisie, la croissance devrait atteindre 1,2 %, contre 2,4 % en 2022.

Figure 2�4 Taux directeurs dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord en février 2022 et évolution desdits taux entre février 2022 et août 2023

Taux directeurs

Ir aq Jordanie Om an Koweï t Arabie saou dit e Ba hreï n EAU Qata r Maro c Tunis e Algér e Ég y pt e

Régime de change

fixe/conventionnel Autres régimes de change

 Février 2022  Variation entre février 2022 et septembre 2023

Source : Calculs des auteurs, sur la base des données des sites Web des Banques centrales. Note : La variation des taux directeurs entre février 2022 et septembre 2023 est exprimée en points de pourcentage. Les données correspondent aux taux de prêt au jour le jour en Égypte et au Qatar ; aux dépôts à vue aux Émirats arabes unis ; au taux d’escompte au Koweït ; au taux principal en Algérie, en Iraq, en Jordanie, au Maroc et en Tunisie ; au taux des prises en pension à Oman et en Arabie saoudite ; et au taux de dépôt à une semaine à Bahreïn.

En revanche, la croissance au Maroc devrait s’accélérer pour s’établir à 2,8 % en 2023, contre 1,3 % en 2022. Le Maroc a été moins touché par les chocs macroéconomiques mondiaux que d’autres pays importateurs de pétrole de la région, car ses termes de l’échange se sont beaucoup plus améliorés à la faveur de la baisse des prix du pétrole en 2023 par rapport à 2022, tandis que ses coûts d’emprunt ont enregistré une plus faible augmentation. Le taux directeur est de 3 %, contre 1,5 % en 2021 (figure 2.4). Les taux débiteurs sont passés de 4,4 % en 2021 à 5,1 % en 2023, tandis que les rendements à moyen terme de la dette publique libellée en dollars oscillent autour de 6 %9. Le séisme du 8 septembre 2023 a entraîné des pertes tragiques en vies humaines et des préjudices économiques potentiellement modestes dans les zones les plus touchées (encadré 2.1). Au moment de la rédaction du présent rapport, la Banque mondiale n’avait pas encore procédé à une évaluation complète de l’impact de cette catastrophe. Les économistes de la Banque prévoient que le séisme aura un impact macroéconomique modéré, car les premières informations semblent indiquer que les perturbations potentielles du tourisme, par exemple, seront temporaires.

dollars au 20 septembre 2021, par rapport aux rendements obligataires correspondants au 20 septembre 2023. Les rendements obligataires à moyen terme libellés en dollars sont définis comme des rendements libellés en dollars arrivant à échéance deux à quatre ans après la date de référence (c’est-à-dire que pour le 20 septembre 2021, les obligations considérées comme arrivant à échéance du 20 septembre 2023 au 20 septembre 2025, et pour le 20 septembre 2023, les obligations considérées comme arrivant à échéance du 20 septembre 2025 au 20 septembre 2027).

6 Source : Calculs des auteurs, à partir des données de la Banque centrale d’Égypte. Les taux débiteurs sont une moyenne pondérée des taux d’intérêt des prêts en cours offerts par 23 banques, dont les dépôts représentent plus de 80 % des dépôts du secteur bancaire. 2021 correspond à la moyenne des taux débiteurs mensuels pour l’année. 2023 correspond à la moyenne des taux débiteurs mensuels de janvier à juillet de l’année.

7 Source : Calculs des auteurs, à partir des données de la Banque centrale de Tunisie. Les taux directeurs en Tunisie sont passés d’une moyenne de 6,3 % en 2021 à une moyenne annualisée de 8 % en 2023. Pour le calcul des rendements à moyen terme, voir la note de bas de page 5.

8 En Égypte, pays importateur de pétrole affichant le taux d’inflation le plus élevé, les économistes de la Banque mondiale prévoient un recul de la croissance de la consommation réelle, qui passerait de 6,2 % sur l’exercice 2021 à 3,6 % sur l’exercice 2023. De même, la croissance de la consommation réelle au Maroc devrait ralentir de 6,9 % en 2021 à 1 % en 2023. La consommation des ménages comprend la consommation des institutions sans but lucratif desservant les ménages, qui tend à augmenter en période de ralentissement économique pour aider les ménages à amortir les chocs.

9 Source : Calculs des auteurs, à partir des données de la Banque centrale du Maroc pour les taux directeurs et les taux débiteurs, et de Bloomberg L.P. pour les rendements de la dette publique. Les taux débiteurs de 2021 sont les taux débiteurs trimestriels moyens pour l’année, tandis que ceux de 2023 sont les taux moyens des trimestres 1 et 2 pour 2023. Sur le calcul des rendements à moyen terme, voir la note de bas de page 5. En ce qui concerne le Maroc, les données de Bloomberg couvrent une seule obligation.

5 Calculs des auteurs, à partir des données de Bloomberg L.P. Rendements moyens des obligations libellées en
25 20 15 10 5 0
10 CHAPITRE 2. PERSPECTIVES MACROÉCONOMIQUES RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD | BULLETIN D’INFORMATION ÉCONOMIQUE DE LA RÉGION MENA — OCTOBRE 2023

Les pressions sur les finances publiques et la balance courante persistent dans les pays en développement importateurs de pétrole

Les réductions de la production pétrolière et les prix modérés du pétrole pèsent sur les comptes courants et les soldes budgétaires des exportateurs de pétrole de la région MENA. Au sein du CCG, le solde des transactions courantes devrait chuter à 9,6 % du PIB, après s’être hissé à 15,7 % en 2022. L’excédent budgétaire devrait diminuer fortement, passant de 4,9 % du PIB en 2022 à 0,8 % en 2023.

Le solde des transactions courantes des pays en développement exportateurs de pétrole devrait également rétrécir, d’une moyenne de 10,3 % du PIB en 2022 à 4,2 % en 2023. Leurs soldes budgétaires devraient devenir déficitaires, à -2,8 % du PIB, contre un excédent de 2,1 % en 2022.

En revanche, les comptes courants des pays en développement importateurs de pétrole devraient se redresser, passant d’un déficit de -4,4 % du PIB en 2022 à un déficit de -3,2 % en 2023, en partie à la faveur de la baisse des prix du pétrole et, peut-être, des dépréciations monétaires et de la décélération de la demande des importations qui s’est ensuivie. Dans ce groupe, les importations globales devraient diminuer de 6,9 % par rapport à 2022 (mais augmenter de 0,2 % si l’on exclut l’Égypte). Le solde budgétaire du groupe devrait rester inchangé, même si les pressions sur les finances publiques et les comptes courants persistent, les coûts d’emprunt des États continuant de grimper.

La région affiche une faible croissance du PIB réel par habitant

Les variations du PIB réel par habitant reflètent plus fidèlement l’évolution du niveau de vie que les variations du PIB global. La croissance régionale du PIB réel par habitant devrait dégringoler à 0,4 % en 2023, contre 4,3 % en 2022 (tableau 2.1). Le ralentissement de la croissance par habitant est commun à tous les groupes de pays, mais il est plus notable chez les exportateurs de pétrole.

Dans les pays du CCG, le PIB par habitant devrait se contracter de 1,5 %, ce qui est nettement inférieur au taux exceptionnel de 4 % atteint en 2022. Les taux les plus bas du groupe sont ceux de l’Arabie saoudite, où la croissance du PIB réel par habitant devrait ralentir à -4,5 % ; du Koweït, où le PIB par habitant se contractera de 0.1 % ; et d’Oman, où le PIB réel devrait à peine s’aligner sur la croissance démographique.

Dans les pays en développement exportateurs de pétrole, on prévoit un taux de croissance du PIB réel par habitant de 1 %. À une extrémité de ce groupe figure la République islamique d’Iran, où la croissance du PIB réel par habitant devrait augmenter légèrement pour atteindre 3,4 %, par rapport à 3 % en 2022. À l’autre extrémité se trouve l’Iraq, dont la croissance du PIB réel par habitant devrait descendre à -4,5 %, en net recul par rapport aux 4,7 % enregistrés en 2022. En Algérie, on prévoit une baisse de la croissance du PIB réel par habitant à 0,5 % pour 2023, contre 1,6 % en 2022.

La croissance du PIB par habitant devrait également décélérer dans les pays en développement importateurs de pétrole, passant de 3,7 % en 2022 à 2,2 % en 2023. En Égypte, la croissance du PIB réel par habitant devrait freiner à 2,6 % durant l'exercice 2023, contre 5,2 % durant l'exercice 2022 (ou passer de 2,6 % durant l'année civile 2022 à 1,6 % durant l'année civile 2023). En Tunisie, elle devrait diminuer, s’alignant à peine sur la croissance démographique, alors qu’elle était de 1,7 % en 2022. Les perspectives sont plus encourageantes en Jordanie et au Maroc, où on prévoit un rebond à 2,1 % et 1,7 % pour 2023, respectivement.

Fin 2023, seules huit des 15 économies de la région auront retrouvé leur niveau de PIB réel par habitant d’avant la pandémie (figure 2.5). Les pays dont le PIB par habitant ne se sera pas amélioré par rapport à 2019 sont notamment la Jordanie (0,17 % en dessous des niveaux de 2019) ; le Qatar (0,3 % de moins), l’Algérie (3,3 % en dessous des niveaux de 2019), l’Arabie saoudite (3,6 %), la Tunisie (4,6 %), la Cisjordanie et Gaza (7,7 %) et l’Iraq (15,3 %). Ces écarts devraient se résorber d’ici fin 2024 en Jordanie et au Qatar uniquement.

11 CHAPITRE 2. PERSPECTIVES MACROÉCONOMIQUES TROUVER LE JUSTE ÉQUILIBRE : EMPLOIS ET SALAIRES EN TEMPS DE CRISE DANS LA RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD

Figure 2�5

Indice de croissance cumulée du PIB réel par habitant dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, 2019-2024

a. MENA et autres PEPD

b. Sous-groupes de la région MENA

Indice du PIB par habitant (2019 = 1) Indice du PIB par habitant (2019 = 1)

 MENA  PEPD (hors MENA)  Conseil de coopération du Golfe  Pays en dév. exportateurs de pétrole  Pays en dév. importateurs de pétrole (sauf Égypte et Tunisie) Égypte (année civile) Tunisie

Source : Calculs des auteurs à partir des données du Macro Poverty Outlook (MPO) de la Banque mondiale, octobre 2023.

Note : La région MENA comprend l’Algérie, l’Arabie saoudite, Bahreïn, la Cisjordanie et Gaza, Djibouti, l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Iraq, la Jordanie, le Koweït, le Maroc, Oman, le Qatar, la République islamique d’Iran et la Tunisie. Le groupe des pays émergents et pays en développement hors MENA (PEPD hors MENA) se compose de 150 pays. Certains pays sont exclus faute de données dans le MPO. Le Conseil de coopération du Golfe regroupe l’Arabie saoudite, Bahreïn, les Émirats arabes unis, le Koweït, Oman et le Qatar. Les pays en développement exportateurs de pétrole sont l’Algérie, l’Iraq et la République islamique d’Iran. Les pays en développement importateurs de pétrole, à l’exclusion de l’Égypte et de la Tunisie, comprennent la Cisjordanie et Gaza, Djibouti, la Jordanie et le Maroc. Les estimations du PIB réel concernant l'Égypte au panneau B correspondent aux années civiles. Les taux de croissance moyens pondérés du PIB réel par habitant aux niveaux régional et sous-régional sont calculés à partir du PIB réel par habitant pour chaque catégorie (PIB réel divisé par la population).

2.2 Inflation

Partout dans le monde, l’inflation continue de reculer, même si elle reste supérieure à son niveau prépandémique. Dans la région MENA, elle recule dans les économies du CCG et les pays en développement exportateurs de pétrole (tableau 2.2). Dans les pays en développement importateurs de pétrole cependant, les dépréciations du taux de change continuent d’alimenter les pressions inflationnistes. En République arabe d’Égypte, l’inflation devrait atteindre 24 % durant l’exercice 2023, soit le triple du taux de l’exercice 2022 (8,5 %). En août 2023, l’inflation globale en glissement annuel avait atteint 39,7 %10.

La figure 2.6 est une représentation sommaire de la contribution des dépréciations monétaires à l’inflation globale dans les pays MENA où la monnaie s’est dépréciée depuis février 202211. En Égypte, où la valeur du dollar en livres égyptiennes a augmenté de 97 % entre mars 2022 et août 2023, l’inflation en glissement annuel s’est établie à 24 % en moyenne pendant la même période, tandis que le taux d’inflation corrigé des variations de change était plus ou moins de –6 % en moyenne. Cet ajustement correspond au taux d’inflation (contrefactuel) si le taux de change était resté à son niveau de février 2022 et si tout le reste — y compris l’imposition de plafonds de prix intérieurs pour divers produits de base et la hausse des subventions aux denrées alimentaires — s’était produit quoi qu’il en soit. En Égypte (et au Liban, en Cisjordanie et à Gaza), la dépréciation de la monnaie nationale a eu un impact considérable sur l’inflation

10 Source : Banque centrale d’Égypte (séries non corrigées des variations saisonnières).

12 .

11 Voir Belhaj et al. (2022) pour plus de détails sur le cadre comptable utilisé pour calculer la contribution des fluctuations de change à l’inflation globale. En bref, les calculs reposent sur le postulat de la « petite économie ouverte », qui veut qu’une telle économie subisse les prix mondiaux des biens échangeables, généralement libellés en dollars au niveau mondial. Les calculs semblent indiquer que la répercussion des dépréciations monétaires sur le niveau des prix intérieurs des biens échangeables est de 1 pour 1. La répercussion sur l’inflation globale est toutefois imparfaite, car les biens échangeables représentent moins de 100 % des paniers de consommation nationaux.

12 Cette analyse ne permet pas de comparer l’intérêt d’un régime de change fixe par rapport à un régime de change flexible. En fait, certains pays de la région ayant conservé des régimes de change fixes ne se sont pas retrouvés à court de réserves, mais on peut se demander si ceux-ci devraient maintenir leur ancrage au dollar. Dans de nombreux cas, les taux de change flottants seront probablement supérieurs aux taux fixes.

1,15 1,10 1,05 1 0,95 0,90 0,85 2019 2020 2021 2022 2024p 2023e 1,15 1,10 1,05 1 0,95 0,90 20192020202120222024p 2023e
12 CHAPITRE 2. PERSPECTIVES MACROÉCONOMIQUES RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD | BULLETIN D’INFORMATION ÉCONOMIQUE DE LA RÉGION MENA — OCTOBRE 2023

Tableau 2�2 Inflation dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, par pays, 2021-2024

Source : Macro Poverty Outlook, octobre 2023.

Note : p = prévision. S.O. = Sans objet Les valeurs sont arrondies à la première décimale. Les chiffres régionaux et sous-régionaux sont basés sur la moyenne de chaque groupe de pays. Les données concernant l’Égypte correspondent à ses exercices budgétaires. Dans le tableau, les pays de chaque groupe sont classés par ordre décroissant de PIB par habitant en 2021 (dollars constants en parité de pouvoir d’achat de 2017).

L’inflation des prix des denrées alimentaires réduit le niveau de sécurité alimentaire, en particulier chez les ménages les plus vulnérables (Gatti et al., 2023). Les pressions à la hausse des prix intérieurs des denrées alimentaires restent fortes. L’indice mondial des prix alimentaires de la Banque mondiale était de 44 % supérieur en août 2023 à ce qu’il était en juin 2019. Les prix des produits agricoles (blé, maïs et huiles végétales) n’ont cessé de baisser au premier semestre de 2023, mais leur volatilité s’est renforcée durant l’été, et le prix des huiles comestibles, en particulier, a considérablement augmenté (figure 2.7). On s’attend à ce que les prix du maïs jaune et de l’huile de soja restent supérieurs aux niveaux prépandémiques jusqu’en 2024.

L’inflation alimentaire en monnaie nationale devrait rester élevée, compte tenu des pressions qui continuent de s’exercer sur les monnaies des pays de la région. En Égypte, elle a atteint environ 72 % en août 2023 en glissement annuel. En Tunisie et au Maroc, elle reste élevée, s’établissant à 15 % et 11 %, respectivement. Les taux d’inflation alimentaire sont nettement supérieurs au taux d’inflation global et nuisent de façon disproportionnée aux ménages les plus pauvres et les plus vulnérables, qui consacrent généralement une part plus importante de leurs revenus à l’alimentation.

Pourcentage 2021 2022 2023e 2024p Région MENA 2,3 5 3,3 2,4 CCG 1,9 4 2,8 2,2 Qatar 2,3 5 3 2,2 Émirats arabes unis -0,1 4,8 3,3 2,2 Bahreïn -0,6 3,6 2,3 2,2 Arabie saoudite 3,1 2,5 2,6 2,3 Koweït 3,4 4,3 3,3 2,4 Oman 1,5 2,8 1,3 1,8 Pays en dév� exportateurs de pétrole 7,2 9,3 9,3 8,6 Iran, Rép. islamique 46,2 46,5 42,6 35,8 Algérie 7,2 9,3 9,3 8,6 Iraq 6 5 4,8 4 Pays en dév� importateurs de pétrole 1,5 5,9 5 3,4 Égypte, Rép. arabe 4,5 8,5 24,1 26,7 Tunisie 5,7 8,3 9,2 8 Jordanie 1,3 4,2 2,4 2,4 Maroc 1,4 6,6 6,2 3,8 Cisjordanie et Gaza 1,2 3,7 3,8 3 Djibouti 1,5 5,1 2 2 Mémorandum Libye 2,8 4,6 2,4 2,4 Liban 150 171,2 231,3 S.O. Syrie 118,8 60,6 62,1 S.O. Yémen 31,5 29,5 14,9 17,3
13 CHAPITRE 2. PERSPECTIVES MACROÉCONOMIQUES TROUVER LE JUSTE ÉQUILIBRE : EMPLOIS ET SALAIRES EN TEMPS DE CRISE DANS LA RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD

Figure 2�6 Inflation dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord après correction des variations de change, par pays

Egypt, Arab Rep. Tunisie Maroc Algérie Cisjordanie et Gaza Iran* Liban*

 Inflation moyenne en glissement annuel d'octobre. 2021 à février. 2022  Inflation moyenne en glissement annuel de mars 2022 à août 2023

 Inflation moyenne corrigée du taux de change, en glissement annuel, de mars 2022 à août 2023

Inflation globale moyenne en glissement annuel de mars 2022 à août 2023 aux États-Unis

Source : Calculs des auteurs, sur la base des données de Haver Analytics, des instituts nationaux de statistique et de Bloomberg L.P.

Note : Les barres grises indiquent quel aurait été le taux d’inflation moyen en glissement annuel si le taux de change bilatéral de chaque pays avec le dollar était resté au niveau de février 2022

Les pays apparaissent dans l’ordre croissant du PIB par habitant en 2021 (PPA, dollars constants) au sein des catégories auxquelles ils appartiennent. Les variations du taux de change (variations de la valeur du dollar en monnaie nationale) sont calculées en utilisant le premier jour de bourse de chaque mois dans les données (c’est-à-dire que les variations de taux de change entre février 2022 et août 2023 couvriraient la période entre le 1er février 2022 et le 1er août 2023. En Algérie, au Maroc et au Liban, le dernier point de données correspond à juillet 2023.

Maïs jaune Blé Huile de soja

Source : Calculs des auteurs, sur la base des données de Bloomberg L.P.

