lutte Une seule égalité! i Droits sociaux emploi #6 NOVEMBRE 2024
Bimestriel | Année 79
E.R. : Thierry Bodson, rue Haute 42, 1000 Bruxelles
BUREAU DE DĂPĂT : Charleroi X - P912051
Climat! Mobilisation 13 décembre à Bruxelles
Droit de protester Témoignages
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Des cadeaux pourris sous le sapin BientĂŽt dĂ©cembre ! Dans quelques jours, les villes sâillumineront, pĂ©riode des fĂȘtes oblige. Les villes, les rues, et souhaitons-le, les cĆurs. Mais malheureusement, pour le monde du travail, cette fin dâannĂ©e â et plus encore â sâannonce bien sombre. Et les prĂ©sents sous le sapin... fort dĂ©cevants.
Car le monde politique, en plein virage Ă droite, ne semble pas avoir prĂ©vu beaucoup de belles surprises â sauf peut-ĂȘtre pour ceux qui nâen ont pas besoin : les dirigeants dâentreprise et les grosses fortunes, plutĂŽt Ă©pargnĂ©s par les mesures qui sont sur la table. Pour les travailleurs et travailleuses, les « cadeaux » Ă venir sont particuliĂšrement empoisonnĂ©s : de lâaustĂ©ritĂ©, des mesures fiscales injustes et coĂ»teuses, une augmentation du prix des courses, des reculs sociaux. En bref, une nouvelle gifle pour le monde du travail⊠et des douceurs pour les riches.
VIOLENCE SOCIALE Bodson Président
Miranda Ulens Secrétaire générale
Ă lâheure dâimprimer ces lignes se dĂ©roulait la journĂ©e de lutte contre les violences Ă lâĂ©gard des femmes. Chaque 25 novembre, la sociĂ©tĂ© civile et les syndicats descendent dans la rue et rappellent que ces violences prennent des formes diverses, quâelles sont insidieuses et quâelles font des victimes chaque jour. Violences physiques, mentales, verbales, financiĂšres⊠et sociales.
LE PROJET DE WEVER-BOUCHEZ : UN AVANT-GOĂT AMER Les premiĂšres indications sont claires. La note de formation gouvernementale de Bart De Wever propose â entre autres horreurs â de sâattaquer aux sursalaires pour le travail de nuit et de weekend, tout en durcissant les conditions dâaccĂšs Ă la pension minimale, en renforçant la flexibilitĂ©, ou encore en sâattaquant de plein fouet aux services publics. Ces mesures frapperont en prioritĂ© les travailleurs les plus prĂ©caires et, parmi eux, les femmes, dĂ©jĂ pĂ©nalisĂ©es par des carriĂšres morcelĂ©es et des inĂ©galitĂ©s salariales persistantes. RĂ©cemment, les travailleuses des secteurs des soins et du non-marchand rĂ©clamaient en masse du temps pour bien faire leur travail, pour vivre dĂ©cemment. On en est loin. PlutĂŽt quâune amĂ©lioration des conditions de vie, on offre aux travailleurs et travailleuses un paquet bien ficelĂ© de nouvelles sources de stress et dâinsĂ©curitĂ©. Le tout
enrobĂ© dâune ignorance flagrante et volontaire des besoins et des rĂ©alitĂ©s de terrain.
CLIMATÂ : LâOUBLI VOLONTAIREÂ ?
Dans ce numĂ©ro de Syndicats Magazine, comme chaque annĂ©e Ă cette pĂ©riode, vous lirez par ailleurs nos articles sur le climat et la transition juste. Un thĂšme cruellement absent du programme politique de la droite. Alors que les crises environnementales sâintensifient, avec les consĂ©quences attendues sur les emplois, les secteurs et les travailleurs, aucune mesure ambitieuse ne semble Ă lâordre du jour. On a appuyĂ© sur « pause ». La logique du profit Ă court terme continue de primer, sacrifiant non seulement la planĂšte, mais aussi les populations les plus vulnĂ©rables, en premiĂšre ligne face aux consĂ©quences du rĂ©chauffement climatique.
LES FĂTES POUR QUI ? Dans ce contexte, difficile de voir cette pĂ©riode festive comme un moment de rĂ©jouissance. Si les syndicats et les mouvements citoyens ne restent pas mobilisĂ©s, le gouvernement Ă venir risque de transformer les espoirs dâun avenir meilleur en un dĂ©sert social pour celles et ceux qui ont le plus besoin de solidaritĂ©.
Mais mobilisés, nous le restons ! Plus que jamais, au vu des politiques qui nous font face, nous devrons lutter, résister. La prochaine action ?
Le 13 dĂ©cembre ! Nous organisons en front commun une concentration pour rejeter les cadeaux pourris que nous prĂ©sente la droite, pour remettre lâhumain au centre des dĂ©bats, et pour rĂ©clamer la part Ă laquelle les travailleurs et travailleuses ont droit.
Rendez-vous le 13 dĂ©cembre, Place Poulaert, Ă Bruxelles, pour un rassemblement solidaire et revendicatif ! Car câest tous ensemble que nous pourrons peser dans la balance ! t
Thierry
LE 28 SEPTEMBRE, la plateforme « droit Ă lâavortement » Ă©tait en action Ă Bruxelles. La FGTB Ă©tait au rendezvous.
Nos revendications : la dĂ©pĂ©nalisation totale de lâavortement et lâextension du dĂ©lai Ă 18 semaines. La suppression de tous les obstacles et discriminations. Car lâavortement est un droit !
LE JEUDI 7 NOVEMBRE, des dizaines de milliers de travailleuses et travailleurs du secteur non-marchand et des services publics ont sillonné les rues de la capitale pour revendiquer du temps. Du temps pour effectuer leur travail dans de bonnes conditions, du personnel supplémentaire et une revalorisation du métier. Retour en images.
20 ANS DE PROGRĂS EN MATIĂRE DâĂGALITĂ Le 23 septembre 2004, la FGTB, la CSC et la CGSLB signaient la charte « gender mainstreaming ». Soit un engagement Ă mettre en Ćuvre lâĂ©galitĂ© femmes/ hommes au sein de leur structure. 20 ans plus tard, le 3 octobre dernier, les reprĂ©sentant.es des trois syndicats se sont rĂ©unis pour faire le point et renouveler leurs engagements.
Au sein de la FGTB, plusieurs avancĂ©es en matiĂšre dâĂ©galitĂ© ont vu le jour : un service genre, de la mixitĂ© dans les instances, un code de conduite sur la tolĂ©rance zĂ©ro Ă lâĂ©gard de la violence et du sexisme, lâorganisation de campagnes, activitĂ©s, actions consacrĂ©es aux femmesâŠ
Mais il reste du travail. Les syndicats appellent les politiques, le monde patronal, le monde associatif et tous les acteurs de la sociĂ©tĂ© civile Ă Ćuvrer Ă lâamĂ©lioration de lâĂ©galitĂ©. Comme le souligne la charte, lâĂ©mancipation des femmes est un Ă©lĂ©ment essentiel de lâĂ©mancipation de tous les travailleurs, hommes et femmes.
ĂLECTIONS SOCIALES : LES RĂSULTATS DĂFINITIFS RENFORCENT LA VICTOIRE DE LA FGTB Notre victoire aux Ă©lections sociales est encore plus belle que prĂ©vu : les rĂ©sultats renforcent notre progression, la plus forte enregistrĂ©e en 20 ans ! En quelques chiffres :
⹠Un siÚge sur trois dans un organe de concertation est occupé par un délégué de la FGTB.
âą Plus quâun vote sur trois est un vote pour la FGTB.
⹠La FGTB est forte et progresse dans toutes les régions.
⹠Nous occupons plus de siÚges, dans les secteurs économiques et dans le nonmachand !
Merci pour votre confiance ! Nous continuons sur cette voie ! Chaque travailleur et travailleuse, quâil ou elle ait ou non votĂ© pour la FGTB, peut compter sur nos dĂ©lĂ©guĂ©s. Pour de bons salaires, des horaires de travail corrects, des statuts solides et des contrats dĂ©cents, des conditions de travail sĂ»res et saines.
LA CARTE DE CONTRĂLE EC3.2 POUR LE CHĂMAGE TEMPORAIRE PASSE AU NUMĂRIQUE Attention, Ă partir du 1/1/2025, toutes les personnes en situation de chĂŽmage temporaire devront utiliser la carte de contrĂŽle Ă©lectronique eC3.2. La carte de contrĂŽle papier C3.2A nâexistera plus.
Plus dâinfos J https://tinyurl.com/3rusjpex
ARRĂT DELHAIZE : LA COUR CONSTITUTIONNELLE NOUS DONNE RAISON ! Lors du conflit Delhaize, certains juges ont suivi les trĂšs nombreuses demandes (plus de 30) de la direction de la multinationale de mettre fin aux piquets de grĂšve mis en place par les travailleuses et les travailleurs via des requĂȘtes unilatĂ©rales.
Les organisations syndicales FGTB, CSC et CGSLB ainsi que la Ligue des droits humains Ă©taient itervenues et avaient rappelĂ© le caractĂšre fondamental du droit de grĂšve, et les entraves que ces requĂȘtes unilatĂ©rales constituent pour lâexercice de ce droit.
Dans son arrĂȘt rendu ce jeudi 14 novembre 2024, la Cour constitutionnelle leur donne raison. Avec cet arrĂȘt plus aucun juge ne pourra accepter de requĂȘte unilatĂ©rale contre lâexercice pacifique du droit de grĂšve, notamment dans les nombreuses procĂ©dures judiciaires encore en cours ! « On a dĂ©montrĂ© que le droit de grĂšve est bien un droit fondamental », se rĂ©jouit Selena Carbonero, SecrĂ©taire fĂ©dĂ©rale FGTB.
DROIT DE PROTESTER
« Ils ont fait aboyer les chiens sur nous » Pouvoir manifester est un droit fondamental, dans toute dĂ©mocratie qui se respecte. Pourtant les syndicats, de nombreuses associations de la sociĂ©tĂ© civile ainsi que de nombreux juristes sâinquiĂštent du constat que partout en Europe, en ce compris en Belgique, ce droit recule. Ensemble, ils ont créé la Coalition pour le droit de protester dont la premiĂšre confĂ©rence-dĂ©bat se tenait Ă lâULB le 3 octobre dernier.
Le constat partagĂ© par les diffĂ©rents intervenants est alarmant. Depuis quelques annĂ©es, les politiques â trĂšs majoritairement de droite mais pas que â sâen prennent Ă un droit fondamental pour le restreindre. Ces bĂątons dans les roues sont de plus en plus nombreux. Les attaques interviennent Ă plusieurs moments et de diffĂ©rentes maniĂšres. Câest ce quâillustre le tĂ©moignage dâAurĂ©lien Berthier, qui se qualifie lui-mĂȘme de manifestant du dimanche : « Je ne manifeste pas trĂšs souvent, toujours dans le cadre de manifestations autorisĂ©es, je reste Ă©loignĂ© des fauteurs de trouble et de la police. »
UN DROIT CONDITIONNĂ ParenthĂšse. ArrĂȘtons-nous briĂšvement sur le concept de « manifestation autorisĂ©e ». Il faut une autorisation du bourgmestre pour organiser une manifestation. Lâon est en droit de se demander pourquoi, puisquâil sâagit dâun droit fondamental, il faut demander une autorisation pour lâexercer. « La Belgique est un des rares pays oĂč cette rĂ©glementation existe », apprend-on de la bouche de Carine Thibaut, directrice gĂ©nĂ©rale dâAmnesty International Belgique. « Câest dĂ©jĂ un moyen de restreindre lâexercice de ce droit. Ă Namur, par exemple, la procĂ©dure pour obtenir lâautorisation de manifester prend trois mois. Se pose alors la question des manifestations spontanĂ©es. Est-il interdit aux Namurois de se rassembler au lendemain de bombardements dans un pays Ă©tranger pour en demander la fin ? »
afin de ne laisser aucune issue aux manifestants cernĂ©s. En 2020, alors quâil Ă©tait sur le chemin du retour dâune manifestation qui revendiquait des moyens supplĂ©mentaires pour la santĂ© et les hĂŽpitaux, AurĂ©lien se fait arrĂȘter par la police. « On revenait de la manif, on Ă©tait rue de la RĂ©gence. Au loin on voit des policiers en tenue robocop qui se prĂ©parent Ă entrer en action. Câest assez impressionnant en fait. Mais on ne se mĂ©fie pas : la manif est terminĂ©e, on est au milieu de personnes dont certaines sont justes des passantes. »
Les policiers vont les charger, les secouer, les molester. Ils sont quelques dizaines Ă ĂȘtre envoyĂ©s aux casernes dâ Etterbeek, privĂ©s de libertĂ© pendant plusieurs heures. « Il y avait lĂ des mineurs dont les parents nâavaient pas Ă©tĂ© avertis. Je me souviens aussi dâun vieux monsieur avec son sac Delhaize et ses lĂ©gumes qui dĂ©passaient. Ils ont fait aboyer les chiens sur nous et frappaient les matraques au sol. » Tout le monde est terrorisĂ©. Trois personnes sont arrĂȘtĂ©es de maniĂšre plus violente. Lâune sera gazĂ©e au sol. Finalement, AurĂ©lien sera remis en libertĂ©.
Ils me disent que je dois mâattendre Ă ĂȘtre arrĂȘtĂ© si je veux exercer un droit qui est un droit fondamental : celui de protester.
Aurélien, manifestant
DES MINEURS, DES PASSANTS, UNE PERSONNE ĂGĂEâŠ
AurĂ©lien poursuit son tĂ©moignage. Le ton change. Ce « manifestant du dimanche » a Ă©tĂ© victime de la « technique de la nasse ». Une opĂ©ration menĂ©e par les forces de lâordre
ET APRĂSÂ ? LA PEUR.
Et la suite ? Il y en a peu. « AprĂšs ces Ă©vĂ©nements, jâai vraiment Ă©tĂ© choquĂ© par la façon dont la presse en parlait. Elle ne donnait que la version de la police. Câest aprĂšs, lorsquâil y a eu un travail du journaliste du Soir que la vĂ©ritĂ© a commencĂ© Ă ĂȘtre dite. » Il y aura plainte au ComitĂ© P contre les policiers violents. Mais elle restera sans suite. Il y aura demande dâinterpellation du Bourgmestre de Bruxelles, mais elle sera rejetĂ©e.
Durant lâarrestation, AurĂ©lien a entendu des policiers lui dire que « si on ne veut pas ĂȘtre arrĂȘtĂ©, on ne doit pas manifester » ou encore que « vous les gauchistes, vous rĂ©coltez ce que vous semez ». « Câest dingue ! », sâexclame
MANIFESTE COMMUN La coalition « Droit de protester » , dont fait partie la FGTB, regroupe de nombreuses associations, mouvements, mutuelles et syndicats. Ces organisations rappellent que depuis la crĂ©ation de la Belgique, les mouvements sociaux ont influencĂ© les lois, en revendiquant leur adoption, leur modification ou leur abolition. Elles dĂ©noncent avec force les atteintes au droit de manifester que lâon constate actuellement, notamment au travers de leur manifeste. Lors du dĂ©bat Ă lâULB une synthĂšse de ce manifeste a Ă©tĂ© distribuĂ©e. Elle est disponible ici au tĂ©lĂ©chargement et Ă la lecture :
Aujourdâhui, on constate quâil y a dĂ©tournement de certaines dispositions lĂ©gislatives contre les syndicats. Cette Ă©volution nous a amenĂ©s Ă nous associer Ă dâautres associations pour y faire face : introduire un recours, se dĂ©fendre en justice⊠Nous voulons ĂȘtre solidaires avec elles mais aussi crĂ©er un rapport de force le plus large possible.
Selena Carbonero, Secrétaire fédérale de la FGTB
le militant. « Ils me disent que je dois mâattendre Ă ĂȘtre arrĂȘtĂ© si je veux exercer un droit qui est un droit fondamental : celui de protester. Le plus terrible, câest que toutes ces intimidations se rĂ©vĂšlent efficaces : aprĂšs ça, je peux vous dire quâon a peur et quâon hĂ©site avant dâaller Ă une manif. Moi, il mâa fallu plusieurs annĂ©es pour y retourner. »
UN DROIT FONDAMENTAL Pierre-Arnaud Perrouty, Directeur de la Ligue des droits humains, rappelle en effet que le droit de manifester est un droit fondamental. Car une dĂ©mocratie est par nature imparfaite. La reprĂ©sentation parlementaire ne suffit pas. Il faut donc laisser les citoyens et citoyennes sâexprimer, contester. Ce droit est protĂ©gĂ© par la constitution belge, par la Convention europĂ©enne des droits de lâhomme. Mais il constate des reculs depuis quelques annĂ©es : « Il nây a pas assez de condamnations des policiers abuseurs ou fautifs et dans le mĂȘme temps, de plus en plus de sanctions administratives contre les manifestants sont prononcĂ©es. »
En ce 3 octobre, la salle est remplie de personnes engagĂ©es, de militants pour le climat, pour les droits humains ou encore pour la paix. Beaucoup ont constatĂ© de visu les agissements de certains policiers lors de diverses manifestations. La plupart ont Ă©galement Ă lâesprit les dĂ©rives vĂ©cues lors des manifestations des gilets jaunes en France. Autant dâĂ©lĂ©ments qui, eux aussi, font peur, et dĂ©forcent la volontĂ© des citoyens dâexercer leur droit.
