porte sauvage 10/6

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Porte Sauvage Delphine Menard



Porte-Sauvage 10/6



Delphine Menard Porte-Sauvage 10/6



Delphine Menard Porte-Sauvage 10/6 2008



Delphine Menard Porte-Sauvage 10/6 2008

Penser en silence ce qui se fait. & Pensé en silence ce qui est fait. & Pensée en silence, inscrite. & Pensées en silence ont disparu.



Préface pour anti-septiques

livret, où sont piégé des passages du livre à venir. poésies et rimes au poing. personnification au stade primaire idées à voir. petit sourire aux septiques. Post face

à vide ‹ accès !



Des sauvages sont partis aux moissons cérébrales Penser en silence ce qui se fait :

U

n jour qu’il allait faire beau, j’ai rencontré un chant de peine. L’aube est encore basse et porte sur son dos de vieilles folies acariâtres qui la gênent pour se relever. J’ai rencontré dans cette lente mouvance à peine lumineuse des parfums de haines, des parfums chargés de sang. L’aube s’est retournée, elle a vu l’existence ne plus croire en son feu. Le jour est levé, montre les champs des hommes bouffés par le soleil.


I

l y avait un chariot blanc qui traversait les campagnes, les forêts, les banlieues, les villes, chargé de cadavres, il poursuivait sans relâche sa course tentaculaire. Le chariot est blanc, tassés au fond il y avait des corps roses, des corps verts, d’autres, des corps usinés pourrissaient au-dessus. A eux tous, ils étaient noirs. Le chariot est beau, rond, confortable. Les corps sont perdus appartiennent à leur temps mais ils ont beau s’entasser, il reste tant de place. Pourtant il en est un perdu en chemin qu’on ne va pas chercher. Ils s’entassent, et les pourris sont nouveaux, et les vieux sont roses, comme protégés par le moisi. Ça pue la bouffe expulsée, mais le chariot est si beau, alors il peut passer, et il passe, tous les barrages et toutes les mers jusqu’à ce qu’il touche le bout du supportable et parte rouler vers le ciel où attendent les fosses blanchies.


A

ller parle-moi de toi et de tes buts - Franchement ! Je vais te dire franchement parce que j’en ai marre qu’on ne comprenne pas mes idées, je vais te parler de l’état, c’est concret, facile à comprendre. Alors j’ai comme but de devenir une anorexique pas trop trash, aussi une très bonne créatrice de tout, et plus banalement d’arrêter cette putain de clope. - (Pas de réponse)… - Ouais… Difficile de répondre, en même temps, c’est comme si je t’agressais en te parlant comme ça, t’as qu’a juste penser et t’en souvenir, pour le raconter aux autres. Ça leur plait aux autres de savoir qu’ils sont sur la bonne voie et que l’autre là-bas elle délire plutôt pas mal. - Mais ça restera entre nous… - Entre nous ? Mais y a quoi entre nous il y a déjà rien avec moi, désolé, mais j’ai pas assez communiqué ces temps-ci, et j’ai plus l’habitude de me cacher, puisque personne ne me voit. - J’t’arrête ! Tu parles de solitude mais tu l’es pas, c’est trop ce que tu dis, ça m’énerve que tu dises ça, moi par exemple… - TOI ! Bah toi t’es comme il faut et ça changera pas, sauf dans un paquet d’années peut-être,


quand tu feras une dépression totalement normale et que tu te l’expliqueras de manière normale, ce sera facile, même quand ce sera dur, toi, tu t’en n’est pas sorti, c’est pour ça que tu vas mal et tu le sais même pas, et c’est pour ça que tu devrais pas te prendre comme exemple avec des gens comme moi. - Arrête de tout le temps tout ramener à toi ! - Je ramènerais pas si il n’y avait pas que moi comme moi autour de moi, et putain si tu savais, comme j’ai cherché, beaucoup, beaucoup, pas assez longtemps sans doute, enfin…, ma seule erreur dans ce que je t’ai dit c’est de t’avoir dis, mais j’en ai plus rien à foutre de dire, j’te l’ai dit, y a personne, et toi…, t’es même plus là.


