Histoire d'une maman, nommée Lélette

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Marc Ganry Un poète en Vallon L'Amour dans tous ses états

Il est une fois… Autour de la Table des Grands Sentiments

Lélette"

"

et tous les cœurs qui lui sont chers Un ouvrage "Trois en un" Façonné, illustré et présenté par Marco, le benjamin de la fratrie "Les Trois Petits Charentais" autrement appelée "Les trois de Vignolles" Un livre pour conter l'Histoire d'une Maman au milieu des Siens

Un recueil de poèmes écrits par la plume d'un enfant pour sa Maman

Un album illustré pour que revivent les souvenirs Rédigé en vers et en prose par Laplumedemarco

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Les poètes nous aident à aimer. Ils ne servent qu'à ça. Et c'est un assez bel emploi de leur "vanité délicieuse".

Anatole France

La griffe de l'auteur - Dédicace

Marc Ganry 2020 L’auteur vous invite à visiter ses poèmes et textes poétiques sur son nouveau site : www.laplumedemarco.fr Conception graphique Marc GANRY Poesie.passion-12@laplumedemarco.fr

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Du même auteur Il est une fois...la Plume du Poète et le Vallon de Marcillac. (Recueil 2014) Que la Campagne est belle ! (Recueil 2015) Mon livre en partage - 1ère partie : L'Amour, la Vie et après... (Recueil 2015) Mon livre en partage - 2ème partie : Dans les coulisses de l'antre du poète (Recueil 2015) Le Marcillac AOP - Le Prince des Vins (version couleurs) (Recueil 2016) Le Marcillac AOP - Un Prince en Vallon (version noir et blanc) (Recueil 2016) Cœurs de femmes (Recueil 2016) La Plume et le Képi de Marco – L’autobiographie de ma carrière de Gendarme – Hommage et honneurs à mes « Képis Amis » - En prose et en vers - (Livre 2017) Evasion en Réunion – Récit d'un séjour sur l'Ile Bourbon – suivi d'un cocktail de poèmes et de textes poétiques (recueil 2019) L'appel de Madinina – l'Ile aux Fleurs – ou la Martinique, entre rêves et réalités (recueil 2019) Avec son frère, Francis Ganry L'appel de la Montagne (Récit de voyage 2015)

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De son frère Francis Ganry : Qui m'a tenu la main d'études ? (2020) (1)

le

jour de

mon

certificat

(1) – Le petit bonhomme sur la charrette entre mon frère aîné Francis et notre « Papa Léo avec la hotte sur le dos », c'est bien moi !

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Qui suis-je ? Je suis né en 1951 dans le département de la Charente. Retraité depuis Juin 2006, je suis un adepte de la randonnée pédestre. « Faire route à pied par un beau temps, dans un beau pays, sans être pressé, et avoir pour terme de ma course un objet agréable : voilà de toutes les manières de vivre celle qui est la plus de mon goût. Au reste, on sait déjà ce que j'entends par un beau pays. Jamais pays de plaine, quelque beau qu'il fût, ne parut tel à mes yeux. Il me faut des torrents, des rochers, des sapins, des bois noirs, des montagnes, des chemins raboteux à monter et à descendre, des précipices à mes côtés qui me fassent bien peur...La promenade à plusieurs est l'occasion d'un plus libre épanchement... La marche a quelque chose qui anime et avive mes idées : je ne puis presque penser quand je reste en place ; il faut que mon corps soit en branle pour y mettre mon esprit ». Rousseau (1712-1778), Les Confessions. Je ne suis ni un poète avec un grand « P », ni un conteur, encore moins un faiseur de bouquins. J’ai simplement quelque chose à dire, alors je le dis avec mes mots, ma mémoire et mon cœur. Mes écrits se rattachent à des faits vécus, des situations observées, des petits riens qui font le quotidien. Des fois l’actualité m’interpelle. La famille, les parents, les amis, la nature, les saisons, le temps qui passe, mon enfance, mon adolescence et ma vie d’adulte sont autant de thèmes qui animent ma Plume.

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Tantôt coups de cœur, tantôt coups de gueule, ils sont mon regard sur cette vie concoctée de bonheurs, de joies, mais aussi de malheurs et de peines. Mais j’ai plaisir à me souvenir, à me raconter, à faire vivre ou revivre pour que l’image demeure. Si je suis gentiment taxé de rêveur, de romantique ou de personne d’un autre univers, cela ne me froisse pas, car pour trouver un équilibre dans ce monde contrefait et complètement défait, j’ai besoin de rêver, de retourner sur mes racines, d’écrire ce qui est beau, nature et sincère. Ma seule ambition, me faire plaisir et faire plaisir à celle ou à celui qui, dans ce rêve, se reconnaît.

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En guise d’introduction Ma devise : « Ecrire pour Etre ». C’est dans l’écriture de poèmes voire de textes poétiques que j’exprime le mieux cette passion qui m’est apparue sur le tard, dans le courant de l’été 1999. Elle trouve dans ce recueil toute son expression et son identité. Mon enfance, mon adolescence, ma vie d’ adulte, aujourd’hui de sexagénaire, les plaisirs, les désirs, l’Amour qu’il soit maternel, paternel, fraternel, conjugal, filial, familial, les bonheurs de l’ existence, les malheurs aussi, qu’ils soient grands ou petits, mes parents, ma famille, mes amis, ma carrière de gendarme, ma passion pour l’écriture poétique, les randonnées, les voyages, l’actualité, sont autant de thèmes pour les poèmes ou textes poétiques que j’ai composés et que je compose avec passion, humilité, sincérité, émotion souvent. Avec simplicité et ressentis intrinsèques toujours, mes entrailles et mon cœur en tout temps, sans artifices pour que les écrits de mon passage sur cette Terre restent quand la mémoire s’efface. Les racines disparaissent et les repères sont mis à mal par le temps qui passe et la société matérielle qui nous plonge au quotidien dans le doute, la morosité et la colère.

A quand, aux grands maux les grands remèdes ?

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Dis-moi ce que c'est un poète ! Le poète, avec pour seul code les mots, est celui qui essaie de refaire naître le monde ; mais pour y parvenir il doit à chaque fois renaître lui-même. Sa mission est très difficile. Il doit écrire, beaucoup écrire, laisser dormir des textes commencés, mal finis...et les reprendre plus tard, souvent très longtemps après. Le poète est sans doute celui qui vit perpétuellement entre deux trains. Il ne jette jamais l'ancre. A force de langage il se donne mission d'adoucir aux saveurs du miel tout ce qui touche à sa vie, à l'amour, à la folie, à la mort, aux douleurs. Et si parfois son encre devient acide, c'est pour tenter de décaper les mots et mettre à nu les sentiments.

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Il avance toujours par des élans qui relancent les cœurs. Son art demeure peu encombrant et se teinte du bleu des rêves, du ciel et de l'océan. Mais le sacro-saint dilemme qui le hante consiste à savoir si pensée, âme et corps sont ou ne sont pas indissociables ! Il lui est plus facile de croire que oui. Séparer ciel et terre, corps et âme, émotions et réalités de vie, présence et absence servent à une évasion réussie et à une libération des énergies... ... mais la page n'est jamais totalement écrite...

François Coulon Tiré de son dernier livre "Louise".

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Le poète Marco et sa petite fille chérie Judith lors d'une "opération dédicaces" de ses recueils à la Maison de la Presse de Marcillac-Vallon (Aveyron)

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Préface Chère amie lectrice, Cher ami lecteur, C'est toujours avec un infini plaisir et un bonheur non dissimulé que je viens vers vous avec ma Plume pour vous proposer de nouvelles productions. Cette fois ci, c'est un défi délicat que je m'impose et ma Plume est tout à fait disposée à l'accepter et à le travailler corps et âme pour qu'il soit une réussite totale quand la première trame, revue et corrigée, sera proposée à la lecture. En réalité, il ne s'agit pas d'une innovation « exceptionnelle » mais d'un challenge que je veux mener à bien. Je me suis mis en devoir d'écrire un ouvrage que j'intitulerai : Il est une fois…. Autour de la Table des Grands Sentiments…

"Lélette" et tous les cœurs qui lui sont chers Un ouvrage "Trois en un" Façonné, illustré et présenté par Marco, le benjamin de la fratrie "Les Trois Petits Charentais" autrement appelée "Les trois de Vignolles" Un livre pour conter l'Histoire d'une Maman au milieu des Siens Un recueil de poèmes écrits par la plume d'un enfant pour sa Maman Un album illustré pour que revivent les souvenirs

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Une courte réflexion certes, mais un long travail de préparation, de recherches et de synthèse. S'agissant de notre Maman (Lélette) et de ses trois garçons, la fratrie « Francis, Jacky et Marco », autrement identifiée "Les Trois de Vignolles", je dois lui offrir "un devoir de français très pensé et pesé", digne d'un cadeau peu ordinaire qui n'a pas de prix conçu et offert par un fils à sa Maman. Un présent bien ficelé au contenu plein d'Amour et de Tendresse. Alors je me dis que je pourrais, à partir de poèmes et textes poétiques déjà écrits sur Elle et pour Elle et de ma propre prose pour nous guider sur son Chemin de Vie, rédiger un journal sur la Vie de ma chère Maman, en y associant ses trois garçons et leurs familles, Léo, notre Père, Roger son second mari, son frère Raymond et sa famille, et toutes les personnes qui, à un moment ou à un autre de la Vie de Lélette lui ont témoigné des sentiments forts et durables. Je veux parler des personnes qui ont apporté à ma Mère une aide précieuse, une assistance avérée, notamment dans les moments difficiles que nous avons traversés. Mais aussi, ces âmes et ces cœurs qui ont contribué de par leur présence ou action à son bonheur et à celui de ses enfants. Tous mes vœux de réussite à ma Plume enthousiaste d’œuvrer de concert avec mon cœur d'enfant, ma mémoire, mon âme, mes entrailles, mes ressentis, mon Amour filial. Un très beau « chantier » à réaliser tant qu'ici-bas, les quatrains écrits par ma Plume seront un lien de Vie à partager. Une aventure que je veux "vivre" avec Francis, mon grand frère envers lequel je n'ai pas de mots assez

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forts et probants pour lui dire tout mon attachement fraternel. En écrivant ces mots, comment ne pas avoir une pensée pour notre frère cadet, Jacky qui nous a quittés un matin de Février 2013. A chaque instant que je consacre pour écrire ce livre, Jacky est là auprès de moi, avec moi. Il est présent dans ces pages pour nous dire combien il partage avec nous cet Amour filial que nous vouons à notre Maman. Comment pourrait-il en être autrement ? Bonne lecture !

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Remerciements, Hommage et Honneurs. A ma Maman Je veux rendre ici, puisque l’occasion m’en est donnée, un vibrant hommage à ma Maman qui est une source féconde et naturelle d’inspiration pour les nombreux poèmes que j’ai écrits sur Elle et pour Elle. Quoi de plus beau que de poétiser pour sa Maman, de lui dire par les mots tout l’Amour et toute la Tendresse de son Enfant ? Elle qui vient de souffler ses quatre-vingt-seize bougies et dont la force du mental, la volonté tenace de ne pas reculer mais de toujours avancer et l’irrésistible envie de vivre avec et pour ses enfants, petits-enfants et arrièrepetits-enfants, même éloignés géographiquement, font qu’Elle est notre Soleil qui brille ardemment dans nos cœurs et qu’Elle est notre Repère et notre Lumière de Vie. J’ai écrit, j’écris et j’écrirai encore sur Elle et pour Elle des quatrains d’Amour comme je le faisais à l’école communale de Vignolles, notre village charentais, pour la fête des Mères. Je me souviens de ces petits textes rédigés à la plume et à l’encre violette sur une feuille pliée en deux et décorée avec des fleurs, des papillons ou des oiseaux.

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Le document que vous avez entre les mains, que vous feuilletez ou que vous lisez attentivement est tout simplement cet hommage fort et soutenu dont je fais état. Et cet hommage je tiens absolument à lui signifier de son vivant. Je sais que cette résolution n’est pas enthousiaste, joyeuse, voire heureuse, mais il faut se rendre à l’évidence qu’à 96 ans passés, il y a encore un bout de chemin à faire ! Combien ? Je ne le sais pas. Ce que je sais c’est que je me dois de clôturer mon ouvrage pour qu’il soit le plus beau des cadeaux qu’un enfant peut faire à sa Maman. A l’automne de son grand âge, nous sommes là, Francis et moi. Nous veillons sur sa personne dans sa maison charentaise sise sur la commune de Châteaubernard, une agglomération qui jouxte celle de Cognac. Nous avons fait le choix qu’il en soit ainsi en profitant des aides à domicile et de la présence d’une tierce personne qui nous supplée le cas échéant. Nous assumons notre choix de maintenir notre Maman chez Elle. Des voix moins conciliantes nous parlent d’EHPAD où le pensent très fort. S’occuper de sa Maman et veiller sur Elle en l’entourant de son Amour filial, n’est-ce pas là un juste retour des choses ? D’ailleurs ne sont-ce pas là les incitations de l’Etat ? Je crois savoir que oui ! Ne s’est-Elle pas privée et dévouée corps et âme, notre Mère pour nous élever et faire de nous les adultes que nous sommes ? S’il en avait été autrement de sa part, serai-je enclin à graver aujourd’hui sur ce parchemin toute ma gratitude et ma reconnaissance pour ce qu’Elle a fait pour moi ? Pour Nous, ses trois garçons ?

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Plus en aval dans ce livre, j’écris, en parlant de Lélette, notre Maman et de notre fratrie : « Ton Amour maternel, tu nous donnes toujours … Notre Amour filial nous te rendons, jour après jour. » Un hommage appuyé à cette Maman « Lélette », la Maman de Francis, Jacky et Marco, désignés familièrement dans ces pages « Les Trois de Vignolles » et la fierté pour ce garçon benjamin que je suis de la mettre à l'honneur en lui consacrant toutes ces pages. Une belle et juste récompense ! J’aurai l’occasion de redire ces choses-là avec des mots, toujours des mots dans les pages qui suivent et qui sont entièrement dédiées à ma Maman Lélette, mais aussi à Léo, son mari et notre Père, à mes deux frères, Francis et Jacky, à Roger, notre beau-père, à Raymond, son frère et à toutes ces personnes qui sont citées et qui ont aussi leur place dans cet ouvrage pour avoir donné de leur personne ou de leur temps quand ma Maman et ses trois garçons étaient dans le besoin après la disparition brutale de notre Père. A mon frère Francis. Je vous invite à lire et à découvrir La Plume talentueuse de mon frère aîné Ganry, Francis qui vient de faire éditer son premier livre : « Qui m'a tenu la main le jour de mon certificat d'études ? » Une œuvre magistralement complète et réussie qui vous présente la famille Ganry, Léo de "Vignolles", entre Décembre 1943 et Juin 1959, date où elle fut

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tragiquement atteinte dans sa chair, Léo ayant mis un terme brutal à son existence. La question posée dans le titre de l’ouvrage appelle une réponse qui transporte le lecteur sur les Chemins de la Foi et qui présente les membres de cette famille charentaise aux racines bien ancrées dans ce terroir, au pays du "Cognac" et du "Pineau". C’est toujours avec une profonde déférence fraternelle, un attachement viscéral sans faille et une reconnaissance absolue pour ce que mon grand frérot m’a transmis et généré de bon, que j’évoque son cœur et son âme auréolés de tant de bonté, de générosité, de sensibilité, d’Amour pour les siens, de tolérance, de protectionnisme, de philosophie, de psychologie, de pragmatisme, de bon apôtre, de présence quand cela est nécessaire, de partage et d’assurance. J’ai toujours été très proche de ce grand frère et lui-même, il m’a toujours considéré comme son petit frère, portant sur moi au fil du temps une attention « paternelle », distillant à mon endroit assistance et conseils quand cela s’est avéré nécessaire. Le voyage en scooter que nous avons réalisé en 1964 dans les Alpes Françaises et Suisses durant un mois a été de nature à nous rapprocher mutuellement l’un de l’autre. Il avait 19 ans, j’en avais 13. Une très belle histoire que je vous invite à découvrir sur mon site poétique : « Laplumedemarco.fr ». Ses goûts artistiques et les miens se ressemblent. L’écriture nous lie beaucoup, notamment depuis que je me suis passionné pour la poésie que je publie sur internet. En quelque sorte, il est mon conseiller technique. Pour ne pas faire trop long et ne

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pas me laisser entraîner par les courants de mes propos, je terminerai cette rubrique en gravant avec force et conviction notre solidarité fraternelle et notre Amour filial à l’égard de notre Maman, Lélette, âgée de 96 printemps et que je mets fièrement à l’affiche dans ce livre. A mon frère Jacky J'associe tout naturellement notre frère cadet, Jacky qui aurait gratifié ce parchemin sentimental de sa plus belle Plume. Il a quitté notre fratrie, un matin de Février 2013. De son « chalet céleste » sur les hauteurs de Montsapey (73), ce site remarquable qu'il vénérait tant, il m’accompagne dans l'élaboration de ce journal de Vie entièrement dédié à notre Maman, « Lélette » et à toutes les personnes qui, de près comme de loin, ont ou ont eu un lien avéré et fort avec Elle et qui lui vouent ou qui lui ont témoigné des sentiments d'Amour, d'Affection et de Tendresse. Certes, s'il s'agit des enfants de Lélette, de ses petits-enfants et aussi de ses arrière-petits-enfants, je ne peux pas faire l'impasse sur certains membres de la parenté élargie et beaucoup d'autres cœurs et âmes que j'ai tenu à honorer dans ces pages. Des hommes et des femmes, des enfants, des lieux, des évènements, des liens, et biens d'autres "sujets" qui font partie du patrimoine existentiel de Lélette. Je suis très heureux de graver sur le parchemin de mon cœur tout ce qui a fait et qui fait toujours le bonheur

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de notre Maman mais je ne peux pas passer outre ce qui a provoqué de profondes blessures dans ce bonheur. Il en va ainsi sur le Chemin de la Vie. Ces mots pourront-ils apaiser la grande douleur de notre Mère d’être séparée à tout jamais de son mari Léo, notre père et de son enfant cadet Jacky, notre frère qui ont dit non à cette Vie si cruelle parfois pour s’en aller tout Làhaut auprès de Lui, le tout Puissant que l’on dit Sauveur de nos âmes en péril. Un mari, un papa. Il est parti tragiquement à l’aube d’un matin de printemps, le 05 juin 1959. Un enfant, un frère, un mari, un père, un grand-père, un compagnon, un ami, un collègue. Il est un maillon des « Trois de Vignolles ». Il est Jacky dans le trio des petits charentais « Francis, Jacky et Marco ». Il s’en est allé, lui aussi, tragiquement au crépuscule d’un matin d’hiver, le 04 février 2013. C’est avec l’encre de notre sang que je trace ces lignes façonnées d’Amour, d’Emotion et de « Pourquoi ? ». Deux plaies ouvertes dans notre chair. Se refermeront-elles jamais ?

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Francis, Jacky et Marco

Quelques repères pour vous aider à mieux appréhender Notre Chemin de Vie, ses pèlerins et leur existence Ici-bas ou Tout Là-haut. Un pèlerinage sur Le Chemin de La Vie… Celui d’une Maman, de notre Maman Lélette. Je compose en mon nom mais aussi en celui de mes frangins et de tous ceux et de toutes celles qui ont compté et qui comptent dans son existence… Une histoire… Celle de la famille GANRY, Léo …, la nôtre, élargie volontairement pour les besoins de ma Plume (Les oncles, les cousins et les assimilés famille…Les ami(e)s fidèles et durables)

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Une biographie… Celle d’une Maman, de notre Maman Lélette Une Plume d’Amour Celle de Marco, pour vous conter le portrait, le parcours et l'histoire de notre famille avec, en point d'orgue, Lélette et la fratrie Francis, Jacky et Marco Celle d’un enfant, Marco, Le benjamin de la fratrie familiale GANRY, Léo « Francis, Jacky et Marco » surnommée « Les Trois de Vignolles ». Un enfant poète à ses heures qui vous invite à la Table des Grands Sentiments… Marc GANRY, alias « Laplumedemarco » Je vais vous conter une histoire extraite des profondeurs du Terroir charentais, un récit authentique où l’Amour, omniprésent, est la ligne conductrice de cet ouvrage que je vous invite à découvrir et que vous pourrez faire vôtre. L’Amour sous toutes ses formes, dans tous ses états. Une histoire à cœurs ouverts où notre Maman Lélette est le personnage central. J’ai voulu qu’il en soit ainsi car c’est bien Elle que je veux mettre à l’affiche avec tous les honneurs qui lui reviennent. Lui rendre un hommage très fort « Tant que la Lumière est la Vie », Elle que je vénère par-dessus tout et qui mérite bien toutes ces pages d’écriture que je lui ai déjà destinées et celles que je suis en train de graver présentement.

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Venez avec moi vous asseoir à la Table des Grands Sentiments et laissez-vous « captiver » par cette aventure que vous allez vivre en direct. Une histoire d’Amour comme vous les aimez tant et qui s’apparente sûrement à celle que vous vivez au sein de votre Famille. Ma Plume de poète connaît les limites de ce sujet qu’Elle va longuement développer mais Elle ne pourra pas, à son habitude, s’empêcher de déborder de ce cadre que je lui ai fixé. Malgré mes consignes, Elle fera état d’avis, de constatations, de coups de cœurs, de coups de gueule, de critiques, d’explications parfois interminables mais je sais que vous lui pardonnerez ses écarts de scribouillard ! (Quand on aime, on ne compte pas !) L’Amour maternel et l’Amour filial, l’Amour paternel et l’Amour fraternel, l’Amour conjugal et l’Amour familial, autant d’Amours qui sont les solides fondations de cette histoire familiale contée simplement, humainement et poétiquement par Marco, le benjamin de la fratrie « Francis, Jacky et Marco », « Les Trois de Vignolles », les garçons de Léo et de Paule (Lélette) et au nom de sa fratrie. Allez, associez-vous aux personnages de cette assemblée familiale que je vous présente (si vous n’êtes pas l’un d’eux) et prenez bien du plaisir à être, avec eux, un pèlerin heureux sur le Chemin de la Vie, cette Vie faite de bonheurs mais aussi de malheurs. En toute simplicité et humilité Marco

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Fernand DROUHARD, le grand-père maternel Valentine DROUHARD, née CHURLAUD, la grand-mère maternelle Lélette (Paule) DROUHARD, leur fille aînée et notre mère Raymond DROUHARD, leur fils cadet et notre oncle Annie GIRAUD, la femme de Raymond et notre tante. Brigitte DROUHARD, la fille d’Annie et de Raymond et notre cousine Pierre BAUSSAY, le mari de Brigitte DROUHARD Julien et Lise BAUSSAY, les enfants de Pierre et de Brigitte, Aaron, le fils de Arnaud et de Lise Korab, la fille de Julien et de Samira Fernande LAMY, née DROUHARD, la sœur de Fernand et notre tante. Denis, René GANRY et Léo GANRY, les enfants de Marcel GANRY. Denis et René, nos oncles. Léo GANRY, notre Père. Pierre et Georges GANRY, les enfants de Denis et Olga GANRY et nos cousins. Modeste PRANZA, la femme de Pierre GANRY Roseline et Maryline GANRY, les filles de Modeste et de Pierre GANRY Régine ROULLIN, l’épouse en secondes noces de Pierre GANRY Karine GANRY, la fille de Régine et de Pierre GANRY et notre petite cousine.

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Ghislaine et Bernard GANRY, les enfants de René et Andrée GANRY et nos cousins. Pierre SANSILLON, le mari de Ghislaine GANRY Chantal, Alain et Thierry SANSILLON, les enfants de Ghislaine et de Pierre SANSILLON Francis, Jacky et Marco GANRY, les trois enfants de Lélette (Paule) et de Léo GANRY (Surnommés les Trois de Vignolles par Raymond DROUHARD) Claude/Francis, Brigitte/Jacky et Brigitte/Marco, leurs épouses respectives. Rachel, Laurent et Denis GANRY, les enfants de Francis GANRY et de Claude SULEAU Luna, la fille de Rachel GANRY et de Nicolas MICHEL Loan, le fils de Rachel GANRY et de Jean-François SEGARA Mélissa SEGARA, la fille de Jean-François SEGARA Léo, le fils de Laurent GANRY et de Cynthia DISPENSIERI Roxane, la fille de Denis GANRY et de Christel BONNEFOUS Olivier, Anne-Laure et Cécile, les enfants de Jacky GANRY et de Brigitte DESCLOUX Chloé et Juliette, les filles de Olivier GANRY et de Sandrine PUECH Camille et Adèle, les filles de Anne-Laure GANRY et de Samuel SAUZEREAU

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Alexis et Félicia, les enfants de Cécile GANRY et de Pierre SALOMON Isabel FERRERA, la compagne de Jacky GANRY. Tous deux avaient projeté une vie commune au Portugal. Frédéric et Cyril, les enfants de Marc GANRY et de Brigitte HOT Marion, la fille de Frédéric GANRY et de Marie POMIIER Judith et Candice, les filles de Cyril GANRY et de Sylvie GENEVRIERE Roger VIGE, le mari en secondes noces de Lélette, Le beau-père de Francis, Jacky et Marco GANRY Marcel et Suzanne CATHELINEAU, cousins de Léo GANRY Jean-Claude et Régine PILLET, de fidèles amis de Saintes (17). Nous leur devons beaucoup et notre reconnaissance est sans borne. Grâce à leurs personnes, nous sommes repartis pour une Vie nouvelle après le drame de Juin 1959. Bernadette et Suzanne FORTUNE de Cognac et alentours. Deux sœurs connues dans les années 1963/1964 quand Roger et Lélette tenaient un commerce de boulangerie à Segonzac. Deux cœurs de jeunes filles qui ont fait battre les cœurs de Francis, Jacky et Marco. Leur fidélité et leur proximité sentimentales vis-à-vis de

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notre Maman, de Francis et de moi-même sont toujours très fortes. Isabelle et Karine QUEMARD, deux petits cœurs de femmes qui ont pris une grande place dans celui de Lélette, leur « nounou » et dans celui de Marco qui partageait souvent avec les fillettes le temps de garderie. Odette et Michel LAIDET. Des voisins à Lélette, quartier de l’Echassier à Châteaubernard qui portent aide et assistance à notre maman, ce qui permet à ses enfants, éloignés géographiquement, d’être rassurés. Evelyne, Fabienne, Capucine, Catherine et quelques autres intervenantes dont l’identité m’échappe, de l’A.D.M.R de Cherves-de-Cognac qui entourent notre Maman de toute leur attention, délicatesse, gentillesse et lui prodiguent leur savoir-faire professionnel qui ne souffre d’aucune remarque. Elles exercent un très beau métier qu’elles pratiquent avec dévouement et un investissement total mais dont les conditions d’exercice mériteraient plus de reconnaissance, de soutien et de confort de la part de leur hiérarchie. Je pense qu’une importante et urgente réflexion doit être menée aux plus hautes instances de cet organisme notamment dans les domaines de la gestion et de la formation. Romain, Sandrine et Laurence, les infirmier et infirmières qui prennent grand soin de Maman Lélette en lui préparant les doses de médicaments prescrites par le Docteur CHOUFFOT, le médecin de famille qui est à citer dans cette liste nominative des personnes qui sont très chères à notre Maman pour leurs interventions auprès d’Elle et leur investissement quasi passionnel pour que, en la présente

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circonstance, Maman Lélette puisse demeurer chez Elle, dans sa maison. Un choix, qu’avec mon frère Francis nous assumons avec le concours de toutes les personnes aidantes et soignantes que je mets à l’affiche dans cet ouvrage. Kamel, kinésithérapeute qui connait Mamie Lélette et ne se laisse pas influencer par ses envies "du moment" qui peuvent être modulées par la météo extérieure peu propice à aller marcher à l'extérieur ou bien par des douleurs qui ne l'incitent pas à 'malmener' davantage son corps. Kamel sait conjuguer les actes qu'il doit faire pour "entretenir" au mieux la forme physique de sa patiente tout en tenant compte de ses observations. Une douce complicité s'instaure entre les "acteurs" qui se produisent avec bonheur sur les "planches" de la salle-à-manger ou sur le bitume des trottoirs extérieurs. Un ou plusieurs actes d'assouplissements, de marche ou autres prestations physiques qui sont de nature à fatiguer ma Maman qui apprécie le fauteuil/relax où elle s'installe pour "évacuer" quelques "douleurs de bien-être", satisfaite voire heureuse de pouvoir encore accomplir cette gymnastique qui la rassure un tant soit peu. Marie, que nous apprenons à connaître. Elle a répondu sans délai et avec une conviction totale d’investissement à l’annonce que mon frère Francis et moi-même nous avons publiée pour rechercher une dame qui réponde aux critères que nous avons imposés pour nous suppléer dans le maintien de notre mère à son domicile. Professionnellement compétente et humainement formée à gérer le quotidien de personnes âgées, Marie est la dame par excellence que nous recherchions. Nous en sommes très heureux pour notre Maman qui trouve auprès de Marie une présence providentielle qui, plus que jamais, est intégrée d’office dans

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le giron familial. C’est avec un bonheur non dissimulé que je mets toute ma confiance en Marie qui va, sans nul doute, permettre à Lélette de redonner l’envie et la force de poursuivre son Chemin de Vie, débuté il y a 96 ans et 6 mois !

Patrick Roux, artisan "généraliste" qui réside à quelques encablures de la maison de Lélette. Patrick, hormis ses capacités professionnelles qui sont indéniables et avérées dans son domaine qui est le travail du bois est une personne qui sait tout faire avec ses mains et sa tête. Serviable, disponible, gentil (peut-être un peu trop et pas reconnu comme tel), il est l'homme providentiel aux "mille services". Pour notre Maman Lélette, c'est une aubaine que d'avoir un voisin multi-bricoleur. "Allô, c'est Patrick … C'est Mamie… J'ai un robinet qui fuit dans la cuisine… Pas de problème Madame VIGE, j'arrive de suite…! " Merci Patrick pour tout ce que tu fais pour notre Maman quand elle te demande. Je veux tout simplement marquer la reconnaissance de Francis et de moi-même et faire mention de tes capacités professionnelles, de ta disponibilité et de ta gentillesse légendaire. Merci Patrick. J'associe évidemment Françoise son épouse pour ses relations très amicales avec notre Maman et ses enfants Francis et Marco.

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« Lélette, notre Maman » Il est une fois…

Lélette à 10 ans

Lélette à 96 ans

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Il est une fois, dans la campagne de la CharenteMaritime, en bordure du département de la Charente, au pays des vignobles « du Cognac et du pineau », est née, le 11 Mai 1924 dans le village de « La Tâcherie », commune de Mons, Paule, Edith Drouhard qui sera l'aînée d'une fratrie de deux. Trois ans plus tard, naîtra Raymond. Leurs parents, Fernand et Valentine sont fermiers. Dans le village et dans la contrée, Elle sera surnommée « Lélette ». Un petit nom qui lui est toujours resté. Paule est peut-être un prénom « un peu sec ». Alors, les personnes qui le jugeaient trop court ce prénom, ont ajouté « ette » pour faire Paulette ! Et puis pour les personnes qui ne voulaient pas non plus ce prénom modifié, l'ont carrément transformé et il est devenu « Lélette ». Pour mon prénom, ce fut la même chose ! De Marc, ce fut Marco puis Coco ! Tout ça pour dire que ce n'est pas grave ! Ma Maman, je veux la mettre tout en haut de l'affiche. Le 11 Mai 2020 L'horloge du temps a sonné ses 96 printemps. Ce jour-là a été aussi la fin du confinement décidé par le gouvernement français le 17 Mars 2020. Un coup double pour lever notre verre et souhaiter à notre Maman un joyeux anniversaire et lui donner rendez-vous dans un an pour les 97 printemps. Un rendez-vous qu’Elle n’est pas sûre d’honorer, déclare-t-Elle en mettant en avant son grand âge qui ne nécessite plus sa présence dans ce monde ici-bas.

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Lélette Quoi de plus beau pour un fils que de pouvoir dire encore à sa mère des mots de Tendresse et d’Amour. Merci, Maman d’être une source vivante et intarissable pour mon inspiration poétique. Que les printemps et les étés fleurissent longtemps ton jardin d’un grand Bonheur !

Telle une rose qui naît au printemps, Paule embrassa la Vie un jour de mai. Les cloches sonnèrent à tous les vents, Une Enfant est née, allons l’acclamer. Tout le village fêta la fillette, Bonheur dans les années mil neuf cent vingt. Très tôt, on la surnomma Lélette, Bouquet nature aux mille parfums. A la ferme, dès son plus jeune âge, Elle connut le labeur, moins les poupées. Fallait travailler, place à l’ouvrage, Pas de répit, du lever au souper. La jeunette alla de l'école aux champs, Façonnée par l'Amour et la rigueur, Le cœur attisé par quelques galants, Elle voguait sur des rêves de bonheur. Un jour, Léo envoûta la Belle, Lélette fut demandée en mariage, Et quand Elle dit "Oui" devant l'Eternel, L'Amour illumine son visage.

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Tout un programme pour la fermière, Indépendance, tendresse et passion. Rien que du soleil dans la chaumière Pour élever ses trois petits garçons. Les années passèrent au gré du temps, Moments de bonheur, instants moins heureux. La vie était rude, faute d’argent. Lélette s’adaptait, œuvrant au mieux. Un matin de juin, tout devint néant. La mort frappa quand le jour se leva. Léo ne supportant plus les tourments, Pour un monde meilleur, il s’en alla. Il fallut faire face dans la douleur, Refuser la faiblesse, simplement, Aller de l’avant, être à la hauteur. Lélette le fit pour ses trois enfants. Sa Vie mérite plus qu’un poème. Mais quel honneur d’écrire, pour un Enfant, De dire à sa Mère plein de « je t’aime », Des mots simples d’un Fils à sa Maman. A la ferme, Lélette participe à tous les travaux pénibles

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Raconte-moi, Maman Raconte-moi, Maman, des histoires d’antan, Comme au temps où j’étais un tout petit Enfant Parle-moi de Papa que j’ai si peu connu, De Grand-père et de Grand-mère trop tôt disparus. Raconte-moi les années de ta jeunesse, Chapitre de vie quand tu étais drôlesse, Parle-moi du village où tu as grandi, De ses rues animées, de ses jardins fleuris. Raconte-moi ton école communale, Où tu appris le respect et la morale, Parle-moi de ton Père et de son emprise, De ta Mère, travailleuse et soumise. Tu es ma Mère qui me cause doucement, Je suis ton Enfant qui t’écoute tendrement, C’est beau des histoires contées par sa Maman, Des pages en or dignes des plus grands romans. Raconte-moi tes gentilles amourettes, Quand ton cœur n’était pas toujours à la fête, Parle-moi de tes plaisirs et désirs bridés, De cette liberté pour Toi trop surveillée. Raconte-moi tes rendez-vous avec Léo, Ce prince charmant que t’as aimé au plus haut, Parle-moi de ce Mari et de ce Père, Qui t’a fait trois enfants dont tu es très fière.

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Tu es ma Mère qui me cause doucement, Je suis ton Enfant qui t'écoute tendrement, C'est beau des histoires contées par sa Maman, Des pages en or dignes des plus grands romans.

Léo Lélette Francis, l'aîné Jacky, le cadet et Marco, le benjamin. Photo prise devant notre maison familiale dans le village de « Vignolles », commune de Mesnac (16)

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Lélette et Raymond avec leurs parents .

Lélette en communiante (vue de face, à gauche du curé).

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Ecole publique de Mons, Classe primaire Lélette est la 5ème à partir de la gauche, Premier rang en bas debout.

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Le printemps de l'Amour pour Léo et Lélette (Version authentique année 1942 milieu rural…) Léo est un pur produit du terroir charentais. Il est né le 3 Mai 1922 dans le village de "Vignolles", au beau milieu des vignes, des champs et des près, sur la commune de Mesnac, département de la Charente. Son père Marcel qui est remarié est âgé de 50 ans. Sa maman Alice en a 44. Quand Léo vient au monde, son frère cadet René a 13 ans et son frère aîné Denis (issu d’un premier mariage) 24 printemps. En 1939, au décès de son Papa (sa Maman est morte en 1930), Léo a 17 ans. Il continue à vivre dans la maison paternelle où habitent René et sa femme Andrée. Léo se montre un élève qui apprend très bien à l’école. Les bons résultats qu’il obtient militent en sa faveur d’autant que conformément à son souhait, il veut poursuivre ses études. Un souhait louable et réalisable appuyé par son instituteur. Malheureusement, Léo devra s’orienter vers le métier de paysan et continuer le travail de la Terre, comme beaucoup d’enfants de cultivateurs de l’époque. Il doit assurer la relève de la propriété. Dans le village, d’aucuns se demandent pourquoi son frère cadet, René ne prend pas le relais de l’exploitation ?

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Une situation familiale qui ne va pas être facile à gérer pour le jeune Léo qui va devoir faire face à la réalité de la vie de paysan et notamment aux travers de son frère René, aux caprices maléfiques des saisons et aux difficultés récurrentes de trésorerie, difficilement surmontables. Léo est un jeune homme discret, peu expansif qui ne parle que rarement de lui et des siens. Face à une situation qui pourrait être réglée verbalement en l’exposant et en tenant compte des avis et conseils reçus, il préfère « tout garder » en Lui et se débrouiller seul, arguant à qui veut bien l’entendre qu’il n’a besoin de personne pour régler ses problèmes.

Balade en vélo avec Lélette (à gauche sur la photo) et une voisine près de La Tâcherie, en 1942

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En revanche, il est d'une grande élégance, toujours en costume cravate (1) lors de ses sorties ; sa mélancolie qu’il affiche et son état d’esprit qu’il manifeste confèrent à Léo un charme « compensateur et avéré ». (1)

Je fais un arrêt sur image pour préciser que la tenue vestimentaire était soignée, notamment le Dimanche. La tenue chemise, cravate, veste, pantalons et chaussures cirées était de mise. Il en était ainsi avec notre Maman Lélette et notre beau-père Roger quand nous étions enfants/adolescents. Des clichés qui suivent permettent d’affirmer mes dires et de sourire un peu.

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Les fiançailles : Une année sous haute surveillance et restrictive de liberté1

Léo et Lélette se rencontrent courant 1942. Les fiançailles sont célébrées et la période probatoire du mariage s’ensuit. Une année « sous haute surveillance » par les parents de Lélette, très stricts sur les règles de virginité à respecter avant le mariage. Cette année est des plus éprouvante car Lélette se trouve plus que jamais soumise à ses parents. Léo se rend souvent à bicyclette à la Tâcherie voir sa fiancée. Tous les deux ont reçu l’aval des parents de Lélette de faire toutes les sorties qu’ils veulent à condition qu’ils soient prévenus, d’être rentrés avant le coucher du soleil et accompagnés d’autres camarades que les parents Drouhard, doivent connaître. À son retour, Lélette doit Adapté de l’ouvrage de Francis Ganry, Qui m’a tenu la main le jour de mon certificat d’études ? Récit d’un témoin du monde paysan et de la foi. Saint-Léger Éditions, 2019. 1

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rendre compte de sa balade ! Il faut dire que Fernand Drouhard de La Tâcherie ne rend pas la vie facile à sa femme, Valentine et à sa fille, Lélette quand parents et enfants vivent sous le même toit. Le travail aux champs et à la maison rythme le quotidien. Combien de fois ma Maman m’a raconté l’autorité de son père, son égoïsme, ne ménageant ni sa femme ni sa fille qui doivent faire selon ses volontés, ne leur accordant que peu de répit pour penser à Elles et partager avec d’autres les rares moments de loisirs que leur octroient les travaux à la ferme et aux champs. Souvent Lélette m’a cité ce jour, c’est un Dimanche, où elle balaie le plancher de la cuisine puis passe la serpillère. Mon Grand-père, totalement indifférent aux tâches ménagères, en profite pour faire rouler les barriques de vin, vides, qu’il vient de nettoyer dans la cour de la ferme pour les mettre dans le chai. Pour se faire, il doit emprunter obligatoirement le chemin le plus court qui passe par la cuisine. Il aurait pu attendre un autre moment plus propice… Un autre trait de son comportement se révèle quand le Papa Fernand envoie sa fille Lélette travailler dans les vignes ou bien ailleurs quand ses copines du village viennent la chercher pour une sortie le Dimanche. Deux exemples « pour camper » le personnage et ses attitudes vis-à-vis de sa fille Lélette. Et Raymond, dans tout ça, me direz-vous ? Toujours selon ma Maman, le petit Raymond n’a pas été autant sollicité qu’Elle car plus jeune et plus fragile physiquement.

