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ACTUALITĂS
Action 4
En bref 5 « Nâoublions pas que le job dâun Ă©tudiant, câest dâĂ©tudier » 6-7 Statut « cohabitant », la fabrique Ă pauvretĂ© 8-9 STOP aux violences faites aux femmes, au travail et partout 10 IrĂšne Kaufer, fĂ©ministe et syndicaliste 11 Emplois en pĂ©nurie, la faute Ă qui ? ............................................................ 12
Tri des biodéchets à Bruxelles 13

Question/Réponse 14
DOSSIER
Agir, maintenant .................................................................................... 15-20
VOTRE CENTRALE
Centrale Générale 21-23
MWB 24-25
UBT 26-27
Horval 28-29
SETCa 30-32
MONDE & RĂGIONS
Agenda des régions 33 Qatar 2022, carton rouge sang 34-35

Pas de trĂȘve hivernale pour la crise
Le moment est crucial. La grĂšve gĂ©nĂ©rale du 9 novembre a Ă©tĂ© particuliĂšrement suivie. De trĂšs nombreux secteurs Ă©taient Ă lâarrĂȘt, tant dans le privĂ© que dans le public. Des centaines de piquets se sont organisĂ©s devant les portes dâentreprises, de zones dâactivitĂ©, de centres commerciaux, des ports.
ENTRE COLĂRE ET DĂSESPOIR
Le 9 novembre, nous avons une fois encore, discutĂ©, Ă©coutĂ©. RĂ©coltĂ© les tĂ©moignages. La parole des gens, des familles. Une parole qui se situe entre colĂšre et dĂ©sespoir. Sur toutes les lĂšvres, deux sujets Ă©videmment : lâĂ©nergie impayable et les salaires trop bas. ElĂ©ment Ă souligner : la grĂšve du 9 novembre a reçu le soutien de bon nombre de commerçants, de petites entreprises. Qui paient Ă©galement le prix fort de la crise Ă©nergĂ©tique. Il nây a donc plus de place pour lâaveuglement ou le dĂ©ni : les gens souffrent. Nous nâexagĂ©rons pas. Nous ne forçons pas le trait. La coupe est pleine, pour lâensemble du monde du travail. Les factures doivent baisser, les salaires et les allocations sociales doivent augmenter.
LA CRISE ĂNERGĂTIQUE: UN TUEUR SILENCIEUX
Lâhiver nâoffrira pas de trĂȘve. Que du contraire. Les besoins en chauffage et en Ă©nergie augmentent, et lâon sait que les mĂ©nages les plus fragiles mettent chaque jour en danger leur santĂ©. Depuis des mois. Un chiffre sorti rĂ©cemment dans la presse interpelle: fin octobre 2022, on comptabilisait dĂ©jĂ deux fois plus de dĂ©cĂšs par intoxication au monoxyde de carbone que les annĂ©es prĂ©cĂ©dentes. En cause, trĂšs clairement, la crise Ă©nergĂ©tique. Trop de mĂ©nages utilisent des appareils de chauffage dĂ©fectueux ou des carburants bon marchĂ©, nâaĂšrent plus leur logement, font lâĂ©conomie des entretiens de chaudiĂšres. Pour des raisons budgĂ©taires Ă©videntes.
Et si « les fĂȘtes » arrivent, nous savons quâelles seront vĂ©cues diffĂ©remment cette annĂ©e par de nombreux mĂ©nages. Les feux de bois ne seront pas seulement, cet hiver, un dĂ©tail festif ou esthĂ©tique, un petit rabiot de confort. Les prix flambent, les bĂ»ches crĂ©pitent⊠et le torchon brĂ»le. Il faut des rĂ©ponses concrĂštes, et suffisantes. Un blocage des prix de lâĂ©nergie, une augmentation des salaires et des allocations.
DANS LA RUE DĂS DĂCEMBRE
Nous maintiendrons donc la pression. Le 9 novembre nâĂ©tait pas un atterrissage aprĂšs ces deux annĂ©es de lutte, mais une piste de dĂ©collage vers dâautres actions. La prochaine manifestation aura lieu en front commun le 16 dĂ©cembre Ă Bruxelles. Nous continuerons Ă taper sur le clou. Câest le seul moyen de rĂ©pondre Ă lâarrogance de la droite et du grand patronat qui continue Ă amasser des profits records, tout en prĂ©tendant que les travailleurs et travailleuses ne mĂ©ritent rien. Rien. 0 %. On pourrait presquâen rire, si ce nâĂ©tait pas affligeant.
UNE LUTTE DES CLASSES MONDIALE
Plus largement, le ton de lâactualitĂ© est particuliĂšrement anxiogĂšne. La crise Ă©nergĂ©tique se joue sur fond de guerre, de catastrophe climatique. Dans la presse, on lit la situation des femmes en Iran, le grand show de la COP27, la coupe du monde de tous les abus, les droits humains bafouĂ©s Ă tous les Ă©tages. Il devient difficile, en tant que citoyen, de ne pas se sentir impuissant. VulnĂ©rable mĂȘme. Face Ă lâennemi commun que reprĂ©sente le systĂšme capitaliste et ses excĂšs.
Les enjeux sont nombreux, les attentes sont Ă©normes. Le congrĂšs de la CSI, le syndicat international, le rappelle : la crise est mondiale. La lutte aussi. Une lutte des classes, Ă lâĂ©chelle du monde. Câest donc Ă cette Ă©chelle aussi que travailleurs et travailleuses doivent sâunir et Ćuvrer pour un changement radical. Pour une autre sociĂ©tĂ©, pour une justice sociale, fiscale, climatique. Nous nâavons quâune planĂšte, quâun futur Ă protĂ©ger. Face au mĂ©pris ambiant, nous devons avancer ensemble, rĂ©sister ensemble, dâune seule voix. Et sans trĂȘve. t
Miranda Ulens Secrétaire générale
LA GRĂVE GĂNĂRALE














DU 9Â NOVEMBRE
a Ă©tĂ© largement suivie dans tous les secteurs et dans tout le pays. Les travailleurs et travailleuses ont envoyĂ© un signal fort au patronat et au monde politique : ça suffit ! Il faut laisser la possibilitĂ© de nĂ©gocier de rĂ©elles augmentations salariales et bloquer les prix de lâĂ©nergie.

ĂNERGIEÂ : ARNAQUES EN LIGNE SUR LA VENTE DE BOIS

Câest le SPF Economie qui lance lâalerte. De trĂšs nombreux mĂ©nages ont Ă©tĂ© victimes dâarnaques concernant la vente de bois Ă bas prix sur internet. De faux vendeurs profitent de la crise Ă©nergĂ©tique pour induire les consommateurs en erreur.
LA LOI DE 96 DOIT CHANGERÂ : ARGUMENTAIRE
Les salaires sont trop bas. Pourtant, les fĂ©dĂ©rations dâemployeurs rĂ©affirment que ce sera zĂ©ro pour cent et rien dâautre. Et ce, alors mĂȘme que lâĂ©cart salarial avec les pays voisins semble se rĂ©duire, notamment avec lâAllemagne, qui vient de nĂ©gocier de solides augmentations de salaires. Les faits nous donnent raison.
LA LOI DE 96 PRIVE LES TRAVAILLEURS ET LES TRAVAILLEUSES DE LEUR PART DE RICHESSES
La productivité des salariés augmentent, les bénéfices des entreprises belges augmentent, tandis que la part des salaires dans les richesses créées diminue. Il y a donc un problÚme structurel dans la façon dont nous distribuons nos richesses, notamment à cause de cette loi.
LA LOI DE 96 VA Ă LâENCONTRE DE LâORGANISATION INTERNATIONALE DU TRAVAIL
LâOIT affirme que le gouvernement belge intervient de maniĂšre trop importante dans les nĂ©gociations salariales et a créé un cadre beaucoup trop restrictif. La loi entrave la libertĂ© de nĂ©gociation des interlocuteurs sociaux.
LA LOI DE 96 EST INJUSTE
COMMENT ĂA MARCHE?
Ces faux vendeurs prĂ©tendent avoir du bois Ă prix raisonnable. Les commandes et paiements se dĂ©roulent en ligne, et une fois payĂ©e, la marchandise nâarrive jamais, puisquâelle nâexiste pas ! Le vendeur stoppe alors toute communication. Quelque temps plus tard, le site lui-mĂȘme disparaĂźt.
Le SPF Economie a identifiĂ© quelques-uns de ces faux magasins de bois. Si certains sont créés de toute piĂšce, dâautres sont des copies presque conformes de sites lĂ©gitimes, et utilisent mĂȘme les coordonnĂ©es de vĂ©ritables entreprises. Un exemple : le faux vendeur « www. boispourchauffage.com » sâapproprie ainsi lâidentitĂ© (nom, adresse, numĂ©ro dâentrepriseâŠ) dâun vĂ©ritable vendeur en France.
VIGILANCE
Si certains de ces sites prĂ©sentent des signes dâarnaques Ă©vidents (fautes dâorthographe ou informations brouillonnes), dâautres ont tout lâair de magasins sĂ©rieux. Il est donc important de redoubler de vigilance.
Vous avez Ă©tĂ© victime ou tĂ©moin dâun site de vente en ligne frauduleux ? Signalez-le via le Point de contact du SPF Economie J pointdecontact.belgique.be
La loi sur la norme salariale se base sur une comparaison truquĂ©e avec les pays voisins. Les coĂ»ts salariaux en Belgique sont artificiellement gonflĂ©s, de lâordre de 16,5 milliards dâeuros de plus que la rĂ©alitĂ©.
LA LOI DE 96 EST EN DĂCALAGE AVEC LA RĂALITĂ
De nombreuses entreprises sont prĂȘtes Ă proposer un salaire plus attractif pour revaloriser certains salaires, dans les mĂ©tiers dit « essentiels », ou pour pourvoir les postes vacants. Mais les employeurs sont obligĂ©s de trouver dâautres moyens pour augmenter la rĂ©munĂ©ration car la loi les empĂȘche de le faire.
La FGTB publie un argumentaire complet, disponible sur le site. Pour comprendre et expliquer les enjeux liĂ©s Ă cette loi de 96. NâhĂ©sitez pas Ă le consulter et tĂ©lĂ©charger.
INDEX NOVEMBRE 2022
INDICES
Prix à  la consommation 127,92
Indice santé 127,44
Indice santé lissé 123,47
En novembre 2022, lâindice des prix Ă la consommation est en baisse de 0,23 % par rapport Ă octobre 2022. En rythme annuel, lâinflation se chiffre Ă 10,63 %. Lâindicepivot sâĂ©lĂšve Ă 123,14. Il a Ă©tĂ© dĂ©passĂ© ce mois. Par consĂ©quent, les allocations sociales et les salaires dans la fonction publique seront adaptĂ©s au coĂ»t de la vie (+ 2 %), respectivement en dĂ©cembre 2022 et en janvier 2023. Le prochain indice pivot sâĂ©lĂšve Ă 125,60.

