Roquevaire-2020

Roquevaire Pages d’histoire Pages de mémoire

Fine artist Peter Poplawski, Wisconsin, USA

SOMMAIRE SOMMAIRE

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PROLOGUE

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PAGES D’HISTOIRE

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Contexte géographique

6

Contexte historique

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Le temps des Bermond Les évêques de Maguelone Mabille de Roquevaire Henry Delmas, abbé de Sauve Le caveau des familles Massip – Favantine L’écrivain Jean Germain Le renouveau de Roquevaire

10 10 11 11 16 16 17

Bibliographie

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PAGES DE MEMOIRE

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Origine et histoire du bien Mon grand-père Mon nom Le manuscrit Dupuy de Montbrun Jean germain et Roquevaire (1) Jean germain et Roquevaire (2) Jean germain et Roquevaire (3) Les archives de l'abbaye de Sauve

20 21 22 24 25 26 27

Dans les bas-fonds du château Une messe pour ...

Au ciel ou en enfer Des visites nombreuses Une histoire d'os Le fantôme énervé !

Un caveau d'hôtes

29 31 33 34 35 37

Les occupants des lieux Une rencontre surprise Les loirs

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Un très très vieux visiteur !

Les habitants de courte durée Les habitants gardiens du site La gente animalière volante des jardins (1) Les habitants de longue durée La gente animalière odorante des jardins La gente animalière rampante des jardins La gente animalière volante des jardins (2) Ah les guêpes !

41 42 43 45 46 47 49 51 53

Les occupantes des lieux Les plantes reliques Les arbres sentinelles Les espèces introduites et sauvages Les champignons Les espèces fruitières (1) Les espèces fruitières (2) Le micocoulier

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Les visiteurs et les gardiens Les gardiens des lieux Une hôtesse de charme Le châtelain cambrioleur Le comble du culot

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Paroles et dessins d’amis et de visiteurs Le livre d'or des visiteurs Le livre d'or des dessinateurs Le livre d'or des paroles d'amis Le livre d'or de futurs architectes Le livre d'or de visiteurs originaux Un premier poème par Maurice Un second poème par Maurice Les roses de Noël Mémoire de visite Roquevaire vu par Clément et Robin Roquevaire vu par Nadège

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Travaux de restauration et aménagements Les campagnes de travaux Un ballet de tuiles !

Les toits de la fin du XXème siècle (1) Les toits de la fin du XXème siècle (2) Les toits de la fin du XXème siècle (3) La tour du Relodge La cabane à l'âne Peau d'intérieur (1) Peau d'intérieur (2) Les escaliers de Roquevaire (1)

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2

Les escaliers de Roquevaire (2) Les grilles de Roquevaire Les aménagements intérieurs Les toilettes Les portes et les accès Les fluides et les commodités Le vieux merle Opération nettoyage

107 109 111 113 115 117 118 119

L’eau à Roquevaire La collecte de l'eau La mise en réserve de l'eau La circulation et l’usage de l'eau La restauration des citernes

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L’environnement de Roquevaire L’autoroute des Cévennes L’environnement panoramique L’environnement architectural (1) L’environnement architectural (2) La Mer des rochers Roquevaire vu d’un drone Les capitelles

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Roquevaire richesse patrimoniale et lieu de convivialité Des cartes postales anciennes Roquevaire sous la neige Roquevaire par …

Le festival d'art contemporain Y'a qu’a L'inconnue du val perdu (1) L'inconnue du val perdu (2) Vestiges du passé Le géant de Roquevaire La photo de Roquevaire Journées du patrimoine Les nuits de Roquevaire La cuisine à Roquevaire La fête de famille 1992 La fête de famille 1997 Pâques et Halloween Les repas d'amitié Témoignage amical Quelques images de plus

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REMERCIEMENTS

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PROLOGUE Cet ouvrage a été constitué en deux parties distinctes.

La première est le résultat de recherches réalisées des années durant dans les archives notariales détenues par les Archives Départementales du Gard, les compoix de la ville de Sauve, les archives notariales sauvaines, les documents privés des différents propriétaires, ou encore d’informations communiquées au travers d’entretiens ou d’échanges de courrier avec des personnes compétentes … Elle vise à reconstituer la "généalogie" des propriétaires de Roquevaire au travers de tous les documents trouvés et par là à proposer une interprétation cohérente de l’histoire du site de Roquevaire. L’ensemble de ces recherches a fait l’objet de plusieurs fascicules illustrés, au fur et mesure de l’apparition d’éléments nouveaux, fascicules proposés aux visiteurs principalement lors des Journées Européennes du Patrimoine.

La seconde est constituée de pages de mémoire rédigées. Elle nous a été suggérée par Véronique Bouverat-Baisse suite à une visite à Roquevaire. Elle permet de garder vivante une mémoire des évènements ayant marqué notre longue fréquentation de ce lieu, des travaux qui y ont été réalisés, des rencontres familiales, amicales et la plupart du temps festives, organisées en ces lieux. Elle vise aussi à montrer et expliquer l’environnement ancien et actuel qui entoure ce site. Cette démarche a été soutenue par un autre ami Michel Launois venu en visite à Roquevaire à plusieurs reprises. Tous deux ont contribué à certaines des illustrations de cet ouvrage. Qu’ils en soient chaleureusement remerciés.

Cet ensemble donne cet ouvrage qui vous dira au gré de vos lectures, ce que nous avons trouvé, ce que nous avons aimé, ce qui nous a chagriné mais jamais découragé, ce qui a inspiré les visiteurs, pour le maintien de ce château et de son environnement.

Oui, nous "irons un peu plus loin ensemble". Bonne lecture.

Armand et Jeannine Boyat, 2019

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Roquevaire Pages d’histoire

Château de Roquevaire, dessin à la plume par Jean-Baptiste Laurens (1876).

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Contexte géographique

O

ccupant naturel

l'amphithéâtre qui

s'étage

des

escarpements du plateau de

Coutach, provoqués par la grande faille des Cévennes, jusqu’au lit du Vidourle, le village médiéval de Sauve bénéficiait d'une solide défense réalisée au cours de plusieurs périodes de construction. Cette protection associait classiquement la précaution de surveillance, la nécessité de défense de la ville et des faubourgs avec les remparts, et enfin celle du château avec ses propres enceintes, marques de sa puissance.

A Sauve, le « castro salavense » des familles Bernard-Bermond de Sauve-Anduze cité dès 898, occupe plusieurs des points hauts, en bordure du plateau et de la rupture de pente. Les différentes enceintes qui ferment ce dispositif castral lui donnent une allure démesurée qui n’est pas sans rappeler celle que l’on trouve encore, bien conservée, sur Sommières, mises en place par la même famille. A Sauve, cette position permet un point de vue très largement dégagé vers le nord et l’est, en fait, sur le vaste domaine de cette famille seigneuriale. Elle permet aussi un point de vue inégalé vers le sud et l’ouest. La ville, installée initialement sur le plateau, est ainsi protégée des incursions belliqueuses, en particulier de celles en provenance de la vallée du Vidourle.

Des vestiges de ce castrum sont encore présents, dispersés et d’interprétation délicate. C’est ainsi que l’un des restes les plus anciens semble être une tour rectangulaire arasée (X–XIe siècle), posée sur un premier éperon dirigé vers le sud et dont il ne demeure que quelques hauteurs d’assises, sans ouverture à sa base, ce qui indique

nécessairement une entrée en hauteur. Pour situer les autres parties du dispositif, il faut se rapporter à l’une des premières cartes de Sauve dressée, très vraisemblablement par l’ingénieur militaire Jean de Beins en 1629, lors de la campagne de Louis XIII et du cardinal de Richelieu. Elle fait partie d’une série de 71 planches représentant les places de sureté détenues par les Protestants au début du XVème siècle en Vivarais et en Languedoc. Il s’agit d’une perspective cavalière vue de l’est figurant la ville en cirque avec la mer des rochers l’enveloppant. Sur cette carte, la tour du X–XIe ne figure pas, sans doute déjà abandonnée depuis de longues années.

Par contre, un château (marqué F) est matérialisé avec son chemin d’accès (marqué G) dans l’angle sud-ouest des enceintes. Si l’on s’en tient à son positionnement relatif à ces fortifications, son assise ne peut être que sur l’emplacement de l’actuel Castellas, au point le plus élevé où subsiste une petite guérite de surveillance édifiée sur ordre de l’intendant de Basville en 1705. Des textes confirment que le site de ce château est confronté à l’ouest par « la plasse Saint-Jean ». Mais paradoxalement, ce site ne présente aucune trace façonnée par l’homme sur sa plate-forme sommitale et il ne reste rien du château en question, sans doute détruit après la paix d’Alès en 1635.

Par contre et très curieusement, un ouvrage non représenté sur cette carte existe encore et interpelle : il s’agit de citernes positionnées à mi-chemin entre la tour du X-XIe et l’éperon occupé par le Castellas. Ces citernes sont manifestement le reste « utilitaire » d’un ensemble palatial de construction soignée, beaucoup plus important que la tour précédente, mais bénéficiant de la même position stratégique (1). Dans une position emblématique de voir et être vu, la grande salle disparue posée sur les citernes trônait au sein d’un ensemble clos dont les limites restent à

Fig 1 : Plan de Sauve (1629), vraisemblablement ĂŠtabli par Jean de Beins.

Fig 2 : Plan de Sauve (1650 -1660) par Merian.

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préciser. Sa porterie d’accès existe sur le chemin qui donne accès au plateau, en direction de Roquevaire.

Ce déplacement, sans doute dans le courant du XIIe siècle, a conduit à développer autour de la nouvelle ville un système de défense élaboré en plusieurs étapes, entre les XIIe et XIIIe siècle. Sur la figure 1, deux lignes d’enceintes sont matérialisées pour enclore la ville. L’enceinte de couleur rouge (marquée B), est qualifiée de « nouvelle fortification …, revestue de masonnerie a mortier de terre et bien remparée ». Elle a aujourd’hui totalement disparu, à l’exception de quelques fragments de la partie sud (gauche de la carte). Côté nord, le plus facile d’accès, la défense est renforcée par une double ligne d’enceintes enserrant les faubourgs. Ceux-ci sont matérialisés par les maisons bordant les routes, elles-aussi dessinées de couleur rouge. L’enceinte de couleur jaune (dénommée A) contenue dans la précédente englobe la majeure partie de ce qui est actuellement qualifié de « centre ancien » sans faire figurer, intra-muros, ni les maisons, ni l’église, ni l’abbaye, ni le réseau viaire … que la carte de Merian symbolise dans les années 1650-1660 (figure 2). Il s’agit donc d’un état de la ville immédiatement avant le démantèlement de l’enceinte de la place de sureté protestante.

Quelques parties préservées de cette dernière enceinte, parce qu'intégrées dans des habitations, sont encore visibles dans la ville : des portes en particulier, mais surtout le rempart couvrant la plus grande partie du flanc est du village, dominant le Vidourle et la source vauclusienne. Au visiteur arrivant par la vallée, ces remparts témoignent de la puissance passée et constituent le charme de ce "Front de Sauve".

Le clos Saint-Jean est un lieu totalement fermé de murs et de parois naturelles, au centre duquel un espace parfaitement plat a pu recevoir l’église du même nom. Il ne subsiste absolument rien de cette église, mais les pierres ont été sans doute réemployées dans le village, en raison de la proximité de ce dernier. A proximité de ce clos et sur un éperon orienté vers le sud-ouest, un dernier site a pu faire partie de cet ensemble castral, il s’agit de Roquevaire dans une configuration, tout à fait différente de celle de l’actuel bâtiment.

En 1029, au cœur du village actuel et posé sur la source vauclusienne qui alimente le Vidourle, sans doute lieu de culte antique, Garsinde, veuve du comte Roger de Carcassonne, puis de Bernard Pelet seigneur d’Anduze et d’Alais, et ses fils Pierre Bermond et Almérade, fondent un prieuré dédié à SaintPierre, sous l’autorité de l’abbaye de Gellone (Saint-Guilhem-le Désert). Ce prieuré ne tarde pas à se doter d’une enceinte constituée de gros blocs à bossage, dont la représentation la plus visible est la Tour de Môle. C’est autour de cet enclos abbatial que la ville s’est développée au Nord et au Sud, la jonction s’effectuant autour de points de convergence où se situent les lieux de pouvoir : la place du Vieux Marché, la maison des Consuls devenue tour de l’Horloge, la maison du Bailli, puis plus tard la maison de l’Evêché, la maison des Comtes et quelques autres maisons nobles ... La proximité de l’abbaye, son système de défense, un accès à l’eau beaucoup plus facile, sont sans doute les raisons du « déperchement » de la ville, conséquence classique d’une recherche d’un lieu de franchissement, de production et de taxation, moins difficile d’accès.

Toujours sur la carte de 1629, les voies d’accès au village sont signalées et reconnaissables : chemins se dirigeant vers Quissac, Villesèque, Durfort, Saint-Hippolyte.

Une voie longe le Front de Sauve, rejoint le pont Vieux et se prolonge au-delà, d’une part en descendant vers Bagard et d’autre part en montant vers Coutach en direction de 8

Corconne et Montpellier. Parmi les petits détails, on peut observer les deux moulins de l’abbaye et leur bassin alimenté par les sources. L’accès majeur au village, praticable en toute saison, est le pont dit « Vieux », mais un passage à gué existe en proximité de l’actuel pont neuf (XVIIIème siècle).

poursuit plus étroit et plus rocailleux pour s’enfoncer en direction du massif forestier de Coutach et au-delà vers la plaine de Pompignan. Un regard en arrière fait apparaître ce bâtiment sous un jour tout à fait différent : tour très étroite qui se dresse vers le ciel, vestige maintes fois remanié d'un passé mystérieux.

Partant du village et se poursuivant par un chemin muletier autrefois soigneusement empierré, un chemin traverse les anciennes emprises seigneuriales.

Il franchit l’escarpement, donne accès au domaine castral, au bâtiment des citernes, au site du Castellas et se poursuit ensuite vers le clos Saint-Jean. Enfin, disposé sur un éperon rocheux dominant la « Mer des Rochers » toute proche, apparait le petit château de Roquevaire. Ce gardien des lieux émerge, trapu, d'une haute terrasse autrefois plantée de cyprès, mais une enceinte basse clôt entièrement les cours et les terrasses qui le cernent. Le chemin, qui longe cette clôture, se

Ce château possède la couleur et la dureté des calcaires environnants, gris ou légèrement bayadères. La pierre utilisée pour sa construction du Crétacé inférieur (Berrasien) lui aurait même donné son nom : le Roc vaire, le roc de couleur gris bleu, devenu Roquevaire.

A moins qu’il ne s’agisse tout simplement, en reprenant la forme occitane du verbe voir, le rocher « que l’on voit » ou « d’où l’on voit », signe ostentatoire de puissance et de pouvoir ou poste privilégié d’observation sur les basses Cévennes ?

Façade nord-ouest du château de Roquevaire (années 1990).

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précédant le bâtiment, l’emploi de pierres à bossage, la présence d’un pont-levis donnant accès à la terrasse supérieure, les crapaudines permettant le relevage de la rampe d’accès à la porte du bâtiment située en hauteur … Plus tard, les itinéraires d'accès à la ville s'étant modifiés au profit de ceux de la plaine et la ville ayant perdu sa puissance militaire et politique, la tour de Roquevaire a pu se détacher du système défensif et acquérir une histoire autonome. Puis des modifications profondes apportées dans la deuxième moitié du XVIIe siècle, lui ont donné son allure actuelle de petite tour élancée, isolée et perchée sur un éperon.

Contexte historique

Le temps des Bermond

D

escendants des comtes goths, les Bermond illustrent l'aristocratie dominante de l'ancienne Septimanie devenue la Gothie. A l'apogée de leur puissance, dès avant l'an mil, ils dominent un territoire important qui s'étend du Rhône à Narbonne et du Gévaudan à la Méditerranée. Ce qui est connu, des liens étroits et complexes qui ont marqué les rapports entre les Bernard d'Anduze et les Bermond de Sauve, doit être élargi aux autres branches et en particulier à l'importante lignée des Bermond d'Uzès. Par le jeu des alliances et des mariages, ils renforçaient les liens avec les autres familles des comtes goths : la maison de Toulouse, les Pierre de Ganges, les Roquefeuil, les Gotcelin de Lunel, les Pelet d'Alais, les Guilhem de Montpellier … (2). La présence des Bermond à Sauve suppose l'existence d'un refuge digne de leur puissance et qui ne peut être que l'ancien castrum, cité dès 898 (3), puis en 959 dans le cartulaire de Nîmes. Les vestiges évoqués dans le contexte géographique (tour du X-XIe, citerne, enclos Saint-Jean, secteur du Castellas …) sont les restes d'un château puissant établi sur plusieurs points hauts et proches, reliés par des systèmes de défense aujourd'hui disparus.

Les évêques de Maguelone En 1293, s'achèvent de très longs pourparlers entre les émissaires de Philippe le Bel, roi de France, et Béranger de Frédol évêque de Maguelone (4). Ce dernier souhaite se dégager de la gestion difficile et conflictuelle de Montpellieret (partie est de Montpellier) dont il est propriétaire. De son côté, Philippe le Bel cherche à conforter sa présence, à proximité d'une ville riche et grandissante, encore sous domination étrangère. Il s'assurerait ainsi un accès à la mer, autre que celui d’Aigues-Mortes dont le port s'envase.

L'accord conclu entre les deux parties stipule qu'en échange de Montpellieret, l'évêque accepte les revenus du baillage de Sauve et acquiert des droits sur celle-ci, en en devenant co-seigneur. Cet échange est vraisemblablement la source de la confusion entre les abbés évêques de Maguelone au XIIIe siècle et l’un des abbés commendataires de l’abbaye de Sauve, propriétaire du petit château au XVIIe siècle, ce qui fait encore très fréquemment qualifier Roquevaire, à tort, de résidence des évêques de Maguelone (5).

L’abbé J. Carrière dans sa notice historique sur le monastère de Sauve évoque, sans le citer, cet abbé propriétaire de Roquevaire (6). En recherche d’illustres personnages ou de notoriétés, surtout religieuses, ayant marqué

Dans une configuration totalement différente de l’actuelle, le site de Roquevaire aurait pu avoir une triple fonction : celle de contrôler la voie de passage en provenance de la plaine de Pompignan, celle de surveiller une zone largement ouverte de Bragassargues à Pompignan, avec vue directe sur au moins cinq autres citadelles (Roquehaulte, Fressac, La Roquette, Roquefourcade, Saint-Jean) et enfin celle d’anticiper et de contribuer à la défense de la ville haute (2). Quelques éléments architecturaux bien visibles confortent cette hypothèse : le mur ceinturant la terrasse 10

ces lieux, il n’aurait pas oublié de citer les évêques de Maguelonne, si ceux-ci avaient été connus pour être les authentiques résidents du château de Roquevaire.

contre, qu’un huitième propriétaire, jusqu’alors oublié par le prieur, contribue à la pension, d’autant qu’il possède la parcelle la plus importante. Il s’agit de l’abbé Henry Delmas (ou Dalmas) qui a fait construire une « maison » sur une terre qu'il possède en bien propre et qui n'est autre que l'actuel château de Roquevaire. L'affaire se conclut par un acte très détaillé, passé devant Lévy Journet, notaire royal à Sauve, le 1er août 1691, avec paiement de 29 années d’arriérés (7). La pension, exigée en cartes d’orge, est convertie en une somme de vingt-quatre sols, payables chaque année, le 29 septembre, jour et fête de Saint-Michel Archange, par l’ensemble des différents propriétaires.

Mabille de Roquevaire La première mention de Roquevaire date de janvier 1309 : par voie testamentaire, "Mabille de Roquevaire, femme de Bernard Requiran, veuve de Pierre Barthelemy de Sauve et ensuite femme de feu sieur Guillaume de Roquevaire » (7), lègue une pension de deux cartes d'orge qu’elle tient de son mas de Roquevaire, à Bernard de Valfons, prêtre et recteur de la Confrérie mage Saint-Pierre de Sauve. Cette institution, comme beaucoup d’autres, est chargée de régler les rapports entre l'Eglise et ses paroissiens, tant au matériel qu'au spirituel. Les rentes foncières qui lui sont attribuées, souvent à titre perpétuel, doivent assurer la célébration de messes à l'intention des généreux et fortunés donateurs. La vocation du site au tout début du XIVe siècle est donc celle d’un mas agricole, pour la production de céréales et d’orge en particulier.

Par ailleurs, une famille puissante portant le nom de Roquevaire avait sa seigneurie sur la commune actuelle de Saint-Pierre de Tripiers, à proximité de la rivière Tarn (8). Les ruines de la forteresse portent le nom de Saint-Pons, mais il est probable qu'il s'agit de l'ancien SaintPons de Roquevaire. La famille identifiée dès le XIIe siècle (1155) était inféodée à la baronnie de Roquefeuil. Son importance est certaine, mais elle semble s'éteindre deux siècles plus tard, le dernier acte la mentionnant date de 1358.

Guilhaume de Roquevaire décédé avant 1309, lui était-il apparenté ? Retrouve-t-on par-là, les liens unissant les anciennes familles des comtes goths : les Bermond et les Roquefeuil ?

Juillet 1691, soit près de quatre siècles plus tard, Claude Darvieu, prieur de la paroisse de Saint-Jean-de-Roques et recteur en titre de la Confrérie mage, retrouve l’acte de la donation. Il constate que la pension, ou obit, n'est plus payée à la Confrérie depuis plusieurs années, que le mas a été divisé et se trouve maintenant partagé entre plusieurs propriétaires. Désireux de retrouver le bénéfice de cette pension, il s'assure en premier lieu de son bon droit auprès de la Cour des Comptes et Aides du Sénéchal de Montpellier. Mais les sept propriétaires retrouvés, rechignent et contestent l’appartenance de leurs terres au mas de Roquevaire. Mais pressentant la cause difficile et craignant un procès et des frais, ils finissent par céder et accepter de payer, au prorata de la surface de leur parcelle. Ils exigent, par

Henry Delmas abbé de Sauve Henry Delmas, abbé commendataire de l'abbaye Saint-Pierre de Sauve, a été le propriétaire de Roquevaire qui a le plus marqué ce bâtiment, au cours de la deuxième moitié du XVIIe siècle. Plus de 90 actes notariés font apparaître son nom et le concerne, tant à la tête de l'abbaye que comme notable local.

Non tenu de résider à Sauve du fait de son statut d’abbé commendataire, il y séjourna la plus grande partie de sa vie, jusqu’à un âge très avancé. Par contre, très peu d’actes concernent directement le château de Roquevaire, dont celui déjà évoqué (7).

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Ses origines

protestants il y a plus d’un siècle, les religieux ont été dispersés, leurs biens usurpés. L’une de ses toutes premières tâches est de faire reconstruire l'église abbatiale en un temps record : les travaux ne durèrent que deux ans (1653-1654) pour un coût final de 1100 livres.

L'abbé ne fit pas reconstruire les autres bâtiments conventuels ce qui le contraignit à loger les religieux dans des maisons particulières voisines de l’abbaye. Outre luimême et le prieur, l'abbaye ne compte guère que trois religieux : le sacristain, l'infirmier et le camérier, le nombre de places monacales ayant été ajusté aux rentes de l’abbaye.

Originaire de la région d'Agde, sa famille est citée à Nézignan l'Evêque, au tout début du XVIIe siècle (9). Une généalogie encore incertaine permet de le relier à Etienne Delmas, intendant de la maison de la duchesse de Ventadour, ce qui aurait facilité sa nomination à la tête de l'abbaye de Sauve (10).

L'implantation des Delmas dans la région de Béziers est forte puisqu'une métairie de la famille y porte encore le nom de "La Dalmase" (11). Les armoiries d'Henry Delmas sont connues : "d'argent à la croix ancrée de gueules" (12). Elles étaient encore présentes au-dessus de la porte d'entrée du château au milieu du siècle dernier. Elles nous ont été rapportées par un dessin sommaire sur le carnet de notes d'un géologue célèbre : Emilien Dumas (13), lors d’un passage à Sauve dans les années 1870.

L’abbé Goiffon (15) et l’abbé J. Carrière (6) rapportent que l’évêque de Nîmes, Monseigneur Cohon, suite à sa visite de 1664, exige qu’une communauté de douze religieux soit rétablie. Plusieurs autres visites pastorales mettront l’abbé en demeure de redresser la situation. La sentence de visite d’octobre 1667 et celle de 1685 conduite par le vicaire général du chapitre de Saint-Victor de Marseille (16), rappellent à l’abbé qu’il se doit de faire rentrer les arrérages des biens usurpés et les fermages, pour parvenir au maintien de six places monacales et à l’agrandissement de l’église trop petite pour accueillir à la fois les religieux et les paroissiens. S’appuyant sur la volonté du roi d’aider les paroisses éprouvées par les troubles religieux et ayant perdu leur église, Henry Delmas promet de s’y conformer dès que l’église sera rétablie dans l’ordre fixé par l’architecte. La visite conduite en 1688 par M. de Saulx « trouve à Sauve six religieux vivant en séculiers, sans supérieur, sans communauté et sans règle, quelques-uns même ne portaient aucune marque extérieure de régularité, ils n’étaient même pas régulièrement reçus dans l’ordre de Saint-Benoit … » (15). Cette situation résulte-t-elle, pour partie, de l’impossibilité de loger les religieux dans de véritables bâtiments conventuels ?

En 1652, Henry Delmas succède à son oncle probable David Delmas (14), comme vingt-deuxième abbé de l’abbaye Saint-Pierre de Sauve. David Delmas, « docteur en saints décrets », « chanoine au chapitre d’Agde », « procureur général du très puissant prince Monseigneur Louis de Valois, duc d’Angoulême, comte d’Alais, gouverneur lieutenant général pour le Roi en Provence et baron de Sauve » et par ailleurs député à l’Assemblée Générale du Clergé de France, est un personnage important qui avait obtenu la commende de l’abbaye, de 1638 jusqu'à sa mort en 1652. Henry Delmas a d'abord été chanoine au chapitre d'Agde, avant de prendre en charge l'abbaye bénédictine de Sauve. En 1667, il charge un auditeur des comptes pour percevoir les revenus de la chapelle SaintEutrope en l’église Notre-Dame de Paris, dont il est chapelain.

Henry Delmas abbé A Sauve, Henry Delmas hérite d’une abbaye qui a beaucoup souffert des troubles religieux : l’église et les bâtiments conventuels ont été complètement détruits par les

En 1660, Henry Delmas aide les pères Capucins et leur prieur Jean Coste de Corconne à acquérir une maison dans la ville de Sauve, à 12

l'emplacement qui sera occupé au XIXe siècle par le château "russe". Ces pères Capucins qui s'étaient constitués une solide réputation dans leur lutte contre la Réforme, se trouvent donc en mission dans une ville fortement marquée par le protestantisme, pour seconder le clergé séculier.

et Bagard - pour acheter en commun la charge de maire de Sauve pour la somme de 10 000 livres (18). Il est présent lors de la plupart des manifestations impliquant la noblesse locale restée catholique (contrats de mariage, testaments …). Il est aussi l'auteur d'un ouvrage "La salade du mois de mai" paru en 1709, quelques années avant sa mort (10).

En 1687, Henry Delmas a dû consentir à l’union de son prieuré de Saint-Germain de Calberte, avec le séminaire de Mende, en contrepartie de l’entretien complet d’un étudiant séminariste, à perpétuité, étudiant qu’il nomme. Le séminaire ayant brûlé, Henry Delmas sera contraint de sursoir à la première nomination, mais il utilisera par la suite ce dispositif pour doter les places monacales de son abbaye de Sauve.

Henry Delmas et Roquevaire Les relations d'Henry Delmas avec le château de Roquevaire sont assez complexes et plutôt curieuses. La date exacte de l'acquisition de la parcelle et de la construction du château n’est pas connue, mais le nom des propriétaires antérieurs est cité dans les compoix de Sauve (19). Le plus fréquemment évoqué est Pierre Journet lui-même ayant droit de Jean Lautard (7), auquel certains actes associent Louis Cavallier, ayant droit des héritiers de Jean Brucelles, ainsi que de David Colognac tous habitants de Sauve. Quelle peut être l'intention de l'abbé lorsqu'il acquiert et transforme le site ?

Les actes de 1691 indiquent qu' "il a fait construire une maison appelée de Roquevaire" (7). Sans doute a-t-il utilisé les soubassements d’une tour ou d’un ancien donjon pour y élever le bâtiment tel que nous le voyons à l'heure actuelle, mariant des éléments anciens : porte d’accès en hauteur, jours en archère, pierres à bossage avec des éléments nouveaux : escalier, larges fenêtre, pierres sans bossage … D’autres éléments d'architecture sont assez typiques de cette période : l'escalier encadrant l’entrée d’une chambre de fraicheur, des niches destinées à recevoir des statues, les baies de la façade principale du corps de bâtiment. Ils marquent la rupture entre le rôle purement défensif et la fonction de logis, de même que la présence d'un certain nombre de commodités à l’intérieur du bâtiment. L’abbé disposait dans ce bâtiment d’une riche bibliothèque et d’une collection de tableaux.

L'activité d'Henry Delmas s'exerce le plus souvent par l'intermédiaire de son fondé de pouvoir Jacques de Savigny, prêtre et prieur de Saint-Jean de Roques. Par ce dernier, il fait renouveler les reconnaissances féodales, rentrer les impôts, taxes et autres censives qui lui sont dues. Il loue les moulins bladiers de la grande fontaine de Sauve, source de revenus pour l'abbaye. En 1703, il restitue à l'évêque de Montpellier les droits seigneuriaux et juridictions hautes, moyennes et basses qu'il avait acquis par aliénation sur les faubourgs, paroisse et territoire de Saint-Hippolyte (17).

Henry Delmas notable Henry Delmas abbé n'en est pas moins notable, et il intervient fréquemment dans la vie publique de Sauve. Entre 1673 et 1675, il apparaît présent dans plusieurs tractations touchant de nombreuses parcelles et curieusement toujours associé à Marc-Antoine Duranc,- baron de Vibrac et co-seigneur de Sauve -. Ces liens avec la famille Duranc apparaissent extrêmement forts puisqu'en 1695, il se retrouve encore associé avec MarcAntoine Duranc ainsi qu’à Jean Duranc de Vézenobres - seigneur de Valgrand et Valfons, co-seigneur de Sauve - et Jacques Duranc - juge et viguier de Sauve, seigneur de Bragassargues

Mais trois éléments du site permettent de compléter l’interprétation et peuvent 13

Roquevaire donné, repris puis transmis

éclairer les intentions de l’abbé, ce sont : la clôture, l’eau et les belles plantes. Au Moyen Age et même plus tardivement, la perception de certains passages de la Bible a laissé libre cours à l’émergence d’une imagerie que les connaissances intellectuelles de l’abbé ne pouvaient ignorer (20). C’est ainsi que le jardin d’Eden créé pour Adam et Eve était toujours caractérisé par trois éléments fondamentaux : l’existence d’une clôture fermant le site, la présence d’eau en abondance (ce jardin d’Eden était même le point de départ de quatre grands fleuves irrigant le Moyen-Orient) et la présence de plantes agréables pour le plaisir des yeux de ses occupants. Curieusement nous retrouvons ces trois éléments regroupés dans ce lieu et sans doute souhaités par l’abbé : le mur d’enceinte, en pierres, clôture totalement le château et les jardins environnants, l’eau est présente en abondance grâce à la présence de citernes et d’un ingénieux système de collecte, enfin des plantes exotiques ou rares : la tulipe de Lécluse, le Sternbergia, le grenadier ... sont encore présentes aujourd’hui comme autant de reliques de cette période. Pour héberger et protéger ses plantes, l’abbé n’hésite pas à transformer les bâtiments de l’ancien mas en orangerie avec de larges baies orientées vers le sud et un bassin alimenté par les citernes, pour les protéger du froid.

Le premier acte connu évoquant Roquevaire et son propriétaire Henry Delmas date du 5 juillet 1673 (22). Il fait état de la donation du château, après la mort de l’abbé, à dame Marie Duranc de Vibrac épouse de noble Hercule de Montolieu habitant de Sauve.

La donation est totale : "ustancils, vaisselle, meubles et immeubles et généralement tout ce qui se trouvera dans la dite habitation et enclos lors du décès du sieur abbé Delmas", mais elle est surtout sans aucune justification. Elle a été passée en dehors de Sauve, à Montpellier, au logis du Cheval Blanc et en présence de plusieurs témoins. L'abbé Delmas était-il malade et craignait-il pour sa vie pour agir aussi vite et avec autant de précipitation ? Un acte notarié de 1674 le déclare indisposé. Cette donation est cependant dans le droit fil des relations d'Henry Delmas avec la famille de Vibrac, puisque la fille de Marie Duranc, Elisabeth de Montalieu est l'épouse de MarcAntoine Duranc baron de Vibrac, avec lequel il a conclu de nombreuses transactions. Cette donation est confirmée par un autre acte en date du 5 septembre 1678 (23).

L'acte en date du 22 août 1698, soit vingt-cinq ans plus tard, est encore plus surprenant (23). En présence de l'abbé, Marie Duranc veuve de Hercule de Montolieu et sa fille Elisabeth épouse de Marc-Antoine Duranc, renoncent à leurs droits sur Roquevaire et "consentent que le dit seigneur abbé en puisse dès à présent tout de nouveau disposer absolument et pleinement comme si la dite donation était non avenue", l'abbé "acceptant et humblement remerciant". Ce renoncement est conditionné par le bénéfice de la portion de juridiction de Sauve que l'abbé a acquis de l'Evêque de Montpellier et qu'il transmettra au seigneur de Vibrac et à ses successeurs.

Moyennant quoi dame Marie Duranc aura la jouissance de Roquevaire, mais seulement après la mort de l'abbé et après elle, celui qui bénéficiera de la portion de juridiction de Sauve.

Enfin, une plaque surmontant la porte d'entrée à l'enceinte du château, présente jusque vers les années 1950, résume à elle seule les intentions de l’abbé (5, 21), par la devise latine qu’elle portait : "In urbe omni(bus), in deserto mihi". En ville l'abbé se doit à son rôle d'homme d'église ouvert à tous, au "désert" c'est-à-dire à Roquevaire, il se veut à lui seul. C'est donc un lieu de retraite, de repos, que l'abbé a voulu constituer un peu à l'écart de la ville, rappelant le rêve du jardin médiéval, le jardin clos de l’âme (hortus conclusus), lieu du dialogue amoureux entre l’Epoux et l’Epouse, version adaptée d’un autre jardin perdu : le jardin d’Eden. Est-il devenu aussi dans l’esprit de l’abbé le jardin courtois mêlant avec ambiguïté sacré et profane ?

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L'action des Camisards

sommaire des lieux : "Les restes de l'ancienne maison de l'abbé de Sauve subsistent encore parmi les rochers si pittoresques de Couta, et de loin se confondent avec eux. C'est une bâtisse qui possédait un étage, située au centre d'une haute terrasse pavée ; on y pénètre par une petite porte surmontée d'un écusson gravé dans une cartouche de pierre ; cet écusson devait porter autrefois les armes de l'abbé.

L'intérieur est sans intérêt. On descend par un étroit escalier à double révolution, au-dessous duquel on avait aménagé de nombreuses citernes encore en bon état. Un système d'irrigation perfectionné et bien conservé alimentait les plantations. Au bout de l'enclos se trouvent les ruines d'une salle anciennement voûtée, éclairée par de nombreuses fenêtres qui était peut-être "l'orangerie" mentionnée dans le manuscrit Dupuy. Le tout quoique bien dégradé, ne manque pas de charme et d'élégance. L'abbé de Sauve, qui aimait les fleurs, la lecture et la solitude, devait être un homme de goût. Du haut de la terrasse, on a une très belle vue sur les Cévennes." (24).

Les années 1702 et 1703 constituent l’une des périodes majeures de la révolte des Camisards contre le pouvoir royal. Le 27 décembre 1702, ces derniers pénètrent dans Sauve en se faisant passer pour un détachement de la troupe royale. Découverts mais disposant d’armes ils se rendent rapidement maîtres de la ville, incendient l’église et la maison du camérier. Trois ecclésiastiques âgés parmi lesquels Dom Fabre de Mazan, infirmier de l’abbaye, originaire de Riez en Provence, sont exécutés sur la place de la Vabre. Ils seront enterrés au pied, mais à l’extérieur, des murailles de l’abbaye incendiée (6, 15).