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La demande en mariage faite aux culs des vaches2

Le délai d’un an est passé. Léo Ganry et Paule Drouhard (Lélette) décident de se marier. Ce qui signifie pour Lélette la fin d'une « liberté surveillée » et la délivrance de cette autorité parentale trop lourde à supporter. Léo peut demander au père de sa fiancée Lélette la main de sa fille. Une démarche obligatoire dans le scénario nuptial et qui doit se faire de vive voix ! Le père Drouhard est un homme de caractère dont la prestance, l’orgueil et la fierté en imposent et il attache une grande importance à cette étape de la demande en mariage. Le « patriarche » qu’il est ne va pas faciliter la tâche de Léo, à savoir de trouver le moment opportun pour faire cette demande autrement que celui où le futur beau Papa est occupé à « tirer » (1) les vaches dans l’écurie ! 2

Adapté de Francis Ganry, op. cit.

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Une situation qui commence à devenir insupportable et à désemparer Léo qui préférerait un autre endroit plus approprié pour lui parler. Léo comprend vite que le père Drouhard demeurera inflexible et que c’est à lui d’accepter cet endroit peu protocolaire pour obtenir l'accord du Papa. Leo se résout et fait sa demande qui est accordée, mais un accord assorti de recommandations appuyées qu'il doit promettre de respecter. (1) : traire

La maison familiale Drouhard Fernand

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Pour le mariage de Francis et Claude en 1978 Même musiciens et même trajet que le 18/12/1943

Eglise où se marièrent Lélette et Léo en 1943 et Claude et Francis en 1978

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Les 18 et 19 décembre 1943 : Le mariage3

Le mariage de Léo et Lélette a lieu le 18 décembre 1943. Comme le veut la tradition, les cérémonies se feront chez les parents de la fille, donc à La Tâcherie. La France est en guerre et il faut requérir l'autorisation de la Kommandantur locale. L'interdiction de toute lumière la nuit reste valable. «Dur dur » de faire une telle fête le soir et la nuit sans qu'aucune lumière ne paraisse à l'extérieur ! Le mariage est conséquent avec 110 invités. Le temps est beau et il ne fait pas très froid. Le cortège s’élance de la maison familiale, précédé de deux musiciens (saxophone et accordéon) (1) qui animent joyeusement le parcours nuptial qui se fait à pied 3

Adapté de Francis Ganry, op. cit.

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durant les 3 kilomètres qui séparent le village de La Tâcherie (2) de celui de Mons où sont célébrés le mariage civil à la Mairie et le mariage religieux à l'église. Un petit divertissement vient donner du sel à la fête et je me dois de l’écrire dans ces lignes tel qu’il m’a été maintes fois raconté. Les célébrations nuptiales à Mons étant terminées, les convives, de retour à la maison familiale Drouhard à La Tâcherie se détendent joyeusement dans la cour de la ferme. Soudain, comme venu de nulle part, un homme en tenue militaire, imposant de par son uniforme et par sa corpulence, vélo à la main, arrive dans la cour. Cette apparition inattendue provoque chez tout le monde un moment de frayeur, chacun pensant à la visite d'un Allemand. Finalement, Léo rassure ses invités en leur signifiant qu'il s'agit de son cousin, Marcel Cathelineau, gendarme de profession, qui est parti de Cognac, en bicyclette et vient de parcourir 17 kilomètres ! Marcel est le « pince sans rire » par excellence et le fait d'avoir suscité un mouvement de panique et d'émoi dans l'assistance lui a procuré intérieurement la satisfaction d’avoir réussi son coup ! (3) Le repas du soir, assuré par un traiteur se déroule dans une grange en face du domicile des parents

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Drouhard. Le bal traditionnel se tient dans le village et est animé par les deux musiciens du cortège et un batteur. Le « clou » nuptial de la soirée festive et de la nuit est le moment quand les mariés, durant le bal, disparaissent incognito pour un lieu inconnu de tous les convives sauf de quelques complices qui assurent l'hébergement. Tout le jeu consiste alors à les empêcher de partir, ou si leur fuite est éventée, de les suivre jusqu'à leur niche d'amour, sinon de chercher tout le reste de la nuit là où ils ont bien pu échoir pour leur faire subir le supplice du pot de chambre. La jeunesse, bien représentée dans ces moment-là s'organise en bande pour chercher l'endroit où se sont réfugiés les mariés. Lorsque la chambre nuptiale est découverte, tout le cortège y entre, bouscule parfois les mariés, défait le lit et leur sert à consommer le « pot de chambre ». Léo et Lélette avaient parfaitement établi leur plan et les "chasseurs de mariés" ont dû battre en retraite, déçus de ne pas avoir réussi dans leur entreprise. Le lendemain, la pluie se met à tomber nécessitant de surseoir au départ des invités dont la quasi-totalité, en dehors de ceux de la commune, sont venus en bicyclette de contrées voisines et doivent parcourir plus de 12 kms pour retourner chez eux ! Le traiteur propose alors de parer au plus important et pressé : les repas ! Les restes du repas de la veille étant notoirement insuffisants, il sollicite certains

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villageois pour fournir poules et poulets ou autres volatils qu'il va cuire. Tout se passe bien. Déplacés dans un autre local, les invités peuvent ainsi manger à leur faim. Nombre d'entre eux dorment dans le foin et repartent le lendemain matin, le beau temps revenu. (1) Ce sont les deux mêmes musiciens qui ont joué pour le mariage de mon frère Francis et Claude 35 ans plus tard. (2) La Tâcherie : village de la commune de Mons où habitent Lélette et ses parents. Mons est le chef-lieu où sont implantées la Mairie, l’Eglise et l’Ecole primaire. (3) Je veux redire toute ma gratitude et mes remerciements à Marcel (à titre posthume) qui m’a incité à devenir gendarme, comme lui-même l’a été. Il m’a beaucoup persuadé eu égard mon profil d’Homme qui se prêtait tout à fait à la concrétisation de mon souhait. Je suis en quelque sorte son fils gendarmiquement parlant. Je veux lui redire combien il a eu raison de me diriger vers cette carrière de gendarme que j’ai exercée de 1972 à 2014. Un grand merci à Marcel qui s’est toujours montré réservé à me raconter quelques bribes de sa carrière.

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Le voyage de noces4

Un voyage de noces, dans la France Occupée que Léo et Lélette vont faire en bicyclette et en train et qui va les conduire de Cognac à Bordeaux puis à Niort et retour à Cognac. Quelques jours mis à profit pour visiter la famille éloignée.

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Adapté de Francis Ganry, op. cit.

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Des cadeaux de mariage à la mesure des besoins… Léo et Lélette vont affronter leur nouvelle Vie avec tous les aléas et les changements qui vont immanquablement nécessiter une adaptation du couple. Mais ils vont aussi connaître le renouveau, la renaissance, la vie à deux, puis à trois, à quatre et à cinq... Comme il est de tradition à cette époque, le minimum indispensable est offert au jeune ménage. Lélette reçoit de sa Tante Fernande 12 chaises et de ses parents une charrette, un lit bateau plus le sommier, une vache et un veau (qui deviendra le bœuf Bouquet, animal de trait et de labour qui s’ajoute au cheval que Léo possède déjà).

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Une nouvelle vie commence… Léo a reçu en héritage la maison paternelle et des terres. Avec sa toute jeune et ravissante épouse, ils emménagent dans la chaumière de Vignolles qui est encore occupée par le frère de Léo, René et sa belle-sœur Andrée. La cohabitation s’avère difficile, Lélette souffrant de plus en plus mal leur présence qui nuit à son besoin de disposer des lieux pour se sentir chez Elle, comme Elle en rêve depuis des lustres. Elle affirme son droit et l’intervention du père Fernand Drouhard contribue à trouver un accord et à régler le problème. Le Papa Fernand Drouhard de « La Tâcherie », il ne faut pas trop le « chatouiller… » Le nouveau duo paysan se lance dans la polyculture élevage (vignes, céréales et élevage de bovins). Ils savent que la tâche est laborieuse et malgré le peu de mécanisation dont ils disposent, ils ne veulent pas s’engager dans un investissement en matériels, sûrement bénéfique pour le travail des champs mais oh ! combien contraignant et privatif dès lors qu’il faut honorer les mensualités. Léo est un acharné du boulot de même que Lélette formée corps et âme aux durs travaux des champs quand Elle était encore sous le joug parental, disons paternel. Les revenus de la vente du vin et de la vente du blé assurent la réserve pour l’investissement. La vente du lait procure la trésorerie quotidienne et les produits de la ferme subviennent à la nourriture (basse-cour, verger et potager).

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Les commerçants ambulants (poissonnier, boucher et boulanger) passent devant la maison avec leur fourgon aménagé une à deux fois par semaine. (1) L’absence de point d’eau potable impose la corvée, quasi deux fois par jour, d’aller la chercher « au puits de la rue » situé à 200 mètres de la maison. (1) J’ai le souvenir bien précis de Madame Rateau, bouchère chevaline de Cognac qui s’arrêtait devant notre maison. Nous lui prenions de la viande hachée de cheval que nous mettions dans la soupe, le soir. Il paraît que ça donne du tonus. En quelque sorte, c’est un fortifiant. Je ne me rappelle pas si cela a fait de l’effet quand j’avais 7/8 ans ! Par contre, aujourd’hui dans ma 70 ème année, alors que plusieurs de mes indicateurs de santé sont à la baisse, une cure de cette viande tonique ne pourrait m’être que bénéfique ! Il y a aussi le camion « Bric à Brac » qui passait. C’était un peu le bazar ambulant. Il ramassait les peaux de lapins en échange de quoi il nous remettait quelques produits utiles, je pense !

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La naissance des « Trois de Vignolles »

Francis, Jacky et Marco5

Francis ouvre les persiennes de son existence le 14 août 1945 à 20 heures. L’accouchement se déroule sans problème dans la chaumière familiale dans le village de Vignolles, hormis qu’il fait une chaleur torride. Onze mois plus tard, la venue du deuxième enfant s’annonce. Lélette part chez ses parents, à la Tâcherie, afin que Valentine, la grand-mère maternelle s’occupe de Francis d’autant que cet accouchement s’annonce difficile. Ce 26 juillet 1946, la sage-femme est à la maison depuis la fin de la matinée. Vers 16 heures, les contractions durent plus longtemps et surviennent à intervalles de plus en plus courts. Le travail a commencé. Une demi-heure plus tard nait le second enfant de Lélette et Léo. Vous savez, votre petit, il avait le cordon autour du cou, mais ce n’est pas grave vu que c’est par le cordon que 5

Adapté de Francis Ganry, op. cit.

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le fœtus respire. En revanche, il a une fleur de lys sous la langue. Ça, c’est le signe qu’il sera doté d’un pouvoir. De plus, il a vite ouvert les yeux, avec un regard qui cherche à comprendre ce qui l’entoure, scrutateur ! Regardez comme il nous fixe de ses yeux noirs. On s’en sentirait presque gênés. C’est le signe qu’il sera intelligent et précocement doué ! Lélette et Léo appelèrent leur deuxième enfant Jacky. Quatre ans et quelques mois après sa naissance, ma Mère est de nouveau en espoir de famille. Cette fois, elle est persuadée que ce sera une fille. Jacky, qui sait déjà lire et écrire, lui déclare du haut de ses 5 ans : — Maman, je veux que tu appelles ma petite sœur Viviane ! Ce 20 mai 1951, vers 8 heures du matin, la délivrance s’annonçe proche. Léo va téléphoner à la cabine du village, chez le boulanger pour quérir la sage-femme qui a fait naître Francis et Jacky. Quand elle entre dans la salle à manger, ma Mère tourne autour de la table pour apaiser un peu ses douleurs. La sage-femme lui parle sans relâche, avec sang-froid, patience et réconfort : — Vous savez, il n’y a aucune certitude que ce soit une fille. — Si olé un garçon et qu’il vint vite, o sra tant meux ! J’en peux plus de souffrir ! gémit Lélette en continuant à faire le tour de la table. Enfin, à 14 heures, la délivrance vient. Les grimaces de la Maman deviennent tout sourires, témoignant de sa

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joie profonde devant le petit Marc, doté d’une bouille adorable et d’une bonne santé apparente. En cette fin juillet 1946, les moissons animent et parfument la campagne. Comme beaucoup d’autres activités nécessitant une main d’œuvre conséquente, le fauchage, la confection des gerbes, leur transport et leur stockage demandent une entraide et une solidarité entre paysans. Je me souviens de cette période même si je suis un petit enfant en vacances chez mes grands-parents maternels à La Tâcherie. C’est ainsi qu’autour de mon grand-père s’active une équipe d’hommes, chacun avec une mission bien particulière. La machine, c’est la moissonneuse-lieuse, la première arrivée à la Tâcherie et achetée par un villageois. Ce jourlà, elle est donc à l’œuvre chez mon Grand Père. Manœuvrée par son propriétaire, elle dépose les gerbes de blé sur le sol. Quel progrès salutaire ! Celles-ci sont transportées en charrette dans la cour de la ferme. Le gerbier s’érige en face de la chambre de jeune fille de Lélette, qu’elle occupe de nouveau deux ans et demi plus tard pour cause de l’accouchement imminent de Jacky, notre frère cadet. Lélette souffre beaucoup. Les contractions sont progressivement devenues plus fortes et plus douloureuses, lui arrachant des cris qui perturbent les hommes occupés à la tâche sous sa fenêtre, ouverte à cause de la chaleur. La confection du gerbier est un travail de professionnels qui exige un savoir-faire que tout le village reconnait à mon Grand-Père. L’équipe commence à même le sol, les épis tournés vers l’intérieur. Un gars monté sur la charrette envoie les gerbes ; mon Grand-Père les réceptionne et construit le gerbier.

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Lélette, dans ses moments d’accalmie, regarde la construction prendre de la hauteur et entend son père rouspéter quand ses geignements durent trop longtemps. Le gerbier est enfin terminé, avec son toit en pente constitué de gerbes, les épis tournés vers l’extérieur. Soudain, Lélette remarque qu’il penche anormalement vers sa fenêtre, à l’opposé du mur auquel il est adossé. Il s’écroule presque aussitôt. Catastrophe ! Les jurons fusent et mon Grand-Père, d’habitude fier comme un coq de son expérience de bâtisseur, est doublement en colère : il faut remonter le gerbier, ce qui s’avère beaucoup plus difficile qu’à partir de la charrette, et puis il est blessé dans son orgueil ! A force d’entendre Lélette « queuner », gémir et crier, voilà le résultat ! Manque de concentration, énervement, et du mauvais travail !

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La fratrie GANRY Francis

Jacky

Francis, Jacky et Marco

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Marco


Premiers pas pour trois petits charentais C’était trois petits et beaux garçons, Des fruits au goût de l’amour passion, Le sang de Lélette et de Léo, Y avait Francis, Jacky et Marco. Des cœurs nés dans d’humbles chaumières, La joie pour évacuer la guerre, Trois poupons pour dire oui à la Vie, A ces matins bleus qui donnent envie. Sourires d’enfants pleins de promesses, Regards aux parfums de tendresse, Pour que chaque jour soit un printemps, Le labeur moins pesant dans les champs. Doucement, saisons après saisons, Les frères grandirent dans les sillons, Papillons, parmi fleurs et oiseaux, L’éveil paysan pour les marmots. Avec maman, ils jouaient les bambins, Des jeux simples faits de petits riens, Trésors offerts par Dame Nature, Bonheurs d’enfance à l’état pur. Sur les bancs de la communale, Respect rimait avec morale, La plume trempait dans l’encrier, Pour faire des pleins et des déliés.

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Qu’il est bon d’avoir en mémoire Cette belle école du savoir Où les frérots, souvent très sages, Ramenaient bons points et images. C’était trois petits et beaux garçons, La Vie et la joie dans la maison, Y avait Francis, Jacky et Marco, La fierté de Lélette et Léo.

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L’enfance pour trois petits charentais C’était trois petits et beaux garçons, La Vie et la joie dans la maison, Y avait Francis, Jacky et Marco, La fierté de Lélette et Léo. Doux clichés des années cinquante, Quand les campagnes grouillaient de vies, Souvenirs vivants des Charentes, Teintés de vert, de jaune et de gris. Des couleurs dictées par les saisons, Vert quand la vendange abondait, Jaune quand venaient les fenaisons, Gris noir quand les cieux se déchiraient. Trois petits cœurs pleins de tendresse, Couverts d’amour par père et mère, De bons drôles, disait la maîtresse, Polis et de bonnes manières. Des enfants bien élevés, ma foi ! Des petits bras pour aider aux champs, Couper le raisin, gauler les noix, Et soulager papa et maman. Trois bouilles des plus adorables, Le vrai bonheur dans la chaumière, Les vignes, les près et l’étable, Forces de vie pour les jours amers.

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Jacky et Francis et les parents

Y avait Francis, Jacky et Marco, Des garçons insouciants et heureux, Le sang de Lélette et de Léo, De beaux sourires francs et joyeux Le soleil qui réchauffe les cœurs, La gaieté qui colore la vie, L’innocence bercée de douceur, Trois printemps si beaux qui donnent envie.

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Elle La jeune fille s’assoit à l’ombre du cerisier. Elle a rendez-vous avec son prince charmant. Pour lui, elle a mis son plus beau chemisier. Ses baisers seront doux comme le printemps. Elle est la plus belle dans ses habits brodés. Son parfum envoûte et son cœur n’est qu’Amour. Dans la petite chapelle, elle est belle la mariée. A son fiancé, elle promet fidélité pour toujours. Elle est le soleil radieux sous le toit conjugal. L’ouvrage chante et glisse sous ses doigts de fée. Ses petits plats mijotés, au palais, sont un régal. Elle est la Lumière, la Vie et l’Azur rassemblés. Maman s’épanouit quand bébé prend son sein. Elle est la plus heureuse et son sourire l’embellit. Toute dévouée à l’enfant, elle chante des refrains, Des mélodies d’amour qu’elle dédie à son mari. Main dans la main, elle guide ses premiers pas. Elle le regarde partir sur le chemin de l’école. Elle est douceur et tendresse pour son petit gars. Elle dispense morale, savoir et foi avant l’envol. Elle resplendit quand l’enfant respire la vie. Elle est triste quand le vent secoue le ménage. Elle diffuse le bonheur et pourchasse l’ennui. Elle rêve de ciel toujours bleu et méprise l’orage.

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Quand elle sent son tout petit lui lâcher la main Pour voguer sur les flots incertains de l’existence, La nuit, elle prie en silence pour bénir son destin. Près de son mari, elle lui dit bonne chance. Un jour, elle pense aux années trop vite passées. Elle est toujours belle comme en ce jour de printemps Où, à son fiancé, pour la vie, elle s’est donnée. C’était sous le cerisier, il n’y a pas si longtemps.

Léo et Lélette

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Lélette et Francis

Jacky et Marco sur un manège à Cognac

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Lélette, une Maman attentionnée Mais le danger est là…6 Léo et Lélette sont heureux de voir leurs deux garçons, Francis et Jacky, pleins de Vie grandir et susciter l’admiration dans le village. Les deux frérots sont inséparables et habillés toujours pareil. Le tout dernier de la fratrie, Marco, n’a pas encore sa place dans ce monde-là ! Il viendra, mais un peu plus tard, se joindre à ses deux aînés. Lélette est comblée qu’il en soit ainsi et se réjouit de cette vitalité qui fait plaisir à voir. Le risque quotidien d’accident génère une angoisse permanente chez la jeune Maman. Elle ne quitte jamais ses deux chérubins, tant le danger guette partout, surtout que l’aîné – Francis en l’occurrence – est « terrible ». Là où elle va, elle fait suivre sa progéniture ! Léo lui a aménagé un porte-bagages à l’avant de son vélo, afin qu’elle puisse y installer Jacky, et un autre à l’arrière pour Francis. Souvent, Elle transporte aussi un sac plein d’herbe pour les lapins qu’Elle cale entre le guidon et la selle, ce qui est techniquement possible sur un vélo de femme, mais requiert de l’équilibre et de la force dans les jambes pour les côtes. Malgré cette vigilance permanente, les deux Loupiots 6

Adapté de Francis Ganry, op. cit.

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et leur Maman n’échappent pas aux accidents. Voici les plus marquants qui m’ont été racontés tellement de fois par ma Mère et mes Frangins. Il est une fois… Ce jour-là, Léo vide la fosse de l’étable et verse le purin, seau par seau, sur le tas de fumier situé à une centaine de mètres. Ma mère discute dans la cour de la ferme toute proche de l’écurie de façon à surveiller Jacky (14 mois) et Francis (25 mois) qui jouent ensemble. Soudain ma mère voit arriver Francis qui lui tient le langage suivant : — Nain nain, ouan ouan ! Aussitôt Lélette comprend qu’il est arrivé quelque chose à Jacky, car Francis appelle son jeune frère « Nain nain » et le bœuf Bouquet « ouan ouan ». Elle s’avance jusqu’à l’étable où se trouve la fosse à purin. Celle-ci est ouverte et elle n’y voit que le purin. Francis l’oriente de nouveau dans cette direction où, finalement, elle aperçoit les petites oreilles du bonnet bleu de Jacky, et ensuite son corps qui flotte à la surface… La voisine avec laquelle Lélette discute se précipite pour l’en retirer, tandis que Lélette fonce jusqu’à la cabine téléphonique du village qui se trouve chez le boulanger afin d’appeler le médecin. Celui-ci habite à Cherves, à cinq kilomètres de Vignolles. Il arrive dans l’heure suivante. Diagnostic et pronostic sont plutôt rassurants : — Les premiers soins prodigués par votre voisine ont

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été salutaires à votre enfant qui est hors de danger, hormis ses yeux qu’il faudra surveiller. Je vous recommande de ne pas le frotter à l’eau de Cologne pendant deux ans, déclare le médecin. Encore une fois, imaginons le nombre de seaux d’eau claire que Léo dut tirer du puits pour laver Jacky et nettoyer la cuisine où on l’avait déposé… Une odeur tenace émana du petit frère de Francis pendant longtemps ! Quant à Francis, le « Sauveur » de « Nain Nain », il a parlé de « ouan ouan » parce que la fosse à purin se trouve juste derrière l’emplacement du bœuf, dans l’étable. Au moment de cet accident, Bouquet était au pré. Il est une autre fois… Léo avait confectionné une belite pour les volailles, à partir de cercles métalliques désolidarisés de vieux fûts de vin pour retenir le grillage. Ce genre d’appareil était utilisé pour empêcher les volailles de la basse-cour de dévorer la pâtée des poussins. Celle-ci était en effet appétissante, faite de son et d’orties broyées. Un jour, Lélette, ayant à faire dans la maison avait installé Francis et Jacky au dehors de l’habitation. Jacky avait presque 2 ans. Comme la cour n’était pas clôturée, elle veillait souvent sur ses deux poupons d’Amour. Au cours d’un contrôle, Elle s’aperçoit rapidement que Jacky n’est plus avec son frère et qu’il a disparu. Elle sort sans délai et appelle son petit Jacky qui ne répond pas ! Ayant en permanence le souvenir de la fosse à purin, elle se rend partout où son petit drôle pourrait se trouver. Sous le

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hangar, dans l’étable, pas de Jacky. Elle est perdue la pauvre Maman. Elle s’imagine les plus terribles des situations, surtout qu’elle n’entend pas son petiot pleurer ! Elle sort, affolée, sur la route devant la maison, craignant le pire ! Lélette jette un coup d’œil rapide dans la basse-cour et va chez la voisine, Claudine, voir s’il ne s’y serait pas aventuré. Toujours rien. En si peu de temps, et à moins de 2 ans, il ne peut être loin. Alertée par le gloussement anormal d’une poule dérangée dans ses habitudes et manifestement laissant fuser son courroux à qui veut bien l’entendre, Lélette retourne vers la basse-cour et découvre son petit garçon sous la belite. Il a l’air ravi, assis parmi les poussins qui veulent à tout prix sortir, ce qui n’est pas du tout du goût de leur maman poule ! La posture prisonnière du bambin ne le perturbe pas trop et la cohabitation forcée avec les oisillons interrogatifs ne soulève pas (du moins pour le moment présent) de réactions désespérées. Comment s’est-il retrouvé dans cette belite ? La réponse la plus plausible est que le petit Jacky a sans doute repéré les poussins et que par eux, il a été attiré. Alors il s’est rendu directement jusqu’à la basse-cour. La belite était posée en équilibre sur une pierre. En rampant pour passer dessous, il l’avait sans doute soulevée un peu avec son postérieur. Et la belite était retombée à côté du caillou, à plat sur le sol. Un incident sans gravité qui a produit une grosse frayeur à Lélette. Elle racontera souvent cet incident sur le ton de l’humour !

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Cette autre fois… Un jour de décembre 1953, Lélette fait paître ses vaches dans un pré séparé de la route par un grand fossé nettoyé durant l’été ; il était donc profond et rempli d’eau en cette saison. Jacky et Francis étaient là, vêtus d’un imperméable sans manches juste ajouré de petites ouvertures pour y passer les mains. Francis profite d’un moment d’inattention de Lélette pour s’y diriger, muni d’un bâton, peut-être dans le but d’en sonder la profondeur… Lélette s’aperçoit très vite de sa disparition. Elle l’appelle, en vain. Elle se dirige vers le fossé et le longe. Rien d’anormal dans l’eau juste animée par un léger courant. Jusqu’à ce que son regard soit attiré par un reflet coloré. Une vision ? Non, la réalité : Francis est étendu sous la surface, immobile ! Elle appelle aussitôt de l’aide. Un voisin qui travaille dans une vigne proche en train de tirer les bois entend cet appel de détresse et arrive très rapidement sur les lieux. — Père Moreau (c’est son nom), Francis est tombé dans le fossé et il ne bouge plus ! C’est trop profond, je ne peux pas le sortir, car j’vais y chère7 moi étout ! Le père Moreau tire le petit Francis de l’eau glacée et prend la situation en main en s’occupant des vaches et en ordonnant à Lélette d’aller chez lui avec son drôle. La cheminée est allumée et sa femme réchauffera son Petit.

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Choir.

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Trois petits charentais pas si tranquilles qu’on veut bien le croire Après la fosse à purin, la belite et le fossé plein d’eau, voilà le tombereau qui bascule …8 Il est une fois, durant les vacances, nous nous retrouvons tous les trois, Francis, Jacky et moi, pour vadrouiller ou jouer, parfois à des jeux risqués, voire stupides, dont un qui faillit tourner au drame. Cela se produisit en juillet 1957. Avec Francis, Jacky et un copain du village, le fils du forgeron maréchal-ferrant, nous nous amusons à grimper sur un tombereau chargé d’un gros fût rempli de bouillie bordelaise stationné à l’ombre d’un gros ormeau. Mes parents travaillent dans les vignes situées à environ un kilomètre de la maison. Tout à coup, le tombereau bascule en arrière, coinçant Jacky et moi-même contre l’arbre. Nous avons du mal à respirer. — Au secours, au secours ! crie Francis de toutes ses forces. Le village est quasi désert, car toutes les âmes actives travaillent dans les vignes. Je parviens à m’extraire du piège, mais Jacky est de plus en plus mal. — Au secours, au secours ! hurle Francis. Les secondes passent et personne ne vient. Enfin Francis voit surgir du virage, à une trentaine de mètres, un voisin. C’est le simplet du village (ce qui explique 8

Adapté de Francis Ganry, op. cit.

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sans doute qu’il ne soit pas au travail), mais qu’importe ! Grand et costaud, il peut sans doute faire quelque chose. Francis implore son aide : — Edmond, viens vite, Jacky est en train d’étouffer ! Il se précipite sur la roue, qu’il prend à bras-le-corps. Dans un effort surhumain, il la tourne pour faire avancer le tombereau, ce qui libère Jacky. Simplet, certes. Toutefois, à partir de ce jour, il ne fut plus pour nous « l’idiot » mais un sauveur, et nous le regardons autrement ! Si j’avais lu Les Misérables, j’aurais pensé à M. Madeleine (Jean Valjean) soulevant la charrette qui écrase le vieux grand-père. Mes parents, qui ont entendu les appels au secours de Francis malgré la distance, arrivent à ce moment-là.

Francis et Marco, un lien fraternel qui commence par cette anecdote à graver dans les histoires anales. Je veux dire les mémoires annales … Il est une fois… Voici une histoire toute gentillette qui m’a été contée tant de fois par mon grand frère Francis que je l’ai faite mienne… Un jour de l’an 1952, j’ai 1 an et Francis 7, c’est un matin, notre mère confie à Francis la surveillance de son petit frère Marco (ou Coco) encore dans ses langes. Et c’est là que commencent les « emmerd… ». Je me mets à pleurer ou a chialer (ce verbe est plus approprié au contexte) sans que mon grand frérot ne parvienne à me calmer. Sentant une forte odeur de « Caca » (n’ayons pas peur des mots), il comprend de suite la gravité de la situation à laquelle il doit faire face. Le pauvre frangin, comme je le plains ! (Je dis çà aujourd’hui !). Quand faut y

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aller, faut y aller, faut décrotter les fesses du petit dernier pour qu’il cesse de « chouiner ». Francis se surpasse ! Il ouvre les langes et attaque le chantier ! Une première qu’il réussit, lui qui n’a jamais été confronté à ce genre d’exercice ! Sans eau courante ni lingettes, quel boulot ! Du « Caca », il en avait plein les doigts, les mains et le petit Marco, il en avait partout de ses selles qui ne sentaient pas la rose ! Grand frère n’a pas besoin de faire une M.R.T (Méthode de Raisonnement Tactique) – c’est une étude des moyens pour réaliser un acte de combat - déformation militaire - car quelqu’un se présente à la porte. Francis est très embarrassé ! Mon Dieu, qui est-ce ? C’est la cousine, Claire Churlaud de la Tâcherie, qui heureusement prend les choses en main avec beaucoup de gentillesse. Marco grandit dans une relative quiétude, et ce pour trois raisons : sa bonne santé – un facteur de tranquillité pour nos parents – ses conditions matérielles qui s’étaient améliorées et, enfin, une moindre exposition aux accidents de la ferme, puisqu’il était souvent sous la surveillance de ses deux grands frères. Quoique… Lors d’un jeu stupide de la conception de Francis, il faillit bien rester sur le carreau – enfin sur l’herbe, le petit Marco ! Un lien très attachant entre nous deux, mais qui s’est détaché… Cette autre fois… Un jour de juin 1957, il est prévu que Francis garde les vaches au Pré-des-Touches, non loin de chez Pierre Ganry. Son petit frère l’accompagne ainsi qu’un copain du village. Il emporte un sac en jute et la longue chaîne de la bique (restée à la maison) afin de mettre son projet à exécution : construire un ascenseur.

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Dans le pré se trouve un énorme frêne. Le sac en jute servirait de cabine, la chaîne de câble tracteur, chaîne qu’il ferait coulisser autour d’une grosse branche placée à plusieurs mètres de hauteur (Il adore grimper aux arbres). Marco accepte de bon gré de tester ce montecharge ; une ouverture dans le sac permettrait de voir à l’extérieur. Oh hisse ! Oh hisse ! La cabine en jute décolle et arrive bientôt au niveau de la branche… quand tout à coup elle se décroche ! Le Petit Marco s’écrase sur le sol et ne bouge plus. Paniqué, Francis court chercher du secours chez Pierre. Il y trouve sa belle-sœur, Régine, qui vint illico. Elle ouvre le sac. Marco a repris connaissance. Elle le fit marcher. Apparemment, il n’était pas blessé. Une sacrée frayeur et une grosse engueulade une fois de retour à la maison

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Jacky, Marco et Francis…

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Les vendanges du bonheur Le soleil argenté d'octobre perce la brume du matin, Et fait resplendir le voile de rosée déposé par la nuit. La vigne se pare de belles couleurs. C'est la fête des raisins. Déjà, dans les sillons, les ciseaux coupent les grappes bénies. Instants délicieux où le panier reçoit le fruit d'automne. Où le regard admiratif caresse le raisin du bonheur Né de l'union sacrée de la Terre, du Soleil et de l'Homme, Présent divin offert par dame Nature à son Bienfaiteur. La vigne est en fête. Les oiseaux virevoltent dans l'azur. Les rires et les cris fusent. Les grappes sont gorgées de soleil. Des parfums tièdes et sucrés flottent dans les rangs de verdure. Les guêpes se délectent du nectar qui leur rappelle le miel. Sur la remorque, la cuve semble une grande coupe de fruits. Moment de satisfaction intense pour le maître vigneron Qui remercie le ciel de lui avoir permis une vendange réussie, Récompense méritée pour le viticulteur dévoué à sa profession. Puis quand les premières ombres envoient le soleil à l'horizon, Une lourde lassitude enveloppe les joyeux vendangeurs. Dans la cave sombre et fraîche, le broyeur est en action. Les raisins écrasés diffusent un parfum aux milles senteurs. Demain, le soleil d'octobre se lèvera sur une autre parcelle. Une nouvelle journée emprunte de travail et de douceur. Pour l'heure, la grande table est dressée sous les chandelles. C'est le repas du soir, copieux, nature et récupérateur.

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L'Enfant que je suis s'endort sans attendre la poule au pot, La bouche encore pleine de la saveur sucrée des raisins. Des grappes dorées flottent un instant devant mes yeux clos, Des fruits bénis de rosée dans la brume légère du matin. Illustration : Le "petit", c'est moi, Marco le poète de gauche à droite : Sur la remorque Jacky, Francis et Marco Léo (avec la hotte), Au sol : Thadéous SUBIN, Suzanne et Marcel CATHELINEAU et James MOREAU. Lélette, notre Maman prend la photo

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Les mêmes personnes que sur la remorque. Jacky prend la photo - Lélette, notre Maman pause avec nous.

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Papa

Quand les tempes deviennent grisonnantes Et que les rides accusent le poids des ans, Je me souviens de ces années cinquante Où je n’étais encore qu’un petit enfant. Son visage me revient alors en mémoire. Des films de vie me rappellent sa présence, Des instants bleu-azur mais aussi gris-noir. Merci au temps qui atténue la souffrance. Papa, un jour tu as dit non à la vie. C’était en juin, un matin plein de promesses. Tu es parti sans mot, pour la très longue nuit. Tu n’as laissé que vide, chagrin et détresse.

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Le petit garçon que j’étais n’a pas compris. J’avais huit ans et tu étais mon père. Ta décision était sûrement bien mûrie. La solitude n’est pas bonne conseillère. Nous aurions fait un long chemin ensemble Tes petits enfants t’appelleraient papi. Maman dit que leur portrait te ressemble. De là-haut, tu peux être fier de tous tes petits. Papa, je te dédie cette petite bafouille. C’est ma façon à moi de dire que je t’aime. Et avant que mes yeux d’adulte ne se mouillent, J’écris pour toi le dernier vers de ce poème.

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Papa et son petit dernier "Marco » lors d'une sortie de groupe sur la Côte Atlantique

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Papa peu avant son passage à l’acte.

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Matin tragique pour trois petits charentais C’était trois petits et beaux garçons, Le sang de Lélette et de Léo, Des fruits au goût de l’Amour passion, Y avait Francis, Jacky et Marco. Le soleil qui réchauffe les cœurs, La gaieté qui colore la vie, L’insouciance bercée de douceur, Trois printemps si beaux qui donnent envie. Comme ils étaient heureux ces bambins, S’éveillant au rythme des saisons, Grandissant au gré du quotidien Et chantant l’amour dans la maison ! Y avait Francis, Jacky et Marco, Noble fierté pour père et mère, Un refuge pour calmer les maux, L’espoir pour contrer les jours amers. Les mois s’égrenaient, passe le temps, Des années bonnes, les autres non, Travailler dur, gagner peu d’argent, Et ils grandissaient les trois garçons. C’était dans les années cinquante, Vie de bonheur et vie de labeur, Décor paysan en Charente, Une enfance nimbée de douceur.

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Trois petits cœurs tout en détresse, Quand leur papa dit non à la Vie, C’était un matin plein de promesses, Quand Léo partit pour la longue nuit. Matin de très grande souffrance, C’était en Juin, le mois le plus beau, Des enfants meurtris par l’absence, C’était Francis, Jacky et Marco.

Dans les rues de Cognac avec le Père Noël et Maman

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"Les Trois de Vignolles" Francis, Jacky et Marco

Francis

Raymond

Lélette

Marco

Jacky

Tonton Raymond, le frère de Lélette, a la Plume facile quand il écrit sur ses trois neveux qu’il « baptise durablement Les Trois de Vignolles »

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C’est notre oncle Raymond qui, dans plusieurs de ses poèmes, nous gratifie, Francis, Jacky et moi, Marco, de cette belle périphrase : « Les trois de Vignolles ». Elle exprime bien notre proximité et l’importance que nous accordons à nos racines. Il a raison, le Tonton Raymond de La Tâcherie de nous désigner de la sorte. Il est vrai que nous sommes une fratrie soudée comme en témoignent les clichés que j’ai insérés pour illustrer les pages et les rendre plus "parlantes".

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Francis et Jacky en communiant

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Une fratrie soudée dans le malheur « Vignolles », un petit village au pays du Cognac, Berceau de Vie dans les années cinquante Pour trois loupiots, Francis, Jacky et Marc, Nés et élevés sous le ciel des Charentes. « Les trois de Vignolles », une fratrie de la campagne, Modelée au rythme des quatre saisons, L’Amour et la Tendresse, des sourires qui vous gagnent, Fondue aux chants des oiseaux et aux parfums des sillons. Trois petits soleils pour chasser la grisaille, La vie à la ferme est parfois misère, Trois petites bouches à nourrir, vaille que vaille, Les bonnes récoltes adoucissent les mois amers. Lire, écrire et compter, les leçons de civisme, Une école du savoir avec bons points et punitions. « Notre Père », « Je vous salue Marie », le catéchisme, Un papa, une maman, trois enfants, une éducation. Trois chérubins formés aux revers des jours, Façonnés pour que beaux soient leurs lendemains, Trois petits cœurs grandis au lait de l’Amour, Plongés dans le malheur, à l’aube d’un matin. Un matin de printemps plein de promesses, Le coucher des étoiles qui s’éteignent sur le village, Un crépuscule de douceur enseveli par la détresse Quand Papa, de Vie à Trépas, change de rivage.

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Une épouse désemparée, une chaîne de pourquoi, Trois petits drôles déchirés par la douleur, Une maman éperdue qui ne comprend pas, Trois gamins soudés dans le malheur. Partir, quitter le village, il faut partir, Partir pour un ailleurs, gagner de l’argent, Continuer à vivre pour se nourrir, Maman est courageuse, toute dévouée à ses enfants.

