Photographer - Patrick gauthey

Page 1

LA CÔTE D’AZUR

A LA LUMIERE DE SES REGATES


La COTE D’AZUR…. Un lieu emblématique, chargé de symboles, qui fait rêver le reste de la planète. Malgré l’éclosion aux quatre coins du monde de paradis artificiels, la Côte d’Azur reste, dans la conscience collective, l’un des lieux les plus prestigieux et les plus glamours. Ici, le luxe se conjugue avec convivialité. Nos racines latines, l’Italie toute proche, s’accordent au standing de la Dame Angleterre. On pense au collier de perles de la reine qui illumine notre belle promenade des Anglais, à notre Festival du Film sur la Croisette, à notre Principauté et son illustre rocher, au soleil, à la plage, et au dénominateur commun de toutes ces entités : la grande bleue. A l’échelle mondiale, c’est une fois de plus avec les eaux britanniques que nous partageons les plus célèbres compétitions marines que sont les Régates. Vous connaissez les Régates, ces compétitions de voiliers auxquelles il est si difficile de participer. Ce sport qui condamne les supporters à rester à quai. Frustrés que vous êtes, sur les ports, amassés, tendant le cou dans l’espoir de voir quelque chose, un bout de coque, un morceau de voile, lassés par ces séries de mauvais clichés qui ne vous permettent pas de vous faire une idée de ce qui se passe en mer. Photographies identiques : un soleil au zénith, des voiles trop blanches, une mer trop sombre. Mais ce livre, que vous tenez, trésor visuel, entre vos mains, va vous permettre un voyage unique. Nous allons vous faire rêver, vous emmener là où jamais vous ne pourrez aller. Des endroits, où, en dehors des grands aventuriers, seuls les photographes chevronnés ont accès.

Cher lecteur, montez à bord, nous vous emmenons découvrir Lumières sur les régates de la Côte d’Azur Ces photographies, petits miracles de Patrick Gauthey, nous permettent enfin de voir les Régates. Par un jeu (ô combien compliqué) de lumière transposée, les classiques clichés sont obsolètes. Enfin, on peut rendre beau, au-delà de l’exploit sportif, ces tableaux de voiliers, de skippers, d’équipage, de sponsors, de courses, de gagnants, de perdants, de danger, de blessés, d’espoir, de désillusion. Rendre beau, c’est-à-dire transcender, s’amuser avec les couleurs, la lumière, l’attraction terrestre. Transformer la photo sportive en photo artistique.


Nous allons suivre ensemble le circuit classique des régates méditerranéennes. Nous commencerons par celles de Monte Carlo, les glorieuses responsables, puis les affables de Nissa La Bella, les sportives Antiboises, les Royales de Cannes, pour terminer par les plus extravagantes d’entre elles, les Voiles de Saint-Tropez. Tout un programme le long du littoral, au gré des conditions climatiques et de votre propre humeur. Souhaitons qu’elles soient toutes clémentes à une belle sortie en mer. Ouvrez vos yeux, vos sens et laissez-vous embarquer…

PREFACE Construire la mer, c’est bien sûr l’aimer, c’est aussi ce qui se fait de mieux pour la vivre pleinement. Grâce au savoir faire, à la rigueur, au souci de perfection, et à la passion des artisans, marins et armateurs, un siècle d’histoire se retrouvent mis à l’honneur sur l’eau, mettant en lumière notre patrimoine maritime. Ils font revivre les plus belles pages de l’histoire du yachting en mettant en avant la navigation à l’ancienne avec des yachts d’exception.

La photographie marine participe à l’élévation des métiers de la mer et à sa mise en valeur. Le photographe s’inscrit dans la préservation de ces unités uniques, en aidant à la préservation et au respect de l’esprit et des valeurs, perpétués de génération en génération, afin d’éviter qu’ils ne tombent dans l’oubli. La photographie permet de sensibiliser le public sur l’importance de sauvegarder ce patrimoine dont les gens de la mer sont les gardiens et les garants. Elle permet de partager un moment d’histoire, d’accompagner, le temps d’une escale, sur le long périple de la vie et le transmettre intact aux générations suivantes. Tel est le devoir des photographes marins. Il en va de la survie des yachts de tradition, uniques, témoins vivants et navigants de notre histoire maritime. Gilbert Pasqui Charpentier Naval Chevalier des Arts et Lettres


