Le Petit Cinevore 06

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LE PETIT

CINEVORE

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N°06 - Semaine du 16 au 22 mars 2011


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L’Intégrale de la Saga sera disponible en qualité Blu-ray en Septembre 2011 Commandez-la dès aujourd’hui pour la recevoir le jour de la sortie !


LE PETIT

CINEVORE

Le numéro 6

Cette semaine, c’est un documentaire qui fait à la Une de votre gratuit cinéma ! Comme quoi nous ne cédons pas obligatoirement aux sirènes des blockbusters américains comme World Invasion, comme le craignaient certains lecteurs dans leurs mails ! On est comme ça, nous, au Petit Cinévore, on préfère les abeilles aux aliens. Surtout quand un documentaire est aussi magistralement pensé et réalisé ! Allez, on garde le moral et on vous retrouve la semaine prochaine dans un monde meilleur. Ok ? La rédaction

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Premières images

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War Horse

De : Steven Spielberg Avec : Emily Watson, David Thewlis, Peter Mullan, Niels Arestrup, Tom Hiddleston, Jeremy Irvine, Benedict Cumberbatch... Sortie prévue le 11 janvier 2012

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e nouveau film événement des studios DreamWorks est une aventure à grand spectacle pour tous, une formidable odyssée où s’entremêlent l’amitié, la découverte et le courage. À la veille de la Première Guerre mondiale, le jeune Albert mène une existence paisible dans une ferme anglaise avec son cheval, Joey, qu’il adore. Mais le père d’Albert décide de vendre Joey à la cavalerie britannique, et le cheval se retrouve bientôt sur le front français. L’animal entame alors une extraordinaire aventure en plein conflit. En dépit des obstacles qu’il rencontre à chaque pas, Joey va changer la vie de ceux dont il croise la route. Incapable d’oublier son ami, Albert quitte la ferme et rejoint à son tour le champ de bataille dans l’espoir de retrouver son cheval et de le ramener chez lui.

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POL


LLEN

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On ne le voit pas, on y pense à peine, mais il est à l’origine de la vie, et indissociable de nos ressources les plus essentielles : le pollen. D’infimes messagers de vie qui cultivent pour se répandre une technique étonnante : la beauté et la séduction… Avec ses images somptueuses de l’infiniment petit et rapide, ce film illustre l’importance capitale de la pollinisation, mise en danger par l’incurie humaine. Un film pour s’émerveiller en famille, mais surtout pour réagir. Preuve que la beauté rend moins bête ! 7


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a pollinisation est considérée par les scientifiques comme un authentique langage, présent à l’échelle universelle. Pratiquée par d’innombrables espèces végétales et animales, elle est une étape essentielle sur cette planète dans la transmission et la perpétuation de la vie, de la fertilité. Une clef capitale de la biodiversité. Cette histoire d’amour, car c’est bien ce que c’est, repose sur une capacité qui dépasse l’entendement : l’aptitude des fleurs, héros de cette épopée magique, à séduire ses partenaires qui, à la place du hasard du vent qui suffisait aux premières espèces végétales dépourvues de fleurs, vont se charger de prélever et transporter ce pollen directement vers d’autres fleurs. Une technique qui repose sur des modes de séduction parfois d’une complexité ahurissante, scellant des complicités entre végétaux et animaux que l’on n’imagine pas.

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Dans une vallée du Panama, les sublimes colibris sont les pollinisateurs attitrés d’espèces de la forêt pluviale équatorienne. Lorsque le papillon monarque entreprend sa migration spectaculaire des forêts de sapins du Mexique, c’est pour polliniser dans le Kansas une plante toxique et néanmoins essentielle au biotope. Dans les déserts mexicains où rien n’est censé pousser, les cactus offrent un festin aux chauves-souris qui, en échange, participent activement à la dispersion de leur pollen. Aussi avancée que soit la culture de la tomate dans l’immense Eurofresh Farms de Californie, rien ne pousserait sans la complicité des bourdons. Comme ces producteurs d’amandes victimes de la disparition des insectes pollinisateurs, et contraints de louer des ruches d’abeilles pour voir leurs arbres fleurir… Car de nombreuses menaces pèsent sur cette interaction essentielle. Et il est grand temps de réagir.


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è Vous avez probablement vu les images de Louie Schwartzberg. Ce passionné de nature, particulièrement fasciné par les fleurs, s’est fait connaître par ses films incroyables dévoilant en accéléré l’éclosion d’une fleur. Pour ce réalisateur indépendant, l’urgence de faire un film s’est imposée il y a quatre ans, lorsqu’il fut confronté au désastre du Syndrome d’effondrement des colonies, qui frappe les abeilles partout en occident. Une crise considérée par les spécialistes comme la crise environnementale la plus grave jamais connue par l’homme. Le projet qui eut la chance de prendre corps au moment où Disney, producteur de son précédent documentaire, venait de créer Disneynature, sa division consacrée aux films sur l’environnement. Par sa vocation, l’association était idéale. Entouré d’une équipe de spécialistes reconnus et de scientifiques de haute volée, le réalisateur a parcouru le monde pour saisir l’infime avec des moyens techniques étourdissants, à même de capter les envolées supersoniques des colibris, les festins nocturnes des chauves-souris ou le labeur magnifique des abeilles et des bourdons. Mais Schwartzberg a une ambition réellement

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pédagogique, et réussit à user de ces prouesses à 500 images secondes pour illustrer le rôle essentiel de la pollinisation, l’importance des périls qui la menace, et évoque dans la foulée tout ce qu’il est possible de faire pour empêcher le pire, qu’il s’agisse des toits végétalisés ou du petit pot de fleur que l’on soigne sur son balcon ! Schwartzberg parvient même à nous faire partager un concept inattendu qui mène sa passion : celui de la beauté. C’est à son sens un des moyens que la nature a trouvé pour se défendre de l’homme. Réfléchissez deux secondes : qu’est-ce qui fait que nous trouvons un chiot, un arbre, un bébé mignon ? Quand est ce sentiment d’attachement qui donne l’irrépressible envie de le protéger ? À l’inverse, nous négligeons volontiers ce qui ne nous semble laid. Par ses images éblouissantes, il parvient à nous faire saisir la beauté comme un argument de défense déployé par la nature. Audacieux, et franchement génial. Si ce film est une réussite technique indubitable, c’est bien son message militant qui a la plus grande valeur. Un appel à la résistance, au bon sens


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et à l’éducation qu’il est indispensable de répandre avec le plus de vigueur possible. Soutenu activement par la WWF, ce film a une véritable ambition pédagogique, et son générique de fin n’est qu’une longue liste de conseils, facile à appliquer par chacun à son niveau. Et pour tous les imbéciles qui ne comprendraient toujours rien, il suffit d’évoquer un seul chiffre, assez parlant : se passer de la transmission naturelle du pollen, c’est faire une croix sur au minimum un tiers de la nourriture sur toute la planète.

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L’avis du Petit Cinévore Voilà un documentaire qui ne se contente pas de belles photos pour les mémoires futures. Avec ces images somptueuses, il nous explique habilement le parcours du pollen, avant d’évoquer clairement la menace, et de nous donner des idées pour participer à une indispensable réaction. Beau et constructif. Espérons maintenant que la beauté saura bousculer l’indolence et l’avidité de nos contemporains… F.L.

