La phénoménologie critique en tant que fondement des Sciences

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XXI Préface nous, car nous, amis de la science et ennemis du bavardage, ne saurions nous contenter de moins : un moindre bien compterait ici pour un mal ( Minus bonum habet rationem mali ). Au sein de ce régime de connaissance il s'avère possible de porter au langage ( zur sprache bringen ) les choses en leur essence ou quiddité sensible38 ( St-Thomas ), de mettre fin au Verfallen en tant que condition inéluctable d'une humanité qui « tourne en rond » autour d'elle-même. Par voie de conséquence, cette phénoménologie critique, qui dépasse les cheveux dans le vent les intentions naïves de cette simple « ontologie de l'étant-làdevant »39, en tant qu'elle nous fait ou laisse accéder au régime de connaissance au sein duquel les phénomènes peuvent être saisis en leur essence même, en leur concrétude, au seul régime de connaissance acceptable, se révèle être la doctrine fondementielle par excellence, la propédeutique à toute science comprise au sens prégnant du terme 40, et c'est bien pourquoi, en tant qu'elle fonde et rend possible quelque chose comme la scientificité, elle s'avère plus scientifique que la « science » elle-même41. 38 Essence et quiddité sensible ( quidditas sensibilis ) sont identifiés dans cet ouvrage. À ce sujet, St-Thomas d'Aquin, De ente et essentia, c.I : « Comme par ailleurs ce par quoi la chose est déterminée à son genre et à son espèce propre est ce que l'on signifie par la définition qui indique ce qu'est ( quid ) la chose, il en résulte que le terme d'essence est muté par les philosophes en celui de quiddité, quidditas [ quidditas sensibilis ] ; c'est aussi ce qu'Aristote appelle souvent le quod quid erat esse, c'est-à-dire « ce qui fait qu'une chose soit ce qu'elle est ». 39 HEIDEGGER, Martin. Sein und Zeit [ Être et Temps ]. Paris, Gallimard, collection Bibliothèque de philosophie, Série Martin Heidegger, traduit de l'allemand par François Vézin, 1986, p. 212. 40 La phénoménologie critique nourrit cette ambition, qu'assurément certains contesteront et qu'il nous reviendra de justifier, d'être au fondement des sciences. Elle désire occuper cette position à partir de laquelle toute science, tout questionnement sur l'étant devient possible. 41 Hüsserl, dans Introduction à la Logique et à la théorie de la connaissance : « La science ne fait pas qu'affirmer, la science veut


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