Extrait mémoire MADE

PACKAGING : HÉRITAGE ET INNOVATION DANS LE MATÉRIAU

Floriane AYMARD

Sommaire

a) Le début des matériaux et l’origine du retour aux savoir-faire

a)

un aspect durable et éco-responsable pour le packaging

c) Les limites de cette coexistence entre les techniques du passé et les techniques du présent

Introduction

Actuellement, le design packaging s’inscrit dans une quête perpétuelle vers la durabilité et l’authenticité, entre autre, au travers des matériaux. Ainsi, je tente de démontrer que l’on peut réconcilier le passé et le présent, avec des savoir-faire traditionnels et régionaux, afin de créer des packagings éco-responsables qui viendront marquer le début d’une nouvelle ère, en alliant créativité et conscience environnementale.

cessus créatif, enrichit-elle le design packaging éco-responsable et contemporain ?

Je n’ai pas choisi ce sujet par hasard, il est d’un réel intérêt pour moi et il serait porteur de dénonciations afin de déconstruire les idées liées aux matériaux issus de ressources naturelles. Dans ce mémoire, je vais m’interroger, sur, comment l’intégration des savoir-faire ancestraux, dans le pro-

Pour traiter mon sujet, je me suis basée sur de nombreux écrits et travaux réalisés par des designers et sociologues totalement en phase avec cette nouvelle problématique actuelle. Ce sujet sera traité en deux parties, en commençant par l’origine des savoir-faire, et en les définissant dans leurs perspectives actuelles, puis en expliquant en quoi ils sont intéressants tout en dénonçant leurs limites. Je questionnerai ensuite, dans une seconde partie, la cohabitation de ces deux notions, en les détaillant d’un point de vue écologique mais aussi sémiologique, afin de définir les potentielles limites de cette cohabitation.

Quel est le rôle du savoir-faire ancestral dans le domaine du design packaging actuel ? 1.

b) Adaptation des savoir-faire dans le packaging contemporain

Pour commenter ces propos, je me suis basée sur le texte Penser depuis les filières de Hugues Jacquet12. De nos jours, comme vu précédemment, il est important de venir considérer l’existant (qu’il soit actuel ou passé), afin de venir perfectionner de nouvelles innovations. Les designers, tels que Lucile Viaud13 ou encore le studio Formafantasma14, gardent ce besoin d’utiliser des modes de productions artisanaux et locaux.

Lucile Viaud travaille avec la technique artisanale du verre régional typique, qui reflète parfaitement

l’origine de la ressource, en le rendant unique. Nous pouvons nous demander si la solution ne serait pas d’avoir une même base de production artisanale mais en ayant des matériaux spécifiques aux différentes régions ?

Le projet Autarchy, de Studio Formafantasma14 s’inscrit, aussi, dans un contexte local et artisanal. En se concentrant sur l’utilisation de matériaux trouvés directement dans la nature, sans mêler un processus industriel, nous avons un lien direct avec les premiers emballages créés par l’Homme.

Projet local et artisanal

Avancées techniques et technologiques

Mais nous pouvons nous demander si, avec les nouvelles avancées techniques et technologiques, il ne faudrait pas délaisser ces savoir-faire ancestraux pour se concentrer sur cette nouvelle ère ?

Ce paradoxe est au cœur de deux perceptions différentes, d’un côté des personnes qui veulent avancer sans conserver le passé et de l’autre, des personnes qui veulent conserver les pratiques traditionnelles.

Nous retrouvons une potentielle réponse à cette question dans

le texte de Marc Bayard15 : il nous explique que dans le domaine du digital, on vient perdre toute notion liée à l’humain et à sa nature. Que malgré toutes ces avancées on vient observer que le retour aux matériaux et savoir-faire persiste face au numérique.

Effectivement ce sens du toucher est nécessaire, il est important de retrouver une expérience tangible, le toucher vient donner sens et signification à l’Homme. On ne peut pas éviter l’un ou l’autre, il est alors important de savoir concilier les deux : continuer le progrès sans oublier les solutions ancestrales.