Roquevaire vu par Dupuy de Montbrun La forêt et le massif de Coutach tout proches sont un des refuges du chef camisard Rolland et de ses troupes. Le bâtiment de Roquevaire isolé et sans défense active, propriété d'un abbé catholique, est tout proche. Un témoin de l'époque, le gentilhomme Dupuy de Montbrun qui relate les évènements dans son journal tenu au jour le jour (24, 25). "Dans la nuit du 31 janvier au 1er février, Rolland accompagné de quelques camisards, alla brûler le petit château de Roquevaire, résidence de l'abbé de Sauve.

C'était, dit le manuscrit Dupuy, une jolie maison bâtie dans les rochers de Couta, couverte de plomb, ornée d'une orangerie, arbres fruitiers et fleurs, et particulièrement d'une bibliothèque choisie et des tableaux de prix que le feu a consumés". Ce fait est confirmé par Antoine Court : "Ils brûlèrent quelques châteaux, outre celui de Saint-Félix, je trouve dans mes mémoires ceux de Mandajors, de Roquevaire, de Cabrières, de Valescure, de Moissac, de Montbezon, de Sainte-Croix, de Pieseron et des Plantiers. Je trouve aussi qu'ils brûlèrent dans le mois de décembre et de janvier environ quarante églises" (26).

Cette description des lieux est en parfait accord avec ce que nous pouvons constater de nos jours, même à la suite des dégradations subies par et à la suite de l’incendie. Des traces de ce dernier ont été retrouvées lors de travaux de restauration du bâtiment : étagères et poutres brûlées.

La fin de l’abbé La violence des actions des Camisards a sans doute effrayé l’abbé, déjà âgé, qui se retire en Agde, vraisemblablement dès 1702, date à partir de laquelle on ne retrouve plus trace de sa présence dans les actes notariés de Sauve. Il abandonne sa résidence ruinée, mais il emporte avec lui une partie des archives de son abbaye : trois grandes caisses et un sac. Il met ces dernières à l’abri dans un petit local qu’il fait construire spécifiquement à côté de la pièce qu’il occupe, dans le couvent de NotreDame du Grau d’Agde (27). Il décède le 7 novembre 1712 à Agde, dernier de sa branche.

L’«inventaire et description des papiers, titres

Dans une note complémentaire du manuscrit Dupuy, nous avons la description 15

et documents de l’abbaye de Sauve » a été réalisé sur ordre de la Cour des Comptes, Aydes & Finances de Montpellier en novembre 1712.

Cette succession est donc dans le droit fil des relations nouées entre Henry Delmas et les familles de Montoulieu puis de Vibrac, sa vie durant. C'est l'acte de vente à David Massip, le 19 mai 1725, qui nous apprend le sort que Louis Joseph Duranc avait réservé à Roquevaire. "... déclarant le dit seigneur de Vibrac que la maison du dit Roquevaire était réduite en cazal n'ayant aucune tuile, boyage, ni ferrement, et la plus grande partie des murailles étant éboulées, ayant lui-même vendu et disposé des dits boyages, ferrements et matériaux qui lui manquent, ..." (29).

Les abbés Goiffon et Carrière (15, 6) signalent qu’un arrêt en Conseil d’Etat en date du 25 mars 1747 permet à l’évêque d’Alais d’éteindre la conventualité dans l’abbaye de Sauve, de supprimer la mense conventuelle et les places monacales et de réunir tous les biens, droits et revenus au séminaire-collège d’Alais. Les six religieux sont autorisés à demeurer sur place leur vie durant, les revenus de leur place monacale étant assurés. Le décret d’union signé par l’évêque le 8 juillet 1749 stipulait que l’abbé devait payer une somme de 200 livres par an pour les 6 place monacales, mais que la nomination de deux places lui était réservée pour des jeunes gens originaires de Sauve. La situation s’est redressée par la suite puisque l’abbé Julien (28) signale dans son mémoire sur l’état de l’abbaye de Sauve en 1782, que ses revenus s’élèvent à 16 000 livres, pour un niveau de dépenses légèrement supérieur. A cette date l’abbaye ne compte plus qu’un seul religieux. L’ensemble de l’abbaye sera vendu comme bien national en 17.

Le caveau des familles Massip Favantine David Massip, menuisier habitant à Sauve, fils de Scipion Massip, mangonnier, achète Roquevaire pour la somme de 120 livres. L’une des raisons de l’acquisition est de transformer les salles basses du château en caveau familial. Elles seront utilisées comme telles pendant deux siècles, par les Massip, puis ses alliés Favantine.

Outre la vocation funéraire du château, déjà évoquée, les nombreuses terrasses à l’intérieur de l’enceinte ont été utilisées pour des cultures : celle du micocoulier permet la production de fourches en bois, la variété locale de cerise qui supporte bien les voyages permet sa vente à distance, enfin l'olive est une production traditionnelle ancienne.

Le pillage du château ruiné L'époque faste de la propriété d'Henry Delmas s’est achevée dans un incendie lors de son entrée dans le XVIIIe siècle. A partir de là, au nom même de Roquevaire sera substitué le terme de Relotge ou Relodge, nom occitan pour horloge, utilisé pour qualifier le lieu-dit dans les compoix de Sauve. Celui-ci proviendrait d'un grand cadran solaire présent sur une petite tour, bien visible à la fois du château et du chemin longeant celui-ci.

Aucun acte ne nous donne les conditions de transmission du château à la famille de Vibrac, en avril 1713. Seul un compoix de Sauve fait état du bénéficiaire qui est Louis Joseph Duranc de Vibrac - seigneur de Saint-Nazaire des Gardies, Saint-Jean de Crieulon, Saint-Martin de Sossenac et autres lieux - qui conserva ce château, jusqu'en 1725.

L'écrivain Jean Germain Jean Germain originaire de Sauve où il est né le 21 mars 1896, avait une affection toute particulière pour la ville de Sauve.

L'acquisition de Roquevaire en 1926 auprès de Paul Faventine est pour lui l'opportunité de disposer de l'un des hauts-lieux de l'histoire sauvaine et de ses légendes, mais il ne le gardera que huit ans et le vendra avec regret à Charles Lorot le 13 juillet 1934, pour la somme de cinq cent francs.

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Le renouveau de Roquevaire

salle principale, le plancher de la salle intermédiaire ...

L'achat de Roquevaire par un « étranger » au village, a été une source d'interrogations pour beaucoup de Sauvains.

Pourquoi acquérir une ruine de si peu d'intérêt, perdue dans la garrigue, mais surtout patrimoine de cœur des habitants du village ?

La réponse est facile à comprendre, elle est tout simplement celle de tous ceux qui sont tombés sous le charme du site !

Cependant, les outrages du temps sur la charpente contraignirent à la réfection d'une troisième toiture entre 1988 et 1990 et à partir de cette période de plusieurs campagnes de travaux et aménagements. Ces travaux sont rendus difficiles par l'accessibilité au site qui n'est possible que par le chemin piétonnier.

Roquevaire est très loin d'avoir retrouvé son faste d'antan. Il n'est pas dans notre intention de reconstituer ce qu'il fut dans le passé et que nous ne connaissons d'ailleurs que très partiellement, ces quelques pages en sont l'illustration. Nous souhaitons tout simplement préserver ce que le passé nous a légué pour qu'il serve au plaisir du plus grand nombre et de nos successeurs. Notre recherche sur ce petit château continue. Merci à toutes celles et ceux qui, par leurs critiques ou par leur apport pourront nous aider à progresser dans la connaissance de son histoire et de son environnement.

La première tâche de Georges Lorot, fils de Camille, fut de remettre en place la toiture du bâtiment au cours des années 19361937. N'habitant plus Sauve, il eut la désagréable surprise de constater la disparition de toutes les tuiles au début des années 1960.

Avec l'aide de son épouse Jeanne Jauvert, de ses filles et de quelques adolescents du village, un nouveau toit fut mis en place quelques années plus tard (1967-1968). Dans le même temps furent réalisés d'autres travaux d'aménagement : dalle de revêtement de la

Le château de Roquevaire et les cyprès de sa terrasse (1974).

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Bibliographie 1 - Nicolas Faucherre et Vivien Vassal, communication personnelle.

2 - Pierre Minet, communication personnelle.

3 - Dom Claude de Vic et Dom Joseph Vaissette. Histoire Générale de Languedoc, tome 2, de 629 à 920, p 694 et 697, Lacour/Rediviva éditeurs, 1993.

4 - E. Durand. Etude de l'ouvrage "L'échange de Montpellieret contre la ville et la baylivie de Sauve, 1293-1294". Art chrétien n°28, Nîmes, Gervais-Bedot libraire-éditeur, 1890.

5 - Jean Germain. Sauve antique et curieuse cité, Imprimerie de la Presse, Montpellier, 1952.

6 - Abbé J. Carrière. Notice historique sur le monastère de Sauve , Séguin frères, imprimeurs éditeurs, Avignon, 1885.

7 - Archives Départementales du Gard, 2-E-64/888.

8 - Henry Dupont. Saint-Pons de Roquevaire, Ermitage ou forteresse ? Revue du Gévaudan, 1958.

9 - Paul Fabris, communication personnelle.

10 - Hubert de VERGNETTE, communication personnelle.

11 - Archives Départementales de l’Hérault, série G, évêché d'Agde, 786.

12 - d'Hogier. Généralité de Montpellier, bureau d'Agde , livre II, p135, P.M. Dieudonnat éditeur, 1989.

13 - Yves CHASSIN du GUERNY, communication personnelle.

14 - Jean Claude RICARD, communication personnelle.

15 - Abbé Goiffon. L’abbaye de Sauve. Bulletin du Comité de l’Art Chrétien/ (diocèse de Nîmes), 1884.

16 - Archives Départementales du Gard, 2-E-64/906.

17 - Archives Départementales de l’Hérault, série G, évêché de Montpellier, 1701.

18 - Archives Départementales du Gard, 2-E-64/842.

19 - Archives municipales de Sauve, Compoix CC2.

20 - Elisabeth Antoine et al. Sur la terre comme au ciel. Jardins d’Occident à la fin du Moyen Age .

Editions de la réunion des musées nationaux, Paris, 2002. ISBN 2-7118-4448-X. 21 - Pierre Clément, communication personnelle.

22 - Archives Départementales de l’Hérault, 2-E-57/179.

23 - Archives Départementales du Gard, 2-E-64/913.

24 - Henri Bosc. La guerre de Cévennes 1702-1703, tome I, chap XVI, p 410. Les Presses du Languedoc, Max Chaleil éditeur, Montpellier.

25 - Madame Mourgue d'Algue, communication personnelle.

26 - Antoine Court. Histoire des troubles des Cévennes. 1760, réédité à Alais, 1819.

27 - Archives Départementales de l’Hérault, 1 B 11242.

28 - Abbé Julien. L’abbaye de Sauve en 1782. Bulletin du Comité de l’Art Chrétien/ (diocèse de Nîmes), 1887.

29 – Archives Départementales du Gard, 2-E-64/925.

30 - Pierre Germain, communication personnelle.

Les auteurs remercient toutes les personnes qui ont eu la grande amabilité de leur donner accès aux documents cités, en particulier Christophe Teissier et Jean-Marie Rosenstein.

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Roquevaire Pages de mémoire

"Le Château des fourches" par Lucien Coutaud (1961).

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ORIGINE et HISTOIRE du BIEN MON GRAND-PERE Origine du bien.

Charles LOROT est né le 26 novembre 1872 à Arthonnay dans l’Yonne. Il fut élevé par son père, instituteur dans le village voisin de Bassou, sa mère étant décédée huit jours après la naissance d’une petite sœur, alors qu’il approchait de ses trois ans. Il fit de brillantes études de médecine à Paris et au début du XXème siècle, créa une clinique pour traiter les maladies pulmonaires. La guerre de 1914-1918 éclata alors qu’il avait 42 ans. Mobilisé dans les services de santé, blessé en 1917, il fut expédié à Marseille pour se rétablir, il y resta jusqu’à l’armistice.

Après avoir connu les horreurs de la guerre, il se mit en recherche d’un lieu de paix pour exercer et vivre de son métier de médecin. Lui et sa famille habitèrent plusieurs villages du midi, déménagèrent à plusieurs reprises, jusqu’à parvenir à Sauve dans le Gard. C’est dans ce village qu’il acheva sa carrière médicale, installé dans ce qui était une pharmacie, mais qui avait été, antérieurement, la maison de plusieurs générations de médecins. Il comptait cesser son activité en 1940 car il avait 68 ans, mais rattrapé une nouvelle fois par la guerre, il dut reprendre du service, Sauve n’ayant plus de médecin. C’est ainsi que de vieux Sauvains racontent encore, que lorsqu’il pratiquait un vaccin ou une simple piqure, c’était douloureux.

Il faut se souvenir qu’à l’époque, les aiguilles n’étaient pas très fines et qu’en raison de son âge, mon grand-père tremblait peut-être un peu ! Il poursuivit ainsi son activité médicale jusqu’à la fin de la guerre, quitta Sauve peu après et décéda en 1951.

A la fin des années 1920, un établissement thermal dénommé Fonsanges fut mis en vente à Sauve. Ses eaux sulfureuses réputées agir sur les maladies pulmonaires n’auraient pas été sans lien avec les activités antérieures de Charles LOROT. Ce dernier était prêt à l’acheter, mais il avait posé une condition : que l’un de ses deux enfants devienne médecin. Aucun n’ayant pris cette voie, il renonça à cet achat. Peu après le château de Roquevaire fut proposé à la vente, il l’acquit de Jean Germain, au nom de son fils, mon père, Georges LOROT. A la suite du décès de mon grand-père, son épouse demanda à mon père de vendre Roquevaire. En fils obéissant, mon père chercha des acquéreurs, mais dans les années 1950, personne dans le village de Sauve ne voulait s’embarrasser de vieilles pierres. Mon père trouva cependant deux acquéreurs domiciliés en Suisse souhaitant acheter conjointement le château. La vente ne s’est cependant pas faite. Quarante ans plus tard, l’un des acquéreurs pressentis, en visite à Roquevaire, nous donna l’explication : descendu en voiture pour la signature de la vente avec le co-acquéreur, ce dernier changea d’avis entre Valence et Montélimar ; tous deux repartirent donc en Suisse ! Plus tard et par amour du village, cet homme acheta tout de même une petite maison dans Sauve … sur le chemin de Roquevaire !

Roquevaire est resté dans la famille LOROT. Jeannine 20

MON NOM Origine du nom de Roquevaire.

Le nom de Roquevaire n’est pas récent puisqu’il apparait pour la première fois dans un acte notarié du 22 janvier 1309, sans doute un mas à vocation agricole dont la propriétaire des lieux, est Mabille de Roquevaire, veuve de Guillaume du même nom. L’origine du nom de Roquevaire interpelle car elle peut être l’objet de plusieurs interprétations. Si la première partie du nom "Roque" ne fait pas beaucoup de doute quant à son allusion à la roche partout présente sur le site, la deuxième partie : "vaire" peut donner lieu à plusieurs hypothèses.

La première d’entre elles, celle qui avait notre préférence, établi un lien entre la couleur vair qui est une couleur intermédiaire entre le bleu et le gris et la couleur de la pierre locale constitutive du bâtiment et de toutes les constructions qui l’environnent, dont le mur d’enceinte. Cette roche calcaire constituée au jurassique présente une coloration gris bleuté très pâle lorsqu’elle a été longuement oxydée, en surface, et un gris bleu profond, au cœur de la pierre, avec une ligne de séparation plutôt franche entre les deux secteurs. Lorsqu’elle est mouillée, elle prend même une coloration presque noire. C’est donc un matériau dont la coloration varie avec sa constitution et son état de surface. A noter que le vair est aussi une fourrure gris et blanc constituée à partir de "petit-gris", une variété d’écureuil nordique (cf les pantoufles d’un certain personnage de conte), mais à Roquevaire on attribuerait plutôt cette couleur aux loirs, hôtes réguliers des lieux !

Une deuxième explication de l’origine du nom pourrait se trouver dans la terminologie occitane où "vaire" serait une forme d’écriture du verbe voir. Ainsi, il ne s’agirait plus du "rocher de couleur gris bleuté", mais plutôt du "rocher que l’on voit" ou encore du "rocher d’où l’on voit". Le réalisme de cette assertion est facile à comprendre lorsque l’on constate la situation perchée du château sur un éperon rocheux dominant le plateau environnant, site d’où la vue porte très loin. Cependant le même dictionnaire provençal-français de Frédéric Mistral signale que le mot "vaire" qualifie aussi un champ qui n’est plus cultivé, donc en friche.

Dans ce cas, l’origine serait liée au mot "vieux" que l’on retrouve dans un certain nombre de noms de lieux comme par exemple Castèu-Vèire, Roco-Vairo !

Une dernière hypothèse nous a été proposée il y a plusieurs années : le calcaire déjà évoqué, très dur, se débite parfois en écailles ou en lames sous le ciseau du tailleur ou consécutivement à une chute. De telles écailles ou lames, lorsqu’elles tombent sur le sol, font entendre une sonorité cristalline très claire assez caractéristique de cette pierre, rappelant un autre matériau, le verre !

En conclusion Roquevaire répond bien à la définition d’un rocher de couleur gris bleu que l’on voit et d’où l’on voit et qui surmonte un champ resté longtemps en friche …, mais sans que nous connaissions avec certitude l’assertion initiale à l’origine de son nom !

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Charles Camille et Marie Anne LOROT à Sauve, sur le balcon de leur maison.

Jeanne JAUVERT, Charles LOROT et Georges LOROT.

Jeanne JAUVERT et Georges LOROT, à Roquevaire le 29 décembre 1940.

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LE MANUSCRIT DUPUY DE MONTBRUN A la recherche des sources perdues.

Un travail de recherche important "La Guerre des Cévennes 1702-1703" a été publié en 5 tomes par le pasteur Henri BOSC, en 1993. Un tout petit passage de ce travail monumental concerne Roquevaire, dans une note relatant son incendie dans la nuit du 31 janvier au 1 er février 1703, ses références uniques étant "manuscrit DUPUY". Il nous semblait important de trouver le contenu sinon la piste de ce manuscrit qui pouvait, peut-être, nous en dire davantage sur cet événement. Naïvement, nous entreprîmes cette recherche qui nous parut devoir être simple !

Le premier interrogé fut le pasteur Henri BOSC lui-même, qui ne put nous indiquer l’origine de ce manuscrit, sinon qu’il avait bénéficié des travaux de son prédécesseur Charles BOST, publiés en 1931, pasteur lui aussi et qui avait recensé les sources publiques mais aussi de nombreux "journaux de raison" conservés par des familles. Henri BOSC nous signala par contre avoir fréquenté Roquevaire où il avait joué et où il entendait couler la source (sans doute l’eau des citernes ?) au cours de sa jeunesse à Quissac. Le milieu protestant local fut sollicité par l’intermédiaire du pasteur André GOUNELLE et nous apprîmes ainsi, par l’ouvrage de Philippe JOUTARD "La légende des camisards – Une sensibilité au passé", que le manuscrit était conservé à Saint-Jean-du-Gard et que Charles BOST en avait eu connaissance.

La maman de Jeannine avait le souvenir de ce nom de "DUPUY", ayant passé son enfance à Saint-Jean-du-Gard, lorsque toute jeune, elle avait été reçue dans la maison de madame ANGST, fille de madame DUPUY de MONTBRUN, lors de journées de patronage. Cette famille protestante aisée habitait Genève, en Suisse et venait passer des périodes de vacances dans leur maison de famille de Saint-Jean-du-Gard. Madame MOURGUE d’ALGUE, fille de madame ANGST, interrogée lors d’un passage à Saint-Jean-du-Gard, nous indiqua ne pas posséder ce document. Piste sans issue ?

La poursuite de nos recherches nous conduisit à la Bibliothèque de la Société de l’Histoire du Protestantisme Français de Paris, qui aurait pu détenir ce manuscrit. Deux visites ne nous permirent pas d’aboutir, mais le hasard nous mit entre les mains une généalogie de la famille DUPUY de MONTBRUN établie par le pasteur Paul Romane MUSCULUS. Ce document recopié, nous reprîmes contact avec madame MOURGUE d’ALGUE qui se révéla intéressée par cette généalogie. Reçus à Saint-Jean-du-Gard par un majordome à gants blancs dans un petit salon, nous en vînmes à parler du manuscrit recherché. Et madame MOURGUE d’ALGUE nous avoua avoir détenu ce fameux manuscrit, prêté il y avait quelques années à un pasteur qui ne le lui avait jamais rendu, d’où son extrême méfiance. Mais elle nous donna à consulter une copie de ce manuscrit, copie effectuée avant la perte de l’original. C’était un "journal de raison" d’un gentilhomme de la famille DUPUY de MONTBRUN, écrit quelques années après les faits.

La piste était retrouvée, même si elle ne nous apprit rien de plus que ce que nous ne savions déjà !

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JEAN GERMAIN ET ROQUEVAIRE (1) La démarche de l’auteur et historien.

Le livre "SAUVE ANTIQUE ET CURIEUSE CITÉ", écrit par Jean Germain, impressionne par la somme de connaissances rassemblées sur l’histoire de Sauve. Edité en 1952, préfacé par André Chamson, de l’Académie Française, il est de lecture facile, même si le style péremptoire et le ton volontiers moralisateur ne sont plus guère de mise aujourd’hui. Sachant maintenant que l’auteur a été propriétaire de Roquevaire pendant 8 ans et qu’il défendait avec force l’intégrité de sa démarche : "deux idées maîtresses ont dirigé mon travail : - d’abord le respect de la vérité, - ensuite l’impartialité et l’objectivité.", il était important, pour nous, de connaitre les sources documentaires qu’il avait consultées et utilisées dans ses recherches sur Roquevaire.

Les quelques citations de Roquevaire dans son ouvrage sont d’autant plus faciles à évoquer qu’elles sont rares : "Le château de Roquevaire règne sur cette thébaïde [mer des rochers] où se cache Niobé pour exhaler ses pleurs", "A Sauve, tout le monde sait qu’elle [Blanche de Castille] s’est rendue au vieux château de Roquevaire". Par contre une phrase est restée particulièrement tenace dans tous les esprits des sauvains et bien d’autres depuis : "Les évêques de Maguelone avaient fait leur résidence d’été du vieux château de Roquevaire, qui dresse sa haute silhouette, comme une sorte de fantôme, au milieu du plateau de grisaille qui domine Sauve, dans un chaos de rocs aux formes fantastiques. Au-dessus de la porte étroite du verger qui ceinture ce château, ils avaient fait graver la formule suivante, lapidaire mais combien expressive : "In urbe omnii, in deserto mihi", … Ainsi que l’a écrit l’abbé Carrière, qui était curé de Sauve en 1880, "l’évêque trouvait à Roquevaire la beata solitudo si chère aux âmes d’élite, solitude deux fois heureuse pour l’esprit fatigué et pour le corps épuisé par les travaux de la vie pastorale". En 1703, les Camisards s’emparèrent du château, conduits par Rolland luimême, et brûlèrent la belle bibliothèque que les évêques y avaient constituée."

Dans un second ouvrage écrit et publié 10 ans plus tard, en partage avec Michel Hervé pour la partie concernant "LE SATRAPE DE SAUVE", Jean Germain résume son point de vue sur Roquevaire dans le chapitre intitulé "APERÇUS HISTORIQUES" : "Il y avait aussi le château de Roquevaire, construit au début du XIIème siècle, dans son paysage singulier de rochers ruiniformes. Ayant été résidence d’été des évêques de Maguelone barons de Sauve à partir de 1283, puis des abbés mitrés jusqu’à la Révolution, il reste debout et était assez bien conservé jusqu’à il y a une centaine d’années."

Cette vision d’un château médiéval antique qui manifestement colle peu avec le style architectural du bâtiment actuel, a été reprise depuis l’ouvrage de Jean Germain dans pratiquement tous les écrits concernant Roquevaire et principalement les guides touristiques dont le souci majeur n’est pas toujours l’authenticité historique. Mais alors, qu’en est-il vraiment ?

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JEAN GERMAIN ET ROQUEVAIRE (2) Le fonds documentaire de l’auteur.

Nous avons donc cherché à retrouver les documents que Jean Germain avait rassemblés. Luimême étant décédé en 1970 et son épouse à la fin des années 1980, nous nous sommes tournés vers son neveu, Pierre Germain, auquel il avait confié le soin de terminer un troisième ouvrage qu’il avait commencé et concernant le fabuliste Florian. Une rencontre eut lieu à Paris en 1990. Malheureusement, Pierre Germain ne possédait pas les documents que son oncle avait accumulés lors de l’écriture de "SAUVE ANTIQUE ET CURIEUSE CITÉ". Il pensait que ces derniers avaient été déposés aux Archives Départementales du Gard, mais vérification faite, il s’est avéré qu’aucun fonds Jean Germain n’y figure.

L’annonce par le Bulletin municipal de Sauve, en mars 2000, d’une disposition testamentaire prise par la veuve de Jean Germain en faveur de la commune de Sauve, nous a redonné quelque espoir. Mais les notaires en charge de la liquidation testamentaire ne trouvèrent aucune trace d’un quelconque fonds documentaire.

Le temps passant, il semblait de plus en plus improbable de retrouver ces archives jusqu’au 1er mai 2007 où un habitant de Sauve identifia, à la brocante de Sauve, une importante liasse de documents concernant Jean Germain et dont il eut le réflexe de faire immédiatement l’acquisition. Nous l’ayant confié pour un examen rapide, il nous est apparu qu’il contenait, outre une abondante correspondance, la liste des ouvrages et documents consultés, des notes manuscrites, et même les deux premières versions de "SAUVE ANTIQUE ET CURIEUSE CITÉ", ainsi que quantité de notes manuscrites destinées à l’ouvrage inachevé sur Florian. Ainsi les documents recherchés sans succès pendant près de 20 ans ont été retrouvés, presque par hasard, à Sauve même ! Mais comment expliquer la présence de ces documents sur une brocante ? Sans doute Pierre Germain, guère passionné par ces "vieux papiers", les avait-il déposés dans une maison de famille au sein d’un village cévenol. A la vente de cette dernière, un brocanteur les récupéra et c’est ainsi qu’ils menèrent une aventure itinérante, jusqu’à leur passage à Sauve. Toutefois, certains documents contenus dans ces "vieux papiers" semblent avoir disparu, comme les carnets relatifs à la guerre de 1914-1918, très recherchés par les collectionneurs, et sans doute nombre d’autres documents. Ces archives de Jean Germain ont été cédées à la commune et déposées à la bibliothèque municipale de Sauve. Elles font désormais partie du patrimoine collectif de la ville.

L’examen des sources bibliographiques contenues dans ces archives, révéla que la plupart d’entre elles étaient des écrits de vulgarisateurs, de bonne volonté certes, mais ne disposant pas toujours de réelles compétences d’historiens ou de scientifiques. La lecture de l’un de ces articles, à la Bibliothèque municipale de Montpellier, nous laissa une impression de déjà lu … dans l’ouvrage de Jean Germain ! Des phrases entières ou à peine modifiées de cet article se retrouvaient dans l’ouvrage "SAUVE ANTIQUE ET CURIEUSE CITÉ", sans aucune référence à son véritable auteur… Ce qui pourrait expliquer l’absence d’indication des sources bibliographiques utilisées par Jean Germain dans son ouvrage sur Sauve !

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JEAN GERMAIN ET ROQUEVAIRE (3) Le véritable "inventeur" de Roquevaire.

Désigné comme lauréat de l’Académie française pour son ouvrage "SAUVE ANTIQUE ET CURIEUSE CITE", Jean Germain s’est probablement vu reprocher l’absence de références bibliographiques liées aux aspects historiques développés dans son livre. C’est sans doute la raison pour laquelle, dans son second ouvrage "APERCUS HISTORIQUES", il s’auto déclarait dépositaire de la connaissance et affirmait : "pourtant je sais ; même si je suis le seul à le savoir, je sais, et je puis donc affirmer" ! Concernant les sources utilisées, il écrit encore : "Ainsi dans mon livre Sauve curieuse et antique cité, j’ai pu inclure des détails qui n’existent nulle part ailleurs que dans un Livre de Raison trouvé par hasard au fond d’un grenier et qu’on a bien voulu me confier …". Ainsi la légèreté et le caractère parfois douteux du contenu de telles sources, nous ont conduit à rechercher d’une manière plus sérieuse les origines de Roquevaire.

Au milieu du XVIIème siècle, un abbé du nom d’Henry Delmas succède à son oncle David, à la tête de l’abbaye Saint-Pierre de Sauve de 1652 à 1712. Ce personnage a laissé de très nombreuses traces de ses activités dans les archives notariales et les compoix de la ville de Sauve entre 1652 et 1700, traces dont Jean Germain a nécessairement eu connaissance pour tout ou partie. Un acte, datant de 1691 et réglant un différend entre le prieur de la Confrérie mage de Sauve et les propriétaires de l’ancien mas de Roquevaire, est fondamental pour nous.

Citant Henry Delmas, il indique que ce dernier "a fait construire une maison appelée de Roquevaire" sur le lieu actuel. Cette affirmation, sans dater de manière précise la période de construction du bâtiment, en situe la création de manière beaucoup plus réaliste que les affirmations de Jean Germain. Par ailleurs, le style et l’homogénéité architecturale du bâtiment correspondent bien à une réalisation de la deuxième moitié du XVIIème siècle et non du XIIème, comme le constatent les castellologues. Mais il est cependant tout à fait possible qu’une construction plus ancienne ait précédé le bâtiment actuel.

Si l’on sait que les évêques de Maguelone sont devenus co-seigneurs de la ville de Sauve, suite à l’échange opéré en 1293 entre Montpelliéret et la baylivie de Sauve par l’évêque Béranger de Frédol, rien n’indique qu’ils aient fait construire Roquevaire. Et pas davantage l’inscription latine à la porte d’entrée qui correspond beaucoup mieux au mode de vie et à l’usage que pouvait en faire l’abbé Delmas. Enfin les propos de l’abbé Carrière peuvent effectivement prêter à confusion. Mais comme le dit Jean Germain lui-même "le document … doit ensuite être comparé, confronté avec d’autres, s’il en existe, pour confirmer ou infirmer ce qu’il énonce." Ce qu’il n’a manifestement pas fait lui-même avec ses sources ! Et la confusion perdure … ! C’est sa propension à interpréter les faits pour écrire une histoire à sa convenance, exacerbant les sentiments, le prestige, la notabilité … qui l’a conduit à faire remonter, un peu facilement, la construction de Roquevaire aux évêques de Maguelone.

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LES ARCHIVES DE L’ABBAYE DE SAUVE ET DE ROQUEVAIRE Archives des reconnaissances féodales dues à l’abbaye de Sauve, détenues par l’abbé Henry Delmas.

L’abbé Henry Delmas bâtisseur de Roquevaire était déjà un homme âgé, sans doute plus de 70 ans, lorsque qu’éclata la révolte des camisards en 1702, 17 ans après la révocation de l’Edit de Nantes par Louis XIV (1685). Dans Sauve, ville très majoritairement protestante, il est probable que les rares catholiques ne pouvaient pas demeurer très sereins ni rassurés et il devait en être de même pour les quelques religieux de l’abbaye. Alors que l’on constate par les actes notariés passés chez différents notaires de Sauve, les marques d’une très grande activité de l’abbé Delmas tout au long de la deuxième moitié du XVIIème siècle, son nom n’apparait plus du tout dans les actes postérieurs à 1700. Aurait-il quitté précipitamment l’abbaye pour se retirer loin de la zone de conflits ?

Son décès eut lieu en novembre 1712 à Agde, ville dont il était originaire. A peine connu cette disparition, le procureur général du roi mandata un conseiller accompagné d’un greffier et d’un huissier pour dresser un inventaire et mettre en sécurité tous les papiers, titres et documents de l’abbaye de Sauve, détenus par l’abbé de son vivant. L’abbé avait donc quitté Sauve en emportant les documents relatifs à l’abbaye dont il avait la charge, de crainte qu’ils ne fussent saisis et brûlés par les "rebelles". Dans le couvent des Capucins de Notre-Dame du Grau d’Agde où deux chambres avaient été mises à sa disposition, Henry Delmas avait fait construire dans l’une d’elle, une cachette en briques et plâtre où il avait déposé tous les documents. Le plâtrier avait l’ordre de n’en rien dire à quiconque avant la mort de l’abbé !

Ouverte, cette cachette se révéla contenir trois grandes caisses et un sac de documents. Il fut fait l’inventaire de l’ensemble, avec numérotation des pièces et report sur un cahier spécifique.

La première caisse, cotée A, contenait 31 liasses de documents, la seconde, cotée B, 11 liasses, la troisième, cotée C, 17 sacs d’actes divers, enfin le sac renfermait des rouleaux de parchemins et papiers concernant l’abbaye. Ce sont donc tous les actes relatifs aux reconnaissances féodales, livres de censives, registres de comptes, procès … en fait toutes les archives de l’abbaye qui avaient été mises en sureté par l’abbé dans ce couvent. Ces documents revêtaient une importance capitale pour une abbaye puisqu’ils sont les seules traces écrites des reconnaissances et donc des revenus exigibles par l’abbaye. Alors comment ne pas penser que dans cet ensemble, des documents relatifs à Roquevaire y soient inclus ?

En fait, aucune des différentes liasses de documents ne mentionne le château de Roquevaire !

Les documents relatifs à Roquevaire étaient-ils conservés à même le château dans lequel l’abbé avait une bibliothèque et des tableaux de prix ? Si tel était le cas, ils ont très vraisemblablement disparus dans les flammes de l’incendie, au cours de la nuit du 31 janvier au 1er février 1703 !

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Roquevaire et ses cyprès.

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DANS les BAS-FONDS du CHATEAU UNE MESSE POUR … ?

Pour être en paix avec ses voisins !

Une visite des soubassements de Roquevaire est toujours source d’inspirations ou d’interrogations pour les visiteurs. Au début des années 1980, alors que nous savions que le bâtiment avait été construit par l’abbé Henry Delmas, abbé commendataire de l’abbaye SaintPierre de Sauve au milieu du XVIIème siècle, nous ignorions qui avait été inhumé dans ce qui était devenu un caveau et pourquoi dans un tel lieu ? A la suite d’une visite de ces lieux et constatant de toute évidence l’usage qui en avait été fait, un ami, graveur de son métier, excellent dessinateur, sans doute aussi bon catholique, nous fit une suggestion pour le moins originale, avec tout le sérieux de circonstance dû à un tel endroit. Il pensait que pour être en bon terme avec les anciens occupants de ce lieu, pacifier cette place, bien que vide à l’exception de quelques morceaux de cercueils et ossements, il serait peut-être judicieux de faire dire une messe par un prêtre, ici même, pour le repos des âmes des disparus.

Quelques années plus tard, nos recherches sur la généalogie des propriétaires de Roquevaire aux archives de la mairie de Sauve et du département du Gard, nous révélèrent qu’en 1725, treize années après le décès de l’abbé, le château fut acquis par une famille protestante – ironie de l’histoire ! - pour une somme modique étant donné son état délabré. Nous nous sommes longtemps interrogés sur les motivations de cette famille à l’égard de ce bâtiment, l’acheteur était mangonnier, profession plus connue maintenant sous le nom d’épicier et non pas agriculteur, profession qui aurait pu justifier un intérêt pour les terres environnantes.

Nous réalisâmes beaucoup plus tard que l’intérêt était … pour les soubassements du château que cette famille utilisa comme caveau. L’explication de cet usage est fort simple : à Sauve comme partout en France, les protestants n’avaient pas la possibilité de se faire inhumer dans le cimetière du village, géré par la communauté catholique. Les instructions du conseil du Roi Louis XIV étaient très claires : « Sa Majesté ne veut pas qu’il y ait d’endroit marqué pour les enterrements de ceux de la dite religion [réformée] et chacun pourra les faire enterrer où bon lui semblera ». Les protestants étaient, par voie de conséquence, contraints de se faire inhumer sur leur propriété d’où le très grand nombre de sépultures présentes, en particulier dans les Cévennes, à proximité des maisons, ou en pleine campagne. Le château de Roquevaire endommagé suite à l’incendie de 1703 pouvait devenir un lieu très convenable pour un tel usage. Et cet usage perdura pendant deux siècles, de 1725 à 1926.

