Exposition de l'artiste Geer van VELDE

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GEER VAN VELDE 1898 - 1977

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1898 - 1977


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G A L E R I E

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F L E U R Y

Un détail de la toile de Geer van Velde est reproduit en couverture. « Composition » Huile sur toile c. 1952. 132 x 145 cm

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Maître des proportions et de l’équilibre… Architecte d’un monde encore visible…


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GALERIE FLEURY PARIS !

36 Avenue Matignon – 75008 Paris. Mail : alri2@wanadoo.fr - Web : www.galerie-fleury.com Tel. : 01 42 56 46 11 – Fax : 01 42 56 46 11


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GEER VAN VELDE 1898 – 1977

16 Mai – 15 Juillet 2012 ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! !!!!!!!!!!!! ! !

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Remerciements!!

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Cette exposition vous est présentée grâce au concours de la galerie Louis Carré & Cie, Paris de la galerie Berès, Paris de la Fondation Gandur pour l’Art, Genève.

Nous remercions particulièrement : Mr Piet Moget, Mr Peter Graven, Mme Lydia Harambourg, la galerie Montanari, notre Imprimeur ainsi que les collectionneurs ayant contribué à cet événement. ! !

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Avant Propos

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C’est avec un immense plaisir que je vous propose ce parcours dans l’œuvre d’aprèsguerre de Geer van Velde. Le charme de sa gamme de couleurs, la vivacité de ses rythmes et de ses pans colorés, nous font voyager entre l’intensité du Midi et le calme du Nord. Cette grande maîtrise, ces émotions parfaitement matérialisées et cette facilité à se détacher de toutes influences, constituent l’aboutissement d’un immense artiste. Aujourd’hui on ne parle plus forcément de l’art comme une sublimation de la nature, ou une représentation simplifiée de ce que l’on voit, il tend vers l’expression d’un sentiment. L’art abstrait est une volonté de nous présenter des idées ou des visions nouvelles sur le monde, issues d’un groupe d’artistes en quête de créations, tentant d’effleurer l’indescriptible. Il peut être aussi l’aboutissement d’une idée personnelle ou d’une vie d’artiste. On peut s’approcher ou s’éloigner de l’art abstrait mais il est nécessaire d’essayer de le comprendre… ! ! !

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Alexandre FLEURY.


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« Alchimiste de la lumière Geer van Velde recourt à la vibration de la couleur et à la matière pour rendre tangible l’espace ».

La peinture de Geer van Velde rayonne d’une sensibilité contenue et d’un silence qui s’impose lentement à celui qui la regarde. Et pourtant, Samuel Beckett, l’ami fidèle, écrit que sa peinture « est excessivement réticente », et qu’elle « agit par des irradiations que l’on sent défensives ». Si pensée qu’elle soit, elle n’en est pas moins poreuse à la vie qu’elle féconde, passée dans une solitude indispensable pour préserver une œuvre fervente, introspective, refermée sur elle-même. L’artiste conduit son travail serein et lumineux, en s’absentant du monde, dans « une lutte sans merci », a-t-il confié. Un combat qu’il mène tôt avec la toile, animé d’une ascèse exercée en conscience. Celle-ci porte sur la perception de l’image en tant que réalité objective dont il revient à la peinture de rompre avec cette image représentée, au profit de l’extériorité spatiale lumineuse et cependant invisible. Une longue quête qui passe par les états successifs d’un « objet » jusqu’à sa stabilité dans l’espace. Pour Geer van Velde l’extériorité est une intériorité. Il part des formes exactes de l’image dont il ne cherche pas tant l’expressivité que les modulations pour atteindre à l’invisibilité devenue à son tour tangible. Nous voici au cœur de la dialectique de Geer van Velde pour lequel « l’essentiel n’est pas le visible, mais notre monde intérieur. Invisible, je dirai même inexistant ». Il y a l’avant et l’après d’un processus de la succession d’états invisibles pour produire un glissement de l’image vers une invisibilité des choses jusqu’à ce qu’elle devienne à son tour une réalité. Après les années passées à Cagnes-sur-Mer entre 1939 et 1944, Geer s’oriente vers l’abstraction, dans l’attente d’une harmonie et d’une plénitude, sans renoncer à l’observation du motif.