Photo de famille

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Une fratrie tout honneur et fierté « Les trois de Vignolles », quittent leur nid, leur berceau, Ils s’en vont, les frérots, trois orphelins sous le choc. Avec leur Maman, ils partent pour des horizons nouveaux. Adieu, village de leurs racines, adieu levers au chant du coq. Francis, Jacky et Marco découvrent une autre Vie. Trois jeunes frères qui ouvrent leurs petites ailes, Veillés par l’Etoile d’un Papa trop vite parti, Tenus et guidés par le devoir et l’amour maternels. Une maman qui unit sa vie à celle du cœur et de la raison, Une main paternelle pour prendre celles de ses chéris, Un duo nouveau pour mieux regarder l’horizon, Un « autre papa », un « autre mari ». Une autre vie, un autre destin, se reconstruire, Ne pas faillir, avancer, étudier, aller de l’avant. La Maman est fière de voir ses petits réussir. Ils sont ses remparts quand reviennent les tourments. L’oncle Raymond (1) dit sur le ton de l’humour : Francis sera un disciple de Teilhard de Chardin Marco un « Lyautey » en gant de velours, Jacky un « Turgot » contemporain. « Les trois de Vignolles » et Tonton Raymond, Un lien indéfectible, un amour digne d’un père, Une force tranquille, un cœur débordant d’affection Un oasis pour sa sœurette et ses neveux, sa chair.

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Francis, Jacky et Marco, une fratrie tout honneur et fierté. Trois grands drôles (2) qui assurent leur descendance, D’adorables princesses et un prince pour la postérité, De vrais petits soleils qui embellissent l’existence. Trois charentais qui partent aux antipodes. L’aventure, le travail sous les tropiques. Dans le livre de leur vie, de beaux épisodes, De belles pages à écrire pour une plume poétique. (1) L’oncle Raymond : le frère de ma maman (2) drôles : enfants en patois charentais Jacky et Francis

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Deux berceaux pour un enfant ou "Vignolles" et "La Tâcherie", villages de mes racines Marco à « Vignolles »

Poète par l'entremise de ma plume, je me laisse aller à la rêverie. J' explore avec mon cœur d'adulte les avens de ma prime jeunesse Pour y remonter, trouvailles fécondes, des trésors sans prix, Des moments de joie et de bonheur mais aussi de peine et de détresse. Je reviens sur la terre de mes berceaux, Deux villages charentais, gardiens de mes souvenirs et de mes repères. "Vignolles", où j'ai ouvert les persiennes de ma Vie et devenu un loupiot. "La Tâcherie", aux airs de vacances chez Grand-père et Grand-mère. "Vignolles", crèche paysanne où le Créateur me fit "taureau". Où êtes-vous passés, regards d'Antan qui m'avez vu grandir ? Vous m'apparaissez, visages éphémères d'une époque rétro Quand je vous recherche dans les strates de mes souvenirs.

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" Vignolles"... Je n'ai plus d'âge. Une étrange sensation m'envahit. Mon village natal s'éloignerait-il de mon cœur endurci par les ans ? Devant la ferme où je vis le jour, je demeure interdit Je voudrais tant ouvrir ces portes et revivre mes souvenirs d'enfant ! Mes joies d'enfant, oui, quand les petits matins étaient bleus, Ma grande peine, non, quand Papa est monté au Ciel, tout là-haut. " Vignolles" à qui j'ai dit au revoir, faute de pouvoir lui dire adieu, "La Tâcherie", qui m'a accueilli, avec Maman et mes frérots. « La Tâcherie", un autre berceau, un autre quai pour repartir dans la Vie, Un autre nid chez Grand-père Fernand et Grand-mère Valentine, Un autre toit de Vie partagé avec tonton Raymond et tante Annie, Une autre cour où j'évoluais avec Brigitte, ma petite cousine. " La Tâcherie", j'y reviens souvent, mon port d'attache aujourd'hui. Mon existence gravée dans les pierres de son cœur Mes racines, dans le terreau de son âme, enfouies Le village où je viens me ressourcer avec bonheur.

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Marco et sa cousine Brigitte à « La Tâcherie »

La Tâcherie, un décor paysan fortifié par les souches des générations. Une scène dont les acteurs issus du Terroir peu à peu s'effacent. Un village en manque d'identité, un cœur de vie en perdition. Des chaumières, des murs et des pierres, témoins des ans qui passent. Deux berceaux pour mon cœur d'enfant. Des quatrains de Vie empreints d'une douce félicité. Une plume qui trempe dans les encriers des sentiments, Retour sur les racines du poète en pays charentais.

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La mairie de la commune de Mesnac sise dans le village de Vignolles. A l’époque où nous habitons ce bourg, c’est l’école communale (2 classes tenues par Mr et Mme Touchard et le logement de fonction du couple d’instituteurs) et la Mairie.

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L'Ecole de mon enfance Quand je passe devant l’école de mes jeunes années Et que je vois portes et fenêtres fermées à tout jamais, Mon cœur crie sa peine et est révolté à la pensée que ce centre de Vie a succombé. Il paraît que c’est un phénomène de société, j’ai du mal à me faire à cette idée.

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Je me souviens, j’étais alors un tout petit enfant, De la route que je sillonnais en gambadant Pour me rendre à l’école de mon village d’antan. J’étais jeune, j’avais tout à découvrir, j’étais innocent. C’est là où j’ai appris la grammaire et la conjugaison. C’était le temps de Blanche Neige, de la chèvre de Monsieur Seguin et de Cendrillon. J’ai passé bien du temps pour connaître les quatre opérations, Me rappeler les batailles, les fleuves, les chefs-lieux et les récitations. Je m'appliquais à faire les pleins et les déliés Des lettres qui formaient des mots, puis des phrases pour finir en dictée. Je me souviens du porte-plume que je trempais dans l’encrier, Et du bureau en bois sur lequel je gribouillais. C’était ma première classe, mes premiers pas d’écolier. Certes, j’ai connu d’autres écoles, collèges et lycées, Mais mes souvenirs vagabondent rien que de penser, devant cet édifice fermé, A ces premières et tendres années où morale rimait avec respect. Ma maîtresse, je la revois devant le tableau noir, Inscrivant l’alphabet, du calcul ou un résumé d’histoire. Je ne vous oublierai jamais, Madame TOUCHARD, Et de votre vivant, je vous le fais savoir. Vous étiez l’âme vivante de la classe des petits. Dispenser le savoir, pour vous, n’avait pas de prix. Vous êtes un de mes repères dans cette drôle de vie. Je vous dis un grand merci et ce poème, je vous le dédie L’école de mon enfance aura toujours un visage. Pour moi, elle vit, son cœur bat fort. Je lui rends hommage. Même si portes et fenêtres sont closes, elle sera toujours l’école de mon village, Et dans ma mémoire, la classe des petits n’aura jamais d’âge.

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Je me souviens de délicieux moments passés à la cantine Du maître de la classe des grands et de sa « Valentine ». L’adulte que je suis retourne à ses racines, Mais quel bonheur que de l'écrire avec des rimes. Je passe de temps en temps devant mon école, Je la salue et d’un seul coup, le présent s’envole Pour rattraper les années passées dans mon village de Vignolles. C’est ainsi à chaque fois que je passe en bagnole.

La classe de Madame TOUCHARD

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La classe de Monsieur TOUCHARD

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Un petit clin d’œil ému à ma maîtresse, madame Touchard, quand j’étais à l’école communale de Vignolles. Cette photo est prise dans le village de Muret-le-Château, non loin de Marcillac-Vallon, en Aveyron où je réside avec mon épouse. Il s’agit d’une scène de classe reconstituée . Mes

petites-filles, Judith et Candice ont voulu participer au cours de calcul

Adieu, maîtresse Adieu, maîtresse de mes très jeunes années, Vous voilà partie pour le très long voyage ; Je redeviens alors ce petit garçonnet A qui vous remettiez bons points et images.

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Les ans ont fait de moi un sexagénaire, N’altérant en rien mes souvenirs d’enfance; Sur les flots de ma Vie, vous étiez un repère, Une force indicible dans mon existence. Sur les bancs de notre école communale Vous m’avez tout appris, les pleins et les déliés, Les opérations, l’Histoire et la morale, La politesse et les menottes à nettoyer. De ce temps-là, je garde un souvenir très doux, Et quand ma plume m’entraîne vers les quatrains, Votre visage me revient, je vous l’avoue, Car vous, maîtresse, vous m’avez tenu la main. J’ai toujours en moi ce parfum de craie blanche, Près du poêle à charbon, je me chauffe encore ; Je colorie un bel oiseau sur la branche, Face au tableau noir, le calcul n’est pas mon fort. Je trempais la plume dans l’encre violette, Et vous étiez là, à veiller maternellement, Forgeant déjà en moi l’âme d’un poète, Mais aussi le cœur d’un homme, tout simplement. Adieu, maîtresse de ma plus tendre enfance, Je vous offre ces mots simples et sincères, Tous emprunts d’amour et de reconnaissance, Dans mon cœur, vous serez toujours mon repère.

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Madame Touchard et Jacques Mégel

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Tante Fernande Quand j'appelle mes souvenirs d'enfance, Viennent les Etés, le temps des vacances, De douces et belles années chères à mon cœur, Clichés de Vie faits de grands et vrais bonheurs. Je la vois, ses cheveux tirés en chignon, Le visage gravé par tant de saisons, Mais que je l’aime cette vieille dame, Courbée par les ans, mais grande par l’âme !

Quand Créateur, à ses côtés, l’appela, Une fondation de ma vie s’ébranla, Elle rejoignit le monde des bienheureux, Ceux qui aiment sans cesse et de leur mieux

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. Dans ma mémoire, les images dansent, Fernande est là, divine présence, Maternelle, débordante de bonté, D’affection, aussi de générosité. Enfant, je me revois courir dans les prés, Mordre sans faim dans les tartines beurrées, Sur les chemins, cueillir mûres et prunelles, Dans l’azur des soirs, suivre l’hirondelle. Fernande veillait sur moi, telle ma Maman, Les jours coulaient et coloraient mes dix ans, Les teintant de joie, d’amour et de bonheur, Vacances en or dans la chaleur de son cœur. Mon aïeule me couvrait de tendresse, M’offrant des bouquets de délicatesse, Elle, cette Grand-mère que j’ai si peu connue, Moi, ce petit garçon qu’elle n’a jamais eu.

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Hommage à cette vieille paysanne, Pour elle, ces vers d’amour que j’enrubanne, Mots simples, sans détour, comme Elle les aimait Souvenirs d'enfance, doux et parfumés. Repas familial chez la Tante Fernande

Tante Fernande et Lélette, sa nièce

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Tonton Raymond L’oncle Raymond est né dans les parfums de la terre, Un pur fruit d’automne, entre moissons et vendanges, Un vrai paysan dans la lignée de Père et Mère, Partagé entre pressoir, semailles, étable et grange. Sur les bancs de la communal’, le savoir il apprend, Des quatre saisons, il en découvre les caprices, Et si le langage des oiseaux, très vit’ il comprend, Du raisin, de la vache et du blé, il est complice. Quand vient l’heure fatidique de servir mère Patrie, Raymond est beau dans son uniforme militaire, Fier de ses galons gagnés tout là-bas en Tunisie, Il est brillant soldat et promis à une belle carrière. Mais la ferme familiale n’attend que son retour, Des bras jeunes et créateurs sont les bienvenus, Raymond reviendra paysan et pour toujours, La campagne est belle et la vie continue. Cette vie où la nature dicte ses devoirs : Epouser femme, assurer descendance, Labourer, semer, récolter du matin au soir, Aux vaches, veaux, cochons, donner pitance. Et les années passèrent au gré des saisons, L’oncle Raymond n’échappa pas au poids des ans, La besogne évolua au gré des mutations, Tonton vigneron s’effaça tout doucement.

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Aujourd’hui papi paysan médite, Il repasse le film de son existence, Un âge où les années coulent trop vite, Arrêter l’horloge du temps devient urgence. Dans le petit village qu’il n’a jamais fui, L’oncle Raymond goûte ses quatre-vingt-treize printemps, Et dans les rues désertes de La Tâcherie, Son âme poète compose sur l’antan. Des vers pleins de nostalgie et de mémoire, Des quatrains faits de vie, d’amour et de passion, Une vie de bonté qui sent bon le terroir, Tout simplement, celle de tonton Raymond.

Lélette et Raymond

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Raymond - Lélette et leurs parents Raymond se souvient ! Il était très jeune

Raymond et sa sœur Lélette

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Au mariage de Raymond et de Annie

Raymond et Annie

Raymond en militaire en Tunisie

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Souvenirs Je me souviens de ces années soixante, j'étais alors un enfant, quand j'allais durant quelques jours chez Grandpère et Grand-mère, à la campagne, dans le petit village de « La Tâcherie ». A l'évocation de ce nom, les souvenirs se bousculent dans ma tête, tellement ce furent des instants privilégiés dans mon existence. Aujourd'hui je suis un sexagénaire bientôt septuagénaire grisonnant et rien que de me remettre en mémoire ces moments de vacances enfantines, je redeviens alors ce petit garçon qui parcourait les près et les vignes et qui a grandi au rythme des saisons, "s' identifiant" à la vache ruminant dans l'étable, au canard nageant dans la mare, au bonhomme de neige planté dans la cour de la ferme, à l'hirondelle gobant les mouches, à la nature qui s'éveille, à l'hiver qui engourdit, à Grand-père pêchant l'anguille ou chassant le faisan, à Grand-mère trayant les vaches ou essuyant la vaisselle. De tendres souvenirs qui ont bercé mon enfance, forgé mon âme et que je me plais aujourd'hui à raconter. La Tâcherie, un village plein de vie à une époque où la terre rémunérait ses bienfaiteurs qui l'adoraient, la toilettaient pour qu'elle soit belle, bonne et que naissent dans ses entrailles les meilleurs légumes et les plus beaux fruits et que vendanges et moissons nourrissent le paysan et sa progéniture. Terre bénite, maudite dès fois quand elle décidait de contrarier son protecteur. Bienfaiteur, protecteur. Des mots que je trace en pensant à cet homme qui les incarne tant. Je veux parler de Tonton Raymond, cet enfant né dans les parfums fumants

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des sillons, ce terrien dont le cœur et l'âme sont issus des profondeurs de cette terre qu'il chérit sans mesure, sa confidente, sa complice, sa raison d'être. Tonton Raymond, la terre et la vie, trois mots qui ne font qu'un. Tonton Raymond, ce poète à la plume paysanne, ce conteur d'histoires d'antan, ce témoin d'un temps révolu où les saisons dictaient leurs lois, sans contrepartie, ce repère que l'on voudrait à tout jamais garder, ce sang qui coule dans nos veines, ce bienfaiteur et ce protecteur dont la générosité, la bonté et l'amour n'ont jamais fait défaut. Tonton Raymond que les vicissitudes de l'existence ont façonné, sans toutefois altérer cette affection et cet amour qu'il a toujours manifestés à ses trois neveux, prolongement viscéral empreint d'une connotation paternelle quand il s'est agi d'aider la famille plongée dans le malheur. Tonton Raymond, l'apprivoiseur de pies et le berceur de poules, Tonton Raymond, le malicieux et le besogneux, Tonton Raymond, l'artiste poète qui compose dans les vignes, Tonton Raymond, l'acteur qui se produit tous les jours dans le grand théâtre de la nature, Tonton Raymond, le conducteur privilégié du tracteur D.22 C'est vrai, quand je pense à ces années où j'étais enfant, des séquences me reviennent en mémoire. Même si elles sont un peu floues, sans doute à cause du temps qui s'est écoulé et qui m'a fait adolescent, adulte et aujourd'hui me conduit au seuil du troisième âge, elles sont des plus

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fortes !! N'empêche qu'il demeure en moi ces images que je viens d'évoquer et surtout ces tendres et doux souvenirs d'une période où j'étais certes insouciant, mais que j'ai quand même gravés dans ma mémoire. C'est pour moi un bonheur extrême que de pouvoir repasser quelques-uns de ces clichés et de te dédier, Tonton Raymond, ces modestes lignes tracées tout spécialement pour toi à l'occasion de tes quatre-vingt-treize printemps.

Quelques mots, quelques lignes puisés dans les profondeurs de mon cœur... De tout petits riens… mais de

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vrais bonheurs qui ont fait mes racines et auréolé ma tendre enfance.

Raymond, c'était hier ou avant-hier !

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"Les Trois de Vignolles" et l'oncle Raymond pour ses 80 ans."

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Les familles Drouhard et Baussay Du côté de « La Tâcherie », Terre des racines de Lélette et de Raymond, et mon deuxième berceau « La Tâcherie », le village natal de Lélette et de Raymond Drouhard. ----- Il est situé sur la commune de Mons, en Charente-Maritime. Dans ce chef-lieu il y a l'école communale où sont allés Lélette et Raymond et l'église où se sont mariés Lélette et Léo en 1943 et Claude et Francis, en 1978. La ferme familiale est exploitée par Fernand et Valentine, Lélette et Raymond. A cette époque les campagnes sont actives. Plusieurs générations cohabitent dans les chaumières, ce qui ne manque pas de créer des problèmes relationnels entre parents et enfants. Pour faire court, c'est une autre époque et ces espaces de Vie qui étaient le cœur et l’âme d’un terroir, ne sont plus aujourd’hui que la mémoire de son Histoire. Et si cette Histoire n’est pas gravée sur le parchemin pour que le devoir de mémoire s’exerce à travers les âges, alors, tous ces visages d’hier burinés par les ans et le soleil, tous ces corps ployés par le labeur des champs, toutes ces voix et ces pas qui animaient les rues du village, toutes ces

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traditions qui marquaient les saisons, tous ces parfums, toutes ces couleurs, toute cette fresque de Vie paysanne où j’ai été un jeune acteur, est-elle vouée à disparaître ? Les villages de « La Tâcherie » ou de « Vignolles » en sont des exemples concrets.

Les 60 ans de Brigitte

Les générations de paysans disparaissent et la succession n’est pas toujours d’actualité. Mon oncle Raymond est le dernier habitant de souche dans son village de La Tâcherie. Pour lui, c’est la désolation totale. La plupart des chaumières sont occupées par des personnes qui travaillent à Cognac et qui résident dans le bourg. Sur le ton de la boutade, mais la voix émue et résignée, combien de fois répète-t-il, mon oncle Raymond du haut de ses 93 printemps ? : « Quand je fais mon petit tour

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dans le village, je n’ai personne à qui causer. Je ne peux même plus dire : "Comment vas-tu ?"

Je me rappelle de ce temps où je vais en vacances chez mes Grands-parents Fernand et Valentine. C’est dans les années 1957/1965. L’oncle Raymond, ma tante Annie et ma cousine Brigitte habitent un logement dans le même bâtiment. Qu’ils sont doux ces souvenirs de vacances à La Tâcherie que je partage aussi chez la Tante Fernande (la sœur de mon Grand-père Fernand)

Le mariage de Brigitte et de Pierre en Juillet 1976 -

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Pierre, Lise, Brigitte et Julien

Les 80 ans de Raymond – Photos de famille Marco, Francis, Lélette, Raymond et Jacky

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Aujourd’hui, le village de « La Tâcherie » est désormais un lieu-dit qui appartient au passé si l’on veut y retrouver une âme, un cœur, une voix qui peut s’identifier à ses demeures, faire revivre Celles et Ceux qui les ont habitées, raconter des histoires gravées dans les pierres patinées par le temps, parler des vendanges, des moissons et des battages, du cochon que l’on tue, des frairies où l’on s’amuse à faire des jeux collectifs ou individuels, des rues animées où les gens, en vélo, chantent ou sifflent en allant travailler aux champs ou dans les vignes. "Il n’y en a plus qu’un me répond mon Tonton Raymond, c’est moi. Je suis le dernier de cette génération. Dans ce terroir où je suis né début septembre 1927, j’y ai passé toute mon existence, excepté le temps passé au service de l’Armée. Je voulais y faire carrière mais mes parents m’ont supplié, alors que je suis soldat en Tunisie, de revenir à la ferme familiale pour prendre la suite de l’exploitation. Ce que j’ai fait. Je suis revenu… et j’ai embrassé le métier de paysan." Brigitte et Pierre assurent la continuité de l'exploitation qui est essentiellement constituée de vignes. Raymond constate avec regret mais résignation que l'outillage utilisé permet de faire plus avec moins de travail. Dans les vignes, toutes les interventions sont mécanisées et performantes. On ne tire plus les "cavaillons", on ne "relève" plus à la main, on ne garde plus les sarments coupés pour faire des javelles qui iront très bien dans la cheminée ! Les vendanges se font à deux ! Un sur la machine à vendanger, l'autre, sur le tracteur avec la remorque où

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s'entasse le raisin avant d'aller la vider dans le pressoir à la ferme. Et ainsi de suite… Faut vivre avec son temps disent les jeunes viticulteurs. C'est vrai, il faut vivre avec son temps ! Mais qu'elles sont tristes ces vendanges qui n'ont plus ni cœur, ni âme ! Comme ils doivent être tristes ces repas où Monsieur et Madame mangent en tête à tête ! N'empêche que je suis nostalgique à la pensée de ces vendanges qui ont marqué avec bonheur mon enfance. Tonton Raymond se dit "déconnecté" de cette Vie de paysan qu'il a connue ! C'était hier ! Il faut vivre avec son temps, Papi, lui dit son petit-fils Julien qui a pris les rênes de l'exploitation, guidé et formé par ses parents Pierre et Brigitte. Et elles passent les années. Grand Papi Raymond et Grand Mamie Annie ont deux arrière-petits-enfants, Aaron, le fils de Lise et de Arnaud et Korab, le fils de Julien et de Samira. Un vrai bonheur pour Mamie Brigitte et Papi Pierre. Et la Vie continue. Les générations se succèdent et apportent leurs lots de technologies nouvelles, avec d'autres méthodes de travail où la machine remplace le cerveau et les bras de l'Homme. A force de robotiser l'Etre humain, les villages se vident de leur âme profonde et deviennent des refuges dortoirs pour citadins en manque de verdure et de quiétude. A moins que ces derniers ne supportent pas le clocher de l'église qui sonne midi, les clochettes des vaches qui paissent en musique, le chant du coq qui réveille la basse-cour !

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Pierre GANRY, mon cousin Roseline et Maryline, les filles de Pierre et de Modeste Pierre Ganry est le fils cadet de Denis, l'aîné se prénommant Georges. Denis est le demi-frère de mon Papa Léo. Marié à Modeste, ils ont deux filles : Roseline et Maryline. Pierre est régisseur au sein de la « Maison CAMUS », une importante entreprise de négoce de Cognac. Un emploi fort honorable et un poste clé dans la société. Cette situation professionnelle lui confère une notoriété et un rang élevé. De par ses fonctions dans son domaine, Pierre est sollicité en qualité de tuteur quand il s’agit de régler la situation de l'exploitation agricole au décès de mon père Léo. Des souvenirs que j'ai de cette période de mon enfance, dans le village de Vignolles, Pierre fait office de « tête pensante » au même titre que l'instituteur, le curé, le maire. Une réflexion qui m'est très personnelle pour « imager » le personnage de Pierre dans la « hiérarchie » paysanne locale dans les années 1950/1960.

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L'enfant que j'étais alors se rappelle des « couches sociales » qui prévalaient dans la campagne où nos familles besognaient pour vivre modestement, à la merci des caprices des saisons et des décisions technocratiques prises par la bureaucratie citadine suprême qui ne connait du monde rural paysan terrien que « Les Champs Elysées » et le « Champ de Mars ». Certes, mes propos sont sensiblement exagérés mais à peine... ! J'en reviens à mon cousin Pierre Ganry qui, de par sa situation professionnelle hiérarchiquement honorable permet à sa famille de vivre plus aisément que les paysans villageois, ces besogneux terriens des champs de la campagne où survivre dignement conditionne le quotidien de ces paysans valeureux qui sont la Vie de nos campagnes.

Pierre et Modeste mettent un terme à leur union conjugale dès lors que leurs deux filles sont en mesure d'affronter la Vie. A chacune son Chemin de pèlerinage... ! Je dois afficher que nos relations familiales sont quasiment nulles. De ce fait, nous nous ignorons ce qui ne fait qu'accentuer ce vide qui grandit faute de faire l'effort de se

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rencontrer et mettre à jour le contenu de nos existences. C'est un triste constat que je déplore ! Moi-même, ne suis-je pas un acteur vivant et actif de ces situations de « traversée du désert ». A moi de réagir et d'agir ! Que les âmes et les cœurs qui lisent ces lignes et qui se sentent concernés par mes ressentiments donnent une suite conforme à leurs désirs ! Ou ils conviennent que la raison serait sage d'organiser plus fréquemment des rencontres. D'ailleurs, si j'ai voulu écrire cet ouvrage en mettant à l'affiche Lélette, la Maman de Francis, Jacky et Marco et en présentant partiellement la descendance directe et collatérale en me fixant des limites généalogiques, n'est-ce pas aussi pour « servir », autour de « la Table des Grands Sentiments », les membres des familles intéressés par la généalogie familiale. Une généalogie que je fais figurer et qui correspond au schéma que je me suis fixé dès le départ de l’écriture de cet ouvrage, à savoir ne faire état que des cœurs et des âmes qui ont eu et qui ont toujours un lien solide et sincère avec notre Maman ou qui, de près comme de loin ont marqué avec bonheur notre famille éprouvée à deux reprises par des drames de la Vie. C'est avec regret que je ne peux pas associer les familles Ganry, Georges (le frère de Ganry, Pierre) et Ganry, Bernard (le frère de Ganry, Ghislaine). Peut-être qu'un jour le présent ouvrage sera l'occasion de se rassembler pour échanger sur nos existences respectives. Tout est possible à condition de le vouloir !

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Le mariage de Roseline

Le mariage de Maryline

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Karine, la fille de Pierre et de Régine. Pierre Ganry s'est uni en secondes noces à Régine. De leur union est née Karine, la toute petite mignonne « princesse » qui pause, lors de notre mariage, entre ma femme et moi-même à la sortie de la mairie où je crois avoir dit « OUI » (blague hihihi!).

Maryline ( seconde fille de Pierre Ganry et Modeste), Karine, fille de Pierre Ganry et de Régine (Remariage), Marco et Brigitte.

Les années ont passé et nous sommes demeurés passifs dans nos rencontres. Je ne vais pas ré écrire ce que j'ai déjà mentionné plus en amont. Notre dernière rencontre familiale remonte au mariage de Karine et de Jean-François en 1992. Plus exactement, nos regards ont dû se croiser lors de la cérémonie d’obsèques de Pierre Ganry le 17 Juin 1999.

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Le mariage de Karine. Vue partielle du groupe.

Francis, mon frère, pour les besoins de l'élaboration et de la promotion de son livre « Qui m'a tenu la main le jour de mon certificat d'études ? » a renoué les contacts avec Karine. La sortie de cet ouvrage a été l'occasion de revenir sur la Terre de ses Racines à Vignolles, à Mesnac et autres lieux attachés à son enfance. Une journée organisée avec Karine pour la promotion du livre a permis à Francis de dédicacer bon nombre de cet ouvrage, notamment à des résidents du village de Vignolles (ou leur descendance) qui ont connu de près ou de loin notre famille quand elle y était implantée.

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Une vraie réussite pour le rapprochement familial et le devoir de mémoire qu'il est si nécessaire de conserver et d'actualiser même si les conditions d'évolution de notre Société ne militent pas toujours en sa faveur. Un grand merci à mon grand frère pour cette belle innovation. Alors, je me dis que pour poursuivre le travail entrepris par mon frérot, je pourrais prendre attache avec Karine qui est fort bien implantée dans la commune de Mesnac où elle est adjointe au maire. Une idée qui peut faire son chemin et permettre de « renouer » avec la Terre de nos racines et les âmes et cœurs qui adhèrent à cet attachement viscéral. Ce serait, pour l'adulte que je suis un retour sur les terres de mon enfance, si brève soit-elle, chargée de nostalgie et riche en émotions. Une de mes passions étant l'écriture poétique, j'ai beaucoup composé sur mon enfance à Vignolles et ce livre que je suis en train de façonner en est le produit phare. Voilà une belle et merveilleuse occasion de me rendre à Vignolles et d'aller sonner à la porte de la chaumière de Karine. « Bonjour Karine, tu te souviens de moi ! J'étais à ton mariage ! Et tu étais au mien ! Je suis Marco, le frère de Francis ! .... Je suis un passionné d'écriture poétique et, à travers elle, je raconte qui j'étais, qui je suis, d'où je viens, où je vais, ce que j'ai fait, ce que je fais, avec qui, pour qui,

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pourquoi, comment ! J'écris beaucoup sur ma famille, mes racines charentaises... Ma devise : « Ecrire pour Etre ». Si tu le veux, avec toi, et grâce à toi, je vais revenir dans mon village et redevenir cet enfant qui a dû partir, à huit ans quand son Papa a mis un terme à sa Vie... C'était le 5 Juin 1959... Ce serait la consécration pour le poète que j'essaie d'être quand je raconte mes racines et mon enfance charentaises. Pour un écrivain/poète, tel est mon profil, retourner sur ses racines et leur redonner poétiquement la Vie, c’est l'écho de mon existence qui me revient et qui me permet de composer sur des évènements liés à ma Personne ou autres thèmes. L'ouvrage que vous êtes en train de lire conforte bien cet état d'esprit. En ce qui me concerne, parler ou écrire sur mon passé est tout à fait dans la logique de mon tempérament. Cela ne m'empêche pas de vivre le présent et de me projeter dans l'avenir.

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Ghislaine ma cousine et marraine. Ghislaine est la fille de René qui est lui-même le frère de mon père. Donc, si on suit le mouvement, il en résulte que Ghislaine est ma cousine. Je suis très heureux qu'elle le soit car je l'aime beaucoup. De plus est, elle est ma marraine. Je suis comblé ! Elle s'est mariée avec Pierre Sansillon, en 1956. Pierre est le fils d'un fabriquant de chaussures implanté à Secondigny, dans les Deux-Sèvres.

Clichés des 80 ans de Ghislaine

C'est dans cette même localité que résident Ghislaine et Pierre. Trois enfants sont nés de leur union. Chantal, Alain et Thierry.

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Pierre est un passionné de photos et vidéos. Je me souviens, quand j'étais écolier à Vignolles, dans la classe de Madame Touchard (en 1956 / 1957 !), Pierre, un ami de Madame et Monsieur Touchard qui enseignaient au même endroit, était venu à l'école communale et nous avait filmés dans la cour de récréation. Aujourd'hui quand je revois ce film, j'en suis tout ému. Lélette, la tante de Ghislaine est enthousiasmée de se retrouver au milieu de la famille et d’évoquer le temps présent et celui passé. Je suis également heureux de partager avec ma marraine ces instants de rencontres, trop rares à mon goût !. Il faudrait organiser plus souvent des rencontres familiales car c'est bien dans ces moments là que l'on peut se voir et faire le point sur nos existences.

Ghislaine à notre mariage ( ici avec Serge Rabier, le mari de Roseline)

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Photo de famille pour la communion de Francis et Jacky. Ghislaine est au centre

Photo de groupe (non complet) pour les 50 ans de Marco en 2001

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L'après drame du 5 juin 1959

Après le drame survenu au sein de notre famille le 5 Juin 1959 où notre Père a mis fin à ses jours, il a fallu partir de notre village de Vignolles. J'avais 8 ans. La maison a été louée et les terres ont été confiées à un tuteur pour les vendre. Ma mère, en dépit de sa profonde déchirure qu'a causé la mort de notre père, a dû prendre des décisions, conseillée et aidée dans cette période si tourmentée. Pour permettre à Francis, Jacky et Marco de poursuivre leur scolarité sans rupture et pour Lélette de trouver du travail, tous les quatre, nous nous replions chez nos grands-parents maternels, Fernand et Valentine à « La Tâcherie ». Une situation provisoire qui nous a permis d’affronter notre nouvelle vie avec plus de recul. Je dois quand même mentionner que « l'après drame » connut des jours difficiles surtout pour notre Maman qui y fit face avec abnégation, courage et toujours cet objectif d'assurer du mieux possible le quotidien de ses trois garçons. L’épisode « La Bourboule » Nous sommes au mois de Juin 1959, Maman et nous, ses trois garçons, pour les vacances scolaires,

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nous allons séjourner dans un centre de vacances pour enfants à La Bourboule, cité balnéaire dans le Puy-deDôme. Cet établissement est géré par un membre de la famille. Les relations familiales aidant, c'était bienvenu de pouvoir recevoir en ces lieux la Maman et ses trois drôles pour apaiser leur souffrance et leur permettre de mieux appréhender l'avenir.

Jacky, Marco et Francis.

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Il me reste des souvenirs flous de ce temps-là. Des flashs m'apparaissent quand, avec mes frères ou d'autres enfants, nous faisions des jeux d'intérieur ou des balades alentours dans les bois. De ces vacances non programmées, je garde surtout en moi la très grande douleur morale (et physique) qu'a connue notre Mère qui était employée aux travaux de cuisine, de ménage. Cet « acharnement » inhumain de la part de la responsable du Centre sur la personne de Maman ne faisait qu'ajouter à la grande détresse de Lélette qui, un jour, ne pouvant plus accepter les brimades et les réflexions déconcertantes voire carrément rabaissantes de cette cousine, décida de partir en catimini avec moi sans en informer l'odieuse responsable. Mes deux frères avaient déjà quitté La Bourboule pour préparer avec nos grands-parents la rentrée scolaire 1959/1960. Je me rappelle que nous courrions dans les rues de la ville pour nous rendre à la gare SNCF, prendre des billets et monter dans un train qui nous sauverait de cet enfer. Je revois Maman, toute de noir vêtue, le visage défait par tant « de coups reçus » depuis ce 5 Juin 1959. Dans ce hall de gare, elle est perdue, elle ne sait plus ! Elle tient solidement ma petite main. Tous les deux, nous ne faisons qu'un. C'est plus facile pour fuir, se sauver, faire « la belle », fuguer … ! Nous allons retrouver notre famille et renaître pour repartir sur un nouveau Chemin... Faudra patienter pour réaliser ce vœu. La cavale prend fin.

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Le mari de notre cousine « Démone (1) », vient vers nous, tellement heureux de nous avoir retrouvés ! Un homme bon, gentil qui subit les boulets de « Madone ». Une maîtresse femme de poids qui impose de par son envergure et ses paroles blessantes. Nous nous en remettons aux sollicitations de « notre cousin » qui nous invite à revenir au Centre et qu'il veillerait avec bienveillance à ce que « sa marâtre » d'épouse ait un comportement respectueux et humain avec ma Maman Lélette. Soixante et un ans plus tard, elle garde toujours en elle cette amertume et cette rancœur. Des souvenirs très sombres comme l'étaient les habits qu'elle portait pour marquer le deuil. A cette époque, c'était de tradition de s'habiller de noir après le décès d'un être très proche. Le retour chez Grand-père et Grand-mère dans le village de « La Tâcherie ». De retour chez nos grands-parents, notre Maman allait faire des ménages chez un docteur à Cognac et nous les garçons nous sommes allés à l'école. Francis dans un collège technique à Saintes, Jacky dans un collège d'enseignement général (Elysée Mousnier) à Cognac et moi à l'école communale de Vignolles où j'étais déjà avant le drame. J'étais le seul à rentrer le soir à « La Tâcherie », Maman étant logée chez son employeur et Francis et Jacky étant pensionnaires. J'ai peu de souvenirs de cette période.

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Une chute plutôt piquante Je faisais la route en vélo, souvent en compagnie d'un cousin dont les parents habitaient dans le village. Il était un peu « casse-cou » mon cousin. Un jour, alors que nous nous rendons à l'école à bicyclette, il me dit : « croise tes bras sur le guidon comme je le fais ». Je copiais sur lui, mais le résultat se termina, pour moi, en un gadin magistral dans une sepée d'orties en bordure de route...

(1) :" Démone", féminin de "Démon"

L'accident avec la Peugeot 203 Le Lundi 4 Janvier 1960, tôt le matin, notre Mère, en allant au travail à Cognac, conduisait mon frère Francis au collège à Saintes et mon autre frère, Jacky au collège à Cognac. Un matin d'automne anormalement doux, au volant de la Peugeot 2O3, voulant rattraper un retard accumulé, dans un brouillard épais, elle fit un tout droit dans un virage très prononcé et se retrouva dans un champ juste labouré. La voiture fit plusieurs tonneaux. Un gros caillou se ficha entre le toit ouvrant et le toit de La voiture. Plus de peur que de mal mais une grande frayeur malgré tout. Quelques légères blessures sans gravité. L'oncle Raymond, averti de l'accident, se transporta sur les lieux avec Annie, sa femme. Celle-ci ramena Lélette, Francis et Jacky à La Tâcherie et Raymond conduisit la Peugeot 203. Après une visite chez le

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médecin de famille à Burie, Maman, Francis et Jacky purent rejoindre leurs lieux de travail respectifs. A cette époque, le village de « La Tâcherie » était très actif, habité par « des purs produits du terroir ». Toutes les âmes se connaissaient et avaient, pour la plupart, des liens de parenté. Dans les fermes, c'était la Vie. Deux ou trois épiceries subvenaient aux besoins des familles. On y trouvait de tout. J'ai encore dans les narines, les parfums qui se dégageaient de ces boutiques où l’on trouvait de tout et qui faisaient aussi bar. Je partageais les travaux des champs et de la ferme avec mes grands-parents, mon oncle Raymond, ma tante Annie et ma cousine Brigitte qui résidaient dans le même corps de bâtiment. Les mois passèrent et nous avons quitté notre foyer familial, mon « second berceau ». La famille migre pour Saintes. Je deviens citadin C'est à Saintes que nous sommes partis, Maman ayant trouvé du travail comme « femme de service » dans un hospice puis à l'hôpital de la ville. Quant à moi, je fus scolarisé à l'école Paul Bert. Mon frère Francis continuait sa scolarité au collège technique de Saintes et Jacky au collège Elysée Mousnier de Cognac. Régine et Jean-Claude, une nouvelle famille « adoptive » Une nouvelle vie commence Rue Saint-Maur de la cité gallo-romaine de Saintes. Nous sommes locataires chez un couple de jeunes bouchers, Jean-Claude et Régine Pillet. Le début d'une longue et belle histoire qui dure toujours... soixante ans après ... Je fais appel à mes souvenirs d'enfant et ils accourent. Tous ils viennent de fort loin dans le temps

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1960 /1961 /1962, mais ils sont tellement ancrés dans ma mémoire qu'ils rejouent sans grande peine les actes importants qui ont marqué cette période. Je veux, ici, en hommage à ma Maman qui va arriver au terme de sa 96ème année et démarrer sa 97ème, ne citer que les plus marquants : La Charente en crue Je suis toujours impressionné quand, lors des crues du fleuve « La Charente », l'eau inonde les rues toutes proches de la boucherie. J'ai peur et appréhende ce phénomène, notamment quand l'eau inonde la cave de l'habitation de Régine et Jean-Claude faisant flotter en surface quelques bouteilles. Jean-Claude, pour attiser mes craintes ouvre la trappe qui se trouve dans la salle à manger. A quelques centimètres, juste sous le plancher, l'eau est bien là et je ne suis nullement rassuré !. Les pavés de la rue Saint-Maur, vestiges de l'époque romaine étaient recouverts par l'eau du fleuve, ce qui laissait imaginer l'étendue de la crue dans les rues de la cité de part et d'autre de la rivière Charente. Les vastes prairies se transformaient en un immense lac. Et j'étais triste à cause d'une récitation que j'avais apprise à l'école Paul Bert, non loin du quartier inondé. "La carpe et les carpillons". C'était le titre de ce poème qui relate l'histoire de la carpe qui éduquait ses petits carpillons en leur disant de suivre toujours le lit de la rivière, notamment quand ses eaux sortent du fleuve pour recouvrir les près et les champs, les bois et les routes. Les carpillons ont désobéi et lors d'une crue de la rivière, ils ont fauté et sont sortis du lit

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pour aller explorer ce nouvel univers. Mais l'eau se retira plus vite que prévu et les petits poissons sont morts… Petit "bobo" D'autres faits me viennent en mémoire quand JeanClaude me prend à la campagne, à Thézac, chez ses parents. Comme ils sont gentils ces gens-là ! Je suis chez eux comme chez moi ! Dès fois, avec un garçon qu’ils avaient en vacances, nous faisons du vélo. Une fois, lors d’une sortie j'ai chuté et me suis blessé à un bras. J'ai encore la cicatrice de l'endroit où un petit caillou est entré dans ma chair ! J'ai été soigné et je ne me rappelle pas si je suis remonté sur le vélo. Une moitié dedans, l'autre dehors Pour la fête annuelle, Jean-Claude me prend avec lui sur les autos-scooters. Un coup devant, un coup derrière, sur le côté droit, le gauche et ce qui devait arriver arriva ! Ma tête n'a pas résisté à ces déchaînements violents et répétitifs. Elle a cogné le volant et il s'envola le morceau de mon incisive droite. Je ne sais pas si Jean-Claude a été sermonné par Régine ou par Lélette, ma Maman. Toujours est-il que je suis resté de longues années "défiguré", n'osant plus sourire aux jeunes filles que je courtisais ! Sois disant qu'il fallait attendre que ma croissance soit terminée pour remplacer la dent endommagée ! Attendez les filles, ne partez pas. je reviendrai quand j'aurai ma nouvelle dent ! Ne croyez rien de tout cela. J'en rajoute un peu, juste pour sourire aujourd'hui à pleines dents !