« Nâoublions pas que le job dâun Ă©tudiant, câest dâĂ©tudier »
Le gouvernement dĂ©voilait son budget voici quelques semaines, et celui-ci comprenait une mesure qui touche de trĂšs prĂšs la jeunesse : lâextension du « job Ă©tudiant » de 475 Ă 600 heures annuelles.
En nombre dâheures, cela reprĂ©sente 0,4 ETP. Presque un mi temps, donc. En plus, Ă©videmment, des Ă©tudes. Une nouvelle qui a rĂ©joui certains milieux, dont la droite et la patronat, qui peuvent ainsi compter sur des cotisations sociales rĂ©duites, et dĂšs lors une main dâĆuvre moins chĂšre. Pourtant, Ă©tendre le nombre dâheures de travail des jeunes ne vient en aucun cas solutionner un problĂšme pourtant crucial : la prĂ©caritĂ© Ă©tudiante. A contrario, elle vient accentuer la mise en concurrence entre travailleurs rĂ©guliers et jobistes, ainsi que les inĂ©galitĂ©s sociales entre Ă©tudiants.
Nous en parlons avec Florian Gillard, Ă©tudiant en sociologie Ă lâULB, membre de lâUnion syndicale Ă©tudiante (section membre des Jeunes FGTB), ainsi quâavec RaphaĂ«l DâElia, en charge de la communication chez les Jeunes FGTB.
Pourquoi nâest-ce pas une bonne chose dâaugmenter les heures de travail des « jobistes » ?
Parce que ce nâest pas un modĂšle pĂ©renne pour lutter contre la prĂ©caritĂ© Ă©tudiante. Ce nâest pas quelque chose qui amĂ©liore les conditions de vie de ces jeunes. Il ne faut pas oublier que le job dâun Ă©tudiant, câest dâĂ©tudier. On sait que le travail, en plus des Ă©tudes, vient empiĂ©ter sur les heures dâĂ©tudes.
De plus, on entend les arguments de la droite comme « cela contribue Ă la formation, Ă lâexpĂ©rience ». Ce nâest pas correct. La grande majoritĂ© des jobistes ne travaillent pas dans la branche qui correspond Ă leurs Ă©tudes. Ăa nâa donc rien Ă voir avec une formation.
Câest une forme de dumping social ?
Le discours libĂ©ral sous-entend que quand les syndicats sâopposent aux jobs Ă©tudiants « étendus », ils souhaitent lâappauvrissement de ces Ă©tudiants. Câest inverser notre propos. En rĂ©alitĂ©, ce sont les employeurs qui bĂ©nĂ©ficient de cette mesure. Les cotisations sociales sont rĂ©duites pour les Ă©tudiants* ; ils deviennent donc une main dâĆuvre moins chĂšre, qui potentiellement « remplace » un travailleur rĂ©gulier. Et moins de cotisations, câest moins de participation Ă la sĂ©curitĂ© sociale, et moins de moyens pour lutter contre la prĂ©caritĂ©. Mais cet aspect-lĂ ne semble pas trĂšs concret pour la jeunesse concernĂ©e, malheureusement.
« Ces jobs Ă©tudiants sont non seulement une catastrophe pour la rĂ©ussite dans lâenseignement supĂ©rieur mais ils contribuent par ailleurs Ă maintenir un certain Ă©litisme dans les universitĂ©s et les hautesĂ©coles, oĂč lâimpact des inĂ©galitĂ©s sociales est fort. En effet, le statut social et la situation Ă©conomique des Ă©tudiant·es ont aussi une relation avec la nature du travail dans lequel les Ă©tudiant·es sâengageront, les plus prĂ©caires sont les plus Ă mĂȘme Ă accepter des jobs difficiles et contraignants. Ces Ă©tudiant·es devront Ă©galement prester plus dâheures que les plus favorisé·es, ce qui signifie moins de temps pour Ă©tudier et moins de chances de rĂ©ussite. »
Communiqué Jeunes FGTB
* Les jobistes cotisent Ă 2,71 % (cotisation de solidaritĂ©) contre 13,07 % pour un ou une travailleur·euse ordinaire. De son cĂŽtĂ©, le banc patronal cotise Ă 5,42 % Ă la sĂ©curitĂ© sociale pour les Ă©tudiant·es contre au moins 25 % pour un travailleur Ă occupation principale. ParallĂšlement Ă cela, cette augmentation du nombre dâheures pour les jobistes sâaccompagne dâune rĂ©duction de 7 % des cotisations patronales, ce qui Ă©quivaut Ă un dĂ©ficit pour lâEtat de plus dâ1 milliard dâeuros.
On sait que câest un sujet qui percole peu, mĂȘme dans les milieux Ă©tudiantsâŠ
Oui. Dans les cercles Ă©tudiants, lâextension des heures de travail passe plus ou moins inaperçue. Et les jeunes en situation de prĂ©caritĂ© sont en recherche de solutions Ă court terme comme celle-lĂ . Dans lâopinion publique en gĂ©nĂ©ral, on est encore sur lâidĂ©e que lâĂ©tudiant est un privilĂ©giĂ© qui travaille un peu pour payer ses sorties et ses loisirs. Câest faux. Cette Ă©poque est rĂ©volue. Les Ă©tudiants qui travaillent le font pour vivre, pour payer leurs Ă©tudes et leurs factures. Il faut des mesures structurelles pour lutter contre la prĂ©caritĂ© Ă©tudiante, pas des petits pansements.
Cette forme de précarité reste méconnue ?
Câest un sujet peu investiguĂ©, voire pas pris au sĂ©rieux par le monde politique. Il faut continuer Ă se battre pour que la prĂ©caritĂ© Ă©tudiante soit reconnue et prise en charge au niveau politique. La solution ne viendra certainement pas de lâĂ©puisement des jeunes. Depuis 10 ans, le nombre dâĂ©tudiants qui travaillent est en constante augmentation. On en est au point oĂč certains ne peuvent plus se nourrir correctement. Des Ă©coles et cercles Ă©tudiants organisent des repas solidaires, Ă bas prix. Pendant la crise du Covid, on a vu sur le terrain Ă©normĂ©ment de preuves et tĂ©moignages de cette prĂ©caritĂ©.
Quid des aides possibles ?
Elles sont insuffisantes. Les bourses et allocations sont extrĂȘmement faibles. Sâajoutent quelques aides qui viennent directement des Ă©tablissements scolaires⊠Mais tout cela, en plus, nâest pas indexĂ©, donc ça nâaide que trĂšs peu. Des Ă©tudiants se tournent vers les CPAS, et signent alors un « projet individualisĂ© dâintĂ©gration sociale ». Ce qui est trĂšs conditionnĂ© Ă la rĂ©ussite, et il arrive mĂȘme que le choix dâĂ©tudes du jeune soit remis en question⊠Ce qui est souvent mis en avant dans ce genre de projet, câest lâobjectif dâ « employabilité ». Mais nous tenons Ă rappeler que les Ă©tudes sont dâabord un moyen dâĂ©mancipation, dâapprentissage, et pas seulement une fabrique Ă bons travailleurs. t
« INDISPENSABLE POUR VIVRE »
LâULB menait en 2021 une enquĂȘte sur les ressources Ă©conomiques des Ă©tudiants. Celle-ci met en avant que pour environ 30 % de lâensemble des Ă©tudiants interrogĂ©s, les ressources financiĂšres disponibles viennent principalement de leur travail rĂ©munĂ©rĂ©. Plus de la moitiĂ© de ces « jobistes » dĂ©clarent que cette activitĂ© rĂ©munĂ©rĂ©e leur est « indispensable pour vivre. De plus, la moitiĂ© signale avoir dĂ©jĂ ratĂ© les cours pour sây rendre. On note Ă©galement que prĂšs de la moitiĂ© des Ă©tudiants et Ă©tudiantes mentionnent nouer difficilement voire trĂšs difficilement les deux bouts en fin de mois. Il semble alarmant que 13,2 % dâentre eux signalent ne pas se permettre de chauffer suffisamment leur logement car ils ou elles nâen ont pas les moyens ou pour dâautres raisons. »
Source : EnquĂȘte sur les ressources Ă©conomiques des Ă©tudiant.e.s, juin 2021 / Observatoire de la Vie Ătudiante de lâULB, par CAUWE Jade et PAUME Juliette.

Dans lâopinion publique en gĂ©nĂ©ral, on est encore sur lâidĂ©e que lâĂ©tudiant est un privilĂ©giĂ© qui travaille un peu pour payer ses sorties et ses loisirs. Câest faux.
STATUT « COHABITANT »
La fabrique à pauvreté
« Cohabitant : personne qui a une habitation commune avec dâautres. » Dans le dictionnaire, la notion paraĂźt simple. Dans la vie pourtant, elle ne lâest pas. Le statut cohabitant, en Belgique, est lourd de consĂ©quences. Pas pour tout le monde, non. Seulement pour les malades, invalides, pensionnĂ©s, chĂŽmeurs. Dans leur cas, le statut implique un appauvrissement significatif, un contrĂŽle social, une restriction des libertĂ©s. En cause, un choix politique. Une fabrique Ă pauvretĂ©.
CHOIX POLITIQUE
Le sujet revient rĂ©guliĂšrement dans lâactualitĂ©. Lâinjustice du « statut cohabitant » est flagrante. Mais de quoi parle-t-on vraiment ? En bref : une personne qui Ă©marge Ă la sĂ©curitĂ© sociale, si elle dĂ©cide de vivre (lĂ©galement) avec quelquâun dâautre, perdra une (grosse) partie de son allocation dĂ©jĂ trĂšs basse. Appauvrir les pauvres, câest un vrai choix politique, imposĂ© par le gouvernement de notre pays. La personne « cohabitante » devient dĂ©pendante de son ou sa partenaire, et les deux revenus mis ensemble ne permettent pas de vivre, de se loger, de manger correctement. Pour des raisons de survie, des gens dĂ©cident de rester seuls, voire de contourner la loi. Ce statut, câest une vĂ©ritable atteinte Ă la libertĂ©, au droit de sâaimer, de vivre ensemble.
Yannick Bovy, rĂ©alisateur de lâĂ©mission dâopinions Regards, sâest penchĂ© sur le cas de plusieurs couples et familles concernĂ©s par cette injustice. Son documentaire « On veut vivre » laisse la part belle aux tĂ©moignages. Un choix inhabituel pour le journaliste. « On a rencontrĂ© cinq personnes, qui expliquent leur situation. Les tĂ©moignages sont tellement forts que jâai quasiment tout repris au montage. Car on sait bien ce que câest, le statut cohabitant. Les difficultĂ©s que ça implique. Mais lĂ jâai vraiment âvuâ de quoi il sâagissait. Notamment des maisons insalubres ou presque, oĂč vivre est trĂšs compliquĂ©. Ce statut, câest indignant. Câest pourquoi jâai laissĂ© parler les gens. Ils disent lâessentiel. »
1.600 âŹ
POUR UNE FAMILLE DE CINQ
litres de mazout pour lâhiver, on ne sait pas comment remplir notre cuve. Câest trĂšs stressant au quotidien. On nâa pas de place pour lâimprĂ©vu, pour ĂȘtre malade. Se soigner est un luxe. Et au plus on repousse des soins, au plus les symptĂŽmes sâintensifient, au plus les traitements sont lourds. Avec ce statut de cohabitant, je me vois comme un parasite. Je dĂ©pends de ma femme. Je ne peux pas mettre autant quâelle sur la table pour payer les facturesâŠÂ »
Anne, cohabitante en situation dâarrĂȘt maladie
Le statut ne frappe pas seulement les couples. Lena a 60 ans, elle vit Ă Namur. « Au dĂ©but 2016, mon fils cadet a eu 18 ans. On est tombĂ©s en statut cohabitant. On est passĂ©s Ă 1.200 ⏠pour deux⊠Mon loyer et mes charges Ă©taient dĂ©jĂ de 800 âŹ. Je ne pouvais plus me le permettre. On a dĂ» faire notre vie chacun de notre cĂŽtĂ© et chercher un autre logement. Câest trĂšs difficile Ă trouver. Les loyers sont chers, on tombe sur des marchands de sommeil⊠Mon logement actuel est presque insalubre. »
DES REVENUS DĂJĂ INFĂRIEURS AU SEUIL DE PAUVRETĂ
Julien est le premier Ă sâexprimer. Depuis un accident de voiture, et des problĂšmes de dos, il ne peut plus exercer son mĂ©tier de mĂ©canicien. Il suit une formation en informatique et travaille en tant quâALE (via une Agence locale pour lâemploi). Allocataire social, il cohabite avec sa femme et leurs trois enfants. Sa famille touche un maximum de 1.600 ⏠par mois. Il explique. « On vit au jour le jour en se demandant comment payer les factures, le loyer. Il nous reste 100, 200
Yannick Bovy tend Ă©galement son micro Ă Christine Mahy, du RĂ©seau wallon de lutte contre la pauvretĂ©. Elle nous rĂ©sume lâhistoire et le concept de ce « statut cohabitant ». « Le systĂšme impacte le revenu dâune partie des citoyens. De pensionnĂ©s, chĂŽmeurs, personnes en maladie - invaliditĂ© ou porteuses de handicap, ou encore de gens qui bĂ©nĂ©ficient du RIS (revenu dâintĂ©gration sociale). Le simple fait dâhabiter sous le mĂȘme toit et dâĂȘtre domiciliĂ© avec une autre personne qui a un revenu â du travail, du chĂŽmage, etc. â va diminuer lâallocation de la personne. Câest un vĂ©ritable handicap pour les gens qui sont concernĂ©s. (âŠ) Câest un systĂšme qui sâest intensifiĂ© dans les annĂ©es 80. Il existait partiellement avant cela, mais sâest gĂ©nĂ©ralisĂ© alors Ă toute la sphĂšre de la sĂ©curitĂ© sociale. Dans les annĂ©es 80, on Ă©tait dĂ©jĂ dans des pĂ©riodes âde criseâ, et il fallait aller chercher de lâargent chez les personnes qui âdĂ©pendraientâ de lâEtat. Câest donc un choix du gouvernement. Mais nâoublions pas que les revenus dont on parle â encore aujourdâhui â sont dĂ©jĂ infĂ©rieurs au seuil de pauvretĂ©. »
Câest comme si on Ă©tait moins libres que les autres.
On parle, pour la personne cohabitante, dâune perte de revenus de plusieurs centaines dâeuros par mois. Ce qui a inĂ©vitablement des consĂ©quences sur la vie quotidienne. Au programme : moins de soins, moins de vie sociale, un logement mal isolĂ©, une alimentation de moindre qualité⊠« Tout cela a un impact sur la vie de couple, la vie affective, familiale. On voit des couples qui se sĂ©parent pour pouvoir bĂ©nĂ©ficier de lâallocation complĂšte, car il leur est impossible de vivre comme ça. On voit des parents qui demandent Ă leur enfant de 18 ans de quitter le domicile, car il devient un ârisqueâ pour le revenu du mĂ©nage. Les impacts sont relationnels. On tue les possibilitĂ©s de sâaimer en toute sĂ©rĂ©nitĂ©. »
CONTRĂLE DE LA VIE PRIVĂE

« Il y a lĂ un aspect liberticide, un cĂŽtĂ© âje ne vis pas avec qui je veuxâ », complĂšte Yannick Bovy.
Christine Mahy : « Oui. Câest comme si il y avait deux lĂ©gislations. Quelquâun qui nâest pas encore dans le giron de la sĂ©curitĂ© sociale a une libertĂ© de vie privĂ©e trĂšs Ă©tendue. Il vit avec qui il veut, invite qui il veut, dĂ©loge quand il veutâŠ

Pour celui qui Ă©marge Ă la sĂ©cu ou au RIS, câest diffĂ©rent. Sa vie privĂ©e va ĂȘtre contrĂŽlĂ©e. Est-on sĂ»r quâil vit seul sâil bĂ©nĂ©ficie dâune allocation complĂšte ? Est-on sĂ»r quâil est Ă la bonne adresse ? Les travailleurs sociaux sont obligĂ©s de fliquer des gens. Car Ă©videmment, certains dĂ©clarent une autre adresse pour garder des allocations complĂštes. Câest bien sĂ»r une infraction, mais câest un comportement de survie⊠Quand il nây a plus assez dâargent, on cherche Ă sâen tirer. »
EmpĂȘcher les gens de vivre ensemble en toute sĂ©curitĂ©, câest aussi empĂȘcher des formes de solidaritĂ©s collectives. « On empĂȘche des regroupements familiaux ou amicaux⊠Si une personne ĂągĂ©e veut aller habiter chez sa fille, elle va perdre sa GRAPA (Garantie de revenus aux personnes ĂągĂ©es). Donc oui, câest une fabrique Ă pauvretĂ©. Câest dĂ©noncĂ© depuis trĂšs longtemps, et ça touche des femmes, des jeunes, des personnes ĂągĂ©es... Pourtant, le gouvernement ne rĂ©agit pas. Lâargument qui est toujours donnĂ© pour ne pas changer les choses câest âça coĂ»te cherâ. Mais quid du coĂ»t de la pauvreté ? Indirectement, la lutte contre la pauvretĂ© a un coĂ»t Ă©norme. Donc on doit pouvoir investir pour lâĂ©radiquer. » t
Câest dĂ©noncĂ© depuis trĂšs longtemps, et ça touche des femmes, des jeunes, des personnes ĂągĂ©es... Pourtant, le gouvernement ne rĂ©agit pas.
STOP aux violences faites aux femmes, au travail et partout

