S11 rb

Page 17

TEXTILE-VÊTEMENT-DIAMANT

Autoneum Genk: quelle honte! Autoneum fait partie du holding portant le même nom qui a son siège principal en Suisse. L’entreprise était connue dans le temps sous le nom de Rieter. L’entreprise à Genk compte plus de 200 travailleurs et produit des tapis et des éléments de coffre pour des marques automobiles telles que Volvo, Toyota, Citroën et… Ford. La proximité de l’usine d’assemblage de Ford a toujours été la raison de son existence; suite à la fermeture imminente de Ford, Autoneum voit son chiffre d’affaires chuter de 40% environ.

Le «vote du personnel»

la fin de l’année passée, la FGTB avait demandé au groupe Autoneum quels étaient les projets d’avenir pour le site à Genk. La réponse était toujours que rien n’avait encore été décidé puisque le groupe Autoneum maintenait le contrat pour le modèle Ford Mondeo, n’importe où celuici serait produit. Finalement, nous avons fixé une date limite pour début mai et nous avons demandé une CCT en matière de sécurité d’emploi: au cas où il y aurait quand même un licenciement collectif suite à la fermeture de Ford Genk, nous demanderions le même plan social que celui qui avait été développé pour les autres soustraitants. La réponse de la direction est arrivée le 14 mai: elle a annoncé, avec beaucoup de joie, que le site d’Autoneum en France (Dieppe) fermera et que Genk pourra récupérer les parties en mousse de ce site. Cette opération rapportera environ le même nombre de postes de travail que celui qui se perd suite à la fermeture de Ford à Genk. La direction d’Autoneum a toutefois assorti le transfert de la capacité de production supplémentaire vers la Belgique d’une condition: le personnel devait accepter une réduction de salaire de 4%, sinon cette capacité supplémentaire pourrait éventuellement être transférée vers un site d’Autoneum en Pologne.

Un vote forcé et manipulé

A

La FGTB a découvert qu’il s’agissait seulement de chantage: - Quand nous avons demandé pourquoi il faut économiser sur les coûts et combien il faut économiser, la direction a répondu vaguement que le déménagement de la production de Dieppe coûtera de l’argent qu’elle ne pourra pas récupérer immédiatement. Ensuite, la direction s’est contredite en affirmant que l’économie au niveau des coûts salariaux doit être permanente; - Quand nous avons demandé si l’on peut économiser sur des coûts autres que les coûts salariaux dans l’usine, la réponse était que c’est possible, mais qu’il faut de toute façon réduire les salaires; - Quand nous avons demandé si cette réduction de salaire peut garantir la sûreté d’emploi au cours des années à venir, la di-

rection a donné cette réponse creuse: si un licenciement collectif est quand même nécessaire au cours des années suivantes, elle entamera des discussions avec nous (ce qu’elle est obligée de faire de toute façon selon la loi), mais elle ne voulait même pas nous donner la moindre idée sur l’éventuel contenu d’un plan social; - Quand nous avons demandé si les travailleurs pouvaient récupérer leur argent en cas de licenciement, la réponse était double: en cas de licenciement collectif, les travailleurs récupéreraient leur réduction de salaire. En cas de simple licenciement (une moyenne de 18 par an depuis 2008), les travailleurs ne pourraient pas récupérer la réduction. Qu’a fait la CSC au cours des négociations: - Le secrétaire de la CSC a signalé qu’il fallait «présenter» la réduction de salaire d’une autre façon de sorte que le personnel l’accepte plus facilement. Il a lancé des idées telles que la suppression de l’équipe de nuit ou même une réduction sur les futures indexations salariales. La direction, très reconnaissante, a utilisé la suggestion et a annoncé que personne ne le sentira au niveau du salaire; - Quand nous avons démontré que cela se fera sentir au niveau du salaire, un autre secrétaire de la CSC a proposé de convertir (une partie de) l’index en une CCT 90 (CCT bonus). La direction l’a également accepté, mais à partir de 2016 seulement et à condition qu’il y ait bénéfice à ce moment-là; - Quand nous avons signalé que la CCT bonus promise n’a pas de contenu et est illégale en plus, la CSC a réagi: la réduction de salaire ne sera pas non plus reprise dans une CCT; - Quand la direction a exigé qu’aucun travailleur ne puisse récupérer la réduction de salaire par la suite, la CSC était, tout d’un coup, prête à signer une CCT à condition qu’un vote du personnel l’approuve; - Même quand les délégués de la CSC ont dit que les ouvriers ne voulaient pas de vote, un secrétaire de la CSC a dit à la direction: «Préparez les lettres de vote au cas où le personnel veut quand même voter».