Pour bien le faire savoir, il fut planté des cyprès sur la terrasse, marquant expressément et visible de loin, le caractère de lieu de sépulture de l’endroit.

Les protestants inhumés dans le caveau auraient-ils apprécié qu’une messe soit dite à leur attention par un prêtre catholique ? Le repos de leur âme en eut il été assuré ?

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L’équipement du caveau de famille.

Le "passage de l’enfer", provisoirement fermé !

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AU CIEL OU EN ENFER ?

Du bon usage des lieux …

La petite pièce du château situé au niveau le plus bas du bâtiment, présente des supports métalliques ancrés dans le mur ne laissant aucun doute sur l’usage qui a été fait de cet endroit : un lieu de sépulture, un caveau. Cette pièce a la particularité de posséder, malgré sa position, plusieurs ouvertures. La première est bien sûr la porte qui lui donne accès, au bas d’un escalier oblique très étroit ; la seconde, face à la porte, est une toute petite ouverture en forme de "jour en archère" qui laisse entrer un peu de lumière ; les deux dernières ouvertures d’environ 50 cm x 50 cm, sont percées l’une dans la voute du plafond, l’autre dans le revêtement du sol. L’ouverture dans le plafond communique par un petit conduit avec une pièce située juste au-dessus du caveau. L’ouverture au sol, émerge par un conduit plus important sous un court passage rocheux communiquant avec une petite terrasse extérieure, en contre-bas du bâtiment : sortie discrète ? Pour un observateur adossé au mur "est" de cette pièce, l’ouverture ouvrant dans la voûte du plafond est située à sa droite ; pour le même observateur, l’autre ouverture, dans sol, est située à sa gauche.

Ces deux ouvertures interpellent les visiteurs du lieu, rarement en peine d’idées ou de propositions pour en justifier l’usage. L’une d’elle fut fournie par le maire d’une petite commune ardéchoise, en visite à Roquevaire dans les années 90 et qui, connaissant l’usage ancien du lieu, nous donna l’explication suivante : Les tableaux anciens représentant le jugement dernier par le Christ, suite à la résurrection des morts, répondent toujours à une même logique de positionnement des ressuscités : les bienheureux invités à entrer dans la vie éternelle auprès de Dieu, montent à la droite du Christ, dans le haut du tableau ; les damnés entrainés par une cohorte de démons leur infligeant les premiers supplices, descendent dans les profondeurs, à la gauche du Christ, dans le bas du tableau. Pour un Christ imaginé présent dans ce petit caveau et situé à la place du spectateur contre le mur "est", après la résurrection et suite au jugement dernier de ses occupants, l’usage des deux ouvertures de la pièce est évident. C’est par le conduit de gauche dirigé vers le bas que passeront les damnés pour aller en enfer et c’est par le conduit de droite dirigé vers le haut que passeront les bienheureux pour aller au paradis ! Remarquable aspect pratique et utilitaire de ces deux ouvertures !

Le passage "vers l’enfer" a été un lieu de passage pour "démons" désireux de pénétrer dans le château quoi qu’il puisse en coûter et malgré un empilement de pierres risquant de chuter dans le conduit. Cette ouverture a maintenant été condamnée, fermée par des barreaux métalliques et par plusieurs blocs de pierre. Seuls quelques rares fantômes peuvent encore conserver l’espoir de passer et entrer par-là dans le château !

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Les élèves d’une école primaire de Sauve, un peu figés et quichés, dans les catacombes !

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DES VISITES NOMBREUSES Abondance de présence au plus profond du château.

Le mois d’avril 2016 fut l’occasion de faire visiter Roquevaire, à leur demande, à plusieurs classes d’une école primaire de Sauve, des tout-petits de 5-6 ans jusqu’aux plus grands de 1011 ans. Ces visites occupèrent trois après-midi et permirent de répondre à une éruption de questions jaillissant tous azimuts, des plus simples aux plus complexes. Bien évidemment il fallut aussi tout montrer et plus particulièrement ce qui est a priori caché, derrière des portes fermées ou mieux encore sous des trappes ... La visite des soubassements, malgré les difficultés d’accès, s’imposait donc.

L’annonce d’un escalier un peu raide ne rebuta personne, c’était presque une raison supplémentaire pour y aller. Le fait qu’il n’y ait pas d’éclairage et qu’il faille descendre, à la queue leu leu, à la lueur d’une lampe torche, augmenta encore l’excitation. L’avertissement de la présence de nombreuses araignées et scorpions fit pousser quelques cris et refroidir quelques enthousiasmes, mais la curiosité était la plus forte et elle fit tout surmonter. La vue d’un scorpion mort depuis plusieurs mois et archi sec, entraina une telle demande que l’insecte passé entre toutes les mains s’en trouva fort démembré à l’issue de son périple. Les araignées furent impressionnantes bien sûr, leurs pattes surtout, mais le pire furent leurs toiles, objet d’épouvante et d’une méfiance atavique ! Il est absolument certain que jamais caveau ne subit une telle affluence puisque chacun des groupes se retrouva en totalité dans le petit caveau de famille, maîtresse et accompagnateurs compris, soit une trentaine de personnes, sur à peine quelques mètres carrés ! Espace réduit et contraint certes, mais de bonne conformation pour se donner du courage en se serrant les uns contre les autres !

Les explications furent écoutées dans un silence religieux, il n’était plus besoin de tenter de surmonter les nombreuses voix aigües de la meute ! Les morceaux de cercueils présentés, comme le scorpion mort, firent le tour d’absolument toutes les mains ! Aucun fantôme ne fut évoqué … ! Et puis survint la question embarrassante que le guide pensait bien pouvoir éviter : que représente le petit bassin à l’aplomb du support des cercueils. Longtemps incertaine pour le guide, l’explication lui fut donnée il y a quelques années : il s’agit tout simplement de collecter les liquides de décomposition des corps comme on peut le constater dans des lieux ayant accueilli les corps de personnages illustres comme les cathédrales.

Un fragment de poterie trouvée lors des nettoyages des citernes du château et présentant sur sa base un trou délibérément réalisé lors de sa fabrication ne permit pas au groupe de définir l’usage de l’objet, pas plus les enfants que les maîtresses et les accompagnateurs. Question difficile qui trouve rarement réponse puisqu’il s’agit d’un fragment de faisselle, objet qui atteste de la présence d’une forme d’élevage, dans le voisinage.

La proposition de remontée hors du caveau fut accueillie avec entrain. Et personne ne s’attarda ou ne prit le risque d’être oublié dans un tel lieu !

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UNE HISTOIRE D’OS Restes d’occupants anciens des lieux …

La pièce transformée en caveau par une famille protestante sauvaine a été "vidée" de ses occupants lors de la vente du château par le dernier descendant de la famille protestante, "vieux garçon" sans descendance, ni frère, ni sœur, ni neveu, ni nièce …, en 1926. Situation curieuse de cette même famille qui avait été particulièrement prolifique dans les années antérieures, le bâtiment s’étant transmis de père en fils, d’oncle à neveu, de mari à femme … pendant deux siècles. L’acquéreur, qui deviendra vingt-cinq ans plus tard un écrivain connu pour son ouvrage "Sauve, curieuse et antique cité", souhaitait profiter de ces lieux, ce qui rehausserait son prestige, mais sans doute pas de ses occupants, aussi silencieux soient-ils !

Le déménagement conclu entre vendeur et acheteur, s’effectua en ouvrant à moitié le mur de fermeture du caveau pour y faire passer les cercueils ou … ce qu’il en restait ! L’étroitesse du passage et la manipulation de ces objets encombrants fit que certains d’entre eux, un peu moins robustes ou un peu plus anciens que les autres, s’ouvrirent. Et le vendeur, présent, reconnut aisément quelques-uns de ses proches parents "Té, es moun ouncle !" "Té, es moun gran !" … L’enfant qui assistait à la scène et qui nous la relata cinquante ans plus tard, fut sans doute prestement écarté, mais il eut le temps de constater l’aspect momifié des visages, aspect probablement dû à la très grande sécheresse du lieu, ce qui permettait leur identification bien des années plus tard. Ce lieu vidé et nettoyé très sommairement à cette occasion, resta des années durant, avec une couche de sable et de gravats en provenance des enduits muraux qui se détérioraient avec le temps …

Un nettoyage plus complet, dans les années 80, permit de rendre ce lieu plus présentable et aussi de récolter quelques restes oubliés lors du grand "dérangement" : morceaux de cercueil, clous du même usage, ossements de pieds ou de mains … pieusement conservés dans une petite niche de la pièce. Et lors de visites de ce caveau, il était d’usage d’attester de sa fonction antérieure par l’exhibition de ces "reliques" authentiques ! Et même parfois de plaisanter, un peu facilement certes, en proposant un bout de doigt ou de pied, à qui en manquerait !

L’un des visiteurs les plus passionnés de ce lieu fut un sauvain au demeurant fort sympathique, musicien, facteur d’accordéon, très bon vivant et humoriste patenté. Fort intéressé, il écouta les explications, posa moult questions, interrogea le guide et eut droit, à la fin, à la plaisanterie habituelle. L’humour ne l’en départit point lorsque levant la main gauche, il se dit intéressé, présentant les trois doigts restants, les deux autres ayant fait les frais d’un geste malhabile dans une machine-outil, quelques années plus tôt !

Le guide se sentit un tantinet gêné par cet humour un peu déplacé, le musicien le rassura !

Ces os ont certainement trouvé un nouvel usage puisqu’ils sont maintenant tous portés disparus !

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LE FANTOME ENERVE Hyper-esthésie ou susceptibilité de l’au-delà ?

Il est bien connu que nombre de lieux quelque peu lugubres, sinistres ou tout simplement impressionnants détiennent leurs lots de revenants, de fantômes … Roquevaire bien sûr n’échappe pas à cette règle et possède, par intermittence et c’est là sa spécificité, le sien. Ce fantôme habite les soubassements du château et lorsqu’il est présent, ce qui n’est pas très fréquent, il est en partie visible à certains moments de l’année ! Son lieu de repos favori est une ancienne glacière mise en place lors de la construction du bâtiment, pour exploiter une faille du soubassement rocheux, étroite et profonde, permettant de conserver des aliments à la fraîcheur, un réfrigérateur avant l’heure ! Cette glacière est disposée dans un lieu confiné, très sombre et bien évidemment sans éclairage. Il faut donc pour y descendre, être équipé de bougies ou de lampes torches.

C’est ainsi que vers Pâques 2010, à l’issue d’un repas dans le château, il fut décidé de descendre voir si ce fantôme était présent, au grand enthousiasme des enfants de 6 et 7 ans, Quentin et Raphaël. La descente, en tenant bien fort la main d’un adulte, fut précautionneuse, pour ne pas réveiller trop brutalement l’occupant des lieux et le tenir en bonne humeur. Il semblait d’ailleurs que dès l’ouverture de la trappe de descente dans les sous-sols, des bruits bizarres manifestaient déjà sa présence … Arrivés au bord de la glacière, mais pas trop près tout de même, on ne sait jamais …, les enfants constatèrent l’un après l’autre une forme blanche, remuante au fond de l’étroiture, forme émettant des hululements sinistres accompagnés de bruits de chaînes caractéristiques … Le plus jeune des enfants, Raphaël, remonta précipitamment, fortement impressionné par le spectacle et désireux de s’éloigner du site au plus vite. L’autre, Quentin, resta plus longuement à observer la forme blanche, mais l’ampleur croissante du bruit émanant du lieu signifiait qu’il ne fallait peut-être pas insister trop longtemps. Leur sœur, Anaïs, précautionneuse, préféra rester à l’étage supérieur auprès de ses parents ! Suite à ces observations, il fut conclu, cette année-là, que le fantôme était recouvert d’un vrai drap et peut-être même qu’il portait un jean !

L’année suivante, à la même époque, il fut convenu de tenter de revoir le fantôme. La descente se fit dans les mêmes conditions que l’année précédente, pour assister au même spectacle et entendre les mêmes bruits. Le plus jeune des garçons, Raphaël, rassuré par une année de plus et par une longue réflexion, n’était plus du tout effrayé. Il écouta même soigneusement les bruits émis par le fantôme pour conclure et confier sous forme de confidence à son grand-père que "cette année, le fantôme était plus énervé que l’an dernier … !".

Il est probable que le fantôme, désireux de ne pas prolonger trop longtemps son exhibition, fit comprendre par le ton de ses hululements que les dérangements et les plaisanteries les plus courts sont les meilleures !

Ce qui n’était pas très loin de la réalité !

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Le fantôme de Roquevaire, à peine visible dans son antre !

Tour Beauvoir à Blois.

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UN CAVEAU D’HOTES ?

Du bon usage des lieux anciens !

Une émission de France Inter du 21 avril 2016 « Carnets de Campagne » fut l’occasion de donner la parole à un architecte-bâtisseur. C’est le qualificatif que se donne le propriétaire et restaurateur du château de Chémery à 30 km au sud de Blois, dans le Loir-et-Cher. Cet homme est par ailleurs propriétaire d’une tour donjon datant du 11ème siècle, la tour Beauvoir à Blois, qui a été l’une des plus vieilles prisons de France, en usage du XIVème siècle jusque dans les années 1940. Cette prison comportait un certain nombre de cachots, que cet architecte a transformé en « cachot d’hôtes », avec chambres, salle de bain, salle pour petit déjeuner ... https://www.chambres-hotes.fr/chambres-hotes_la-tour-beauvoir_blois_h549489.htm.

Il traduit ce concept original par la formule suivante : "Dormez en prison, évadez-vous en prenant votre petit déjeuner sur la terrasse !".

L’idée ne pourrait-elle pas être transposée à Roquevaire, dans le cadre d’un concept tout aussi original : "Dormez à poings fermés, réveillez-vous au paradis !" ? Le caveau de famille dans les soubassements du château, ne pourrait-il pas faire office de « caveau d’hôtes », moyennant quelques aménagements ? Les supports métalliques de cercueils pourraient très facilement et sans risque supporter un lit (à une seule place cependant), trois couchages seraient donc disponibles dans le caveau proprement dit ; le petit conduit horizontal, voisin de l’escalier, ayant accueilli la sépulture d’une jeune fille, pourrait aisément accueillir un enfant, pas trop grand toutefois ; la glacière un peu plus loin, rendue étanche, ferait une excellente baignoire !

Pour l’ambiance, une lumière tamisée constante est assurée, mais peut-être serait-il nécessaire d’y adjoindre une climatisation ? Pour le petit déjeuner, ce serait sur la véritable terrasse au pied du bâtiment, dominant ce que l’abbé Delmas a voulu comme son jardin d’Eden, son petit paradis sur terre.

L’idée serait-elle originale ? II n’en est pas du tout certain, car lors de périodes d’intenses travaux sur Roquevaire (fin des années 80, début des années 90) nos enfants et certains enfants de nos amis dormaient habituellement dans le haut du bâtiment, sous les toits, alors que leurs parents, ne pratiquant pas les mêmes horaires, dormaient à l’extérieur sous une tente. Un soir, ces enfants eurent l‘idée de passer la nuit dans le caveau en mettant des planches sur les supports de cercueils et en s’installant dessus pour dormir. Une fois en place, il n’est guère de doute que les histoires allèrent bon train pour évoquer l’usage du lieu et peutêtre même la présence encore tangible de certains de ses occupants anciens … ? Mais il fut décidé brutalement de mettre fin à l’expérience et de remonter illico presto dans les hauteurs du château. Pourquoi donc ? Une idée de fantôme flottait-elle dans ce petit espace contraint ?

Non, la réponse donnée beaucoup plus tard, est qu’il y faisait beaucoup trop chaud, nous étions au mois d’août. Bien sûr !

Expérience intéressante … A poursuivre ?

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Les OCCUPANTS des LIEUX UNE RENCONTRE SURPRISE Rencontre tout à fait inattendue !

Parmi les nombreux occupants du château, il est une espèce particulièrement attachée à ce lieu depuis de nombreuses années. Il s’agit du loir, le bien nommé Glis glis ! Cet animal plus petit que l’écureuil, se caractérise aussi par une queue en panache, moins bien fournie, une couleur gris cendre et des yeux globuleux qui lui permettent une activité intense essentiellement nocturne, alors que celle de son cousin est diurne. Est-il aussi parent avec un autre animal eurasien, écureuil lui aussi, le petit gris ou vair ? Peut-être pas et c’est dommage, car nous aurions pu faire des rapprochements entre le nom de l’un et l’habitat de l’autre.

Les loirs trouvent dans le bâtiment toutes les conditions de bien-être qu’ils recherchent : un refuge absolument au sec quel que soit le temps, des lieux haut perchés pour sommeiller tranquille, un abri contre leurs prédateurs, une protection contre le froid hivernal … Leur seule contrainte est bien sûr d’aller se nourrir à l’extérieur, de graines de cyprès et de pins, de baies diverses … Pour cela, il leur est nécessaire de se déplacer sur les poutres, les planchers et surtout les murs, mais leur équipement en griffes leur permet des prouesses remarquables, même contre des murs enduits d’un revêtement très fin. C’est ainsi qu’il est fréquent de les voir venir observer les occupations humaines dans le château, aux heures tardives et de s’éclipser tout aussi discrètement. Parfois visibles dans la journée, ils trônent sur les poutres de plafond, narguant le visiteur, du haut de leur perchoir. La nuit, leurs promenades à l’intérieur du bâtiment, leurs petits cris d’appel ou leurs cheminements furtifs rappelant celles de leurs cousines de même couleur et de mauvaise réputation, ont de quoi agacer singulièrement les occupants des lieux !

La toute première rencontre de l’un de ces animaux fut faite par notre fille, une fin d’aprèsmidi de mois d’août, alors que venions prendre possession des lieux pour quelques jours. Nous avions l’habitude de ranger les allumettes dans une petite niche à hauteur d’homme, dans le « cantou » de la cheminée, pour les garder à l’abri de l’humidité, comme autrefois le sel. Notre fille partit donc attraper ces allumettes en plongeant hardiment la main dans la niche profonde dont elle ne pouvait voir le contenu. Un hurlement épouvantable s’ensuivit … Nous vîmes notre fille prostrée, les mains sur la tête hurlant de peur …, puis très furtivement une forme ratière disparaitre, sautant sur le mur de la cheminée et s’esquivant dans les hauteurs de cette dernière. C’était bien évidemment un loir qui, dérangé dans son sommeil et sans doute fort surpris de voir arriver vers lui une main, peut-être inamicale, avait quitté son logement dans un sauve-qui-peut plongeant … sur la tête de notre fille ! L’émotion fut partagée par tout le monde, mais qui du loir ou de notre fille eut la plus grande frayeur ?

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LES LOIRS Animaux attachants et encombrants !

Le loir (Glis glis), cet animal ressemblant à bien des égards à l’écureuil peu apparaitre pour certains et au premier abord attachant. Pour d’autres, c’est sa ressemblance avec le rat, en dehors de la queue, qui le rendrait plutôt repoussant. Pour nous tous à Roquevaire, c’est un animal encombrant. Chez lui comme beaucoup d’autres occupants, il n’a de cesse de vouloir tout visiter, sa curiosité n’a pas de limite et elle se joint au fait que, contrairement à la plupart des mustélidés qui se soulagent et défèquent presque toujours au même endroit, dans un "crottoir", le loir ne retient aucun lieu privilégié et se soulage là où il se trouve et quand il en a envie. Le résultat est facile à imaginer : il laisse ses crottes partout, que ce soit sur le sol, dans les meubles, sur les étagères, aussi bien que dans les assiettes, les plats … s’il lui arrive de se promener dessus. La balance entre les avantages et les inconvénients de la présence de ces charmants animaux est vite faite : trop c’est trop !

Un mesure pour tenter de mettre fin à leur prolifération a donc été imaginée et progressivement mise au point. Lorsqu’un loir est identifié, narquois, installé sur une poutre dans la pièce voisine de la salle principale par exemple, il convient d’exploiter sa faculté de se déplacer, lentement pour ne pas tomber, sur les enduits verticaux à grain fin. La technique est alors de disposer d’une canne de bonne longueur pouvant atteindre le mur au-dessus de l’animal et de déplacer lentement l’extrémité de la canne contre le mur. Le loir identifiant cet objet comme inamical cherche à s’en éloigner et en pilotant l’extrémité de la canne, il est ainsi possible de contraindre l’animal à descendre progressivement le long du mur. Sa mauvaise grâce s’exprime au travers de sa queue en goupillon ! Lorsqu’il parvient à hauteur d’homme, il est nécessaire de faire preuve d’une grande maitrise : dans un premier temps éloigner délicatement la cane du mur sans inquiéter l’animal et/ou le faire fuir, dans un deuxième temps, se précipiter violemment sur l’animal pour le capturer par surprise, avec les mains. Inutile de préciser qu’il aura été nécessaire de protéger ces dernières à l’aide de solides gants de cuir, la toute première tentative s’étant soldé par une belle morsure, car cet animal dispose d’outils très efficaces : de superbes incisives, pour décortiquer ses aliments ! Et avant même de commencer l’opération, il aura été nécessaire de prévoir où déposer l’animal ainsi capturé : une corbeille profonde en osier, bien fermée. Il ne reste plus qu’à emmener contenant et contenu pour libérer ce dernier le plus loin possible du château, dans la garrigue. Mais le nombre important de loirs présents dans le bâtiment a parfois laissé penser que l’animal revenait peut-être encore plus vite au château que son piégeur ! Cette technique a tout de même fait ses preuves puisque certains jours ce sont de six à sept animaux qui furent capturés et évacués de Roquevaire.

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Traces de dinosaure ?

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UN TRES TRES VIEUX VISITEUR !

"Visiteur" d’un autre monde ?

Le bâtiment de Roquevaire constitué essentiellement par une tour étroite, est desservi dans ses différents étages par un escalier de pierre plutôt raide nécessitant de bien lever la jambe pour passer de marche en marche, n’en déplaise aux spécialistes de morphologie qui estiment que nos ancêtres étaient plutôt plus petits. A moins que ce ne soit tout simplement la configuration des lieux qui ait contraint les bâtisseurs à prévoir de si hautes marches.

Au tout dernier niveau, l’ultime pièce est maintenant protégée par une toiture à double pente.

Cette pièce est donc totalement à l’abri de la pluie alors que sa vocation initiale était précisément de collecter l’eau de pluie. Pour se faire elle est en pente et l’eau s’écoulait naturellement en direction du mur "est" où elle était contrainte de s’engager dans un orifice, puis dans un chéneau en pierre dans l’épaisseur du mur, avant d’aller alimenter les citernes situées sous la terrasse principale, devant le bâtiment. Le revêtement de cette pièce est constitué de dalles calcaires, initialement recouvertes de feuilles de plomb relevées sur les côtés pour assurer l’étanchéité du dispositif. C’est l’incendie du bâtiment, dans la nuit du 31 janvier au 1er février 1703, qui a fait fondre ce qui était décrit comme une "toiture en plomb".

A la fin du siècle passé, les dalles calcaires du revêtement de sol de la pièce, extraites de l’environnement proche du bâtiment, ont attiré l’œil d’un géologue anglais particulièrement perspicace. Ce géologue avait déjà identifié quelques jours plus tôt les pierres de soubassement d’une petite maison de Navacelles, comme datant du néolithique. Il nous assura avec beaucoup de conviction reconnaitre sur l’une des dalles, une trace de dinosaure.

L’emplacement du talon est légèrement marqué, le milieu du pied se devine et les empreintes de certaines griffes sont bien nettes : trois voire quatre griffes de belle taille. De plus, de part et d’autre de l’empreinte, des bourrelets de pierre marquent les irrégularités du sol qui s’est desséché avant de durcir et de se fossiliser et elles donnent même le sens du vent par leur forme et leur orientation !

Cette particularité a, bien évidemment, été montrée et commentée de très nombreuses fois à tous les visiteurs invités à monter dans les étages du château. Elle a provoqué surprises et interrogations, mais l’une d’elle fut particulièrement originale. Suite aux explications du guide, une jeune fille examina l’environnement de la pièce, songea aux escaliers et demanda le plus sérieusement du monde : "mais par où est monté le dinosaure ?" ! Elle persista et même signa le livre d’or en ces termes :

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LES HABITANTS DE COURTE DUREE Occupants en bail précaire et durée déterminée !

Le bâtiment de Roquevaire est souvent utilisé par ses propriétaires actuels comme un lieu convivial qui se prête bien à des rencontres, des repas partagés … dans un site tout à fait particulier et apprécié, même si cet usage est sans doute éloigné de la volonté initiale de son créateur. Mais les actuels propriétaires ne sont pas les seuls à en réclamer la jouissance, cette dernière doit être partagée avec d’autres occupants qui, sans beaucoup de récriminations mais toujours avec autant de constance, en réclament l’usage pour un hébergement, qu’il soit passager ou durable.

Parmi les hébergées de courte durée, les plus nombreuses sont les coccinelles (Coccinella sp). A l’automne et au début de l’hiver, ces dernières pénètrent dans le bâtiment et viennent se concentrer dans les encoignures des fenêtres orientées au sud ou entre les volets et les boiseries de ces mêmes fenêtres. C’est par plusieurs centaines qu’elles s’agglutinent en vastes plaques, immobiles, passant ainsi l’hiver protégées du froid et bénéficiant même de l’effet de serre induit par le vitrage des fenêtres lorsque le soleil est présent. Elles trouvent donc ici des conditions de survie nettement moins rudes qu’à l’extérieur du bâtiment. Ces regroupements sont constitués de plusieurs espèces de coccinelles reconnaissables à la diversité de coloration de leurs élytres. Elles sont, assez souvent, en compagnie de punaises vertes (Palomena prasina) et de gendarmes (Pyrrhocoris apterus).

Beaucoup moins nombreux mais tout aussi réguliers sont les Petites tortues ou Vanesses de l’ortie (Aglais urticae), papillons aux ailes d’une couleur dominante orangée avec, sur le bord postérieur externe, des formes en demi-cercles bleus, entourés de noir, formant un feston orangé et noir. Dès la fin de l’été, ces papillons viennent hiverner en solitaires, immobiles ailes repliées par paires, indifférents aux araignées, dans les coins les plus sombres du château, les soubassements en particulier.

Beaucoup plus discrets mais peut-être redoutables, attentifs à défendre leur nid si nécessaire, mais rarement agressifs, les frelons européens (Vespa crabro) occupaient une niche dans la maçonnerie de soutien du bâtiment donnant directement sur l’extérieur. Ils ont maintenant trouvé un endroit plus sympathique et beaucoup plus vaste, facile d’accès, entre le plafond et la toiture. Une visite récente à cet espace nous les a fait découvrir par la chute inattendue de trois ou quatre nids sur le visiteur des lieux. C’était l’hiver et les nids étaient vides … heureusement ! Mais d’autres lieux semblent leur convenir tout aussi bien …

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LES HABITANTS GARDIENS DU SITE Sympathiques mais redoutés occupants La porte principale du bâtiment ayant été rendue impossible à ouvrir et avant d’avoir résolu le problème de l’accès au bâtiment, nous fûmes confrontés au besoin de laisser sur le site des matériaux que nous ne souhaitions pas redescendre au village. La solution retenue fut de les déposer temporairement dans la petite tour de l’horloge, fermée par une solide grille métallique. La petite pièce qu’elle protège est donc en communication constante avec l’extérieur par cette dernière, ainsi que par une petite fenêtre protégée par une petite grille.

Entré dans la tour, les objets furent déposés dans une petite armoire lorsqu’un bruit singulier se fit entendre. Sans doute pré-existait-il avant même l’entrée dans la pièce, mais faible et sans qu’il retire l’attention du visiteur. Un coup d’œil à droite ne fit rien révéler, un coup d’œil à gauche de même. Mais le coup d’œil au-dessus de l’armoire fut très brutalement révélateur : un nid de frelons européens (Vespa crabro) était en cours de construction quelques dizaines de centimètres seulement audessus de l’armoire et la présence croissante de gardiennes en vol de surveillance, était à l’origine du bruit. Sachant que ces insectes ne sont agressifs que s’ils se sentent eux-mêmes agressés ou qu’ils estiment leur nid en danger, les portes de l’armoire furent délicatement repoussées, sans geste inutile ni précipité. La grille de la pièce fut, elle aussi, refermée doucement, l’intéressé saluant au passage le va-et-vient des insectes entrant ou sortant de la pièce. L’espace entre les barreaux de l’ordre d’une dizaine de centimètres ne pose aucun problème de passage, mais les insectes entrant semblent toujours hésiter un peu avant de franchir cet obstacle (problème de lumière ?), alors que les insectes sortant n’ont aucun état d’âme pour quitter directement la pièce.

Quelques semaines plus tard le nid est devenu un superbe logement d’une quarantaine de centimètres de diamètre, destiné à l’élevage du couvain. Sa constitution est réalisée par des dépôts successifs de fibres végétales broyées, de la consistance d’un épais papier et de couleurs variées et contrastées. Des entrées et passages d’aération sont ménagés dans les couches d’isolation, pour permettre l’accès au couvain. C’est un modèle d’élégance qui manifeste par ailleurs toute la maitrise d’œuvre de ces insectes. Le nid de l’année sera abandonné à la fin de l’automne, la reine et ses ouvrières mourant après avoir donné naissance à des mâles et de jeunes reines destinés à assurer la génération suivante. L’origine du matériau de construction est facile à trouver puisque l’écorce des lilas présents sur le site constitue un matériau de choix pour les ouvrières. Cet insecte utile qui se nourrit essentiellement de mouches, moustiques … mérite d’être protégé. De plus, il assure, pour l’heure, un excellent gardiennage du lieu !

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Citron.

Flambé.

Sphinx colibri.

Cigale plébéienne.

Cigale rouge.

Cigale grise.

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LA GENTE ANIMALIERE VOLANTE DES JARDINS (1) Papillons et cigales.

La gente animalière du site de Roquevaire n’a rien d’original ni de particulier hormis le fait de son appartenance au milieu de la garrigue et à celui de la très grande majorité des espèces quasiment invisibles aux yeux du commun des mortels. Quelques-unes cependant, faciles à voir ou à entendre, retiennent l’attention des yeux, des oreilles ou tout simplement la curiosité !

Lors de la floraison des lavandins, à partir de la mi-juin, c’est le bal de la gente ailée des Lépidoptères qui envahit les massifs. S’ils ne sont pas les premiers le matin, les Flambés (Iphiclides podalirius), en raison des "flammes" noires qui ornent leurs ailes, mènent rapidement le bal et se font remarquer par leur nombre, leur taille, leur élégance, leurs poursuites, leur aptitude à se procurer le nectar à l’aide de leur longue trompe. Ils sont fréquemment accompagnés de Citrons jaunes ou blancs (Gonepteryx rhamni) dans cette intense activité alimentaire. Mais les premiers arrivés et les derniers partis sont sans doute les Sphinx colibri (Macroglossum stellatarum) véritables drones miniatures dont le vol stationnaire en position de nourrissage est absolument remarquable de précision et de rapidité. Abeilles (Apis mellifera), Bourdons (Bombus sps) et autres insectes volants, tout aussi présents et besogneux se partagent le butin et très peu de fleurs peuvent échapper à leurs visites. Ce petit peuple volant, grand amateur de ces fleurs violettes, atteste de la vitalité animale, du besoin de faire vite pour se ravitailler, pour se reproduire car, pour lui, la saison de vie est bien courte.

Les cigales occupent les mois d’été de la mi-juin pour les premières, jusqu’à la fin août pour les dernières. Les différentes espèces sont reconnaissables de loin par leur stridulation, mais il faut tout de même une oreille exercée pour bien les identifier. La plus grosse et peut-être la plus bruyante est la Cigale plébéienne (Lyristes plebejus), la plus élégante par sa couleur rouge vif est la Cigale rouge (Tibicina haematodes) et la Cigale grise (Cicada orni). Dérangées de leur support, les cigales décollent brutalement sans plan de vol bien établi, ce qui les conduit fréquemment à percuter les végétaux présents sur leur itinéraire. Après leur courte vie : deux à trois semaines, on peut retrouver leur cadavre sur les chemins, mais à condition de faire vite car les fourmis ne sont pas les dernières à profiter de la manne ! Les arbustes et les herbes un tant soit peu rigides portent aussi en grand nombre l’exuvie de ces insectes c’est-à-dire la carapace de la nymphe qui leur a donné naissance. Cette nymphe, sortie du sol après trois ou quatre années de vie souterraine, s’est solidement fixé sur un végétal pour se transformer et libérer en quelques heures l’insecte volant assez peu ressemblant à la larve dont il est issu. A condition que tout se passe bien et que des guêpes ne soient pas intervenues pour faire de la nouvelle née, un plantureux festin !

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LES HABITANTS DE LONGUE DUREE Locataires en bail de durée indéterminée !

Parmi les hébergés de longue durée, les plus visibles et souvent même les plus redoutés par les visiteurs, se trouvent les nombreuses espèces d’araignées et le scorpion noir à queue jaune (Euscorpius flavicaudis), animaux qui font plus l’objet de phobies que de véritables dangers.

Les araignées sont présentes partout, mais les coins sombres attirent les plus impressionnantes et pour beaucoup, la longueur de leurs pattes est un critère indiscutable de dangerosité ! Le scorpion noir recherche de préférence les lieux humides, mais il est présent lui aussi presque partout, surtout là où on ne l’attend pas. Nous l’avons même retrouvé aux endroits les plus chauds, sous les tuiles. Sa piqure, heureusement sans risque, est réputée équivalente à celle d’une guêpe. Un neveu encore jeune, Philippe, analysa finement l’effet de cette piqure un jour d’été où, en tenue estivale c’est-à-dire torse nu, il s’affala brutalement sur une chaise pliante, qu’il venait juste de déployer. Un malheureux scorpion avait établi son habitat entre les deux épaisseurs de toile et s’en trouvait fort bien. Mais n’ayant pu quitter prestement son abri au déploiement de la chaise et se retrouvant coincé entre la toile et le dos du jeune homme, il manifesta son inconfort par un petit coup de dard dans le lard de l’indélicat. La surprise et la douleur firent bondir l’intéressé hors de la chaise et pousser un hurlement.

Mal en avait pris au malheureux animal, car aidé de son couteau, le piqué ne lui fit aucun cadeau !

Cet animal, inconnu de l’auteur avant son arrivée dans la région méditerranéenne, retira toute son attention, sans doute plus en raison de sa réputation et de son allure impressionnante, malgré sa petite taille, qu’en raison de son strict intérêt. Quelques exemplaires repérés à Roquevaire furent donc capturés et mis en élevage dans deux petites caisses en plastique, pratiques pour visualiser le comportement des locataires, posées sur la terrasse de l’immeuble d’habitation. Ces caisses disposaient, bien évidemment, d’un bon système de fermeture. Les animaux correctement nourris d’insectes, tout se passa fort bien pendant plusieurs semaines, le seul embarras résidant dans les justifications à donner aux personnes de passage, sur l’intérêt d’un tel élevage ! La difficulté survint le jour où la fermeture des boites ayant été mal repositionnée ou déplacée par le vent, ces dernières se révélèrent totalement vides de leurs occupants ! Un petit vent de panique agita quelques membres de la maisonnée, partis à la recherche des locataires saisis d’un désir de vadrouille.

Il culmina avec la découverte de l’un des animaux sagement tapi sous le coussin d’une chambre. Inutile de préciser qu’il n’y resta pas longtemps et que la raison d’être de l’élevage se trouva posée : "c’est moi ou eux !" Le choix ne fut pas vraiment cornélien et les pauvres bêtes, pour celles qui furent retrouvées, durent aller vivre ailleurs !

Allez savoir pourquoi ?

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LA GENTE ANIMALIERE ODORANTE DES JARDINS Mustelidés et autres Méphitidés Quelques mammifères sont aussi présents sur le site de Roquevaire.

Il arrive qu’une chauve-souris d’une espèce indéfinie soit aperçue à l’intérieur du château, suspendue au plafond d’une pièce ou dans les catacombes, mais il semblerait que le trop grand volume de ces pièces ne leur conviennent pas très bien, d’où la rareté des observations.

