34 minute read

Des acteurs passionnés

Neige

FIGURE 103 RETRANSCRIPTION DES ACTIONS MENÉES ET ENVISAGÉES PAR LES ACTEURS DU TERRTIOIRE, UNE MULTITUDES DE RÉPONSES. © F.BESSOUD-C.

Advertisement

Glacier

Canons à neige Torrent

Lac proglaciaire

Remontées mécaniques

Chalet d’ alpage Sation ex nihilo

Sources

Retenue collinaire

Troupeaux bovin

Canaux Lac d’ altitude

Troupeaux ovins permettant l’ ouverture des alpages et montagnettes

Fermeture des zones non paturées par la forêt

Sources

Barrage Lac de retenue Conduite forcée

Ligne haute-tension

Usine hydroélectrique

Rivière

Ruissellement

Ripisylve plus dense avec de nombreux ligneux

Lac Tourbière

Une fois encore, un grand merci à toutes les personnes qui m’ont accordé leur temps, leurs connaissances et leur passion. La situation dans laquelle nous nous trouvons actuellement30 démontre aujourd’hui la bascule rapide que notre société doit effectuer. Cette bascule nécessite deux choses fondamentales : -de la volonté politique -du volontarisme citoyen

C’est pour cela que l’étude du réseau d’acteurs du territoire qui joue un rôle capital dans le devenir de celui-ci est importante dans ce travail. Elle va chercher à comprendre quels sont les acteurs qui se positionnent sur la ressource en eau du territoire (Figure 104), comment, sur quels espaces (Figures 102 & 105), quelles sont leurs relations et quelle place occupe le paysage dans cet enchevêtrement d’individus et d’actions (Figure 103). L’arpentage du site, une étude préalable ainsi que de nombreuses rencontres et entretiens étaient nécessaires à la compréhension et à la production des ces cartes d’acteurs.

Pour aborder cette partie, il est important de rappeler qu’un cours d’eau est une entité qui est soumise au rythme des saisons. Cette notion de variabilité doit être prise en compte au regard des nombreux usages qui aujourd’hui sont liés de près ou de loin au rythme des saisons. Comme on l’a démontré, l’activité hydroélectrique a fortement modifié l’utilisation de l’eau, mais également les rapports que les hommes entretiennent avec elle. En effet, la fonction première de cet aménagement était l’activité industrielle et la création d’énergie. Cependant, les modifications spatiales se sont couplées à une évolution des usages qui aujourd’hui sont tous liés à l’eau et surtout à la neige. (Figure 106)

FIGURE 106 DES PAYSAGES ISSUS DE NOMBREUX USAGES, D’APRÈS RÉGION RHÔNE-ALPES, INVENTAIRE GÉNÉRAL DU PATRIMOINE CULTUREL © DESSERT ERIC

Patûrages Neige de culture

Hydroélectricité Pêche Ski

Sports d’ eaux vives

Patûrages

-L’eau potable et l’usage domestique

L’action première concernant le partage de l’eau vise à assurer l’approvisionnement des habitants du territoire en eau potable et le traitement des eaux usées. Cependant, il est important de prendre en compte cette demande au regard des saisons, tout comme le rythme des cours d’eau. L’hiver étant la période où la population augmente fortement, certains réseaux sont saturés, les eaux usées n’échappant pas au problème. F. Sansoz met en avant ces préoccupations citoyennes dans son enquête sur la pertinence des projets touristiques de grande envergure, il expose notamment les enjeux de l’eau potable et de la pertinence des projets à venir en vue des problématiques actuelles. Il nous rappelle également dans un entretien que la façon dont le « développement du territoire » est pensée actuellement s’inscrit dans une fuite en avant de grands projets immobiliers touristiques qui ne sont pas « durables sur le long terme » en s’appuyant sur l’exemple du club Med des Arcs ou de la Rosière31. (Figure 107)

« Moi ce qui m’alerte ce n’est pas tellement la ressource en eau, c’est la manière dont on va la traiter. Quand on voit les constructions qu’ils font en altitude alors qu’on sait que c’est déjà très compliqué de réellement évacuer les eaux usées, les écoulements ne sont pas anticipés et ce n’est pas traité en contre bas, on sait qu’il y a des débordements ça se sent ! » Fred Sansoz.

Jean-Yves Vallat alertait également sur ce problème :

« Les eaux usées c’est la face cachée de l’or blanc, c’est un problème énorme, c’est l’horreur. L’Isère est polluée a mort. Si les gens qui viennent faire des sports d’eaux vives le savaient ; ils ne mettraient pas les pieds dans l’eau »

Les grands projets immobiliers ont souvent été critiqués lors de cette enquête que ce soit en termes de ressource en eau ou même d’espace et de paysage, on parle même de « colonisation ».

