CCP 2025

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FRANCE TÉLÉVISIONS & GÉNÉRATION Z : ÉCRANS CROISÉS

sommaire

Synthèse introductive

Préambule

Le réel

S’évader par la fiction

Se divertir

édito

Comme chaque année, les travaux du Conseil consultatif des programmes présentent un vif intérêt pour l’ensemble de notre groupe. Consacrée aux attentes et aspirations de la génération Z à l'égard de notre offre, cette édition a permis d’engager un riche dialogue avec ces jeunes publics, nés avec le numérique, qui ont grandi dans un écosystème médiatique profondément différent de celui qui a façonné les générations précédentes. Les modes de consommation de cette génération, ses références culturelles et ses exigences dans sa relation aux médias redéfinissent les contours de ce que doit être un média de service public.

Les attentes exprimées par les 16-24 ans révèlent une réalité nuancée et tracent des perspectives stimulantes pour faire évoluer notre média afin de remplir pleinement nos missions de service public auprès de ces jeunes citoyens.

C’est d’abord à un renouvellement de notre posture que nous invite la génération Z. Parce qu’elle aspire à une relation plus directe, plus authentique et moins distante avec les médias qu’elle consomme, elle valorise davantage des individus de confiance que des figures institutionnelles. Pour renforcer notre proximité avec ces publics, nous devons nous emparer de

nouveaux codes relationnels, tout en préservant notre crédibilité qui fait de notre offre un repère dans une offre audiovisuelle toujours plus vaste.

Dans un contexte de foisonnement créatif sur tous les environnements numériques, nous devons aussi veiller à renouveler et diversifier nos propositions éditoriales. Il s’agit à la fois de développer toujours davantage notre présence sur les plateformes où évoluent naturellement les plus jeunes, mais aussi d’adapter nos formats et nos écritures à ces contextes de consommation. Pour répondre aux besoins exprimés par les conseillers au fil des séances de travail, à nous de faire preuve d’audace pour nous faire une place dans de nouveaux univers en explorant des territoires narratifs inédits.

Ce rapport met également en lumière l’attachement de la génération Z à nos missions de service public. S’ils sont particulièrement exigeants à notre égard, c’est parce que les plus jeunes plébiscitent ce qui fait la singularité de notre média dans un paysage où ils sont en quête de repères. Ils nous invitent donc à cultiver notre spécificité pour mieux rayonner sur tous les écrans et auprès de tous les publics. La génération Z est sensible aux valeurs que nous plaçons au cœur de notre offre – diversité, exigence, ouverture sur le monde – et nous invite à les exprimer avec les codes de leur époque.

Je remercie vivement les membres du Conseil consultatif des programmes pour leur engagement dans cette aventure collective, qui aboutit à une réflexion d’une grande richesse. La diversité de leurs points de vue et la précision de leurs analyses livrent de précieux enseignements qui alimenteront notre transformation et contribueront à façonner le France Télévisions de demain, solidement ancré dans ses missions et ouvert aux évolutions des attentes de tous les publics.

Synthèse introductive

Une génération qui n’est pas indifférente à l’offre de France Télévisions mais qui aspire à des contenus et une expérience davantage en adéquation avec ses modes de consommation, ses codes et ses centres d’intérêt.

Globalement, une « marque » France Télévisions qui ne pâtit pas d’a priori négatifs et qui, autour de certains contenus, réussit à attirer ponctuellement les jeunes membres du CCP : points de contact occasionnels lors de certains événements (JOP, série phare…) ou lors de certains moments passés en famille devant la télévision.

Aussi, certains contenus découverts par les membres du CCP à l’occasion de cette session ont été salués, appréciés comme résonnant avec leurs attentes (offre documentaire et certains formats de Slash notamment).

Mais les membres du CCP font état d’une présence de France Télévisions encore timide en perception dans leurs environnements favoris (Instagram, YouTube, Twitch, TikTok ) in fine insuffisamment intégré dans leur écosystème de consommation et circulation de contenus.

En ce sens, plusieurs attentes ont été exprimées à l’égard de France Télévisions qui résonnent directement avec les goûts et les aspirations du public jeune :

→ Un enjeu relationnel

Via des incarnations fortes (animation, invités, comédiens) autour de personnalités naturelles, sans filtre, atypiques, intégrant des profils plus proches de cette génération, vecteurs d’identification

Via un ton spontané et authentique, plus pédago et plus transparent vs une posture institutionnelle verticale, distante

En se montrant plus en empathie avec cette génération, en se faisant davantage l’écho de leurs préoccupations, aspirations, centres d’intérêt, etc.

→ Un enjeu de forme

En proposant une modulation des formats et de leurs durées (versions courtes et longues d’un même sujet) pour s’intégrer aux différents réseaux et plateformes et s’adapter aux différents contextes et états d’esprit de visionnage

En privilégiant des formats plus libres, spontanés et dynamiques (interview, live…) à rebours de formats classiques, perçus comme trop bridés

En travaillant particulièrement les miniatures des vidéos et les titres, portes d’entrée particulièrement scrutées vers les contenus

→ Un enjeu de communication et de distribution

En diffusant davantage de contenus directement sur les environnements habituels de cette génération (YouTube, TikTok, Twitch, Insta)

En encourageant la viralité des contenus France Télévisions sur les réseaux (bande originale, répliques, etc.) pour permettre leur reprise (meme, coup de cœur, etc.)

En s’ouvrant et dialoguant davantage sur les plateformes et les réseaux avec le public pour permettre de questionner, d’interpeller, etc.

En communiquant davantage sur les atouts de l’offre France Télévisions et notamment la gratuité de son accès

→ Composition du Conseil Consultatif

Adèle, 24 ans, comédienne, Paris (75)

Camille, 17 ans, bac pro, Nord

Carla, 24 ans, création digitale, Val-de-Marne (94)

Clara, 24 ans, philo, management, Paris (75)

Clémentine, 18 ans, étudiante en droit, Paris (75)

Emma, 21 ans, étudiante en psychologie, SeineSaint-Denis (93)

Héloïse, 20 ans, licence informatique et communication, Hauts-de-Seine (92)

Iliane, 16 ans, première générale, Alpes-Maritimes (06)

Josselin, 25 ans, master, SeineSaint-Denis (93)

Jules, 21 ans, en recherche d’emploi, Hauts-deSeine (92)

Kevin, 18 ans, bac pro, Nord (59)

Lény, 16 ans, première générale, Seine-Saint-Denis (93)

Louis, 20 ans, étudiant en audiovisuel, Orne (61)

Luca, 16 ans, première générale, Seine-et-Marne (77)

Lyah, 17 ans, terminale, Oise (60)

Mallorie, 20 ans, DUT communication, Calvados (14)

Marie-Flamine, 22 ans, étudiante en journalisme, Val-de-Marne (94)

Marie-Lou, 17 ans, bac STG, Orne (61)

Nolwenn, 21 ans, études d’arts plastiques, Ille-et-Vilaine (35)

Océane, 19 ans, première STMG, Eure-et-Loir (28)

Pierre-Louis, 23 ans, études direction d’hôpital, Ille-et-Vilaine (35)

Pierre-Maxime, 23 ans, études fonction publique d’État, Seine-Maritime (76)

Raphaël, 20 ans, études de psychologie, Ille-et-Vilaine (35)

Sacha, 20 ans, master 1 histoire, Loire-Atlantique (44)

Swan, 16 ans, première générale, Paris (75)

Thomas, 21 ans, étudiant Sciences Po, Côte-d’Or (21)

Vassili, 24 ans, master international, Paris (75)

Préambule

→ Quelles habitudes de consommation pour le public jeune ?