DĂRIVES Mais les violences ne sont pas uniquement policiĂšres. Des outils lĂ©gislatifs, dĂ©tournĂ©s de leur fonction premiĂšre, servent Ă©galement Ă sâattaquer aux manifestants. Selena Carbonero, SecrĂ©taire fĂ©dĂ©rale de la FGTB, explique quâil y a quelques annĂ©es, des syndicalistes ont Ă©tĂ© condamnĂ©s Ă des peines de prison pour « entrave mĂ©chante Ă la circulation » lors dâune journĂ©e de grĂšve nationale. Lorsque cette loi a Ă©tĂ© votĂ©e, il Ă©tait trĂšs clair que cela ne pouvait sâappliquer aux syndicats. Mais le glissement a pourtant eu lieu.
DES ACTES Se parler, informer, sensibiliser, les diffĂ©rentes associations de la Coalition « Droit de protester » sont conscientes que câest essentiel. Mais il fallait aller plus loin et poser des actes concrets. AprĂšs sâĂȘtre mobilisĂ©e en fĂ©vrier dernier contre le vote au Parlement de lâincrimination dâatteinte mĂ©chante Ă lâautoritĂ© de lâĂtat, la coalition a dĂ©posĂ© un recours devant la Cour constitutionnelle pour faire annuler lâinscription de cette infraction dans le nouveau code pĂ©nal belge. Pour la Coalition, elle comporte de sĂ©rieux risques pour le droit de manifester et la libertĂ© dâexpression. La coalition craint notamment que la dĂ©sobĂ©issance civile et les appels Ă celle-ci ne soient criminalisĂ©s. t
UNE VOIX CONTRE LES VIOLENCES
« Le simple fait dâexister et dâavoir une parole, en tant que femme, grosse, câest un geste politique » Mathilde. Câest sur les rĂ©seaux sociaux que nous lâavons connue. Sa chanson, « Ă la gloire des femmes en deuil », a surgi en 2022 et est immĂ©diatement devenu un hymne fĂ©ministe rassembleur, beau, puissant. Puissant comme sa voix et son discours. Alors que se dĂ©roule la JournĂ©e internationale de lutte contre les violences Ă lâĂ©gard des femmes, nous publions son interview.
Sur Tiktok, sur Instagram ou sur scĂšne, lâartiste française, forte dâune communautĂ© dâun demi-million de personnes, sâengage, dĂ©fend. FĂ©ministe jusquâau bout des ongles, elle se bat contre toutes les formes de violence, contre le sexisme, la grossophobie, le harcĂšlement. Elle prend des risques au quotidien. Mais elle est soutenue par cette communautĂ© soudĂ©e et fidĂšle, qui la soutient et qui forme, avec elle, une armĂ©e de « guerriĂšres de lumiĂšre ».
Câest Ă lâissue dâun concert que nous lâavons rencontrĂ©e, en septembre dernier. Mathilde vivait sa premiĂšre « mini-tournĂ©e » en Belgique. Deux dates : lâune Ă Bruxelles, lâautre Ă Ostende. DĂšs son arrivĂ©e dans la capitale, le chauffeur de taxi lui parle des Wallons, des Flamands, mĂȘme de LĂ©opold II. « Il mâa tout raconté ! Jâaime bien avoir les contextes politiques des lieux dans lesquels je vais jouer. Je trouve ça important. Je suis moi-mĂȘme issue de lâimmigration non-visible car mon pĂšre est portugais, donc je ne le porte pas sur mon visage, mais je parle plusieurs langues, jâai vĂ©cu et travaillĂ© dans plusieurs pays. »
« PRĂSERVĂE DE LA PENSĂE DE DROITE »
Le parcours - tant musical que militant - de Mathilde a commencĂ© trĂšs tĂŽt. « Mon pĂšre est un anarchiste qui a quittĂ© la dictature portugaise, ma mĂšre est une femme des annĂ©es 60-70, elle a Ă©tĂ© Ă©levĂ©e et biberonnĂ©e au MLF (Mouvement de LibĂ©ration des Femmes, ndlr). Donc jâai Ă©tĂ© briefĂ©e ! Beaucoup de choses Ă©taient acquises chez moi. JâĂ©tais entourĂ©e dâartistes et de gauchos, donc jâai Ă©tĂ© assez prĂ©servĂ©e de la pensĂ©e de droite jusquâĂ trĂšs tardivement. »
Câest en entrant dans la vie professionnelle que Mathilde se confronte Ă un milieu diffĂ©rent. ParallĂšlement, sa vie de jeune adulte sera marquĂ©e par la violence. « Il a fallu que je mâaffirme, et de plus en plus. Cette affirmation a Ă©tĂ© plus facile, hĂ©las â mais jâessaie dâen tirer un enseignement positif â parce que jâai vĂ©cu des violences conjugales de mes 19 Ă 21 ans. Jâai frĂŽlĂ© la mort, jâai un rapport direct avec la mort, et ça me fait cĂ©lĂ©brer le vivant. Câest beaucoup plus facile pour moi de dire ânonâ. Je peux trĂšs vite
dĂ©gager les choses nĂ©fastes de ma vie. Ecrire des chansons, ça me permet de dĂ©patouiller mes Ă©motions. Mon engagement militant sâest fait avec la musique, jâai trouvĂ© un public pour parler de mon vĂ©cu, tout dâabord, puis dâautres sujets militants. »
« TOUR ART EST POLITIQUE » Mathilde, dans ses textes comme dans ses contenus sur les rĂ©seaux, cĂ©lĂšbre la sororitĂ©, la solidaritĂ©, la libertĂ©. Elle dĂ©gomme tout ce qui sây oppose, avec force, mais aussi beaucoup dâhumour. Elle chante lâamour, la beautĂ©, la vĂ©ritĂ©. Chaque mot, chaque phrase est authentique, porteur. « Mais tout art est politique et engagĂ©. MĂȘme quand je parle dâamour et de sujets plus « triviaux », sur des expĂ©riences intimes qui a priori ne sont pas forcĂ©ment politiques, le fait que je sois une femme, grosse, qui ne donne aucun gage physique de soumission Ă aucun diktat, ça fait de mon discours un discours politique, de facto. Le fait dâexister en tant que femme grosse dĂ©jĂ , avec une parole sur les rĂ©seaux - ma simple insoumission par le non verbal avant mĂȘme que je ne dise quoi que ce soit - câest un geste politique. »
Quant Ă faire de la politique au sens strict ? Oui, « sâil le faut », quand la maison crame. « Je rejoins beaucoup de mouvements quand je pense quâil est nĂ©cessaire quâon se rĂ©unisse, selon lâurgence du moment. Quand ça crame en face, dâabord on Ă©teint le feu, et ensuite on continue Ă avoir nos diffĂ©rences, Ă sâengueuler, etc. Je pense que câest un truc de privilĂ©giĂ©s que de continuer Ă sâengueuler dans des guerres intestines de gauche. Ca me met dans une colĂšre ! Et en face, en France, on a Marine Le Pen, Eric Zemmour, Bruno MĂ©gret, ThaĂŻs DâEscufon, qui nâont pas de problĂšmes pour sâallier, eux ! Câest irresponsable, particuliĂšrement pour les populations qui nâont pas ce privilĂšge, de continuer de sâengueuler entre bourgeois de gauche. Câest une honte. »
CYBERHARCĂLEMENT Ses prises de position politiques, Mathilde les paie. Cher. Il suffit de lire les commentaires sous ses vidĂ©os pour sâapercevoir que la
Je suis grande, je suis grosse, je ne me maquille pas, jâĂ©cris des chansons oĂč jâutilise des mots dâargot ou vulgaires, et ça dĂ©range tout le monde. Ă lâĂ©poque oĂč Gainsbourg â pĂ©riode
Gainsbarre â le faisait, ça ne dĂ©rangeait personne et pourtant il y a beaucoup Ă en dire.
haine nâest jamais loin. Injures, sexisme, grossophobie, tout y est. Pourtant, câest avec humour â voire avec une touche de sarcasme - que Mathilde rĂ©plique sur ses rĂ©seaux. « Je ne rĂ©ponds jamais directement Ă la haine en ligne que je reçois. Je la recycle. Je recycle les dĂ©chets en contenus, pour montrer quâon nâest pas obligĂ©es de se laisser faire. Car âfaire comme si ça nâexistait pasâ, câest encore une fois un discours de privilĂ©giĂ©s. Car ça existe, ça me fait du mal, je vais y rĂ©pondre et câest comme ça. Par lĂ , je donne Ă dâautres femmes, Ă une Ă©chelle peut-ĂȘtre plus petite, la possibilitĂ© de rĂ©pondre, de sâautoriser Ă dire aux haters â ou Ă tonton Jean-Pierre qui fait des rĂ©flexions â âça, câest terminĂ©â. On nâa pas Ă accepter lâinacceptable. On nâa pas Ă accepter de se faire tripoter les fesses, ni le cerveau. »
Belle ironie : les contenus en ligne â monĂ©tisĂ©s â de Mathilde permettent de financer des projets fĂ©ministes, dâengager des femmes artistes ou techniciennes⊠« Câest comme le compost. Les dĂ©chets vont dans le compost et ensuite ça devient de lâengrais. Les gens qui me dĂ©testent sur internet sont mon compost, et ils deviendront lâengrais de ma future chanson, de mon futur projet. Câest lâĂ©co-fĂ©minisme numĂ©rique ! »
Selon lâartiste, ce cyberharcĂšlement est Ă©troitement liĂ© Ă une perte de contact avec le rĂ©el. « Quand je rentre dans le dĂ©tail de tous ces gens qui me harcĂšlent en ligne, je me rends compte quâil y a beaucoup de complotistes, beaucoup de masculinistes, qui croient Ă des discours qui ne sont jamais connectĂ©s au rĂ©el. »
BOUDĂE PAR LES RADIOS Si Mathilde a trouvĂ© son public en ligne et sur les rĂ©seaux, elle nâa pourtant pas accĂšs aux plateaux tĂ©lĂ© ou aux stations de radio. RĂ©cemment, elle offrait une prestation exceptionnelle aux MoliĂšres, la cĂ©rĂ©monie qui rĂ©compense le monde du théùtre. Elle y interprĂ©tait son titre « Le corps des femmes », en faisant la part belle Ă des danseuses de tout Ăąge, de toute condition. Standing ovation du public pourtant connu comme exigeant. Le moment â suspendu â restera pourtant une exception. « Je suis toujours boudĂ©e par les radios parce que jâutilise des mots comme pubis, et apparemment, ça, câest pas possible. Je ne suis pas mallĂ©able, je suis comme ça, câest Ă prendre ou Ă laisser. Mon album se termine par une chanson qui sâappelle âJe veux plus mentirâ. Pour moi, me dĂ©guiser en Barbie chanteuse est un mensonge. Ce nâest pas qui je suis, ce nâest pas viable. Il y a une rĂ©volution Ă faire dans le milieu de lâaudiovisuel sur lâauthenticitĂ©. Ma communautĂ© en ligne, dâailleurs, est prĂ©sente parce que je ne prĂ©sente pas un visage mensonger. » t
FAITES DE VOTRE LIEU DE TRAVAIL UNE ZONE NON VIOLENTE « Tâas tes rĂšgles ou quoi ? » « Tu tâoccupes de prendre note ? » Plus de la moitiĂ© des femmes ĂągĂ©es de 18 Ă 29 ans ont dĂ©jĂ Ă©tĂ© victimes de sexisme au travail. Câest inacceptable !
Pour identifier les comportements toxiques, la FGTB a développé un outil simple et efficace : le violentomÚtre. Il est disponible ici : syndicatsmagazine.be/violentometre
NâhĂ©sitez pas Ă©galement Ă tĂ©lĂ©charger lâaffiche « Zone non violente » sur fgtb.be/ actualite/zone-non-violente pour faire savoir que ces comportements ne passent pas dans votre entreprise.
Comment réagir face à une situation sexiste ?
Tout dâabord, il est important dâintervenir immĂ©diatement.
Si le comportement problématique persiste, informez-en votre employeur, votre représentant/délégué syndical, le conseiller confidentiel, un membre du Comité pour la prévention et la sécurité au travail et/ou le conseiller en prévention.
Vous pouvez Ă©galement signaler les faits Ă lâInstitut pour lâĂ©galitĂ© des femmes et des hommes ou Ă la FGTB (fgtb.be/tools/ discrimination).
Ici se trouve la frontiÚre ! STOP au sexisme. Au travail aussi !
Mathilde sur la scĂšne de Manifiesta, Ostende
UTEXBEL Ouvrir les portes de lâusine Lâentreprise Utexbel ouvrait les portes de son site mouscronnois au grand public pour la premiĂšre fois, mi-octobre. Une occasion unique de dĂ©couvrir les coulisses dâun fleuron textile, le dernier du genre en Belgique, lâun des rares en Europe. Utexbel, filature « à lâancienne » en apparence, est dĂ©finitivement tournĂ©e vers lâavenir.
Les portes ouvertes chez Utexbel, câest un Ă©vĂ©nement. Une premiĂšre, aussi. La filature a ouvert ses portes en 1929. LâĂąge dâor, elle lâa connu. Les annĂ©es noires, aussi. Aujourdâhui, il reste un peu plus dâune centaine de travailleurs et travailleuses sur le site de Mouscron. Qui aujourdâhui vont « montrer » leur travail et leurs outils Ă un public de non-initiĂ©s. Et la sauce prend ! En une journĂ©e, plus de quatre cents personnes viendront profiter de la visite guidĂ©e. Syndicats Magazine est sur place, dans le cadre du projet « Le textile au fil des femmes », une exposition qui relate les tranches de vie des textiliennes de la rĂ©gion. Et profite, dĂšs lors, de la visite. Reportage.
RIEN NE SE PERD Lâentreprise est installĂ©e rue de Bilemont, Ă Mouscron. Presque en centre-ville, Ă deux pas du parc communal. Ici, pas de bĂątiment neufs. On est loin des usines modernes qui ont poussĂ© dans le zoning un peu plus loin. Ici, on voit la brique, rouge, reconnaissable. Lâusine est fiĂšre, debout. Ses travailleurs aussi. Aux portes, plusieurs chats accueillent le visiteur. Ils vivent ici. Ils ont investi les anciens locaux, ceux oĂč on stocke des vieilles machines et des piĂšces « au cas oĂč ». Car ici, le maĂźtre mot, câest le recyclage. Rien ne se perd. Ni les matĂ©riaux, ni la technique, ni le savoir-faire.
Nous rencontrons Joao et CĂ©line. Tous les deux travaillent ici. Dâhabitude, Joao est dĂ©lĂ©guĂ© principal FGTB-Centrale GĂ©nĂ©rale. Mais aujourdâhui, il est guide. Il prĂ©sente, dĂ©partement aprĂšs dĂ©partement, machine aprĂšs machine, la transformation du fil. « OĂč est-ce que tâes allĂ© mettre tes mains ? » demande CĂ©line devant les mains noires de son collĂšgue. « Bah jâai montrĂ© les machines aux gens, vraiment bien expliquĂ©. Faut mettre les mains dans le cambouis. On a du monde, câest une dĂ©ferlante, tant mieux ! Tout est bien structurĂ©, les gens sont impressionnĂ©s ! Les derniĂšres machines, lĂ , ça claque ! »
Fier, Joao. « Câest quand mĂȘme agrĂ©able de montrer son savoirfaire, dâavoir plaisir Ă le faire. Jâai essayĂ© dâexpliquer Ă fond. Dans chaque groupe, les gens posent des questions, et ça câest bien. Comme il nây a plus de filatures, les gens sont curieux, veulent comprendre les process. Comment dâune mĂšche si fragile, on aboutit Ă un fil si solide ? Câest simple en fait. Mais il faut comprendre. » CĂ©line confirme : « Câest incroyable car on a fait trĂšs peu de publicitĂ©. Mais les gens sont tellement intĂ©ressĂ©s, posent tellement de questions ! Les visites durent plus dâune heure, et parfois, ça bouchonne entre les groupes ! En plus, jâavais peur que les gens trouvent le tout un peu « vieillot », mais pas du tout ! Ăa leur plaĂźt ! »
Beaucoup de jeunes pensent que ces mĂ©tiers, ce nâest pas pour eux. Il faut vraiment les accompagner. Ne pas mettre le jeune seul Ă une machine dĂšs le dĂ©but, mais lui apprendre progressivement, le motiver pour quâil sâaccroche..