D

’un geste effroyable il s’agrippe à mon bras - Rapproche et soupire, frappe et hurle Je sauverai mes idées de cet amour Nu et aveugle - Nue et écorchée - Retournée par amour dans des positions terribles - Parce que c’est ce qui se fait - Je ne souris plus - Ah oui ! je ris tout grand mais ne souris plus - Je suis salie - Je plie mon cœur qui se déçoit, et se dévisse Et s’il résiste c’est parce que ça se fait - Si nous durcissons c’est par dégoût - Je transpire son amour, mon sale amour - Je lui donne la souillure de mon indifférence, de mon silence - Je lui balance le parfum passé de ses chères roses puantes. Superbe élan de déballage - Des mots en formes Des succès de manières - On voit même les cheveux qui flottent au vent - Et son halène gouvernementale qui crache son odeur d’Homme des hommes - La petite misérable souffre sa médiocrité - « Dis rien, c’est que du jeux » elle croît - Ah… ! Et bien finalement non Petit vermicelle, ma douce pucelle - Ta vertu ma chérie je la perfore, ton courage du vent que je balaye avec mon poing - Vieux monstre, bête de


cauchemar, singe, et volaille braillante. Je te hais de te mêler de moi à moi, comme le font les pires des bêtes humaines qui déversent leurs sales vices sur les petits enfants.

L

’amour rend immobile et immonde. Le bonheur qu’il dégage est immonde. Le désir qu’il suscite, désir immonde. La peine qu’il inflige, immonde. La pose qu’il fait prendre, immonde. L’amour fini en chevauchées suantes, fini en flaques, en hennissements, puis tout éclaboussés, et en larmes sans sel et immondes. Donnez-nous majesté, votre meilleure réforme. Buvons Altesse à votre belle réforme. J’ en peux plus de vos bavardages, mais enfin, cette vieille pieuvre, vous ne pouvez pas la laisser vous attaquer une bonne fois pour toi. Elle a besoin de son envie. Elle a besoin de vider les autres pour se faire


jouir. Ah, la voici qui bouffe… Elle plante sa cuillère, avec de grands yeux, en frottant ses mains écorchées contre son ventre, elle appuie fort, ça éclate son bide comme un vieux bouton jaune. Elle prend de grandes cuillerées d’elle-même, devant celui-là qui ouvre sa gueule. - « Donne-moi de toi, dépêche toi ! » Et comme il commence à se déshabiller, fait descendre son pantalon qui s’accroche en accordéon à ses chevilles, elle lui dit en se reculant : -« Viens maintenant. » Il se penche en avant, la trique reste piégée à ses pieds de plomb. Elle rie fort, il lui rappelle le petit porc qui clignote à sa fenêtre. Sauf que c’est elle qui frotte son bide. - « Tu as très faim ! » Toujours la cuillère à la main, elle tend le bras vers l’homme enseigne. -« Allez, je te laisse goûter, mais dépêche-toi, allez ! » Alors il finit par s’étaler complètement sur la moquette, et comme sa bouche n’atteint pas l’ustensile, et que le jus se perd de la cuillère, il attend que tout soit par terre pour coller sa


langue sur les poussières gonflées de jus. -« Aspire, aspire » elle lui dit. L’homme a fini par mourir du poison, il est devenu tout rose et tout propre comme le petit porc près de la fenêtre. Alors elle fait entrer le suivant.

& Pensé en silence ce qui est fait :

T

out à l’heure j’ai reçu en pleine gueule. On m’a poussée au milieu des casseroles et des plats dégueulasses. J’ai pas crié. Ma tête volait, conduite par mes cheveux tendus qui ondulaient, et brusquement s’étiraient, soutenant les rythmes claquants de ma tronche qui se fracassait contre des morceaux de corps, de table et d’angles. Vite, vite, très vite. À genoux, à terre, dans une flaque je glisse, relève cette tête, debout, et dessus en pleine gueule j’ai reçu.


Ah ! Merci, j’aime crever sous ce poing, et ranger les souvenirs de ma tête en photos. Il n’y a pas eu d’erreur. Quel beau bleu, quel rouge ! J’ai la cervelle qui palpite. Ce rouge était la certitude que je devais vivre. Mon corps perçu par ma tête a donné des coups de pelle à mes sentiments. L’extension du temps, dans cette nuit, dans ces projections, me retourne et me plonge. Je me prends pour une tranche de viande saisie à la poêle dans son propre gras, avec plein de morceaux d’oignon carbonisés collés à ma croûte. Pour un temps je me mets à pousser contre ma joue et mes yeux un vent chaud qui fait miraculeusement rougir mon cœur, assouplit les alentours, dore ma peau. J’ai une ou deux solutions ou résolutions qui posent un sens et un bout d’avenir. Elles me parleraient de nouveaux soleils du matin et de prochains regards du soir. Elles me diraient qu’il faut expliquer, qu’il faut toujours commencer, et se battre pour ce qui compte jusqu’au précipice. Puis leurs voix s’endorment, elles arrivent encore à me murmurer d’ouvrir les yeux pour surmonter


les pensées qui me vident J’ai 2 ans, trop de pierres dans le bide. Une belle chance de peser lourd dans le cœur des hommes.