Documentaire Réalisé par Louie Schwartzberg Durée : 1h17 Sortie en salles le 16 mars 2011 Site internet : www.disney.fr/pollen/ 120x160 POLLEN DEF.indd 1

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MA PA DU GAT


PART ATEAU

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Une licenciée économique se retrouve femme de ménage de l’un de ces traders qui sacrifient tout au culte du marché et du profit. Une relation va pourtant se nouer entre cette femme pétillante et cet homme arrogant... Cedric Klapisch ose. Le point de départ est grossier, mais pas son traitement. L’interprétation est formidable et la colère sincère. Face à la crise des consciences, Klapisch s’engage. Le film va faire mouche.

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’un côté la folle activité des marchés boursiers, l’arrogance des grandes tours de la Défense, les sommes vertigineuses de la City Londonnienne. Et de l’autre des ouvrières qui luttent pour garder leur usine, leur outil de travail, leur salaire, nourrir leur famille. Une France qui gagne et une France qui perd, toujours les mêmes, chacune à son extrémité de la société. France a perdu. Mère de famille, France est licenciée économique après la délocalisation de son usine. Mais France n’a pas le droit de baisser les bras, pour ses trois filles et son docker de mari. Retrouvant son énergie, elle doit se résoudre à chercher du travail où il y en a, et quitter Dunkerque pour la capitale. Ou une formation de femme de ménage l’attend pour un nouvel avenir. Steve est son antithèse. Trader aux dents longues, cynique et sans pitié, Steve est dévoué corps et âme au culte de l’argent. C’est le « winner » de notre époque, un aigle sur les marchés boursiers qui se laisse parfois aller à commenter avec le plus froid cynisme les dommages collatéraux de cet âge d’or de l’argent pour l’argent. La populaire France devient la nouvelle femme de ménage de la tour d’ivoire de Steve. Et bien

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que tout sépare ces deux-là, ils vont se rapprocher l’un de l’autre… C’est l’apanage des documentaires d’explorer les affres de nos sociétés, d’argumenter avec intelligence. Une production qui, d’ailleurs, ne cesse d’augmenter en nombre comme en qualité. Sur le registre social, la fiction est plus rare. C’est qu’il faut raconter une histoire tout en restant crédible face au quotidien. Et plus périlleux encore, sortir de la réserve du conteur pour prendre parti soi-même, sans pour cela sombrer dans la démagogie ou être accusé de récupération. C’est un choix délicat qui peut coûter cher, et pourtant Klapisch ose. Prenant un risque réel, il signe seul le scénario et quitte le confort d’un succès, d’une griffe de style qui fait consensus, pour s’engager dans le cinéma avec une conscience sociale. Il utilise son talent, son goût de la comédie, et à défaut de pouvoir leur échapper, enfonce le clou des clichés liés à son postulat de départ. N’est pas Kenneth Loach qui veut, mais si la planche est savonneuse, Klapisch est extrêmement convaincant. À l’image de son affiche très réussie, le contraste entre


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è les personnages fait loi, et s’il pourrait parfois manquer de finesse, il s’avère au final très réussi. Car Klapisch s’arrange de l’analyse sociale par sa sincérité, use d’un humour qui fait mouche contre la facilité des clichés, et enfin compense les faiblesses de ce développement balisé par un casting impeccable. Il est épatant de voir à quel point ses deux stars s’emparent de rôles grossiers, manichéens à l’extrême, pour en faire de formidables personnages, bien vivants. Gilles Lelouche a la plus lourde tâche. Steve est un super Kerviel, une abomination de notre système qui ne pense que gain et profit et pour qui les femmes ont moins d’importance qu’un bibelot posé sur son bureau. Retrouvant un rôle jumeau de celui qu’il jouait dans le triste Krach, il peut enfin donner à son personnage de trader une vraie épaisseur. Une performance d’autant plus notable qu’il aurait pu aisément disparaître derrière la prestation de Karine Viard, véritable premier rôle en mère du Nord. France est un cliché en blouse, une caricature populaire. Mais l’actrice s’empare

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du rôle avec une énergie, un humour et un naturel qui font merveille. À l’image de ce duo, le film est populaire, mais pas récupérateur. C’est pourtant un procès à charge qui est mené contre cette société bouleversée par l’ère des marchés virtuels, où pour gagner un peu plus on décide d’un clic de sabrer des vies. Une onde de choc dévastatrice sur une classe ouvrière boulonnée à un modèle industriel sabré depuis lurette sur l’autel des profits. Ce que l’on reprochera sûrement à Klapisch, c’est de ne pas pointer du doigt les méchants, tous les méchants. C’est en cela que Steve est un énorme cliché. Au personnage de concentrer tout un système, d’incarner une avidité institutionnelle, individualiste, mégalomaniaque et obsessionnelle montrer comme exemple de réussite. C’est cette religion de la spéculation, cette inhumanité toute entière que Klapisch voudrait saisir d’un coup,. Une mise en place, effectuée parfois avec de gros sabots, mais que contrebalance une fin qui ose. Extrêmement frustrante pour quelques-uns, elle sera une ultime claque pour la majorité.


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Avec son titre un peu tarte à la crème, Ma part du gâteau est une peinture musclée qui s’attaque au cynisme lattent en chacun, ce fatalisme épuisé qui veut que l’on accepte, que l’on finisse par considérer que tout cela est inévitable, normal dans une société où la confiance n’est plus de mise, où l’intérêt général est une notion

absurde et dépassée. Avec son discours engagé, sa comédie romantique militante, Klapisch nous invite à refuser de nous apitoyer, de nous habituer. Et à réagir, comme France. Klapisch assume son choix, et donne à nouveau la preuve de son talent. Aux salles obscures de saluer ce courage artistique, ce dont on ne doute pas.

L’avis du Petit Cinévore Devant le spectacle des infos qui détaillent une société de classes de plus en plus divisées, certains bougonnent. D’autres font un film. Celui de Klapisch est engagé, au point de présenter les choses d’une façon assez caricaturale. Mais le bougre est malin et a du savoir-faire. Pire, il est sincère. Sans être démago, il propose un reflet sans concession de notre société, et offre des rôles en or à ses acteurs. F.L.