: Les lignes

représentent

2.3 Termes de l’échange depuis le choc provoqué par la COVID-19

Il est difficile d’exagérer l’impact qu’ont eu, sur la situation macroéconomique et le développement des pays MENA, les fluctuations des prix des exportations et des importations depuis 2019. Les chocs sur les prix du pétrole du fait de la pandémie de COVID-19 et de l’invasion russe de l’Ukraine ont entraîné des répercussions dramatiques sur les termes de l’échange. En avril 2020, lorsque le prix du pétrole a atteint environ 20 dollars le baril, les termes de l’échange se sont détériorés pour les exportateurs de pétrole et se sont améliorés pour les importateurs de pétrole. Lorsque les prix du pétrole sont remontés plus tard cette même année, les termes de l’échange se sont améliorés pour les exportateurs, atteignant un pic vers juin 2022 avec des prix avoisinant en moyenne 120 dollars le baril. Cependant, les termes de l’échange des pays en développement importateurs de pétrole ont suivi la trajectoire inverse. La flambée des prix du pétrole induite par la guerre s’étant atténuée au second semestre de 2022 et en 2023, les termes de l’échange se sont dégradés pour les pays MENA exportateurs de pétrole, mais améliorés pour les importateurs de pétrole.

Inflation (pourcentage) Inflation (pourcentage) pour le Liban et l'Iran 25 20 15 10 5 0 -5 -10 250 200 150 100 50 0 -50 -100
jaune,
Recalculé, 2 janvier 2020 = 100 300 250 200 150 100 50 Jan-2020 Avr-2020 Juil-2020 Oct-2020 Jan-2021 Avr-2021 Juil-2021 Oct-2021 Jan-2022 Avr-2022 Juil-2022 Oct-2022 Jan-2023 Avr-2023 Juil-2023 Oct-2023 Jan-2024 Avr-2024 Juil-2024
Figure 2�7 Indice des prix mondiaux du maïs
du blé et de l’huile de soja, janvier 2020 - juillet 2024
Note
pleines
les prix au comptant au 20 septembre 2023 ; les lignes en pointillés représentent les prix à terme.
14 CHAPITRE 2. PERSPECTIVES MACROÉCONOMIQUES RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD | BULLETIN D’INFORMATION ÉCONOMIQUE DE LA RÉGION MENA — OCTOBRE 2023

Ces chocs ont entraîné une forte volatilité des termes de l’échange dans la région MENA, en particulier dans les économies du CCG. La figure 2.8 illustre la volatilité des termes de l’échange des produits de base au sein du CCG, dans les pays en développement exportateurs de pétrole et dans les pays en développement importateurs de pétrole de la région depuis 1980. L’indice regroupe l’énergie, les métaux et les produits agricoles, mais reflète étroitement d’autres mesures incluant les prix (valeurs unitaires) des exportations et des importations de produits manufacturés. La volatilité des termes de l’échange chez les exportateurs de pétrole de la région est plus de deux fois supérieure à la moyenne des pays émergents et pays en développement ailleurs dans le monde. Dans les économies du CCG, la volatilité des termes de l’échange a atteint un niveau record dû aux chocs occasionnés par la pandémie de COVID-19 et par l’invasion russe de l’Ukraine. Dans les pays en développement exportateurs et importateurs de pétrole, la volatilité est comparable aux niveaux observés au milieu des années 1980, ainsi que lors de la récession mondiale de 2007-2009.

Figure 2�8 Indice de volatilité des termes de l’échange dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, 1980-2023

Indice de volatilité

 Conseil de coopération du Golfe  Pays en dév. exportateurs de pétrole  Pays en dév. importateurs de pétrole  Pays émergents et pays en développement  Moyenne MENA

Source : Calculs des auteurs, à partir de la base de données du FMI sur les termes de l’échange des produits de base (Gruss et Kebhaj, 2019).

Note : La figure montre la volatilité moyenne pour chaque groupe de pays pendant chaque période de cinq ans. La volatilité est définie comme l’écart entre le choc maximum et le choc minimum des termes de l’échange. Les chocs sont calculés comme représentant la différence en pourcentage par rapport au mois précédent. L’estimation de la moyenne tient compte de la taille de la population. Les données couvrent la période entre janvier 1980 et février 2023. La région MENA comprend l’Algérie, l’Arabie saoudite, Bahreïn, la Cisjordanie et Gaza, Djibouti, l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Iraq, la Jordanie, le Koweït, le Maroc, Oman, le Qatar, la République islamique d’Iran et la Tunisie. Le groupe des pays émergents et pays en développement hors MENA (PEPD hors MENA) se compose de 127 pays. Le Conseil de coopération du Golfe regroupe l’Arabie saoudite, Bahreïn, les Émirats arabes unis, le Koweït, Oman et le Qatar. Les pays en développement exportateurs de pétrole sont l’Algérie, l’Iraq et la République islamique d’Iran. Les pays en développement importateurs de pétrole comprennent la Cisjordanie et Gaza, Djibouti, l’Égypte, la Jordanie, le Maroc et la Tunisie.

Cette turbulence des termes de l’échange depuis 2020 a touché la région MENA à un moment où les vulnérabilités budgétaires des pays à revenu intermédiaire importateurs de pétrole étaient significatives, ce qui a contribué à la dépréciation de leurs monnaies. Cette dépréciation à son tour a entraîné des taux d’inflation élevés, qui peuvent avoir une incidence considérable sur les moyens de subsistance des familles et des enfants. Fait important pour le présent rapport, puisqu’il se concentre sur les résultats du marché du travail, une inflation élevée est directement corrélée à l’érosion des salaires réels. Dans le même temps, les salaires réels s’ajustant à la baisse face à une forte inflation, les entreprises peuvent ne pas être contraintes de réduire l’emploi en procédant à des licenciements ou en réduisant leurs heures de travail lorsque l’activité macroéconomique marque le pas. L’inflation peut donc faciliter les ajustements du marché du travail en cas de turbulences macro-financières, bien qu’elle ait des conséquences néfastes sur le pouvoir d’achat des ménages. Comprendre la manière dont les marchés du travail s’ajustent aux chocs est particulièrement important dans la région MENA, où les pays affichent depuis longtemps des taux de chômage supérieurs à ceux des autres pays à revenu comparables (figure 2.9 et annexe).

Les suppressions d’emplois peuvent compromettre les perspectives de travail, les possibilités de revenu et le parcours professionnel des chômeurs, comme indiqué au chapitre 3. Il est essentiel de déterminer les marges de flexibilité qui font défaut sur les marchés du travail de la région MENA pour concevoir des réponses stratégiques qui atténueront, en cas de choc économique, les potentiels dommages à long terme subis par ceux qui perdent leur emploi. Compte tenu de l’importance des récentes dépréciations monétaires, des chocs sur les termes de l’échange et de la crise de la COVID-19, il faut impérativement chercher à comprendre les répercussions de ces phénomènes macroéconomiques sur les moyens de subsistance des peuples travailleurs de la région MENA. Les chapitres suivants offrent donc une analyse approfondie des réponses des marchés du travail face à ces chocs dans la région MENA et le reste du monde.

15 CHAPITRE 2. PERSPECTIVES MACROÉCONOMIQUES TROUVER LE JUSTE ÉQUILIBRE : EMPLOIS ET SALAIRES EN TEMPS DE CRISE DANS LA RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD

par habitant (dollars constants de 2017 ; échelle logarithmique)

 Revenu élevé  Faible revenu  Revenu moyen inférieur Revenu moyen supérieur

Source : Calculs des auteurs sur la base des données d’ILOSTAT et des Indicateurs du développement dans le monde de la Banque mondiale.

Note : La catégorie de revenu de chaque pays suit la classification de la Banque mondiale. Le taux de chômage correspond à 2022 ou à la dernière année disponible pour les pays MENA.

Taux de chômage (pourcentage) 30 25 20 15 10 5 0 1000500025000125000 CisjordanieetGaza Jordanie IraqTunisie Maroc Iran Égypte Arabiesaoudite Oman Émiratsarabesunis Qatar
Figure 2�9 Corrélation entre les taux de chômage et le PIB par habitant, par niveau de revenu des pays, 2022
PIB
16 CHAPITRE 2. PERSPECTIVES MACROÉCONOMIQUES RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD | BULLETIN D’INFORMATION ÉCONOMIQUE DE LA RÉGION MENA — OCTOBRE 2023

CHAPITRE 3 COMMENT LES MARCHÉS DU TRAVAIL RÉAGISSENT-ILS AUX CHOCS ?

Points clés du chapitre 3 :

• Les marchés du travail s’ajustent par le biais de changements dans les quantités (situation d’emploi) ou dans les prix (salaires).

• Dans un contexte de faible inflation, les marchés du travail tendent à s’ajuster via des changements au niveau de l’emploi, en raison de l’existence de rigidités à la baisse des salaires nominaux.

• L’inflation peut faciliter l’ajustement des marchés du travail en accélérant la baisse des salaires réels en périodes de chocs.

• Les chocs économiques négatifs sont associés, dans la région MENA, à une hausse plus prononcée du chômage que dans la moyenne des pays émergents et pays en développement.

• Les chocs macroéconomiques de 2020-2022 ont poussé 5,1 millions de personnes supplémentaires au chômage dans la région MENA.

• Les salaires réels dans la région sont anticycliques et présentent une rigidité à la baisse plus marquée que dans la moyenne des PEPD.

• Les autres marges d’ajustement du marché du travail affichent la même sensibilité aux chocs économiques que dans les autres PEPD.

Les perturbations économiques, politiques et sociales peuvent avoir de profondes répercussions sur les marchés du travail et agir sur l’emploi, le secteur informel, les salaires et les moyens d’existence. Comprendre comment ces marchés s’adaptent et réagissent face aux chocs — tels la pandémie de COVID-19, les importantes dévaluations monétaires et la détérioration des termes de l’échange — est crucial pour les décideurs, les entreprises et les individus, particulièrement dans le contexte actuel de crises qui se chevauchent.

Dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, qui se caractérise par une population jeune, mais un faible niveau de création d’emplois de qualité, déterminer la manière dont les marchés du travail s’ajustent aux chocs et qui supporte le poids de ces ajustements peut aider à repenser les politiques visant à promouvoir des économies et des sociétés plus résilientes13

3.1 Arbitrages dans les ajustements du marché du travail

À l’instar des autres marchés, les marchés du travail s’ajustent par le biais de changements dans les quantités (situation d’emploi) et dans les prix (salaires). Les ajustements par les quantités se produisent lorsque les entreprises modifient le nombre d’employés (marge extensive) ou les heures de travail (marge intensive). Les ajustements par les prix se produisent lorsque les entreprises augmentent ou diminuent les salaires.

Si ces trois procédés sont plausibles en théorie, les données empiriques semblent indiquer que les entreprises révisent rarement les salaires nominaux en cas de crise, optant plutôt pour un ajustement des quantités14. Ce sont ces données qui ont structuré l’intuition originelle au cœur de l’analyse de John Maynard Keynes sur le marché du travail pendant les cycles économiques et son postulat de base sur la rigidité à la baisse des salaires nominaux (Keynes, 1936).

13 Voir Islam, Moosa et Saliola (2022).
17 CHAPITRE 3. COMMENT LES MARCHÉS DU TRAVAIL RÉAGISSENT-ILS AUX CHOCS ? TROUVER LE JUSTE ÉQUILIBRE : EMPLOIS ET SALAIRES EN TEMPS DE CRISE DANS LA RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD
14 Voir, par exemple, Kaur (2019) et Erten, Leight et Tregenna (2019).

Plusieurs articles scientifiques traitent des rigidités des salaires nominaux dans les économies avancées et les pays en développement. Dans son étude sur les réactions des salaires et de l’emploi aux chocs pluviométriques en Inde, lesquels influent sur la demande de main-d’œuvre agricole, Kaur (2019) démontre l’existence d’une rigidité marquée des salaires nominaux à la baisse. En Afrique du Sud, Erten, Leight et Tregenna (2019) constatent que les districts exposés à une réduction tarifaire connaissent une contraction de l’emploi tant formel qu’informel dans le secteur des biens échangeables, sans effet significatif sur les salaires. Castellanos, García-Verdú et Kaplan (2004) trouvent d’importantes rigidités des salaires nominaux à la baisse au Mexique15.

Les données disponibles montrent moins clairement si l’ajustement par les quantités découle de changements dans les niveaux d’emploi ou dans les heures de travail. S’appuyant sur des informations probantes issues de 14 pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Ohanian et Raffo (2012) révèlent que les deux marges d’ajustement revêtent la même importance. Ils démontrent que pendant la Grande Récession (2008-2009), les changements au niveau des heures étaient presque aussi répandus que les changements au niveau de l’emploi. De même, Taskin (2013) constate, en se fondant sur des données de 1955 à 2012, que les deux marges d’ajustement étaient significatives en Türkiye et aux États-Unis. Burda et Hunt (2011) font valoir que la faible perte d’emplois enregistrée en Allemagne pendant la Grande Récession peut être partiellement attribuée à un ajustement axé sur la marge intensive. Khanna, Newhouse et Paci (2011) examinent les données relatives aux ajustements du marché du travail dans 44 pays à revenu intermédiaire après la crise financière de 2008 et montrent que ces ajustements touchaient tant l’emploi que les heures de travail.

Les règles et institutions concernant le marché du travail jouent un rôle déterminant dans la définition de l’importance respective des marges extensive et intensive. Un vaste secteur informel réduit les coûts d’embauche et de licenciement, ce qui peut pousser les entreprises à un ajustement axé sur la marge extensive (Taskin, 2013). Une réglementation pointilleuse du marché du travail, notamment une stricte protection de l’emploi, rend un ajustement axé sur la marge extensive plus onéreux pour les entreprises, ce qui peut réduire la vitesse d’ajustement de l’emploi aux chocs (David, Pienknagura et Roldos, 2020).

Les marchés du travail peuvent également s’ajuster par le biais de glissements entre secteurs, notamment entre les secteurs formel et informel. Des données provenant d’Amérique latine tendent à montrer que le secteur informel contribue de fait à la régulation du marché du travail pendant les périodes de ralentissement économique, car les coûts d’accès à l’emploi sont nettement plus bas pour les activités informelles que pour le secteur formel (Arias et al., 2018). Se fondant sur des données recueillies depuis la fin des années 1990, David, Lambert et Toscani (2019) font valoir que l’activité informelle atténue les variations du niveau de chômage qui accompagnent les fluctuations de la production en Amérique latine.

3.2 Marges d’ajustement dans des contextes de faible et de forte inflation

Les marges d’ajustement sur les marchés du travail varient selon que les chocs se produisent dans des contextes de faible ou de forte inflation, car l’inflation peut jouer sur le comportement des travailleurs et des entreprises. Les salaires réels s’ajustant à la baisse en cas de forte inflation, les entreprises n’ont pas toujours besoin de

réduire

le niveau d’emploi en procédant à des licenciements ou en diminuant les heures de travail. L’inflation peut donc faciliter les ajustements du marché du travail en accélérant la baisse des salaires réels en période de chocs. Selon ce postulat, ainsi que formulé par Tobin (1972), des niveaux élevés d’inflation permettent « de graisser les rouages » du marché du travail, réduisant ainsi le chômage frictionnel16 .

Inversement, en période de faible inflation, les salaires nominaux et réels restent relativement stables et les entreprises peuvent se voir contraintes à des ajustements quantitatifs, tels la réduction des effectifs pour diminuer les coûts de main-d’œuvre. Un contexte de faible inflation est donc susceptible d’intensifier le recours aux ajustements axés sur l’emploi dans le cadre de la réponse des marchés du travail aux crises.

15 Sans nier l’existence de ces rigidités, Elsby et Solon (2019) fournissent des données provenant de divers pays, qui indiquent que les baisses de salaire peuvent toucher 15 à 25 % des personnes qui conservent leur emploi en période de faible inflation.

16 On parle de chômage frictionnel lorsque des personnes se retrouvent temporairement sans emploi et lors de la transition d’un emploi à un autre ou d’une carrière à une autre. C’est là un élément naturel et inévitable d’une économie dynamique, au sein de laquelle les gens vont et viennent entre le marché du travail et le non-emploi ou changent d’emploi pour diverses raisons.

18 CHAPITRE 3. COMMENT LES MARCHÉS DU TRAVAIL RÉAGISSENT-ILS AUX CHOCS ? RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD | BULLETIN D’INFORMATION ÉCONOMIQUE DE LA RÉGION MENA — OCTOBRE 2023

Se fondant sur des données issues des États-Unis, Card et Hyslop (1997) s’emploient à déterminer si les ajustements portant sur les salaires réels sont plus susceptibles de se produire dans des contextes de forte inflation. Ce faisant, ils constatent l’existence d’une étroite corrélation négative entre le taux d’inflation et la proportion de travailleurs dont les salaires nominaux sont rigides, chaque point de pourcentage de réduction de l’inflation étant associé à une augmentation de 1,4 point de pourcentage dans l’incidence de la rigidité des salaires nominaux. Loboguerrero et Panizza (2005) montrent que les pays d’Amérique latine s’adaptent davantage aux chocs par l’intermédiaire des salaires que par des changements au niveau de l’emploi, et font valoir que l’inflation joue un rôle important dans la différence d’élasticité de l’emploi entre l’Amérique latine et les pays industrialisés.

3.3 Marges d’ajustement aux chocs macroéconomiques dans la région MENA

Ces trois dernières années, en particulier depuis février 2022, les pays MENA ont enregistré des taux d’inflation élevés qui sont dus en partie aux dépréciations monétaires et à l’inhabituelle turbulence des termes de l’échange. La présente section examine en quoi les chocs macroéconomiques réduisent les salaires réels et/ou renforcent les taux de l’emploi informel et du chômage17.

Avant même le choc induit par la COVID-19, les marchés du travail de la région MENA étaient confrontés à des défis structurels de longue date. Par rapport à d’autres pays émergents et pays en développement, les pays MENA affichent des taux d’activité inférieurs (47 % contre 61 %) et des taux de chômage plus élevés (13 % contre 8 %)18. La région MENA est également la région du monde où le taux d’activité des femmes est le plus faible19. Les suppressions d’emplois peuvent compromettre les perspectives de travail, les possibilités de revenu et le parcours professionnel des chômeurs, entraînant des séquelles durables (Ruhm, 1991 ; Jacobson, LaLonde et Sullivan, 1993 ; Pissarides, 1992 ; Kroft, Lange et Notowidigdo, 2013 ; Filomena, 2021 ; Arias et Lederman, 2023). Il est essentiel de déterminer les marges d’ajustement dont le marché du travail de la région MENA a besoin pour être plus flexible, afin d’éviter que ceux qui perdent leur emploi ne subissent pendant longtemps les effets néfastes de cette situation.

Cette section examine des données annuelles comparables portant sur plus de 70 pays et couvrant la période 1990-202120 Les séries chronologiques de différents indicateurs du marché du travail pour chaque pays sont séparées en une composante tendancielle et une composante cyclique (déviations par rapport à la tendance), afin de déterminer comment les différentes composantes cycliques varient par rapport à la composante cyclique du PIB réel (c’est-à-dire aux chocs économiques positifs ou négatifs), sans tenir compte des spécificités des différents chocs économiques21 .