Quand la direction a présenté ses projets, aucun secrétaire de la CSC n’était présent. Le directeur du site a présenté la réduction de salaire comme très favorable en y reliant la future CCT bonus comme si celle-ci avait déjà été acquise. D’autre part, l’image était très noire: si nous n’acceptons pas cette proposition, la production déménagera en Pologne et tout le monde perdra son emploi après la fermeture de Ford Genk. La FGTB est intervenue: puisque la part des salaires dans les coûts totaux de l’entreprise est si modeste, une réduction de salaire représente une économie de 0,34% au maximum en 2014, de 0,63% en 2015 et de 0,78% en 2016. Ce n’est pas ça qui fera la différence avec la Pologne. Même si nous répondons à ce chantage, nous n’obtenons aucune garantie en matière d’emploi. Nous avons expliqué dès lors qu’un vote est inutile. La direction a demandé qui veut voter et la totalité des employés convoqués a levé la main. Après un coup de téléphone de leur secrétaire, les délégués de la CSC ont été d’accord de faire voter les gens. Bien que certains ouvriers n’aient même pas été avertis et que la situation soit nettement différente pour les employés (qui ont en effet une période de préavis considérable, même sans plan social), la CSC et la direction ont rapidement organisé un vote pour les ouvriers et les employés. Par protestation, beaucoup d’ouvriers ne se sont même pas rendus au vote. Nous avons appris ensuite que 120 «personnes» ont voté pour, 50 contre et 38 personnes n’ont pas émis leur vote. Puisque les employés étaient presque unanimement en faveur de la proposition, environ la moitié des ouvriers a voté contre le projet ou n’a pas participé au vote. La CSC a immédiatement signé la déclaration d’intention tandis que la FGTB a répondu qu’elle ne s’inclinera pas. Il doit être clair que nous ne reconnaissons pas ce vote: - Parce qu’un vote honnête n’est pas possible sous la menace d’une fermeture et surtout pas s’il s’agit de droits existants tels que l’index - Parce que la situation est présentée de façon incorrecte visà-vis du personnel - Parce que l’on a composé une majorité au moyen des employés, ce qui donne une image déformée. Nous ne signerons pas une CCT qui réduit l’index et nous la combattrons avec tous les moyens possibles si elle est appliquée. Andres Vandereycken, Secrétaire FGTB-TVD Limbourg.