Q

u’est ce qu’il faut foutre de Soi, et qui est moi en moi ? Je me sens refroidir à mesure que je pense, mais arrêter de penser ne me résoudra pas. Il me faudrait, de grands savants, un héros, et un roi pour me tenir, me comprendre et recréer l’avènement de mon enfance, ou devenir une folle artiste de tout mais là, encore, je veux tout tellement fort que je me perdrais de ne pouvoir encore m’envoler, et les images me souilleraient, et la musique me suicidera comme les pages qui me brûleront ou les corps qui m’écrabouilleront. Et ni le savoir, la bonté, la pitié, le couvent ou l’exil ne révèleront rien, tout, et en moi : - « Comme je suis folle je crois que voir mes os m’aidera, et la drogue et le vin et la clope et


l’intérêt humain et tout de ce monde que je veux saisir qui dicte tout à ma place par nature, par culture. » Je m’en vais m’accomplir au hasard de mes défaites, victoires, craintes et courages, rêves et cauchemars, maux de ventre et gerbes naissantes, à coup de fric et de pauvreté, d’espoir et de toi vieux fou qui s’émouvra de moi. Ma vie : un cirque qui change de forme par coup de bouffe, mon petit est grand, et mon amour de moi veut percer, je veux du bonheur et de la passion, et tout, et moins de kilos, et j’en ai tellement jamais assez que ça me creuse de manque comme si j’étais droguée ! Gentilles idées de départ, angoissées nettes révulsées, il gèle en moi et je veux la montagne pour me dominer, je serais guide de montagne et aussi grand compositeur, metteur en scène, cinéaste, écrivain, prof et maître de conférence, ambassadeur, chef d’état, médecin au Guatemala et au Ghana, poète et collectionneur d’art, rentière, princesse et contorsionniste, vendeuse de rêves, et conseillère sur l’Olympe, et amoureuse de tous ceux qui n’aiment plus.


J

e ne l’entends pas. J’écoute le lien de certains mots qui me semblent beaux ensembles. Mais il souffle et soupir si fort que je ne comprends rien, ça ne sert à rien de parler comme ça.

- Mais majesté, vous mugissez ! Votre Altesse vous soupirez trop fort, et je me dois de vous dire que l’éclat de votre merveilleux discours est tout bonnement sali par la forme que vous lui donnez. Quelle haleine sifflante ! Chantez les mots plutôt. - Chevalier, je vous mets en suspens, allons plutôt écouter l’avis de qui viens de ma chaire, qui a un sang lié au miens. Fils, ma forme et ma manière vous déplaît-elle, et comment est-elle ? - C’est assurément la meilleure père ? - Vous voyez bien chevalier, il ne fallait pas dire cela, car votre tête maintenant va s’envoler !


ROI

DE LA CHASSE IL SE DIT TOUT ÇA PARCE QUE JE SUIS DEVENUE UNE HORREUR, UNE VIEILLE SALOPERIE FUMÉE, POCHÉE QUI SE CUIT ELLE-MÊME DANS SON DÉGOÛT. ALLONS, VENEZ BELLES TRONCHES ! PARLER DE VOS CULS, FOULER LES ORDURES, LÉCHER LES BORDS COULANTS ET REMPLIS DE GLAISE. LES VIEUX CORPS PUENT ET SUINTENT DE PEUR.