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La toile intitulée Méditerranée de 1946, encore proche de l’univers matissien, marque un tournant irréversible. Dans l’atelier de Cachan d’apparence serein, plane le doute pour un combat qui isole le peintre pendant des jours. « Etre malheureux est un luxe privé ». Tout prend son sens dans cette transmutation des plans qui se rompent et se reforment à mesure que l’on regarde, des intermittences où le temps est pensé comme espace, où du silence naissent des résonances. Le rituel est immuable. Geer van Velde commence par tracer au fusain les grands rythmes et les masses avant de recouvrir la toile d’une fine couche de blanc de zinc à l’huile appliquée sans diluant, laissant apparaître les traces du fusain. Vient ensuite l’étape des journaux collés pour absorber l’huile ce qui rend résistante la toile à laquelle il peut s’attaquer à partir d’un geste ralenti, soumis au support. Sa pratique simultanée du dessin accompagne sa conquête des équilibres plastiques précaires, conséquence de sa remise en question de la perspective albertienne traditionnelle, avec le double thème de l’atelier et du paysage à la suite de Bonnard, avec lequel il s’était lié dans le midi. Avec le cycle des grands Ateliers (1948-1952), le travail du dessin renforce les structures ordonnées par le jeu des aplats colorés et confirme sa prédilection pour la verticalité. Celle-ci est à interpréter comme une métaphore de l’homme debout, menacé de tomber, de même la peinture remise chaque jour sur le métier affronte le risque du déséquilibre. Un trait vibrant cerne les plans animés par de subtils rapports de tons dans une palette qui acquiert une autonomie en démultipliant les tonalités froides : les bleus, les gris, les roses, les violets clairs. Laboratoire, lieu intime et creuset de la création de celui qui se référait à la pensée de Lao-Tseu, l’atelier permet une méditation constante sur sa relation à l’espace qui l’entoure. Dans la décennie des années 50, ses compositions cristallisent son sujet : des Intérieurs dans lesquels, fonds et formes s’interpénètrent, avant que ceux-ci soient dissociés quelques années plus tard. Ce passionné d’architecture entretient des liens avec ses compatriotes du Siècle d’or, de Saenredam, Vermeer à Mondrian pour leur attention commune portée à l’épure, aux problèmes spatiaux. Pour ses évocations furtives de châssis, de chevalet, de tableaux et de miroir, de fenêtre, Geer van Velde ne retient que la « substance » ou le « substratum linéaire » de Proust. Le regard embrasse la surface, distingue des formes géométriques (rectangles, losanges, carrés) ajustées comme pour une construction, sans qu’aucun des éléments ne soit figuratif. Comment ne pas penser au pavement des intérieurs de Vermeer ou encore aux losanges suspendus sur les piles des églises de Saenredam. Pour finir l’objet du tableau se confond avec l’intériorité. Au tournant des années soixante, l’élaboration géométrique se meut en un espace intime dans lequel la lumière atteint à la spiritualité. Une présence lumineuse transcende sa composition qui élague formes et couleurs dans un jeu de déséquilibreéquilibre pour traduire un mouvement circulaire d’où naissent les souffles vitaux.


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Ses surfaces chromatiques suggèrent une lente montée vers l’infini, une musique du silence. C’est là toute la spécificité de ce que l’on nommera son style. Geer van Velde « croit que la peinture devrait signifier sa propre affaire, c’est-à-dire la couleur ». Lydia Harambourg. Membre correspondant de l’Institut, Académie des Beaux-Arts Auteur du dictionnaire des Peintres de l’Ecole de Paris 1945 – 1965. Editions Ides et calendes, 1993, rééditions en 2010. © Lydia Harambourg


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Biographie de l’artiste :! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! !

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Geer van Velde !

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1898 – 1977

Beaucoup d’artistes ont commencé par l’apprentissage des techniques de base (dessin, gouache, huile). Certains d’entre eux ont été tentés par quelques mouvements picturaux avant de trouver leur voie, d’autres se sont inscrits comme novateurs ou fondateurs d’emblématiques groupes. Monet, Pissarro, Manet ou Renoir pour l’impressionnisme, Braque, Picasso ou Gris pour le cubisme… !

