Le pouvoir du feu - TPFE Jordan SZCRUPAK - paysagiste DPLG

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Le pouvoir du feu TRAVAIL PERSONNEL DE FIN D’ETUDES | 2014

ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DU PAYSAGE // VERSAILLES-MARSEILLE

SZCRUPAK J O R D A N


Tige ignifuge de Xanthorrhoea preissii, ‘‘ Black boy ’’, originaire des paysages du Kwongan australien.

Avis au lecteur : oeuvre originale sous licence Creative Commons

Non-Commercial / Usage commercial non permis & No Derivative / Modification non permise La licence CC-by-nd 4.0 autorise en citant l’auteur de l’œuvre originale toute diffusion en partage. L’utilisation commerciale de l’oeuvre n’est pas permise, par tous moyens et sous tous formats, L’œuvre ne peut être remixée et doit être diffusée sans modification et dans son intégralité. 2

page de couverture : ‘‘Un paysage est un état illimité. Il n’est pas restreint à la zone visible face à nos yeux, mais il s’étend sur une distance indéfinie, atteignant les limites de notre propre interprétation de nous-même et du monde qui nous entoure.’’ Koublis, Incantata, janvier 2013. IN LANDSCAPES

©Petros


Le pouvoir du feu PENSER LA RÉSILIENCE DE LA SOCIÉTÉ, FACE AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES

Travail personnel de fin d’études LE MASSIF DES MAURES, Var (83) Soutenu publiquement à Versailles, le 10 juillet 2014

Jury : MARIE-CAROLINE VALLON, [Président de jury]. Déléguée

-

Foncier,

Logement,

Habitat - au Conseil Régional PACA ; GILLES CLÉMENT, [Directeur

d’étude].

Paysagiste

DPLG,ingénieur horticole, écrivain ; JEAN-PIERRE CLARAC, [Co-encadrant].

Paysagiste

DPLG,

paysagiste conseil de l’état ; STANISLAS ALAGUILLAUME, Paysagiste DPLG, responsable des Jardins au Domaine du Rayol

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©AP PhotoOdessa American Heather Leiphart


préface Prendre le feu comme un possible outil du jardinage planétaire, l’assumer comme une composante dynamique du paysage, revient à considérer notre rapport à l’environnement en intégrant un facteur de l’écosystème pour en faire un allié. Cela renvoie à la question plus générale de la compréhension et de l’utilisation du génie naturel - ou génie «écosystémique»- en plaçant l’usager de l’espace mais aussi le concepteur, donc le paysagiste, dans une position à la fois d’intelligence et d’humilité. Le sujet proposé par Jordan Szcrupak et la façon dont il l’aborde bouleversent les schémas d’analyse et de compréhension de ce que nous appelons paysage pour en faire un territoire où les composantes de l’environnement cessent de servir un discours bien pensant pour devenir une véritable base de conception. Il remet en cause le modèle culturel établi et oriente le projet politique de société vers la préséance du bien commun dans l’usage de l’espace

Comme la pluie et le vent, le feu s’adresse à tous. Cette façon d’approcher notre rapport à l’espace m’intéresse particulièrement, elle coïncide avec la nécessité de modifier nos usages, d’accroître notre compréhension du monde vivant, de forger un nouveau modèle d’économie et de gestion.

GILLES CLÉMENT , NOVEMBRE 2013

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Vecteur de transformations radicales, le feu anime notre désir de paysage. Ambivalent, il représente l’énergie du «passage». Étape initiatique, il ouvre de nouvelles perspectives culturelles.

L

’incendie représente le phénomène écologique des régions du monde appartenant au biome méditerranéen. Il se caractérise dans les pays du sud de l’Europe par la prévalence de feux d’origine anthropique. Actuellement, malgré les progrès techniques, aucune société exposée ne parvient à composer avec cet élément. Aborder la thématique du feu à travers le prisme du paysage contemporain n’est pas sans soulever certains paradoxes : vital pour les écosystèmes méditerranéens, l’incendie constitue par ailleurs une menace pour les populations. Avec les effets climatiques avérés, la complexité de ce phénomène, croise des enjeux urbains via des épisodes d’incendie d’envergures de plus en plus préoccupantes. En réalité, cette inflammabilité totale s’explique par l’accroissement du volume de végétation combustible en Provence avec un taux annuel, parmi les plus élevés de France : de 1% à 2% ; tel le contre effet pervers majeur des résultats positifs de la politique de lutte active. Exclusivement considéré, dans un champ de réflexion de sécurité civile et forestier, le thème original du feu possède une résonnance particulièrement sensible dans le deuxième département forestier métropolitain : le Var. À la suite des incendies de l’été 2003, l’ampleur des embrasements attisés par un violent mistral et les départs multiples au sein du massif des Maures, qui pourtant est un laboratoire régional d’application de la politique de Défense de la Forêt Contre l’Incendie (DFCI), attestent des limites des dispositifs conventionnels de lutte... Du décalage de temporalités entre forêt et société émerge un impératif politique de composition. En résonnance avec les pyropaysages du biome méditerranéen, le feu - porteur d’un imaginaire fort - est un élément fondateur des paysages vécus du territoire des Maures. Pour cela, l’approche paysagère privilégie une culture de projet en partageant les valeurs d’usage de lisibilité de l’espace public selon des aspirations urbaines, permettant de générer les conditions d’existence des paysages de demain. Car mettre en place une stratégie de résilience, c’est accepter le phénomène et composer avec, puisque nous habitons le territoire du feu! Ainsi en renversant le système du regard sur le feu, cette posture manifeste prend volontairement un biais philosophique vis-à-vis de la culture dominante de l’extinction et soutient la reconnaissance d’une «pyro-tolérance» territoriale par une attitude patiente et consciente de l’aléatoire. L’émergence d’une mosaïque de milieux ouverts constitue une armature expérimentale pour la recomposition des lisières urbaines. Ce processus de reconnaissance dote les expériences de paysage de forces de langages et contribue à réinventer une nouvelle proximité culturelle avec le feu. La société construit alors collectivement son propre apaisement, face à l’actuel climat de psychose, par la compréhension biologique des relations de coévolution entre la flore et le feu. En conclusion, reconsidérer notre rapport au sol, par l’espace légitime cédé au feu est un défi politique de société. Pour cela, il apparaît nécessaire de développer une attitude intellectuelle positive et critique visant à prolonger et ajuster la culture paysagère, et donc « des modèles règlementaires d’aménagement », à la complexité des défis contemporains vécus par les territoires de la Méditerranée.

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© José Luis Vega - Ganadería

©Alcosinus flickr

©Meir Partushafp - getty images

résumé

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PRÉFACE - Gilles Clément

p-4.5

RESUMÉ

p-6.7

REMERCIEMENTS

p-10.11

L’INSAISISSABLE - introduction -

p-16.19

ENVOUTEMENTS 1.1 - La persistance du symbolique dans l’imaginaire collectif p-24.27 1.2 - Le massif des Maures La frange littorale

p-36.37

Les chaînons

p-38.39

La Plaine des Maures

p-40.41

Le Sillon Permien

p-42.43

1.3 - L’énergie du biôme méditerranéen Le souffle du massif 8

p-28.35

p-44.55 p-56.59


INSTABILITÉ 2.1 La « forêt » source de fantasmes La valeur du temps long Evolution des paysages incendiés La figure de l’arbre 2.2 - Le silence du territoire

p-62.65 p-66.67 p-70.105 p-106.119 p-120.125

Habiter dans les Maures

p-126.127

La métrique du Paysage

p-128.129

Evolution des versants

p-130.131

Politiques territoriales

p-132.133

MÉTISSAGE 3.1 - Jardin, Oasis, Huerta

p-136.139

3.2 - L’agriculture comme condition au projet urbain

p-140.141

3.3 - Dessiner la mosaïque de pyro-tolérance du territoire p-142.145 Pli agricole

p-146.159

Pli habité

p-160.173

CONCLUSION - L’énergie de la fertilité

p-174.175

BIBLIOGRAPHIE

p-176.180

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La complexité du territoire, appelle nécessairement à se dessiner en croisant les regards, en mobilisant plusieurs domaines de compétences. C’est également l’opportunité de prendre une distance critique, suffisamment indépendante et équilibrée pour tenter de comprendre certains phénomènes, tels que celui de l’incendie. Convoquer les outils de la pensée paysagère, c’est revendiquer une culture de projet. L’occasion du TPFE représente un véritable parcours introspectif, l’affirmation de convictions personnelles nourrissant une posture de paysagiste d.p.l.g aux termes de quatre années «trop vite passées», à l’ENSP Versailles-Marseille. Ce travail de réflexion est formée de multiples rencontres attentives, bienveillantes et engagées.

Sur le sentier des idées,

> Merci à Gilles CLEMENT, d’avoir accepté de prendre la direction de ce travail de fin d’études. Interprète du jardin planétaire, dont la proximité et l’écoute m’ont permis d’orienter librement ce questionnement qui interpelle le paysage des Méditerranées.

> Merci à Jean-Pierre CLARAC, mon co-encadrant. Philanthrope et fils de la terre, qui n’a de cesse de défendre la valeur du temps long, à partir de laquelle doit se nourrir le projet de paysage, pour murir. Ton soutien sage et attentif n’a d’égal que celui de ton engagement empreint de générosité. Cette voie d’expériences complices est aussi celle de l’amitié.

Sur le sentier du jury, pour avoir accepté de lire et de critiquer ce travail, > Merci à Marie-Caroline VALLON, déléguée PACA « Habitats & Foncier » et président de jury, pour la confiance et le crédit accordé à ma démarche. Tu es un lumineux «relais de la puissance publique» pour les paysagistes concepteurs. Remerciements renouvelés pour cette maquette qui aura voyagée, en m’étant même livrée à domicile.

> Merci à Stanislas ALAGUILLAUME, responsable des Jardins au Domaine du Rayol. Pour l’honneur qui m’a était fait en me programmant une conférence à l’occasion de l’événement Gondwana. Pour cette complicité professionnelle naissante et le plaisir partagé en montant l’exposition – Le pouvoir du feu – du 4 octobre au 28 février 2015 au Domaine du Rayol.

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remerciements Sur le sentier des conseils, > Merci à Mongi HAMMAMI/ Miguel GEORGIEFF/ Georges DEMOUCHY & JeanFrançois CARRASCO, pour vos engagements personnels, la sélection de références bibliographiques et nos échanges qui ont été de véritables caps intellectuels. Finalement c’est à la bibliothèque ou au jardin, que se construit la subversion. > Merci à Laëtitia LASANTE & Anne-Cécile JACQUOT / Agence OMNIBUS, d’avoir considéré mes sollicitations d’étudiant. En un rendez-vous, vous preniez part au cheminement d’idées, à la conduite méthodologique et en me proposant des éléments de projet, mes conditions de travail ont pris significativement de la hauteur grâce à vous. > Merci à Véronique MURE & Claude ALLIER, l’exigence de la discipline botanique est un élément fondamental qui conditionne la démarche de projet à l’échelle territoriale. Vos cultures respectives m’ont permis d’adopter un regard attentif sur le monde vivant.

Sur le sentier des ateliers, > La joyeuse équipe d’étudiants de 4e année ; pour la vie interne à l’école. La vague d’angoisses a laissé place à l’émotion de la réussite collective. Paule POINTEREAU, Magali RISLER et Marion LEMOUSSU ces félicitations sont aussi les vôtres. Guillaume SERVEL, car «partenaire de territoire» depuis la classe Prépa’ d’Antibes. Sur le sentier de la Provence, > Merci à mes parents Anny & Philippe pour votre soutien, il est immense ! > Merci Julien, mon frère, pour ta curiosité, tes encouragements et tes relectures. Ton avenir s’annonce prometteur.

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© Javier Del Pozo Del Castillo

©Jean-Claude FRANCOLON Gamma-Rapho

©AFP


À Appoline,

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Gaston Bachelard La psychanalyse du feu.

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Si tout ce qui change lentement s’explique par la vie, tout ce qui change vite s’explique par le feu. Le feu est l’ultra-vivant. Le feu est intime et il est universel. Parmi tous les phénomènes, il est vraiment le seul qui puisse recevoir aussi nettement les deux valorisations contraires : le bien et le mal. (…) Il est bien-être et il est respect. C’est un dieu tutélaire et terrible, bon et mauvais. Il peut se contredire : il est donc un des principes d’explication universelle.

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©Philippe Stoop-panoramio

Incendie dans le massif des Maures (juillet 2003)

La formation d’un pyrocumulus au dessus du panache de fumée provient de la condensation de la vapeur d’eau de la végétation consumée, arrivée en altitude par les courants ascendants thermiques. 16


introduction

L’insaisissable L’incendie représente un phénomène récurrent dans les pays du sud de l’Europe. La France est le premier pays du bassin méditerranéen à consacrer le budget le plus important dans la lutte active selon les prérogatives de sécurité civile. Un constat s’impose: malgré l’expérience des années, aucun pays ne parvient à composer avec cet élément.

Le pouvoir du feu demeure moins dans l’objectivité d’un phénomène physico-chimique auto-entretenu, que sur la résistance d’imaginaire construit par un ensemble de représentations sociales sur lesquelles la société occidentale s’est structurée. Lié par de fertiles connivences, le feu est devenu le principal et le plus performant outil de transformation des territoires. Aborder la thématique du feu à travers le prisme du paysage contemporain n’est pas sans soulever certains paradoxes : vital pour les écosystèmes méditerranéens, il constitue par ailleurs une menace pour les populations... Il semble nécessaire de se représenter ses contradictions, afin de mieux percevoir les difficultés auxquelles se heurtent les actuelles orientations environnemen-

tales des politiques d’aménagement du territoire. Considérant le Paysage comme le témoin de l’engagement d’une société, la posture du paysagiste se réclame un droit d’ingérence et de contribution dans la réflexion globale menée sur cette problématique d’échelle territoriale. Elément insaisissable, le feu repose d’abord sur une identité narrative devenue tabou, se résoudre à le concevoir comme à un objet rationnel serait un piège. Or les schémas d’appréhension du feu par les pouvoirs décisionnels pâtissent d’une part de lacunes historiques concernant la récurrence des incendies, qui pourtant s’avère être une réalité indissociable des processus sociaux et inscrite dans le temps long. Combiné d’autre part à un manque de connaissances scienti-

fiques récentes sur le rôle catalyseur du feu dans la conduite autonome du Vivant : c’est le génie écosystémique. Porter à connaissance ces paramètres dynamiques à l’origine de la physionomie de nos paysages latins semble indispensable. En effet, les forêts soumises aux incendies, conservent leurs caractères dynamiques dans la mesure où se maintiennent les pressions analogues sous lesquelles les écosystèmes ont structuré leurs réponses adaptatives1. Par conséquent l’actuel déni collectif provient de la construction partielle du phénomène de l’incendie. Partagé par l’opinion publique, cet obstacle mental s’appuie avant tout sur des bases émotives qui entravent tout débat serein.

LAMARKCISME : théorie de la transmission des caractères acquis, induits ou appris supportés par

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des mécanismes épigénétiques, en référence à un aspect de la théorie de l’évolution du vivant due à Jean-Baptiste de Lamarck (1744-1829). 17


©Justin Sullivan

La fuite : réponse de survie par le sauvage

Les limites économiques, sociales et institutionnelles tendent à se métamorphoser et attestent d’une période de transition dans laquelle la société actuelle cherche un profil de valeurs fédératrices.

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Étant donné les scénarios prévisionnels d’augmentation de la démographie attendus en région méditerranéenne favorisés par l’héliotropisme. Conjugués aux effets des changements climatiques -avec lesquels devraient profondément se modifier les régimes des incendies- il convient d’inscrire avec attention, ces évolutions complexes à long terme. Déjà connus sous d’autres latitudes aux climats de type méditerranéen, les comportements dévastateurs et incontrôlables des incendies illustrent les failles de la culture de l’extinction. Récemment, en août 2013, aux Etats-Unis le « Rim-Fire » dévasta 90 000 ha durant deux semaines le Parc National du Yosemite dans la Sierra Nevada, il fut enregistré comme le quatrième incendie historique de l’état de Californie.

En Australie, l’incendie d’octobre 2013 aux portes de la ville de Sydney, ravagea 47 000 ha de bush dans l’état de Nouvelle-Galles du Sud. L’incendie du 12 avril 2014, dans la région de Camino la Pólvora s’introduisit dans les bidonvilles périphériques de la commune de Valparaiso. Les flammes ravagèrent 2 000 habitations et 850 hectares de végétation. Le bilan officiel dénombra 15 morts, plus de 8 000 logements sinistrés et près de 10 000 habitants furent évacués. L’état de catastrophe pour Valparaiso fut décrété par la présidente Michelle Bachelet indiquant qu’il s’agissait « du pire cas d’incendie jamais survenu à Valparaiso ». Son contrôle nécessita le déploiement de moyens nationaux, de 13 hélicoptères, 7 avions, 2 000 membres des forces de l’ordre (policiers et militaires), ainsi que des centaines de pompiers. En Europe l’incendie « hors dimensions » de l’été 2012, souffla 13 000 ha à la frontière franco-espagnole au niveau du Perthus dans les Pyrénées Orientales.


Les Maures, territoire du feu

Incendie du Waldo Canyon (USA) (le mardi 26 Juin 2012)

Des maisons détruites à Colorado Springs

Le massif des Maures occupe une superficie de 159 000ha1 avec un taux de boisement de 68% soit près de 109 000 ha2 de surfaces boisées qui rassemblent en l’état actuel, des conditions de vulnérabilité équivalentes aux modèles d’incendies majeurs… Les cinq incendies consé-

cutifs de l’été 2003 restent des dates historiques dans le Massif des Maures : Vidauban I du 17 juillet 2003 (6 744 ha) ; Vidauban II du 28 juillet 2003 (5 646 ha) ; La Motte du 28 juillet 2003 (1 960 ha) ; La Garde-Freinet du 21 août 2003 (378 ha) ; Le Cannet-des-Maures du 31 août 2003 (2 726 ha).

Attisées par un violent mistral, les flammes ravagèrent 17 454 ha sur les 18 820 ha, soit 93 % des surfaces brûlées dans le Var en 2003. Mobilisant 1500 pompiers du Var et 4 Canadairs rejoints par 350 soldats du feu venus des départements limitrophes des Bouches-du-Rhône, des Alpes-Maritimes et des Alpes-de-Haute-Provence, également envoyés depuis les régions Rhône-Alpes et même d’Auvergne. Soutenu enfin par des appuis terrestres et aériens en provenance de Grèce et d’Italie.