17 Dans l’édition d’octobre 2021 des Perspectives économiques régionales du FMI pour la région Moyen-Orient et Asie centrale — MOAC — (IMF, 2021), la sensibilité du chômage aux variations de la production réelle pour cette région est évaluée suivant une méthodologie très semblable à celle employée dans la présente section. Les résultats obtenus sont qualitativement analogues aux conclusions de la présente section, à savoir que la sensibilité du chômage aux variations de la production est plus marquée dans la région MOAC que dans d’autres marchés émergents. Il existe cependant, outre les différences dans la couverture des pays – région MENA pour la Banque mondiale et région MOAC pour le FMI –, des différences importantes entre les deux séries d’analyse empirique. Au-delà du chômage, l’analyse présentée ici couvre un plus vaste éventail d’indicateurs du marché du travail (taux d’activité, emploi informel, secteur public), y compris les salaires nominaux et réels (lorsqu’ils sont disponibles). De plus, la pénalité du filtre de Hodrick-Prescott est de 100 dans les Perspectives économiques régionales du FMI, tandis que dans le présent rapport, elle est de 6,5 pour les données annuelles et de 1 600 pour les données trimestrielles, conformément à Ravn et Uhlig (2002). Enfin, si les économies avancées constituent la base de référence du rapport du FMI, la région MENA est ici comparée à d’autres pays émergents et pays en développement.

18 Source : Calculs du Bureau de l’économiste en chef de la Banque mondiale pour la région MENA, à partir de données de l’OIT et des Indicateurs du développement dans le monde de la Banque mondiale. Les taux d’activité et de chômage correspondent au total (pour les hommes et les femmes). Pour chaque pays, la série chronologique annuelle du taux de chômage et du taux d’activité est séparée en une composante cyclique et une composante tendancielle par l’application du filtre de Hodrick-Prescott assorti d’une pénalité de 6,5 (Ravn et Uhlig, 2022). La composante tendancielle de chaque indicateur est ensuite utilisée en tant que variable dépendante dans une régression linéaire comprenant les variables muettes de l’année, le PIB par habitant (en dollars internationaux constants) et une variable muette pour la région MENA ou les PEPD en dehors de la région MENA. Dans le cas de l’Égypte et de l’Iran, les données correspondent au deuxième trimestre de chaque année (pour les données trimestrielles, la pénalité du filtre de Hodrick-Prescott est de 1 600). La différence entre les moyennes à long terme rapportées pour la région MENA et les PEPD correspond au coefficient de la variable muette pour la région MENA dans l’analyse par régression.

19 Source : Indicateurs du développement dans le monde de la Banque mondiale, sur la base des estimations nationales de l’OIT. Le taux moyen d’activité des femmes en 2021 (la dernière année pour laquelle des données sont disponibles) est d’environ 19 %. L’Asie du Sud affiche la deuxième moyenne la plus faible, soit avec environ 28 %.

20 Les données de panel sont une compilation d’indicateurs de l’OIT (estimations nationales). Elles ne forment cependant pas un panel équilibré. En d’autres termes, tous les indicateurs du marché du travail ne sont pas disponibles pour chaque pays et pour chaque année entre 1990 et 2021. En ce qui concerne la région MENA, les données incluent l’Arabie saoudite, Bahreïn, la Cisjordanie et Gaza, l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Iran, la Jordanie, le Maroc, Oman et la Tunisie.

21 Pour chaque pays, la série chronologique annuelle de chaque indicateur (y compris le PIB réel) est séparée en une composante cyclique et une composante tendancielle par l’application du filtre de Hodrick-Prescott assorti d’une pénalité de 6,5 (Ravn et Uhlig, 2022). Dans le cas de l’Égypte et de l’Iran, les données correspondent au deuxième trimestre de chaque année (pour les données trimestrielles, la pénalité du filtre de Hodrick-Prescott est de 1 600). Voir les notes de la figure 3.1 pour plus de détails.

19 CHAPITRE 3. COMMENT LES MARCHÉS DU TRAVAIL RÉAGISSENT-ILS AUX CHOCS ? TROUVER LE JUSTE ÉQUILIBRE : EMPLOIS ET SALAIRES EN TEMPS DE CRISE DANS LA RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD

La majorité des éléments probants présentés ci-dessous indique que le taux d’activité dans la région MENA est procyclique, et que le chômage et le travail indépendant sont anticycliques, tout comme dans d’autres PEPD. En période de ralentissement économique (lorsque le PIB réel est inférieur à sa tendance à long terme), le taux d’activité baisse et le chômage et l’emploi informel (représenté par le niveau d’emploi indépendant) augmentent22. En période d’expansion (lorsque le PIB réel est supérieur à sa tendance à long terme), le taux d’activité tend à augmenter, mais le chômage et l’emploi informel tendent à reculer.

La figure 3.1 illustre la corrélation entre les séries annuelles filtrées du PIB réel et les séries annuelles filtrées des taux d’activité, de chômage et d’emploi informel, pour la région MENA et les PEPD. Elle montre que tant dans la région MENA que dans les PEPD, la relation entre la composante cyclique du PIB réel et la composante cyclique du taux d’activité est positive, tandis que la relation avec les composantes cycliques du chômage et de l’emploi informel est négative. Elle illustre également la corrélation entre les composantes cycliques du PIB réel et le taux d’emploi dans le secteur public, un levier stratégique potentiel face aux chocs macroéconomiques. Les données analysées semblent indiquer que l’emploi dans le secteur public est anticyclique, tant dans la région MENA que dans les PEPD.

Figure 3�1 Réponse des marchés du travail aux fluctuations du PIB réel dans les pays MENA et dans les PEPD

Sensibilité de chaque résultat du marché du travail aux fluctuations du PIB réel



a. Taux d’activité b. Chômage c. Travail indépendant d. Emploi dans le secteur public

Source : Calculs des auteurs à partir de données de l’OIT, des Indicateurs du développement dans le monde de la Banque mondiale, de Haver Analytics et de l’OCDE.

Note : Cette figure montre les résultats des analyses de régression linéaire de la composante cyclique de la série chronologique annuelle de chaque indicateur par rapport à la composante cyclique du PIB réel (en unités de monnaie nationale), pour les pays MENA et pour les PEPD. Les indicateurs du marché du travail correspondent au total (pour les hommes et les femmes). Pour chaque pays, la série chronologique annuelle de chaque indicateur du marché du travail et la série chronologique annuelle du PIB réel sont séparées en une composante cyclique et une composante tendancielle par l’application du filtre de Hodrick-Prescott assorti d’une pénalité de 6,5 (Ravn et Uhlig, 2022). La composante cyclique de chaque indicateur est dérivée par régression d’après la composante cyclique du PIB et les variables muettes pour le pays, pour la région MENA et pour les PEPD. Dans le cas de l’Égypte et de l’Iran, les données (y compris le PIB réel) correspondent au deuxième trimestre de chaque année, compte tenu des différences pouvant découler d’un PIB déclaré en exercice budgétaire plutôt qu’en année civile (pour les données trimestrielles, la pénalité du filtre de Hodrick-Prescott est de 1 600). L’ensemble des résultats des analyses par régression est disponible sur demande.

Il importe de noter que le chômage est beaucoup plus sensible au cycle économique dans les pays MENA que dans les autres PEPD, surtout en période de ralentissement économique. En général, un écart cyclique de 1 % du PIB réel par rapport à sa tendance à long terme (qu’elle soit positive ou négative) est associé à des variations cycliques de 0,22 point de pourcentage des taux de chômage dans la région MENA, mais de seulement 0,14 point de pourcentage dans les PEPD (figure 3.1, panneau b). Cette différence s’explique par la manière dont le chômage s’ajuste aux chocs négatifs dans la région. En période d’expansion, la réactivité du chômage dans les pays MENA n’est pas sensiblement différente de la situation dans les PEPD (-0,13 contre -0,12). En cas de contraction cependant, lorsque le PIB réel est inférieur à la tendance, le taux de chômage augmente de 0,27 point de pourcentage dans la région MENA par choc sur le PIB réel de 1 %, mais seulement de 0,16 point de pourcentage dans les PEPD (près de la moitié). Ces estimations semblent indiquer que le nombre de travailleurs potentiellement sujets à des périodes d’inactivité en raison des chocs macroéconomiques de 2020-2022 s’élèverait à 5,11 millions de personnes au total dans la région23. Si les pays MENA avaient montré la même réactivité du chômage aux chocs négatifs que les autres PEPD, l’effet cumulé en 2020-2022 aurait été de 2,08 millions de chômeurs de moins.

22 L’emploi indépendant prend en compte les personnes travaillant dans des entreprises familiales. Les données concernant cet indicateur sont disponibles pour un plus grand nombre de pays MENA que celles relatives à d’autres indicateurs de l’emploi informel dans le fichier de données de l’OIT.

23 Pour déterminer la sensibilité de chaque indicateur du marché du travail en période d’expansion ou de contraction, la composante cyclique de chaque indicateur est dérivée par régression d’après la composante cyclique du PIB, les variables muettes pour le pays et une variable muette selon que l’écart par rapport à la tendance est positif ou négatif, pour les pays MENA et pour les PEPD. L’ensemble des résultats de ces analyses par régression est disponible sur demande. Le nombre potentiel de travailleurs victimes de suppressions d’emplois est déterminé en estimant d’abord la tendance et les composantes cycliques du PIB réel global de la région (à partir des Indicateurs du développement dans le monde de la Banque mondiale). Les chocs de 2020, 2021 et 2022 correspondent à des écarts par rapport à la tendance de 7,3 %, 5,3 % et 1,5 %, respectivement. Le déficit de production qui en résulte correspond à des projections d’augmentation du taux de chômage de 2 points de pourcentage en 2020, 1,4 point de pourcentage en 2021 et 0,4 point de pourcentage en 2022 si la réactivité du chômage aux chocs est de -0,27 (l’estimation pour la région MENA). À leur tour, ces augmentations du taux de chômage représentent 2,65 millions de travailleurs en 2020, 1,92 million en 2021 et 0,54 million en 2022, si l’on considère que la population active de la région MENA est de 134 millions de personnes (2019 ; Indicateurs du développement dans le monde de la Banque mondiale). Le nombre potentiel de travailleurs victimes de suppressions d’emplois à la suite des chocs de 2020-2022 s’élèverait alors à 5,11 millions, en partant du principe que ceux qui seront restés au chômage un an retrouveront un emploi l’année suivante. Si la région MENA réagissait de la même manière aux chocs que les autres PEPD (-0,16), ce nombre serait de 3,03 millions au total. Cet exercice exclut Djibouti, le Liban, la Syrie et le Yémen.

0,1 0 -0,1 -0,2 -0,3
0,06 0,08 -0,22 -0,14 -0,05 -0,08 -0,06 -0,07
MENA  PEPD
20 CHAPITRE 3. COMMENT LES MARCHÉS DU TRAVAIL RÉAGISSENT-ILS AUX CHOCS ? RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD | BULLETIN D’INFORMATION ÉCONOMIQUE DE LA RÉGION MENA — OCTOBRE 2023

La sensibilité des autres marges liées à l’emploi, dont la réactivité de l’emploi dans le secteur public, est comparable dans la région MENA et dans d’autres PEPD. Lors de contractions cycliques cependant, la hausse de l’emploi dans le secteur public par rapport à sa tendance à long terme est plus marquée dans la région MENA (-0,14) que dans les PEPD (-0,08). Malgré l’expansion de l’emploi dans le secteur public en période de récession, le chômage tend à réagir plus fortement aux contractions dans la région MENA que dans la moyenne des PEPD.

Considérant les arbitrages entre ajustement des salaires et ajustement de l’emploi, les salaires réels présentent une plus grande viscosité dans les pays MENA que dans d’autres PEPD. Dans ces derniers, les chocs positifs sur le PIB sont associés à des écarts supérieurs à la tendance en matière de salaires horaires (nominaux et réels) (tableau 3.1) ; en cas de contraction, les salaires réels tendent à se maintenir au-dessus de la moyenne à long terme, révélant de potentielles rigidités à la baisse. Dans les pays MENA, la corrélation entre la composante cyclique des salaires horaires et la composante cyclique du PIB est négative, tant en période de récession qu’en période d’expansion. En outre, lors de contractions, la fluctuation des salaires horaires (nominaux et réels) par rapport à la moyenne à long terme y est beaucoup plus importante que dans les PEPD. Ces résultats reposent sur les données de quatre économies seulement (Arabie saoudite, Cisjordanie et Gaza, Égypte et Jordanie), car des données comparables sur les salaires horaires ne sont pas aisément disponibles pour la région. Les microdonnées de l’enquête Emploi en Égypte montrent que les salaires horaires sont fortement anticycliques, si l’on considère uniquement les travailleurs du secteur privé ; ce résultat pourrait toutefois s’expliquer par les variations anticycliques des salaires du secteur public au cours du cycle économique lorsqu’ils sont utilisés en tant qu’outil de politique.

les pays région Moyen-Orient et Afrique du Nord et dans les pays émergents et pays en développement

Source : Calculs du Bureau de l’économiste en chef de la Banque mondiale pour la région MENA, à partir de données de l’Organisation internationale du travail, des Indicateurs du développement dans le monde de la Banque mondiale, de Haver Analytics et de l’OCDE. Les salaires nominaux et réels concernant la région MENA ne sont disponibles que pour l’Arabie saoudite, la Cisjordanie et Gaza, l’Égypte et la Jordanie.

Note : Cette figure montre les résultats des analyses de régression linéaire de la composante cyclique de la série chronologique annuelle de chaque indicateur par rapport à la composante cyclique du PIB réel (en unités monétaires nationales), pour les pays MENA et pour les PEPD. Les indicateurs du marché du travail correspondent au total (pour les hommes et les femmes). Pour chaque pays, la série chronologique annuelle de chaque indicateur du marché du travail et la série chronologique annuelle du PIB réel sont séparées en une composante cyclique et une composante tendancielle par l’application du filtre de Hodrick-Prescott assorti d’une pénalité de 6,5 (Ravn et Uhlig, 2022). La composante cyclique de chaque indicateur est dérivée par régression d’après la composante cyclique du PIB, les variables muettes pour le pays et les variables muettes selon que l’écart du PIB réel par rapport à la tendance est positif ou négatif, pour les pays MENA et pour les PEPD. Dans le cas de l’Égypte, les données (y compris le PIB réel) correspondent au deuxième trimestre de chaque année, compte tenu des différences pouvant découler d’un PIB déclaré en années budgétaires plutôt qu’en années civiles (pour les données trimestrielles, la pénalité du filtre de Hodrick-Prescott est de 1 600). L’ensemble des résultats des analyses par régression est disponible sur demande.

Les chapitres 4, 5 et 6 examinent les arbitrages qui s’opèrent dans les ajustements du marché du travail. Chaque chapitre se concentre sur un choc spécifique : la pandémie de COVID-19, les grandes dévaluations monétaires et la détérioration des termes de l’échange.

Groupe de pays Salaires horaires nominaux Salaires horaires réels PIB réel inférieur à la tendance PIB réel supérieur à la tendance PIB réel inférieur à la tendance PIB réel supérieur à la tendance Région Moyen-Orient et Afrique du Nord -1,22 -0,31 -1,27 -0,72 Pays émergents et pays en développement -0,42 0,47 -0,63 0,26
Tableau 3�1 Réaction des salaires horaires nominaux et réels aux fluctuations du PIB réel dans
21 CHAPITRE 3. COMMENT LES MARCHÉS DU TRAVAIL RÉAGISSENT-ILS AUX CHOCS ? TROUVER LE JUSTE ÉQUILIBRE : EMPLOIS ET SALAIRES EN TEMPS DE CRISE DANS LA RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD

CHAPITRE 4 COMMENT LE MARCHÉ DU TRAVAIL S'EST-IL AJUSTÉ APRÈS LE CHOC DE LA COVID-19 ?

Points clés du chapitre 4 :

• Durant la pandémie de COVID-19, les marchés du travail de la région MENA se sont ajustés principalement par les quantités, ce qui a donné lieu à des pertes d’emploi et à une réduction des heures de travail dans les pays à faible inflation.

• Les ajustements du marché du travail dans les pays MENA après le choc de la COVID-19 sont semblables à ceux observés dans d’autres pays émergents et pays en développement.

La pandémie de COVID-19 s’est ressentie à la fois sur la demande et sur l’offre de travailleurs. Elle a entraîné des répercussions négatives sur l’offre de main-d’œuvre, certains travailleurs ne pouvant ou ne voulant pas travailler. Les mesures de confinement ont entravé le déplacement des travailleurs vers leur lieu de travail. La fermeture des écoles et des crèches a également réduit la main-d’œuvre disponible, dans le cas des femmes en particulier (Albanesi et Kim, 2021 ; Alon et al., 2020).

La demande de main-d’œuvre a aussi chuté, les entreprises ayant été contraintes de fermer ou de réduire leurs activités. À partir de données issues de 17 pays de la région Amérique latine et Caraïbes, Bottan, Hoffmann et Vera-Cossio (2020) font état d’un taux de perte d’emploi de 45 % parmi les personnes interrogées dans le cadre d’une enquête en ligne, et de la fermeture de 59 % des petites entreprises détenues par les ménages. Krafft, Assaad et Marouani (2021) signalent un taux de perte d’emploi de 10 % au Maroc et de 16 % en Tunisie parmi les salariés du secteur privé entre février et octobre 2020, à partir de données recueillies sous forme d’enquêtes téléphoniques à haute fréquence pour la surveillance de la COVID-19 dans la région MENA.

Les répercussions de la pandémie sur le marché du travail varient considérablement d’un secteur à l’autre. Les industries tournées vers le public, telles que l’hôtellerie, le tourisme et le commerce de détail, ont été plus fortement touchées que les autres (Adams-Prassl et al., 2020 ; Cajner et al., 2020). Dans la région MENA, c’est le secteur de l’hébergement et de la restauration qui a le plus souffert (Krafft, Assaad et Marouani, 2022).

4.1 Ajustement par des changements dans les niveaux d’emploi

Les marchés du travail des PEPD ont réagi au choc provoqué par la COVID-19 en apportant des changements au paramètre « quantités ». Les estimations présentées dans la figure 4.1 découlent de régressions à effets fixes réalisées sur un échantillon mondial de PEPD entre 2017 et 2022 à partir d’estimations de l’Organisation internationale du travail (OIT). Le chômage a augmenté de 1 point de pourcentage en 2020, par rapport à 2019, et l’emploi a reculé de 2 points de pourcentage. Ces résultats soulignent la viscosité des salaires nominaux après le démarrage de la crise de la COVID-19.

Les données des enquêtes de surveillance de la COVID-19 dans la région MENA menées par le Forum de recherche économique (ERF) montrent que les marchés du travail en Égypte, en Jordanie, au Maroc et en Tunisie se sont ajustés principalement par le biais de changements dans les quantités. La proportion de travailleurs salariés faisant état de licenciements, de mises en chômage technique ou de diminution des heures de travail était plus grande que la proportion de travailleurs signalant des baisses de salaire. Dans les deux pays étudiés en novembre 2020 (Maroc et Tunisie), 29 % des travailleurs salariés ont déclaré avoir été licenciés ou mis en chômage technique, 21 % ont fait état d’une réduction des heures de travail et 15 % ont parlé de baisses de salaire. Ces tendances se sont également manifestées pendant la période de reprise de l’activité.

22 CHAPITRE 4. COMMENT LE MARCHÉ DU TRAVAIL S'EST-IL AJUSTÉ APRÈS LE CHOC DE LA COVID-19 ? RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD | BULLETIN D’INFORMATION ÉCONOMIQUE DE LA RÉGION MENA — OCTOBRE 2023

Source : Estimations nationales de l’Organisation internationale du travail.