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BLAZER, y-a du catch à la T.V Je ne voudrais pas mettre un terme à ces souvenirs sans évoquer la télévision en noir et blanc que nous allons voir chez un dépanneur TV et autres postes dont l'atelier est juste en face la boucherie. Quelquefois, Jean-Claude vient frapper à la porte, le soir pour aller voir un combat de catch à la télévision chez son copain le dépanneur. Ma Maman ne s'y oppose pas ! BLAZER dit-il, y-a du catch à la T.V, tu veux venir ? Jean-Claude me surnommait BLAZER, à cause d'une veste que je portais, surement, je ne m'en souviens pas très bien ! Du "mou" pour le chat contre une petite pièce de monnaie Les jours de marché en ville, je vais avec JeanClaude. Je l'aide un peu mais je l'accompagne surtout parce que j'aime être avec lui et aussi je peux vendre du « mou » (1) pour les chats, ce qui me permet de mettre quelques francs de côté pour en avoir devant moi ! (Dur dur, la langue française) ! J’aime beaucoup cette ambiance où les gens achètent au marché pour avoir la qualité, mais aussi pour se rencontrer et échanger. Il y a de la Vie, de la bonne humeur. J’ai 10 ans, l’âge de la pure insouciance. Je baigne dans un nouveau monde et ce monde-là, je l’accepte bien, entouré de ma Maman et de ma « nouvelle famille adoptive », Régine et Jean-Claude PILLET avec lesquels je partage une grande partie de mon temps libre. Un trésor de bienfaits. La renaissance Il m’arrive, moins souvent que les jours de marché, d’aider aussi au magasin de la boucherie. Une aide peu

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efficace, certes mais tellement thérapeutique pour évacuer peu à peu ces clichés qui font obstacles à cette envie de tourner la page et de vivre ce présent plus sereinement. Je ne veux surtout pas oublier, d’ailleurs je ne le pourrais pas, mais repartir sur un autre Chemin avec ma Maman, mes deux frères et tous ceux et toutes celles qui me sont très chers. Grâce à Régine et Jean-Claude avec lesquels je partage mon temps, je me fonds dans « la peau » de cet autre enfant que je vais devenir. Un autre enfant qui va être forgé par cette autre façon d’exister dans un espace nouveau, de nouvelles habitudes, avec des personnes nouvelles. En un mot, réapprendre à vivre autrement aujourd’hui sans renier ce que fut hier… Et ce jour d’Hui, je me contente de découper du "mou" pour les chats des clientes. Quelques sous de pourboire. Des clientes fidèles qui viennent le soir à la boutique avec leur casserole pour y mettre la soupe de pot au feu admirablement préparé par Jean-Claude. Qu’ils sont doux ces souvenirs d’enfance déportés de la campagne à la ville. Maman travaille à l’hôpital en tant que femme de service. Elle trime dur pour subvenir à nos besoins. Je me rappelle quand j’arrive de l’école primaire Paul Bert vers les 17 heures ; je déguste avec bonheur un bol de bouillie au chocolat, préparée avec Amour par ma Maman. Quand je pense à ces petits riens, ils prennent dans mon cœur une très grande place et je mesure pleinement tout l’Amour Maternel que cette petite attention revêt. La vache qui ne rit plus ! Au côté de Jean-Claude, je vais dans le marais côtier pour y chercher une vache destinée à l’abattoir. La

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« Belle des Près » broute avec délice l’herbe salée ce qui est tout bonus en terme de qualité de la viande. La bête à cornes monte à bord du fourgon Citroën et ne se doute pas de la suite qu’elle va connaître. C’est à l’abattoir de la ville de Saintes que nous nous rendons pour y déposer l’animal qui doit pressentir que ces lieux très fermés et hostiles ne présagent rien de bon pour elle. Tous les efforts que le bovin tente pour ne pas descendre du fourgon demeurent vains. A quoi bon lutter, se dit-il, le bipède sera toujours le plus fort ! Et il abandonne la résistance pour être conduit dans un box où il pourra « vachement méditer » sur sa courte vie et attendre que son bourreau vienne le chercher. Le lendemain, nous revenons à l’abattoir pour exécuter le bovin. Les formalités sanitaires passées, nous conduisons la sacrifiée dans la salle des mises à mort. Attachée très solidement à une boucle à même le sol, elle ne voit pas le merlin qui pénètre avec force, justesse et efficacité sur le devant de la boîte crânienne l’animal s’affaisse sur le sol cimenté. Jean-Claude, le saigneur plonge un grand couteau dans le cou de la vache. De la plaie le sang est projeté en saccades vers l’extérieur. Elle est morte la vache et les ultimes soubresauts de son corps disparaissent. Accrochée solidement aux deux pattes arrières, la vache est suspendue pour que commencent le dépouillement et le vidage. A ce stade, je suis autorisé à m’approcher de la bête et à aider Jean-Claude dans ses travaux. Je n’éprouve aucune répugnance au fait d’enlever la peau ou de taillader dans les viscères chauds et odorants. Une fois l’animal débarrassé de sa peau et de ses viscères, la

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carcasse est estampillée conformément à la réglementation sanitaire et remisée dans une chambre froide. Dans quelques jours, Jean-Claude viendra récupérer la carcasse et dans sa boucherie, la débitera pour être vendue au magasin ou au marché. Quant à moi, je ferai de petits paquets de « mou » que je remettrai aux clientes ayant un chat et je glisserai dans la poche de mon petit tablier d’enfant/boucher la petite pièce de pourboire. Remerciements et reconnaissance - Hommage et honneurs J'adresse mes plus vifs remerciements à Régine et à Jean-Claude d'avoir permis à ma Maman de vivre cet après « drame » dans des conditions humainement bonnes. Leur soutien moral et leur présence de proximité ont été une chance providentielle pour nous tous qui réapprenions à vivre autrement. Une transition difficile qui se passa du mieux possible. Régine et Jean-Claude en sont les bienfaiteurs et nous n'aurons de cesse de gratifier leurs personnes qui ont permis à notre Maman et à ses trois garçons de repartir sur le Chemin de la Vie. Je suis fier de l'écrire dans ce document. (1) : le mou, c’est le poumon de la vache ou du veau. 1963 - Communion solennelle de Marco. Repas festif. A droite Moi-même et Lélette. En face Suzanne et Marcel Cathelineau et Jean-Claude Pillet. En bout de table, Éric, l’enfant de Jean-Claude et de Régine.

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Lélette, Régine et Jean-Claude

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Lélette et Eric, leur 1er enfant

La Vie, tout simplement Là-bas, en ville de Saintes, J’ai été enfant, rue Saint-Maur. J’en garde la douce empreinte D’un grand bonheur qui vit encore. J’ai dû quitter mon berceau, Mon village et la ferme, Papa ayant décidé, sans mot, A sa vie, de mettre un terme. Fallut ne pas baisser les bras, Partir ailleurs gagner l’argent, Réagir et mener combat Pour nourrir trois petits enfants.

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Dans la peine et la souffrance Maman trima en habits noirs, Le cœur meurtri par l’absence, Dispensant tendresse et espoir. Partir de mon doux nid d’enfant, Construit d’amour et de chaleur, Quitter mes racines à huit ans, La campagne et ses vrais bonheurs. Saintes, cité aux arènes, Majestueuse dans ses décors, Aux splendeurs gallo-romaines, M’a pris dans son cœur, rue Saint-Maur A l'âge de l’insouciance, Je suis devenu citadin Et des fois, quand j’y repense, Je dis grand merci au destin. Je suis un bateau sur la mer Qui avance au gré du vent, Sous l’azur ou le tonnerre, Je suis la vie, tout simplement

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Marco et Lélette, sa Maman. Au fond, la devanture de la boucherie.

Lélette en tenue de service à L’hôpital de Saintes

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"Les Trois de Vignolles" à la plage avec Régine et Jean-Claude PILLET en 1962/1963

Au mariage de Francis et Claude en 1978

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Jean-Claude et Régine avec Marco sur le chemin des Vignes avec vue sur Marcillac-Vallon

Avec Brigitte et comme décor, le Viaduc de Millau.

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Et sur ce Chemin « redoré », notre Maman Lélette rencontre Roger, un pèlerin en quête d'affection et d'Amour. Elle lui prend la main. Il prend les nôtres. Nous devenons « ses enfants ». Ensemble, nous marchons 40 années durant. Régine et Jean-Claude marquent notre Chemin avec bonheur Roger et Lélette au début de leur rencontre

. Roger, boulanger à Segonzac en 1962.

Nous poursuivons notre route au gré des bienfaits et des aléas de nos existences. Si les ans qui passent transforment nos corps de mortels, la fraîcheur de nos cœurs est intacte pour se souvenir du temps passé et partager ce Chemin qu'il nous reste à parcourir.

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Le Maître du Pain L’homme franchit le seuil du fournil et regarde les cieux. Dehors la nuit s’achève et l’air est plein de tiédeur. C’est l’été. Déjà les oiseaux chantent à qui mieux mieux. Le boulanger est heureux. Il est en forme et plein d’ardeur. Il sait que la tâche est rude. Il ne craint pas le labeur. C’est un artiste, un créateur, un faiseur de pains Il fait le plus beau des métiers et ne compte pas les heures. C’est sa passion, sa vie. C’est un habitué des petits matins.

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Concevoir le pain, cette nourriture tant prisée, quelquefois gaspillée, Quel honneur pour l’artisan, ce dévoué travailleur. Son métier, il l’a appris des mains et du savoir de ses aînés. Il l’assume avec amour. Il pétrit avec la main et façonne avec le cœur. Notre boulanger, c’est un monsieur dans le village. Il est le préféré des enfants. Il est le printemps des grands-mères. Il livre le pain, sans craindre le froid, le soleil ou l’orage. Un pain délicieux au palais dont la renommée n’est plus à faire. Dans le fournil, ça sent bon le pain chaud et la farine. Le pétrin brasse la pâte, douce, onctueuse et vivante au toucher. C’est un plaisir sans cesse renouvelé pour les narines. Pour les gourmands, il y a aussi croissants, chocolatines et pains au lait.

Le boulanger découpe la pâte qui s’étire en la levant. Il pèse, façonne et met sur couches les futurs pains. Les mouvements sont précis, rythmés et plein d'allant. Dans peu de temps, il n’y aura plus de pâte dans le pétrin. La lourde porte du four s’ouvre sur un tapis de braises. Les fagots ont bien brûlé et le charbon peut être retiré. Avec le mazout, le gaz ou l’électricité, notre ouvrier serait plus à l ’aise. Ce sera pour plus tard, peut-être. Pour l’heure, il faut cuire la fournée. Dans le foyer, les pains, petits et gros, prennent une jolie couleur dorée.

La croûte craquelle. Le maître du pain est vigilant. Il veille. Il connaît bien la cuisson et bientôt il sortira la fournée. Les pains tout chauds croustilleront et seront disposés dans les corbeilles .

Notre boulanger ne ménage ni son temps, ni sa peine. Chaque jour que fait le Seigneur, il pétrit la pâte et cuit le pain. Mais les années de la vie peu à peu s’égrènent. Il faudra penser un jour, coûte que coûte, à passer la main.

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Il y pense, surtout quand le poids des ans se fait trop lourd. Il pourrait s’économiser en investissant dans des machines. La quantité, le profit, les congés et le bien-être, c’est comme çà de nos jours. Tout cela, il le sait. Il veut rester un artiste et non fabriquer un pain d’usine. C’est vraiment un Monsieur, un personnage, notre boulanger. Toute la campagne le glorifie, le respecte, ce faiseur, ce porteur de pains. Combien de fois a-t-il entendu : « C’est du gâteau votre pain », Monsieur VIGE. La clientèle, elle s’est faite de bouche à oreille, c’est certain. Si j’écris ce poème et veux rendre hommage à ce beau et noble métier. C'est pour, à ma façon, dire mon amour et mon affection à celui qui a pris ma main. Celui qui m'a guidé durant mes jeunes années. Je ne te remercierai jamais assez Roger. Merci pour avoir été la source de mon inspiration, Toi qui a été, un véritable Maître du pain.

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Pour une amourette, Roger perd la tête et quitte le foyer conjugal 1973 - Je suis tout jeune gendarme départemental (en âge = 22 ans et en service = 2 ans), à la nouvelle caserne Poplawski à Pau, dans les Pyrénées-Atlantiques. Un jour, je ne me souviens plus le mois, je reçois un appel de ma tante Annie (la femme de Raymond, le frère de Lélette) qui m'informe que ma Mère rentre d'un séjour en Guadeloupe chez mon frère Jacky et elle découvre une situation qui la tétanise ou la pétrifie sur place. Roger, qui était resté en Métropole pour ses activités professionnelles (démarcheur dans les assurances AGF) a profité de l'absence de son épouse (et de ma Mère) pour quitter le domicile conjugal et aller vivre avec une femme. Vraisemblablement une « nénette » plus jeune que ma mère (49 ans) et qui devait lui apporter ce plus qui faisait peut-être défaut dans le duo avec ma mère ! Simple hypothèse sur le moment qui s'est avérée vraie par la suite... Dans mon propos que je vous livre, je me garderai bien de porter un jugement ou d'émettre un avis quant à la survenue de ce fâcheux événement, pour notre Maman et notre fratrie Francis, Jacky et Marco.

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Le profil de Roger est celui d'un homme travailleur, bon et généreux. Un grand cœur qu'il nous a ouvert dans les années 1960/1961, à Lélette et à nous trois. Je me suis libéré de mon travail de brigadier pour « filer » à L'Echassier au domicile parental et seconder ma Maman que j 'ai trouvée extrêmement désemparée, ne pouvant franchement répondre à la question : « Pourquoi ? » Durant ma « permission exceptionnelle », Lélette a réussi à obtenir quelques éléments sur cette dame « trublion », la confirmation que notre Roger, tout autant « trublion » était avec sa « maîtresse » à telle adresse. Nous nous y sommes rendus, discrètement, et nous avons constaté, de nos yeux vus, que la voiture du « fauteur » était bien dans la propriété de la « gente féminine débaucheuse d'homme ». Différentes démarches ont été menées pour anticiper un avenir conjugal et familial dont on ne connaît pas les « tenants et les aboutissants ». Une rencontre, difficile mais nécessaire a été décidée entre Lélette et Roger pour statuer sur leur avenir : « Retour à la maison et poursuivre le Chemin malgré la plaie qui s'est ouverte et qui ne fermera qu'avec des onguents forts à « libération prolongée » et des « repentis » à la hauteur du « gouffre ». Roger, avec ses quelques faiblesses, une femme « pauvrette » qui lui fait du chantage s'il ne subvient pas financièrement en versant à cette mégère une pension pour élever l'enfant qu'elle attend et dont Roger serait le géniteur. Tout cela reste à prouver !

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Lélette « notifie » à son mari Roger qu'elle part avec Marco à Pau pour un mois, histoire de ne pas vivre seule dans cette trop grande maison que son « duo » a quittée pour une autre femme. Elle se dit que cette situation ne durera pas et qu'il faudra qu'à son retour de Pau, les choses se clarifient. Je ne m'étendrai pas sur les questions de savoir « depuis quand cette liaison, à son insu et les raisons qui l'ont motivée ? Je passe également sur les explications inter-couple fournies par Roger et Lélette et des échanges souvent violents en paroles. Cette malencontreuse aventure a connu une fin qui, sommes toutes a réconcilié Roger et Lélette et satisfait les trois enfants. Un écart sur le Chemin de la Vie, une des faiblesses du Pèlerin ayant répondu présent à un appel « endiablé » à quitter cette route conjugale pour rejoindre une « créature ensorceleuse » sans compter les déchirures intrinsèques qu'elle provoque et les plaies qu'elle ouvre dans les cœurs. Se refermeront-elles un jour ?

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Victime de chantage, Roger tente de mettre fin à ses jours.. Il sera sauvé "in extremis" par mon frère Francis ---------------------------Récit de cet évènement après que mon frère Francis m'en ait fait part et rapporté avec son autorisation

-------------En ce jour de début mai 1975, Francis arrivait d’un séjour de ski en Laponie finlandaise. Après être descendu du train venant de Paris, en gare d’Angoulême, il avait pris sa voiture laissée au parking de la gare lors de son départ pour la Finlande. Tout heureux de retrouver la maison familiale, il savait que notre maman et Roger travaillaient et connaissait l’emplacement de la clé de la maison. Il fut surpris qu’elle ne s’y trouva pas et s’aperçut rapidement que la porte d’entrée n’était pas fermée à clé, donc il se dit « où c’est un oubli de fermeture à clé ou un des deux parents se trouve dans la maison ». Dès qu’il eut poussé la porte, une forte odeur de gaz lui envahit les narines. Il alla dans la cuisine et vit un petit

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mot écrit de la main de Roger et laissé sur la table : « Surtout n’allumez pas la lumière ! Lélette je te demande pardon pour le mal que je t’ai fait et te prie d’excuser mon geste. Je suis victime d’un chantage monstre et je ne peux supporter le mal qui m’est fait. » Francis comprit de suite le sens de la première phrase car à la moindre étincelle la maison allait sauter. Francis était sous le choc mais aussitôt il grimpa les escaliers quatre à quatre et monta à l’étage. Toutes les pièces étaient ouvertes sauf une fermée à clé. Il prit son élan et d’un coup d’épaule il fracassa la porte. Roger était allongé sur le lit blanc comme un linge et peut-être déjà mort ! Il éteignit le gaz, ouvrit la fenêtre et s’empressa de voir si le cœur de Roger battait encore. Imperceptiblement, il battait encore ! Alors pas de temps à perdre. N’ayant aucun numéro sous la main où appeler, il courut à la toute nouvelle pharmacie qui venait de se monter. Le pharmacien fut absolument formidable : voyant mon frère complètement affolé, il fit le nécessaire. Les pompiers arrivèrent dans le quart d’heure et Roger fut réanimé, puis transporté à l’hôpital de Cognac. Pour la petite histoire, le pharmacien arrivait du Cameroun où il avait tenu sa première pharmacie. L’Afrique dans leur cœur, mon frère et le pharmacien lièrent amitié. Roger sortit de l’hôpital sans séquelle apparente. A quelques minutes près, mon frère lui avait sauvé la vie ! Ensuite il y eut une enquête de police. Francis

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contacta un avocat pour faire le point par rapport à l’accusation grave, mais mensongère, dont Roger avait été victime. Tout rentra dans l’ordre mais le traumatisme fut violent pour notre maman. Et Francis retourna en Finlande pour essayer de conquérir une petite Finlandaise qui l’avait séduit.

Roger à la fin de la seconde guerre mondiale

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Roger dans les années 1960

Roger et Lélette dans les années 70

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Avant la longue nuit Septembre annonce la fin de l’été. La nature plante un nouveau décor. Dans la chambre où tu es alité, Les douleurs font tressaillir tout ton corps. La souffrance est ton lot quotidien. Le combat est long. Seras-tu vainqueur ? Et les jours coulent, faits de petits riens, Dehors, le ciel n’est qu’azur et douceur. Tes yeux lancent des appels de détresse, Des cris à la vie, des cris à la mort. Et ces messages que tu m’adresses, Impuissant, je les reçois clairs et forts. La vie ici-bas est éphémère. La quitter est dans l’ordre des choses. Nous, les pèlerins de cette terre, Nous figurons le temps d’une rose. Tout près de toi, je veille en silence. Le mal dévore tes restes de vie. Très bientôt, viendra la délivrance. Le cancer vaincra. Tout sera fini. Je te parle futur et guérison. Tu dis simplement que tu veux partir, Que tu dois revenir à la maison. L’hôpital n’est pas un lieu pour mourir.

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A tes côtés, je me sens tout petit, Démuni, pour te dire mon amour, Pris de colère et de révolte, aussi. Demain, verras-tu le lever du jour ? Et tes yeux se fermèrent à jamais. Tu partis vers une vie meilleure. Le poids du vide est dur à supporter, Seul, le temps apaisera la douleur.

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Adieu, ROGER

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Il était une fois, il y a plus de quarante ans, sur le chemin de la Vie, marchaient trois petits pèlerins donnant la main à leur maman, faute de pouvoir prendre aussi celle de leur papa, parti précipitamment et prématurément, sans mot, pour la très longue nuit. Sur la route, leurs regards et leurs cœurs croisèrent celle d’un homme, également pèlerin, déjà éprouvé par les vicissitudes de la vie et en quête de bonheur et d’amour. A ce moment-là, ce fut le printemps, l’été, un feu d’artifices de joie, de bonté, de générosité, d’espérance, d’amour et de courage. ROGER retrouvait cette force qui donne goût à poursuivre ce chemin de la Vie. Il retrouvait surtout une famille avec laquelle il se confondrait pour que le voyage à accomplir soit auréolé d’amour, de tendresse et d’affection. Mais il savait aussi que prendre un tel engagement le conduirait à le respecter et à affronter les difficultés qui ne manqueraient pas de se présenter. La maman et ses trois petits enfants allaient retrouver, quant à eux, l’aile protectrice d’un père et d’un mari, un compagnon de marche auprès duquel il est bon de se confier, avec lequel on peut partager les sentiments et les actes de la vie, sur lequel on peut compter pour guider nos pas et apporter cette force tranquille et rassurante nécessaire au bien-être de la famille. ROGER, au terme de ces quarante-deux ans de vie passés ensemble, et à l’heure où tu vas t’effacer de nos regards, soit assuré que ton souvenir indéfectible est déjà gravé dans nos cœurs et dans nos mémoires. Merci pour tout l’amour que tu nous as prodigué, à nous, tes enfants, puisque tu nous as toujours considérés

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comme tels. Avec maman, tu as forgé nos vies d’adolescents et d’adultes. Nous t’en sommes d’une infinie reconnaissance. Merci d’avoir fait avec nous cette longue étape qui marquera à tout jamais nos existences. Merci ROGER…

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Qui étais-tu ? Toi qui as croisé mon chemin, Pèlerin qui allais sans but Et qui a su prendre ma main, Toi l’étranger, qui étais-tu ? Toi qui m’as ouvert grand ton cœur Quand mon papa a disparu, Gîte d’amour et de bonheur, Toi mon ami, qui étais-tu ? Toi qui forgeas mes jeunes années Dispensant savoir et vertus, Aiguilleur de ma destinée, Toi mon guide, qui étais-tu ? Toi qui fus pour moi un père Me chérissant tant que t’as pu, Mon maître et mon repère, Toi mon bienfaiteur, qui étais-tu ? Toi qui fus force et courage, Vaillant soldat qui s’est battu, Bravant la nuit et l’orage, Toi ce héros, qui étais-tu ? Toi qui as pétri tant de pains, Ce travailleur au corps fourbu, Façonnant du soir au matin, Toi l’artiste, qui étais-tu ?

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Toi qui fléchissais sous les ans, Las du long chemin parcouru, Parti dormir au firmament, Toi le bienheureux, qui étais-tu ? Toi qui as partagé ma vie, Toi ce père que je n’ai pas eu, A mon cœur trop vite ravi, Toi mon Etoile, qui étais-tu ? Roger, Lélette et Marco

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1964 - Cette année-là… Cette année-là, je la bénie avec bonheur et j’aurais aimé que celles qui ont suivi soient à son image. Une année d’excellence, une année d’insouciance, une année d’enfance… Ah ! Si l’on pouvait rester enfant ! … C’est vrai, je suis un rêveur et un râleur ! Je me console en me disant que vous me ressemblez sûrement ! Marco

Mon frère Francis en tournée de pain

au magasin

au fournil avec Clovis, l'ouvrier boulanger.

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C'est moi lors d'une piste routière scolaire

La bique qui veille sur Vénus et Apollon alias Bernadette et Marco

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Segonzac, une autre Vie Elle me revient souvent en mémoire Cette année-là, au cœur de ma prime jeunesse. Un soleil qui brille après les nuages gris noir. Un printemps qui dure avec ses promesses, Une véritable année bonheur, une autre Vie; J'ai treize ans, l'âge de l'insouciance. Je me fais homme, je grandis et je muris. Viennent les plaisirs de l'adolescence, D'une fratrie de trois garçons, je suis le benjamin. Francis, Jacky et Marco, orphelins de père. Roger, notre "nouveau Papa" nous prend la main. Maman n'est plus seule pour gérer les affaires. A Segonzac, Roger est le maître du pain. Maman tient la boutique et fait les tournées. Souvent, les enfants s'occupent du magasin. Avec la "2 CV" camionnette, nous livrons les fournées. Que de doux souvenirs sont ancrés dans ma mémoire. Quand je me repasse le film de cette époque, Je n'ai que des clichés heureux à sortir des tiroirs, Que du bonheur à travers ces mots que j'évoque. Je baigne dans une ambiance sans souci. Au fournil, j'aide Roger à façonner la pâte à pain. J'en profite pour savourer quelques viennoiseries. Je déguste des douceurs sur les présentoirs du magasin.

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Il ne faut pas me laisser seul devant les rayons bien garnis, Grande est la tentation. Je ne peux résister à tant de friandises, Disons que c'est la récompense du travail que je fournis ! Il arrive parfois que je paie cher l'excès de gourmandises ! Le dimanche matin, la boutique est ouverte. Les gâteaux sont délicieux ! Le pain frais est régal, les croissants sont pure merveille ! A la messe je vais ; j'ai rendez-vous avec le Seigneur Dieu, L'après-midi, c'est repos et nous en profitons pour sortir sous Le soleil ! La campagne est belle, elle nous accueille dans un écrin de Verdure.

A la lisière d'un bois, Roger s'octroie un repos salvateur. Nous les enfants, nous mettons à profit cette pause si nature. A l'ombre fraîche des arbres, nous partageons ce petit bonheur. Nous prenons garde à ne pas salir ou froisser nos habits, Pantalons et veste, cravate et chaussures cirées. En ce temps-là, le Dimanche nous arborons la "tenue de sorties". Aujourd'hui, nous sourions en re visionnant ces clichés. Nous sourions, c'est vrai mais un sourire empreint de nostalgie. Mais qu'elle est belle cette Vie et comme je l'ai aimée ! J'ai treize ans ! Je vogue en pleine jeunesse insouciante. 1964 - Une année bonheur que je me plais à raconter. --------------------------------------------------------------------------------Fait suite à deux poèmes déjà publiés : * 1964 - Cette année-là… (ou Segonzac, la Renaissance) * 1964 - Cette année-là… (ou Segonzac, la plénitude)

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De gauche à droite : Accroupis : Marco, Suzanne, Jacky et Bernadette Debout : L'apprenti boulanger, Lélette, Mr et Mme Fortuné et Roger.

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Segonzac, la Renaissance Elle me revient souvent en mémoire Cette année-là ! Au cœur de ma prime jeunesse. Un printemps qui dure avec ses promesses, Le soleil qui brille après les nuages gris noir. Cette année-là ! Je souffle mes treize bougies, C'est l'éveil des plaisirs et l'insouciance, Entre l'enfance et l'adolescence, De ce temps-là, beaucoup de nostalgie. Nous sommes trois loupiots. Je suis le benjamin. Une belle fratrie orpheline de la main paternelle, Papa, trop vite parti pour la nuit éternelle. J'ai huit ans, Satan frappe fort mon destin. Maman trime dur pour nourrir ses garçons. Quitter la ferme, partir, se reconstruire. La vie continue, manger, travailler et s'instruire. Je suis un drôle, fragile tel un bourgeon. Un jour, il arrive un "autre Papa", un "autre mari", Une autre main que je prends avec félicité, Une main d'Amour et de bonté, La Providence pour une Maman et ses trois chéris. Cette année-là ! Elle est gravée dans mes souvenirs. C'est à Segonzac que je connais l'épanouissement. Un bourg de "Grande Champagne", coquet et charmant. Joyau charentais, tout en douceurs et plaisirs.

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" La part des anges" (1) y colore les chais ancestraux. Une halte pour repenser sereinement les lendemains, Un nouveau départ pour poursuivre le Chemin, Segonzac, où j'ai mûri au pays du "Cognac" et du "Pineau". (1) Evaporation, des fûts, de l'eau de vie "Cognac" qui noircit les murs et les toits des chais où sont stockées les barriques.

Francis (1er banc à gauche est encadrant lors sortie fin année scolaire de mon école de Segonzac (classe de 6 ème) - 60 ans se sont écoulés. Je reconnais, devant moi ALLARD et JOBIT. Derrière moi, JUDEE, HEUGAS, BOURDARIAS. Je ne peux citer les dames de services de l'Ecole car je ne me souviens plus de leurs noms.

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Alain Barrière, mon idole que j'ai découvert en 1964 et qui le sera jusqu'à son décès en 2019. Marco en communiant

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Segonzac, la plénitude Elle me revient souvent en mémoire Cette année-là ! Au cœur de ma prime jeunesse. Un printemps qui dure avec ses promesses, Le soleil qui brille après les nuages gris noir. "Beau Papa" est au fournil, Maman tient le magasin. Le maître du pain (1) est un artiste, un besogneux. La nuit, il pétrit, il cuit la pâte, il est heureux. Un univers nouveau où je me fonds très bien. Segonzac, un Eden où j'apprends la Vie. J'y suis un papillon qui découvre les désirs, A l'âge des amourettes, je goute aux plaisirs. Dans ce jardin du bonheur, je muris. Cette année-là ! C'est "Ma Vie" d'Alain Barrière. Walter Bonatti gravit la face nord du Cervin. Dans l'église du village, je communie avec le Divin. Au collège, on me dit studieux et de bonnes manières. Cette année-là ! C'est "la folle randonnée" (2), La révélation, " l'appel de la montagne" (3) L'accomplissement d'un rêve pour deux frérots de la campagne. L'incroyable aventure, un défi de nos jeunes années. Je garde secrètement en moi cette prouesse. Une belle histoire d'amour, de communion et de partage, Un lien fraternel indéfectible avéré dans les alpages Et magnifié par le coup de foudre d'un berger pour "sa" doctoresse.(4)

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1964 - Une année tout en douceur et nostalgie ! Une année plénitude que j'aurais voulue sans fin. Cette année-là... ! Ils étaient bleus les petits matins ! Une année bonheur, à Segonzac, où j'ai soufflé mes treize bougies.

(1) Le Maître du Pain : poème page 153 (2) Folle randonnée : poème page 183 (3) L'Appel de la Montagne : recueil poétique (4) Coup de foudre : poème page 186

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En 1964 Le mariage civil de Lélette et de Roger

Francis, Roger, Lélette et Marco

C’est au mois d’Août 1964, pendant notre périple « La folle randonnée » que je vous invite à découvrir dans le texte poétique qui suit que notre Maman Lélette et Roger unissent leurs destins par le mariage.

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La folle randonnée

Nous rêvions d’espaces, de découvertes, de la beauté des alpages. Nous y pensions depuis des années, mais il est difficile de quitter son village. Nous avions la jeunesse, pas beaucoup d’argent, mais du courage. Et nous l’avons fait, coûte que coûte, ce formidable et beau voyage. A mes parents qui m’ont autorisé à partir, je dis toute ma gratitude. A mon frère Francis qui m’a permis de connaître les altitudes, Je lui dis un grand merci, car sortir ainsi de nos habitudes, Lui a demandé beaucoup de préparation, de réflexion, d’organisation et d’études. J’avais 13 ans. Il en avait 19. Ce voyage il en avait envie. C’était pure folie. Partir sur les routes de France, braver les dangers et les intempéries, Gravir les routes des Alpes, camper je ne sais où, la nuit, Partager le repas du montagnard, connaître la peur, affronter la vie. Notre moyen de transport, un scooter « Lam Bretta », acheté d’occasion. Destination, les Alpes françaises et suisses, puis retour à la maison. A vrai dire, le maître d'œuvre, le chef de cette fantastique expédition C’était mon frère qui devait étudier les fromages des Alpes, notamment leur fabrication

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Sous les regards étonnés des gens, nous traversions villes et campagnes, Champs de blé, vignobles, prairies des vallées et des montagnes. Nous grimpions les cols et pour apaiser la faim qui nous gagne Nous achetions quelques tomates, un peu de jambon, jamais de champagne. L’argent de poche, mille francs pour un mois d’aventures, Nous en prenions grand soin pour ne pas à avoir trop à nous serrer la ceinture. Pourtant, nous avons connu les pannes de moteur, le manque de nourriture, Les ennuis de santé, la souffrance physique et morale et la perte de chaussures. J'ai découvert l’aventure, mais j’ai également connu la peur Quand l’orage déchire les ténèbres et fait trembler le cœur. Sous le toit de la petite canadienne, je regardais s’abattre ces terribles lueurs Dans un fracas de tonnerre et de résonance. Véritable cauchemar pour le dormeur. Dans le duvet moelleux, je n’étais pas Zorro ou bien Tarzan. Mon frère me rassurait et me parlait comme à un petit enfant. Il était mon maître, mon guide, mon protecteur et mon confident. Sa bonté et sa générosité n’ont jamais eu de prix, je le sais maintenant. Tous deux, nous avons traversé les moraines et escaladé les pires sentiers, Partagé la soupe dans les refuges, marché sur les glaciers, Respiré tant de fleurs parfumées, Ramassé le foin et mangé le lait caillé ou la tome sèche avec le fromager, Surpris le chamois, le bouquetin, la marmotte, tout près d’un névé. Cinquante-six ans après, tout est intact dans ma mémoire, Et si je voulais rendre vie à chaque instant de cette fabuleuse histoire, Il me faudrait écrire un livre. Mais qui sortirait son mouchoir En lisant la destinée d’une doctoresse parisienne devenue la femme d’un berger montagnard Qui s’extasierait devant les péripéties de ce petit garçon sorti de la Charente ! Qui tant de fois dégonfla les matelas, plia les duvets, monta et démonta les toiles de la tente, Connut les crevasses bleutées des glaciers, les longues marches vivifiantes, Et pour finir le voyage, avec son frère, attendit un billet de 50 francs en poste restante. Oui, c’est vrai, tout cela est archivé à tout jamais dans les souvenirs de mon

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cerveau. Et dans ce monde où les technologies nouvelles font de l’Homme un robot presqu’un zéro, Je suis fier d’avoir, à 13 ans, découvert cet univers si riche, si nature et si beau Ces montagnes géantes, ces névés blancs, ces torrents intrépides Et ces grands troupeaux Je garde en moi ce passage de mes très jeunes années, tel un trésor que l’on veut préserver. Et quand je raconte à mes grands enfants des bribes de cette épopée, Ils sourient. Et ils ont raison, ces chérubins de me traiter de fêlé, Car, gravir les plus grands cols de France et camper à Zermatt, au pied du Cervin, ça, je l’ai fait.

Merci Francis, de m’avoir fait connaître cette folie, ce voyage qui, pour nous, N’a pas de prix. Merci de m’avoir fait découvrir les cimes blanches, l’odeur tiède des Étables, la montagne et la vie. J'y pense souvent et me dis, au fond de moi même que la chance m’a souri. Merci à mes parents, sans qui cette histoire ne pourrait être contée, d’avoir permis ce voyage à leur petit.

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Nota Je dédie cet écrit à mon frère Francis et lui disant un grand merci.

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J'inclus le poème suivant car cette histoire réelle est tellement belle ! Ma Maman Lélette a été séduite quand elle a découvert ce texte. C'est avec félicité et joie que je le place ici pour qu'elle le réentende quand on lui lira.

Coup de foudre Une épaisse fumée noire envahit la campagne. La locomotive siffle sa joie en ce jour de juillet. Au revoir, capitale de France. Destination, la montagne. Vive les vacances pour s’évader et se reposer. La jeune fille est heureuse. Son cœur est léger. A Paris, elle étudie la médecine, fierté des parents. Finis, boulot, métro, dodo. Bonjour, alpages et glaciers. Chantez les clarines et dansez les torrents. C’est l’ivresse, le ravissement, presque le paradis. Un univers de liberté où il fait bon se ressourcer. Le village n’est que douceur. Il sent bon la vie. Sur la place, les fontaines ne sont que pureté. Les animaux broutent la pâture aux milles fleurs. Le berger savoure sa jeunesse dans cet Eden béni. Montagnard né, il n’ira nulle part ailleurs.

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Un jour une princesse viendra s’asseoir près de lui. Les cimes blanches se détachent dans l’azur. Les vertes vallées invitent à la détente et au bonheur. Les chalets font bel effet dans le tableau nature. Les ruisseaux rafraîchissent dans ce havre de chaleur. Quand les deux regards dans le soir se croisèrent, Toutes les fleurs se mirent à danser dans l’alpage. Puis les cœurs s’unirent et les animaux chantèrent. Le clocher sonna fort pour annoncer le mariage. Les vallées aussitôt revêtirent leurs plus fastes habits. Adieu rêves parisiens. Envolées les illusions de père et mère. La belle étudiante quitta Panam pour le chalet fleuri. Aujourd’hui elle est bergère et remercie la terre entière. Elle garde son troupeau dans cet espace qui est le sien. Des fois, elle pense à Paris et à sa tendre jeunesse. Mais une chose est sûre, elle ne regrette rien. Au côté de son berger , elle est une vraie déesse.