Comédie dramatique Réalisé par Cedric Klapisch Avec Karine Viard, Gilles Lelouche, Audrey Lamy, Zinedine Soualem… Durée : 1h49 Sortie en salles le 16 mars 2011

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Jamais Betty Anne n’abandonnera son frère Kenny. Convaincue qu’il est condamné à la prison à vie pour un crime qu’il n’a pas commis, elle ira au bout de sa promesse, même s’il faut pour cela qu’elle devienne avocate… L’histoire est vraie. Et le parcours accompli par cette femme pour sauver son frère force le respect. Si la réalisation manque d’intensité à force de sobriété, le film peut compter sur un casting trois étoiles, Hillary Swank et Sam Rockwell en tête. è

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a petite maison est isolée, et son occupante, Katherine Brow, a été victime d’un véritable carnage. Pas une pièce où on ne trouve son sang. La police songe immédiatement à Kenny Waters, un proche voisin de la victime connu de la justice depuis son enfance. Balloté entre un foyer chaotique et de multiples familles d’accueil, Kenny attire autant la sympathie que les ennuis. Ce fanfaron attachant aux réactions imprévisibles n’a qu’une certitude : sa sœur Betty Anne. Comme à leur première séparation déchirante pour leur premier placement, ces deux-là sont liés par un amour sans limites. Deux ans après le meurtre de Katherine Brow, la police vient arrêter Kenny. Le témoignage de deux de ses anciennes compagnes l’accuse du meurtre. Le procès est mené à charge et Kenny se retrouve emprisonné à vie pour un meurtre particulièrement sauvage. Convaincue de l’innocence de son frère, Betty Anne refuse d’abandonner son frère à son désespoir. À défaut de moyen pour payer un vrai avocat, et en l’échange d’une promesse de son Kenny de ne pas baisser les bras, elle s’engage personnellement dans cette croisade folle.

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Cette jeune mère de deux enfants reprend ses études pour passer son bac, suivre des études de droit et devenir avocate. Pendant 18 ans, sacrifiant son mariage, mais soutenue par ses deux garçons et une amie fidèle, Betty Anne va mener la bataille contre ce système judiciaire sourd et aveugle. L’usage révolutionnaire de l’ADN pour identifier les indices va lui offrir cette opportunité qu’elle attendait pour réviser le procès de Kenny… Betty Anne est un de ces personnages hors norme, un de ces destins qu’on aurait du mal à croire crédible dans une fiction. Bien réelle, son exploit valait bien un film. Mais adapter 18 années d’épreuves, de suspens, de coups de théâtre et de sentiments bouleversants est une vraie gageure si l’on veut être à la hauteur des personnages qui ont inspiré l’histoire. De fait, le scénario final a mis dix ans à être élaboré ! On sent bien que les longues années d’étude sont un peu vite évoquées, la dislocation de la famille de Betty-Anne aurait mérité plus d’attention. Mais l’évocation du destin de Kenny et sa sœur ait finalement réussi grâce


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è à un montage habile qui concilie avec fluidité trois époques majeures : une enfance mouvementée qui nourrit autant la terrible réputation de Kenny que l’amitié indestructible entre frère et sœur, les années 80 et les évènements qui mènent Kenny à sa condamnation, et enfin le dénouement de l’affaire en 2001. En retrait, la reconstitution est soignée, mais opte pour une réalisation débarrassée d’artifices, au plus prêt de ses personnages. Des rôles confiés à un casting irréprochable. Minnie Driver est une super copine exemplaire, Juliette Lewis se livre à un numéro aussi court que percutant en « ex » édentée, et Ari Graynor touche immédiatement dans le rôle glacial de la fille de Kenny. Et, comme quoi le hasard est une bonne blague, on retrouve Melissa Leo. Juste récompensée d’un Oscar pour ce rôle de mère étouffante dans Fighters, la revoici sous les traits glaçants d’arrogance d’une flic irascible. Le rôle est court, mais essentiel. Melissa Leo, une fois de plus, relève le défi haut la main. Le rôle de Kenny Waters a été confié à Sam Rockwell, ce que l’on ne saurait trop saluer ! Il est génial en inlassable blagueur

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éminemment sympathique, mais capable d’exploser en une seconde, dévoilant un aspect nettement plus inquiétant. Et comme Julia Roberts a eu son Erin Brokovitch, Hillary Swank trouve là le rôle de justicière magnifique qui lui collera à la peau. Productrice exécutive du film et admirative de cette femme remarquable, sa prestation est agréable, même si un peu plus de fièvre n’aurait pas été de refus ! On regrette forcément que le travail accompli par Barry Scheck et Peter Neufeld, fondateur de The Innocence Project ne soit qu’évoqué. Mais l’histoire des 258 innocents (dont 17 condamnés à mort) qu’ils ont sorti de prison grâce à l’ADN mérite à elle seule plus d’un film… On aurait apprécié que la mise en lumière des failles de la justice soit encore plus pertinente et militante, que les bouleversements entraînés par le rôle de l’ADN soient plus exploités, mais ne chipotons pas : l’émotion est bien là, et l’évocation de l’erreur judiciaire efficace. Et la complicité de Betty Anne et Kenny illustrée avec énormément de tendresse et de respect. Comme cet amour sans faille est le fil rouge de toute l’histoire, difficile de rester insensible.


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L’avis du Petit Cinévore

C’est toute la difficulté d’évoquer rapidement différentes étapes d’une vie : on se trouve toujours frustré de ne pas en voir plus. Mais le compromis pour rendre compte de ces deux vies liées par un amour indestructible n’en demeure pas moins concluant, rendant justice à une bouleversante histoire vraie. Plus qu’une dénonciation des erreurs judiciaires et des enquêtes bâclées, Conviction est une célébration touchante de l’amour entre frère et sœur. C.M.

Drame Réalisé par Tony Goldwyn Avec Hilary Swank, Sam Rockwell, Minnie Driver, Melissa Leo … Durée : 1h47 Sortie en salles le 16 mars 2011 Internet : www.conviction-lefilm.com

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Revenge Entre Afrique et Danemark, un père et son fils sont confrontés à l’injustice, la violence, et chacun devra faire ses propres choix, avec des conséquences tout aussi dramatiques… Construite sur deux parcours parallèles, l’histoire est simple, et parfaitement évocatrice de cette limite entre nos idéaux et la réalité que l’on affronte. Tous les acteurs, petits et grands, sont absolument bouleversants. Un récit qui vous accroche et ne vous lâche plus.

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alayées par le vent du désert africain, des tentes de bric et de broc s’agglutinent en un improbable camp de réfugiés autour d’un hôpital de fortune. À la tête de cet ilot d’humanité, perdu dans une zone où la guerre règne, un médecin danois, Anton. C’est lui qui apporte l’espoir, comme ce ballon de foot qu’il jette aux gamins qui galopent derrière sa voiture. Loin de là, ses deux garçons et sa femme vivent au Danemark. Il les retrouve régulièrement, et parle divorce avec sa femme. Son fils aîné Elias ne parle à personne de la brutalité qu’il subit à l’école. Un nouveau venu va bousculer ce silence. Arrivé d’Angleterre avec son père après le décès terriblement pénible de sa mère, Christian a l’âge de Elias. En tant que nouveau, il subit à son tour la loi du plus fort. Mais sa réaction est spectaculaire lorsqu’il défendra Elias. L’amitié qui va souder les deux garçons n’en sera que plus forte. Alors que Anton, loin de sa famille, va devoir faire un choix entre ses convictions, sa vocation et la réalité qui l’entoure en Afrique, son fils Elias va aussi devoir faire ses propres choix lorsque ce nouvel ami l’entraînera dans sa colère contre l’injustice…