Note : Cette figure montre les résultats d’un modèle à effets fixes et présente des estimations annuelles par rapport à 2019 (année de référence). Les erreurs standard sont regroupées au niveau des pays. Le salaire est indiqué en unités de monnaie nationale. L’échantillon le plus grand (chômage) comprend 125 économies. Les points indiquent les coefficients des variables muettes de temps, et les moustaches indiquent les intervalles de confiance à 95 %.

Figure 4�2 Licenciements, mises en chômage technique et réduction du temps de travail ou de la rémunération après le début de la pandémie de COVID-19 (novembre 2020 - août 2021) dans certains pays de la région MENA a. Moyenne des quatre pays étudiés

 Licenciements ou mises en chômage technique  Réduction du temps de travail  Baisse de la rémunération

Source : Enquêtes de surveillance de la COVID-19 dans la région MENA.

Note : L’analyse se limite aux personnes en âge de travailler (15-64). La première phase a été menée en novembre 2020 au Maroc et en Tunisie, puis en juin 2020 en Égypte. Les données relatives à l’Égypte sont exclues de l’analyse en raison des différences de calendrier et de l’absence d’informations concernant les licenciements ou les mises en chômage technique. La deuxième phase a été menée en février 2021 en Égypte, en Jordanie, au Maroc et en Tunisie ; la troisième en avril 2021 au Maroc et en Tunisie ; la quatrième en juin 2021 en Égypte, en Jordanie, au Maroc et en Tunisie ; et la cinquième en août 2021 en Jordanie. Les chiffres sont pondérés.

a. Taux de chômage b. Ratio emploi/population Variation en points de pourcentage Variation en points de pourcentage 2 1,5 1 0,5 0 -0,5 -1 2017 2018 2020 2021 2022 2 1 0 -1 -2 -3 -4 2017 2018 2020 2021 2022 c. Nombre d’heures de travail hebdomadaires d. Logarithme du salaire mensuel nominal Variation en points de pourcentage Variation logarithmique des salaires 0,5 0 -0,5 -1 -1,5 -2 -2,5 2017 2018 2020 2021 2022 0,3 0,2 0,1 0 -0,1 -0,2 -0,3 2017 2018 2020 2021 2022
Figure 4�1 Résultats des régressions à effets fixes des résultats du marché du travail dans un échantillon mondial de PEPD, 2017-2022
Pourcentage des travailleurs salariés interrogés Pourcentage des travailleurs salariés interrogés 30 25 20 15 10 5 0 Novembre 2020 Février 2021 Avril 2021 Juin 2021 Août 2021 29 21 15 26 27 23 10 20 14 19 11 12 10 13 10 Novembre2020Février2021Avril2021Juin2021Août2021 Égypte Jordanie MarocTunisie 40 30 20 10 0 2019 12 13 17 10101110 20 13 9 18 12 6 26 11 5 19 1413 38 29 21 34 21 14 29 16 14 31 19 14 33 28 16 31 26 16 Novembre2020Février2021Avril2021Juin2021Août2021Novembre2020Février2021Avril2021Juin2021Août2021Novembre2020Février2021Avril2021Juin2021Août2021
b. Par pays
23 CHAPITRE 4. COMMENT LE MARCHÉ DU TRAVAIL S'EST-IL AJUSTÉ APRÈS LE CHOC DE LA COVID-19 ? TROUVER LE JUSTE ÉQUILIBRE : EMPLOIS ET SALAIRES EN TEMPS DE CRISE DANS LA RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD

Parmi les différentes marges d’ajustement quantitatif, les changements au niveau du chômage ont été d’une importance capitale dans la région MENA (figure 4.3). Pour calculer l’augmentation des taux de chômage, l’analyse compare le chômage observé pendant et après la pandémie avec les projections du chômage qui aurait été enregistré en l’absence de pandémie, en suivant une méthodologie semblable à celle de Schady et al. (2023) (encadré 4.1). Elle se concentre sur l’Arabie saoudite, l’Égypte, la Jordanie, le Maroc, la Tunisie et le Qatar, pays pour lesquels des données trimestrielles concernant le taux de chômage des hommes et des femmes sont aisément disponibles. Les indicateurs à haute fréquence du marché du travail permettent de saisir les grands changements survenus sur le marché du travail en raison de la crise de la COVID-19.

Figure 4�3 Variation en points de pourcentage du chômage des hommes et des femmes attribuable au choc provoqué par la COVID-19 dans certains pays MENA, 2020T2-2021T4

a. Chômage des hommes Variation en points de pourcentage

b. Chômage des femmes

Variation en points de pourcentage

Source : Égypte – Estimations nationales de l’Organisation internationale du travail. Jordanie – microdonnées de l’enquête Emploi. Maroc – Haut-Commissariat au Plan (HCP). Qatar – Autorité de la planification et des statistiques (PSA). Arabie saoudite – Autorité générale des statistiques (GASTAT). Tunisie – Institut national de la statistique (INS).

Note : La figure montre la variation en points de pourcentage du chômage

En Égypte, au cours du premier trimestre suivant le début de la pandémie, le chômage des hommes a augmenté de 3,2 points de pourcentage avant de retrouver rapidement son niveau normal. En revanche, le chômage des femmes s’est aggravé au fur et à mesure que celles-ci quittaient le marché du travail. L’impact le plus marqué sur le chômage des hommes a été observé en Jordanie, où celui-ci a augmenté de 3,6 points de pourcentage au deuxième trimestre 2020 et de 6,5 points de pourcentage au premier trimestre 2021. Dans ce pays également, l’impact sur les femmes a été très fort, avec une augmentation du taux de chômage estimée à 5 points de pourcentage au troisième trimestre 2020 et à 9 points de pourcentage au quatrième trimestre de la même année. Au Maroc et en Tunisie, l’incidence de la pandémie sur le chômage a été plus visible chez les hommes. Au deuxième trimestre 2020, par exemple, le chômage au Maroc a augmenté de 4 points de pourcentage chez les hommes,

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Maroc Jordanie Tunisie Égypte Arabie saoudite Qatar
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attribuable au choc provoqué par la COVID-19. Les taux de chômage réels sont indiqués entre parenthèses.
24 CHAPITRE 4. COMMENT LE MARCHÉ DU TRAVAIL S'EST-IL AJUSTÉ APRÈS LE CHOC DE LA COVID-19 ? RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD | BULLETIN D’INFORMATION ÉCONOMIQUE DE LA RÉGION MENA — OCTOBRE 2023

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Encadré 4�1 Méthodologie utilisée pour estimer les variations du taux de chômage attribuables à la pandémie

La méthodologie utilisée à la figure 4.3 pour calculer l’impact de la pandémie sur le chômage se rapproche de celle employée par Schady et al. (2023) pour déterminer l’effet de la pandémie sur l’emploi et la fréquentation des établissements scolaires et préscolaires. Le processus d’estimation comporte trois étapes. Tout d’abord, une analyse par régression est réalisée à l’aide de données prépandémiques généralement disponibles sur une base trimestrielle à compter du premier trimestre de l’année 2012. Les points de données antérieurs à 2012 sont exclus de cette analyse, afin de garantir que les résultats ne sont pas influencés par les changements majeurs survenus sur le marché du travail dans les pays MENA à la suite du Printemps arabe. Les tendances temporelles et les effets saisonniers sur le chômage sont estimés à partir de cette analyse par régression. Ensuite, les coefficients dérivés de ladite analyse sont utilisés pour prédire le niveau de chômage attendu pour chaque trimestre en 2020 et 2021. Enfin, le niveau de chômage observé est déduit du niveau de chômage prévu. Avant le choc provoqué par la COVID-19, les taux de chômage suivaient les mêmes tendances. Les différences observées pendant et après la pandémie peuvent donc être attribuées à cette dernière.

de trimestres avant ou après la pandémie (0 = 2020T1)

de trimestres avant ou après la pandémie (0 = 2020T1)

de trimestres avant ou après la pandémie (0 = 2020T1) Nombre de trimestres avant ou après la pandémie (0 = 2020T1)

Nombre de trimestres avant ou après la pandémie (0 = 2020T1)

Femmes Hommes

Nombre de trimestres avant ou après la pandémie (0 = 2020T1)

Source : Égypte – Estimations nationales de l’Organisation internationale du travail. Jordanie – microdonnées de l’enquête Emploi. Maroc – Haut-Commissariat au Plan.

Qatar – Autorité de la planification et des statistiques. Arabie saoudite – Autorité générale des statistiques. Tunisie – Institut national de la statistique.

Note : Toutes les séries sont corrigées des variations saisonnières.

a. Maroc b. Jordanie Indice (1 = 2020T1) Indice (1 = 2020T1) 1,4 1,3 1,2 1,1 1 0,9 0,8 0,7 -8 -4 -2 02 46 8 -6 1,6 1,5 1,4 1,3 1,2 1,1 1 0,9 -8 -4 -2 02 46 8 -6 Nombre
Nombre
c. Tunisie d. Égypte Index (1 = 2020Q1) -8 -4 -2 02 46 8 -6 1,35 1,30 1,25 1,20 1,15 1,10 1,05 1 0,95 0,90 2 1,8 1,6 1,4 1,2 1 0,8 0,6 -8 -4 -2 02 46 8 -6 Nombre
e. Arabie saoudite f. Qatar Index (1 = 2020Q1) -8 -4 -2 02 46 8 -6 2 1,8 1,6 1,4 1,2 1 0,8 0,6 1,8 1,6 1,4 1,2 1 0,8 0,6 -8 -4 -2 02 46 8 -6
Figure B4�1�1 Taux de chômage des hommes et des femmes dans six pays MENA, 2018-2022
25 CHAPITRE 4. COMMENT LE MARCHÉ DU TRAVAIL S'EST-IL AJUSTÉ APRÈS LE CHOC DE LA COVID-19 ?

mais de seulement 2,5 points de pourcentage chez les femmes (les estimations concernant la Tunisie étaient à peu près similaires). Ce sont l’Arabie saoudite et le Qatar qui ont affiché les plus faibles évolutions en matière de chômage (au Qatar, le taux de chômage était inférieur à 1 % avant la pandémie). On estime que les taux de chômage des femmes en Arabie saoudite ont diminué entre le quatrième trimestre 2020 et le quatrième trimestre 2021, en lien avec la forte augmentation des taux d’activité et d’emploi des femmes depuis quelques années (Tamayo, Koettl et Rivera, 2021).

Le taux de chômage des jeunes (15-24 ans) dans la région MENA est le plus élevé au monde ; il était estimé à quelque 26 % en 2019, et il est resté constamment élevé au cours des deux dernières décennies (Islam, Moosa et Saliola, 2022 ; Gatti et al., 2013). Les jeunes semblent avoir été particulièrement touchés par la pandémie (voir figure A.1, annexe A). En effet, les données provenant de 12 pays à revenu faible ou intermédiaire — dont deux pays de la région MENA, à savoir la Jordanie et le Maroc — révèlent d’importantes pertes d’emploi chez ceux-ci (Schady et al., 2023). Compte tenu de la forte population jeune de la région, les pertes d’emploi chez les jeunes sont particulièrement préoccupantes, car elles peuvent avoir des effets séculaires sur leur vie professionnelle, compromettant à la fois leurs perspectives individuelles et le développement économique global.

En Arabie saoudite et en Jordanie, les étrangers semblent avoir davantage souffert que les nationaux (voir figure A.2, annexe A). En Jordanie, au deuxième trimestre 2020, le taux de chômage a augmenté de 2,8 points de pourcentage chez les étrangers et de 2,2 points de pourcentage chez les nationaux. Au troisième trimestre 2020, on estime que le taux de chômage a augmenté de 6 points de pourcentage chez les étrangers et de 2 points de pourcentage chez les nationaux. Si le niveau de chômage des Saoudiens semble s’être normalisé au quatrième trimestre 2020, celui des migrants, qui représentent trois quarts de la population active en Arabie saoudite24, est resté en permanence plus élevé en 2020 et 2021.

4.2 Changements dans les niveaux d’emploi contre changements dans les heures de travail

Le manque de données microéconomiques à haute fréquence25 accessibles dans la région MENA entrave grandement l’analyse économique nécessaire pour déterminer si le marché du travail s’ajuste via les niveaux d’emploi ou les heures de travail. Les données concernant la Cisjordanie et Gaza sont une exception flagrante. À partir des enquêtes Emploi trimestrielles en Cisjordanie et à Gaza, Deng et al. (2023) examinent la manière dont les heures de travail et les niveaux d’emploi ont réagi au choc provoqué par la COVID-19. La Cisjordanie et Gaza font partie des rares économies de la région pour lesquelles des données de panel à haute fréquence couvrant la période avant et après le choc, dont des informations sur les heures de travail effectives, sont accessibles au public26.

En Cisjordanie et à Gaza, les marchés du travail se sont ajustés par le biais de changements dans les marges tant extensive (nombre d’employés) qu’intensive (heures de travail) (figure 4.4). Au cours du premier trimestre suivant le début de la pandémie (deuxième trimestre 2020), la probabilité d’une sortie du marché du travail a fortement augmenté, aussi bien pour les hommes que pour les femmes. Chez les hommes, la pandémie a renforcé cette probabilité de 8 points de pourcentage en Cisjordanie, et de 7 points de pourcentage à Gaza. En Cisjordanie, cela semble avoir coïncidé avec un recul de l’emploi (6 points de pourcentage) et du chômage (2 points de pourcentage). Au troisième trimestre 2020, le chômage des hommes a augmenté de 3 points de pourcentage. Chez les femmes, la baisse du taux d’activité semble avoir été plus marquée à Gaza, où le chômage des femmes a diminué de quelque 5 points de pourcentage, ce qui peut indiquer un phénomène de découragement des travailleuses27 .

24 C’est ce qui ressort des données administratives de l’Organisme général de sécurité sociale (GOSI) d’Arabie saoudite au premier trimestre 2023. En 2021, les Saoudiens ne constituaient également qu’un quart des salariés, selon l’Autorité générale des statistiques (GaStat).

25 Voir Belhaj et al. (2022).

26 La Cisjordanie et Gaza se distinguent des autres économies de la région par plusieurs caractéristiques, dont la principale est leur situation économique et politique unique. Le marché du travail est également divisé en deux segments. La Cisjordanie entretient des relations étroites avec Israël, tandis que Gaza est maintenue dans une situation de restriction et d’isolement économiques permanents.

27 Ces données sont conformes à celles de Rodriguez et al. (2023) sur l’impact de la crise de la COVID-19 sur le marché du travail en Égypte. À partir des enquêtes Emploi, les auteurs montrent que la crise de la COVID-19 a entraîné une baisse temporaire de l’emploi chez les femmes et les hommes. En cas de suppressions d’emplois, les hommes étaient plus susceptibles de se retrouver au chômage, tandis que les femmes avaient plus tendance à quitter complètement le marché du travail.

26 CHAPITRE 4. COMMENT LE MARCHÉ DU TRAVAIL S'EST-IL AJUSTÉ APRÈS LE CHOC DE LA COVID-19 ? RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD | BULLETIN D’INFORMATION ÉCONOMIQUE DE LA RÉGION MENA — OCTOBRE 2023

 Cisjordanie  Gaza

Source : Deng et al., 2023 (à partir des enquêtes Emploi en Cisjordanie et à Gaza).

Note : Les points indiquent les coefficients des variables muettes de temps ; les moustaches indiquent les intervalles de confiance à 95 %. Les catégories « emploi », « chômage » et « inactivité » correspondent à 1 si la personne se trouve dans cette situation et à 0 si la personne se trouve dans toute autre situation. Ces coefficients sont interprétés comme des variations en points de pourcentage de chaque situation d’emploi par rapport à l’échantillon total. Les heures de travail effectives correspondent au nombre total d’heures prestées la semaine précédente. L’échantillon pour ce résultat est limité aux personnes employées. L’échantillon d’estimation est uniquement constitué de femmes et d’hommes âgés de 20 à 59 ans. Le groupe témoin est composé de toutes les observations entre le premier trimestre de 2018 et le premier trimestre 2020. La ligne zéro correspond aux effets estimés qui ne sont pas quantitativement significatifs. L’analyse par régression tient compte des effets fixes de la saisonnalité et des caractéristiques démographiques de base, telles que l’âge et le statut matrimonial.

a. Hommes b. Femmes Inactivité Inactivité 0,15 0,10 0,05 0 -0,05 -0,10 -0,15 2020T22020T32020T42021T1 2020T22020T32020T42021T1 0,15 0,10 0,05 0 -0,05 -0,10 -0,15 2020T22020T32020T42021T12020T22020T32020T42021T1 Chômage Chômage 0,15 0,10 0,05 0 -0,05 -0,10 -0,15 2020T22020T32020T42021T12020T22020T32020T42021T1 0,15 0,10 0,05 0 -0,05 -0,10 -0,15 2020T22020T32020T42021T12020T22020T32020T42021T1 Emploi Emploi 0,15 0,10 0,05 0 -0,05 -0,10 -0,15 2020T22020T32020T42021T12020T22020T32020T42021T1 0,15 0,10 0,05 0 -0,05 -0,10 -0,15 2020T22020T32020T42021T12020T22020T32020T42021T1 Heures de travail hebdomadaires effectives Heures de travail hebdomadaires effectives 5 0 -5 -10 -15 -20
5 0 -5 -10 -15 -20
Figure 4�4 Variation en points de pourcentage des résultats des hommes et des femmes sur le marché du travail en Cisjordanie et Gaza après le début de la pandémie de COVID-19
2020T22020T32020T42021T12020T22020T32020T42021T1
2020T22020T32020T42021T12020T22020T32020T42021T1
27 CHAPITRE 4. COMMENT LE MARCHÉ DU TRAVAIL S'EST-IL AJUSTÉ APRÈS LE CHOC DE LA COVID-19 ? TROUVER LE JUSTE ÉQUILIBRE : EMPLOIS ET SALAIRES EN TEMPS DE CRISE DANS LA RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD

Les ajustements consécutifs au déclenchement de la pandémie de COVID-19 se sont également traduits par une réduction des heures de travail hebdomadaires effectives. En moyenne, immédiatement après le début de la crise (deuxième trimestre 2020), les hommes ont travaillé 15 heures de moins par semaine en Cisjordanie et 5 heures de moins à Gaza. Cette réduction du temps de travail hebdomadaire semble avoir persisté jusqu’au quatrième trimestre 2020, bien que les baisses les plus marquées aient été enregistrées au tout début de la pandémie. Chez les femmes, le temps de travail hebdomadaire effectif a diminué d’environ 15 heures en Cisjordanie et de 10 heures à Gaza.

4.3 Facteurs expliquant les variations du niveau de chômage

Le taux de chômage varie à mesure que les individus perdent leur emploi (taux de perte d’emploi) et trouvent du travail (taux d’embauche). En période de ralentissement économique, plusieurs facteurs influencent ces mouvements, dont une diminution des créations d’emplois (moins de nouvelles offres d’emploi), une hausse des pertes d’emplois (suppression de postes existants) et un recul de la mobilité ou la réaffectation des emplois, car moins de travailleurs décident de quitter volontairement leur emploi en quête de meilleures opportunités.

