Mardi 8 avril 2014
|
NumĂŠro 67
|
CrĂŠĂŠ en 1950
|
Vendu en kiosques et par abonnement
|
Prix 4,50 CHF (TVA 2,5% incl.) - 4,00 EUR
|
agefi@agefi.com
|
RÊdacteur en chef: François Schaller
LA CRISE UKRAINIENNE TOURNE AU CHAOS
Donetsk se proclame Ă son tour indĂŠpendante
PAGE 21
JA-PP/JOURNAL — CASE POSTALE 5031 — CH-1002 LAUSANNE
DOW JONES 16245.87 16400 16350 16300 16250
-1.15%
-1.02%
LAFARGE HOLCIM DISTRIBUANT LES RÔLES
Comparaison avec l’expÊrience ABB
PAGE 3
LOURD DOSSIER HYPOTHEKA Ă€ GENĂˆVE
L’affaire prend de l’envergure PAGE 5
CONTRAT D’IMPORTANCE POUR SWISSTO12
Le point d’appui aux Etats-Unis PAGE 6
ROCHE INVESTIT DANS LE DIAGNOSTIC
Encore loin de l’effet Illumina PAGE 7
INITIATIVE POPULAIRE SUR LES SUCCESSIONS
Effets directs sur les entreprises PAGE 8
CRÉDIT MUTUEL DE LA VALLÉE DE JOUX
L’impact d’une banque locale PAGE 4
COMMODITIES FORUM CNUCED Ă€ GENĂˆVE
Nouveau malaise en France sur une fusion europÊenne LAFARGE HOLCIM. Il fallait s’attendre à une rÊaction excÊdÊe et menaçante du nouveau ministre de l’Economie. Nous ne quittons pas la France. Bruno Lafont, CEO de Lafarge et futur prÊsident exÊcutif de l’entitÊ fusionnÊe avec le groupe suisse Holcim a dÝ se justifier hier à Paris lors de la confÊrence de presse prÊsentant les dÊtails de l’opÊration donnant naissance au numÊro un mondial du ciment. Même si le siège du groupe LafargeHolcim sera basÊ en Suisse, Bruno Lafont a fait valoir que le groupe disposerait de centrales en France, que son centre de recherche serait basÊ à Lyon et que son titre resterait cotÊ à Paris. Il rÊpondait ainsi au malaise suscitÊ par cette annonce en France. Lafarge est le dernier en date de plusieurs grands groupes français
cotÊs au CAC 40, comme Airbus Group (ex-EADS), Gemalto ou ArcelorMittal, dont le siège sera basÊ à l’Êtranger. Il y a quelques mois, Publicis dÊcidait d’implanter à Amsterdam le siège de la future entitÊ qu’il formera après sa fusion avec Omnicom. Et samedi, on apprenait que SFR passait sous le contrôle du holding international Altice (via Numericable), dÊtenu par le rÊsident genevois d’origine franco-israÊlienne Patrick Drahi. L’Union des industries et mÊtiers de la mÊtallurgie français a relevÊ la très forte fiscalitÊ française qui encourageait ces opÊrations, exigeant des allègements. De son côtÊ, Arnaud Montebourg, ministre français de l’Êco-
BLOOMBERG
SMI 8405.10 8445 8430 8415 8400
BRUNO LAFONT. Futur CEO français du groupe cimentier en formation: Nous ne quittons pas la France.
nomie, a appelÊ à la vigilance sur la prÊservation du niveau d’investissement et sur le maintien absolu de l’emploi. Ajoutant que la naissance d’un tel leader mondial devait se traduire par le plus de gain possibles pour la France.