SYNDICATS • N°11 • 14 JUIN 2013

13

> CONFECTION

Sioen Mouscron: chronique d’une restructuration Tout a commencé au premier trimestre de l’année dernière. Au cours d’une réunion, la direction informe les membres du conseil d’entreprise qu’il faut supprimer l’équipe de nuit pour diminuer entre autres la charge salariale et les frais fixes. Les représentants des travailleurs marquent leur désaccord quant à cette décision, avançant le bon bilan financier de l’entreprise et les investissements qui ont été faits dans l’informatique pour un total de 150.000 euros. Au cours des négociations qui s’ensuivent, la direction parle de la mauvaise entente entre les travailleurs qui perturbe l’activité générale de l’atelier générant ainsi un manque de productivité. La direction cite la société Katoen avec laquelle Sioen travaille en sous-traitance depuis 2009 et qui est, selon la direction, un atout puisqu’elle est moins chère que le site de Mouscron. Résultat, sept travailleurs de l’équipe de nuit rejoignent les équipes traditionnelles moyennant un accord signé par l’entreprise qui oblige celle-ci à payer une compensation salariale dégressive sur une période d’un an et de garantir le maintien du volume d’emploi grâce à un roulement de chômage équitable pour la totalité de l’effectif. Mars 2013. Les délégués de la FGTB constatent depuis quelque temps que le chômage économique n’est plus réparti équitablement parmi les travailleurs. A la suite d’une réunion, un protocole d’accord est rédigé qui devrait être signé le lendemain. Or, le moment venu, la direction annonce qu’elle a décidé, en accord avec la maison mère à Ardooie, de licencier 13 travailleurs des 27. Elle invoque la conjoncture économique incertaine, un manque de productivité par rapport à la société Katoen, des coûts de fonctionnement de 50% supérieurs à ceux de cette entreprise, le manque de flexibilité des travailleurs, … La FGTB y réagit immédiatement et dénonce la nouvelle politique de l’entreprise ainsi que le chômage structurel. La FGTB rappelle les engagements que Sioen a adoptés il y a un an. Même si l’entreprise n’a aucune obligation dans le cadre de la Loi Renault, les organisations syndicales interviennent et la FGTB insiste sur des négociations. Or, au cours de ces réunions, tout le monde campe sur ses positions. Pour les syndicats, le nombre de 13 licenciements est excessif et doit être ramené à 10. A la suite de longues discussions, la direction accepte de réduire les licenciements à 10, mais elle ne peut pas garantir qu’il n’y aura pas de chômage économique. La FGTB a donc réussi à sauver

des emplois, mais fait immédiatement face à un nouveau combat. En termes de critères de licenciement, la direction ne veut pas prendre en compte l’ancienneté acquise dans l’entreprise, ni l’âge des travailleurs. Par contre, elle retient les absences au travail pour diverses raisons, la flexibilité, la polyvalence et les performances des travailleurs. La FGTB rejette ces critères puisqu’ils sont subjectifs et que 90% des licenciements concernent des affiliés de la FGTB. Début mai, la direction propose des postes possibles dans d’autres entités du groupe Sioen Industries. Ces propositions ne valent pas grand-chose puisque les travailleurs de la confection n’ont aucune expérience dans les différents domaines d’activités proposés. Une dernière réunion organisée mi-mai traite du montant de l’enveloppe financière qui serait prévue par l’entreprise, mais dont la FGTB n’a toujours pas pris connaissance. Sur les insistances de la FGTB, l’entreprise propose de payer le préavis selon les années d’ancienneté et sur base de la convention du textile, plus avantageuse que celle de la confection, ce qui est accepté par la FGTB qui ajoute que les travailleurs ne devront pas prester de préavis. La direction propose encore de payer une prime de fermeture, que la FGTB fait multiplier par trois au lieu de deux. Elle obtient également le paiement d’une prime supplémentaire pour les travailleurs de plus de 45 ans. La direction s’engage à payer le coût de l’outplacement. Les travailleurs qui ne le souhaitent pas recevront une indemnité supplémentaire de 1.200 euros bruts. L’entreprise paiera également la valeur des chèques-repas pendant le préavis. Le lendemain, une assemblée générale est organisée pour les travailleurs. La direction y remet la liste nominative des personnes licenciées et la FGTB commente le contenu de l’accompagnement financier obtenu.

Fabrice Delahaye Secrétaire

Préparation du lin: indexation Suite à une indexation, les salaires du secteur du lin augmentent de 0,0372 euro à partir du 3 juin 2013. Les nouveaux barèmes se trouvent sur www.fgtbtvd.be.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.