Joao, délégué FGTB-Centrale Générale
TRAVAILLER DANS LA POUSSIĂRE, LE BRUIT « Mais malheureusement, on ressent moins dâintĂ©rĂȘt chez les jeunes », poursuit Joao. « On peut le comprendre⊠Moi jâai commencĂ© vers 1979-80. Le textile câĂ©tait quelque chose dâĂ©norme. Aujourdâhui, que reste-t-il ? Presque rien, presque plus de formation, non plus. En plus, il faut travailler dans la poussiĂšre, dans le bruit. Beaucoup de jeunes pensent que ces mĂ©tiers, ce nâest pas pour eux. Il faut vraiment les accompagner. Ne pas mettre le jeune seul Ă une machine dĂšs le dĂ©but, mais lui apprendre progressivement, le motiver pour quâil sâaccroche. Je crois en ça. Câest comme Ă lâĂ©cole ou Ă la maison. Il faut enseigner lâordre, le rangement Ă un enfant, sinon il ne fait rien. Ici câest pareil. Tout sâapprend. »
« SANS REGRET »
CĂ©line, elle, a toujours travaillĂ© chez Utexbel. Elle entre Ă 18 ans, suivant les pas de sa maman. « Jâai aimĂ© ce mĂ©tier tout de suite. Quelle dĂ©ception pour ma maman, qui ne voulait pas que je reste ! Au final ça a bien tournĂ©, câest sans regret ! » Elle commence au continu Ă filer. Elle apprendra tous les mĂ©tiers, puis deviendra responsable de planning. 20 ans plus tard, elle aussi est fiĂšre du chemin parcouru, et de lâentreprise. « Câest un lieu hautement symbolique. Bien sĂ»r quâil faut ĂȘtre fier de travailler ici. Je le suis. Les personnes plus ĂągĂ©es aussi ! Les jeunes travailleurs⊠je pense un peu moins. Je pense que la sociĂ©tĂ© a changĂ© et que la jeunesse va prioriser autre chose, des valeurs plus individualistes. Il y a une solidaritĂ© qui est perdue, quelque part. »
Mais des jeunes qui sortent du lot, il y en a pourtant. Pour CĂ©line, il nâest peut-ĂȘtre pas simple de faire son trou dans un milieu oĂč les « anciens », ceux qui connaissent le mĂ©tier sur le bout des doigts, sont toujours en poste. « Selon moi on est dans une pĂ©riode de transition entre les anciens du textile et les nouveaux. Ăa ne colle pas forcĂ©ment entre les gĂ©nĂ©rations. Mais il se peut que le temps
fasse son Ćuvre, que les jeunes trouvent leur place, et quâon soit surpris en bien. »
LâAVENIRÂ ?
LE RECYCLAGE Surtout que lâentreprise veille particuliĂšrement Ă se tourner vers le futur. Ici, on fabrique du fil technique, antifeu, Ă destination des mĂ©tiers de la DĂ©fense et de la sĂ©curitĂ©. Plusieurs corps dâarmĂ©e font appel Ă lâentreprise pour leurs Ă©quipements. La police, les pompiers Ă©galement. Une « niche » qui demande un savoir-faire tout particulier. Olivier Dutordoir, directeur du site mouscronnois, nous en parle. « Ici on prouve quâil y a de la place pour le textile en Belgique, en Europe. Avec les bons choix dâinvestissements et de produits, on peut exister et se dĂ©velopper. »
Lâun de ces choix, câest le recyclage, la circularitĂ©. Ici, on refait du neuf avec du vieux, au lieu de jeter. Dâanciennes tenues de pompiers sont par exemple recyclĂ©es pour former un nouveau fil, qui donnera naissance Ă des chaussettes de sĂ©curitĂ© antifeu ! « Le textile europĂ©en pourra se redĂ©ployer si le volet recyclage est correctement apprĂ©hendĂ©, et soutenu politiquement », poursuit Olivier Dutordoir. « Beaucoup de tissu rentre en Europe en bafouant toutes les rĂšgles. Il faut renforcer les normes pour que lâindustrie europĂ©enne ne subisse plus ce dĂ©savantage Ă©conomique. Le recyclage, ça existe, câest porteur, mais il faut renforcer la rĂ©glementation pour que ça marche. »
Par ces portes ouvertes, la direction dâUtexbel espĂ©rait amener un nouveau public dans ses locaux. Pari rĂ©ussi. On lui laissera le mot de la fin. « Le textile, câest quoi ? Nous, on investit dans des machines, on fait de bons rĂ©glages, on trouve de bonnes fibres. Mais le travail, la qualitĂ©, ce sont les opĂ©rateurs qui les font. » t
DĂ©fendre le chĂŽmage, câest dĂ©fendre lâemploi Ce titre peut paraĂźtre provocateur Ă lâheure oĂč la limitation dans le temps des allocations de chĂŽmage dans le temps a Ă©tĂ© imposĂ©e dans les dĂ©bats publics au point de se retrouver dans la note De Wever. Pourtant, personne ne semble se poser la bonne question : cette mesure serait-elle efficace ? Câest pour tenter dây rĂ©pondre que le CEPAG vient de lancer sa nouvelle campagne.
Comme les (trĂšs) nombreuses mesures de dĂ©gradation de lâassurance chĂŽmage mises en place ces 15 derniĂšres annĂ©es, la limitation dans le temps est prĂ©sentĂ©e comme LA solution miracle.
Pourtant, personne ne semble rĂ©ellement interroger lâefficacitĂ© de ces mesures.
âą La diminution des allocations remotive-t-elle les personnes privĂ©es dâemploi ?
âą Les contrĂŽles et sanctions favorisent-elles lâinsertion, lâemploi, la reprise dâĂ©tudes ou de formation ?
âą La limitation des allocations a-t-elle un effet bĂ©nĂ©fique sur le retour Ă lâemploi ?
Toutes ces questions sont totalement absentes des dĂ©bats. De nombreuses Ă©tudes se sont dĂ©jĂ pourtant penchĂ©es sur celles-ci. Et leurs conclusions sont sans appel : outre leurs consĂ©quences sociales dĂ©sastreuses, les mesures rĂ©pressives nâont aucun effet sur le retour Ă lâemploi. Pire, elles renforcent lâĂ©loignement de lâemploi et lâexclusion sociale.
Pourtant, ces analyses nâont pas Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es par des collectifs militants, des associations ou des organisations syndicales. Elles ont Ă©tĂ© rĂ©digĂ©es par des institutions indĂ©pendantes et reconnues : ONEM, IRES, FOREM, ACTIRIS, ULB⊠A priori, donc, pas de raison de les balayer dâun revers de la main.
LA STIGMATISATION AU SERVICE DE LâEXCLUSION Les mesures nâont en rĂ©alitĂ© jamais Ă©tĂ© justifiĂ©es par des Ă©lĂ©ments tangibles ou des Ă©tudes sĂ©rieuses. Câest la stigmatisation des sans emploi qui a servi de prĂ©texte : profiteurs, fainĂ©ants, assistĂ©s, fraudeurs⊠Aucun stĂ©rĂ©otype nâaura Ă©tĂ© oubliĂ©. Ces prĂ©jugĂ©s mĂ©ritent eux aussi une analyse sĂ©rieuse. Sont-ils vraiment trop payĂ©s ? ChĂŽmage de longue durĂ©e est-il synonyme dâinactivité ? Le chĂŽmage coĂ»te-t-il si cher ?
Câest entre autres sur ces questions que la brochure et les outils de campagne se penchent, sur base dâanalyses chiffrĂ©es, de statistiques et donnĂ©es officielles. Il en ressort ici aussi que ces stĂ©rĂ©otypes sont, au mieux, des contre-vĂ©ritĂ©s, au pire de vrais mensonges. La preuve ? Dans la plupart des pays europĂ©ens, la droite et la patronat prĂ©tendent que le systĂšme de chĂŽmage le plus gĂ©nĂ©reux au monde est⊠le leur, histoire de mieux justifier son dĂ©mantĂšlement.
POUR QUEL RĂSULTAT ? NUL. ZĂRO. RIEN. En analysant les effets de ces mesures en termes de retour Ă lâemploi, la conclusion est la mĂȘme : aucun effet positif. Au contraire ?; lâexclusion et la prĂ©carisation Ă©loignent de lâemploi.
Quelques exemples :
âą En 2012, on a accru la dĂ©gressivitĂ© des allocations de chĂŽmage. RĂ©sultat ? Aucun effet sur la reprise dâemploi. Au contraire, les personnes qui la subissent ont statistiquement moins de probabilitĂ©s de retrouver du travail que celles qui ne la subissent pas.
âą Depuis 2015, on a exclu plus de 50.000 allocataires dâinsertion. On nous avait jurĂ© quâelles retrouveraient un emploi. RĂ©sultat ? Un taux dâinsertion ridiculement bas ! Trois-quarts des personnes exclues en 2015 en Wallonie nâont jamais retrouvĂ© dâemploi.
Les Ă©tudes montrent aussi que les mesures dâexclusion touchent davantage les personnes le plus fragiles et les rĂ©gions les plus
pauvres. La prĂ©carisation nâa donc pas le meilleur des bilans en termes de remise Ă lâemploi. Dâun autre cĂŽtĂ©, la rĂ©insertion par lâexclusion, on se doutait bien que ça nâallait pas marcher des massesâŠ
PRĂCARISER LE CHĂMAGE, CâEST PRĂCARISER LâEMPLOI La campagne du CEPAG analyse ensuite les consĂ©quences socioĂ©conomiques de 15 ans dâattaques contre lâassurance chĂŽmage : chute drastique du nombre de prĂ©pensions et de sans emploi indemnisĂ©s, explosion du nombre de sans emploi non indemnisĂ©s, des revenus dâintĂ©gration (CPAS) et des malades de longue durĂ©e, etc.
Ă la vue de ce bilan dĂ©sastreux, on pourrait sâinterroger : pourquoi certains responsables politiques sâentĂȘtent-ils Ă mettre en Ćuvre des mesures qui ne fonctionnent pas ? Pourquoi en rajouter une couche en limitant le chĂŽmage dans le temps ? Pourquoi alimenter sans cesse la stigmatisation en faisant croire aux travailleurs et travailleuses sous contrat que câest en tapant sur leur voisin prĂ©caire que leur situation va sâamĂ©liorerâŠ
Le vĂ©ritable objectif ne serait-il pas plutĂŽt de diminuer le niveau de protection sociale pour faire pression Ă la baisse sur les salaires et conditions de travail ? Il sâagit ici du dernier axe de la campagne : rappeler le lien entre niveau de protection sociale et qualitĂ© de lâemploi. Si la SĂ©curitĂ© sociale nous prĂ©serve toutes et tous individuellement contre la prĂ©caritĂ©, elle protĂšge Ă©galement collectivement les travailleurs et travailleuses contre la dĂ©gradation gĂ©nĂ©ralisĂ©e des salaires et conditions de travail. Ce lien essentiel - qui semble pourtant Ă©vident quand on constate les conditions de travail et de vie dans les pays nâayant pas de systĂšme de SĂ©curitĂ© sociale â semble en effet avoir Ă©tĂ© trop souvent oubliĂ©.
En cette annĂ©e de 80Ăšme anniversaire de la SĂ©curitĂ© sociale, et Ă lâheure oĂč de nouvelles menaces pĂšsent sur elle, mettre en Ă©vidence ce lien et dĂ©construire certains prĂ©jugĂ©s Ă©tait nĂ©cessaire, voire indispensable, pour alimenter et enrichir les dĂ©bats politiques et citoyens. t
OUTILS
J cepag.be/campagnes f CEPAGasbl I CEPAGmouvement
Défaites vos idées toutes faites sur le chÎmage
⹠Le chÎmage coûterait trop cher et plomberait les comptes de la Sécurité sociale. En vérité, le chÎmage complet représente à peine 3% du budget global de la Sécurité sociale.
âą Les sans emploi ne sont pas toutes et tous⊠sans emploi. Et chĂŽmage ne signifie pas nĂ©cessairement inactivitĂ©. Pour ne plus ĂȘtre considĂ©rĂ© comme Ă©tant « au chĂŽmage de longue durĂ©e », il faut travailler 3 mois de maniĂšre ininterrompue. Des conditions de + en + difficiles Ă atteindre avec la prĂ©carisation de lâemploi et la multiplication des contrats courts et intĂ©rims.
Noémie a par exemple enchaßné les contrats intérimaires. Entre 2020 et 2023 :
- Elle a travaillé 695 jours.
- Elle a connu 483 jours de chĂŽmage.
- Et a été malade 9 jours.
Elle a travaillé 60% du temps sur cette période mais jamais 3 mois ininterrompus. Elle est donc toujours officiellement « chÎmeuse de longue durée », indemnisée comme telle et potentiellement visée par la mesure défendue par le MR et Les Engagés.
âą Le chĂŽmage serait un win for life : allocations gĂ©nĂ©reuses et jamais de contrĂŽle ni de sanctions. Rien nâest plus faux. Lâimmense majoritĂ© des allocations se situent sous le seuil de pauvretĂ© et aucune « catĂ©gorie » de la population nâest plus contrĂŽlĂ©e. Rien quâen 2023, 43.000 sanctions et 16.000 avertissements ont Ă©tĂ© prononcĂ©s, pour un total de 284.000 chĂŽmeuses et chĂŽmeurs indemnisĂ©s. Soit plus dâune personne sur 5 !
TRAVAILLEURS ET MOBILITĂ La concertation sociale sâimpose dans les entreprises bruxelloises en 2025 La mobilitĂ© reprĂ©sente un dĂ©fi majeur Ă Bruxelles. Pour y rĂ©pondre, les entreprises employant plus de 100 travailleurs sur un mĂȘme site sont tenues dâĂ©laborer des plans de dĂ©placement dâentreprise (PDE). Leur objectif ? Organiser de maniĂšre plus durable les trajets domicile-travail des travailleurs.
ConcrĂštement, le PDE exige que lâentreprise mette en place un plan dâaction comprenant au moins sept mesures. Cela va de la dĂ©signation dâun rĂ©fĂ©rent en matiĂšre de mobilitĂ© Ă la sensibilisation du personnel, en passant par lâĂ©laboration dâun plan dâaccĂšs multimodal et la mise Ă disposition de parkings pour vĂ©los.
En amĂ©liorant les dĂ©placements quotidiens, ces plans peuvent amĂ©liorer les conditions de travail et jouer un rĂŽle dĂ©terminant pour une meilleure mobilitĂ© Ă Bruxelles. Ces plans, valables pour trois ans, sont obligatoires et doivent ĂȘtre soumis Ă Bruxelles Environnement.
UN PDE OBLIGATOIRE, MAIS VRAIMENT ADAPTĂ ? Bien que le PDE soit une obligation lĂ©gale, il ne garantit pas pour autant quâil soit rĂ©aliste, rĂ©alisable et largement soutenu. Par le biais de la concertation sociale, les syndicats peuvent recueillir et exprimer les prĂ©occupations et les besoins des travailleurs, sâassurant ainsi que le plan soit adaptĂ© aux rĂ©alitĂ©s de tous, quels que soient le lieu de rĂ©sidence ou la situation personnelle des employĂ©s.
Par exemple, une flexibilitĂ© peut ĂȘtre mise en place pour le tĂ©lĂ©travail et pour lâusage de diffĂ©rents modes de transport tels que les transports en commun, le vĂ©lo ou le covoiturage. Un plan de stationnement peut aussi ĂȘtre imaginĂ© pour attribuer les places en fonction des besoins de mobilitĂ© des individus plutĂŽt quâen fonction de la hiĂ©rarchie au sein de lâentreprise (personnes Ă mobilitĂ© rĂ©duite, difficultĂ© dâaccĂšs aux transports en commun, etc.).
Il est donc important que ces plans de mobilitĂ© soient Ă©laborĂ©s en adĂ©quation avec les besoins spĂ©cifiques des travailleurs. La concertation sociale sur le PDE, avec des reprĂ©sentants des travailleurs bien informĂ©s et impliquĂ©s dans le conseil dâentreprise, est donc essentielle.
LA CONCERTATION SOCIALE OBLIGATOIREÂ : UN LEVIER INDISPENSABLE POUR DES PLANS ADAPTĂS
En 2025, une nouvelle pĂ©riode triennale commence, avec une nouveauté : la concertation sociale devient obligatoire. Cela signifie concrĂštement que le PDE devra obligatoirement ĂȘtre discutĂ© en conseil dâentreprise, et quâun extrait du procĂšsverbal de cette rĂ©union devra ĂȘtre joint au dossier du nouveau PDE. Cette mesure sera vĂ©rifiĂ©e, et le non-respect de cette obligation pourra entraĂźner une sanction financiĂšre.
Les reprĂ©sentants des travailleurs pourront sâassurer, via la concertation sociale, que les PDE soient rĂ©ellement inclusifs et adaptĂ©s. La concertation sociale peut en effet garantir une rĂ©partition Ă©quitable des avantages tels que les indemnitĂ©s vĂ©lo ou les places de parking, en tenant compte des situations de mobilitĂ© variĂ©es des travailleurs.
Les reprĂ©sentants des travailleurs peuvent Ă©galement, via le PDE, plaider pour des solutions de mobilitĂ© sĂ»res et durables, adaptĂ©es aux travailleurs. Cela inclut les conditions dâutilisation des transports en commun ou des modes actifs de transport, comme un sentiment de sĂ©curitĂ© pour les travailleurs de nuit ou du matin, un nombre suffisant de parkings Ă vĂ©lo et des douches adĂ©quates pour ceux qui se dĂ©placent Ă vĂ©lo.
GrĂące au dialogue avec lâemployeur, les reprĂ©sentants des travailleurs peuvent sâassurer que les trajets domicile-travail ne nuisent pas au bien-ĂȘtre des employĂ©s. Un bon PDE, largement soutenu, contribue Ă de meilleures conditions de travail.
La nouvelle obligation de concertation sociale pour les plans de dĂ©placement dâentreprise bruxellois reprĂ©sente donc une opportunitĂ© pour les reprĂ©sentants des travailleurs de sâengager pleinement dans lâamĂ©lioration des conditions de travail quotidiennes de leurs collĂšgues. t
Cet article a Ă©tĂ© rĂ©digĂ© dans le cadre du sĂ©minaire Brise sur « LâĂ©tat de la mobilitĂ© Ă Bruxelles et lâimportance de la concertation dans les plans de dĂ©placement dâentreprise », qui sâest dĂ©roulĂ© le lundi 23 septembre 2024. Brise est le RĂ©seau Intersyndical Bruxellois de Sensibilisation Ă lâEnvironnement (www.brise-environnement.be).