& Pensée en silence, inscrite (à la hache) :

M

on monde, délicieusement glissant me ravit, me couvre d’une belle croûte ironique, pleine d’humour avec rien à comprendre.Je suis assise sur un canapé bleu et mou qui regarde la fenêtre où se réfléchit l’image de mes correspondants humains, ils penchent la tête vers ce qui les fascine je laisse tomber leur présence derrière moi, et je regarde leur reflet c’est facile, c’est un petit cinéma. Je me fume la cigarette de trop à laquelle je donnerais ses sœurs pour finir le cycle stupide de la culpabilité nocturne à se tuer pour rien, pour le style, la flemme, le dégoût et toutes mes idées qui parlent pas. Le paquet tourbillonne sur le bout de ma clope encore froide, c’était joli cette petite danse, mais concrètement c’était inutile, plus profondément c’était un cadeau de pensée métaphorique : la vie est un paquet de bâtonnets de vies qu’on flambe pour se torcher la gueule de manière expérimentale. (Il y en a un qui porte un chapeau dans sa maison et un casque à son boulot, et c’est pas pour avoir chaud.)


U

ne vie foncièrement minable provoque aux purs, aux désintéressés, l’angoisse et l’usure qu’ils seraient les seuls à ne pas transmettre à la multitude. Multitude de multiples possibilités. Nous risquons juste de perdre notre âme en adoptant l’ici. Il est plus facile d’être ça, autre que soi. Je croise les foules, je croise d’abord les tronches et les manières. Je rencontre des gens, je rencontre d’abord leurs troubles, puis leurs envols. Je rencontre un homme, je rencontre d’abord ses yeux, puis ses mains. Et l’homme de ma vie, je m’en rendrais compte. La vraie vie est sans schémas à prendre au sérieux. La vraie vie c’est du hasard, et sa diversité. C’est donner les chances aux coïncidences, pour ne pas tuer la poésie qui réunit. Pour que la passion nous donne un


avant-goût de la mort, nous donne des morts insoupçonnées, des morts nécessaires pour arrêter de se croire en vie trop sérieusement. Le sel donne soif, c’est donc pour des raisons physiques qu’on ne peut s’arrêter aux larmes. C’est chiant non ? Les « donc » ceci cela ça fait chier parce que ça tue le mystère, le savoir est un peu con, il tue un peu des choses qui ne servent pas à mourir, mais à nous faire vivre. C’est qu’on pourrait dire que c’est l’air qui nous inspire, parce qu’on en a besoin pour vivre, c’est moche.


E

lle resserre l’étreinte et colle un peu plus sa poitrine contre l’homme, c’est une femme qui devrait se faire baiser, elle regarde dans le miroir son corps qui ondule, sa chaire sautée trépide, elle baisse ses gardes, elles ouvre grand ses yeux, elle n’a plus que de la pureté, parce qu’elle est devenue libre de se souiller. Son enveloppe colle un peu au rebord, s’envoie dans des airs d’insalubrités pleins d’une lumière glauque et odorante. C’est terminé, il arrivera bien pire, elle ouvre sa fenêtre regarde bien droit les corps qui se cachent derrière les reflets, elle n’est pas une image, elle est offerte à la vue de la ville qui se détourne de sa projection pour se voir dans ce corps frissonnant et dégoulinant, fixant des yeux, elle englouti tous les plaisirs qu’elle cache Elle baise, elle bute les morceaux de son imagination contrôlable, elle se laisse glisser en tenant le rebord du vide, elle courbe son corps qui retombe halluciné et ivre, dans des transes qui la saisiront désormais, elle le sait, c’est qu’elle est devenue la pute de ses cauchemars surmontés. Elle a quelques pensées pour celui qui a drogué sa bouffe pour salir son corps, celui qui croyait l’avoir possédée pour toute l’existence


de son corps d’enfant et de femme. Elle se fout bien de sa sale queue maintenant, elle ne pouvait jamais devenir pute, c’était pire avant de le craindre, c’est devenu doux de lâcher sa chaire au vice parce que c’est devenu un choix. Elle se détache du ciel, le contenant du passé, elle plonge dans les enfers, vers leurs chaleurs pour pouvoir sécher les vieilles traces de larmes qui la rendaient si laide.

L

a nuit ma cruelle m’appelle, son revers brillant aussi. Je ne veux pas me livrer, alors je pars dans musiques et sommeils, mots et questions, désormais je ne tairais jamais mes pensées, même les folles et les inutiles dans leur contour. Je m’appelle.