Selon un sondage rĂ©alisĂ© en 2020 par Amnesty international et SOS Viol, prĂšs de la moitiĂ© des femmes en Belgique ont dĂ©jĂ Ă©tĂ© exposĂ©es Ă des violences sexuelles, Ă des degrĂ©s divers. Dans la vie privĂ©e, publique, mais aussi professionnelle. Le 25 novembre, câĂ©tait la JournĂ©e internationale pour lâĂ©limination de la violence Ă lâĂ©gard des femmes. Deux jours plus tard, la FGTB a rĂ©pondu prĂ©sente Ă la manifestation de la plateforme Mirabal Ă Bruxelles pour dire STOP Ă ce flĂ©au.
LES VIOLENCES, TOUJOURS RĂELLES DANS NOTRE SOCIĂTĂ
Estelle Ceulemans, SecrĂ©taire gĂ©nĂ©rale de lâInterrĂ©gionale bruxelloise de la FGTB Ă©tait parmi les militants FGTB : « Ce sont des violences qui existent depuis des siĂšcles. Dans les textes de loi, notamment. En principe, ces discriminations entre les deux sexes devraient avoir disparu, mais malheureusement ce nâest pas le cas. Elles sont toujours bien prĂ©sentes dans notre sociĂ©tĂ©. En tant que maman de deux adolescents et femme engagĂ©e, je refuse de vivre dans une sociĂ©tĂ© qui continue Ă ĂȘtre violente Ă lâĂ©gard des femmes. Violente physiquement, verbalement, socialementâŠÂ »
Et elle insiste aussi sur lâimportante de la prĂ©sence de la FGTB Ă ce genre de manifestations : « Nous sommes et nous serons toujours lĂ pour nous mobiliser contre toutes formes de violences : discriminations, inĂ©galitĂ©s, sexisme, racisme, fascismeâŠÂ ».
DANS LE MONDE DU TRAVAIL AUSSI
Les violences Ă lâĂ©gard des femmes ont lieu partout, et notamment sur le lieu de travail. Selon une enquĂȘte menĂ©e par la FGTB de LiĂšge et lâassociation dâĂ©ducation permanente Promotion et Culture, 62 % des dĂ©lĂ©guĂ©s interrogĂ©s constatent des blagues sexistes sur le lieu de travail. 60 % des dĂ©lĂ©guĂ©es dĂ©clarent avoir reçu des commentaires sur leur corps ou leur poids.
Le rĂŽle du syndicat dans la lutte contre les violences faites aux femmes est donc primordial. Virginie (nom dâemprunt), dĂ©lĂ©guĂ©e MĂ©tallo dans une entreprise Ă prĂ©dominance masculine, le confirme : « Dans mon entreprise, des travailleurs se cachaient dans les toilettes des femmes et les filmaient. Il y a eu un autre incident grave : un travailleur qui sâexhibait devant les femmes de mĂ©nage. Nous avons dĂ» intervenir dans les deux cas. Pour que les femmes se sentent en sĂ©curitĂ© dans leur lieu de travail. » Et elle envoie un message Ă toutes ces femmes : « Nâayez pas peur de parler. Cela permettrait aux autres qui ont subi les mĂȘmes choses de sâouvrir. Vous nâĂȘtes pas seules, on est toutes concernĂ©es. On doit se battre ensemble contre ces violences inacceptables ! ». t
LE VIOLENTOMĂTRE DE LA FGTB
La FGTB a profitĂ© de lâoccasion pour faire la promotion de son violentomĂštre. Un outil simple dâutilisation qui permet de mesurer Ă quel point un comportement constatĂ© sur le lieu de travail est sain ou toxique pour la personne qui le subit.
Pour commander le violentomĂštre ou recevoir les posters Ă afficher dans vos entreprises, contactez le service genre de la FGTB Ă lâadresse suivante J gendermainstreaming@fgtb.be
IrÚne Kaufer, féministe et syndicaliste
Militante infatigable des droits des femmes, de la communauté LGBTI+, des travailleurs, IrÚne Kaufer est décédée le 5 novembre 2022. Syndicats Magazine lui rend hommage.
IrĂšne Kaufer est nĂ©e en Pologne, de parents juifs rescapĂ©s de la Shoah. AprĂšs un bref passage en IsraĂ«l, elle sâest installĂ©e avec sa famille en Belgique, Ă Anvers.
En mai 68, Ă lâĂąge de 18 ans, IrĂšne sâassoit sur les bancs de lâULB. « Il rĂ©gnait comme un air de liberté » se rappelle-t-elle. « JâĂ©tais de toutes les manifs, jâai dĂ©couvert lâalcool â alors que mes parents nâen buvaient jamais â jâai eu la confirmation que jâĂ©tais attirĂ©e par les femmesâŠÂ », indique-t-elle Ă propos de cette Ă©poque, dans la revue Ensemble ! du Collectif SolidaritĂ© contre lâexclusion. Ce qui la marque dans les assemblĂ©es post-68, câest lâinĂ©galitĂ© dans les prises de paroles. Les femmes intervenaient moins, et quand elles le faisaient, elles Ă©taient souvent interrompues ou moquĂ©es.
LUTTE FĂMINISTE
Mais lâĂ©veil de sa flamme fĂ©ministe a rĂ©ellement eu lieu en 1972, quand elle a participĂ© Ă la premiĂšre journĂ©e des femmes. Ă la Maison des femmes Ă Bruxelles, trĂšs active dans le groupe « Homo-L », IrĂšne conseillait et orientait les femmes sur des sujets comme la contraception et les problĂšmes socio-Ă©conomiques. Elle y fait aussi de nombreuses rencontres. Lâune dâentre elles dĂ©bouche sur une collaboration. IrĂšne devient rĂ©dactrice au sein de lâhebdomadaire Pour. Elle Ă©crit de nombreux articles sur le fĂ©minisme, lâhomosexualitĂ©, les travailleuses qui ont occupĂ© des usines dans le secteur du textile dans le Hainaut⊠En 1981, elle Ă©crit Le Rock des femmes pour le 8 mars, journĂ©e internationale de lutte pour les droits des femmes. Enfin, de 2008 Ă 2015, elle travaillera pour lâasbl Garance qui lutte contre les violences faites aux femmes et dispense des cours dâautodĂ©fense Ă des femmes de tous Ăąges. ParallĂšlement, elle Ă©crit dans plusieurs publications, dont la revue Politique et le magazine Axelle.
INTERSECTIONNALITĂ ET CONVERGENCE DES LUTTES
Militante exigeante et acharnĂ©e, elle a Ă©tĂ© particuliĂšrement attentive aux questions de lâintersectionnalitĂ© et de la convergence des luttes. La parole des invisibles lui tient Ă cĆur. IrĂšne sâĂ©loigne de toute position dominante, et affirme sa solidaritĂ© avec toutes les femmes, partout dans le monde. Elle a notamment contribuĂ© Ă un ouvrage collectif sur les « intersections et entrecroisements » aux cĂŽtĂ©s dâafrofĂ©ministes et de fĂ©ministes musulmanes.
Délaissant les magasins et les magazines Sortant de leur usines et de leurs cuisines Elles envahissent le pavé Elles ont pris des balais pour porter leurs pancartes Sur des draps déchirés elles ont tracé la carte De toutes leurs colÚres
PARCOURS SYNDICAL
IrĂšne est militante, et travailleuse. En 1981, IrĂšne dĂ©croche son premier job de salariĂ©e Ă la FNAC. AprĂšs ses six mois dâessai, elle y crĂ©e une section syndicale, devient dĂ©lĂ©guĂ©e SETCa et se bat pour la revalorisation salariale. Elle affiche les bulletins de salaire des diffĂ©rentes catĂ©gories de travailleurs. « Cette transparence a favorisĂ© la solidaritĂ© et nous avons Ă©tĂ© la seule entreprise du commerce en Belgique dans laquelle tout le personnel employĂ© (hors cadres) avait la mĂȘme Ă©volution barĂ©mique » raconte-telle, toujours dans lâinterview accordĂ©e Ă la revue Ensemble ! du Collectif SolidaritĂ© contre lâexclusion*. En 2006, le groupe auquel appartenait la FNAC a Ă©tĂ© rachetĂ©. Le nouveau directeur a voulu revenir sur des acquis, en instaurant par exemple le travail du dimanche. La lutte a Ă©tĂ© dure ; elle nâa pas dĂ©bouchĂ© sur une victoire. IrĂšne est restĂ©e dĂ©lĂ©guĂ©e syndicale durant 25 ans.

En parallĂšle, IrĂšne sâintĂ©resse aux conditions de travail de lâindustrie de la confection en Inde. Elle ira mĂȘme sur le terrain, dans les annĂ©es 90, pour Ă©changer avec des travailleuses.
LE COMBAT CONTINUE
Jamais, elle nâa baissĂ© la garde : tout dĂ©bat, Ă Politique ou ailleurs sur la place des femmes, parfois avec un panel exclusivement masculin, attirait illico ses justes foudres ! Merci Ă elle de nâavoir jamais abandonnĂ© la lutte, mĂȘme aprĂšs avoir essuyĂ© des dĂ©ceptions.
Dans son message dâadieu publiĂ© sur Facebook, IrĂšne Kaufer conclut par : « Mes combats ne sont pas terminĂ©s⊠Je compte sur vous pour les poursuivre. » Et il en sera ainsi. Bon voyage, camarade. t
* http://www.asbl-csce.be/journal/Ensemble100kaufer.pdf
Extrait du Rock des femmes © Véronique Vercheval
EMPLOIS EN PĂNURIE
La faute à qui ?
Câest un sujet qui revient souvent. Dans les mĂ©dias notamment. Il serait difficile de trouver « la perle rare », des milliers dâemplois « en pĂ©nurie » resteraient vacants. Pour la droite et le patronat, les coupables sont tout trouvĂ©s : le FOREM, forcĂ©ment inefficace puisque service public, et les sans emploi, forcĂ©ment fainĂ©ants et profiteurs puisque⊠chĂŽmeurs !
Pourtant, à y regarder de plus prÚs, la responsabilité du problÚme ne vient pas de là ...
AprĂšs les analyses de lâULB-DULBEA, de la Cour des comptes et de la CLCD, ce sont deux Ă©tudes du FOREM qui viennent confirmer ce que la FGTB wallonne dit depuis longtemps : ce sont bien⊠les employeurs qui manquent de motivation !
Il serait Ă©videmment commode de rĂ©sumer les pĂ©nuries dâemploi Ă un problĂšme de motivation des demandeuses et demandeurs dâemploi. Comme si le chĂŽmage de masse nâĂ©tait pas un problĂšme de sociĂ©tĂ© mais la simple addition de milliers de problĂšmes de motivation individuelle.
EnquĂȘte de la cellule de lutte contre les discriminations
DĂSĂQUILIBRE ENTRE EXIGENCES ET CONDITIONS DE TRAVAIL
Voici moins dâun an, la Cellule de lutte contre les discriminations (CLCD) de la FGTB wallonne et du CEPAG publiait les rĂ©sultats de son impressionnante Ă©tude, portant sur 2.639 offres dâemploi concernant des fonctions critiques ou en pĂ©nurie. Les constats : dâune part certains critĂšres et exigences figurant sur les offres dâemploi sont dĂ©mesurĂ©es au regard de la fonction recherchĂ©e, et constituent des freins Ă lâembauche. Dâautre part, pour des emplois prĂ©sentant des exigences si pointues, la contrepartie en termes de conditions de travail ou de salaire nâest pas Ă la hauteur et nâencourage pas Ă sâorienter vers ces mĂ©tiersâŠ
On ne peut pas, dans le mĂȘme temps, exiger une personne surqualifiĂ©e, motorisĂ©e, expĂ©rimentĂ©e et opĂ©rationnelle tout de suite ; ne proposer en contrepartie que des contrats prĂ©caires, des rĂ©gimes flexibles et des salaires au rabais ; et venir ensuite se plaindre de manquer de personnel.
EnquĂȘte de la cellule de lutte contre les discriminations
QUELQUES EXEMPLES
Un thÚme monté en épingle
La mĂ©diatisation excessive et lâinstrumentalisation du phĂ©nomĂšne de « pĂ©nurie » ne sont pas neuves. Il sâagit, pour le patronat et une partie du monde politique, de faire porter la responsabilitĂ© du chĂŽmage sur la personne sans emploi.
Outre la Cellule de Lutte contre les Discriminations, dâautres Ă©tudes se sont penchĂ©es sur la question, et ont pourtant trouvĂ© dâautres pistes de rĂ©ponse. DĂšs les annĂ©es 2000 dĂ©jĂ , des experts DULBEA-ULB concluaient que, pour certains secteurs, les tensions pourraient ĂȘtre rĂ©solues par une amĂ©lioration des salaires et des conditions de travail.
En 2022, deux Ă©tudes du FOREM viennent complĂ©ter ces diffĂ©rents travaux. Les rĂ©sultats ont Ă©tĂ© analysĂ©s par la FGTB Wallonne. La premiĂšre Ă©tude vient confirmer quâil existe une disproportion entre exigences patronales â en termes dâexpĂ©rience, de connaissance des langues, de dĂ©tention du permis ou dâun vĂ©hicule â et conditions de travail. Ces critĂšres peuvent bien entendu avoir leurs raisons dâĂȘtre pour certaines fonctions, mais sont clairement injustifiĂ©s pour de nombreuses autres.
Pas plus dâemploi aprĂšs une formation pour un mĂ©tier en pĂ©nurie
La seconde Ă©tude vient corroborer des conclusions dĂ©jĂ rendues en 2020 par la Cour des Comptes. Le taux dâinsertion Ă lâemploi des formations pour un mĂ©tier en pĂ©nurie est identique, voire lĂ©gĂšrement
infĂ©rieur, Ă celui de lâensemble des formations. On retrouve ainsi les plus faibles taux dâinsertion Ă lâemploi dans⊠la construction et lâhoreca, deux secteurs pourtant prĂ©sentĂ©s comme particuliĂšrement sujets aux pĂ©nuries. A quoi bon se former Ă un mĂ©tier en pĂ©nurie si on ne trouve que des portes closes pour « manque dâexpĂ©rience » ?
Des rĂ©sultats interpellants qui interrogent sur les positions patronales dâobligation de formation Ă un mĂ©tier en pĂ©nurie ou les revendications libĂ©rales de diminution des allocations de chĂŽmage et de renforcement des contrĂŽles et exclusions.
La politique du bĂąton, la politique des sanctions, ça ne marche pas ! Cela fait 20 ans quâelles sont appliquĂ©es, sans autres rĂ©sultats quâune aggravation de lâexclusion, de la pauvretĂ© et des inĂ©galitĂ©s. Il faut changer radicalement de cap et dĂ©velopper des politiques dâemploi, de formation et dâaccompagnement de qualitĂ©, non rĂ©pressives et axĂ©es sur la confiance. t
TRI DES BIODĂCHETS Ă BRUXELLES
Plus de couleur orange dans les rues !
Ă partir du 1er mai 2023, Bruxelles sera un peu plus⊠orange. En effet, suite Ă une directive europĂ©enne, la rĂ©gion impose le tri sĂ©lectif des biodĂ©chets. Les biodĂ©chets triĂ©s doivent aller dans les sacs ou conteneurs Ă ordures orange. Cela sâapplique tant aux mĂ©nages bruxellois quâaux entreprises.
Une dĂ©marche nĂ©cessaire car environ 40 % du contenu du sac blanc (dĂ©chets rĂ©siduels) Ă Bruxelles est constituĂ© de biodĂ©chets et est donc incinĂ©rĂ©. Si ces biodĂ©chets sont compostĂ©s localement, cela rĂ©duit les transports. Lorsquâils sont biomĂ©thanisĂ©s, ils peuvent produire de lâĂ©nergie Ă partir du gaz mĂ©thane. En cette pĂ©riode de crise Ă©nergĂ©tique sans prĂ©cĂ©dent, lâaspect dĂ©chets pourrait passer au second plan. Mais chaque kilo de biodĂ©chets qui nâest pas incinĂ©rĂ© et qui est compostĂ© ou fermentĂ© est une bonne chose pour le climat.
MĂȘme si Bruxelles Environnement estime que les mĂ©nages sont responsables de plus de la moitiĂ© des biodĂ©chets, les entreprises peuvent avoir un rĂ©el impact. Les bureaux et les entreprises non alimentaires de Bruxelles peuvent produire plus de 2.000 tonnes de biodĂ©chets chaque annĂ©e. Outre lâimpact direct, un tri et une valorisation des biodĂ©chets sur le lieu de travail peuvent Ă©galement avoir un effet de sensibilisation.
Lâorganisation dâun nouveau tri de dĂ©chets dans les entreprises comporte des dĂ©fis, mais quiconque a laissĂ© des dĂ©chets de cuisine par une chaude journĂ©e dâĂ©tĂ© connaĂźt les nuisances olfactives et la colonisation Ă©tonnamment rapide des mouches Ă fruits. Les reprĂ©sentants syndicaux doivent donc rappeler aux employeurs de mettre en place des procĂ©dures et le matĂ©riel adĂ©quat pour que les biodĂ©chets soient triĂ©s et traitĂ©s.