Les frères Van Velde, Bram et Geer n’ont pas eu la possibilité d’acquérir ces techniques. Abandonnés par leur père dès leur plus jeune âge, les enfants Van Velde vécurent dans une véritable misère. En 1910, à l’âge de 12 ans, Geer est apprenti décorateur chez Eduard Hendrick Kramer, grand amateur d’art, propriétaire d’une firme de peinture et de décoration. Cet homme, qui fût son mécène durant de longues années, va encourager Geer dans son goût pour la peinture. Dès lors, le jeune artiste parcourt les Flandres et peint des enseignes pour gagner sa vie. Voilà la seule école que Geer aura. Suite à ce voyage il se rend en 1925 à Paris pour retrouver son frère ainé et visite l’exposition des Arts décoratifs. En 1933, Geer se marie et s’installe avec sa jeune épouse Elisabeth dans le XIIIème arrondissement. Entre temps, le peintre expose à trois reprises (1928, 1929, 1930) au Salon des Indépendants. A cette époque, l’artiste n’a toujours pas trouvé sa voie et se concentre sur ses recherches. En 1937, il rencontre Samuel Beckett, écrivain, poète et dramaturge irlandais qui lui présente Peggy Guggenheim. Cette dernière, enthousiasmée par les peintures de Geer, l’exposera à Londres l’année suivante (Guggenheim Jeune). Suite à l’échec de cette exposition, Geer décide de s’installer à Cagnes-sur-Mer jusqu’en 1944. C’est ici que les bleus de la mer et les ocres du sable vont provoquer un changement radical dans son oeuvre. Cette intense luminosité, propre au bord de mer du sud de la France, le plonge vers une observation du monde qui l’influencera tout au long de sa vie. Une réelle unité se dégage de ses toiles. Commence alors pour lui un périple entre l’intérieur et l’extérieur, mais également entre équilibre, luminosité et structure. A la fin de l’année 1944, il quitte Cagnes-sur-Mer pour aller s‘installer à Cachan où il restera définitivement.


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Evolution dans l’œuvre de Geer Van Velde : du réalisme à l’abstraction.

Geer a mis longtemps à se trouver, et malgré son passage chez Monsieur Kramer, il lui a fallu découvrir sans réel maître les œuvres des autres artistes et les mouvements picturaux de l’époque. Mais la souplesse de sa peinture lui a évité les erreurs des débutants. Les années 50 constituent l’aboutissement d’une vie consacrée à s’imprégner des différentes périodes de la peinture moderne en France comme en Hollande.

1915 -1925 : Esthétique Hollandaise.

A l’issue de son premier travail à la Haye, Geer, avec le soutien de Eduard H. Kramer, cultive son goût pour la peinture, qui l’amène à choisir les thèmes de prédilection des artistes hollandais. Des natures mortes ou des portraits réalisés dans les règles de l’esthétique hollandaise.!

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Mais au-delà de ce réalisme, on ressent déjà chez lui le désir d’aller plus loin. La matière, la lumière et les couleurs utilisées durant cette période, nous dévoilent son évolution. Une incroyable agilité ressort de ses œuvres. La maîtrise des volumes et la manière de poser et de juxtaposer les couleurs nous révèlent un artiste ambitieux et audacieux. C’est durant cette période qu’il met en œuvre son savoir acquis quelques années plus tôt chez E.H. Kramer : le rapport matière et couleur.


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1925 - 1930 : Inspiration parisienne.

Geer, après son service militaire parcourt les Flandres à pied. Cette vision des plaines et des villages l’influence dans les œuvres qu’il peindra lors de son arrivée à Paris. Il représente alors des paysages, des personnages et des scènes du quotidien. Les couleurs qu’il utilise sont franches et vives, les scènes représentées sont populaires. !

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Le réalisme d’autrefois n’est plus d’actualité, et le respect des proportions n’est pas encore devenu son principal objectif. La mise en page de ses œuvres évolue durant ces cinq années. Dès 1925, quelques-unes de ses toiles pourraient nous donner à penser qu’il était familier de l’œuvre d’un autre artiste de l’époque : Chagall. Comme dans les œuvres de ce dernier, les personnages vivent dans le décor. Au fil des mois et des années qui suivront, son travail s’ouvre vers un nouvel horizon, ce sont les prémices de son art d’après guerre que nous observons. Les zones colorées s’agrandissent et rythment la toile. Les personnages sont visibles ou disparaissent derrière de larges bandes de couleurs, disposées de manière à mettre en avant un visage, un bras, ou un mouvement. C’est encore une vision figurative du monde qui se ressent dans la peinture de l’artiste, qui, peu à peu, évoluera vers la géométrisation.