©AP Photo Gaylon Wampler

Envisager en période estivale un événement similaire d’ampleur territoriale appliqué sur la Corniche varoise, d’Hyères à Fréjus - haut lieu d’affluence mondiale du tourisme balnéaire - interpelle sur la mission d’utilité publique que représentent les impératifs d’aménagement du territoire en faveur d’une gestion intégrée des incendies.

1

Inventaire National Forestier, INF1999.

2

CORTI Jean-Marc, Centre Régional de la Propriété Forestière CRPF 83

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Hans Jonas Pour une éthique du futur

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La vision de l’avenir au service de l’éthique du futur revêt donc une fonction intellectuelle et une fonction émotionnelle ; elle doit instruire la raison et animer la volonté. Et le péril à éviter doit apparaître, l’effroi qu’il inspire doit nous réveiller, la compréhension des causes qui s’est exercée à le déduire doit servir à le détourner.

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Envoûtements 23


Avant d’être le fils du bois, le feu est le fils de l’homme.

Gaston Bachelard La psychanalyse du feu. Reconsidérer notre rapport symbolique au feu apparaît comme un véritable défi politique de société. Car questionner l’incendie dans notre société occidentale, urbaine et marchande, c’est ouvrir le sillon d’un inconscient collectif passionné. Pour l’explorer, il apparaît nécessaire de développer une attitude intellectuelle positive et critique visant à prolonger et ajuster la culture paysagère à la complexité des défis contemporains vécus par les territoires de la Méditerranée.

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La persistance du symbolique dans l’imaginaire collectif -

© Tina Jonhson Sanders - Flickr

1.1

L’incendie de High Park explose sur le flan sud du Canyon de la Poudre à l’ouest de Fort Collins (Colorado le 14 Juin 2012)

Du terrestre au céleste Les fondements du statut du feu accompagnent les évolutions ancestrales de la société et s’enracinent dans les consciences grâce aux manifestations telluriques des volcans, des rayons solaires et de la foudre d’ores. Déjà teintées de valeurs ambivalentes, et divinisées celles-ci éclairent, mais aveuglent, réchauffent, mais consument le vivant, répandant effroi et admiration. De plus, les hommes, vulnérables, apparaissent dépossédés des secrets de sa maîtrise. Ainsi les épopées de

Hérésie : la Question la mythologie grecque transcrivent le feu comme un élément indomptable pour les mortels. Le mythe sur le vol du savoir divin par Prométhée dont le nom signifie « le Prévoyant », y fait une éclatante allusion. Ce titan déroba une étincelle du feu sacré de l’Olympe au char du Soleil afin de le transmettre aux Hommes. Condamné par Zeus, Prométhée fut enchaîné sur le plus haut sommet du Caucase par Héphaïstos dieu forgeron, maître du feu terrestre et de la métallurgie, où à l’infini, les aigles vinrent lui dévorer le foie.

Les représentations spirituelles occidentales sont alimentées par un cortège allégorique dont le spirituel attribue un puissant statut symbolique au feu devenu figure d’expiation. Au XIIIe siècle, le concept de liberté morale et religieuse dans la société est soumis au dogme médiéval du tribunal ecclésiastique. L’inquisition procédait à « la purification des âmes hérétiques » a eu recours à la torture notamment aux buchers, acte de torture suprême par le feu, qui illustre cette quête de renaissance mystique. 25


Passions mystiques Le contrôle du feu intérieur représente quant à lui, des aptitudes thérapeutiques des guérisseurs; liées plus ou moins à une part d’ésotérisme. Dans les sociétés tribales, l’épreuve du feu au contraire marque la rupture avec l’univers de l’enfance en franchissant le seuil ardent de la vie d’adulte. L’analogie de pleine maitrise de soi, de résistance à la

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douleur s’associe parfaitement aux baptêmes du feu éprouvés par les jeunes sapeurs-pompiers devant faire preuve de sang-froid lors de leurs premières confrontations à l’incendie. Le symbolisme sexuel du feu - force créatrice - se cristallise dans la quête de l’œuvre alchimique. Force vitale, affiliée au masculin, emblématique de la virilité des prestigieux

guerriers et métiers fougueux des maîtres du feu.1 Allégoriquement représentée, de nos jours, par la figure héroïque du corps des sapeurs-pompiers face aux brasiers. Toutefois, convenons ensemble qu’il reste difficile de ne pas céder aux vacillations envoutantes d’un foyer, source primitive des premières rêveries des Hommes.

1-BERNARD AUBERTIN (né en 1934) structures-feu, 1975 papiers collés partiellement brûlés et crayon sur carton monté sur panneau. 2-YVES KLEIN (1928-1962) Le 26 février 1961, date de la fermeture de l’exposition Monochrome et Feu, au Museum Haus Lange de Krefeld en Allemagne. Klein réalise les premières Peintures de feu. Une large feuille de papier est offerte aux flammes des becs Bunsen, et porte la marque des rosettes accompagnées de la trace de La Sculpture de feu.

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1

GARRONE B., (2004), Le feu dans la nature. Mythes et réalité.


Pour l’expertise médico-légale, la « Pyromanie1 » correspond à un trouble du contrôle des impulsions. Il serait lié à des frustrations symboliques dans la construction sexuelle, chez les sujets majoritairement masculins. S’apparentant au profil du pervers, il s’expliquerait en partie par une forme d’extase exercée par la vision du feu. Source de tensions extrêmes et d’excitation, l’unique exutoire serait alors la mise à feu, procurant alors plaisir et gratification. Pour un pyromane, ses actes ne dépendent ni de revendications politiques, ni par désir de représailles. Cependant, cette pathologie assez rare se distingue de l’individu psychotique ou de l’incendiaire criminel.

ARMAND né Armand Fernandez en 1928, mort en 2005. 1984, Atelier de Vence. Armand réalise un modèle pour la pièce Fried Chicken.

1 - Dr.Pierre Lamothe: Pathologie du pyromane, in Nouvel Observateur, « Des milliers d’hectares partis en fumée » 6 août 2003.

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1.2 -

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Le massif des Maures


Il est un territoire du feu géologique dans l’actuelle Provence dite : cristalline, dont le massif des Maures est l’héritage orographique. À la différence de la Provence calcaire, ancien plancher sédimentaire marin, ayant surgi au cours de l’histoire alpine ; et qui constitue la majorité du socle régional.

Alpes-de-HauteProvence Dignes

Alpes maritimes

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soulignée par le fleuve côtier de l’Argens qui sépare le massif de celui de l’Estérel. A l’Ouest la vallée du Gapeau débouche sur le littoral d’Hyères. L’embouchure de la Giscle sépare de part et d’autre du golfe de Grimaud les versants littoraux qui constituent une double corniche dont le seuil est la presqu’île de Saint-Tropez. L’archipel des Iles d’Hyères (Levant, Port-Cros, Porquerolles) est de même nature que le massif des Maures.

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Le Po

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En surplomb sur la Méditerranée, du cap Sicié à Sanary à Saint Raphaël et Fréjus, il s’étend vers l’intérieur du département du Var sur 30-35 km environ. Séparé au nord par un liséré ininterrompu de terrains permiens (-280 à -225 millions d’années) allant de Toulon à Cannes, et emprunté de nos jours par les infrastructures régionales de déplacements. Ce massif est à l’Est des Maures le rocher de Roquebrune domine une vallée d’effondrement tectonique,

roches sédimentaires calcaires alluvions grès permien roches volcaniques roches métamorphiques

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Draguignan

Vidauban

Le Luc

Brignoles

SOURCES DONNÉES SIG - © IGN - BD CARTO ; BD TOPO / BRGM - INFOTERRE

La GardeFreinet

Pierrefeudu-Var

Bormes-lesMimosas Toulon

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Hyères


Vidauban Roquebrunesur-Argens

Fréjus / St-Raphaël

alluvions quaternaires récentes alluvions quaternaires anciennes grès permien sédimentaire

St-Tropez Grimaud

conglomérat du Stéphanien -280-320Ma : grès et schiste charboneux

quartzites phyllades

Cavalaire

gneiss michaschites granites

N

0 1

5km

1MÉTAMORPHISME : phénomène modification de la structure des roches par augmentation de la température et de la pression, se déroulant en profondeur (5 à 100km) sous la surface terrestre.

La géologie détermine l’expression des paysages Le massif des Maures s’organise selon un plan original d’unités métamorphiques1 qui se recouvrent d’Ouest en Est, suivant un gradient métamorphisme croissant. A l’ouest de Collobrières les Maures sont essentiellement formés de roches dites cristallophylliennes (gneiss et micaschistes). A l’est granites et phyllades s’étendent jusqu’à la vallée de l’Argens. Trois accidents transversaux d’âge pyrénéen, découpent le massif en éléments orientés ouest-est qui déterminent la structure du golfe de Saint Tropez. Depuis l’époque galloromaine cette diversité géologique a été exploitée par de nombreuses mines : houille (Plan de la Tour), fluorine (Cogolin), barytine (mine du pic martin), plomb, antimoine, zinc et argent (La Londe les Maures), fer (Collobrieres, les Mayons), chrome (Cavalaire).

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Genèse d’une insularité : chronologie simplifiée du massif des Maures

À PARTIR DE -600/-500 MA L’eau occupe la quasi-totalité de la surface du globe. Une phase de sédimentation dépose à de très grandes profondeurs les éléments constitutifs des Maures.

îne Cha

ne nien y c r He

DE -600/-500 MA Les mouvements géologiques hercyniens font émerger les roches métamorphisées, sur une chaîne de montagne qui atteint 6km d’altitude ! C’est le socle ancien des Maures et de Tanneron.

DE -240 À -70 MA el ter Es

L’ouverture de l’océan atlantique entraine le rapprochement progressif des masses africaines et européennes dans un mouvement de rotation dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, qui ammorce la formation de la chaîne des Pyrénées. Les épanchements volcaniques rehaussent ce qui deviendra l’Estérel. L’érosion active du massif dépose des grès et des schistes rouges dont la présence visuelle est clairement perceptible dans le paysage d’aujourd’hui. L’océan Téthys s’étend sur l’emplacement actuel des Alpes et positionne le littoral au nord des Maures.

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d’après les travaux d’APR PACA (2008) A. FAUCHEUX, paysagiste dplg / A.C. JACQUOT et L. LASANTÉ, agence Omnibus/ encadrés par N. Prieur, paysagiste dplg - Diagnostic et orientations d’aménagement préparatoires à l’élaboration d’un plan de paysage du Massif des Maures ; Ecole Nationale Supérieure du Paysage de Versailles - Marseille.


Le massif des Maures est un segment mémoire de la Tyrrhénide, continent pyreneo-corso-sarde d’origine hercynienne qui occupait il y a 24 millions d’années le bassin occidental de la Méditerranée actuelle. Comme la Corse, ce pays cristallin est hérité d’une suite d’évènements tectoniques et érosifs qui s’étalent sur plus de 300 Ma.

DE -50 À -30 MA La surrection alpine provoque l’émergence du relief actuel du massif des Maures. La rotation des plaques continentales (africaine ,européenne) se poursuit par ouverture progressive de l’océan liguro-provençal et le relief actuel se met en place.

Ouv ligu erture ro-P d rove e l’oc éan nca l

DE -30 À -2 MA

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L’élévation provençale du plateau calcaire mène à une inversion de la pente. Le sillon permien draine les eaux vers l’actuelle mer Méditerranée. Après le détachement des Maures, la dérive Corso-Sarde est amorcée par un lent pivot. Des accidents pyrénéens entrainent la formation de failles transversales, d’orientation Est-Ouest.

DE -2 À -0,5 MA Les phases de glaciation entrainent une progression marine, faisant apparaître le massif des Maures comme une île. Puis la mer se positionne autour des reliefs actuels.

ot Piv

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La configuration morphologique de la baie d’Hyères, a produit le double tombolo, composé des sédiments déposés par les courants marins. 33


Draguignan

Vidauban

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Le Luc Li

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SOURCES DONNÉES SIG - © IGN - BD CARTO ; BD TOPO

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Roquebrunesur-Argens

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Fréjus / St-Raphaël

Une géographie favorise l’isolement

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Le massif des Maures s’étire sur 65 kilomètres de long et 35 km dans l’épaisseur du territoire. Grimaud

Giscle

St-Tropez

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Cavalaire

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• Les îles d’Hyères, culminant à 197 m à Port-Cros ; • le chaînon littoral de Bormes-les-Mimosas à Saint-Tropez, culminant aux Pradels à 528 m; • le chaînon de la Verne, culminant à 648 m et aboutissant dans le bassin de Cogolin; • le chaînon septentrional de la Garde-Freinet, de NotreDame-des-Anges à Roquebrune, culminant à la Sauvette à 779 m.

N

0 1

lit

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Quatre lignes de relief parallèles orientées nord-est/sud-ouest se distinguent sur le territoire.

5km

Le réseau hydrographique est alimenté par de robustes bassins versants, et de nombreux thalwegs convergent pour alimenter les principaux fleuves côtiers, soit du nord au sud : l’Argens, la Giscle et son affluent la Môle et le Gapeau. Seules la Giscle et la Môle prennent leur source dans le massif ainsi que le Reyran, affluent de l’Argens.

35


36


La frange littorale Cette section du massif des Maures exposée aux embruns se jette dans la Méditerranée avec une côte escarpée qui alterne des caps rocheux et des baies sableuses servant d’exutoire aux fleuves côtiers.

La maîtrise de l’urbanisation est soumise à la « loi littoral » qui s’applique à l’ensemble du linéaire de côte jusqu’aux crêtes du massif.

N

0 1

5km

37


38


Les chaînons La forêt occupe la majorité du massif, les axes de communication sont soumis à la géographie des versants. L’exposition des vallées se traduit par un étagement caractéristique des mosaïques de végétations en fonction des conditions pédoclimatiques : zones rupestres et pe-

louses sur les crêtes ; maquis taillis dans la pente ; futaie de chêne liège, chêne vert et aussi chêne pubescent exposés préférentiellement en ubac (nord) ; et les formations ripisylves le long des cours d’eau temporaires en fond de vallée.

N

0 1

5km

39


40


La plaine des Maures Abritée des influences maritimes par l’ubac des Maures, la plaine des Maures constitue une transition avec le sillon permien contigus au massif. Ces dalles rocheuses qui entoure ntle bassin-versant de l’Aille (affluent de l’Argens) sont classées d’intérêt patrimonial, au titre de Réserve Naturelle Nationale (RNN)1, en faveur de la conservation de trois reptiles emblématiques que sont la tortue de Hermann, la Cistude d’Europe et le lézard ocellé.

La succession d’habitats ouverts, temporairement humides et de milieux forestiers, multiplie les effets de lisières et dynamise les interactions faunistiques entre biotopes (avifaune, chiroptères, reptiles, grands mammifères). La décharge du Balançan, y stocke dans un périmètre au Cannet des Maures les déchets provenant du département...

1 - La Plaine des Maures s’étend sur une surface de plus de 13 000 ha et a été classée en Réserve Naturelle Nationale par décret n°2009-754 du 23 juin 2009. Il s’agit de la seule Réserve Naturelle du Var et de la 163ème au niveau national.

N

0 1

5km

41


42


Le sillon permien Contrastant par son faible relief avec le massif qu’il borde, le sillon permien se présente sous l’aspect d’un ensemble de terrasses faiblement ondulées, dont l’altitude moyenne varie à 100 m. Ce sillon permien, par ses qualités de sols accueille de nombreuses exploitations agricoles, majoritairement de la viticulture.

Par son étendue, c’est aussi l’espace du « vide utile » comme variable d’ajustement de l’expansion urbaine, (loge ments et activités économiques); également capable d’accueillir de grands équipements de transports d’intérêt régional: autoroutes, voie ferrée et aérodromes.

N

0 1

5km

43


1.3 -

L’énergie du biôme méditerranéen

40 °N 30 °N 20 °N

20 °S 30 °S 40 °S Carte de répartition du biôme méditerranéen : territoires du feu

La caractéristique première des écosystèmes méditerranéens est climatique. Le climat méditerranéen est un climat de transition entre une influence désertique et une influence océanique. Il se rencontre à des latitudes subtropicales (30° à 40°) sur les bandes littorales ouest des continents adossées

44

à des reliefs marqués. Sous ce climat, le régime de perturbation a largement contribué à structurer les écosystèmes, en permettant la stabilisation des espèces adaptées.1 L’ensemble d’écosystèmes caractéristiques de l’aire biogéographique ou biome, sont donc structurés et biolo-

1 -KUHNHOLTZ-LORDAT, (1952), Le tapis végétal en Basse-provence,

giquement dépendants des effets du feu (température, lumière, fumée). La variabilité des formations végétales s’explique par l’hétérogénéité géologique et topographique, à laquelle s’ajoute l’influence séculaire des pressions d’origine anthropique sur les milieux.


Les végétaux qui ne peuvent résister à la flamme, ni par semence, ni par rejets ou drageons, disparaissent d’autant plus vite que les feux sont plus fréquents. Les végétaux dont la reproduction ni la multiplication ne sont compromise prennent peu à peu le dessus, ce sont les pyrophytes. Il s’en suit une transformation de la végétation qui est à la foi d’ordre quantitatif et qualitatif. Autrement dit, les pyrophytes déjà en place prennent de plus en plus d’important et dans les parties détruites d’autres végétaux s’installent.

G. Kuhnholtz-Lordat Le tapis végétal en BasseProvence 45


L’influence biogène de l’incendie nous aide a décrypter l’image actuelle de «Forêt méditerranéene» comme des mosaïques successionnelles (Whittaker et Levin, 1977) de dégradation. Pour laquelle il apparaît nettement que la dynamique forestière s’ap-

préhende à l’échelle de la perturbation. En se sédentarisant l’Homme est devenu agriculteur pour lequel le feu était employé comme l’outil majeur d’aménagement du territoire. Celui-ci a contribué à l’apparition d’une flore biologiquement spécifiée au feu ou pyrophytes.