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Retour sur images à Segonzac, en Charente (1962/1965)

C’est plus fort que moi, je ne peux pas me défaire de ces années de mon enfance/adolescence que j’ai passées en famille à Segonzac (entre 1962 et 1965) quand nos parents tenaient un commerce de boulangerie/ viennoiserie/pâtisserie dans ce bourg niché au milieu des vignobles emblématiques de la « Grande Champagne ». J’avais entre 12 et 14 ans, l’âge de la pure insouciance quand je suis encore un enfant et pas tout à fait déjà un adolescent ! Souvent j’appelle les souvenirs de cette époque et ils viennent à moi, intacts et joyeux, souvent sous forme de photos mais aussi seuls, sans supports. J’ai déjà développé, en amont et quelques pages plus loin, la plupart des moments heureux que nous avons vécus en famille, avec Bernadette et Suzanne, avec quelques clients « zen » lors des tournées de pain dans la campagne, avec les commis et ouvriers boulangers que nous prenions en estime et qui partageaient dès fois nos sorties familiales ou que nous aidions pour le travail au fournil quand nos parents prenaient quelque repos à la montagne ou ailleurs. Lélette, notre Maman s’investissait sans compter dans le travail au côté de Roger, son mari en deuxième

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union. Elle faisait les tournées, seule ou accompagnée, elle gérait le magasin. Elle s’occupait des repas, etc.

Dans un autre registre, elle partageait les coups de gueule de notre Oncle (beau-père) Roger, besogneux avéré et passionné dans son domaine. Je me rappelle, à plusieurs reprises quand il fallait aller jeter dans la nature tout le contenu du pétrin dont l’apprenti avait oublié d’enlever le thermomètre avant de mettre en branle les gros bras qui allaient pétrir le volume de pâte. Ou bien ces fournées laissées trop cuire dans le four qu’il fallait jeter ou vendre au rabais. C’est vrai que sur le coup, ces momentslà n’étaient pas très heureux et je ne devais pas « trop traîner » près de mon oncle qui était très en colère et je le comprends. Raconter ces faits divers aujourd’hui revêt un tout autre contexte. Roger n’était pas du genre rancunier et après la tempête cyclonique venait la douce brise.

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C’était un nouveau monde que je découvrais de même que notre Maman Lélette et mes deux frères. Mais quelle tentation à laquelle j’étais soumis quand dans la boutique aux mille senteurs, les bonbons, les viennoiseries, les pâtisseries, les gâteaux en tous genres, ne demandaient qu’à être croqués, dégustés par mes papilles. Je suis un gourmand invétéré et devant une vitrine bien achalandée en pâtisseries à la crème (même sans crème), je prie : « Ne me soumets pas à la tentation mais délivre moi du mal » ! Aujourd’hui, je prie toujours devant la vitrine du pâtissier et je dis : « Ne me laisse pas entrer en tentation, mais délivre moi du mal » ! Sincèrement, je ne vois pas quel mal je fais en avalant une chocolatine, un pain aux raisins, une abricotine, un éclair au chocolat, un mille feuilles, ou autres gâteries ! Interrogé par mes parents qui s’inquiètent en me voyant avaler tant de gâteaux et confiseries en tous genres, le docteur de famille leur a tout simplement répondu : « laissez-le faire, il s’arrêtera tout seul ! ». Et comme il avait raison, ce toubib. ! C’est vrai que je mangeais un petit morceau du bénéfice mais jamais mes parents m’ont interdit de me goinfrer ! Ils me mettaient en garde sur les conséquences médicales de ma boulimie ! A Segonzac, j’avais une douzaine d’années. Aujourd’hui, j’en ai 69 bien tassées et les gâteaux bien garnis sont toujours pour moi des péchés mignons. J’essaie de raison garder et de ne pas sombrer dans l’excès de sucreries. Je recèle encore en moi cette odeur très particulière quand le pain cuit était sorti du four et qu’il craquait, quand les croissants tout chauds diffusaient un parfum exaltant les narines et faisant titiller d’impatience l’estomac du petit Marco. Dans le fournil, la journée, il faisait toujours bon et c’est entre le four et le pétrin, au milieu des tôles pour

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viennoiseries et sous les couches à pain étendues pour sécher que nous nous rassemblions pour passer un agréable moment avec ou sans invités en visionnant des diapositives de nos sorties ou autres évènements. Grand-père Fernand et Granier, Fernand, un parent, du même âge et voisin dans le hameau de La Tâcherie de concert, venaient nous rendre visite en solex. La Tâcherie/Segonzac (via Michelin de l’époque) étaient séparés d’une bonne vingtaine de kilomètres.

Deux Fernand pour deux solex

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Ma scolarité dans le bourg de Segonzac s’est déroulée comme une barque qui glisse sur un lac dont l’onde est juste mise en mouvement par des souffles apaisants nés de l’Union d’un ciel sans menaces, d’une nature aux couleurs de la sérénité et de la douceur et des âmes et des cœurs d’humains qui ne connaissent que la bonté et la joie de vivre. Comparaison très poétique mais assez révélatrice. Que ce soit en CM2, en 6 ème et en 5ème, j’ai beaucoup aimé ces classes-là, alors que les deux autres qui ont suivi, je les ai détestées (c'était au collège Elysée Mousnier à Cognac)

Je suis sur le premier rand devant, le 3ème à partir de la gauche Classe de CM 2 avec d'autres divisions.

Je me souviens très bien de ce temps là. Je reconnais, quelques 60 ans plus tard mes camarades CHACUN, MOREAU, ALLARD, BOUCHERIE, HAYS, MERLE, FERRAND, CHAUMETTE, JOBIT, GREGOIRE, TROCHON, DESSE… Mes excuses pour les copains que ne ne peux pas cités nominativement….

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Les cousins Cathelineau de Cognac

Une photo de famille où figurent Marcel et Suzanne Cathelineau, plus usuellement appelés : « les Cousins de Cognac ». Des parents du côté de mon père Léo. Marcel était gendarme et Suzanne, institutrice. Je suis très reconnaissant à Marcel de m'avoir forcé la main en me disant que mon profil me prédestinait à être gendarme.

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Et cela se confirma puisque j'ai passé 43 ans de mon existence sous les couleurs du drapeau tricolore national dont 42 ans en Gendarmerie Départementale A la retraite Marcel se reconvertit dans les Assurances. Sa passion : jouer de la flûte dans l'harmonie de Cognac. Nous allions assez souvent leur rendre visite car, malgré tout, nous étions de la proche parenté et j'ai cru comprendre qu'ils nous estimaient beaucoup. Leur fils unique est mort sur le champ de bataille en Indochine. De ce fait ils nous portaient beaucoup d'affection. De temps à autres, quand leur santé le permettait, ils se rendaient chez nous, à Vignolles, pour couper le raisin ou participer à d'autres tâches.

Suzanne et Marcel en tenue de musicien à l'harmonie de Cognac. Marcel joue de la flûte.

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Suzanne et Marcel en vendanges

Suzanne lors de ma communion solennelle. Elle remplace ma Maman Lélette qui travaille à la boulangerie.

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Suzanne, Bernadette et leurs parents C'est à Segonzac, en Charente, dans les années 1960 à 1965 quand Roger et Lélette étaient boulangers que nous avons lié connaissance et amitié avec la famille de Suzanne et de Bernadette. Combien j'ai aimé cette époque où je sortais de l'enfance ou plutôt, pour faire plus sérieux, j'entrais dans l'adolescence. Ce fut une période de grand bonheur où malgré les contraintes du métier de boulanger/viennois qui permettaient peu de disponibilité pour les loisirs, nous baignions dans une sorte de bien-être. Ce sont les ressentiments que j'éprouve aujourd'hui en gravant ces lignes sur ce parchemin de mémoires. Et cette rubrique que j'ouvre pourrait, en la détaillant, faire un livre épais à elle toute seule. Je vais mettre cette embellie sur le compte de

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ma jeunesse où l’insouciance est de mise notamment pour assurer les lendemains. A 13/14 ans on se laisse vivre dans le cocon familial qui assure l'intendance du présent et des jours qui suivent. Mes frères et moi-même, nous avons eu cette chance d’avoir des parents très proches de nous, notamment Roger qui nous a élevés comme notre père l'aurait fait. Nous n'avons manqué de rien, sentimentalement et financièrement parlant. Il est vrai aussi que nous n'avons pas été des enfants « fils à Papa » ! J'entends par là qui va à la dépense sans compter ! Lélette, notre Maman a toujours veillé « au grain » de telle sorte que nous ne manquions de rien ! Je m'en tiendrai, ici, aux jours heureux que nous avons connus durant ce temps et aux bonnes relations que nous avons entretenues avec la famille de Suzanne et de Bernadette. Je me souviens de ces parties de crêpes chez nous ou chez eux où la bonne humeur, les rires et les farces ne manquaient pas ! Je me rappelle aussi des sorties à la montagne ou à l'océan, pour la journée (le pain quotidien n'attend pas !) qui étaient l'occasion de divertissements, de joie et de rapprochements. Ma plume est enthousiaste d’écrire sur ce passage de nos existences. Elle a déjà poétisé sur le printemps de nos jeunesses, quand nos corps à peine sortis de l'enfance sonnent l'appel des premiers plaisirs. Faut bien un début à tout ! Y-a-pas de quoi « fouetter un chat » ou se voiler la face ! On n'est pas des robots ! Je disais donc que ma Plume est ravie de donner un sens au mot « rapprochement » mais se doit d'être très réservée et de faire montre d'une très grande prudence ! De toute façon, il y a prescription ! Souvenirs d'enfance, clichés d'un autre temps. Je ne m'évertuerai pas à dire que c'était le bon temps. Ce qui

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laisse à penser que tout le reste de nos existences, ce n'est pas le bon temps ! Je ne veux pas épiloguer davantage sur ce sujet. C'était un autre temps. Il y a six décennies déjà ! Alors, sûr qu'il y a prescription ! (pour rire ou sourire!). Aujourd'hui, Suzanne et Bernadette rendent visite à Lélette, notre Maman qui n'oublie pas cette époque, elle aussi. Francis et moi-même ne manquons pas, autour de la table des grands sentiments, d’évoquer avec elles, les doux souvenirs de ces années bonheur ! Mes remerciements et toute ma reconnaissance, je les adresse à Suzanne et à Bernadette pour les liens affectifs très forts dont elles ne se départissent pas eu égard Lélette, Francis et moi-même, Marco. Je l’écris avec beaucoup de nostalgie et d'émotion.

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Ton Amour maternel, Tu nous donnes toujours

Notre Amour filial nous te rendons, jour après jour. Aujourd'hui, en gravant ces mots sur le parchemin, c'est pour moi l'occasion de te dire encore et toujours tout l'Amour et l'attachement que je Te porte. Est-il besoin de te le redire ? Je ne le crois pas.

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Chaque jour qui passe témoigne de la sincérité et de la réalité de ces sentiments. Certes, j'ai beaucoup écrit pour que la mémoire ne s'efface pas et ce recueil sera le document qui retracera, en quelques pages, ton Chemin de Vie. Ce long Chemin que tu parcours toujours. Tu viens d'arriver à la borne qui pétrifie tes 96 printemps et tu te demandes si tu arriveras à la prochaine. Oui, je sais, les maux de ton corps sont bien présents et ils malmènent ton moral qui va du grand soleil promesse d'un grand beau temps azuré à la tourmente orageuse qui appelle les gros nuages gris/noir parfois chargés de désespoir. C'est bien cela, la réalité de nos vies, de nos existences, de la tienne qui se déroule dans ce livre, page après page. Nous venons d'en faire un gros bout et il nous faut continuer car sur le bord du Chemin, ils sont là tous tes enfants, tes petits-enfants et arrière-petits-enfants qui t'applaudissent chaleureusement pour tout l'Amour que tu leur donnes et pour cette belle leçon de la Vie que tu leur enseignes.

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Lélette, notre Maman Elle veut encore profiter des bienfaits de l'existence même si les maux de son corps ne la quittent pas et lui rappellent qu'elle doit se rendre à l'évidence de son grand âge. Oui, mais tout çà elle le sait ! Bien sûr qu'elle le sait mais elle ne peut s'y résoudre ! Alors, quand elle prend acte de cette réalité, de gros nuages sombres cachent misérablement cette si belle embellie qui aide Lélette à avancer. Tout devient gris, plus rien ne l'intéresse et, malgré Elle, elle implore les Dieux de la conduire dans cet autre monde où les bienheureux ont toute leur place. Elle s'aperçoit alors qu'Elle s'écarte de ce Chemin de Vie qu'Elle aime tant parcourir car Lélette est une battante. Combien de fois je la rassure en lui disant : « Mais Maman, tu n'es pas malade, la vieillesse n'est pas une maladie ». Certes ton corps crie voire hurle de douleurs mais ce sont tout simplement les rouages et les pièces de ton

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mécanisme corporel qui sont usés, fatigués et qui ne peuvent plus être remplacés. ». De sa voix résignée et malheureuse, elle me répond à « la Jean Gabin » quand il chante : « Je sais, je sais. ». Je comprends parfaitement que ma Maman affiche un état de quasi détresse au regard de cette réelle incapacité physique qu'elle constate un peu plus chaque jour. Sa vue qui baisse et qui l'empêche de lire un livre, de suivre un documentaire ou un film où il est indispensable de lire sur l'écran, de voir des photos et de surcroît quand il s'agit d'identifier ses enfants, ses petits-enfants voire ses arrière-petits-enfants. Elle est au bord du désespoir quand avec une loupe, elle ne peut même plus voir les visages, les paysages, etc.… ou qu'elle ne peut plus utiliser la télécommande de la télévision prétextant ne plus distinguer les chiffres ou les symboles !

Dès fois, elle est surprenante dans ses réactions quand elle voit un oiseau sur un fil ou qui se déplace d'arbre en arbre. Elle affirme : C'est une hirondelle ou une pie ! Il n'est pas beau cet oiseau, çà ne peut-être qu'un étourneau ! Il est tout rond, il n'a pas de queue ! Je suis subjugué de constater toute l'attention qu'elle continue à avoir quand elle découvre les fleurs, les arbres lors de ses courtes balades en déambulateur. Lélette est une fille de la campagne. Elle connaît la Nature et ses bienfaits.

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Regarde comme ils sont beaux les joyaux de ta descendance. Tu es leur fierté et ils sont ta fierté !

Elle est heureuse, Lélette, au milieu de toute cette jeunesse. Notre Maman, leur grand -mère et leur arrièregrand-mère est « aux anges ». Sûr, qu'Elle l'est heureuse et fière. Sûr qu'Elle l'est « aux Anges » ! Comment ne le serait-Elle pas en pensant à toute sa descendance issue de son sang, de son âme et de ses entrailles ! C'est vrai qu'Elle aurait pu être comblée si les deux drames survenus dans notre famille (notre père Léo et notre Frère cadet Jacky) n'avaient pas meurtri à tout jamais son cœur d'épouse et de mère. Deux plaies profondes qui ne se refermeront jamais. Les Bienheureux qui ont rejoint leur place au Paradis n'appartiennent plus à notre Monde quoiqu'on dise et quoiqu'on fasse ! Ne les oublions pas car ils ont enrichi notre Vie et laissé en « héritage » un nom et un gène que

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leurs enfants porteront dignement et transmettront à leur tour. La famille Ganry Léo constitue un arbre généalogique que je vais présenter partiellement dans cet ouvrage pour que chacun de ses composants se reconnaisse et se situe dans le maillage des générations. Une aubaine pour Lélette, l’aïeule de notre arbre de Vie. Notre doyenne qui, du haut de ses 96 printemps est fière qu'il en soit ainsi et honore magnifiquement les pages de ce livre « privé ». Un livre illustré pour que les plus jeunes découvrent les autres cœurs de Vie qui composent leur famille. Comme de bien entendu, et pour ne pas « sombrer » dans des longueurs littérales ennuyeuses et inutiles, je vais maîtriser ma Plume et lui rappeler cette règle.

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Jacky et Brigitte.

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De gauche à droite : Françoise Touchard, Marco, Lélette, Roger, Jacky et Brigitte

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Photo de famille

Le 19 Février 1972, à Bargemon, dans le Var, Jacky et Brigitte unissent leurs destinées pour le meilleur et pour le pire. C'est en Guadeloupe que Jacky, ingénieur agronome a rencontré Brigitte, infirmière. Ils y demeureront jusqu'en Décembre 1982 avec leurs deux enfants, Olivier et Anne-Laure, nés en 1973 et en 1976. En Métropole, la famille élira domicile à La Grande Motte jusqu'à ce que la maison de Teyran, un bourg proche de Montpellier soit construite en Août 1983. Jacky (puis Francis) exercera son activité professionnelle d'ingénieur agronome au CIRAD de Montpellier. Cécile, la benjamine viendra agrandir la famille en 1984.

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Les Antilles, les tropiques, la Guadeloupe ! Une aubaine pour Lélette et Roger (nos parents) et pour nous pour visiter cette île à plusieurs reprises et passer quelques jours avec Jacky, Brigitte, Olivier et Anne-Laure. Mon frère Jacky est ingénieur agronome spécialisé dans la culture de la banane. De son union avec Brigitte, en Février 1972, naît Olivier au mois d'Août de cette année 1973. Le baptême ayant lieu dans la période de mon premier séjour en Guadeloupe et le parrain d'Olivier ne pouvant pas être présent physiquement, je l'ai remplacé. Un grand honneur !

Réunion de famille lors d'un de nos séjours en Guadeloupe. Nous résidons alors en Martinique.

Nous y sommes retournés plusieurs fois (avec mon épouse Brigitte et nos enfants Frédéric et Cyril) quand j'étais en poste de brigadier à la gendarmerie de Schoelcher en Martinique entre 1979 et 1982.

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Notre Maman Lélette, à deux reprises est allée rendre visite à ses enfants de Guadeloupe. Une fois seule en 1974 puis avec Roger en 1981. Cette année-là, tous deux étaient venus en Martinique où nous étions en séjour outre-mer. Puis ils se sont rendus chez Jacky et Brigitte en Guadeloupe.

.Que de souvenirs merveilleux, que de bonheur nous avons vécus en ce lieu ! Nostalgie, nostalgie !....

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En 1982, toute la famille quitte la Guadeloupe pour, en 1983, s'installer à Teyran (34). Les années passent, les enfants grandissent. Lélette profite plus de ses petits enfants dès lors qu'il s'agit de se réunir pour une occasion festive (baptême, communion, mariage, …) Des rassemblements qui se font aussi dans le chalet de montagne à Montsapey, en Savoie Combien de rencontres familiales pour fêter un anniversaire ou d’autres occasions festives. Combien de fois avons-nous loué un gîte à Montsapey pour nous retrouver, toute la famille, ensemble et profiter de cette si belle montagne pour faire de magnifiques randonnées ! Montsapey, un lieu de villégiature par excellence où nous allons retrouver Jacky, Brigitte, Olivier, Anne-Laure et Cécile avec leurs familles. C’était hier. Puis il y eut la brisure, la rupture, la déchirure (je ne sais quel mot utiliser) entre Brigitte et Jacky. A l’annonce de cette mauvaise nouvelle, un pan de ma personne s’est écroulé. Je ne veux surtout pas intercéder dans la vie privée de Jacky et de Brigitte car leur décision de rompre leur appartient. Je suis triste de savoir que nos relations ne seront plus comme avant…Tant à Montsapey qu’à Teyran. Aujourd'hui la maison de Teyran a été vendue, Brigitte s'en étant allée vivre à Pornichet, à proximité de sa fille Cécile qui exerce son métier de doctoresse.

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J’ajouterai quand même qu’il n’y a pas de séparation sans souffrances ni douleurs.

Pour les 50 ans de Jacky

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Sur le balcon du chalet "Bonheur"

Pour les 60 ans de Jacky au restaurant à Montsapey (73)

Brigitte et ses trois enfants, Cécile, Anne-Laure et Olivier.

Mon regard s'attarde sur ce cliché où pausent Brigitte, Marie, Germaine et ses trois enfants. Curieusement, Brigitte/Jacky et Brigitte/Marco (la mienne) ont les mêmes prénoms, Brigitte, Marie, Germaine. D'ailleurs, quand nous étions en Martinique à Schoelcher où j'étais gendarme et Jacky, mon frère et sa femme Brigitte en Guadeloupe à Capesterre Belle eau, dans le même

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temps, il est arrivé que les colis pour l'une étaient adressés à l'autre ! Mon esprit vagabonde et il se déroule le film de cette période entre Février 1972 (le mariage de Jacky et de Brigitte à Bargemon dans le Var) et 2007 (la séparation entre Jacky et Brigitte). Qu’elles sont belles et joyeuses ces rencontres familiales quand nous nous retrouvons en Guadeloupe, en Martinique, à Teyran ou à Montsapey, à l’occasion de rassemblements festifs (baptêmes, communions, mariages, anniversaires ou autres occasions). Que de bons souvenirs aussi quand nous nous réunissons chez nous, en Aveyron ou bien chez Francis, à Saint-Gély-du-Fesc pour fêter un an de plus ou bien témoigner des échanges de serments entre mariés mais encore accompagner le petit drôle ou la petite drôlesse qui entre dans la Maison de Dieu pour vivre sa foi chrétienne… C’est avec une nostalgie réelle que je me replonge dans ces années où nos vies ont une autre saveur, une autre couleur et une autre vigueur. La séparation de Jacky et de Brigitte m'affecte beaucoup. J’ai du mal à me résoudre à cette prise de décision qui me désoriente mais je n’ai pas d’autres alternatives. Brigitte occupe une grande place dans ma réserve sentimentale et ce ne sont pas cette rupture et la disparition de Jacky qui vont en modifier la teneur.

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Le 18 Novembre 2020, je contacte Brigitte à Pornichet pour lui demander quelques précisions de dates. Brigitte me confesse et m'écrit ces quelques mots: " Quand nous sommes rentrés de Guadeloupe, Jacky a fait sa 1ère dépression. Il supportait très mal sa nouvelle Vie, ses voyages qui l'éloignaient de sa famille… Mais il a repris les rênes et petit à petit, il s'est habitué à cette Vie. mais nous avons souffert de ne plus nous voir tous les jours, les voyages se faisant de plus en plus nombreux… Quand il est parti en Février 2007, mon Monde s'est écroulé mais je pensais qu'il serait plus heureux avec Isabelle. Je regrette maintenant de ne pas avoir lutté pour le garder. Mais sait-on jamais ce que l'on doit faire… et il a vécu j'espère, des moments de très grand bonheur avant que la dépression ne le rattrape… Voilà, il ne m'a jamais quittée, et je le trouve, en éternelle optimisme, dans toutes les petites choses de la Vie, dans mes enfants et petitsenfants. Et bien sûr dans votre famille qui est toujours restée la mienne." Nous avons trop de souvenirs en commun que ce soit en France métropolitaine (Bargemon, Teyran, Montsapey, Aveyron, Saint-Gély-du-Fesc, Aurillac) ou Outre-Mer (Guadeloupe – Martinique) pour que je ne fasse pas état, ici même, de nos relations qui ne seront plus comme avant, certes, Brigitte ayant quitté Teyran pour résider près de sa fille Cécile qui est médecin à Pornichet, en Loire-Atlantique.

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Jacky et Brigitte, en Guadeloupe dans les années 1980

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Jacky et Maman Lélette pour les 60 ans de Francis

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Jacky et Brigitte pour les 60 ans de Jacky au chalet de Montsapey.

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Les enfants et petits-enfants de Jacky et de Brigitte

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Olivier, Sandrine, Chloé et Juliette Olivier est le premier petit fils de Mamie Lélette. Sept autres viendront par la suite prendre place dans le cœur de leur aïeule qui leur dispensera sans compter Amour et Affection. Puis viendra l'autre génération, celle des arrière-petits-enfants au nombre de quatorze. Mélissa, la fille de Jean-François prend toute sa place dans cette lignée d'Amour et de Tendresse. Un vrai bonheur pour Lélette qui regrette cependant, à l'heure où les années lui rappellent qu'elle a presque cinq fois 20 ans, de ne pas voir plus souvent les fruits de sa descendance. Il est vrai que l'éloignement géographique ne facilite pas les rencontres. Olivier et Sandrine résident depuis de longues années dans l'Oregon, sur la Côte Ouest des Etats-Unis. Citoyens américains, tous deux y exercent leurs professions. Une fois tous les trois ans environ, ils se rendent en France avec leurs deux adorables filles pour visiter leurs parentés proches et prendre quelque temps de repos. La petite famille américaine séjourne en France en moyenne trois semaines, rarement plus. Un agenda de vacances qui doit être mûrement pensé me dit Olivier au cours d'un échange de points de vues. Les deux familles (Olivier et Sandrine) se situant, l'une dans le nord-ouest de la France (Région de Nantes) et l'autre dans le sud (Secteur de Montpellier), le planning des visites est très serré. Il reste une semaine et celle-là, elle est faite pour le

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repos du quatuor familial qui privilégie la montagne, notamment Montsapey, en Savoie où est implanté le chalet familial. Olivier est consultant indépendant ingénieur électronique et gère également un restaurant de 20 employés. Sandrine, quant à elle est ingénieur hydraulique. Comme le suggère avec raison Olivier, l'idéal serait d'organiser à une date arrêtée de concert entre tous, un rassemblement familial très élargi. Ainsi tout ce petit monde (ou la plupart) pourrait se rencontrer ! Disons que cette réalisation est plus facile à écrire qu'à organiser. Mais tout à fait faisable ! Maminou Lélette est parfaitement lucide de cette situation et son grand âge avec les contraintes physiques qu'il génère, l'empêche aujourd'hui de se déplacer hors de son chez Elle. Elle sait les difficultés qu'ont les uns et les autres pour venir lui rendre une visite. Mais elle est tellement heureuse quand elle peut serrer dans ses bras ces frimousses "en chair et en os". Elle ne voit plus ou presque plus les visages sur les photos et elle en est très malheureuse.

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Rachel et Olivier

Lélette et Olivier à la cuisine

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Olivier enfant, la tante Fernande et Grand-Mamie Lélette Olivier et Sandrine le jour de leur mariage civil.

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Juliette et Chloé Sandrine et Olivier

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Anne-Laure, Samuel, Camille et Adèle Toute cette petite famille réside en Guadeloupe où Anne-Laure et Samuel sont enseignants. La Guadeloupe, le berceau d'Anne-Laure et d'Olivier. Une île française des Antilles qui est en quelque sorte leurs racines jusqu'en 1989, année où Jacky, Brigitte et leurs deux enfants quittent cette parcelle de France où les parents ont vécu une vingtaine d'années (de 1969 à 1982). Olivier avait 9 ans et Anne-Laure 6 ans. Anne-Laure, éminemment gentille, la grâce et le charme réunis. La fidélité est une de ses qualités. J'en veux pour preuve (et je peux citer des témoins), la rectitude et la rigueur qui sont de mise quand elle téléphone tous les dimanches de l'année à sa grand mamie Lélette. Je veux ici même, remercier Anne-Laure pour ses attentions affectives qui font très chaud au cœur de Maminou (Lélette) et aux nôtres par la même occasion. Tous les ans, lors de leur venue en Métropole, AnneLaure, Samuel et leurs enfants Camille et Adèle ne manquent pas de venir rendre visite à Maminou quitte à faire une rallonge kilométrique !

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Au mariage de Cécile et de Pierre.

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Francis, Adèle, Samuel, Anne-Laure, Camille et Lélette lors d’un trop court séjour chez Maminou.

Camille, Adèle et Maminou

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Camille ou "La petite fée des Antilles"

Elle m'apparaît, la petite fée des Antilles, Portée par le souffle tiède des Alizés. Radieuse de charme, de grâce et de beauté, Elle m'enveloppe d'un doux voile au parfum de vanille. Camille, une enfant née au pays de la Soufrière Un cœur joyeux et une âme enjouée sous les tropiques. Un fruit de l’union passion la saveur exotique Une perle d’Amour et de tendresse, un trésor en Grande-Terre ?

Une frimousse tout sourire, une vitrine de ravissements Une floraison d’expressions natures et divines Un Eden de fraîcheur où coule l’onde féminine Un visage épanoui du levant au couchant.

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Camille, la fille du Soleil, de la Mer et du Vent, Un bouton d'hibiscus dans le jardin des cœurs, Une rose de porcelaine, séduisante de douceurs, Un bijou de Créole, la fierté de Papa et de Maman. Une présence angélique entre Pitons et Rivières, Une colombe qui apaise les souffrances, Un refuge quand la houle malmène les repères, Le printemps salvateur, l'indispensable jouvence. Camille, la Lumière qui donne force et courage sur le Chemin, Un souffle de Vie, d'espérance et de renouveau, Un soleil de bonté et de vitalité qui soulage les maux, Un air de biguine pour que bleus soient les petits matins. La plume du poète a le vent en poupe, Portée par le souffle sacré des sentiments Des mots de bonheur pour Camille à graver dans la mémoire du temps, Des mots du cœur pour l'Etoile de son papi qui scintille sur la Guadeloupe.

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Anne-Laure, Mamie Lélette qui porte Camille et Jacky

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Le 4 février 2013, Ce matin-là où notre fratrie s’écroule Marco, Jacky et Francis

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Matin tragique pour la fratrie « Les trois de Vignolles », un trio de sexagénaires, Des pèlerins qui franchissent avec bonheur les étapes de la vie. De belles familles, de belles carrières, Des enfants, des frères, des maris, des pères et des papis. Une maman qui veille en doyenne de la lignée, Quatre-vingt-neuf printemps, une vitalité qu’on envie. Une existence que douleurs et souffrances n’ont pas épargnée, Un corps qui crie ses maux, une âme qui croque la Vie. Un cœur de mère tout Amour et Tendresse, Des yeux d’épouse mis à mal par les larmes, Une grand-mamie, battante, antidote de la vieillesse, Une présence divine qui jamais ne désarme. Une Maman, celle de Francis, Jacky et Marco, Leur joyau, leur repère et son sang, Une Maman pour qui j’écris les plus jolis mots, Notre Sein de Vie, le Soleil qui illumine nos cœurs d’enfants. Une Maman à nouveau anéantie dans sa chair, Quand Jacky, le cadet de la fratrie, par la mort, s’en va. C’est au crépuscule d’un matin d’hiver, Quand les étoiles s’éteignent et que naît le jour ici-bas. Un matin de tragédie quand tout est promesse, Un départ sans bruit pour fuir l’insurmontable, Quelques mots écrits par une main en détresse, Une montagne de « pourquoi » pour comprendre l’irréparable.

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« Les trois de Vignolles » se conjugue toujours au présent. Jacky, le frérot, s’est endormi pour la très longue nuit. Le repos éternel, Là-Haut, dans le Firmament, Incommensurable vide sur cette Terre qu’il a fuie. Francis, Jacky et Marco, une belle fratrie, Comme au bon vieux temps de sa jeunesse. Au crépuscule d’un matin d’hiver, Jacky dit non à la Vie, Comme l’a dit notre Papa à l’aube d’un matin de printemps plein de promesse.

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A l’aube d’un crépuscule d’hiver (Hommage à Jacky, notre frère)

Une soirée de retrouvailles entre frérots, Des heures merveilleuses qui rappellent l’enfance, Moments de bonheur pour Francis, Jacky et Marco L’Amour fraternel unit, si beau, si intense. Délicieux instants pour frangins sexagénaires, Trois pèlerins sur les chemins de la Vie, Existences bien remplies, chacune à leur manière, Une soirée affective entre frères à nouveau réunis. Un trio de papis autour d’un dîner de fraternité, Quelques clichés avant de se dire : « Bonne nuit », Francis, Jacky et Marco, pour la postérité, Une nuit tragique où Jacky, cette Vie, a fui. Quelques mots gravés à l’encre noire, Sur une feuille de papier blanc, Une main tenue par le désespoir Quand le présent n’est plus que tourments. Il est parti à l’aube d’un crépuscule d’hiver, Seul, très seul dans le silence de l’aurore, Sans bruit, pendant le sommeil de la chaumière, Déjà aspiré par le néant quand survint la mort. Les souffles d’Eole devenaient ouragans dans sa tête, Face aux déchaînements, il décida l’irréparable, Il n’affronterait plus les tempêtes, Lui, le familier des sommets, l’élite, l’incommensurable.

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Menant combats contre la fourbe déprime, Le regard dérobé par la maladie, Il tomba dans les profondeurs de l’abîme, Un gouffre sans fond et sans sortie. Quelle force l’a poussé à changer de rivage, Qui sont ces démons qui anéantirent sa Vie, Fermèrent les persiennes de son visage A l’Amour des siens, notre frère ont ravi. Un enfant secret, volontaire, attentionné, Un gagnant d’exception, un valeureux combattant, Un élève remarquable, un besogneux passionné, Un travailleur tenace, émérite, de grand talent. Un fils cadet, brillant, tout en admiration et grandeur, Toujours au plus haut niveau, honneurs suprêmes, Un fonceur au zénith de la notoriété, un décideur, Un « drôle (*) », qui n’oublie pas sa maman pour lui dire « Je t’aime ». Il est notre frère, un maillon fort qui lie nos existences, Notre sang, notre nom, nos repères, notre fierté, Notre modèle, la perfection dans l’excellence, Un indéfectible Amour fraternel qui perdure à jamais. Une mère effondrée, deux frères anéantis, Trois enfants écrasés de douleur, leur maman déchirée, Une compagne écroulée, une famille meurtrie, Des collègues et amis sous le choc, attristés.

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C’était une soirée de retrouvailles fraternelles, Y avait Francis, Jacky et Marco, tout comme autrefois, Quand, sous le toit de notre enfance, la Vie était belle, Jacky se repose dans ses montagnes. Entend-il nos pourquoi… ? Le chalet « bonheur »

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Le chalet "funeste“

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Je fais une pause en élaborant les chapitres de ce livre. Un moment de recueillement près de mon frérot qui a quitté notre fratrie. Un besoin de passer un peu de mon temps auprès de Lui qui repose au milieu de ses montagnes qu'il aimait tant parcourir. Pourquoi est-il parti ce matin du 4 Février 2013 ? Avec Brigitte, mon épouse, nous venions de passer quelques jours chez des amis à Palavas les flots. Sur le chemin du retour à Marcillac-Vallon où nous résidons, nous nous sommes arrêtés chez mon frère Francis qui demeure à Saint-Gély-du-Fesc dans l'Hérault. Notre frangin Jacky s'y trouve déjà, ce qui renforce notre désir de faire une halte pour nous retrouver tous les trois réunis. Jacky traverse difficilement une tourmente et, pour en sortir, il a recours à Francis, mes deux frères ayant toujours eu un lien fraternel très prononcé et ce depuis toujours. Leurs activités professionnelles les ont rapprochés géographiquement car ils travaillaient dans le même centre de recherches agronomiques à Montpellier. La soirée du 3 Février se déroule très fraternellement, où, autour d'un dîner nous échangeons et abordons des faits d'actualité. Jacky ne fait pas montre d'une grande forme physique voire morale. Il a un comportement qui atteste sans équivoques une grande lassitude, un état de désarroi à ne pas pouvoir faire face aux difficultés de tous ordres

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auxquelles pourtant il doit faire face. Lui, le fonceur, le combattant, le gagnant, l'habitué des tableaux d'honneur… Son divorce d'avec Brigitte et ses règlements de tous ordres, les contraintes qui se font jour et qu'il faut gérer suite à l'achat d'un appartement proche de Lisbonne, une retraite qui débute après des décennies de travail acharné et un Amour non dissimulé pour Isabel, de nationalité portugaise et résidente au Portugal font que Jacky, n'y pouvant plus tenir, doit se plier aux prescriptions médicales et être très rigoureux dans leur suivi. Jacky est sous le coup d'un état de déprime avéré dont il a modifié, sans avis, le traitement en cours. La soirée s’achève et avant de regagner nos chambres, je déclare souhaiter faire une photo de notre fratrie. C'est Brigitte, mon épouse qui la fera. J'étais loin de m’imaginer que ce serait la dernière photo de Jacky en Vie. Le lendemain matin, au crépuscule de l'aube de ce 4 Février 2013, Francis qui s'est levé tôt a découvert Jacky qui vient de partir pour cet autre monde que l'on dit meilleur. Nos interventions pour qu'il revienne avec nous sont vaines. Déjà, notre frérot est loin, très loin. Ce matin-là, Francis et Jacky doivent partir tôt pour se rendre à Saint-Jean-de-Maurienne régler un problème d'ordre fiscal dont Jacky est préoccupé et qu'il n'est pas en mesure de traiter lui-même.

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A-t-il voulu attendre que « Les Trois de Vignolles » se rassemblent une ultime fois pour dire Adieu à ses deux frères et partir... ? Il est parti en laissant un message de détresse, un S.O.S, un appel au secours : " Je suis tombé dans un trou sans fin dont je ne vois plus la sortie." Je ne peux pas imaginer que notre frère Jacky se soit donné la mort sans avoir une pensée pour notre Maman, Lélette, pour sa femme, Brigitte, sa compagne, Isabel, ses enfants Olivier, Anne-Laure et Cécile et ses petites filles Chloé, Juliette et Camille. D'ordinaire, Jacky prépare ses voyages, notamment ceux ayant trait à ses missions professionnelles à travers le monde ; même les sorties pour les loisirs en famille. Ce dernier voyage, il l'a programmé sans en fixer le moment opportun. Il sait que pour lui, il n'y aurait plus d'après. Sa souffrance, il ne peut plus la contrôler et la supporter. Il n'est plus Jacky Ganry de ce monde ici-bas qui s'est toujours battu avec les propres armes de son âme, de son cœur, de ses entrailles, de cette force intrinsèque qu'il déployait pour gagner, de cette volonté tenace de réussir coûte que coûte. Ces batailles qu'il a livrées dans l'arène de sa vie active et qu'il a gagnées, c'étaient celles qui le portaient et qui ont fait de lui ce "monument humain" tant dans sa période scolaire que professionnelle. Il était entouré par sa famille, ses parents, des proches, ses amis, ses collègues, même s'il se mettait quelque peu "en marge" du noyau familial pour privilégier sa profession. Bien entouré, mais seul ! Nous sommes revenus, Brigitte et moi-même, rendre visite à Jacky dans son chalet « éternel » où le temps ne

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compte plus… Puis nous avons voulu, sur les lieux d’implantation de son chalet de vacances, retrouver son visage, entendre sa voix, replonger dans ces années souvenirs où nous avons vécu ensemble tant de moments heureux, de rencontres joyeuses !

L’émotion nous gagne, nous envahit. Elle monte dans nos corps, dans nos cœurs qu’elle étreint de douleurs. Nous pleurons ce grand vide laissé par le départ de Jacky qui a fermé définitivement les persiennes de sa Vie d’Homme comme se sont fermés à tout jamais les volets du chalet où nous avons voulu prendre notre pique-nique et refaire défiler les séquences de ce grand bonheur que nous avons partagé ici-même. Un repas sans saveur. Quand il faut répartir de ce lieu auquel nous sommes tant liés sentimentalement, je ressens un malaise naître en moi que je veux « chasser » avant qu’il ne grandisse et qu’il ne s’impose ! Une impression étrange, comme si cet espace où est implanté le chalet ne nous est plus familier. Le choix et le poids des mots sont trop difficiles pour exprimer mes ressentiments et développer plus en avant ce que je veux dire. Concrètement, l’évocation de « Montsapey » ne suscitera plus le même enthousiasme.

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Qu'elle est belle cette photo prise par Olivier qui nous avait accompagnés dans cette randonnée avec une nuit dans un univers inoubliable. Comme elle est belle cette communion entre les trois frères unis, ici, par une même passion, la randonnée en montagne. Que le temps fasse son œuvre d’apaisement et qu’il nous permette d’appréhender autrement, derrière ces volets clos et sur cette terrasse, des rencontres familiales qui n ’auront plus le même attrait.