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1930 - 1938 : de la figuration à la géométrisation des thèmes. Après trois expositions au Salon des Indépendants, où il n’a presque rien vendu, Geer repart en Hollande, faute d’argent. Mais, dès son retour à Paris, il entreprend de nouvelles œuvres. Période difficile à comprendre où l’artiste se dote d’un éventail de couleurs stupéfiantes. Lorsqu’il représente un champs ou un paysage reflétant un soleil dévastateur, presque violent, il se libère de toutes les influences parisiennes et « académiques ». Peut-être se rapproche-t-il ainsi vers l’art de son frère, avec qui il est très lié à cette époque. Cette courte période, où il utilise principalement la gouache, nous montre encore une fois son désir d’aller toujours plus loin dans le domaine de la peinture. Ses gouaches et ses sujets explosent sur le papier, la touche part dans tous les sens. Geer n’exécute, à ce moment là, aucun dessin préparatoire et il pose directement sur le papier ses aplats colorés.

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Vers 1932, Geer revient à un travail plus simple et figuratif. Les personnages reprennent une place centrale dans ses œuvres, il travaille autour de ce thème, mêlant des femmes ou des couples dans un atelier, en ne s’occupant pas du décor et en simplifiant considérablement sa vision du monde. Les apparences deviennent peu à peu géométriques. Les personnages apparaissent en tout premier plan, mais c’est leur attitude plutôt que leur physionomie qui intéresse Geer. 6

Durant ces quelques années, de nombreux changements se perçoivent dans l’œuvre de Geer van Velde; son travail s’oriente peu à peu vers l’abstraction. Entre 1932 et 1935, il commence à retranscrire son quotidien sur sa toile, le tableau « palette et pinceaux » en est un bon témoignage. Les personnages laissent place aux objets, que l’artiste dispose sur la toile avec une grande modernité. Une période de changement s’annonce, et une certaine verticalité est déjà présente.

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1938 – 1944 : Cagnes-sur-Mer, la luminosité du sud de la France.

En 1937, après l’exposition chez Guggenheim Jeune à Londres, Geer décide de quitter Paris, afin de découvrir de nouveaux horizons qui lui permettront de faire évoluer sa peinture. Il s’installe à Cagnes-sur-Mer et fait la connaissance du grand peintre Pierre Bonnard. Suite à cette rencontre, Geer recommence à dessiner. ! 8

Les figures féminines sont alors associées à sa représentation du quotidien. Un grand nombre de dessins et d’encres de chine sur le thème de la femme, en témoignent. L’artiste s’installe pour peindre à la fenêtre de son atelier, et capte les vues marines et les figures géométriques qui se superposent dans une structure linéaire et colorée. Cagnes-sur-Mer constituera pour l’artiste une réelle rupture avec son œuvre antérieure. De sa période figurative, il ne retiendra que quelques éléments abstraits, qu’il étendra sur sa toile au fil des années passées au bord de la mer. Il commence alors une série de tableaux où le rapport de la fenêtre ouverte, qui plonge le spectateur dans un bleu nuancé, et la vision de son intérieur, nous procure une sensation de profondeur. Dès lors, Geer continuera à entremêler dans ses peintures des objets de son entourage avec des paysages structurés.

« La recherche de Geer ne peut s’exprimer que dans l’enfermement de l’atelier… Il lui faut briser le miroir de l’illusoire, en restituer la présence et la mémoire, retrouver la qualité prégnante du piège qui nous réalise »! !

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! !!Germain!Viatte,!Paris,!éditions!!Cahiers!d’art,!1989.!


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1944 : Cachan. C’est à Cachan dans son atelier, que seront exécutées les œuvres majeures qu’il produira par la suite. Geer participe aux principales manifestations culturelles : Salon des Réalités Nouvelles, Salon de Mai. Puis il se rend à plusieurs reprises en Hollande où il s’imprègne de l’œuvre de Piet Mondrian, exposée au Stedelijk Museum à Amsterdam en 1946. Il redécouvre ainsi lors de ce voyage, la lumière de son pays natal. La même année, Aimé Maeght, qu’il avait rencontré grâce à Pierre Bonnard à Cannes, l’expose dans sa galerie à Paris où il présente une quarantaine de toiles dont « Méditerranée ».