IMPERIA Les régates d’Imperia nous plongent au cœur de l’empire romain. Les courses de chars étaient sans conteste le sport roi des premiers jeux olympiques. A l’époque déjà, au milieu du Cirque de sable, étaient parsemés des bassins d’eau non seulement pour abreuver les attelages mais aussi pour asperger les chevaux et les cochers en pleine action. La Spina, épine dorsale de la course, était surplombée de majestueuses sculptures de dauphins qui annonçaient le nombre de tours effectués par les concurrents en lice. Ainsi, dès son origine, l’idée de course, de vitesse, de noblesse était symbolisée par un animal aquatique, et pas n’importe lequel, celui qui suit, en meute, le sillon des bateaux, comme pour signifier à ces embarcations, qu’ils sont faits de la même écorce : l’écume de l’eau. Ces chars de course auraient-ils donc été destinés à évoluer sur l’eau ? La terre battue a fait place aux tumultes des vagues pour résister aux passages répétés des chars. Les auriges et agitators d’aujourd’hui conduisent des navires d’une telle majesté qu’ils n’ont rien à envier aux acteurs sportifs de l’époque. En témoigne les sublimes ketchs de la dynastie Fife spécialisée dans la construction des yachts de prestige. A Imperia, on peut justement admirer Eilean, « petite île » de 22 mètres de long, qui a retrouvé la mer grâce à son nouveau propriétaire, Angelo Bonati, illustre horloger italien (Officine Panerai).

Cet inconditionnel de la voile d’antan a mis tout son savoir-faire d’expert de la Marine Royale Italienne au service de sa restauration. Le résultat est spectaculaire, un véritable tour de force. Regardez-la passer, admirer son authenticité préservée, sa perfection. Eilean, c’est la dolce vita sur l’eau. Mais les régates d’Imperia ont lieu au cœur de l’hiver, elles subissent donc souvent le courroux du ciel. Mais l’orage ne gronde pas en Italie, il chante. Les éclairs du ciel répondent aux éclats des vagues. Le chant de la mer, en belle soprano, accompagne en accord parfait le son grave du peuple italien comme un chœur de ténors embrasé d’amour pour elle. On ne parle pas simplement d’amour de la mer en Italie mais de passion, de tourmente. Imperia est un véritable opéra, un hymne à la mer.





MONACO Les régates de Monaco sont à l’image de la Principauté : somptueuses et raffinées. Le doux vent d’Est, face à cette élégance princière, souffle juste ce qu’il faut sur le plan d’eau de la Principauté pour être favorable à la navigation. Le bateau phare de ces cavalcades maritimes est TUIGA, un pur sang bleu dont on a fêté l’anniversaire des 100 ans l’année dernière. Il est beau, racé et fait la fierté de la cour. Un récent petit check-up l’a rendu plus léger : un nouveau mat, une nouvelle quille. Un voilier amiral à la tête de plomb. La combinaison parfaite entre tradition et performance. A Monte Carlo, c’est la crème que l’on voit sur l’eau. De petites régates sont organisées pour les banquiers, les assureurs et l’élite de Monaco dans une ambiance sportive et festive. Après la course, la paisible houle de la mer est remplacée par les pétillantes bulles de champagne aux différentes soirées de galas princiers. Les festivités monégasques sont célèbres dans le monde entier pour leur magnificence. Le Yacht Club de Monaco accueille des personnages célèbres et « La Belle Classe » est de rigueur tout au long du jubilé : préservation du patrimoine, respect de l’étiquette et de l’environnement. Car porter la couronne, au-delà des réjouissances, implique des responsabilités. Et s’il est bien une population qui traditionnellement en a conscience, c’est celle du grand rocher. Princes et Princesses ont toujours eu à cœur les grandes causes.

Et quand on parle de régates, on parle aussi de respect de la mer. En témoigne l’internationalement reconnu Musée Océanographique de Monaco, construit en front de mer, premier spectateur de ces compétitions marines. L’esprit est au développement durable et à l’écologie. « Connaître, aimer, protéger les océans » telles sont ses missions. N’oublions pas que le Prince Albert 1er était marin et pionner de l’Océanographie. Il est l’un des premiers à avoir mis en lumière l’importance des relations entre les êtres vivants et leur milieu, et aussi l’influence des grands phénomènes naturels, et aussi l’influence de l’Homme… L’homme et la mer. Tant d’encre a coulé. Et la mer, qu’est-ce qu’elle nous dit la mer ? De cesser de la trainer dans cette boue noire. De cesser de la mettre à sac, surtout s’il est de plastique ! On ne vous parle pas que de belles images mais de tout ce qu’elles impliquent aussi. C’est certainement l’esprit de cour qui nous rend si noble… Tel est l’héritage idéologique de la Principauté et des ses glorieuses et responsables régates.