Les pyrophytes passives adoptent des stratégies de type « tolérer » les individus dotés sont protégés grâce à l’action isolante du sol ou d’une écorce épaissie. Ces plantes possèdent une capacité régénérative grâce à des bourgeons isolés par une couche protectrice (écorce foliacée, liège) ou par voie végétative depuis des organes de réserves (tronc souterrain ou lignotuber, bulbes, rhizomes). Les pyrophytes actives privilégient des stratégies de type « favoriser » : pour lesquelles les espèces privilégient une voie sexuée en développant une attitude pionnière de recolonisation de l’espace libéré de toute concurrence par l’incendie. La scarification chimique (fumées) ou thermique (température) contribue à lever les inhibitions biologiques des semences. Les pyrophytes actives tirent profit du passage du feu pour activer la dormance de graines (géospore) stockées dans le sol comme les cistes ou bien dans une banque de graine aérienne comme celles contenue dans les canopées des pins (bradyspore). Sans l’action du feu, la germination de ces espèces serait compromise... À l’échelle du biome méditerranéen, l’assemblage de ces comportements déterminent d’autres physionomies de communautés végétales, et dessinent donc d’autres «pyro-paysages».

46

WHITTAKER, R. H. & LEVIN, S. A. (1977), The role of mosaic phenomena in natural communities, - Theor. Popul. Biol. 12.117-139


Draguignan

Roquebrunesur-Argens

Source Gallimard, MNT, IGN / Carto graphic 2006

Vidauban

Brignoles

Le Luc

Fréjus / St-Raphaël

La GardeFreinet St-Tropez Grimaud

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Ensoleillement annuel

Le climat méditerranéen, favorable aux humains, a depuis le néolithique attiré et fixé de nombreuses populations. Ces derniers ont exploité avec une intensité croissante les territoires qu’ils occupaient. Il est marqué en saison estivale d’une période sèche et chaude, ce qui en fait un climat éprouvant pour la végétation. La forte amplitude thermique est fonction de l’altitude et de la proximité de la mer, jouant de nos jours sur la température moyenne annuelle : 13,3 °C à Collobrières, à 160 m d’altitude contre 14 °C à Bormes-les-Mimosas (93m) et 16 °C à Porquerolles, au niveau de la mer. L’ensoleillement est très élevé : 2 400 à 2 800 heures par an en moyenne (2 900 à Hyères).

Draguignan

Roquebrunesur-Argens

Source Gallimard, MNT, IGN / Carto graphic 2006

Vidauban

Brignoles

Le Luc

Fréjus / St-Raphaël

La GardeFreinet St-Tropez Grimaud

Pierrefeudu-Var

1000-1100 mm/an Cavalaire

90-1000 mm/an Bormes-lesMimosas Toulon

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800-900 mm/an 700-800 mm/an 600-700 mm/an

Précipitations annuelles

<600 mm/an

Les intersaisons sont caractérisées par des précipitations à caractère orageux dont l’intensité et les volumes correspondent parfois à plusieurs mois de précipitations. Provoquant une forte érosion des pentes et des crues soudaines sur les bassins-versants. Dans les Maures, il ne pleut pas plus de 80 jours par an. Et la moyenne des précipitations annuelles est comprise entre 650 mm et 1 000 mm. 47


Forêts sclérophylles, - le maquis & la garrigue -

©MORAN MAYANA FPGetty Images

Bassin méditerranéen

Les plantes xérophiles, c’est-à-dire adaptées à la chaleur et à la sécheresse présentent des caractères morphologiques d’adaptatifs limitant l’évapo-transpiration. Les feuilles du chêne-liège et chêne vert réunissent plusieurs atouts pour réduire au maximum leurs pertes en eau : - La réduction de la surface des feuilles et tissus coriaces (sclérophylle) tels que les bruyères, asperge, pins, genévriers), ou transformation de certains rameaux en épines (calycotome, salsepareille) -L’épiderme des feuilles rendu imperméable par une cuticule épaisse ou un enduit cireux (chêne vert, olivier, myrte, arbousier) ou recouvert de longs poils argentés (cistes). - Les plantes dégageant d’essences odorantes pour réduire l’évaporation (lavande, thym, calament, romarin) -Le décalage de la période végétative avec repos d’été et floraison d’automne ou d’hiver (arbousier).

48


© ROBIN DENTON-Botlierskop Game Reserve, South Africa

Afrique du sud

Formation végétale peu élevée, adaptée aux incendies répétés. Le maintien de la totalité du Fynbos tient nécessairement de l’action providentielle du feu. La strate des ligneux ne dépasse pas 3 mètres : Protea, Leucodendron, Erica, Phylica; et la stratégie principale de résistance au feu est la capacité à partir des parties aériennes. La voie sexuée (graines) représente une autre réponse adaptative de la végétation du Cap.

©ADOUR GARONNE Cape Town, South Africa - Flickr

© BRUCE, watsonia panorama - Flickr

Le Fynbos

49


Xanthorrhoea johnsonii (A.T. Lee) Plante pyrophile au stipe écailleux, lui permettant de résiter à l’incendie. Le passage du feu induit la floraison : tige feutrée blanche pouvant atteindre 3 mètres de hauteur.

50


Le Bush, - le Kwongan, le Malee -

Formation végétale dominée par le genre Eucalyptus, plus de 130 espèces dont la hauteur varie de 4 à 10 mètres. Après le passage d’un incendie, ces ligneux ont la capacité de rejeter depuis le tronc ou même à partir des branches. Les espèces du genre Banksia, Grevillea, Xanthorrhoea (Black Boy), reprennent leur cycle de vie depuis leur souche.

©ADAMS WIFE - Flickr

© B© ROSS BECKLEY - Yanchep Western Australia

© MATHAN KESAVAN-Flickr

Australie

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Le Matorral

© STATION ALPINE JOSEPH FOURIER-FRAY JORGE CHILI

© RITA WILLAERT - FLICKR

© CEDRIC GUILLEMINOT-Flickr

Chili

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Formation végétale typique du Chili, composée de cactus Echinopsis chiloensis, et broméliacées du genre Puya, avec un étage arbustif de ligneux sclérophylles Embothrym, Maytenus, Mulinum Escallonia, Nothofagus d’une hauteur inférieure 4 mètres. La réponse adaptative de la végétation au feu à repartir depuis la souche serait le résultat évolutif, dont le volcanisme a pu déclencher de grands feux périodiques conjugué à la pression des grands herbivores des montagnes andines.


Le Chaparral

Le climat aride américain contient le chaparral qui est issu de l’action directe du feu avec une récurrence de 10 à 40 ans. Cette formation est la plus inflammable des Etats-Unis. Les tissus coriaces et crassulescents des Yucca, Agaves, Pachycereus montre que ces plantes sont capables de résister dans ces déserts tropicaux.

©MICHAEL LIBBE - Flickr

© MARTIN LABAR - EAST OF THE PHOENIX, AZ,

UTAH. PHOTO © 1999 RAY WHEELER

Basse Californie, Mexique

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BD CARTO©IGN/Corine land Cover2000/ sources DDAF /réalisation DDE83/Diren Paca / montage numérique Jordan Szcrupak

Draguignan

Vidauban

Brignoles

Toulon

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Le Luc

La GardeFreinet

Cogolin

Pierrefeudu-Var

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Bormes-lesMimosas

Hyères


Roquebrunesur-Argens

Surfaces parcourues par le feu depuis 1958 Fréjus / St-Raphaël

En plus de 50 ans, près des deux tiers du massif ont déjà été incendiés. Décrypter la géographie du territoire permet une lecture logique de la répartition spatiale des incendies. L’orientation générale des périmètres brûlés suit une diagonale d’orientation Nord-Ouest, Sud-Est correspondant à l’influence climatique des vents dominants. De plus, les départs se font majoritairement à proximité des pôles urbains et des axes de communications.

St-Tropez

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Zones incediées Zone d’habitat dans les secteurs boisés incendiés

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Zone d’habitat dans les secteurs boisés HORS incendies Zone destinées à l’habitat

0 1

5km

Campings

À noter l’absence de feu dans le sillon permien largement occupé par l’agriculture. Dans la zone centrale du massif des Maures (les Mayons, la Môle, Gassin) l’existence d’une partie boisée non incendiée est peuplée d’une forêt domaniale mature, dotée de feuillus (chênes et châtaigniers). L’ombre produite par ces sujets réduit considérablement le volume de combustible de la strate arbustive. Enfin l’hygrométrie locale est légèrement supérieure par la présence de crêtes élevées qui interceptent les précipitations. 55


Le souffle du massif Corps incandescents (transport : 600m à 2km)

Evapor ation 100 °c

e iqu m r the tion Convec

Pyrolyse 350° c

Front de flamme 800°c

oxygène

L’appel du feu La manifestation du phénomène « feu » est une réaction physico-chimique auto-entretenue par l’énergie dégagée.

radiations sur 300 à 400 m

Feu montant : progression accélérée avec des sautes de feu

A 100°c, l’évaporation de la végétation, évacue l’eau contenue dans les tissus des plantes. A 350°c la pyrolyse libère les essences végétales qui une fois oxydées entrent en combustion.

Aussi, c’est ce qui détermine le positionnement, et les modalités d’actions de lutte menées par les sapeurs, pouvant aller jusqu’à l’allumage de contre-feu (feu tactique) ayant pour objectif d’asphyxier l’incendie en cours. La conduite de ce type d’opération repose sur le principe d’annulation par appel réciproque des trajectoires de feu. 56

ée plifi am tion a r po Eva

Feu descendant : progression ralentie e nv Co

En s’élevant, les courants thermiques créent un appel d’air (recharge en oxygène) vers le front de flamme à 800°c. Sans compter que l’angle de la pente a une influence sur l’exposition aux radiations de la végétation ; ayant pour conséquence de modifier la vitesse de propagation du feu,

Con vection thermique

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Brise de mer : régime diurne

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Le massif des Maures est en contact direct avec la mer. Cellule de convection

Brise de terre : régime nocturne, optimum a 2h du matin

refroidissement

Cellule de convection

Les brises littorales, résultent de la différence de température entre l’air au-dessus de la terre et celui au-dessus de la mer. Ces variations affectent les masses d’air, ce qui provoque leurs déplacements, c’est-à-dire : le vent. De plus, les îlots de chaleur urbains sont des microclimats artificiels qui amplifient les effets de canicule. Les propriétés d’accumulation thermiques et aérodynamiques des zones urbanisées sont à l’origine de l’augmentation du réchauffement diurne des zones urbaines par rapport aux zones rurales avoisinantes Les vents en présence ont une influence décisive sur les régimes de progression des incendies. 57


Draguignan

Vidauban

Brignoles

Le Luc

La GardeFreinet

SOURCES DONNÉES SIG - © IGN - BD CARTO ; BD TOPO

Pierrefeudu-Var

Bormes-lesMimosas Hyères

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Roquebrunesur-Argens

Le Mistral l’incendie

enrage

Fréjus / St-Raphaël

L’orientation des chaînons du Massif des Maures et la proximité de la mer méditerranée exacerbent localement les phénomènes météorologiques. Succédant aux perturbations maritimes le Mistral continental affecte, l’ensemble des versants ubacs (nord). St-Tropez Grimaud

Versants exposés au Mistral

Cavalaire

La façade littorale est fréquemment soumise à des entrées maritimes très humides, alors que les versants intérieurs connaissent un air sec, fréquemment amplifié par un effet de Foehn, qui se caractérise par de fortes précipitations sur le versant de la montagne situé face au vent et d’un vent sec et chaud sur l’autre versant de la montagne.

En 1751, l’intendant de la Marine explique que si les communautés de Pignans, Gonfaron, le Luc, Vidauban, N

Le Muy et Roquebrune ont été victimes de la même catastrophe, c’est parce que « le feu pouvait être porté d’une forêt à l’autre par le vent qui était très impétueux ce

0 1

5km

jour-là ».

59


60


Instabilité

61


L’étymologie éprouve certaines difficultés à définir une origine précise du terme forêt. Retenons la locution recomposée du bas latin [sylva forestis], composée de [foris], « en dehors » et de [forestare], « bannir ». La forêt est donc considérée par défaut, dans ses rapports distance à l’ordre de la cité ; de [forum], « tribunal ». À noter le radical indo-européen [for] « feu », donnant en français : four, fourneau, forge. Pour lesquels la forêt constituait un espace de prélèvements des ressources nécessaires pour alimenter les foyers. 62


2.1 -

La « forêt », source de fantasmes

Les représentations sociales de la forêt

Le paradigme forestier s’appuie sur la construction culturelle occidentale d’une forme archétypique de nature. Élevée au rang de monument dichotomique de la ville, la forêt représente d’avantage une perspective de l’histoire des rapports sociaux, des logiques identitaires, d’intérêts politiques ou patrimoniaux voire de relations spirituelles. Il résonne dans notre imaginaire collectif comme vecteur d’identités liées au «sauvage», au «fantastique» voire au «magique».

La forêt déploie une esthétique où la contemplation romantique est source de refuge primitif. De nos jours, cela transparaît dans la pluralité des pratiques sociales récréatives de loisirs ou de découverte permettant de se soustraire à l’espace de contraintes que constitue la ville. Le statut cloisonné de la forêt provençale en fait, un territoire paradoxal reconnu comme patrimoine identitaire et hybride entre l’évolution spontanée de la végétation soumise au régime d’incendie et une projection nostalgique d’activités ancestrales des hommes.

Par conséquent la diabolisation médiatique du feu tient davantage d’une déformation esthétique, une vision partielle du phénomène, cultivée par les inventions lexicales des médias : « menace irréversible », « de catastrophe écologique », « paysage sacrifié » en décalage total avec les réalités dynamiques de la forêt méditerranéenne. Ces fantasmes sont les réponses involontaires des préoccupations de la société contemporaine, pour laquelle le sentiment d’insécurité est la source principale d’inquiétudes (CLEMENT V.,2005). Or les avancées scientifiques

de ces 30 dernières années apportent des conclusions éloquentes sur les milieux méditerranéens. Ainsi, ce sont les milieux ouverts qui enregistrent la plus forte diversité spécifique et de capacités régénératives suite à une perturbation par le feu des écosystèmes. Invalidant donc, le postulat, partagé à tort, que l’objet « forêt » représenterait un optimum de biodiversité. Car le déficit de lumière des sous-bois nécessite des stratégies physiologiques que peu d’espèces possèdent en méditerranée.

CLÉMENT V., (2005), Les feux de forêt en Méditerranée : un faux procès contre Nature.

63


Les stéréotypes affectant la forêt méditerranéenne font défaut aux canons esthétiques et productifs des modèles sylvicoles de la foresterie française. Et l’inadéquation productive provient des particularités environnementales de la forêt méditerranéenne.

Dans l’ouvrage Psychanalyse des contes de fées , le psychiatre Bruno Bettelheim démontre la fonction structurante du conte et du merveilleux dans l’apprentissage de la maturité, et la construction de la personnalité chez l’enfant.

© AFP

Cette construction mentale variable traduit le développement d’un imaginaire dichotomique envers le feu et la forêt.

La réalité sociale de la forêt possède une portée significative qui s’exprime au travers du droit du sol. Pour lequel le feu est appréhendé comme une fatalité, compromettant la jouissance du patrimoine foncier. Cela atteste que la forêt est une figure de distorsion des intérêts et un point de divergence entre les acteurs : décideurs, gestionnaires et propriétaires et les usagers citadins : chasseurs, promeneurs. Cependant par le violent retour à l’ordre minéral que l’incendie 64

opère. C’est l’ensemble de ses repères affectifs, oniriques et symboliques projetés sur l’espace forestier que le feu consume. Ces projections symboliques réduites en cendres, laissent place à un sentiment de perte et de vulnérabilité ; qui résonnent avec la dimension primitive de l’Homme. L’effondrement soudain du cadre protecteur de la forêt est aussitôt qualifié de désastre, de catastrophe insoutenable. Submergé par l’émotion, la vision d’une forêt calcinée prend des allures

de deuils affectifs. Ces traumatismes d’horizons forestiers meurtris seront consolés par un oubli progressif et distillé à mesure que les écosystèmes se rétablissent. Cette persévérance du vivant accompagne une forme de cicatrisation symbolique de la perception, qui enchante à nouveau le regard porté sur des paysages sylvestres renaissants. Mais s’accompagne bien souvent d’un déni de mémoire du risque.


Les représentations sociales sont des réalités matérielles au même titre que l’espace, elles conditionnent nos attitudes et nos pratiques, elles prédéterminent les usages sociaux et constituent des cadres de définitions des fonctions biologiques et sociales de la sylve.

Benard Kalaora On a incendié la forêt

65


Les conséquences faunistiques du feu apparaissent plus souvent liées aux transformations du milieu qu’à la mortalité due au feu lui-même. Inversement, tout un cortège d’espèces (oiseaux, reptiles,insectes…) liées aux milieux ouverts méditerranéens peut être favorisé par l’ouverture du milieu. Pour ces espèces, la fermeture des milieux constitue en effet une menace autrement plus importante que le feu. Le retour de la faune de la litière dépend de la formation d’une nouvelle litière issue de la régénération végétale post-incendie.

Rog e r P r o d on Directeur d’étude à l’école pratique des hautesétudes - Montpellier 66


La valeur du temps long Le climat fait le sol et réciproquement Les groupements forestiers sont en relation étroite avec les trois facteurs fondamentaux du sol : le microclimat souterrain, (aération et la teneur en eau) ; la richesse chimique, liée à la nature du substratum (nutrition minérale) et l’activité biologique libérant plus ou moins rapidement l’azote assimilable, par minéralisation de l’azote organique de l’humus (nutrition en azote)(DUCHAUFOUR,1960). Par le changement de structure de la végétation, la récurrence des incendies, favorise la multiplication des espèces les plus adaptées au feu. Mais il déclenche une dégradation physique et chimique du sol, augmentant ainsi

les risques d’érosion qui emportent les sédiments vers les cours d’eau, et comblent leur lit (crues). Par la conduite attentive de ces processus d’élaboration des sols, l’homme peut contribuer à rendre réversible le phénomène de désertification. Le sol et plus précisément la qualité de l’humus, apparaît comme la clé de la résilience des écosystèmes face aux perturbations. En effet, la biodiversité souterraine composée de la microflore (bactéries, champignons) et de la microfaune (insectes, vers, nématodes, microarthropodes, mollusques…), et contribue de façon déterminante au métabolisme souterrain. En recyclant

la matière organique, l’ensemble des êtres vivants, oeuvre en synergie permanente, et participe à l’élaboration de sa fertilité. Dans les Maures, sols siliceux plus ou moins épais à l’origine de rankers de sols bruns, de sols colluviaux, proviennent de l’altération aisée de roches cristallines (gneiss, micaschistes, rhyolites, granites) et donnent des sols qui retiennent l’eau et permettent la pénétration des racines. Par ailleurs, les sols sableux et filtrants du sillon permien provenant d’une roche mère gréseuse sont des sols assez pauvres, très favorables aux pins pignons et maritimes.