Les syndicats suisses et français s’interrogeaient, eux, sur les rÊpercussions pour l’emploi. Les deux groupes ont en effet indiquÊ qu’ils cÊderaient entre 650 millions et un milliard d’euros d’actifs pour se conformer aux règles des autoritÊs de concurrence (la Comco n’interviendra pas en Suisse, les activitÊs de Lafarge Êtant trop limitÊes). Sur les marchÊs actions, les deux titres on progressÊ hier dans le sillage de vendredi après l’annonce des premiers signes de fusion par Bloomberg. Sur le Swiss Exchange, Holcim a clôturÊ en hausse de 1,62% à 81,50 francs. Lafarge a clôturÊ à + 2,6% (65,74 euros) à Paris. PAGES 3 ET 9
La transparence qui s’impose PAGE 8
ÉDITORIAL PHILIPPE REY
CONFLIT DE LA PROVIDENCE À NEUCHÂTEL PAGE 7
La privatisation est une hantise
MARTIN SCHOLL. Le prÊsident exÊcutif de la Banque Cantonale de Zurich (BCZ) ne pourra pas recourir aux bons de participation pour Êtoffer le capital du groupe. Comme vient de le faire la BC de Thurgovie par son entrÊe en cotation. Le Grand Conseil zurichois a même supprimÊ lundi cette possibilitÊ. Par crainte d’une privatisation rampante. Mais la dÊcision de rehausser le capital de dotation a ÊtÊ diffÊrÊe d’une semaine. PAGE 4
Deutsche Asset & Wealth Management
.o'WTQRG RQTVG UGU Ă…VQKNGU UWT UQP FTCRGCW 0QWU NGU CXQPU FCPU NG RQTVGHGWKNNG Investissez dans le fonds 5 ĂŠtoiles DWS Invest 6QR 'WTQNCPF .% +5+0 .7 YYY FGCYO EJ
Deutsche Asset & Wealth Management regroupe les activitĂŠs de IGUVKQP FGU CEVKHU GV FW RCVTKOQKPG GÉĽGEVWĂ&#x2026;GU RCT NC &GWVUEJG $CPM QW NoWPG FG UGU ÉŚNKCNGU .G HQPFU OGPVKQPPĂ&#x2026; GUV WP HQPFU FG FTQKVU NWZGODQWTIGQKU SWK DĂ&#x2026;PĂ&#x2026;ÉŚEKG FoWPG CWVQTKUCVKQP FG FKUVTKDWVKQP GP 5WKUUG .GU RTQURGEVWU FG XGPVG GV NGU KPHQTOCVKQPU destinĂŠes aux investisseurs comportant les avertissements sur les risques peuvent ĂŞtre obtenus gratuitement auprès de Deutsche Asset Management Schweiz AG, Hardstrasse 201, 8005 ZĂźrich, QW CWRTĂ&#x201E;U FW DWTGCW UWKUUG FG NC &GWVUEJG $CPM 5WKUUG 5 # Âź )GPĂ&#x201E;XG GV FG NGWTU ÉŚNKCNGU Âź <WTKEJ GV Âź .WICPQ Â&#x2026; /QTPKPIUVCT +PE 'VCV ÉŚP CQĂ&#x2014;V 6QWU FTQKVU TĂ&#x2026;UGTXĂ&#x2026;U
Lourde hypothèque concurrentielle Les arguments prĂŠsentĂŠs hier par les prĂŠsidents des groupes cimentiers Holcim et Lafarge relèvent dâ&#x20AC;&#x2122;une certaine rationalitĂŠ prĂŠvisionnelle. La perspective permettant de former un groupe Ă lâ&#x20AC;&#x2122;avantgarde de lâ&#x20AC;&#x2122;industrie des matĂŠriaux de construction, la complĂŠmentaritĂŠ gĂŠographique des portefeuilles, la crĂŠation de la meilleure plateforme de croissance de lâ&#x20AC;&#x2122;industrie du ciment, ainsi quâ&#x20AC;&#x2122;une nouvelle proposition de valeur, grâce en particulier Ă lâ&#x20AC;&#x2122;innovation Ă plus grande ĂŠchelle. Tout cela semble tout dâ&#x20AC;&#x2122;un coup irrĂŠsistible. Cette fusion bĂŠnĂŠficiera Ă lâ&#x20AC;&#x2122;ensemble des parties prenantes, entre autres les salariĂŠs. Elle a ĂŠtĂŠ mĂŠticuleusement prĂŠparĂŠe, avec le concours des meilleurs banques dâ&#x20AC;&#x2122;affaires. LafargeHolcim veut relever les grands dĂŠfis de lâ&#x20AC;&#x2122;urbanisation dans le monde en
rattrapage, devenir la rĂŠfĂŠrence en matière de dĂŠveloppement durable. Cette fusion apporte ĂŠgalement une nouvelle perspective aux actionnaires, au plan de la gĂŠnĂŠration de trĂŠsorerie, de lâ&#x20AC;&#x2122;emploi et rendement de capital. Lâ&#x20AC;&#x2122;opĂŠration combinant Ă la fois le savoir-faire industriel avec lâ&#x20AC;&#x2122;ingĂŠnierie financière apparaĂŽt comme un modèle du genre, Ă lâ&#x20AC;&#x2122;image par exemple de la fusion Ă la fin des annĂŠes 1980 dâ&#x20AC;&#x2122;Asea en Suède et de Brown Boveri en Suisse, qui a donnĂŠ ABB. Ce qui semble parfait sur le papier ne lâ&#x20AC;&#x2122;est pas toujours dans la rĂŠalitĂŠ. Surtout en ce qui concerne les synergies identifiĂŠes. Dans le cas de LafargeHolcim, les cessions dâ&#x20AC;&#x2122;actifs risquent de sâ&#x20AC;&#x2122;avĂŠrer plus ardues que prĂŠvu, car elles sont ciblĂŠes sur les marchĂŠs dĂŠveloppĂŠes. Alors quâ&#x20AC;&#x2122;elles
seront limitĂŠes sur les marchĂŠs ĂŠmergents. Les autoritĂŠs de rĂŠgulation vont certainement se montrer très strictes. On se souvient encore de lâ&#x20AC;&#x2122;ĂŠchec de la fusion entre Schneider et Legrand, après une offre publique dâ&#x20AC;&#x2122;ĂŠchanges en 2001. On sait aussi Ă ce sujet que les autoritĂŠs de concurrence (la commission europĂŠenne) peuvent ĂŞtre condamnĂŠes Ă payer en cas de blocage injustifiĂŠ. Si les deux cultures dâ&#x20AC;&#x2122;entreprise paraissent analogues, elles devront ĂŞtre mariĂŠes pour reprĂŠsenter un nouvel ensemble homogène. Ce qui ne va pas de soi. En lâ&#x20AC;&#x2122;occurrence, les racines europĂŠennes avec une culture internationale reprĂŠsentent un atout. Du moins peut-on le prĂŠsumer. Lâ&#x20AC;&#x2122;exĂŠcution sera de toute façon dĂŠterminante pour cette aventure chargĂŠe dâ&#x20AC;&#x2122;attentes.