Pour aider les entreprises dans cette démarche, Bruxelles Environnement propose des conseils
sur la gestion des biodéchets avec le « Facilitateur biodéchets professionnels ». Ils fournissent des conseils, une expertise et des réponses aux questions des entreprises sur la meilleure façon de gérer les biodéchets.
Pour lâaspect environnemental, le groupe Kyoto du RĂ©seau intersyndical Bruxellois de Sensibilisation Ă lâEnvironnement a Ă©mis quelques rĂ©serves sur la nouvelle rĂ©glementation.
Par exemple, il reste quelque peu contradictoire que, pour lâinstant, les biodĂ©chets collectĂ©s soient transportĂ©s jusquâĂ Ypres. Normalement, une nouvelle usine de biomĂ©thanisation Ă Bruxelles en 2026 devrait changer la donne.
Bien que la valeur ajoutĂ©e dâun compost dâentreprise en tant quâoutil de sensibilisation soit Ă©vidente, il est presque impossible pour une entreprise de crĂ©er son propre compost. Les strictes rĂ©glementations juridiques, administratives et sanitaires Ă©touffent toute initiative.
Pour rĂ©duire les nuisances potentielles, une collecte frĂ©quente, plus dâune fois par semaine, des biodĂ©chets est nĂ©cessaire. Il devrait Ă©galement ĂȘtre possible de suspendre temporairement lâobligation de trier les biodĂ©chets pendant les vagues de chaleur.
Plus dâorange dans les rues de Bruxelles ? Alors le dialogue social est nĂ©cessaire ! t
Le chÎmage temporaire énergie en 4 questions
Le 6 octobre a Ă©tĂ© adoptĂ©e une proposition de loi portant des mesures de soutien temporaires suite Ă la crise de lâĂ©nergie. Notamment un rĂ©gime spĂ©cial de chĂŽmage temporaire pour les entreprises qui sont grandes consommatrices dâĂ©nergie, et qui subissent des pertes dâexploitation en raison de lâaugmentation des coĂ»ts du gaz naturel et de lâĂ©lectricitĂ©. Faisons le point.
CHĂMAGE TEMPORAIRE ĂNERGIEÂ : QUOI, QUAND, COMBIENÂ ?
Ce nouveau rĂ©gime vient sâajouter aux autres rĂ©gimes de chĂŽmage temporaire dĂ©jĂ en vigueur. Il sâapplique tant aux ouvriers quâaux employĂ©s. Le montant journalier de lâallocation de chĂŽmage est fixĂ© Ă 70 % de la rĂ©munĂ©ration journaliĂšre moyenne, avec un supplĂ©ment journalier minimum de 6,22 ⏠(indexĂ©, Ă charge de lâemployeur ou du Fonds de SĂ©curitĂ© dâExistence).
Le systĂšme sâapplique actuellement du 1er octobre 2022 jusquâau 31 mars 2023 (prolongeable), avec rĂ©troactivitĂ© au 15 septembre 2022.
POUR QUELLE DURĂEÂ ?
âą Si lâentreprise rĂ©pond Ă lâun des critĂšres, et en fait la demande, lâexĂ©cution du contrat de travail peut ĂȘtre totalement suspendue pendant maximum 4 semaines; ou lâemployeur peut instaurer un rĂ©gime de travail Ă temps rĂ©duit pour maximum 3 mois (si moins de 3 jours de travail/semaine ou moins dâune semaine de travail/2 semaines).
âą Quand la durĂ©e est atteinte : lâentreprise peut Ă nouveau suspendre totalement ou partiellement lâexĂ©cution sans devoir rĂ©instaurer un rĂ©gime de travail Ă temps plein. Donc sans reprise de travail.
QUELLE EST LA PROCĂDURE POUR LE TRAVAILLEURÂ ?
QUELLES ENTREPRISES SONT CONCERNĂESÂ ?
Sont visées les entreprises qui répondent à une des deux conditions suivantes :
âą Elles doivent ĂȘtre grandes consommatrices dâĂ©nergie (peu importe le secteur), câest-Ă -dire que leurs achats de produits Ă©nergĂ©tiques et dâĂ©lectricitĂ© atteignent au moins 3 % de la valeur ajoutĂ©e de lâannĂ©e civile 2021.
OU
âą Elles doivent pouvoir dĂ©montrer que la crise a un impact sur leurs activitĂ©s : leur facture dĂ©finitive dâĂ©nergie du trimestre prĂ©cĂ©dant celui au cours duquel elles recourent au rĂ©gime doit avoir doublĂ© par rapport Ă la facture au mĂȘme trimestre de lâannĂ©e prĂ©cĂ©dente.
Lâemployeur doit introduire auprĂšs de lâONEM un formulaire pour prouver quâil rĂ©pond Ă lâune des deux conditions.
Le travailleur qui Ă©tait dĂ©jĂ au chĂŽmage temporaire durant les 3 derniĂšres annĂ©es ne doit rien faire en cas de chĂŽmage temporaire Ă©nergie. Il nây a aucun document Ă introduire.
Par contre, le travailleur qui nâa pas encore bĂ©nĂ©ficiĂ© de chĂŽmage temporaire au cours des 3 derniĂšres annĂ©es doit introduire une demande dâallocations. Pour ce faire, il ou elle doit complĂ©ter le formulaire de demande simplifiĂ©e de chĂŽmage temporaire disponible sur ce lien J www.onem.be/fr/documentation/formulaires/c32-travailleur-corona et le transmettre Ă sa rĂ©gionale FGTB. Le formulaire C1  [ J www.onem.be/fr/formulaires/c1 ] doit Ă©galement ĂȘtre complĂ©tĂ©.

AGIR, maintenant
La crise climatique est bien là . Le réchauffement fait des ravages. Partout dans le monde, et aussi chez nous. Vagues de chaleur, sécheresses, inondations⊠Et ce sont toujours les populations les plus précaires qui sont les principales victimes.
Le dimanche 23 octobre, la Coalition climat, dont la FGTB est membre, a organisé sa marche annuelle pour le climat. Nous étions pas moins de 30.000 à déferler dans les rues de la capitale.








Le changement est possible. Nous exigeons des actions concrÚtes pour limiter au maximum les effets dévastateurs du changement climatique ! Des solutions pour toutes et tous. Une transition juste avec la participation des travailleurs et des travailleuses.

Le grand show de la COP27
La confĂ©rence annuelle sur le climat se tenait cette annĂ©e Ă Sharm-el-Sheikh en Egypte. Sacha Dierckx, du service dâĂ©tudes de la FGTB, Ă©tait sur place et nous dĂ©crit son expĂ©rience. « Chaque annĂ©e, un pays en assure lâorganisation. Pour 2022, lâEgypte Ă©tait le seul candidat. Câest ainsi que pour deux semaines, Sharm-El-Sheikh sâest transformĂ©e en Sharm-El-Show. »
« EVENTS & ROOMS »
Un grand show, câest ce que dĂ©couvre Sacha Dierckx Ă son arrivĂ©e. Des chefs dâEtat, les pavillons des diffĂ©rents pays et organisations oĂč se tiennent dĂ©bats et Ă©vĂ©nements, oĂč lâon nĂ©gocie sur diffĂ©rents thĂšmes. « Il est peu probable que ces espaces de nĂ©gociation accueillent des dĂ©bats de fond. Ainsi, il sera peu question du systĂšme capitaliste â et de sa soif de profits â qui est Ă lâorigine des problĂšmes de la planĂšte et des individus. Bien sĂ»r, les activistes prĂ©sents aux Ă©vĂ©nements en marge Ă©voqueront un impĂŽt sur la fortune ou une taxe sur les surprofits. Mais ces points ne sont absolument pas Ă lâordre du jour des nĂ©gociations officielles, mĂȘme si certains pays pauvres plaident pour une taxe sur les surprofits pour les entreprises fossiles. »
DE PETITS PAS EN AVANT
Nous devons non seulement nous battre contre un systĂšme Ă©conomique qui donne une bien plus grande prioritĂ© aux bĂ©nĂ©fices quâau bien-ĂȘtre des individus et de la planĂšte, mais aussi contre les nombreux lobbyistes prĂ©sents Ă la COP27.
Sacha DierckxLES BĂNĂFICES AVANT LE BIEN-ĂTRE
Les syndicats, les ONG et les jeunes, par leur prĂ©sence, rappellent des prioritĂ©s qui â sans eux â ne seraient pas mises sur la table. « Nous devons non seulement nous battre contre un systĂšme Ă©conomique qui donne une bien plus grande prioritĂ© aux bĂ©nĂ©fices quâau bienĂȘtre des individus et de la planĂšte, mais aussi contre les nombreux lobbyistes prĂ©sents Ă la COP27. Avec la CSI, nous nous battons pour une âTransition justeâ. Cela signifie que nous voulons une politique climatique Ă©quitable oĂč les travailleurs ont droit au chapitre. Une politique qui leur offrira la sĂ©curitĂ© pour lâavenir, avec notamment plus dâemplois de qualitĂ© et de protection sociale. Une politique qui rĂ©duira les inĂ©galitĂ©s au lieu de les exacerber. »
INDEMNITĂS
« MĂȘme si un seul sommet de ce type â la âConfĂ©rence des partiesâ â ne changera probablement pas le monde de sitĂŽt, il est nĂ©anmoins nĂ©cessaire de lâorganiser. Car mĂȘme un petit pas en avant constitue une avancĂ©e. » AvancĂ©e plus que nĂ©cessaire puisque tous les rapports publiĂ©s peu avant la COP indiquent que les plans dressĂ©s par les diffĂ©rents pays sont totalement insuffisants pour garder le rĂ©chauffement climatique sous la barre des 1,5° C. « Mais plan ne veut pas encore dire action. Entre lâacte et la parole, il y a souvent un fossĂ©. Enfin, dans les objectifs, il y a souvent beaucoup dâincertitudes⊠Les objectifs des pays plus pauvres dĂ©pendent dâun financement â incertain â des pays plus riches. »
DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX
La prĂ©sence des syndicats, des ONG et de la jeunesse Ă la COP est une nĂ©cessitĂ©. « Dâabord, pour dĂ©noncer la situation des droits humains en Egypte, pays dont le bilan en matiĂšre de droits humains et syndicaux est catastrophique. »

Selon le Global Rights Index de la CSI, lâEgypte serait lâun des 10 pires pays au monde pour les travailleurs. « Alors que le premier Ministre Alexander De Croo nâa apparemment pas jugĂ© utile dâĂ©voquer les droits humains dans son discours Ă la COP 27, la FGTB avait signĂ©, avant la COP dĂ©jĂ , une lettre ouverte de la sociĂ©tĂ© civile sur la situation. Et sur place, nous avons participĂ© Ă une action des organisations de la sociĂ©tĂ© civile internationale pour dĂ©noncer la violation des droits humains dans le monde entier. »
« ParallĂšlement, nous soutenons ici les nombreuses revendications des ONG. Ainsi, en Egypte, pour la premiĂšre fois, outre la rĂ©duction des Ă©missions de CO2 et la protection contre les consĂ©quences du changement climatique, la problĂ©matique des âLoss & Damageâ a vĂ©ritablement Ă©tĂ© mise Ă lâagenda. Il est donc question dâun mĂ©canisme de financement en compensation des pertes et dommages provoquĂ©s par les catastrophes climatiques, surtout dans les pays pauvres », poursuit Sacha Dierckx.
En Wallonie, lâon a dĂ©jĂ pu constater les ravages quâont provoquĂ©s les inondations de 2021. « Mais au Pakistan, dâautres inondations ont pris une autre mesure : plus de 1.700 personnes ont perdu la vie, plus de 2 millions dâhabitations ont Ă©tĂ© dĂ©truites, 410 ponts ont Ă©tĂ© endommagĂ©s, prĂšs de 13.000 kilomĂštres de route ont Ă©tĂ© dĂ©tĂ©riorĂ©s. Les pays occidentaux qui, par leurs Ă©missions historiques de gaz Ă effet de serre, sont responsables du dĂ©rĂšglement climatique, sont toutefois trĂšs rĂ©ticents lorsquâil est question dâaccepter un mĂ©canisme de financement pour ces âpertes et dommagesâ. »
SOLIDARITĂ CLIMATIQUE OU SUICIDE COLLECTIF
Sacha Dierckx conclut. « Je terminerai par une citation du SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral des Nations Unies, AntĂłnio Guterres, Ă ce sommet climatique : âLe pied toujours enfoncĂ© sur lâaccĂ©lĂ©rateur, nous continuons Ă rouler sur cette autoroute vers lâenfer climatique. (âŠ) LâhumanitĂ© a le choix : coopĂ©rer ou sombrer. Un choix entre un Pacte de solidaritĂ© climatique â ou un Pacte pour un suicide collectifâ. »
CLIMAT ET CRISE SOCIALE
La cause et lâennemi communs
Le 9 novembre, câĂ©tait la grĂšve gĂ©nĂ©rale en Belgique. Depuis la COP27, jâĂ©tais bien sĂ»r solidaire. Car il faut rappeler que mouvements sociaux et lutte contre le dĂ©rĂšglement climatique sont trĂšs Ă©troitement liĂ©s.