Pour Rosette Vallat : « Ils ont évidemment changé notre rapport à l’espace car le promoteur il vient, il vend et il se tire. Il a construit sur un site qui était d’une beauté extraordinaire. Dans une zone avec un massif d’arolles, des arbres millénaires. Il a tout rasé, refait le style en cohérence avec la station, ce n’est pas toujours le cas, et voilà, c’est juste une logique financière. Ces gens-là ils colonisent, c’est une colonisation. Même si il y a des retombées économiques sur le territoire, ça échappe totalement aux acteurs locaux, comme une colonisation. Puis il ne pense pas le problème des eaux usées ou des mobilités, on fait toujours plus de lits et on a toujours qu’une seule route. »

FIGURE 107 LE CLUB MED D’ARC 1600, GESTE ARCHITECTURAL ÉMERGEANT AU MILIEU D’UNE CLAIRIÈRE, AJOUTANT ENCORE 1000 LITS SUPPLÉMENTAIRE. © F.BESSOUD-C.

L’agriculture

En Tarentaise, l’agriculture représente environ 340 exploitations sur environ 64 000 ha. Avec comme emblème la vache Tarine, elle est orientée principalement sur un système bovin. D’ailleurs, 23 000 ha de surfaces pastorales sont des alpages, dont la moitié fait partie de l’emprise des domaines skiables32 sur tout le terrtioire tarin, soit 1/3 de celui-ci. Cette cohabitation est possible par des activités pratiquées sur des saisons différentes. De plus, l’irrigation agricole est également au cœur des débats lorsque l’on constate les dernières sècheresses que le territoire a subi. Le second enjeu est lié à la pollution aquatique qui peut être entraînée par ces activités (lisier, pesticides, engrais…). On peut également rappeler qu’un « tourisme agro-pastoral » émerge depuis quelques années, des Accompagnateurs Moyenne Montagne proposent ainsi des produits touristiques permettant de vulgariser efficacement les activités liées à l’alpage. L’alpage est ainsi mis en avant comme un symbole du territoire de la Tarentaise. Sur la commune de BSM, les alpages représentent 8762 ha33, soit environ 40% du territoire. Ces alpages se répartissent sur 3 versants bien distincts (Figure 110), le versant des Arcs où l’on note une cohabitation avec le domaine skiable, le versant du soleil qui surplombe la vallée de l’Isère, parsemé de nombreux hameaux, et enfin les contreforts du Mont-blanc dont le hameau des Chapieux représente une place forte. (Figures 108 & 109)

FIGURE 108 HAMEAU DES CHAPIEUX, ENDIGUEMENT DU TORRENT © F.BESSOUD-C. FIGURE 109 AU DESSUS DU HAMEAUX DES CHAPIEUX, VU SUR LA POINTE DE LA TERRASSE AU BORD DU TORRENT DES GLACIERS © F.BESSOUD-C.

32. Informations disponibles sur le site de l’APTV (Assemblée de Pays Tarentaise Vanoise) - http://www. Tarentaise-vanoise.fr 33. (http://www.observatoire.savoie.equipement-agriculture.gouv.fr/Communes/bdsavoie.php?INSEE=73054#Paragraphe2

Le maire de la commune, M Giraudy, nous a confié l’importance de l’agriculture pour le paysage borain :

« Le paysage ici est plus marqué par l’agriculture. Beaucoup plus que les sports d’hiver. Ce panorama des Arcs est un exemple. Aujourd’hui la plupart des villages ont disparu dans la forêt à la suite de l’abandon de l’agriculture. C’est pareil dans les alpages, à partir de 1600 ou 1500 m, on a le sapin qui a beaucoup plus poussé depuis la création des Arcs. C’est notamment un problème de foncier qui est souvent difficile d’accès »

La fermeture du paysage est importante pour les élus, autant que pour les agriculteurs. Cependant, pour le maire actuel la question de la ressource en eau n’est pas problématique : « Sur la ressource en eau on peut dire que ce n’est pas un problème ici. Parce que l’eau est abondante ici, de partout. Ça n’empêche pas que... Mais l’eau est abondante » avant de changer de sujet pour parler de l’APTV.

Un discour sur l’eau qui peut interroger sur ce sujet d’actualité qui fait parler les habitants, les professionnels du tourisme, l’opposition politique, ou les agriculteurs.

Guillaume Desrues, tête de liste de l’organisation politique BAM, nous confiait la veille :

« Au niveau de la ressource en eau on sent bien qu’on a un stress sur la ressource. Si on regarde l’été 2019, on a eu en juin quinze jours de fortes chaleurs qui ont fait fondre les névés. Derrières, des alpagistes descendaient chercher de l’eau dans l’Isère pour la remonter car leurs sources étaient sèches. » Pour éclaircir ces positions nous avons eu la chance de rencontrer une personne directement concernée, Mr Juglaret, 60 ans, agriculteur et président de la coopérative laitière de BSM. Selon lui, la neige et l’eau sont un tout qui font partie de sa pratique qu’il doit adapter depuis quelques années.