Taille humaine avec rĂŠactivitĂŠ Un groupe de gestionnaires suisses vient de se rendre Ă Gibraltar pour se faire une idĂŠe du potentiel dâ&#x20AC;&#x2122;ĂŠchanges et de complĂŠmentaritĂŠs. NICOLETTE DE JONCAIRE
Forte de services financiers bien structurĂŠs, dâ&#x20AC;&#x2122;une fiscalitĂŠ clĂŠmente et de son appartenance Ă lâ&#x20AC;&#x2122;Union europĂŠenne, Gibraltar estime pouvoir offrir des avantages non nĂŠgligeables Ă une communautĂŠ de gĂŠrants suisses qui cherche de nouvelles solutions. Le ministre en chef, Fabian Picardo, et celui des services financiers, Albert Isola, ont mis en avant la conformitĂŠ du territoire Ă la règlementation europĂŠenne et le potentiel quâ&#x20AC;&#x2122;il est susceptible dâ&#x20AC;&#x2122;offrir en matière dâ&#x20AC;&#x2122;accès au passeport europĂŠen. La force de Gibraltar rĂŠside dans
le soutien fort que son gouvernement apporte Ă un secteur financier qui reprĂŠsente 20% du PIB. Sa petite taille lui permet une très grande rĂŠactivitĂŠ et son autoritĂŠ de rĂŠgulation se veut rigoureuse mais reste accessible aux acteurs du marchĂŠ et cherche Ă ĂŠviter toute bureaucratie inutile. Gibraltar offre le passeport financier vers les ĂŠtat-membres de leur choix au sein de lâ&#x20AC;&#x2122;Union, en application des directives MiFID et MiFID II qui mettent lâ&#x20AC;&#x2122;emphase sur la domiciliation du gĂŠrant. Dans ce domaine, Gibraltar a construit une offre appropriĂŠe et des services qui permettent aux gĂŠrants non-europĂŠens de former dans de bonnes conditions une structure conforme Ă MiFID avec plusieurs solutions disponibles. La crĂŠation dâ&#x20AC;&#x2122;une sociĂŠtĂŠ localisĂŠe Ă Gibraltar est facilitĂŠe par des prestataires spĂŠcialisĂŠs qui gèrent la procĂŠdure administrative, se faisant fort dâ&#x20AC;&#x2122;obtenir rapidement les autorisations
nĂŠcessaires. Les structures MiFID sont relativement peu couteuses et bĂŠnĂŠficient dâ&#x20AC;&#x2122;un soutien local fort en termes dâ&#x20AC;&#x2122;administration des fonds, dâ&#x20AC;&#x2122;ouverture des comptes, dâ&#x20AC;&#x2122;exĂŠcution des transactions et de comptabilisation. Une fois la sociĂŠtĂŠ ĂŠtablie, le passporting vers les pays cibles de lâ&#x20AC;&#x2122;Union europĂŠenne devient une simple formalitĂŠ. Un gĂŠrant peut aussi utiliser des structures MiFID existantes sur place. Auquel cas, son rĂ´le sera celui de conseiller financier associĂŠ Ă des produits commercialisĂŠs par la structure gibraltarienne, ce qui lui permet le marketing dans lâ&#x20AC;&#x2122;Union.
Gibraltar a dĂŠjĂ achevĂŠ la rĂŠforme de la fiscalitĂŠ exigĂŠe par lâ&#x20AC;&#x2122;UE. Le taux dâ&#x20AC;&#x2122;imposition des sociĂŠtĂŠs y est faible. Celui des revenus personnels aussi. La place ne connait ni taxation sur les gains en capital, ni impĂ´t sur la fortune ou lâ&#x20AC;&#x2122;hĂŠritage. Pas plus que les droits de timbre, la retenue fiscale sur les dividendes ou mĂŞme la TVA. PAGE 5
LES STRUCTURES MIFID BĂ&#x2030;NĂ&#x2030;FICIENT Dâ&#x20AC;&#x2122;UN SOUTIEN LOCAL FORT.
9HRLEMB*jeiaae+[M\K\A\B\F
Action syndicale contre la Suisse