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Le titre original de Revenge est Haeven en Danois, et In a better world en anglais. Le parcours qui a mené à la métamorphose de ce titre est étrange, et ne sert pas forcément ce film simplement magnifique. Si la vengeance est bien présente dans les instincts des personnages, elle n’en est qu’un effet. Le cœur de ce récit d’une remarquable fluidité se trouve plutôt

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dans cet idéal que nous portons, que nous chérissons, ce que nous appelons civilisation ou moralité, et que les évènements autour de nous ne cessent de bousculer, d’écharper, jusqu’à nous pousser dans nos retranchements et nous le faire oublier. Par la force des choses, par une amitié magnifique ou par un amour de parent, les personnages vont s’efforcer de résister à cet assaut de colère, de haine, de vengeance donc. Et c’est cette fragile mécanique humaine qui rend l’histoire des familles de Elias et Christian si magnifique. En quelques secondes, chacun peut s’identifier à ce médecin confronté à l’abjecte, à ce père paumé depuis la mort libératrice de sa femme, à ce gosse qui se débat face à la disparition de sa mère. Et à leurs choix. L’évocation est d’une totale humanité, il en émane une réelle bonté grâce aux personnages d’Anton et de son fils, mais leurs parcours douloureux jusqu’à la colère ou au pardon sait aussi évoquer nos propres limites, celles de nos sociétés si policées. C’est intelligent et brillant. La réalisatrice Susanne Bier, déjà très remarquée pour ses drames Brothers et surtout After the Wedding, avec Madds Mikelsen, avait fait une incursion américaine réussie avec Nos souvenirs brûlés, interprété par Benicio del Toro et Halle Berry. Elle revient au Danemark pour ce Revenge, retrouvant son scénariste complice Anders Thomas Jensen. Une collaboration décidément fructueuse, et servie par une brochette d’acteurs fantastiques. Le seul que l’on connaisse un peu est le suédois Mikael Persbrandt, une vraie « tronche » et un sacré charisme que le public français peut apprécier dans la série Contre-Enquête, diffusée bien trop tard par TF1. Ulrich Thomsen réussit à donner une vraie densité au rôle délicat du père de Christian. On découvre Trune Dyholm, parfaite dans le rôle de la femme de Anton. Et les enfants sont tout autant remarquables. On souhaite une belle et longue carrière à William Johnk Nielsen (Christian) et Markus Rygaard (Elias). Avec sa caméra portée au plus près de ses personnages, Susanne Bier a signé une merveille de finesse. Il serait extrêmement triste que ce bijou d’émotion soit éclipsé par les autres sorties de la semaine. Pour qui hésiterait encore à aller voir ce film danois, rappelons que Revenge a remporté l’Oscar du meilleur film étranger et le Golden Globe du meilleur film étranger en 2011. C’est tout dire !


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L’avis du Petit Cinévore

Revenge parle de notre résistance. De la résistance de nos idéaux, de nos convictions face au monde qui nous entoure. En se concentrant sur ce père toubib humanitaire en Afrique et ces deux gosses réagissant avec toute leur candeur et leur violence face à l’injustice, le film touche droit au cœur, sans donner de leçon. Fort, évocateur, et universel. Un vrai beau film qui valait F.L. bien un Oscar.

Drame Réalisé par Susanne Bier Avec Mikael Persbrandt, Trune Dyholm, William Johnk Nielsen, Markus Rygaard… Durée : 1h53 Sortie en salles le 16 mars 2011

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Route Irish La guerre est un business privatisé lucratif, et les « agents de sécurité » sont les nouveaux héros de ce marché florissant. Ken Loach l’engagé s’empare du thème et au travers d’une histoire d’amitié, nous en dévoile un peu les rouages. Un sujet fort pour un traitement efficace.

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ur le bateau qui traverse le fleuve Mersey, au cœur de Liverpool, deux ados font les imbéciles, chahutant au mépris des passagers. Complices depuis toujours, Fergus et Frankie sont plus que des amis d’enfance, ce sont des frères. Le premier deviendra SAS et le second Para, avant que Fergus n’entraîne Frankie à ses côtés pour louer ses talents à une société de « contractors », mercenaires privés alléchés par une paie généreuse et une impunité totale pour tous leurs actes. Si Fergus est revenu de Bagdad, Franck n’a pas eu cette chance, abattu sur la Route Irish, la plus dangereuse route du monde qui mène à l’aéroport de Bagdad. C’est son cercueil qui revient à Liverpool. Dévasté, Fergus se sent responsable autant de n’avoir pas pu répondre aux derniers appels téléphoniques inquiétants de son ami que de l’avoir entraîné en Irak. Ce que ne lui pardonne pas Rachel, la compagne de Frank et amie de longue date. Entre rage et douleur, Fergus doute de la version des employeurs de Frank. Un doute qui va prendre une forme inattendue avec l’arrivée d’un colis envoyé par Frank : un téléphone portable. Pour décrypter son contenu, entièrement en arabe, Fergus va confier l’appareil à un musicien irakien. C’est ensemble qu’ils découvrent son contenu explosif : on y voit un taxi transportant une famille de civils abattus par l’équipe de contractors de Frank, avant que les deux enfants qui filment la scène ne soient exécutés à leur tour…

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Pourquoi ferait-on autant de guerres si cela n’était profitable ? Ce film repose sur un constat spectaculaire et terrifiant que le conflit Irakien a mis en lumière : la guerre est un marché, un véritable eldorado livré à l’avidité insatiable de sociétés privées, qui sous couvert de « services de sécurité » proposent aux plus offrants les services d’agent privés, soldats de fortunes et mercenaires, plus détestés encore par les civils que l’armée elle-même, et parmi lesquels s’illustrent d’authentiques « cow-boys » sans foi ni loi. L’effrayante quantité d’exactions commise par eux sur les populations civiles sera difficilement évaluable en raison d’un chiffre : le 17. Plus précisément l’ordonnance 17, imposée au parlement irakien par l’administration américaine, et qui promettait l’impunité totale à ces sociétés privées et tous leurs membres. D’autres chiffres pour vomir un peu ? Un million de morts en Irak. C’est le chiffre hallucinant avancé par le très sérieux journal médical The Lancet. 43 millions de dollars. C’est la somme empochée par le PDG

