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EMPLOYÉS, TECHNICIENS & CADRES

SYNDICATS • N°07 • 8 AVRIL 2011

> INDUSTRIE

Plus d’unité dans un secteur diversifié Le secteur industrie, composé d’un ensemble de sous-secteurs très disparates comme la chimie, le métal, le pétrole, le secteur alimentaire, les arts graphiques, etc. regroupe environ 200.000 travailleurs. Le congrès, qui s’est tenu ce 28 mars, était l’occasion pour les militants de se regrouper ensemble autour de problématiques à la fois communes et propres à chacun et de définir les enjeux de demain. Rencontre avec Anita Van Hoof et Claude Roufosse, les Secrétaires Fédéraux en charge du secteur et constat de la situation.

Comment le secteur industrie a-t-il vécu ces dernières années? Claude Roufosse: «Les dernières années n’ont pas été faciles. La crise économique s’est fait lourdement sentir dans le secteur du métal et de la sidérurgie.» Anita Van Hoof: «Aujourd’hui, on constate une certaine reprise économique mais la situation est loin d’être idyllique. Les conditions de travail sont précaires et les travailleurs du secteur doivent quotidiennement faire face à des difficultés et des phénomènes tels que l’externalisation et la délocalisation».

Vous trouvez que c’est une pratique qui se généralise?

AVH: «On a pu le constater à plusieurs reprises récemment, les entreprises tendent de plus en plus à faire appel à de la sous-traitance à l’étranger,laissant les travailleurs belges sur le carreau.Elles surfent sur la vague des pays émergeants (le «BRIC» - Brésil, Russie, Inde, Chine) qui offrent une main d’œuvre surqualifiée et peu chère. On a pu le voir avec Arcelor Mittal qui a déjà déménagé son service de comptabilité au Brésil. Nous craignons de voir cette situation s’étendre à d’autres départements et d’autres entreprises.»

Vous parlez de reprise économique, cela veut dire que certaines entreprises recommencent à faire des bénéfices? CR: «Si on prend l’exemple de la chimie, on peut dire que le secteur se porte bien! Les chiffres d’Essenscia, la Fédération Belge de l’Industrie Chimique, parlent d’eux-mêmes. En un an: il y a eu une hausse de production de 18% et une augmentation du Chiffre d’Affaires de 15%. Les employeurs recommencent à faire des bénéfices

exorbitants et continuent pourtant à toujours vouloirtirer les droits des travailleurs vers le bas. A nous d’agir à ce niveau.»

Vous dites vouloir «ouvrir les consciences» et créer plus d’unité dans le secteur. Pouvez-vous nous en dire un peu plus? AVH: «Au niveau syndical, nous voulons développer une nouvelle démarche de travail, plus «en réseaux». L’industrie est confinée de manière très régionale: si on veut concurrencer avec l’externalisation et autres méthodes du patronat, il faut agir à ce niveau. Nous voulons ouvrir les frontières et les consciences, échanger et élargir le débat.» CR: «De manière concrète, après les négociations sectorielles, nous projetons d’organiser ponctuellement des réunions en comité fédéral pour tous les sous-secteurs. Nous voulons dépasser la vision actuelle, qui consiste à rester très enfermé sur soi-même,pour une vision internationaliste. Ouvriers et employés, nous voulons avancer ensemble et obtenir plus pour tous. L’unité dans le secteur sera nécessaire afin de relever les défis qui nous attendent…»

Le 2 mars 2011, une cinquantaine de délégué(e)s de la métallurgie se sont retrouvé(e)s pour une journée exceptionnelle. Les carolos ont été accueillis par leurs camarades liégeois dans le cadre de l’exposition La Grève de 60. 50 ans plus tard toujours d’actualité. Après la visite de cette exposition, les discussions ont pu se faire autour de sandwichs avant de se rendre au centre de Liège pour découvrir le Musée de l’Industrie et de la Métallurgie à l’occasion d’une exposition intitulée De fonte et d’acier: histoires vécues. Une première qui a permis, deux jours avant la journée d’actions du 4 mars, de mieux se connaître et d’échanger expériences, attentes et idées sur la situation économique des deux bassins industriels mais aussi sur les mobilisations à venir. Tous les camarades présents ont apprécié cette journée, qui ne devrait pas rester sans suite.

> SECTEUR NON MARCHAND FRANCOPHONE

Semaine d’actions du 4 au 8 avril Cela fait maintenant plusieurs années que les travailleurs du Non Marchand francophones attendent désespérément une amélioration de leurs conditions de travail… On les fait tourner en rond pendant que les fédérations d’employeurs continuent d’engranger des bénéfices. Cette situation a assez duré. Ils veulent aujourd’hui du concret, du changement et un réel engagement des politiques. Du 4 au 8 avril, les travailleurs feront entendre leurs voix à travers différentes actions. Voici près de deux ans que le front commun syndical négocie avec la Communauté française en vue d’obtenir un nouvel accord social Non-Marchand. Il y a tout juste un

an, nous étions déjà passé à l’action afin d’obtenir un budget de 4,5 millions d’euros pour 2010. A l’époque, nous avions dénoncé l’attitude des employeurs du secteur qui n’hésitaient pas à mettre à charge du budget de l’accord social une partie de leurs revendications. Depuis lors, silence radio, pas d’avancées! Il y a bien une ébauche d’accord afin d’affecter les 4,5 millions d’euros de 2010 à une étape supplémentaire vers l’harmonisation des barèmes. Etape indispensable lorsqu’on sait que les secteurs de la Communauté Française sont les moins bien payés de toute la Belgique. Néanmoins il n’y a toujours pas d’accord en ce qui concerne la répartition du budget entre les sous-secteurs. Qui plus est, les employeurs continuent d’essayer de tirer la couverture à eux. Ils réclament maintenant un budget supplémentaire pour améliorer les subsides du passé. Ils conditionnent ainsi leur accord actuel à un accord sur ce nouveau budget. Nous n’accepterons pas de nous laissons prendre en otage de la sorte. Du côté politique, ce n’est pas

