Gretchen, et vous ?

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Gretchen, et vous ?

"Un voyage Ă Berlin, octobre 2011 - juillet 2012" GaĂŤlle Messager


1989, chute du mur de Berlin. Je n’avais que sept ans, mais je me souviens très bien qu’à la télévision il se passait quelque chose d’important. Gretchen est le prénom qu’on m’a attribué à mon arrivée à Berlin... Un prénom breton contre un allemand, histoire de s’intégrer un peu mieux au pays. Avec notre camion C25 Citroën bleu acheté pour l’occasion, nous sommes partis à quatre. Nous rentrerons à deux. Berlin retient dans ses filets ceux qui préfèrent l’espace, la liberté, l’impression que tout est possible, que rien n’est interdit. J’étais partie pour six mois, nous sommes restés un an, afin d’y voir la ville traversée par les quatre saisons. À Paris, je dessinais en noir et blanc. Berlin m’a donné la couleur, malgré le béton, le gris des murs, l’histoire tragique et inévitable de cette ville. En 2012, Berlin était pour moi le paradis.... Ces dessins sont extraits du blog : http://gaellemessager.wordpress.com/ que j’ai tenu à l’occasion de ce voyage.


Sur la route Paris-Berlin, nous nous sommes arrêtés pour faire une partie de cache-cache dans la forêt à une centaine de kilomètres au nord de la capitale allemande.


À notre arrivée, nous avons vécu un mois dans le quartier de Wedding au nord de la ville. À Pankstrasse, sur le parking vide d’un centre commercial, un vendeur ambulant vend des wursts (saucisses).



Nous avons déménagé cinq fois en un an. Il est difficile de trouver sa place quand on n’est pas du coin. Nous avons déposé des annonces sur les portes des immeubles qui nous inspiraient. Cet Indien nous a rappelés. « Vous cherchez un appartement ? J’ai un appartement pour vous ! » Mais ça n’a pas marché. Nous avons finalement posé nos valises à Kottbusser Damm dans le quartier de Kreuzberg pendant deux mois et demi.



À deux pas de chez nous, le café l’Anker klause est le lieu parfait pour dessiner, au chaud, les passants se rendant au marché turc de Kreuzberg. Ce bar est devenu mon observatoire. Mais à Berlin, une personne seule à une table n’est jamais vraiment seule... « Tu peux apprendre l’allemand avec moi ! » me propose cette jeune retraitée.



MarchĂŠ turc de Kreuzberg.



« Onomatopées entre copines » ou « Mon allemand ne progresse pas ! » à la terrasse du café Ankerklause.




MarchĂŠ turc de Kreuzberg.


Ă€ la terrasse du cafĂŠ, cette femme me rapporte une couverture. Elle met la sienne sous ses fesses. Je mets la mienne sur mes genoux.




La fromagère du marchÊ turc.



Femmes au marchĂŠ turc.


« Moumoute » sur Kottbusser Damm, à la sortie du métro Schönleinstrasse.



« Pansements » et « Prothèses » sur Kottbusser Damm.



Notre contrat de location se termine à Kottbusser Damm. Nous nous rendons pour une première visite de l’appartement à Prenzlauer Berg, un peu plus au nord du centre-ville. Mais visiblement, à 14h la sortie du métro Rosenthaler Platz est difficile…



Femme en blanc Ă Schlesisches Tor, Kreuzberg.


Devant la Deutsche Post Ă Kreuzberg.


Le jour du déménagement de Kottbusser Damm, je fais la rencontre de cette dame et de son fils : « C’est ma mère ! Elle veut savoir : Vous partez ? Mais, pourquoi déménagez-vous ? Elle, elle vit ici depuis 1999. Où allez-vous vivre maintenant ? Bon courage ! » ...difficile de partir de ce quartier.



Un vélo sera ma seule dépense importante. Je pars à sa recherche au marché aux puces de Treptow.



Nous nous installons pour 5 mois et demi à Kastanienallee à Prenzlauer Berg. Dès les premiers jours il est facile de constater les différences de population et de l’ambiance en générale. « Vous payez maintenant 145 euros et je vous dirai où est garée votre voiture…», Depuis nos fenêtres, nous assistons à une manifestation anarchiste et populaire contre la fermeture du squat/bar/salle de concert Schokoladen.



Dans ce quartier de Prenzlauer, l’un de mes lieux pour dessiner est un bar-laverie, dont la patron est la caricature raffinée d’Elton John et Karl Lagerfeld. Pendant que certains lavent leur linge sale, je sirote le meilleur tchaï de la ville. Je suis assise sur les chaises hautes derrière la vitre. Ce lieu est pour moi idéal car il est exactement en face de l’arrêt de tramway Rosenthaler Platz. Les voyageurs qui attendent prennent la pose.



À Berlin, le taux de chômage est assez élévé. L’une des solutions pour se faire quelques centimes est de ramasser dans les poubelles ou sur les trottoirs (laissées volontairement) les bouteilles de bière vides. Il suffit ensuite de les rapporter au Kaïser ou au Netto (supermarchés) et de récupérer les dix centimes de consigne.



À l’arrêt de tram Rosenthaler Platz.


Cigarette Ă Rosenthaler Platz.


En haut de la Kastanienallee, sous le métro Eberswalder Strasse, les Berlinois font la queue pour déguster une currywurst (saucisses baignant dans le ketchup et saupoudrées de curry).



Banane Ă Hackescher Markt.


Doudoune Ă Prenzlauer Berg.


Le pays des enfants se trouve à Prenzlauer Berg. À partir de 15h30, les bars à thé (et les rues) se remplissent de futures mamans, jeunes papas et enfants qui viennent déguster leur première waffel (gauffre).



Nature vivante, sur Kastanienallee Ă Prenzlauer Berg.


« Un peu de bière ? » sur Kastanienallee à Prenzlauer Berg.


L’homme aux deux chiens se promène sur Kastanienallee.


Carnaval sur Kastanienallee ?


« Les jumeaux de Pergamon ». Il est l’un des plus impressionnants musées du coeur de la ville.



Dans le sas de la Sparkasse, (banque allemande), un homme s’est installÊ pour la nuit avec sa bouteille de vin.



Sac Ă dos dans le mĂŠtro ligne U8 station Hermannplatz.


Bouquet de fleurs dans le mĂŠtro ligne U8 station Hermannplatz.


Friedrichshain…Friedriecshain…fridrichain…frdrchshain…frdrchshn, à Frankfurter Tor.




Là-bas, j’ai rencontré deux Grecs. Nous nous sommes soutenus au quotidien dans notre émigration commune. J’ai arpenté les musées de la ville avec Litsa, jeune artiste peintre, ancienne étudiante aux Beaux-Arts de Thessalonique. Elle m’a fait déguster ma première moussaka... J’ai vendu des t-shirts que je peignais à la main avec Anna dans les marchés aux puces ou sur les trottoirs du Mauerpark. Nous avons décidé de quitter Berlin-le-paradis car il est difficile de trouver un job quand on ne parle pas l’allemand. J’y aurais au moins appris l’anglais. Aujourd’hui la East Side Gallery (la plus grande partie du mur de Berlin conservée et peinte par des artistes du monde entier) est en partie détruite afin de construire un complexe hôtelier... Merci à Greg, Arnaud et Adrien des BareFeetCats, à Thomas et Litsa, et Anna.

Gaëlle Messager, Nantes 2013.

Dessins extraits du blog : http://gaellemessager.wordpress.com/ gaelle.messager@gmail.com



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