DUCHAUFOUR (Ph.). — Stations, types d’humus et groupements écologiques ; Editions de l’Ecole Nat. Eaux et Forêts, Nancy, 1960, 484-494 p.

67


Evolution des paysages incendiés

-1886 Un essartement. Sartage d’une forêt. (gravure sur bois) F. DEPELCHIN-Les forêts de la France, éd. Alfred Mame et fils.

Le modèle du « Triangle du feu ». : la disparition de l’un des trois éléments suffit à arrêter la

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combustion.

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Il apparaît que les communautés végétales qui existaient avant le feu, sont celles qui réinvestissent

successivement l’espace incendié. Le paysage est l’expression d’un mode de vie sur un territoire singulier. Cet héritage est à la mesure de l’engagement du projet social partagé par la société. En habitant le territoire du feu, c’est à la société elle-même de réévaluer perpétuellement sa place légitime.

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Les situations perturbées représentent le cadre optimal d’expression de la diversité du vivant. Le feu opère sur la forêt une série de perturbations et de rééquilibrages d’intensités variable.

Combustible 68


La diabolisation du feu est par conséquent un non sens, tant du point de vue de la biodiversité que de la dynamique forestière. La crainte qu’il suscite tient surtout à la modification de la perception du phénomène.

V i n ce n t C l é m e n t Les feux de forêt en Méditeranée : un faux procès contre Nature.

69


Usages agro-sylvo-pastoraux Valorisation des énergies par l’homme

La forêt des Maures provient de l’héritage d’une culture agro-sylvo-pastorale pour laquelle l’usage du feu était une pratique saisonnière, ayant contribuée à modeler les paysages du massif des Maures.

70


71

SOURCES - © JORDAN SZCRUPAK, 2014


Usages agro-sylvo-pastoraux Flore indicatrice

Strate arborée Chêne vert, ou Yeuse

Pin d’Alep, ou Pin de Jérusalem

Quercus ilex (L.)

Chêne-liège, ou Surier Quercus suber (L.)

Pinus halepensis (Mill.) Pin maritime, ou Pin mésogéen Pinus maritima (Lam.)

Strate arbustive & sous-arbustive Bruyère arborescente Erica arborea (L.)

Arbousier Arbutus unedo (L.)

Myrte commun Myrtus communis (L.)

Laurier Tin Viburnum tinus (L.)

Filaire à feuilles moyennes Phillyrea media (L.)

Nerprun Alaterne

Rhamnus alaternus (L.)

Ajonc de Provence ou Argelas Calicotome spinosa (L.)

Daphné garou

Daphne gnidium (L.)

Lavande à toupets

Lavandula stœchas (L.)

Strate herbacée Hélianthème à goutte Tuberaria guttata (L.)

Brachypode rameux

Brachypodium retusum (Pers.)

Brachypode de phénicie Brachypodium phoenicoides (L.)

Grande Brize

Filago Gallica (L.)

Oryzopsis à aspect de Millet Oryzopsis miliacea (L.)

Trèfle à feuilles étroites

Silène de France

Trifolium angustifolium (L.)

Trèfle étoilé

Trifolium stellatum (L.)

Trèfle étoilé

Briza maxima (L.)

Trifolium stellatum (L.)

Picridie vulgaire

Urosperme de Daléchamp Urospermum dalechampii (L.)

Picridium vulgare (Desf.)

Dactyle aggloméré

Dactylis glomerata (L.) 72

Filago de France

Lin de France

Linum gallicum (L.)

Silene gallica (L.)

Petite Mélique

Melica minuta (L.)

Euphorbe Characias

Euphorbia Characias (L.)


Evolution pyrophytique de la série du Quercus ilex1 - formations ligneuse de l’étages mésoméditerranéen sur silice. Usages SYLVO-PASTORAUX

Usages AGRO-PASTORAUX

Récolte du bois & incinération des rémanents

Cordon de ripisylve

Pâturages extensifs & Transhumance +feux pastoraux Verger de Verger de châtaigners fruitiers Corps de Patrimoine Bouchonnerie ferme isolé religieux Charbonage

Coupes

Polyculture

Exode rural

[

Déprise agricole

]

Pelouse à Hélianthèmes

Feux fréquents sur 50 ans

Sylviculture

Eucalyptus globuleux, Eucalyptus globulus Mimosa à longues feuilles, Mimosa longifolia Cyprès toujours vert, Cupressus sempervirens Cèdre de l’Atlas, Cedrus atlantica Pin mésogéen, Pinus pinaster Pinus d’Alep, Pinus halepensis

Cistaie

Mine Prairies de fauches

Fruticée à Calycotomes Absence de feu

A Maquis bas

A UB

Feux fréquents sur 50 ans

Maquis élevé

Suberaie

Absence de feu

Asphodèle d’été Asphodelus ramosus (L.)

Asphodèle blanc Asphodelus albus

Ophrys jaune

T

Batisse sur le domaine viticole

Système agro-pastoral varois économie de subsistance

Feux rares sur 100 ans

Chênaie

Bulbeuses Asphodèle porte-cerise Asphodelus cerasiferus (Gay)

C

E DR

SOURCES - © JORDAN SZCRUPAK, 2014

Abattage des arbres & incinération totale

Lianes Chèvrefeuille des Baléares Lonicera implexa (Aiton)

Clématite odorante

Clematis Flammula (L.)

Lierre grimpant Hedera helix (L.)

La valorisation des ressources telles que le levage du liège, l’exploitation du pin maritime en bois de charpente pour les mines, la fabrication de charbon de bois, la castanéiculture ou encore l’élevage constituaient une économie de subsistance pratiquée par les populations rurales.

Ophrys lutea (Cav.)

d’après les travaux de : ALLIER C., LACOSTE A., (1980). Maquis et groupements végétaux de la série du chêne vert dans le bassin du Fango (Corse) ; MOLINIER R., (1973). Les études phytosociologiques en Provence cristalline ; PRODON R., (1995), Impact des incendies sur l’avifaune. Gestion du paysages et conservation de la biodiversité animale.

73


La déprise agricole Dynamique pionnière de recolonisation

L’exode rural a réduit l’ensemble des pressions exercées par l’homme (élevage, coupes, récoltes) entraînant un enfrichement progressif des parcelles autrefois exploitées, et déséquilibrant par conséquent la mosaïque des milieux.

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75

SOURCES - © JORDAN SZCRUPAK, 2014


La déprise agricole Flore indicatrice

Strate arborée Chêne-liège, ou Surier

Pin maritime, ou Pin mésogéen Pinus maritima (Lam.)

Pinus parasol

Pin d’Alep, ou Pin de Jérusalem Pinus halepensis (Mill.)

Quercus suber (L.) Pinus pinea (L.)

Strate arbustive & sous-arbustive Bruyère arborescente Erica arborea (L.)

Arbousier Arbutus unedo (L.)

Myrte commun Myrtus communis (L.)

Filaire à feuilles moyennes Phillyrea media (L.)

Nerprun Alaterne

Rhamnus alaternus (L.)

Ajonc de Provence ou Argelas Calicotome spinosa (L.)

Lavande à toupets

Lavandula stœchas (L.)

Strate herbacée Hélianthème à goutte

Pallenis spinosa (L.)

Brachypode rameux

Inule visqueuse

Brachypodium retusum (Pers.)

Brachypode à deux rangs

Brachypodium distachyum (L.)

Grande Brize

Briza maxima (L.)

Immortelle

Helichrysum stœchas (L.)

Vipérine vulgaire

Echium vulgare (L.)

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Astérolide épineux

Tuberaria guttata (L.)

Pâturin bulbeux Poa bulbosa (L.)

Œillet prolifère

Inula viscosa (L.)

Dianthus prolifera (L.)

Lagure ovoïde

Oryzopsis à aspect de Millet Oryzopsis miliacea (L.)

Lagurus ovatus (L. )

Trèfle à feuilles étroites Trifolium angustifolium (L.)

Trèfle étoilé

Trifolium stellatum (L.)

Muflier rubicond

Antirrhinum orontium (L.)

Bouillon blanc

Verbascum sinuatum (L.)

Lin de France Panicaut champêtre, Eryngium

Linum gallicum (L.)

campestre (L.)


Evolution pyrophytique de la série du Quercus ilex - formations ligneuse de l’étages mésoméditerranéen sur silice. Usages SYLVO-PASTORAUX

Usages AGRO-PASTORAUX

Récolte du bois & incinération des rémanents

Abattage des arbres & incinération totale

Fermeture progressive des milieux

Coupes

Polyculture

Exode rural Exode rural

Déprise agricole

]

Abandon des vergers de châtaigners

Pelouse à Hélianthèmes

Feux fréquents sur 50 ans

Sylviculture

Eucalyptus globuleux, Eucalyptus globulus Mimosa à longues feuilles, Mimosa longifolia Cyprès toujours vert, Cupressus sempervirens Cèdre de l’Atlas, Cedrus atlantica Pin mésogéen, Pinus pinaster Pinus d’Alep, Pinus halepensis

Cistaie

Enfrichement des prairies

A

Fruticée à Calycotomes Absence de feu

Maquis bas

A UB

Feux fréquents sur 50 ans

E DR

T

C

Maquis élevé

Suberaie

Absence de feu

Asphodèle d’été Asphodelus ramosus (L.)

Asphodèle blanc Asphodelus albus

Ophrys jaune Ophrys lutea (Cav.)

Glaïeul des moissons Gladiolus segetum (Ker-G.)

Exode rural & déprise agricole viticulture commerciale de plaine

Feux rares sur 100 ans

Chênaie

Bulbeuses Asphodèle porte-cerise Asphodelus cerasiferus (Gay)

SOURCES - © JORDAN SZCRUPAK, 2014

[

Lianes Chèvrefeuille des Baléares Lonicera implexa (Aiton)

Salsepareille d’Europe Smilax aspera (L.)

Clématite odorante

Clematis Flammula (L.)

Ronce arbrisseau

Rubus fruticosus (L.)

La lente fermeture du paysage s’accentue à mesure que les essences pionnières de résineux colonisent les espaces délaissés : Pin d’Alep, Pinus halepensis (Mill.); Pin mésogéen, Pinus maritima (Lam.); Pinus

parasol,

Pinus

pinea

(L.).

Les pinèdes constituent des « forêts secondaires » pour lesquelles l’incendie constitue un vecteur essentiel de régénération.

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Retour à l’ordre minéral Situation post-incendie

Le passage d’un incendie ouvre les milieux à la lumière, modifie l’histoire biologique du sol et déclenche un processus de germination de la banque de graines préexistante au milieu.

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SOURCES - © JORDAN SZCRUPAK, 2014


Retour à l’ordre minéral Flore indicatrice

80


Evolution pyrophytique de la série du Quercus ilex - formations ligneuse de l’étages mésoméditerranéen sur silice. Usages SYLVO-PASTORAUX

Usages AGRO-PASTORAUX

Récolte du bois & incinération des rémanents

Abattage des arbres & incinération totale

Coupes

Polyculture

Exode rural

[

Déprise agricole

]

Pelouse à Hélianthèmes

Feux fréquents sur 50 ans

Sylviculture

Eucalyptus globuleux, Eucalyptus globulus Mimosa à longues feuilles, Mimosa longifolia Cyprès toujours vert, Cupressus sempervirens Cèdre de l’Atlas, Cedrus atlantica Pin mésogéen, Pinus pinaster Pinus d’Alep, Pinus halepensis

Cistaie

Fruticée à Calycotomes Absence de feu

Maquis bas

Feux fréquents sur 50 ans

Maquis élevé

Suberaie

Absence de feu

Bulbeuses Asphodèle d’été

Asphodelus ramosus (L.) Asphodèle porte-cerise Asphodelus cerasiferus (Gay)

Feux rares sur 100 ans

Expression souterraine bulbes, rhizomes, racines tubéreuses

Chênaie

À l’abri de la chaleur dégagée lors du passage du feu, les plantes bulbeuses ou géophytes comme les asphodèles possèdent la capacité de repartir depuis leurs organes de réserves isolés dans le sol.

Asphodèle blanc Asphodelus albus

Ophrys jaune Ophrys lutea (Cav.)

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Réveil souterrain Temporalités des cycles de vie

La remontée biologique provient du stock de semences du sol, depuis lequel certains végétaux accomplissent leur cycle de vie dans un intervalle de temps très court.

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SOURCES - © JORDAN SZCRUPAK, 2014


Réveil souterrain Flore indicatrice

Strate herbacée Brachypode rameux

Brachypodium retusum (Pers.)

Grande Brize

Inula viscosa (L.)

Lin de France

Gesse Climène

Lathyrus clymenum (L.)

Petite Mélique

Briza maxima (L.)

Linum gallicum (L.)

Melica minuta (L.)

Pâturin bulbeux

Œillet prolifère

Dianthus prolifera (L.)

Urosperme de Daléchamp Urospermum dalechampii (L.)

Oryzopsis à aspect de Millet Oryzopsis miliacea (L.)

Bituminaria bituminosa (L.)

Poa bulbosa (L.)

Picridie vulgaire Picridium vulgare (Desf.)

Astérolide épineux

Pallenis spinosa (L.)

Luzerne arborescente Medicago arborea (L.) 84

Inule visqueuse

Vipérine d’Italie Echium Italicum (L.)

Liseron Fausse-Mauve

Convolvulus althaeoides (L.)

Psoralée bitumineuse Egilobe ovale

Ægilops ovata (L.)


Evolution pyrophytique de la série du Quercus ilex - formations ligneuse de l’étages mésoméditerranéen sur silice. Usages SYLVO-PASTORAUX

Usages AGRO-PASTORAUX

Récolte du bois & incinération des rémanents

Abattage des arbres & incinération totale

Coupes

Polyculture

Exode rural

[

Déprise agricole

]

Pelouse à Hélianthèmes

Feux fréquents sur 50 ans

Sylviculture

Eucalyptus globuleux, Eucalyptus globulus Mimosa à longues feuilles, Mimosa longifolia Cyprès toujours vert, Cupressus sempervirens Cèdre de l’Atlas, Cedrus atlantica Pin mésogéen, Pinus pinaster Pinus d’Alep, Pinus halepensis

Cistaie

Fruticée à Calycotomes Absence de feu

Maquis bas

Feux fréquents sur 50 ans

Maquis élevé

Suberaie

Absence de feu

Asphodèle d’été

Asphodelus ramosus (L.)

Asphodèle porte-cerise

Asphodèle blanc

Graines de mémoire pelouses, prairies, steppes

Chênaie

Bulbeuses

Asphodelus cerasiferus (Gay)

Feux rares sur 100 ans

La remontée biologique provient de l’expression de la banque de graines du sol, abondamment approvisionnée par les plantes dites thérophytes. Celles-ci accomplissement leur cycle biologique dans un intervalle de temps très court.

Asphodelus albus

Ophrys jaune Ophrys lutea (Cav.)

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La Cistaie Situation post-incendie

L’exploitation des nouvelles conditions dues au feu par les « semenciers obligatoires » tels que les cistes est liée à l’état de leur banque de graines dans le sol. Sous l’effet de la chaleur, le feu active les mécanismes de reproduction des graines de cistes, en levant la dormance des graines (choc thermique). Le feu apparaît alors comme l’élément révélateur d’une diversité invisible.

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SOURCES - © JORDAN SZCRUPAK, 2014


La Cistaie Flore indicatrice

Strate arbustive & sous-arbustive Ciste de Montpellier

Cistus monspeliensis (L.)

Ciste à feuilles de Sauge Cistus salviifolius (L.)

Ciste crépu Cistus crispus (L.)

Ciste à gomme

Cistus ladaniferus (L.)

Ciste à feuilles de laurier Cistus laurifolius (L.)

Ciste cotonneux

Cistus albidus (L.)

Lavande à toupets

Lavandula stœchas (L.)

Thym vulgaire

Thymus vulgaris (L.)

Pistachier lentisque Pistacia lentiscus (L.)

Myrte commun Myrtus communis (L.)

Cade

Juniperus oxycedrus (L.)

Filaire à feuilles étroites Phillyrea angustifolia (L.)

Nerprun Alaterne

Rhamnus alaternus (L.)

Ajonc de Provence ou Argelas Calicotome spinosa (L.)

Strate herbacée Brachypode rameux

Brachypodium retusum (Pers.)

Immortelle

Helichrysum stœchas (L.)

Pied-de-Coq Bonjeania hirsuta (L.)

Filago de France Filago gallica (L.)

Gouet à capuchon Arisarum vulgare (Targ.)

Phagnalon des rochers Asperge à feuilles piquantes Phagnalon saxatile (L.)

Dorycnium à cinq folioles Dorycnium suffruticosum (Villars)

Psoralée bitumineuse

Bituminaria bituminosa (L.)

Fenouil poivré

Parasite du Ciste

Euphorbe Characias

Cytinus hypocistis (L.)

Foeniculum vulgare ssp. piperitum (Ucria)

Euphorbia characias (L.) 88

Asparagus acutifolius (L.)

Cytinet hypociste


Evolution pyrophytique de la série du Quercus ilex - formations ligneuse de l’étages mésoméditerranéen sur silice. Usages SYLVO-PASTORAUX

Usages AGRO-PASTORAUX

Récolte du bois & incinération des rémanents

Abattage des arbres & incinération totale

Coupes

Polyculture

Exode rural

[

Déprise agricole

]

Pelouse à Hélianthèmes

Sylviculture

Eucalyptus globuleux, Eucalyptus globulus Mimosa à longues feuilles, Mimosa longifolia Cyprès toujours vert, Cupressus sempervirens Cèdre de l’Atlas, Cedrus atlantica Pin mésogéen, Pinus pinaster Pinus d’Alep, Pinus halepensis

Cistaie

Feux fréquents sur 50 ans

Fruticée à Calycotomes Absence de feu

Maquis bas

Feux fréquents sur 50 ans

Maquis élevé

Suberaie

Absence de feu

Chênaie

Bulbeuses Orchis à longues bractées Himantoglossum robertianum (Loisel.)