Invisibles le jour mais laissant leur trace par les trous qu’ils creusent un peu partout pour rechercher des proies animales, le plus gros des mustélidés européens est un visiteur régulier, il s’agit du blaireau (Meles meles), un peu sans-gêne mais qui se considère ici chez lui ! Dans la garrigue environnante, outre ses trous de fouissage, on identifie sa présence par les crottiers qu’il creuse dans le sol et sur lesquels il revient se soulager jusqu’à ce qu’ils soient pleins ! Et dans ce cas, il en fait un autre un peu plus loin ! Ces "cabinets" jalonnent le bord des chemins et marquent sa présence de manière tout à fait incontestable et même fréquemment son terrier à peu de distance. Dans l’enceinte de Roquevaire, nous n’avons trouvé que des trous de fouissage mais jamais de crottiers, le blaireau pénètre donc dans l’enceinte pour se nourrir, au travers des barreaux des grilles, mais n’y demeure pas.

Un autre mammifère avait par contre pris l’habitude de laisser ses laissées dans l’enceinte mais de manière totalement différente de la pratique du blaireau : une seule crotte parfaitement visible posée sur une petite proéminence ou bien souvent sur une pierre. Nous avions pensé qu’il pouvait s’agir de la genette commune (Genetta genetta) qui affectionne les garrigues basses et sèches, mais aussi les milieux rocailleux ou escarpés comme il s’en trouve beaucoup dans l’environnement de Roquevaire. C’est un animal nocturne, comme le blaireau, mais beaucoup plus discret et très difficile à observer. La présence de nombreux loirs dans et autour du château aurait pu être une raison de sa présence furtive, la nuit, le temps d’un bon repas. Mais là encore, les crottes sont venues à notre secours, la genette utilise elle aussi des crottiers, non creusés mais régulièrement utilisés. Donc ce n’est pas elle qui est en cause.

Sans certitude absolue, il semblerait donc que l’auteur de ces laissées soit plutôt un autre mustélidé comme la martre (Martes martes) qui a cette habitude de mise en évidence de sa production. Ses laissées encore fraiches ont une nette odeur de musc, qui ne serait pas désagréable d’après certains. Celles d’autres mustélidés comme le putois (Mustela putorius) ou la fouine (Martes foina) dégagent une odeur très forte, désagréable, voire repoussante. Arrivant à Roquevaire, il y a quelques années de cela, un jeune garçon nous fit remarquer très sérieusement : "ça sent la moufette par ici !" Hors, ce méphitidé cousin des mustélidés est une espèce présente sur le continent américain, les Philippines et l’Indonésie, mais nullement sur le continent eurasiatique ou africain. Alors avait-il trop regardé "Kirikou et la sorcière" ?

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Couleuvre à échelons.

Couleuvre de Montpellier.

Couleuvre verte et jaune.

Orvet.

Lézard à deux raies.

Lézard ocellé.

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LA GENTE ANIMALIERE REMPANTE DES JARDINS Serpents et autres …

Discrètes et extrêmement farouches les couleuvres sont fréquentes sur le site de Roquevaire et seulement visibles par les observateurs silencieux et/ou opportunistes.

La couleuvre à échelons (Rhinechis scalaris) reconnaissable sans ambiguïté grâce aux deux bandes d’écailles noires parallèles de son dos, est d’une agilité déconcertante pour se déplacer, en particulier sur des murs verticaux bâtis en pierres. Dans ces conditions, elle demeure bien visible et sa progression, en prenant appui entre les interstices entre les pierres, est spectaculaire et surprenante de facilité. Elle monte et descend selon la typologie des pierres, fouillant coins et recoins, à la recherche de proies.

La couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus) habite les mêmes milieux que la précédente et représente le plus grand des serpents endémiques du territoire français. Elle peut elle aussi gravir des murs, si les espaces entre pierres sont un peu plus larges étant donné son diamètre. Son comportement au sol est particulièrement impressionnant en particulier lorsqu’elle est surprise. Dressée tel un cobra qui gonfle ses bajoues, elle semble signifier à l’intrus qu’elle ne se laissera pas faire et qu’il faudra vraiment y réfléchir à deux fois avant de tenter de l’attraper !

La couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus) a aussi été observée alors qu’elle circulait dans un arbuste avec une facilité déconcertante, déjouant avec aisance les lois de la pesanteur !

La vipère aspic (Vipera aspis) peu présente dans le milieu strictement méditerranéen n’a jamais été rencontrée à Roquevaire.

Le moins inquiétant et le plus fragile des animaux apparentés aux lézards et non aux serpents est l’orvet (Anguis fragilis) très facilement reconnaissable et qui se découvre généralement lors de la tonte de l’herbe dans la basse-cour à l‘aide d’une débroussailleuse. Heureusement pour lui, le bruit de la machine le fait s’éloigner avant qu’il n’en subisse les dégâts et ne perde la partie la plus fragile de son corps : sa queue.

Le lézard vert occidental devenu lézard à deux raies depuis le 31 janvier 2018 (Lacerta bilineata), est fréquent sur le site de Roquevaire et sa fuite furtive et discrète le distingue du démarrage brutal et bruyant de son cousin le lézard ocellé (Timon lepidus). Ces deux lézards, disposent d’une ouïe très fine et pour autant que l’on peut les observer, surtout le second, ils se distinguent aussi assez facilement par la coloration et les motifs de leurs écailles dorsales.

La tarente de Mauritanie ou gecko (Tarentola mauritanica), très présente dans le Midi méditerranée et à Sauve, n’a pas été vue sur le site de Roquevaire.

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Martinet noir.

Rouge queue noir.

Pic vert.

Rouge gorge.

Geai des chênes.

Hirondelle de fenêtre.

Pigeon biset.

Coucou gris.

Guépier.

Huppe fasciée.

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Tichodromme échelette.

Mésange charbonnière.

Merle noir.

Milan noir.

LA GENTE ANIMALIERE VOLANTE DES JARDINS (2)

Oiseaux.

Les oiseaux visibles à Roquevaire sont ceux que l’on identifie régulièrement dans le milieu de la garrigue languedocienne que ce soit dans les parties les plus touffues et fermées comme les plus ouvertes.

La proximité du village et sans doute aussi la présence d’insectes aériens nombreux amènent dans le ciel martinets (Apus apus) et hirondelles de fenêtre (Delichon urbicum) dès leur retour de migration.

Les seuls nicheurs identifiés avec certitude dans les anfractuosités suffisantes des murs du bâtiment sont les rouges-queues noirs (Phoenicurus ochruros). A l’intérieur du bâtiment et sur une petite plate-forme jouxtant la cheminée ont été vus des pigeons biset (Columba livia) et sans doute des rapaces lors de périodes longues où le château n’a pas été fréquenté.

Un visiteur très surprenant par ses couleurs et son comportement de recherche de proies sur les murs est le tichodrome échelette (Tichodroma muraria), identifié à 2 ou 3 reprises.

Sur les cyprès desséchés, le pic vert (Picus viridis) fait parfois une halte et visite le bois mort.

Le coucou gris (Cuculus canorus) vient y lancer son appel très caractéristique.

A l’automne, les mésanges charbonnières (Parus major) viennent visiter les oliviers et se nourrir des olives restantes ou oubliées. Le rouge-gorge familier (Erithacus rubecula) visible seulement l’hiver n’est guère craintif par temps froid et n’hésite pas à se saisir du ver de terre qui lui est lancé.

Au printemps et en période estivale les visites de bandes de guépiers d’Europe (Merops apiaster) sont particulièrement faciles à identifier par leurs appels caractéristiques. Ils ne nichent cependant pas dans le secteur faute de talus sableux adaptés à leur type de nidification.

Le merle noir (Turdus merula) et le geai des chênes (Garrulus glandarius), dérangés s’envolent généralement bruyamment avec un appel lui aussi très caractéristique.

Après la coupe de la végétation dans la bassecour, il n’est pas rare d’observer une huppe fasciée (Upupa epops) venu se nourrir des insectes beaucoup facilement repérables.

La proximité du Vidourle amène parfois des milans noirs (Milvus migrans) en vadrouillent dans le ciel.

Sur la terrasse précédant le château, une énorme pelote de réjection a été identifiée comme ne pouvant être que celle d’un autre rapace : le Grand-duc d’Europe (Bubo bubo) qui fréquente donc ces lieux occasionnellement.

Beaucoup d’autres oiseaux fréquentent Roquevaire, en particulier des passereaux, mais ils sont plus difficiles à identifier et cet inventaire n’a rien d’exhaustif !

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Les escaliers reconstruits montant à la tour du Relodge.

Le grand escalier rénové montant de la basse-cour à la terrasse semicirculaire.

Les fenêtres de l’orangerie et leurs appuis.

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AH LES GUEPES !

1995, l’année des escaliers de Roquevaire est gravée dans le béton de la dernière marche d’un escalier à l’arrière du château. La réfection de ces escaliers fut essentiellement l’œuvre de deux jeunes adolescents : l’un de nos enfants, Jean-François et son cousin Philippe qui intervinrent quasiment seuls sur ce chantier, dans le courant du mois de juillet, sous un soleil radieux et une chaleur en conséquence. Il est maintenant possible, pour les curieux, de voir et de constater au passage sur les marches, la solidité de ces escaliers et le sérieux du travail fait.

Un esprit chagrin ayant suivi le déroulement du chantier pourrait cependant avoir quelques doutes, ayant observé que chaque marche contient dans son ciment, au moins autant de guêpes que de pierres ! En raison de la chaleur de ce mois d’été, les insectes en recherche d’eau étaient particulièrement attirés par l'humidité du béton. Nos jeunes maçons peu enclins à les supporter, en incorporèrent un certain nombre dans le matériau de liaison des pierres de leur ouvrage, maintenant sarcophage en béton de ces infortunés insectes ! Le forfait avoué, les visiteurs actuels sont priés par les artistes de ne pas détruire l'œuvre d'art afin de vérifier leurs dires !

Les marches d’escalier achevées, dans le même état d’esprit, la même logique et avec les mêmes techniques furent re-scellées les pierres des tableaux d’appui des fenêtres de l’orangerie. La seule différence avec le chantier précédent fut que l’accès à ces appuis situés un peu en hauteur, nécessitait l’usage d’une échelle. Nos deux jeunes maçons particulièrement absorbés par leur travail n’en demeuraient pas moins attentifs à leur environnement et aux bruits de la campagne. Des voix féminines pas très éloignées leur firent lever la tête et incitèrent le cousin Philippe à exprimer "un brin de poésie". Une guêpe passant par-là, fut particulièrement sensible à cette délicate attention qu’elle s’attribua tout naturellement ! Tournant incessamment et amoureusement autour du beau parleur perché sur son échelle, et malgré la différence de taille, elle ne savait pas vraiment comment manifester sa reconnaissance. L’impétrant en matière de maçonnerie ne sut pas interpréter la délicate attention de l’insecte et tenta de le lui faire comprendre par quelques délicats moulinets et grands coups de truelle … infructueux. Ne parvenant vraiment pas à se débarrasser de l'insecte, pour lui menaçant, il ne resta plus qu’une solution au jeune maçon : la fuite. Sautant promptement de l’échelle, il se débarrassa donc de la guêpe, et au passage … de son short qui, s'étant accroché en haut de l'échelle, se retrouva littéralement coupé en deux par le caractère inattendu et brutal de l’opération.

En slip au milieu du chemin, les voies féminines qui approchaient n'encourageaient plus tout à fait à la même poésie ! Et il ne fallut pas plus de temps au jeune maçon-poète pour disparaitre qu'il ne lui en avait fallu pour descendre de l'échelle, suivi du fou rire mémorable de son compagnon.

Les guêpes étaient sans doute au moins partiellement vengées !

Jean-François

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Tulipe de LĂŠcluse.

Sternbergia.

Fleur du grenadier.

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Les OCCUPANTES des LIEUX LES PLANTES RELIQUES Le constructeur de Roquevaire dans les années 1650 était Henry Delmas, abbé de l’abbaye Saint-Pierre de Sauve, qui possédait en bien propre le site où il se fit construire une "maison".

Cet abbé grand amateur d’art y avait une bibliothèque fournie, des tableaux et il affectionnait particulièrement les plantes. Et pour conserver les plus précieuses : plantes exotiques, agrumes …, il avait même fait transformer le vieux mas cité au début du XIV ème siècle, en orangerie. En dehors de ce bâtiment, existe-t-il encore des traces de cet intérêt pour les plantes de la deuxième moitié du XVIIème siècle ?

Avant même les travaux de débroussaillage complet de l’intérieur de l’enclos, commencé au début des années 1980, une petite tulipe parvenait à fleurir de ci de là, au milieu de la végétation abondante de type garrigue qui avait envahi tout le site. L’élimination systématique des "mauvaises herbes" au fil des ans, représenta un encouragement phénoménal pour cette tulipe qui se mit à se multiplier, en particulier sur les terrasses les plus chaudes et les plus arides. Prolifération telle que l’optimum fut atteint et même dépassé : les tulipes étant tellement nombreuses et denses que maintenant, seules quelques-unes d’entre elles parvenaient à fleurir !

Notre intérêt pour cette tulipe sauvage aux tépales rouges en extérieur, blancs en intérieur et à la floraison très précoce, généralement en mars ou début d’avril, nous fit rechercher des informations la concernant. Son nom est tulipe de Lécluse (Tulipa clusiana) ou tulipe de Perse ou "Lady Tulip" ou encore tulipe radis en raison de sa couleur, une des rares espèces de tulipes qui ne nécessitent pas d'hiver froid et qui peuvent facilement se naturaliser sous les climats méditerranéens. Son nom lui a été donné en hommage au botaniste flamand de langue française Charles de L’Ecluse formé à Montpellier au milieu du XVIème siècle sous la direction de Guillaume Rondelet. C’est lui qui introduisit dans le nord de l’Europe la tulipe venue de Perse. Rapidement, cette dernière suscita curiosité et engouement, jusqu’à provoquer en Hollande, dès les années 1630, une véritable "tulipomania" : les bulbes convoités se vendaient à prix d’or, des fortunes se sont faites et … défaites ! En France, elle devint la fleur officielle de la cour de Louis XIV. Assez rare et protégée, la tulipe de Lécluse est peu commune dans le département du Gard alors qu’elle pousse littéralement à foison à Roquevaire.

Un ami botaniste informé de la présence de cette tulipe à Roquevaire, mais n’ayant jamais mis les pieds en ce lieu, nous signala que devait aussi se trouver une autre plante à bulbe d’une d’espèce différente, ces deux plantes étant généralement compagnes dans les jardins du XVIIème siècle. Effectivement le Sternbergia (Sternbergia lutea), "vendangeuse" jaune à floraison automnale qui adopte la forme d’un crocus, alors qu’il appartient à la famille des lys, est lui aussi bien présent dans les jardins de Roquevaire.

Le lys blanc (Lilium candidum), encore une liliacée, est très commun à Roquevaire et pourrait lui aussi dater de cette époque, de même qu’un grenadier (Punica granatum).

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Cyprès atteint par le chancre cortical.

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LES ARBRES SENTINELLES Les cyprès du site.

L’utilisation du site Roquevaire comme caveau a sans doute débuté peu de temps après son acquisition par une famille sauvaine protestante, en 1725. La révocation de l’Édit de Nantes en 1685 interdisait le culte protestant : exclus des emplois publics, de leurs temples, les protestants l’étaient aussi de leurs propres cimetières. Les ordonnances royales exigeaient de plus qu’ils soient enterrés de nuit et sans rassemblement. Pendant les longues années du "Désert", les protestants qui refusaient de se convertir ont fait ensevelir leurs morts clandestinement, "dans les terres", dans un champ appartenant à la famille du décédé. Ainsi est née la tradition des cimetières de famille : quelques tombes dans un jardin, un pré, un espace non cultivé, enclos ou non par des murs. Les régions à forte densité protestante sont littéralement truffées de tels cimetières et des cyprès marquent les tombes, près des mas.

Avec son enceinte Roquevaire répondait parfaitement à ce besoin d’un endroit clos dédié aux sépultures de toute une famille, il restait simplement à marquer le lieu par les arbres qui le caractérisent de la manière la plus évidente : les cyprès. Les cartes postales du début du XXème siècle montraient six arbres présents sur la terrasse précédant le bâtiment et un autre arbre près de ce qui est actuellement la grille d’entrée. Durant le XXème siècle, seuls quatre arbres subsistaient aux quatre coins de la terrasse. Leur signification n’ayant pas échappé à Jean Germain, acquéreur du bâtiment en 1926 et l’usage à venir du bâtiment devant être tout autre, il chargea un homme de main de les abattre. Pour ce faire, celui-ci se rendit chez le ferronnier-serrurier du village Louis Mercoiret, afin de disposer d’outils suffisamment bien affutés. Dans la conversation d’usage, le ferronnier s’enquit de la nature des arbres à couper.

Apprenant qu’il s’agissait des cyprès de Roquevaire, Louis Mercoiret proposa au bucheron la même somme d’argent pour qu’il … ne coupât pas les arbres ! L’histoire ne dit pas si la somme fut réellement versée, mais les cyprès échappèrent ce jour-là à un funeste destin ! Louis Mercoiret était protestant.

Si la hache épargna les arbres, la maladie due au chancre cortical (Seiridium cardinale) ne leur laissa aucune chance. Les deux plus beaux exemplaires, disposés sur le côté sud de la terrasse présentaient un tronc bien dégagé surmonté d’un superbe "pinceau" de verdure bien garni. En quelques années la maladie les fit dépérir, les dégarnissant progressivement et les transformant en un immense squelette végétal. L’un des deux fut abattu par une forte tempête de décembre 2010. Il eut la gentillesse de tomber en diagonale sur la terrasse, n’abimant ainsi aucun mur ! Le seul restant au début du XXIème siècle est le plus inesthétique, avec ses branches et rameaux en disposition ouverte. Sa résistance est-elle due à cela ou au fait que ses pieds baignent dans l’environnement des citernes ?

Ces arbres auront beaucoup contribué à la beauté du site, mais aussi malheureusement à dégrader le pavage de la terrasse !

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Rosier rouge "Diablotin" dans l’orangerie.

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LES ESPECES INTRODUITES ET SAUVAGES Espèces végétales introduites sur le site.

Deux petits pins pignon d’une hauteur d’environ 30 cm et d’1 cm de diamètre nous furent donnés par un ami sauvain qui les avait semés et regardés grandir avant de ne savoir où les planter sur sa propriété sauvaine. Ils furent donc mis en place dans la bassecour de Roquevaire à une vingtaine de mètres l’un de l’autre. Sans beaucoup d’autres soins que ceux du ciel par son eau, pas toujours très généreuse en période estivale, ils menèrent leur vie cahin-caha et tentèrent bien évidemment de grandir. Trente ans plus tard, l’un des deux est un bel arbre de 7 à 8 mètres de haut et 25 cm de diamètre montrant à ses voisins les plus proches qu’avec le temps il prendra une bonne place et que ceux qui n’ont pas l’espoir d’avoir une taille comparable à la sienne, auront fort à faire pour ne pas finir étouffés ! Son frère, demi-frère, cousin … du même âge atteint péniblement les 2,5 mètres de haut mais surtout un diamètre, à la base du tronc, de l’ordre de 2 à 3 cm ! Un freluquet, gêné par des espèces voisines plus vigoureuses que lui, mais tout de même ! Peut-être faut-il aller chercher une explication dans sa nature génétique, issue d’une autofécondation de sa plante mère ? Mais dans ce cas de figure, c’est lui qui a fort à faire pour se maintenir !

Une glycine nous fut aussi donnée par des amis il y a de nombreuses années, et plantée près de la grille d’entrée. Son installation fut longue et incertaine malgré des arrosages sporadiques visant plus à l’empêcher de mourir que de véritablement la faire grandir. Son installation est maintenant assurée, mais il s’agit de contrôler sa direction et de lui fournir les supports nécessaires pour l’aider à paraitre belle lors de sa floraison.

La mise en couleur de l’orangerie fut tentée avec plusieurs rosiers : deux rosiers grimpants aux fleurs peu sophistiquées mais d’un rouge écarlate flamboyant, des rosiers botaniques vantés pour leur rusticité et surtout pour leurs aromes. Les premiers partirent à l’assaut des arcs de pierres ayant supporté le toit bipente mis en place par l’abbé Delmas, faisant l’admiration des passants, au travers des anciennes fenêtres de cette orangerie. Plantés comme les précédents dans l’ancien bassin régulateur de température, les rosiers botaniques attestèrent avoir d’avantage d’arômes que leurs cousins, mais sans trop se forcer ! Les uns comme les autres furent des espèces difficiles à maintenir en raison de leur mauvaise adaptation au sol calcaire, leur sensibilité aux maladies foliaires … et sans doute aussi au manque de soin apportés à leur conduite !

Des lavandins furent installés pour souligner l’arrondi de la terrasse semi-circulaire située à l’avant de la chambre de fraicheur. Ils font le bonheur de certaines espèces d’insectes dont les papillons et les abeilles. Bien adaptés au climat, au sol et peu exigeants, il faut cependant les renouveler périodiquement.

Des iris botaniques occupèrent pendant des années les petites terrasses du château. Ils ont été totalement étouffés par l’envahissement du psoralier (Psoralea bituminosa).

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GlaĂŻeul sauvage.

Yucca.

Violette odorante.

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Cyclamen pourpre.

GiroflĂŠe des murailles (parfaite pour Roquevaire !).

Jacinthe.

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Ophrys bécasse.

Orchis géant ou Barlie de Robert.

Petit houx.

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Lavandin.

Iris hybride.

Lys blanc.

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Lichen.

Capillaire des murailles (Asplenium trichomanes).

Lichens.

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Fructification de champignon sur tronc.

Akènes du salsifis des prés (Tragopogon pratensis)

Nombril de Vénus (Umbilicus rupestris).

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Armillaire couleur de miel.

Lactaire dĂŠlicieux.

Tricholome couleur de souris.

Satyre puant.

Clitocybe de l’olivier.

Clathre rouge.

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LES CHAMPIGNONS Quelques bons ou beaux ou odorants champignons.

Les années aux automnes humides permettent, parfois, la pousse et l’observation de champignons ainsi que la récolte de quelques espèces comestibles. Ces champignons profitent aussi du débroussaillage, opération qui laisse de grands espaces pour leur libre développement, mais aussi de la proximité d’arbres pour la mycorhization de certaines espèces. La principale difficulté est de se trouver présent sur le site dans les jours qui suivent leur sortie.

Le lactaire délicieux (Lactarius deliciosus) apparait à l’automne sous les pins, pratiquement toujours aux mêmes endroits. Les récoltes ne sont jamais très abondantes : quelques dizaines d’individus tout au plus, mais leur dégustation est un véritable plaisir. Et pour les consommer, il faut aussi être plus rapide que les limaces qui les aiment bien !

Compagnons des lactaires, les tricholomes couleur de souris ou encore grisets (Tricholoma myomyces) apparaissent pratiquement en même temps et en voisin des précédents, en groupes très denses. Lorsqu’ils sont présents, c’est l’assurance d’un plat copieux.

L’armillaire couleur de miel (Armillaria mellea) est la fructification du terrible pourridié des racines, un champignon phytopathogène capable de foudroyer très rapidement les plus beaux arbres. Surgissant en grappe au pied d’une souche, la récolte est toujours abondante lorsqu’il fructifie. La consommation exagérée de ce champignon ou d’individus plus très jeunes, peut amener une visite et une fréquentation anormalement élevée des toilettes !

Le clitocybe ou pleurote de l’olivier (Omphalotus olearius) est un superbe champignon d’un bel orange très prononcé, presque brun à maturité dépassée, très tentant. Ce champignon qui peut être confondu avec la girolle par le cueilleur débutant, bien que de taille nettement supérieure, ne doit pas être ramassé, car il est gravement toxique.

Le Satyre puant (Phallus impudicus) dont la forme évoque clairement un pénis en érection est apparu à une ou deux reprises à même la grande terrasse devant le château. Ce champignon au pied blanc est repérable avant même d’avoir été vu en raison de l’intense odeur de cadavre qu’il répand plusieurs mètres à la ronde, par l’intermédiaire de la gléba, l’enveloppe vert-olive qui recouvre le chapeau. Ces caractéristiques ne poussent vraiment pas à tenter de le consommer, sauf, parait-il, très jeune à l’état de volve !

De la même famille des phallacaées que le précédent, plus fréquent mais nettement moins odorant, le Clathre rouge (Clathrus ruber), se présente sous la forme d’une lanterne grillagée aux mailles polygonales, irrégulières, allongées, rouge-corail puis orangées. Il apparait plutôt en bordure de passages et ne manque pas de surprendre par sa forme, son élégance et sa couleur prononcée. Il fut utilisé au Moyen Age par les sorciers et les jeteurs de sort.

Ces quelques espèces sont révélatrices d’une certaine diversité mycologique dont nous ne voyons que la partie émergée de l’iceberg ! Leur apparition est très liée aux conditions climatiques de l’année, mais c’est toujours une agréable surprise.

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LES ESPECES FRUITIERES (1) Les cerisiers Roquevaire comptait un certain nombre d’arbres d’espèces fruitières mis en place dans la deuxième moitié du XXème siècle et d’autres plus anciens.

Parmi les plus inattendus dans ces lieux, il faut citer des cerisiers et en particulier la variété de cerise locale la Dure de Sauve. Cette variété totalement originale est un bigarreau qui a fait la réputation de Sauve à partir de l’arrivée du chemin de fer dans ce village, dans le dernier quart du XIXème siècle. Variété à chair ferme, d’où son nom, elle avait l’avantage de pouvoir voyager facilement et pouvait donc être exportée, jusque dans les grandes villes dont Paris et même Londres.

Pour sa culture, elle était greffée sur un cerisier sauvage, porte-greffe qui présente deux avantages majeurs. Le premier est qu’il confère un port nanisant à l’arbre ce qui facilite la récolte de ses fruits. Le second est qu’il s’accommode particulièrement bien de teneurs élevées en calcaire du sol. Il s’agit du Prunus mahaleb, très présent sur le plateau calcaire dominant Sauve, mais absent des sols trop profonds de la plaine du Vidourle. Donc le lieu de culture de prédilection de la Dure de Sauve se situait dans les lapiaz parsemant le plateau dominant le village, au fond de petites dolines retenant l’eau nécessaire à la fructification des arbres, au printemps. C’est ainsi que l’on peut parfois observer de tels arbres bien garnis de fruits, émergeant d’un environnement rocheux totalement minéral et d’apparence stérile. Ce type de production a fait l’émerveillement d’Ernest Young lors de ses voyages en Cévennes.

La contrepartie de l’exploitation dans ces lieux de culture est l’éloignement du village, qui nécessitait le transport des fruits dans des grands paniers allongés ou banastes, descendus à dos d’homme ou de mulet, vers le lieu de préparation et d’expédition. Cette production perdura jusqu’à la seconde guerre mondiale puis déclina très rapidement avant de disparaitre.

Quelques arbres subsistaient encore en pleine garrigue à la fin du XXème siècle, mais ils sont devenus très rares.

Les arbres de Roquevaire avaient été greffés par Georges LOROT, mais ils disparurent aussi à cette époque. L’un deux ayant poussé dans un mur de soutien de l’escalier à double révolution, il fallut l’enlever lors des travaux de restauration de cet escalier. Des mesures furent prises pour sauvegarder cette variété originale : elle fut introduite dans le conservatoire des espèces fruitières géré par l’Unité expérimentale arboricole du centre INRA de BordeauxAquitaine où elle est maintenant préservée.

Une certaine remise à l’honneur de cet arbre et de ses fruits fut l’institution, à Sauve, de la fête de la Cerise au tout début du mois de juin, à la fin du XX ème siècle. Quelques années plus tard, on lui associa un autre arbre emblématique du village : le micocoulier cultivé essentiellement dans la plaine du Vidourle pour la production réputée de fourches en bois, et ceci dans le cadre de la Fête de la cerise et de la fourche.

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LES ESPECES FRUITIERES (2) Les autres espèces Quelques abricotiers de variété inconnue étaient aussi présents sur le site, sans doute plantés dans la basse-cour par Georges LOROT. Leur fructification était soumise à une alternance très forte : années avec fruits et années sans fruits. Cerisiers et abricotiers, lorsqu’ils produisaient, ne nous ont absolument jamais donné d’indigestion. Leur maturation était surveillée de très près par des créatures à quatre ailes ou à deux pattes qui nous ont très rarement laissé le temps de gouter à leur production fruitière ! Ils ont maintenant disparu.

Les seuls arbres ayant pu être récoltés régulièrement sont les oliviers présents sur les différentes terrasses du site, d’une variété qui semble être la Négrette pour la plupart d’entre eux. Les fruits récoltés en vert sont destinés à la préparation d’olives de bouche, les fruits récoltés noirs sont livrés à une coopérative pour la production d’huile. Cette variété est appréciée des moulins oléicoles car elle donne une huile douce appréciée des consommateurs du nord de l’Europe et leur permet de gagner des médailles dans les différents concours agricoles ! Mais la présence régulière de la mouche de l’olive certaines années et notre volonté de ne pas traiter les arbres, limitent la production. Ces années-là, les fruits sont donc réservés aux oiseaux !

Nous avons aussi planté quelques cépages de vigne dans la partie la basse-cour, des variétés apyrènes de création variétale récente (Danuta), mais la faible capacité de rétention de l’eau du sol, très peu profond, l’ombrage des arbres voisins, le manque de soins aussi sans doute, n’ont pas permis leur plein développement. Et là aussi, la compétition avec les autres amateurs de baies sucrées n’a jamais joué pas en notre faveur. Ils ont, eux aussi, disparu.

Enfin plusieurs tentatives de plantations de jujubiers ne furent pas couronnées de succès malgré la rusticité de cet arbre ; deux petits jujubiers tenteront peut-être de nous démentir à l’avenir.

Un grenadier poussant en proximité de la tour du Relodge représente, peut-être elle aussi, une relique de la période faste de l’abbé Delmas. Il tente tous les ans de conduire quelques fruits à maturité malgré la faiblesse de la ressource en eau et sa maturité tardive. Et si les fruits ne sont pas cueillis, ils font aussi le plaisir de la gente ailée !

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La ᷉fourche de micocoulier᷉​᷉ sur pied !

Fourches en bois de micocoulier à la sortie du four.

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LE MICOCOULIER Espèce emblématique de Sauve Parler de Sauve sans parler du micocoulier de Provence (Celtis australis) serait difficile tant cet arbre a compté dans l’agriculture et l’artisanat local. Et même s’il n’est plus très présent à Roquevaire où qu’il n’y a jamais tenu une place importante, on ne saurait l’oublier.

Le micocoulier, arbre bien adapté aux conditions édaphiques du pourtour méditerranéen est cultivé à Sauve depuis plusieurs siècles pour une production originale : la fourche en bois, production monopoliste exclusive du village pendant des siècles. Pour y parvenir l’arbre doit être conduit de manière spécifique à partir d’une matte ou souche sur laquelle jusqu’à une vingtaine de rejets poussent pendant 6 à 8 années avec une taille régulière plusieurs fois par an pour obtenir la forme désirée. C’est un bourgeon triple caractéristique de l’espèce, la "fleur de lys" qui donnera les trois branches et plus tard les trois "becs" de la fourche. L’arbrisseau est donc sectionné juste au-dessus de ce bourgeon en veillant à ce que la tige qui le porte et qui constituera le manche, ait une longueur minimale d’environ 1,20 m. Ces trois becs seront soigneusement taillés tous les ans, en éliminant des feuilles aux plus vigoureux d’entre eux pour équilibrer leur croissance et permettre aux trois becs d’acquérir le même diamètre au moment de la récolte, c’est le travail du reblacaïre.

Les fourches ayant atteint la bonne taille sont coupées à la base en période hivernale pour être livrées au travail de façonnage en atelier, en plusieurs étapes. La première consiste à couper le manche à la longueur voulue et de passer la fourche dans un four, opération qui permettra d’enlever facilement l’écorce, c’est le travail du pelaïre. La seconde étape qui suit et profite de la souplesse apportée au bois par la chaleur, consiste à redresser le manche ainsi que les becs sur une potence, travail dur et délicat qui donne une bonne partie de la qualité et de l’esthétique de la fourche, il est effectué par le plégaïre. Ce façonnage terminé les becs de la fourche sont travaillés sur le "métier" pour les assouplir et commencer à leur donner l’angle nécessaire, puis placés dans une petite échelle en bois à trois barreaux, l’escalette qui imposera les deux courbures et le parallélisme aux trois becs. La fourche ainsi préparée va passer 15 à 20 heures dans le four chauffé à 120 degrés et soigneusement fermé.

Elle y sera complètement desséchée et brunie par la fumée, à l’exception d’une petite "cravate" protégée par de l’écorce, à la bifurcation des becs. La toute dernière étape consiste à appointer ces derniers avec la doloire et à polir le bas du manche, lui redonnant ainsi une couleur blanche.

Celui qui a le mieux associé le château de Roquevaire et la fourche en bois de micocoulier est le peintre Lucien Coutaud qui a découvert à Sauve, dans les années 60 du siècle passé, son artisanat de la fourche tel qu’il vient d’être évoqué et le château de Roquevaire. Une illustration en est donnée par l’une de ses peintures.

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Les VISITEURS et les GARDIENS LES GARDIENS DES LIEUX Des gardiens silencieux mais efficaces : les chiens des amis !

Le site de Roquevaire donne inévitablement des idées aux nombreux randonneurs qui marchent sur le chemin longeant l’orangerie, puis arrivent devant la grille indiquant qu'il s’agit d’une propriété privée. Devant celle-ci, plusieurs attitudes sont régulièrement observées.

Les plus respectueux et les plus nombreux, ayant lu le petit panonceau, poursuivent leur chemin après avoir jeté un coup d’œil au travers de la grille, ce qui leur donne un aperçu de l’intérieur. Cette grille a même été choisie pour satisfaire cette curiosité légitime et ne pas avoir à remplacer la porte de bois d’autrefois, régulièrement dégradée !

Certains tentent de pousser la grille, histoire de voir si elle s’ouvre. La résistance de cette dernière leur fait la plupart du temps poursuivre leur chemin comme les précédents. Mais si la grille n’est pas fermée, que faire : entrer ou ne pas entrer ? Souvent la tentation est trop forte et le petit groupe franchit le pas, jette un coup d’œil circonspect et s’en retourne rapidement en oubliant de refermer la grille derrière lui. Les plus osés vont plus loin, montent en direction de la petite tour qui domine l’entrée et s’en retournent d’autant plus vite qu’ils ont aperçu les propriétaires des lieux. Ceux qui continuent leur progression arrivent irrémédiablement à proximité de ces derniers qui leur adressent un bonjour en guise d’accueil.

Le plus souvent le dialogue s’engage et les visiteurs, reconnaissant gentiment leur curiosité, sont invités à monter sur la terrasse bénéficier du point de vue. Si le bonjour n’a pas de réponse, la suite est une invitation à repartir en direction de la grille que ces personnes franchissent de mauvaise grâce et laissent le plus souvent ouverte en signe de dédain.

Lors d’une période de travaux effectués sur le château, des amis étaient venus avec un superbe boxer à l’oreille particulièrement aiguisée. D’aussi loin qu’il entendait des arrivants extérieurs au château, il se tenait en alerte, attendant patiemment les visiteurs. Ces derniers pénétrant dans l’enceinte, sans voir vu l’animal et progressant dans les jardins, "tombaient" inévitablement sur le chien. Jamais aucun de ces visiteurs, ressortant précipitamment de l’enceinte, n’a oublié de refermer la grille derrière lui après l’avoir franchie !

Les visiteurs escaladant les murs d’enceinte pour pénétrer dans la propriété ne sont généralement pas considérés comme les bienvenus. Les amis Séguinot venus partager un repas avec nous sur le site étaient accompagnés de deux chiens : un hybride Shar Pei x Labrador noir, gentiment dénommé Morphal et un berger allemand dénommé Caline. Ces deux animaux s’étaient rendus près du mur d’enceinte d’où provenaient des bruits et se tenaient parfaitement silencieux, dressés sur leurs pattes arrière, leur tête arrivant au ras du faite du mur peu élevé à cet endroit. De l’autre côté du mur, beaucoup plus haut en extérieur, un visiteur s’échinait à l’escalader. Sa tête arrivée au faite, son nez se trouva presque en contact avec celui des deux chiens. Jamais aucun escaladeur n’a redescendu ce mur aussi rapidement !

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LE CHATELAIN CAMBRIOLEUR Ou comment reconquérir son propre château !

Il y avait l’arroseur arrosé, il y a désormais le cambriolé cambrioleur ! Je m’explique : Le château de Roquevaire, tel un vaisseau amiral, fièrement ancré en pleine "Mer des rochers" à l’écume verdoyante, attire comme un aimant tous les pirates, flibustiers, vandales et aventuriers de basse-cour, saccageurs, hooligans et casseurs. Rien ne fait tanguer ce grand navire ; force et résistance lui font supporter victorieusement les assauts de tous ces prédateurs imbéciles.