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David Lesar, prédécesseur de Dick Cheney à la tête de Halliburton. C’est aussi le plus beau jackpot des sommes remportées par les sociétés de guerre privées en 2004. 17 ans. C’est la période estimée par le corps médical pour que les traumatismes deviennent des troubles du comportement chez les anciens « agents de sécurité ». L’armée américaine elle-même se prépare à ce phénomène ravageur… Pour parler de ce constat avec pertinence, il fallait des artisans crédibles. À l’exemple de ce binôme ô combien recommandable : Paul Laverty au scénario (Carla’s song, Le vent se lève, Sweet sixteen…), collaborateur fidèle depuis 1996 de Ken Loach, pilier du cinéma britannique engagé. S’adjoignant les services de l’excellent Chris Menges à la photo, le duo s’est directement inspiré de la réalité pour traiter de cette privatisation de la guerre. Et si les images d’Irak réalisées en Jordanie - et soigneusement enrichies d’archives authentiques - sont efficaces, l’essentiel de l’action se déroule à Liverpool, loin des combats. Avec ses personnages solides, sa belle histoire d’amitié, Loach construit un portrait de baroudeur en forme de polar, fiction instructive sur les habitudes de ces compagnies privées. Par la bouche de Fergus, il dénonce les exactions des uns et des autres. Et nourrit habilement le doute sur la motivation à tuer de ces mercenaires pour qui la menace est partout, même en la personne d’un gosse tenant un téléphone. La tension est là, la rage aussi. On comprend et on y croit. Comme lorsque, déconnecté, Fergus se met à viser les passants avec son fusil à lunette. Et on enrage à voir les dirigeants si respectables de ces compagnies privées parader comme à la City, rêvant d’un monde où ils pourront vendre à la fois la guerre et la reconstruction qui en découle… Tout cela est si crédible que lorsque notre héros cède à ses tentations vengeresses, cet aspect de la fiction paraît presque trop facile ! Cette privatisation à outrance de la guerre mérite plus d’un film, mais celui de Ken Loach est à la hauteur de sa réputation. Efficace et bien construit, il met en avant un casting de débutants très aguerris. S’ils sont tous des professionnels du petit écran britannique, c’est le premier rôle sur grand écran de l’excellent Mark Womack dans le rôle de Fergus, d’Andrea Lowe dans celui de Rachel et du comique John Bishop dans celui de Frank. Un Ken Loach dénonciateur et carré qui ne déçoit pas.


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L’avis du Petit Cinévore

Après la légèreté d’un film avec Cantona, Loach fouille les entrailles de la guerre en Irak et, pimentant sa fiction nerveuse d’images réelles, met le doigt sur le nerf de cette guerre opportuniste : la privatisation des conflits au profit de compagnies prêtes à tout pour l’argent. On reçoit le message 5 sur 5. Prenant et édifiant. F.L.

Drame Réalisé par Ken Loach Avec Mark Womack, Andrea Lowe, John Bishop, Trevor Williams… Durée : 1h49 Sortie en salles le 17 mars 2011

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The Silent House (La Casa Muda) Venus pour remettre en état une maison abandonnée, un père et sa fille sont réveillés dans la nuit par des bruits suspects à l’étage… C’est d’Uruguay que nous vient cette rude épreuve pour les nerfs fragiles. Réalisé en une seule prise avec la fonction caméra d’un appareil photo, le résultat est aussi convaincant par sa qualité d’image que par l’efficacité de sa montée d’adrénaline !

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ne toute jeune femme franchit une barrière branlante et suit son père dans les hautes herbes. Ils remontent tous deux vers une bicoque qui apparaît à peine sous la végétation. Les fenêtres sont closes, barrées de planches. La jeune femme en fait le tour, tentant au travers des interstices de saisir une image de l’intérieur. Elle est sortie de son exploration par une voiture qui arrive. Laura va avec son père Wilson au devant du propriétaire de la maison, un ami de Wilson. La bicoque est presque vendue, il est temps de lui redonner bonne mine. Wilson et sa fille sont là pour ça. Il a prévu qu’ils dormiraient tous deux sur place pour démarrer la journée au plus tôt, en commençant par le jardin. Le propriétaire les invite à entrer, leur fait découvrir l’intérieur à l’abandon à la seule lueur d’une lampe, prévenant que le triste état que l’on constate au rez-de-chaussée est probablement pire encore à l’étage. Et qu’il est préférable de ne pas s’y rendre. Laura explore les étagères fantomatiques, détaille les bibelots oubliés, puis rejoint Wilson dans le salon afin de s’installer pour la nuit. C’est alors que se font entendre des bruits à l’étage…

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Le frisson a souvent des saveurs du sud depuis quelques années. Et nous avons pris bien du plaisir à voir les talents circuler entre l’Espagne et le Mexique. Il faut désormais compter un territoire de plus dans le club des fileurs de trouille à la sauce latine : l’Uruguay. Ce petit coin d’Amérique du Sud nous apporte régulièrement des films étonnants, de 25 Watts au récent Sale temps pour les pêcheurs. En compétition au 63e Festival de Cannes pour la caméra d’or, projeté au dernier festival fantastique de Gerardmer, la Casa Muda de Gustavo Hernandez a parfois été survendu par certains, mais a accumulé auprès des amateurs un capital sympathie mérité. Car cette intrigante pépite de frousse est aussi porteuse d’un fantastique

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message d’espoir à tous ceux qui désespèrent de faire le film de leur rêve. Après le très réussi Rubber, cette Maison du silence (titre très mensonger de fait…) est le second film entièrement réalisé avec la fonction caméra d’un appareil photo digital dernière génération. Un engin maniable à souhait dont le directeur photo, Pedro Luque, exploite les capacités avec une réelle ingéniosité : le résultat à l’image est des plus convaincants. Mais si nos chers uruguayens ont choisi cet outil encore inhabituel, c’est pour deux excellentes raisons : réaliser un film avec moins de 6000 dollars de budget, et le réaliser en un seul et unique planséquence d’un peu moins d’une heure et 28 minutes… Si la prouesse n’est pas une première, elle reste audacieuse rien que par le casse-tête délirant qu’il implique dans sa préparation. Cette dimension temporelle opère deux effets intéressants : une immersion des acteurs certainement plus intense, mais aussi une réelle immersion du spectateur. La fluidité troublante de l’enchaînement des évènements sans coupe artificielle, sans subterfuges supplémentaires, produit un effet étrange sur notre perception habituée aux effets de narration. Loin d’être accessoire, le choix de réalisation apporte un plus non négligeable à ce suspens séduisant qui s’il ne tient pas toujours la dose d’adrénaline au maximum, sait diffuser une belle angoisse. Les blasés auront vite en tête d’autres productions qui ont employé la même situation, et certains devineront probablement la chute imaginée par les deux scénaristes à cet authentique fait divers resté célèbre en Uruguay pour n’avoir jamais été élucidé. Reste que le talent de Hernandez est évident. Pour son premier long métrage, il fait preuve d’une vraie maîtrise technique et d’une rigueur que l’on espère pouvoir découvrir ultérieurement dans un instructif making of... Ultime preuve de ce talent, le film n’est pas sur tous les écrans que la machine hollywoodienne s’est déjà précipitée pour en un faire remake, présenté au dernier festival de Sundance ! À noter que le film s’offre après générique, une seconde séquence, rajout décidé après le passage du film à Cannes. Loin de décevoir, cette scène apporte une réelle poésie, morbide, mais touchante, qui fait un beau contrepoint au final d’avant générique. À découvrir pour se ronger les ongles de joie…


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L’avis du Petit Cinévore

Rubber nous l’a promis, Casa Muda le prouve : avec beaucoup de talent, très peu de thune et un appareil photo digital en mode caméra, on peut réaliser un vrai film qui sait jouer avec l’angoisse. Gonflé, Hernandez ose même réaliser son premier film en un seul plan séquence. Un défi technique qui apporte un plus non négligeable à ce film d’horreur fort agréable. F.L.