Fin du monde, fin du mois... mĂȘme combat « Rogner, rogner, rogner. Peu importe ce quâil y a devant, il faut faire de lâargent » sâindigne le dĂ©lĂ©guĂ© mĂ©tallo Alain Briquet. Faire du profit, au dĂ©triment de la planĂšte, des droits humains, des droits des travailleurs et travailleuses. Le capitalisme Ă lâĂ©tat pur.
Mais face au changement climatique, le systĂšme montre ses faiblesses. Et câest encore et toujours les plus vulnĂ©rables, ceux qui polluent le moins, qui en paient le prix fort. Inondations, sĂ©cheresses⊠Les victimes se font de plus en plus nombreuses. Lâinaction politique tue. « Faire une pause » dans les politiques climatiques, en Belgique, en Europe et partout dans le monde, est une erreur stratĂ©gique. Et le futur gouvernement fĂ©dĂ©ral nâaugure rien de bon.
Il est temps dâagir, ensemble. La FGTB et la Coalition Climat, dont elle fait partie, revendiquent une politique climatique ambitieuse. Et ce, Ă travers une transition juste, avec la participation des travailleuses et travailleurs. Des emplois durables, respectueux de lâenvironnement. Parce que la lutte sociale et la lutte climatique sont indissociables.
Une pause mortifĂšre Les consĂ©quences dĂ©sastreuses du changement climatique se font sentir de plus en plus. Encore une fois, ce sont les plus vulnĂ©rables qui en paient le prix. Le fait que les dĂ©cideurs politiques de la Belgique, dâEurope et du monde entier veuillent « faire une pause » dans la politique climatique est une terrible erreur stratĂ©gique. Combien faudra-t-il encore de catastrophes naturelles avant que nous assistions Ă un vĂ©ritable changement ?
Plus de 200 morts et de nombreuses personnes encore portĂ©es disparues : le bilan des inondations qui ont eu lieu les 29 et 30 octobre dans la rĂ©gion de Valence, en Espagne, est lourd, trĂšs lourd. Des centaines de personnes se retrouvent sans abri et des dizaines de milliers dâEspagnols ont subi de trĂšs gros dĂ©gĂąts dans leurs habitations. Cette situation rĂ©veille les douloureux souvenirs des inondations de la vallĂ©e de la Vesdre survenues en Wallonie en juillet 2021.
Les scientifiques sont clairs : dans ces deux inondations, le rĂŽle du changement climatique est totalement dĂ©montrĂ©. La frĂ©quence des phĂ©nomĂšnes mĂ©tĂ©orologiques extrĂȘmes (les prĂ©cipitations, les sĂ©cheresses et les vagues de chaleur) a dĂ©jĂ considĂ©rablement augmentĂ© et cela continuera Ă lâavenir. Chaque fois, ce sont les personnes les plus vulnĂ©rables qui sont les plus durement touchĂ©es : les personnes Ă faible revenu, en mauvaise santĂ©, les personnes ĂągĂ©es... PrĂšs de la moitiĂ© des dĂ©cĂšs Ă Valence sont des personnes ĂągĂ©es de plus de 70 ans.
LE BILAN EST LOURD Ce constat contraste fortement avec la politique climatique menĂ©e en Belgique, en Europe et dans le monde oĂč les « pauses climatiques » deviennent paradoxalement la nouvelle norme.
Câest cette grave erreur qui fera grimper en flĂšche le nombre de victimes du changement climatique Ă lâavenir. Outre les vies humaines, le bilan Ă©conomique sera Ă©galement trĂšs lourd. Tout
rĂ©cemment, la Banque nationale a publiĂ© une Ă©tude sur la maniĂšre dont le changement climatique risque dâentraĂźner une hausse des prix des denrĂ©es alimentaires en Belgique. Cette derniĂšre touchera encore plus durement les revenus les plus faibles.
GROS AVANTAGES FISCAUX POUR LES ENTREPRISES VERSUS MESURETTES POUR LES MĂNAGES On ignore encore ce que le futur gouvernement fĂ©dĂ©ral proposera comme politique climatique, mais la super note De Wever-Bouchez nâaugure rien de bon. Lâenvironnement y est pratiquement absent. Que trouve-t-on ? Une sĂ©rie de mesures fiscales visant Ă stimuler les investissements verts et les innovations durables au sein des entreprises. En apparence, câest trĂšs bien. Mais sâagit-il dâincitants fiscaux avec valeur ajoutĂ©e Ă©cologique ? Ou lâĂ©cologie sert-elle de prĂ©texte pour favoriser Ă nouveau les gros actionnaires ? Poser la question, câest y rĂ©pondre.
Par ailleurs, lâindustrie Ă©nergivore pourra compter sur de nouvelles subventions pour rĂ©duire ses coĂ»ts Ă©nergĂ©tiques alors que dans le mĂȘme temps les subventions aux Ă©nergies fossiles (gaz naturel, pĂ©trole, charbon) dĂ©passent dĂ©jĂ les 20 milliards dâeuros en Belgique.
En revanche pour les mĂ©nages, la note De Wever â Bouchez entend jouer sur la TVA : plus Ă©levĂ©e pour les produits polluants et moins Ă©levĂ©e pour les produits verts (tels que les panneaux solaires et les pompes Ă chaleur). IdĂ©e a priori sĂ©duisante mais dont les effets pervers ne sont pas nĂ©gligeables puisquâen rĂ©alitĂ© elle favorise les
riches et dĂ©savantage les pauvres. En effet, les prix des biens potentiellement inaccessibles aux petits portefeuilles vont baisser alors que les biens de premiĂšre nĂ©cessitĂ© augmenteront. LâinĂ©galitĂ© en Belgique ne fera donc que sâaccroĂźtre.
DOUBLE ERREUR La croyance selon laquelle une politique basée sur la logique de marché et les incitants fiscaux résoudra le problÚme est doublement erronée.
PremiĂšrement, la rĂ©duction des Ă©missions de gaz Ă effet de serre se fera beaucoup plus rapidement via une rĂ©glementation environnementale et des investissements publics menĂ©s par un gouvernement fort que par la âbonne volontĂ©â du marchĂ©.
DeuxiĂšmement, les politiques qui sâappuient sur les forces du marchĂ© et sur des avantages supplĂ©mentaires pour les entreprises et les hauts revenus sont antisociales et injustes. Les gros actionnaires et les personnes Ă hauts revenus sont gagnants, et les citoyens ordinaires en paient le prix.
LA NOTE DE WEVER BOUCHEZ MANQUE SON OBJECTIF Pour atteindre les objectifs climatiques, nous devons quitter le tout-Ă -la-voiture pour aller vers davantage de transports publics, de cyclisme et de dĂ©placements Ă pied. Au niveau fĂ©dĂ©ral, le train est donc le levier dâune politique climatique Ă©quitable.
Mais De Wever et Bouchez ne parlent que des Ă©conomies rĂ©alisĂ©es grĂące aux « gains dâefficacité ». Rien sur les investissements supplĂ©mentaires nĂ©cessaires pour un service de qualitĂ©. Rien sur la maniĂšre dont la SNCB et Infrabel attireront suffisamment de personnel. Rien sur les billets de train moins chers (ou gratuits) pour inciter les gens Ă quitter leur voiture et Ă prendre le train.
Lâinaction coĂ»te plus cher que lâaction. Câest ce que la Coalition Climat, dont la FGTB fait partie, a voulu rappeler lors de la manifestation du 15 novembre dernier Ă Bruxelles. Le gouvernement doit investir dans les projets qui comptent : la santĂ©, les emplois, lâenvironnement. Agir maintenant, câest anticiper pour Ă©viter de payer les pots cassĂ©s demain.
Une pause européenne et mondiale
Le milieu financier est le seul environnement qui intéresse De Wever et Bouchez.
ĂCHEC La note De Wever-Bouchez, si elle ne subit pas de changements fondamentaux, propose en rĂ©alitĂ© une politique climatique de façade. « Laissons cette note Ă la poubelle », Ă©crivait la Coalition Climat â dont la FGTB fait partie â dans un communiquĂ© de presse le 18 septembre 2024. « Sans politiques climatiques et sociales ambitieuses qui garantissent un avenir plus sĂ»r, plus sain et plus juste pour tous les citoyens mais aussi pour les gĂ©nĂ©rations futures, tout accord de coalition est un Ă©chec irresponsable. »
LâACCORD DE PARIS EST-IL MORTÂ ?
La COP29, le sommet annuel des Nations unies sur le climat, vient de prendre fin. LâĂ©lection de Trump, qui souhaite nommer un climatosceptique, PDG dâune compagnie pĂ©troliĂšre, au poste de ministre de lâĂ©nergie, y a jetĂ© un grand froid. Le fait que lâAzerbaĂŻdjan, aprĂšs les Ămirats arabes unis lâannĂ©e derniĂšre, soit le deuxiĂšme Ătat pĂ©trolier autoritaire Ă accueillir la COP est scandaleux. Plus de 1 770 lobbyistes des Ă©nergies fossiles y sont prĂ©sents. Les chances dâun accord ambitieux sur le financement international du climat, dans lequel les pays riches fournissent aux pays pauvres des fonds pour mettre en Ćuvre des politiques climatiques plus audacieuses, semblent trĂšs minces.
En 2025, nous serons dix ans aprĂšs lâaccord de Paris de lâONU (2015), qui promettait solennellement de maintenir le dĂ©rĂšglement climatique en dessous de 1,5 degrĂ©. Selon le rapport annuel de lâONU, si toutes les promesses sont tenues (ce qui ne semble pas ĂȘtre le cas dans la pratique), nous nous dirigeons vers 2,6 Ă 2,8 degrĂ©s. Une telle augmentation, câest, dans les faits, une condamnation Ă mort pour un grand nombre de personnes, de villes et de pays entiers.
Comme lâa indiquĂ© la prĂ©sidente Ursula von der Leyen lors de la prĂ©sentation de sa nouvelle Ă©quipe, pour la nouvelle Commission europĂ©enne, tout tourne autour de la « compĂ©titivité ». Le Conseil europĂ©en, qui rĂ©unit les chefs de gouvernement des Ătats membres, est sur la mĂȘme longueur dâonde et a dĂ©jĂ adoptĂ© un « pacte de compĂ©titivité ». Il prĂ©sentera bientĂŽt un « Clean Industrial Deal », qui se concentrera sur les entreprises.
Par ailleurs, il nây a toujours pas de conditionnalitĂ©s environnementales ou sociales liĂ©es aux subventions et aux contrats publics. Une entreprise peut recevoir des subventions tout en licenciant ou en dĂ©localisant massivement des travailleurs, en retardant les investissements nĂ©cessaires pour lutter contre le changement
climatique, en dĂ©tournant ses bĂ©nĂ©fices vers un paradis fiscal ou en les versant Ă ses actionnaires au lieu dâinvestir dans les salaires des travailleurs ou des technologies respectueuses du climat. Au contraire, la nĂ©cessitĂ© perçue de « moins de rĂ©glementation » est mise en avant. La protection du climat et des travailleurs et travailleuses souffrira de ce mouvement de dĂ©rĂ©glementation nĂ©olibĂ©rale.
Une premiĂšre victime ? La loi sur la dĂ©forestation. Celle-ci exige des entreprises quâelles prouvent quâelles ne vendent pas de produits provenant de zones dĂ©boisĂ©es de lâUE ou quâelles ne les exportent pas en dehors de lâUE. Sous lâimpulsion du groupe parlementaire europĂ©en, le PPE (dont CD&V et Les EngagĂ©s sont membres), et avec le soutien de lâextrĂȘme droite, des tentatives sont faites pour la retarder et lâaffaiblir considĂ©rablement.
« LâĂ©cologie sans la lutte des classes, câest du jardinage » Trois activistes pour le climat : la jeune Youna Marette, le dĂ©lĂ©guĂ© mĂ©tallo FGTB Alain Briquet et lâartiste visuel et plasticien Joanie Lemercier. Ă leurs pieds, Hambach : la plus grande mine de charbon Ă ciel ouvert dâEurope. Une catastrophe Ă©cologique et sociale sans nom. Mais aussi une lutte fĂ©roce. Qui a fini par payer. En partie. La fin du monde donc, ou plutĂŽt la fin dâun monde ?
Câest Ă cette question quâenvisagent de rĂ©pondre les rĂ©alisateurs Yannick Bovy, FrĂ©dĂ©ric Tihon et GĂ©rald Jamsin-Leclercq dans la derniĂšre Ă©mission « Regards », produite par le CEPAG et proposĂ©e sur les trois chaĂźnes tĂ©lĂ© de la RTBF par la FGTB wallonne.
ABERRATIONS ĂCOLOGIQUES La mine de Hambach se situe Ă seulement quelques dizaines de kilomĂštres de la ville de Cologne, en Allemagne. Le paysage est impressionnant, voire terrifiant. Un trou qui sâĂ©tend sur plusieurs kilomĂštres (voir photo). De gigantesques machines qui forent Ă plus de 400 mĂštres de profondeur pour aller chercher le charbon. Auparavant, Ă la place de ce trou, il y a avait une forĂȘt, vieille de 12000 ans, des champs, des villages, de la vie. Depuis lâouverture de la mine en 1978, presque tout a Ă©tĂ© rasĂ©, dĂ©truit, anĂ©anti. Aujourdâhui, il ne reste plus que 10% de la surface de la foret.
Ce sont ces images qui ont allumĂ© la flamme militante chez Joanie Lemercier. « Il y a 5 ans, je suis devenu activiste climat. Auparavant jâĂ©tais un peu dans ma bulle. Je pensais que le monde allait plutĂŽt dans une bonne direction », avoue-t-il. En 2019 Joanie dĂ©couvre une vidĂ©o qui montre des jeunes activistes en action contre le projet minier. Les images du site le choquent. « Je suis tout dâun coup confrontĂ© Ă cette aberration de la destruction de la nature par les humains. Jâai en face de moi la fin du monde. »
Alain Briquet, dĂ©lĂ©guĂ© FGTB mĂ©tallo, est pris dâun sentiment dâindignation similaire par rapport Ă lâĂle aux Corsaires, Ă LiĂšge. Ce qui aujourdâhui est une rĂ©serve naturelle Ă©tait un ancien terril de la Vieille Montagne, lâusine dans laquelle il travaille. « Lâusine fabriquait du zinc. Et pour le faire, elle grillait du minerai. Les dĂ©chets Ă©taient stockĂ©s ici, sur le terril. AprĂšs câest devenu un terrain vague, oĂč les enfants allaient jouer », explique Alain. « Câest un terril bourrĂ© de mĂ©taux lourds, en plein milieu de la ville. » sâinquiĂšte-t-il. « Ce quâon laisse aux gĂ©nĂ©rations futures ce nâest pas une rĂ©serve naturelle, câest un site polluĂ©. »
DOUBLE IMPACTÂ : SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL
Retour Ă Hambach. Quand le groupe Ă©nergĂ©tique allemand RWE a Ă©tĂ© autorisĂ© Ă exploiter le charbon dans la zone, il y avait Ă cet endroit-lĂ une forĂȘt et des zones habitĂ©es. Chaque annĂ©e, un accord entre le gouvernement du Land de RhĂ©nanie-duNord-Westphalie et lâentreprise autorise la carriĂšre Ă sâĂ©tendre de 100 hectares. « On va sortir les gens de leurs communautĂ©s, raser les villages, dĂ©truire les maisons, les Ă©glises, les Ă©coles, les cimetiĂšres », explique Joanie. « Ă la place, on a maintenant des machines qui creusent jour et nuit, 365 jours par an. Qui vont dĂ©truire toute la vie pour aller chercher ce charbon. »
Par la suite, le charbon est brulĂ© pour produire de lâĂ©lectricitĂ©. Mais ce processus pollue lâair. En Europe, lâon compte chaque annĂ©e 800.000 dĂ©cĂšs liĂ©s Ă la pollution atmosphĂ©rique. « La RĂ©gion de la Ruhr, en Allemagne, est dâailleurs lâune des rĂ©gions les plus polluĂ©es dâEurope. SpĂ©cifiquement autour de ces mines de charbon. »
LE CAPITALISME Ă LâĂTAT PUR Pour Alain, le constat est clair : « Câest le capitalisme Ă lâĂ©tat pur. On rogne, on rogne, on rogne. Peu importe ce quâil y a devant, il faut faire de lâargent. » Constat similaire dans son usine. Mais lĂ ce sont les travailleurs et travailleuses qui en sont les victimes. « On est passĂ© dâun site oĂč on Ă©tait plus de 600 travailleurs Ă un site oĂč on nâest plus que 80. Câest la production qui prime. On produit toujours plus avec de moins en moins de personnel. Parce que le but social, il nây en a pas vraiment », dĂ©plore-til. Pour le dĂ©lĂ©guĂ©, il faut une rupture avec le capitalisme. « On ne peut continuer dans ce systĂšme, il est trop prĂ©dateur ».
Câest le capitalisme Ă lâĂ©tat pur. On rogne, on rogne, on rogne. Peu importe ce quâil y a devant, il faut faire de lâargent.
Alain Briquet, délégué Métallo FGTB
Joanie le rejoint : « Cette idĂ©ologie ne tient pas compte des limites planĂ©taires, de la santĂ© des gens, de la conservation de la biodiversitĂ©, de lâhabitat. Cette idĂ©e de la consommation infinie met en danger nos conditions de vie sur terre. »
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Un film de 52 mn tiré de ce reportage sera bientÎt disponible. Stay tuned !