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Isabel du Portugal

Juin 2012

au Portugal avec Jacky et Isabel

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Comme je l’ai écrit plus en amont dans mon ouvrage, Brigitte et Jacky ont mis un terme à leur vie commune qui a duré plus de quarante ans. Je me garderai bien de faire état ici de la moindre observation concernant cette décision. Jacky s'est fortement intéressé à une femme portugaise qu'il a connue lors de son activité professionnelle, plus précisément aux réunions de la Commission Scientifique (société international ISHS), pour laquelle il a été élu. Une liaison réputée sérieuse au point que Jacky achète un appartement à Cascais, sur la Côte, en périphérie de Lisbonne. Isabel, sa compagne a son propre appartement dans la capitale portugaise. Elle y vit avec ses deux garçons étudiants universitaires en thèse de master et doctorat. L’appartement de Jacky était splendide, très fonctionnel avec plusieurs pièces que tous les deux ont petit à petit équipées en mobilier. Il est convenu entre Jacky, notre Maman Lélette et nous deux (mon épouse et moi-même) que dès lors que l’appartement est fin prêt et peut recevoir, nous pourrons nous y rendre et passer quelques jours ensemble. Lélette était déjà allée au Portugal, invitée par Jacky et Isabel. Elle logeait chez Isabel. Tous les trois, au 24 Juin 2012. enthousiastes d’aller est désormais celui

nous sommes allés au Portugal du 10 Que nous étions heureux, joyeux, dans ce pays pour nous méconnu qui de notre frère Jacky. Lélette, notre

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Maman, qui fait partie du voyage est impatiente de redécouvrir ces si beaux sites tant vantés par Jacky, de connaître sa résidence à Cascais et de revoir celle d’Isabel à Lisbonne. Durant notre sortie de la région de Lisbonne vers le Nord nous avons passé quelques jours dans la ferme familiale d’Isabel, au centre du Pays, à l'intérieur des terres, de façon à connaître la région. Avec Jacky et Isabel (en fonction de son agenda de travail à l'Université), nous parcourons quelques régions, visitons les villes, les bourgs, les villages où il y a un centre d’Intérêt pour les touristes que nous sommes. Nous marchons sur les plages quasi désertes, nous déjeunons ou nous dinons dans des restaurants typiques. Nous visitons des sites remarquables tels la Basilique de Notre Dame de Fatima," Nossa Senhora de Fàatima", "les lieux historiques de l’Université de Coimbra", une des plus anciennes d'Europe. ». Nous admirons ces vignobles si réputés pour le nectar qu’ils produisent, dans la vallée du fleuve Douro. Je veux dire le vin de Porto ! Un séjour merveilleux et si agréable avec quelqu'un qui connait un peu de l’Histoire de leur Pays, de leur Région, de leur Ville. Un grand merci et toute notre reconnaissance à Isabel qui, en dehors de ses activités professionnelles très prenantes, a su dégager du temps libre pour nous accompagner dans nos périples et commenter avec talent et précision l’histoire des joyaux que recèle le Portugal.

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Isabel. Nous apprécions sa gentillesse, sa grâce, son art de communiquer, son sens du partage, son sérieux et son abnégation pour son travail qui accapare la plupart de son temps. Mon frère cadet, tant sur le plan scolaire que professionnel, de par son travail acharné, sa tenace volonté de réussir dans ce qu’il entreprend, s’est toujours tenu à un niveau élevé et acquis ainsi une notoriété avérée. A mes yeux, sa décision de vivre au Portugal est l'aboutissement de sa réflexion qui lui est propre. Lélette, notre Maman, en compagnie de son Enfant cadet Jacky et de sa Compagne Isabel est heureuse de voir que son Garçon veut prendre un nouveau départ sur le Chemin de la Vie avec Isabel. Elle lui souhaite beaucoup de bonheur. Jacky nous accompagne partout, toujours fidèle à luimême dans son attitude, son état d’esprit, faisant toujours preuve de réserve et parfois d’humour. Un profil que je lui ai toujours connu. Nous avons profité pleinement de notre séjour au Portugal et c’est avec des cœurs remplis de bonheur que nous quittons à regret Jacky et Isabel. Merci à eux deux de nous avoir permis un séjour tout à fait réussi. Nous partons la tête pleine de clichés. Nous sommes le 24 juin 2012.

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Les mois s’écoulent. Nous repassons les souvenirs gravés sur les clichés photos et nous refaisons notre séjour avec Jacky et Isabel. Qu’elles furent belles ces journées au Portugal avec Lélette, notre Maman qui revint toute transformée par un si grand bonheur ; celui d’avoir passé ces quinze jours avec son drôle. L'automne arrive avec ses pluies et brouillards. Jacky n'est pas au mieux de sa forme. Dans le même temps, il doit faire face à des problèmes d 'ordre administratif liés à l'achat de son appartement à Cascais. Pour ce faire, il vient en France et loge chez Francis notre frère aîné qui réside à Saint-Gély-du-Fesc.

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Francis et Jacky sont très proches fraternellement et ce depuis leur plus tendre enfance. C’est lors d’un de ces déplacements que nous l’avons rencontré pour la dernière fois, le 3 Février 2013. Le 4 au matin, Jacky partit très tôt pour un autre voyage…

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Isabel lors d'un court séjour à Cognac

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Cécile, Pierre, Alexis et Félicia Cécile est la petite dernière de la fratrie issue de l'union de Jacky avec Brigitte. C'est en 1984 qu'elle a vu le jour en France Métropolitaine, à Montpellier, dans l’Hérault. Jacky, Brigitte et leurs deux enfants, Olivier et AnneLaure ont quitté la Guadeloupe pour venir s'installer en Métropole, à Teyran, tout proche de Montpellier. Jacky a poursuivi son activité professionnelle en sa qualité d'ingénieur agronome, spécialisé dans la banane. C'est au CIRAD de Montpellier qu'il connait la notoriété. Passionné et tenace, travailleur né et dévoué corps et âme à son travail, il consacre son temps et son énergie à travers la Planète qu'il sillonne de pays en pays. Très souvent parti en mission, il a conscience que ses absences ne facilitent pas la gestion du foyer familial mais il sait qu’il peut compter sur Brigitte son épouse dont l'investissement contribue aux enfants d'évoluer positivement dans leur scolarité et d'acquérir des niveaux très louables dans les différents domaines de leurs activités. Cécile la studieuse, tranquille, réservée qui aime lire, apprendre. Elle ne fera que renforcer ses aptitudes à découvrir, à œuvrer pour la bonne cause, à donner de soi, de son temps. Concernant son Papa, Jacky et ses absences répétées du foyer pour les nécessités de sa profession, Cécile apporte une justification dont un écrit qu'elle m'adresse et auquel je suis très sensible. Avec son accord, je le cite : " je voudrais nuancer le fait que papa était peu présent pour nous. Certes, nous le voyions peu au

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quotidien, mais il savait toujours être présent lors des moments importants. De plus, il savait compenser cette absence pendant l'année par des moments partagés très intenses pendant les vacances, a la montagne. Ces moments ont largement participé a construire celle que je suis aujourd'hui, et me nourrissent tous les jours." Aujourd'hui, Cécile est doctoresse en médecine. Un aboutissement conforme aux souhaits de ma nièce qui exerce dans la région nantaise. Une grande fierté pour l'oncle que je suis.

Cécile toute fraîchement mariée avec Pierre, tout neuf dans son nouveau rôle et la mamie Lélette, également toute fraîche, même si elle s’en défend !

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Cécile et Pierre pour la Vie

Aujourd’hui, le jongleur de mots poétise pour Cécile et Pierre, Un moment privilégié pour croquer l'évènement Leur mariage, sur les quais de l’Amour, avant le départ en croisière, Une fantastique odyssée sur les flots imprévisibles des sentiments. Les invités sont là, rassemblés sous le Ciel de Pornichet, Le soleil félicite Cécile et Pierre de ses rayons lumineux et bienfaiteurs. Les goélands, impatients, annoncent les noces, allant de falaises en rochers. Les mouettes invitent les poissons et les fleurs à chanter en chœur. Les flots de l’océan dessinent sur l’onde des cœurs blanc-coton, Les carillons, en liesse, diffusent la nouvelle de village en village, Cécile et Pierre, pour la Vie, vont se dire « Oui » et sceller leur union Un petit mot « béton » qui pétrifie leur serment de mariage.

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Le « Oui » de l’Amour, de la fidélité et de la prospérité, Un feu d’artifices de bonheur qui monte très haut dans le ciel Un spectacle féérique, des gerbes nuptiales d’une infinie beauté, Des bouquets de lumières offerts à l’Etoile paternelle. Cécile et Pierre, deux solides pèlerins sur les Chemins de la Vie Dans leurs besaces, l’Amour, la Tendresse, la Foi et l'Espérance, Dans leur jardin privé, un petit bouton de rose qui sommeille et qui ravit, Dans leurs cœurs, la sagesse, la bonté, l’humilité et la tolérance. Cécile et Pierre, à la barre de leur navire baptisé « Toi et Moi, avec passion », Ils vont quitter le port où sont gravées à tout jamais leurs promesses, Ils vont partir, soudés par l’Amour, le regard rivé dans la même direction, Un duo de douceur et de volupté bercé par des flots de jeunesse. Bon vent à Cécile et Pierre qui vont hisser la grand-voile, Elle et Lui, tout en force et courage pour combattre les revers de l’existence, Leurs yeux d’enfants éclairés et guidés par la brillance d’une Etoile, Toute une Vie d’Amour à donner et à partager quand viendront les naissances.

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Photo de famille

Alexis

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Marco, Lélette, Alexis, Francis (derrière), Cécile, Félicia et Pierre.

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Cécile, Olivier, Lélette et Anne-Laure

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Marco et Brigitte

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C’est dans le courant du mois d’Août 1974 que je fais la connaissance de Brigitte. Elle est la sœur de JeanClaude qui est gendarme auxiliaire à PAU où je suis affecté, caserne Poplawski, à la brigade de gendarmerie départementale. J’ai 23 ans, je suis célibataire et le seul très jeune gendarme. Une affectation de choix que j’ai obtenue grâce à mon très bon classement au stage de formation. La ville de PAU, de par sa situation géographique entre Pyrénées et Océan Atlantique est très prisée. Une belle histoire d’Amour qui débute par les fiançailles en

décembre 1975 et se poursuit par notre mariage le 24 Avril 1976. En Octobre de cette même année, nous accueillons Frédéric et en 1979, Cyril. L’an mil neuf cent soixante-seize fut une année chargée en évènements familiaux mais aussi professionnels.

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Lélette et Roger (mon beau-père) sont tout heureux de partager ces joies, ces bonheurs, grands ou petits.

A la sortie de la mairie de Marcillac-Vallon (Aveyron) Roger, Lélette, Marco et Brigitte, Paul, Marguerite, Carine et Corine.

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1976 - Cette année-là...! (ou un poème pour deux bonheurs)

Mil neuf cent soixante-seize, une année bonheurs, Quarante-quatre ans déjà, comme si c'était hier ! Deux feux d'artifice à allumer dans les cœurs, Des bougies pour fêter deux anniversaires ! Mil neuf cent soixante-seize. Le mariage (1) ! Les anges portent la Nouvelle par monts et par vaux, Les "Oui, pour la Vie" résonnent dans le village (2), Les anneaux unissent Brigitte et Marco ! C'est en Avril, le jour de la Saint Fidèle ! Elle resplendit dans sa robe de voile blanc. Le promis est ému de La voir si belle ! Le Seigneur Dieu bénit l'Union et les serments. Marie, sa Maman, pénètre leurs cœurs radieux, Divinement, Elle y dépose bonté et générosité. Comme Elle est fière la Dame de Foncourrieu ! Elle diffuse sur les mariés grâce et félicité. Le feu des plaisirs et des désirs brûle de mille flammes. Le Vallon chante bonheur et prospérité. Vivent les mariés ! Tout le village les acclame ! Une Vie d'Amour à partager, pour l'Eternité ! Mil neuf cent soixante-seize. La naissance ! La jeune Maman "enfante" d'un gros poupon. Octobre met ses habits flamboyants, c'est l'effervescence L'Amour est plus fort que les qu'en dira-t-on !

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Deux mil seize, C'est jour de liesse à la guinguette du poète La plume de Marco trempe dans l'encre des cœurs De jolis vers pour "l'émeraude", c'est la fête ! Pour le "poupon" quadra, des rimes. Un cadeau enrubanné de bonheur

(1) - Le mariage de Brigitte et de Marco à la Mairie de Marcillac-Vallon et à la Chapelle de Foncourrieu. Il a neigé ce jour là à la grande surprise des invités de la Côte Atlantique. (2)- Le bourg de Marcillac-Vallon, très souvent honoré par ma Plume dans les différents recueils.

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Notre Dame de Foncourrieu C'est en Avril, la nature installe le printemps. Les mariés entrent dans la Chapelle. Elle est belle, dans sa robe de voile blanc, Il est ému et n'a d'yeux que pour Elle. Comme elle est fière la petite église de Foncourrieu ! Sur le pas de sa Maison, Elle est là La Sainte Marie, L'Immaculée Conception , la Mère de Dieu ; Avec Jésus, son Fils, Elle accueille le duo chéri. Divinement, Elle pénètre dans leurs cœurs, Les bras chargés d'Amour et de tendresse. Des cadeaux béton pour sceller les pierres du bonheur Et bâtir à deux la plus belle des forteresses. Le "Oui", venu des profondeurs, s'entend jusqu'au village. Les serments gravissent les verdoyants coteaux. Les chœurs chantent les louanges du mariage. Les mariés, aux doigts, se passent les anneaux. A ces échos, les vignes exultent sur les terrasses, Les bourgeons subliment leur Madone, Au palais, le "mansois" taquine la fouace, Le "Marcillac" est délice, la cuvée est bonne.

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Elle resplendit la Chapelle dédiée à la Vierge, Marie, la Sainte Dame de Foncourrieu, Elle qui guérit l'enfant malade et le raisin de la vigne protège. Ses prières font du bien au vigneron besogneux. Une Chapelle chargée d'Histoire qui fête le "Saint-Bourrou", Le bourgeon de la vigne porté à la boutonnière, Le nectar du Vallon dégusté dans le "tassou", Le "Marcillac AOP", le renom d'un terroir choyé par ses pères. Un lieu de prières sur le Chemin du pèlerinage, Une halte salvatrice pour communier avec Dieu, Un havre sacré pour graver les serments du mariage, Et les confier à Marie, Notre Dame de Foncourrieu. Grandeur et Amour ! Gloire à la Maman universelle du Vallon ; Près de la fontaine aux eaux vives, Marie veille. Le Lundi de Pentecôte, Elle prie pour le bourgeon, Le "bourrou" de la vigne, materné du réveil au sommeil. Bonté et générosité ! Hommage à cette Sainte Femme ! Les mariés n'oublient pas ce "Oui" d'Amour , les yeux dans les yeux. Leurs cœurs brûlent de leurs plus belles flammes, C'était un mois d'Avril, dans la Maison de Notre Dame de Foncourrieu. Une Demeure couleur "Rougier", comme sortie de Terre, Une chaumière richement décorée au gré des Hommes à travers les âges, Une voute lambrissée à la mémoire de Jésus et de sa Mère, La Dame de Foncourrieu, qui un jour de printemps, bénit notre mariage.

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" Notre Dame de Foncourrieu "

La mariée, au bras de son Papa entre dans la Chapelle

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Les enfants et les petits-enfants de Marco et Brigitte

Frédéric et Cyril en 1982

Cyril et Frédéric, le jour du mariage de Cyril en 2008 .

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Frédéric bébé avec Brigitte et Marco

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Frédéric poupon avec mamie Lélette

baptême de Frédéric, le 25/12/1976

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Frédéric et ses peluches

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Sourires d'automne C’est beau un enfant qui gazouille à sa maman C’est tendre un bébé qui ressemble au printemps, C’est innocent un ange qui sourit dans son sommeil, C’est merveilleux un poupon qui découvre le soleil. C’est une rose qui s’épanouit dans le jardin, C’est la chorale des oiseaux qui chante le matin,

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C’est l’azur limpide du ciel qui colore la Vie, C’est la nature qui se pare de ses fastes habits C’est l’été dans le cœur attendri des parents, C’est la rivière de l’Amour qui coule dans le sang C’est le fruit de la passion à croquer chaque jour, C’est l’élixir qui donne la foi et la joie pour toujours. C’est la renaissance dans la chaumière des grands parents C’est la fleur du bonheur qui attise les sentiments C’est le trait d’union qui rapproche deux cœurs C’est la fraîcheur, l’insouciance, le rêve et la douceur. C’est beau un enfant qui fait ses premiers pas C’est tendre un bébé qui vient de dire Papa C’est innocent un ange qui découvre la Vie, C’est merveilleux un poupon qui s’éveille et sourit. C'est à Pau, dans les Pyrénées-Atlantiques, Le second jour du plus beau mois de l'automne. Ce sont les premiers balbutiements de Frédéric, C'est un bébé plein de Vie. Aujourd'hui, c'est un Homme.

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Frédéric et Maman Brigitte

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Prends ton bâton, et va Mon enfant, prends ton bâton, et va Découvre les chemins de la vie. L’ange gardien guidera tes pas, A vingt ans, tu n’as pas tout appris. Dans ta besace, mets le savoir, La bonté et la tolérance. Et si tu faiblis avant le soir, Courage et persévérance. Dans ton cœur, fais provision d’amour. Tu le sèmeras à tous vents, Puis tu récolteras, pour toujours Joie, paix et bonheur, assurément Au pauvre, tu donneras un sou, A l’affamé, un morceau de pain. Prends garde aux serpents et aux loups, Tu en croiseras sur ton chemin. Mon enfant, prends ton bâton, et va Sois un pèlerin franc et heureux. Ta famille, tu adoreras, Tu vivras un conte merveilleux. Il faut savoir passer le flambeau, Sois prêt pour le très long voyage, Transmets la vie, le vrai et le beau, Mon fils, reçois bien mon message. Je te regarderai t‘éloigner, Une grosse larme coulera. Un oiseau est fait pour s’envoler, Mon enfant, prends ton bâton et va

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Avec son cousin et cousines pour les 50 ans de sa Maman Brigitte

De gauche à droite : Maïlys Cindy Aurélie Cédric Frédéric

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L’Etoile des tropiques Chantez alizés, dansez cocotiers et palmiers. C’est la fête aujourd’hui en Martinique. Soufflez vents tièdes aux parfums vanillés, Portez la bonne nouvelle au-delà des tropiques. Un enfant est né au cœur de l’ouragan, Un bébé plein de vie qui illumine les cœurs, Un bouquet de tendresse dans les bras de sa maman, Fruit de la passion, de l’Amour, l’essence du bonheur. Carillonnez clochers, c’est la fête dans l’île. Un ange est arrivé cette nuit à Fort-de-France. Un tout petit homme, fils de David, prénommé Cyril. C’est la joie, l’allégresse, fêtons la naissance. La tourmente passée, l’océan assagi berce ses flots. Les vagues blanchies par l’écume forment des vœux, Un message venu des profondeurs des eaux Pour bénir ce clair visage adoré et radieux. Dansez, nuages blancs dans l’azur du ciel, Inscrivez la nouvelle jusqu’au zénith du firmament. Frédéric a un petit frère, quelle merveille. C’est le feu d’artifice dans le cœur des parents. Roses de porcelaine, hibiscus et rhododendrons, Toutes les fleurs du soleil, parez-vous de fastes habits ; Faites une haie d’honneur pour saluer le poupon Et criez des hourras de belle et longue vie.

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Les oiseaux virevoltent en ce grand jour. Ils accueillent le bébé sur le sol de Madinina. L’enfant sourit et gazouille tout son amour. Il regarde tendrement sa maman et son papa. Chantez alizés, dansez joyeux martiniquais, C’est la fête, buvons en l’honneur de Cyril, Bébé du soleil, du vent, de l’amour et du désir partagés, Carillonnez, clochers, un ange est né sur votre l’île.

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L’enfant du cyclone Les premières rafales, en ce 28 août 1979, annoncent la tempête. Les bananiers se courbent, comme pour éviter l’ouragan. Les habitants de l’Ile aux fleurs, aujourd’hui, n’ont pas le cœur à la fête. Ils connaissent les cyclones qui dégradent les maisons et soulèvent l’océan. Au port, les bateaux sont solidement amarrés aux quais. Les rues de la ville se vident peu à peu. Il faut attendre les déchaînements. Les arbres ne savent plus où donner de la tête. Portes et fenêtres sont bien protégées. Le ciel progressivement s’obscurcit. C’est un spectacle étonnant. La maman n’est pas tranquille et pourtant elle est heureuse. Dans peu de temps, elle va enfanter. Quel bonheur ! Sur son lit de maternité, elle se sent seule et devient soucieuse. Sera-ce un garçon ou une fille ! Quel prénom pour ce petit cœur ! Dehors, la nuit s’installe dans une obscurité profonde. Au cœur de la tempête, la végétation si luxuriante se soumet, impuissante. Les éclairs incessants déchirent les ténèbres. Le tonnerre, sans retenue, gronde. Des trombes d’eau s’écrasent sur la cité. Rien ne peut arrêter la tourmente. Dans les chambres et couloirs du service qui donne la Vie, c’est l’effervescence. Les nouveaux nés pleurent, les employées s’activent et les mères crient de douleurs. Un groupe électrogène, trop bruyant, donne son énergie à toute puissance. Brigitte s’essuie le front. Elle transpire et ne peut supporter tant de chaleur. Elle rêve alors de calme, de clarté, d’une chambre gaie et de fraîcheur. Elle revoit alors la maternité où elle donna la Vie à son premier enfant, Frédéric Un gros bébé débordant de vie qui, déjà, dans ses langes, faisait battre les cœurs. C’était le 02 octobre 1976, à Pau, dans les Pyrénées-Atlantiques.

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Mais la réalité est là, dans cette pièce, sur ce lit, à attendre que bébé soit prêt. Brigitte perçoit les premières contractions dans son ventre. La grosse pluie, sous l’effet du vent violent, crépite contre les volets. La maman ne peut plus attendre. Dans la salle d’accouchement, il faut qu’elle rentre. L’océan se déchaîne et déborde dans les rues. Il ne maîtrise plus les déferlantes. le cyclone envahit la ville de Fort de France, autrefois Fort Royal.. Brigitte pense à son mari et adresse des prières pressantes. Mais la tempête est trop forte. Il ne viendra pas. La maman le sait et elle a mal. C’est la longue attente. La respiration est vive pour contenir les douleurs. Il faut faire vite, bientôt la délivrance. Brigitte va faire un bébé, un gros, un beau. Mais, en cet instant d’extrême souffrance, ou est le médecin accoucheur ! Madame, il est parti secourir ses enfants, en mer, sur des îlots. A l’extérieur, les dieux perdent la raison. Les éléments ne se contrôlent plus. La tempête accomplit son œuvre, comme pour se venger des Hommes, à sa façon. Demain, quand les démons seront partis, dans les plantations, les villages et les rues, Ce sera l’heure des bilans, des constats et des désolations. Brigitte est affaiblie mais, dans un ultime effort, libère le bébé. La maman est exténuée, mais heureuse. Elle a donné la Vie. Frédéric a un petit frère. La tradition aurait voulu que l’enfant du cyclone se prénomme David, en vérité. C’est le nom de baptême de cette tempête qui, en cet instant, a séparé père et mère. Le lendemain, l’île respire. Le soleil brille, les rues s’animent dans la ville. La vie reprend peu à peu. A la clinique le papa embrasse le bébé Il est fier. Il en veut à David. D’un commun accord, ce fils se prénommera Cyril. Ce sera l’enfant du cyclone, un vrai petit martiniquais.

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Cyril pas encore remis du cyclone David qui aurait pu attendre pour passer sur la Martinique. Grand mamie Lélette et Grand papi Roger sont heureux de partager ce vrai bonheur. Ici au restaurant de la plantation Leyritz en Martinique.

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Ici à la maison de Brigitte et Marco avec Frédéric et Cyril

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Le baptême de Cyril Repas de baptême de Cyril dans un restaurant de Fort-deFrance. Le restaurateur, très soucieux de faire partager avec bonheur sa cuisine n'a pas souhaité nous servir l'apéritif dans sa salle à manger. Nous avons donc pris l'apéritif à la maison en plein air avant le repas qui fut, au demeurant délicieux.

De gauche à droite : Monique, Raphy, Brigitte, Olivier, Anne-Laure, Jacky, Marco, Brigitte Jacky et Germain.

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Nos amis Raphy et Monique résident au François, sur la côte Atlantique de la Martinique, à l'opposé de Schoelcher où je suis gendarme. Raphy est lui aussi gendarme au François. La coïncidence veut que tous les deux nous avons fait notre formation O.P.J ensemble à Orthez (Pyrénées-Atlantiques). Lui était à Hasparren et moi à Pau. Raphy est d'origine basque. Au François, il a rencontré un curé qui est également de souche basque. L'ami de mon ami devient mon ami ! Pas vraiment, mais nous sommes ravis qu'il soit d'accord pour célébrer le baptême de notre petit Cyril en l'Eglise de Schoelcher. Le jour du baptême, notre curé n'est toujours pas là à l'heure fixée. Tous les convives sont là. Il y a Raphy, Monique, Christelle, Nathalie, Germain Higonet (1), Brigitte, la femme de Jacky, Olivier et Anne-Laure. Il fait chaud et toujours pas de curé ! Contacté par téléphone, il crie : " Oh, nom de Dieu, j'ai oublié ! " . Nous sommes bien obligés d'attendre… Soudainement, une 2 CV arrive à tout allure et stoppe devant l'entrée de l'église. Il en sort un personnage tout en sueur, c'est bien notre curé qui n'a pas dû trop respecter la limitation de vitesse. Avec deux passagers "clandestins" dans la 2 CV cela n'est pas raisonnable ! ( Avec le curé il y avait le fils et le Saint-Esprit ). C'est juste un peu d'humour pour oublier le retard du représentant de Dieu ! La cérémonie de baptême ne s'éternise pas ! La marraine (Brigitte/Jacky) et le parrain remplaçant, Raphy ( le titulaire est Didier, le jeune frère de Brigitte ma femme) signent les registres et les invités font route pour la Gendarmerie où nous attend l'apéritif, le restaurateur n'ayant pas souhaité nous le servir dans son établissement, l'alcool ingurgité, selon ce professionnel, faisant disparaître tous les arômes et saveurs des plats du menu qu'il a concocté. A vrai dire, il a bien raison !

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(1) Germain est de la parenté de mon épouse Brigitte. Il est le beau-frère d'Henry, l'oncle de Brigitte. Germain, employé à France Télécom est en Martinique pour renforcer les équipes locales pour remettre en état le réseau téléphonique de l'île suite au passage du cyclône David, le 29/08/1979. .

Papa Marco avec Cyril, baptisé et Frédéric

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Le chant du bonheur Le pommier revêt son beau manteau blanc. La nature entière, sous l’azur, s’épanouit. Le soleil resplendit jusqu’au firmament. C’est l’éveil après l’hiver qui engourdit. Le rossignol siffle dans l’arbre en fleurs. Il est joyeux et son esprit vagabonde. Les demoiselles lui répondent en chœur. Le don juan leur sourit et poursuit sa ronde. La mésange, amoureuse, chante sa flamme. La fauvette, jalouse, crie son désir. C’est le feu dans les petits cœurs de femmes. Moments intenses où tout n’est que plaisir. Le beau rossignol vocalise de plus bel. Les galantes sont grisées par le chanteur. Mais quand apparaît douce hirondelle Tout devient Eden pour le séducteur. C’est l’extase, le bonheur, un don du ciel. La chorale des oiseaux chante l’amour. Les papillons annoncent la nouvelle. Toutes les fleurs fêtent ce grand jour.

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Je n’oublierai jamais ce chaud mois d’avril Où deux cœurs en goguette se sont épris. Béni soit le nid de Sylvie et de Cyril Rempart à bâtir pour s’aimer une vie. Le soleil enveloppe le pommier blanc. C’est le printemps qui agite les cœurs. Que soit grand l’amour pour durer longtemps. J’irai souvent m’asseoir sous l’arbre du bonheur.

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Frédéric, Marie et Marion

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A la cime du bonheur Tel un montagnard à la conquête des sommets, Frédéric escalade les sentiers du bonheur. A la croisée du destin, il trouve son aimée, Marie, une étoile d’Amour, élue par son cœur. C’est la fête et l’effervescence dans les alpages. La verte vallée se pare de ses plus beaux joyaux. Marie et Frédéric annoncent leur mariage, Sonnez clarines et clochers, c’est la joie dans le hameau. Regardez tout là-haut, sur les crêtes et les pics, Dans l’azur du ciel, la colombe écrit la nouvelle ! Longue vie à nos enfants, Marie et Frédéric, Dans nos cœurs émus, gravons leurs serments éternels! La princesse et son beau prétendant vont se dire «oui», Trois petites voyelles pour bâtir l’union sacrée, Alliance forgée pour un bonheur infini, Remparts inébranlables pour l’éternité. Jour de liesse, aujourd’hui, au pays de la montagne, La fiancée illumine de magnificence, Le prince charmant sent l’émotion qui le gagne Quand, vers lui, sa promise lentement s’avance. Dans la maison de Dieu, l’instant est solennel. Dehors, les cloches sonnent la Vie et l’Amour Quand un duo de « oui » enveloppe la chapelle Et deux anneaux scellent l’union pour toujours.

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De bien beaux serments enrubannés de passion, Le départ pour l’odyssée sur l’océan de la vie, Deux regards tournés dans la même direction, Que beau soit le pèlerinage pour Frédéric et Marie. Deux cœurs qui frémissent, c’est donc bien ça le mariage ! Marcher ensemble dans la joie et la prospérité, Semer les graines de Vie qui embellissent les âges Dans un tendre décor de tolérance et de fidélité. Elle tourne, elle tourne l’horloge du temps, La plume s’attarde quand des mots d’amour elle écrit, Mais quoi de plus beau que de le faire pour ses enfants A travers ce poème que je vous dédie, Frédéric et Marie.

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Marion Marion, un bien joli petit nom ! La nouvelle envahit les cœurs, Quelle joie, un ange en jupon, Messagère d’un très grand bonheur ! Une Etoile qui brille d’Amour, Née au pays de la montagne, Une lumière de vie pour toujours Qui illumine et accompagne. Une rose perlée de tendresse Eclose dans le jardin de la passion, Don d’un p’tit roi à sa princesse, Bourgeon de Vie, fruit de l’union.

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Entre vallées et blancs sommets Deux prunelles découvrent le monde. Pour papa et maman, les premiers clichés ! Images intenses et profondes. Marion, tout en beauté et fraîcheur, Un edelweiss poussé dans le printemps. Une déesse à la petite bouche en cœur Qui tombera, demain, bien des galants. Une poupée à croquer d’envies, Un feu d’artifices de sourires, De charme et de gazouillis. La fée des cimes veut séduire ! Dans les bras des parents attendris Le petit bout de chou se fait cajoler. Ils sont fiers de leur bébé chéri, Marion, le zénith pour deux cœurs comblés. Le poupon s’épanouit sous les glaciers Loin de la chaumière de ses aïeux. Sa jolie frimousse, ils voudraient l’embrasser. Aux murs, ses portraits les rendent joyeux

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L’Etoile des montagnes Tintez clarines et sonnez carillons Dansez jolies fleurs dans les vertes vallées, Avec nous, accueillez l’ange Marion, L’Etoile des montagnes qui nous est née.

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Chantez chamois, marmottes et bouquetins, Vous les oiseaux dans l’azur, sifflez en chœur, Annoncez à l’univers ce jour divin, Vous les torrents, colportez ce grand bonheur. Un grand soleil illumine les Savoies, Dans la chaumière, c’est l’effervescence, Un feu d’artifices d’Amour et de joie, Le printemps qui attise l’existence. Glaciers, lacs et névés, donnez-vous la main Faites révérence à la star princesse Petite colombe dans le ciel alpin Rose conçue dans un jardin de tendresse. Regard innocent qui embrasse la vie Lèvres en cœur façonnées par l’Amour passion Grâce magique qui envoûte et ravit Fruit à croquer sans faim, voilà Marion. Maman exulte quand elle la prend dans ses bras , Marie savoure ces pauses maternelles, Elle remercie la providence et le papa, Frédéric, tout ébloui par sa pitchounelle. Cimes et sommets, écrivez dans le firmament La très bonne nouvelle en ce jour béni Marion nous est née, fêtons l’évènement Nous les aïeux, goûtons ce bonheur infini.

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Et les papis et mamies sont comblés Ils dégustent toasts et champagne En formant des vœux de prospérité Pour Marion, l’Etoile des montagnes.

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Rendez-vous intime Sur le rivage de la tendresse, Elle m’attend ma petite princesse. L’azur de ses prunelles guide mon bonheur Porté par un océan de douceurs. Je vogue, bercé par des flots d’amour. Mon cœur est en fête, c’est un grand jour. Vous les anges, mes dévoués complices, Allumez un grand feu d’artifices. Qu’au firmament les gerbes pétillent, Que de tous ses éclats le soleil brille. A ma poupée, annoncez la nouvelle, Dîtes à Marion, qu’elle est la plus belle. Que son papi va bientôt accoster, La prendre dans ses bras et l’embrasser. Vous la porterez au plus près de l’eau, Je laisserai mes larmes sur le radeau. Tout doucement, je m’avancerai vers elle En fredonnant un air de ritournelle. Indicibles moments embrumés d’émotion, Deux cœurs battront la chamade à l’unisson. Marion, mon étoile des montagnes, Une ivresse viscérale qui me gagne. A mon cou, je la couvrirai de baisers, Sans fin, je croquerai sa frimousse parfumée.

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Marion l’angélique, l’éden du bonheur Où pommettes joufflues et bouche en cœur, Craquantes beautés aux portes de l’innocence, Donnent aux sourires toute leur magnificence. Grâce et fraîcheur annoncent ma princesse, Son petit nez trompette d’allégresse. La starlette est là, radieuse de lumière, Marion enflamme le cœur de son grand-père.

C'est vrai, Papi, que j'enflamme ton cœur ? Fais le 18 !

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Quand tu seras petite fille ( ou la renaissance d’un papi) ----------Marion, ma poupée, quand tu seras petite fille, Je t’enseignerai le bonheur fait de petits riens. Tous les deux, nous nous promènerons sur le chemin, Nous nous assoirons sous l’ombre fraîche d’un chêne, Et, bercés par le doux murmure d’une fontaine, Je te conterai des histoires gentilles, Fidèles romances gravées dans ma mémoire. Je redeviendrai alors ce tout petit enfant Tout ouïe aux récits racontés par ma grand-maman. Je te ferai découvrir les oiseaux et les fleurs, La mésange et le rossignol qui vocalisent en choeur, Le lilas qui parfume les matins et les soirs. Nous surprendrons la biche savourant l’herbe tendre, L’hirondelle dansera pour toi dans l’azur du ciel, Les abeilles te confectionneront leur meilleur miel. D’un rameau de frêne, je t’en ferai un sifflet. Nous chanterons, toi le refrain et moi les couplets Tout en faisant cuire des châtaignes dans la cendre. Je te peindrai toute la magie des quatre saisons, Le printemps qui habille de vert Dame nature, L’été quand le soleil brunit les corps et les cultures, L’automne qui enflamme les forêts et les cœurs,

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L’hiver quand la neige pose son voile de blancheur, De belles aquarelles empreintes d’émotion. Papi sera le plus heureux, ma fée, ma princesse Quand nous savourerons tous deux le gâteau de mamie. Tu es la jouvence qu’attendaient mes cheveux gris. Le relais de l’âme et du cœur dans cette belle odyssée Le soleil de la vie que je verrai, chaque matin, se lever. Qu’ils seront beaux ces instants pour nos deux jeunesses !

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Les Houches, un coin de Paradis en Montagne Frédéric est gendarme au Peloton de Gendarmerie de Montagne de Xonrupt, près de Gérardmer dans les Vosges. En 2007, il rencontre Marie, une fille du Pays de Chamonix dont les parents résident à Servoz, non loin des Houches et de Chamonix. En 2008, il épouse Marie et en 2009, elle arrive notre petite princesse des cimes enneigées du Massif du Mont Blanc, Marion dont ma plume de poète, séduit par sa venue providentielle, a composé plusieurs poèmes sur Elle et pour Elle. (Marion - L'Etoile des Montagnes - Rendez-vous intime - Quand tu seras petite fille - Trois roses pour Papi ( avec Judith et Candice). Au gré des années, entre 2007 et 2019, nous nous rendons à Chamonix, aux Houches, aux Bossons et autres

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lieux où nous séjournons quelques jours pour voir notre petite fille Marion et son Papa quand il a des jours de permissions et qu'il vient rejoindre sa femme Marie et sa "Petite Chacha, Marion". Leur logement est trop exigu pour nous héberger, ce qui fait que nous nuitons dans des gîtes. En opérant de la sorte, chaque famille est autonome et les habitudes ne sont pas dérangées ! La position de célibataire géographique de Frédéric et le refus pour Marie de quitter Chamonix pour suivre son mari oblige Frédéric à faire les trajets Xonrupt/Chamonix et plus tard Morez(Jura)/Chamonix à un rytme de rotation d' une fois par semaine en moyenne pour s'occuper de Marion durant le temps de travail de Marie. Une situation familiale qui dure depuis des années et qui n'est pas faite pour créer une entité familale soudée, d'autant plus que Marie travaille à Chamonix dans un commerce de vêtements "class" . Marie est très prise par son travail et lors de nos visites, nous ne la voyons que très peu ou alors en "coup de vent". Par contre nous profitons de la présence de notre fils Frédéric et de sa petite Marion. Lélette, ma Maman nous a accompagnés une fois aux Houches pour partager tout le bonheur de passer quelques jours avec Marion, son arrière-petite-fille et Frédéric, son Petit-fils. Nous passons ensemble de merveilleux moments qui transforment Lélette qui en oublie son mal au dos quand avec nous, elle découvre le Mont-Blanc, l'Aiguille du midi, la Mer de Glace, le glacier des Bossons. Une renaissance qui fait plaisir à voir. Elle adore les balades "faciles" en

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montagnes. Nous logeons à maintes reprises dans un gîte très fonctionnel et dans un état d'entretien on ne peut plus brillant. Le propriétaire, Gaston et son épouse Letty qui résident dans le même immeuble, au dernier étage, sont des personnes retraitées d'une grande gentillesse, disponibles, avenantes, très communicatives, extrêmement attachantes. Gaston, très sérieux dans la gestion de son gîte/appartement, méticuleux et rigoureux dans les consignes qu'il transmet aux locataires, nous l'avons de suite adopté ainsi que Letty sa

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moitié. Nous sommes tristes à l'idée que nous ne retournerons plus aux Houches, Frédéric et Marie ayant émis l'intention de se séparer et de mettre un terme à cette vie conjugale qui de toute évidence ne pouvait plus durer dans l'état. Une décision que nous respectons mais que nous souhaitons consentie et réfléchie surtout pour l'équilibre de notre Etoile des Montagnes, Marion. Le gîte "Chez Fagot" et l'Eglise aux Houches

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La nouvelle Mairie

L'appartement des parents de Marion

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Marion au visage angélique

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Cyril, Sylvie, Judith et Candice

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Rimes nuptiales pour Cyril et Sylvie (Acrostiches pour un duo d’amour)

Si je vous dis, qu’aujourd’hui, j’ai l’âme poète, Youpi, voilà les rimes en fête, Les quatrains s’amusent dans ma tête ! Venez à moi, tous les mots de l’Amour, Il vous faut chanter en ce si beau jour, Et écrire une belle romance pour toujours ! Claironnez, les trompettes du bonheur, Youpi, les mariés acclament l’Amour vainqueur ! Regardez, ils arrivent sur leur nuage, Ils sont là, prêts pour le long voyage, La lumière illumine leur visage ! Moment délicieux quand deux cœurs s’unissent, Aventure, pour le meilleur et pour le pire, Rêves et espoirs, pour un foyer, qui se tissent, Instants de plaisirs, de désirs et de soupirs. Alliances forgées pour un bonheur infini, Graines de vie qui embellissent les âges, Et récompensent l’Amour en lui offrant de superbes fruits Deux cœurs qui frémissent, c’est donc bien ça le mariage ! Bâtissez tous les deux votre Eden de Vie, Où vos cœurs vibreront sur la même harmonie ! Nourrissez vous de cet Amour qui vous unit. Heureux et comblés, vivez à fond cette belle odyssée Ensemble, dans la joie et la prospérité ! Unis et fidèles, vous regarderez dans la même direction, Recette conjugale à suivre pour réussir l’union.