Méditerranée, 1946.

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Geer dessine beaucoup; de nombreuses gouaches et esquisses préparatoires aboutiront à l’élaboration et à l’éclosion de deux chefs-d’œuvre portant le même titre : La Méditerranée. Ces toiles très importantes, rythmées et construites avec une immense maîtrise, nous dévoilent tout son talent d’artiste. Le peintre trouve avec perfection ce juste équilibre entre transparence et luminosité. Geer van Velde modernise le visible par des pans colorés, associés à des courbes, à des triangles et à des lignes entrecroisées. Ces subtiles couleurs, issues de la lumière des bords de mer, se retrouveront désormais dans toutes ses œuvres futures.


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1947 : L’Atelier. Geer s’est totalement affirmé à Cagnes-sur-Mer, et a pris conscience de ses possibilités et de sa volonté d’entreprendre d’immenses toiles qui témoigneront de sa puissance. Si le lien entre extérieur et intérieur est transcrit par une fenêtre, ainsi que par des surfaces colorées décrivant son atelier, la volonté de l’artiste est de mettre en avant des formes définitivement abstraites. Geer segmente sa toile et fait apparaître de la profondeur, par des verticales et des lignes horizontales séparant le tableau en zones bien distinctes.

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Mais lorsqu’il s’installe à Cachan, il puise son émotion vers le souvenir de cette lumière méditerranéenne que son pinceau matérialise par une habile homogénéité des tons. Alors que son frère Bram tend vers une certaine agressivité, visible dans le choix de ses couleurs comme dans celui de la forme, Geer prend le chemin de la construction, et devient l’architecte d’un monde encore visible. L’artiste réoriente, et fait basculer avec subtilité, les leçons du cubisme de Braque et de Picasso vers une abstraction poétique. Geer van Velde est devenu le maître des proportions et de l’équilibre, tout en instaurant une douce gamme de couleurs qu’il est le seul à savoir utiliser.


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1952 -1958 : équilibres et tonalités.

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Des toiles carrées ou presque lui permettent de les segmenter, et de travailler sur l’équilibre des tonalités et des motifs. A l’époque de Cagnes-sur-Mer il jouait entre les vues marines et les figures géométriques ; dans les années 50, c’est avec les formes et le fond qu’il travaille, ce qui nous procure cette sensation de transparence et d’ouverture. Beaucoup d’artistes ayant séjourné dans le Midi, ont associés les roses, les mauves ou les violets dans leurs compositions. Geer, grand défenseur de cette palette, a su mêler ces teintes aux couleurs de son pays natal, et ainsi recréer un univers qui lui appartient en propre. La vivacité de la lumière du sud de la France, associée à la brume nordique, est très présente dans ses œuvres. Geer fait parler son bleu-gris, il le fait vibrer et l’associe à des nuances roses, mauves ou vertes. Le spectateur d’une de ces œuvres ne peut qu’admirer cette incroyable justesse des tons. Geer, contrairement à beaucoup d’artistes, savait où aller avant d’entreprendre une toile, sans jamais tomber dans le coté cérébral. « Il m’arrive parfois de rester assis des journées ou des semaines devant ma toile avant d’oser l’attaquer. Avant qu’elle me laisse entrer. La toile vierge, je n’ose l’attaquer que si l’idée a pris forme en moi… » Geer van Velde.


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Les années 60 : La période du mouvement. Geer, sans jamais oublier l’époque antérieure orientée vers la vision de son atelier, tend vers une épuration des formes. Son architecture linéaire s’oriente vers plus de mouvement. Certaines lignes verticales s’effacent progressivement, laissant place à des formes qui s’orientent et s’emboîtent les unes aux autres, et se tournent vers le spectateur. Les fonds utilisés pour segmenter ses toiles s’unissent afin de projeter en avant ses formes. Cet effet d’éloignement nous est rendu par la simple utilisation de différents tons ; une couleur vive devient prédominante tandis que la tonalité pastel s’efface doucement sous notre regard. La verticalité d’autrefois se nuance. Les recherches de Geer ont abouti et démontrent toute la force de cet artiste parvenu au faîte de son talent.