Car Ă ces deux problĂšmes, il y a une cause commune. Un ennemi commun. Ă savoir notre systĂšme Ă©conomique, qui valorise le profit plus que les personnes et la planĂšte. Ă savoir notre systĂšme Ă©conomique, qui valorise le profit plus que les personnes et la planĂšte. « Citons en particulier les profits toujours plus hauts de lâindustrie fossile, des grandes multinationales comme Shell, BP, ExxonMobil, Chevron, Total... Ces entreprises sont aussi les principales responsables du dĂ©rĂšglement climatique. Au cours des 50 derniĂšres annĂ©es, les compagnies pĂ©troliĂšres et gaziĂšres ont rĂ©alisĂ© prĂšs de 3 milliards de dollars de bĂ©nĂ©fices par jour, selon les recherches du professeur Aviel Verbruggen. Ces bĂ©nĂ©fices permettent non seulement de poursuivre les investissements dans les combustibles fossiles, mais aussi de donner Ă lâindustrie fossile un pouvoir de lobbying massif. »
Par ailleurs, les effets du dĂ©rĂšglement climatique et ceux de la crise Ă©nergĂ©tique sont inĂ©galement rĂ©partis. Dans les deux cas, ce sont principalement les groupes et les travailleurs les plus vulnĂ©rables â donc les plus pauvres â qui en souffrent. « Nous ne sommes pas du tout dans le mĂȘme bateau en ce qui concerne les consĂ©quences du dĂ©rĂšglement climatique. Dâaucuns se prĂ©lassent sur des yachts de luxe quand dâautres survivent sur des radeaux prĂ©caires. Le climat est une histoire de conflit de classes, comme le reconnaĂźt mĂȘme le journal Ă©conomique britannique Financial Times. »
LE BIEN-ĂTRE SOUS PRESSION
La crise actuelle exerce une pression sur le bien-ĂȘtre des travailleurs, via un appauvrissement chronique. « Il en sera de mĂȘme pour la rĂ©ponse au dĂ©rĂšglement climatique si nous ne menons cette bataille avec suffisamment de vigueur.
En dâautres termes, si la classe ouvriĂšre ne façonne pas la transition climatique dâune maniĂšre qui amĂ©liore ses conditions de vie, celle-ci se fera Ă ses dĂ©pens. »
« Il sâagit lĂ de nos besoins fondamentaux : notre alimentation, nos modes de vie, de chauffage, de dĂ©placement. Tout cela doit changer si nous voulons lutter contre le dĂ©rĂšglement climatique. Nous pouvons donc utiliser le dĂ©fi climatique pour faire avancer nos solutions. Des logements de qualitĂ© et bien isolĂ©s, de lâĂ©nergie renouvelable bon marchĂ© aux mains du public, des transports publics de qualitĂ©, des emplois dâavenir plus sĂ»rs avec de bonnes conditions de travail, une alimentation saine et abordable pour tous... Autant de politiques climatiques qui sont dans lâintĂ©rĂȘt de la classe ouvriĂšre. »
Tout comme la crise énergétique, la crise climatique est un véritable enjeu syndical. Un outil pour façonner un monde meilleur. « Nous voulons une transition juste qui donne du pouvoir aux travailleurs, un systÚme économique qui donne la priorité aux personnes et à la planÚte. Pas de changement climatique mais un changement de systÚme ! »
CEUX QUI ONT DE LâARGENT...
Ceux qui vivent dans des zones inondables, mais qui ont de lâargent peuvent dĂ©mĂ©nager et acheter ou louer une propriĂ©tĂ© mieux situĂ©e. Les autres subiront.
Ceux qui ont de lâargent peuvent isoler et rĂ©nover leur maison pour se protĂ©ger des vagues de chaleur. Ou aller vivre dans des quartiers plus verts, la verdure rendant la chaleur un peu plus supportable pendant les vagues de chaleur. Les autres auront chaud.
Ceux qui ont de lâargent seront en mesure de supporter la hausse des prix des denrĂ©es alimentaires lorsque les rĂ©coltes sont mauvaises en raison de la sĂ©cheresse et dâautres conditions climatiques extrĂȘmes. Les autres auront faim.
Sacha DierckxUne nécessité pour le climat et pour le portefeuille
En Belgique, en 2020, les Ă©missions du secteur des transports constituaient 20,4 % des Ă©missions totales de gaz Ă effet de serre (contre 14,4 % en 1990). Le transport sur route reprĂ©sente Ă lui seul 96 % du total des Ă©missions pour ce secteur*. Pour le transport des personnes, la voiture reste le mode de transport privilĂ©giĂ©. En particulier en Wallonie oĂč la part modale de la voiture sâĂ©lĂšve à ⊠83 %. Il y a donc du pain sur la planche pour Ă©voluer vers des modes de dĂ©placement plus durables et moins Ă©missifs !
Aujourdâhui, en effet, les prix Ă©levĂ©s des carburants pĂšsent sur les mĂ©nages, dĂ©jĂ fragilisĂ©s par des factures Ă©nergĂ©tiques de plus en plus lourdes. Se passer de sa voiture ou en rĂ©duire lâutilisation est donc devenu une nĂ©cessitĂ© pour beaucoup. Au-delĂ des motivations dâordre climatique sâajoutent celles liĂ©es au budget familial.
Les modes de transport durables sont moins coĂ»teux en soi. Mais ils sont aussi ceux pour lesquels les interventions de lâemployeur dans les trajets domicile-lieu de travail sont les plus Ă©levĂ©es. Regardons cela de plus prĂšs.
TESTEZ LE TRAIN!
Selon lâenquĂȘte fĂ©dĂ©rale sur les dĂ©placements domicile-travail (2017, derniers chiffres disponibles), plus de la moitiĂ© des employeurs (56 %) proposent le transport public gratuit Ă leurs travailleurs. Cela inclut le train et lâensemble des transports en commun.
Le systĂšme du tiers payant incite en effet les employeurs Ă proposer la gratuitĂ© du train. Car sâils interviennent Ă hauteur de 80 % de lâabonnement, les 20 % restants sont pris en charge par le Gouvernement fĂ©dĂ©ral. De plus, les entreprises assujetties Ă la TVA peuvent rĂ©cupĂ©rer celle-ci (6 %), ce qui rĂ©duit encore le coĂ»t Ă leur charge.
Pas convaincu ? Il est possible de tester le train gratuitement pendant un mois. La dĂ©marche est Ă accomplir auprĂšs de la SNCB, par lâemployeur, pour un groupe de travailleurs. Consultez aussi toutes les possibilitĂ©s de rĂ©duction Ă lâachat de tickets, et les tickets multiples sur le site de la SNCB.
LES TRANSPORTS EN COMMUN
Les transports en commun (tram, bus, mĂ©tro) permettent aussi de se dĂ©placer Ă moindre frais. Les employeurs sont tenus dâintervenir Ă hauteur de minimum 71,8 % des frais dâabonnement des travailleurs (plafonnĂ©s Ă 34 âŹ/mois). Les dispositions dans les secteurs et dans les entreprises peuvent toujours prĂ©voir une meilleure prise en charge.
Bon Ă savoir : les TEC ont rĂ©duit le coĂ»t des abonnements annuels Ă 12 ⏠pour les 18-24 ans, les +65 ans et les statuts BIM. Les abonnements de la STIB pour les jeunes jusquâĂ 24 ans sont aussi Ă 12 âŹ/an.
Sâil est encore difficile de se dĂ©placer en bus en dehors des zones urbaines, lâoffre sâĂ©toffe, avec une ambition dâaugmenter celle-ci de 10 % dâici 2024. Les TEC travaillent au redĂ©ploiement de tout leur rĂ©seau pour mieux tenir compte des besoins (lignes, frĂ©quences, amplitude horaire, etc.). Câest dans ce contexte que le nouveau rĂ©seau de 28 lignes express a Ă©tĂ© lancĂ© en octobre 2020. Lâabonnement mensuel donnant accĂšs Ă tout le rĂ©seau (rĂ©seau express inclus) coĂ»te 70,20 âŹ, avant intervention de lâemployeur.
LE VĂLO
A lâheure actuelle, 97 % des travailleurs ont dĂ©jĂ droit Ă une indemnitĂ© vĂ©lo ou Ă une mesure Ă©quivalente sâils font leurs trajets domicile-travail Ă vĂ©lo. Cette indemnitĂ© est nette dâimpĂŽt si elle ne dĂ©passe pas 0.25 âŹ/km. Par exemple, pour un trajet de 5 km aller (20 jours/mois, indemnitĂ© de 0.25 âŹ/km), lâindemnitĂ© vĂ©lo mensuelle sera de 50 âŹ, net dâimpĂŽt.
Le vĂ©lo Ă©lectrique ouvre de rĂ©elles perspectives, particuliĂšrement en Wallonie, oĂč le relief peut parfois constituer un frein Ă la pratique cycliste. Les pouvoirs publics wallons proposent des primes aux travailleurs, aux demandeurs dâemploi et aux entreprises Ă lâachat de vĂ©los et mettent les bouchĂ©es doubles pour dĂ©velopper le rĂ©seau cyclable.
J Plus dâinformations : tĂ©lĂ©charger la nouvelle brochure « Aller au travail Ă vĂ©lo » sur www.rise.be
LE COVOITURAGE
Partager les frais des trajets avec ses collĂšgues permet de rĂ©duire le coĂ»t dâutilisation de la voiture. Si le covoiturage en alternance nâest pas pratiquĂ©, le chauffeur peut demander une contribution aux passagers. Enfin, si le covoiturage fait lâobjet dâun accord dans lâentreprise, tous les covoitureurs pourront bĂ©nĂ©ficier dâun avantage fiscal attrayant.
Des délégations FGTB agissent !
Petit retour sur des projets menés en entreprises, pour améliorer la mobilité, la rendre plus durable et économique.
COVOITURAGE ET VĂLO ĂLECTRIQUE
Chez Entra, grande entreprise de travail adapté (ETA) de la région de Charleroi, la délégation Centrale Générale se bat depuis 5 ans pour que les travailleurs puissent se déplacer plus facilement, plus durablement et à moindre coût. Avec les faibles salaires du secteur, des travailleurs et travailleuses connaissent de véritables difficultés à supporter financiÚrement le coût de leurs déplacements domicile-travail.
Les dĂ©lĂ©guĂ©s, qui nĂ©gocient avec la direction de lâentreprise depuis plusieurs mois, ont dĂ©jĂ obtenu plusieurs avancĂ©es : lâaffiliation Ă une sociĂ©tĂ© spĂ©cialisĂ©e dans le covoiturage, la crĂ©ation de places de parking rĂ©servĂ©es aux covoitureurs, lâamĂ©nagement dâun parking vĂ©lo sĂ©curisĂ© avec bornes Ă©lectriques de rechargement et un prĂ©accord sur le tiers payant pour les usagers des TEC.
Dans le cadre de la Semaine de la mobilitĂ©, une journĂ©e de sensibilisation des travailleurs Ă la mobilitĂ© durable a Ă©tĂ© organisĂ©e en front commun. Les dĂ©lĂ©gations ont informĂ© les travailleurs au sujet de la mise en place du systĂšme de covoiturage, de la prise en charge des abonnements TEC via le systĂšme du tiers payant et du vĂ©lo (en particulier le vĂ©lo Ă©lectrique et lâintroduction dâune indemnitĂ© vĂ©lo).



HORAIRES DĂCALĂS = PEU DE BUS
Autre exemple, Ă la maison de repos et de soins lâHeureux SĂ©jour (environ 100 travailleurs), situĂ©e Ă Sprimont. Les dĂ©placements domicile-travail et leur coĂ»t y posent dâimportants problĂšmes : peu de possibilitĂ© dâutiliser le bus, en raison des horaires dĂ©calĂ©s (tĂŽt le matin et tard le soir) et de lâabsence de desserte le dimanche et les jours fĂ©riĂ©s, des horaires diffĂ©rents. Sâajoutent des interventions de lâemployeur domicileâtravail trĂšs faibles, des travailleurs obligĂ©s dâen reconduire dâautres, faute de solution de transport, etc. La direction de la Maison de repos et de soins (MRS) est consciente de la nĂ©cessitĂ© dâamĂ©liorer la possibilitĂ© de recourir Ă des modes de dĂ©placement moins chers et moins nĂ©fastes pour lâenvironnement. Elle constate aussi quâil devient plus difficile de conserver le personnel en place et de recruter de nouveaux employĂ©s, en raison de ces difficultĂ©s de mobilitĂ©.

La dĂ©lĂ©gation SETCa a donc dĂ©cidĂ© de sâattaquer Ă cette situation en organisant une journĂ©e de contact avec des travailleurs afin de pouvoir recenser les problĂšmes et les demandes en matiĂšre de mobilitĂ©. Plusieurs pistes ont pu Ă©merger. Le dĂ©mĂ©nagement dans un nouveau bĂątiment au printemps prochain permet dâenvisager une utilisation accrue du vĂ©lo, puisquâun parking vĂ©lo sĂ©curisĂ©, des prises pour vĂ©los Ă©lectriques, des douches et des vestiaires sont prĂ©vus. Direction et dĂ©lĂ©gation syndicale comptent Ă©galement mettre en Ćuvre le tiers payant pour les abonnements TEC et organiser le covoiturage, qui sâavĂšre possible pour certains travailleurs.
Vous aussi, vous voulez améliorer les possibilités en matiÚre de mobilité dans votre entreprise ?
Demandez lâappui de la Cellule MobilitĂ© de la FGTB wallonne/CEPAG J mobilite@cepag.be
CLIMAT
Des conséquences concrÚtes sur les travailleurs, partout dans le monde

« Climate change », « changement climatique » ou simplement « el cambio ». Dans tous les coins du monde, câest un signal dâalarme. Plus que jamais, le climat montre des changements violents, et bouleverse aussi les vies des travailleurs.
Si lâon se promĂšne dans les Andes, en AmĂ©rique latine, les habitants vous parleront sans doute de « el cambio », « le changement ». La cĂ©lĂšbre CordillĂšre Blanche, une vaste chaĂźne de montagnes au PĂ©rou, perd ses glaciers Ă un rythme croissant. Pas de catastrophe majeure Ă lâheure actuelle, mais les effets sont nĂ©anmoins imprĂ©visibles. Les eaux de fonte perturbent les infrastructures dâirrigation, dont beaucoup sont en service depuis des centaines dâannĂ©es.
Les saisons changent et perturbent lâagriculture traditionnelle. Une consĂ©quence qui pĂšse sur certains habitants, qui cultivent un lien mystique avec la nature. Ava, qui vend des produits naturels Ă Huaraz en tant quâactivitĂ© secondaire, constate au quotidien un changement sur lâhumeur de la ville et ses rĂ©sidents. « Le marchĂ© est lâendroit le plus animĂ© de la ville », dit-elle. « Il attire des gens de toute la rĂ©gion qui vendent des lĂ©gumes de leurs champs. Mais les rendements et la qualitĂ© ne sont plus aussi stables quâavant. âEl cambioâ explique la mauvaise rĂ©colte. »