La télévision classique est décrite comme une expérience passive et peu personnalisée. Au contraire de l’expérience sur les plateformes numériques qui offrent plus de flexibilité et de contrôle

« Je vois les plateformes comme un moteur de recherche alors que la télé me dit ce que je dois regarder »

Cet environnement numérique permet également une expérience plus interactive en favorisant les échanges et l’engagement d’une communauté (Twitch, YouTube…).

« Les streamers, on peut échanger directement avec eux, faire une vanne, poser une question, la télé c’est l’inverse de cet état d’esprit »

Dans cet écosystème numérique et dans une approche très sélective des contenus, le processus de choix se base sur plusieurs critères essentiels :

– Les membres du CCP ont rappelé être particulièrement attentifs à l’aspect visuel, qu’ils considèrent souvent comme un reflet de la qualité du contenu. Et notamment la qualité visuelle de la miniature, un titre accrocheur et la qualité globale de la production.

« L’image est super importante parce que ça renseigne sur l’univers de la série mais aussi si ça va être une comédie, un drame. On sait instantanément »

– Les échanges ont également mis en valeur l’importance des incarnations (comédiens, streamers, influenceurs, youtubeurs) dont l’authenticité, la spontanéité et la relation de proximité tissée guident particulièrement les habitudes.

« Il y a toute une bande que j’aime bien retrouver, on va les suivre un peu comme des personnages en fait »

– La question de l’intensité a également été évoquée de façon transversale avec une préférence (peu importe la durée) pour des formats dynamiques, rythmés.

« Dès le début d’une série, même avant les cinq premières minutes, je sais déjà si ça va me plaire ou pas, si je vais accrocher »

– Des contenus qui « fabriquent » également leur notoriété par leur capacité à devenir viraux, à être repris, échangés, appropriés par le public sur le digital.

« Il y a des séries dont on entend parler car des gens en reprennent la musique pour faire des TikTok »

Le réel

Ce thème de discussion regroupe les contenus proposant une médiation du réel, des faits, autour d’une grande variété de formats et d’approches (documentaire, reportage, live, interview, enquête, JT, etc.), autour de thématiques très variées.

Exemples de sujets d’actu (au sens large) cités par les membres du CCP (nuage de mots généré lors des ateliers de travail)

→ État des lieux de la relation jeunesmédias autour de la médiation du réel

Avant d’engager une réflexion sur leurs attentes en matière de contenus racontant le « réel », les membres du CCP ont fait le point sur leurs pratiques informationnelles actuelles afin de préciser leurs habitudes, leurs références et leurs critiques au sujet du traitement de l’actualité.

Un écosystème numérique prépondérant dans leur suivi et compréhension du réel

Exemples de plateformes, réseaux sociaux et médias cités par les membres du CCP pour s’informer (nuage de mots généré lors des ateliers de travail)

Un environnement digital qui favorise la prolifération des émetteurs, des types de contenus et des points de vue vue (cf. nuage de mots ci-dessus). Les plateformes, navigateurs, sites web et réseaux sociaux (TikTok, Instagram, Twitter/X) constituent désormais le point d’accès privilégié à l’information pour cette génération.

« Sur Twitter je regarde tout ce qui est en TT, les notifications, etc. Et après, dès que je vois qu’il y a un gros sujet, je vais regarder sur d’autres applis l’info »

« On en parle beaucoup dans mon groupe d’amis. On s’envoie des vidéos, des articles, dès qu’il y a un truc, une nouveauté, il y a quelqu’un qui l’envoie sur le groupe Instagram et on en discute »

La multiplication des sources a semble-t-il généré une approche très sélective dans leur consommation d’information, guidée par l’obsession pour tel ou tel sujet ou l’état d’esprit dans lequel ils se trouvent.

« Il y a plusieurs questions que je me pose avant de consommer un contenu qui m’informe : combien de temps ça dure, de quoi ça parle, le titre ? Et dans quel but : est-ce que ça va être pour l’école, est-ce que ça va être pour moi, est-ce que ça va être pour en parler avec mes amies ? »

« Le matin j’aime bien ”La Matinale” du Monde, je trouve ça pratique, je fais ma sélection d’articles »

Les membres du Conseil ont ainsi témoigné d’une consommation éclectique, notamment autour de contenus courts qui s’intègrent efficacement dans le flux de leurs réseaux sociaux (allant même pour certains jusqu'à accélérer la vitesse de lecture pour optimiser leur temps de visionnage) dans un objectif de « veille » de l’actu. Complétés par des recherches plus approfondies ouvrant vers des formats plus fouillés, au traitement davantage développé pour s’immerger dans un sujet (série documentaire, reportage, longue interview).

« Je me laisse porter par mon feed ou je suis à fond sur un sujet et je suis plus actif dans mes recherches »

« Les réseaux, c’est vraiment fait pour survoler, me tenir au courant ou découvrir. Et si ça m’intéresse vraiment, je cherche par moimême »

« J’aime bien les formats d’interviews assez longs, on ressent vraiment l’intimité, les personnes ont le temps de parler, elles ne sont pas pressées, elles ne se prennent pas la tête »

« Ça peut être des trucs que je vois sur Insta, des trucs qu’on me partage sur WhatsApp dans des groupes de potes ou ma famille »

« Hugo Décrypte, il synthétise tout, mais même là j’ai tendance à cliquer trop facilement sur le “x2” pour tout avoir rapidement »

Chez les plus jeunes, ce paysage informatif diversifié intègre également de nouveaux outils d’assistance, comme les intelligences artificielles conversationnelles qui viennent faciliter la recherche et la compréhension des événements d’actualité. Dans une logique de dialogue sur mesure.

« J’avais recherché sur Google pourquoi des joueurs portaient un brassard noir pendant un match mais je n’avais rien trouvé. Alors que sur ChatGPT, je lui ai expliqué avec mes mots et là il a tout de suite trouvé. Comme si je m’adressais à quelqu’un, c’était rapide et fluide »

« Je l’utilise aussi quand ce sont des trucs que je ne trouve pas facilement. Après il te donne des sources mais il peut aussi te faire tourner en rond »

« Moi je trouve ça plus simple de chercher avec mes mots l’info que je veux que de devoir chercher l’article, le thème, etc. Et ça explique de manière claire un sujet, ce qui n’est pas forcément le cas d’autres sources »

Parallèlement, les médias traditionnels maintiennent leur présence mais principalement à travers des moments de partage familiaux, comme le visionnage des journaux télévisés ou de talkshows d’actu avec la famille.