Horreur Réalisé par Gustavo Hernandez Avec Florence Colucci, Gustavo Alonso, Abel Tripaldi… Durée : 1h28 Sortie en salles le 16 mars 2011

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Critique

Les chemins de la mémoire À sa mort en 1975, Franco léguait à son pays un terrible héritage de haine et de mort. 30 ans plus tard, les survivants refusent l’oubli, et ont enclenché un vaste processus pour retrouve les corps des disparus. Précis et pragmatique, cet état des lieux de la mémoire espagnole vaut autant pour les faits terrifiants qu’il énonce que l’évocation de cette mémoire pour un peuple hésitant entre ouvrir les yeux ou les fermer définitivement. Éloquent et puissant !

L’

image montre un ministre éploré annonçant que Franco, héros national et leader incontesté du pays, vient de s’éteindre en ce jour de novembre 1975. Cette image officielle possède un autre aspect, incarné par ce brillant légiste qui se rend sur un lieu de fouille perdu dans la compagne. Grâce aux témoignages d’habitants qui osent enfin parler de leur voisin, de leur père, de leur enfant disparu, un programme de recherche national s’emploie à repérer les charniers où les franquistes ont enterré les corps de tous les opposants, communistes déclarés ou juste obstacle à une ambition personnelle. Alors que toute une partie de l’Espagne nie ce passé trop proche, trop douloureux parce qu’il a littéralement remodelé la société espagnole, les descendants et proches des quelques 130 000 disparus sont parvenus à rendre cette réhabilitation officielle. Désormais, à travers toute l’Espagne, on ne compte plus les fosses remplies d’ossements humains, confiés à des équipes de spécialistes chargés de les identifier. Autour d’eux, les langues se délient, les consciences se libèrent, et c’est 40 années de terreur qui prennent forme… Il n’y rien de pire pour une démocratie que de devoir

déterrer, sous ses fondements, les bases d’un état qui a pratiqué la répression la plus abominable pendant près d’un demi-siècle. Faire face à cette mémoire, au prix d’une remise en question de ce qui compose son quotidien, est un risque que très peu sont prêts à courir, préférant de loin qu’une chape de plomb ne tienne éloigné d’eux ces atroces fantômes. Chaque pays a dans son histoire de ces revenants qui tracassent les consciences. Mais ceux de l’Espagne étaient trop encombrants pour rester très longtemps dans l’ombre. Et il en faut du courage à un gouvernement pour officialiser ce devoir de mémoire contre une opinion publique souvent violemment opposée. Un travail pénible et laborieux que ce documentaire entreprend, pour la première fois, de retracer. Ce film, solidement structuré permet en évoquent les mémoires de brosser un portrait réaliste de la vie des opposants franquistes sous la botte du dictateur. La mémoire des morts, que l’on déterre et que l’on identifie à l’aide des voisins et proches qui se souviennent encore. Celle de ceux qui ont vécu ces horreurs, et lutte contre la disparition de l’immense prison où ils ont passé tellement de temps avant de subir au quotidien la vie d’espagnols de seconde zone, bafoués, expropriés, contraint de vivre au coté même de ceux qui ont tué les leurs. Celle des innombrables expatriés, enfants à l’origine parfois définitivement éradiquée par le jeu des adoptions systématiques, et qui reviennent pour retrouver ce passé à défaut d’avoir jamais une vraie vie. Un parcours qui révèle même des pans ignorés de l’Histoire, comme le rôle des camps de concentration du sud de la France, et le destin terrible de ces républicains envoyés pour bâtir les camps de concentration allemands dont ils ne sont jamais revenus.

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De nombreuses fois primé, ce documentaire riche en images d’archive séduit par sa construction solide, le recul pris d’avec les évènements et le pragmatisme de son exposition des faits. On appréciera plus ou moins l’intervention des deux danseurs qui symbolisent ce combat fraternel pour ou contre la mémoire. Si elle aère un récit souvent

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terriblement chargé en émotion, cette figure de style n’était peut-être pas indispensable. Mais pas au point de nous sortir d’un état des lieux qui bouscule. L’intervention de Jorge Semprun s’avère en revanche judicieuse, posée et constructive. Elle nous permet d’apprécier les témoignages bouleversants de ces survivants qui témoignent de leur captivité dans les lieux même de leur prison délabrée, ou plus fort encore dans une classe de collégiens dont beaucoup ignorent les raisons de cette démarche si douloureuse. Les paroles de ce prisonnier devenu poète par résistance, puis de cette expatriée à la simplicité déchirante valent tous les exposés. Leur propos sont aussi

intenses et choquants que peut l’être l’atterrant spectacle de ces nostalgiques de Franco, qui viennent honorer la mémoire de leur idole en saluant la main bien tendue. José Luis Peñafuerte, le réalisateur, est né à Bruxelles. Enfant de ces déportés de la terreur, il s’emploie à en faire renaître l’histoire depuis son premier film. La rigueur de son travail dépasse la dimension politique et militante de sa démarche pour se concentrer avec intelligence sur ce qu’il envisage comme un “dispositif d’alerte” contre l’oubli et les périls de la négation, conçu à l’intention des générations futures. C’est une réussite.

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L’avis du Petit Cinévore Accepter un passé d’horreur, c’est remettre en question son propre bonheur passé. On comprend que l’Espagne d’aujourd’hui, belle et moderne, se refuse à revenir sur les noires heures de Franco. Dépassionné et précis, juste embarrassé de deux danseurs superflus, ce documentaire bouleversant retrace avec beaucoup d’intelligence le parcours de cette mémoire niée en même temps que le travail de ceux qui la déterre officiellement. Essentiel. F.L.

Documentaire Réalisé par José-Luis Peñafuerte Durée : 1h31 Sortie en salles le 16 mars 2011 Internet : www.lescheminsdelamemoire.com

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Critique

Les Moomins et la chasse à la comète Le monde tout doux et plein de fantaisie des adorables trolls finlandais revient sur grand écran pour le plus grand plaisir des plus jeunes et des aînés nostalgiques qui les accompagneront !

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lors qu’un nouveau jour commence, Moomin découvre sa belle vallée privée de toutes ses éclatantes couleurs : tout est gris, recouvert d’une épaisse couche de poussière. Moomin s’inquiète forcément. Et ses craintes sont décuplées après qu’il ait rencontré Monsieur Rat Musqué, juste descendu de son hamac. Pour ce fin penseur qui voit tout en noir, cela ne laisse aucun doute : cette poussière est le signe annonciateur d’un grand désastre. Une menace qui vient de l’espace, puisqu’un météore file droit sur la Terre. Comme toujours, les parents de Moomin ramènent un peu de mesure dans tout cela et proposent à leur fiston d’aller directement poser la question aux scientifiques qui observent les étoiles, là-bas dans leur observatoire, tout en haut de la montagne. Une nouvelle aventure qui enflamme Moomin d’impatience, et un petit peu moins son fidèle compagnon Sniff, peureux et inquiet comme toujours. La petite famille construit un radeau pour que les deux enfants descendent le fleuve vers les montagnes. Mais l’équipe n’est vraiment au complet que lorsque Moomin et Sniff retrouvent sur la rive, Pipo, le philosophe qui ne veut rien posséder pour rester libre. Celui-ci se joint bien sûr à eux… Quelque part entre Colargol et les Barbapapas, il y a les Moomins. Cette famille de trolls charmants épris d’aventure et de liberté avec une fantaisie toute nordique sont nés sous le crayon de l’illustratrice Tove Jansson dès 1939, et sont devenus des stars des petits dans sa Finlande natale dès 1945, avant de vite