« La neige ici c’est ce qui fait l’eau, et l’intérêt d’un alpage c’est de manger l’herbe à mesure qu’elle pousse, en jouant sur les versants et l’altitude. Dans mon alpage, j’alterne entre les versants au soleil et ensuite à l’ombre. La neige elle participe au maintien de l’alpage et à la pousse de l’herbe. Il faut que ce soient les vaches qui attendent l’herbe et non le contraire. […] La neige, il y en a quand même moins qu’avant et elle fond plus vite, ça impacte ma montée en alpage et mon temps sur place. C’est plus long aujourd’hui. […] Moi les points d’eau j’ai essayé de tout capter, même un filet d’eau, je le capte et je fais ça proprement. Parce qu’il y a quand même de moins en moins d’eau. Il y a moins d’eau qu’avant, c’est évident, moi il y a des sources que je n’ai jamais vu se tarir dans ma vie et ça fait trois ou quatre fois qu’elles tarissent l’été ! Et la terre se réchauffe, comme je dis en trente ans j’ai gagné un mois d’alpage ! C’est quand même une tendance et ce n’est pas un secret, je monte plus tôt et je descends plus tard. […] C’est pour ça que l’entretien de l’eau c’est primordial et on oublie ça. Pour moi l’eau c’est la vie, quand on voit couler un ruisseau c’est magnifique, une cascade c’est pareil. Et puis l’avantage aussi c’est pour l’animal, il boit de l’eau fraiche qui vient de la montagne. L’eau fait partie du cycle, du contexte, de l’emblème de la montagne dans l’alpage. »

FIGURE 110 TROIS VERSANTS D’ALPAGES BIEN DISTINCTS SE DÉMARQUENT. © F.BESSOUD-C.

Versant du soleil Contreforts du Mont-blanc

Funiculaire Arc 1600

Arc 1800

Aiguille Grive Isère

Versant des Arcs

FIGURE 111 CONDUITE FORCÉE DE LA CENTRALE DE MALGOVERT, BOURG-SAINTMAURICE © T. MCKENZIE L’hydroélectricité

La politique hydraulique appliquée au territoire a déjà profondément transformé ce dernier (Figure 111 & 112). Comme le démontre L. Darroux, « la particularité de l’hydroélectricité par rapport aux autres pratiques est peut-être que l’usage qui en est fait n’est pas directement et exclusivement profitable au territoire. « Alors que les autres acteurs utilisent l’eau pour un usage strictement interne, le produit de l’hydroélectricité est exporté sur le réseau pour alimenter la France. » (Darroux, 2013, p. 139) Ainsi, d’autres activités comme la neige de culture, l’agriculture ou l’eau potable peuvent être directement liées à la consommation de la ressource. En revanche, l’hydroélectricité ne consomme pas d’eau car le volume est directement et totalement restitué en aval après avoir été utilisé dans les turbines. Cependant, la quantité de cette restitution peut varier en fonction des besoins.

Ces besoins modifient totalement la conception que les habitants ont de l’Isère. Comme nous le rappel Jean-Yves Vallat :

« L’Isère on n’en a pas la conception naturelle. Car l’hiver on turbine, donc le niveau d’eau est très élevé, jusqu’à environ 50m3. Du coup en hiver, car c’est quand même là où on a besoin d’électricité, l’Isère a un niveau très élevé, au lieu d’être en étiage. Et au contraire, au moment des hautes eaux, de la fonte de neige, qui ne sont pas des crues attention ce sont des eaux qui sont très hautes avec 80 voire 100 m3, les gens imaginent que ce sont des crues. On revient à la culture et a cette vision sensible des choses ou les gens sont déconnectés du cycle naturel de la rivière. »

En tant qu’ancien Président de l’AAPPMA « Lacs et Torrents » du canton de Bourg-SaintMaurice et Vice-Président de la Fédération de Pêche de la Savoie, il estime que

« Mes meilleurs partenaires dans le contrat de bassin versant c’était EDF, alors qu’on n’avait pas le même travail entre la protection des milieux aquatiques et les barrages, ça ne va pas trop ensemble. [...] ils savent qu’ils ont également besoin de conserver une image, notamment sur les milieux aquatiques. On a toujours essayé de trouver des alternatives et des solutions. […] Dès qu’il y a une crue, les gens pensent qu’EDF n’a qu’à fermer les vannes du barrage. EDF explique pourtant que ce ne sont pas leurs objectifs, eux ils produisent de l’électricité. »

FIGURE 112 ZONE HUMIDE DE L’ISÈRE ISSUE DE LA CONSTRUCTION DU BARRAGE DE MONTRIGON. ENTRE FLUX HYDROLIQUE ET FERROVIAIRE. D’APRÈS RÉGION RHÔNEALPES, INVENTAIRE GÉNÉRAL DU PATRIMOINE CULTUREL © DESSERT ERIC