Une évolution des attentes relationnelles à l’égard des médias d’information

Un « marché » informationnel plus hétérogène et horizontal qui engendre de nouvelles exigences concernant les interactions entre médias et public jeune.

Autour de l’actualité, les membres du Conseil apprécient essentiellement les contenus proposés par des médias indépendants et/ou des personnalités spécialisées dans le récit et le décryptage de l’actualité.

Les membres du CCP expliquent que la confiance s’est notamment tissée via la proximité avec leurs incarnations, l’authenticité de leur personnalité et un lien direct à leur travail (coulisses, terrain...).

« Hugo Décrypte, je pense que je le suis car il est proche, entre guillemets, de nous, dans le sens où on le connaît depuis longtemps maintenant à travers ses contenus, ses vidéos, donc moi, ça me permet d’avoir plus confiance »

« Simon Puech, il y a beaucoup de preuves, de prises de vues sur le terrain. Il se déplace, parle de ses sources »

« On les voit chercher l’info »

Avec la volonté de comprendre, l'ensemble des membres du CCP met en avant l'importance de la pédagogie, la dimension explicative et du décryptage, pour faciliter l'accès aux informations, particulièrement sur des thématiques complexes et dans un contexte d’actualité très dense.

« Avec eux, j’ai plus l’impression qu’on se met à ma hauteur »

« Hugo Décrypte j'adore ce qu'il fait. C’est efficace, il est toujours dynamique et il y a un peu ce truc de vulgarisation, il est plus facile à comprendre »

Une perception critique des médias traditionnels

Exemples d’éléments cités par les membres du CCP pour expliquer leur désintérêt / éloignement de l’actu (nuage de mots généré lors des ateliers de travail)

Hugo Décrypte

La transformation du paysage informationnel s’accompagne d’une attitude critique envers les « producteurs » d’information en général, incluant un regard particulièrement critique à l’égard des médias « classiques » (chaînes d’info en continu comme BFMTV ou CNews, journaux télévisés de chaînes nationales comme TF1 et France 2, etc.).

Les membres du Conseil formulent plusieurs observations critiques envers les médias classiques :

• Prédominance du pessimisme : une surreprésentation des informations négatives et des événements tragiques

« C’est négatif, dramatique, alors qu’on pourrait aussi nous montrer des solutions, des réussites, des parcours inspirants »

• Caractère cyclique, répétitif : la perception que les mêmes thématiques sont constamment reprises et traitées de la même façon. Deux dynamiques négatives qui peuvent alimenter la fatigue informationnelle ou nourrir l’évitement de l’actualité

• Excès de formalisme : refus d'une approche perçue comme trop protocolaire et insuffisamment spontanée

« C’est très formel, c’est eux qui posent l’information, ils expliquent et on écoute »

« Un influenceur que je suis est en chaussettes quand il interviewe des gens mais ça ne l’empêche pas d’être sérieux, il fait un vrai travail d’intervieweur »

• Partialité dans la sélection : impression que certains sujets et certaines zones géographiques sont constamment marginalisés

« Normalement, les médias sont faits pour informer de tout. Mais en fait ils nous donnent l’information qu’ils ont envie de nous donner »

« J’ai le sentiment que l’information est très “hémisphère Nord”, les grandes puissances, pour les raisons qu’on sait, mais que c’est le seul point de vue qui compte, et pas tellement l’hémisphère Sud, l’Amérique latine, l’Afrique »

• Représentations stéréotypées : remise en question du traitement de certaines thématiques

« Il y a des situations en banlieue, c’est toujours représenté comme quelque chose de péjoratif et on n’a jamais les bons côtés »

→ Dans ce contexte, quelle perception de l’offre de France Télévisions ?

Après avoir mis à plat leurs habitudes et leurs attentes, les membres du CCP ont partagé leur vision de l’offre informationnelle de France Télévisions et sa capacité à répondre à leurs aspirations.

Les forces identifiées de l'offre d’info de France Télévisions

Les jeunes consultés reconnaissent plusieurs atouts à la proposition de France Télévisions :

• Une impartialité plus prononcée en creux, comparativement à d'autres diffuseurs

« Par rapport aux chaînes d’info on sent que c’est plus sérieux, leur traitement est équilibré »

• Une impression de profondeur et de crédibilité dans le traitement des sujets

« Dans le documentaire sur Shein, c’était intéressant d’avoir le point de vue d’une influenceuse à la fois dedans et critique »

« Moi j’aime bien leur soirée où à la suite d’un documentaire ou d’une série, ça débouche sur un débat »

• Des propositions d'enquêtes et documentaires appréciés pour leur sérieux et leur méthode

« La série documentaire Éloi m’a beaucoup plu parce que c’était des épisodes, il y avait une histoire, du suspense, on avait envie de revenir, c’était plus intéressant sous ce format-là que sous un format de deux heures, par exemple, qui était moins attrayant »

« Cash Investigation, ils parviennent à créer le débat grâce à leurs sujets »

• Une dimension pédagogique, particulièrement à travers certains formats spécifiques

« La vidéo Lumni était bien faite, très pédagogique, avec une explication précise »

• Sur Slash, de plus en plus de thématiques concernantes, autour de sujets qui touchent les centres d’intérêt du public jeune

« J’ai regardé le documentaire sur Shein sur Slash. J’ai adoré parce que c’est un sujet qui m’intéresse. Et je n’étais pas au courant de plein de choses, c’était super intéressant. Ils sont partis d’une influenceuse. C’était long, mais je ne me suis même pas aperçue de la durée, ils m’ont accrochée jusqu’au bout »

Les faiblesses identifiées

Néanmoins, la proposition de traitement de l’actualité sur France Télévisions présente certaines limites selon le Conseil :

• Un traitement encore trop conventionnel et académique qui peut éloigner d’emblée les publics jeunes

« J’ai trouvé ça très scolaire, les animations pas très dynamiques, les cartes, les chiffres, ça manquait de modernité »

• Des longueurs parfois excessives, un manque de dynamisme, pour une génération habituée à la concision et à l’intensité dans l’écriture

« Le sujet était intéressant mais c’était trop long, on a vite fait le tour en fait, le rythme était trop lent »

« Géopoliticus, c’était intéressant mais ça manquait pour moi d’images, d’illustrations. Même si c’était court, on avait du mal avec le format très scolaire, avec ce tableau qui ne bouge pas »

• Un certain manque de richesse, de valeur ajoutée dans les propositions et les approches

« Les docs sur l’afrobeat et la K-pop étaient bien mais il manquait quelque chose, ce n’était pas assez accrocheur, pas assez drôle, trop en surface… malgré les 52 minutes. Je n’en suis pas ressorti avec des anecdotes à raconter à quelqu’un »

Afrobeat

→ Les recommandations du Conseil à destination de France Télévisions autour de la médiation du « réel »

Exemples de leviers d’intérêt cités par les membres du CCP autour de l’actu (nuage de mots généré lors des ateliers de travail)

1. Pour un renouvellement des formats d'information

Les membres du Conseil consultatif des programmes incitent France Télévisions à diversifier son offre d’info avec des formats novateurs et contemporains qui dépassent l'exercice du magazine ou du journal télévisé pour éveiller l'intérêt et revitaliser l'attrait pour son offre auprès du public jeune.