conquérir les petits amateurs d’histoires remuantes au-delà des frontières. Collaborant activement avec son frère Lars, Tove Jansson explore le petit monde des Moomins avec treize livres et une centaine de bandes dessinées. C’est en 1978 que Moomins devient une série d’animation pour la télévision, conçue avec le studio polonais Se-Ma-For, une référence à cette époque. Des marionnettes en polystyrène et feutrine, animées sur des plaques de verre peintes et superposées afin de pouvoir jouer avec les plans et la profondeur de champ. Par la suite, un lamentable désaccord de coproduction interdira ces images de distribution en Scandinavie pendant 20 ans ! Mais les Moomins ne s’arrêtent pas pour autant. Les fidèles les retrouvent sur papier, mais aussi sur le petit écran, notamment avec une série japonaise qui au long de 104 épisodes, continue de populariser avec succès les personnages finlandais dans les années 90. L’idée de réhabiliter la série originale prend forme en 2007, avec l’idéal de réunir les meilleurs épisodes. 78 d’entre eux sont sortis des cartons, restaurés, reformatés en 16/9eme. Et certains scénarios réécrits pour coller d’encore plus prêt à l’oeuvre de Jansson. Le résultat est visuellement exemplaire, parfaitement dépoussiéré, et chaque personnage ayant désormais sa propre voix, la bande-son originale du film est une des plus fréquentables du moment : Max Von Sydow est le narrateur, les personnages étant confiés à Stellan Skargard (papa Moomin) et son fils Alexander (Moomin), Mads Mikkelsen parlant pour Sniff et Peter Stormare pour Snufkin ! La musique étant confiée à une inconditionnelle de la première heure, Bjork en personne. Excusez du peu. À l’adulte néophyte en troll finlandais, le rythme des aventures de ces adorables héros pourra apparaître irrégulier, précipité, surprenant même dans sa dramatisation de grosses terreurs, et en même temps léger et naïf. C’est que les petits s’y retrouvent parfaitement. Les Moomins n’entendent pas faire un cours d’astronomie, mais écrire au nom de la plus grande liberté une liste à la Prévert de l’aventurier où s’enchaînent péripéties héroïques, instants de tendresse et d’amitié, frissons inquiétants et petits moments rigolos. Ce qui peut nous apparaître décousu, jonglant d’une émotion à une autre, d’un pic dramatique à un autre, est précisément ce qui captive les petiots.


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chanson par originale

Björk

L’avis du Petit Cinévore Une histoire racontée par

Max Von Sydo

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Une grande aventure pour les tout petits ! Un film de Maria Lindberg - Producteur : Tom Carpelan - Scénario : Joel Backström, Livo Baric, Minna Karvonen, Anders Larsson - Montage : Maria Lindberg Mixage : Revolver Studio/Askd Ahonen - Musique : Björk, Andrzej Rokicki - Une production Filkompaniet

AU CINEMA LE 16 MARS

la gachette

Mais non, benêts que vous êtes ! Les Moomins ne sont pas un dessin animé nippon. Pas seulement. Ce sont surtout des héros finlandais de la petite enfance qui ont eu leur première heure de gloire télévisée dans une série animée à l’ancienne. C’est cet univers de feutrine et de polystyrène qui revit sur grand écran, servant à merveille la fantaisie de ce petit monde adorable, servi par un casting nordique trois étoiles. Les grands blasés peuvent accompagner les petits amateurs d’aventure. C.M.

Animation Réalisé par Maria Lindberg Durée : 1h17 Sortie en salles le 16 mars 2011

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Catastrophisme

World Invasion : Battle Los Angeles Précédé par une bande-annonce terriblement appétissante, c’est la grosse bête hollywoodienne du mois, le monstre à effets spéciaux conçu pour remplir les salles et satisfaire notre insatiable appétit pour les ravages, les désastres et autres fins du monde. Même lorsque, dans le même temps, un désastre bien réel secoue une partie de la planète sans pouvoir assurer d’un quelconque happy end. Faut-il que la nature humaine soit vicelarde…

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l’occasion de la sortie aux USA de sa superproduction Battle : Los Angeles, la maison de production Sony s’est fait une grosse peur. Une angoisse futile, pour ne pas dire indécente au regard des enjeux, mais qui partait d’un bon sentiment, aussi humain qu’objectif. À l’heure où la méga-production associant guerre, catastrophe et invasion extra-terrestre arrive dans les salles obscures, voilà que tous les écrans sont envahis en temps réels et sans interruption de visions d’apocalypse de villes entières balayées par une nature déchaînée. Sony envisage bien évidemment que ce désastre bien réel pourrait détourner les amateurs de catastrophe des cinémas. Réflexion qui semble pleine de bon sens.

Verdict quelques heures plus tard : le film accumule 13.5 millions de dollars en une seule journée, prenant la première place du classement des films en salle et préparant les heureux producteurs à un weekend à donner le sourire à tout comptable normalement constitué. Le Japon peut disparaître sous les eaux et la détresse, de toute évidence, notre goût pour le désastre et la catastrophe est inépuisable… Faut-il pour autant inviter chaque spectateur à s’allonger illico sur un canapé de psy pour confesser cette perversion rivetée à l’âme ? Nenni. Déconsidéré, méprisé, volontiers moqué mais régulièrement remis au goût du jour suivant les capacités des apprentis sorciers des effets spéciaux, le genre « catastrophe » peut-être considéré comme une véritable psychanalyse populaire. Sauf que la séance est moins chère et que l’on peut y manger du pop-corn.

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La fonction d’un film catastrophe est la même qu’un conte des frères Grimm, dans sa version originale non édulcorée : provoquer les peurs pour mieux les dépasser. Entre réflexes fatalistes de survie et appétit d’adrénaline, le plaisir vient dès lors du savoir-faire du faiseur d’image, ou de son sadisme les deux étant intimement lié. Plus le casting est vaste et plus on pourra le sacrifier en quantité, si possible de la façon la plus craspouette, et pi sur méga grand écran, en HD, en 3D… Plus on s’y croit, mieux c’est. Nous passerons sur les couplets lénifiants sur la grandeur de la religion qui sait si bien choisir ses rares survivants, la gloire du patriotisme qui autorise tous les sacrifices, ou le message publicitaire à peine voilé pour un engagement dans l’armée, institution qui met un point d’honneur à participer activement à tous ces tournages. Le désastre a cela de pratique qu’il semble pouvoir justifier bien des idéaux… Mais il permet aussi de revisiter notre réalité avec un cynisme qui ne manque pas de saveur. Rappelons-nous ces américains du Jour d’Après, devenus immigrés clandestins refoulés à la frontière du

