Annuel du Cinéma 2011 - Extraits

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Agora (Agora) Drame historique

de Alejandro Amenábar Avec Rachel Weisz (Hypatie), Max Minghella (Davus), Oscar Isaac (Oreste), Michael Lonsdale (Thén), Rupert Evans (Synesius), Homayoun Ershadi (Aspasius), Ashraf Barhom (Ammonius), Manuel Cauchi (Theophilus), Sammy Samir (Cyril), Richard Durden (Olympius), Oshri Cohen (Medorus), Yousef “Joe” Sweid (Pierre), Omar Mostafa (Isidorus), Harry Borg (le préfet Evagrius),

Adultes / Adolescents

Charles Thake (Hesiquius), Clint Dyer (Hierax), George Harris (Heladius), Amber Rose Revah (Sidonia), Charles Sammut (un philosophe), Jordan Kiziuk (un disciple d’Hypatie), Angele Galea (Charition), Ray Mangion, Samuel Montague, Paul Barnes, Andre Agius, Christopher Dingli, Wesley Ellul, Alan Paris, Christopher Raikes, Nikovich Sammut, Alan Meadows.

Équipe technique Scénario : Alejandro Amenábar et Mateo Gil Images : Xavi Giménez Montage : Nacho Ruíz Capillas Réal. 2e équipe : Mateo Gil 1er assistant réal. : Javier Chinchilla Musique : Dario Marianelli Son : Glenn Freemantle Décors : Guy Hendrix Dyas Costumes : Gabriella Pescucci Effets spéciaux : Chris Reynolds

Effets visuels : Felix Bergés Dir. artistique : Frank Walsh Maquillage : Jan Sewell Casting : Jina Jay Production : Mod Producciones, Himenóptero et Telecinco Cinema Producteurs : Fernando Bovaira et Álvaro Augustin Prod. exécutifs : Jaime Ortiz de Artiñano et Simón de Santiago Distributeur : Mars Distribution.

126 minutes. Espagne, 2009. Sortie France : 6 janvier 2010. Visa d’exploitation : 125109. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD DTS. 300 copies (vo [anglaise] / vf).

Amenábar tend un fil(m) entre les premiers temps de l’ère chrétienne et le monde d’aujourd’hui, et montre les bégaiements de l’histoire. Ce faux péplum est une réflexion beaucoup plus subtile qu’il n’y paraît sur les mécanismes de l’intolérance.

Commentaire

© Teresa Isasi

Résumé Au IVe siècle après J-C., l’Égypte est sous domination romaine. Dans la cité d’Alexandrie, trois groupes religieux doivent cohabiter : les païens, les juifs et les chrétiens. Ces derniers, méprisés et marginalisés, gagnent lentement en influence. Hypatie, philosophe et astronome, est la seule femme à enseigner dans la grande bibliothèque, que dirige son père, le vieux sage Thén. Parmi ses élèves, Oreste, fou amoureux d’elle, et Synesius, l’un des rares chrétiens à être toléré dans la bibliothèque. Hypatie ne voit pas que Davus, l’un de ses esclaves, est épris d’elle. Or, une révolte chrétienne gronde, attisée par Ammonius, le chef de la milice.

Dénouement Davus, qui s’est converti, rejoint la milice d’Ammonius. L’autorité romaine protège un temps la bibliothèque, puis cède aux chrétiens : les païens doivent partir, la bibliothèque est mise à sac, et Thén meurt. Le soir même, Davus se rend chez Hypatie, qui l’affranchit. Quelques années plus tard. Les chrétiens tiennent sous leur coupe la ville, désormais dirigée par Oreste, qui s’est converti. La milice d’Ammonius commet des exactions contre les juifs. Connaissant l’amitié qui unit Hypatie à Oreste, le grand prêtre Cyril veut contraindre ce dernier à la désavouer. Il refuse. Puis, sur les conseils de Synesius, Oreste convoque Hypatie et la supplie de se convertir, mais elle ne cède pas. Elle est alors capturée par la milice. Pour lui éviter d’être lapidée, Davus l’étouffe. © les Fiches du Cinéma 2011

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Agora arrive en boitant sur nos écrans, après s’être fait casser les reins à Cannes par une presse presque unanime. Il faut dire que la façon dont avait été programmé le film alimentait le malentendu en laissant croire qu’il s’agissait d’un grand péplum d’auteur. Or Agora n’est pas cela et ne prétend jamais l’être. Avec une absolue franchise, il s’annonce comme un film politique, utilisant l’Histoire comme métaphore pour parler du monde d’aujourd’hui. Et il tient cette ligne avec une absolue rigueur. À l’échelle du centre d’Alexandrie, autour de la fameuse agora, Amenábar réunit toutes les données qui composent la situation actuelle : conflits de religions, montée de l’intolérance, désaveu des intellectuels, impuissance des politiques, récupération des tensions sociales par les extrémistes religieux... Avec une grande intelligence, le cinéaste procède par associations (les premiers chrétiens sont montrés comme les talibans de l’époque, etc.) et évite toute prise de position directe et transposable. Car il ne cède pas au manichéisme : certes les chrétiens apparaissent comme les grands méchants parce qu’ils sont en position de force, mais les juifs et les païens ne sont ni plus purs ni plus malins. Au-delà des groupes religieux particuliers, le film s’interroge juste sur l’incapacité de l’Homme à douter et à accepter la complexité du monde. Pour le reste Agora n’est pas une œuvre très flamboyante. Comme dans Mar adentro, la réalisation d’Amenábar est globalement plutôt terne, mais traversée de jolies inspirations. Le film n’en reste pas moins très respectable et assez passionnant. N.M.


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