LES JEUNES ET LEUR DĂTERMINATION Le respect de lâenvironnement, le social, un avenir viable, ce sont des prĂ©occupations majeures Ă©galement pour la jeune activiste Youna Marette. Cette derniĂšre fait partie de cette gĂ©nĂ©ration de jeunes qui a remis la question de lâenvironnement Ă lâagenda politique il y a quelques annĂ©es, avec les marches pour le climat. Depuis, elle continue son combat en participant notamment Ă des Ă©vĂ©nements europĂ©ens et internationaux sur les questions climatiques. Elle a dâailleurs participĂ© en 2019 Ă la COP Ă Madrid. « Jâai Ă©tĂ© fort déçue de cette COP. Les dĂ©cideurs du monde entier qui sây rejoignent font des promesses pendant 3-4 jours dans des belles salles climatisĂ©es. Ils promettent de faire mieux pour lâenvironnement. Mais aprĂšs, il ne se passe pas grand-chose », regrette-t-elle.
Pour Youna, les marches des jeunes « câĂ©tait un peu les oiseaux qui annonçaient la tempĂȘte. Maintenant, il faut quâelle arrive », dit-elle avec dĂ©termination. « Cela peut ĂȘtre fait dâune maniĂšre intelligente, non violente. En tout cas vers les hommes, les humains. Mais il va falloir quâon soit prĂȘts Ă bloquer des usines, des sites. Et on le fait de plus en plus. Câest la seule et bonne maniĂšre, mais toujours de maniĂšre complĂ©mentaire avec les autres formes dâactions. »
Joanie sâen est inspiré : « Ces jeunes ont une dĂ©termination politique qui, Ă mon sens, est plus convaincante que beaucoup dâactions de politiciens. Ăa mâa fait reconsidĂ©rer lâaction politique. Lâaction directe et la dĂ©sobĂ©issance civile Ă©tant pour moi une des formes les plus convaincantes aujourdâhui. »
DES VICTOIRES
Et ces actions de la part dâONG ou de groupes tels quâExtinction Rebellion en Belgique portent leurs fruits, malgrĂ© les tentatives
dâintimidation de la part des diffĂ©rents gouvernements et des entreprises concernĂ©es. Hambach en est un bon exemple. GrĂące Ă la lutte des jeunes activistes, le gouvernement allemand sâest engagĂ© Ă prĂ©server le bout de foret restant. Mais la plus grosse victoire reste lâavancement de la date de sortie du charbon, qui Ă©tait prĂ©vue en 2038, Ă 2030. 8 annĂ©es dâexploitation de charbon en moins. « Dans un pays comme lâAllemagne câest absolument Ă©norme. Ce sont des millions de tonnes de CO2 qui ne vont pas ĂȘtre Ă©mis », se rĂ©jouit Joanie.
INDISSOCIABLES LUTTES
« LâĂ©cologie sans la lutte des classes, câest du jardinage », explique Alain. Câest aussi le titre que Yannick Bovy a choisi pour ce reportage, reprenant la formule de Chico Mendes*. Mais pourquoi ? « Demander quâune activitĂ© industrielle sâarrĂȘte, ça peut paraitre Ă©tonnant de la part dâun syndicaliste. Mais quand tu es syndicaliste, tu ne dois pas regarder juste ton nombril, ton entreprise et lâavenir sur un mois, un an, quelques annĂ©es. »
« Tu ne peux pas envisager la lutte sociale en dehors de son environnement. Et son environnement, câest la planĂšte », ajoutet-il. « Il y a tout un travail de conscientisation Ă mener dans lâorganisation syndicale, mais aussi auprĂšs des travailleurs, des affiliĂ©s, des citoyens pour qui le climat semble moins important. Donc ça veut dire sâorganiser et inverser le rapport de force. »
Pour le dĂ©lĂ©guĂ© syndical, il faut penser la transition Ă©cologique avec la participation du monde du travail, notamment pour crĂ©er de lâemploi durable. Câest mieux pour les travailleurs et les travailleuses, câest mieux pour la planĂšte. Comment ? Ă travers la lutte. Encore et toujours. Car câest elle qui fait avancer les choses. t
* Chico Mendes (1944-1988). Syndicaliste brĂ©silien en lutte contre la dĂ©forestation de lâAmazonie, il fut assassinĂ© sur ordre dâun grand propriĂ©taire terrien Ă©leveur de bĂ©tail.
PRIME DE FIN DâANNĂE Aussi pour les intĂ©rimaires ? Les travailleurs et travailleuses intĂ©rimaires ont, eux aussi, droit Ă une prime de fin dâannĂ©e. Mais Ă quelles conditions ? Explications.
QUAND TOMBE LA PRIME DE FIN DâANNĂE ? La prime de fin dâannĂ©e, « le treiziĂšme mois », sera versĂ©e Ă partir de dĂ©cembre Ă condition dâavoir travaillĂ© au moins 65 jours ou 494 heures (ou 78 jours dans un rĂ©gime de 6 jours/semaine) entre le 1er juillet de lâannĂ©e prĂ©cĂ©dente et le 30 juin de lâannĂ©e en cours (= pĂ©riode de rĂ©fĂ©rence).
Attention : Si le travailleur ne comptabilise que 60 jours ou 456 heures de prestation comme intĂ©rimaire, mais quâil a Ă©tĂ© engagĂ© en tant que travailleur fixe chez lâutilisateur oĂč il Ă©tait employĂ© immĂ©diatement avant en tant quâintĂ©rimaire, il a Ă©galement droit Ă une prime de fin dâannĂ©e. Toutefois, il doit le justifier auprĂšs du Fonds social.
QUELS JOURS COMPTENT POUR LA PRIME DE FIN DâANNĂE ? La totalitĂ© des journĂ©es de travail ainsi quâune sĂ©rie de jours dâabsence, Ă savoir :
⹠les jours de maladie pour lesquels un salaire garanti est payé ?;
âą les jours dâabsence Ă la suite dâun accident du travail ?;
âą les jours de chĂŽmage temporaire
Attention : le chĂŽmage temporaire dĂ» Ă un cas de force majeure ne sâapplique pas. Et un maximum de 5 jours de chĂŽmage Ă©conomique est automatiquement pris en compte.
⹠les jours fériés rémunérés.
Attention : les prestations en tant quâĂ©tudiant intĂ©rimaire ne sont pas prises en considĂ©ration.
Ă COMBIEN SâĂLĂVE LA PRIME DE FIN DâANNĂE ? La prime de fin dâannĂ©e brute est Ă©gale Ă 8,33% du salaire brut que le travailleur a gagnĂ© en tant quâintĂ©rimaire au cours de la pĂ©riode de rĂ©fĂ©rence. De cette prime brute, il faut dĂ©duire 13,07% de cotisation ONSS et 23,22% de prĂ©compte professionnel. La prime nette est Ă©gale Ă environ 63% de la prime brute. La façon prĂ©cise dont la prime est calculĂ©e figure sur le document de la prime qui est remis au travailleur.
COMMENT OBTENIR LA PRIME DE FIN DâANNĂE ? Si le travailleur remplit les critĂšres, il recevra automatiquement Ă partir de dĂ©cembre un formulaire du Fonds Social pour les IntĂ©rimaires. Il doit se rendre avec ce document signĂ© dans un bureau de la FGTB ou auprĂšs de son dĂ©lĂ©guĂ© syndical. Il bĂ©nĂ©ficiera
ainsi dâun paiement rapide. Les personnes qui renvoient leur formulaire au Fonds ne pourront ĂȘtre payĂ©es quâĂ partir du mois de janvier.
QUID DE LA PRIME SYNDICALE ? Si le travailleur est affiliĂ© au syndicat et il a droit Ă la prime de fin dâannĂ©e, il a Ă©galement droit Ă une prime syndicale de 120 euros. La prime syndicale est payĂ©e en mĂȘme temps que la prime de fin dâannĂ©e. Pour y avoir droit, le travailleur devra toutefois envoyer son formulaire du fonds Ă la FGTB. t
Les intérimaires peuvent eux-aussi compter sur la FGTB, ses régionales, ses délégués. Ce sont des travailleurs et travailleuses à part entiÚre. Mais pour cela, ils doivent connaitre leurs droits.
Vous voulez aider vos collĂšgues intĂ©rimaires Ă obtenir leur prime de fin dâannĂ©e ? Consultez et tĂ©lĂ©chargez le matĂ©riel dâinformation disponible en 13 langues.
Plus dâinfos sur le site de la FGTB intĂ©rim : J www.droitsdesinterimaires.be
TITRES-SERVICES Un euro câest un euro ! DĂ©but novembre, la FGTB Titres-services lançait une grande campagne de sensibilisation sur le sort des aidemĂ©nagĂšres. Son nom : « Un euro câest un euro ». Plus quâun slogan, elle exige que lâaugmentation dâun euro du prix du titre-service dĂ©cidĂ©e dans les diffĂ©rentes rĂ©gions du pays revienne intĂ©gralement aux aide-mĂ©nagĂšres et personne dâautre.
Les aide-mĂ©nagĂšres mĂšnent campagne depuis des annĂ©es pour obtenir, entre autres, de meilleurs salaires et conditions de travail. Il est grand temps quâelles obtiennent leur dĂ», elles qui font partie des trois professions les moins bien rĂ©munĂ©rĂ©es en Belgique.
Ce message, les trois rĂ©gions lâavaient bien entendu et câest pourquoi lâaugmentation du prix du titreservice devait se faire au profit des aide-mĂ©nagĂšres. Malheureusement, une fois de plus, la fĂ©dĂ©ration patronale Federgon manque de respect envers les travailleuses et dĂ©cide, par diffĂ©rents biais, selon les rĂ©gions, que les employeurs doivent ĂȘtre les bĂ©nĂ©ficiaires de cette augmentation.
Federgon oublie de dire que les 20 plus grandes entreprises ont rĂ©alisĂ© ensemble un bĂ©nĂ©fice de 50 millions dâeuros lâannĂ©e derniĂšre. Quelque 75% de cet argent est allĂ© directement dans les poches de leurs actionnaires. Les aide-mĂ©nagĂšres ? Elles nâont rien reçu. Les actionnaires nâont pas besoin dâargent supplĂ©mentaire. Cette fois, ce sont les travailleuses qui doivent en bĂ©nĂ©ficier !
La FGTB Titres-services exige que les gouvernements prennent leurs responsabilitĂ©s afin que les moyens soient effectivement allouĂ©s aux aide-mĂ©nagĂšres qui travaillent dâarrache-pied chaque jour pour garder la maison de nombreuses familles propres et bien rangĂ©es.
J Pour plus dâinfo, rendez-vous sur uneurocestuneuro.be ou scannez le code QRÂ :
NOTE DE WEVER - BOUCHEZ
La f(r)acture sociale de la flexibilitĂ© Quelques lignes dans un projet dâaccord de gouvernement peuvent dĂ©tĂ©riorer votre santĂ© et la qualitĂ© de vos relations familiales et sociales. Dâautres lignes peuvent signifier un manque Ă gagner de plusieurs centaines dâeuros par an. De quels passages sâagit-il ? Dâune part, celui relatif Ă la suppression de lâinterdiction du travail du dimanche, de nuit et les jours fĂ©riĂ©s. Dâautre part, celui relatif au travail de nuit dĂ©butant Ă minuit au lieu de 20h. Andrea Della Vecchia, secrĂ©taire fĂ©dĂ©ral FGTB Chimie-PĂ©trole, nous explique pourquoi ces mesures seraient dĂ©sastreuses pour les travailleurs.
La « super nota » De Wever â Bouchez mentionne le passage suivant : « Lâinterdiction du travail du dimanche, du travail de nuit et du travail les jours fĂ©riĂ©s sera supprimĂ©e ». Cette flexibilitĂ© est souhaitĂ©e par plusieurs fĂ©dĂ©rations patronales et partis politiques, lesquels prennent en exemple les Pays-Bas. Il est vrai que, de lâautre cĂŽtĂ© de la frontiĂšre, le recours aux horaires atypiques de travail est plus important quâen Belgique.
INSPIRATION HOLLANDAISE
PrĂšs dâun travailleur sur 3 est concernĂ© par le travail en soirĂ©e aux Pays-Bas contre moins dâun travailleur sur 10 en Belgique. Le travail du samedi concerne un travailleur sur 4 aux Pays-Bas contre moins dâun travailleur sur 5 en Belgique. Le travail du dimanche quant Ă lui est une rĂ©alitĂ© pour prĂšs dâun travailleur sur 5 de lâautre cĂŽtĂ© de la frontiĂšre alors que chez nous, il concerne un travailleur sur 10.
Cette diffĂ©rence entre nos deux pays sâexplique par une lĂ©gislation en matiĂšre de flexibilitĂ© et dâhoraires atypiques plus souple aux Pays-Bas, ce qui facilite leur implĂ©mentation par les employeurs. En Belgique, le cadre lĂ©gal actuel prĂ©voit le recours Ă la concertation sociale ou, Ă dĂ©faut de reprĂ©sentation
des travailleurs, des procĂ©dures administratives au sein des organes sectoriels de concertation. Mais la flexibilitĂ© hollandaise constitue-t-elle un idĂ©al Ă copier ? ConcrĂštement, ĂȘtes-vous dâaccord de travailler le jour de NoĂ«l ou le 1er mai ? Ătes-vous aussi dâaccord de travailler la nuit ou le dimanche ? Si cette intention politique se concrĂ©tise, ces questions ne vous seront pas posĂ©es : ces formes de flexibilitĂ© vous seront imposĂ©es indĂ©pendamment de leurs impacts sur votre vie.
MOINS DâARGENT POUR LE TRAVAILLEUR Par ailleurs, la « super nota » comprend le passage suivant : « Le travail de nuit commencera dĂ©sormais Ă partir de minuit au lieu de la limite actuelle de 20 heures, sans perte de pouvoir dâachat pour le travailleur qui travaille dĂ©jĂ aujourdâhui entre 20h et 24h ».
Dans la pratique, cela signifie que la prime de nuit des travailleurs concernĂ©s sera attribuĂ©e Ă partir de minuit (au lieu de 20h comme câest le cas actuellement), ce qui engendrerait un manque Ă gagner. Dans la chimie, la perte de revenu annuel pourrait sâĂ©lever entre 400 et 940⏠soit 15.500 euros sur une carriĂšre.
Alors quâen Belgique le nombre de travailleurs malades atteint le demi-million, que son Ă©volution est croissante et que le nombre de burnouts et de dĂ©pressions a augmentĂ© de 46% en 5 ans, il apparaĂźt urgent de prendre des mesures qui amĂ©liorent les conditions de travail. Malheureusement, force est de constater que les mesures de la note De Wever - Bouchez visant Ă former un gouvernement fĂ©dĂ©ral vont dans lâautre direction.
J Retrouvez lâanalyse dans son intĂ©gralitĂ© sur econosphĂšres.be
Andrea Della Vecchia met en garde : « Avec le contenu de la « super nota », les travailleurs sortent perdants sur toute la ligne : plus de flexibilité, moins de revenus, plus de risques pour leur santé et moins de temps pour leurs relations familiales et sociales. »
R.E.S.P.E.C.T. Cet automne aura Ă©tĂ© marquĂ© par plusieurs actions de secteurs aussi diffĂ©rents que le gardiennage, le nettoyage ou encore les ETA (Entreprises de Travail AdaptĂ©). Leur point commun ? Les travailleurs sont pressĂ©s comme des citrons, ils sont au bout du rouleau et ils rĂ©clament plus de respect. Cela passe par de meilleures conditions de travail mais aussi plus de considĂ©ration pour le travail quâils fournissent au quotidien. Nous avons rencontrĂ© plusieurs travailleurs en colĂšre et nous leur avons demandĂ© pourquoi ils se battent. Voici un aperçu.
« Nous rĂ©clamons un peu de dignitĂ©. Nous, les agents dâentretien, nous sommes traitĂ©s comme des chauve-souris. On nous fait travailler tĂŽt ou tard, on nous cache. Certains apprĂ©cient notre travail, mais dâautres nous traitent comme des moins que rien. On a dit de nous que nous Ă©tions des travailleurs essentiels, quand ils avaient besoin de nous. Mais aujourdâhui, tout est oubliĂ©. »
Sabah, Parlement européen
« Je veux dĂ©noncer lâattitude des employeurs. Ils ne veulent rien nĂ©gocier et la flexibilitĂ© ne fait quâaugmenter. Les temps de repos ne sont pas respectĂ©s, on nous presse comme des citrons. »
Fabian, agent de gardiennage
« Le Covid Ă lâhĂŽpital, ça a Ă©tĂ© quelque chose de trĂšs dur. On a Ă©tĂ© Ă©cartĂ© de nos familles et de nos proches pour les protĂ©ger vu que nous, nous Ă©tions en premiĂšre ligne. Mais aujourdâhui, quand je vois mes collĂšgues, je me dis que si nous Ă©tions confrontĂ©s Ă une nouvelle Ă©pidĂ©mie, nous nâaurions plus la force et le courage de revivre ça. Notre fatigue et notre souffrance nâont pas du tout Ă©tĂ© prises en compte. »
Farida, hĂŽpital Erasme
Pour les ETA Wallonnes, malgrĂ© les belles avancĂ©es pour les travailleurs conquises ces derniĂšres annĂ©es (notamment via lâaccord non-marchand wallon 21-24), les tĂ©moignages prouvent que le combat doit continuer.