S

ans cesse recommencer le rêve et finalement briser les restes. Que restet-il à croire et comment poursuivre sans restes ? Culture, débâcle, sursauts, efforts et travail sans cesse recommencés ? Il reste si peu dans mes tripes, et pour distribuer quoi, pour atteindre quoi ? Les mots s’esquivent et déballent un sens qui se transforme. Et c’est une angoisse effroyable, une terrible solitude, du rêve brisé. Et qui croît comme moi ? Qui est seul comme j’en crève, qui rêve, qui le peux ? Je suis comme rien, je veux tout. Et être heureuse.Je cherche des sons qui animent, le rêve qui reprendrait, comment atteindre, comment pourrait-il ne plus s’éteindre ? Je voudrais être étreinte, pour songer, pour toujours. Je veux voler dans des bras, danser sur un corps. Reprendre l’existence, et… balancer la perte. Putain d’annonce annonces-toi ! Et douleur vas, plonge… ! Moi je, et je m’en fout, toi tué, et nous sommes loin de nous trouver, trop écartés par Moi. Alors j’essouffle mes derniers airs, les respirations se distancent. Les espérances crèvent au fond, et je suis là-bas au fond d’un bar comme une vieille âme que personne ne sait regarder,


comme un songe. J’inspecte les regards qui se tournent, je saisis peu et rien ne me rattrape. Les mots se répètent, la litanie prend forme sur des supports brûlants, le premier jet déverse sa fougue. Le premier jet est toujours le bon, et tu le travailles, il est devenu secondaire, prend déjà l’aspect du billet qui déteste la passion, tue la belle déraison. Le temps passera, vas ! Les regards, les mots et leurs stupidités aussi, et rien n’arrivera sans que je ne boive à l’additionnel, à l’éternel ? Alors viendra peut-être, alors s’éloigne déjà peut-être ! J’additionne et soustrais moments et occasions, je déraisonne à aimer, à en crever. A manquer, à désespérer je déçois mon sourire qui rentre dans ma mâchoire qui s’est tordue. Comme la putain qui s’essouffle dans le lit moisi et qui dérive dans des soupirs insalubres. J’erre dans l’insalubrité du monde 90, dans l’avenir 2000. Et la désillusion est terrible. La bouteille à mes pieds, la perte en bas et mon corps s’y précipite. Il veut disparaître sous les lattes, crever silencieusement dans toute sa mollesse, relever pourtant une autre illusion. 2100 sera doux, acquis, puisque l’ici est trop insipide, vidé de son sens, calqué sur la haine.


Je balance, déverse, déteste, subsiste, questionne, comprends si peu, beaucoup trop. Etudiant des sens n’en perçois qu’un bout de moelle. J’attends ce qui peut être pourtant est déjà. Je vais aller. Rêver. Pourtant pourquoi, pour passer le temps. Comme avec toutes les fumées que j’aspire ! Et les merdes qui se tassent. Allons crever de l’affection, allons chercher dans les sillons de tristes combats, des femmes écorchées par les pilules, des hommes débauchés par le plastique, des êtres vidés par les transis. Les idées s’effacent pour ce qui, sera agi, action faite. Attendu, rien ne sera pour un seul. Tout est à l’entour. Et l’entour m’attrape plus je bois vite, j’attrape l’ivresse comme un bienfait, comme un sursaut, comme une chance d’ouvrir mon cœur, peut-être aux crétins d’ailleurs. Je suis charogne, singe, amère, plante humanisée, dérive, activée, louange, tout soupçon. Ailleurs est mieux, ici est pire. Ecrire, écrire, ecrire pour recommencer nos cerveaux, pour sauver les restes…


J

e supporte cruellement la solitude de ceux qui se confondent en réseaux. Discours, et fausses discussions : Partons ! Alors ? C’est l’histoire de Delphine qui veut vibrer, aimer, Delphine renaît, mais les monstres rôdent et traquent la fraîcheur des passions. Delphine fait travailler sa cabosse, Delphine disparaît, fond, elle est à rebours, rebours, à rebours…


& Pensées en silence ont disparu : comme je disparais, comme je meure - comme je regrette, comme je te veux - comme je ne peux plus pleurer - comme je perds tout.

Q

ue se transportent mes coups de poing, sur les vitres et les vieux discours. Jamais ne s’arrêtent les folies de mes états de corps. Je me retourne vers toi aux vagues de pressions et de tensions libérées. Ma transe pour les fous jamais ne s’arrête. Les sens fondent en vagues de pressions et de tensions libérées. Qui trébuchent sur les folies de ma raison qui s’atteint.