Voilà donc que par un beau matin de printemps, Armand le châtelain, voulut se rendre en son château. Arrivé devant la première enceinte qui ferme l’accès au château tout paraissait presque normal à l’exception de trois grosses pierres qui avaient été jetées au sol. La première porte fut ouverte comme à l’habitude d’un tour de clé. Une fois entré, après avoir traversé la cour d’honneur, gravi le grand escalier, Armand saisit la deuxième clé pour déverrouiller deux gros cadenas solidement accrochés à une forte chaine qui sert d’entrave à la porte. Et là, première constatation, les cadenas avaient subi de fortes dégradations, mais malgré tout ceux-ci s’ouvrirent facilement. Restait à ouvrir la porte avec la clé, chose qui ne fut pas possible suite aux assauts infructueux des vandales : le pêne de la serrure ne voulait coulisser pour se dégager de la gâche. Force de constater que Roquevaire s’était fermé comme une huitre, interdisant d’une façon ferme et définitive l’accès à son châtelain. C’est ainsi qu’Armand devint le cambrioleur de son propre château.

Il fit donc appel à un de ses sujets, Dante, vivant au pied du château et ayant de très bonnes capacités de ferronnier pour lui, fabriquer un outil adéquat qui servirait de passe muraille mais aussi à dégager ce fameux pêne récalcitrant.

Il faisait grand chaud ce mardi 20 juin 2017 pour lancer l’assaut final : Armand, secondé par un de ses fidèles beaux-frères Bernard, est remonté au château bien décidé à en découdre et à reprendre possession des lieux. La manœuvre était réfléchie et la bataille fut menée avec ardeur et détermination : faire face à ce pêne réfractaire et subversif aidé par ce fameux outil bien forgé, à l’arrête acérée, de tournevis et de burins judicieusement positionnés, qui suivi de coups de marteau bien placés, nous permettent de progresser sans pour autant provoquer de dégâts collatéraux, par quatre ou cinq charges répétées et cadencées, rythmées par les chocs du marteau ; le pêne rebelle se sentait mal à l’aise, et malgré nos assauts successifs, celui-ci tenait bon. Ce ne fut qu’à la cinquième charge que celui-ci, visiblement fatigué, finit par se rendre sans condition. "Armand devenu Charles Martel !"

Le combat fut rude mais victorieux ; en moins d’une heure, la porte s’ouvrit d’une simple claque du plat de la main. Armand pouvait enfin, d’une façon triomphale, entrer de nouveau dans son château. Voilà l’histoire insolite, cocasse mais vraie du châtelain cambriolé devenu cambrioleur.

Oyez, oyez braves gens, damoiselles et damoiseaux ! Hardi soit notre Roquevaire.

Bernard 73

Hôtesse d’accueil !

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UNE HOTESSE DE CHARME pour les Journées Européennes du Patrimoine 2016 à Roquevaire.

Ces deux journées de "portes ouvertes" à Roquevaire, les 17 et 18 septembre 2016, à l’occasion des Journées Européennes du Patrimoine, se traduisirent comme les années précédentes par une forte fréquentation, malgré l’éloignement du centre ancien de Sauve et la nécessité de se fatiguer un peu pour accéder au site. La diversité du public de visiteurs et ses motivations sont toujours une source de surprises, d’émotions et de contacts passionnants avec les amoureux du patrimoine.

C’est ainsi que dimanche 18 septembre, juste derrière les tout premiers visiteurs les plus matinaux, nous vîmes arriver parfaitement calme, décontractée et confiante une … magnifique chatte à la robe calico et écaille de tortue, présentant une dominante de couleur noire. La coloration de la tête était presque parfaitement symétrique : moitié orange, moitié noire. L’animal était équipé d’un beau collier rouge.

Cette chatte d’une rare élégance, à la démarche chaloupée, sans doute grand amateur de patrimoine ancien et peut-être même sachant lire, prit le temps d’entrer à notre suite, de débuter la visite de la tour du Relodge et de son environnement, puis de poser fièrement sur le mur haut dominant l’entrée du château, attendant les explications du maitre des lieux, mais se gardant bien d’interrompre le guide ! Lorsque la toute petite troupe prit la direction du grand escalier par la bassecour, elle s’engagea sur leurs pas, en confiance et parfaitement rassurée, monta l’escalier, attendit encore la fin d’une nouvelle vague d’explications sur la terrasse semi-circulaire aux lavandins. Puis, comme tout le monde, elle gravit la dernière volée de marches d’escalier pour arriver sur la grande terrasse devant le corps du bâtiment. Là, le temps des explications fut mis à profit pour examiner et renifler une souche de cyprès multi centenaire aux formes animalières inquiétantes. Elle dut encore patienter un peu et attendre la fin des questions des visiteurs et leurs commentaires.

Lorsqu’enfin la porte du bâtiment fut ouverte, elle ne put s’empêcher de compléter sa reconnaissance des lieux par une visite de l’intérieur, en prenant grand soin de ne pas trop s’éloigner de la porte, le risque eut été trop grand de se laisser enfermer. L’examen fut sommaire, vite expédié et le seuil vite refranchi, on n’est jamais trop prudent ! Elle n’eut donc pas droit aux ultimes explications et quelques minutes plus tard, elle avait disparu de la terrasse, sans doute prise par le besoin programmé de retour à ses affaires du matin.

Vers la fin de l’après-midi, ayant sans doute achevé de vaquer à ses occupations domestiques, elle réapparut dans le bas du château, fièrement assise sur le petit muret faisant face à la porte d’entrée. Nombreux furent les visiteurs qui la gratifièrent de quelques caresses, ce qui ne fut pas pour lui déplaire et ne l’effraya point. Un couple de visiteurs enthousiasmé déclara même "Oh, il y a même une hôtesse d’accueil" !

Une visiteuse élégante, respectueuse, discrète, charmante, peut-être même grande connaisseuse du patrimoine et cultivée !

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LE COMBLE DU CULOT Ou comment allier vandalisme et remerciements !

Fin avril 2018, une visite à Roquevaire révéla un acte récent de vandalisme : la porte principale du bâtiment était ouverte, la serrure détériorée et arrachée à l’aide d’une des grilles externes ayant servi de pied-de-biche et la chaine de sécurité manifestement coupée avec un outil de type coupe-boulons. A l’intérieur, un grand désordre révélait une fouille complète du contenu des pièces, un usage manifeste du contenu des armoires marqué par la vaisselle sale délaissée sur la table. A l’extérieur, une des trappes de fermeture des citernes avait été fracassée pour permettre un accès à l’eau à l’aide d’une corde et d’un seau laissés sur place …

Et pour signer leur goujaterie, les vandales se permirent la page d’écriture ci-contre, sur le "livre d’or" du château.

De plus et pour être certains de pouvoir revenir prochainement, ils dissimulèrent une barre à mine trouvée dans le château, à l’extérieur de celui-ci, afin de rentrer à nouveau avec le moins de peine possible.

Ce qu’ils firent quelques mois plus tard !

Dans la gêne, il n’y a pas de plaisir !

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PAROLES et DESSINS d’AMIS et de VISITEURS LE LIVRE D’OR DES VISITEURS Des visiteurs des 4 coins de l’horizon !

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LE LIVRE D’OR DES DESSINATEURS Des visiteurs dessinateurs.

L’homme qui voulait acheter Roquevaire …

Les fantômes de Roquevaire ? par Kenzo.

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LE LIVRE D’OR DES PAROLES D’AMIS Paroles d’amis …

Un ami, scientifique agronome burkinabé, Jacob Sanou :

Un très vieil ami, Clément von Bruchhausen :

Un professeur d’archéologie médiévale, Nicolas Faucherre :

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LE LIVRE D’OR DE FUTURS ARCHITECTES Des étudiants en architecture de Hambourg.

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LE LIVRE D’OR DE VISITEURS ORIGINAUX Nobles animaux et poétesse inspirée !

Les deux barzoïs Yana von Wisinskaya et Yohanna des Belichki (excusez du peu !) ainsi que leurs propriétaires :

Un poème d’Amélie :

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UN PREMIER POEME PAR MAURICE

Roquevaire et son trĂŠsor par un ami de longue date, Maurice Ferrand :

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UN SECOND POEME PAR MAURICE

Sans doute un autre trésor du lieu, par le même ami fidèle, Maurice Ferrand :

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LES ROSES DE NOEL

Les roses rouges de Roquevaire.

Nous avions planté deux rosiers rouges grimpants dans l’orangerie. En décembre 2003, ils ont inspiré Stephen Lewin Tyrwhitt :

Ces rosiers n’ont malheureusement pas survécus, le milieu naturel ne leur étant pas trop favorable !

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MEMOIRE DE VISITE Ce qu’on retenu les enfants d’une classe maternelle de Sauve.

Les visites de Roquevaire par 3 classes d’une école de Sauve, ont donné lieu à un petit travail de mémoire. Les propos de la classe de maternelle, transcrits par la maitresse, le récit et le dessin suivants.

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ROQUEVAIRE VU PAR CLEMENT ET ROBIN Jeunes visiteurs en 2018.

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ROQUEVAIRE VU PAR NADEGE Jeune visiteuse en 2018.

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TRAVAUX de RESTAURATION et AMENAGEMENTS LES CAMPAGNES DE TRAVAUX Quelques années consacrées aux travaux de restauration.

L’état de Roquevaire à la fin des années 80 nécessitait un engagement conséquent pour remettre en état un certain nombre de toitures, revêtements, escaliers … L’éloignement du centre ancien de Sauve et la nature des accès ne permettaient pas de trouver et d’employer des entreprises pour effectuer les travaux à des prix raisonnables et abordables. Nous décidâmes donc de les réaliser par nous-mêmes malgré notre faible niveau de compétence et le peu de temps disponible, en gros le temps des vacances estivales, le mois d’août. Nous avions au moins l’assurance de ne pas avoir froid et de ne pas être trop gênés par la pluie ! Ce sont donc nos enfants, nos neveux, nos frères et sœurs, nos amis Germon et leurs enfants qui s’y "collèrent" avec beaucoup d’énergie, au cours de 14 années !

Nos interventions n’ont pas toujours été effectuées dans un ordre d’une grande logique, mais plutôt dépendantes de la disponibilité des uns et des autres. Elles peuvent être résumées dans leur chronologie comme suit et détaillées dans des chapitres qui leurs sont consacrés : 1988 : réfection de la partie nord de la toiture du bâtiment ; 1989 : construction d’un mur de soutien de la partie sud de la toiture du bâtiment ; 1990 : construction et mise en place de la partie sud de la toiture du bâtiment ; 1991 : construction et mise en place de la toiture de la Tour du Relodge, réfection du premier escalier d’accès dans Roquevaire (11 marches) ; 1992 : début de pose de dalles et décroutage du mur ouest de la grande salle supérieure ; 1994 : plusieurs travaux de diverses natures ; 1995 : réfection de plusieurs escaliers dont le grand escalier et l’escalier semi-circulaire de montée à la Tour du Relodge, pavage de cette Tour ; 1996 : vidange complet et nettoyage des citernes de la terrasse ; 1997 : décroutage de la grande salle du château ; 1998 : rejointoiement des pierres de la grande salle du château ; réfection et mise en place du toit de la cabane à l’âne ; 1999 : décroutage et rejointoiement des 3 autres pièces du château, mise en place d’un plancher entre les deux pièces nord et des fenêtres ; 2000 : rejointoiement des pierres de la grande salle supérieure du château, achèvement du remplacement de dalles manquantes, des appuis de fenêtres, réalisation de toutes les étanchéités … ; 2001 : restauration de l’escalier à double révolution ; 2002 : achèvement de la restauration de l’escalier à double révolution.

La très grande chaleur de l’été 2003 et le fait de ne plus disposer de sable sur le site (transporteur indisponible et chemin très dégradé), ne permirent pas d’entreprendre une campagne de travaux de ce type, ni cette année, ni les suivantes.

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UN BALLET DE TUILES !

Pour la réfection du toit, au milieu du XXème siècle.

A l’achat de Roquevaire en 1934, il n’existait qu’un toit : celui qui protégeait la grande pièce de l’étage supérieur et par voie de conséquence la salle voutée en dessous. Georges LOROT démonta ce toit, en mauvais état, puis le reconstitua. Les deux petites pièces superposées, situées au nord, n’étaient pas couvertes, et même ne faisait qu’une seule en l’absence d’un plafond/plancher. Le soleil y pénétrait et un figuier y poussait, plongeant ses racines dans les gravats et se hissant par la fenêtre pour bénéficier d’un peu de lumière ! C’est l’état des toitures de la fin des années 1950. En 1965, la famille LOROT s’installa à Sauve, Jeanne LOROT, receveuse des postes, étant nommée dans ce village. Cette situation était plus favorable pour intervenir sur Roquevaire qui, entre-temps, avait perdu toutes ses tuiles ! Ces dernières étaient passées sur des toits de maison dégarnies, acquises par des familles nécessiteuses arrivées à Sauve quelques années plus tôt.

Au début des années 1960, une usine de production de coton hydrophile, dite de la Moulette, située en bordure immédiate du Vidourle et fonctionnant en partie avec l’eau de la grande fontaine, avait été démolie, car très endommagée par une crue. La toiture avait survécu et les tuiles soigneusement récupérées et entreposées dans l’ancien abattoir de la ville. La mairie souhaitant vendre ce bâtiment, le maire avait dit à Georges LOROT : "Prenez toutes les tuiles dont vous avez besoin pour refaire le toit de Roquevaire". Ironie du sort et curiosité de l’histoire, l’usine détruite appartenait au père de la seconde épouse du grand père de nos petits-enfants ! Ce vieux monsieur a été très satisfait d’apprendre, trente ans plus tard, la seconde vie des tuiles de son ancienne usine.

Le transport d’un millier de tuiles a pu commencer : à l’aide d’une 2CV, elles étaient montées jusqu’à la dernière maison du village, dans le haut du village, puis à l’épaule vers Roquevaire, avec l’aide bénévole de trois jeunes adolescents. L’un d’eux, orphelin, était élevé par sa tante, célibataire, qui tenait à sa bonne éducation et donc connaitre à quoi il occupait ses journées.

Le neveu avoua un soir, être allé se promener avec des filles dans la Mer de rochers. Inquiète, la tante se renseigna et apprit que le neveu effectuait un travail utile en montant des tuiles à Roquevaire, elle l’encouragea à poursuivre cette bonne action, sachant que Georges LOROT dirigeait le chantier. Autre histoire, entendue discrètement : un jeune homme accompagnant son frère "porteur de tuiles" lui demanda : "où transporte-t-on toutes ces tuiles ?". Et le porteur de répondre : "mais là, où nous avons pris des tuiles pour notre maison !". Ce jeune garçon a donc contribué à réparer le préjudice causé par ses parents qui pensaient que le bâtiment était abandonné.

Le toit fut refait sur le modèle antérieur. Sur les petites pièces, un revêtement ondulé goudronné fut utilisé, de peur que les murs ne supportent pas un poids plus élevé. Et le figuier fut arraché !

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LES TOITS DE LA FIN DU XXĒME SIECLE (1) Réfection du toit nord du bâtiment principal.

Le toit réalisé au milieu des années 1960 par Georges LOROT pour couvrir les deux pièces au plus haut du bâtiment, utilisait des bois de charpente non traités contre les insectes.

Rapidement ces derniers proliférèrent et envahirent certains des chevrons utilisés pour soutenir voliges et tuiles. Côté nord, le revêtement plus léger, en plaques de couverture bitumées, exposées à toutes les intempéries et surtout au soleil, étaient percées en de nombreux endroits. Vingt-cinq ans plus tard, la question de la réfection du toit de Roquevaire se posait donc à nouveau avec une certaine urgence. Trois années furent nécessaires pendant la période des vacances estivales pour mener à bien la restauration de l’ensemble de cette toiture, de 1988 à 1990.

Le mois d’août 1988 fut mis à profit pour refaire la partie nord du toit, celle qui était recouverte de plaques bitumées. Cette opération effectuée par une seule personne, s’est révélée très délicate du fait qu’elle nécessitait une intervention au niveau le plus élevé du bâtiment, sans mise en place d’échafaudage et donc exclusivement avec l’aide d’une échelle !

Et avant cela, bien évidemment, il avait été nécessaire de monter, à dos d’homme et à partir du village, tous les matériaux nécessaires : sable, ciment, bétonnière, groupe électrogène, chevrons, voliges, plaques d’éverite …

Le toit initial de cette partie du bâtiment était sans doute comme son voisin de la grande pièce destiné à la collecte des eaux du ciel. Quelques dalles ancrées dans le mur en témoignent encore, mais l’essentiel du dallage avait disparu depuis longtemps. La première phase du travail consista donc à remettre en place des chevrons, puis un plancher fixé sur ces derniers, tenant lieu de plafond pour la pièce située en dessous. Enfin et à partir de ce plancher, la réalisation de la toiture définitive. Le toit précédent était un toit monopente avec un pendage dirigé du nord vers le sud. Le suivant adopta exactement la même configuration, le revêtement goudronné étant remplacé par des plaques d’éverite reposant sur des chevrons.

Ces plaques étaient elles-mêmes protégées par des tuiles de couvert uniquement, sans tuiles d’égout pour ne pas alourdir excessivement le dispositif. Vue du ciel, cette toiture conserve une allure de "toit à l’ancienne", bien que les visiteurs du site par une telle voie, ne soient pas très nombreux !

La récupération des eaux pluviales de ce nouveau toit s’effectue par un collecteur en ciment disposé sur le mur de refend séparant les deux pièces du niveau supérieur du bâtiment. Dans ce caniveau, une partie des eaux rejoint la grande terrasse par un conduit en PVC pour alimenter ensuite l’ensemble des deux citernes sous cette terrasse. L’autre partie des eaux, en cas de pluies très violentes, est envoyée en eaux perdues, sur une petite terrasse située au nord au nord du bâtiment. Pour ce faire, une gargouille en zinc fut découpée dans un tuyau de ce matériau par Philippe, l’apprenti couvreur, de la famille !

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LES TOITS DE LA FIN DU XXĒME SIECLE (2) Elaboration du mur de soutien du toit sud.

La réfection de la toiture surmontant la grande pièce supérieure posait un tout autre problème du fait que la toiture monopente en place, restaurée par Georges LOROT, partait du mur de refend au nord, à environ 2 mètres de hauteur pour aboutir au sud, sur un mur de 30 cm de hauteur seulement. Du fait de sa hauteur sous toiture, variable et de plus en plus faible, cette pièce était pratiquement inutilisable. Elle était par ailleurs inesthétique, vue de l’extérieur, la toiture "coupant" par le travers une des deux fenêtres. La décision a donc été prise de remonter le mur sud de la pièce pour lui permettre de supporter un toit bipente posé sur fermes, reposant sur le mur de refend au nord et le mur nouvellement construit au sud. Afin de respecter l’esthétique de la façade, les deux pentes nord et sud devaient être calculées, ainsi que les fermes, de sorte que le faite du toit ne dépasse pas le mur horizontal de la façade principale du château.

La construction de ce mur fut réalisée dans le courant du mois d’août 1989, avec l’aide d’amis de la région de Dijon et de Jean-Claude en particulier. Pour permettre le chantier de construction, elle nécessita au préalable que fut découpée et enlevée la partie de toit reposant sur le muret de 30 cm, mais que fut conservé le reste du toit en guise de protection, jusqu’au chantier final prévu un an plus tard. Elle nécessita aussi la montée de quelques m3 de sable et une quantité honorable de sacs de ciment, toujours par le petit chemin d’accès et à dos d’hommes.

Cette construction du mur fut réalisée à partir de pierres collectées sur le site mais aussi pour une grande partie d’entre elles à l’extérieur de la propriété, essentiellement sur les murs bordant les chemins. C’est ainsi que les pierres choisies et collectées par nos soins, sur un secteur relativement plat, étaient entassées près de la grille d’entrée du château. Le plus pénible était alors de les monter jusqu’à leur lieu d’utilisation. Pour ce faire, un petit écriteau posé à côté du tas de pierres, invitait les personnes intéressées par la visite du château, et en contrepartie, à monter une ou deux pierres, selon leurs moyens, jusqu’au chantier de pose.

L’opération eut un succès inespéré et c’est toujours avec le sourire que nous vîmes venir à nous des tonnes de pierres au dernier étage du bâtiment ! Outre le temps gagné, c’est ainsi que fut dressé un mur de surélévation comportant deux fenêtres. A la fin du chantier, l’espace sans toiture entre le mur nouvellement construit et le toit ancien fut bâché pour éviter toute infiltration d’eau de pluie dans le bâtiment, durant l’année à venir.

Ce mois d’août 1989 fut particulièrement chaud et sec. Exposés en plein soleil et dans un milieu totalement minéral, les deux maçons en action distillèrent force litres de boisson non alcoolisées pour contrer les pertes dues à la transpiration !

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Mise en place mur sud, Jean-Claude.

Le mur sud achevĂŠ.

Mise en place de la charpente.

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LES TOITS DE LA FIN DU XXĒME SIECLE (3) Réfection du toit sud du bâtiment principal.

En 1990, la construction du toit sud surmontant la grande pièce supérieure pouvait s’effectuer. Elle fut réalisée dans le courant du mois d’août avec l’aide d’amis (Jean-Claude) et de membres de la famille (Philippe, Jean-François, Christine …).

Comme l’année précédente, l’une des premières opérations fut de monter la totalité des matériaux : poutres, chevrons, voliges, plaques d’éverite et quelques tuiles. Le seul itinéraire possible est celui du petit chemin d’accès et le moyen du moment : le dos de jeunes porteurs bénévoles (Erwan, Eric, Philippe, Jean-François). Les promeneurs croisant ces derniers se proposaient parfois pour un coup de main, mais l’itinéraire paraissait long et la charge un peu lourde. Un homme impressionna particulièrement nos porteurs, en réclamant de prendre un chevron, puis un second et un troisième … en un seul voyage. Nos jeunes porteurs riaient sous cape attendant de le voir rapidement s’effondrer sous la charge. Ils le regardèrent différemment lorsqu’ils apprirent que l’homme était porteur de haute montagne, en charge de l’approvisionnement de refuges et que, c’est presque en courant qu’il parvint au château !

La montée, à trois personnes, des poutres de section carrée, devant servir de linteau audessus des deux fenêtres fut aussi une un moment mémorable.

L’opération suivante consista à déposer le toit existant, en mettant de côté les tuiles en bon état. Cette opération nous fit découvrir, par la présence de nombreux scorpions sous les tuiles, que ceux-ci ne proliféraient pas que dans les endroits humides ! Deux petits piliers additionnels qui supportaient le toit précédent dans sa partie médiane furent démolis.

La découpe des fermes et leur montage s’effectua sur place, à même le sol de la grande pièce.

C’est à la prise de mesures que la pièce se révéla ne posséder aucun angle droit et la hauteur de mur différente entre les deux cotés est et ouest ! C’est à la mise en place de la première ferme dans son entier (arbalétriers, entrait et poinçon) que nous réalisâmes avoir un peu présumé de nos forces : monter près de 150 kg à bout de bras et à hauteur de tête, avec de jeunes adolescents, était un peu risqué. Les fermes suivantes furent soulevées incomplètes et assemblées in situ. Les 5 fermes mises en place, nous eûmes la bonne surprise de constater que la ligne de faite, le sommet des 5 fermes, était parfaitement alignée, ce qui tenait un peu du miracle ! La technique d’élaboration des fermes avait été apprise à la lecture du Dictionnaire encyclopédique médiéval de Viollet-le-Duc !

La mise en place des structures de couverture : voliges couvrant la totalité du toit, plaques d’éverite pour assurer l’étanchéité de la toiture, tuiles, faitière, petite fenêtre de toiture, effectuée sous le soleil du mois d’août, nous permit de bénéficier d’un superbe bronzage et de donner un aspect ancien au toit, même vu d’avion !

Dans le même temps le chapeau de la cheminée fut reconstitué, à l’extrémité d’une échelle ! Ce fut un mois d’août bien occupé !

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Restauration de la partie supérieure de la cheminée, avec Philipe.

Les voliges sont en place, avec Philippe et Jean-François.

Le toit achevé, la cheminée couverte !

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Nicole et Jeannine, travailleuses en action.

Jeune travailleur "surchargĂŠ".

Les distractions des travailleurs !

Mathieu, Pierre, JeanYves, Christine, SĂŠverine, Erwan et Nicole.

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La Tour du Relodge avec sa toiture et ses escaliers d’accès rénovés.

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LA TOUR DU RELODGE Petite tour et grand usage.

La petite tour qui domine l’entrée de Roquevaire n’a rien d’une tour de garde du fait de ses dimensions et elle avait perdu, au XXème siècle, sa toiture et son pavement depuis déjà de nombreuses années. En 1991, une campagne de restauration estivale permit, avec Philippe de lui redonner une toiture sur le modèle déjà expérimenté sur le château. Comme pour le chantier précédent une opération de portage fut réalisée pour rassembler tous les matériaux nécessaires, à partir du village. La première étape consista à refaire le couronnement en pierres, selon un plan et une pente unique, étant donné les petites dimensions de la tour. A son achèvement, il y fut inclus une série de chevrons en parallèle, destinés à supporter les plaques d’éverite assurant l’étanchéité et les tuiles canal sur les reliefs des ondes.

La même année fut entrepris par nos enfants et les enfants Germon la réfection du revêtement du sol de cette tour à l’aide de petits pavés récupérés sur la grande terrasse. Le manque d’expérience ne permit pas au chantier d’avancer très vite et il fut achevé l’année suivante. Enfin, une grille fut mise en place pour en fermer l’entrée et une autre pour clore la petite fenêtre, grilles réalisées par Pierre.

La forme de cette petite tour est particulière car elle possède deux faces relativement planes : l’une orientée à l’est, est percée de la porte d’entrée, l’autre orientée au sud comporte un auvent de pierre sur toute sa largeur, comme il en existe fréquemment pour protéger des fenêtres. Le reste du mur est courbe et intégré dans le mur d’enceinte du château. Un ami archéologue nous fit observer que sur la face porteuse de l’auvent, des traces de maçonnerie en relief sont l’indice que quelque chose d’assez grand était fixé sur ce mur en extérieur, il émit l’hypothèse que ce pourrait être tout simplement un cadran solaire.

Des éléments du cadastre de Sauve datant du début XXème siècle portent pour Roquevaire un nom de secteur différent de l’actuel : le vocable Relodge. Nous apprîmes que ce nom n’est autre que la version occitane d’horloge, cadran solaire. Il est donc probable que c’est le cadran solaire de Roquevaire, utilisé par les occupants du lieu mais aussi par toute personne passant sur le chemin qui longe le mur d’enceinte, qui donna, provisoirement, ce nom au lieu-dit.

L’orientation du mur de la tour portant ce cadran est très exactement plein sud, ce qui est la meilleure orientation possible pour réaliser facilement un cadran solaire. Un texte du XIX ème siècle rapporte un projet de démolition de cette tour, démolition à laquelle se sont opposés des travailleurs qui avaient, de fait, une horloge sous les yeux.

Enfin et pour la signification du mot Relodge, nous sommes passés des années durant par la montée du Relodge, ruelle qui longe l’ancien hôtel de ville et qui porte … l’horloge laïque du village !

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Cabane à l’âne avant restauration de la toiture et de la porte.

Peinture de la porte en avril 2020 !

Méplats de sécurité devant la cabane à l’âne.

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LA CABANE A L’ANE Habitat du transporteur à quatre pattes desservant Roquevaire.

Le dernier des toits à avoir été restauré à Roquevaire est celui du petit bâtiment adossé au mur est de l’orangerie, dans le prolongement de cette dernière. Il est accessible uniquement à partir du chemin et non à partir de l’enclos du château. Nous l’appelons communément la "cabane à l’âne".

Ce petit local adossé au rocher côté nord et donc fermé de trois murs, a vraisemblablement servi d’écurie, pour ne pas avoir à laisser vagabonder d’animal dans les jardins du château, jardins réservés aux plantes ornementales ou d’intérêt culinaire. Devant sa porte et sur le chemin d’accès au château, au sol, trois emplacements taillés dans la roche, en pente à cet endroit, constituent trois méplats alignés. Ces derniers ont toujours été présentés comme devant permettre à un cavalier de descendre de sa monture ou bien le déchargement du fardeau d’un animal, en toute sécurité. En effet, sur un sol rocheux, en pente et glissant par temps pluvieux, un animal peut chuter et se blesser gravement ; un cheval avec une patte cassée est un cheval perdu. Le replat assurait donc la stabilité nécessaire à cette opération de transfert de charge.

A l’intérieur du bâtiment des amorces d’un arc de pierres dans les murs nord et sud et des trous dans le mur ouest, sont les signes qu’un plancher coupait en grande partie cette pièce en deux dans le sens de la hauteur, ménageant un espace pour un animal, voire deux, en bas et un espace pour le fourrage au-dessus. Ce plancher, maintenant disparu, ne fermait pas totalement les deux niveaux, car il fallait pouvoir y accéder pour entreposer le fourrage et ensuite descendre ce dernier pour alimenter l’animal. Une seule petite ouverture, située audessus de la porte d’entrée, éclairait très faiblement ce bâtiment ; elle est à double embrasure, vers l’intérieur et vers l’extérieur pour faciliter l’entrée d’un peu de lumière. Au sol, lors du nettoyage de cette pièce dans le courant du mois d’août 1998, nous avons retrouvé absolument intact un revêtement de pierres formant un sol uni, patiné par l’usage et ménageant par ses pentes légères, un petit écoulement pour les urines des animaux.

Actuellement, l’atmosphère et l’éclairage réduit de ce petit local est particulièrement propice au confort d’impressionnantes araignées de fort belle taille.

Les travaux réalisés en 1998, furent conduits sur un mode analogue à ceux de la Tour du Relodge pour constituer un toit monopente s’abaissant vers le chemin : relèvement et mise à niveau du mur sud, pose de chevrons et de plaques d’éverite, couverture finale en tuiles de couvert sur le relief des ondes, incorporation de solins d’étanchéité. Son éclairage a été grandement amélioré par la pose d’une fenêtre de toiture. Une porte en bois protégée par une tôle de zinc fut fabriquée pour fermer le tout. Ce local est maintenant utilisé exclusivement pour y entreposer des matériaux de construction et de maçonnerie, utilisés pour les travaux de maintenance du château.

En mars ou avril 2020, la porte fut peinte, mais l’auteur n’a pas signé son œuvre !

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Décroutage de la grande salle, en cours par Patrick (↑), achevé (↓).

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PEAU D’INTERIEUR (1) Réfection des enduits intérieurs du bâtiment et petites découvertes.

Les enduits intérieurs initiaux du bâtiment, noircis et/ou brulés lors de l’incendie du château en 1703 ont très vraisemblablement été refait pour donner un meilleur aspect à la pièce.

Néanmoins, ils avaient souffert d’infiltrations d’eau au travers d’une toiture peut-être pas toujours bien entretenue. Lépreux et peu esthétiques, ils représentaient par contre un excellent support pour le déplacement des loirs. Il fut donc décidé d’éliminer ces enduits anciens et de les remplacer par de nouveaux, respectant les pierres apparentes lorsqu’elles présentaient une belle facture, même si ce parti pris n’était peut-être pas celui du maitre d‘ouvrage.

Un premier essai de décroutage fut entrepris sur le mur de la cheminée en août 1992. Il fit apparaitre un arc de décharge en tuf au-dessus du linteau de la cheminée qu’il avait pour fonction de soulager. Ce linteau construit d’une seule pièce de calcaire et donc d’une longueur excessive se fendit en plusieurs points malgré tout et perdit même une partie de sa substance ! Une deuxième curiosité mis à jour sur ce même mur, est une série de trous alignés sur toute la largeur du mur et remplis d’une substance difficilement identifiable. Ces trous se trouvaient positionnés au milieu d’une double rangée de blocs de calcaire dur. Il est admis maintenant qu’ils devaient constituer le point d’ancrage de baguettes de bois ou des fils métalliques, supportant un rideau. Ce velum présumé, positionné pour passer au-dessus des fenêtres et ne pas les "couper", permettait de diminuer le volume de la pièce en hauteur, lorsqu’il était nécessaire de la chauffer. Une fenêtre, à gauche de la cheminée, avait été murée, elle fut ré-ouverte pour donner plus de lumière à la pièce.

Le décroutage complet de la pièce fut réalisé en août 1997 en 3 semaines, par Rolland et Patrick. Si l‘enduit s’est souvent révélé facile à enlever, d’autres parties compactes et incrustées de calcite issue de la voute et durcie au contact de l’air, présentèrent une beaucoup plus grande résistance. Pour cette opération, ils durent installer tout un échafaudage réalisé avec les moyens du bord ! Le nettoyage final fut réalisé au nettoyeur à eau sous pression.

L’année suivante, en août, et après la remise en place du même système d’échafaudage, Rolland et Patrick réalisèrent le rejointoiement des pierres de la pièce, à l’aide d’un enduit à la chaux grasse de couleur jaune clair. Le plafond de la voute de la pièce était réalisé en tuf, en raison de la légèreté et de la résistance de ce matériau. Mais son aspect dégradé et la présence de nombreux trous ne permirent pas de le conserver visible, il fut recouvert d’un enduit continu à la chaux grasse et peint en blanc. Toute cette opération fut bien évidemment précédée d’une intéressante séance de portage des sacs d’enduit entre le cœur du village de Sauve et le château !

Les fenêtres de cette pièce furent mises en place l’année suivante.

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Pièces nord inférieure et supérieure re-enduites (↑), pièce sud supérieure rejointée (↓).

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PEAU D’INTERIEUR (2) Le succès de l’opération réalisée sur la grande salle nous incita à la poursuivre sur les autres pièces du château entre la mi-mai et la mi-juin 1999 par les mêmes personnes (Rolland et Patrick) que précédemment, les murs de ces trois pièces étant eux-mêmes très dégradés et présentant beaucoup de trous.

Dans la pièce du rez-de-chaussée voisine de la grande salle, les travaux de décroutage nous permirent de découvrir sous une niche existante, une nouvelle niche murale qui avait été fermée. Dans le placard mural de cette pièce, les extrémités encastrées dans le mur des étagères en bois et restées en place, présentaient un flanc brulé au ras du mur, marque évidente de l’incendie de 1703. De même des carreaux de terre rubéfiés, donc brûlés, furent identifiés sous le revêtement actuel en mauvais état. Le linteau manquant d’une fenêtre non murée fut remplacé, opération délicate réalisée à partir de l’intérieur du bâtiment, sans échafaudage. L’autre fenêtre murée sans doute depuis le XIXème siècle fut conservée en l’état, destinée à rester un placard mural. Les pierres de soutènement de l’escalier permettant le passage à l’étage supérieur furent mises en place. Enfin trois des murs ont reçurent un enduit complet, un seul mur a été traité en pierres apparentes.

Dans la pièce de l’étage supérieur, immédiatement au-dessus de la précédente, l’état des murs, lui aussi très dégradé, nécessita de tenter de les "redresser" et de les enduire complètement. Une fenêtre dans le mur nord, de dimension plus modeste que celle orientée vers l’est, avait été murée et fut ré-ouverte. Cette pièce comportait sur son mur ouest une forme d’arc en tiers point qui aurait pu laisser penser à une autre fenêtre murée. Mais son style totalement différent des autres fenêtres et l’absence de forme côté extérieur du bâtiment, laissaient plutôt penser à un tableau ou une forme de retable encastré dans le mur.

Chambre de l’abbé initiateur du château ? La devise de l’abbé Delmas, reconstituée en terre cuite par Isabelle Le Blanche, fut incorporée dans le mur sud au-dessus de la montée d’escalier.

Pour ces deux pièces, ces travaux furent l’opportunité d’incorporer des gaines électriques dans les murs, afin de bénéficier, ultérieurement, de l’électricité fournie par des panneaux solaires.

La dernière pièce, au-dessus de la grande salle subit le même traitement que les deux autres : décroutage puis revêtement par enduit à la chaux grasse, total sur deux murs (ouest et sud), avec pierres apparentes sur les deux autres (est et nord). Ces travaux mirent en évidence des reprises de construction difficiles à interpréter, mais aussi les lignes d’encastrement des feuilles d’étanchéité en plomb au bas des murs nord et sud. De tout petit murets furent positionnés à la base des ouvertures, destinés à recevoir des fenêtres et rendre plus confortable cette pièce "courant-d’air" ! Enfin les dalles manquantes au sol furent découpées à la dimension et mises en place pour parfaire le revêtement.