Plusieurs études examinent en quoi ces facteurs contribuent au chômage cyclique (chômage causé par les fluctuations du cycle économique). Shimer (2012) constate que le taux d’embauche explique les trois quarts des fluctuations du taux de chômage aux États-Unis, contre seulement un quart pour le taux de perte d’emploi. En revanche, d’autres articles comportent des données issues des États-Unis et des pays de l’OCDE qui semblent indiquer que le chômage cyclique est davantage dû à la progression des taux de cessation d’emploi qu’à la baisse des taux d’embauche (Diamond, 2013 ; Fujita et Moscarini, 2017 ; Elsby, Hobijn et Şahin, 2013).

a. Pertes d’emploi

b. Gains d’emploi

Note : Les points indiquent les coefficients des variables muettes de temps ; les moustaches indiquent les intervalles de confiance à 95 %. Dans le panneau a, si une personne était employée au cours de la période précédente, mais ne l’est plus au cours de la période actuelle, son statut de perte d’emploi au cours de la période actuelle est 1. Si la personne était employée au cours de la période précédente et l’est toujours au cours de la période actuelle, son statut de perte d’emploi est 0. Si la personne n’était pas employée au cours de la période précédente, son statut de perte d’emploi est indéfini. Dans le panneau b, si une personne n’était pas employée au cours de la période précédente, mais l’est au cours de la période actuelle, son statut de gain d’emploi au cours de la période actuelle est 1. Si la personne n’était pas employée au cours de la période précédente et ne l’est toujours pas au cours de la période actuelle, son statut de gain d’emploi est 0. Si la personne était employée au cours de la période précédente, son statut de gain d’emploi est indéfini. L’échantillon d’estimation est limité aux hommes âgés de 20 à 59 ans. Le groupe témoin est constitué de toutes les transitions liées au gain d’emploi entre le deuxième trimestre de 2018 et le premier trimestre de 2020. La ligne zéro correspond aux effets estimés qui ne sont pas quantitativement significatifs. L’analyse par régression tient compte des effets fixes de la saisonnalité, ainsi que de l’âge et du statut matrimonial.

Étudiant l’évolution des taux de cessation d’emploi et d’embauche chez les hommes en Cisjordanie et à Gaza (figure 4.5)28 , Deng et al. (2023) constatent qu’immédiatement après le début de la pandémie (2e trimestre 2020), les taux de perte d’emploi chez les hommes ont augmenté de 5 points de pourcentage en Cisjordanie et de 4 points de pourcentage à Gaza, et que les taux d’embauche ont diminué de 5 et 4 points de pourcentage, respectivement. La reprise a été plus rapide en Cisjordanie qu’à Gaza. Jusqu’au quatrième trimestre 2020, les taux de cessation d’emploi à Gaza sont restés plus élevés qu’avant la pandémie ; ce trimestre-là, le taux d’embauche à Gaza était encore nettement inférieur (8 points de pourcentage) à ce qu’il était avant la pandémie.

Figure 4�5 Pertes et gains d’emploi chez les hommes de Cisjordanie et de Gaza après le début de la pandémie de COVID-19 (2020T2-2021T1)
Variation en points de pourcentage Variation en points de pourcentage 0,15 0,10 0,05 0 -0,05 -0,10 -0,15 2020T22020T22020T32020T32020T42020T4 2021T1 2021T1 0,15 0,10 0,05 0 -0,05 -0,10 -0,15 2020T22020T22020T32020T32020T42020T4 2021T1 2021T1  Cisjordanie  Gaza Source : Deng et al., 2023.
28 Cette analyse se limite aux hommes, car pour les femmes, les transitions se faisaient principalement vers l’inactivité. 28 CHAPITRE 4. COMMENT LE MARCHÉ DU TRAVAIL S'EST-IL AJUSTÉ APRÈS LE CHOC DE LA COVID-19 ? RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD | BULLETIN D’INFORMATION ÉCONOMIQUE DE LA RÉGION MENA — OCTOBRE 2023

4.4 Impact de la pandémie sur les pertes d’emploi dans le secteur informel

Les répercussions des pertes d’emploi induites par la pandémie ne sont pas réparties de manière égale entre les différentes couches de la population. Hoogeveen et Lopez-Acevedo (2021) montrent que la pandémie a imposé des charges inégales à différents groupes de travailleurs dans la région MENA, en fonction de caractéristiques de l’emploi telles que la profession et la nature du contrat de travail. Les données issues de la région concordent avec les observations faites à l’échelle mondiale concernant la dynamique du marché du travail pendant la pandémie.

La Cisjordanie et Gaza n’ont pas dérogé à la règle. Par suite du choc provoqué par la COVID-19, les pertes d’emploi chez les hommes ont été beaucoup plus importantes parmi les travailleurs informels, les ouvriers et les individus peu instruits (Deng et al., 2023). Les hommes engagés dans le secteur informel étaient beaucoup plus susceptibles de perdre leur emploi que ceux du secteur formel. Au deuxième trimestre 2020, par rapport à la période précédant la pandémie, la probabilité de perdre son emploi était supérieure de 7 points de pourcentage chez les travailleurs informels en Cisjordanie et de 9 points de pourcentage à Gaza. Elle n’était que de 2 points de pourcentage plus élevée chez les travailleurs du secteur formel en Cisjordanie. À Gaza cependant, les travailleurs du secteur structuré étaient de 2 points de pourcentage moins susceptibles de perdre leur emploi qu’avant la pandémie.

L’ajustement du marché du travail entre secteur formel et secteur informel peut donner lieu à de grandes variations de flux entrants et sortants dans ce dernier. Selon les estimations, l’emploi informel dans la région représentait 77 % de l’emploi total au Yémen en 2014, 67 % en Égypte en 2019 et en Iraq en 2021, 62 % au Liban en 2022, 52 % en Jordanie en 2021 et 37 % en Tunisie en 2019 (voir les tableaux B.1, B.2 et B.3 de l’annexe B pour une synthèse des indicateurs agrégés du marché du travail dans la région MENA)29

 Part de l’informel (axe de droite) Flux entrant dans l’informel (axe de gauche) Flux sortant de l’informel (axe de gauche)

Source : Données de l’enquête Emploi en Cisjordanie et à Gaza.

Note : L’analyse se limite aux hommes de 20 à 59 ans. Les flux entrants et sortants sont déterminés par rapport à toutes les personnes ayant un statut d’emploi (employés, chômeurs ou inactifs). Sont définies comme travailleurs informels les personnes exerçant une activité indépendante ou une activité familiale non rémunérée. Les employés sont considérés comme relevant du secteur informel lorsqu’ils n’ont pas de contrat de travail ou ont un contrat verbal, mais pas d’assurance-maladie.

Dans l’analyse de la figure 4.6, les travailleurs du secteur informel sont des employés qui n’ont pas de contrat de travail ou qui ont un contrat verbal, mais pas d’assurance-maladie. Ils désignent également les personnes exerçant une activité indépendante ou une activité familiale non rémunérée. Les flux sortants de l’économie informelle ont considérablement augmenté du fait de la pandémie, en particulier en Cisjordanie. Les flux entrants ont ensuite grossi progressivement,

Cisjordanie
Figure 4�6 Emploi informel en Cisjordanie et à Gaza, 2018-2021 a.
Pourcentage Pourcentage 18 16 14 12 10 8 6 4 65 62 59 56 53 50 47 44
18 16 14 12 10 8 6 4 65 62 59 56 53 50 47 44 2018T22018T32018T42019T12019T22019T32019T42020T12020T22020T32020T42021T12021T22021T32021T4
b. Gaza
2018T22018T32018T42019T12019T22019T32019T42020T12020T22020T32020T42021T12021T22021T32021T4
29 CHAPITRE 4. COMMENT LE MARCHÉ DU TRAVAIL S'EST-IL AJUSTÉ APRÈS LE CHOC DE LA COVID-19 ? TROUVER LE JUSTE ÉQUILIBRE : EMPLOIS ET SALAIRES EN TEMPS DE CRISE DANS LA RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD
29 Voir Lopez-Acevedo et al. (2023) pour une analyse du secteur informel dans la région MENA et de l’impact du cadre institutionnel sur celui-ci, particulièrement en Égypte, au Maroc et en Tunisie. Gatti et al. (2014) proposent la première analyse exhaustive de ce phénomène et de ses déterminants probables.

à mesure que les travailleurs ayant perdu leur emploi s’engageaient dans le secteur informel (figure 4.6)30. Toutefois, les travailleurs sans-papiers se rendant en Israël et dans les colonies percevaient des rémunérations plus élevées que ceux en situation régulière (encadré 4.2).

Encadré 4�2 Quelles répercussions la pandémie a-t-elle eues sur les travailleurs de Cisjordanie, avec ou sans papiers, qui exercent en Israël et dans les colonies ?

La rémunération des travailleurs sans-papiers de Cisjordanie a augmenté de 11 % après le démarrage de la pandémie au deuxième trimestre 2020, alors que celle des travailleurs en situation régulière progressait à peine (Adnan et Etkes, à paraître). En conséquence, l’écart de rémunération entre ces deux catégories de travailleurs s’est réduit de 9 points de pourcentage (figure B4.2.1).

L’augmentation de la rémunération des travailleurs sanspapiers peut s’expliquer partiellement par le passage, pour les travailleurs du bâtiment à salaire élevé, d’une situation régulière à une situation irrégulière. Adnan et Etkes considèrent que ce changement témoigne de la préférence pour l’économie souterraine manifestée par les entreprises et les travailleurs après le déclenchement de la pandémie ; ils pouvaient ainsi échapper aux coûteuses réglementations liées à la COVID-19, lesquelles imposaient aux personnes qui faisaient la navette depuis la Cisjordanie de rester en Israël pendant de longues périodes. Cette exigence entraînait des coûts tant pour les travailleurs que pour leurs employeurs israéliens, qui devaient couvrir leurs frais d’hébergement et d’assurance-maladie. La transition du travail réglementé au travail sans papiers a été facilitée par le recentrage en Israël des actions menées par la police, la police des frontières et les unités d’inspection du droit du travail en vue de l’application des règles liées à la COVID-19.

Sans-papiers En règle Écart salarial (axe de droite)

Source : Adnan et Etkes, à paraître.

Note : Les données proviennent des enquêtes Emploi. Les chiffres ne tiennent pas compte des Palestiniens détenteurs d’une carte d’identité israélienne, dont la plupart vivent à Jérusalem-Est.

30 L’étude des flux entrants et sortants dans le secteur informel d’autres pays de la région au lendemain du choc provoqué par la COVID-19 permettrait de mieux cerner la situation. Mais l’absence ou l’indisponibilité de données de panel à haute fréquence accessibles au public a empêché la conduite d’une telle analyse.
NIS par jour Écart salarial (pourcentage) 290 270 250 230 210 190 170 150 50 45 40 35 30 25 20 15 10 5 2018T12018T22018T32018T42019T12019T22019T32019T42020T12020T22020T32020T42021T12021T22021T32021T4 COVID-19
Figure B4�2�1 B4.2.1 Salaires journaliers et écart salarial entre travailleurs en règle et travailleurs sans-papiers en Cisjordanie et Gaza, 2018-2021
30 CHAPITRE 4. COMMENT LE MARCHÉ DU TRAVAIL S'EST-IL AJUSTÉ APRÈS LE CHOC DE LA COVID-19 ? RÉGION
MENA — OCTOBRE 2023
MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD | BULLETIN D’INFORMATION ÉCONOMIQUE DE LA RÉGION

CHAPITRE 5 COMMENT LE MARCHÉ DU TRAVAIL S'EST-IL AJUSTÉ APRÈS DE FORTES DÉVALUATIONS MONÉTAIRES ?

Points clés du chapitre 5 :

• À la suite de dévaluations monétaires importantes, les marchés du travail s’ajustent en réduisant les salaires réels.

• Les ajustements du marché du travail dans la région MENA à la suite de fortes dévaluations monétaires sont semblables à ceux observés dans d’autres pays émergents et pays en développement.

Contrairement au choc provoqué par la COVID-19, qui a contracté la demande de main-d’œuvre, des dévaluations monétaires importantes peuvent renforcer ou réduire cette demande. La direction que prend la réponse de l’emploi dépend principalement de la dépendance des entreprises aux intrants importés ou de leur sensibilité au commerce international (Campa et Goldberg, 2001 ; Nucci et Pozzolo, 2010).

Une forte dévaluation de la monnaie rend les biens importés plus onéreux. La baisse subséquente de la demande de ces biens peut conduire les entreprises à réduire leur demande de main-d’œuvre, afin de contenir les coûts et de maintenir leur rentabilité. Nucci et Pozzolo (2010) démontrent que plus une entreprise dépend de biens importés, plus ses coûts augmenteront, sa rentabilité marginale baissera, et ses effectifs diminueront au bout du compte.

Une dévaluation de la monnaie peut entraîner un accroissement de la demande dans les secteurs axés sur l’exportation ou concurrençant les importations, et ce pour plusieurs raisons. Premièrement, elle rend les exportations plus compétitives sur le marché mondial. Plus la part des recettes d’exportation dans les recettes totales est importante, plus la progression du chiffre d’affaires et de la rentabilité qui suit une dévaluation monétaire est conséquente, et plus la croissance du facteur main-d’œuvre est forte.

Deuxièmement, une dévaluation rend les biens produits localement moins chers et plus compétitifs que les biens importés, ce qui peut entraîner une augmentation de la demande de produits et services locaux et la création de nouvelles opportunités d’emploi dans ces secteurs. Ce paramètre dépend largement du degré d’interchangeabilité entre les biens importés et les biens produits localement.

5.1 Ajustement dans les pays émergents et pays en développement

Les dévaluations monétaires importantes s’accompagnent d’une montée de l’inflation. Une forte inflation peut faciliter les ajustements du marché du travail par le biais des prix, comme indiqué au chapitre 3 ; tandis que les quantités sur le marché du travail (chômage, emploi, emploi informel et heures de travail) peuvent être moins sensibles aux dévaluations monétaires.

Les ajustements consécutifs à de fortes dévaluations monétaires ont été analysés dans un échantillon de 148 pays émergents et pays en développement entre 1970 et 2022 (figure 5.1) — une forte dévaluation étant définie comme supérieure à 30 %, ce qui correspond à la plus modeste des trois plus grosses dévaluations effectuées en Égypte entre 2000 et 2021. Les estimations montrent un ajustement des salaires réels à la baisse. La baisse des salaires réels est due à une poussée de l’inflation au moment du choc, laquelle a persisté jusqu’à un an après la dévaluation. L’ampleur de la réduction des salaires réels donne à penser que l’ajustement par les prix est plus important que l’ajustement par les quantités (chômage et emploi).

31 CHAPITRE 5. COMMENT LE MARCHÉ DU TRAVAIL S'EST-IL AJUSTÉ APRÈS DE FORTES DÉVALUATIONS MONÉTAIRES ? TROUVER LE JUSTE ÉQUILIBRE : EMPLOIS ET SALAIRES EN TEMPS DE CRISE DANS LA RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD

Figure 5�1 Ajustements du marché du travail aux fortes dévaluations monétaires dans les PEPD, 1970-2022

a. Chômage

b. Ratio emploi/population

c. Heures de travail hebdomadaires

Effets moyens du traitement sur le groupe traité Effets moyens du traitement sur le groupe traité Effets moyens du traitement sur le groupe traité

la dévaluation Nombre d’années avant et après la dévaluation Nombre d’années avant et après la dévaluation

Effets moyens du traitement sur le groupe traité Effets moyens du traitement sur le groupe traité Effets moyens du traitement sur le groupe traité

Nombre d’années avant et après la dévaluation Nombre d’années avant et après la dévaluation Nombre d’années avant et après la dévaluation  Avant dévaluation  Après dévaluation

Source : Toutes les données, à l’exception des taux d’inflation, proviennent des estimations nationales de l’Organisation internationale du travail. Les taux d’inflation sont tirés des Statistiques financières internationales du Fonds monétaire international.

Note : L’échantillon comprend 148 PEPD. Lorsqu’un pays a connu plus d’une dévaluation d’au moins 30 %, l’année du choc le plus important a été retenue. Les estimations ont été réalisées en utilisant la méthodologie de Callaway et Sant'Anna (2021). Les points correspondent à une estimation des effets moyens du traitement sur le groupe traité ; les moustaches indiquent les intervalles de confiance à 90 %. Le salaire est en unités de monnaie nationale. L’échantillon varie en fonction des variables, compte tenu des contraintes de données. Dans l’échantillon le plus grand (chômage), le nombre de pays dans le groupe traité est de 55, le nombre de pays dans le groupe témoin était de 93. Le groupe témoin correspond aux pays qui n’ont pas connu de dévaluations monétaires supérieures à 30 % au cours de la période considérée.

5.2 Ajustement consécutif à la dévaluation monétaire de 2016 en Égypte

Le 3 novembre 2016, la Banque centrale d’Égypte a mis fin au contrôle des changes et au régime de taux flottant dirigé de la monnaie égyptienne31. La décision de laisser flotter la monnaie a été prise en raison d’une pénurie des réserves en devises et d’un déficit croissant de la balance courante. À la suite de cette décision, la livre égyptienne a connu une forte dépréciation. La variation en glissement annuel du taux de change nominal (monnaie nationale contre dollar) était de 87 % au quatrième trimestre 2016 et de 122 % au premier trimestre 2017.

Cet évènement marquant s’est accompagné d’une hausse de l’inflation et d’une baisse du pouvoir d’achat. En 2017, l’inflation en Égypte s’élevait à 30 % (figure 5.2).

3 2 1 0 -1 -2 -4 -3 -2 -1 01 23 4 4 2 0 -2 -4 -6 -4 -3 -2 -1 01 23 4 2 1 0 -1 -4 -3 -2 -1 01 23 4 Nombre d’années avant
Logarithme du salaire
Taux
et après
d.
nominal e. Logarithme du salaire réel f.
d’inflation
-4 -3 -2 -1 01 23 4 1 0,5 0 -0,5 -1 -4 -3 -2 -1 01 23 4 0,5 0 -0,5 -1 -1,5 -2 -4 -3 -2 -1 01 23 4 20 10 0 -10
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31 La présente section est axée sur l’Égypte, car les données concernant les autres pays MENA sont limitées.

5�2 Taux d’inflation et de croissance économique en Égypte, 2012-2022

La pandémie a été un choc récessif, mais la dévaluation monétaire de 2016 a été un choc inflationniste non récessif. Les différentes marges d’ajustement à ces deux évènements en Égypte s’inscrivent dans la logique selon laquelle l’ajustement du marché du travail dépend en partie du contexte inflationniste.

La forte inflation associée à la dévaluation a entraîné une érosion des salaires réels et un recul du chômage (figure 5.3). Au cours des six mois qui ont suivi la dévaluation, les salaires réels ont progressivement baissé de 10 %. Cette baisse s’est poursuivie, atteignant environ 20 %, 15 mois après la dévaluation. L’ajustement à la baisse des salaires réels lors de la dévaluation de 2016 a touché à la fois les femmes et les hommes, les travailleurs du secteur public et ceux du secteur privé. Pendant la pandémie en revanche, le taux d’inflation en Égypte étant assez faible (5 % en 2020), l’ajustement du marché du travail s’est opéré via une hausse du chômage, et les salaires réels sont restés relativement stables.

a. Taux d’inflation Pourcentage Dévaluation monétaire Pandémie 40 30 20 10 0 2012T1 2012T3 2013T1 2013T3 2014T1 2014T3 2015T1 2015T3 2016T1 2016T3 2017T1 2017T3 2018T1 2018T3 2019T1 2019T3 2020T1 2020T3 2021T1 2021T3 2022T1 2022T3 2023T1 b. Taux de croissance du PIB Pourcentage Dévaluation monétaire Pandémie 10 8 6 4 2 0 -2 2012T1 2012T3 2013T1 2013T3 2014T1 2014T3 2015T1 2015T3 2016T1 2016T3 2017T1 2017T3 2018T1 2018T3 2019T1 2019T3 2020T1 2020T3 2021T1 2021T3 2022T1 2022T3 2023T1 Source : Banque centrale d’Égypte. Note : L’exercice budgétaire égyptien commence en juillet. Pour la croissance du PIB, le premier trimestre (T1) de l’exercice correspond au troisième trimestre (T3) de l’année civile.
Figure
33 CHAPITRE 5. COMMENT LE MARCHÉ DU TRAVAIL S'EST-IL AJUSTÉ APRÈS DE FORTES DÉVALUATIONS MONÉTAIRES ? TROUVER LE JUSTE ÉQUILIBRE : EMPLOIS ET SALAIRES EN TEMPS DE CRISE DANS LA RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD

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Figure 5�3 Chômage et salaires après la dévaluation de la monnaie égyptienne en 2016 et la pandémie de COVID-19

Source : Les données concernant les taux de chômage et les salaires mensuels sont issues des enquêtes Emploi. Les données concernant le taux de change nominal proviennent de la Banque centrale d’Égypte.