J

’écris, ainsi les mots donnent à leur jambe un pied d’humanité. Je te dis merci de m’avoir attrapée au vol, alors que je m’effondrais. Soulève mon corps et fracasse mes chaînes, souffle sur mes plaies, fait taire les battements qui frappent ces rythmes sous mes ecchymoses. Prince du Nord, sérine une Canso si pure qu’elle dissipera les foyers de peines à oublier. Soulève et fais jaillir l’amour que je veux faire vivre. La Judith a trop brillé, tranché, et veut tes bras pour retraite, tes yeux pour repos, ton cœur comme étendue secrète d’une passion blanche, et y noyer nos sang.

Au marché de la séduction : - Alors, alors c’est bien de l’amour que tu voulais ? - Je voulais aimer. - Tu n’aimes pas… ? - Mais comment ? Je ne trouve pas l’absolu,


mes rêves dorment, et toutes ces expériences qui s’opèrent sur ma jeune conscience pour me fonder… Ah ! Et ces tickets qu’on jette dans mes mains pour se payer mon cœur, je suis renversée dans une coupe au verre trop épais, je ne peux plus m’ y couper. -Et encore, et encore ! - Non, je ne sais plus aimer l’autre, je ne sais plus faire s’opérer les desseins des misérables et rassurés, des crustacés seuls et frustrés : je ne sais plus être belle sans ma coquille ; saloperie de coquille plus belle que moi, beauté morte. Je ne peux pas aimer, mais si, je le peux pour celui qui laissera sortir de sa bouche, de ses yeux, le ciel de ma terre, le ciel, la terre, la terre. - Bon alors ? Tu ne désespères pas ? (Il a dit, comme un connard qu’il est.) - Je n’espère pas. Je ne ris pas, je ne dors pas, je ne me lave pas, je n’ai même plus d’aspect pour moi-même, et plus je me détériore, plus j’oubli de désespérer. Tu me vois ? Regarde en bas, vois ces sillons et ces vagues sur ma peau  ; dans la course au temps et dans celle de l’espace, je soupire seulement et tout se sera effacé. Ai-je donc ce courage d’aimer, d’être livrée,


je ne peux pas proposer mon produit, et s’il s’est trouvé en rayon, c’est à coup d’acide et de vin ingéré. Je souffle mes rabais, n’attends plus que le retour de produit en substance de fumée, de notes, et d’encre. Et si je reprends place sur mon étalage, c’est que j’ai dû devenir Elle, cette sale étale.

L

e garçon qui courrait sur le pont a sauté des kilomètres de vide ; On ne doit plus rire. On ne peut plus partir. Parce qu’il a cherché un chemin vers une certaine femme qui ne sait même pas où elle mène et pourquoi elle est encore visible. Le garçon et tous les autres sont morts. La demoiselle n’a jamais tant perdu son humanité, là où elle devait l’accomplir, c’est en y allant qu’elle s’est tuée. Ça évoluera peut être mais ça ne changera pas. Car elle s’est déjà fait une place près de la foule, et qu’elle ne pourra plus en sortir.


J

e tire un livre qui grince, son odeur me rappelle une belle histoire ; Quelques arbres tordus et même un gros tout gonflé. Tendue contre la forêt ; Ma petite maison de poupée et 3 héros. Une lune soudain se creuse divise son orbite pour porter mon père. C’était ma belle histoire, du malheur qui fit mes pages de sels et de lumières hallucinées. C’est plein de liquides ce qui continu, plein de fumées. Je prends du retard sur les inconstances du monde. J’ai donné ma petite vie à elle-même pour ne pas trahir mes beaux rêves, pour laisser vivre les trois Héros du ciel à la terre et soulever les tristes vivants du bitume. Je suis entrée dans le vrai monde pour voir. On y berce la peine, on l’engraisse de souffre pour la consumer, c’est ainsi que ce partage la vie. J’ai plongé dans chacun des déchets, j’ai partagé le sommeil des écorchés. En ouvrant les bouches en regardant leur yeux en essayant de courir plus vite qu’eux.