« Les conditions de travail ne sont pas adaptĂ©es aux ETA, ce qui est un comble. Câest ainsi quâon a eu un travailleur avec une prothĂšse obligĂ© de travailler toute la journĂ©e debout sur la ligne de tri. Alors que notre employeur reçoit des subsides pour nous protĂ©ger, il ne pense quâĂ la productivitĂ©. »
Hubert, Noredine, Tony et Mickaël, des délégués de la région du Borinage qui en ont marre que la productivité passe avant la santé des travailleurs des ETA.
« Une ETA doit ĂȘtre un lieu oĂč le social et lâhumain ont leur place. Mais ce quâon constate, câest quâil nây a que les chiffres et la rentabilitĂ© qui comptent. Les mi-temps mĂ©dicaux ne sont plus acceptĂ©s, les cadences ne tiennent plus compte des capacitĂ©s des travailleurs et les dĂ©lĂ©guĂ©s sont de plus en plus attaquĂ©s. »
Des délégués des ETA de Charleroi : Entra, Atelier Cambier, Jean Regniers, Relais Haute Sambre, la Thiérache, Metalgroup, Apac.
« Les patrons reçoivent des subsides pour nous, mais cela nâempĂȘche pas nos responsables de jouer avec nos pieds. Ils ont tendance Ă oublier la dimension sociale et augmentent la charge de travail. On ne tient plus compte du handicap. Les ETA sont devenues un business comme un autre. »
Des délégués des entreprises de travail adapté bruxelloises Manufast, Travie, Travco, Groupe Foes, Apam, Brochage Renaßtre, La Ferme Nos Pilifs, Jeunes Jardiniers. t
ArrĂȘtons de suivre le Bouchez ! UNE ATTAQUE CONTRE LES MAJORITĂS PROGRESSISTES Alors que des majoritĂ©s progressistes, telles que dĂ©fendues par la FGTB, se forment dans quelques communes emblĂ©matiques, la droite tente de casser ces collaborations et dâempĂȘcher quâelles se multiplient. Pour elle, il sâagit de tuer lâespoir dâune entente des gauches, dâempĂȘcher des expĂ©riences positives et protectrices pour les travailleuses et travailleurs, et de se rendre incontournable pour sâassurer un accĂšs permanent au pouvoir.
IL NâY A PAS DE « CORDON SANITAIRE » CONTRE LA GAUCHE RADICALE
Pour y arriver, la droite essaie dâinventer et dâimposer un nouveau cordon sanitaire, cette fois contre ce quâelle appelle « lâextrĂȘme-gauche ». Comme si la gauche radicale, qui prĂŽne lâĂ©galitĂ©, lâantiracisme et plus de justice Ă©conomique, pouvait ĂȘtre comparĂ©e avec lâextrĂȘme-droite raciste et pro-capitaliste.
Ce nâest pas surprenant que les libĂ©raux mettent en place ce type de manĆuvre. Ce qui est plus Ă©tonnant, câest que certains Ă gauche la suivent. Il sâagit dâune erreur historique et dâune dĂ©faite morale, mĂȘme si un chantage Ă la majoritĂ© provinciale est mis dans la balance. La mise en Ă©quivalence entre ce que la droite appelle « lâextrĂȘme-gauche » et les partis dâextrĂȘme-droite, et son inscription dans des accords de majoritĂ©, constitue un acte impardonnable de renforcement de la droite et dâaffaiblissement de la gauche.
LES CONSĂQUENCES DE LA SOUMISSION Ă LA DROITE La droite, au moment oĂč elle est au sommet de son arrogance, pourra sâestimer Ă lâabri dâĂȘtre renversĂ©e par des majoritĂ©s progressistes et exiger lâapplication de son programme de destruction de la solidaritĂ©. Les travailleuses et travailleurs, laissĂ©s sans perspectives politiques en leur faveur, deviendront des proies plus faciles pour le renoncement politique et pour lâextrĂȘme-droite.
Câest en cela quâil sâagit dâune erreur historique et dâune terrible dĂ©faite morale, mais aussi dâune attaque frontale contre les intĂ©rĂȘts de la classe travailleuse.
MULTIPLIONS LES ALLIANCES PROGRESSISTES
Nous avons dĂ©fendu le cordon sanitaire pour nous prĂ©server des partis racistes et fascistes. Nous lâavons dĂ©fendu pour prĂ©server la dĂ©mocratie. Il nâa jamais Ă©tĂ© conçu pour maintenir la gauche radicale en dehors du pouvoir, sauf dans les fantasmes rĂ©cents du MR et des EngagĂ©s. Alors, arrĂȘtons de suivre le Bouchez !
La droite craint les alliances qui pourraient ĂȘtre fondĂ©es sur la solidaritĂ© et la fraternitĂ©. Nous, nous ne les craignons pas. Au contraire, nous appelons Ă ce quâelles se multiplient, que ce soit dans lâopposition Ă la droite ou en coalition pour diriger des exĂ©cutifs partout oĂč câest possible.
Hillal SOR, Secrétaire Général
Ăveiller les consciences Les Ă©lections du 9 juin ont portĂ© une coalition de droite au pouvoir en Wallonie, installant des partis qui agissent manifestement contre les intĂ©rĂȘts des travailleurs. La situation au FĂ©dĂ©ral nâest pas meilleure, avec des nĂ©gociations qui risquent de provoquer la plus grande rĂ©gression sociale de ces derniĂšres annĂ©es. Il est indĂ©niable que ces partis ont obtenu de tels rĂ©sultats grĂące aux votes dâune partie de la classe travailleuse.
La premiĂšre question qui se pose est donc : comment des travailleurs ont-ils pu soutenir des partis qui visent Ă dĂ©manteler lâorganisation du travail, affaiblir les services publics et Ă©roder la SĂ©curitĂ© sociale ?
La rĂ©ponse est sans doute liĂ©e Ă la maniĂšre dont la droite a su proposer un projet de sociĂ©tĂ© â aux antipodes de nos valeurs â en vendant des rĂȘves Ă la classe travailleuse. Tandis que la gauche peinait Ă imposer ses thĂšmes, les partis de droite ont abordĂ© des sujets tels que le travail et le pouvoir dâachat, tout en jouant sur la prĂ©caritĂ© croissante. Ils ont Ă©galement stigmatisĂ© les segments les plus vulnĂ©rables de la population, comme les chĂŽmeurs et les personnes en incapacitĂ© de travail de longue durĂ©e. Il suffit dâobserver les nombreuses dĂ©clarations de Georges-Louis Bouchez : il nâa cessĂ© de marteler ses thĂšmes, plaçant la gauche en position dĂ©fensive. Le MR et Les EngagĂ©s ont su se prĂ©senter comme des partis de changement.
Ă prĂ©sent que la coalition en Wallonie est en place et que le paysage fĂ©dĂ©ral se dessine de maniĂšre plus prĂ©cise, il est clair que la droite ne favorisera pas les intĂ©rĂȘts des travailleurs, bien au contraire. Entre les coupes budgĂ©taires dans les services publics, lâĂ©largissement des flexijobs, lâallongement de la durĂ©e de travail pour une pension moindre, la baisse du pouvoir dâachat et la hausse des taxes, de plus en plus de personnes comprennent le vrai visage du projet de la droite. MĂȘme
la mesure sur le taux dâenregistrement, qui semblait sĂ©duisante pour de nombreux travailleurs, dissimule en rĂ©alitĂ© une hausse des dĂ©penses pour les mĂ©nages.
En tant que syndicat, notre mission ne se limite pas à défendre les travailleurs sur leurs lieux de production. Nous devons aussi éveiller les consciences sur les projets élaborés dans les cabinets ministériels, car ils affectent directement la vie et les conditions de travail de la classe travailleuse.
Ainsi, une seconde question se pose : comment éveiller la conscience des travailleurs ? Comment politiser les échanges ?
Câest une question essentielle si nous voulons bĂątir une rĂ©sistance concrĂšte face aux mesures qui se profilent. Nous devons investir dans la formation de nos dĂ©lĂ©guĂ©s sur ces questions qui concernent directement les travailleurs. Lorsque la droite promet une augmentation de 500âŹ, nous devons expliquer que cette hausse se fera au dĂ©triment de notre SĂ©curitĂ© sociale et de nos services publics. Autrement, il est impossible de rĂ©aliser de telles promesses sans faire sauter le verrou de la loi de 96 et sâattaquer aux profits des multinationales, ce qui est Ă lâopposĂ© du projet des partis de droite.
Nous devons adopter une attitude offensive. Cela passe par une prĂ©sence accrue sur le terrain, des assemblĂ©es lorsque que câest possible, faire le lien entre les difficultĂ©s rencontrĂ©es en entreprise et la rĂ©alitĂ© Ă©conomique, ainsi que lâunitĂ© des travailleurs. Informer et sensibiliser massivement, comme cela a Ă©tĂ© fait avec le prĂ©cĂ©dent numĂ©ro de Syndicats Magazine, ou via des tracts dâentreprises, est indispensable.
« Convaincre en Ă©tant convaincu », câest la clĂ© pour mobiliser le plus grand nombre, imposer un rapport de force dans les combats qui nous attendent. Pour bloquer les futures avancĂ©es de la droite et replacer les enjeux du monde du travail au cĆur du dĂ©bat politique. t
Frank Moreels devient prĂ©sident de lâITF Lors du 46e congrĂšs de la FĂ©dĂ©ration internationale des ouvriers du transport (ITF) Ă Â Marrakech, Frank Moreels, prĂ©sident de lâUBT, a Ă©tĂ© Ă©lu prĂ©sident de lâITF.
Il assumera cette fonction dans un « ticket combiné » avec le PrĂ©sident sortant, son collĂšgue australien, Paddy Crumlin. Ce dernier continuera Ă exercer son mandat pendant deux ans. Frank Moreels lui succĂšdera Ă partir du 1er janvier 2027 jusquâau prochain congrĂšs en 2029.
NOUVEAUX DĂFIS DANS LE SECTEUR DES TRANSPORTS Au cours de ce congrĂšs, les principaux dĂ©fis auxquels sont confrontĂ©s les travailleurs du secteur des transports du monde entier ont Ă©tĂ© examinĂ©s en dĂ©tail. Lâimpact du changement climatique, lâautomatisation et la numĂ©risation croissantes, ainsi que lâessor de lâintelligence artificielle sont des prĂ©occupations majeures. En outre, les menaces de lâextrĂȘme-droite sur les droits conquis des travailleurs ont Ă©tĂ© vivement critiquĂ©es.
Frank Moreels souligne que les cinq prochaines annĂ©es seront consacrĂ©es Ă lâorganisation de la rĂ©sistance syndicale internationale. Une attention particuliĂšre sera Ă©galement accordĂ©e aux jeunes et aux femmes dans le secteur des transports, des groupes qui sont encore souvent sous-reprĂ©sentĂ©s.
PLUS DâOPPORTUNITĂS POUR LES FEMMES ET LES JEUNES DANSÂ LESÂ TRANSPORTS
Le secteur des transports est encore perçu comme un environnement trop masculin. Pour y remĂ©dier, Frank Moreels souhaite investir dans des Ă©quipements tels que des installations sanitaires dĂ©centes pour les femmes et il veut Ă©liminer la violence et le harcĂšlement sur le lieu de travail. Tous les obstacles qui empĂȘchent les femmes de faire carriĂšre dans le secteur des transports doivent ĂȘtre levĂ©s !
La question de la prĂ©sence des jeunes au sein des syndicats est Ă©galement considĂ©rĂ©e comme un Ă©lĂ©ment essentiel. « Les jeunes ne sont pas lâavenir de notre syndicat, ils en sont le prĂ©sent », a soulignĂ© Moreels. Les jeunes travailleurs du transport doivent donc avoir toute leur place au sein des syndicats.
RENFORCER LA COOPĂRATION ENTRE LES SYNDICATS LOCAUX ETÂ MONDIAUX
Une autre priorité essentielle est de renforcer la coopération entre les organisations syndicales locales et mondiales. En créant des
synergies, les travailleurs du transport peuvent avoir une influence plus forte sur le secteur. Moreels considĂšre quâil sâagit dâun enjeu primordial afin de mieux faire entendre la voix des travailleurs du transport au niveau mondial.
UNE RĂPONSE PROGRESSISTE Ă LâEXTRĂME DROITE « LâextrĂȘme droite induit les travailleurs du monde entier en erreur avec un rĂ©cit erroné », prĂ©vient Frank Moreels. « Une alternative progressiste claire basĂ©e sur la solidaritĂ©, les droits de lâhomme, les droits des travailleurs, la dĂ©mocratie et lâinclusion est nĂ©cessaire pour rĂ©sister aux courants populistes de droite. LâextrĂȘme droite nâa pas sa place sur nos lieux de travail, dans nos communautĂ©s, dans nos gouvernements et surtout dans nos syndicats. »
LE TRANSPORT COMME SOLUTION Ă LA CRISE CLIMATIQUE Si le secteur des transports est souvent considĂ©rĂ© comme lâune des principales causes de la crise climatique, Frank Moreels estime Ă©galement quâil a un rĂŽle majeur Ă jouer dans la recherche de solutions. En investissant dans le transport durable et les transports publics, le secteur peut contribuer Ă la lutte contre le rĂ©chauffement climatique. « Nous voulons participer Ă la recherche de solutions Ă la crise climatique, mais pas aux dĂ©pens des travailleurs de lâindustrie », a-t-il dĂ©clarĂ©. Le congrĂšs a adoptĂ©
un programme dâactions axĂ© sur lâĂ©galitĂ©, la dĂ©mocratie, la durabilitĂ© et un travail sĂ»r et sain.
SYNDICAT IMPLIQUĂ DANS LE CHANGEMENT TECHNOLOGIQUE Dans les annĂ©es Ă venir, lâautomatisation, la numĂ©risation et lâintelligence artificielle auront un impact majeur sur lâindustrie du transport. Frank Moreels souligne que les syndicats doivent jouer un rĂŽle actif dans ce dĂ©bat. « Les travailleurs du transport ne doivent pas payer le prix de ces changements. Nous transformerons cet agenda en un agenda des travailleurs. »
FORTE REPRĂSENTATION DE LâUBT AU NIVEAU INTERNATIONAL
Outre Frank Moreels, dâautres collĂšgues de lâUBT ont Ă©tĂ© Ă©lus Ă des postes clĂ©s au cours du congrĂšs :
⹠Jacques Kerkhof : président de la section navigation intérieure
âą Nick Loridan : co-prĂ©sident de lâITF Youth
âą Stephanie Vanden Eede : membre de la commission femmes de lâITF
âą Tom Peeters : membre du comitĂ© de pilotage de lâentreposage et de la logistique
FIER DE LâINFLUENCE DE LâUBT
Frank Moreels conclut avec fierté : « LâUnion Belge du Transport (UBT) un syndicat relativement petit mais fort dâun petit pays, a une influence considĂ©rable sur la scĂšne syndicale internationale. Nous sommes aux commandes pour faire du « transport Ă©quitable » une rĂ©alitĂ© dans notre secteur ».
Plus dâinfos : J www.lemondeestanous.be
Un pas en arriÚre pour le secteur des transports et la sécurité routiÚre à cause de la décision absurde des ministres démissionnaires De Sutter et Gilkinet !
LâUBT-FGTB est scandalisĂ©e par la dĂ©cision des ministres fĂ©dĂ©raux dĂ©missionnaires De Sutter et Gilkinet dâabolir les contrĂŽles des temps de conduite et de repos pour les conducteurs de camionnettes Ă©lectriques.
PlutÎt que de progresser en introduisant un tachygraphe pour tous les transports professionnels, cette décision constitue un véritable recul en matiÚre de protection des travailleurs et de sécurité routiÚre.
UN PAS EN ARRIĂRE POUR LES CONDUCTEURS ET LA SĂCURITĂ ROUTIĂRE Lâutilisation obligatoire du tachygraphe constitue un outil de contrĂŽle lĂ©gal des temps de conduite, tant pour le travailleur que pour la police et les services dâinspection. Il garantit Ă©galement que les chauffeurs de camion prennent le repos nĂ©cessaire.
Frank Moreels, prĂ©sident de lâUBT-FGTB, rĂ©agit donc vivement : « Non seulement cet ajustement affaiblit la position des conducteurs, mais en plus il renforce ce que lâon appelle la âcamionettisationâ du secteur des transports. De plus, il ouvre la porte Ă des heures de travail illimitĂ©es sans repos adĂ©quat, menaçant directement la sĂ©curitĂ© routiĂšre. »
LE CONTRAIRE DE CE QUI POURRAIT AVOIR UN IMPACT RĂEL Lâintroduction des temps de conduite et de repos europĂ©ens et lâutilisation obligatoire du tachygraphe ont Ă©tĂ© introduites Ă lâĂ©poque pour amĂ©liorer le contrĂŽle des temps de conduite. En outre, les pĂ©riodes de repos obligatoires garantissent que les conducteurs sont mieux reposĂ©s pour faire leur travail, ce qui est plus sĂ»r pour eux et pour la circulation.