La neige de culture

Les premiers aléas dans l’enneigement naturel ont été constatés dans les années 80. Peu à peu les domaines skiables se sont orientés vers la neige de culture et l’utilisation d’enneigeurs. Aujourd’hui, on note une augmentation des prélèvements en eau sur le département de la Savoie (Figure 113), notamment dans le massif de la tarentaise qui concentre certains des plus grands domaines skiables mondiaux (Figure 114). Ce graphique montre également que l’on puise dans différentes sources allant de la retenue totalement artificielle à un cours d’eau naturel en passant par les barrages. Comme le démontre un récent rapport de la commission générale du développement durable sur L’eau dans les stations de ski : une ressource sous pression : « Le recours aux enneigeurs a un impact sur la ressource en eau. Il faut 1 m3 d’eau pour produire 2 m3 de neige de culture (Observatoire de la Savoie). Les prélèvements en eau pour alimenter les enneigeurs proviennent principalement de trois types de sources : le prélèvement direct sur la ressource en eau superficielle ou souterraine, le prélèvement via le réseau d’alimentation en eau potable et le pompage dans les retenues d'eau, ces dernières pouvant également être alimentées par prélèvement direct, via le réseau d’alimentation en eau potable. » (Gauche, 2019, p. 3)

FIGURE 114 BESOINS EN EAU THÉORIQUES POUR LA PRODUCTION DE NEIGE PAR SAISON ET VOLUMES D’EAU SOCKÉS DANS LES RETENUES COLLINAIRES. D’APRÈS DDEA, 2009, EXTRAIT DE LA THÈSE DE P. PACCARD.

FIGURE 113 AUGMENTATION DES PRÉLÈVEMENTS EN EAU POUR A FABRICATION DE NEIGE EN SAVOIE.

La pression est donc forte et l’enjeu économique important. La commune de Sainte-Foy-Tarentaise, voisine de BourgSaint-Maurice l’a d’ailleurs prouvé lorsqu’en 2015 elle a acheminé 100 tonnes de neige de culture sur une piste importante du domaine allant jusqu’à 2200 mètres d’altitude34(Figure 115). En 2020, ce genre de manœuvre s’est reproduite dans les Pyrénées pour la station de Luchon-Superbagnères. Elle n’est pas passée inaperçue cette fois et a provoqué un réel scandale remontant jusqu’au plus haut niveau de l’état35. Comme le rappel E. Adamkiewicz36 « on se rend compte que ce n’est pas le coût de l’opération qui est pointé du doigt (environ 8000 euros) mais le principe d’utilisation de l’hélicoptère », c’est donc ici la preuve que « le temps du réalisme environnemental commence à arriver, bien que bon nombre de citoyens/consommateurs/ touristes n’aient pas encore changé leurs modes de consommation. » C’est donc également les modes de consommations qui sont remis en cause, on parle ici de la consommation de l’espace, la consommation de la montagne et de ses ressources, la consommation du paysage de montagne. Avec le déploiement de ce type de moyen, on se rend compte que l’or blanc relève finalement moins du filon (comme le rapporte le terme « or ») que du « miracle » du climat, qui fait que des espaces comme Bourg-Saint-Maurice en bénéficie

FIGURE 115 QUAND LA NEIGE TOMBE DE L’HÉLICOPTÈRE À LA STATION DE SAINTE-FOY-TARENTAISE, 2015, EXTRAIT DU DAUPHINÉ LIBÉRÉ, © A. P.

tout l’hiver, même si cela est de moins en moins vrai. Enfin, une autre station du département voisin, La Clusaz (Haute-Savoie), s’est retrouvée dans une situation de crise liée à l’eau. En 2018, face à la sécheresse estivale, le maire de la commune a décidé de « réserver en eau potable, pour la consommation, la moitié des deux cent quarante mille mètres cubes d'eau stockés au printemps, et destinés à la fabrication de neige de culture. »37. C’est une décision marquante à l’heure où la question se pose : boire ou skier faut-il choisir ?38(Figure 116)

34. https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/de-la-neige-acheminee-sur-une-piste-en-helicoptere). 35. article/2020/02/16/enneiger-des-stations-de-ski-par-helicoptere-n-est-pas-une-voie-possible-assureelisabeth-borne_6029768_3244.html) 36. http://ericadamkiewicz.blogspot.com/ 37. https://www.francebleu.fr/infos/climat-environnement/face-a-la-secheresse-la-station-de-la-clusaz-fabriquera-moins-de-neige-de-culture-cet-hiver-pour-1542126595) 38. Article du dauphiné : https://www.ledauphine.com/isere-sud/2018/12/27/boire-ou-skier-en-isere-faudra-t-il-choisir

FIGURE 116 QUAND L’HOMME FAIT TOMBER LA NEIGE. ENNEIGEUR PULVÉRISANT DE LA NEIGE SUR UNE COUCHE FRAICHE DANS LE BUT D’OBTENIR UNE PREMIÈRE COUCHE RÉSISTANTE, 12 DEC. 2019, LA ROSIÈRE © A. JOYEUX-B.