NICE C’est justement en accord avec le Yacht Club de Monaco que tous les deux ans, Nissa la Bella sort les voiles. Elle est imprévisible comme toutes les niçoises. Son bassin connaît bien des surprises, au gré de ses humeurs : un coup de vent d’est ou de Mistral et là voilà toute retournée, voire déchainée. Petit démon au cœur de la baie des anges, elle emporte le cœur de générations de pêcheurs. Elle les allume de ses lumières d’azur, met de l’ordre dans ses Palmiers, se pare d’un somptueux Negresco et, à la nuit tombée, sort le grand jeu, en enfilant sa parure étincelante, son collier de perles sur la Promenade des Anglais. Les avions et les oiseaux lui tournent autour comme autant de soupirants. Mais elle n’a d’yeux que pour le bleu de la mer qui la fait complètement chavirer. Elle l’attend. Ce côté vieille ville n’a rien pour déplaire au grand large. Il aime ses couleurs chaudes et dorées et plus que tout l’ovale de son visage.

C’est en effet cette vaste baie face au Vieux-Nice qui permet d’organiser de grandes régates internationales comme la Louis Vuitton Cup, de Nice à Istanbul. Les organisateurs souhaitent assurément renouer avec la tradition d’événements de prestige en invitant les meilleurs équipages mondiaux. L’épreuve des régates niçoises est d’ailleurs inscrite au calendrier de l’Association Française des Yachts de Tradition entre les Régates d’Imperia et les Régates Royales de Cannes. Mais ses envies de grandeur n’empêchent pas Nice de rester une compétition très conviviale où l’on assiste à un défilé très éclectique : on peut y croiser des ferries qui partent vers la Corse, des pointus qui rentrent à quai ou retournent sur Villefranche ou Cagnes sur Mer, des bateaux de plaisance, des navires de la marine nationale, chacun respectant l’autre. Une sorte d’équilibre, de respect des forces naturelles de chacun, sans prisme de grandeur, de poids, de beauté, ou de sexe qui viendrait interférer l’arbitre. Car s’il est un sport égalitaire, c’est bien celui des régates. Nul ne sera étonné de voir une femme aux commandes de dix hommes ! Sur l’eau, la femme est un homme comme les autres.















ANTIBES Antibes est la première épreuve de la saison. Les remparts de la ville jouent de leur forteresse. Ici, c’est le sport avant tout, la confraternité dans un esprit d’authenticité. Les big boats se font rares, les régates antiboises sont une compétition de marins, admirée et respectée de tous. Tous les adversaires, parés de leurs armures, profitent de cette ouverture des régates azuréennes pour se mettre en jambe. Le cœur ardent du premier combattant qui lutte avec la mer, qui lutte contre le vent. Il faut se battre. Le régatier est en sursis. Imaginez des Formules 1 quittant leur circuit balisé, lâchées en pleine mer, ballottées au gré des vagues et des bourrasques. Un engin de mort au cœur de la tourmente. Comme dans tout sport de combat, parfois il y a des tués, des disparus. Bilan amer.

D’où l’importance de l’unité. Le skipper est le cerveau relié à ses membres d’équipage. Chacun est un organe vital. Chacun a sa propre tâche et doit réagir aux impulsions de la tête pensante dans les 10 secondes. On doit suivre le rythme, alors on chante pour suivre la cadence, pour oublier les mains qui brulent, la corde qui s’y greffe, le sel qui fouette, qui s’incruste dans le visage, la peau qui craque, la peur au ventre. On appréhende le choc. Contre un mur d’eau. Contre une autre coque. Puis vient une éclaircie, comme le calme après la tempête, la lutte prend fin. Les concurrents rentrent au port, fiers et majestueux. Gardant secret le tumulte de la bataille, du corps à corps avec la mer, précieusement dissimulé au fond des cales. Arrivés à quai, le pied posé à terre, les opposants deviennent frères. L’ambiance d’après-course des régates d’Antibes est très conviviale, on se retrouve comme des gosses autour de leur première bière, l’esprit est bon enfant. Le but est de gagner mais il n’y a pas de mauvais perdants. Tous se passent un bôme cicatrisant sur les plaies du corps ou de l’amour propre. On fait la fête, ensemble, laissant les nuages pommelés parsemer le ciel, la mer gronder sur le Cap d’Antibes et la Baie de Cannes scintiller à l’horizon.