Tom Peeters, secrĂ©taire fĂ©dĂ©ral adjoint Transport routier & Logistique : « Ce qui rend cette dĂ©cision encore plus incomprĂ©hensible, câest quâĂ partir de 2026, la rĂ©glementation europĂ©enne introduira Ă©galement lâobligation du tachygraphe pour les vĂ©hicules Ă partir de 2,5 tonnes pour lâensemble du transport international. Choisir maintenant - au lieu dâintroduire une obligation de tachygraphe pour tous les transports professionnels - de faire exactement le contraire est illogique et absurde. »
APPEL Ă LâACTION LâUBT-FGTB demande au gouvernement fĂ©dĂ©ral de ne pas approuver cette mesure et dâadopter une politique cohĂ©rente qui place les intĂ©rĂȘts des travailleurs et la sĂ©curitĂ© routiĂšre au premier plan. Lâintroduction dâun tachygraphe pour tous les transports professionnels (y compris les camionnettes) serait une Ă©tape nĂ©cessaire pour amĂ©liorer les conditions de travail et garantir la sĂ©curitĂ© routiĂšre. LâUBT continuera Ă suivre cette question et Ă travailler pour amĂ©liorer les conditions de travail des conducteurs professionnels et la sĂ©curitĂ© routiĂšre. t
Le secteur agricole investit dans la sĂ©curitĂ© et la prĂ©vention Le 5 novembre, les partenaires sociaux, Prevent-Agri et le gouvernement fĂ©dĂ©ral ont prĂ©sentĂ© leur outil de prĂ©vention flambant neuf pour lâagriculture : lâOiRA. Nous avons eu un entretien avec Alain Detemmerman, co-prĂ©sident de la FGTB Horval et porte-parole pour le secteur agricole, sur lâintĂ©rĂȘt de cet outil.
Pourquoi la FGTB Horval a-t-elle contribué à cet OiRA ?
Il est indispensable dâinvestir dans la sĂ©curitĂ© et la prĂ©vention dans le secteur agricole. Le nombre dâaccidents de travail dans le secteur agricole est considĂ©rablement plus Ă©levĂ© que dans dâautres secteurs. Souvent, ces accidents ont des consĂ©quences trĂšs graves. De plus, on y travaille souvent avec des produits chimiques qui peuvent nuire gravement Ă la santĂ©. Dans le cas dâune utilisation dangereuse, certains produits peuvent ĂȘtre cancĂ©rigĂšnes. Malheureusement, ce nâest pas seulement la thĂ©orie, mais parfois aussi la rĂ©alitĂ© Ă cause de lâexposition Ă certains produits.
Une prioritĂ© pour la FGTB Horval consiste Ă faire en sorte que les travailleurs puissent travailler dans un environnement sĂ»r et sain. Nous sommes dĂšs lors ravis dâavoir pu dĂ©velopper, avec les partenaires sociaux, notre organisation sectorielle de prĂ©vention Prevent-Agri et le gouvernement fĂ©dĂ©ral, un outil qui vise spĂ©cifiquement les risques encourus par les travailleurs et les apprentis lors de leur travail dans les entreprises agricoles.
Dans le secteur agricole, en tant que syndicat, nous travaillons surtout avec des entreprises occupant quelques travailleurs.
LâOira joue-t-elle un rĂŽle Ă cet Ă©gard ?
Quâil sâagisse dâun grand employeur ou dâun petit, la sĂ©curitĂ© et la santĂ© au travail sont toujours la responsabilitĂ© de lâemployeur. Il doit veiller Ă ce que les risques soient Ă©liminĂ©s, Ă©vitĂ©s, ou sâil nây a pas dâautre moyen, quâils soient au moins clairement indiquĂ©s. Lâemployeur doit veiller Ă ce que les travailleurs portent des vĂȘtements de protection et respectent rigoureusement les consignes de sĂ©curitĂ©, notamment lors de lâutilisation de produits dangereux. Il est tout de mĂȘme vrai que les employeurs plus petits ne sont pas toujours aussi bien au courant de ce que signifie une bonne politique de prĂ©vention. VoilĂ ce sur quoi nous voulons nous concentrer avec cet OiRA : nous avons rĂ©alisĂ© une analyse pratique et conviviale adaptĂ©e au secteur.
LâOiRA est un outil gratuit et existe Ă©galement pour dâautres secteurs. Vous pouvez retrouver lâOiRA en ligne en scannant le code QR.
La prĂ©vention est un état dâesprit. Y a-t-il aussi un soutien ?
Tout employeur est tenu de sâaffilier Ă un service de prĂ©vention externe pour lâaider dans sa politique de prĂ©vention et de bien-ĂȘtre. Dans la pratique, les petites entreprises ne sây retrouvent pas facilement dans les rĂ©glementations et les rĂšgles. Dans les secteurs verts, elles peuvent faire appel Ă Prevent-Agri pour avoir du soutien et un instrument vient de sây rajouter : lâOiRA. LâOiRA (Online interactive Risk Assessment) est un outil en ligne avec une application spĂ©cifiquement conçue pour le secteur agricole. Sur la base de lâOiRA, les employeurs, Ă©ventuellement accompagnĂ©s par leur conseiller en prĂ©vention, peuvent cartographier les risques dans leur entreprise et Ă©tablir un plan dâaction convivial. Ainsi, ils peuvent essayer dâĂ©viter des accidents et des maladies, mais nâoubliez pas que lâĂ©valuation des risques nâest quâune chose. La prĂ©vention est un Ă©tat dâesprit. VoilĂ pourquoi nous nâallons pas uniquement promouvoir lâOiRA, mais nous allons surtout continuer Ă Ćuvrer pour un climat de travail oĂč la sĂ©curitĂ© est primordiale.
Merci pour cet entretien et pour lâOiRAÂ ! t
La sĂ©curitĂ© et la santĂ© au travail sont toujours la responsabilitĂ© de lâemployeur. MANIFESTATION DU 7 NOVEMBRE Du temps pour le non-marchand ! Le non-marchand est descendu dans la rue en novembre. Les travailleurs du secteur des soins, de lâaide sociale et de lâaction socioculturelle rĂ©clament davantage de ressources et dâattention pour le secteur. Leur message est clair : il est dĂ©sormais temps pour le non-marchand. Les trois revendications ? De meilleurs salaires, un meilleur Ă©quilibre entre travail et vie privĂ©e et plus de collĂšgues sur le terrain
QUâEN EST-IL AU NIVEAU POLITIQUE ? Le non-marchand est financĂ© par des fonds publics. Le secteur doit donc toujours nĂ©gocier avec les diffĂ©rents gouvernements de notre pays. Le 7 novembre, il nây avait pas encore de gouvernement au niveau fĂ©dĂ©ral, nous Ă©tions donc encore dans lâinconnu. Si lâon regarde les notes qui ont fuitĂ© et les Ă©conomies annoncĂ©es, il est nĂ©anmoins alarmant de constater le peu dâattention accordĂ©e au personnel des secteurs des soins, de lâaide sociale et de lâaction socioculturelle.
Du cĂŽtĂ© flamand, un accord de gouvernement a Ă©tĂ© trouvĂ© il y a un certain temps et la nouvelle coalition promet un changement de cap. Un investissement sans prĂ©cĂ©dent est annoncĂ© dans le non-marchand flamand, et il est Ă©galement indispensable. Câest pourquoi nous avons rapidement appelĂ© le gouvernement flamand Ă entamer les nĂ©gociations pour un nouvel accord social pluriannuel (VIA 7).
Du cĂŽtĂ© wallon, il y a aussi depuis longtemps un gouvernement et un accord de coalition, mais rien ne permet de dire clairement quel sort et quel budget seront rĂ©servĂ©s au non-marchand. Quant Ă Bruxelles, aucun gouvernement nâest encore formĂ©.
Ce que tous ces niveaux ont en commun, câest quâil y a une spirale nĂ©gative de pĂ©nurie de personnel gĂ©nĂ©rant une charge de travail plus Ă©levĂ©e, et donc encore plus de dĂ©fections parmi le personnel. Il faut mettre fin Ă cette situation et pour cela, il faut un budget suffisant.
LA PAROLE AUX TRAVAILLEURS Pour expliquer pourquoi des ressources supplĂ©mentaires sont si importantes, nous nous sommes entretenus avec quelques travailleurs. Ils aiment tous travailler dans le secteur, mais admettent que ce nâest pas toujours facile.
âĂTRE ENTENDUS PAR LES RESPONSABLES POLITIQUESâ Caterina, hĂŽpitaux
« Nous voulons ĂȘtre entendus par les responsables politiques. Nous manquons de bras et de de temps. Nous sommes profondĂ©ment inquiets. Les dĂ©parts de personnels ne sont pas remplacĂ©s, quâil sâagisse de dĂ©parts en pension ou des licenciements. On nous demande toujours plus avec beaucoup moins de moyens. »
âBESOIN URGENT DE COLLĂGUESâ Debbie, aide aux familles
« Je travaille dans le secteur de lâaide aux familles et je descends dans la rue aujourdâhui parce que nous manquons de personnel, nous avons un besoin urgent de nouveaux collĂšgues. Ă mon avis, il faut rendre le travail plus attrayant et cela peut se faire, par exemple, en offrant des salaires plus Ă©levĂ©s, car ils ne le sont vraiment pas Ă lâheure actuelle. Autrefois, le but Ă©tait aussi de tenir compagnie aux personnes faisant appel Ă nous, de les Ă©couter. Ce nâest presque plus possible en raison de la charge de travail. Câest pĂ©nible pour nous. Nous sommes aussi confrontĂ©s Ă des problĂšmes plus lourds, tels que les personnes souffrant de problĂšmes psychiques. Nous avons besoin dâune formation supplĂ©mentaire Ă cet Ă©gard. »
âCELA DEVIENT DU TRAVAIL Ă LA CHAĂNEâ Guida, maisons de repos
« Les conditions deviennent insupportables Ă vivre. Câest le profit qui compte avant tout et il nây a plus ou presque de place pour lâhumain dans les maisons de repos. Je travaille en cuisine et on me demande de faire Ă manger pour 4âŹ/jour par rĂ©sident. 4⏠pour le petit dĂ©jeuner, le dĂźner et le souper inclus... En tant que travailleur, on nâa plus lâoccasion de parler avec les rĂ©sidents. On est constamment sous pression, cela devient du travail Ă la chaĂźne, les toilettes sont minutĂ©es. Avant le Covid, câĂ©tait dĂ©jĂ trĂšs difficile. Au moment de la crise sanitaire, il y a eu une prise de conscience. Nous avons eu une lueur dâespoir, pensant que les choses allaient sâamĂ©liorer, que nous recevrions de lâaide et du budget en plus, que les normes dâencadrement allaient sâamĂ©liorer Ă la hausse. Aujourdâhui, câest encore pire et nous craignons quâavec le futur gouvernement, les budgets soient encore rabotĂ©s. Nous devons continuons Ă lutter pour avoir de meilleurs soins de santĂ© car sans soins de santĂ©, malheureusement, aucun ĂȘtre humain ne peut aller de lâavant. »
âIL FAUT BRISER CE CERCLE VICIEUXâ Nikita en Heidi, hĂŽpitaux et maisons de repos
« Nous nous occupons des gens, mais on sâoccupe encore trop peu de nous. Il faut plus de budget pour le personnel, car nous sommes en train de nous noyer. Il est urgent dâavoir plus de mains au chevet des patients. Nous nây parviendrons quâen offrant de meilleures conditions de travail. Il est trĂšs compliquĂ© de trouver des collĂšgues. Câest une question de salaires, mais certainement aussi dâĂ©quilibre entre travail et vie privĂ©e. Nous aimons tellement notre travail, mais ce nâest pas facile Ă combiner avec une famille et une vie sociale. Nous travaillons en pauses et celles-ci changent quotidiennement. Normalement, nous travaillons un weekend sur deux, mais en cas de pĂ©nurie, il faut presque travailler tous les week-ends. Câest dâailleurs un cercle vicieux : en raison de la charge de travail Ă©levĂ©e, nous nâaccompagnons pas suffisamment les nouveaux collĂšgues lorsquâils dĂ©butent et ensuite, ils dĂ©crochent... Il faut briser ce cercle vicieux. Câest tellement agrĂ©able de travailler dans le domaine des soins et dâaider les gens. Si nous obtenions la reconnaissance que nous mĂ©ritons, ce serait dĂ©jĂ nettement plus facile. Nous travaillons avec notre cĆur et nous voulons continuer Ă le faire. »
âLES TRAVAILLEURS EN PLACE SONT AU BOUT DU ROULEAUâ Sarah, accueil de lâenfance
« Les fuites dans les mĂ©dias sur les Ă©ventuels projets du futur gouvernement nous font trĂšs peur. Sur le terrain, les conditions de travail sont trĂšs compliquĂ©es. On nous promet une revalorisation de nos mĂ©tiers, qui ne vient pas. Les Ă©tudiants dans nos secteurs sont en pleine diminution. On doit rĂ©pondre Ă des normes inatteignables et au niveau de lâencadrement, câest trĂšs difficile. On nous promet des places en crĂšche mais le personnel ne suit pas. On doit normalement ĂȘtre une puĂ©ricultrice pour 7 enfants. On se retrouve pourtant dans des situations oĂč lâon doit gĂ©rer un groupe de 10 enfants en Ă©tant seul. On ne parvient plus Ă rĂ©pondre aux besoins des enfants comme on voudrait et comme on devrait le faire car nous sommes trop peu. Les travailleurs en place sont au bout du rouleau. Il est temps pour le Non-marchand. »
Lâintelligence artificielle : amie ou ennemie ? Les progrĂšs de lâintelligence artificielle bouleversent considĂ©rablement notre sociĂ©tĂ© et notre marchĂ© du travail.
Goldman Sachs a calculĂ© quâenviron deux tiers des professions aux Ătats-Unis et en Europe seront exposĂ©es Ă un certain degrĂ© dâautomatisation par lâIA. Selon lâOCDE, 26% des emplois dans notre pays risquent dâĂȘtre remplacĂ©s par lâIA. Pour lâinstant, aucun effet nĂ©gatif nâa encore Ă©tĂ© observĂ© sur lâemploi. Mais le pouvoir et la richesse des gĂ©ants de la technologie ne cessent de croĂźtre, câest indĂ©niable.
LE MARCHĂ DU TRAVAIL DE DEMAIN Rien ne permet encore de dire avec prĂ©cision ce Ă quoi ressemblera le marchĂ© du travail de demain et comment nous devrons lâapprĂ©hender en tant que syndicats. LâarrivĂ©e de lâIA sur le lieu de travail pose plusieurs dĂ©fis. Pensons Ă la protection de la vie privĂ©e, mais aussi Ă lâorganisation du travail et aux droits des travailleurs. Quel rĂŽle jouera un syndicat lorsque le travail ne sera plus exercĂ© par des personnes ? Les gens redeviendront-ils des citoyens ou resteront-ils des travailleurs sans emploi ?
Comment rĂ©partir Ă©quitablement les gains de productivitĂ© de lâIA ? LâIA peut-elle jouer un rĂŽle dans lâallĂšgement de certains emplois ? Ou bien lâIA sera-t-elle principalement utilisĂ©e pour contrĂŽler les travailleurs et les mettre encore plus sous pression ? LâIA dĂ©passe aussi les frontiĂšres nationales. Comment crĂ©er un cadre juridique favorable par-delĂ les frontiĂšres et les rĂ©alitĂ©s ? En bref, comment pouvons-nous utiliser lâIA pour les gens et pas contre les gens ?
En principe, le remplacement des travailleurs par des machines ou lâIA ne pose aucun problĂšme. Nous travaillons pour vivre. Si nous pouvons avoir le mĂȘme niveau de vie sans travailler, câest une situation winwin. Le problĂšme, câest le systĂšme capitaliste. Ceux qui nâont pas dâemploi dans ce systĂšme nâont rien Ă y gagner.
ET LE CLIMAT ? Le changement climatique est lâun des plus grands dĂ©fis auxquels nous sommes confrontĂ©s. La bataille technologique contre ce changement passe aussi par lâIA. Cela semble contradictoire, car lâIA est extrĂȘmement Ă©nergivore. En effet, les centres de donnĂ©es utilisĂ©s pour le stockage numĂ©rique et la puissance de calcul servant Ă construire et Ă maintenir lâIA dĂ©vorent des tonnes dâĂ©nergie.
Selon le bureau amĂ©ricain de lâefficacitĂ© Ă©nergĂ©tique et des Ă©nergies renouvelables (« US office of Energy Efficiency and Renewable Energy »), les centres de donnĂ©es reprĂ©sentent aujourdâhui environ 2% de la consommation totale dâĂ©nergie aux Ătats-Unis. ChatGPT, par exemple, consomme 500 ml dâeau pour 20 Ă 50 questions et rĂ©ponses. La formation dâun modĂšle dâIA pourrait Ă©mettre plus de 283.000 kg de CO2. Cela Ă©quivaut Ă peu prĂšs Ă 62 voitures Ă essence circulant pendant une annĂ©e entiĂšre. Le problĂšme est aussi que nous disposons de peu dâinformations sur la consommation exacte de lâIA, car les entreprises technologiques restent dĂ©libĂ©rĂ©ment vagues sur leurs Ă©missions. Il faut un cadre lĂ©gal obligeant les entreprises Ă ĂȘtre transparentes et durables.
Il faut un cadre lĂ©gal obligeant les entreprises Ă ĂȘtre transparentes et durables. Les experts estiment improbable que nous soyons confrontĂ©s Ă un chĂŽmage de masse. Cela ne sâest jamais produit non plus dans le passĂ©. Il est en revanche probable que nous produirons plus avec moins de main-dâĆuvre, de sorte que notre consommation augmentera, avec des consĂ©quences dĂ©sastreuses pour le climat. LâIA proprement dite a Ă©galement un impact sur le climat du fait quâelle nĂ©cessite Ă©normĂ©ment dâĂ©nergie. Ce nâest pas un dĂ©tail nĂ©gligeable.