Les sports d’eaux vives

Les sports liés à l’eau ne se pratiquent pas exclusivement en hiver, en effet dans le but de tendre vers une montagne « 4 saisons » (Burguière, 2018) les activités d’eaux vives occupent une nouvelle place dans l’économie du territoire. De ce fait, canyoning, rafting ou kayak profitent des cours d’eau pour offrir de nouvelles sensations en montagne. L’artificialisation des cours d’eau est notamment une bonne chose pour ces activités qui bénéficient ainsi d’un niveau d’eau constant. L’Isère est ainsi fortement fréquentée durant les périodes estivales. Cependant, la gestion du niveau d’eau entraine des problèmes sur la biodiversité aquatique, comme le rappel Jean-Yves Vallat qui commence à avoir du recul sur le rythme des rivières de BSM. (Figure 117).

« Il n’y a plus de fonte de neige aujourd’hui, vu qu’on en cumule moins, au mois de mai juin c’est fini. Donc les débits sont assurés par la fonte des glaciers, de l’eau fossile. C’est-à-dire qu’on vit sur un héritage. Donc en été il n’y a pas les bons débits sur l’Isère. Et pour assurer ces débits, d’environ 25 m3 il y a une convention entre les sports d’eaux vives et EDF qui leur permet d’ouvrir les vannes pour utiliser une sorte de vague lâché par EDF. Ce n’était pas le cas il y a 20 ans. Ça aussi ça a un effet terrible sur les milieux aquatiques. »

FIGURE 117 ZONE DE RAFTING SUR L’ISÈRE, BOURG-SAINT-MAURICE, 1 NOV. 2019, © T. MCKENZIE

La pêche

Que ce soit dans les cours d’eau ou les lacs de retenue EDF, la pêche reste une activité importante pour le territoire de Bourg-Saint-Maurice. Des lois concernant l’eau et les milieux aquatiques imposent d’ailleurs des débits réservés à différentes périodes pour permettre la survie et le développement de certaines espèces39 . Dans un contexte de partage de ressources, les associations locales de pêches sont importantes. Elles sont investies dans les considérations environnementales qui sont posées par les aménagements et leurs impacts sur le lit et l’écoulement de l’eau. L’aspect environnemental étant aujourd’hui un facteur important des décisions surtout quand on se rend compte des services que les « écosytèmes de montagnes peuvent rendre (Figure 118 & 119).

« Déjà quand on voit que les sports d’eaux vives n’obtiennent pas les débits nécessaires... Ça y est on est déjà en plein dans les problèmes de l’eau. Mais on s’en rendra compte quand il n’y aura plus d’eau dans les robinets c’est tout. Ça ne s’est pas su mais il y a 15 ans Véolia a déjà du pomper dans des torrents pour alimenter en eau potable, c’est fou ! […] De toute façon je leur ai dis moi, la retenue collinaire construite sur Arc 2000 pour les canons, elle servira un jour pour nous approvisionner en eau potable. » Jean-Yves Vallat

FIGURE 118 BARRAGE DE MONTRIGON ET SON ASCENSEUR À POISSONS DANS LE BUT DE RÉTABLIR LEUR LIBRE CIRCULATION, BOURGSAINT-MAURICE, 31 OCT. 2019, © T. MCKENZIE FIGURE 119 ROSELIÈRE AU BORD DE L’ISÈRE, BOURG-SAINTMAURICE, 31 OCT. 2019, © T. MCKENZIE

Les enjeux environnementaux sont aujourd’hui au cœur du débat public. La revue Mountain Wilderness a notamment consacré un numéro sur L’eau en montagne en été 2018 où ils sont traités sous différentes façons. Que ce soit lorsqu’il s’agit d’évoquer la question des risques « La préservation des terrains d'expansion des crues et de leurs divagations, le renforcement de la végétation sur les berges et sur les pentes, sont autant de modes de ralentissement des débordements de fleuves et rivières. Et lors d'une crue, le cours d'eau retrouve son lit naturel. » (Hubert, 2018, p. 8). Mais c’est également la question des « services écosystémiques » rendus par les milieux naturels de montagne (Luczyszyn, 2018, p. 9)40 (Figure 120). Cependant, il est important pour notre étude de préciser que nous n’avons qu’une vision anthropocentrée. On remarque aussi qu’on peut apprécier ces élements pour ce qu’ils sont, dans une démarche contemplative, et non simplement pour ceux qu’ils offrent. Le paysage permet ainsi de remettre en cause ce paradigme pour essayer de mettre en avant une autre manière de voir les choses, pour apréhender l’expérience à saisir. Toutes ces problématiques sont liées au rapport de notre société à l’eau. (Figure 121 A, B & C) Sa domestication a eu un effet important sur les mentalités et notamment le rapport aux risques liés à l’eau. Aujourd’hui, on constate cette tendance dans l’urbanisation qui se développe dans des zones en fond de vallée, dans des zones potentiellement inondables (Darroux, 2013).