Dame d’onze heures Ornithogalum umbellatum (L.)

Sérapias en cœur

Le génie du maquis le feu lève les dormances

Feux rares sur 100 ans

Lianes Garance voyageuse Rubia peregrina (L.) Chèvrefeuille des Baléares Lonicera implexa (Aiton)

Salsepareille d’Europe Smilax aspera (L.)

Les cistes représentent une espèce pionnière liée à l’écologie du feu. Ils assurent une recolonisation massive tout en contribuant à la reconstitution de la litière du sol ainsi que sa fixation contre l’érosion.

Serapias cordigera (L.)

Narcisse douteux Narcissus dubius (Gouan)

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Landes à Callunes Maquis bas

Ce maquis comporte à côté de l’association bruyère à balais - lavande à toupets, la callune commune dont la floraison en tapis rose-parme est d’un effet particulièrement saisissant dans le paysage. À savoir que ces espèces, offrent un potentiel mellifère particulièrement important.

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SOURCES - © JORDAN SZCRUPAK, 2014


Landes à Callunes Flore indicatrice

Strate arborée Chêne-liège, ou Surier Quercus suber (L.)

Pin maritime, ou Pin mésogéen Pinus maritima (Lam.)

Strate arbustive & sous-arbustive Bruyère à balais Erica scoparia (L.)

Lavande à toupets

Lavandula stœchas (L.)

Thym vulgaire

Thymus vulgaris (L.)

Ciste à feuilles de Sauge Cistus salviifolius (L.)

Callune commune

Ciste cotonneux

Calluna vulgaris

Cistus albidus (L.)

Myrte commun

Myrtus communis (L.)

Arbre-aux-Fraises Arbutus unedo (L.)

Genévrier de Phénicie Juniperus phoenicea (L.)

Filaire à feuilles étroites Phillyrea angustifolia (L.)

Argelas

Calycotome spinosa (L.)

Daphné garou

Daphne gnidium (L.)

Strate herbacée Brachypode rameux

Brachypodium retusum (Pers.)

Brachypode de phénicie Brachypodium phoenicoides (L.)

Grande Brize

Briza maxima (L.)

Immortelle Helichrysum stœchas (L.)

Astérolide épineux

Pallenis spinosa (L.)

Carex glauque

Carex glauca (Murr.) 92

Lin de France

Linum gallicum (L.)

Œillet prolifère

Dianthus prolifera (L.)

Oryzopsis à aspect de Millet Oryzopsis miliacea (L.)

Silène de France Silene gallica (L.)

Lagure ovoïde

Asperge à feuilles piquantes

Asparagus acutifolius (L.)

Dorycnium à cinq folioles Dorycnium suffruticosum (Villars)

Lin à feuilles étroites

Lagurus ovatus (L.)

Linum angustifolium (L.)

Odontitès jaune

Calament Népéta

Odontites lutea (L.) Calamintha Nepeta (Clairville)


Evolution pyrophytique de la série du Quercus ilex - formations ligneuse de l’étages mésoméditerranéen sur silice. Usages SYLVO-PASTORAUX

Usages AGRO-PASTORAUX

Récolte du bois & incinération des rémanents

Abattage des arbres & incinération totale

Coupes

Polyculture

Exode rural

[

Déprise agricole

]

Pelouse à Hélianthèmes

Feux fréquents sur 50 ans

Sylviculture

Eucalyptus globuleux, Eucalyptus globulus Mimosa à longues feuilles, Mimosa longifolia Cyprès toujours vert, Cupressus sempervirens Cèdre de l’Atlas, Cedrus atlantica Pin mésogéen, Pinus pinaster Pinus d’Alep, Pinus halepensis

Cistaie

Fruticée à Calycotomes Absence de feu

Lande Maquis bas à Callunes

Feux fréquents sur 50 ans

Maquis élevé

Suberaie

Absence de feu

Chênaie

Bulbeuses Orchis bouffon Orchis morio ssp. picta (L.)

Céphalanthère à feuilles en épée

Les landes sèches les Ericacées

Feux rares sur 100 ans

Cephalanthera longifolia (L.)

Lianes Chèvrefeuille des Baléares Lonicera implexa (Aiton)

Salsepareille d’Europe Smilax aspera (L.)

Les landes sont des formations ligneuses basses (inf. à 2m) relictuelles des pelouses acidophiles, provenant d’un régime perturbation anthropiques : des pressions agropastorales et des perturbations sylvicoles. Composés majoritairement de Callunes, et de Bruyères dont la surface foliaire est réduite. Ces traits morphologiques traduisent une adapation aux conditions trophiques et hydriques sévères. 93


Fruticée à Calycotomes Maquis armé

Les peuplements de Calycotomes, denses et impénétrables proviennent d’une sélection floristique effectuée par la récurrence du feu.

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SOURCES - © JORDAN SZCRUPAK, 2014


Fruticée à Calycotomes Flore indicatrice

Strate arborée Chêne-liège, ou Surier Quercus suber (L.)

Pin maritime, ou Pin mésogéen Pinus maritima (Lam.)

Strate arbustive & sous-arbustive Ajonc de Provence ou Argelas

Filaire à feuilles étroites

Calicotome spinosa (L.)

Phillyrea angustifolia (L.)

Ciste cotonneux Cistus albidus (L.)

Myrte commun Myrtus communis (L.)

Lavande à toupets

Lavandula stœchas (L.)

Pistachier lentisque Pistacia lentiscus (L.)

Genévrier de Phénicie Juniperus phoenicea (L.)

Filaire à feuilles moyennes Phillyrea media (L.)

Nerprun Alaterne

Rhamnus alaternus (L.)

Églantier

Rosa sempervirens (L.)

Coronille à tige de Jonc Coronilla juncea (L.)

Genêt d’Espagne

Spartium junceum (L.)

Strate herbacée Brachypode rameux

Brachypodium retusum (Pers.)

Grande Brize

Briza maxima (L.)

Gouet à capuchon

Arisarum vulgare (Targ.)

Picridie vulgaire Picridium vulgare (Desf.)

Astérolide épineux

Pallenis spinosa (L.)

Filago de France Filago Gallica (L.) 96

Scabieuse à fleurs blanches Asperge à feuilles piquantes Cephalaria alba (L.)

Lin de France

Asparagus acutifolius (L.)

Petite Mélique

Linum gallicum (L.)

Melica minuta (L.)

Œillet prolifère

Urosperme de Daléchamp Urospermum dalechampii (L.)

Dianthus prolifera (L.)

Pulicaire odorante

Flouve odorante

Pulicaria odora (L.)

Anthoxanthum odoratum (L.)

Sélaginelle denticulée

Stéheline douteuse

Selaginella denticulata (L.)

Silène de France Silene gallica (L.)

Staehelina dubia (L.)


Evolution pyrophytique de la série du Quercus ilex - formations ligneuse de l’étages mésoméditerranéen sur silice. Usages SYLVO-PASTORAUX

Usages AGRO-PASTORAUX

Récolte du bois & incinération des rémanents

Abattage des arbres & incinération totale

Coupes

Polyculture

Exode rural

[

Déprise agricole

]

Pelouse à Hélianthèmes

Feux fréquents sur 50 ans

Sylviculture

Eucalyptus globuleux, Eucalyptus globulus Mimosa à longues feuilles, Mimosa longifolia Cyprès toujours vert, Cupressus sempervirens Cèdre de l’Atlas, Cedrus atlantica Pin mésogéen, Pinus pinaster Pinus d’Alep, Pinus halepensis

Cistaie

Fruticée à Calycotomes Absence de feu

Lande Maquis bas à Callunes

Feux fréquents sur 50 ans

Maquis élevé

Suberaie

Absence de feu

Chênaie

Bulbeuses Orchis à longues bractées Himantoglossum robertianum (Loisel.) Loroglosse à longues bractées Loroglossum longibracteatum (Biv.)

Les Fabacées les couveuses forestières

Feux rares sur 100 ans

Lianes Garance voyageuse Rubia peregrina (L.) Chèvrefeuille des Baléares Lonicera implexa (Aiton)

Salsepareille d’Europe Smilax aspera (L.)

La protection armée garantit la croissance des arbres juvéniles (feuillus, conifères). À mesure que les débris organiques s’accumulent, le sol s’épaissit et s’enrichit progressivement en humus.

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Maquis des Arbousiers Maquis élevé

Grâce à leur système racinaire gorgé de réserves (lignotuber) les arbousiers ont la capacité de se régénérer par voie végétative, en émettant des rejets depuis ces assises génératrices.

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SOURCES - © JORDAN SZCRUPAK, 2014


Maquis des Arbousiers Flore indicatrice

Strate arborée

Chêne vert, ou Yeuse

Pin d’Alep, ou Pin de Jérusalem Pinus halepensis (Mill.)

Chêne-liège, ou Surier

Pin maritime, ou Pin mésogéen Pinus maritima (Lam.)

Quercus ilex (L.)

Quercus suber (L.)

Strate arbustive & sous-arbustive Arbre-aux-Fraises

Cytise de Montpellier

Arbutus unedo (L.)

Cytisus monspessulanum (L.)

Bruyère arborescente

Ciste cotonneux

Erica arborea (L.)

Cistus albidus (L.)

Bruyère à balais

Filaire à feuilles étroites

Erica scoparia (L.)

Lavande à toupets

Lavandula stœchas (L.)

Myrte commun

Myrtus communis (L.)

Cade Juniperus oxycedrus (L.)

Nerprun Alaterne

Rhamnus alaternus (L.)

Phillyrea angustifolia (L.)

Filaire à feuilles moyennes Phillyrea media (L.)

Laurier Tin

Viburnum tinus (L.)

Daphné garou

Daphne gnidium (L.)

Euphorbe arborescent

Euphorbia dendroides (L.)

Strate herbacée Brachypode rameux

Brachypodium retusum (Pers.)

Brachypode de phénicie Brachypodium phoenicoides (L.)

Grande Brize

Briza maxima (L.)

Astérolide épineux

Pallenis spinosa (L.)

Carex glauque

Carex glauca (Murr.) 100

Lin de France

Linum gallicum (L.)

Œillet prolifère

Dorycnium à cinq folioles Dorycnium suffruticosum (Villars)

Dianthus prolifera (L.)

Oryzopsis à aspect de Millet Oryzopsis miliacea (L.)

Silène de France Silene gallica (L.)

Asperge à feuilles piquantes Asparagus acutifolius (L.)

Fourgères Fougère-Aigle

Pteridium aquilinum (L.)


Evolution pyrophytique de la série du Quercus ilex - formations ligneuse de l’étages mésoméditerranéen sur silice. Usages SYLVO-PASTORAUX

Usages AGRO-PASTORAUX

Récolte du bois & incinération des rémanents

Abattage des arbres & incinération totale

Coupes

Polyculture

Exode rural

[

Déprise agricole

]

Pelouse à Hélianthèmes

Feux fréquents sur 50 ans

Sylviculture

Eucalyptus globuleux, Eucalyptus globulus Mimosa à longues feuilles, Mimosa longifolia Cyprès toujours vert, Cupressus sempervirens Cèdre de l’Atlas, Cedrus atlantica Pin mésogéen, Pinus pinaster Pinus d’Alep, Pinus halepensis

Cistaie

Fruticée à Calycotomes Absence de feu

Lande Maquis bas à Callunes

Feux fréquents sur 50 ans

Maquis des Arbousiers Maquis élevé

Suberaie

Absence de feu

Bulbeuses

Maquis dense Bruyère arborescente, Cytise de Montpellier

Feux rares sur 100 ans

Chênaie

Lianes

Orchis à longues bractées Chèvrefeuille des Baléares Himantoglossum Lonicera implexa robertianum (Loisel.) (Aiton) Loroglosse à longues bractées Loroglossum longibracteatum (Biv.) Céphalanthère à feuilles en épée Cephalanthera longifolia (L.)

Salsepareille d’Europe Smilax aspera (L.)

Clématite odorante

Clematis Flammula (L.)

À l’échelle de la France ce type d’habitat est réduit au massif des Maures et du massifs du Tanneron. La dynamique du maquis élevé peut gêner la régénération sexuée des peuplements de Chêne liège (suberaie), les arbustes étant très recouvrants (concurrence à la lumière).

Ronce arbrisseau

Rubus fruticosus (L.)

Gaillet gratteron

Galium aparine (L.)

101


Suberaie Forêt de Chênes-lièges

La Suberaie est une formation forestière assez claire, qui laisse pénétrer suffisamment de lumière pour les strates inférieures au développement robuste. La suberaie ne constitue pas une formation climacique. Sa conservation passe par des actions volontaristes de gestion du sous-bois. Ce type de peuplement présente un grand intérêt des mosaïques d’habitats (forêts, maquis haut, maquis bas, pelouses) pour la diversité des niches ouvertes à la faune.

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SOURCES - © JORDAN SZCRUPAK, 2014


Suberaie Flore indicatrice

Strate arborée

Chêne vert, ou Yeuse Quercus ilex (L.)

Chêne-liège, ou Surier Quercus suber (L.)

Chêne blanc ou Chêne pubescent Quercus pubescens (Willd.) Pin d’Alep, ou Pin de Jérusalem Pinus halepensis (Mill.)

Strate arbustive & sous-arbustive Bruyère arborescente Erica arborea (L.)

Arbre-aux-Fraises Arbutus unedo (L.)

Bruyère à balais Erica scoparia (L.)

Lavande à toupets

Lavandula stœchas (L.)

Myrte commun

Myrtus communis (L.)

Ajonc de Provence ou Argelas Calicotome spinosa (L.)

Cade Juniperus oxycedrus (L.)

Nerprun Alaterne

Rhamnus alaternus (L.)

Cytise de Montpellier Genista monspessulana (L.)

Ciste cotonneux Cistus albidus (L.)

Filaire à feuilles étroites Phillyrea angustifolia (L.)

Filaire à feuilles moyennes Phillyrea media (L.)

Laurier Tin

Viburnum tinus (L.)

Daphné garou

Daphne gnidium (L.)

Euphorbe arborescent

Euphorbia dendroides (L.)

Olivier sauvage, ou Olivastre Olea oleaster (L.)

Fragon piquant ou Petit-Houx

Strate herbacée Brachypode rameux

Brachypodium retusum (Pers.)

Brachypode de phénicie Brachypodium phoenicoides (L.)

Carex glauque

Carex glauca (Murr.)

Thrincie tubéreuse

Thrincia tuberosa (L.) 104

Ruscus aculeatus (L.)

Lin de France

Linum gallicum (L.)

Œillet prolifère

Dianthus prolifera (L.)

Asperge à feuilles piquantes Asparagus acutifolius (L.)

Dorycnium à cinq folioles

Dorycnium suffruticosum (Villars)


Evolution pyrophytique de la série du Quercus ilex - formations ligneuse de l’étages mésoméditerranéen sur silice. Usages SYLVO-PASTORAUX

Usages AGRO-PASTORAUX

Récolte du bois & incinération des rémanents

Abattage des arbres & incinération totale

Coupes

Polyculture

Exode rural

[

Déprise agricole

]

Pelouse à Hélianthèmes

Feux fréquents sur 50 ans

Sylviculture

Eucalyptus globuleux, Eucalyptus globulus Mimosa à longues feuilles, Mimosa longifolia Cyprès toujours vert, Cupressus sempervirens Cèdre de l’Atlas, Cedrus atlantica Pin mésogéen, Pinus pinaster Pinus d’Alep, Pinus halepensis

Cistaie

Fruticée à Calycotomes Absence de feu

Lande Maquis bas à Callunes

Feux fréquents sur 50 ans

Maquis des Arbousiers Maquis élevé

Suberaie

Absence de feu

Chênaie

Bulbeuses Orchis bouffon Orchis morio ssp. picta (L.)

Céphalanthère à feuilles en épée

Cephalanthera longifolia (L.)

Sérapias en cœur

Forêt «hybride» forêt sélectionnée

Feux rares sur 100 ans

Lianes Chèvrefeuille des Baléares Lonicera implexa (Aiton)

Salsepareille d’Europe Smilax aspera (L.)

La substitution du chêne-liège au chêne vert dans la strate arborée ne modifie pas la composition floristique globale. Si aucune perturbation n’altère sa croissance, la remontée du couvert arboré et l’ombre menace la suberaie du risque de domination par le chêne vert (yeuseraie) déjà présent sous forme de taillis, puis le chêne pubescent (chenaie), voire par l’arbousier ou par le Laurier-tin.

Serapias cordigera (L.) 105


La figure de l’arbre

Lignes de vue (2007) par Joël Auxenfans Localisation - Colline de Miremer - La Garde-Freinet (Var) Commanditaires - Conseil municipal de la Garde-Freinet & Action des Nouveaux Commanditaires de la Fondation de France. Médiation - Sylvie Amar Soutien - Institut pour la forêt méditerranéene / INRA / ONF / les pépinières Robin / département du Var / Conseil régional Provence Alpes Côtes d'Azur.

Les préoccupations politiques de reconstitution de la forêt après les grands feux pourraient être révisées par la prise en compte objective de la capacité de régénération des milieux méditerranéens soumis aux incendies. La politique de reboisement apparaît comme acte artificiel, un véritable non-sens écologique, étant donné que les phases de régénérations du sol n’ont pas été abouties. Puisque les strates successives de végétation n’ont pas eu le temps de se mettre en place. Par ces actions, un cruel raccourci biologique est opéré.

106

signifie que la société humaine, locale et globale y a sa part. C’est cette convergence d’échelles que vise Lignes de vues. » - Joël Auxenfans -

© JOËL AUXENFANS. «Lignes de vues». Dessin 4. (2006).

Parfois débroussaillées ou dessouchées ces actions compromettent rudement la tenue du sol à l’érosion. De plus, les jeunes plants issus des conteneurs de pépinières sont soumis à des conditions éprouvantes qui s’affaiblissent à mesure des années.