LE CLIMAT CHANGE, LES VIES AUSSI
Le changement climatique impacte les vies. Cela vaut mĂȘme dans des zones qui semblent moins vulnĂ©rables que les hautes montagnes. Exemple : au Zimbabwe, oĂč 66 % de la population travaille dans lâagriculture. « Il faut y rĂ©flĂ©chir suffisamment pour faire le lien », nous dit Sunwork Misiri. Sunwork travaille comme ouvrier dans une ferme gĂ©ante, qui compte prĂšs de 7.000 employĂ©s dans la rĂ©gion de Mashonaland. « Notre patron engage de moins en moins de personnes pour sâoccuper du bĂ©tail car il y a de moins en moins de pĂąturages Ă cause de dĂ©sertification causĂ©e par la dĂ©forestation. Nous contribuons nous-mĂȘmes au changement climatique. »
Sunwork poursuit. « En tant que travailleurs, nous avons de moins en moins accĂšs Ă des lĂ©gumes de bonne qualitĂ©. Câest parce quâil y a de moins en moins dâemploi et que les revenus des familles diminuent, mais aussi parce que nos jardins produisent moins. Ceci est dĂ» au fait que les canaux dâirrigation ne fonctionnent plus aussi bien, suite Ă une forte tempĂȘte qui a endommagĂ© le barrage local. Moins dâeau sâĂ©coule, Ă la fois vers la ferme et vers nos jardins. Ces fortes averses sont aussi dues au changement climatique. »
LâINĂGALITĂ AMPLIFIĂE
Les gens comme Alva et Sunwork sont particuliĂšrement vulnĂ©rables. Tous deux travaillent dans lâagro-industrie, dans des rĂ©gions plus exposĂ©es, oĂč peu dâemplois dĂ©cents sont disponibles. Ils ont peu accĂšs Ă la protection sociale et leurs gouvernements peinent Ă prendre des mesures pour lutter contre le changement climatique. Mais surtout : localement, leurs voix sont moins entendues que celles de leurs patrons ou de leurs gouvernements. Globalement, moins que celles des pays riches, qui contribuent pourtant beaucoup plus au changement climatique.
Mais leur histoire prouve Ă©galement que le combat pour leurs droits, pour un emploi dĂ©cent, une sĂ©curitĂ© alimentaire et la santĂ©, coĂŻncide avec celui pour la justice climatique. Alors, que faire ? Sâunir. Depuis des dĂ©cennies, les organisations de femmes, les mouvements indigĂšnes et les syndicats font le lien entre climat et qualitĂ© de vie. Et ils pensent dĂ©jĂ Ă lâavenir. Ils unissent leurs forces et prĂ©sentent des projets audacieux. Ils sâengagent en faveur dâune transition juste : le passage Ă une nouvelle Ă©conomie, qui protĂšge la nature et place lâhumain au centre. t
Une contribution de lâONG FOS (www.fos.ngo)
Oui,
Le climat, une affaire syndicale ?
La Centrale GĂ©nĂ©rale â FGTB a la volontĂ© de sâengager rĂ©solument sur les questions climatiques. Mais, le climat, est-ce vraiment une affaire syndicale ?
carâŠ
âą Le dĂ©rĂšglement climatique est une rĂ©alitĂ© et les consĂ©quences en sont dĂ©jĂ visibles : inondations, Ă©tĂ©s plus chauds et plus secs, hivers plus doux et humides, Ă©vĂ©nements mĂ©tĂ©orologiques extrĂȘmesâŠ
⹠Les gaz à effet de serre, émis par des activités humaines, en sont la cause.
âą Nos maniĂšres de vivre, de consommer, de produire doivent sâadapter Ă cette rĂ©alitĂ©. Le monde du travail est donc directement concernĂ©. Lâensemble de nos secteurs sont concernĂ©s :
lâindustrie qui consomme beaucoup dâĂ©nergie et dont certains processus Ă©mettent une grande quantitĂ© de gaz Ă effet de serre ;
la construction, car nos maniÚres de construire et de rénover doivent se transformer ;
et les secteurs de service (gardiennage, nettoyage, âŠ) qui viennent « se greffer » sur dâautres.
âą Des politiques climatiques sont mises en Ćuvre Ă chaque niveau de pouvoir. Au niveau de lâUnion EuropĂ©enne, lâobjectif est de diminuer de 55 % les Ă©missions de gaz Ă effet de serre dâici 2030 (par rapport Ă 1990) et dâarriver Ă zĂ©ro Ă©missions nettes en 2050. Les Ă©missions devront donc baisser de 10 % chaque annĂ©eâŠ
Oui, maisâŠ
âą Les Ă©nergies fossiles (charbon, pĂ©trole, gaz) sont Ă lâorigine des Ă©missions de gaz Ă effet de serre. Or, ce sont Ă©galement elles qui ont permis le dĂ©veloppement industriel. Tout lâenjeu des annĂ©es Ă venir sera donc de construire une Ă©conomie basĂ©e sur dâautres sources dâĂ©nergies (soleil, vent, eau) tout en garantissant le bienĂȘtre de tous et toutes.
âą Câest cela quâon appelle « la transition juste » : lier les enjeux environnementaux et sociaux. En tant que syndicat, notre responsabilitĂ© est de faire pression pour que la dimension sociale de la transition juste soit traitĂ©e sur le mĂȘme pied que sa dimension environnementale. Bref, accorder autant dâimportance Ă la « fin du mois quâĂ la fin du monde ».
âą De nombreuses Ă©tudes indiquent que passer dâune Ă©conomie basĂ©e sur des Ă©nergies fossiles vers une Ă©conomie basĂ©e sur des Ă©nergies renouvelables devrait faire augmenter le nombre global dâemplois. Mais il ne sâagira pas nĂ©cessairement des mĂȘmes emplois. Notre combat syndical doit ĂȘtre de nous battre pour que les « nouveaux emplois » bĂ©nĂ©ficient des conditions de travail aussi bonnes que les « anciens emplois ». Nous devrons Ă©galement ĂȘtre attentifs Ă lâĂ©mergence de nouveaux dangers en matiĂšre de santĂ© et sĂ©curitĂ© au travail.
Pour mieux aborder tous ces enjeux, la Centrale GĂ©nĂ©rale â FGTB a créé en interne une coordination Travail-Environnement-Climat. Son objectif est dâĂȘtre un lieu dâĂ©changes et de dĂ©bats sur des enjeux concrets liĂ©s aux questions environnementales et climatiques dans le monde du travail. Nous analysons Ă©galement, avec lâaide de notre service dâĂ©tudes et dâexperts externes, les consĂ©quences des politiques climatiques sur lâavenir de nos secteurs.
Il est en effet essentiel de dĂ©velopper une vision syndicale des politiques climatiques et dâanticiper les bouleversements Ă venir.
Des cours de langue pour lâintĂ©gration et la sĂ©curitĂ©
Le rĂŽle du dĂ©lĂ©guĂ© a de multiples facettes et son champ dâaction est tout aussi vaste. Câest ce que nous prouve lâexpĂ©rience vĂ©cue chez Kingspan, une entreprise du secteur de la chimie situĂ©e dans le Limbourg. Dans cette entreprise, la dĂ©lĂ©gation syndicale constatait que la langue devenait un problĂšme sur le lieu de travail, elle a donc dĂ©cidĂ© dâintervenir. Câest ce que nous expliquent Peter Mathieu, travailleur chez Kingspan et dĂ©lĂ©guĂ© pour la FGTB Chimie, et Tim Peeters, secrĂ©taire de la Centrale GĂ©nĂ©rale â FGTB Limbourg.
Depuis un an et demi, une nouvelle direction a pris les rĂȘnes de lâentreprise Kingspan et les choses ont Ă©voluĂ© positivement de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, notamment du point de vue syndical et de la concertation. Au printemps dernier, la problĂ©matique de la langue sâest imposĂ©e. En effet, pour Peter, le problĂšme devenait urgent : « Nous sommes une entreprise de 150 travailleurs, auparavant nous avions vraiment un esprit familial. Mais aujourdâhui, nous avons de nombreux travailleurs qui ne comprennent pas le nĂ©erlandais. On le voit notamment lors des pauses, lorsque les travailleurs se regroupent par langue ».
« Le problĂšme nâest pas propre Ă Kingspan et au secteur de la chimie », explique Tim. « Les cours de langue sont trĂšs importants pour lâintĂ©gration dans lâentreprise, mais aussi dans la sociĂ©tĂ©. En termes de sĂ©curitĂ©, il est trĂšs important que les travailleurs comprennent le nĂ©erlandais. » Peter ajoute : « Il est dĂ©jĂ arrivĂ© que quelquâun emporte son smartphone dans une piĂšce explosive, juste parce quâil ne sait pas lire le nĂ©erlandais. »
ACCESSIBLE
LâidĂ©e de Tim de proposer des cours de nĂ©erlandais nâa donc pas Ă©tĂ© une surprise. Le VDAB (le service public en charge de lâemploi pour la Flandre) organise les cours et I-Diverso (un organisme spĂ©cialisĂ© dans lâentrepreneuriat inclusif) fournit un professeur. Chaque classe se compose de six Ă©lĂšves, chacun ayant son propre parcours et sa propre progression. Lâobjectif dâune petite classe est
que lâenseignant puisse fournir une approche trĂšs personnalisĂ©e. Les leçons sont accompagnĂ©es dâimages et de gestes afin que chaque Ă©lĂšve, quelle que soit sa formation, puisse suivre le cours. Chaque individu recevra une Ă©valuation personnelle. Certains devront poursuivre leur formation et dâautres auront « rĂ©ussi ». Ces derniers pourront bien entendu continuer Ă suivre les cours.

Tim nous dit que les cours se dĂ©roulent tous les quinze jours, Ă raison dâune heure durant les heures de travail (et donc rĂ©munĂ©rĂ©e) et dâune heure aprĂšs les heures de travail. La participation est entiĂšrement volontaire. « Le grand avantage est que les cours ont lieu sur le lieu de travail. Les gens ne doivent pas les suivre dans un autre lieu le soir aprĂšs le travail. La route nâest donc pas bien longue », explique Tim.
BONS DĂBUTS
« En septembre, nous avons commencĂ© les premiĂšres leçons. Nous avons Ă©tĂ© agrĂ©ablement surpris par le nombre dâinscrits. Le petit groupe qui suit dĂ©jĂ les cours est trĂšs enthousiaste. AprĂšs le premier cours, les travailleurs Ă©taient trĂšs satisfaits », se souvient Peter.
« Nous avons dĂ©jĂ 12 nouvelles inscriptions. Il est possible quâĂ lâavenir nous devions travailler avec une rotation pour les diffĂ©rentes classes ou avec plus de formateurs. Tant quâil y aura de lâintĂ©rĂȘt, le projet continuera Ă fonctionner. »
La coupe du monde au Qatar, la fĂȘte du foot ?
Pour la Centrale GĂ©nĂ©rale â FGTB et les organisations de dĂ©fense des droits humains telles quâAmnesty International et Human Rights Watch, cette coupe du monde ne peut pas ĂȘtre une fĂȘte.
Depuis lâannonce que le Qatar serait le pays organisateur, nous avons mis en garde, nous avons dĂ©noncĂ©, alertĂ©. Ce que nous rĂ©clamions : des conditions de travail et de vie dignes et sĂ»res pour les travailleurs actifs sur les chantiers de construction.
En vain.
Pour cette « fĂȘte » du foot, 1,4 million de travailleurs migrants auront Ă©tĂ© exploitĂ©s et abusĂ©s. Et derriĂšre ce drame de lâexploitation dâĂȘtres humains se cache un autre drame : celui des 6.500 travailleurs qui sont morts pour construire de beaux stades, de luxueux hĂŽtels et de jolies routes.

Alors non, nous, Ă la Centrale GĂ©nĂ©rale, nous refusons de parler de fĂȘte.
Nâoublions pas ! t

Pierre-Yves, ne signe pas ce blocage salarial !

Ce 9 novembre, la classe travailleuse a marqué, par une grÚve générale réussie, son opposition déterminée à tout blocage des salaires.
INACCEPTABLEÂ ! INJUSTIFIABLEÂ !
Les marges bĂ©nĂ©ficiaires des entreprises nâont jamais Ă©tĂ© aussi Ă©levĂ©es quâau deuxiĂšme trimestre de 2022. Depuis le dĂ©but de ce siĂšcle, elles sont passĂ©es dâenviron 36 % Ă des marges bĂ©nĂ©ficiaires globales de prĂšs de 46 % cette annĂ©e. Jamais les entreprises dans ce pays nâont rĂ©alisĂ© autant de profit.
En dâautres termes, de plus en plus de bĂ©nĂ©fices vont au capital et non au travail. Rien que dans le secteur du MĂ©tal (111), ce sont 3 milliards dâeuros qui ont Ă©tĂ© distribuĂ©s en 2021 alors que pour les travailleurs câĂ©tait un ridicule 0,4% dâaugmentation salariale !