FIGURE 120 TABLEUX DES SERVICES ÉCOSYSTÉMIQUES RENDUS PAR LES MILIEUX AQUATIQUES DE MONTAGNE FIGURE 121 A RETENUE DE L’ADRET DES TUFFES, PLUS GRANDE RETENUE COLLINAIRE D’EUROPE, 400 000 M3, LES ARCS 2000, 31 OCT. 2019, © T. MCKENZIE

FIGURE 121 B RETENUE DE L’ADRET DES TUFFES, SOUS LA NEIGE DE L’HIVER, ARCS 2000, 30 DEC. 2019, © F. BESSOUD-C.

FIGURE 121 C TRAVAUX DE LA RETENUE DE L’ADRET DES TUFFES, ARC 2000, SEPT. 2008, D’APRÈS RAZEL BEC FAYAT ENTREPRISE

40. Tableau inspiré du Millenium Ecosystem Assessment (2003) et de 2 références : sur la Drôme, en 2010 (ACTeon / EMA Conseil pour la DREAL RA) et sur le Taravo, en 2017 (Cerema / ECP pour le Conseil départemental de Corse du Sud), extrait de LUCZYSZYN, H. (2018). Les services écosytèmiques rendus par les milieux aquatiques de montagne. Mountain Wilderness, 6, 9.

A.

B.

Pour terminer cette étude des acteurs, il semble nécessaire de rendre compte de la communication qui est faite autour d’un territoire aussi touristique que Bourg-Saint-Maurice. Au-delà de la matérialité même, quelles images sont renvoyées ? Quel imaginaire est convoqué ? Quelle idée en a-t-on ? Une majorité des flyers mis a disposition par l’office du tourisme dans la coopérative laitière sont exposés sur cette double page, ils ont été récupérés le 19 février 2020, il neigeait à gros flocons, le bourg était feutré, figé, dans une couche qui s’épaississait à vue d’œil. Une telle météo ne favorisait pas une grande fréquentation des pistes ou autres espaces extérieurs. C’est donc au sein de la coopérative offrant une exposition permanente sur son produit phare, le beaufort, que nous sommes allés à la rencontre des touristes et de leur intérêt pour le lieu.

«Un endroit sauvage et facile d’accès» confièrent un couple de londoniens arrivés directement par l’Eurostar trois jours plus tôt. D’autres sont arrivés en voiture du nord de la France, une famille d’habitués qui n’a « jamais vus autant de monde depuis 30 ans ». Peut-être était-ce à cause des flocons qui tombaient dehors mais les jeunes enfants interrogés racontèrent qu’ils ne se voyaient pas revenir si ce n’était pas pour le ski, ou au moins la neige. « On ne voit pas pourquoi venir à la montagne en été, à part peut-être à Chamonix, mais pas ici » ajouta le père. Le constat était le même pour les londoniens.

FIGURE 122 FLYERS DE L’OFFICE DU TOURISME DE BOURG-SAINTMAURICE METTANT EN AVANT LE TERRITOIRE ET CES ACTIVITÉS HIVERNALES ET ESTIVALES. montagne qui obtient une affluence aussi importante l’hiver que l’été. On peut se demander d’où elle tire Pourtant, en regardant les flyers, son origine. La réponse se trouve même si la neige et les activités certainement dans l’imaginaire qui qu’elle permet sont majoritairement s’est construit autour des sports mit en avant, certains révèlent d’hiver mais également des grandes également le territoire sans son ascensions estivales et des récits manteau blanc. Alors certes nous d’alpinismes. Les territoires de étions au cœur de l’hiver, d’où montagne comme BSM doivent l’intérêt des touristes pour cette également écrire de nouvelles période mais force est de constater histoires et retrouver l’authenticité que la transition vers la « montagne de leurs terroirs afin de stopper 4 saisons » pourtant tant recherchée leur dépendance aux ressources et vendue est difficile. L’exemple de épuisables. l’intérêt porté à Chamonix durant Le potentiel est là, les ressources l’hiver est intéressant car c’est dorment encore, il suffit d’un levier une des seules stations/ ville de pour les révéler.