Quels sont les avantages de la cohabitation entre les savoir-faire ancestraux et les nouvelles techniques innovantes ? 2.

a) Créer un aspect durable et éco-responsable pour le packaging

Ouvrir les possibilités

Cette cohabitation crée un aspect durable et éco-responsable, si elle est bien utilisée.

Comme vu précédemment, la coexistence de ces deux notions est inévitable, certains designers ont décidé de s’emparer de ce paradoxe pour les unir. Je pense notamment au projet de Neri Oxman16, qui a su repenser le travail artisanal, en le liant avec les nouvelles technologies pour produire Glass, ce verre imprimé en 3D. De nouvelles possibilités s’ouvrent, nous ne sommes plus restreints en terme de création. En liant ce nouveau procédé

à cet ancien matériau, on peut découvrir de nouvelles formes et couleurs. Cela nous amène à réinventer les techniques ancestrales.

On retrouve ce même principe dans le projet de Bold Design17, qui vient imprimer en 3D de la céramique, ou encore dans le projet Krown18, avec l’impression 3D d’algues. On se demande si mêler les connaissances traditionnelles aux nouvelles technologies ne serait pas une solution pour répondre aux nouvelles demandes de la société, sans pour autant renouer avec l’industrie pétrochimique.

Tout comme aux débuts de l’humanité, où les peaux d’animaux étaient recyclées, transformées et réutilisées, nous pourrions revenir à ces pratiques en utilisant et valorisant les déchets locaux propres à chaque région, afin de favoriser une économie circulaire19 régionale. Ces démarches se développent actuellement, par le biais d’associations. Le but pourrait être de changer le regard du déchet, d’ailleurs on ne parlera plus de déchet mais de gisement20 : c’est ainsi que Anne-Claire Duprat nous explique l’enjeu de l’exposition Almanach à la Fondation Martell21. Cette exposition est totalement en lien avec mon mémoire : elle se concentre sur la réutilisation des déchets trouvés sur la région Charentaise et nous fait prendre conscience qu’il est important de considérer ce qui nous précède.

On retrouve cette idée de valorisation de déchets locaux avec le projet Moelle22, plante envahissante des Pays-bas, extraite par tonnes chaque année et déjà utilisée dans la fabrication de biogaz. Ce designer réutilise

Revenir aux matériaux primitifs

cette plante afin de créer un matériau applicable aux emballages, cette transformation ne nécessitant pas de liants qui pourrait compromettre le naturel du matériau. Un cercle vertueux se créait alors entre la récupération de cette ressource abondante et son réemploi.

Ne serait ce pas possible de trouver une même ressource dans les différentes régions pour créer, de la même manière, un matériau naturel s’appliquant à sa propre région ? D’autres designers/chercheurs ont également essayé de travailler sur des alternatives au plastique : en France, nous retrouvons Samuel Tomatis23, avec l’algue. Cette ressource, ramassée en masse chaque année sur les plages Bretonnes, est très intéressante car elle est 100% biodégradable sans ajout d’adjuvants nocifs pour l’environnement. Sa démarche s’inscrit à la fois dans le domaine artisanal et industriel mais avant tout dans le cycle cradleto-cradle24. Pour Samuel Tomatis, le grand enjeu est de réconcilier la nature et l’industrie.

Abstract

Today, packaging design is in a perpetual quest for sustainability and authenticity through the use of materials. I’m demonstrating that we can reconcile know-how with innovation to create eco-responsible packaging. I asked myself, how can integrating traditional know-how into the creative process enrich contemporary, eco-responsible packaging design ?

This is a matter of real personal interest and one that would provide counterpoints to unravel preconceived ideas on materials derived from natural resources.

To explore my subject, I have based myself on a large number of writings and works by designers and sociologists who are in perfect phase with this new issue, and that I have or-

ganized according to my different notions as well as derived questions.

Designers are moving towards local approaches and the waste recycling, in the process adopting circular economy and low-tech practices. However, this complete transition is hampered by the need to maintain sturdiness, often obtained using additives from the petrochemical industry. We have observed that the coexistence of these sometimes complex approaches is essential in contemporary packaging design. It makes better use of local assets, stimulates local sourcing and promotes cultural heritage. This fusion also makes it possible to create social design, encouraging positive interaction with communities.