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Malgré l’immense nombre de mouvements picturaux dus aux artistes qui ont vu le jour au début du XXème siècle, Geer s’en est détaché. Ce grand artiste s’est libéré de toutes les similitudes, les influences ou les associations, nous laissant le témoignage de sa vision, sensible, passionnée et passionnante.


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Geer van Velde et Piet Moget, Port-la-Nouvelle, 1963.

Œuvres reproduites : Geer van Velde - 1898-1977. 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

Nature morte aux fruits, corbeille et bassine. Huile sur toile, c. 1918-1924. 79, 3 x 98,1 cm. Collection privée, France. Vue de village. Huile sur toile, c.1925-1928. 45,3 x 65, 8 cm. Collection privée, Haarlem. Danseuses. Huile sur toile, 1928-1929 100 x 81 cm. Collection privée, Pays Bas. Apparition. Huile sur toile, circa 1928-1929. 127 x 103 cm. Collection privée, France. Sans titre, Gouache et aquarelle sur papier, circa 1930. 30,4 x 47,5 cm. Leyde, Stedelijk Museum de Lakenhal, inv. S5031. Couple. Gouache et aquarelle sur papier, circa 1935. 37 x 32 cm. Collection privée. Palette et pinceaux I. Huile sur toile, circa 1932-1935. 72, 5 x 92 cm. Centre G. Pompidou, Musée national d’Art moderne. Femme harmonie bleue. Huile sur toile, circa 1940. 81 x 100 cm. Collection privée, France. Méditerranée II. Huile sur toile, 1946, 129,5 x 162 cm. Collection Piet Moget, France. Composition. Huile sur toile, circa 1948-1950. 81 x 65. Collection privée, France. Composition. Huile sur toile circa 1952. 132x 145 cm. Galerie Fleury, France. Composition, Huile sur toile, 1961. 162 x 162 cm. Collection privée, France.


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CATALOGUE

GALERIE

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FLEURY


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« Composition » 1949 Huile sur toile Signée en bas à droite du monogramme GvV 100 x 81 cm. Collection Fondation Gandur pour l’Art. Photographe : Sandra Pointet


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« Composition » circa 1952 Huile sur toile Signée en bas à droite du monogramme GvV 132 x 145 cm.


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« Composition » circa 1955 Huile sur toile 134 x 146 cm.


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« Composition » 1954 Huile sur toile Signée en bas à droite du monogramme GvV 100 x 100 cm.


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« Composition » circa 1955 Huile sur toile Signée en bas à droite du monogramme GvV 85 x 80 cm.


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« Composition » 1956 Huile sur toile Signée en bas à droite du monogramme GvV 123 x 135 cm.


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« Composition » circa 1960 Huile sur toile Signée du cachet d’atelier, en bas à droite, GvV 81 x 65 cm.


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« Composition » circa 1960 Huile sur toile Signée en bas à droite du monogramme GvV 162 x 162 cm


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« Composition » circa 1962-1965 Huile sur toile Signée en bas à droite du monogramme GvV 39,9 x 39,9 cm.


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« Composition » circa1969 Huile sur toile Signée du cachet d’atelier, en bas à droite GvV 62 x 62 cm.


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« Femme harmonie bleue » circa 1940 Huile sur toile Signée en bas à droite du monogramme GvV 81 x 100 cm.


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ŒUVRES SUR PAPIER


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« Composition » circa 1939 - 1940 Aquarelle sur papier Signée en bas à droite du monogramme GvV 22 x 19,9 cm


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« Composition » circa 1939-1940 Encre de chine sur papier Signée du cachet d’atelier, en bas à droite GvV 20,8 x 26,8 cm


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« Composition » circa 1946-1947 Pastel sur papier Signé du cachet d’atelier, en bas à droite GvV 12,9 x 20,8 cm

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« Composition » circa 1946-1947 Pastel sur papier Signé du cachet d’atelier, en bas à droite GvV 20,4 x 25,7 cm


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« Composition » circa 1947 Pastel et fusain sur papier Signé du cachet d’atelier, en bas à droite GvV 20,4 x 26,6 cm