J

e sens l’écœurement qui monte, la pression qui augmente et qui voudrait bien annuler les pauvres aliments que j’arrive encore à me foutre dans la gueule. Je suis lassée, bel et bien dépossédée de mes fruits. Je suis l’arbre stérile qui guette la hache de celui qui ne peut pas supporter l’inutilité sur ses terres. Il faut me faire disparaître, pour éliminer la misère. Je me demande combien de temps je continuerai à fleurir, et combien de temps encore il oubliera mon néant. Je sais trop qu’il ne saura pas s’attarder sur mon ramage, et que mon parfum, ne lui inspire que l’idée de ce que je pourrais produire, finalement mon inutilité. Je suis un être qu’on dit beau, mais qui ne suffit pas. « Tu sais, ça ne suffit pas, tu sais il faudrait absolument que… » Et ainsi de suite.


L

es couloirs se divisent et je ne sais plus quelle ouverture prendre. C’est que tout me propulse à une vitesse que je ne peux pas saisir. Je balade mes idées sur les murs et les cadres, mes pensées s’y étalent sur la mesure qui m’accélère. Les portes claquent et explosent, je suis couverte d’écailles de peintures multicolores, mais je ne vois qu’en noir et blanc. Le spectacle prend des postures incompréhensibles, on ne sait plus quel sentiment choisir.

J

e respire un oxygène chargé de cauchemars, mais je ne peux plus arrêter mon désastre, et je me fais mourir. Ma cage resserre ses barreaux d’ivoire, fait de mon cœur, un organe relique, dont on aura extirpé l’essence et le sens. Dans mon corps se répand, un liquide sombre et lourd anesthésiant l’humanité qui se lisait par mes yeux. J’étais à venir, plus tôt que prévu les longs temps se seront rétractés, les espoirs purs et les rêves


furibonds qui m’auraient vus en éclat. Et la fin se présente en habit de sainteté dissimulant son parfum de péché.

L

a lumière séduisit la vie lorsqu’elle éclata près de notre ciel, l’homme en attrapa un morceau pour illuminer la nuit de sa chaleur incandescente. Et s’il flirte avec elle c’est pour créer sa lignée humaine. Aussi, l’homme parle de lumière pour exprimer ce qui le rend beau. Et rapproche sans relâche sa magie contre les visiteurs de sa vie.



Un plein de sens Plon, s’il vous plait ! Aimer : Aimer tout seul n’est pas, aimer à trop de codes. C’est aimer bien qui est, on sait au moins ce que l’on fait de l’autre. Bouffe : Besoin qui prend son sens du haut vers le bas. Chariot : Nom universel définissant notre univers qui tourne, et notre monde qui lui tourne en rond. Cigarette : Une droite pour la nature de l’homme qui se tient entre les lèvres et les doigts. Aussi mortelle que la vie. Demoiselle : Personne d’émoi et de zèle. Femme : « Souvent femme varie, bien fol est qui s’y fie. » Hugo. Idées : Elles sont souvent illusinnées. Elles payent rarement tout de suite ; et pour en parler on dit d’elles qu’elles sont « bonnes » ou « mauvaises ». Majesté : On rassemblera sous ce terme tous ceux qui nous forcent à subir leur pouvoir, par extension ; personne avec quelques problèmes d’ego, dont le besoin de contrôler les autres


est irascible. Pieuvre : Animal de compagnie de Némo, devenue ramollie avec le temps, enfin dans le cas du texte notre altesse y croit toujours, et il faut voir de quoi les animaux imaginaires sont capables. Pute : Nom commun à forts sous-entendus. La pute peut être saisie par plusieurs côté et n’est pas reconnue à sa juste valeur. Porc : Animal personnifié de compagnie spirituel des grands malades alimentaires, il s’accroche aussi au-dessus de certains commerces qui lui sont relatif et dans ce cas clignote. Sel : Mines de sel où l’on déporte les émotions fortes. Suite : Elle n’a pas toujours besoin d’être logique, c’est l’éventualité de l’Etendue. Temps : Conception qui se lasse de nous parfois lorsqu’il se sent vain. L’homme a besoin de s’approprier son temps. Le temps est long, notre temps pas vraiment. Le temps passe bien horlogiquement, et dans cette foulée je suis en retard. Toi : Derrière « toi », il y a Toi.


Pour les anti-septiques :

Ma demoiselle devient une femme, cigarette au bec, déçue d’aimer, renversée dans le sel des passions sans suite. La pieuvre et le porc rient en cœur. Mais mon chariot plein d’idées bouffe avec majesté le temps qui l’a pris comme une pute.




Graphisme : conception & réalisation : François Philippe francoisphilippe.com @ gmail.com




poésies et rime  au poing. personnification  au stade primaire idées à voir. petit sourire  aux septiques.


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