Note : Toutes les séries sont corrigées des variations saisonnières. Les indices des salaires réels (mensuels et horaires) sont calculés en divisant les points de données par les valeurs trimestrielles correspondantes de l’indice des prix à la consommation. Pour la dévaluation monétaire, tous les résultats sont indexés à 1 au quatrième trimestre 2016 (le trimestre de la dévaluation monétaire). Pour la pandémie, tous les résultats sont indexés à 1 au premier trimestre 2020 (le trimestre précédant la récession).

a. Chômage b. Salaires mensuels réels c. Taux de change nominal Indice (1 = début de l’évènement) Indice (1 = début de l’évènement) Indice (1 = début de l’évènement) 1,6 1,4 1,2 1 0,8 0,6 0,4 0,2 -8 -6 -4 -2 02 46 8 1,2 1,1 1 0,9 0,8 0,7 -8 -6 -4 -2 02 46 8 1,4 1,2 1 0,8 0,6 0,4 -8 -6 -4 -2 02 46 8 Nombre de trimestres avant et
de l’évènement Nombre de
et
le
de l’évènement Nombre de trimestres avant et après le début de l’évènement
Dévaluation monétaire
après le début
trimestres avant
après
début

 Pandémie
34 CHAPITRE 5. COMMENT LE MARCHÉ DU TRAVAIL S'EST-IL AJUSTÉ APRÈS DE FORTES DÉVALUATIONS MONÉTAIRES ?
OCTOBRE 2023

CHAPITRE 6 COMMENT LE MARCHÉ DU TRAVAIL S'EST-IL AJUSTÉ APRÈS UN CHOC NÉGATIF SUR LES TERMES DE L'ÉCHANGE ?

Points clés du chapitre 6 :

• À la suite des chocs négatifs sur les termes de l’échange, les marchés du travail des pays émergents et pays en développement se sont ajustés en mettant un plus grand nombre de personnes au chômage et en réduisant les heures de travail.

• Les données factuelles issues de la République islamique d’Iran indiquent que le chômage a augmenté après la baisse mondiale des cours du pétrole de 2014-2015.

Un choc négatif sur les termes de l’échange peut agir sur la demande de main-d’œuvre. Dans une telle situation, les importations deviennent plus chères par rapport aux exportations. En réponse, les entreprises confrontées à la baisse de leurs recettes d’exportation peuvent réduire leurs effectifs ou limiter les recrutements ; l’augmentation des prix des biens importés entraîne le fléchissement de la demande globale réelle. Compte tenu des répercussions de la détérioration des termes de l’échange sur le revenu (baisse du revenu global disponible notamment), la demande globale peut diminuer et les prix peuvent s’orienter vers la baisse (Bems et al., 2021), ce qui peut réduire les possibilités d’emploi et aggraver le chômage. Un choc négatif sur les termes de l’échange peut avoir des effets négatifs sur la demande de main-d’œuvre, en particulier, mais pas uniquement, dans les industries tournées vers l’exportation.

Contrairement aux dévaluations monétaires, qui sont généralement inflationnistes, des chocs négatifs sur les termes de l’échange peuvent être associés ou non à des pressions inflationnistes. L’effet direct de la variation des cours internationaux des produits de base sur les prix à la consommation peut être positif ou négatif, selon que le pays concerné est un importateur ou un exportateur net desdits produits, et selon l’effet qu’un choc négatif des termes de l’échange aura sur le revenu (Bems et al., 2021).

6.1 Ajustement dans les pays émergents et pays en développement

Les estimations de l’étude des évènements présentées à la figure 6.1, lesquelles recèlent un certain degré d’incertitude, montrent que le chômage augmente après une forte dégradation des termes de l’échange (figure 6.1, panneau a) et que le nombre d’heures de travail hebdomadaires effectives diminue. Le mécanisme d’ajustement par les prix ne semble pas fonctionner, les salaires réels ne baissant pas, ce qui met en évidence les arbitrages entre l’ajustement par les quantités et l’ajustement par les salaires réels.

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Figure

6�1

Ajustements du marché du travail à une détérioration importante des termes de l’échange dans les PEPD entre 1981 et 2020

a. Chômage b. Ratio emploi/population c. Nombre d’heures de travail hebdomadaires

du traitement sur le groupe traité Effet

d’années avant et après le choc des termes de l’échange

d’années avant et après le choc des termes de l’échange

d’années avant et après le choc des termes de l’échange

d’années avant et après le choc des termes de l’échange

 Avant le choc des termes de l’échange  Après le choc des termes de l’échange

Nombre d’années avant et après le choc des termes de l’échange

Source : Toutes les données, à l’exception des taux d’inflation, proviennent des estimations nationales de l’OIT. Les taux d’inflation sont tirés des Statistiques financières internationales du Fonds monétaire international.

Note : L’échantillon comprend 147 PEPD qui ont subi une détérioration des termes de l’échange supérieure à -25 % (la moyenne des détériorations les plus prononcées dans les pays MENA de l’échantillon) sur la période 1981-2020. Lorsque les pays ont subi plus d’un choc de ce type, c’est l’année du choc le plus important qui a été retenue. Les estimations ont été réalisées en utilisant la méthode de Callaway et Sant’Anna (2021). Les points correspondent à une estimation des effets moyens du traitement sur le groupe traité ; les moustaches indiquent les intervalles de confiance à 90 %. Le salaire est en unités de monnaie nationale. L’échantillon varie au gré des évènements, en raison des contraintes de données. Dans l’échantillon le plus grand (chômage), le nombre de pays dans le groupe traité est de 29 ; le nombre de pays dans le groupe témoin est de 118.

6.2 Ajustements opérés par la République islamique d’Iran à la suite du choc pétrolier de 2014-2015

L’incidence d’un choc des termes de l’échange dépendra largement de la manière par laquelle les variations des cours des matières premières influent sur les prix à la consommation et sur l’inflation. À la suite de la chute mondiale des cours du pétrole en 2014-2015, l’indice des termes de l’échange en République islamique d’Iran a baissé de 23 %. La figure 6.2 compare les ajustements opérés sur le marché du travail après le choc pétrolier et après le choc provoqué par la COVID-19 (qui ont tous deux été récessifs). Associé à la baisse de la demande globale, le choc pétrolier a été suivi de niveaux d’inflation plus faibles (12,5 %) que pendant la pandémie (30 %).

Effet
moyen
-4 -3 -2 -1 01 23 4 4 3 2 1 0 -1 -2 -3 -4 -3 -2 -1 01 23 4 4 3 2 1 0 -1 -2 -3 -4 -4 -3 -2 -1 01 23 4 1 0 -1 -2 -3 Nombre
Nombre
Nombre d’années
d.
Effet moyen du traitement
moyen
Effet moyen du traitement sur le groupe traité -4 -3 -2 -1 01 23 4 1 0 -1 -2 -4 -3 -2 -1 01 23 4 0,6 0,4 0,2 0 -0,2 -0,4 -4 -3 -2 -1 01 23 4 10 8 6 4 2 0 -2 -4 -6 Nombre
Nombre
moyen
moyen du traitement sur le groupe traité Effet
du traitement sur le groupe traité
avant et après le choc des termes de l’échange
Logarithme du salaire nominal e. Logarithme du salaire réel f. Taux d’inflation
sur le groupe traité Effet
du traitement sur le groupe traité
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6�2 Taux d’inflation et de croissance économique en République islamique d’Iran, 2012-2022

Après le choc pétrolier qui a entraîné une réduction de la demande globale et exercé une pression baissière sur les prix, le marché du travail s’est ajusté en poussant le chômage à la hausse. C’est ainsi que le taux de chômage a connu une progression d’environ 5 % au cours du trimestre qui a suivi le choc, laquelle a atteint jusqu’à 15 %, trois trimestres plus tard, même si les salaires réels ont continué d’augmenter. Le chômage a été moins sensible au choc induit par la pandémie, pendant laquelle l’inflation a grimpé en flèche alors que les salaires réels étaient révisés à la baisse.

a. Taux d’inflation Pourcentage Baisse mondiale des cours du pétrolePandémie 60 50 40 30 20 10 0 2011T2 2012T4 2013T2 2013T4 2014T2 2014T4 2015T2 2015T4 2016T2 2016T4 2017T2 2017T4 2018T2 2018T4 2019T2 2019T4 2020T2 2020T42021T1 2011T4 2012T2 b. Taux de croissance du PIB Pourcentage Baisse mondiale des cours du pétrolePandémie 20 15 10 5 0 -5 -10 -15 -20 2011T2 2012T4 2013T2 2013T4 2014T2 2014T4 2015T2 2015T4 2016T2 2016T4 2017T2 2017T4 2018T2 2018T4 2019T2 2019T4 2020T2 2020T42021T1 2011T4 2012T2 Source : Banque centrale d’Iran.
Figure
37 CHAPITRE 6. COMMENT LE MARCHÉ DU TRAVAIL S'EST-IL AJUSTÉ APRÈS UN CHOC NÉGATIF SUR LES TERMES DE L'ÉCHANGE ? TROUVER LE JUSTE ÉQUILIBRE : EMPLOIS ET SALAIRES EN TEMPS DE CRISE DANS LA RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD

6�3 Chômage et salaires après la détérioration des termes de l’échange et la pandémie de COVID-19 en République islamique d’Iran

Nombre de trimestres avant et après le début de l’évènement

Nombre de trimestres avant et après le début de l’évènement Nombre

Source : Les données sur les taux de chômage ont été fournies par l’Organisation internationale du travail. Les données sur les salaires sont issues des enquêtes sur les revenus et les dépenses des ménages. Les données sur le taux de change nominal proviennent des Statistiques financières internationales du Fonds monétaire international.

Note : Toutes les séries sont corrigées des variations saisonnières. Les indices des salaires réels sont calculés en divisant les points de données par les valeurs trimestrielles correspondantes de l’indice des prix à la consommation. Pour le choc de la baisse mondiale des cours du pétrole, tous les résultats sont indexés à 1 au deuxième trimestre 2015 (le trimestre précédant la récession). Pour la pandémie, tous les résultats sont indexés à 1 au quatrième trimestre 2019 (le trimestre précédant la récession).

Figure
a. Chômage b. Salaires mensuels réels c. Taux de change nominal Indice (1 = début de l’évènement) Indice (1 = début de l’évènement) Indice (1 = début de l’évènement) -6 -4 -2 02 46 1,2 1,1 1 0,9 0,8 -6 -4 -2 02 46 1,2 1,1 1 0,9 0,8 -6 -4 -2 02 46 1,2 1,1 1 0,9 0,8
de
Pandémie Baisse mondiale des cours
trimestres avant et après le début de l’évènement
du pétrole
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CHAPITRE 7 CONSÉQUENCE À LONG TERME SUR L'EMPLOI ET BAISSE DES NIVEAUX DE VIE

Points clés du chapitre 7 :

• Face à un choc, le marché du travail s’ajuste en fonction de la nature dudit choc et du contexte d’inflation.

• Les ajustements par les quantités peuvent entraîner une dégradation durable du marché du travail, qui se manifeste par des pertes salariales à long terme et par des probabilités plus élevées de chômage et d’emploi informel.

• Les ajustements par les prix grèvent les salaires réels, avec de graves conséquences sur le niveau de vie et les inégalités à court terme.

• Les politiques publiques devraient protéger les travailleurs vulnérables moyennant des transferts monétaires, tout en permettant un ajustement des salaires réels, afin de réduire les coûts à long terme induits par les pertes d’emploi.

Les ajustements du marché du travail dépendent du type de choc et du contexte d’inflation dans lequel les chocs se produisent. Le mécanisme d’ajustement du marché du travail peut avoir des conséquences à long terme sur l’emploi et sur le niveau de vie.

7.1 Conséquences négatives à long terme des suppressions d’emplois

La perte d’emploi peut avoir des retombées négatives à long terme sur les travailleurs, ce qui laisse généralement des séquelles sur le marché du travail — sous la forme de pertes de salaires à long terme qui perdurent plusieurs années après la cessation d’emploi et qui augmentent les risques de chômage ou de travail dans le secteur informel. Lorsqu’un individu perd son emploi, surtout en période de récession, il lui est souvent difficile d’en trouver un autre. Un chômage prolongé peut induire une déperdition de compétences. Cette baisse du capital humain fait qu’il est plus difficile d’obtenir un emploi comparable à l’avenir.

Réalisées essentiellement dans des économies avancées, les études sur ce sujet font systématiquement état de pertes salariales très importantes, durables et à long terme après des suppressions d’emplois. Il ressort notamment de plusieurs études menées aux États-Unis que les travailleurs ayant perdu leur emploi sont plus susceptibles de se retrouver au chômage après une suppression de poste et qu’une telle situation laisse des séquelles permanentes sur leurs perspectives de revenus (voir Ruhm, 1991 ; Jacobson, LaLonde et Sullivan, 1993 ; Pissarides, 1992 ; Kroft, Lange et Notowidigdo, 2013 ; et Filomena, 2021). Une étude sur le Mexique (Arias et Lederman, 2023) montre que les suppressions d’emplois pour cause de fermeture d’usine sont associées à des pertes de salaires réels pouvant durer jusqu’à dix ans après ladite fermeture.

L’analyse présentée ici utilise les données de l’Enquête de suivi du marché du travail réalisée en Égypte en 2018 pour étudier l’incidence des suppressions d’emploi involontaires sur les travailleurs. Grâce à la disponibilité d’informations rétrospectives retraçant les trajectoires professionnelles des individus, il est possible d’identifier les travailleurs qui ont déjà été victimes d’une suppression de poste involontaire dans l’un des emplois qu’ils ont déclarés et ceux qui ne se sont jamais retrouvés dans cette situation. La suppression d’emploi fait référence à la perte d’un emploi pour des causes telles que la résiliation du contrat de travail sur décision de l’employeur, la suspension du projet ou la fermeture de l’entreprise. Les personnes qui avaient déjà perdu un travail — hommes comme femmes — avaient des salaires horaires plus bas, moins de possibilités d’embauche, un taux de chômage plus élevé et des niveaux d’emploi importants dans l’informel au moment de l’enquête (figure 7.1).

39 CHAPITRE 7. CONSÉQUENCE À LONG TERME SUR L'EMPLOI ET BAISSE DES NIVEAUX DE VIE TROUVER LE JUSTE ÉQUILIBRE : EMPLOIS ET SALAIRES EN TEMPS DE CRISE DANS LA RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD

7�1

des suppressions d’emploi involontaires sur les salaires, l’emploi, le chômage et le secteur formel en Égypte

 Non licenciés  Licenciés

Source : Les données sont issues de l’Enquête de suivi du marché du travail en Égypte (2018).

Note : L’analyse se limite à la population en âge de travailler (15-64 ans). Une période de référence de trois mois est définie pour l’emploi et le chômage. Il a été demandé aux personnes sondées d’indiquer si elles occupaient un emploi ou étaient au chômage pendant les trois mois qui précédaient l’enquête. Le terme « chômage » est utilisé ici pour les personnes en situation de recherche active d’un emploi. L’emploi formel fait référence à une personne qui a un contrat de travail ou bénéficie de la sécurité sociale.

en Égypte

Différence en pourcentage entre le logarithme des salaires des travailleurs ayant perdu un emploi et celui des travailleurs qui ont conservé leur emploi

Taux d’emploi formel Taux de chômageTaux d’emploi Logarithme du salaire horaire Nombre d’années après la fermeture de l’usine

Source : Arias et Lederman, 2023.

Note : La ligne continue représente les coefficients (l’écart salarial). Les lignes en pointillés correspondent aux intervalles de confiance à 95 %. Les erreurs standard sont regroupées au niveau de l’État. Toutes les régressions tiennent compte du nombre d’années d’études, du genre, de la situation matrimoniale, de l’âge, de l’âge au carré, de l’État et des effets fixes spécifiques au secteur d’activité.

 Femmes  Hommes

Source : Les données sont issues de l’Enquête de suivi du marché du travail en Égypte (2018). Note : L’analyse se limite à la population en âge de travailler (15-64 ans). Les coefficients de régression sont rapportés à partir d’une spécification de régression dans laquelle la principale variable d’intérêt est une variable muette indiquant que le travailleur a déjà changé d’emploi à la suite d’un licenciement ou d’une suspension (par rapport au fait de n’avoir jamais été victime d’une suppression d’emploi involontaire). La spécification de régression inclut les variables de régression suivantes : quatre variables muettes pour le niveau d’éducation le plus élevé (aucune instruction ; éducation primaire ou préparatoire ; éducation secondaire enseignement professionnel ou général ; et éducation postsecondaire soit dans un institut postuniversitaire, soit dans une université et plus) ; et des variables muettes pour le fait d’être marié, l’âge et l’âge au carré, et la résidence en zone rurale. Les régressions tiennent compte des effets fixes de la dernière année où l’on a perdu son emploi.

Certaines des différences entre les travailleurs dont les emplois avaient été supprimés et ceux qui n’en avaient pas perdu deviennent sans importance lorsqu’on prend en considération les caractéristiques individuelles observables et les effets fixes de l’année de cessation d’emploi. En moyenne, les premiers avaient perdu leur emploi à peu près dix ans avant l’enquête. Dix ans plus tard, les salaires des hommes qui avaient perdu leur emploi n’étaient pas véritablement inférieurs à ceux des travailleurs qui étaient restés en fonction. En revanche, les femmes dont les emplois avaient été supprimés étaient exposées à de fortes pénalités salariales, même dix ans après la suppression. Cependant, le manque de données longitudinales sur les salaires après une suppression d’emploi a rendu impossible toute reproduction des estimations standard de la perte de revenus, lesquelles rendent compte de l’écart entre les salaires des travailleurs qui ont dû changer d’emploi et ceux des travailleurs qui ne l’ont pas fait au fil du temps. Arias et Lederman (2023) constatent que deux années après la fermeture d’une usine au Mexique, les salaires des travailleurs dont les emplois avaient été supprimés étaient inférieurs de 11 % à ceux des travailleurs qui avaient été maintenus, mais qu’ils avaient quasiment retrouvé leur niveau de départ neuf ans plus tard (voir figure 7.2).