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« Composition » circa 1947 Pastel et fusain sur papier Signé du cachet d’atelier, en bas à droite GvV 20,4 x 25,4 cm


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« Composition » circa 1948 - 1950 Pastel sur papier Signé du cachet d’atelier, en bas à droite GvV 20,8 x 25 cm

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« Composition » circa 1948 - 1950 Pastel sur papier Signé du cachet d’atelier, en bas à droite GvV 21 x 20,4 cm


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« Composition » circa 1948 - 1950 Pastel et fusain sur papier Signé du cachet d’atelier, en bas à droite GvV 20,5 x 20 cm

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« Composition » circa 1948 - 1950 Pastel sur papier Signé du cachet d’atelier, en bas à droite GvV 25,1 x 18,7 cm


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« Composition » circa 1950 Pastel sur papier Signé du cachet d’atelier, en bas à droite GvV 22,2 x 20 cm


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« Composition » circa 1950 Aquarelle sur papier Signée en bas à droite du monogramme GvV 20,5 x 19,3 cm


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« Composition » circa 1950 Aquarelle sur papier Signée du cachet d’atelier, en bas à droite GvV 21,5 x 20,5 cm


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« Composition » circa 1955 Recto : aquarelle sur papier Signée en bas à droite du monogrammé GvV 20 x 20 cm Verso : aquarelle et mine de plomb 20,5 x 21 cm


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« Composition » circa 1955 Aquarelle sur papier Signée du cachet d’atelier, en bas à droite GvV 21,2 x 20 cm


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« Composition » circa 1950 - 1955 Pastel sur papier Signé du cachet d’atelier, en bas à droite GvV 22 x 19,9 cm


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« Composition » circa 1952 - 1955 Pastel sur papier Signé du cachet d’atelier, en bas à droite GvV 28,6 x 22,3 cm


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« Composition » circa 1955 Encre de chine sur papier Signée du cachet d’atelier, en bas à droite GvV 22,2 x 20,1 cm


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Expositions personnelles : La Haye, Toonzalen Corn Van der Sluys, « A.G en Geer van Velde ». 1935 Wassenaar, Toonkamer Zonnewende. 1938 Londres, Guggenheim Jeune Gallery « Geer van Velde ». 1942 Nice, Galerie Muratore. 1946 Paris, Galerie Maeght « Geer van Velde ». 1948 Paris, Galerie Maeght « Bram et Geer van Velde ». New York, Samuel M. Kootz Gallery « Geer and Bram van Velde ». 1952 Paris, Galerie Maeght « Geer van Velde ». 1963 São Paulo, Museu de arte moderna « VII Bienal de São Paulo ». Rio de Janeiro, Museu de arte moderna 1966 Paris, Musée Galliéra « Geer van Velde ». Cagnes-sur-Mer, Château Musée, « Geer van Velde ». 1971 Amsterdam, Kunsthandel M.L. de Boer « Geer van Velde ». 1972 Treigny, Château de Ratilly « Geer van Velde ».! 1981 La Haye, Haags Gemeentemuseum « Geer van Velde, 1889-1977 » schilderijen en tekeningen. 1981-1982 Amsterdam, Kunsthandel ML. de Boer « Geer van Velde ». 1982 Høvikodden Norvège, Fondation Sonja Henie-Niels Onstad «Geer van Velde» Paris, Musée d'art moderne de la Ville de Paris « Geer van Velde 1898-1977- peintures et œuvres sur papier ». Paris, Galerie Louis Carré & Cie « Geer van Velde, peintures ». 1984 Bonn, Galerie Pudelko « Geer van Velde, bilder, aquarelle, zeichnungen ». Tokyo, Art Point Gallery « Geer van Velde ». 1986 Albi, Musée Toulouse-Lautrec « Geer van Velde 1898-1977 ». 1989 Paris, Galerie Louis Carré & Cie « Geer van Velde, œuvres sur papier ». 1991 Sigean, Lieu d'art contemporain. Pontoise, Musée Tavet. Paris, Centre Georges Pompidou « dessins ». 2000 Antibes, Musée Picasso. Colmar Musée d’Unterlinden Paris, Galerie Louis Carré & Cie. 2008 Fauconnières Galerie Michèle Héritier Fine Arts. 2010 Lyon, Musée des Beaux Arts : « Bram et Geer van Velde, deux frères, un nom ». 1933