• Davantage de formats brefs et dynamiques, dont l’écriture correspond au besoin d'une réception efficace sur les réseaux sociaux

« Des formats courts qui te captent et te donnent l’essentiel à savoir sur une question »

« Il faut du texte aussi pour qu’on

puisse suivre sans le son »

« Il ne faut pas que ça fasse tache au milieu de mon feed »

• Une plus grande modulation des durées des contenus traitant un même sujet, en proposant des versions succinctes et des formats plus étendus pour s’adapter aux différents contextes de visionnage

« Il faut proposer différentes durées selon qu’on est très intéressé par le sujet, qu’on souhaite juste être au courant ou juste un teasing, parfois cinq minutes c’est déjà trop, on devrait avoir un résumé en trente secondes du sujet »

« Proposer toujours un

documentaire effectivement en 52 minutes ou un 6 x 30, mais également la version courte, à la fois parce qu’on n’a peut-être pas envie de passer autant de temps avec cette histoire, mais aussi parce que ce format court peut nous donner envie ensuite de découvrir le documentaire entier »

« On n’a pas forcément le temps de tout voir, toutes les vidéos longues il faut les découper en extraits pour qu’on puisse les visionner par petits bouts »

• Une approche plus informelle et accessible de l'actualité

« S’instruire sans forcément en avoir l’impression. Moi, par exemple, quand je sors d’une journée de cours, je n’ai pas forcément envie de retomber dans un truc où j’apprends de manière un petit peu scolaire. Je veux des contenus qui nous instruisent mais sans en avoir l’impression »

2. Pour une relation

renouvelée au public

Dans un environnement informationnel exigeant, les jeunes invitent France Télévisions à adopter une attitude plus en phase avec les préoccupations du public et ses questionnements

• Favoriser l'explication et la contextualisation, sans condescendance

« Il ne faut pas être trop simpliste non plus. Je ne veux pas que ce soit édulcoré pour mieux me faire avaler le truc »

« Je veux qu’on m’explique mais pas sentir qu’on me prend de haut »

• Développer les angles plus interrogatifs et nuancés, à même de générer la curiosité, le débat

« On ne veut pas qu’ils jouent les savants, parce qu’ils sont comme nous, on sait qu’ils doutent, qu’ils cherchent »

« Plus de témoignages opposés, plus confronter les points de vue, les visions, les personnages dans les histoires »

• Réduire la distance institutionnelle avec le public

« Je veux apprendre des choses mais sans avoir l’impression d’être en cours »

« Il faut lever les barrières sur certains aspects, avec potentiellement plus de participation des spectateurs dans l’écho des sujets, nous permettre de donner notre avis sur des sujets

qui nous tiennent à cœur »

• Privilégier les parcours individuels et témoignages pour incarner les problématiques via le partage de l’expérience (notamment à travers les formats d’entretiens favorisant l’intimité avec les interviewés)

« De vrais témoignages, des gens qui racontent ce qu’ils vivent plutôt que du commentaire en plateau et des avis indirects »

« On a besoin de s’identifier aussi, de comprendre ce que les gens ressentent »

« Le doc sur DJ Medhi sur Arte. C’était très bien fait car j’ai appris beaucoup de choses, ce n’était pas seulement factuel mais le côté émotionnel m’a beaucoup touché, c’était une vraie plus-value »

3. Pour un traitement renouvelé des sujets d'actualité

Les membres du Conseil suggèrent une révision de l'approche de certaines thématiques, notamment :

• Accroître la couverture des enjeux concernant directement les jeunes générations : orientation et formation, parcours scolaire, difficultés économiques des étudiants, bien-être psychologique…

« Donner la parole aux jeunes pour parler aussi des sujets qui nous concernent. Parce que par exemple Parcoursup, je ne vois que des gens qui en parlent et qui n’en ont pas besoin en fait, ou alors des politiques qui vont parler et discuter de ce que ce devrait être, mais sans nous. On ne nous demande pas notre avis »

• Mettre davantage en valeur le terrain, le travail concret des journalistes et insister sur la transparence des sources mais aussi ouvrir davantage les coulisses de l’info en donnant accès par exemple aux réflexions des rédactions dans le choix des sujets, etc.

« J’aime bien Brut ou Simon Puech car le journaliste a mouillé la chemise pour faire son reportage, on sent que c’est plus sincère, plus réel »

« Hugo Décrypte, c’est quasiment tout le temps fiable et le moment où ce n’est pas fiable, il le reconnaît, il le dit, c’est arrivé il n’y a même pas six mois, il a fait un post pour dire qu’il s’était trompé, etc. »

• Améliorer la représentation de la diversité territoriale et sociale, et notamment les représentations de la jeunesse

• Proposer une lecture plus équilibrée des questions écologiques, entre urgence et perspectives

• Élargir la couverture internationale au-delà des nations dominantes

Se divertir

Une génération qui possède une définition souple et large du divertissement. Du divertissement classique entendu dans sa définition télévisuelle (talent show) jusqu’aux formats de youtubeurs et de streamers.

Exemples de bénéfices liés aux contenus de divertissement exprimés par les membres du CCP (nuage de mots généré lors des ateliers de travail)

→ Les ingrédients d’un divertissement efficace

Les échanges entre membres du Conseil ont permis de faire émerger plusieurs caractéristiques fondamentales qui définissent un divertissement réussi.

La spontanéité et l'authenticité constituent les fondements du divertissement d’aujourd’hui selon les conseillères et les conseillers. Ces qualités se manifestent à travers des formats où l'imprévu et le naturel priment.

« Tu ne sais pas ce qu’il va se passer, tu n’as pas l’impression d’être dans une émission »

« Je regarde Qui est l’imposteur ? par exemple, ça me fait trop rire, c’est incroyable je trouve, ils ne savent pas à quoi s’attendre et nous non plus »

« C’est vrai que j’apprécie de plus en plus le fait que ça ne soit pas “monté”. C’est aussi marrant quand il y a des blancs, c’est un peu gênant, c’est absurde. Ça fait aussi le sel du programme »

À ce titre, le Conseil souligne que l'incarnation et les personnalités (animateurs, invités) qui portent les programmes sont déterminants dans l'attrait du programme. Une vraie prime est accordée aux personnalités qui savent se montrer naturel, sans filtre, ce qui diffuse un sentiment de proximité immédiat. Leur capacité à improviser, leur répartie sont ainsi essentielles.