« Si l’idée de paysage suppose l’idée de pays, cela


Panorama vers la Garde-Freinet, de-

Suite aux incendies de 2003, Lignes de vues1

services gestionnaires. De plus, il néglige

puis la colline de Miremer - (juin 2013)

est une création artistique de 8 ha, locali-

les phases clés de régénération post-in-

Six ans plus tard, le paysage calaciné a

sée

sur le site de la colline de Miremer,

cendie, durant lesquelles la succession

cédé sa place à la dynamique spontanée

à la Garde Freinet.w L’artiste Joël Auxenfans

des strates de végétation est une étape

du milieu, qui prouve sa capacité endo-

propose l’idée d’une responsabilisation ci-

décisive à la régénération de la litière

gène de restauration.

vile envers les espaces forestiers, en plaçant

du sol. Condition sine qua non pour la

le spectateur face à un travail évolutif par

croissance de ligneux de haut jet.

la plantation d’un « artifice assumé ». Le projet a permis la plantation de plus de 80 essences d’arbres, produites en pépinière et plus ou moins adaptées aux conditions. Organisées en bosquets mono-spécifiques, ils sont disposés le long d’une promenade en courbes de niveau. Ce travail conceptuel dédié au regard est

En opérant ce raccourci temporel,

riche en termes de préoccupations pour une

c’est bien à l’émotion de retrouver

médiation artistique envers le public. Bien

la figure symbolique d’une forêt -

qu’il interroge la dimension politique

aujourd’hui réduite en cendres - que

que représente l’actuelle gestion de la

ce projet succombe. Négligeant les

forêt en méditerranée. Il soulève ce-

lois fondamentales du génie du sol,

pendant un net paradoxe quant à son

et la patience qu’il implique.

positionnement exotique, dans la dynamique du milieu forestier. De l’ordre de l’installation, l’évolution du projet s’inscrit dans une temporalité courte dépendante d’un entretien faiblement assumé par les

Pour accompagner une œuvre culturelle en forêt, c’est bien à partir de l’horizon souterrain, racinaire que la poétique des lieux doit se révéler.

1-http://www.nouveauxcommanditaires.eu/fr/25/25/lignes-de-vue

107


Chêne-liège ou Surier, Quercus suber L. Provençal : Suve, Suvié, Suvrié

Forêt inféodée au sol acide, la subéraie est répartie à l’échelle mondiale uniquement sur les franges de l’Europe méridionale et la marge maghrébine. Liée à l’action de l’homme, lorsque la suberaie est abandonnée, les ligneux du sous-bois (arbousiers et bruyères) conjugués aux arbres concurrents que sont principalement le Chêne vert et le Chêne blanc, finissent par fermer le peuplement et faire régresser le Chêneliège. Il adopte clairement des stratégies de type : Tolérer. Ses branches en vieillissant ont tendance à retomber vers le sol. Son feuillage chargé d’huile est fait pour s’enflammer de façon fulgurante et ainsi réduire la durée d’exposition à la chaleur. L’excroissance liégeuse de son écorce permet aux bourgeons épicorniques de repartir dans les mois qui suivent un incendie.

108

+

Aire de répartion mondiale du Chêne-liège


Carte de répartition des peuplements forestiers Draguignan

Roquebrunesur-Argens Vidauban

SOURCES - © IFN, IGN BD FORET®,COFOR 83, CG 83

Brignoles

Le Luc

Fréjus / St-Raphaël

La GardeFreinet St-Tropez

Grimaud Cogolin Pierrefeudu-Var

Cavalaire

Hyères

Bormes-lesMimosas

N

Toulon 0 1

5km

Une hypothèse concernant la vulnérabilité actuelle des peuplements de chênes lièges dans les Maures, mériterait des recherches botaniques et phytosociologiques appuyées du CBNMP1. Considérant, la suberaie comme un stade para-climacique d’origine anthropique, dont les caractères morphologiques et physiologiques sont structurés, en majorité, sous l’action du feu. Dans le contexte actuel, les améliorations techniques et logistiques de lutte visant l’éradication massive de tous les incendies des massifs forestiers varois, pourraient affecter les mécanismes de transmissions génétiques (sélection darwinienne) et altérer par un phénomène de dépression consanguine, la régénération sexuée des chênes lièges.

Futaie de Chênes-liège Futaie de feuillus et taillis Maquis boisés de Chêne-liège Maquis/Garrigue non boisé

109

1 - Conservatoire botanique national méditerranéen de Porquerolles


Châtaigner,

Castanea sativa Mill.

Du latin sativus : cultivé Le châtaignier est une espèce introduite, emblématique, mais dont l’exploitation a largement régressé et les arbres sont aussi les sujets d’attaques parasitaires : chancre et encre du châtaignier. L’ombre produite par le châtaigner est épaisse et réduit la concurrence au sol, et donc toute ressource combustible de sous-bois. La litière est évoluée et attire de nombreux animaux fouisseurs du sol tels que les sangliers. Sa présence naturalisée est artificiellement maintenue par des actions d’entretien réalisées par l’homme. Les châtaigneraies corresponde tout comme les vignobles une forme de jardinage à l’échelle du territoire.

110


Carte de répartition des peuplements forestiers Draguignan

Roquebrunesur-Argens Vidauban

SOURCES - © IFN, IGN BD FORET®,COFOR 83, CG 83

Brignoles

Le Luc

Fréjus / St-Raphaël

La GardeFreinet St-Tropez

Grimaud Cogolin Pierrefeudu-Var

Cavalaire

Hyères

Bormes-lesMimosas

N

Toulon 0 1

5km

Futaie de Châtaigners Futaie de feuillus et taillis

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Pin parasol ou Pin Pignon, Pinus pina L.

Pionniers sur les sols pauvres et incendiés le pin parasol, possède une architecture tabulaire. En remontant sa frondaison d’aiguilles par auto élagage des branches basses de façon à opérer une discontinuité verticale avec le feu. Il multiplie les stratégies de type : Tolérer. La présence d’aiguilles grossières en bouquet servent à protéger les bourgeons. D’une densité importante elles limitent l’oxygène nécessaire en feu de cimes. Cette forme anti-feu portée par des branches solides créer un écran efficace contre les radiations du feu. Les graines lourdes, se disséminent dans un faible rayon de distance et constituent des peuplements groupés. L’écorce des pins possède une structure en écailles qui ont la propriété d’être expulsées du tronc afin d’éloigner la source de chaleur des vaisseaux conducteurs de sève.

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Carte de répartition des peuplements forestiers Draguignan

Roquebrunesur-Argens Vidauban

SOURCES - © IFN, IGN BD FORET®,COFOR 83, CG 83

Brignoles

Le Luc

Fréjus / St-Raphaël

La GardeFreinet St-Tropez

Grimaud Cogolin Pierrefeudu-Var

Cavalaire

Hyères

Bormes-lesMimosas

N

Toulon 0 1

5km

Futaie de Pin parasol Maquis /Garrigue boisé de pins

113


Pin d’Alep ou Pin de Jérusalem, Pinus Halepensis Mill. Provençal : Pin blanc, Pin de Cavaioun, Pin dóu Leberoun

Omniprésent en Provence, il est un pionnier essentiel de la reconquête post-incendie. Ses stratégies sont clairement de type: Favoriser. L’écorce est fine et les bourgeons peu protégés attestent d’une stratégie active dans la propagation du feu. Son port, dispose de branches basses maintenues, même mortes, sur le tronc, afin de créer une échelle de feu (continuité verticale) pour un embrasement total du sujet. Le couvert clair provient de la faible densité d’aiguilles, associé au maintien des aiguilles ayant dépéries ; crée une source de combustible redoutable. A savoir que, l’action thermique du feu, fait fondre la résine qui protégeait les cônes pour libérer les graines. La reconquête post-incendie s’amorce par la dissémination en pluie de graines ailées. En tombant sur un sol, noir (accumulation de chaleur) et dégagé (éléments nutritifs disponibles), cellesci possèdent des conditions optimales de croissance.

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Carte de répartition des peuplements forestiers Draguignan

Roquebrunesur-Argens Vidauban

SOURCES - © IFN, IGN BD FORET®,COFOR 83, CG 83

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Fréjus / St-Raphaël

La GardeFreinet St-Tropez

Grimaud Cogolin Pierrefeudu-Var

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Toulon 0 1

5km

Futaie de Pin d’Alep Maquis /Garrigue boisé de pins

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Pin mésogéen ou Pin maritime, Pinus maritima Lam. Provençal : Pin marin, Pin bastard ; parfois Pinsot ou Pinastre

Dans les Maures et en Corse, le Pin maritime trouve sa place d’essence pionnière active dans la reconquête des situations perturbées puisqu’il cumule les avantages des deux stratégies adaptatives au feu. Stratégie Tolérer : • un port très élevé grâce à la discontinuité verticale opérée en remontant la cime par auto-élagage naturel; • la densité d’aiguille grossière et en bouquets protégeant les bourgeons et asphyxiant tout étincelles en cime. Stratégie Favoriser : • banque de graines lourdes en canopée • pluie de graines, après l’incendie et vague de germination dense et équienne; • puis croissance rapide, afin de positionner rapidement les bourgeons hors feu. Depuis 1957, la principale essence de Provence cristalline, employé pour les charpentes des mines. Il a été décimé suite de l’introduction accidentelle du parasite (Matsucoccus feytaudi).

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Carte de répartition des peuplements forestiers Draguignan

Roquebrunesur-Argens Vidauban

SOURCES - © IFN, IGN BD FORET®,COFOR 83, CG 83

Brignoles

Le Luc

Fréjus / St-Raphaël

La GardeFreinet St-Tropez

Grimaud Cogolin Pierrefeudu-Var

Cavalaire

Hyères

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Toulon 0 1

5km

Futaie de Pin maritime Maquis /Garrigue boisé de pins

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Chêne vert ou Yeuse, Quercus ilex L. Provençal : Éuse, Éusin, Éuve, Chaine verd

Ce peuplement de chênes verts est déjà abondant dans la strate arbustive, sous les Chêne-liège. Son port en tronc multiple provient des passages réguliers d’incendies et de sa capacité à rejeter depuis des bourgeons adventifs. Les silhouettes tortueuses et sombres créent une ambiance forestière particulière et pesante. En grandissant, la remontée de l’épaisse canopée et l’ombre épaisse ainsi produite par les chênes verts font dépérir par concurrence, les chênes lièges. Il en résulte un microclimat particulier à l’origine d’une raréfaction des arbustes. Les espèces héliophiles apparaissant dans les trouées créées par la mort de chênes. La yeuseraie mature qui constitue l’optimum de végétation (forêt climacique) se retrouve sous des formes relictuelles. La strate arborescente est dominée par le Chêne vert accompagné du Pin d’Alep et/ou du Pin maritime, du Chêne pubescent. Sur les versants ubacs (nord) la yeuseraie est associée à des châtaigniers sub-spontanés qui abritent une végétation de fougères rares.

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Carte de répartition des peuplements forestiers

Draguignan

Roquebrunesur-Argens Vidauban

SOURCES - © IFN, IGN BD FORET®,COFOR 83, CG 83

Brignoles

Le Luc

Fréjus / St-Raphaël

La GardeFreinet St-Tropez

Grimaud Cogolin Pierrefeudu-Var

Cavalaire

Hyères

Bormes-lesMimosas

N

Toulon 0 1

5km

Futaie de feuillus et taillis Futaie de feuillus et conifères

119


2.2 -

Le silence du territoire

Préparer l’éclosion du risque incendie

Actuellement, la mise en regard de la catastrophe constitue un champ de réflexion permettant de saisir les relations de combinaison qui existent entre risque et territoire. L’énigme déconcertante de sa résolution tient du fait qu’il n’existe pas d’équation entre l’ampleur des efforts mis en œuvre et de potentiels résultats positifs pouvant conduire à diminuer l’expression du risque. Au centre de cette approche, sont impliqués l’illusion de sécurité de nos modes d’habiter et l’illusion d’abondance de nos modèles de développement, hérités du XIXe siècle pour lesquels la menace paraît trop abstraite.

La capacité subversive du risque est révélatrice d’une compréhension partielle que nous faisons de la chaîne ininterrompue d’assemblages qui mène à la catastrophe. Caractériser l’émergence des risques implique la réévaluation de l’ensemble de leur mise en forme spatiale. (November V. , 2011) Il apparaît décisif d’accomplir un changement d’angle vis-àvis des considérations accordées à la notion de « risque » compris exclusivement sous aspect d’un impératif de gestion, et vécus uniquement comme un agent extérieur affectant les conditions de l’habiter. Le paysage est donc

Habitat pavillonaire sur le coteau de Cavalaire

un outil de compréhension de l’ensemble du projet social d’une société, l’expression de son mode de vie sur un territoire singulier. Devenus caduques ces modèles sont aujourd’hui à ré-ajuster aux réalités climatiques du territoire qui conditionnent l’émergence de nouveaux cadres d’économie d’échelle locale. Toutefois, il convient d’envisager l’existence latente du risque comme une valeur intrinsèque, une énergie active qui contribue à façonner le caractère des territoires. Au travers d’indices diffus, d’intensités variables auxquels nous prêtons peu d’intérêts, mais que nous appelons « érosion » et pour laquelle notre responsabilité collective oscille entre

120 1

NOVEMBER V., (2011), Habiter les territoires à risques

implication et impuissance. La catastrophe opère à court terme une série de perturbation aléatoires suivis de rééquilibrages au sein du processus territorial. Ainsi, il apparaît que c’est la société elle-même de réévaluer perpétuellement sa place légitime au sein des inégalités spatiales produites par ces mécanismes dynamiques. Il est vrai que l’ambition institutionnelle du « vivre avec le risque » tend davantage vers une volonté de pleine maîtrise conduite par une vision essentiellement technicienne motivée par la quête du « risque zéro ». Cependant, la récurrence du risque atteste des difficultés exponentielles pour le proscrire des territoires.


L’incendie est le reflet de l’anomie de la désorganisation territorial et sociale de la Provence et la violence du feu est à la mesure du dysfonctionnement d’un système qui entretient la dégradation des ressources au lieu de sa préservation.

C h a rl e s d e R i b b e Des incendies dans la région des Maures et de l’Esterel. 1865

121


La propension d’une communauté à reconnaître l’existence d’un risque serait déterminée par l’idée qu’elle se fait de l’existence de solutions. Comme les pouvoirs qui nous gouvernent, économiques et politiques, croient qu’un changement radical de nos modes de vie et un renoncement au « progrès » seraient le prix à payer pour éviter le désastre, et que cela leur paraît irréalisable, l’occultation du mal s’ensuit inévitablement.

J e a n -Pi e r r e D u p uy D’Ivan Illich aux nanotechnologies. Prévenir la catastrophe?-2007 122


© MARCO LONGARIA FPGetty Images

Incendie sur 5000 ha de forêt - (Israël) Parc national du mont Carmel, près de Haïfa, le 4 décembre 2010.

Comment partager cette connaissance du risque afin qu’elle devienne une connaissance publique, et qu’une fois connue, nous puissions composer avec, et non pas l’ignorer ? Il est un principe fondamental dans l’actuelle politique sectorielle de gestion du risque, celui de la mise à distance. L’éloignement du péril des fortes densités urbaines, et donc de population, régis l’ensemble des pratiques de planification de découpage du territoire en zones homogènes. Dont les fonctions spécialisées proviendraient d’une conception ex-ni-

hilo qui interdit l’enchevêtrement, les relations. La négation de ces liens de convivialité, empêche toute mixité et contredit les principes élémentaires de l’urbain, favorable au sentiment collectif de sécurité. Le risque incendie est une condition indissociable de l’aménagement du territoire et de l’architecture. (NOVEMBER V., 2011) En matière d’incendie, les mesures de gestion sont lourdement ancrées dans le processus urbain. La culture de l’extinction, représentée par le corps des Sapeurs-pompiers, collabore aux décisions sur des projets d’urbanisme.

Ainsi, la référence métrique façonne leur champ d’intervention : le gabarit des camions conditionne les largeurs voies d’accès et des pistes DFCI, les distances entre les bornes à incendie dépendent des mesures de pression et de diamètres des canalisations et de longueur de tuyaux. Ce paramètre normatif sert de langage commun à l’échelle européenne voire internationale, dont le principal argument est la « Prévention » : cette action anticipatrice s’avère en réalité être une préparation logistique de l’action de lutte active sur l’ensemble du territoire.

NOVEMBER V., (2011), L’empreinte des risques : éléments de compréhension de la spatialité des risques.

123


South Jordan, Utah (USA) - Photographié par Alex Mac Lean

« Selon la logique actuelle que le risque incendie est de nature diffuse et qu’il peut survenir n’importe où. Par conséquent, tous les lieux devraient être uniformément équipés afin pouvoir de mener une action de lutte équivalente en tout point. » D’une part, ce scénario d’équipement généralisé apparaît sur le plan économique, comme une fuite en avant et techniquement hors de portée. D’autre part d’un point de vue chronologique, le vif déploiement de forces s’effectue dans des situations d’urgence contribuant au sentiment de panique et de dramatisation. Et qui compromettent les dispositifs d’évacuations des civils par la congestion des réseaux de transport. L’arsenal matériel sophistiqué des sapeurs-pompiers marque une stratégie de lutte qui introduit des limites artificielles au feu via des apports rapide et massif d’eau ; élément symbolique diamétralement opposé au feu. (RIBET N., 2007). Cette idée sous-tend l’engagement infaillible de la réponse technique, et pour laquelle sont incriminées les propriétés pyrogènes de la végétation méditerranéenne.

124

Le souhait de voir les paysages méditerranées se plier à un hygiénisme hydrique est une parade illusoire. Par ailleurs si les modes de construction s’uniformisent sur un modèle global de normalisation, les principes de gestion du risque incendie adaptés aux constructions ne peuvent cependant pas être plaqués sur les spécificités géographiques des territoires! Le risque apparaît donc comme élément créateur d’une nouvelle dimension territoriale, et est désormais générateur d’un potentiel déstabilisant, puisque nous habitons le territoire du feu sans avoir rassemblé les conditions nécessaires de s’en prémunir. Enfin, les résultats positifs de la politique de lutte se traduisent par un contre effet pervers d’accroissement du volume de la végétation combustible, et donc autant de possibilités de propagation du feu ; aggravant de surcroît le risque incendie avec l’apparition de feux d’envergure inconnue par le passé. (CLÉMENT V., 2005)

RIBET N.,(2007), La maîtrise du feu : un travail «en creux» pour façonner les paysages CLÉMENT V., (2005), Les feux de forêt en Méditerranée : un faux procès contre Nature.