CANNES La ville des régates. La place forte du combat naval et du grand spectacle. Ici les régates sont « Royales ». Quand une compétition maritime se prépare sur le littoral de la capitale internationale du Cinéma, on ne peut s’empêcher de se croire dans un film. Le décor est fabuleux, la vue sur la Croisette et ses îles est fantastique. Chacun enfile ses habits de parade : le soleil habille de lumière les palaces blancs ; les costumes marins sont de rigueur pour les acteurs comme pour les figurants. De toutes les régates, c’est celle qui a le plus d’allure. En jupe, à la cape, quelles que soient les nuances de couleurs jusqu’au safran, quelle que soit la marque portée mais toujours des plus prestigieuses, elle ne connaît pas la risée et rayonne de son éternel succès. Les spectateurs viennent en masse voir ces bateaux de légende. Cannes, c’est l’endroit où il faut être pour tout régatier.

Les J2 donnent la réplique aux vieux gréements pendant qu’en arrière-plan les Dragons nous offrent un spectacle sportif. La mise en scène est grandiose, mais le hors-champ n’est pas sans risque, ni pour l’équipage, ni pour le matériel. Ici, pas de doublure, ni de cascadeur. Chacun est héros de sa propre vie ou de sa propre mort. Chacun se donne à fond, on vient ici pour gagner et laisser son nom gravé dans la roche côtière. Après l’épreuve, on aime narrer et raconter les récifs, c’est le temps du champagne et des récits. Les mots d’ordre sont honneur, respect et sport. C’est la visite du Capitaine Némo au Festival du Film. On parle autant technique et tactique qu’étique. Les marins ont la mer verte. On ne plaisante pas avec l’avenir de la planète, le respect de la nature et la sauvegarde des océans. A Cannes, ça brille mais sérieusement.







SAINT-TROPEZ Saint-Tropez est sans conteste, la régate la plus prisée. Elle fait sa star. D’ailleurs, on ne parle pas de régates mais de « Voiles de SaintTropez ». Peut-être est-ce parce qu’il y a plus de bateaux que de régatiers ? Car la folie des grandeurs est de mise. Les skippers ont la lourde responsabilité de naviguer entre toutes les embarcations qui se bousculent pour voir, au risque de toucher, l’une de ces majestueuses régates. Les bateaux de promenades, dans le sillage des voiliers, empêchent les équipes de manœuvrer et les photographes de photographier. La tête tourne autant que les hélicoptères autour de ce rassemblement de plus de 300 yachts parfois ! C’est un fabuleux mélange de moderne et d’ancien, de bois et de haute technologie qui s’agite dans l’écrin de la baie, surplombé par un grand solitaire figé: le clocher de Saint-Tropez qui rythme les épreuves. On ne peut qu’admirer ce panorama de voiles et de couleurs pastels propre à la palette tropézienne. Fidèle, le vent est toujours présent qu’il soit simple brise ou mistral gagnant. Autre complices constants, les magnums de champagne et les nombreuses célébrités qui transforment les fins de parcours en soirées souvent torrides. Certains marins en costume de pirates y perdent leurs âmes…

Dans les Régates de la Côte d’Azur, Saint Tropez, c’est une ambiance, une marque de fabrique. C’est le monde impitoyable des paillettes, car les enjeux de la terre ferme sont aussi importants que ceux joués en mer. A quai, se signent les contrats. Les équipages sont pour la plupart des VIP composés de propriétaires des bateaux et de leurs clients. Des millions d’euros sont en jeu. Les vrais gagnants sont les propriétaires qui troquent aux skippers leurs médailles contre de belles montres luxueuses. Mais en mer, les marins restent les maitres à bord. La régate est un loisir qui s’adresse aux grands sportifs. C’est un jeu d’adresse qui nécessite des compétences techniques. Fins stratèges, les skippers doivent tenir compte de données qui varient sans cesse, en fonction des autres concurrents, du plan d’eau, du vent, des effets des courants, de la mer. Maitriser son navire, maitriser son équipe, maîtriser la météo, maitriser les particularités du plan d’eau, autant dire que gagner se résume à faire le moins d’erreurs possibles.




Vous l’aurez compris, bien que les Régates, à la lumière de la Côte d’Azur, conjuguent convivialité et prestige, l’esprit du sport reste supérieur aux enjeux lucratifs. Et l’on observe, d’année en année, une augmentation de l’intérêt et de l’investissement pour les causes environnementales et écologiques. Car il est un devoir pour chaque marin de préserver l’essence-même de la régate : le jeu, le respect de la mer et la tentation du danger. Une dernière pensée de l’auteure pour ces hommes et ces femmes fascinés par la mer, au péril de leur vie : Arrêtez le temps. Laissez-moi voguer entre deux rêves. M’affaler si cela me plait. Bordez-moi de ma couverture d’eau de mer et abandonnez-moi. Car nul ne dort dans le lit du vent.



Photographer

Patrick Gauthey

Concept

Donna Castle

Publisher

Modo Publishing

Layout

Scott Bowen

Writer

Claire Obry



Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.