« Des invités, des guests, mais sans que ce statut transpire trop de leur personnalité, pas des gens qui s’écoutent parler, mais sont réellement à l’aise avec ce petit truc en plus qui les rend sympathiques, proches de nous »

« Personnellement, moi j’aime bien quand le présentateur joue un petit peu… Qu’il s’implique, qu’il assume une subjectivité »

« On sait que sur Clique, Mouloud Achour, il invite des gens qu’il aime bien, c’est détendu »

Les divertissements sont aussi perçus par les membres du Conseil comme une occasion de découvrir une facette plus authentique des personnes invitées. Une découverte d’autant plus enrichissante lorsqu’il s’agit de profils variés et originaux, sortant des sentiers battus.

« Je pense que pour le côté parcours de vie, les anecdotes, c’est hyper fort »

« Rendez-vous en terre Inconnue, ça fait découvrir une autre facette de la personnalité de l’invité, ça change du plateau classique »

Rendez-vous en terre Inconnue

L'intensité est également un critère clés pour des contenus de divertissement attractifs selon le Conseil. À leurs yeux, un divertissement se doit d'être accrocheur, de proposer des séquences et des dialogues forts pour captiver le public.

« Sur Legend, il y a un médecin légiste qui raconte ses histoires les plus incroyables, les scènes de crime les plus improbables et les plus atroces qu’il a pu voir, par exemple »

Si l’humour demeure l’un des ingrédients capitaux, les conseillères et les conseillers soulignent que divertissement ne rime pas forcément avec futilité. Les formats qui donnent l’occasion de se divertir tout en apprenant des choses sont également très appréciés.

« J’aime bien quand il y a un mélange un peu actualité et aussi divertissement, quand il y a un mélange des deux »

« Zach Nani interviewe des gens qu’on n’a pas l’habitude d’entendre aussi longtemps, des gens qui ont des métiers qu’on connaît mal par exemple ou des footballeurs. On se détend mais on apprend aussi beaucoup d’anecdotes »

Le Conseil valorise particulièrement les formats dynamiques qui vont droit au but et évitent les longueurs inutiles.

« L’efficacité. Quand c’est assez accessible et rapide »

« Il ne faut pas des trucs trop longs, mais des choses qui accrochent, qui nous embarquent, où on n’a pas le temps de s’ennuyer »

« Quelque chose de, on va dire, une demi-heure, trois quarts d’heure, grand maximum »

La qualité de production, particulièrement visible dans les miniatures des vidéos sur les plateformes et l'esthétique générale (plateau, habillage) représentent des critères de sélection important pour l’attractivité du contenu.

« Je ne sais pas comment dire, mais en tout cas je fonctionne beaucoup au visuel. Si c’est bien travaillé, l’image, les décors, on sent qu’il va y avoir un bon contenu derrière »

« La miniature, ça joue beaucoup, ça donne une idée de l’esprit de la vidéo, c’est sa vitrine (avec le titre), ça permet de faire le tri, car on ne va pas ouvrir toutes les vidéos pour voir »

→ La perception de l’offre de France

Télévisions

Pour beaucoup de membres du Conseil, le divertissement sur France Télévisions reste principalement identifié comme un contenu destiné aux générations plus âgées, avec des codes assez formels et classiques et des thématiques qui les concernent peu.

« D’un point de vue extérieur, c’est une vision un peu vieille du divertissement, pas très moderne, surtout si on ne prend pas le temps de regarder »

« Je trouve que dans leurs émissions il y a toujours des grands plateaux, avec du public, des écrans et des lumières partout. Sur les plateformes il n'y en a pas forcément, pas de public, on se sent plus en proximité »

Chez les conseillères et les conseillers, la consommation des programmes de divertissement de France Télévisions s'inscrit plutôt dans un cadre familial, avec leurs parents.

« Nous on regarde la 2 plutôt en famille. Les infos, et puis quand c’est le sport, on regarde ensemble »

« Quelle époque ! C’est plutôt avec mes parents si je suis à la maison »

Le Conseil a été amené à visionner certains programmes récents de divertissement de France

Télévisions, notamment ceux diffusés par Slash. Leur perception s’est révélée plutôt positive car ces formats semblent parvenir à s’approprier les codes de cette génération. Ils souffrent néanmoins d'un manque de visibilité aux yeux du Conseil.

« Je trouve que Feat., ça correspond à ce qu’on vient de dire. J’aime bien le format, le présentateur aussi, on a

l’impression qu’il s’investit, qu’il prend plus part au jeu, c’est une discussion entre potes »

« J’ai découvert et je trouve le format intéressant, dans ce côté proximité, le côté bande de potes qui discute »

« Sur Boat, on voyait qu’il y avait une certaine liberté de ton, on retrouve les codes Twitch. On retrouve leur humour. Et je m’y reconnaissais pas mal »

Boat

→ Les recommandations du Conseil à l’attention de France Télévisions dans le domaine du divertissement

Authenticité et naturel

Le Conseil recommande de développer des formats où l’authenticité prime, avec moins de distance entre les intervenants et le public, notamment en repensant l’incarnation et la mise en scène des programmes pour plus de naturel

« Il faudrait oser s’éloigner de ce que l’on fait à la télé, avec moins de retenue, de censure, se lâcher et faire quelque chose de différent »

« Ne pas avoir l’impression qu’on regarde la télé, comme si on était sur une plateforme »

« Drag Race, ça reste une compétition, mais ils ne se prennent pas au sérieux pour autant, ça rend l’émission attachante »

Drag Race

Le CCP suggère de continuer d’intégrer des formats et des personnalités issues du monde des streamers et des youtubeurs pour moderniser l’offre de divertissement via de nouvelles têtes. Notamment sur Slash.

« Sur des formats de jeu, ça peut le faire. Antoine Daniel ou Le Joueur du Grenier sur des formats un peu de culture G. Moi, ce sont des figures que je regarderais »

« Déjà rien que de nouvelles personnes, plus jeunes, un peu moins formatées, ça donnerait envie de regarder, parce que ça serait du changement »

« Je ne connaissais pas Oumar, l’animateur de Feat., mais c’est une bonne découverte »

Feat

Formats spontanés mais efficaces

Les membres du Conseil valorisent particulièrement les programmes au déroulé spontané, sans structuration trop rigide.