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Mexique… Ces images de fin du monde font toujours souffler un vent de bonne conscience volontiers moraliste, que ce soit Paul Newman regardant la tour flamber telle l’incarnation de l’arrogance humaine, ou le moine tibétain attendant paisiblement la marée tout en haut de son Himalaya. L’essentiel reste la conclusion, qui a de très rares exceptions est toujours la même : l’humain s’en sort toujours, contre toute logique, invulnérable, invincible. Un vœu pieux qui explique à lui seul pourquoi nous aurons toujours besoin de catastrophes imaginaires pour supporter les vrais désastres… Comme attiré par le vide, la démarche ne manque pas d’être parfois malsaine. Mais le cinéma n’ira jamais aussi loin que d’autres médias, toujours si prompts à commémorer bien plus le frisson des catastrophes que la mémoire de ses victimes… Conçu par Jonathan Liebesman, un artisan prometteur et depuis lurette adepte du genre – son premier court ne s’appelait-il pas Genesis and catastrophe ? - World Invasion : Battle Los Angeles s’inscrit dans la même catégorie,

avec une nuance importante. À la différence des films catastrophes qui dépeignent une nature toute puissante, il est ici question d’invasion, et donc d’ennemi. Ça change tout. On ne peut rien faire contre une nature déchaînée, pas même lui en vouloir. En revanche, les envahisseurs, qu’ils viennent de Jupiter ou d’un continent voisin, sont des agresseurs. Qui enrichissent le genre catastrophe d’une équation très appréciée d’un public cherchant perpétuellement à se rassurer : si ceux-là sont des méchants, nous sommes forcément les gentils… À la tête d’une armada d’effets spéciaux ahurissants, et revendiquant un scénario simplissime au possible, le réalisateur de Massacre à la tronçonneuse : le commencement entend se consacrer tout entier au spectacle, en mettre plein la vue avec un carnage menant, on n’en doute pas une seconde, vers une happy end pour l’humanité. On notera d’ailleurs parmi les premières réactions, majoritairement positives, qu’à force de vouloir faire de chaque humain un héros face aux vilains zaliens, il serait plus facile de s’attacher aux explosions qu’à ceux qui les subissent…

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Science-Fiction Réalisé par Jonathan Liebesman Avec Aaron Eckhart, Michelle Rodriguez, Ramon Rodríguez, … Durée : 1h56 Sortie en salles le 16 mars 2011

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Critiques

Pas vus... Pas pris ! Les films dont on a raté les projections presse... ou alors on était pas invités, tout simplement ! Au bistro du coin de Charles Nemes Les habitants d’un quartier se mobilisent pour monter un spectacle au profit d’un sans-abris. Le bistro du coin sera le lieu de cet improbable défilé… Co-écrit et interprété par Fred Testot, le casting à l’éclectisme excitant, de Vincent Desagnat à Frédérique Bel en passant par Eddy Mitchell, Bruno Solo ou Eric et Ramzy. Un film doublé en 6 différentes… langues régionales, une première !

La brune brûlante de Leo McCarey Alors que les absences de sa femme le poussent un peu plus dans les bras d’une brune incendiaire, Harry est chargé d’aller à Washington pour enquêter sur un projet militaire ultrasecret qui inquiète la population de sa petite ville… Paul Newman dans une comédie légère ? Si c’est possible ! Devant la caméra d’un monument de l’age d’or Hollywoodien, en 1959, le beau Paul est en belle compagnie: celle de Joanne Woodward et d’une toute jeune Joan Collins. Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon de Elio Petri Convaincu que personne n’osera accuser un personnage comme lui et mettre en péril la sacrosainte hiérarchie, le chef de la brigade criminelle, qui vient d’égorger sa maîtresse, va jusqu’à diriger les recherches dans sa direction… Elio Petri n’est pas un nom très connu, mais ne le sous-estimez pas. Sorti en 1970, son film est d’une intensité exceptionnelle, un fleuron du cinéma politique italien, avec une formidable musique d’Ennio Morricone et un Gian Maria Volonte d’anthologie. Un monstre à ne pas rater.

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L’étrange affaire Angelica de Manoel de Olivera Venu faire le portrait d’une jeune morte magnifique, un jeune photographe découvre que son modèle reprend vie dans l’objectif, pour lui. Cet amour va le hanter… Quand on vous dit que l’art est la meilleure antidote contre le temps ! À 101 ans, sur un scénario écrit en 1952, maître de Olivera compose une vision poétique et passionnelle de la mort, de l’amour et de son rapport à l’image.

La fille sur la balançoire de Richard Fleischer En dépit de l’amour que lui porte Harry, la belle et naïve Evelyn devient la femme du célèbre architecte Stanford White. Elle découvre vite que ce séducteur est un individu violent… Richard Fleischer savait tout faire. Le réalisateur de Soleil vert, Conan le destructeur et 20 000 lieux sous les mers (!!) signe en 1955 cette chronique fatale d’un triangle amoureux. Avec Joan Collins dans le rôle de la belle ingénue.

Légitime défense de Pierre Lacan À la disparition de son père, un passé dont il ignore tout met en péril la vie de famille tranquille de Benoit. Il n’a d’autre choix que retrouver ce père, et se battre pour les siens… Premier long métrage d’un acteur, ce polar réuni une belle distribution puisque autour d’un Jean-Paul Rouve qui explore enfin son registre dramatique, on y retrouve Claude Brasseur, Gilles Cohen et Olivier Gourmet en méchant.

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Gaza-strophe, Palestine de Samir Abdallah et Khéridine Mabrouk Le 20 janvier 2009, Gaza se réveille de sa dernière guerre avec Israël. Au coté des délégués palestiniens des droits de l’homme, les deux réalisateurs constatent l’ampleur de la «Gazastrophe» et saisissent l’état d’esprit des gazaoui… Après une belle carrière en festival et une solide brassée de récompenses, ce documentaire douloureux sort enfin en salles !

Ha ha ha de Hong Snagsoo Parti au Canada, un réalisateur Coréen rentre dans son pays, rencontre un critique de cinéma, puis une jeune femme… Le dernier film du cinéaste sud coréen indépendant, remarqué pour sa démarche exigeante très inspirée par Bresson, a remporté le prix Un certain regard au 63eme festival de Cannes. On y retrouve Moon So-Ri, l’héroïne de Une Femme Coréenne. Bref, c’est pas franchement du Michael Bay.

Lucia de Lammermoor au Metropolitan Opera de New York Inspiré du roman The bride of Lammermoor de Walter Scott, cet opéra en trois actes de Gaetano Donnizetti raconte la lutte entre deux grande familles écossaises alors que la guerre entre catholiques et protestants bat son plein. 4 bonnes heures de spectacle données au Metropolitan Opera de New York que les passionnés pourront découvrir en salles et en direct dans les salles référencées par www.cielecran.com

Tristant et Iseult eu Royal Opera House de Londres Humilié par Tristan, Iseult fait le serment qu’ils mourront ensemble… Considéré comme un oeuvre marquante dans la carrière de Richard Wagner et un Opéra majeur dans l’histoire du théâtre lyrique occidental. Cette représentation Londonienne sera retransmise en direct en salles. Pour trouver une salle, les connaisseurs fileront se renseigner sur www.cotediffusion.fr.

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