Syndicats FGTB n°15 - 17 septembre 2010

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EMPLOYÉS, TECHNICIENS & CADRES

Carrefour: combien de départs? Pas le moindre licenciement sec. Voici déjà un des résultats des actions menées par les militants de Carrefour au début de cette année. La prépension à 52 ans offrait une solution pour 910 travailleurs. Aperçu chiffré. Pour rappel: à l’annonce de la restructuration, l’entreprise elle-même parlait encore de 1672 licenciements au total par voie de fermetures, auxquels venaient encore s’ajouter les plus de mille travailleurs qui allaient atterrir chez un autre employeur. Les travailleurs ont mené des actions et, après une longue lutte, un accord social était accepté. Il reste encore ci et là quelques questions à résoudre ou quelques données à rassembler, mais il est déjà possible de donner un aperçu de la situation. 910 travailleurs entrent dans le système de prépension à 52 ans… Ce système n’était pas accessible à tous les travailleurs, mais uniquement à ceux de plusieurs magasins touchés par la restructuration. Il est surtout frappant de constater que 168 parmi eux l’ont fait pour céder la place à un collègue qui, sans cela, aurait été à la rue. À côté de cela, 66 travailleurs sont partis dans le régime conventionnel de prépension à 58 ans. Cela démontre que la prépension est une mesure sociale, permettant de trouver une solution moins pénible pour les membres du personnel touchés par une restructuration. Par ailleurs, c’est aussi «meilleur marché» pour les pouvoirs publics que le régime de

chômage, parce que l’employeur, dans ce cas Carrefour, paie un supplément, sur lequel il est lui-même imposé. La prépension n’est pas une pension non plus: les travailleurs doivent rester disponibles pour le marché du travail. 447 travailleurs ont opté volontairement pour le licenciement. 25 contrats à durée indéterminée dans des magasins fermés n’ont pas été reconduits. Un peu plus de 800 personnes ont été occupées dans les magasins cédés à Mestdagh. Une petite moitié travaillent actuellement chez cet employeur. En bout de course, personne n’a subi de licenciement sec grâce aux dispositifs permis par l’accord social. 318 travailleurs des 16 magasins qui fermaient sont passés dans des magasins restant ouverts. La restructuration de Carrefour demeure un récit douloureux, mais la solution trouvée démontre au moins qu’il est possible de trouver des solutions sociales par le biais de la concertation. La concertation fonctionne, voilà un message bien utile pour d’autres…

Gifi tente une manœuvre «à la Carrefour» La chaîne de magasins Gifi (autrefois Fabriekswinkel) a annoncé cet été une restructuration. Les magasins tournent à perte après des années de mauvaise gestion. 2 magasins sont déjà fermés, 4 autres sont sur le billot. Les mesures ne sont malheureusement pas originales dans le secteur du commerce. Il a fallu un bureau-conseil externe pour que la direction admette ce que le SETCa dénonçait depuis des années déjà: les magasins ont été affreusement mal gérés. Malheureusement, tout le monde connaît les solutions qu’avancent pareilles sociétés de consultance: couper dans les coûts, les emplois et les magasins. Celui qui a suivi de près la restructuration chez Carrefour reconnaîtra sans aucun doute plusieurs des propositions de la direction: allonger la semaine de travail de 35 à 38 heures, céder des jours de congé et geler les salaires jusqu’à ce qu’ils atteignent le niveau de ceux de la commission paritaire 201. Ils appellent cela «céder le magasin aux Belges». Le directeur, d’ailleurs juge du commerce à Charleroi, avoue aussi ouvertement qu’il va scinder l’entreprise en petits morceaux pour pouvoir réaliser cette opération.