« Moi, je dirais qu’il ne faut pas de chroniques, pas de temps dédié, millimétré, avec tant de minutes pour tel intervenant, etc. Quelque chose de plus fluide »

« Pour que chaque invité puisse prendre part à n’importe quelle partie de l’émission. Que ce soit un jeu ou une interview, mais que les personnes aient la capacité d’intervenir et d’être à l’aise à tout moment, sans attendre son tour »

Mais avec des rythmes et des temporalités qui garantissent un visionnage efficace

« Comme sur YouTube, des formats qui font 40 minutes, moins d’une heure »

« Faut que ce soit libre, qu’on ne sente pas le “montage”, mais en même temps il ne faut pas de longueurs »

Mélanger les genres

Les conseillères et les conseillers recommandent de proposer des concepts qui associent discussions et moments plus ludiques pour maintenir l’intérêt.

« Des formats avec un esprit jeu. C’est ça qui est sympa, les découvrir pendant qu’ils jouent, un peu comme chez Squeezie »

« Il y a un jeu qui s’appelait Among Us. C’était un jeu super marrant, collectif, du coup ils se marraient entre eux pendant qu’ils jouaient, c’était top »

« Maxime Biaggi était venu avec le bilan carbone du GP Explorer. Du coup, à ce moment-là, c’était clairement l’occasion pour Squeezie de montrer tout ce qu’il faisait en faveur de l’environnement, et ça peut sensibiliser, faire de la pédagogie »

Enjeu de visibilité et d’accessibilité

Une présence plus forte et mieux ciblée sur les réseaux sociaux et plateformes numériques est jugée essentielle par le Conseil pour toucher le public jeune. Avec des formats qui doivent être pensés pour les environnements digitaux.

« Sur TikTok, il faut développer le lien, répondre aux commentaires, faire des sondages sur Instagram. Par exemple, quelle personne vous aimeriez voir dans un prochain épisode de Safe Zone ? »

« Un format qui pourrait être un format télévisuel, mais qui serait remonté pour bien passer sur YouTube ou sur TikTok »

« Je me dis que si je vais sur YouTube, on pourrait

me proposer des choses que je n’aurais pas regardé autrement. S’ils me montraient des contenus france.tv, ça pourrait me faire découvrir des formats »

Le Conseil insiste sur l’enjeu de rendre plus facilement accessibles les contenus en ligne pour éviter les freins à leur consommation.

« L’accessibilité, par exemple, pouvoir le voir sur YouTube, ou en replay, sans avoir 36 000 pubs, ou ne pas avoir à se créer de compte… »

S’évader par la fiction

La fiction (série, cinéma…) fait figure auprès de cette génération de genre majeur, notamment via la richesse de l’offre accessible et de la multitude de récits, personnages et univers qui la composent et dont les réseaux sociaux constituent la puissante caisse de résonance.

→ Le point sur les usages

Dans un univers où se bousculent offres et plateformes, la navigation semble avant tout guidée par le contenu.

« Avant d’aller sur la plateforme je sais déjà un peu ce que je veux voir, j’ai souvent déjà entendu parler de la série avant »

« Les séries du moment, celles que tout le monde regarde, on va forcément en entendre parler »

Une consommation parfois effrénée et une offre dense qui peuvent engendrer un sentiment de saturation.

« Franchement, j’ai une liste longue comme le bras de séries à voir, et ça me stresse plus qu’autre chose maintenant »

« J’ai toujours l’impression d’être en retard. Tout le monde parle d’une nouvelle série chaque semaine, et moi je cours après pour suivre »

Un goût prononcé pour le bingewatching, nourri à la fois par les plateformes qui favorisent cette consommation insatiable et par des séries spécialement conçues pour captiver et enchaîner les épisodes sans décrocher.

« Quand tous les épisodes sont dispos, je ne peux pas m’empêcher d’enchaîner. Je me dis “un dernier” et j’en regarde cinq »

« J’aime quand une série sort dans son intégralité ; quand sa sortie est espacée, ça crée une frustration »

« Le pire, c’est quand tu sais que tu as un truc demain, mais l’épisode finit trop bien. Tu ne peux pas t’arrêter »

« Quand je commence une série, j’ai besoin de tout voir d’un coup. Je me coupe un peu du monde et je me plonge dedans à fond »

→ Quelles attentes éditoriales ?

Une forte appétence pour l'hybridation des genres, plutôt que des tonalités uniformes. Une génération dont le plaisir passe notamment par le mélange des genres à travers des associations parfois décalées : « dramédie », fantastique - science-fiction et comédie…

« Je trouve ça important que dans une série il y ait le moment où on rigole et des moments où ce soit plus sérieux, pas full comédie ou full drame. Le mélange les deux, c’est bien »

« Quand on mélange fantastique et comédie comme dans Extraordinary »

« Qu’il y ait un événement un peu triste dans un film drôle, je trouve ça plus impactant et ça marche mieux, il y a un équilibre à trouver »

« Moi j’aime les mix de genres, quand la science-fiction vient s’immiscer dans le quotidien comme dans Black Mirror »

Les membres du Conseil observent également un effacement des frontières entre réel et fiction, accentué par le genre de la série documentaire qui joue sur les ressorts de la série (cliffhangers...) et les codes de la fiction (Les Fossoyeurs). Redoublé par les fictions mettant en scène des faits divers réels qui achèvent de gommer les bornes entre les deux (Murder : Gabby Petito, Sambre).

Une tendance qui valorise l'apprentissage pour un public très curieux qui souhaite découvrir et apprendre tout en se divertissant et pour qui la fiction peut également jouer un rôle éducatif.

« La frontière du documentaire à la fiction, pour moi, elle n’est pas forcément importante, si en fiction je peux apprendre quelque chose en même temps, c’est encore mieux »

« Les séries qui te font réfléchir ou qui t’ouvrent sur un sujet, c’est celles qui restent. Ce n’est pas juste : tu regardes un truc, tu apprends »

« J’adore quand un film m’apprend des trucs sur n’importe quel sujet, ça peut être l’histoire, la société, une invention, une biographie… »

« Les docus aujourd’hui, c’est plus comme avant. Il y a une vraie mise en scène, un rythme… »

Une offre riche qui donne la possibilité d’alterner en fonction de son état d’esprit comme du temps que l’on a devant soi entre différents formats qui coexistent : les saisons courtes (six à huit épisodes) dont la longue durée des épisodes (+/- 45 minutes) permet une immersion efficace dans l’univers proposé. L’exception demeure pour les sitcoms où les attentes se concentrent sur des formats d’épisodes plus courts.

« Moi je suis plus sur mini-série en ce moment. Enfin, avant, je pouvais être grosse série genre One Piece mais ce n’est pas la même chose, j’avais plus de temps »

« Je trouve que même en six épisodes il y a le temps de faire des choses très construites »

Les fossoyeurs

Une consommation de fiction qui épouse également l’état d’esprit comme le contexte de visionnage, à la base d’une distinction entre « séries de confort » et séries plus « intenses ». Les premières permettant une attention plus flottante, autorisant à faire autre chose, autour par exemple d’une sitcom ou d’une série multivisionnée. Et les secondes exigeant un investissement plus soutenu, une concentration plus forte.

