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d’opinion du 31 mai dernier
AVORTEMENT : PAS DE RETOUR EN ARRIÈRE !
Diane Francœur, M.D., FRCSC, MHCM Présidente de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ)
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Il s’est dit et écrit beaucoup de choses sur le droit des femmes à un avortement libre et gratuit au cours des dernières semaines.
Des états américains nous ramènent dans un passé pas si lointain avec la position extrême du « heartbeat bill », soit l’interdiction d’avortement si le cœur fœtal est présent. Cette position rétrograde et populiste représente un danger réel pour les femmes victimes par exemple d’une grossesse extra-utérine qui ne pourraient être soignées en raison de la présence d’un cœur fœtal.
La dérive qu’entraînent ces lois est évidente : les médecins qui pratiquent des avortements cesseront de le faire de crainte de se retrouver en prison. Les plus téméraires continueront d’en pratiquer, sans échographie, afn de ne pas confrmer la présence de battements cardiaques.
Les faits rencontreront vite la réalité : cela se déroulera dans des endroits clandestins, des complications surgiront et l’avortement illégal –qui tue les femmes– reviendra.
Entre l’Église et les soins
J’ai fait ma surspécialisation au Kentucky, dans les années durant lesquelles Bill Clinton cherchait la voie de son premier mandat. J’ai alors participé à toutes ces discussions autour de la couverture universelle en santé, qu’ici, nous considérons comme un acquis éternel.
Je me rappelle ma stupéfaction devant ces manifestations familiales sur le boulevard Mohamed Ali, tous les samedis matin. Les participants brandissaient d’immenses affches de photos de bébés en train de se faire démembrer.
Je me rappelle qu’on m’avait bien interdit de prononcer le mot « avortement » auprès de mes patientes adolescentes, dans ma clinique de contraception, au risque d’y perdre son fnancement par l’État.
Je me rappelle aussi que les infrmières m’avaient sérieusement avisée que si je continuais, il y avait aussi des risques pour ma sécurité. Cela, peu importe la nature de la grossesse, on devait tout simplement ne pas parler de ces choses-là.
Je me rappelle de voir mon nom, ainsi que celui de quelques collègues, dans le journal local du dimanche, le Louisville Tribune, en page centrale : Physicians pro-abortion ! On m’avait alors recommandé d’aller chez mon marchand d’armes le plus proche. Et de fréquenter l’église de mon quartier…