Figure
a. Salaire horaire b. Emploi c. Chômage d. Emploi formel Échelle logarithmique Pourcentage Pourcentage Pourcentage 2,3 2,1 1,8 1,5 1,2 0,9 0,6 0,3 0 100 80 60 40 20 0 12 10 8 6 4 2 0 45 40 35 30 25 20 15 10 5 0 HommesHommesHommesHommesFemmesFemmesFemmesFemmes 2,26 2,23 90,5 88,2 1,4 5,1 38,8 29,5 2,20 1,98 36,5 33,7 4,6 11,6 41,1 27,9
Effet
Figure 7�2 Effet des suppressions d’emploi involontaires au Mexique Figure 7�3 Effet des suppressions d’emploi involontaires
Variation en points de pourcentage 0 -0,02 -0,04 -0,06 -0,08 -0,10 -0,12 -0,14 0 12345678 9 0,2 0 -0,2 -0,4 -0,6 -0,8
40 CHAPITRE 7. CONSÉQUENCE À LONG TERME SUR L'EMPLOI ET BAISSE DES NIVEAUX DE VIE RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD | BULLETIN D’INFORMATION ÉCONOMIQUE DE LA RÉGION MENA — OCTOBRE 2023

Des éléments factuels issus de l’Égypte (figure 7.3) semblent indiquer que la probabilité est plus grande pour les travailleurs dont les emplois ont été supprimés d’être au chômage ou d’intégrer le secteur informel que ceux qui n’ont pas été licenciés, même dix ans après : les hommes sont plus susceptibles de se retrouver au chômage (3 points de pourcentage) et dans le secteur informel (9 points de pourcentage), tandis que les femmes sont plus exposées au risque du chômage (8 points de pourcentage), mais ne semblent pas plus enclines à se rabattre sur le secteur informel.

L’accroissement de l’emploi informel et du sous-emploi peuvent aussi avoir des conséquences négatives à long terme sur le marché du travail. Une étude menée au Brésil a révélé que les personnes ayant été longtemps au chômage ou dans l’informel pendant leur jeunesse ont tendance à s’en sortir systématiquement moins bien que les autres sur le marché du travail, notamment au début de l’âge adulte (Cruces, Ham et Viollaz, 2012). Selon des estimations, chaque point de pourcentage supplémentaire d’emploi informel chez les jeunes se traduit par une augmentation de 0,5 % à 0,7 % environ du taux de participation à l’économie informelle à l’âge adulte chez les hommes, et de 0,5 % à 0,8 % chez les femmes. En Indonésie, autre pays où les taux d’emploi informel sont élevés, Pritadrajati, Kusuma et Saxena (2021) montrent que la durée de l’emploi indépendant dans le secteur informel a un effet préjudiciable sur les travailleurs masculins, chaque année supplémentaire d’emploi indépendant étant liée à une diminution de 1,42 % des revenus à l’avenir.

7.2 Érosion des salaires : accroissement des inégalités de revenus et conséquences disproportionnées sur les pauvres

Les conséquences distributives des dévaluations monétaires de grande ampleur peuvent accentuer les inégalités de revenu. Au moment de la dévaluation monétaire de 2016 en Égypte, 4 % des variations du taux de change ont immédiatement été répercutées sur les prix, et 9 % au cours des six mois qui ont suivi. Alazzawi et Hlasny (2019) estiment que le ménage moyen a dû faire face à une augmentation de 50 % du coût de la vie, l’impact étant encore plus important pour les ménages les plus démunis.

Dans d’autres épisodes de dévaluation de la monnaie en Égypte, tels que la baisse de 67 % du taux de change nominal entre 2000 et 2005, la dégradation du bien-être chez les pauvres a aussi été disproportionnée (Kraay, 2007). Au Mexique, deux années après la forte dévaluation de 1994, le coût de la vie a augmenté d’environ 1,5 fois plus pour le décile de revenu le plus bas que pour le décile le plus haut (Cravino et Levchenko, 2017).

Ces résultats sont cohérents avec les conclusions du Bulletin d’information économique de la région MENA d’avril 2023, qui montre que les ménages les plus pauvres connaissent des niveaux d’inflation supérieurs à ceux des ménages les plus riches. En décembre 2022 par exemple, les ménages pauvres de la région MENA ont subi une inflation supérieure d’environ 2 points de pourcentage (en glissement annuel) à celle des ménages riches (Gatti et al., 2023).

7.3 Moyens d’action possibles pour relever les défis du marché du travail

La réaction des pouvoirs publics aux ajustements du marché du travail diffère en partie selon que les ajustements s’opèrent à travers les quantités ou à travers les prix. Les pertes d’emploi et l’activité informelle peuvent avoir des conséquences à long terme. Les travailleurs qui perdent leur emploi peuvent garder des séquelles temporaires ou permanentes de cette situation et voir leur capital humain se déprécier.

Les ajustements par la baisse des salaires réels dans des contextes d’inflation élevée soulèvent d’autres préoccupations. Des salaires réels plus bas signifient que le pouvoir d’achat des concernés diminue, ce qui peut donner lieu à une réduction du niveau de vie à court terme et creuser davantage les inégalités existantes. Souvent, ce sont les pauvres et les personnes marginalisées qui supportent le plus lourdement ces coûts.

41 CHAPITRE 7. CONSÉQUENCE À LONG TERME SUR L'EMPLOI ET BAISSE DES NIVEAUX DE VIE TROUVER LE JUSTE ÉQUILIBRE : EMPLOIS ET SALAIRES EN TEMPS DE CRISE DANS LA RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD

Il est important de préserver la flexibilité du mécanisme d’ajustement par les prix. L’indexation des salaires sur l’inflation ou sur le taux de change annule ce mécanisme, obligeant les marchés du travail à s’ajuster exclusivement par le biais des quantités. Un tel ajustement a une incidence négative durable sur l’emploi et modifie la composition de la population active, ce qui peut renforcer l’activité informelle à long terme.

L’ajustement par les prix peut être préférable à l’ajustement par les quantités en raison de la difficulté à gérer les séquelles sur l’emploi. Les politiques qui traitent des conséquences négatives des cessations d’emploi, telles que les politiques actives du marché du travail, produisent des résultats ambigus32. Par exemple, dans une méta-analyse tirée de 97 études portant sur les politiques actives du marché du travail menées entre 1995 et 2007, Card, Kluve et Weber (2010) observent que les programmes d’emploi dans le secteur public n’étaient pas efficaces, et que les programmes d’aide à la recherche d’emploi étaient plus susceptibles d’induire des effets positifs. Ils démontrent que les programmes de formation en cours d’emploi ont des effets soit négatifs soit négligeables à court terme, et que ceux-ci ne peuvent être positifs qu’à moyen terme. Des études plus récentes (Brown et Koettl, 2015 ; Card, Kluve et Weber, 2018) corroborent ces résultats.

Une méta-étude de la Banque mondiale et de l’OIT sur l’incidence des politiques actives du marché du travail sur les jeunes fait remarquer que l’efficacité de ces politiques pour l’amélioration des résultats des jeunes sur le marché du travail dépend du type de programme et de la façon dont une intervention est conçue et menée (ILO, 2022). Il ressort de cette méta-étude que les interventions axées sur l’entrepreneuriat et la formation professionnelle produisent des résultats positifs, contrairement aux services de l’emploi et aux programmes d’emplois subventionnés. Ces résultats contrastent toutefois avec ceux de Card, Kluve et Weber (2010). En effet, la méta-analyse de la Banque mondiale et de l’OIT semble indiquer que des politiques de promotion du marché du travail par des interventions multidimensionnelles et de plus longue durée sont plus efficaces que les autres.

Les travaux disponibles montrent également que les interventions visant à promouvoir la formalisation des emplois informels ne sont généralement pas efficaces. Une méta-analyse effectuée par Floridi, Demena et Wagner (2020) et couvrant 27 études portant sur des interventions allant de la simplification des procédures d’enregistrement au renforcement de l’application de la loi n’a apporté aucune preuve que de telles interventions favorisent le développement de l’emploi dans le secteur formel.

En revanche, les faits observés portent à croire que les politiques qui traitent des conséquences négatives immédiates de l’ajustement par les prix, comme les filets de sécurité sociale, donnent de bons résultats. Les programmes de transferts d’argent à grande échelle ont des effets documentés sur un large éventail de paramètres, dont la consommation, les actifs et le bien-être psychologique (Haushofer et Shapiro, 2016 ; Baird, McIntosh et Özler, 2011 ; Bastagli et al., 2016). Egger et al. (2022) révèlent que des transferts importants d’argent liquide dans les zones rurales du Kenya ont augmenté la consommation et les actifs des bénéficiaires, et que les effets indirects induits sur les ménages et les entreprises non bénéficiaires étaient importants. Le Rapport sur le développement dans le monde 2019 met en lumière l’efficacité des régimes de protection sociale, lesquels augmentent le capital humain des générations actuelles et futures, comme en attestent les progrès en matière de scolarisation, de sécurité alimentaire, de développement cognitif et de bien-être mental (World Bank, 2018)33

Les enseignements tirés de la pandémie de COVID-19 soulignent l’importance croissante du dialogue sur les politiques à mener dans la région MENA pour mettre au point des programmes de protection sociale, capables de répondre de manière efficace et efficiente aux besoins des populations les plus vulnérables (Kamurase et Willenborg, 2021).

32 Cette constatation concorde avec les résultats du Rapport sur le développement dans le monde 2013 selon lesquels l’efficacité des politiques actives du marché du travail dépend de leur conception et de leur mise en œuvre. Ce rapport fait également valoir que même lorsque celles-ci sont bien conçues, leurs effets sont généralement modestes.

33 Les programmes de maintien dans l’emploi peuvent être un outil efficace pour aider les marchés du travail à surmonter des chocs économiques temporaires. C’est le principal instrument utilisé dans la plupart des pays de l’OCDE pour atténuer les effets négatifs de la crise de la COVID-19 sur les marchés du travail. L’édition 2021 des Perspectives de l’emploi de l’OCDE prétend que ces types de programmes ont permis de limiter les pertes d’emplois et d’éviter une flambée du chômage après la crise de la COVID-19, mais elle fournit peu d’éléments probants sur les entraves à la création d’emplois (OECD, 2021). Pourtant, avec le recul, il apparait aussi clairement que des pays comme les États-Unis, qui ont eu recours à des transferts monétaires, ont un marché du travail bien plus sain et plus tendu après 2020 que ceux d’Europe.

42 CHAPITRE 7. CONSÉQUENCE À LONG TERME SUR L'EMPLOI ET BAISSE DES NIVEAUX DE VIE RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD | BULLETIN D’INFORMATION ÉCONOMIQUE DE LA RÉGION MENA — OCTOBRE 2023

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45 BIBLIOGRAPHIE TROUVER LE JUSTE ÉQUILIBRE : EMPLOIS ET SALAIRES EN TEMPS DE CRISE DANS LA RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD

Annexe A Effet de la pandémie de COVID-19 sur le chômage, par âge et par statut migratoire

Figure A�1 Variation en points de pourcentage du taux de chômage chez les jeunes et les adultes dans cinq pays MENA que l’on peut attribuer au choc causé par la COVID-19

a. Jeunes (15-24 ans)

Variation en points de pourcentage

Maroc Jordanie Égypte Arabie saoudite Qatar

b. Adultesa

Variation en points de pourcentage

Maroc Jordanie Égypte Arabie saoudite Qatar

Source : Arabie saoudite – Autorité générale des statistiques (GASTAT). Égypte – Estimations nationales de l’Organisation internationale du travail. Jordanie – Microdonnées de l’enquête Emploi. Maroc – Haut-Commissariat au Plan (HCP). Qatar – Autorité de la planification et des statistiques (PSA).

Note : Voir Encadré B.1 pour la méthodologie. Les taux de chômage réel sont indiqués entre parenthèses. a) Pour l’Arabie saoudite, l’Égypte et la Jordanie, la population adulte comprend les personnes âgées de 25 ans et plus. Au Maroc, elle désigne les personnes de 45 ans et plus. Au Qatar, ce sont les 25-44 ans.

T T T T T T T , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , T T T T T T T T T T T T T T T T T T T T T T T T T T T T
T T T T T T T T T T T T T T T T T T T T T T T T T T T T T T T T T T T , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,
46 ANNEXE RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD | BULLETIN D’INFORMATION ÉCONOMIQUE DE LA RÉGION MENA — OCTOBRE 2023

Source : Arabie saoudite — Autorité générale des statistiques (GASTAT). Jordanie — Microdonnées de l’enquête Emploi.

Note : Voir Encadré B.1 pour la méthodologie. Les taux de chômage réel sont indiqués entre parenthèses.

Figure A�2 Variation en points de pourcentage du chômage chez les citoyens et les non-ressortissants en Arabie saoudite et en Jordanie que l’on peut attribuer au choc causé par la COVID-19 a. Chômage chez les citoyens
Variation en points de pourcentage Variation en points de pourcentage T T T T T T T T T T T T T T , , , ,, , , , , , , , , , Jordanie Arabie saoudite 8 6 4 2 0 Jordanie 2020T22020T32020T42021T12021T22021T32021T4 (15) 2,8 (18) 6,0 (15) 3,5 (14) 3,7 (16) 6,8 (10) 0,9 Arabie saoudite 2020T22020T32020T42021T12021T22021T32021T4 (4) 3,5 (3) 2,8 (3) 2,5 (2) 1,4 (3) 2,7 (3) 2,5 (3) 3,0 (18) 7,6
b. Chômage chez les non-ressortissants
47 ANNEXE TROUVER LE JUSTE ÉQUILIBRE : EMPLOIS ET SALAIRES EN TEMPS DE CRISE DANS LA RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD

Annexe B

Indicateurs agrégés du marché du travail dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord

Tableau B � 1 Indicateurs agrégés du marché du travail dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, par pays

Catégorie de revenu/pays Taux de chômage (pourcentage) Ratio emploi/ population (pourcentage) Taux d’activité (pourcentage) Nombre moyen d’heures de travail hebdomadaires effectives Salaire mensuel nominal (monnaie nationale) Salaire mensuel réel (monnaie nationale) Salaire mensuel réel (dollars) Variation du salaire réel en dollars depuis 2019 (pourcentage) Emploi informel (pourcentage) PIB par habitant (PPA, dollars internationaux constants de 2017) Pays à revenu élevé Qatar 0,1 (2022) 87,2 (2022) 87,4 (2022) 47 (2020) 1 1742 (2022) 9 720,2 (2022) 2 670,4 (2022) 0,3 (2022) — 97 096,9 (2022) Émirats arabes unis 3,1 (2021) 74,4 (2021) 76,8 (2021) 52,6 (2009) 7 450,6 (2009) 7 516 (2009) 2 046,6 (2009) 74 299 (2022) Bahreïn 1,2 (2012) 70,9 (2015) 71,6 (2015) 353 (2020) 304,3 (2020) 809,2 (2020) 9,6 (2020) 51 854,7 (2022) Arabie saoudite 5,6 (2022) 57,6 (2022) 61,1 (2022) 6 625 (2022) 5 119,8 (2022) 1 365,3 (2022) -4,3 (2022) 50 022,9 (2022) Koweït 2,2 (2016) 72,2 (2016) 73,8 (2016) 353 (2016) 289,6 (2016) 958,4 (2016) 49 168,6 (2022) Oman 1,9 (2021) 59,2 (2021) 66,6 (2021) 35 336,9 (2022) Médiane de 2022 hors région MENA 5 58,7 61,9 36,3 S � O � S � O � 2 973 –3,3 31 42 898 Pays à revenu intermédiaire, tranche supérieure Libye 19 (2012) 38,7 (2012) 47,8 (2012) 19 796,6 (2022) Iraq 16,2 (2021) 33,2 (2021) 39,7 (2021) 29,7 (2021) 67 (2021) 9 199 (2022) Cisjordanie et Gaza 24,4 (2022) 34 (2022) 45 (2022) 38 (2022) 3 067,5 (2022) 2 588,9 (2021) 801,5 (2021) 15,8 (2021) 53,9 (2022) 5 722,4 (2022) Médiane de 2022 hors région MENA 5 58,5 63,2 41,6 S � O � S � O � 261 –15,3 57 15 093 Pays à revenu intermédiaire, tranche inférieure Iran, Rép, islamique 9 (2022) 37,2 (2022) 40,9 (2022) 44,1 (2021) 25 449 673 (2020) 3 537 133 (2020) 84,2 (2020) 4,2 (2020) 15 308 (2022) Égypte, Rép, arabe 7,2 (2022) 39,8 (2021) 42,7 (2022) 43,3 (2021) 3 031 (2021) 950 (2021) 60,75 (2021) 17,1 (2021) 67 (2019) 12 780,8 (2022) Algérie 12 (2017) 36,9 (2017) 41,8 (2017) 11 187,4 (2022) Tunisie 15,5 (2022) 40,5 (2019) 48,9 (2019) 43,4 (2019) 739,7 (2019) 476,2 (2019) 162,3 (2019) 36,9 (2019) 10 577,7 (2022) 48 ANNEXE RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD | BULLETIN D’INFORMATION ÉCONOMIQUE DE LA RÉGION MENA — OCTOBRE 2023

Tableau B � 1

Indicateurs agrégés du marché du travail dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, par pays Catégorie de revenu/pays

Source : Les données sur le taux de chômage, le ratio emploi/population et le taux d’activité proviennent des estimations nationales d e l’Organisation internationale du travail pour les économies suivantes : Algérie, Bahreïn, Cisjordanie et Gaza, Djibouti, Émirats arabes unis, Iraq, Koweït, Libye, Oman, Syrie et Yémen. Les sources de données pour les autres pays sont présentées ci-après : République arabe d’Égypte –Agence centrale pour la mobilisation publique et les statistiques (CAPMAS) ; République islamique d’Iran –Centre de statistiques de l’Iran (SCI) ; Jordanie –Département des statistiques (DOS) ; Liban –Administration centrale de la statistique (CAS) ; Maroc –Haut-Commissariat au Plan (HCP) ; Qatar –Autorité de la planification et des statistiques (PSA) ; Arabie saoudite –Autorité générale des statistiques (GASTAT) ; et Tunisie –Institut national de la statistique (INS). Pour l’Iran, les données relatives à 2022 font référence aux indicateurs du marché du travail de l’année iranienne 1401 (qui couvre la période allant du 21 mars 2022 au 20 mars 2023). Les données pour le Liban proviennent de l’enquête Emploi menée conjointement par l’Organisation internationale du travail et l’Administration centrale de la statistique du Liban en janvier 2022. Les estimations concernant l’Arabie saoudite, la Jordanie et le Qatar tiennent compte à la fois des citoyens de ces pays et des résidents qui n’en sont pas ressortissants. Les données sur le nombre moyen d’heures de travail hebdomadaires effectives des salariés proviennent des estimations nationales de l’OIT basées sur les données de l’enquête Emploi. Les données sur les salaires mensuels proviennent des estimations nationales de l’OIT, sauf en ce qui concerne l’Arabie saoudite, le Qatar et la République islamique d’Iran. Les données pour ces pays prov iennent des sources suivantes : Arabie saoudite –GASTAT ; Qatar –PSA ; et République islamique d’Iran –SCI. Les estimations concernant l’Égypte ont été effectuées à partir des données de l’enquête Emploi fournies par le Forum de recherche économique. Le salaire mensuel nominal moyen est exprimé en monnaie nationale. Le salaire mensuel réel en monnaie nationale est ajusté à l’aide des données de l’IPC (indexé à 100 en 2010) tirées de la base de données de la Banque mondiale pour tenir compte de l’inflation. Le salaire mensuel réel en dollars est calculé en divisant le salaire mensuel réel en monnaie nationale par les taux de change moyens annuels pour chaque pays tirés du Global Economic Monitor . Les données sur le taux d’emploi informel proviennent des estimations nationales de l’OIT, à l’exception du Liban pour lequel les données ont été produites par l’Administration centrale de la statistique. Les informations sur le PIB par habitant sont issues de la base de données de la Banque mondiale.