Contreforts du Mont-blanc

Versant du soleil

Haute vallée de l’Isère

Funiculaire Arc 1600

Arc 1800

Aiguille Grive Isère

Massif de l’Aiguille Rouge

FIGURE 124 POINTS DE VUE CARACTÉRISTIQUES, DEPUIS LES 4 ENTITÉS ENONCÉES SUR BSM © F.BESSOUD-C. & T.MCKENZIE

Contreforts du Mont-blanc - Vallée des Chapieux

Haute vallée de l’Isère - Vue sur Arc 1600 et le versant du soleil Versant du soleil - Vue sur le versant des Arcs Massif de l’Aiguille Rouge - Vue sur le versant du soleil

Contreforts du Mont-blanc

FIGURE 125 PAYSAGES ET TEXTURES CARACTÉRISTIQUES DES CONTREFORTS DU MONT-BLANC. © F.BESSOUD-C., T.MCKENZIE, ALTITUDERANDO.COM, E.TAILLARD. & LESJOLIESCHOSESDENATHOU.FR

Versant du soleil

FIGURE 126 PAYSAGES ET TEXTURES CARACTÉRISTIQUES DU VERSANT DU SOLEIL. © F.BESSOUD-C., T.MCKENZIE

Haute vallée de l’Isère

FIGURE 126 PAYSAGES ET TEXTURES CARACTÉRISTIQUES DE LA HAUTE VALLÉE DE L’ISÈRE © F.BESSOUD-C., T.MCKENZIE

Massif de l’Aiguille Rouge

FIGURE 127 PAYSAGES ET TEXTURES DU MASSIF DE L’AIGUILLE ROUGE © F.BESSOUD-C., T.MCKENZIE & SAVOIEMONTBLANC

FIGURE 128 SCHÉMAS ISSUS DE L’OUVRAGE MONTAGNES : TERRITOIRES D’INVENTIONS, SOUS LA DIRECTION DE JEAN FRANÇOIS LYON-CAEN

Ces schémas théoriques sont applicables au territoire de Bourg-Saint-Maurice concernant les différents usages de la montagne, propre aux étages caractéristiques de celle-ci (Figure 128). La montagne contemporaine regorge d’usages qui prônent un « paysage consommé ». Mais vers quel schéma d’avenir pourrait-elle tendre ? 3 scénarios prospectifs semblent plausibles. Ils dépendront cependant des décisions des acteurs du territoire qui seront étudiées dans le chapitre 3.

FIGURE 130 PAGE SUIVANTE : DIFFÉRENTS SCÉNARIOS POSSIBLES ISSUS DE NOTRE ÉTUDE ET INSPIRÉ DU TRAVAIL DE FIN D’ÉTUDE DE MARION GUENSER, PAYSAGISTE DPLG, FLASH MÉTÉO 2050 : IL NE NEIGERA PLUS EN DESSOUS DE 3 000 M. CHAMROUSSE UN AVENIR CERTAINEMENT INCERTAIN. © F.BESSOUD-C.

e u n

' d L e p a y s a g e c o n s o m m é i s s u m o n o c u l t u r e d e l ' o r b l a n c 2 0 2 0

Friche

e l l e r u a t Friche

n e R é s e r v /

u n e u r o p g e d u p a y s a à v i v r e r e s s o u r c e m o n t a g n e n e e M i s 0 5 0 2

Quartier du village

annuels

FIGURE 129 USAGES DE LA MONTAGNE EN 2020 À BSM, UNE FRÉQUENTATION DÉBORDANTE L’HIVER. UN «OVERTOURISME». Territoire actuel : La montagne comme terrain de jeux, à proximité des villes. Des espace bondés l’hiver, des stations fantômes « hors saison ». On n’y pratique sans cesse de nouveaux usages qui se généralisent, présent à tous les étages caractéristiques de ce territoire de montagne. L’agro-pastoralisme parvient à se maintenir notamment par la présence du tourisme et d’un produit AOC. (Figure 129) Scénario 1 : Le territoire continue sa fuite en avant hivernale malgré le changement climatique cherchant à accentuer sa fonction récréative et le maintient de la neige de culture, allant jusqu’à la friche touristique. Il s’enfonce également dans une monofonctionnalité basée sur le loisir, notamment pour des citadins en manque d’espace de nature. Le paysage essaye tant bien que mal de faire office de décors quand celui-ci n’est pas trop dégradé par le suréquipement. Scénario 2 : Les récents événements ont montré la fragilité de notre société ainsi que le contexte écologique difficile que nous traversons. On peut donc penser une expérimentation de ré ensauvagement générale des milieux d’altitude, intégrant l’activité agro-pastorale. Cette démarche se traduirait par une augmentation de la surface du Parc National de la Vanoise, présent à proximité du domaine des Arcs. Il équivaut à une mise sous cloche du paysage en limitant au maximum les actions humaines.