« Certaines séries, c’est un vrai truc à vivre à fond. Faut être à fond dedans, sinon tu rates des détails importants »

« Je switche souvent entre les deux selon mon humeur. Parfois, j’ai besoin d’une série “chill”, d’autres fois, je veux du lourd, une série qui fait réfléchir »

« Les sitcoms, c’est parfait pour le soir, quand je ne veux pas me prendre la tête et juste décompresser »

Les membres du Conseil ont également partagé leur désir de retrouver une dimension « miroir » dans la fiction À travers des propositions dans lesquelles ils peuvent reconnaître leurs préoccupations, leurs émotions et leur quotidien, même à travers des univers imaginaires ou décalés. Ce n’est pas tant la vraisemblance du monde représenté qui importe que la sincérité et la justesse des personnages et des relations humaines mises en scène.

Un besoin d’identification qui passe notamment par des trajectoires et des figures crédibles auxquelles ils peuvent s’attacher, se projeter, s’opposer parfois, qui les interrogent et les inspirent.

« Ce n’est pas que j’ai besoin que ce soit réaliste, mais faut que ça ait du sens. Un lycée chelou, un futur bizarre, peu importe tant que les émotions sont justes »

« Même si ce n’est pas un truc que je vivrais en vrai, ça me parle. Les relations, les galères, tu sens que c’est écrit pour nous »

« Stranger Things, c’est du fantastique mais ancré dans le réel, les personnages sont le reflet d’adolescents réels »

→ Une perception critique de la fiction française

Exemples de fictions citées et appréciées par les membres du CCP (nuage de mots généré lors des ateliers de travail)

Un public auprès duquel les productions américaines jouissent d’une image beaucoup plus positive que les fictions françaises. Une offre perçue comme plus intense, des récits plus rythmés, des intrigues plus complexes, une grande diversité de genres exploités, des univers dépaysants, dont les codes très ancrés font aujourd’hui références.

« Les séries françaises face aux productions US, j’ai un a priori négatif, ça ne va pas m’attirer »

« Ce sont des bons acteurs, des gros castings, plus de décors, plus d’effets spéciaux, plus de budget »

À l’inverse, des fictions françaises qui pâtissent d'une image vieillissante, avec des scénarios répétitifs et des personnages stéréotypés.

« Moi je trouve que les séries françaises, c’est toujours les mêmes, c’est toujours policier »

« Ce n’est pas que je déteste les séries françaises, mais parfois c’est trop cliché, ça manque d’originalité »

« Ce sont toujours les mêmes personnages de flics clichés »

Mais une reconnaissance progressive de la qualité française, notamment autour d’exceptions récentes qui bénéficient d’une image plus qualitative, plus crédible, avec une attention particulière portée à l’esthétique et au réalisme.

« Bref 2, c’est du bon boulot, ça fait travaillé, il y a du soin dans l’écriture des personnages »

« Dix pour cent, c’est l’exemple type de la bonne série française pour moi »

Le cinéma français récent a notamment été évoqué par les membres du CCP comme l’exemple d’une offre qui parvient à développer des productions de qualité et accrocheuses

« Il y a des films français qui sont très bons avec des thèmes abordés très touchants, je pense à L’Amour ouf et Je verrai toujours vos visages, qui sont très forts »

« Le Comte de Monte-Cristo, c’est le bon exemple d’un film réussi qui capte l’attention, avec une bonne histoire et un acteur qu’on aime bien. On se dit : pour un film français, c’est pas mal »

L’amour ouf

Pour cette génération, le cinéma demeure toujours un contenu de divertissement très fort, au rendez-vous de leurs fortes attentes d’intensité (récits et univers) et d’incarnations (casting).

En ce sens, les membres du CCP ont redit l’importance pour France Télévisions de proposer une offre cinéma importante et de qualité.

Essentielle à leurs yeux pour favoriser la notoriété et l’intérêt de la plateforme de France Télévisions à l’égard de leur génération, d’autant plus en accès gratuit.

« Ils ont souvent des bons films sur leur plateforme, mais on en entend peu parler, alors que c’est gratuit »

« Ils ont du cinéma, parfois assez récent, accessible gratuitement ! Il faut qu’ils le fassent savoir davantage »

Le Comte de Monte-Cristo

→ Perception globale de l'offre fiction de France Télévisions

Perception spontanée de l’offre fiction de France Télévisions par les membres du CCP (nuage de mots généré lors des ateliers de travail)

Une offre relativement méconnue, spontanément difficilement identifiable (cf. nuage de mots), qui auprès des jeunes interrogés souffre de la puissance des plateformes de streaming sur cette cible, comme d’une image plutôt obsolète, associée dans les imaginaires à la fiction policière et aux téléfilms traditionnels.

« Moi j’ai beaucoup de mal avec les séries des chaînes télé, je prends l’exemple des téléfilms policiers, on retrouve beaucoup le même type de scénario où on devine qui est le coupable rapidement et on a la résolution à la fin »

« Je pense que l’image de France Télévisions, enfin pour des personnes qui ne connaissent pas les programmes, elles en ont une

mauvaise image, peut-être un peu vieillotte »

« Ce n’est encore pas assez attractif pour les jeunes générations, pas assez addictif. Des choix de programmation un peu tristes »

« Forcément on va sur les grosses plateformes connues, et on en parle entre nous et on ne connaît pas France Télévisions, alors qu’en plus c’est gratuit, donc on pourrait tous y aller »

« Kaboul, j’ai regardé parce que j’ai vu les affiches. Ça manque de bruit alors que ce sont des produits de qualité. Adolescence par exemple, on en a parlé partout. On n’en parle pas assez, dans mon quotidien on ne me dit pas : “J’ai vu ça sur France TV“ »

Mais pour certains, l’offre de fiction de France Télévisions reste positivement attachée à de très bonnes séries familiales comme Dix pour cent, Fais pas ci, fais pas ça Notamment pour leur capacité à mêler efficacement mélodrame et humour comme pour leur capacité à réunir toute la famille.

« Dix pour cent ça a fait beaucoup de bruit, beaucoup de gens m'ont dit de la voir »

Dix pour cent

« J'étais étonnée aussi des plans dans Nos vies en l'air, je trouvais que c'était bien réalisé, c'était bien tourné, c'était simple, mais c'était bien fait, quelquefois la simplicité aussi ça fonctionne bien »

« Fais pas ci, fais pas ça c’était vraiment notre rendez-vous en famille, aujourd’hui encore je me refais certains épisodes avec ma sœur, c’est notre doudou »

Fais pas ci, fais pas ça

Nos vies en l'air

→ Attentes et recommandations à l’égard de France Télévisions

Les bons ingrédients attendus d’une fiction exprimés par les membres du CCP (nuage de mots généré lors des ateliers de travail)

Les membres du CCP encouragent premièrement France Télévisions à enrichir son offre de fiction en explorant davantage d’univers et récits originaux, décalés, afin de renouveler la curiosité à l'égard de l'offre.