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Principaux ouvrages et catalogues d’expositions : 1946 1947 1948 1948 1948 1952 1952 1952 1959 1963 1963 1966 1972 1981 1982 1982

1982

Geer van Velde, Paris, Galerie Maeght, textes de Jacques Kober « qualité de l’espace » Geer van Velde, lithographies « Le Noir est une couleur ». « Derrière le Miroir » n°1, éditions Pierre à Feu (Galerie Maeght). De Matisse à!Miró: texte de Michel Seuphor, Alès, P.A Benoît. Bram van Velde et Geer van Velde, lithographies: textes de Samuel Beckett et -Jacques Kober, Derrière le Miroir n°11, 12, éditions Pierre à Feu (Galerie Maeght), Geer and Bram van Velde. New York, Samuel M. Kootz Gallery, Textes de Samuel Beckett « The new object ». Geer van Velde, lithographies: textes de Roger Chastel et Frank Elgar, « Derrière le Miroir » n°51. Maeght éditeur. Geer van Velde, Morice Lipsi, Ismaël de la Serna, Recklinghausen, Städtlische Kunsthalle,texte de Albert Schulze Vellinghausen : « Drei Kunstler aus Paris ». « Peintre de l’école de Paris », Risk-Salen, Varbergs Museum, 1955. Texte d’André Lhote. XVè Salon de Mai, éditions P.P.I « VII Bienal », São Paulo. Texte de W. Jos de Gruyter : « Geer van Velde »! Geer van Velde, Paris, Musée Galliera, 1963. Texte de R.V. Gindertaël. Lanskoy et Geer van Velde: Exposition du Musée Galliéra, éditions du Musée Galliera. Geer van Velde: Exposition du Château de Ratilly, Éditions Zodiaque. Textes de Gaëtan Picon, A.M. Hammacher, R.V. Gindertaël, Michel Seuphor, Charles Estienne.! « Geer van Velde, 1889-1977, Schilderijen en tekeningen, Den Haag, Haags Gemeentemuseum. Préface de Th. Van Velzen, texte de Kees Broos : « Geer van Velde ». «Geer van Velde », Høvikodden Norvège, Sonja Henie-Niels Onstad Kunstsentret, texte de Kees Broos. « Geer van Velde 1898-1977 », peintures et œuvres sur papier, Préface de Bernadette Contensou, introduction de Patrice Bachelard, textes de Samuel Beckett, A.M Hammacher et Piet Moget: Ma rencontre avec Geer van Velde. Paris, Musée national d'art moderne, centre G. Pompidou. Geer van Velde: Exposition à la Galerie Louis Carré & Cie, éditions Galerie Louis Carré & Cie. Texte de Marcelin Pleynet : « Geer van Velde dans son atelier ».


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1984 1986 1989

2000 2000 2002 2010 2010

« Geer van Velde », Bonn, Galerie Pudelko. Texte de Marcelin Pleynet. Geer van Velde: Exposition d'Albi, éditions du Musée ToulouseLautrec. Texte de Michel Castel, Jean Devoisins, Piet Moget. « Geer van Velde », éditions Cahiers d’Art, éditions Louis Carré & Cie. Texte de Germain Viatte, A.M Hammacher, R.V. Gindertaël,! Gaëtan Picon, Charles Estienne, Samuel Beckett, Ed Wingen, Karel ! Schippers. Geer van Velde: Exposition de la Galerie Louis Carré & Cie, éditions Galerie Louis Carre et Cie. Geer van Velde: Exposition d'Antibes et de Colmar, éditions de la Réunion des musées nationaux. Geer van Velde: dessins, éditions de la Réunion des Musées Nationaux, Bram et Geer van Velde, Hazan, Vanves. "Bram et Geer van Velde, Deux peintres, un nom", Catalogue de l'exposition du musée des Beaux-Arts de Lyon sous la direction de Rainer Michael Mason et Sylvie Ramond. Éd. Hazan. Lyon.


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© Galerie Fleury, Paris, 2012. 36 Avenue Matignon – 75008 PARIS Mail : alri2@wanadoo.fr - Web : www.galerie-fleury.com Tel. 01 42 56 46 11 – Fax 01 42 56 46 11


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