Sur ces bases, il serait inacceptable et injustifiable que la Vivaldi sous la pression du patronat impose un arrĂȘtĂ© royal qui bloque les salaires, y compris dans les secteurs qui se portent bien ou profitent de la crise.
Dans lâindustrie en particulier, la banque nationale confirme que les marges restent hautes car les entreprises ont bien rĂ©percutĂ© lâaugmentation des coĂ»ts dans leur prix de vente.
NOTRE MESSAGE EST CLAIRÂ !
PAS DâARRĂTĂ QUI BLOQUE LES SALAIRES DANS NOS SECTEURSÂ !
Sur nos piquets de grĂšve, les messages de nos militants Ă©taient limpides. Ils nâaccepteront pas un blocage salarial, pas mĂȘme avec un petit chĂšque consommation dĂ©fiscalisĂ© et qui sous-finance la sĂ©curitĂ© sociale en compensation ! Ni mĂȘme avec des mesurettes financĂ©es par la collectivitĂ©. Le capital se gave, les travailleurs ont droit Ă un vrai retour des richesses ! Pas un simulacre de chĂšques consommation ! En 2021-2022, pour ceux qui en avaient reçus, cela reprĂ©sentait Ă peine 11 âŹ/mois sur deux ans. Quelle gifle pour tous ces travailleurs et travailleuses essentiels !
IL EST ENCORE TEMPS DâEMPĂCHER CE BLOCAGE
Le ministre du travail, Pierre-Yves Dermagne, lâa indiquĂ© clairement : « Difficile de continuer Ă dire quâavec de tels profits historiques, il nây aurait pas de marge pour une augmentation des salaires des travailleurs ».
Nous soutenons cette prise de position et sommes prĂȘts Ă mettre la pression nĂ©cessaire pour quâaucun arrĂȘtĂ© royal ne bloque nos nĂ©gociations !
Câest avec ce mandat clair que nous nous positionnerons dans les prochaines semaines. Il faut poursuivre la lutte ! Si nous flĂ©chissons, câest 4 voire 6 ans de blocage salarial qui sâannoncent !
Un premier piquet de grÚve chez GSL Motors

La journĂ©e de grĂšve nationale du 9 novembre a Ă©tĂ© un franc succĂšs, tant au nord quâau sud du pays. Les travailleurs Ă©taient prĂ©sents en nombre dans les piquets dâentreprises, et les dĂ©lĂ©gations MĂ©tallos FGTB Hainaut-Namur nâont pas manquĂ© Ă lâappel. Si pour certaines dâentre elles, faire un piquet est quelque chose qui se fait rĂ©guliĂšrement lors de journĂ©es de grĂšve interprofessionnelle, pour dâautres il sâagissait dâune premiĂšre.
JEUNE DĂLĂGATION
Dans la rĂ©gion de Charleroi, câĂ©tait notamment le cas pour le groupe GSL Motors, entreprise de garages qui regroupe une quinzaine dâentitĂ©s. La dĂ©lĂ©gation est jeune, elle a Ă©tĂ© Ă©lue et mise en place voilĂ 2 ans, lors des derniĂšres Ă©lections sociales. Ce, avec la totalitĂ© des mandats remportĂ©s. Le travail syndical nây est pas toujours facile. Le secteur fait en effet face Ă de nombreuses absorptions de petits garages dans des groupes toujours plus grands, et dĂ©centralisĂ©s.
Les travailleurs ont pourtant dĂ©cidĂ© de dĂ©brayer devant lâentreprise pour montrer leurs ras-le-bol face Ă la situation que vivent tous les travailleurs aujourdâhui mais aussi face au manque de considĂ©ration de la direction vis-Ă -vis des dĂ©lĂ©gations. Une situation dâexplosion des coĂ»ts de la vie et de lâĂ©nergie, une situation oĂč lâon ne laisse aucune marge de nĂ©gociations salariales aux travailleurs malgrĂ© les marges bĂ©nĂ©ficiaires des entreprises qui sâenvolent.
RENCONTRE
Petit retour sur cette journĂ©e dâaction avec JoĂ«l Lothier, dĂ©lĂ©guĂ© FGTB MĂ©tal Hainaut-Namur.
Bonjour Joël, comment les travailleurs du groupe vivent-ils la situation actuelle ?
Nous sommes tous impactĂ©s par les hausses Ă©nergĂ©tiques. Heureusement jâai quelques collĂšgues qui arrivent Ă sâen sortir car ils ont des panneaux solaires, ou encore un contrat fixe avec leur fournisseur. Ce qui est sĂ»r, câest que lâavenir reste incertain. On ressent vraiment des factures Ă©nergĂ©tiques futures.
Et du coup, comment sâest organisĂ©e la journĂ©e ? La mobilisation a Ă©tĂ© facile ?
La journĂ©e a Ă©tĂ© discutĂ©e et organisĂ©e assez facilement par les travailleurs et lâorganisation syndicale. Pour marquer le coup, dâautres travailleurs â des diffĂ©rents garages du groupe â sont venus renforcer le piquet. Jâattire lâattention sur le fait que la mobilisation est historique ! Câest la premiĂšre fois quâune concession est Ă lâarrĂȘt.
La direction vous a mis des bĂątons dans les roues dans lâorganisation du piquet ?
Elle a Ă©tĂ© mise devant le fait accompli, car on a essayĂ© de garder lâeffet de surprise le plus longtemps possible. Les diffĂ©rents ateliers vĂ©hicules neufs, vĂ©hicules dâoccasion et ateliers mĂ©caniques Ă©taient en grĂšve lors de cette journĂ©e.
CâĂ©tait le premier piquet chez vous et on peut dire que câĂ©tait un vrai succĂšs. Quâen retiennent les travailleurs ?
Câest nouveau pour les collĂšgues. Ils ont Ă©tĂ© surpris de voir le nombre de personnes dâautres garages, mais aussi dâautres entreprises venir en solidaritĂ© Ă ce piquet. Câest une super chose finalement. Ce que je retiens Ă mon niveau, ce sont les tentatives dâintimidation de la direction le jour de la grĂšve. Ils ont essayĂ© de forcer le piquet avec une voiture, et ont tentĂ© de bousculer plusieurs camarades ! Je pense que les travailleurs retiendront cela aussi. t
La mobilisation est historique ! Câest la premiĂšre fois quâune concession est Ă lâarrĂȘt.
LâUBT-FGTB signe un accord historique avec Uber
Câest une premiĂšre en Belgique. Durant la nuit du 20 octobre, la centrale des transports de la FGTB a signĂ© un accord historique avec le gĂ©ant Uber. Les livreurs et chauffeurs de la multinationale auront dĂ©sormais lâopportunitĂ© dâĂȘtre reprĂ©sentĂ©s sâils le souhaitent. Nous avons interviewĂ© Frank Moreels, PrĂ©sident de lâUBT, Ă ce sujet.
En quoi consiste lâaccord entre lâUBT et Uber ?


Frank Moreels : La base de cet accord, câest que la multinationale nous reconnaĂźt comme organisation syndicale qui reprĂ©sente les chauffeurs et coursiers qui travaillent pour elle. Cela veut dire que Uber accepte le dialogue social. En nous laissant opĂ©rer Ă lâintĂ©rieur de la sociĂ©tĂ©, intervenir en cas de litige entre Uber et des chauffeurs individuels, ⊠En bref, nous pouvons reprĂ©senter les chauffeurs et dĂ©fendre leurs droits. Il sâagit de 2500 chauffeurs et 3000 coursiers en Belgique travaillant pour Uber, câest un nombre considĂ©rable, et nous savons quâil existe lĂ un besoin de protection syndicale.
Il sâagit dâun accord historique. Pourquoi ?
Parce quâun tel accord est une premiĂšre en Belgique. Câest aussi un accord qui sort des sentiers battus. Dans le passĂ© nous avons eu des combats assez virulents avec Uber. Sous le rĂ©gime de Kalanick, lâancien CEO dâUber, la sociĂ©tĂ© ne voulait rien savoir du dialogue social avec les syndicats. Nous Ă©tions considĂ©rĂ©s comme des ennemis. Cela Ă changĂ© sous la direction de Dara Khosrowshahi. Ils ne suivent plus le chemin du conflit, mais sont Ă la recherche du dialogue social.
Mais soyons clair, nous ne sommes pas mariĂ©s Ă Uber. Câest un accord comme nous en concluons des centaines avec des employeurs dans le secteur du transport et de la logistique. Conclure un accord ne veut pas dire que nous nâavons pas des intĂ©rĂȘts contradictoires, ou que nous sommes dâaccord sur tout. Nous restons convaincus que les chauffeurs qui travaillent pour Uber sont des salariĂ©s. Et nous allons continuer Ă nous battre bec et ongles pour quâils obtiennent ce statut. Ainsi que pour une directive EuropĂ©enne qui protĂšge tous les travailleurs de plateformes.
Comment avez-vous fait pour conclure cet accord ?
La FĂ©dĂ©ration Internationale des Ouvriers du Transport (ITF), dont nous sommes membres, a nĂ©gociĂ© un MĂ©morandum avec Uber mi-fĂ©vrier 2022. Cet accord a ouvert la porte de la nĂ©gociation. Les syndicats brittaniques (GMB) et australiens (TWU) ont Ă©tĂ© les premiers Ă discuter avec Uber et Ă conclure des accords. En ouvrant le dialogue social dans diffĂ©rents pays, Uber a demontrĂ© quâelle Ă©tait prĂȘte Ă sâengager. Donc nous avons pris le pari.
AprĂšs des nĂ©gociations parfois tenaces, nous sommes arrivĂ©s Ă conclure un accord acceptable. Est-ce que câest un accord idĂ©al ? Non, câest un compromis, comme tout accord. Mais câest un bon compromis. Nous aurons maintenant lâopportunitĂ© de vĂ©rifier si Uber tiendra sa parole. Affaire Ă suivre !
Quelles sont les premiÚres réactions sur cet accord?
Nous avons reçu beaucoup de fĂ©licitations et dâencouragements. Ces rĂ©actions positives mettent lâaccent sur le courage quâil a fallu pour nous engager dans cette aventure. Et câest vrai que nous prenons un risque. Est-ce que Uber tiendra sa promesse dâamĂ©liorer le statut des ses chauffeurs et coursiers Ă travers le dialogue social ? Le futur va nous le dĂ©montrer.
Ăvidemment il y a aussi des rĂ©actions nĂ©gatives. La rĂ©action de GTL, lâorganisation patronale des sociĂ©tĂ©s de taxi, mâa fait rire. Ils demandent que nous nous justifions en commission partiaire. Ătonnant venant dâune organisation qui nâest pas intĂ©ressĂ©e par le dialogue social, qui refuse de signer des Conventions Collectives du Travail⊠en commission paritaire et dans les entreprises ârĂ©guliĂšresâ de taxi. Avant de nous donner des leçons, il faut donner le bon exemple.
Enfin, le porte-parole de la section « United Freelancers » de la CSC, Martin Willems, dĂ©nonce apparemment le fait que nous signons un accord pour dĂ©fendre les droits des travailleurs chez Uber. Mais si nous, en tant quâorganisation syndicale, ne le faisons pas, qui le fera ? Nous avons suivi lâexemple du syndicat new-yorkais qui a rĂ©uni les chauffeurs de taxi et de plateformes. Nous nâavons aucun intĂ©rĂȘt Ă diviser les travailleurs.
Comment va-t-il concrÚtement changer les conditions de travail des livreurs et chauffeurs de Uber ?
Actuellement les coursiers et chauffeurs doivent se reprĂ©senter euxmĂȘmes quand ils ont un litige avec leur employeur, Uber. Pour nous, Uber est clairement lâemployeur⊠Cela nâest pas toujours Ă©vident. Le travailleur ne connaĂźt pas toujours ses droits, et peut se sentir intimidĂ©. Lâassistance dâun reprĂ©sentant syndical est importante pour faire valoir ses droits.
Mais il y aussi des questions de sĂ©curitĂ© et de conditions de travail qui pourront ĂȘtre discutĂ©es avec Uber. Nous sommes dĂ©terminĂ©s Ă jouer notre rĂŽle afin de dĂ©crocher des avancĂ©es Ă ces niveaux. Plus de transparence au niveau du fonctionnement de lâalgorithme est aussi lâun de nos points dâattention. Beaucoup de pain sur la planche donc. Raison de plus pour nous dâavoir signĂ© cet accord. Il faut que les droits du personnel dâUber soient amĂ©liorĂ©s.
Est-ce que dâautres accords, avec dâautres plateformes, sont envisageables pour lâavenir ?
Uber sâest engagĂ© Ă entreprendre des dĂ©marches â ensemble avec nous â vis-Ă -vis dâautres plateformes pour quâils ouvrent aussi le dialogue social. Mais lâaccord en soi pourrait aussi montrer lâexemple Ă dâautres plateformes et ouvrir le dialogue social au lieu de camper, sur leurs positions.

ParallĂšlement, lâUBT va continuer Ă faire pression sur les instances officielles pour lĂ©gifĂ©rer. Il est important quâau niveau europĂ©en nous obtenions une directive qui reste proche de la proposition initiale de la commission, qui prĂ©voit un statut convenable pour les travailleurs de plateforme. Pas question de diluer cette proposition dans un mauvais compromis. Et nous allons continuer Ă confronter les plateformes qui refusent de sâasseoir autour de la table avec les organisations syndicales. Cela nâest pas une menace, mais une promesse. t
La ministre Kitir a rendu visite Ă ALU, le syndicat dâAmazon

Meryame Kitir, ministre de la CoopĂ©ration au DĂ©veloppement et de la Politique des Grandes Villes, est allĂ©e en septembre dernier Ă New York pour lâAssemblĂ©e GĂ©nĂ©rale des Nations Unies. Le focus : la protection sociale. En effet, aujourdâhui, 50% de la population mondiale ne bĂ©nĂ©ficie toujours dâaucune protection sociale (pas dâassurance contre la maladie ou le chĂŽmage, pas de pensionâŠ).
A son programme figurait Ă©galement une rencontre avec le tout premier syndicat dâAmazon, multinationale aux mains dâune des plus riches personnes sur terre. Les conditions de travail y sont mauvaises, et les salaires trop bas. En tant quâancienne dĂ©lĂ©guĂ©e syndicale chez Ford Genk, Meryame Kitir sait Ă quel point le syndicat est indispensable pour amĂ©liorer les conditions de travail. Elle espĂšre que la reconnaissance dâAmazon Labour Union (ALU) sera un premier pas vers une meilleure protection des travailleurs aux Etats-Unis. Les travailleurs mĂ©ritent le respect.
Meryame Kitir a Ă©galement remis sur place une lettre de lâETF (le syndicat europĂ©en du transport) dans laquelle le prĂ©sident Frank Moreels apporte son soutien Ă lâALU et les invite Ă coopĂ©rer.

Nous restons convaincus que les chauffeurs qui travaillent pour Uber sont des salariĂ©s. Et nous allons continuer Ă nous battre bec et ongles pour quâils obtiennent ce statut.
Frank Moreels, PrĂ©sident de lâ
Nous vous souhaitons Ă toutes et Ă tous de bonnes fĂȘtes, une transition vers lâannĂ©e nouvelle en douceur, et surtout indexĂ©e !
Ăa ira mieux en janvier⊠ou pas ?
DĂ©cembre coĂ»te cher. Dâaccord, de nombreuses personnes touchent une prime de fin dâannĂ©e et une prime syndicale, mais celles-ci ne couvrent pas les dĂ©penses importantes que reprĂ©sente le mois de dĂ©cembre pour la plupart des gens. La pĂ©riode de fin dâannĂ©e et des fĂȘtes ont un prix pour les familles. La lumiĂšre est allumĂ©e, le chauffage tourne et nous sommes plus souvent chez nous. Entretemps, les prix de lâĂ©nergie sâenvolent toujours. Les cadeaux ne sont pas gratuits. La vie coĂ»te cher. Heureusement, une adaptation de lâindexation sâannonce pour nombre de nos secteurs !