En poursuivant la politique d’acquisition de films récents sur la plateforme et notamment de films indépendants vecteurs de valeur ajoutée

Parasite

« Ils doivent sortir de l’ordinaire s’ils veulent surprendre et qu’on s’intéresse à eux »

« Il y avait Parasite et d’autres films de Cannes, c’était une programmation de qualité »

Les concepts discutés et élaborés lors des ateliers témoignent de cette appétence pour des récits qui transcendent les catégories traditionnelles (la comédie policière absurde, la sciencefiction dystopique, etc.).

En intégrant également cette notion de découverte / apprentissage incarnée par des univers singuliers (territoires, époques...).

Également, le Conseil enjoint France Télévisions à accorder une importance capitale à l’écriture des personnages (complexité, identification...) comme à leur incarnation (casting), élément clé dans l’adhésion aux séries.

« J’aime bien quand une série te raconte une histoire mais que tu sens que c’est documenté, ancré dans du vrai. France Télévisions, ils savent faire ça »

« Ce que j’aime, c’est quand c’est bien joué, bien écrit, et que tu ressens que ce n’est pas juste inventé, mais un truc connecté au réel »

« Il y a plein d’époques très riches qui sont peu traitées encore dans les séries, comme les années 30 par exemple ou mai 68 »

« Les Outre-mer, c’est une base intéressante pour tout un tas d’histoires et de personnages »

« Le lien qu’on a avec une série, c’est les personnages ; si on n’y croit pas, ça ne marche pas »

Enfin, au-delà des recommandations sur la nature même des contenus à produire, les participants ont souligné l'importance de renforcer la publicité et la visibilité autour de l’offre de fiction, à destination du public jeune :

• Communiquer davantage autour d’une offre de séries et surtout de cinéma accessible gratuitement en ligne

• Une communication ciblée sur les réseaux sociaux fréquentés par le jeune public, avec des extraits, le recours à des influenceurs cinéphiles qui peuvent partager leur enthousiasme ou

encore à travers des émissions promotionnelles (Loris, Hot Ones), pour alimenter la viralité de la série

• Dans l’espace public, des visuels impactants et un marketing événementiel immersif : soirées à thème, escape games, jeux de piste dans Paris auxquels les influenceurs et le grand public seraient conviés

« On voit aussi l’importance de la communication pour qu’un film ou une série se regarde. Il faut appâter »

« J’aimerais trop un événement genre escape game autour d’une série, comme ils ont fait pour Stranger Things. Ça te donne envie de rentrer dans l’univers »

« On doit mieux connaître les acteurs, il faut qu’ils passent chez Loris ou Squeezie par exemple »

« Sur TikTok, il faut qu’on tombe sur des extraits qui donnent envie de savoir où c’est diffusé »

« Plus de monde partagera, plus ça me donnera l’impression que je loupe un truc »

La Direction du marketing relationnel et la Direction de la stratégie éditoriale de France Télévisions tiennent à remercier chaleureusement les conseillères et les conseillers de ce 16e Conseil consultatif des programmes pour la qualité de leurs contributions et leur implication constante :

Adèle ABONNEAU - Emma BERTAGNA - Camille BERTH - Thomas BIDAULT - Kevin BILLORÉ - Pierre-Louis BOUDE - Lény CHARLET - Swan COCHARD - Nolwenn DAHMANI - Sacha DESCHAMPS - Marie-Lou DOMAIN - Vassili DONN - PierreMaxime DUCA-DENEUVE - Carla FLEURY - Lyah FOTSING - Océane HUPPÉ - Iliane KORICHI-OUSMER - Marie-Flamine LAVERGNE - Clémentine LECLERCQ - Héloïse LEGENDRE - Josselin LUCKE - Louis OLIVIER - Jules PIDOUX - Raphaël PIFFETEAU-KUUSISTO - Mallorie TAFFOREAU - Luca TRAN - Clara ZEGIERMAN

Les référents France Télévisions 2025 : ANDRE Louisa, BEGUE Marine, BELINGARD Carole, CHICK Philippine, DANIEL Louise, DAROUX Anne, DROUARD Elodie, GANIOU Gauthier, GIROT-BENEDETTI Julia, HETZEL Clément, HITTER François, JUHEL Typhaine, JOALLAND Paul, LIMORATO Céline, MORAIS Nathalie, MORELON Cyrielle, PUJOL Carole, ROUSSEL Amandine, SARRAZIN Laurent

Directrice du marketing relationnel : Chantal Néret

Directrice de la stratégie éditoriale : Tiphaine de Raguenel

Directrice Déléguée Prospective éditoriale et Jeunes Publics : Catherine Lottier

Responsable coordination direction du marketing relationnel – Pilotage du Conseil consultatif des programmes : Anne-Laure Mosser

Accompagnées de : Jean-Maxence Granier, Florian Jésupret Ferté, Noémie Léné, Pauline Lesvigne de l’agence marque et média Think-Out

En savoir plus sur le Conseil consultatif des programmes : site France TV & Vous

Édité par la Direction du marketing et de la communication : juin 2025

Présidente-directrice générale de France Télévisions et directrice de la publication : Delphine Ernotte Cunci

Directeur du marketing et de la communication : Bruno Loutrel

Réalisation : Direction de la marque, des médias et des contenus marketing

Crédits photo : p. 2 © Nathalie Guyon / FTV - p. 4 Maskot - p. 6-7 Urupong - p. 8-9 Gilles Gustine / FTV - p. 10 Gilles Gustine / FTV - p. 12 Gilles Gustine / FTV - p. 16 © Louis-Adrien Le Blay - FTV - p. 18 Nathalie Guyon / FTV- p. 19 Capa Presse - p. 20 DR - Grünt - - p. 24 Gilles Gustine / FTV - p. 27 © Jean Michel Turpin - p. 29 © AuroreTP - p. 30 Jean Ranobrac / FTV - p. 31 France•tv Studio- p. 34 Gilles Gustine / FTV - p. 36 DR - p. 37 © Getty Images / iStockphoto - p. 40 Trésor Films / Chi-Fou-Mi Productions / Studiocanal / France2 Cinéma / Cool Industrie / Artémis Productions / VOO et Be tv / Proximus - p. 41 All City Media / Photo: Claudio Iannone - p. 43 ©Domniki Mitropoulou / Cinétévé / 24 25 Films / FTV - p.44 © Christophe Brachet - Monvoisin Productions / Mother Productions / FTV - p. 45 DR ©Michaël Crotto / FTV / Elephant Story - p. 46 DR Affiche officielle du film « Parasite » (2019), réalisé par Bong Joon Ho. Visuel distribué par The Jokers Films (France). Tous droits réservés. - p. 47 © 2019 - Universal Pictures International - p.48 Gilles Gustine / FTV

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