Cette année-là, entre les sacs d’enduit et les fenêtres, ce furent près de 5000 kg de matériaux qui furent montés à Roquevaire.

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Escalier d’accès à la longue terrasse en cours de restauration.

Le même restauré.

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LES ESCALIERS DE ROQUEVAIRE (1) Restauration.

Le château de Roquevaire fut bâti sur un éperon rocheux préalablement et pour partie nivelé.

Le sommet de l’éperon fut étêté et un bloc issu de la découpe est encore visible à l’extérieur de l’enceinte. Son origine ne fait aucun doute en raison de la position couchée et non verticale des rigoles d’érosion aux bords coupants, sur ses flancs. Sur la plate-forme sommitale de l’éperon, un grand espace vide fut utilisé pour créer des citernes. Mais pour rejoindre les différents niveaux et accéder aux diverses terrasses, ce ne sont pas moins d’une douzaine d’escaliers de longueur, forme et positionnement qui sont présents sur le site. Leur état très dégradé était tel que plus aucune pierre n’était demeurée en place, rendant la circulation difficile surtout lorsque ces pierres elles étaient mouillées. Leur réfection a donc été entreprise.

Le premier d’entre eux permet, peu après la grille d’entrée et sur 11 marches, d’accéder au niveau de la longue terrasse surmontée du petit aqueduc. Réalisé avec soin et avec toutes les pierres d’origine en 1991, avec l’aide de Jean-Claude, au rythme d’une marche par demijournée, il est agréable à utiliser en raison du faible dénivelé de ses marches. La même année furent remises en place les trois marches donnant accès à la terrasse semi-circulaire.

1995 fut la grande année des escaliers de Roquevaire puisque 7 d’entre eux furent faits ou refaits cette année-là dont le plus grand : l’escalier central montant de la basse-cour à la terrasse semi-circulaire. Cet escalier était totalement envahit de lauriers qui avaient déplacé et fait glisser les marches. Les arbres abattus et toutes les pierres déplacées, il fallut enlever l’excès de terre pour redonner le pendage nécessaire à la mise en place des marches. Au cours de cette opération, nous avons identifié de fragments de tegulae, la tuile plate romaine, marque d’une occupation ancienne du site, sans doute bien antérieure à la construction du château. Trois paliers ont été créés, pour permettre aux marches d’arriver très exactement au niveau du sol de la terrasse semi-circulaire. Jean-Paul puis Philippe et Jean-François ont travaillés à la réalisation de cet escalier qui comporte 29 marches, pendant 15 jours.

Pour accéder à la Tour du Relodge, il convient de passer au-dessus du petit aqueduc qui amène l’eau des citernes à l’orangerie. Un escalier ancien existait mais il était mal positionné. Nous en avons créé un nouveau avec des marches en arc de cercle concentriques permettant de franchir l’aqueduc. De la même manière, ce sont deux escaliers permettant les accès aux terrasses sud du château qui ont été restaurés par une jeune génération de maçons : JeanFrançois, Philippe et Erwan, de même que deux autres escaliers par des remplacements de quelques marches.

Cette même année encore et pour achever la saison, fut réparé le dernier escalier aux marches en demi-cercle, donnant accès au bâtiment. Les crapaudines présentes au sommet de l’escalier et à la base de la porte signalent que cette dernière pouvait être fermée en se relevant et venir se plaquer contre le bâtiment.

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Escalier semi-circulaire et à double révolution pendant (↑) et après restauration (← et ↓).

Corbeau d’appui du pont-levis (↑).

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LES ESCALIERS DE ROQUEVAIRE (2) Restauration.

L’un des escaliers des plus spectaculaires du site et sans doute le plus beau, est celui qui permet de passer d’une terrasse semi-circulaire à la terrasse supérieure devant le bâtiment.

Son état de dégradation nécessitait une reprise complète, reprise qui a été particulièrement enrichissante pour en comprendre son évolution, en particulier lorsque fut dégagée la plateforme d’arrivée des deux escaliers.

En effet, si les deux escaliers adossés à la grande terrasse précédant le bâtiment, ont bien été conçus avec la réalisation de cette terrasse, la plateforme d’arrivée de ces deux escaliers, bâtie sur un arc de pierre, dallée et disposant d’un muret garde-corps en pierre, n’existait pas initialement. Cette plate-forme a tout simplement remplacé un pont-levis qui défendait l’accès à la terrasse supérieure. Plusieurs éléments le confirment sans conteste. En premier lieu, le plan d’encastrement de ce pont-levis, contre le mur de soutènement de la terrasse, est parfaitement visible. Il faisait en sorte que le pont, une fois relevé, soit protégé, dans l’épaisseur du mur et ne puisse être arraché facilement. Dans cette situation : pont relevé et au-dessus de lui parfaitement alignée, une porte en bois fermait le petit escalier de quelques marches qui donne accès à la terrasse. Pont relevé et porte fermée, les deux escaliers débouchant sur le vide, l’accès à la terrasse, lui-même au-dessus du vide, n’était plus possible.

En second lieu les gonds métalliques sur lesquels pivotaient le pont-levis, bien que très rouillés, sont encore présents au niveau du sol. En troisième lieu, les deux corbeaux sur lesquels venait s’appuyer le pont-levis, au point haut de chaque escalier ont été retrouvés, dans la maçonnerie de l’arc de pierre qui est venu remplacer le pont-levis. Enfin la dalle de la marche la plus basse du petit escalier d’accès à la terrasse supérieure comporte une saignée sur toute sa longueur et sous elle un passage permettant à l’eau en provenance de la terrasse et qui dévalait le petit escalier, de passer sous, et non pas sur, le pont-levis. Elle était ainsi évacuée sans traverser le plancher du pont-levis. Par contre le dispositif de relevage du pontlevis, sans doute par chaines, n’est plus visible, il a sans doute été éliminé en même temps que le pont lui-même. Lorsque le pont-levis ne s’est plus révélé nécessaire, il a été remplacé par un passage bâti sur voute, dans le prolongement de la salle de fraicheur, avec un muret garde-corps, dans le prolongement des garde-corps des deux escaliers.

La rénovation de cet ensemble a été réalisée avec beaucoup de goût et de soin par Rolland aidé d’un ami et donne maintenant une belle allure à cet escalier à double révolution assez caractéristique de l’époque à laquelle il a été réalisé. Le parti a été pris de ne pas tenter de refaire un pont-levis dont nous ne connaissons pas le système de relevage, mais uniquement le passage bâti tel qu’il existait juste avant notre intervention.

La présence de cet ancien pont-levis nous interpelle sur une possible construction antérieure au bâtiment actuel dont l’accès aurait été protégé par un tel dispositif.

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Grille d’entrée du site (←).

Grille d’accès aux terrasses (→). ..

Grille d’entrée à la Tour du Relodge (→).

Grille de protection de la grande terrasse (←).

Grille intérieure du bâtiment (→).

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LES GRILLES DE ROQUEVAIRE Les grilles bleu et or du château.

L’entrée de Roquevaire a longtemps été fermée par une porte en bois qui faisait l’objet de dégradations régulières et par conséquent rendait obligatoire d’en changer tout aussi fréquemment. La décision fut prise en 2002 de remplacer cette porte par une superbe grille en solides barreaux pleins, réalisée à partir d’une grille existante de dimensions supérieures.

Ce fut le travail de Pierre de mener à bien cette réduction et d’adapter à l’ensemble un système de fixation au mur, très exactement mesuré et exécuté. Outre la solidité inhérente à son matériau de construction, cette grille permet aux promeneurs de satisfaire leur curiosité en visualisant une partie de l’intérieur de l’enceinte et donc d’éviter certaines intrusions intempestives. Lourde de ses 70 kg, il fallut la monter, la mettre en place, la peindre … Sa couleur bleu martelé et ses pointes en or la firent qualifier par certains de "royale". Elle porte aussi, sur une plaque, le nom du château et l’indication de "propriété privée". Ceci pour répondre à l’objection couramment faite d’absence d’une telle indication, par des visiteurs cherchant un justificatif à leur incursion à l’intérieur des murs ! Au-dessus de la porte, en extérieur, un cartouche contenait la devise de l’abbé gravée dans la pierre et disparue au milieu du XXème siècle. Une reproduction de cette devise, par Isabelle Le Blanche, sur terre cuite n’a pas résisté aux vandales. Une nouvelle copie fut installée à l’intérieur du chäteau.

Fort de ce succès, une seconde grille fut réalisée en 2003 dans les mêmes conditions par Pierre pour la petite tour du Relodge qui faisait, elle aussi, l’objet de visites régulières, bien que ne contenant aucun objet de valeur.

Puis une troisième, en réutilisation d’une grille trouvée localement, fut mise en place pour fermer le petit escalier descendant aux terrasses des oliviers. Il est à noter que toutes les grilles anciennes trouvées sur Sauve, sont de la même facture laissant penser qu’elles ont été élaborées par le même ferronnier durant une période relativement courte.

Une quatrième petite grille, fut fabriquée, toujours par Pierre et placée pour éviter que des enfants n’approchent et ne chutent dans le petit passage situé à l’angle ouest de la grande terrasse. Dans ce secteur, la chute serait, malheureusement, celle de l’inconnue du Val perdu (voir plus loin) et vraisemblablement fatale !

Une cinquième, toujours de la main du même artisan, a été installée à l’intérieur du bâtiment pour séparer la grande salle de la salle voisine et protéger le contenu de cette dernière, là aussi pour éviter des visites indésirables.

Une sixième grille a été fabriquée par Jean-Guy pour protéger la fenêtre sud de la grande salle et éviter, une fois encore, des intrusions par escalade du fruit du château. Elle attend d’être mise en place et avant cela la restauration des pierres d’encadrement de la fenêtre.

A Roquevaire grilles et portes nécessitent de bonnes compétences en serrurerie pour subvenir aux nombreuses réparations, interventions et/ou changements de serrures ! Toutes sont peintes des mêmes couleurs bleu martelé et or !

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Fenêtres de la salle supérieure sud.

Porte de la cheminée et porte d’accès aux toilettes.

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LES AMENAGEMENTS INTERIEURS Fenêtres, planchers et cheminée.

Avant la réfection des enduits intérieurs des murs du château, des fenêtres très artisanales tentaient timidement de limiter les courants d’air qui traversaient allègrement le bâtiment.

Les enduits de murs ayant été réalisés en 1998 dans la grande salle et en 1999 dans la salle voisine et celles au-dessus, il devenait nécessaire que des fenêtres dignes de ce nom ferment ces pièces ne serait-ce que pour éviter les entrées d’eau sur les nouveaux enduits. Six fenêtres furent réalisées en 1999 par un menuisier cigalois et mises en place cette même année dans les trois pièces citées. Six autres fenêtres furent réalisées et posées par le même menuisier pour équiper la grande pièce sous le toit, quelques années plus tard.

Les pièces, haute et basse, voisines des deux grandes salles étaient séparées par un plancher ancien reposant sur d’anciens poteaux EDF, reliques des activités d’électricien de Georges LOROT ! Ce plancher fut enlevé en 1999, les poteaux décapés à la brosse métallique puis lazurés pour supporter une série de chevrons destinés à redonner de l’horizontalité à l’ensemble. Un plancher de châtaignier fut mis en place et raccordé à l’escalier montant de la grande salle et desservant l’étage supérieur. Le plafond de la pièce supérieure avait été mis en place lors de la construction de la toiture, après enlèvement de la toile goudronnée, en 1987. La "chambre à coucher de l’abbé" commençait à prendre bonne allure !

La cheminée de la grande salle comportait sur chacun des bords droit et gauche une feuillure verticale et des gonds, attestant qu’elle pouvait être fermée par des vantaux. Nous eûmes à subir l’expérience de l’absence de tels vantaux lors d’un court séjour au château, une nuit de janvier. Pour passer une soirée agréable dans une salle chauffée, nous avions brûlé une quantité importante de bois, le rendement thermique d’une cheminée ouverte étant extrêmement faible. Le dortoir de la nuit fut donc cette salle portée à une température agréable. Mais au petit matin et à notre grande surprise, la température hivernale de l’extérieur, était celle de l’intérieur ! En l’absence de vantaux, les échanges thermiques, par la cheminée, égalisent rapidement les températures extérieures et intérieures, lorsqu’il fait chaud dedans et froid dehors ! En 2000, furent mises en place deux vantaux articulés en bois de châtaignier, construits par Jean-Guy, pouvant clore complètement et efficacement la cheminée.

Quelques jours après la parution de l’article de Midi Libre, nous eûmes droit à un appel téléphonique de la part du lycée d’enseignement professionnel Frédéric Mistral de Nîmes. Un enseignant nous proposa de réaliser sur le château, des projets pédagogiques pour sa classe "taille de la pierre". L’un des projets portait sur la taille de pierres en claveau, pour remplacer le linteau brisé de la cheminé, ce projet ne fut jamais réalisé. Le second projet portait sur la restauration des montants dégradés de la porte d’entrée du château. Il fut mené à bien en pierre de Barutel – la pierre utilisée pour les arènes de Nîmes – et les pierres posées en 2001, par Rolland et Patrick.

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Anciennes toilettes extérieures aménagées !

Nouvelles toilettes aménagées plus robustes !

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LES TOILETTES Lieux de vie incontournables, modernes et fonctionnels !

Depuis sa conception et sa construction, Roquevaire dispose de toilettes en correspondance avec le statut social de ses occupants et en accord avec les exigences de son temps.

Nul doute que l’abbé Delmas n’aurait pu se satisfaire de goguettes à même percées dans une coursive de rempart, à la mode moyenâgeuse. Le réduit fermé qui en tient lieu, à proximité immédiate de la grande salle, en témoigne parfaitement. Il comportait un siège dont on devine encore les vestiges de fixation, une évacuation directe vers l’extérieur garantissant une absence totale d’odeurs, une baie ouvrant sur le paysage extérieur et pouvant mobiliser l’esprit au plus fort des activités intestinales, protégée par un volet basculant en cas de pluie.

Des toilettes sèches et un confort appréciable pour un homme de cette importance en somme ! Il est à noter que lors de toute visite de Roquevaire l’examen de ce petit local est quasiment un passage obligé et un lieu de grand intérêt, surtout pour les enfants !

Lors des périodes de grands travaux sur le site de Roquevaire, un lieu analogue s’imposait pour les personnes demeurant sur place une bonne partie de la journée. Les toilettes de l’abbé, sans leur siège, ne sont pas utilisables, avec le risque de suivre le trajet des produits dont l’occupant souhaitait se délester ! Des toilettes de substitution n’ayant pas encore été prévues, une petite pioche était mise à la disposition des nécessiteux pour faire chacun son petit trou dans la terre, à l’extérieur du château, le remplir et ne surtout pas oublier de le reboucher. Toilettes parfaitement écologiques en harmonie avec le mode de vie des occupants du site.

Des occupants temporaires des lieux, insouciants et n’ayant pas eu connaissance de ces règles de fonctionnement élémentaires, oublièrent le faire le trou, pour se soulager à même le sol.

Dans les jours qui suivirent les propriétaires entreprirent comme chaque année le désherbage des lieux à l’aide d’une débroussailleuse, machine qui, à l’aide de fils et d’une forte puissance mécanique, coupe et éjecte violemment tout ce qui se présente sur son passage. Imaginez la rencontre des fils et de la production molle de ces irréfléchis, noyée dans les herbes …

Revêtement coloré et malodorant assuré pour le manipulateur de l’engin ! Donc une nouvelle forme de toilettes s’imposait.

A l’arrière du bâtiment furent creusées des tinettes, sèches elles aussi, à même le sol. Elles furent pourvues d’un plancher de support reposant sur un bâti de pierres et d’une protection en zinc découpée à la forme idoine, pour protéger le plancher. Le tout était situé dans une forme d’enclos protégeant de la vue : pierres d’un côté, haute palissade de bois tressé de l’autre. Discrètes et fonctionnelles, ces toilettes donnèrent satisfaction aux passagers temporaires pris d’un besoin urgent, de nombreuses années. Ceci jusqu’à ce que des visiteurs indélicats massacrent la palissade et ses supports, pour le plaisir sans doute ! Un nouveau support entièrement métallique est maintenant en place, le précédent en bois ayant vécu, et la palissade en bois remplacée.

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Porte métallique d’entrée du château.

Porte des citernes de la grande terrasse.

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LES PORTES ET LES ACCES Points de passages stratégiques !

Autant les visites sollicitées, spontanées ou programmées de Roquevaire sont intéressantes et souvent enrichissantes pour le(s) visiteur(s) comme pour le guide, autant les visites "forcées" c’est-à-dire effectuées avec effraction ne sont pas acceptables et démoralisantes.

Le caractère isolé du site de Roquevaire est favorable aux curieux et vandales décidés à tout tenter pour pénétrer dans le bâtiment. Nous en avons, à de nombreuses reprises, fait le constat et subit les conséquences.

C’est ainsi que dans le courant du printemps 2019, au moins trois visites en quelques mois laissèrent derrière elles des portes brisées, un désordre indescriptible, la vaisselle souillée, des vols … Résolution fut prise de remplacer la porte en bois du bâtiment pourtant protégée par un plaque de zinc et fermée par serrure, chaine et cadenas par une porte métallique pleine de 3 mm d’épaisseur, renforcée par des traverses métalliques supportant les gonds et fermée par plusieurs système de verrouillage. Une croix ancrée petit rappelant celle qui figurait dans la niche surmontant la porte et qui faisait partie du blason de l’abbé Henry Delmas, constitue le petit plus soudé à cette porte. Un tel objet relève du travail d’un ferronnier mais sa montée à Roquevaire relève plutôt de celui du mulet, que deux animaux à deux pattes réalisèrent.

Dans la foulée de l’opération précédente fut réalisé le remplacement de la porte en bois protégeant le robinet de sortie des deux citernes de la terrasse principale. Cette porte ayant vécu et étant très dégradée, il lui fut substitué une porte métallique pleine réalisée par le même ferronnier, censée être d’une plus grande longévité et d’une meilleure protection.

Nettement moins lourde que celle du château, un seul mulet à deux pattes fut nécessaire pour la faire accéder au site de pose.

Les difficultés rencontrées pour ouvrir la porte du château lorsque celle-ci a été forcée mais non ouverte (serrure dégradée empêchant l’ouverture), nous ont fait prendre conscience que le bâtiment ne nécessitait pas obligatoirement d’une sortie de secours, mais bien plutôt d’une entrée de secours, pour pallier au risque évoqué. Cette possibilité existe et est maintenant exploitée par l’utilisation du "passage de l’enfer" donnant accès aux catacombes. Là encore la mise en place d’une solide plaque métallique préparée par le même ferronnier a permis de sécuriser cet accès au château et de pouvoir l’utiliser en cas de besoin, même s’il faut faire preuve de beaucoup de souplesse pour y parvenir !

Enfin la fenêtre donnant sur le côté sud du bâtiment avait été brisée pour entrer dans le bâtiment, son accès étant possible, mais en prenant quelques risques, par escalade du mur sous-jacent. Les pierres de ce mur ont été rejointées pour limiter cette possibilité, mais une grille sera prochainement mise en place pour éliminer tout risque d’accès par cet endroit.

Ces mesures de sécurisation du site ne nous enchantent en aucune manière, elles sont malheureusement indispensables pour ne pas avoir continuellement à faire et refaire des travaux déjà compliqués, en particulier par les difficultés d’amenée des matériaux sur le site.

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Cheminée (↑) et four à pain (↓).

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LES FLUIDES ET LES COMMODITES Vivre, manger, dormir à Roquevaire.

A la question fréquente qui nous est posée sur le site de Roquevaire : "mais vous habitez et vous vivez ici ?" il est facile de répondre que le site ne comporte ni réseau électrique, ni d’adduction d’eau, ni réseau de gaz, ni tout à l’égout. Il est possible de préciser qu’en ce qui concerne l’électricité, on peut la fabriquer facilement avec un groupe électrogène qu’il aura fallu monter lui aussi et qui la produira, lorsqu’il voudra bien fonctionner, ce qui n’est pas toujours garanti. En ce qui concerne l’eau, on peut s’en passer puisque nous buvons du vin !

Mais il est cependant difficile d’envisager l’usage de ce dernier pour une pratique courante des temps modernes, qui est celle de prendre une douche de temps en temps ou bien tout simplement de se laver ! Le gaz n’est pas absolument indispensable sous la forme d’un réseau, puisqu’il "suffit" de monter les bonbonnes qui le contiennent, même si c’est un peu lourd !

Enfin, on peut se passer du tout à l’égout en réservant les eaux des citernes lorsqu’elles sont "usées", à l’arrosage des plantes et en créant par ailleurs des toilettes sèches.

Manger dans le château ne pose pas réellement de problème si l’on a pris le soin de monter tous les ingrédients, c’est même l’une des activités fréquentes avec la famille et les amis. Le foyer de la cheminée aménagé en conséquence, permet de réussir les grillades sans difficulté, la source d’énergie, le bois, ne manquant pas dans l’environnement. L’usage du four testé une seule fois et en plein été pour cuire de la pâte à pain a davantage fait rougir et transpirer les apprentis boulangers que cuire la dite pâte ! Mais pour la bonne réussite de ces réjouissements, il convient de ne rien oublier, la devise des lieux étant : "si tu n’as pas de tête, il faut avoir des jambes !".

Dormir dans ou près du château est tout à fait possible à condition d’accepter le voisinage et quelques présences animalières dans le bâtiment, espèces qui n’ont pas tout à fait les mêmes horaires, ni les mêmes modes de vie que les nôtres ! C’est ainsi que les loirs circulant contre les murs anciens et leurs enduits dégradés ont la détestable habitude de décrocher de petits grains de sable qui tombent sur les sacs de couchage agaçant singulièrement le dormeur. Ce dernier, ou plutôt cette dernière, Christine en l’occurrence, trouva préférable d’aller dormir hors du château, sous les cyprès, pour ne plus être incommodée par ces animaux. Elle apprit alors que les loirs consommaient les strobiles, petits cônes reproductifs des cyprès, les décortiquant soigneusement pour avoir accès aux graines et laissant tomber les restes sur … son sac de couchage ! Ne parlons pas des scorpions qui sont ici chez eux et qui vous font très vite comprendre que le soir, il est préférable d’examiner son lit ou son sac de couchage avant de s’y glisser et que le matin il est souhaitable de bien examiner le contenu de ses chaussures avant de les mettre !

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LE VIEUX MERLE Pourquoi ici ?

Dimanche 13 octobre 2019, presque arrivés devant la grille d’entrée dans l’enceinte de Roquevaire, nous distinguâmes, de loin, une petite masse noire immobile, au milieu du chemin, face à la grille. Un animal ? Un oiseau ? Arrivés près d’elle, nous trouvâmes un merle de belle taille, peu effarouché, se laissant approcher sans crainte. La couleur de son bec comportant des zones noirâtres nous laissa penser qu’il s’agissait plutôt d’un oiseau d’un certain âge. Que faisait-il sur ce chemin, lui d’habitude plutôt farouche et fuyant la présence des bipèdes ? De quelques coups d’aile, l’oiseau se percha sur le mur longeant le chemin puis disparu en plongeant gracieusement dans la végétation, de l’autre côté du mur.

Quittant le château vers 12 h 30, une même petite masse noire se trouvait encore sur le chemin, à quelques dizaines de mètres de la grille d’entrée. Etait-ce encore le même oiseau ?

Effectivement, c’était très vraisemblablement notre merle, debout sur ses pattes mais presque immobile, se laissant caresser sans crainte, le souffle court, pour autant que nous puissions en juger ! Nous le quittâmes, nous interrogeant sur son comportement inhabituel.

Revenant au château en tout début d’après-midi, nous nous questionnions sur la conduite à tenir : aurions-nous dû apporter des graines ou quelques vers au cas où nous aurions revu notre oiseau ? Effectivement, nous aperçûmes de loin, une fois de plus, la même petite masse noire, sur le chemin, en face de la grille d’entrée, exactement au même endroit où nous l’avions découvert le matin.

Mais cette fois le bel oiseau, comme nous le redoutions un peu, était mort, les yeux grand ouverts, encore tiède !

Pourquoi être revenu mourir ici, en ce lieu de passage fréquenté par les hommes ? Ce vieux merle sentant sa fin venir, avait-il voulu lancer un appel au secours ? Un appel aux promeneurs éventuels de passage sur le chemin, promeneurs que le reste de sa vie il avait évité ?

Il fut enterré dans l’enceinte du château, sans doute pas très loin des lieux où il avait toujours vécu, au pied d’un jujubier.

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OPERATION NETTOYAGE Opération commando avec risques !

Le second week-end d’octobre 2019 essentiellement et quelques autres week-ends ensuite furent l’objet d’opérations de nettoyage de l’environnement immédiat du château, à l’intérieur de l’enceinte, aucune intervention de ce type n’ayant été pratiquée depuis plusieurs années. Ceci, en particulier pour éliminer le bois mort, les repousses de laurier sauce surgissant au pied des arbres adultes et toutes les plantes épineuses ou non que l’on a l’habitude de qualifier de mauvaises herbes.

Ce nettoyage pris l’allure d’une opération commando avec la participation de Denise, Marie-Noëlle et Bernard, Momo et Yves arrivés du Beaujolais et bien décidés à en découdre ! Tous le bois mort ou réputé inutile fut coupé, tranché, ramassé, transporté, empilé et plus tard brûlé ! Certains prirent même des risques : perché sur un arbre et le mur voisin Yves était occupé à couper la salsepareille en provenance de l’extérieur du château, plus ou moins accrochée à l’arbre en train d’être taillé. Ayant subitement disparu de leur champ de vision, les autres besogneux interpelèrent l’intéressé, un peu inquiets de ne plus le voir sur le mur ou sur l’arbre. En l’absence de réponse, l’appel réitéré amena la réponse d’une petite voix venue d’ailleurs, disant de ne pas s’inquiéter. Mais où était-il donc ? Tout simplement tombé dans la salsepareille puis au pied du mur, à l’extérieur du château, 3 à 4 mètres plus bas ! La salsepareille ayant spontanément joué avec ses tiges et ses épines le rôle d’amortisseur c’est un ? sanguinolent qui dû se battre pour parvenir à s’extraire des "griffes" de la plante, puis se frayer un chemin au travers de la végétation arbustive, refranchir le mur et revenir à l’intérieur du château, encore un peu sous l’émotion de la descente involontaire et très rapide de son perchoir !

Et sous la menace de la pluie, c’est l’intérieur du château qui fit aussi l’objet de rangements et d’un nettoyage approfondi.

Bien sûr, le séjour ne se résuma pas à une opération sur la végétation de Roquevaire et l’alimentation de l’équipe tint une bonne place dans l’organisation de la journée, importance amplifiée par le fait que l’un des participants, de retour d’un long trek au Népal et se relevant à peine d’une gastro, avait besoin de reconstituer ses forces et ses ressources !

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L’EAU à ROQUEVAIRE LA COLLECTE DE L’EAU La collecte de l’eau du ciel.

Perché sur un éperon rocheux et dans un environnement karstique, le problème de la disponibilité en eau s’est très vite posé à l’architecte concepteur de Roquevaire. Vivre dans ce lieu nécessitait de disposer d’eau pour satisfaire les besoins domestiques des hommes et des animaux, et surement plus encore pour ceux des jardins. Le relief calcaire ne conservant pas l’eau en surface, il fallait donc aller la chercher ailleurs !

Le cours souterrain du Vidourle, par les reconnaissances souterraines en plongée, réalisées pendant près de 10 ans, est maintenant bien connu des spéléos. Roquevaire se situe à michemin entre le Grand Aven de Sauve, au fond duquel l’eau du Vidourle est attestée, et la source vauclusienne de la Grande Fontaine qui abonde le cours aérien du Vidourle, au pied du village. C’est ainsi qu’un ami imagina que ce cours souterrain passait, peut-être, à l’aplomb du château, ce qui aurait assuré, à l’aide d’un puits de belle profondeur creusé dans le calcaire, une alimentation en eau de toute première qualité, sans risque de pénurie. La superposition de la carte établie par les spéléos avec une carte IGN de même échelle, nous a très vite fait déchanter : à vol d’oiseau, le cours souterrain passe à près de 400 m du site. Un aqueduc n’étant certainement pas envisageable, il ne restait guère qu’une dernière solution : compter sur l’eau du ciel, mais pour un abbé le pari n’était peut-être pas très risqué ! Tout le dispositif fut donc conçu pour capter l’eau, la stocker et la faire circuler entre les différents niveaux du site, par gravité.

Le captage de l’eau s’effectue nécessairement sur une surface dégagée la plus vaste possible et en position surélevée. C’est ainsi que l’emplacement de la salle supérieure du château, actuellement protégée par la toiture du bâtiment, avait été conçu et aménagé pour collecter l’eau de pluie. Cet endroit n’est donc pas une pièce à vivre comme le laisseraient penser les deux fenêtres qui la bordent et qui dominent la terrasse actuelle. C’est une terrasse qui dispose d’une pente naturelle de près de 20 cm de dénivelé entre le mur ouest et le mur est et qui montre une ouverture dans le mur est, permettant l’écoulement de l’eau vers un chéneau de pierre inclus dans l’épaisseur de la maçonnerie du mur, puis vers la terrasse via un petit collecteur en poterie. Enfin l’étanchéité de la pièce était assurée par un revêtement de plomb dont le relevé s’encastrait dans les murs nord et sud bordant cette terrasse. Il est possible qu’un petit ouvrage circulaire en forme de bassin, sur la terrasse principale, ait joué un rôle de décanteur avant l’envoi de l’eau dans les citernes.

De la même manière, la très grande terrasse devant le bâtiment pouvait aussi contribuer à rassembler l’eau et à l’envoyer dans les citernes. Son étanchéité (relative) était assurée par un revêtement de petits pavés de pierres taillées, soigneusement ajustés. Peu d’entre eux sont encore en place aujourd’hui.

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LA MISE EN RESERVE DE L’EAU Les citernes de stockage.

Les trois citernes de stockage de l’eau ont été pensées et intégrées lors de l’élaboration du château puisque toutes exploitent un vide naturel existant, fermé par des murs et plafonds, bâtis pour la plupart.

Pour les deux plus importantes, le vide originel se situe sous la grande terrasse, devant le bâtiment principal, au nord-ouest-ouest. Trois murs ont été construits pour les délimiter, le quatrième est une paroi rocheuse naturelle, un mur de refend les divise en deux et une solide voute en berceau ferme le tout. Ces deux citernes sont communicantes et elles autorisent un volume de stockage de plus de 100 m3. Leur accès est possible pour chacune d’entre elle, à partir de la terrasse, par un étroit conduit de section carrée, percé dans la voute. Les échelles métalliques de spéléo sont le moyen le plus commode pour y descendre, mais le conduit permet tout juste le passage d’une personne. Hormis ce conduit, le seul point connu d’entrée de l’eau dans ces citernes est une poterie au point le plus bas de la terrasse, traversant la voute de la citerne. A l’intérieur, l’étanchéité est assurée par un enduit de mortier très fin dans un état de conservation remarquable. Les faibles amplitudes de l’eau résiduelle en fond de citerne étaient parvenues à créer une petite brèche dans ce mortier ; ce trou a pu être colmaté facilement lors de la remise en état des citernes. Le point de vidange est situé au pied de la terrasse une dizaine de mètres plus bas. Il a été sécurisé par la mise en place d’un robinet en laiton en remplacement d’un robinet en bois trop facile à ouvrir et … à laisser ouvert, et d’une porte métallique de protection. Le robinet s’ouvre sous un petit porche engagé dans le mur d’une des citernes et il permet de remplir un petit conquêt taillé dans la pierre, à son aplomb.

A l’intérieur des citernes, le plancher est situé est situé 20 centimètres au-dessous du niveau du robinet, pour permettre à l’eau de déposer ses sédiments et éviter une sortie de vase à chaque prise d’eau.

Une troisième citerne enterrée existe sous la terrasse semi-circulaire située au pied de l’escalier double montant vers la grande terrasse. Elle est aussi accessible à partir de la grande terrasse par un long conduit de même gabarit que les deux précédents. Ce dernier a cependant la particularité d’être ouvert en son milieu, par une fenêtre, au niveau d’une "chambre de fraicheur" située sous l’escalier. Le trop plein de cette citerne s’effectuait par le haut, en direction du bassin pentagonal de la basse-cour ou par la fenêtre, donc à l’aide d’un seau.

Le volume total pouvant être conservé dans ces trois citernes est de l’ordre de 140 m 3. Dans ces conditions de stockage enterré et à l’abri de la lumière, l’eau reste parfaitement limpide et à une température constante, été comme hiver, voisine de 14°C. Minéralogiquement parlant cette eau est consommable bien que riche en calcium, mais sa pureté bactériologique ne peut être constamment contrôlée pour un bon usage alimentaire.

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L’orangerie et son bassin d’eau, régulateur thermique.

Le petit aqueduc d’amenée de l’eau à l’orangerie.

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LA CIRCULATION ET L’USAGE DE L’EAU

Bassins et voies de circulation de l’eau.

Le robinet de fermeture des deux grandes citernes communicantes, sous la grande terrasse, permet d’alimenter et remplir un petit conquêt où l’eau peut être puisée à l’aide d’un seau, mais une autre destination pouvait être donnée à l’eau, à la suite du conquêt : par l’intermédiaire d’une conduite en pierres taillées faisant usage de petit aqueduc, l’eau pouvait traverser toute la propriété pour atteindre l’orangerie, à l’autre extrémité du site.

Manifestement cette conduite était destinée à l’arrosage des plantes lors de leur mise en hivernage dans l’orangerie, mais aussi et surtout, pour remplir un bassin assez profond occupant le tiers de la surface au sol de l’orangerie, sur toute sa longueur. La présence de ce long bassin a longtemps été un mystère pour nous, mais la certitude que le bâtiment dans lequel il se trouve, était une orangerie, nous l’a fait considérer sous un jour nouveau. En période hivernale, le risque de gel, surtout pour des plantes de type exotique, peut être assez élevé. Grâce à un effet de serre induit par les nombreuses fenêtres orientées plein sud, la température interne de l’orangerie peut s’élever notablement pendant la journée, de même que celle de l’important volume d’eau stockée dans le bassin. La nuit, les mouvements thermiques s’inversant, c’est l’eau qui va restituer ses calories à l’air ambiant, évitant ainsi que la température ne descende trop en dessous de zéro. C’est donc un rôle de volant thermique que pouvait jouer l’eau entreposée dans ce bassin.

L’exutoire de la troisième citerne, celle qui est située sous la terrasse semi-circulaire, se trouve en position supérieure, près du plafond, il nécessite donc que la citerne soit pleine pour s’écouler. La destination ultime de cette eau est un bassin pentagonal à ciel ouvert, mais néanmoins autrefois protégé par un toit : le pilier central qui supportait ce dernier, ainsi que les piliers latéraux sont encore en place. L’un des côtés de ce bassin est le mur d’enceinte de la propriété. La jonction entre ce bassin et la citerne était réalisée par des conduites en terre cuite, enfouies et protégées dans le mur de soutien d’un escalier qui relie la terrasse semicirculaire à la basse-cour. A ses pieds, le bassin pouvait se vider dans un petit conquêt, au niveau de la basse-cour.

C’est une capacité totale de réserve et de disponibilité en eau très importante, de l’ordre de 150 m3, qui avait été conçue sur ce site plutôt aride, pour ne jamais en manquer !

Outre les réseaux de circulation de l’eau qui viennent d’être décrits et dont ne connait que très imparfaitement le fonctionnement, il convient d’évoquer un buffet d’eau qui fonctionnait pour apporter la fraicheur dans la chambre éponyme, sous l’escalier à double révolution et de plein pied avec la terrasse semi-circulaire. Son tuyau d’alimentation, en hauteur, existe mais nous ne savons pas à quoi il est connecté.

Enfin un petit bassin permettait aussi de collecter l’eau des toitures dans le secteur de la tour du Relodge.

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Le déblaiement de la citerne ouest.

Sortie de citerne sur échelle métallique.

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LA RESTAURATION DES CITERNES

Vidange et remise en état des citernes.