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Acclamons les mariés, nos enfants, Cyril et Sylvie, Main dans la main, pour affronter la Vie ! Ouvrons leur tout grands nos cœurs attendris ! Une colombe, dans l’azur, est en train de chanter, Refrains d’Amour, de Vie et de Fécondité. Vive les mariés en ce jour béni d’Avril, Ils viennent de s’envoler en coupant le fil, Ensemble, crions leur, longue vie Sylvie et Cyril !

Poème lu au repas dans le Château de Salles (Vézac-15) le 19 Avril 2008 à l’occasion du mariage de Sylvie et de Cyril.

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Cyril et Sylvie, fraîchement mariés, entourés de Papi Paul, Mamie Marguerite et Mamie Lélette

Mars 2016 – Le baptême de Judith

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Lélette qui boit son "apéro" avant le repas de baptême de Judith.

Lélette et "Les Trois de Vignolles"

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Judith Dans son petit lit blanc et rose, Judith gazouille en souriant. Elle babille de tendres choses A sa douce et chère maman. Elle apparut juste avant minuit sonnant, A l’heure où la nature sommeille Et les étoiles, accrochées au firmament, Semblent, dans le ciel, mille soleils.

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Nuit de lumières pour accueillir l’enfant Quand une voix divine annonça la Vie. Nuit sublime, indicibles moments, Intense émotion pour Cyril et Sylvie. Un feu d’artifices pour l’Evènement Aux couleurs de l’Amour et de la Passion ! Judith est née, chantons l’Avènement, Clamez la Nouvelle, trompettes et clairons ! Sa frimousse, telle un jardin au printemps, Irise les cœurs de tous ses éclats, Parfums de fraîcheur d’un poupon naissant Qui reçoit les caresses veloutées de son papa. Judith, l’élixir, la jouvence magique, Le bonheur et la joie à croquer au présent. Un petit visage aux rondeurs angéliques, Un irrésistible Amour, fierté des parents. Judith, un merveilleux bouton de rose Que l’on regarde s’ouvrir naturellement Et qui conquiert, alors à peine éclose, La plume du poète, heureuse, assurément. Dans la cité de Gerbert, elle s’épanouit La petite brunette qui jase en souriant, Illuminant la chaumière de Cyril et Sylvie, Tout attentionnés à leur chère et tendre enfant.

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Premier printemps pour Judith Le premier printemps, la première bougie, Le tout premier coup à l’horloge du temps, Le premier souffle sur la flamme de vie, La première halte sur la route des ans. Dans ce décor simple de l’existence Quand l’amour illumine à l’unisson, Judith apparaît, sublime insouciance, Rayonnante de beauté dans ses jupons. Son sourire, passeport pour séduire, Enjolive un visage angélique. Son regard, craquant joyau pour découvrir, Envoûte, irrésistible et magique.

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Judith, la grâce au seuil de la jeunesse, Dans ses habits de gaieté et de lumière, En ce jour d’hui, couronnée princesse, Suprême honneur pour son premier anniversaire. Judith, fruit de l’union à croquer sans fin, L’amour et la passion à partager à deux, La raison d’être pour bâtir les lendemains, La fierté et la jouvence pour deux aïeux. Judith, une rose à la peau de velours, Senteurs printanières qui grisent de bonheur Et donnent force et espoir, jour après jour, Présence sacrée nimbée d’un voile de douceur. Le premier gâteau et son « un » solitaire, Le premier cliché pour figer le moment, Le tout premier « Joyeux anniversaire », Les premières bulles pour fêter l’évènement.

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Ma petite Cantalienne Ma petite cantalienne, Ma douce fée, ma princesse, Tu attises ma soixantaine, Mon cœur danse d’allégresse. Ma petite magicienne, Mon printemps, ma déesse, Tu es la jouvence de mes veines, Mon corps ne crie plus ses détresses.

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Ma petite fille, ma reine, Mes matins bleus, ma richesse, Tu es le souffle qui m’entraîne, Ma force, remparts de mes faiblesses. Ma petite étoile, ma sirène, Mon élixir jusqu’à l’ivresse, Tu joues dans mon jardin d’Eden, Ma poupée, tout amour et tendresse. Ma petite fleur, mon oxygène, Ma thérapie quand les maux m’agressent, Tu es la colombe dans l’arène, Mon ange gardien, ma forteresse. Ma petite beauté, mon gêne, Mon parfum de jeunesse, Tu magnifies mes jours et semaines, Ton soleil, de briller, n’a de cesse. Ma petite cantalienne, Ma divine enchanteresse, Tu es bourgeon quand je suis chêne, Mes ans, avec toi, renaissent. Ma petite Judith, ma reine, Ma douce fée, ma princesse, Tu es la jouvence de mes veines, Foi de ton papi, je le confesse.

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Dans le jardin de papi et mamie " Candice, une petite soeur pour Judith"

Dans le jardin secret de Papi et Mamie, Antre privé des coeurs que l'Amour fleurit, Ils s'assoient les grands-parents, sur le banc du bonheur, Ils ont rendez-vous avec Judith, leur petite fille chérie. Une adorable petite fée cantalienne, La jeunesse et l'insouciance qui les entraînent. Quatre printemps enjolivent sa frimousse, Un trésor de petite-fille aussi vive que douce. Ses habits de floralies la font déesse, Tout en charme, vitalité et tendresse. Elle est leur Etoile et leur Soleil, Un sourire d'Elle et tout en Eux s'éveille. Elle leur apparaît éclatante de beauté Et dépose dans leurs coeurs un voile de félicité. Elle court et entre Eux, elle se blottit. Un souffle de plénitude les envahit.

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Judith, la jouvence de leurs cheveux blancs, L'azur qui restaure les outrages du temps, La colombe, messagère du bonheur, Un océan de pureté, une montagne de douceur. Sa voix cristalline, telle l'eau des montagnes Magique et salvatrice, est un bien-être qui les gagne. Sur sa figure d'ange, se lisent fierté et joie, Pour annoncer à ses grands-parents l'évènement roi. Judith exulte, la rose s'épanouit, La fraîcheur de sa grâce magnifie son visage réjoui. Quelques mots et voilà le feu d'artifice ! Une petite sœur est née ! Elle se prénomme Candice ! Dans le jardin de Papi et Mamie, c'est la grande ronde, Un petit bouton de rose s'ouvre au monde ! Les fleurs et les oiseaux chantent pour Candice, Tout est fête et bonheur dans le jardin des délices.

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Candice Le jardin secret de Papi et de Mamie est en fête, Une cigogne, du Cantal vert, vient de s'y poser. Sur un gazon d'amour, de félicité et de tendresse L'oiseau, divin de douceur et de beauté, craquette. Dans l'antre des cœurs des grands-parents, il va déposer Un joli poupon, un bourgeon de Vie plein de promesses. Une frimousse tout sourire, l'écho du printemps, Un bouton de rose né et éclos dans la cité de Gerbert, Le fruit de l'union passion à croquer sans fin. La jouvence qui magnifie l'âge des cheveux grisonnants, Un élixir salvateur pour grand-père et grand-mère Qui voient s'éloigner l'horizon et se prolonger le Chemin. Une petite cantalienne au doux nom de "Candice". Sur son visage épanoui, deux prunelles actives et pures, Deux volets grands ouverts sur l'océan de la Vie, Un regard d'où fusent mille feux d'artifice, Des gerbes de lumières qui illuminent sa ronde figure, Un merveilleux spectacle pour deux séniors ravis. "Candice", une étoile d'Amour pour éclairer les cœurs, La pureté de l'âme, l'innocence des années jeunesse, Un embryon de pèlerin à prendre par la main. Une fontaine de Vie où coule la sève du bonheur, Une source de fraîcheur pour oublier les marqueurs de la vieillesse, Un trésor de bienfaits qui colore en rose les petits matins.

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Le jardin secret de Papi et de Mamie est en fête, Judith écrit dans le firmament sa jubilation. Une petite sœur lui est née. Elle se prénomme "Candice" ! Elle est heureuse, elle pourra jouer avec sa cadette ! A Papa et à Maman, elle leur dit son exaltation ! Sur le parchemin de Papi poète, la plume, joyeusement glisse.

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Candice en promenade dans le parc de la Frégière du côté de Clairvaux d'Aveyron

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De gauche à droite : Cyril, Marion, Judith, Frédéric et Candice. Derrière, Marco et Brigitte

Maminou toujours en forme à 88 ans !

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Trois roses pour Papi

Dans le jardin coquet de son cœur, Le printemps fait pousser mille fleurs. Les beautés le comblent de bonheur Quand elles lui parlent avec douceur. Sur elles, son soleil est caresses. Des rayons de vie, de tendresse, Porteurs d’affection, de promesses, De force quand vient la faiblesse. Son jardin secret n’est que décors, Un Eden parsemé de trésors Que trois petites roses explorent Pour y trouver l’Amour, grand et fort. Elles y viennent jouer les gamines, Sur le gazon de leurs racines. Heureuses elles sont les trois cousines, Bercées par une grâce divine. Il veille sur sa descendance, L’aïeul, porté par des flots de jouvence, Trois frimousses qui sont renaissance Quand le temps burine l’existence.

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Papi oublie l’âge de ses ans, Ignore ses cheveux blanchissants. Il redevient un petit enfant, Souvenirs contrastés d’un autre temps. Dans mon jardin embelli de fleurs, Trois roses grandissent avec ferveur. Elles sont l’essence de mon bonheur, La sève qui prolonge mon cœur. Trois roses couleur amour passion, Aux doux noms de Judith, Candice et Marion, Trois princesses qui font l’admiration, Un poème empreint d’émotions.

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De gauche à droite : en avant : Marion, Judith, Candice, Brigitte, Marco et Sylvie. Derrière : Frédéric, Marie et Cyril. Marion, Judith et Candice.

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Francis et Claude

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Francis et Claude se sont mariés au mois d'Août 1978 en l'Eglise de Mons en Charente-Maritime, dans le même édifice où, 35 ans plus tôt, Lélette et Léo ont uni leurs destinées. Très belle coïncidence et beaucoup d'émotion pour notre Maman.

Francis est ingénieur agronome au Sénégal. C'est dans ce pays africain qu'il a été conquis par le charme et la beauté de Claude qui est maman d'une petite fille, Rachel, âgée de 5 ans. Francis l'adoptera. De leur union naîtront deux garçons, Laurent en 1981 et Denis en 1983, tous les deux au Sénégal. La famille séjournera en Afrique jusqu'en 1989. Une bonne occasion pour Lélette qui y ira, avec Roger son second mari et un couple de cousins. De retour en France, le foyer élira domicile à St Gélydu-Fesc, non loin de Montpellier où Francis est ingénieur agronome, chercheur au CIRAD.

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Jacky, notre frère cadet y est déjà en poste. Pour ma part, je suis allé par deux fois en vacances au Sénégal. Seul en 1975 et avec Brigitte, mon épouse en 1985. Lélette est heureuse quand elle revit ces moments d'intense bonheur avec son fils aîné, Francis, sa femme Claude et leurs trois enfants, Rachel, Laurent et Denis. Elle était plus jeune et en pleine possession de ses moyens. Elle n'a de cesse de me dire : « c'était le bon temps » ! Alors je lui rétorque : « Oui, bien sûr que c'était le bon temps mais c'était surtout un autre temps dont tu as bien profité. » Francis séjournera une vingtaine d'années au Sénégal, ce pays d'Afrique noire, anciennement colonisé par la France. Claude, son épouse enfantera à Thiès au Sénégal. Lélette et Roger, lors de leur visite chez Francis et Claude eurent les honneurs. Une fête fut organisée par les habitants d'un village où mon frère Francis est bien connu de par son travail d'ingénieur agronome à la station de Bambey. Apprécié et respecté par les résidents, Notre Maman et notre oncle Roger (second mari) furent royalement placés devant la « scène de danses » pour ne pas dire « aux premières loges » . Un accueil chaleureux, à la hauteur des rapports qu'a mon frère avec ces citoyens qui ont peu à donner en terme d'argent mais incommensurablement bons et généreux avec leurs cœurs.

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Les enfants et petits-enfants de Francis et de Claude

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Rachel, Nicolas, Luna, Jean-François, Loan et Mélissa Née au Sénégal en 1973, Rachel vivra dans ce pays d’Afrique, avec ses parents jusqu'en 1989. Elle n'a pas de mots assez forts pour dire toute la reconnaissance et l'Amour filial qu'elle porte à son père adoptif. Aujourd'hui ses sentiments envers son père Francis n'ont pas changé. Ils se sont même renforcés. Leurs relations affectives sont très fortes et les interventions d'un père pour sa fille quant à l'éducation scolaire, à l'orientation professionnelle et au comportement rigoureux avec les garçons, très appuyées. Des conseils et des règles de conduite un tant soit peu pédagogiques, empreints d’une bonne dose de psychologie, de philosophie. Francis est un homme de dialogue, de consensus, ferme dans ses convictions dont l'aboutissement n'a d'autres prérogatives que le bien-être de ses enfants et la réussite dans leur entreprise scolaire puis professionnelle. Rachel écouta « les bonnes paroles » de son père. Ce ne fut pas toujours « du pain béni » tant pour le père que pour sa fille. La jeune fille connut des aventures de cœur, comme toute jeune fille.

Rachel et Luna

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Luna et son Papa

Nicolas

Luna, une ravissante petite brunette qui fait la joie de son arrière grand-mamie Lélette qui ne tarde pas à venir la prendre dans ses bras. Un grand moment de bonheur. Nicolas et Rachel mettent un terme à leur union mais continuent à se rencontrer lors des gardes respectives de leur petite Luna et autres occasions. Je trouve cette résolution tout à fait louable et responsable surtout à l'égard de leur fillette.

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Sur son Chemin de Vie, Rachel avance. Elle rencontre Jean-François qui a en charge sa fille Mélissa. De solides et franches relations s'établissent et leur union les conduit à vivre maritalement sous le même toit et à avoir le fruit de leur passion, un superbe poupon prénommé Loan. Une très belle famille recomposée qui fait plaisir à voir. Lélette est tout bonheur et toute joie de figurer à côté de ses petits « drôles et drôlesses ». Luna et Loan

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De bas en haut : Jean-François, Rachel, Mélissa Luna et Loan

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Loan, Luna, Lélette, Roxane et Léo

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Laurent, Cynthia et Léo

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Laurent, un dur au cœur tendre Un poète qui s’adresse à sa Mamie Lélette

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Laurent est né au Sénégal en 1981. Puis, tout comme Rachel et son frère cadet Denis, il est scolarisé à Saint-Gély-du-Fesc, non loin de Montpellier, le fief d'implantation de la famille. Il se découvre la passion du Vélo Trial où il se donne à fond dans cette discipline. Une activité loisir qui demande beaucoup d'engagement de sa part, de volonté, de disponibilité avérée pour s'entraîner et participer aux championnats locaux, régionaux et même nationaux où il obtient des résultats très honorables. Parents et frère cadet sont mobilisés pour assister le vaillant Laurent dans ses compétitions. Un très joli parcours sportif prometteur qui prendra fin suite à une chute fatale qui lui interdit de poursuivre cette activité.

Les deux poignets fracturés, Laurent se rétablira et abandonnera le vélo pour se consacrer totalement à une autre passion et pas la moindre, celle de se donner corps et âme à celle qui deviendra sa femme, Cynthia.

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Cynthia et Laurent, un duo qui parcourt le Chemin de la Vie avec bonheur. Cynthia et Laurent, le jour de leur mariage - Photo de famille

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Unis par le sacrement du mariage, le tout jeune couple n'est pas géographiquement éloigné du refuge parental de Francis et de Claude. Une aubaine quand il s'agit de la garde du futur enfant de Cynthia et Laurent durant les heures de travail. Les mamies vont être mises à contribution. La proximité des résidences a du bon, certes, mais génère aussi des contraintes. Chacun s'organisera à sa façon. Il ne tarda pas à montrer sa petite frimousse, le fruit de l'union/passion, un adorable bébé prénommé Léo, pour pérenniser le prénom du grand-père paternel de Laurent qui a quitté ce monde bien trop jeune (37 ans). Lélette, la Maman de Francis, la grand-mère de Laurent et l'arrière-grand-mère de Léo est comblée par cette merveilleuse nouvelle qui, dans son cœur, dans son âme et dans ses entrailles apaise cette douleur déclenchée un matin de printemps. C'était le 5 Juin 1959. Si le temps passé a fait son œuvre en atténuant la souffrance intérieure, la plaie qui s'est ouverte dans le cœur de Lélette ne s'est jamais refermée.

Il grandit le petit Léo et Lélette voudrait tant le revoir et le serrer dans ses bras contre son cœur vieillissant. A cet instant, un gros nuage gris/noir assombrit le moral de notre aïeule. Comme il sera porteur de félicité, de joie et d'Amour ce nuage vêtu de blanc qui annoncera dans la chaumière de Lélette la venue de Léo !

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Léo tout sourire et naturellement photogénique ! Le seul prétendant de la dernière génération qui pourra transmettre le nom GANRY, nominativement parlant, aux générations à venir.

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Léo Ou « Clichés de vie pour Lélette, une bisaïeule adorée »

C’est la guerre, Mère Patrie est soumise. Avec l’oncle Sam, elle livre batailles. C’est l’Amour, Lélette est promise, Avec Léo, elle fait fiançailles. Quand la Victoire fleurit les villages, Sur les places, les cœurs sont en liesse, Lélette et Léo se donnent en mariage, Une odyssée pleine de promesses. De labeur aussi pour la fermière, Epouse dévouée à son cher Léo, Lui, paysan besogneux de la terre, Père attendri par trois petits loupiots. Le bonheur et la fierté de papa Qui, un matin, partit pour un ailleurs, Un voyage dont on ne revient pas, Sans mot, ne laissant que vide et malheur. Et elles tournèrent les aiguilles du temps, Entraînant dans leur ronde trois générations. Un jour, il arriva le divin enfant. Une voix s’éleva : « Tu l’appelleras Léo ton garçon ». Léo, à la frimousse printanière, Lumière de Vie allumée par le Très-Haut, Rayonnera, passés quelques anniversaires : « Mon bisaïeul se prénommait aussi Léo ! ».

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Papa, de ton pays des bienheureux, Sens-tu se poser sur toi ce regard, Celui de Léo, ce bambin joyeux, Ton arrière-petit-fils qui voudra savoir ?

Grand Mamie Lélette et Léo.

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Denis, Cristel et Roxane

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Quand l'Hérault et l’Aveyron font l'Union, tout devient passion. Drôles de coïncidence et une belle histoire de Saints quand Saint-Gély rencontre Saint-Affrique. Un mariage d'Amour, certes entre deux Saints mais aussi avec deux nids ! La jeune fille, elle va dire oui devant le Christ, Elle ? Et le beau jeune homme, il va dire oui devant qui ? Lui aussi devant le Christ ? Mais pas du tout, le prince charmant, il va dire oui devant la mère, Denis ! Bon, il faut que j'arrête d'écrire des sottises ! Il y a tellement de belles choses à graver pour que Mamie et Grand-Mamie Lélette partage avec bonheur la Vie de tous ses petits qu'Elle voudrait embrasser plus souvent. Un message a déjà été transmis ! … Un très beau cliché qui est pris dans le jardin des cœurs où Denis et Cristel couvrent de baisers cette fleur passion qui embellit la chaumière de Papa et Maman, mais aussi celle de Papi et Mamie ! Grand-mamie de l’Echassier aimerait tant la prendre dans ses bras cette poupée d’Amour !

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Je reviens à Denis « Pépère ». Un surnom que je lui ai donné lors d'un séjour au Sénégal en 1985 avec mon épouse Brigitte. Francis et Claude ainsi que leurs trois enfants résident à Bambey. Denis est du genre tranquille, pépère ! Aujourd'hui, dans son fief de Creissels à quelques encablures du célèbre Viaduc de Millau, il en est autrement. Denis est un personnage très actif, fort adroit, créateur, jardinier, homme d'intérieur, professionnellement stable, rigoureux et attentionné. Quant à Cristel, elle pétille ! D’un dynamisme quasi effréné, le visage tout en grâce et charme, elle est vraiment le soleil qui illumine le foyer familial. Toute gentillette et avenante, elle complète avec bonheur son « duo Denis ». Cristel/Denis, Denis/Cristel. Qu’elle est belle cette photo où le « oui » de l’Amour s’est échangé avec force et conviction. Denis et Cristel ont uni leur destinée « pour le meilleur et le pire ». Une cérémonie richement préparée et superbement réussie. Lélette, entourée de ses enfants, de ses petits fils et filles, de ses arrière petits-fils et petites-filles et de leurs familles, quasiment au complet, était portée par un souffle de bonheur non dissimulé qui faisait plaisir à voir et qu'elle aurait voulu que ce souffle salvateur ne s'arrête pas !...

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Photo de famille

Avec les tout jeunes et frais mariés

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Maminou Lélette avec Roxane

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Soixante ans déjà (05 Juin 1959 – 05 Juin 2019)

Soixante ans déjà que tu es parti, Qu’un jour de Juin, t’as dit non à la vie, T’en es allé, pour la très longue nuit, J’étais un enfant, je n’ai pas compris. Soixante ans déjà, c’était un matin, Le néant, les pleurs et trois orphelins, Les combats, pour défier les lendemains, Vivre, pour une mère et ses gamins. Soixante ans déjà, t’étais mon papa, Tu n’aurais pas dû nous quitter comme ça, Simple réflexion, je ne t’en veux pas, Six décennies apaisent les pourquoi. Soixante ans déjà, mon dernier je t’aime, Rien que pour toi, ce petit poème, Modestes quatrains pour chrysanthèmes, Des mots, du plus profond de moi-même. Soixante ans déjà, au cimetière, Aujourd’hui, en ce jour anniversaire Je viens te causer, à ma manière, Des rimes du cœur pour toi, mon père.

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Dans le cœur d'une maman Dans le cœur d’une maman, Poussent de très jolies fleurs, Secrètement, son enfant Les cueille avec bonheur. La rose de velours Enivre de son parfum, Douces senteurs de l’amour Qui enveloppent sans fin. La glycine émerveille En habits de princesse, Elle resplendit de soleil, Ne parlant que de tendresse. Le bouton d’or fascine, Lui qui incarne la joie, Son visage illumine, Porteur d’espoir et de foi. Le joli brin de muguet, Aux clochettes tant chéries, Envoûtent par sa beauté, Sa grâce et sa coquetterie. Majesté la bruyère, La force féminine, Trône dans son pot de terre, Attachante et divine.

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La jacinthe sensuelle Fait figure de vedette, Sa joie du cœur ensorcelle Et fait tourner la tête. Dans le cœur de ma maman, Je connais toutes ces fleurs, Je reviens, secrètement Les cueillir avec bonheur

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Bon pour le régiment

C’est l’hiver sur le quai de la gare d’Angoulême. Un froid qui pénètre le corps du jeune homme. Dans un instant, le train va l’enlever à ceux qu’il aime. Demain, il sera soldat et portera l'uniforme Il fouille dans sa poche et saisit la convocation Un simple papier, sans âme, que lui a remis le facteur. Un écrit vide de sentiments, comme au temps de la mobilisation. Un papier qui brise les passions et déchire les cœurs. Destination, l’Alsace, tout près de la frontière Suisse. Quitter l’être cher, sécher les larmes sur ses joues Rassurer maman qui voit s’envoler son dernier fils Est-il besoin de souffrir autant et partir loin de tout ? Les voies ferrées disparaissent dans le lointain. Le garçon méprise ces rails. Il en veut à la mère Patrie. Dans quelques minutes, il sera dans ce maudit train Puis dans d’autres trains qui le conduiront à Altkirch, via Paris.

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Tout près de lui, un militaire en tenue étreint sa fiancée De longs baisers pleins de feu, mots de passe pour l’amour. Le jeune appelé a préféré venir seul attendre sur le quai. Les embrassades et les câlins, ce sera pour un autre jour.

Le train de Paris, annoncé, fait son entrée en gare. D’un seul coup, le convoi lui est des plus hostiles. Il prend place et la gorge serrée, attend le départ. S’en veut de réagir ainsi, comme s’il partait en exil. Le futur hussard va rejoindre le huitième régiment. Il va découvrir d’autres épisodes du livre de la Vie. Et dans un an, quand il reviendra, caporal ou sergent, Il dira à sa fiancée, maintenant, je suis un homme, ma Chérie Un cliché souvenir de son « Petit dernier en soldat avec sa maman »

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Gendarme sous le ciel de Pau Mon képi tout neuf fut comblé. A force d’avoir travaillé, A l’école, il fut récompensé. Elève de grande qualité, Alliant rigueur et autorité, Assiduité et ténacité, Réussite de carrière assurée. Sous le ciel de PAU, il sera affecté. Cité royale dans les Pyrénées, Digne d’un gendarme sacré. Un privilège pour un brigadier. Je m’y suis forgé un beau métier, De belles années riches en amitié, Dans ma mémoire, bien gravées. Doux souvenirs de mon arrivée, Accueil empreint de paternité. J’aime souvent m’en rappeler, J’avais vingt ans, jamais je n’oublierai. J’étais le benjamin de l’unité, Un pandore en herbe, tout frais,

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La jeunesse, pour des anciens bien rôdés, Toujours soucieux de me former, De me transmettre un vécu avéré, Faire de moi, leur « héritier ». Bien des contraventions, j’ai dressées, Nombre de litiges réglés, Que de plaintes enregistrées, De délinquants interpellés ! Combien d’accidents constatés, De poignées de mains échangées, De surveillances effectuées, De souffrances soulagées ! Reconnaissance à tous mes aînés, Amis gendarmes et gradés De ce beau coin des Pyrénées. Un jour, en famille, je les ai quittés, Simple envie de diversifier Et de partir sous les cocotiers. Au revoir PAU et ses brigadiers Je suis grand, je peux m’envoler

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Lélette et Frédéric

Roger, Frédéric, Marco et Lélette

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Le 11 Novembre 1972, je suis affecté à la brigade territoriale de Pau, caserne Bourbaki qui jouxte la prison. De vieux bâtiments datant d’une époque révolue. Je partage un appartement avec une famille de gendarme du secrétariat Compagnie. Une chambre et une cuisine rien que pour moi ! Le reste du logement de fonction est occupé par le couple et leur enfant. Une porte condamnée permet l’autonomie et interdit une incursion chez le voisin ou la voisine ! Les toilettes « à la turc » sont à l’extérieur, au fond du couloir ! Pour les douches, elles sont au sous-sol ! Elles ne sont pratiquement pas utilisées. Si tu veux te doucher, tu vas en ville, aux douches municipales ! Comme moyen de chauffage, un poêle à mazout qu’il faut aller chercher à la cave ! Ma Maman et Roger (mon beau-père) viennent me rendre visite et m’apportent quelques ustensiles pour que je cuisine un minimum, de même que quelques accessoires pour le quotidien. La fois (ou les fois) qu’ils sont venus à la Gendarmerie, caserne Bourbaki, je leur cédai mon lit deux places et je dormais sur un matelas pneumatique dans la cuisine ! C’était en 1972/1973 ! Qu’en serait-il aujourd’hui ?

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La mare aux canards Dans le village de mes vacances Il y avait une petite mare, Doux souvenirs de ma tendre enfance, Des clichés gravés dans ma mémoire. Le matin, tout était réjouissance Quand j’allais saluer canes et canards, Ou, toujours prêt à quelque expérience, Je capturais de bien jolis têtards. Les col-vert m’offraient de belles danses Que le soleil orchestrait de ses dards, Glissant sur l’eau, sublime prestance, De merveilleux ballets dignes de stars. Les troupeaux, pour les près, en partance, Se rafraîchissaient au grand abreuvoir, Heureux de faire plaisir à leur panse Sous l’œil amusé des petits canards. De grands et beaux moments d’insouciance Quand les grenouilles chantaient dans le soir Et les étoiles, tout en brillance, Se miraient dans l’onde teintée de noir. Qu’elle était belle la mare de mon enfance, Aujourd’hui disparue de ce terroir. Avec mes souvenirs, c’est une chance, Je peux conter cette belle histoire.

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Ici, autrefois, il y avait une mare

En effet, avec les souvenirs en moi bien ancrés j'ai écrit ce petit poème sur cette mare que j'ai connue quand j'étais enfant. Elle était un décor, elle était un coin de vie dans ce village de La Tâcherie. C'était hier ! C'est ce que doit se dire Raymond Drouhard qui, sur ce cliché, déambule, tout malheureux d'être un des derniers acteurs vivants de ce présent qu'il accepte, bon gré mal gré, mais qui ne l'enthousiasme pas ! Il y a des décennies, quand il était enfant, il taquinait les canards qui évoluaient sur l'onde de cette mare ! Aujourd'hui, il est ce canard au milieu de cette mare ! Soudain, son corps lui fait mal.

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Où est-il passé tout ce temps entre hier et aujourd'hui ? Il sait très bien qu'il est en lui, tout ce temps qui pèse sur ses jambes et qui transforme son corps. Raymond réalise qu'à 93 ans il est un grand père, même un arrière-grand-père. Pourtant, dans sa tête, il est toujours jeune ! Il est au sommet de sa forme ! Il la revoit sa mare ! Il y fait boire les vaches ; monté sur le dos de son bœuf "Bouquet", il va le faire boire et se prend pour Hannibal sur son éléphant ; avec un arc et une baleine de parapluie il vise les canards et les oies. Une fois, un canard s'est sauvé avec une baleine planté dans son plumage ! ; l'hiver il y fait des glissades !

Elle lui colle à la peau, cette mare ! Elle lui est tellement chère à son cœur de "Sénior", que l'ensemble de ses poèmes est présenté dans un recueil gratifié par un petit mot de chacun de ses trois neveux, Francis, Jacky et Marco (Dits les Trois de Vignolles). Un recueil "privé » intitulé " Raymond DROUHARD de la MARE ", où le poète aux multiples facettes est raconté par ses neveux "Les Trois de Vignolles".

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Souviens-toi, Maman Souviens-toi, Maman, de ces années cinquante Où je n’étais encore qu’un tout petit enfant ; Clichés de vie au pays de la Charente, Images lointaines d’un passé paysan. Doux souvenirs qui surgissent de ma mémoire, Séquences embrumées nimbées d’un grand bonheur, De tous petits riens aujourd’hui dérisoires, Moments indéfectibles gravés dans mon cœur. Souviens-toi, Maman, quand tu me prenais la main, Trait d’union pour m’apprendre la vie et l’amour, Grandir mon âme et me tracer le chemin, Remparts inébranlables bâtis pour toujours. De la nature, tu m’enseignais les splendeurs, Surprendre l’oisillon à son premier envol, Observer le papillon butinant la fleur, M’extasier quand s’allumait dame luciole. Souviens-toi, Maman, de ces années tendresse, De ce temps où l’argent ne dictait pas sa loi ; Ton amour était la plus grande richesse, Aujourd’hui je l’écris avec beaucoup d’émoi. Tu trimais dans les sillons, du matin au soir ; Je t’attendais sous l’ombre fraîche d’un chêne. Tu m’y rejoignais pour me lire une histoire Ou bien me faire un sifflet dans du bois de frêne.

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Souviens-toi, Maman, quand nous gardions le troupeau, Forces tranquilles broutant l’herbe épaisse. Tu allumais un feu avec de vieux journaux, Puis tu me contais l’histoire d’une princesse. Ces rimes d’antan, je te les dédie, Maman, Papa aurait été fier de les lire aussi ; Témoignage d’un quinqua sur un autre temps, Juste pour dire à sa mère un grand merci.

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Maman Lélette rentre du travail.

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Tant que la Lumière est la Vie, Bonne fête, Maman, Que ton Amour et ton Soleil illuminent à l’infini mon cœur d’enfant. Quoi de plus beau…j’écris pour Toi, des quatrains de douceur Quoi de plus beau…en ton Sein, je suis toujours ton petit garçon, Quoi de plus beau…ma plume d’Amour trempe dans l’encre de nos cœurs. Quoi de plus beau…notre soif de Vie est plus forte que nos trublions. Quoi de plus beau…ton Soleil m’enveloppe de sa chaleur, Quoi de plus beau…tous les deux, nous marchons sur le chemin à l’unisson. Bonne fête, Maman, Que ton Amour et ton Soleil illuminent à l’infini mon cœur d’enfant. Tant que ma plume gravera des mots d’Amour sur le parchemin, Tant que pour le poète, ils seront bleus les petits matins, Tant que ta tendresse et ta bonté fleuriront mon chemin, Tant qu’à la fontaine de mon inspiration couleront des quatrains, Bonne fête, Maman, Que ton Amour et ton Soleil illuminent à l’infini mon cœur d’enfant. Tant que mon corps, dans les combats, sera vainqueur, Tant que « Croire et vaincre » seront mes anges protecteurs, Tant que « la force des mots » apaisera le mal et la peur, Tant que tu seras mon repère et le printemps dans mon cœur, Bonne fête, Maman, Que ton Amour et ton Soleil illuminent à l’infini mon cœur d’enfant. Bonne fête, Maman, Tant que la Lumière est la Vie, sois encore longtemps ma Maman.

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Maman Quand je vois tes cheveux blanchissants, Et tes rides, accuser les ans, Je veux arrêter le cours du temps, Et te garder éternellement. Aujourd’hui s’ajoute un printemps, Très bon anniversaire, Maman. Quand tu fais, de ta vie, le bilan, Et que tu penses à tes enfants, Tu es heureuse, assurément. Reçois d’eux, baisers et compliments.

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Sois comblée en ce moment présent, Très bon anniversaire, Maman. Les maux de ton corps sont fréquents, Et tu les combats, journellement. La vie n’est pas toujours un roman, T’as connu des joies et des tourments. Vive tes quatre-vingt-seize printemps, Très bon anniversaire, Maman. Pour Toi, j’écris ces vers, simplement. Ils sont tout l’amour de tes enfants. Des fleurs t’auraient plu, également, Mais les mots sont toujours plus parlants. Je t’embrasse affectueusement, Très bon anniversaire, Maman.

Lélette jeune fille

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Léo et Lélette jeunes mariés

Rien que pour toi, Maman… Sous le soleil radieux d’un beau jour de mai Coloré de rose dans le vert printemps, Mille feux dans les cœurs tu as allumés, Quand tu apparus, voici quatre-vingt-seize printemps Enfant, t’as connu le dur labeur des champs, La longue route pour la communale Où tu appris la lecture et le chant, Le calcul, la dictée et la morale. Les ailes de la liberté t’ont poussé, L’âge des plaisirs, des désirs, des passions. Moments intenses pour deux jeunes fiancés, Promesses d’amour pour fortifier l’union.

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Et quand tu as dit oui pour l’éternité, Le oui à la vie limpide et féconde, T’étais belle dans ta robe de mariée, Dansant et chantant dans la grande ronde. Tu devins une maman merveilleuse, Veillant tendrement sur tes trois chérubins. Ils t’ont comblée et rendue très heureuse, Beaucoup d’azur pour atténuer les chagrins. Tu as eu ton lot de peines et de larmes. La vie qui court n’est pas toujours un roman. Dans le combat, jamais tu ne désarmes, Pourtant les maux de ton corps sont bien présents. Si le temps qui passe laisse des traces, Tu aimes toujours le soleil qui brille. Et quand les rides te parlent dans la glace, C’est que tu n’es plus une jeune fille. La plume glisse avec l’encre du cœur, Des mots magiques, rien que pour toi, Maman. Aujourd’hui, je suis empli de bonheur, Et souffle avec toi tes quatre-vingt-seize printemps.

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Lélette le jour de ses 80 printemps entourée de Marco, Jacky et Francis, d'Annie et de Raymond.

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Le bol et les tartines de mes dix ans Le jour se lève, le soleil monte dans le firmament. Dans la chaumière de mes jeunes années, Clichés de vacances d’un enfant chez sa maman, Mes cheveux blancs poétisent en prenant leur petit déjeuner. Qu’il est bon de se ressourcer à la fontaine de nos cœurs ! L’amour, l’affection et la tendresse de ma Maman Me sont servis sur un très beau plateau de bonheur ; Petit déjeuner copieux que je prends à la table des grands sentiments. J’aime retrouver le bol et les tartines de mes dix ans. Ils me restituent des parfums et des saveurs de mon enfance, Hier de tout petits riens ; aujourd’hui de grands moments, Secrètes retrouvailles avec le crépuscule de mon existence. De doux souvenirs que je lis dans les yeux de ma Maman, Indicible et intime communion entre une mère et son garçon, Un bol d’amour filial que je bois savoureusement, Des tartines beurrées d’affection que je trempe avec passion. Qu’ils sont doux et voluptueux ces repas en tête à tête, Quand Maman, toute heureuse, verse dans mon bol Bonté, générosité, félicité, et dit, le cœur en fête : « Reprends en encore, j’en ai plein, pour toi, mon drôle (*) » J’aime retrouver le bol et les tartines de mes dix ans. Ils me parlent d’amour, de tendresse et de douceur Quand ils me sont servis à la table des grands sentiments Par ma très chère Maman sur un grand plateau de bonheur. Une Maman doit vivre longtemps, foi d’un enfant, Aussi longtemps que vivent les roses. Ma Maman, je veux la voir vieillir tout doucement, Et écrire pour Elle des poèmes d’amour en vers ou en prose.

(* ) – drôle : enfant, en patois charentais.

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Maman Lélette et son « Coco » (Photo prise le 12 juin 2020)

Bonne fête Maman Quand j’avais dix ans, Je faisais un dessin. Bonne fête Maman ! C’était un petit rien. Ton cœur était comblé. J’ajoutais quelques mots. Tes yeux étaient mouillés. C’était là mon cadeau.

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Sur le petit carton, Je disais, Chère Maman Ton tout petit garçon T’embrasse tendrement. Je chantais mon Amour, Celui de ton enfant. Et je le crie toujours, Bonne fête Maman ! Les années ont passé. Ça s’appelle la Vie. On n’y peut rien changer Et c’est très bien ainsi. Toujours attentionnée, Tu veilles sur tes enfants. Ton corps est fatigué Et tu accuses les ans. Pour Toi j’écris ces vers. Ils valent bien un dessin. Mots simples et sincères Qui parlent et font du bien. En ce beau mois de Mai, Bonne fête Maman ! Sois l’Etoile du berger Qui brille au firmament.

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Lélette

Dans tes yeux, Maman Dans tes yeux, Maman, je vois un printemps, Un bouquet de tendresse pour tes enfants, Un grand jardin de générosité, Une corbeille fleurie de bonté. Dans tes yeux, Maman, je vois un été, Ton cœur, avec ses rayons de gaieté, La joie et le bonheur resplendissant, Ton amour de vivre assurément.