Mais il y a aussi de bonnes nouvelles ! DiffĂ©rentes Ă©tudes montrent que lâIA dispose du potentiel pour avoir un impact positif sur le climat. En effet, lâIA peut ĂȘtre utilisĂ©e pour lutter contre les incendies de forĂȘt, surveiller la biodiversitĂ©, prĂ©voir le changement climatique, optimiser certains processus de production, assurer une meilleure gestion des stocks et bien plus encore.
METTRE LâHUMAIN AU CENTRE Il reste essentiel que lâIA devienne plus Ă©cologique, en rĂ©duisant Ă la fois les Ă©missions de carbone et la consommation dâeau. Et nous pouvons tous jouer un rĂŽle Ă cet Ă©gard. Il est impossible de dire si lâIA est une bonne ou une mauvaise chose sans se demander qui dĂ©tiendra le pouvoir. Câest Ă nous, citoyens et organisations syndicales, de faire pression sur les diffĂ©rents niveaux politiques pour que les entreprises soient obligĂ©es de devenir plus durables. Comme toujours, la technologie doit ĂȘtre au service des gens et pas lâinverse. t
HARALD SâEN EST ALLĂ Une BD sur la sĂ©curitĂ© sociale ? Câest ce projet un peu fou quâHarald Franssen, dessinateur, Ă©tait venu prĂ©senter au CEPAG en 2017. Un coup dâĆil sur son travail avait vite dissipĂ© toute incrĂ©dulitĂ© : cette BD devait voir le jour ! Harald sâĂ©tait aussitĂŽt mis au travail. Trois ans plus tard, lâalbum « Un cĆur en commun â La belge histoire de la SĂ©curitĂ© sociale » Ă©tait publiĂ© aux Ăditions Delcourt. Une BD drĂŽle et Ă©mouvante, qui a rencontrĂ© succĂšs critique et public. Un ouvrage autour duquel Harald a Ă©galement mis sur pied une exposition itinĂ©rante prĂ©sentĂ©e Ă travers tout le pays : « Le droit de vivre ». Harald voulait aussi entamer un nouveau projet sur lâidĂ©e dâune SĂ©curitĂ© sociale europĂ©enne. La maladie lâen a malheureusement empĂȘchĂ©. Elle lâa emportĂ© le 5 novembre dernier.
Merci Harald. Merci pour toutes ces belles rencontres et ce « cĆur en commun » que tu nous laisses, un tĂ©moignage inestimable pour notre histoire sociale et pour nos luttes prĂ©sentes et Ă venir.
Lire plus sur Harald, sa BD, son expo, et écouter le podcast sur: J https://tinyurl.com/mwe8yw7y
EXPO « DROIT DE VIVRE. LâHISTOIRE DE LA SĂCURITĂ SOCIALE »
Jusquâau 14/12
âą Quand ? Jusquâau 14 dĂ©cembre, du lundi au vendredi.
âą OĂč ? Au B3 â Centre de ressources et de crĂ©ativitĂ© de la Province de LiĂšge â place des Arts, 1, 4020 LiĂšge.
⹠Entrée gratuite.
⹠Visites groupées sur réservation : ledroitdevivre.b3@gmail.com
DĂFENDRE LE CHĂMAGE, CâEST DĂFENDRE LâEMPLOI ! ConfĂ©rence-dĂ©bat - 3/12
Depuis plus de 20 ans, une grande partie du monde politique, le patronat et certains mĂ©dias ont trouvĂ© le bouc Ă©missaire idĂ©al : les chĂŽmeuses et chĂŽmeurs. La liste des rĂ©formes de ces derniĂšres annĂ©es donne le tournis : limitation dans le temps des allocations dâinsertion, dĂ©gressivitĂ© accrue des allocations, etc. Elles sont catastrophiques sur le plan social, mais elles sont aussi totalement inefficaces.
2024 marque le 24Ăšme anniversaire de notre systĂšme de SĂ©curitĂ© sociale rĂ©solument unique. Ă cette occasion, Promotion & Culture et le PAC LiĂšge vous convient Ă dĂ©couvrir lâexpo « Le droit de vivre. Lâhistoire de la SĂ©curitĂ© sociale ». Ă lâheure oĂč dâaucuns rĂȘvent de la dĂ©membrer pour mieux en gratifier ses piliers aux assureurs privĂ©s, ce parcours a pour but de rappeler dâoĂč provient cet outil extraordinaire de protection solidaire. Davantage, Ă travers son histoire, en expliquer les rouages pour mieux dĂ©battre des enjeux concernant sa sauvegarde et son (re)dĂ©ploiement.
Alors, pourquoi la droite et le patronat sâentĂȘtent-ils Ă vouloir mettre en Ćuvre des politiques qui ne fonctionnent pas ? Il est crucial de dĂ©construire les prĂ©jugĂ©s et dâouvrir le dĂ©bat. Le CEPAG Mons-Borinage et la Formation LĂ©on Lesoil vous invitent Ă le faire avec David Lannoy, conseiller au CEPAG et rĂ©dacteur de la brochure « DĂ©fendre le chĂŽmage, câest dĂ©fendre lâemploi ! ».
⹠Quand ? Le mardi 3 décembre à 18h30, accueil dÚs 18h15.
âą OĂč ? Ă la salle Janssens 25, rue de Dinant Ă 7000 Mons.
⹠Entrée à prix libre.
⹠Réservation souhaitée par mail : cedric.devriese@cepag.be
QUINZAINE DES MIGRATIONS
Namur - Du 2 au 12/12
De secrĂ©taire dâEtat en secrĂ©taire dâEtat, la politique migratoire belge est de plus en plus restrictive et inhumaine. La Belgique a Ă©tĂ© condamnĂ©e un nombre incalculable de fois pour manquement Ă sa politique dâaccueil et pourtant, rien ne bouge.
En Europe, le Pacte migratoire, mais aussi le rĂŽle de lâagence Frontex, est le reflet dâune politique de rejet total des personnes migrantes, renforcĂ©e par la montĂ©e de lâextrĂȘme droite.
à notre niveau, nous devons continuer à résister et à défendre celles et ceux qui sont dominés, invisibilisés, rejetés. Pour ces raisons, le CEPAG vous invite à sa premiÚre « Quinzaine des migrations ».
⹠Quand ? Du 2 au 12 décembre.
âą OĂč ? Ă Namur. Plus dâinfos : www.cepag.be/node/4395
⹠Entrée gratuite.
⹠Réservation souhaitée via le lien suivant : https://tinyurl.com/cepagform
BRABANT WALLON
Centrale des Métallurgistes MWB-FGTB Rue du Géant 2bte3 à 1400 NivellesTél. 067/89.32.10
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Nous vous souhaitons dâores et dĂ©jĂ Ă toutes et Ă tous de merveilleuses fĂȘtes de fin dâannĂ©e.
JEREMY CORBYN
« Les syndicats sont un élĂ©ment essentiel dâune sociĂ©tĂ© dĂ©mocratique » Syndicats Magazine sâest longuement entretenu avec Jeremy Corbyn sur les syndicats, la guerre, la paix et lâavenir lors du festival Manifiesta.
Jeremy Corbyn a Ă©tĂ© un militant contre toutes les formes de racisme et de discrimination, un syndicaliste convaincu et un reprĂ©sentant intĂšgre du peuple. Il a passĂ© 41 ans Ă la Chambre des communes du Royaume-Uni pour le district londonien dâIslington North. Enfin, pendant cinq ans, il a Ă©tĂ© le leader du parti travailliste britannique. Aujourdâhui, il siĂšge comme dĂ©putĂ© indĂ©pendant. Rencontre.
Nous vivons un moment oĂč beaucoup perdent espoir dans le systĂšme Ă©lectoral. Les syndicats peuvent-ils contribuer Ă un changement politique ?
Les syndicats sont en effet un Ă©lĂ©ment essentiel dâune sociĂ©tĂ© dĂ©mocratique, et peuvent ĂȘtre trĂšs efficaces pour provoquer un changement politique. Au BrĂ©sil, par exemple, le parti des travailleurs est une organisation entiĂšrement basĂ©e sur les syndicats, et le prĂ©sident Lula est lui-mĂȘme un syndicaliste. Lâinfluence des syndicats a Ă©tĂ© Ă©norme. MĂȘme dans les jours les plus sombres de la dictature. En Afrique du Sud, les syndicats ont jouĂ© un rĂŽle crucial dans la fin du rĂ©gime dâapartheid et ont Ă©tĂ© trĂšs influents au sein de lâANC de Nelson Mandela.
Jâai pourtant quelques critiques Ă formuler Ă lâĂ©gard des syndicats en gĂ©nĂ©ral, mĂȘme si jâai Ă©tĂ© syndiquĂ© toute ma vie et que je le resterai jusquâĂ la fin de mes jours. Ils sont parfois trop lents Ă reconnaĂźtre les changements technologiques qui ont un impact considĂ©rable sur le travail. Les travailleurs de plateformes sont de plus en plus reprĂ©sentĂ©s dans les syndicats et câest une bonne chose. LâannĂ©e derniĂšre, jâai assistĂ© Ă une rĂ©union du syndicat des transports UBT en Belgique. Une discussion trĂšs intĂ©ressante y a eu lieu sur le sujet. Jâestime que tous les travailleurs doivent ĂȘtre reprĂ©sentĂ©s dans un syndicat.
Parlons un peu des mĂ©dias. Ils nâĂ©taient pas tendres avec vous lorsque vous Ă©tiez Ă la tĂȘte du parti travaillisteâŠ
Câest vrai. Dans les mĂ©dias traditionnels, environ 91% des communications sur notre parti ou nos propositions Ă©taient tout Ă fait nĂ©gatives. 6% Ă©taient neutres. Cela nous laissait donc 3% de communications positives. Je leur suis trĂšs reconnaissant pour ces 3% (rires) !
Depuis toujours, vous ĂȘtes un militant engagĂ© contre toutes formes de racisme et de sectarisme. Pourtant, vous avez pu ĂȘtre accusĂ© â sans vergogne et sans fondement â par les mĂ©dias dâantisĂ©mitisme. Faut-il en conclure que la bataille est perdue dans les mĂ©dias traditionnels, et quâil ne reste plus quâĂ jouer pleinement la carte des mĂ©dias sociaux ?
Je ne pense pas que lâon puisse absolument sĂ©parer les mĂ©dias traditionnels des mĂ©dias sociaux. Les deux sâalimentent. Par exemple, les gens qui lisent les journaux le font trĂšs souvent en ligne, via les rĂ©seaux sociaux. Un autre exemple : la BBC (radio publique britannique, ndlr) propose une Ă©mission matinale intitulĂ©e « Today ». Elle a lieu presque tous les matins, pendant trois heures Ă la radio. Son influence est Ă©norme. Elle dĂ©finit le dĂ©bat pour le reste de la journĂ©e. Des extraits apparaissent sur les mĂ©dias sociaux et sont ensuite partagĂ©s ou transmis.
DÚs lors, faut-il contrÎler les médias sociaux ?
Selon moi tout le monde doit avoir un accĂšs Ă©gal aux mĂ©dias sociaux. Nous devons tous pouvoir nous exprimer librement. Mais comment gĂ©rer les communications Ă caractĂšre sexiste ou raciste, ou qui incitent Ă la violence, ou qui sont tout simplement complĂštement fausses ? De plus, il est trĂšs difficile de savoir qui se cache derriĂšre certains messages. Je pense donc quâil devrait y avoir un certain degrĂ© de contrĂŽle ou dâautorĂ©gulation.
Cela signifie-t-il également une propriété publique ?
Question intĂ©ressante. La BBC est en fait une entreprise publique, thĂ©oriquement indĂ©pendante du gouvernement. Sa source de revenus est la redevance TV (la fameuse « licence fee » dâenviron 200 euros par an, ndlr), que toute personne possĂ©dant un tĂ©lĂ©viseur doit payer. La BBC a une charte, dont lâobjectif fondamental est dâĂ©duquer, de divertir et dâinformer. Pour une partie, la BBC fait du trĂšs bon travail : lâhistoire, les documentaires, la musique, la tĂ©lĂ©vision pour les enfants, les retransmissions sportives. Il en va autrement lorsque la chaĂźne sâengage dans un discours politique. Les principaux journalistes de la BBC sont pratiquement tous issus de lâenseignement privĂ© et de deux universitĂ©s.
J Lisez lâintĂ©gralitĂ© de lâinterview sur www.syndicatsmagazine.be
Je pense que le rĂŽle des syndicats est important et quâĂ de nombreux Ă©gards, les syndicats sont plus reprĂ©sentatifs et plus dĂ©mocratiques que les partis politiques.
Jeremy Corbyn Passons Ă des thĂšmes internationaux. Pour le Canadien dâorigine hongroise Gabor MatĂ©, mĂ©decin spĂ©cialisĂ© dans les traumatismes et le stress, ce qui se passe Ă Gaza depuis le 8 octobre 2023 est la pire chose quâil ait vue en 80 ans de vie. Ătesvous dâaccord avec lui ?
Câest en tout cas lâune des pires. Mais il faut ĂȘtre prudent avec les superlatifs. Il y a eu des gĂ©nocides au Rwanda, au Cambodge, au Darfour, par lâIndonĂ©sie contre les Timorais de lâEst. Il y a eu la guerre au ViĂȘt Nam, en CorĂ©e, en Afghanistan, en Irak. La liste est longue, trĂšs longue. Ce que vit la population de Gaza fait Ă©galement partie de cette liste. Ce qui rend cette situation si unique, câest le caractĂšre unilatĂ©ral du conflit. IsraĂ«l occupe Gaza, et tente dâĂ©liminer ou dâexterminer la population palestinienne de Gaza.
Câest pourquoi la dĂ©cision de la CIJ (selon laquelle il existe des preuves substantielles permettant de croire que les conventions sur le gĂ©nocide ont Ă©tĂ© violĂ©es par IsraĂ«l, ndlr) Ă©tait si importante. Gabor MatĂ© pourrait certainement avoir raison ici. Et venant de lui, câest trĂšs fort.
Durant votre passage Ă Manifiesta, vous participez Ă un dĂ©bat sur les syndicalistes pour la paix. La guerre fait rage dans lâest de lâEurope et on assiste Ă un vĂ©ritable bain de sang Ă Gaza. Pensez-vous que les syndicats ou les militants ont un rĂŽle Ă jouer dans cette quĂȘte de la paix ?
Je pense que le rĂŽle des syndicats est important et quâĂ de nombreux Ă©gards, les syndicats sont plus reprĂ©sentatifs et plus dĂ©mocratiques que les partis politiques. En effet, les travailleurs sâunissent et rejoignent un syndicat avant tout pour protĂ©ger leurs
conditions de travail et de salaire. Mais au sein-mĂȘme dâun syndicat, on parle aussi de politique. DĂšs lors, lorsque les membres dâun syndicat dĂ©cident ensemble de soutenir le peuple palestinien, je pense que nous devons les Ă©couter trĂšs attentivement, car il ne sâagit pas dâun hasard, mais dâun trĂšs grand groupe de travailleurs et travailleuses qui en sont arrivĂ© Ă cette conclusionâŠ
Parlons maintenant jeunesse. DâaprĂšs vous, quelle est la â ou y a-t-il une â formule magique pour conquĂ©rir le cĆur des jeunes aujourdâhui avec un message de solidaritĂ©, de redistribution des richesses et dâautres idĂ©es socialistes ?
La clĂ©, câest le respect et lâespoir pour les jeunes, câest dâĂ©couter ce quâils ont Ă dire. Les jeunes dans toute lâEurope ont des difficultĂ©s. Dans mon pays, prĂšs de 40% des jeunes vont Ă lâuniversitĂ©, et la quittent avec une dette que la plupart dâentre eux ne pourront jamais rembourser. Emprunter de lâargent devient trĂšs difficile pour les jeunes, ils doivent louer sur un marchĂ© locatif privĂ© totalement dĂ©rĂ©gulĂ©. TrĂšs souvent, plus de la moitiĂ© de leur salaire est absorbĂ©e par leur loyer. Cette situation, vous la retrouvez partout en Europe, avec un niveau de vie pour les jeunes qui est infĂ©rieur Ă celui de la gĂ©nĂ©ration de leurs parents. Et il nâ y a aucune amĂ©lioration en vue.
Le rĂ©sultat de tout cela ? ProblĂšmes psychologiques, dĂ©ception, criminalitĂ©, sociĂ©tĂ© divisĂ©e. Pour moi, il faut donc inspirer et rĂ©unir les jeunes. Ăa a toujours Ă©tĂ© un plaisir de travailler avec de nombreux groupes de jeunes diffĂ©rents Ă un travail crĂ©atif et culturel, Ă lâorganisation dâactions syndicales et politiques. t
Rédaction :
Syndicats
Rue Haute 42 1000 Bruxelles syndicats@fgtb.be
Aurélie Vandecasteele Rédactrice en chef
Geeraard Peeters
Ioanna Gimnopoulou
Daan Nelen
Léonard Pollet
Aïcha Magha Rédacteurs
Service abonnements : 02 506 82 11
Ont collaboré à ce numéro :
Mark Pauwels
Arnaud Dupuis
Antonina Fuca
Mada Minciuna
Céline Boogaerts
Alissa De Ceuninck
Sacha Dierckx
Kobe Martens
Photos : iStock FGTB
Celia dâAmico
Ioanna Gimnopoulou
Aurélie Vandecasteele
Yannick Bovy
Ali Selvi
Cyprien Lepoivre (FGTBÂ Bruxelles)
Layout : www.ramdam.be
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