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III. Le Concours de Tartes

Sigrid était une jeune sorcière au teint rose et aux mains douces, d’une extrême bienveillance et d’un sens de l’humour très pointu. Elle vivait depuis de

nombreuses années avec son mari et leurs trois chats, dans une belle petite

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maison, non loin de la place du village.

Chaque matin, Sigrid pâtissait. Chaque soir, Sigrid pâtissait.

Elle pâtissait si bien, qu’un jour son mari, amateur de ses délicieuses tartes,

l’inscrivit tout naturellement au concours annuel de tartes du village. « Tes

tartes sont si délicieuses que tu mettras tout le monde d’accord ! » lui avait-il

dit. Sigrid rêvait d’avoir sa propre pâtisserie, et elle accepta de relever le défi.

C’est ainsi que chaque matin, Sigrid pâtissait, et chaque soir, Sigrid repâtissait.

Elle se donnait corps et âme à la réalisation de ses belles petites tartes, mais

n’était jamais satisfaite. Le temps approchait. Elle était si inquiète qu’elle ne s’occupait de rien à la maison, mis à part ses fameuses tartes. Son mari lui conseilla donc d’aller voir son arrière-grand-tante, du côté de sa mère, pour

parler cuisine. Sigrid prit la consigne au pied de la lettre et partit rendre visite

à cette lointaine parente.

La vieille Léonore, petite fille de feu-Bathilde, vivait toujours dans la maison

familiale, où étaient entassés de nombreux objets ayant traversé le temps. Il se

trouvait que la vieille Léonore était réputée pour son pain délicieux, qui lui

valait même les compliments du roi ! Sigrid était persuadée que celle-ci serait

d’excellent conseil.

La vieille Léonore lui prépara un thé infect, avec des biscuits durs comme de la

pierre, mais lui offrit ses précieux conseils « Sois toi-même, lorsque tu prépares

une pâtisserie. Fais-les à ton image. Essaie de gagner le cœur des jurys avant

de gagner leur estomac. Il n’y a rien de mieux qu’un travail bien fait. » Sigrid

ne comprenait rien à ce charabia.

La jeune femme, un peu fâchée d’avoir perdu du temps avec sa vieille parente, se leva du canapé et voulut sortir de la maison. Pourtant, quelque chose l’incita à rester ; dans le miroir au-dessus de la cheminée, quelque chose brillait.

Intriguée, Sigrid s’avança, et toucha son propre reflet. Léonore soupira. « Ainsi

soit-il, tu découvriras la sagesse par toi-même. » Sigrid n’écoutait pas, elle était obsédée par la pierre qui venait de dégringoler dans ses doigts. C’était l’Onyx.

L’Onyx lui offrit rapidement ses services, car Sigrid voyait. Non, Sigrid savait

ce qu’il manquait pour que ses tartes soient meilleures. Elle gagna ainsi

tellement de temps en ne cherchant pas les ingrédients miraculeux, qu’elle put se reposer. Elle se reposa bien trop, car elle en oublia même de décompter les

jours avant le concours. Sigrid avait gagné en assurance et persuadée de

gagner le concours, elle fit sa tarte la plus modeste. Quelle ne fut pas sa

surprise lorsqu’elle arriva troisième au concours ! Furieuse, elle jeta la pierre

chez la vieille Léonore et lui demanda une explication.

« Tout Sorcier qui veut s’enrichir, doit travailler et réfléchir. »

— C’est la faute de la pâtissière, elle n’aurait jamais dû se reposer sur ses

lauriers !

— Pourquoi ce serait-elle inquiétée ? Demanda l’Éternelle. La Pierre lui avait

prédit une victoire.

Élias fronça les sourcils.

— Mais alors la Pierre n’a pas toujours raison ? Elle ne montre pas ce qui va

arriver ?

— Le Destin est une affaire compliquée, tempéra l’Éternelle, écoute par

exemple ce qui est arrivé au propriétaire suivant…