The FIFA Weekly Edition #8

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NELSON MANDELA

élevées pour souligner les risques d’Afrique du Sud 2010 venaient surtout de la candidature marocaine. Quand j’ai été élu Président de la FIFA en 1998, j’avais deux priorités : le projet Goal et l’organisation d’une Coupe du Monde sur le sol africain. Dans mon esprit, il était clair que cette Coupe du Monde devait avoir lieu au sud du Sahara. C’était indispensable pour envoyer un signal fort. En 2006, l’Afrique du Sud l’a emporté au terme d’un vote serré, par 14 voix contre 10.

Mandela avait fait le déplacement à Zurich… Oui, il était venu avec Thabo Mbeki, Frederik Willem de Klerk et Desmond Tutu. Mbeki a souhaité partir avant l’annonce du pays hôte pour vivre le résultat en compagnie de ses compatriotes et il m’a dit : “Ne nous laissez pas tomber”. J’ai passé la soirée avec Mandela ; le lendemain, l’Afrique du Sud était désignée. C’est à ce moment-là qu’a été prise la photo où l’on voit Mandela avec le Trophée de la Coupe du Monde. Avant de quitter ses fonctions, l’ambassadeur d’Afrique du Sud en Suisse m’a envoyé cette image la semaine dernière, juste avant mon départ pour le Brésil pour assister au tirage au sort des groupes de la Coupe du Monde. C’était un peu comme le dernier message symbolique que m’aurait adressé Mandela, quelques jours avant sa mort et quelques jours avant que la Coupe du Monde 2010 ne laisse place à la Coupe du Monde 2014. Ça m’a profondément ému.

Comment s’est passé votre rencontre avec Mandela pendant la Coupe du Monde 2010 ? Sa santé était déjà très fragile. En outre, il pleurait son arrière-petit-fils, qui avait trouvé la mort dans un accident de la route juste avant le début du tournoi. Je suis allé le voir chez lui, pour garder le contact. Il m’appelait toujours Sepp. Je me souviens exactement de la façon dont il prononçait ce mot : “Sepp”, “Sepp”, “Sepp”. Je crois qu’il aimait bien ce nom.

L’histoire de l’apartheid est inextricablement liée à celle du football sud-africain. Durant cette période, la FIFA n’a pas toujours joué un rôle très clair. Dans les années 50, deux fédérations nationales différentes existaient, mais la FIFA a choisi de ne reconnaître que la Fédération sud-africaine de football (émanation du gouvernement de l’apartheid). Quel regard portez-vous sur cet épisode ?

et le football a joué un grand rôle dans ce combat. Pour cela, il convient de rendre hommage à l’action du Président Havelange.

Vous avez rencontré beaucoup de grands hommes d’État : le Pape François, Barack Obama, Vladimir Poutine, Kofi Annan… Quelle place tenait Mandela par rapport à toutes ces personnalités ? Ce sont des personnes qui ne sont pas évidentes à comparer. Spontanément, je pense à trois rencontres qui m’ont particulièrement marqué : Mandela, le Pape Jean-Paul II et Kofi Annan. Comme l’a dit très justement Barack Obama, Mandela était le dernier grand héros de la liberté du 20ème siècle. Il s’est battu pacifiquement pour la liberté. Ses armes étaient la générosité, la tolérance et une vision à long terme. C’était un combattant du cœur et de l’esprit.

Danny Jordaan

“Nelson Mandela était une des personnes les plus influentes dans ma vie. Il était mon héros, mon ami, mon compagnon dans la lutte en faveur de la cause du peuple et pour la paix dans le monde.” Pelé

L’exemple de Mandela prouve que le football peut faire tomber toutes les barrières… Le football nous en apporte régulièrement la preuve. C’est par exemple le cas en Bosnie, où l’équipe nationale rassemble au-delà des religions et des ethnies. Je pense aussi à Israël et à la Palestine. Là, les deux parties ont renoué le dialogue grâce au football. À Chypre, l’unification redevient d’actualité. Le football offre une base commune aux factions ennemies. Il se place au-dessus des nationalités, des cultures et des religions.

Cependant, il envoie parfois des messages contradictoires. Le week-end dernier, Didier Drogba et Emmanuel Eboué ont rendu hommage à Nelson Mandela en arborant des T-shirts spéciaux à l’occasion du match entre Galatasaray et Elazigspor. Maintenant, la Fédération turque de football veut les sanctionner pour avoir fait la promotion de messages politiques. Il ne s’agit en aucun cas d’un message politique. Personnellement, je ne vois aucune raison de punir ces joueurs. Mandela est un personnage unique. En sanctionnant ceux qui lui rendent hommage, on ferait acte de discrimination. Au contraire, nous devons applaudir Nelson Mandela et s’incliner devant lui. Il a changé le rêve en réalité.

“Il s’est battu toute sa vie pour l’égalité et la justice.” Samuel Eto’o

“Nelson Mandela est comme le père de la nation. Il a joué un grand rôle dans le combat contre la discrimination en Afrique du Sud et dans le monde.” Steven Pienaar

Propos recueillis par Thomas Renggli

Dès son élection en 1974, le Président Havelange s’est exprimé sans réserve pour l’exclusion de l’Afrique du Sud et, donc, contre l’apartheid. Je me souviens très bien du Congrès de Montréal en 1976. C’est là que la décision est tombée. Le monde devait changer 8

“Il est le père de notre nation et notre grand ancien. Pourtant, il a toujours le sourire aux lèvres et une étincelle malicieuse au coin de l’œil.”

“L’homme le plus grand est mort.” Gary Lineker

T H E F I FA W E E K LY


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