ISSN : 1998-0612
La statuaire du Byèri Un emblème de l’art traditionnel fang Alphonse NDINGA NZIENGUI Institut de Recherches en Sciences Humaines-CENAREST, Gabon
Résumé Tradition par excellence des Fang de l’Afrique Centrale, le Byèri est vécu d’une part comme un culte rendu aux défunts, et correspond, d’autre part, à un art sculptural représentatif des mêmes ancêtres. De par cette double fonction, il est porteur de cette conception de l’art qui rend indissociable la fonction sociale et la dimension plastique. Il affirme ainsi la condition universelle de l’homme par le biais d’une marque esthétique qui est aussi l’affirmation d’une identité singulière. Art de la statuaire, il propose dans son esthétique intrinsèque, une méditation générale sur l’homme, en même temps qu’il se présente comme le miroir de la culture fang, l’empreinte révélatrice de son identité spécifique. Mots-clés : Byèri, Fang, statuaire, culte, art, esthétique.
Abstarct Great tradition of Fang tribe of Central Africa, Byèri is, on one hand, a worship cult to the deceased, and corresponds on the other hand, to a representative sculptural art of the same ancestors. Due to this double function, it carries this conception of art which makes inseparable the social function and the plastic dimension. It asserts the universal condition of mankind by means of an aesthetic mark which is also the affirmation of specific identity. Art of the statuary, it proposes in his intrinsic aesthetics a general mediation on mankind, and at the same time, it appears as the mirror of the Fang culture, the revealing imprint of specific identity. Keywords: Byèri, Fang, status, cult, art, aesthetics
0. Introduction Il y a quelques années, parler de l’art traditionnel négro-africain, revenait à réduire ses productions à de grossiers objets de culte, à de grossières idoles associées à de non moins répugnantes cérémonies de magie noire ou de sorcellerie. Aujourd’hui, les spécialistes en Arts Premiers, que ces derniers soient océaniens, ou africains, s’accordent à dire que des jugements hâtifs ont été émis sur ces objets essentiels du patrimoine culturel mondial, que ces objets ont été frappés de préjugés discriminatoires1. Non seulement les 1
Les récits des explorateurs et des administrateurs coloniaux se recoupent dans leur perception péjorative des arts traditionnels qu’ils découvraient. Louis Perrois confirme cette tendance dans les termes suivants : « Les Européens, à cette époque, ne voyaient pas dans ces sculptures, parfois entraperçues, des réalisations dignes d’une réelle attention : ces objets étaient, tout au plus, des ébauches maladroites, sans formes abouties ni ressemblance, qui prouvaient bien les capacités limitées et quasi infantiles de leurs auteurs ». Louis Perrois, in Fang, Milan, Editions 5 Continents, 2006, p. 29. © Les Editions du CENAREST B.P. 842 Libreville (Gabon) E-mail : editionscen@cenarestgabon com
ScienceSud N°2, Année 2009
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