Les deux citernes sous la grande terrasse, restées longtemps ouvertes au niveau de leur conduit d’accès débouchant au sol de la terrasse, ont toujours fait l’objet de la curiosité des visiteurs. Quoi de plus tentant que de jeter un caillou pour tester la profondeur du "trou" ou vérifier la présence ou l’absence de l’eau, au fond. Et ceci de préférence avec ce l’on trouve le plus facilement, à portée de main, en l’occurrence les pavés déchaussés de la terrasse ! C’est ainsi qu’au fil des années, pavés et autres pierres de diverses tailles, même les plus grosses pouvant tout juste passer par les conduits, se sont accumulées au fond des deux citernes représentant un amas de pierres et gravas de plusieurs mètres cubes !

La décision de vider ces citernes et de tenter de les remettre en état a été prise et mise en œuvre en 1996, la difficulté étant l’évacuation du contenu qui ne pouvait se faire que par l’étroit conduit d’accès. Cette opération a pu se réaliser par la mise en place d’un solide trépied en chevrons permettant d’y fixer une poulie et donc de remonter les gravas à l’aide d’un seau.

Pour la suite, c’est l’huile de coude et la force des bras qui ont fait le reste : tant pour remplir le seau par la personne au fond de la citerne que par la personne chargée de remonter le seau sur la terrasse. Pour les plus gros blocs, le trépied était devenu une gêne, une personne était chargée de former les "paquets cadeaux" au fond des citernes, Jeannine la plupart du temps, et deux ou trois autres devaient les hisser à la force des poignets sur la terrasse ! Pavés et pierres récupérées étaient entreposés sur la terrasse. Parmi les gravats, des morceaux de l’ancien blason de la famille Delmas ont pu être identifiés. Cette opération consommatrice d’énergie mobilisa la famille Darle : Daniel et Isabelle ainsi que leurs enfants : Nicolas, Benoit et Marie ainsi que la nôtre : Jeannine, Christine et Jean-François pendant près d’un mois.

La plus grande des deux citernes complètement dégagée, il apparut qu’à l’aplomb du conduit d’accès, la chute des pierres avait fissuré l’enduit et que le peu d’eau présente au fond bénéficiait largement au cyprès le plus proche ! Ces deux citernes, maintenant reétanchéifiées, sont alimentées de l’eau des toitures par un conduit enterré dans le sol de la terrasse.

La troisième citerne – sous la terrasse semi-circulaire – a aussi été vidée de son contenu, même si sa remise en usage ne présentait pas d’intérêt. L’extraction des gravats, opérée comme précédemment, était compliquée par la longueur du conduit. Cette citerne a manifestement été utilisée comme poubelle puisqu’elle contenait un très grand nombre de fragments de poterie. Certaines pièces (gargoulette, plats …) ont pu être reconstituées, quelques rares pièces étaient entières. Le mortier fin d’étanchéité de cette citerne portait, gravée sur un mur, la signature des deux maçons ayant effectué ce travail !

Actuellement et pour des raisons de sécurité, les conduits d’accès à ces citernes ont été fermés par des trappes métalliques verrouillées.

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RÊfection des conduites d’alimentation des citernes.

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Réfection des dessus de murs de l’orangerie par Jean-Paul et José.

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Les jeunes arpenteurs à l’œuvre.

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L’ENVIRONNEMENT de ROQUEVAIRE L’AUTOROUTE DES CEVENNES Positionnement géographique du site de Roquevaire.

Un projet autoroutier fut débattu au début des années 2000 pour créer une nouvelle liaison qui éviterait de transformer l’A7 de 2x3 voies en 2x5 voies entre Lyon, Valence et Orange et donc pour offrir une alternative crédible au passage dans la vallée du Rhône. Ce projet devait permettre de desservir de nouveaux territoires privés d’accès à une autoroute ou à une voie rapide (Ardèche, haut Gard, haute vallée de l’Hérault) et en particulier des villes comme Privas, Aubenas, Alès, Le Vigan …

Jean-FRançois ayant suivi la première année de formation dans le département "Génie civil" de l’IUT de Nîmes se fit quelques copains qui, lors de la seconde année d’étude, se mirent en recherche d’un projet tuteuré demandé dans le cadre de ce cursus. Des discussions et une visite à Roquevaire, leur donnèrent l’idée de réaliser un relevé topographique des lieux, aucun document précis n’étant disponible et les plans cadastraux disponibles beaucoup trop imprécis. Indépendamment du travail demandé, le fait de vivre isolés dans ces lieux pendant quelques jours n’était sans doute pas non plus pour leur déplaire.

Le relevé de l’enceinte et le positionnement des parties architecturales furent effectués dans les règles de l‘art avec un théodolite moderne, les clous repères marquent encore les points de référence choisis, en divers endroits du château. Pour disposer de l’altitude précise du lieu, l’utilisation d’un GPS rendrait l’opération aisée de nos jours. Mais la non disponibilité de tels outils nécessita pour eux de partir d’un point coté connu. Ces points cotés par l’IGN sont repérés par des disques métalliques parfaitement visibles insérés sur des ouvrages publics : ponts, mairie, églises, temples … Les plus proches de Roquevaire se situaient dans le village de Sauve, l’un sur un des ponts franchissant le Vidourle, l’autre sur le temple. Pour relever l’altitude précise du site de Roquevaire, l’équipe se mit donc en formation pour effectuer un relevé par nivellement direct avec lunette et mires, en partant du temple, puis en remontant la grand rue, la place du Vieux Marché, la rue du grand Saint-Jean et enfin tout le chemin se dirigeant vers Roquevaire. Opération fastidieuse certes mais incontournable.

Cette opération, effectuée en plein jour, au vu et au su de tous, en déplaçant lunette et mires tout au long des rues, ne passa pas inaperçue et suscita quelques interrogations dans le village.

Quelques personnes interrogèrent donc nos jeunes arpenteurs qui affirmèrent avec le plus grand sérieux du monde qu’ils travaillaient … à la préparation de la future autoroute des Cévennes !

Le serpent de mer agité depuis quelques décennies déjà pour désenclaver les pays cévenol, n’avait pas trouvé beaucoup d’ardents défenseurs et la traversée du village par un tel équipement fit jaser, mais n’inquiéta pas outre mesure la population !

Suite à ce relevé, nous disposons maintenant d’un excellent plan coté de Roquevaire, accessible aux piétons, non par une autoroute, mais par un mauvais chemin, dégradé certains jours par les motos tous terrains.

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Plan de masse de Roquevaire.

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DĂŠtail du plan.

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L’ENVIRONNEMENT PANORAMIQUE Un petit tour d’horizon … dans le sens trigonométrique !

Bien que situé à une altitude plutôt basse (150 m) et noyé dans un océan végétal, le site de Roquevaire, de par sa position sur un éperon rocheux, offre un panorama très vaste et particulièrement riche, en particulier sur les Cévennes du sud. En effectuant un coup d’œil circulaire dans le sens indiqué et à différentes profondeurs de champ, on peut identifier de multiples sommets de toutes hauteurs.

Tout le quart sud-est est occupé par le grand massif forestier tout proche de Coutach avec ses deux sommets : le Puech Camp (471 m) et le Leyris (398 m).

A l’est se dessine le petit sommet de Roquehaulte porteur d’un château du même nom avec, à sa gauche, un mas bien visible et quelques cyprès permettant d’identifier Cauviac. Par temps très dégagé émerge la silhouette du Mont Ventoux, très claire du fait des vastes étendues caillouteuses sommitales (1912 m), mais son apparition est plutôt signe de mauvais temps dans les jours à venir ("montagnes proches, pluies prochaines" !). Très proche de Roquevaire et au tout premier plan se trouve le clos Saint-Jean ceint par un mur rocheux, avec en proche arrière-plan le site qui portait le château des Bermond et l’embase d’une tour rectangulaire. Perché sur le bord de la falaise marquant le plan de la grande faille des Cévennes, la petite redoute du Castellas donnait une visibilité stratégique, tout autant en direction de la vallée du Vidourle que vers le plateau.

En direction du nord et paradoxalement, c’est l’absence totale de point de vue sur le village de Sauve qui surprend. Occupant un amphithéâtre constitué sur le versant effondré de la grande faille, le village reste totalement caché des occupants du château.

Sur tout le quart nord-ouest, les reliquats rocheux de calcaire dolomitique de la Mer des Rochers émergent en premier plan de la végétation autrefois beaucoup mieux contenue. Sur un second plan au nord-nord-ouest, on observe très distinctement la silhouette du château de Fressac sur une arête rocheuse voisine du village du même nom, de même qu’une partie des deux petits mamelons constituant les Jumelles de Monoblet avec les sommets Rouquette (524 m) et Saint-Chamant (521 m).

Beaucoup plus loin, le Mont Brion (815 m) se caractérise par sa pointe peu accusée mais adossée à un petit plateau. Encore plus loin la ligne de crête bleutée du Mont Lozère (1699 m au Pic de Finiels) orientée est-ouest ferme l’horizon.

Dans le secteur ouest-nord-ouest, le massif de la Fage avec les deux villages isolés de Cézas et Cambo est surmonté d’une ligne de plusieurs sommets sans nom (860 à 931 m), se poursuivant plus à l’ouest vers le Ranc de Banes (713 m). Au sud c’est la Montagne des Cagnasses qui lui fait face. L’ensemble Cagnasses (715 m), Causse (506 m), Pic de Midi (537 m), Cengle (424 m), Luquette (432 et 441 m), Jumelles de Monoblet, forme la "Belle endormie" rappelant la silhouette d’une femme allongée sommeillant. Saint-Hippolyte-du-Fort se situe juste derrière les hauteurs de Coste Blanquier (172 à 221 m). A leur gauche le Pic d’Aguzan (253 m) et le Pic de Ceyrac (253 m). Tout l’arrière-plan est occupé par le massif de l’Aigoual, mais son sommet n’est pas visible de Roquevaire.

Dans le secteur ouest-sud-ouest apparait la silhouette pointue du Pic d’Anjeau (864 m) facilement reconnaissable et voisine des Rochers de la Tude (895 m). L’horizon se prolonge par la masse lourde du massif du Bois de Monnier et son Mont Haut (525 m). A la suite mais dans un plan plus reculé se situe le long massif de la Séranne dominé par le Roc Blanc (911 m), et lui-même prolongé par les Monts de Saint-Guilhem.

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Au sud-sud-ouest ce sont les 3 crêtes, dominant au Mont Redon (407 m), qui par leur pente douce se terminant par un ressaut plus abrupt marquent l’horizon en arrière de Pompignan. Proches d’elles se trouve la Montagne Saint-Jean (402 m), petit plateau bien marqué portant sur son côté l’ouest le château du même nom.

La montagne des Cagnasses ou la tête de la Belle Endormie !

Les Jumelles de Monoblet ou les pieds de la Belle Endormie !

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PANORAMIQUE SUD EST VU DE ROQUEVAIRE

Puech Camp

Le Leyris

Le Castellas

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Mont Ventoux Mont Serein Pic de Comte Montagne de Banne Montagne de Linceuil Montagne de Raton Dent d’Aurouse Tête de la Cluse Montagne d’Angèle Montagne de la Lance

Mont Bouquet

PANORAMIQUE NORD EST VU DE ROQUEVAIRE

Saint-Germain de Mo Serre d’Avène

Bougerian Moncalm Peyremale Lacan Escoudas Drus Bouscavous

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PANORAMIQUE NORD OUEST VU DE ROQUEVAIRE

Pié Radu Mont Brion La Barthe

Mont Lozère Le Biscard

Bois Noir Saint-Chamand Rouquette Le Cayrel - Coulègne

La Luquette Le Cengle

Montagne de la Fage (3 sommets.)

Pic de Midi Le Causse Mont. des Cagnasses Puech de Mar L’Oiselette

Serre Goutèze

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Le Mont Haut

Pioch Launet - Séranne Pioch de la Boffa

3 crêtes cernant Pompignan

La Montagne Saint-Jean

PANORAMIQUE SUD OUEST VU DE ROQUEVAIRE

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Le Castellas de Sauve.

L’embase de la tour rectangulaire.

L’intérieur de la grande citerne.

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L’ENVIRONNEMENT ARCHITECTURAL (1) En proximité immédiate de Roquevaire.

Même si Roquevaire apparait maintenant comme une construction isolée dans un environnement végétal, on peut raisonnablement penser qu’il n’en a pas toujours été ainsi.

Il a été imaginé que le village ancien de Sauve, avant d’occuper l’amphithéâtre naturel dominant le Vidourle ait pu être implanté sur le plateau environnant Roquevaire, protégé d’éventuelles incursions par le château des Bermond en limite de la faille et de la rupture de pente. Ce choix présentait toutefois une difficulté majeure : celle de l’accès à l’eau, présente, mais en profondeur, du fait de la nature de la roche mère calcaire. Du village en question, il ne reste rien, mais les traces de l’exploitation du milieu demeurent ne serait-ce que pour Roquevaire qui était un mas au tout début du quatorzième siècle produisant, entre autre chose, de l’orge.

Du château des Bermond, on connait l’un des éléments les plus anciens par la présence de la base d’un bâtiment ou d’une tour rectangulaire, visible de Roquevaire au nord-nord-est, sur une petite élévation. Une très grande citerne bien conservée, peu éloignée de ce bâtiment peut avoir constitué une partie du château des Bermond dominant et surveillant la vallée du Vidourle.

L’actuel Castellas dont le couronnement a été restauré à la fin du XX ème siècle est une guérite de surveillance mise en place au tout début du XVIIIème siècle, suite de la révolte des camisards, pour assurer la surveillance des environs et la défense de la ville, mais elle a pu constituer antérieurement, elle aussi, un élément constitutif de la défense du plateau.

A l’intérieur du secteur défini par les éléments qui viennent d’être décrits, un site entièrement clos par des formations rocheuses naturelles côté ouest et par des murs bâtis en pierres de moyen appareil soigneusement ajusté côté sud et est, dénommé Clos Saint-Jean semble avoir été l’emplacement de la première église desservant à la fois le château et le village antique si celui-ci a bien été présent sur le plateau. Au moins deux autres secteurs voisins de ce clos et protégés par des murs, pourraient avoir accueilli des constructions qui restent à découvrir.

Enfin, des vestiges de murs de belle facture encore visibles, semblent avoir relié certains des éléments cités précédemment.

Les éléments architecturaux encore visibles actuellement, épars dans le milieu naturel et généralement sans toit, sont des mazets du XIX – XXème siècle qui permettaient aux exploitants des parcelles cultivées de s’abriter en cas de pluie, de mettre à l’abri les outils, d’y prendre un repas si nécessaire et pour beaucoup d’entre eux de recueillir l’eau de pluie. Le système adopté était celui d’un toit monopente connecté à une citerne protégée sous le plancher de la construction. Cette eau permettait d’arroser la production, légumière sans doute, du voisinage de la parcelle.

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Le château de Fressac.

Le château de la Roquette (← et ↓).

Le Castellas ou château de la Roquefourcade à Saint-Hippolyte-du-Fort.

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L’ENVIRONNEMENT ARCHITECTURAL (2) En proximité plus éloignée de Roquevaire.

Un environnement architectural ancien est encore visible de Roquevaire, même si l’éloignement ne permet pas de distinguer beaucoup de détails.

A l’est, le château de Roquehaulte, perché au-dessus du village de Brassargues a été construit au XIIème siècle. Les vestiges d’un donjon, d’une triple enceinte et d’une porte sont visibles sur place mais pas de Roquevaire. Il a pu constituer une tour de la chaine de signalisation d’alerte de proche en proche, par le feu de nuit et par la fumée de jour, des seigneurs de SauveAnduze, chaine démarrant à Sommières et remontant jusqu’à Anduze puis Florac. Cette chaine de signalisation a été vérifiée par l’allumage successif de fumigènes dès lors que le précédent était visible, le 18 juillet 2001, sur proposition de Paul Chapel, auteur d’une étude sur le sujet concernant les différentes vallées cévenoles. Pour Sauve le point utilisé fut le Castellas.

Au nord, le château de Fressac se détache très nettement sur son épaulement et à une hauteur plus élevée que Roquevaire (349 m). Datant du XIIème – XIIIème siècle et construit par les seigneurs de Sauve-Anduze, il est pourvu de systèmes défensifs tels que barbacane, poternes, bretèches, échauguette, assommoir, donjon. Point de repli et de ralliement plus que d’habitation, c’est le type parfait de petit château de refuge, utilisé en particulier au début du XVIIIème siècle durant la guerre des camisards. La famille de Verdelhan des Molles l’a cédé à la commune de Fressac en 1992.

Difficilement visible de Roquevaire, le château de la Roquette domine le Vidourle par ses ruines imposantes. Il aurait été construit au XIIème siècle par les seigneurs de Sauve, mais devenu repaire de brigands au XVIIème, il a été partiellement détruit sur ordre de Richelieu. Il est accessible par l’ancienne voie ferrée Nîmes-Le Vigan maintenant désaffectée.

En direction de Saint-Hippolyte-du-Fort, on peut apercevoir le site portant le château dit de Saint-Hippolyte-le-Vieux ou de Roquefourcade. Les restes sont limités à un impressionnant morceau de mur d’enceinte muni d’archères et sur le sommet de la butte, d’autres murs bâtis en moyen appareil de calcaire dur, délimitant une forme polygonale irrégulière. Sa construction pourrait dater du XIIème siècle.

Sur l’extrémité ouest de la Montagne Saint-Jean, le château du même nom construit en 1237, se devine lui aussi, dominant le village de Pompignan. Il a appartenu à la famille Alleman de Mirabel. Les ruines imposantes laissent deviner, outre le château, un véritable village établi à l’entour dans un lieu très escarpé. Il est construit la plupart du temps en pierres sèches extraites sur le plateau, manifestant une maitrise extrêmement aboutie de ce type de construction. Sur l’extrémité est de la même montagne, la chapelle Saint-Jean, elle aussi ruinée, est un lieu émouvant émergeant de la garrigue environnante, en bordure immédiate du plateau et dominant la pente.

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La mer des rochers dégarnie (↑) et réinvestie (↓) par la végétation !

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LA MER DES ROCHERS L’espace nautique sauvain ?

La Mer des Rochers qui s’étale au pied de Roquevaire n’a guère de plus beau point de vue que celui que procure la terrasse du château, mais lui donnerait-on encore ce nom de "mer" aujourd’hui tant son évolution a profondément modifié le paysage depuis le milieu du siècle passé ?

En effet, des cartes postales du début du XXème siècle montrent un espace garni de quelques arbres certes, mais d’une densité qui n‘a strictement plus rien à voir avec celle d’aujourd’hui.

Ce milieu était exploité et cultivé. En témoignent et se sont sans doute les plus voyants les tas de pierres empilées sur les lapiaz, les zones rocheuses inexploitables, pour permettre la culture sur les zones dégagées, les clapas ou passages organisés à l‘aide de pierres pour circuler entre les parcelles et ne pas piétiner le peu de terre disponible, les murets de séparation des parcelles, les mazets destinés à protéger les outils, à se mettre à l’abri de la pluie ou du trop de soleil, à collecter un peu d’eau dans la citerne sous-jacente pour arroser les plantes cultivées de la parcelle tant qu’il y en avait … Des plantes cultivées, il ne reste rien bien évidemment à part quelques rares porte-greffe de vigne à l’aspect ensauvagé, quelques, encore plus rares, cerisiers de la période faste de culture de la Dure de Sauve, quelques micocouliers …. Sur la parcelle qui jouxte Roquevaire à l’est et en contrebas, étaient produites des pommes de terre, témoignage de son propriétaire aujourd’hui disparu … Pratiquement inconnu, un réseau de minuscules gorges sinueuses, profondes de quelques mètres et tapissées d’une terre argileuse fertile, issue de la dégradation du calcaire et de couleur rouge, sont accessibles par quelques escaliers sommaires. Ces espaces disposés au milieu de secteurs rocheux, étaient très vraisemblablement cultivés. Peu éclairés mais protégés du soleil ardent, ils devaient garder une certaine fraicheur et rester plus longtemps propices aux cultures lorsque la saison s’avançait. De cet ensemble, travaillé, dégagé, émergeaient sur le pourtour toute une série de hautes formes rocheuses aux formes curieuses, issues de l’érosion particulière liée à leur constitution chimique dolomitique (carbonates de calcium et de magnésium) d’où le nom de "mer" donné à leur configuration.

L’arrêt de l’exploitation de ce milieu après la première guerre mondiale, en raison de la pénurie de main d’œuvre, de l’éloignement du village, de l’impossibilité totale de mécanisation … a laissé le champ libre aux nombreuses espèces de la garrigue méditerranéenne qui se sont empressées d’occuper l’espace ; chênes blancs, chênes verts, prunus mahaleb, pins d’Alep, lauriers sauce, salsepareille, euphorbes … pour n’en citer que quelques-unes. Cet espace est devenu quasiment impénétrable tant est dense la végétation.

Et c’est ainsi que les impressionnants rochers qui surplombaient les parcelles apparaissent à l’heure actuelle, quasiment réduit de moitié de leur taille, nanifiés ! Il est donc probable que le terme de mer ne serait plus celui qui viendrait à l’esprit d’une personne chargée de qualifier ce paysage. Ou alors de mer végétale !

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Roquevaire angle nord-ouest (↑) et orangerie (↓), vus d’un drone.

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ROQUEVAIRE VU D’UN DRONE Ou comment bénéficier d’un point de vue absolument imprenable !

L’utilisation d’un drone peut être un outil qui permet de découvrir un monument sous un jour tout à fait nouveau, très différent de l’angle habituel de vision, mais qui peut aussi conduire, et cela est très tentant, à une certaine prise de liberté vis-à-vis du droit légitime à l’image.

C’est ainsi que nous eûmes la surprise de découvrir sur internet et sous Youtube, une très belle vidéo des environs de Sauve consacrée au survol du Grand Aven, de la Mer des Rochers et … du château de Roquevaire ! Cette vidéo ayant été effectuée sans aucune demande d’autorisation, bien sûr. La première réaction passée et l’ayant fait savoir à des amis, il se trouva que le fils de l’un d’eux, suite à des échanges sur leur passion commune, connaissait l’auteur de cette vidéo ! C’est ainsi que nous avons pu obtenir les coordonnés de l’intéressé.

Loin de vouloir accabler le jeune droniste Pascal Prouvot, nous lui adressâmes nos très sincères félicitations pour la grande qualité de la vidéo, assorties de quelques réflexions sur la légitimité de sa démarche ! Il en fut convenu sans aucune fâcherie ni rancune. Et même, rendez-vous fut pris quelques jours plus tard, pour une démonstration d’enregistrement de vidéos et de prises de vues à l’aide de cet appareil, sur le site de Roquevaire. L’opération s’effectua avec succès, par 3 survols de l’appareil autour et au-dessus du site. La capacité limitée des batteries n’excédant pas une vingtaine de minutes, ce furent donc trois enregistrements vidéo de la même durée et toute une série de prises de vue qui furent réalisés. Nous n’avions cependant pas convoqué le soleil qui se vexa et joua un peu aux abonnés absents ce jour-là ! Dans l’après-midi, les risques d’orage qui auraient pu être dangereux pour l’appareil, nous contraignirent à cesser les survols et à rebrousser chemin.

Pascal avec qui nous avions sympathisé, nous proposa de réaliser un montage vidéo à partir des différents enregistrements recueillis ce jour-là, par coupage, repositionnement, collage …, toutes techniques pour lesquelles il disposait du matériel ad’hoc et qu’il maitrisait fort bien.

Le résultat est absolument spectaculaire et ce sont, sans aucun conteste, parmi les plus beaux points de vue aériens dont nous pouvons disposer du château et de son environnement.

Outre d’autres enregistrements de sites pittoresques de Sauve qui auraient pu bénéficier de cette technique nouvelle, nous avions prévu d’un faire une démonstration, à l’occasion des Journées Européennes du Patrimoine le troisième week-end de septembre. L’idée était d’effectuer des survols d’enregistrement au-dessus du site à l’aide du drone et d’obtenir en direct les images sur un ordinateur portable positionné sur la terrasse du château, à l’attention des visiteurs intéressés. Notre droniste n’ayant pu se rendre disponible spécifiquement ce jour-là, l’opération de démonstration n’eut pas lieu. Elle fut remplacée par la projection en salle du montage vidéo précédemment évoqué, avec un grand succès auprès des spectateurs.

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Les deux capitelles de Jean RIEU dans Coutach.

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LES CAPITELLES "La pierre bien placée est le défi du pauvre, au temps, à la mort, à l’oubli." (François Juston).

Les capitelles sont des constructions de pierres sèches utilisant des blocs ou dalles de diverses natures : brutes, à peine ébauchées, appareillées, assemblées sans mortier à liant. Ces constructions ne sont nullement spécifiques de la zone méditerranéenne puisqu’on en trouve dans les 2/3 sud du pays à l’exception de la façade atlantique et sur 49 départements français.

Leur nom fait l’objet d’une diversité très importante : à côté de quelques dénominations vraiment génériques comme cabane en pierre sèche, chabane, tsabone, on trouve des dénominations vernaculaires comme : baracou, borniotte, cabanon, cadole, gayon, gaboureau, oustalet, des dénominations savantes comme : borie, chasalou, chibotte, gariote, orri, des dénominations fonctionnelles comme : agachon, aiguier, apié, assousta, galinière, grangeon, jas, pailler, tine … La nature du matériau utilisé est très variable : calcaire, grès, schiste, basalte, gneiss, granit, tuf, galet … sachant que : "même la pierre la plus ronde a une face plane si l’on sait bien la placer !". On y trouvait parfois des aménagements de confort : banc de pierre, cheminée, coin repos ou utilitaires : cuvon, citerne … La masse de pierres mobilisées pour une capitelle est toujours de plusieurs tonnes voire plusieurs dizaines de tonnes.

Ces constructions relèvent d’une architecture populaire, sans architecte, du fait de l’origine sociale des constructeurs et des utilisateurs. Elles entrent dans le cadre d’une architecture rurale du fait de leur implantation, de leur intégration aux aménagements de pierre sèche des champs cultivés, de leur fonction essentiellement agricole, de leur utilisation temporaire ou saisonnière. Elles constituent une architecture vernaculaire, car elles ont surgit d’un même mouvement de construction affectant diverses régions avec des décalages. Elles appartiennent à l’architecture des temps modernes : XVIIème mais surtout XVIIIème et XIXème siècle et n’ont rien à voir avec les architectures funéraires ou domestiques anciennes, comme on l’entend quelquefois.

A Sauve et sur le plateau environnant Roquevaire, on peut penser que les capitelles furent des abris de fortune en raison de leur éloignement du village, utilisés en guise d’abri temporaire de petite taille les jours de pluie ou de grand vent. Plusieurs d’entre elles, en plus ou moins bon état, demeurent. Le matériau de base utilisé est constitué de blocs de calcaire dur récupérés sur place. La technique de construction adoptée est celles de murs en assise de blocs horizontaux bruts ou à peine ébauchés, posés en appareillage plein-sur-joint, avec fruit et quelques pierres en boutisses. Le couronnement est réalisé avec des dalles encorbellées et inclinées vers l’extérieur, en paroi curviligne. Le couvrement de l’entrée est généralement un linteau monobloc. Elles étaient élaborées avec un minimum d’outillage qui s’apparente plus à celui du carrier que du maçon : pioche, barre à mine, massette, poinçon, ciseau auxquels s’ajoutaient le fil à plomb, cordeau et un instrument de transport : corbeille, brouette, traineau … L’une des capitelles présente, au sol gravée dans une pierre, un jeu de morpion, pour patienter et laisser passer le mauvais temps ?

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ROQUEVAIRE RICHESSE PATRIMONIALE et LIEU de CONVIVIALITE DES CARTES POSTALES ANCIENNES

Roquevaire côté nord ouest.

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Roquevaire côté est.

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Roquevaire, côté sud (↑) et nord (↓).

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ROQUEVAIRE SOUS LA NEIGE

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ROQUEVAIRE PAR MICHEL LAUNOIS ET VERONIQUE BOUVERAT-BAISSE

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Ciporex peint de Serge LAURENT (→).

Sculpture de Jonquet TUDELA dans la tour du Relodge, sans toit (↓).

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LE FESTIVAL D’ART CONTEMPORAIN Mer des Rochers 1990 Une association sauvaine YAKA dont le nom à lui seul traduisait tout son investissement dans ses activités (!), nous demanda d’utiliser les jardins de Roquevaire pour y disposer des œuvres du premier Festival d’Art Contemporain de Sauve dans la Mer des Rochers. Nous acceptâmes, sans demander de disposer d’aucun droit de regard sur les œuvres exposées et malgré le fait que nous ayons programmé cette année la réfection de la plus grande partie du toit du château. L’exposition fut mise en place courant juillet sur les hauteurs de la Mer des Rochers et dans l’enceinte de Roquevaire. Nous la découvrîmes, en place, début août.

A l’arrivée sur le plateau, une statue en ciporex représentant une femme noire enceinte et accroupie semblait quémander le visiteur. Plus loin, un couloir de parpaings en béton, peints de couleur bleue vive, voulait contraindre le visiteur à se formater au gabarit du passage. Sa durée de présence ne fut pas très longue ! Sur les rochers de la Mer, un ensemble de poteaux métalliques peints rappelait les totems indiens dressés vers le ciel. Une composition de lattes peintes, suspendue par deux câbles entre deux rocs, pouvait rappeler une gamme de composition musicale.

Dans l’enceinte du château et près de l’entrée, une construction métallique composite et fantaisiste dont la représentation n’a pas laissé de trace indélébile dans nos mémoires, associait des objets usuels soudés entre eux. Au démontage de l’œuvre, nous héritâmes de quelques cuillers et fourchettes peintes ! A l’intérieur de la Tour du Relodge, sans toit à cette époque, une jolie statuette de marbre montée sur une colonne, apparaissait dans l’encadrement de la porte, méditant silencieusement sur son sort. Une grande et belle tapisserie de type patchwork était suspendue sur l’un des murs d’enceinte. Sur la terrasse semi-circulaire, une construction en grillage assemblé s’étalait au sol. Nos enfants et leurs cousins, totalement incultes en matière d’art moderne, l’avaient baptisée "la baleine crevée" !

Une autre construction, un peu du même style, mais en hauteur cette fois-ci, aurait pu être le filtre d’une station d’épuration ayant retenu des choses indésirables ! Sur la terrasse principale, un bel assemblage monumental en fers soudés, cuir et pierre, s’intitulait "le guetteur". Majestueux il surveillait l’environnement, mais la proximité des matériaux de reconstruction de notre toit, posés à même le sol de la terrasse, fut trouvée peu opportune par l’artiste créateur … !

Devant tant d’imagination débridée, nos enfants se dirent qu’ils pouvaient en faire autant et à moindre frais. En quelques minutes, ils installèrent dans un angle de la terrasse, une vieille chaise au dossier de laquelle ils suspendirent le couvercle d’une vieille soupière et quelques autres ustensiles du même âge. Ils donnèrent à "l’œuvre", le doux nom de "soleil couchant".

Celle-ci fut photographiée avec humour par de nombreux visiteurs de passage. Seuls les organisateurs apprécièrent un peu moins le sens artistique de nos enfants !

La Mer des Rochers connue deux ans plus tard un second et dernier Festival d’Art Contemporain, mais nous ne fûmes pas sollicités.

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Patchwork de Francette AMIEL ( ?) sur le mur d’enceinte (↑).

"Le guetteur" de Serge MARCHAL (↓).

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Y’A QU’A …

C’était un été, il y a de cela … un certain temps ! Peut-être dans les trente et un an et quelques. Une association sauvaine, nommée Yaka (je ne me souviens plus de l’orthographe exact mais la phonétique est bien celle-ci !), avait alors décidé de réaliser une exposition d’œuvres issues d’artistes régionaux.

La singularité de ce vernissage résidait dans les lieux où les créations seraient placées. Bon nombre d’entre-elles le furent dans le village de Sauve mais d’autres virent leur emplacement choisi dans la Mer des Rochers ainsi que dans l’enceinte du château de Roquevaire. C’était une grande nouveauté pour les sauvains qui voyaient sa population accroître par le nombre et décroitre par l’âge avec l’arrivée de gens du spectacle. Il faut dire qu’en ces temps-là, la vie du petit village cévenol était assez riche en évènements particuliers comme la fête de la fourche et la non moins attendue journée médiévale qui attirait bon nombre de touristes mais également de tabarins, artistes, fantaisistes et sans-soucis. Y’a qu’à dire … euh non, y’a pas à dire, c’était drôlement chouette !

La mise en place de cette exposition dans la mer des rochers nécessita le nettoyage des chemins, déblaiement qui du coup fut par la suite plus ou moins bien poursuivi avec néanmoins le résultat que l’on peut observer en 2016 et qui donne l’envie à de multiples curieux de se déplacer dans cette nature autrefois ingrate car envahie par les arbustes spinescents et principalement par cette plante verte aux larges feuilles cordiformes festonnées d’épines. Cette liane si caractéristique de nos garrigues n’est plus, ni moins que la fameuse salsepareille. Y’a qu’à se souvenir des schtroumpfs et du fameux du cracoucass !

Nous autres, les "jeunes", nous réjouissions de cette activité nouvelle dans ces lieux si familiers et dans lesquels nous baroudions à longueur de journée en cette période. La surprise fut quand même de découvrir les fameuses œuvres d’art déposées çà et là. L’une d’elles fut placée sur la terrasse du château de Roquevaire. A en croire l’un d’entre nous, les grosses pierres qui pendouillaient sous l’espèce de trébuchet ressemblaient plus à une paire de roubignoles, ce qui, bien entendu, comme tout bon adolescent qui se respecte, nous faisait bien rire et elles étaient, par la force des choses, devenues le punchingball favori de ces jeunes hommes. Et très rapidement, une idée germa de nos esprits bien critiques : "et pourquoi ne pas faire également notre propre œuvre d’art, puisque les autres sont si originales ? Allez quoi, y’a qu’à se s’y mettre !". Aussitôt pensé, aussitôt exécuté ! Une vieille chaise, un vieux couvercle, deux-trois pierres, quelques os remontés des catacombes, un crâne d’animal et voilà notre composition prête ! Ah non il manquait le petit carton qui désignait le nom de LA production ! Et quelle joie de constater les badauds qui venaient admirer les différents ouvrages. Je vous laisse imaginer notre hilarité, aux dépens de ce public fort sérieux de leurs commentaires !!!

Christine

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L’INCONNUE DU VAL PERDU (1) Film tourné en grande partie à Sauve et à Roquevaire.

Petit poème d’un ami disparu, Jacques DAMME, inspiré par le film et écrit en février 2001 :

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L’INCONNUE DU VAL PERDU (2) Film tourné en grande partie à Sauve et à Roquevaire En août 1999, nous avons été approchés par le directeur de la production et le régisseur général de la société Flach Film désireuse d’enregistrer quelques scènes d’un film sur le site de Roquevaire, film dont une grande partie a été tournée à Sauve. Le metteur en scène était Serge Meynard. Notre acceptation a donné lieu à un contrat en bonne et due forme pour deux journées de tournage concernant une dispute entre plusieurs personnages et se soldant par la chute et la mort de l’un d’eux à partir d’un point haut. C’est ainsi que le film "L’inconnue du val perdu" a mobilisé les lieux, les 8 et 9 septembre de cette année 1999.

L’intrigue débute par une femme fuyant une clinique psychiatrique dans laquelle elle est hospitalisée, pour rejoindre un village cévenol et tenter de comprendre pourquoi et comment sa fille y a trouvé la mort 3 ans plus tôt, par un prétendu suicide. Installée un peu à l’écart du village, elle vit une relation complexe avec les gens du village parmi lesquels plusieurs personnes ont des attitudes curieuses pour ne pas dire ambigües à ses yeux. En retour une certaine suspicion émane des habitants qui ne comprennent pas les motivations de cette prétendue écrivain, venue chercher l’inspiration pour un roman noir qui rappelle trop des évènements vécus ici même ! Ses questions et son attitude intriguent et dérangent. Un inconnu dépose des indices devant la porte de son hébergement, sans se dévoiler, et permet à l’intrigue d’avancer ... Mais la suite et la fin de l’histoire ne seront pas racontées ! "Une tension exacerbée par la remarquable interprétation de Zabou [Breitman], au jeu nuancé et retenu, dans ce rôle de mère dépressive et inquiétante" (Marie-Pierre Fromentin). "Là, c’est tout en intériorité qu’elle interprète une femme à la fois froidement déterminée et fragile jusqu’à la folie. Suspicieuse, ingénieuse, douloureuse et toujours lumineuse" (Sophie Berthier). Autres acteurs intervenants : Barbara Schultz, Didier Bienaimé, Beppe Clerici …

Le site de Roquevaire et plus précisément la terrasse devant le château, avec son point de vue dégagé et sa situation en hauteur, se prêtait volontiers à la scène conduisant au drame (qui n’est donc pas un suicide, mais un accident mortel). Le château qui n’entre pas dans le scénario, n’est pas filmé. Pour les deux jours de tournage, la montée des matériaux, en particulier les caméras, de même que l’intendance, fut réalisée à dos d’ânes. La scène de la chute nécessita un doublage sécurité par un cascadeur tombant sur un matelas de l’autre côté de l’un des murs ceignant la terrasse. Nous ne pûmes assister à ce tournage du fait de nos activités professionnelles et nous aurions sans doute été écartés, en raison de certaines scènes qui nécessitaient un peu de pudeur !