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Dans tes yeux, Maman, je vois un automne, Surtout quand le son des ans résonne, Et quand ton ardeur parfois chancelle, L’azur de la vie te donne des ailes. Dans tes yeux, Maman, je vois un hiver, Un rien te tourmente, tout t’indiffère, Ton corps fatigué crie fort tous ses maux, De peine et de chagrin t’as eu ton lot. Tes yeux, Maman, sont l’écho de ta Vie, Où ciel bleu compose avec nuages gris, A l’âge où tes cheveux deviennent blancs, Je ne veux y voir qu’été et printemps. Quoi de plus beau que tes yeux, Maman, Qui dispensent tant d’amour en tout temps, Qui sont le prolongement de ton cœur, Et qui diffusent une si belle chaleur. Rien ne remplacera tes yeux, Maman, Paroles d’un homme, de ton enfant, Garde-les encore très longtemps ouverts, Pour ne plus voir ni automne, ni hiver

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Je te salue Marie

Je te salue Marie. Ce soir, je te prie. Ta place dans mon cœur N’est qu’Amour et bonheur. Je te salue Marie. Tu fais aimer la Vie. Tu enseignes la foi, Comme Jésus en Croix.

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Je te salue Marie. Ce soir, je te souris. Je t’aime tendrement, Comme si t’étais maman. Je te salue Marie. Tu m’as donné la Vie. Tu es la lumière. De Toi, je suis très fier. Je te salue Marie. T’es l’Etoile qui luit. Tu es mon repère Quand des fois, je me perds. Je te salue Marie. Ton regard me chérit. Tu aimes sans compter, Tu l’as souvent prouvé. Je te salue Maman. Marie, pour ton enfant. Je te dédie ces mots, Ce sera mon cadeau. Je te salue Maman. Sois Marie pour longtemps. C’est le souhait béni Que je fais aujourd'hui.

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Matin d’automne La brume est épaisse en ce matin de novembre. La pluie tombe sur la campagne encore endormie. Le vent s’engouffre dans les volets de la chambre. C’est l’automne qui engourdit et qui prolonge la nuit. L’enfant est bien au chaud sous le gros édredon. Aujourd’hui c’est jour de classe. Pas de grâce matinée. Dans la pièce non chauffée, il prend la résolution. Il sort de sa couche et court devant la cheminée. A cette époque, à la ferme, il fallait s’adapter. La vie au quotidien collait à la nature. Le superflu n’existait pas, faute de pouvoir se le payer. Pour amasser quelques sous, il fallait travailler dur. Dans la cuisine, le bambin embrasse papa et maman. Ca sent bon la flambée, le café chaud et le pain grillé. Sur la table en chêne, le bol de chocolat est fumant. Dans l’âtre, les tranches de pains deviennent colorées. L’étable s’éveille et les animaux réclament le foin. Les vaches noires et blanches demandent leur ration. La jument grise s’impatiente et piétine dans son coin. Les brebis bêlent et veulent à tout prix leur portion C’est beau la ferme quand le jour point à l’horizon. Les lampes s’allument comme des témoins de Vie. Dehors la cheminée fume dans toutes les directions. Dans la lumière tamisée, l’enfant mange avec appétit.

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La pluie, tiède et légère s’écrase sur les vitrages. L’aube se lève et chasse les restes de la nuit. Le petit garçon se lave prestement le visage. Aller à l’école, par ce temps, il n’en a pas envie. Le savoir n’attend pas. L’écolier endosse son ciré. Le cartable à la main, il affronte la pluie et le vent. Les parfums d’automne lui souhaitent bonne journée. Derrière les carreaux, papa et maman regardent partir leur enfant.

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L’appel de l’automne Sur la terrasse de l’automne, Octobre m’invite à la fête, Un grand honneur pour ma personne, Aujourd’hui le spectacle est cadeau, Un présent de dame Nature. Accroché à la voûte azurée, Le soleil embellit le décor, Et sur les villages et forêts, Ses feux sont argent et or. Magie renouvelée des saisons, Où les bois, vêtus de verdure, Troquent leurs magnifiques blousons, Pour de belles et chaudes parures. Théâtre grandiose et fascinant, Quand s’embrasent vallées et coteaux, Scénarios d’extases permanents Lorsque flamboient chênes et bouleaux Un émerveillement perpétuel, Imaginé par le Créateur, L’union sacrée entre terre et ciel, Régal des yeux pour le spectateur. Les feuilles mortes volent au vent, Dernières danses en fin de vie, Ombrages bénis de leur vivant, Tapis onctueux pour marcheurs ravis. Il se fait tard et je dois partir, L’appel de l’automne m’enivre, Demain, il me faudra revenir, Pour le plaisir des yeux, pour vivre

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Art en chapelle Jour de fête à Marcillac-Vallon, Le ciel est azur, la vie est belle, C’est l’été au pays des vignerons, La cité du mansois nous appelle. Nous voilà, beau village d’Aveyron, Reçois nos cœurs dans tes rues animées, Présente-nous tes merveilleux fleurons, Tous ces trésors qui font ta renommée. Dans tes caves où le vin sommeille Abreuve-nous de ton nectar divin, Régale-nous de fouace et de soleil, Saveurs du terroir à goûter sans faim. Sur tes coteaux, conduits le touriste, Conte lui ta passion pour le raisin, Mais n’oublie surtout pas ces artistes, Plumes et pinceaux discrets en ton sein. De beaux talents cachés mis au grand jour, Simple expression du cœur et de l’âme, Toiles vivantes pour parler d’amour, Poèmes vibrants pour plaire aux dames. Toi, ami, qui cherches art et beauté, Viens en la chapelle des Pénitents, Par ce site, tu seras subjugué, Pieusement, tu salueras l’exposant.

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Lieu sacré qui force l’admiration, Où l’émotion se conjugue au présent Quand peinture et poésie font union, Grandes passions à vivre intensément. Mariage de la plume et du pinceau, Beau sacrement béni par l’Eternel, Féerie des couleurs, magie des mots, Jour de fête pour Art en chapelle. Maman Lélette savoure les poèmes de son petit Marco

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Berceuse Oh ! mon bébé, laisse-moi t’adorer, Oh ! mon enfant, laisse-moi t’embrasser, Tu es amour, le fruit de la passion, Tu es désir, mon sang et ma raison. Oh ! mon bébé, laisse-moi te bercer, Oh ! mon enfant, laisse-moi de parler, Tu es plaisir, l’essence de l’union, Tu es soleil, la vie dans la maison. Oh ! mon bébé laisse-moi t’aduler, Oh ! mon enfant, laiss’moi de cajoler, Tu es azur, tes yeux sont la vie, Tu es beauté, ta bouche me ravit. Oh ! mon bébé, laiss’moi te câliner, Oh ! mon enfant, laisse-moi t’admirer, Tu es mon poupon, tu resplendis de joie, Tu es moi, et dans mon cœur, je suis toi. Oh ! mon bébé, tes yeux vont se fermer, Oh ! mon enfant, je te fais un baiser, Tu es bonheur, tu colores la vie, Tu es douceur, tendrement, tu souris. Oh ! mon bébé, je t’entends respirer, Oh ! mon enfant, je te laisse rêver, Tu es le fruit à croquer chaque jour, Tu es mon flambeau, mon fils pour toujours.

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Lélette et Juliette

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Joli, joli mois de Mai Joli, joli mois de Mai, Tu fais naître les roses. Magicien du verbe aimer, Tu magnifies ma prose.

Joli, joli mois de Mai, Tu fais rêver le poète. Gai, toujours, triste, jamais, Tu farandoles dans les têtes.

Joli, joli mois de Mai, Tu fleuris les jardins. L'espoir pour les cœurs "paumés", Tu es l'azur des petits matins.

Joli, joli mois de Mai, Tu reviens une fois l'an. Fidèle quand tu promets, Tu es le mois que j’attends.

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Joli, joli mois de Mai, Tu colores les forêts et les pâturages. Prospérité pour la graine à semer, Tu donnes force et courage.

Joli, joli mois de Mai, Tu réveilles les plaisirs. Sauveur des âmes embrumées, Tu ravives les désirs. Joli, joli mois de Mai, Tu fais chanter la nature. La renaissance tu viens imprimer, Tu joues avec la verdure.

A l'honneur dans mes poèmes, Tu es très souvent nommé. Des douze, t'es celui que j'aime, Joli, joli mois de Mai.

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Les parfums de mon enfance Les doux parfums de mon enfance, Ils sont gravés dans ma mémoire. Je les retrouve au gré des saisons, Ils me racontent les vrais bonheurs Quand je baignais dans l’insouciance. Senteurs du village et du terroir, Parfums de l’école et des sillons, Odeurs des bois et des près en fleurs. Le printemps, saison des grands réveils, Naissance des bourgeons aux petits cœurs. Parfums de la belle violette, Senteurs du lilas blanc sous l’azur, Du mimosas, couleur du soleil, Du brin de muguet, porte bonheur, Du narcisse tout en fête, Parfums de vie au goût nature. L’été, saison à la fleur de l’âge, Flirté par le vent fou du désert Qui transporte de chaudes senteurs. L’odeur du blé dans les séchoirs, Le parfum de pluie après l’orage, Celui des embruns du bord de mer, De la rose qui sait parler aux cœurs, Des jardins qu’on arrose le soir. L’automne, saison du temps qui fuit, Aux parfums lourds, épais mais présents. Le moût qui s’écoule des pressoirs,

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Les pommes qui mûrissent au cellier, Les sous-bois, les mousses et les buis, Les champignons, trésors bien vivants, Les labours fumants dans le brouillard, Les châtaignes que je fais griller. L’hiver, saison qui fige la vie, Qui vitrifie toutes les senteurs, Parfums endormis jusqu’au printemps. Et dans ce monde sans arôme, L’odeur du feu de bois me ravit. Je ressens alors cette chaleur Où j’ai grandi quand j’étais enfant, Ces petits riens qui m’ont fait homme. Les saisons de ma tendre enfance Sont empruntes de douces senteurs. Au-delà de ces parfums exquis, D’autres ont marqué mes jeunes années. Ils sont là dans mon existence, Secrètement blottis dans mon cœur. Dès fois, ils se réveillent, surpris, Retrouvailles avec le temps passé.

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Croire et vaincre

Depuis quand, en moi, sommeilles-tu Toi le malfaisant et toi l’intrus ? Pourquoi t’être niché en mon sein Toi le sournois et toi le vilain ? Pourquoi te régaler de ma chair Toi le fourbe et toi le bandit ? Depuis quand mon corps tu enserres Toi, grand maître de la perfidie ? Démon maudit, t’es pas le plus fort Tel un gladiateur, j’aurai ta mort ! A vos armes, matadors en blanc, Ensemble, sur le front, nous irons ! Le mal, nous vaincrons, assurément, Et demain, victoire, nous chanterons ! Dans la grande arène de la Vie, Chaque jour qui naît est un défi, Vivre est un combat permanent, Le mien se conjugue au présent. Cancer maudit, toi l’alligator, Tels des guerriers, nous aurons ta mort. A vous, mes alliés dans ce conflit, Je vous écris ma gratitude. Nous avons fusillé l’ennemi, Sommes vainqueurs, c’est certitude. Dragon maudit, toi le carnivore, Tels des chasseurs, nous avons eu ta mort.

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La force des mots Je vais vous conter une aventure, Bien authentique, je vous l’assure, Curieuse histoire de boursouflure Qui vaut bien quelques mots d’écriture. Un matin, en faisant mes ablutions, Ma main, passant sur un de mes tétons, Stoppa un instant face au mamelon, Ses doigts ayant surpris un trublion. Un nodule, bien niché dans mon sein ! Tu dois partir, car tu es un vilain, Je vais te dénoncer au chirurgien ! Oui, sous ses armes, tu mourras demain ! Et il creva, le cruel adversaire, Ce fourbe, ce poison, nommé cancer ! Des batailles pour épurer mes chairs Et traquer à mort ses amis pervers. Combats pour la vie, la paix et l’amour, Ne jamais s’abandonner aux vautours, Espérer, croire et vaincre pour toujours, Trois mots magiques pour saluer le jour. Se dire que ce n’est qu’une histoire, Un mauvais récit raconté un soir, Que tout est beau quand parle le miroir Et que la vie n’est qu’amour et espoir ! J’aime faire chanter et danser les mots, Sur des chorégraphies signées Marco, Décors variés voulus par mon ego, Clichés de ma vie dont je fais l’écho. Un poème pour une aventure, Huit quatrains pour une déchirure, Des rimes pour calmer ma blessure, La force des mots pour vivre au futur.

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Quelques mots brefs pour ces deux poèmes Fin juin 2006, ma carrière de gendarme en activité prend fin. C'est l'heure de la retraite après 35 ans passés au service de la Gendarmerie Nationale. Bonne retraite et bonne santé me disent mes amis, mes collègues, mes parents, etc… Qu'à cela ne tienne ! Pour moi la transition ne se fait pas dans le coton quand en juin 2007, il est décelé que je suis atteint d'un cancer du sein. Pourtant, je ne suis qu'un Homme. Il est vrai que Lélette, ma Maman voulait une fille et que Jacky lui avait même trouvé le prénom : "Viviane". Pas de "bol ou pas de pot", Viviane est un garçon… C'est comme çà et il faut faire avec. Je veux ici, remercier chaleureusement les docteurs FENEROU, chirurgien et MARRE, oncologue qui ont pris en charge mon affection et l'ont traitée radicalement et efficacement. Pour moi, c'est une affaire du passé. Deux ans plus tard, en allant voir notre petite fille Marion dont la naissance était programmée en Juin 2009, j’ai ressenti des tremblements dans le bras gauche après avoir porté les bagages de la voiture au gîte que nous avions loué près de Chamonix. La maladie de Parkinson a été diagnostiquée dès notre retour en Aveyron. La retraite commence fort et s'annonce difficile. A l'heure où j'écris ces lignes, voilà 14 ans que je suis à la retraite et 11 ans que je gère au quotidien Parkinson. Qui sera le vainqueur ? La réponse est dans l'interprétation de ces trois clichés

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« L’asphyxie de la maladie » par Marc GANRY

L’orage éclate, la menace est lourde…

Pour le vaincre, il faut l’affronter et respecter les consignes.

L'orage finit par s’apaiser et fait renaître l’azur rassérénééné.éné

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Pourquoi ? ( Un petit mot pour de grands maux ) __________________________________________________________________

A l'automne de mon existence, Quand rides et cheveux accusent les ans, Mon Corps en souffrance appelle la Providence. "Pourquoi ?" Une bouteille jetée à l'océan ! Un S.O.S pour sauver mon radeau Malmené par les outrages de la Vie. "Pourquoi ?" Qui s'apitoiera sur mes maux ? Chacun, à son Etoile, lance un défi ! A ma Constellation, je crie mon courroux ! Un matin de Juin, Papa décide le grand Passage, "Pourquoi ?" J'ai huit ans, je ne comprends pas tout ! Je quitte mes racines et mon village. A la cinquantaine, Satan viole ma chair. En mon sein, il dépose le mal et déclenche la peur. "Pourquoi ?" Avec mes amis en blanc, nous tuons le cancer. "Croire et Vaincre" et "La force des mots" sont à l'honneur (1) A la soixantaine, mes neurones ne font plus l'union. "Pourquoi ?" Aujourd'hui frémissements, demain séismes ! Serais-je une cible parfaite pour malédiction ? Mon Corps attirerait-il les cataclysmes ?

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Mon frère cadet met un terme à son pèlerinage, "Pourquoi ?" Notre fratrie est à tout jamais amputée ! "Francis, Jacky et Marco". Elle était belle cette image ! Des coeurs à nouveau meurtris, tristes destinées ! La Planète agonise. L'Homme attise la haine, "Pourquoi ?" Ne sommes-nous pas tous frères ? A quand la raison et la sagesse humaines ? "Je le crie et je l'écris" (1). Je suis en colère ! Toi le Messie, Toi le tout Puissant, Là-haut, entends-tu mes "Pourquoi ?" Vois-tu les bouteilles que je jette à l'océan ? Es-tu insensible aux détresses que je t'envoie ? Qu'importe, Ta Lumière éclaire mes pas ! Je vais au gré des caprices de mon voyage d'humain ! Telles ces âmes qui avancent avec leurs "Pourquoi ?" Et dont la chair et le sang (2) sont aussi les miens !

_______________________________ (1) "Croire et vaincre" - "La force des mots" - "Je le crie et je l'écris " : trois poèmes contenus dans les recueils. (2) Ma Maman, mon frère, mon épouse, nos deux garçons, nos trois petites filles et tous les coeurs qui me parlent...

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Lélette, « nounou » Comme elles étaient mignonnes et belles, ces deux petites filles que notre Maman a gardées dans les années 1970 alors que nous venions d'acquérir la maison familiale où nous sommes aujourd'hui (avril 2020) confinés, Lélette et moi. Karine et Isabelle, deux attachantes gamines dont avait la garde notre mère, les parents, Alain et Jeannette travaillant dans les bureaux à Cognac (Charente). Je garde en moi de délicieux clichés de ces magnifiques poupées. Marco avec Isabelle et Karine

Lélette avec Karine

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Les deux chutes handicapantes de Lélette

La première : C'était un après-midi du mois de Février 2018. Le temps est grand beau. Comme tu le fais quotidiennement, tu décides d'aller marcher pour maintenir ta forme physique. Comme souvent de fois, tu vas sur la route « du Breuil » où la circulation automobile permet de se déplacer à pied sans trop de risques. Pour te reposer, tu t'assieds sur un caillou en bordure de route. Tu en as l'habitude. Après une pause salvatrice, tu quittes ton siège « de fortune » mais bienvenu. Tu t'aides de tes deux bâtons et tu t'engages sur la route. A cet instant même, allez donc savoir pourquoi, tu chutes lourdement sur le bitume de la chaussée sur une partie de la route qui est matérialisée par des pavés genre autobloquants plutôt rugueux et très inconfortables pour chuter. Un autre endroit aurait été préférable ! Mais on ne choisit pas ! Tu t'affales de tout ton corps sur ces pavés, te blessant gravement aux deux bras et au visage. Tu perds beaucoup de sang. Tu restes un certain temps dans cette position, trop longtemps même ! Un cycliste, qui, le premier arrive sur les lieux, te voyant dans cette position, incapable de te relever, s'enquiert de ton état et à l'aide de son portable appelle les pompiers qui vont te transporter à l'hôpital de Cognac. Un grand merci à ce vélocipède « sauveur » ! D'un avis différent avancé par les soignants de l'hôpital qui mettent cette chute sur le compte d'une crise épileptique, je suis persuadé que ta « dégringolade » est

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simplement due au fait que tu as « butté » sur la marche faite par les pavés par rapport au sol en terre où tu t'étais assise. Tu te souviens que les rayons obliques du soleil couchant t'avaient gênée pour repartir. De plus, selon toi, il est fort probable que tes deux bâtons ont favorisé ton « gadin magistral ». La suite, on la connaît. Hospitalisation, rééducation, et à force de courage et de ténacité, tu as réussi à recouvrer un niveau physique tout à fait remarquable, te permettant de demeurer autonome dans tes activités.

Pour « marquer » l'évènement, j'ai écrit pour toi, un poème pour graver cette péripétie sur le chemin de la mémoire.

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« Maman Bobo » ou le gadin magistral de "Lélette" Un poème issu du cœur apaise les douleurs. La Plume de Marco connaît les mots choisis avec passion. Elle fait appel à ceux qui apportent bien être et douceur. La thérapie des maux par l'écriture n'est pas une négation. Puissent ces quatrains et ces vers atténuer la souffrance, La souffrance d'une Maman, celle de Francis, Jacky et Marco, "Lélette", ma Maman, la ténacité dans la persévérance, Meurtrie, souvent, battante, toujours. Une Maman "Héros" ! Une Maman résignée qui ne craint plus les revers des ans. Elle s'en remet à la Providence pour poursuivre son pèlerinage. Quatre-vingt-quatorze printemps s'affichent sur son agenda du Temps, Des feuillets qui se tournent au gré des aléas de l'automne de son âge. "Maman Bobo", un titre à l'allure légère mais profondément pensé. Une complainte à deux voix, celle d'une Maman et celle de son enfant. Deux petits mots empruntés au vocabulaire français, La magie de la langue de Molière quand elle excelle de richesses, assurément. Dans son lit d'hôpital, "Lélette" soigne les fractures de son corps. Ses lèvres asséchées disent toute la souffrance d'une mère à son enfant coco"(1), "Maman, Bobo", un message, un cri de douleur, à la Vie, à

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la Mort, Et je redeviens ce petit drôle qui crie à son tour : "Maman, Bobo". Elle se baladait, la Mamie par un bel après-midi d'hiver, Une promenade pour garder la forme et défier les maux de son corps. "Lélette" connaît bien le circuit. Elle en sait les plats et les travers. C'est en repartant d'un espace détente, qu'elle trébuche sur un rebord. Son visage heurte les pavés rugueux en place sur la chaussée, L'épaule droite cogne avec force les dalles maudites et l'humérus se brise. Le poignet gauche n'est pas épargné et le radius se retrouve en deux cassé. Un gadin magistral, une chute mémorable. Aux urgences, Elle est admise. C'est le troisième mercredi de ce mois de Février de l'an deux mil dix-huit. Le téléphone sonne. Une voix familière se fait entendre : "Maman, Bobo". Mon frère Francis, la nouvelle connue, me la transmet de suite, Sur son lit d'hôpital, une vieille dame me dit : " C'est toi, Marco ?" C'est "Lélette", ma tendre et douce mère ! Le visage tuméfié, les bras ligoté et plâtré. C'est ma Maman ! Je m'approche d'Elle. Nos regards se croisent, Je la reconnais à peine. " C'est moi, Marco ! "Maman, Bobo" ?

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(1) "Coco" : surnom donné à l'auteur par sa Maman

la seconde : La seconde chute fut moins spectaculaire mais, ajoutée à la première, est plus lourde de conséquences post ré éducatives. Elle eut lieu en intérieur dans la salle à manger près du poste téléphonique d'où elle venait de répondre à un de mes appels. Que s'est-il passé au juste ? Je ne le sais pas trop !

Toujours est-il que Lélette chute sur le plancher en heurtant vraisemblablement la chaise ou le fauteuil du canapé. Cette fois ci la présence verte fonctionne et Notre Maman est secourue par les voisins, Michel et Odette qui sont en liaison avec mon frère Francis qui réside à Saint-Gély du Fesc. La blessée est prise en charge par les pompiers et hospitalisée. Le diagnostic est sévère : une fracture d'une vertèbre lombaire. Les temps d'hospitalisation et de rééducation passés, Lélette ne retrouve pas un état physique normal malgré toute la pugnacité qu'elle met à se remettre sur pied pour éviter de compliquer la situation.

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Aujourd'hui, qu'en est-il ? Avec le déambulateur Lélette se déplace et s'entretient physiquement sous le contrôle d'un kinésithérapeute. Une rééducation qui n’est pas facilité par le port du masque obligatoire lors de ces séances. Le Corona virus, toujours présent en est la cause…

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Elle aime toujours les bons petits plats préparés par ses deux drôles, Francis et Marco qui sont plein d’attention à son égard.

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Ce n'est pas tout, J'ai encore plein de choses à vous dire...

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Lélette et le gendarme Lélette, ma Maman, j'ai voulu qu'elle soit à l'honneur dans ce livre/album en vous présentant sa biographie existentielle. Elle a toujours été fière de ses enfants, de « ses drôles ». Fierté pour Francis et Jacky qui ont accédé à des postes très honorables dans le domaine de la recherche agronomique. Fierté pour Marco qui a réussi en faisant une carrière en Gendarmerie. D'aucuns m'aurait bien vu dans la Gendarmerie, certes, mais Officier. Et bien non, je suis resté au bas de l'échelle ! C'est déshonorant d'être sous-officier ? Je ne suis pas là pour parler Gendarmerie. Je l’ai déjà fait dans un livre « La Plume et le Képi de Marco ». Mais n'empêche que Lélette est fière d'avoir un enfant gendarme. Un Monsieur qui représente l'ordre, la discipline, le bien, le bon, le respect, la tolérance, etc... Elle a eu l'occasion de me voir en tenue lors des visites qu'elle nous faisait avec Roger, son mari. C'était à Pau, en Martinique », à Mauriac et à Aurillac, dans le Cantal. Elle n'hésitait pas à me dire : « La tenue te va bien, mon drôle ! »

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Les joies du pique-nique Avec Lélette et Roger, nous partions souvent pique-niquer sur le bord de l'océan ou bien en montagne, ou bien ailleurs ! Des instants de convivialité, d'humilité, de retour à des pratiques natures, de partage, de détente et d'évasion pour la cuisinière. En famille, avec des amis, ou en tête à tête, à l'ombre de feuillus quand le soleil darde trop fort ses rayons salvateurs, sur la plage, sur l'herbe, sur des tables ou à « cul plat », avec ou sans chaises, nous goutions avec délice et appétit les salades composées, le poulet rôti, le fromage et le gâteau fait maison. Aujourd’hui, avec Brigitte mon épouse et des fois, les enfants et petits-enfants, nous pratiquons le piquenique, ce qui ajoute un air de vacances et plus de souplesse dans le comportement à table. Lélette adorait les piquenique. C'était hier. Aujourd'hui, à 96 ans, elle apprécierait encore mais les contraintes liées à sa vieillesse perturberait l'ambiance (selon elle).

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Les confitures Grand-mère

Les confitures grand-mère, vous connaissez ! Ou bien les confitures Bonne Maman ! Ici, sur la photo, c'est Lélette qui « touille » la confiture. Vu la tenue de Maman, la couleur de la confiture, je me dis que ce doit être en hiver. Par déduction, Maman Lélette « touille » la confiture de pastèques ! En Charente, on l'appelle le melon d'eau ! Elle est succulente ! Il y a la rhubarbe, la prune, la mirabelle, la tomate, etc... La famille Marco et consorts aime bien la confiture sur les tartines... Ce cliché fait sourire mais appelle aussi un instant de réflexion nostalgique. Lélette est âgée de 96 ans et elle ne vient plus en Aveyron pour les raisons de contraintes liées à son âge.

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Les 90 ans de Lélette

Le 11 Mai 2014, Lélette, notre Maman, a 90 ans. Vive Lélette. Une petite fête est organisée pour marquer le coup. C'est dans le cadre enchanteur, romanesque et nature du restaurant "La Courtine", sur les rives du fleuve "La Charente" à Cognac que nous nous rendons pour honorer notre Nonagénaire.

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La famille de gauche à droite : Annie, Pierre Baussay, Francis, Raymond, Brigitte Ganry, Lélette, Claude, Brigitte Baussay et Marco.

Les "assimilés familiaux"… Michel et Odette Laidet

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Régine et Jean-Claude Pillet

Monsieur Touchard et Jean-Claude Pillet occupés à découvrir les arrière petitsenfants de Lélette !

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Sois encore longtemps ma Maman Quand ton amour et ta tendresse m’envahissent Mon âme est inondée d’une grande douceur. Aujourd’hui, sur le parchemin, les mots glissent Ecrits pour Toi, Maman, avec l’encre de nos cœurs. Quand l’horloge du temps affiche tes ans Un très long parcours au compteur de ton âge Mon cœur d’enfant et ma plume de poète, Maman Se disent qu’un jour tu changeras de rivage. Quand ton soleil, Maman, fera place à ton Etoile dans la nuit Je redeviendrai un petit garçon, désemparé sous l’orage. Quatre-vingt-seize printemps que tu donnes à la Vie Sois toujours mon repère et mon éclairage ! Quand ton carillon, Maman, sonnera la fin du pèlerinage Ton corps usé s’en remettra au Seigneur. Tous les deux, marchons sur le chemin du partage Quoi de plus beau que ces instants de bonheur Quand ton regard, Maman, s’éteindra à jamais Elles se fermeront, les persiennes de ton visage. Tes yeux conjuguent au présent le verbe aimer Ils sont l’expression de ton cœur, indicible langage. Quand ton cœur en paraphera la dernière page Ton Livre de Vie s’achèvera, tout simplement Des chapitres à graver avant le grand passage. Raconte-moi, Maman, tes joies et tes tourments.

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Quand les anges viendront te chercher avec leur attelage Ton âme s’envolera pour le Paradis. Laisse-moi les clés de ton Amour et de ton courage De ta bonté et de ton éternelle jeunesse, aussi. Un jour, tu rejoindras les bienheureux sans âge. Aujourd’hui, tu es l’automne qui resplendit. Le printemps et l’été aussi, délicieux présage, Sois encore longtemps ma Maman, tant que la Lumière est la Vie !

Avec Francis, mon grand frère pour les 96 ans de Lélette, notre Maman.

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Quand je vois tes cheveux blanchissants Et tes rides, accuser les ans, Je veux arrêter le cours du temps Et te garder éternellement. Une Maman doit vivre longtemps, foi d'un enfant, Aussi longtemps que vivent les roses. Ma Maman, je veux la voir vieillir tout doucement Et écrire pour Elle des poèmes d'Amour, en vers et en prose.

Marco

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Notes diverses L’auteur informe le lecteur ou la lectrice que tous les clichés photographiques qui illustrent cet ouvrage sont la propriété de Lélette, Francis et Marco qui ont autorisé leur publication. J'ai obtenu les autorisations verbales ou écrites quand cela était possible. Beaucoup de décennies ont passé et bon nombre de visages ont rejoint le monde des Bienheureux. S'il y avait la moindre contestation de la part d'une personne figurant dans cet ouvrage, tant dans les écrits que dans les photographies, j'endosse cet état de fait. Mais qui pourrait m'en faire le reproche quand c'est avec mon cœur, mon âme, mes entrailles, mes souvenirs et mes sentiments que j'ai façonné ce document. Tous les poèmes joints sont l’œuvre de l’auteur. Ils peuvent être lus sur le site internet : « laplumedemarco » ou dans des recueils à se procurer auprès de Marc Ganry. Liste à voir page 4 de ce livre. Les photos qui illustrent ce livre/recueil/album sont extraites d'albums ou bien d'appareils photos voire d' ipad qui sont ma propriété ou bien celle de mon frère Francis ou qui proviennent de chez Notre Maman Lélette. Certains clichés sont de qualité moyenne pour des raisons diverses et ne présentent pas, une fois copiés, les résultats de netteté, de couleurs et de contraste que l'on voudrait. Je sollicite votre indulgence surtout quand les photos sont en noir et blanc.

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Notre Maman Lélette

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Sommaire __________ Qui suis-je ? 6 En guise d'introduction 8 Dis moi ce que c'est un poète 9 Préface 12 Remerciements-Hommage-Honneurs 15 Quelques repères pour vous aider à mieux Appréhender Notre Chemin de Vie, Les Pèlerins que nous sommes, nos existences Ici-bas ou Tout Là Haut 21 Lélette, Notre Maman… Il est une fois… 30 Lélette (poème) 32 Raconte moi, Maman (poème) 34 Le printemps de l'Amour pour Léo et Lélette 38

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Les fiançailles. Une année "sous haute surveillance et restrictive de liberté" 41 La demande en mariage faite au cul des vaches 43 Les 18 et 19 Décembre 1943. Le Mariage 46 Le voyage de noces 50 Des cadeaux de mariage à la mesure des besoins 51 Une nouvelle vie commence 53 La naissance des "Trois de Vignolles" Francis, Jacky et Marco 55 Premiers pas pour trois petits charentais (poème) 60 L'enfance pour trois petits charentais (poème) 62 Elle (poème) 64 Lélette, une Maman attentionnée. Mais le danger est là… 67 Trois petits charentais pas si tranquilles qu'on veut bien le croire 73 Les vendanges du bonheur (poème) 78

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Papa (poème) 81 Matin tragique pour trois petits charentais (poème) 85 "Les Trois de Vignolles" Francis, Jacky et Marco 88 Une fratrie soudée dans le malheur (poème) 90 Une fratrie tout honneur et fierté (poème) 93 Deux berceaux pour un enfant (poème) 95 L'Ecole de mon enfance (poème) 98 Adieu, Maîtresse (poème) 103 Tante Fernande (poème) 106 Tonton Raymond (poème) 109 (voir aussi "La Mare aux canards" (poème) 359 Souvenirs (poème) 113 Les familles Drouhard et Baussay 117 Pierre Ganry, mon cousin - Roselyne et Maryline, les filles de Pierre Ganry et de Modeste 123 Karine, la fille de Pierre Ganry et de Régine 127

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Ghislaine, ma cousine et ma marraine 131 L'après drame du 05 Juin 1959 134 La Vie, tout simplement (poème) 147 Le Maître du pain (poème) 153

Pour une "amourette" Roger perd la tête et quitte le foyer conjugal 156 Victime de chantage, Roger tente de mettre fin à ses jours. Il sera sauvé ' in extremis" par mon frère Francis 161 Avant la longue nuit (poème) 165 Adieu Roger (poème) 167 Qui étais-tu ? (poème) 170 1964 - Cette année là… 172 Segonzac, une autre Vie (poème) 174 Segonzac, la Renaissance (poème) 177 Segonzac, la plénitude (poème) 180 En 1964, le mariage civil de Lélette et de Roger 182 La folle randonnée (poème) 183

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Coup de foudre (poème) 186 Retour sur images à Segonzac, en Charente (1962/1965) 188 Les cousins Cathelineau de Cognac 193 Suzanne, Bernadette et leurs parents 196 Ton Amour maternel tu nous donnes toujours, Notre Amour filial, nous te rendons jour après jour 199 Lélette, Notre Maman 201 Regarde comme ils sont beaux les joyaux de ta descendance. Tu es leur fierté et ils sont ta fierté 203

Jacky et Brigitte 205 Brigitte et ses trois enfants, Cécile, Anne-Laure et Olivier 213 Les enfants et petits-enfants de Jacky et de Brigitte 219 Olivier, Sandrine, Chloé et Juliette 220 Anne-Laure, Samuel, Camille et Adèle 225 Camille ou "La petite fée des Antilles" 228 Le 04 Février 2013, ce matin là où notre fratrie s'écroule 231

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Matin tragique pour la fratrie (poème) 232 A l'aube d'un crépuscule d'hiver (Hommage à Notre Frère Jacky) 234 Isabel du Portugal 243 Cécile, Pierre, Alexis et Félicia 250 Cécile et Pierre pour la Vie (poème) 252 Marco et Brigitte 257 1976 - Cette année-là …(ou un poème pour deux bonheurs) 260 Notre Dame de Foncourrieu (poème) 262

Les enfants et les petits-enfants de Marco et de Brigitte 266 Sourires d'automne (poème) 270 Prends ton bâton et va (poème) 273 L'Etoile des Tropiques ( poème) 275 L'enfant du cyclone (poème) 277

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Le baptême de Cyril 281 Le chant du bonheur (poème) 284 Frédéric, Marie et Marion 286 A la cime du bonheur (poème) 287 Marion (poème) 289 L'Etoile des Montagnes (poème)291 Rendez-vous intime( poème) 294 Quand tu seras petite fille (poème) 296 Les Houches, un coin de Paradis en Montagne 298 Cyril, Sylvie, Judith et Candice 304 Rimes nuptiales pour Cyril et Sylvie 305 Judith (poème) 309 Premier printemps pour Judith (poème) 311 Ma petite Cantalienne (poème) 313 Dans le jardin de Papi et Mamie (poème) 315 Candice (poème) 317

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Trois roses pour Papi (poème) 322 Francis et Claude 325 Les enfants et les petits-enfants de Francis et de Claude 330 Rachel, Nicolas, Luna, Jean-François, Loan et Mélissa 331 Laurent, Cynthia et Léo 336 Léo (poème) 342 Denis, Cristel et Roxane 344 Soixante ans déjà (poème) 349 Dans le cœur d'une Maman (poème) 351 Bon pour le Régiment (poème) 353 Gendarme sous le Ciel de Pau (poème) 355 La Mare aux canards (poème) 359 Souviens-toi, Maman (poème) 362 Tant que la Lumière est la Vie (poème) 365 Maman (poème) 366 Rien que pour Toi, Maman (poème) 369

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Le bol et les tartines de mes 10 ans (poème) 371 Bonne fête, Maman (poème) 373 Dans tes yeux, Maman (poème) 375 Je te salue, Marie (poème) 377 Matin d'automne (poème)3 79 L'appel de l'automne (poème) 381 Art en Chapelle (poème) 382 Berceuse (poème) 384 Joli, joli mois de Mai (poème) 386 Les parfums de mon enfance (poème) 389 Croire et vaincre (poème) 391 La force des mots (poème) 392 Quelques mots brefs pour ces deux poèmes 393 Pourquoi ? (poème) 395 Lélette, Nounou 397 Les deux chutes handicapantes de Lélette 398

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"Maman Bobo" ou le gadin magistral de Lélette (poème) 400 Aujourd'hui, qu'en est-il ? 403 Ce n'est pas tout, j'ai encore plein de choses à vous dire ! 406 Lélette et le gendarme 407 Les joies du pique-nique 408 Les confitures "Grand-Mère" 409 Les 90 ans de Lélette 410 Sois encore longtemps ma Maman (poème) 417 Notes diverses 421

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Marc Ganry, alias "Laplumedemarco" est né en 1951 au Pays du "Cognac et du Pineau", dans le département de la Charente. Benjamin d'une fratrie de trois garçons, il grandit dans le village de Vignolles où ses parents, Lélette et Léo sont paysans. Passionné par l'écriture poétique, c'est avec sa Plume trempée dans l'encre de l'Amour filial qu'il convie le lecteur à partager ses poèmes qui sentent bon le terroir de ses racines charentaises qu'il évoque avec bonheur mais aussi avec douleurs quand son Papa, Léo met un terme à sa Vie le 05 Juin 1959. Aujourd'hui, il revient à son écritoire pour faire partager un ouvrage qui lui tient à cœur, la biographie de Celle pour laquelle il voue un Amour filial sans borne, sa Maman Lélette, un surnom qui date de son enfance et qui ne la quittera plus. Lélette est née en 1924 sur la commune de Mons, en CharenteMaritime. Elle grandit dans la ferme familiale implantée dans le village de La Tâcherie. Son frère, Raymond, né en 1927 prendra la suite de ses parents. Lélette se marie en 1943 avec Léo Ganry, fermier dans le village de Vignolles. Elle quitte ses racines pour vivre avec Léo qui lui fera trois garçons, Francis, Jacky et Marco (Les Trois de Vignolles, surnom de la fratrie donnée par l'oncle Raymond dans ses œuvres poétiques). Début Juin 1959, Léo met fin à son existence. Lélette et ses trois enfants quittent la ferme de Vignolles et partent pour un ailleurs, refaire leur Vie. Lélette est une femme battante, tenace qui trime pour ses trois Petits. Elle connaît le labeur, le mépris, la souffrance mais elle est toujours là, présente, maternelle et dévouée. De belles pages d'Amour et de Tendresse maternels de la part de cette Maman méritante qui a toujours privilégié le bien-être de ses enfants et leur réussite tant à l'école que pour leur profession. Des sentiments forts relayés par ceux de Roger, un compagnon de route qui fera le Chemin avec sa nouvelle famille, quarante ans durant. Une Maman à nouveau meurtrie dans sa chair voire anéantie par un autre drame quand Jacky, son garçon cadet, met aussi un terme à son existence le matin du 4 Février 2013. Marc Ganry met la poésie au service de l'écriture sentimentale. Un mariage à la connotation magnifiquement réussie qui apporte une touche de sensibilité profonde dès lors que c'est le benjamin d'une fratrie douloureusement meurtrie qui orchestre l'ensemble de l'œuvre qu'il compose pour sa chère et tendre Maman et qu'il lui offre avec bonheur "Tant que la Lumière est la Vie".

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