mieux. Pour rappel, le gouvernement avait promis de trouver des marges supplémentaires dans le cadre de l’ajustement budgétaire prévu au printemps 2011. Nous y sommes et toujours rien! Le personnel du Non-Marchand Francophone veut plus que du vent. Les travailleurs exigent aujourd’hui du concret avec la conclusion immédiate de l’Accord Social de Transition 2010: 4,5 millions d’euros pour avancer dans l’harmonisation barémique et le démarrage des négociations pour un véritable accord social pluriannuel. Cette situation a assez duré pour ces travailleurs des secteurs de l’aide à la jeunesse, de l’accueil de l’enfance, du socio-culturel, de la promotion de la santé à l’école. Ils ne veulent et ne peuvent plus attendre et ils comptent bien le faire savoir ! Un préavis de grève a d’ores et déjà été déposé pour le 4 avril et des arrêts de travail seront organisés dans l’ensemble des institutions et associations dans la semaine du 4 au 8 avril. Espérons que politiques et patronat comprennent enfin le message et agissent en conséquence!

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«Augmentation» des salaires des employés: pas ce qu’il y paraît Il y a quelques semaines, Jobat, le magazine consacré à l’emploi, titrait étonnement: «Les employés ont reçu une augmentation de 2,57%». Cela nous a tout de même un peu fait froncer les sourcils. À juste titre apparemment. D’abord les chiffres. Une analyse des salaires de 260.000 employés par un secrétariat social a fait apparaître que le salaire moyen d’un employé a augmenté de 2,57% en 2010. Des chiffres qui étonnent, car dans l’accord interprofessionnel exceptionnel précédent, il était uniquement question de l’octroi d’une augmentation du coût salarial de 250e maximum. Les masquent tombent un peu plus loin dans l’article. L’augmentation de 2,57% comprenait aussi l’indexation. Pour Jobat et le secrétariat social, il

s’agit donc apparemment d’une augmentation. Le magazine considère dès lors ceci comme une «bouffée d’air» pour les employés. Nous avons nous-mêmes aussi examiné quelques chiffres… Et qu’est-il apparu? Qu’au moment où le montant sur la fiche de paie augmentait de 2,57% en moyenne pour la plupart des employés, la vie devenait… 3,22% plus chère. En bref, les mêmes chiffres nous apprennent tout autre chose. Même avec l’index, augmentations barémiques et autres comprises, la plupart des employés peuvent, avec le salaire de janvier 2011, acheter 0,65% de moins qu’un an auparavant. C’est pourquoi nous continuons de dire: pas touche à notre système d’index et de libres négociations pour plus de salaire!

Congrès UNI Finances 2011 à Lisbonne Du 15 au 17 mars, les congrès statutaires d’UNI Finance Europa et UNI Finance Mondial ont eu lieu à Lisbonne. Le thème du congrès «Back to the Future» (Retour vers le futur) était surtout basé sur les récentes avancées d’UNI Finance dans la concertation sociale internationale. Depuis l’éclatement de la crise financière, UNI Finance s’est battu afin d’obtenir une place dans la concertation au niveau Européen et mondial. Elle a obtenu, entre autres, des mandats effectifs dans les groupes d’experts de la Commission Européenne, à travers lesquels plus d’informations sont désormais devenues disponibles et une influence directe pourrait s’installer. Et c’est bien nécessaire, car 2 ans après le début de la crise, quasiment rien n’a changé dans le secteur finances et les employées restent les plus grandes victimes d’un système injuste. En Belgique également, les habitudes n’ont pas changé. Les bonus octroyés aux dirigeants sont de nouveau de la partie, mais également pour le personnel ordinaire, la relation entre la rémunération fixe et variable a été dirigée de manière malsaine vers le salaire variable. Ce sont précisément ces pressions qui, dans le passé, ont permis que certains produits discutables soient quand même appliqués. La campagne Sales &Advice (Vente & Conseil), dans laquelle les syndicats belges jouent un rôle très actif, reste un point fort. La mise sous pression des employés de banque pour vendre toutes sortes de produits compliqués à des clients qui n’en ont pas besoin doit s’arrêter immédiatement! Nous rappelons cette revendication à tous les niveaux: négociations sectorielles, accords d’entreprises avec les banques et assureurs et auprès des instances de contrôles tels que la CBFA et la Banque Nationale. Pour le SETCa, il y a également un rapport avec la discussion au sujet des bonus liés à la vente de produits. UNI Finance nous apporte ici un soutien au niveau international. Le Plan Stratégique pour les 4 ans à venir a également été discuté. L’accent sera mis sur la conclusion d’accords transnationaux avec les multinationales, l’organisation dans le secteur, les emplois justes, l’influence politique et régulative et l’implication des syndicats membres dans le travail d’UNI. Enfin, le congrès a également désigné un nouveau comité directif. Le congrès a reconnu le travail de Pia Desmet, Secrétaire Fédérale SETCa, en prolongeant son mandat de vice-présidente d’UNI Finance Europa et d’UNI Finance Mondial.


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