Note : Les données sur le taux de chômage, le ratio emploi/population et le taux d’activité portent sur les personnes âgées de 15 ans et plus. L’année la plus récente pour chaque indicateur d’un pays donné est fournie entre parenthèses. Le tiret signifie que les données sont manquantes. « S.O. » indique que la variable est sans objet.

Ratio
(pourcentage) Nombre moyen d’heures de travail hebdomadaires effectives Salaire mensuel nominal (monnaie nationale) Salaire mensuel réel (monnaie nationale) Salaire mensuel réel (dollars) Variation du salaire réel en dollars depuis 2019 (pourcentage) Emploi informel (pourcentage)
par habitant (PPA,
internationaux constants de
Jordanie 18,3 (2022) 31,5 (2022) 38,5 (2022) 47 (2021) 337,1 (2021) 263,9 (2021) 371,7 (2021) 3,6 (2021) 51,6 (2021) 9 318,7 (2022) Maroc 11,9 (2022) 39,1 (2022) 44,3 (2022) 45 (2021) 8 061,5 (2022) Djibouti 26,1 (2017) 23,9 (2017) 32,3 (2017) 95 504,3 (2017) 82 178,4 (2017) 462,4 (2017) 50,5 (2017) 4 991 (2022) Liban 29,6 (2022) 30,5 (2022) 43,4 (2022) 46,9 (2019) 1 175 862,2 (2019) 904 338,2 (2019) 599,9 (2019) 62,4 (2022) Médiane de 2022 hors région MENA 5,6 59,3 63,1 45,4 S � O � S � O � 141 –16,3 56 4 882 Pays à faible revenu Syrie 8,6 (2010) 43,4 (2011) 11 344 (2010) 11 344 (2010) 1 010,6 (2010) Yémen 13,5 (2014) 31,4 (2014) 36,2 (2014) 39,2 (2014) 61 426,1 (2014) 38 980,1 (2014) 181,4 (2014) 77,4 (2014) Médiane de 2022 hors région MENA 15,1 51,1 60,2 28,8 S � O � S � O � 15 87 1 569
Taux de chômage (pourcentage)
emploi/ population (pourcentage) Taux d’activité
PIB
dollars
2017)
49 ANNEXE TROUVER LE JUSTE ÉQUILIBRE : EMPLOIS ET SALAIRES EN TEMPS DE CRISE DANS LA RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD
Tableau B � 2
Moyen-Orient
Afrique
Catégorie
revenu/pays Taux de chômage (pourcentage) Ratio emploi/ population (pourcentage) Taux d’activité (pourcentage) Nombre moyen d’heures de travail hebdomadaires effectives Salaire mensuel nominal (monnaie nationale) Salaire mensuel réel (monnaie nationale) Salaire mensuel réel (dollars) Variation du salaire réel en dollars depuis 2019 (pourcentage) Emploi informel (pourcentage) PIB par habitant (PPA, dollars internationaux constants de 2017) Pays à revenu élevé Qatar 0,1 (2022) 95,2 (2022) 95,3 (2022) 47 (2020) 11 582 (2022) 9 587,7 (2022) 2 634 (2022) –4,8 (2022) 97 096,9 (2022) Émirats arabes unis 2,1 (2021) 88,4 (2021) 90,3 (2021) 51,6 (2009) 7 917,6 (2009) 7 987,1 (2009) 2 174,8 (2009) 74 299 (2022) Bahreïn 0,5 (2012) 86,8 (2015) 86,9 (2015) 336 (2020) 289,6 (2020) 770,2 (2020) 9,7 (2020) 51 854,7 (2022) Arabie saoudite 2,6 (2022) 77,5 (2022) 79,6 (2022) 6 791 (2022) 5 248,1 (2022) 1 399,5 (2022) –1,6 (2022) 50 022,9 (2022) Koweït 0,9 (2016) 87 (2016) 87,8 (2016) 49 168,6 (2022) Oman 1,1 (2021) 76,7 (2021) 83,8 (2021) 35 336,9 (2022) Médiane de 2022 hors région MENA 5,1 65,5 67,9 38,5 S � O � S � O � 3 368 –5,1 32 42 898 Pays à revenu intermédiaire, tranche supérieure Libye 15,9 (2012) 51,3 (2012) 61 (2012) 19 796,6 (2022) Iraq 14,3 (2021) 58,5 (2021) 68,2 (2021) 31,8 (2021) 69,8 (2021) 9 199 (2022) Cisjordanie et Gaza 20,3 (2022) 56,4 (2022) 70,7 (2022) 39,1 (2022) 3 214,5 (2022) 2 694,1 (2021) 834,1 (2021) 15,7 (2021) 55,5 (2022) 5 722,4 (2022) Médiane de 2022 hors région MENA 4,6 68,9 74,5 43,2 — — 283 –16,4 57 15 093 Pays à revenu intermédiaire, tranche inférieure Iran, Rép, islamique 7,7 (2022) 63 (2022) 68,2 (2022) 45,5 (2021) 15 308 (2022) Égypte, Rép, arabe 5,6 (2021) 65,2 (2021) 69,1 (2021) 44 (2021) 3 119 (2021) 978 (2021) 62,5 (2021) 17,3 (2021) 69,7 (2019) 12 780,8 (2022) Algérie 9,8 (2017) 60 (2017) 66 (2017) 11 187,4 (2022) Tunisie 13,3 (2022) 61 (2019) 70,8 (2019) 44,1 (2019) 780,5 (2019) 502,5 (2019) 171,2 (2019) 39,3 (2019) 10 577,7 (2022) 50 ANNEXE RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD | BULLETIN D’INFORMATION ÉCONOMIQUE DE LA RÉGION MENA — OCTOBRE 2023
Indicateurs agrégés du marché du travail pour les hommes de la région
et
du Nord, par pays
de

Indicateurs agrégés du marché du travail pour les hommes de la région

Source : Les données sur le taux de chômage, le ratio emploi/population et le taux d’activité proviennent des estimations nationales d e l’Organisation internationale du travail pour les économies suivantes : Algérie, Bahreïn, Cisjordanie et Gaza, Djibouti, Émirats arabes unis, Iraq, Koweït, Libye, Oman, Syrie et Yémen. Les sources de données pour les autres pays sont présentées ci-après : République arabe d’Égypte –Agence centrale pour la mobilisation publique et les statistiques (CAPMAS) ; République islamique d’Iran –Centre de statistiques de l’Iran (SCI) ; Jordanie –Département des statistiques (DOS) ; Liban –Administration centrale de la statistique (CAS) ; Maroc –Haut-Commissariat au Plan (HCP) ; Qatar –Autorité de la planification et des statistiques (PSA) ; Arabie saoudite –Autorité générale des statistiques (GASTAT) ; et Tunisie –Institut national de la statistique (INS). Pour l’Iran, les données relatives à 2022 font référence aux indicateurs du marché du travail de l’année iranienne 1401 (qui couvre la période allant du 21 mars 2022 au 20 mars 2023). Les données pour le Liban proviennent de l’enquête Emploi menée conjointement par l’Organisation internationale du travail et l’Administration centrale de la statistique du Liban en janvier 2022. Les estimations concernant l’Arabie saoudite, la Jordanie et le Qatar tiennent compte à la fois des citoyens de ces pays et des résidents qui n’en sont pas ressortissants. Les données sur le nombre moyen d’heures de travail hebdomadaires effectives des salariés proviennent des estimations nationales de l’OIT basées sur les données de l’enquête Emploi. Les données sur les salaires mensuels proviennent des estimations nationales de l’OIT, sauf en ce qui concerne l’Arabie saoudite, le Qatar et la République islamique d’Iran. Les données pour ces pays prov iennent des sources suivantes : Arabie saoudite –GASTAT ; Qatar –PSA ; et République islamique d’Iran –SCI. Les estimations concernant l’Égypte ont été effectuées à partir des données de l’enquête Emploi fournies par le Forum de recherche économique. Le salaire mensuel nominal moyen est exprimé en monnaie nationale. Le salaire mensuel réel en monnaie nationale est ajusté à l’aide des données de l’IPC (indexé à 100 en 2010) tirées de la base de données de la Banque mondiale pour tenir compte de l’inflation. Le salaire mensuel réel en dollars est calculé en divisant le salaire mensuel réel en monnaie nationale par les taux de change moyens annuels pour chaque pays tirés du Global Economic Monitor . Les données sur le taux d’emploi informel proviennent des estimations nationales de l’OIT, à l’exception du Liban pour lequel les données ont été produites par l’Administration centrale de la statistique. Les informations sur le PIB par habitant sont issues de la base de données de la Banque mondiale.

Note : Les données sur le taux de chômage, le ratio emploi/population et le taux d’activité portent sur les personnes âgées de 15 ans et plus. L’année la plus récente pour chaque indicateur d’un pays donné est fournie entre parenthèses. Le tiret signifie que les données sont manquantes. « S.O. » indique que la variable est sans objet.

Tableau B � 2
Moyen-Orient
chômage (pourcentage) Ratio emploi/ population (pourcentage) Taux d’activité (pourcentage) Nombre moyen d’heures de travail hebdomadaires effectives Salaire mensuel nominal (monnaie nationale) Salaire mensuel réel (monnaie nationale) Salaire mensuel réel (dollars) Variation du salaire réel en dollars depuis 2019 (pourcentage) Emploi informel (pourcentage)
par habitant (PPA,
internationaux constants de
Jordanie 16,4 (2022) 50,5 (2022) 60,5 (2022) 48 (2021) 334,7 (2021) 262 (2021) 369,1 (2021) 3,4 (2021) 55,1 (2021) 9 318,7 (2022) Maroc 10,3 (2022) 62,7 (2021) 69,6 (2022) 46 (2021) 8 061,5 (2022) Djibouti 22,1 (2017) 36,6 (2017) 47 (2017) 95 293,9 (2017) 81 997,4 (2017) 461,4 (2017) 45,7 (2017) 4,991 (2022) Liban 28,4 (2022) 47,4 (2022) 66,2 (2022) 50,3 (2019) 1 160 065,1 (2019) 892 188,9 (2019) 591,8 (2019) 64,5 (2022) Médiane de 2022 hors région MENA 4,4 70,2 73,4 47,2 S � O � S � O � 168 24,4 60 4 882 Pays à faible revenu Syrie 6,2 (2010) 71,2 (2011) 11 227 (2010) 11 227 (2010) 1 000,2 (2010) Yémen 12,3 (2014) 57,3 (2014) 65,4 (2014) 39,6 (2014) 62 064 (2014) 39 384,9 (2014) 183,3 (2014) 77 (2014) Médiane de 2022 hors région MENA 13,7 57,2 66,2 30,7 S � O � S � O � 18 — 85 1 569
et Afrique du Nord, par pays Catégorie de revenu/pays Taux de
PIB
dollars
2017)
51 ANNEXE TROUVER LE JUSTE ÉQUILIBRE : EMPLOIS ET SALAIRES EN TEMPS DE CRISE DANS LA RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD

Indicateurs agrégés du marché du travail pour les femmes de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, par pays

Tableau B � 3
Taux
chômage
Ratio emploi/
Taux d’activité (pourcentage) Nombre moyen d’heures de travail hebdomadaires effectives Salaire mensuel nominal (monnaie nationale) Salaire mensuel réel (monnaie nationale) Salaire mensuel réel (dollars) Variation du salaire réel en dollars depuis 2019 (pourcentage) Emploi informel (pourcentage) PIB par habitant (PPA dollars internationaux constants de 2017) Pays à revenu élevé Qatar 0,4 (2022) 61,4 (2022) 61,7 (2022) 45 (2020) 12 188 (2022) 10 089,4 (2022) 2 771,8 (2022) 14,8 (2022) 97 096,9 (2022) Émirats arabes unis 6,2 (2021) 49,3 (2021) 52,6 (2021) 56,7 (2009) 5 551 (2009) 5 599,7 (2009) 1 524,8 (2009) 74 299 (2022) Bahreïn 3,9 (2012) 42 (2015) 43,5 (2015) 465 (2020) 400,8 (2020) 1 065,9 (2020) 8,6 (2020) 51 854,7 (2022) Arabie saoudite 15,4 (2022) 29,2 (2022) 34,5 (2022) 5 873 (2022) 4 538,6 (2022) 1 210,3 (2022) -17 (2022) 50 022,9 (2022) Koweït 5,8 (2016) 47 (2016) 49,9 (2016) 49 168,6 (2022) Oman 5,6 (2021) 28,9 (2021) 35 (2021) 35 336,9 (2022) Médiane de 2022 hors région MENA 4,8 53,6 56,2 33,7 S � O � S � O � 2 562 –0,5 29,8 42 898 Pays à revenu intermédiaire tranche supérieure Libye 25,1 (2012) 25,3 (2012) 33,8 (2012) 19 796,6 (2022) Iraq 28,3 (2021) 7,7 (2021) 10,8 (2021) 17,5 (2021) 45,4 (2021) 9 199 (2022) Cisjordanie et Gaza 40,4 (2022) 11,1 (2022) 18,6 (2022) 32 (2022) 2 288,3 (2022) 2 031,8 (2021) 629 (2021) 14,1 (2021) 45,4 (2022) 5 722,4 (2022) Médiane de 2022 hors région MENA 5,5 48 53 39,1 S � O � S � O � 222,6 –13,2 56,2 15 093,5 Pays à revenu intermédiaire tranche inférieure Iran Rép, islamique 15,8 (2022) 11,4 (2022) 13,6 (2022) 36,8 (2021) 15 308 (2022) Égypte Rép, arabe 16,1 (2021) 12,9 (2021) 15,3 (2021) 39 (2021) 2 669 (2021) 837 (2021) 53,5 (2021) 20,97 (2021) 51,9 (2019) 12 780,8 (2022) Algérie 20,6 (2017) 13,5 (2017) 17,1 (2017) 11 187,4 (2022) Tunisie 20,5 (2022) 21 (2019) 28,1 (2019) 41,5 (2019) 678,1 (2019) 436,6 (2019) 148,8 (2019) 30,3 (2019) 10 577,7 (2022) 52 ANNEXE RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD | BULLETIN D’INFORMATION ÉCONOMIQUE DE LA RÉGION MENA — OCTOBRE 2023
Catégorie de revenu/pays
de
(pourcentage)
population (pourcentage)

Indicateurs agrégés du marché du travail pour les femmes de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, par pays

Tableau B � 3

: Algérie, Bahreïn, Cisjordanie et Gaza, Djibouti, Émirats arabes unis, Iraq, Koweït, Libye, Oman, Syrie et Yémen. Les sources de données pour les autres pays sont présentées ci-après : République arabe d’Égypte –Agence centrale pour la mobilisation publique et les statistiques (CAPMAS) ; République islamique d’Iran –Centre de statistiques de l’Iran (SCI) ; Jordanie –Département des statistiques (DOS) ; Liban –Administration centrale de la statistique (CAS) ; Maroc –Haut-Commissariat au Plan (HCP) ; Qatar –Autorité de la planification et des statistiques (PSA) ; Arabie saoudite –Autorité générale des statistiques (GASTAT) ; et Tunisie –Institut national de la statistique (INS). Pour l’Iran, les données relatives à 2022 font référence aux indicateurs du marché du travail de l’année iranienne 1401 (qui couvre la période allant du 21 mars 2022 au 20 mars 2023). Les données pour le Liban proviennent de l’enquête Emploi menée conjointement par l’Organisation internationale du travail et l’Administration centrale de la statistique du Liban en janvier 2022. Les estimations concernant l’Arabie saoudite, la Jordanie et le Qatar tiennent compte à la fois des citoyens de ces pays et des résidents qui n’en sont pas ressortissants. Les données sur le nombre moyen d’heures de travail hebdomadaires effectives des salariés proviennent des estimations nationales de l’OIT basées sur les données de l’enquête Emploi. Les données sur les salaires mensuels proviennent des estimations nationales de l’OIT, sauf en ce qui concerne l’Arabie saoudite, le Qatar et la République islamique d’Iran. Les données pour ces pays prov iennent des sources suivantes : Arabie saoudite –GASTAT ; Qatar –PSA ; et République islamique d’Iran –SCI. Les estimations concernant l’Égypte ont été effectuées à partir des données de l’enquête Emploi fournies par le Forum de recherche économique. Le salaire mensuel nominal moyen est exprimé en monnaie nationale. Le salaire mensuel réel en monnaie nationale est ajusté à l’aide des données de l’IPC (indexé à 100 en 2010) tirées de la base de données de la Banque mondiale pour tenir compte de l’inflation. Le salaire mensuel réel en dollars est calculé en divisant le salaire mensuel réel en monnaie nationale par les taux de change moyens annuels pour chaque pays tirés du Global Economic Monitor . Les données sur le taux d’emploi informel proviennent des estimations nationales de l’OIT, à l’exception du Liban pour lequel les données ont été produites par l’Administration centrale de la statistique. Les informations sur le PIB par habitant sont issues de la base de données de la Banque mondiale.

Source : Les données sur le taux de chômage, le ratio emploi/population et le taux d’activité proviennent des estimations nationales d e l’Organisation internationale du travail pour les économies

Note : Les données sur le taux de chômage, le ratio emploi/population et le taux d’activité portent sur les personnes âgées de 15 ans et plus. L’année la plus récente pour chaque indicateur d’un pays donné est fournie entre parenthèses. Le tiret signifie que les données sont manquantes. « S.O. » indique que la variable est sans objet.

chômage
Ratio emploi/
Taux d’activité (pourcentage) Nombre moyen d’heures de travail hebdomadaires effectives Salaire mensuel nominal (monnaie nationale) Salaire mensuel réel (monnaie nationale) Salaire mensuel réel (dollars) Variation du salaire réel en dollars depuis 2019 (pourcentage) Emploi informel (pourcentage)
habitant (PPA
Jordanie 27 (2022) 10 (2022) 13,8 (2022) 42,3 (2021) 348,9 (2021) 273,1 (2021) 384,7 (2021) 4,2 (2021) 32,4 (2021) 9 318,7 (2022) Maroc 17,3 (2022) 17,4 (2021) 19,8 (2022) 40 (2021) 8 061,5 (2022) Djibouti 35,9 (2017) 11,7 (2017) 18,2 (2017) 96 432,8 (2017) 82 977,4 (2017) 466,9 (2017) 64,9 (2017) 4 991 (2022) Liban 32,7 (2022) 14,9 (2022) 22,2 (2022) 39,1 (2019) 1 215 150,6 (2019) 934 554,3 (2019) 619,9 (2019) 56,4 (2022) Médiane de 2022 hors région MENA 5,4 50,6 53,5 44,9 S � O � S � O � 150 -27,9 53 4 882 Pays à faible revenu Syrie 22 (2010) 14,8 (2011) 11 981 (2010) 11 981 (2010) 1 067,3 (2010) Yémen 26,1 (2014) 4,5 (2014) 6 (2014) 30,3 (2014) 47 830,7 (2014) 30 352,6 (2014) 141,2 (2014) 82,2 (2014) Médiane de 2022 hors région MENA 16,6 45,7 54,8 26,4 S � O � S � O � 11 89 1 569
Catégorie de revenu/pays Taux de
(pourcentage)
population (pourcentage)
PIB par
dollars internationaux constants de 2017)
suivantes
53 ANNEXE TROUVER LE JUSTE ÉQUILIBRE : EMPLOIS ET SALAIRES EN TEMPS DE CRISE DANS LA RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD

BULLETIN D’INFORMATION ÉCONOMIQUE DE LA RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD OCTOBRE 2023

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