Les catastrophes nous le rappellent, rien n’est moins immuable qu’un territoire habité (…) Il n’est pas non plus certains que les lieux que nous habitons le soient par choix et que leur devenir soit stabilisé pour longtemps. Et pour peu qu’on y découvre la présence de risques, la relation à l’habitat devient radicalement différente.

Pa t t a ron i L ., Ka u f ma n n V., R a b i n o vi c h A. Habitat en devenir, enjeux territoriaux, politiques et sociaux du logement en Suisse. 125


Habiter le territoire des Maures

SOURCES - © IGN / CRIGE PACA - CG 83 - INSEE

La forêt comme «équipement» culturel de territoire

N

0 1

5km

51 T 9 OU 90 L 0 ON ha b

ha CE b.

M X

D 44 RA 85 GUI 1 GN ha A b N

RE AU M . S ab. ab DE 0 h E IR 40 TO 214

RI

AI

ES N . N ab CA h E- 78 IC 6 N 99 9

US h EJ 98 FR 2 5 9

1

L’épisode d’exode urbain inversé vers les périphéries des villes, contribue à développer un urbanisme sous la forme d’un habitat pavillonnaire en contact direct avec la forêt. Cette pression spéculative provient des franges littorales et des bassin de vie régionnaux.

R TE

e A 60 n PR RS 9 O EIL 49 VE LE 8 N -

A 50 VIG 8 NO 00 N 0 ha b

Carte de répartition des pôles urbains sur le territoire des Maures

S

126

Cette forte attractivité est exacerbée par un « tourisme vert » centré sur l’attractivité du patrimoine naturel. Par conséquent, l’enjeu est de renverser les phénomènes de déprise agricole et d’urbanisme de promotion immobilière, analogues à ceux des plaines alluviales ; ayant conduit à une augmentation régulière des surfaces artificialisées.


Habiter le territoire du feu les logiques spatiales de la prévention

Diffusion de l’habitat en forêt Extensions urbaines par des lotissements Parking aménagé départ des sentiers

Obligations légales de débrousaillement

Piste DFCI

A

A UB Ceux-ci se propageant de façon opportuniste en forêt ou le maquis, amplifient par la même occasion les risques de mise à feu. La fréquence des conflits d’usages est d’autant plus importante que la diffusion de l’urbanisation est intense. En multipliant les interfaces de contact des moyens matériels et logistiques sont nécessaires selon une croissance exponentielle pour assurer leur protection. Ce processus d’étalement urbain, à terme, impute aux collectivités, une charge croissante d’externalités négatives (impératifs DFCI) en terme de budget (moyens humains, ouvrages, matériels, gestion et secours). En effet, le morcellement des propriétés

C

E DR

T

SOURCES - © JORDAN SZCRUPAK, 2014

Coupure de combustible

Circuit touristique du patrimoine

privées et l’expansion des zones urbanisées en contact avec les surfaces boisées, exposent davantage les biens et mettent en péril les populations par la dispersion des secours. De plus, les coûts annuels de débroussaillement parcellaire étant trop onéreux, conduit une majorité de propriétaires à passer outre ces impératifs d’obligation règlementaires. Alors que le rythme de la nature n’est pas le rythme politique, les modèles de géométrie urbaine et l’écriture architecturale (matériaux, biomimétisme, durabilité), par leur capacité à compléter les situations dans le champ de visibilité (emplacements stratégiques), contribuent à dessiner les limites construites de la ville. 127


La métrique du Paysage

SOURCES - © IGN / CG 83

Traduction spatiale de la norme

N

0 1

5km

Axe stratégique de coupure de combustible Cloisonnement secondaire

Carte des ouvrages DFCI dans le Massif des Maures

Châtaigneraie en déprise

maquis Domaine viticole

Gestion de la pente :

croquis de principe : configuration spatiale du chaînon littoral

Étant donné l’escarpement global l’exploitation forestière est assez rare dans le massif car peu rentable. La majorité des actions réalisées dans la forêt se réduit à l’entretien règlementaire des nombreux ouvrages pare-feu qui découpent le massif.

128

Urbanisation vue mer

Brise de mer Sautes de feu (800m à 2km)

Convection thermique

Ripisylve

Pare-feu Position DFCI Action des pompiers

croquis de principe : situation d’incendie déclanché en ubac


La problématique forestière contemporaine est à reformuler, autour des devoirs des propriétaires forestiers, dans le cadre du projet de territoire ; qui s’oriente vers la valeur d’usage d’un réseau cohérent de parcelles, fondé sur la complémentarité de

Source CG 83 -

Source Guide pratique «le débroussaillement» - CR PACA

l’épaisseur territoriale.

Axe stratégique de coupure de combustible en crête

Dans le Var, l’accès aux massifs forestiers en période estivale est réglementé, par arrêté préfectoral1. Il permet notamment en cas de risque exceptionnel d’interdire totalement l’accès aux massifs. Une telle disposition vise à limiter le risque d’éclosion du feu. Les obligations légales de débroussaillement (OLD) représentent plusieurs dizaines de milliers d’hectares à l’échelle d’un département. Il s’y ajoute les débroussaillements de pistes et routes forestières et les grandes

coupures de combustible pour la défense des forêts contre l’incendie. Ce qui revient à vouloir faire tabula rasa de la végétation provençale au nom de la sécurité incendie. Hors, c’est bien à travers des situations de pertubées que la végétation adopte un optimum d’expression dynamique. De plus, la majorité de ces OLD concerne les interfaces entre habitat et forêt et relève de la responsabilité des propriétaires privés.

Obligation légale de débroussaillement (OLD)

Les habitations disséminées dans les zones boisées, multiplient les interfaces habitat-forêt, mais aussi les voies de communication et les réseaux. En 2012, dans le Var c’est près de 70% des propriétaires forestiers qui ne respectaient pas l’impératif d’un Plan Simple de Gestion (PSG) conformément au code forestier. Le bilan fait état de 54% de la surface forestière dépourvue de gestion, ce qui correspond à 57 531 hectares pour la forêt varoise.(GLEIZES O.,2012)

1-Arrêté préfectoral du 15 mai 2006 réglemente la pénétration dans les massifs forestiers, la circulation et le stationnement sur certaines voies les desservant pour la période du 21 juin au 30 septembre. GLEIZES O., (2012), Attentes et motivations des propriétaires forestiers varois de plus de 25 hectares sans plan de gestion. Typologie et pistes d’actions.

129


1 2 3

130

1 - La «quête du vert»

2 - Les vides à remplir

3 - Interface habitat-forêt

Argument majeur de promotion immobilière, des villas néo-provençales

Les friches spéculatives agricoles de plaine sont perçues comme des variables d’ajustement à l’extension urbaine.

La « vue » motive, à construire au recul du vignoble et en contact direct avec la forêt : négligence ou irresponsabilité ?


Evolution des aménagements sur les versants Dissolution progressive des pratiques de gestion agro-forestière

Draguignan

Vidauban Roquebrunesur-Argens

SOURCES - ©GNI / BD CARTO / BD TOPO / CORINE LAND COVER

Vidauban

Brignoles

Le Luc

Fréjus / St-Raphaël

La GardeFreinet St-Tropez Grimaud

Pierrefeudu-Var

Cavalaire

Bormes-lesMimosas Toulon

Hyères N

0 1

5km

AOC Côtes de Provence Hors AOC

Carte des vignobles du territoire des Maures

Le paysage viticole du territoire des Maures occupe une place prépondérante au pied du massif forestier. C’est la principale activité agricole, rassemblée sous un label appellation d’origine contrôlée ‘« côtes de Provence » ; répartie entre de grands domaines et de petites parcelles familiales. Les parcelles cultivées en vignes, possèdent une propriété passive de pare-feu. En effet, le combustible présent se limite en bandes enherbées entre les rangs ce qui réduit considérablement l’intensité d’un incendie. La pertinence d’une monoculture en plaine peut être

questionnée, vis-à-vis de l’affectation des sols cultivables envers l’autonomie de la production maraîchère du département. La connaissance du milieu, aide à décoder le terroir pour montrer comment on peut composer avec. Implanté en coteaux, le travail soigné de la vigne permet la production d’un raisin sous d’autres conditions. C’est sur ces éléments porteurs, que s’inscrit le projet dans la durée. Afin de proposer une offre agricole complémentaire des milieux forestiers, en interface avec des situations habitées.

131


Politiques territoriales

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Satellisation des responsabilités

L’organisation politique du territoire se fait autour de grands bassins de vie des agglomérations majeures. Structurée par un ensemble d’intercommunalités : • Communauté d’agglomération de Toulon-Provence-Méditerranée, • Communauté d’agglomération de Draguignan, • Communauté de communes Cœur du Var, • Communauté de communes Var Est • Communauté de communes 132

des Cantons de Grimaud et de Saint-Tropez. Qui exercent de fortes attractivités polarisées sur des secteurs économiques concurrentiels. Cependant, à l’échelle territorial ce découpage administratif tend à lisser l’épaisseur géographique du massif des Maures. Par conséquent, troublée par le jeu des intercommunalités, les schémas de cohérence territoriale (SCOT) se trouvent en décalage pour appréhender la complexité du massif dans sa

position territoriale. Par ailleurs, certaines collectivités rassemblées sous l’association des communes forestières du Var (CoFor 83) ont entrepris une démarche de charte forestière. La majorité (22 communes) a rejoint depuis, juin 2014, le SYNDICAT MIXTE DU MASSIF DES MAURES qui porte collectivement le projet d’aménagement socio-économique dont l’échelle de cohérence est celle du massif.


Draguignan

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SOURCES - ©GNI / BD CARTO / BD TOPO CG 83

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persiste

sur la place contemporaine de la forêt dans le projet urbain. L’emploi du feu comme un auxiliaire d’agro-écologie pourrait-il favoriser et garantir l’émergence des conditions d’accueil de situations habitées ?

Concernant la place de la forêt méditerranéenne dans la gestion territoriale, de nombreuses difficultés se présentent face aux communes. Les préoccupations de gestion émises par l’ONF, s’orientent autour des questions de sécurité incendie, des personnes et des biens et d’une rentabilité potentielle de la forêt. Cependant malgré l’outil fédérateur du Plan Intercommunal de Défense et d’Aménagement de la Forêt (PIDAF) les communes éprouve des difficultés à maîtrise les impératifs d’entretien des forêts et ouvrages DFCI, ceci est dû à

5km

Conservatoire du littoral Parcelles dotées de Plan Simple de Gestion (PSG)

la compression budgétaire au cours des années, conjointement lié aux révisions règlementaires, à la hausse, des impératifs DFCI. Majoritairement composé de propriétés privées (70%), le positionnement du projet par sa dimension collective devra réintroduire une dimension multifonctionnelle par les usages proposés. Du niveau de coopération entre propriétaires, gestionnaires et usagers dépend la qualité de mosaïque des milieux. 133


134


Métissage

135


La - mètis- est bien une forme d’intelligence et de pensée, un mode du connaître; elle implique un ensemble complexe, mais très cohérent, d’attitudes mentales, de comportements intellectuels qui combinent le flair, la sagacité, la prévision, la souplesse d’esprit, la feinte, la débrouillardise, l’attention vigilante, le sens de l’opportunité, des habiletés diverses, une expérience longuement acquise ; elle s’applique à des réalités fugaces, mouvantes, déconcertantes et ambiguës, qui ne se prêtent ni à la mesure, ni au calcul exact, ni au raisonnement rigoureux.

M.Detienne, J-P.Vernant Les Ruses de l’intelligence. La mètis chez les Grecs 136


137


3.1 -

Jardin, Oasis, Huerta

Stratégies de projet pour le territoire des Maures

Le terroir représente l’héritage des liens entre une société et son territoire. Fruit d’une œuvre collective, la transmission de ce patrimoine dépend de la responsabilité de l’ensemble des acteurs de la communauté territoriale.

En méditerranée, l’histoire de la ville est intimement liée à la figure du jardin. L’hortus représente en effet la fraction la plus soignée du territoire, le domaine de l’ombre et de fraîcheur dans un pays de soleil, de fertilité face au désert dont l’image la plus éloquente est celle des oasis maghrébines véhiculées par les Arabes, les Sarrasins et les Maures sur la péninsule ibérique en produisant des huertas (Orangeraie de Murcie et de Valence). La compréhension des territoires habités associe le jardin a une trilogie agraire

Gravure de l’expédition de la colonne de Géryville. (1868) Vue Fighig, grande oasis, à la limite de l’Algérie et du Maroc. 138

du terroir, l’ager (le champs) était soumis traditionnellement à l’alternance du labour-jachères tandis que le saltus (le maquis - la garrigue) est le domaine du pâturage et de cueillette. Quant à la silva (la forêt) symboliquement assimilé au territoire du « sauvage », constituait un espace de prélèvements de ressources. Toutefois, les facilités énergétiques offertes par l’essor du pétrole ont conduit à la spécialisation territoriale et aux monocultures concurrentielles.


Accompagner les énergies de l’espace géographique nourri la capacité d’accueil du territoire comme le substrat porteur d’un imaginaire ouvert aux interventions futures. Un des enjeux forts serait de changer le rapport actuel à la forêt qui s’inscrit en tant qu’espace de loisirs en valorisant les dimensions collectives, (sociales et pédagogiques) climatiques et économiques d’une mise en culture des atouts du territoire (matériaux, énergies, aliments). Il s’agit d’être en mesure de faire évoluer la valorisation du sol du massif des Maures afin de répondre en adéquations avec les enjeux de biodiversité et les attentes sociales vers de nouvelles aménités.

tiente et consciente de l’aléatoire. En partageant les valeurs d’usage et de lisibilité de l’espace public, l’approche paysagère privilégie une culture de projet, et permet d’élaborer collectivement l’organisation contemporaine des paysages du feu. En effet, la mise en partage de ce territoire par l’ouverture des milieux est un acte de sociabilité qui favorise la compréhension des phénomènes naturels, des cycles agro-pastoraux

et forestiers. La transposition des ressources et savoirs locaux, s’envisage plutôt comme une entrée « en conversation avec la mémoire du site (…) pour ne pas rompre avec l’identité d’un lieu » comme le soutenait le paysagiste CORAJOUD Michel. Elle porte l’exigence d’une posture manifeste qui refuse un repli nostalgique et les logiques économiques globalisées, qui tendent à imposer des modèles standardisés. «Empreinte jardinée » du Massif des Maures. (2003)

Propriété coupe-feu des surfaces cultivées en vignes.

©LAURENT SOLA. AFP - Getty images

Accorder la stratégie à l’échelle territoriale autorise plus de liberté par rapport aux contraintes réglementaires, dont les cadres juridiques peuvent être collectivement re-débattus. Par conséquent pour ne pas verrouiller la réflexion, l’identification des sites stratégiques permet de cibler les finances publiques vers des échelles fertiles, et ainsi mettre en résonnance des sites pilotes sur le grand territoire. La complémentarité d’échelle des vallées du massif, affiche l’opportunité d’associer à cette solidarité territoriale une solidarité financière pour les recompositions majeures du territoire par une attitude pa139


L’agriculture comme condition au projet urbain janvier

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Proposer une agro-écologie du feu comme médiation directe entre le foncier forestier et l’urbain est une manière de responsabiliser les riverains à ce bien commun vulnérable : la terre arable. En ce qui concerne les terres agricoles, le Var fait partie des départements les plus chers de France depuis plusieurs années. Soit une valeur vénale de 44 060€1 de moyenne pour agricoles d’au moins 70 ares, libres à la vente (terres labourables et des prairies naturelles). Conscient de cette force écologique indissociable des territoires méditerranéens, le feu est un bien 140

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commun qui transcende les limites institutionnelles, pour lequel la société doit retrouver une proximité culturelle. A l’image d’autres sites dans le monde soumis à des risques naturels (volcans, mousson, mascaret), la dimension identitaire du feu pourrait faire l’objet d’une médiation touristique. (MERINO S., 2013) Tels que des sentiers combinés aux grandes coupures agricoles sur versants ou en crête (panorama) et dont l’animation permettrait la découverte faunistique et floristique des espaces ouverts et entretenus par le feu.

1- Arrêté du 17 juillet 2014 portant fixation du barème indicatif de la valeur vénale moyenne des terres agricoles en 2013 - JORF n°0198 du 28 août 2014 page 14463 texte n° 40. http://legifrance.gouv.fr/eli/arrete/2014/7/17/AGRS1414444A/jo/texte 2 - MERINO SAUM A., (2013) Les avenirs du feu dans les Maures, Ebauches de quatres scénarios de vie avec le feu.


Valoriser les paysages agricoles pour instruire l’opinion publique impose de repenser leur position actuelle par la compréhension des systèmes vivants du territoire. (HENRY D.,2012) En effet l’agriculture doit assurer une place structurante dans l’aménagement du territoire, génératrice de richesses tout en prenant en compte les aspirations contemporaines de la société telles que les désirs croissants de qualités de vie, alimentaires et paysagères. L’agriculture doit s’adapter à une nouvelle échelle, par des services de production adaptés au marché de proximité. Ces filières en circuits-courts assurent des liens socio-économiques entre les productions issues des vallées du massif et les bassins de vie. La mutualisation des investissements dans certains équipements permet de réduire les vulnérabilités économiques et énergétiques des unités diversifiées de production (élevage, oléiculture, maraîchage, apiculture, biomasse). Cela permet ainsi de rassembler des conditions adaptées visant à pérenniser de nouveaux modes d’occupation, en soutenant les activités grâce, par exemple à une taxe de gestion du territoire aux nouvelles surfaces constructibles et/ ou un pourcentage prélevé sur les taxe de séjour touristique du littoral. Ensuite rétribuées aux éleveurs et agriculteurs sous la forme de Mesure Agri-Environnementale (MAE), devenu jardiniers du territoire des Maures.

Le temps de la forêt ne correspond pas celui des hommes. L’agriculture, elle, est un moyen de conduire et de transformer les paysages, par un soin saisonnier du territoire.

Mosaïque de terroir : de l’île de Porquerolles (83)

La vigne : l’art de travailler de la pente

L’Oasis : nourris l’imaginaire urbain

HENRY D. (2012) Entre-tenir la montagne. Paysage et ethnogeographie du travail des eleveurs en montagne pyreneenne; Hautes vallées du Gave de Pau, de Campan et d’Oueil-Larboust.