Échec de la conciliation Une réunion de conciliation le 8 septembre n’a rien apporté. Denise Beerten, déléguée chez Gifi: «Le magasin à Renaix doit fermer ses portes fin septembre et celui de Malines déjà pour la fin de l’année. Mon magasin (Hoboken) devrait fermer avec celui de Merksem le 15 avril de l’an prochain. Et à Geel et Eisden, les magasins sont déjà fermés…

SYNDICATS • N°15 • 17 SEPTEMBRE 2010

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À vendre: Hema La chaîne de magasins Hema est à vendre. C’est ce qu’ont annoncé les propriétaires de l’entreprise, le groupe d’investissements Lion Capital. Le SETCa veillera à ce que les travailleurs ne deviennent pas les victimes. Hema occupe 800 personnes en Belgique. La nouvelle n’était pas vraiment une surprise: les propriétaires ont toujours dit clairement qu’ils n’envisageaient pas de rester propriétaires bien longtemps de l’entreprise. Ils cherchaient à réaliser un beau rendement en se débarrassant des actions après un certain temps. Ce rendement, ils l’ont à présent, et ils mettent l’entreprise en vitrine. C’est actuellement le lot des entreprises, elles changent de propriétaire comme s’il s’agissait de voitures d’occasion. Le problème, c’est que souvent, le personnel paie l’addition de ces changements dans la structure de propriété. Comme il s’agit en l’occurrence d’un groupe d’investissements, qui cherche à obtenir un gain maximum, nous devons être particulièrement attentifs à ce que cette opération ne se fasse pas aux dépens du personnel. Jan De Weghe et Claude Roufosse, secrétaires fédéraux du SETCa, ont d’ores et déjà prévenu la direction (notamment dans une lettre ouverte) que la concertation sociale doit être respectée.

Dexia: le point dans notre prochain numéro Vous le savez: les 10 et 15 septembre étaient décisifs pour l’avenir de Dexia. Lors du conseil d’administration et du comité d’entreprise Européen prévus à ces dates, les travailleurs allaient enfin connaître les modalités du fameux plan d’économie que la direction souhaite mettre en place. A l’heure où nous bouclons cette édition, aucune information officielle n’a filtré tant sur la nature des projets de la direction que sur d’éventuelles suppressions de postes. Soyez en certain: le SETCa exigera des explications claires de la part des dirigeants et veillera à ce que les économies ne se fassent pas une nouvelle fois sur le dos du personnel. Nous voulons encore croire qu’une alternative constructive peut être mise en place. Dans notre prochain numéro, nous serons en mesure de vous donner tous les détails sur ces propositions. Les éventuelles futures actions seront conditionnées par les réponses fournies et le coût social envisagé par le management. Restez à l’écoute!

Le plus grave, c’est que cela se passe sans la moindre indemnité de fermeture. Nous devons même prester le préavis. Le 15 avril, nous serons donc au chômage, les mains vides! Beau cadeau de départ après 30 ans de service…». Les problèmes de la chaîne ne résident cependant pas chez les simples travailleurs: l’entreprise compte bien plus de chefs que des entreprises comparables; tous sont venus s’ajouter après la reprise de Fabriekswinkel par le Français Gifi. En outre, de très nombreux produits ne sont pas du tout adaptés au marché belge.

Shopping dans les CP Quelle que soit l’issue de ce dossier, celui-ci démontre à nouveau que l’attirance de la commission paritaire 201, avec des salaires plus bas et de moins bonnes conditions de travail que dans les quatre autres commissions paritaires du commerce, est grande. Denise Beerten: Tout ce qui est commerce est mis dans la 201 (commission paritaire du commerce de détail indépendant). Dans quelque temps, il ne restera plus rien dans la commission paritaire 311… Ce que des entreprises comme Carrefour tentent à grande échelle se produit aussi chez les «petits». Raison de plus d’aborder ce problème de manière structurelle, sans quoi il s’agira d’un emplâtre sur une jambe de bois… Denise Beerten reste combattive: «Des actions suivront encore probablement, comme cet été, car on est vraiment traités comme des moins que rien. Ne fût-ce que pour montrer qu’on est encore là».

Energie durable en Afrique Via la commission paritaire du pétrole, les travailleurs du secteur soutiennent un projet d’énergie durable au Mozambique. Ilse Galliaert et Herman Baele examinent le projet. Vous pouvez lire leur entretien en commun en page 11.


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