Scénario 3 : Une forte mobilisation des acteurs permet de prendre en compte les mutations sociales, écologiques, ainsi que les usages pour tendre vers une montagne à vivre, plus qu’une montagne de loisirs. Par le prisme du paysage, on oriente le territoire pour répondre à un désir de montagne. Ce faisant, les stations font partie du Bourg, les usages et la gestion sont définient en fonction des étages caractéristiques du territoire et s’appuyant sur une multitude d’autres ressources présentes. (Figure 130)

FIGURE 131 CARTE DES PAYSAGES CARACTÉRISTIQUES DE BOURGSAINT-MAURICE. © F.BESSOUD-C.

Contreforts du Mont-blanc

Versant du soleil

Haute vallée de l’Isère

Funiculaire Arc 1600

Arc 1800

Aiguille Grive Isère

Massif de l’Aiguille Rouge

La trajectoire du territoire de Bourg-SaintMaurice a plusieurs fois évolué durant ces deux derniers siècles. Ce chapitre d’étude permet d’appuyer l’hypothèse selon laquelle l’exploitation de la ressource présente sur le territoire, que ce soit l’eau sous forme liquide ou solide, à été moteur de changements économiques et sociaux. Ces changements sociaux se sont traduits spatialement et l’histoire de Bourg-SaintMaurice est riche de ces évolutions dont on retrouve encore les traces aujourd’hui. C’est cette histoire qu’on a tenté de raconter durant ce chapitre. Cela, en tâchant de traiter l’articulation d’une géographie à un réseaux d’acteurs autour des paysages et des enjeux paysagers du territoire. On peut aujourd’hui en déduire différentes entités fortes qui construisent les paysages de la commune. (Figure 131) Cette carte des paysages s’est construite à la suite de relevés de terrain, d’études, mais également de rencontres avec différents acteurs qui se sont confiés sur leur territoire, son histoire et parfois même leur propre histoire. De par sa valeur subjective, elle ne cherche pas à séparer ou fragmenter ces espaces. Au contraire, elle se veut fédératrice et s’attache à porter un regard sur un territoire dont la ressource principale est tarie, mais qui regorge d’autres ressources qui n’attendent qu’à être activées. Mais de quels leviers d’actions les acteurs disposent -ils aujourd’hui ? On vient de démontrer que la plupart sont conscients de l’urgence de changer de modèle, mais quelles sont les initiatives qui permettront d’y parvenir ? Quels impacts auront-elles sur le paysage et quel rôle jouera-t-il ? Nous venons de démontrer que la trajectoire de Bourg-Saint-Maurice a engendré une grande diversité d’espaces et de paysages sur lesquels se posent aujourd’hui des questions d’avenir. Ils sont issus d’une réponse singulière qui est orientée sur le « tout neige » et la rentabilité depuis les années 60 et tout gravitent autour de cette pensée unique. Finalement, les enjeux actuels nous obligent à ouvrir le regard et envisager le champ des possibles, plusieurs réponses doivent permettre de faire face aux défis qui attendent Bourg-Saint-Maurice, autant que la société actuelle. Pour tenter d’éclaircir cet avenir, nous conclurons avec les mots d’E. Adamkiewicz qui défend cette idée de récit :

« Il faut que la montagne arrête de compter les clients, d’où qu’ils soient, mais que l’on se mettent à conter la montagne. Sortir de cette logique de business car l’histoire de la montagne est différente et la ressource est épuisable. L’authenticité, ce sont aussi nos racines, il faut les retrouver. Pour cela il faut raconter de nouvelles histoires. Pourquoi tu es bien en montagne aujourd’hui ? Il faut que les territoires retrouvent leur singularité et arrêter de vendre les mêmes images partout ! Pour cela, il faut connaitre son territoire, comprendre ce qu’il a à raconter, ce que les gens ont à raconter. »

Le dernier chapitre sera ainsi consacré à la présentation de récits obtenus durant cette étude. On tâchera des les spatialiser et de les mettre en image afin d’ouvrir le champ des possibles des paysages de Bourg-SaintMaurice.

FIGURE 132 VU DEPUIS LA ROSIÈRE SUR LES FORMES DÉSSINÉES PAR LES STATIONS ARC 2000 ET SAINTEFOY-TARENTAISE. © T.MCKENZIE

Après avoir façonnées le territoire, et ses paysages, l’eau et la neige se retrouvent aujourd’hui utilisés conjointement dans un modèle économique et territorial qui tend à se fragiliser. Le tarissement des ressources à venir engendre des tensions entre des acteurs et laisse entrevoir un avenir incertain pour les équipements investis durant la fin du siècle. Le futur de la vie à la montagne se dessine aujourd’hui. Il doit être réfléchi à une échelle territoriale, de façon systémique et en fonction de la mobilisation des acteurs du territoire. Par le prisme du paysage, pourrait-on orienter le territoire de BSM pour répondre à un désir de montagne ?