141


Dessiner la mosaïque de pyrotolérance du territoire 3.3

-

Paysage de Dehesa - (Espagne) du castillan « dehesa » : pâturage , « montado » en portugais, « devesa » en catalan.

© ENRIQUE LUENGO - FLICKR

Pâture de sous-bois clairsemé, dont le foncier est propriété publique, se rencontrant dans les suberaies de la péninsule ibérique et du Maghreb. Paysages typiques, entretenus grâce aux troupeaux de porcs ibériques. Les animaux, élevés en plein-air, engraissés grâce aux glandées (7kg/jour) donneront l’authentique - Jambon ibérique pur de Bellota - (A.O.P) ou «Pata Negra».

Au-delà de l’entretien de coupures de combustible, le projet se déploie ainsi en réseau à l’intérieur d’un maillage territorial, qui constitue une armature stratégique. Cette structure s’appuie sur les liaisons dessinées par la qualité des plis géographiques du territoire (pente, orientation, exposition). La valeur démonstrative des stratégies de gestion, dote les expériences de paysage de forces de langages. Porteuses de valeurs identitaires de « terroir », la pratique de ces espaces est un acte de sociabilité

142

qui permet de retrouver une proximité culturelle avec les effets positifs du feu. L’émergence d’espaces ouverts gérés en agro-écologie, permet d’introduire une forme innovante de valorisation des énergies du terroir, par l’implantation de fermes photovoltaïques en adrets en lien avec le « Plan Climat Energie » visant à réduire la fragilité de l’approvisionnement électrique qui pèse très fortement sur la situation énergétique du département du Var.


Experimentations territoriales composer avec le feu

Densification urbaine autour d’espaces publics

Vergers publics Sylvo pastoralisme +fillière bois énergie

Brûlages dirrigés sur les crêtes + Apiculture + Sentiers découvertes sur l’écologie du feu

Fermes-relais de proximité

Ferme photovoltaïque

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SOURCES - ©JORDAN SZCRUPAK, 2014

Maraîchage de circuits courts +pâtures

L’animal , compagnon du projet de gestion

Apiculture et débroussaillements

Organiser les « paysages de récoltes »

Dans les Maures, le sylvo-pastoralisme est un outil de gestion des peuplements de chênes-liège, pubescents et verts, de pins maritime, pignon et d’Alep ou encore de châtaigniers. La présence animale anime les expériences de paysage.

Le miel est un produit forestier important et l’apiculture une activité économique significative dans le var. Elle valorise au mieux les zones improductives pour le bois : sites incendiés, sols superficiels, milieux ouvert d’autant que les espèces mellifères y sont nombreuses et diversifiées.

Organiser les prélèvements de la biomasse pour la production d’énergie (chauffage, biogaz…) ou la fabrication de compost sont des secteurs économiques d’avenir ; tout comme l’usage du liège comme matériaux noble dans le design ou en architecture (isolant).

143


© JESÚS JAVIER GUISADO RODRIGO - FLICKR

Dehesa du parc national de Monfragüe

Province de Cáceresco, communauté autonome d’Estrémadure. 144


En déployant les valeurs du saltus, la gestion écologique de la ressource forestière combustible par un pâturage extensif, s’avère une voie de valorisation économiquement plus efficace que le broyage mécanique qui, de plus, est un non-sens écologique.

La polyvalence saisonnière des suberaies pâturées ou de l’élevage des porcs en forêts de chênes ou de châtaigniers est un puissant facteur d’animation socio-économique par le retour d’une rencontre avec l’animal en forêt.

L’utilisation du feu pastoral est capable régénérer la ressource alimentaire nécessaire aux troupeaux. De plus, l’intérêt de la présence d’arbres sur les parcours est double, tant pour le confort des animaux en conditions sèches (abri, production des fruits) que pour la disponibilité accrue de la ressource fourragère à l’ombre.

©VICTOR MANUEL PIZZARO - Ciuadad & Dormida

La rénovation de l’élevage passe par un contrôle du foncier divisé, difficile à maîtriser où l’espace forestier est de plus en plus restreint. La puissance publique doit faciliter le réinvestissement ou la mise en place obligatoire de « conventions d’usages » avec les propriétaires forestiers en faveur du sylvo-pastoralisme au titre de l’utilité publique.

Pâture de porcs ibériques à Fregenal de la Sierra - (Espagne) Province de Badajoz, communauté autonome d’Estrémadure.

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Pli agricole

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Ligne d’articulation un nouvel horizon agro-forestier

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Le versant ubac du chaînon septentrional de la Garde Freinet, et le sillon permien constituent le « Pli agricole ».

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Une ligne d’articulation entre le piémont du massif et la plaine des Maures, à partir duquel se redéfinissent les valeurs de la forêt en fonction du projet agricole. La culture de projet privilégie la mise en valorisation active de ce Pli agricole comme un nouvel horizon agro-forestier dans lequel le feu est légitime

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1 « Estive atypique », (Cannet des Maures) - Troupeau d’ovins sur les talus de la décharge du Balaçan

2 Plaine des Maures, (Réserve Naturelle Nationale ) - Certains vignobles subissent par endroit des situations de déprise 152


3 Canopée africaine ? (Réserve Naturelle Nationale ) - La RNN concilie préservation du patrimoine naturel et les activités humaines

4 Horizon forestier,

(La Garde-Freinet) - Les conifères et les feuillus se partaents les expositions

153


Grimaud

La Garde-Freinet

SUD EST Port-Grimaud

SOURCES - ©JORDAN SZCRUAPK, 2014

Cogolin

154

Colline de Miremer

Barrage de Vanadal

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L’épaisseur du territoire Plaine des Maures - La Garde Freinet - Golfe de Saint-Tropez (18km)

Promouvoir la Pyro-tolérance d’échelle territoriale par la compréhension des dynamiques du vivant, contribue à l’apaisement du climat de psychose en renversant le système du regard. Cette éthique de conception extensive propose une diversité d’opérations simples, performantes, économes et réversibles permettant de composer avec les processus actifs du territoire. Le Cannet des Maures NORD OUEST

Décharge de Balançan Barrage des Neufs Riaux

Barrage des Escarets

Aérodrome du Cannet des Maures

L’AILLE

155


Le pli agricole La rencontre du versant et de la Plaine des Maures

L’entrée dans le massif se fait par la porte de la Garde Freinet. La route y prend progressivement de l’altitude, partant du niveau cultivé et se poursuivant en corniche au-dessus des vallons aménagés de barrages. Celle-ci est à la fois un vecteur cinétique de lecture du territoire, et un couloir potentiel de mise à feu,

enjeux actions stratégiques • Prolonger la gestion agricole sur les premiers versants au contact de la plaine. • Conforter dans la plaine, l’alternance des poches agricoles entre les bancs de grès. • Donner à la route une dimension de progression dans l’épaisseur du territoire par une diversification de gestion de la ressource combustible. • L’animal devient un compagnon de gestion dans la pente

156


outils de projet gestion des milieux ouverts

1-

Etat actuel Les poches agricoles définissent l’épaisseur du territoire de la plaine avec le versant.

2-

Sensibilité

SOURCES - ©JORDAN SZCRUAPK, 2014

La proximité de la route augmente de façon significative les risques de départ de feu.

3-

Actions En une nouvelle diversité d’ecritures paysagères, Les parcours de l’animal deviennent d’utilité publique, en valorisant la ressource forestière combustible.

157


Esquisse

Intentions spatialisées

SOURCES - ©JORDAN SZCRUAPK, 2014

Découvrir l’épaisseur du territoire

Animer le paysage par la présence animale

Versant nord (ubac)

100m

Plaine des Maures Poches agricoles

état actuel 158


Gérer les crêtes par une écologie du feu

Prolonger l’usage agricole vers le côteau

Conforter la vocation agricole en plaine

Animer le paysage par la présence animale Structurer une écologie du feu : Brûlage dirrigé

100m

Prolonger les pratiques agricoles vers le côteau

Découvrir l’épaisseur du territoire

Accompagner les dynamiques agricoles

projet 159


160


Pli habité

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Le processus d’habitabilité explorations et expérimentations

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La vallée de la Môle, débouche sur le Golfe de Grimaud constitue l’antichambre territoriale de la corniche varoise. L’espace des plaines alluviales appartient à l’agriculture humide (maraîchage, vergers) et la densité urbaine avec vue mer est contenue par la loi littoral.

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Le Pli habité correspondant à une stratégie de développement urbain, selon des logiques d’habitabilité au sein de la vallée. Garantie, non plus par les logiques spéculatives du foncier, mais par un processus de mise en culture des versants adrets comme conditions emphytéotiques des ancrages urbains.

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Développer l’avenir de la ville sur une territoire pyro-tolérant revient à garantir l’action structurante de la pratique agricole dans le processus territorial.

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Chartreuse de la Verne L’adrech de Pertuade

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1 « Plaine jardinée »,

(La Môle) - Des crêtes jusqu’aux berges de la Verne, la forêt descend en plaine depuis les versants.

2 Lotissement de plaine, (La Môle) - Le lotissement du Moulin, installé dans la plaine inondable de la Môle 166


3 Camping forestier, (L’aire du Pradel ) -L’aérodrôme de la Môle dans la perspective du « village vacances quatre étoile : le Pachacaïd »

4 Les Portes de la Méditerranée,

(Le col du Canadel) - offre une vue panoramique sur l’archipeldes d’Hyères

167


Col du Canadel

Aérodrôme de la Môle Cavalaire-sur-mer

SOURCES - ©JORDAN SZCRUAPK, 2014

Pardigon

Carrière Cermex Unité de compostage du SIVOM

LA MÔLE

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Château de la Môle


L’antichambre du littoral La vallée de la Môle (12 km)

L’intérêt général est de veiller à la qualité de la géométrie urbaine à l’échelle intercommunale (PIDAF, PPRif), face aux pressions locales, et d’intérêts d’ordre privé. Cela doit conduire la réflexion des décideurs et des concepteurs à accroître la capacité d’accueil du territoire tout en offrant des qualités augmentées de cadre de vie. Ces dimensions prolongent les ambitions

Commune de La Môle

politiques des Schémas de cohérence Territoriale et de la Charte forestière du territoire du syndicat mixte de Maures. Cette éthique du feu, serait portée par des structures institutionnelles tels que le Ministère de l’écologie et du développement durable, le Conseil Régional et le Conseil Départemental, ou la Fédération Française de Paysage. Mais aussi des structures

culturelles d’accueil du public et de médiation telles que le MuCEM, la Villa Méditérranée et le domaine du Rayol – le Jardin des Méditerranées comme autant d’appuis territoriaux, essentiels à la compréhension du phénomène des incendies en coopération avec les centres de recherches scientifiques nationaux et euro-méditerranéens (IRSTEA, INRA, Universités).

Chartreuse de la Verne OUEST

Le Moulin Roux

Barrage de la Verne

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LA VERNE

169


Le pli habité La rencontre du versant et de la Plaine des Maures

enjeux actions stratégiques • Étirer la ville sur le coteau adret (exposition au soleil, protection du vent Mistral); à l’urbanisation en plaine inondable. • Initier un processus d’éclaircie du milieu forestier par une valorisation agro-pastorale. • Inventer un confort de l’espace public dans la pente. • Les cols sont des lieux d’exception topographique du territoire qui méritent plus de lisibilité. La force émotionnelle des lieux appelle à une simplicité d’aménagement, hors des codes routiers urbains.

L’émergence d’une mosaïque de milieux ouverts constitue une armature expérimentale pour la recomposition des lisières urbaines. Sous la forme d’une intelligence de terroir, l’agriculture s’affirme comme un outil d’invention des médiations. Pour cela, les espaces du « bien commun », tels que les milieux ouverts de valorisation agricole, le patrimoine naturel pyro-tolérant, les fonds de vallées inondables doivent être considérés comme des appuis de projet pour répartir la charge foncière de cette politique d’aménagement.

• Les lignes de crêtes font partie du bien commun, elles contribuent à améliorer la compréhension du territoire.

outils de projet maîtriser les ancrages de la ville

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SOURCES - ©JORDAN SZCRUAPK, 2014

Piste DFCI

170

Parcelle privée débrousaillées (conditions règlementaires)

Gestion par Brûlage dirrigé

Ouverture du milieu par les troupeaux (sylvo-pastoralisme)


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SOURCES - ©JORDAN SZCRUAPK, 2014

Territoire pyro-tolérant - (Massif des Maures) L’approche systémique du territoire, compose une gestion expérimentale, d’interactions complexes entre les différents phénomènes actifs (incendies, inondation, érosion) et les fonctions urbaines (habitat, déplacements) dans lesquelles sont intégrés pratiques sociales.

Pratiques sociales de gestion agricole intra-urbaine : • vergers public,

Densification de l’habitat + création d’espace public

• maraîchage solidaire, • jardinage collectif

Exploitation du bois des 1eres parcelles + compostage urbain Installation de fermes relais Pastoralisme sur le versant + production de proximité

171


Esquisse

Intentions spatialisées

Définir les entrées de la vallée

Versant nord (ubac) Fermeture des milieux Plaine alluviale de la Môle

Versant sud (adret) incendies fréquents

100m

état actuel

Sylvo-pastoralisme (DFCI) Agro-foresterie (Châtaigneraie) et

projet 172

Densifier et remonter la ville en courbe de niveau autour d’espace public (Vergers, Maraîchage) + Gestion de la pente/innondabilité

Etablir la ville selon les configurations pédo-climatiques

100m


Gérer les économies de la forêt

Accompagner la forêt par l’agriculture Les crêtes comme bien commun

Etirer la ville sur le côteau Plaine des Maures 100m Versant nord (ubac) Fermeture des milieux

Compression de la ripisilve par la voirie

Versant sud (adret) incendies fréquents

état actuel

Activer les réseaux de pratiques forestières

Définir les appuis urbains à l’échelle intercommunale

Etager une diversification de productions

100m

projet 173


L’énergie de la fertilité Promouvoir la pyro-tolérance territoriale, revient à explorer la complexité du phénomène de l’incendie. Puisque les limites environnementales, urbaines et culturelles sont avérées, c’est donc tout le processus territorial qui est impliqué. Par conséquent, il apparaît que le thème de l’incendie ne peut être exclusivement cédé aux « techniciens du secours » porteur d’une approche segmentée et spécialisée dans l’extinction. Cette réflexion expérimentale et ouverte au débat, élabore la capacité de résilience des territoires de projet en interrogeant le partage des responsabilités. Ensuite, la société accorde au feu le caractère d’une valeur identitaire assumée par un processus de reconnaissance de sa propre vulnérabilité. Enfin, elle accepte de composer de nouvelles relations culturelles et spatiales avec cette énergie du biome méditerranéen. En percutant les lignes décisionnelles, le feu est par là subversif et échappe aux limites administratives, pour suivre ses propres logiques de propagation au sein du continuum boisé. Considérer le feu comme un aléa nous a véritablement menés vers un suicide territorial. Il n’est pas un accident, mais un événement créatif, une respiration poétique, capable de ré-initier des expériences fertiles. Cette crise de références est révélatrice d’une compréhension partielle du phénomène. En effet, notre société projette à tort sur la forêt méditerranéenne un modèle culturel de fragilité 174

« la pyro-tolérance est à la fois, éthique de construction systémique du territoire ; outil interprétatif des relations du vivant au phénomène de l’incendie ; et modèle d’organisation des pratiques collectives adaptées aux dynamiques du biôme méditerranéen. »


conclusion Feu de printemps [Kansas, États-Unis d’Amérique]

Les prairies des Flint Hills forment un paysages d’herbes hautes des Grandes plaines nord-américaines. Le feu pastoral est une technique de brûlage dirrigé d’entretien et de régénération des pâturages. Le feu courant est employé durant la période de repos végétatif en fin automne, hiver, ou début printemps selon le climat, et concerne uniquement la partie aérienne de la végétation.

©Frédéric Vissault-Flickr

légitimant une lutte militaire illimitée. En somme, en reposant sur des représentations sociales caduques, le thème de l’incendie apparaît comme tabou, et provoque des vives réactions émotives voire polémiques qui entravent tout débat serein. La posture manifeste de pyro-tolérance soutient une attitude patiente et consciente de l’aléatoire et prend volontairement un biais philosophique vis-à-vis de la culture dominante de l’extinction. Dans l’actuel boulversement climatique, il s’agit donc de réinterroger de la ville contemporaine, par ses conditions d’ancrages au territoire. Ainsi, il semble nécessaire de repenser par le paysage les modèles d’aménagement, en : « orientant le projet politique de société vers la préséance du bien commun dans l’usage de l’espace. » (CLÉMENT G.,2013). En effet, le métissage stratégique de nouvelles postures de société, explore donc la notion de - bien commun - valeur collective essentielle du Paysage, dont la gouvernance repose sur une gestion humble et généreuse. Cette posture expérimentale permet de redéployer à l’échelle géographique du territoire, l’expression de valeurs fédératrices et partagées par la société contemporaine. Ainsi considérée, la pyro-tolérance est, à la fois, éthique de co-construction systémique du territoire, outil interprétatif des relations du vivant au phénomène de l’incendie, un modèle d’organisation des pratiques collectives adaptées aux dynamiques du biôme méditerranéen.

Sous la forme d’une intelligence de terroir, l’agriculture s’affirme comme un outil d’invention des médiations. Aussi, garante d’une économie solidaire, l’activité agro-forestière s’appuie sur les valeurs du saltus qui valorise l’animal comme partenaire de projet en assurant un soin saisonnier du territoire. «Ce peut être un exemple de la nouvelle gouvernance locale dans la mondialisation, une solution d’avenir à haute valeur démocratique pour l’agriculture européenne et mondiale. Ainsi interprétés, les terroirs deviennent le lieu de la meilleure valorisation de la proximité avec les phénomènes de territorialité qu’elle engendre. Ils sont alors un des acteurs majeurs de la construction des territoires ruraux. Ils deviennent, dès lors, une des modalités de cette autre vision de la cohérence nécessaire des acteurs que sont le territoire, l’économie, le socio-culturel et le politico administratif.» (HINNEWINKEL J.-C., 2007). L’émergence d’une mosaïque de milieux ouverts constitue une armature expérimentale pour la recomposition des lisières urbaines. Finalement, l’accompagnement des énergies inhérentes au territoire des Maures, s’annonce comme un fantastique chantier d’avenir, qui offrirait au feu l’échelle géographique légitime en tant que caractère universel de la Méditerranée.

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