En février 2001, Serge Meynard nous a écrit : "J’espère aussi (mais je sais que je le ferai !), revenir un jour dans cette sublime région".

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VESTIGES DU PASSE Vestiges fréquents ou plus rares !

Les moindres travaux affectant le sol de Roquevaire et a fortiori l’usage de détecteurs de métaux ont fait émerger des traces émouvantes d’activités ou de moment de vie passés tout à fait inattendus. Le contenu des citernes, véritables poubelles de l’histoire a déjà été évoqué par sa richesse en restes de vaisselle de cuisine, vases et autres récipients de toutes sortes.

L’usage du site comme lieu de sépulture, lui aussi déjà évoqué, a largement débordé du caveau, en particulier lorsque ce dernier s’est retrouvé en surcharge d’occupants ! C’est ainsi que les ossements humains abondent chaque fois que l’on creuse le sol tant dans la bassecour que sur les terrasses. Les détecteurs de métaux permettent de trouver fréquemment des vestiges de fragments d’outils métalliques ferreux de formes très diverses et d’usage parfois difficile à identifier. Mais d’autres objets plus singuliers ont aussi été retrouvés, révélateurs d’activités ou incidents.

Une quantité importante de crochets métalliques a été identifiée à l’aplomb du mur de la grande terrasse. On peut imaginer ici qu’il s’agit des crochets retenant et fermant les portes des bibliothèques de l’abbé Delmas, crochets devenus inutilisable suite à l’incendie. Des fragments de pipes en terre d’argile blanche : fourneaux et morceaux de tuyau parsemaient une petite terrasse au sud du château, lieu idéal pour fumer à l’aise à l’abri du vent ?

Des dés à coudre ont été retrouvés sous un vieil olivier, ainsi que de vieux ciseaux très oxydés et dégradés, ils signalent qu’une couturière avait trouvé sous ce dernier l’abri du soleil nécessaire à sa tâche. A peu près au même endroit une douille de cartouche en cuivre équipée de sa broche latérale de type Lefaucheux indique un usage du lieu comme poste de tir plus ou moins camouflé par l’arbre. A moins qu’il ne s’agisse d’une cartouche de révolver … !

Deux objets plus insolites encore furent identifiés lors du démontage d’un ancien escalier, il s’agit de deux petites masses de balance de précision en laiton, l’une marquée d’un ɣ, et d’un poids voisin de 12 grammes, l’autre d’un poids voisin de 3,5 grammes.

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LE GEANT DE ROQUEVAIRE Le géant du petit château !

Dans une revue de Cévennes magazine du 28 juillet 1974, R. Bastide rapporte une histoire qu’il avait entendu, il y avait sans doute déjà quelques années.

"Mes grands-parents habitaient dans le haut de Sauve, près du Château Russe, me contait ce vieux sauvain. Mon grand-père avait une olivette tout près de Roquevaire dans un espace entre le château et la Mer des Rochers … Un soir mon grand-père me dit : "J’ai oublié mon bigot au mazet, j’en ai besoin pour le jardin demain matin, va le chercher. On y voit comme en plein jour.

Effectivement la lune brillait de tout son éclat. Quelques nuages par-ci par-là créaient des éclipses. J’arrive, j’ouvre la porte du mazet et je prends le bigot … Je sors … Et j’en transpire encore … Mais qu’est-ce que je vois, sur la façade du château de Roquevaire ? Une grande ombre de géant qui bougeait, se courbait, se levait … Terrifié, je pris les jambes à mon cou …

J’avais treize ans et bien sûr …, on se moqua de moi.

Le lendemain, on s’aperçut qu’un grand micocoulier s’était déraciné à moitié et que sous l’effet du vent et de l’éclipse des nuages, il avait sans doute créé l’effrayante ombre chinoise.

Et c’est tante Finette qui eut droit aux reproches : "sé y contavé pa tan d’histoeres baoudjo, en aquel manit" lança le grand-père (si tu ne contais pas tant d’histoires idiotes à cet enfant) !

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LA PHOTO DE ROQUEVAIRE Du bon usage d’une photographie.

Les visiteurs nous demandant l’autorisation de photographier Roquevaire se comptent sur les doigts … d’une seule main ! D’entre les manières d’être, de faire ou d’agir, la courtoisie n’est pas toujours la vertu des mieux partagées.

Vers la fin des années 80, nous fumes sollicités par un photographe souhaitant réaliser des photos du site. L’objectif était de constituer, à la demande du Conseil Général du Gard et sur indication de la mairie de Sauve, une photothèque illustrant la diversité et la richesse de ce département : monuments, paysages … . Rendez-vous pris et muni d’un excellent équipement photographique, notre photographe réalisa toute une série de clichés sur Roquevaire. On nous communiqua l’une des plus belles photos présentant le château sous un jour original, au travers de la petite fenêtre de la Tour du Relodge.

Quelques années plus, nos parents eurent la surprise, en ouvrant leur journal quotidien, de découvrir en dernière page et dans un bon format, une photo de Roquevaire en guise d’autopromotion du dit journal, avec une formule percutante et explicite "Là où le quotidien palpite Nous sommes Là pour le dire". Jolie photo et belle formule qui ne pouvaient bien évidemment que nous flatter, même si nous n’en étions pas les destinataires ciblés ! Ayant reconnu l’une des photos de "notre" photographe, nous nous sommes interrogés sur l’usage d’un tel cliché pour une opération publicitaire privée et sur le comment cette photo avait bien pu parvenir à ce quotidien. Le dit quotidien questionné nous assura, sans état d’âme, qu’il ne pouvait savoir d’où provenaient toutes les photos qu’il utilisait ! Mais qu’en guise de "dédommagement", il nous proposait une surface d’espace publicitaire équivalente dans ce journal, à utiliser à notre convenance. N’appartenant pas à un milieu professionnel ayant besoin d’une telle publicité fugace, nous n’avons pas manifesté d’intérêt excessif pour cette formule de remerciements !

Il nous fut alors proposé autre chose : un entretien avec une journaliste du quotidien pour constituer un article à paraitre dans ledit journal. Ce qui fut dit fut fait et nous eûmes droit à deux heures d’entretien avec une journaliste spécialisée, entretien suivi d’un article de 4 pages dans le supplément hebdomadaire du journal, illustré de photos que nous avions fournies !

Ce fut l’occasion de rappeler l’histoire du château et de montrer que nous y faisions des travaux d’entretien puisque nous venions d’achever la remise en état de la toiture.

Cette même photo plût beaucoup au sénateur maire de Sauve puisqu’elle illustra le programme du deuxième Festival de la chanson française en 1990 au cours duquel se produisirent, à Sauve : André Verchuren, Adamo, Alain Bashung, Juliette Greco, Soldat Louis, Leny Escudero, Marie-Paule Belle et Patricia Kass … ! Elle servit aussi à illustrer la carte des vœux 1991 de la même personne, pour son mandat de maire à Sauve, entre une photo du Pont du Gard pour son mandat départemental et une photo du Sénat pour son mandat de sénateur !

Une photo bien valorisée !

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Pour les Journées Européennes de 2013, ce qu’il fallait voir ou revoir dans le Gard … !

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LES JOURNEES DU PATRIMOINE Journées Européennes du Patrimoine, portes ouvertes sur Roquevaire Depuis environ 25 ans nous participons à ce qui s’appelle maintenant les Journées Européennes du Patrimoine, en faisant portes ouvertes au château de Roquevaire les deux journées consacrées à la découverte du patrimoine, le troisième week-end de septembre. La procédure est maintenant assez bien rodée pour qu’elle donne satisfaction tant aux visiteurs qu’à ceux qui guident les visites.

Les préparatifs commencent tôt pour que le site soit présentable. L’opération de fauche de fin de printemps, permet d’éliminer les plantes herbacées sauvages (fauche puis ratissage et mise en compost), puisque les températures estivales ne permettent pas de repousse au cours de cette saison. L’opération suivante est celle du rangement et de la mise en état des pièces proposées à la visite, uniquement les pièces du bas, car celles du haut, sans être très difficiles d’accès rendent compliqués les croisements des flux d’entrée et de sortie, les jours de visite.

L’accès aux escaliers menant aux catacombes n’est pas permis non plus, car du fait de sa situation devant la porte d’entrée, les dites catacombes seraient très rapidement remplies !

Le matin même de ces journées est mis en place un balisage d’accès au site, à partir du centreville, à l’aide des affiches fournies par la Direction Régionale des Affaires Culturelles. Et dès 9 heures du matin parfois et ce jusqu’à 18 – 19 heures, le défilé ininterrompu des visiteurs va permettre de satisfaire la curiosité tout à fait légitime de ces derniers. Si le temps n’est pas menaçant, ce sont entre 2 et 400 personnes qui font l’effort de venir malgré la distance du village et la praticabilité moyenne du chemin. Pour répondre au besoin de savoir, toutes les heures, un exposé de l’histoire connue du château est proposé aux visiteurs assis dans la grande salle et généralement d’excellente écoute ! Il est suivi d’une séance de questions réponses, le tout sur une durée voisine de 45 minutes.

Pour les propriétaires du site, c’est la phase suivante d’échanges avec ceux qui le souhaitent, en tête à tête, qui est la plus passionnante. Elle permet d’apprendre des éléments d’histoire dont nous n’avions pas connaissance lorsque de vieux sauvains viennent raconter leurs escapades de jeunesse sur le site. Elle nous permet aussi de récolter des conseils, des avis, des recommandations, des adresses … Elle est dans tous les cas une occasion de nouer des connaissances dont certaines ont été poursuivies bien au-delà de ces journées.

En 2013, nous connûmes une affluence de visiteurs significative, dont nous ne nous expliquions pas l’origine. Ce n’est que 15 jours plus tard, que, trouvant un petit supplément du quotidien local consacré aux JEP et encore en libre-service au sortir d’un hypermarché, nous eûmes l’explication. Nous découvrîmes que le quotidien proposait une sélection de "Dix sites à voir ou à revoir" donc à ne pas manquer, pour chacun des départements de la Région Languedoc-Roussillon. Et pour le département du Gard, entre les Arènes de Nîmes, l’abbatiale de Saint-Gilles, la Chartreuse de Villeneuve-les-Avignon, le château de Sommières … était recommandé … le petit château de Roquevaire !

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Philippe, un travailleur en profond repos.

La tente des parents, Nicole et Jeannine.

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LES NUITS DE ROQUEVAIRE Nuitées disparates !

Certaines campagnes de travaux sur Roquevaire se sont réalisées avec l’aide d’excellents et fidèles amis de la région de Dijon, la famille GERMON, venus nous aider, le plus souvent en compagnie de leurs trois garçons qui avaient là, l’occasion de retrouver nos trois enfants de classes d’âge sensiblement identiques, ainsi qu’un de nos neveux, Erwan. Pour des raisons de facilité et de commodité, l’hébergement se faisait sur le site du château, même si certains repas étaient pris chez les grands-parents LOROT. Ces circonstances ont permis aux 7 enfants de bien se connaitre et de nouer des liens d’amitiés marqués par des séances mémorables de parties de belote ou de tarot, après le repas du soir, dans la grande salle de Roquevaire. Ceci sous le regard curieux des loirs qui, après examen de l’assemblée, passaient rapidement sur les murs de la voute, pour aller satisfaire leurs besoins alimentaires. Le tout sous l’éclairage vacillant de quelques bougies.

Les deux communautés : parents et enfants n’ayant pas exactement les mêmes rythmes de vie et d’activités, ne partageaient pas le même "dortoir". Les parents qui avaient besoin d’un peu de confort dormaient sous une tente montée sur l’une des terrasses, à l’abri d’un chêne vert, mais pas des scorpions, espèce baladeuse, surtout la nuit. Il était conseillé de bien visiter son "sac à viande" le soir, avant de s’y enfiler ! Couchés assez tôt suite à un travail de maçonnerie en plein soleil estival, ils n’avaient pas besoin de berceuses !

Les enfants dormaient dans le château, dans les deux pièces supérieures, sur des petits matelas de mousse posés à même le sol. L’heure du coucher était guidée par la lassitude de "taper le carton" et des rires, mais ces derniers se poursuivaient longuement dans le bâtiment.

Fatigue aidant, ils finissaient par cesser et les deux communautés pouvaient alors dormir du sommeil du juste. Les parents, confiants, étaient assurés que les enfants se reposaient enfin.

Ce n’est que plusieurs années plus tard, que la réalité fut connue. Si le silence se faisait dans le bâtiment, ce n’était pas l’endormissement qui en était la cause, mais l’absence ! Ayant patienté et attendu d’être assuré du sommeil des parents, toute la bande des adolescents quittait extrêmement discrètement le château, passant très silencieusement près de la tente, c’était la clé de la réussite, pour descendre au village faire quelques parties de baby-foot ! Et remontait de même bien évidemment ! A quelle heure ?

Les réveils du matin étaient nettement plus rapides pour les parents avec l’arrivée de la clarté du jour, que pour les enfants … Nul ne s’en offusqua beaucoup, ni ne se posa beaucoup de questions, c’était tout de même les vacances. Les petits déjeuners s’échelonnaient donc dans le temps et les activités des uns et des autres reprenaient … à leur rythme : les pères autour de leur bétonnière et de la maçonnerie, les mères autour de l’intendance alimentaire et les enfants pour donner des coups de main aux unes ou aux autres !

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Jeannine Ă la cuisine et au service.

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LA CUISINE A ROQUEVAIRE Une tache absolument indispensable !

Les travaux d’aménagement, de réfection des escaliers, des toitures … et même la remise en état des citernes laissent des traces facilement et durablement visibles, du moins de l’ordre de quelques années ou quelques dizaines d’années. La cuisine qui est indispensable chaque fois que le séjour à Roquevaire s’inscrit dans la journée, ne laisse pratiquement aucune trace visible. Mais elle perdure par ses effets biologiques puisqu’elle permet de reconstituer les forces perdues au cours de travaux parfois pénibles ! Et surtout, elle reste dans les mémoires de ceux qui ont profité des grands moments de plaisir familial ou d’amitié partagée autour d’une table et d’une cuisine adaptée au site.

Les possibilités de cuisiner à Roquevaire sont un peu limitées par plusieurs contraintes : la difficulté de disposer sous la main de tous les ingrédients nécessaires, il en manque toujours un, l’absence d’eau courante sur l’évier, l’absence de four moderne autre que celui de la cheminée … La solution est donc de préparer à l’avance des plats faciles à monter ou à réchauffer sur place si nécessaire, ce qui est le cas des salades, des pizzas, des quiches … Pour ce qui est des viandes, c’est l’utilisation de la cheminée qui a vu passer un nombre incalculable de grillades de côtelettes, saucisses, merguez, chipolatas, magrets … et autres brochettes.

La première opération est bien évidemment d’allumer un feu pour obtenir une petite heure plus tard une braise en quantité suffisante afin d’effectuer plusieurs opérations de cuisson successives, sans avoir à remettre du bois. La suivi de la cuisson nécessite de ne pas être pris par trop d’autres taches car il est bien connu que "quand c’est noir, c’est cuit" et un peu d’adresse, en particulier dans les opérations de retournement pour ne pas devoir manger une côtelette ou une saucisse assaisonnée de cendres. Enfin lorsque l’assemblée autour de la table occupe une bonne partie de la pièce, il faut être en permanence sur le qui-vive pour le bon déroulement du repas, que personne ne manque de rien, autant dans l’assiette que dans le verre.

Pour Jeannine cette fonction destinée à répondre au besoin de nourriture, mais bien plus encore à partager un moment de plaisir en famille ou avec les amis, les invités, était essentielle et incontournable. Elle s’y investissait pleinement et totalement, surveillant assiettes et verres, au risque, parfois, d’en oublier elle-même de manger. Et le repas terminé, il n’était pas question que quelqu’un d’autre qu’elle se lance dans la vaisselle, même et surtout lorsque le repas avait concerné une vingtaine ou plus de convives. Cette volonté de recevoir le mieux possible, de satisfaire les palais et les estomacs, de partager un moment de grande convivialité était des plus importante pour elle. Elle n’a absolument jamais manqué de l’assumer.

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1992 Joanny BOYAT, Georges et Jeanne LOROT.

1992 Denis, Rolland et Armand, à la découpe du méchoui.

1992 Le repas de famille.

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LA FETE DE FAMILLE 1992 Rassemblement familial festif à Roquevaire.

A partir du début des années 90, la famille Boyat prit l’habitude de se retrouver une fois par an dans un lieu chaque fois différent, aux environs du 14 juillet. 1992 fut le second rassemblement, organisé à Sauve et Roquevaire de 3 générations BOYAT (parents, enfants, petits-enfants) et la famille LOROT, présente, y participa aussi. Avec 3 personnes au niveau parents, 21 au niveau enfants et 19 au niveau petits-enfants, la fête rassembla une bonne quarantaine de personnes au maximum de la fréquentation. Avec les arrivées précoces et les départs tardifs, ce furent quatre jours bien occupés.

Le grand jour était le dimanche 12 juillet et les festivités se tinrent à Roquevaire, disponibilité en place oblige, autour d’un méchoui. La matinée vit donc une noria de porteurs reliant le village au château, monter force boissons et nourriture, pendant que le méchoui avançait sa cuisson. On crut un instant à un invité supplémentaire, car certains des petits-enfants aperçurent le fantôme des catacombes ! Mais celui-ci déclina l’invitation au repas, occupé à faire sa propre cuisine ! Le lieu se prêta ensuite à une chasse au trésor puisqu’une "poële à frire" permit de collecter force vieux clous et autres ferrailles dans l’enceinte du château.

L’apéritif joua, comme bien souvent, les prolongations, avant le repas élaboré à partir des spécialités de chacun, du méchoui, fromages, desserts. Dans ces occasions les boissons ne manquèrent absolument pas … et pour faire digérer le tout, des parties de tir à la corde, saut à la corde, béret … occupèrent différentes équipes une bonne partie de l’après-midi. La poursuite de la digestion s’effectua par une petite virée au Grand Aven de Sauve, pour ceux qui avaient encore une démarche suffisamment assurée !

Le repas du lendemain était lui aussi prévu à Roquevaire avec un effectif déjà réduit par quelques départs anticipés, dès le matin. Le menu de choix et de choc pour bien caler les estomacs, était un "chili con carne" que des candidats à un départ en tout début d’après-midi faillirent bien manger à eux tout seuls, avant le gros de la troupe ! C’est ce jour-là qu’un neveu, Philippe, testa la piqure d’un scorpion noir en s’asseyant sur une chaise prestement dépliée qui abritait dans ses replis, un animal assoupi. Le repas du soir se fit encore à Roquevaire autour d’une grillade de saucisses, en admirant un superbe coucher de soleil sur le massif de l’Aigoual. Pour accompagner les saucisses, des pommes de terre en robe des champs donnèrent l’occasion à Bernard de se faire remarquer et de laisser dans les mémoires une tirade, lancée à la cantonade du haut de la terrasse et demeurée célèbre : "Oyez braves gens, peaux de patates, peaux de lapins !" Ceci est-il révélateur de la sensibilité de certains aux boissons alcooliques ? La tirade réitérée du balcon de notre maison du village, et à l’adresse de quelques centaines de sauvains rassemblés pour le feu d’artifice, fit son petit effet !

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1992 Jean-Guy, Rolland et Pierre retrouvent leurs jouets d’enfance.

1992 Véronique et Kiki exercent leur talent.

1992 Bernard et MarieNoëlle montrent toute leur souplesse.

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1997 Anniversaire d’Armand, avec le fermier bressan.

1997 Les pieds des BOYAT

1997 La famille BOYAT.

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1997 Le lustre en place.

1997 Mise place laborieuse, par des spécialistes plus ou moins qualifiés !

1997 Allez on boit un p’tit coup !

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LA FETE DE FAMILLE 1997 Second rassemblement familial festif à Roquevaire.

En 1997 se tint le second rassemblement des BOYAT organisé à Sauve et Roquevaire, le septième du nom, du 12 au 14 juillet.

Comme en 1992, le moment fort fut la journée du dimanche à Roquevaire. La montée des ingrédients des deux repas de la journée se voulut plus moderne, avec l’utilisation d’un transporteur motorisé monté sur chenilles, dénommé depuis toujours "Poum-poum" et bon connaisseur de l’itinéraire ! Mais à lui seul cet engin ne pouvait suffire, il aurait fallu faire au moins deux ou trois voyages, donc tout le monde s’y colla. L’un d’entre nous, Gilbert, souffla beaucoup avec son … "balthazar" de 12 litres entre les mains … arrivé intact au château !

Comme à l’accoutumée un apéritif très long, marqua des anniversaires remarquables : 10 ans, 40 ans, 50 ans, suivi du repas pris sur la terrasse, à l’ombre du château, la tentative de mise en place d’une toile entre les cyprès s’étant révélée extrêmement bruyante du fait du vent. Le "balthazar" circula beaucoup et s’allégea de tournée en tournée, mais 12 litres représentent tout de même quelques verres ! A la formule de 1992 concernant les peaux ont succédé deux autres tirades du même auteur, l’une autour d’une préparation traditionnelle de ces rencontres : le "cake aux olives", l’autre adressée à un chien légèrement encombrant "j’aime pas les caniches", celui de Jeanine !

Pour marquer l’un des anniversaires, une superbe roue de charrette transformée par Pierre, fut montée à Roquevaire pour recevoir, en position horizontale, un éclairage de bougies destiné à la grande salle. Cette roue fut mise en place à l’issue du repas fort copieusement arrosé. Pour ce faire et sans échafaudage, plusieurs personnes tenaient presque verticalement une échelle au milieu de la pièce, à l’aplomb de l’anneau devant recevoir le dispositif. Plusieurs personnes, tout aussi insouciantes, mais il fallait sans doute l’être pour s’engager sur cette échelle aussi raide, entreprirent de monter sur ce support particulièrement instable qui, bien sûr, prenait de plus en plus de ballant au fur et à mesure de la montée de l’intervenant !

L’opération fut longue et fastidieuse, le côté un peu périlleux masqué par la bonne ambiance et l’inconscience ! La roue de charrette fut hissée en position, à mi-hauteur, soutenu par les chaines de trois anciens colliers métallique d’attache de vaches, surmontées d’un superbe palan tourné par Jean-Guy, en bois ! Le nettoyage des enduits de la salle, un mois plus tard, révéla que l’anneau de fixation fixé au plafond et utilisé pour soutenir le lustre, était complètement rongé par la rouille ! Sans le savoir, nous avions vraiment pris le risque de le recevoir sur la tête !

Et comme en 1992, le discret fantôme des catacombes salua gentiment les enfants, mais tint à rester dans son lieu de repos !

Le repas du soir accompagné de melon dégusté au clair de lune, il fallut redescendre. Bien heureusement le Poum-poum connaissait la route et pouvait presque se passer de mains pas très sûres !

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Pâques 2015, après le passage des cloches (↑).

Halloween 2016 (↓).

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PAQUES ET HALLOWEEN Merveilleux et fantastique.

Depuis de nombreuses années et plus exactement depuis que nos enfants sont en mesure de marcher et par la suite bien évidemment nos petits-enfants, Pâques a été marqué par la recherche de ce que les cloches de Pâques ont bien pu déposer parmi les herbes et les rochers de Roquevaire, dans la nuit ou au petit matin, nul ne sait vraiment … ! Le plus tôt possible ce matin-là, nos pas nous conduisent donc là-haut avec moult paniers, cabas, pochettes et le secret espoir que lesdites cloches n’auront pas oublié leur tâche du jour. Les toutes premières découvertes sont ponctuées de cris joyeux, ça y est elles sont vraiment passées par là. La suite est bien évidemment un ratissage en règle de tous les coins et recoins du site et plutôt deux fois qu’une, la malice ayant parfois fait déposer les fameux petits œufs dans les endroits les plus incongrus : sur un vieux mur, dans une niche, dans un réservoir, des œufs tout seuls ou bien, mieux encore, par deux ou trois, des petits, des gros parfois ! … Et lorsque l’inspection est vraiment considérée comme terminée, une opération de comptage s’impose pour savoir qui en a trouvé le plus grand nombre, qui a trouvé les plus gros, voire, mais toujours avec un peu de réticence, comment les partager équitablement, les plus jeunes ayant été moins lestes et/ou moins rapides que les ainés !

Mais c’est toujours davantage le plaisir d’avoir trouvé que celui de manger les œufs qui prévaut.

En 2016, une tout autre manifestation marqua le site de Roquevaire transformé en antre de

la diablerie ou autre repère de sorcières, fantômes, monstres et autres macchabées ! C’est ainsi que portes, lampadaires, murs … se trouvèrent emballés d’énormes toiles d’araignées, que de nombreux animaux se retrouvèrent prisonniers de ces toiles diaboliques, que des fantômes naviguaient dans les pièces entre deux airs et à l’extérieur du bâtiment, que des squelettes de pendus marquaient l’usage sinistre de ces lieux, que d’énormes rats habitaient encore ces lieux malfamés …

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Avec la famille Germon (↑).

En famille (↓).

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LES REPAS D’AMITIE Repas partagés avec la famille et les amis.

Site pittoresque, enchanteur et envoutant s’il en est un, Roquevaire fut le lieu d’un nombre incalculable de repas d’amitié partagés avec la famille, les amis … Comme pour les matériaux de construction ou de restauration, la difficulté inhérente à ce site est son accessibilité qui demande au préalable le transport sur le site : des ingrédients, des victuailles, des bouteilles de boisson … à bout de bras ou à l’aide de sacs à dos. Et lorsqu’un ou des oubli(s) est (ou sont) constaté(s) et oblige(nt) à redescendre au village, s’applique parfaitement le dicton : "quand on n’a pas de tête, il faut avoir des jambes !".

Pour les grillades, l’immense cheminée est l’outil incontournable de la cuisson. La mise en place du feu, préalable indispensable à la braise, est le grand plaisir des enfants, sous la gouverne des parents. Et même si, durant les saisons chaudes, son emploi ne fait qu’augmenter la température ambiante et enfumer autant la cuisson que le cuisinier, lorsque souffle le vent d’ouest ! Mais le pire est le four, testé une seule fois en plein mois d’août pour tenter de cuire du pain. Le principe de fonctionnement est simple : il faut chauffer la sole et les parois du four à une température suffisante pour la cuisson, évacuer toutes les cendres puis enfourner la pâte à pain. Ayant voulu tester ce petit four en parfait état, sans allumer du bois à l’intérieur, nous avions pris l’option de faire le feu à l’extérieur et d’y introduire des braises à l’aide d’une pelle, pour assurer l’opération de chauffage … Cette manière d’opérer fut la géhenne avant l’heure et la suée subie même pas récompensée par un pain acceptable !

Pour les besoins du simple réchauffage d’un plat, un réchaud à gaz résout bien des problèmes, même si l’acheminement de la bouteille de gaz au château nécessite quelques efforts.

Les citernes peuvent contenir beaucoup de liquide, c’est maintenant le cas depuis que les fuites ont été complètement jugulées, mais la suspicion concernant la qualité du contenu nous fait éviter de boire leur eau. Ceci n’est d’ailleurs pas une gêne très conséquente, puisque nous lui préférons très largement le vin !

La grande salle permet d’accueillir des tables et des convives avec aisance jusqu’à 25 personnes. Au-delà l’exiguïté du lieu se fait sentir et si le nombre est encore plus élevé, il ne reste plus que l’extérieur : sur la grande terrasse ou sous les ombrages des terrasses inférieures, avec la mise en place de tables, chaises, voiles d’ombrage en été …

Le lavage de la vaisselle doit se faire au château, avec l’eau des citernes, mais cette opération généralement peu prisée, ne refroidit que rarement la bonne volonté de ceux qui viennent de partager un bon repas et montrer, par leur participation, un peu de gratitude !

Ces repas furent autant de moments mémorables et d’excellents souvenirs, parfois consignés dans le livre d’or du château !

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Avec nos amis canadiens : Bruce, Karen, Corinna, Ned.

Avec les participants au jumelage Sauve – Brighton.

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Avec les amis du Nord, du Beaujolais, de Dijon, de Castelnau ‌

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Avant le repas, avec Pierre, Nicole, Jean-Claude, Maurice.

Après le repas ‌ la vaisselle !

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Avec les amis du monde.

Même les handicapés peuvent monter à Roquevaire !

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Familles GERMON et BOYAT : effort collectif (↑), les deux familles, le 8 août 2015 (↓).

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UN TEMOIGNAGE AMICAL Par nos très chers amis dijonnais, fidèles parmi les fidèles … !

Six heures du matin : une matinée de printemps s’annonce. Nos pensées vont vers vous et nous font penser aux odeurs de la garrigue et à la prairie de Roquevaire. Celle-ci doit être en fleurs. L’ail sauvage, les iris et toutes ces fleurs dont je ne trouve pas le nom et qui jalonnent le sentier qui va de l’orangerie au château. Nous avons aimé ces moments magiques du printemps où la végétation renaît dans ces espaces sauvages et arides, où la vie reprend après l’hiver et nous dit que malgré le temps qui nous use la vie se perpétue.

Avec vous nous avons aimé Roquevaire et les temps passés pour reconstruire ces escaliers, remonter les murs du toit du château, conforter la cheminée… Certains temps partagés ont été plus marquants.

Ces nuits passées sous une tente commune au pied du château alors que nos enfants dormaient à l’intérieur. Le lever de soleil dont la lumière tamisée à travers la toile nous éveillait tandis que l’un ou l’autre agrémentait le chant naissant des cigales avec le ronflement de son sommeil réparateur.

Autres plaisirs nocturnes, ces temps passés sur la terrasse à regarder les étoiles dans la fraicheur de la nuit. Notre folle nuit des étoiles avec le poste télé installé sur la terrasse et alimenté par le groupe électrogène dont nous avions cherché à atténuer le bruit en le plaçant à l’arrière du château. Allongés sur le sol, le dos calé par un matelas ou un rocher pour pouvoir apprécier les propos d’Hubert Reeves tout en laissant envahir nos esprits par l’immensité de la voûte céleste.

Roquevaire a été aussi un temps fort pour nos enfants qui nous apportaient leur soutien en nous approvisionnant en pierre et autres matériaux, où qui nous regardaient positionner et rejointoyer ces pierres manipulées par des générations de maçons, commentant nos efforts et indiquant que malgré notre âge qui avançait nous avions encore fière allure.

Roquevaire c’était aussi ces journées avec notre ami maçon, Jean Paul ARBLADE, venu conforter les arches de l’orangerie ; et cette virée en fin de journée au bord de la Méditerranée que Jean Paul voulait découvrir. Une baignade improvisée et l’achat de deux bourriches d’huitres que nous avons mangées, arrosées de Picpoul de Pinet, au grand dam de Nicole dont nous connaissons l’appétit pour ces fruits de mer.

Roquevaire c’est aussi la mémoire des parents LOROT dont nous prolongions l’engouement pour ce château dont ils avaient hérité. Ces repas familiaux autour de plats méridionaux : le melon des voisins, la saucisse de Sauve ou de Montpellier et la ratatouille locale. Le carré de chocolat du papy LOROT au café, la sieste dans la pièce du sous-sol avant de repartir avec un sac de ciment ou une réserve d’eau dans le sac à dos …

Voici quelques souvenirs à partager avec vous deux ce matin. En espérant qu’ils vous apporteront quelques plaisirs.

Jean-Claude et Nicole 185

Grands-parents, enfants et petits-enfants Germon et Boyat, Erwan et … Népal (5 août 2019).

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Les mêmes grimaçants ou attablés (5 août 2019).

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QUELQUES IMAGES DE PLUS

Louis FERRAND, grand-père de Maurice, avec son chien (1937), sur fond de Roquevaire.

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Heureux ? Oui … !

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Sauve par Louis-Paul DELPLANQUE (↑), Roquevaire par Jacques DANIEL (↓).

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Roquevaire par Michel LAUNOIS et Véronique BOUVERAT-BAISSE.

"Deux Dames de Roquevaire" par Lucien COUTAUD (1963).

(Tableau reproduit avec l’aimable autorisation de l’association Lucien Coutaud)

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Roquevaire par Mireille METGE.

Roquevaire par Philippe CAPELIER.

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REMERCIEMENTS

De nombreuses personnes sont intervenues pour nous aider, non pas à reconstruire le Roquevaire tel que l’avait imaginé l’abbé Henry Delmas, mais pour tenter de le préserver, avec nos faibles compétences, mais beaucoup de bonne volonté. Nous avons été aidés dans cette tâche par plusieurs groupes d’intervenants.

Le premier groupe est constitué de ceux qui ont dépensé une énergie physique immense dans toutes les étapes de réalisation des travaux : de la phase fastidieuse et pénible de montée des matériaux, du centre du village jusqu’au château, jusqu’à la phase finale de réalisation des projets, à la suite des premiers travaux de Georges LOROT. Jean-François BOYAT, Christine BOYAT, Pierre Emmanuel BOYAT, Philippe BOYAT, Jean-Guy BOYAT, Rolland BOYAT, Patrick LONGEFAY, Pierre BOYAT, Jean-Claude GERMON, Pierre GERMON, Mathieu GERMON, Jean-Yves GERMON, Jean-Paul ARBLADE, Jean-François BEAULIEU, Erwan PHILIPPE, Éric PHILIPPE, Daniel DARLE, Nicolas DARLE, Benoit DARLE, Marie DARLE, Jean-Paul ARBLADE. Le deuxième groupe est constitué de ceux qui nous aidé en nous faisant part d’informations, de connaissances, de pistes de recherche, de bibliographie …

Christophe TEISSIER, madame COUTON, Maurice FERRAND, Mario FABRIS, Hubert de VERGNETTE, Pierre CLEMENT, Henri BOSC, Pierre GERMAIN, Pierrette MOURGUE D’ALGUE, Pierre MINET, Nicolas FAUCHERRE, Vivien VASSAL, Jean BINDER, Roger SERRET, Catherine MUTELLE, Patrick LEPETZ, Yves CHASSIN DU GUERNY, Paul CHAPEL, Louis-Paul DELPLANQUE, Michèle ROUX-SAGET, Michel BURGUET, Jacques DESCHARD, André MAZET, Jean-Marie ROSENSTEIN …

Un troisième groupe que l‘on oublie souvent est celui de ceux, ou plutôt de celles qui ont apporté toute l’intendance nécessaire et leur savoir-faire pour soutenir les estomacs de ceux qui dépensaient leur énergie physique et reconstituer les énergies perdues. Mais ce sont elles qui ont su, aussi, accueillir et faire plaisir à la famille et aux amis lorsqu’il s’agissait de partager des moments de grande convivialité.

Jeannine BOYAT, Jeanne LOROT, Nicole GERMON, Denise BOYAT, Marie-Noëlle BOYAT, Patricia BEAULIEU, Gislaine ARBLADE, Isabelle LE BLANCHE …

Les photographies et les dessins sont des auteurs de l’ouvrage, mais aussi de Monique et Dante BENACCHIO, Nadine VITOLS DIXON, Jacques DAMME, Jean-Claude et Nicole GERMON, Véronique BOUVERAT-BAISSE, Michel LAUNOIS, Louis-Paul DELPLANQUE, Mireille METGE, Philippe CAPELIER …

Et n’oublions pas la jeune génération qui aime Roquevaire, qui y cherche ou a cherché des œufs pour Pâques et qui devra prendre la suite, un jour : Quentin, Raphaël, Anaïs, Tom, Lola, Swann, Nino, Clémentine, Robin …

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En hommage Ă Jeannine.