LâINDEXATION NâEST QUâUNE COMPENSATION PARTIELLE...
Si la pĂ©riode des cadeaux approche, lâindexation nâen est pas un. Souvent, lâindexation est ressentie comme une augmentation salariale, mais ce nâest absolument pas vrai : elle compense tout simplement les coĂ»ts de la vie devenus plus importants et donc, la perte de pouvoir dâachat. De plus, ce nâest quâune compensation partielle : les prix du diesel et de lâessence Ă la pompe, par exemple, ne sont pas pris en compte pour le calcul de lâindexation automatique. En effet, lâindex se calcule sur la base du prix de toute une sĂ©rie de produits. Depuis 1994, lors de lâinstauration de lâindice de la santĂ©, le carburant pour la voiture, lâalcool et le tabac nây sont plus repris. Câest une des raisons pour lesquelles la vie coĂ»te encore plus cher. Donc, en fait, lâindexation nâest pas une compensation complĂšte, mais heureusement elle existe encore⊠MĂȘme si tout le monde nâa pas encore pu en profiter.
⊠ET SOUVENT TARDIVE
Les travailleurs de lâhoreca, de lâalimentation et des secteurs verts ne reçoivent lâindexation automatique quâen janvier de lâannĂ©e prochaine, alors que les prix ne cessent dâaugmenter depuis la crise du coronavirus. ConsĂ©quence : une inflation de 12 %. Cela veut dire que la vie coĂ»te 12 % plus cher depuis des mois, mais nous devons attendre 2023 avant dâavoir une compensation.
Sâil est comprĂ©hensible dâattendre un an pour une indexation des salaires dans des annĂ©es caractĂ©risĂ©es par une inflation normale (2 %), actuellement cela pĂšse Ă©normĂ©ment sur le budget familial. Alors que dâautres secteurs par contre indexent les salaires plusieurs fois par an.
VoilĂ pourquoi le ComitĂ© exĂ©cutif de la FGTB Horval prĂ©pare des stratĂ©gies pour avancer des alternatives lors des prochaines nĂ©gociations sectorielles. Dans des pĂ©riodes dâinflation importante, nous voulons que les salaires puissent ĂȘtre adaptĂ©s Ă diffĂ©rents moments pendant lâannĂ©e. Pour le patronat, cela prĂ©sente lâavantage de lui permettre de rĂ©percuter le coĂ»t plus progressivement. Entre-temps, de nombreuses entreprises appliquent dĂ©jĂ des prix plus Ă©levĂ©s. De cette maniĂšre, elles reflĂštent dĂ©jĂ les augmentations de prix alors quâelles doivent le faire quelques mois plus tard dans les salaires de leurs
travailleurs. Elles font cofinancer les bĂ©nĂ©fices par les travailleurs. Ce prĂ©financement nâest pas correct.
LA CONCERTATION SOCIALE COMME GARANTIE
Ce sera un point important lors des prochaines nĂ©gociations au niveau sectoriel. Ces nĂ©gociations ne seront pas simples. Les employeurs et les partis de droite militent pour des adaptations de lâindex et un gel ultĂ©rieur des augmentations salariales par le maintien de la Loi de â96, comme modifiĂ©e par le gouvernement Michel (MR â Open Vld- N-VA â CD&V) en 2017. A juste titre, la FGTB affirme quâelle ne marquera pas son accord pour une augmentation des salaires de 0 % dans les deux prochaines annĂ©es, alors quâactuellement les bĂ©nĂ©fices de certaines entreprises sont extrĂȘmement importants.
A un tel moment, la concertation sociale est lâendroit idĂ©al pour garantir la prospĂ©ritĂ© des travailleurs et la santĂ© des entreprises. Les employeurs et les syndicats nĂ©gocient de maniĂšre ciblĂ©e pour les secteurs quâils connaissent le mieux. Le gouvernement, avec ses oppositions entre la gauche et la droite, nâest pas bien placĂ© pour le faire. Il travaille sur la base de compromis et dĂ©cide ainsi pour lâensemble du pays. RĂ©sultat : de nombreuses nuances sont ignorĂ©es.
Les syndicats ont toujours assumĂ© leur responsabilitĂ© lors des nĂ©gociations, tant au niveau de leurs revendications salariales quâau niveau de leur aspiration Ă de meilleures conditions de travail. Que les patrons veuillent annuler les nĂ©gociations et mettre ainsi la pression sur le gouvernement pour ne pas avoir Ă nĂ©gocier dans les secteurs : câest tout simplement irresponsable. Ils oublient que nous produisons leurs profits et que nous les crĂ©ons aussi avec notre pouvoir dâachat.
LE CADEAU IDĂAL POUR 2023
Vous cherchez encore un beau cadeau de fin dâannĂ©e ? Nous proposons : des nĂ©gociations salariales libres, un impĂŽt sur la fortune, un meilleur Ă©quilibre vie privĂ©e â vie professionnelle, un abaissement de lâĂąge de la retraite et des salaires permettant une vie digne. Vous le constatez : notre liste Ă nous est dĂ©jĂ prĂȘte.
CONGRĂS STATUTAIRE UNIQUE EN FLANDRE OCCIDENTALE
Réélection de Conny Demonie, secrétaire régionale

AprĂšs des circonstances exceptionnelles, la Flandre occidentale Ă©tait enfin prĂȘte pour un congrĂšs exceptionnel et surtout original. La poule â unique du point de vue Ă©volutionnaire â a reprĂ©sentĂ© le symbole dâun passĂ© de fiertĂ© et de lâADN dâHorval Flandre occidentale. LâĆuf incarne quant Ă lui lâavenir et un nouveau dĂ©part.

Câest dans ce contexte que Conny Demonie, aprĂšs lâinauguration par le prĂ©sident Marc Callens, a entamĂ© les travaux. Elle a Ă©voquĂ© les nombreux efforts fournis pour dĂ©fendre des travailleurs souvent sous-exposĂ©s, et lâimportance dâoeuvrer pour un monde plus solidaire. En effet, le travail syndical est un travail dâhumains.
Sur fond de discussions en panel, modĂ©rĂ©es par Geert Vynckier â militant de Vandemoortele â la journĂ©e a permis dâapprofondir le fonctionnement syndical. Les collaborateurs ont dĂ©crit leur travail dans les bureaux rĂ©gionaux. Les secrĂ©taires se sont attardĂ©s sur les tĂąches de soutien et les dĂ©lĂ©guĂ©s ont racontĂ© leurs expĂ©riences pendant la pĂ©riode Ă©coulĂ©e. Conclusion : les mois agitĂ©s de la crise du coronavirus ont Ă©tĂ© marquĂ©s par une grande solidaritĂ© et un engagement fort, mais ils ont Ă©galement exigĂ© beaucoup au niveau Ă©conomique et social.
AprĂšs sa réélection, Conny a remerciĂ© les militants pour leur confiance et elle a parlĂ© de lâavenir, en mettant lâaccent sur un renforcement de la prestation de services aux affiliĂ©s et du soutien aux militants. Un fonctionnement Ă 360 degrĂ©s, voilĂ lâobjectif quâils poursuivront en Flandre occidentale.
Le congrÚs a été clÎturé par une discussion en panel avec les co-présidents fédéraux actuels, Alain Detemmerman et Tangui Cornu, et les futurs co-présidents, Filip Feusels et Patrick Rehan. t
Un premier paiement automatique pour le secteur des Parcs et Jardins a été effectué le 1er décembre 2022. Les travailleurs concernés par le paiement automatique ont été informés par un courrier du fonds social Parcs et Jardins.
J Vous trouverez plus dâinfos concernant le dĂ©roulement pratique sur notre site www.horval.be/fr/secteurs/horticulture/actualitĂ©s
MalhonnĂȘtetĂ© Ă tous les niveaux
Depuis septembre 2022, Makro est en procĂ©dure de rĂ©organisation judiciaire (PRJ). Cette procĂ©dure permet de cĂ©der des activitĂ©s, en tout ou en partie. En dĂ©but dâannĂ©e, toutes les actions ont Ă©tĂ© vendues Ă Bronze Properties. Une entreprise liĂ©e Ă GA Europe et connue pour faire le « grand nettoyage ». Il Ă©tait clair depuis longtemps que les annĂ©es glorieuses Ă©taient rĂ©volues, mais nous ne nous attendions pas Ă cela.
Le SETCa soutient depuis toujours que les intĂ©rĂȘts du personnel doivent passer en premier. Les travailleurs se sont toujours investis, dans lâespoir de faire tout de mĂȘme de Makro une success story. Ils lâont fait, en dĂ©pit de la stratĂ©gie commerciale dĂ©sastreuse, de la solide restructuration, de la pression infernale sur leurs Ă©paules, de la polyvalence excessive et du manque de respect de la concertation sociale.
La surprise a donc Ă©tĂ© grande lorsque le personnel a appris que lâactuel CEO de Makro, Vincent Nolf, Ă©tait candidat-repreneur pour Metro. Il Ă©tait lui-mĂȘme Ă la barre pendant que Makro et son personnel Ă©taient saignĂ©s Ă blanc et il veut Ă prĂ©sent reprendre Metro, qui est viable. Il a dâabord dĂ©truit Makro (par le biais dâune stratĂ©gie commerciale dĂ©sastreuse) pour en racheter aujourdâhui les restes au rabais. Dans cette position et avec ses connaissances, Nolf est Ă©videmment avantagĂ© par rapport aux autres acquĂ©reurs potentiels. Pour le SETCa, sa candidature est dĂšs lors inacceptable.
De plus, la direction de Makro â et donc M. Nolf â est dĂ©jĂ assez sĂ»re de son fait. En principe, tout est encore possible. Un acquĂ©reur pourrait par exemple reprendre lâensemble. Rien nâest encore dĂ©cidĂ©. Pourtant, le personnel a dĂ©jĂ reçu des documents contenant des affiches indiquant « Fermeture du magasin ». Cela crĂ©e un contexte malsain et, en tout Ă©tat de cause, la satisfaction au travail ne sâest pas amĂ©liorĂ©e.
La PRJ (ProcĂ©dure de rĂ©organisation judiciaire) nâest jamais le scĂ©nario rĂȘvĂ©. En thĂ©orie, cette procĂ©dure existe pour que certaines composantes dâune entreprise â et donc son personnel â puissent encore ĂȘtre reprises. En pratique, nous constatons quâil sâagit dâune maniĂšre lĂ©gale de mettre sur pied une « vente par appartements ». On choisit les meilleures composantes
(Metro dans le cas prĂ©sent) et on se dĂ©barrasse du reste. Ceux qui ne sont pas repris et restent donc dans la sociĂ©tĂ© rĂ©siduaire atterrissent presque toujours dans une faillite. Câest en fait restructurer sans loi Renault et aux frais de la sociĂ©tĂ©, par le biais du Fonds de Fermeture des Entreprises (FFE) et de la sĂ©curitĂ© sociale.
Makro utilise donc Ă nouveau toutes les failles juridiques possibles pour se dĂ©barrasser de son personnel de la maniĂšre la moins chĂšre possible. La plupart des travailleurs de Makro sont lĂ depuis des annĂ©es et ont donc une anciennetĂ© considĂ©rable. Le FFE verse toutefois un montant maximal de 30.500 âŹ. Soit beaucoup moins que ce Ă quoi la plupart ont droit.
Le SETCa demande une nouvelle fois aux autoritĂ©s belges dâintervenir. La PRJ est contraire Ă la rĂ©glementation europĂ©enne. Celle-ci dispose quâil nâest possible de ne pas reprendre lâensemble du personnel que dans des cas trĂšs exceptionnels. Il est inacceptable quâune loi belge lĂ©galise les « ventes par appartements ». Compte tenu du contexte actuel, nous craignons que cela ne crĂ©e un prĂ©cĂ©dent nĂ©faste. Dâautres entreprises se retrouveront probablement encore en difficultĂ©. Il est inconcevable que les travailleurs doivent payer lâaddition Ă chaque fois.
Makro utilise donc à  nouveau toutes les failles juridiques possibles pour se débarrasser de son personnel de la maniÚre la moins chÚre possible.
NOUS AVONS PARLĂ Ă QUELQUES TRAVAILLEURS QUI
DONNENT LEUR VISION DES CHOSES
NANCY, MAKRO DEURNE
LAURENT, MAKRO LODELINSART

« Le personnel et les dĂ©lĂ©guĂ©s se sentent volĂ©s. Pour nous, câest un vol. Au dĂ©part, Makro, on promouvait cela comme une place sĂ»re. On rentrait chez Makro, on Ă©tait pratiquement certain de faire carriĂšre. Et plus on a avancĂ© dans les annĂ©es, plus câest devenu difficile : la concurrence, les travaux prĂšs du magasin... Aujourdâhui, les gens sont rĂ©signĂ©s. Certains sont absents. Beaucoup suivent dĂ©jĂ des formations pour essayer de rebondir. Pour dâautres, câest carrĂ©ment la dĂ©prime. On assiste Ă beaucoup de pleurs. Câest difficile Ă vivre au quotidien. Bien sĂ»r, on a senti quâil y avait quelque chose en prĂ©paration. On entendait des bruits de couloirs, comme quoi la direction gĂ©nĂ©rale travaillait sur « comment Ă©liminer du personnel Ă moindre coĂ»t ? ». Eh bien ! voilĂ Â : en 2022, on y est. Ils ont trouvĂ©. Avec probablement (certainement mĂȘme) un montage financier. Et par ce biais-lĂ , ils auront toutes les facilitĂ©s pour Ă©liminer du personnel et ne pas devoir payer des prĂ©avis. »
« Makro Ă©tait une seule et grande famille. Il est donc trĂšs pĂ©nible de voir comment tout le monde doute aujourdâhui. Chercher un autre travail ? Attendre ? Signer chez ce nouvel employeur ? Je ne sais pas non plus quels conseils donner aux gens. Nous nâavons pas de boule de cristal. Nous pensions que, si les choses devaient vraiment mal tourner, nous recevrions au moins notre prĂ©avis. Mais les choses se sont passĂ©es diffĂ©remment : la direction nationale a fait tout un dĂ©tour pour arriver Ă lâidĂ©e que peut-ĂȘtre, des parties du magasin seraient encore reprises et que le reste â câest aussi ce quâils ont dit au personnel â irait Ă la faillite, et les gens au chĂŽmage. Ces reprises font lâobjet de nombreuses spĂ©culations. Certains en veulent encore, mais ils sont trĂšs peu nombreux. La plupart disent : âRestons-en lĂ pour que je puisse reprendre ma vie en main, trouver un nouveau travail ou faire autre choseâ.


Ce sont vraiment des drames sociaux. Beaucoup de nos collĂšgues ont Ă©galement une vie sociale qui se dĂ©roule dans le magasin. Par exemple les personnes seules qui prennent leur repas chaud Ă la cantine. Ou les parents isolĂ©s qui ont dĂ©jĂ du mal Ă joindre les deux bouts. Quâen sera-t-il sâils sont au chĂŽmage ? Les gens ont construit quelque chose, une routine dans leur vie, privĂ©e et professionnelle, et tout sâĂ©croule. »
HILDE, MAKRO EKE
« Nous aimons tous notre job, mais nous le voyons disparaĂźtre. Parce quâaucun avenir nâest proposĂ©. Sauf pour Metro, comme nous lâentendons tous. Câest la maniĂšre surtout... La direction aurait pu simplement nous payer en fonction de lâanciennetĂ©. Cela aurait Ă©tĂ© dur aussi, mais au moins, nous aurions eu quelque chose pour plus tard. Nous aurions pu chercher un autre emploi tranquillement. Maintenant, pour toutes ces annĂ©es dâengagement, nous nâavons finalement rien. En outre, la direction ne parle que de continuitĂ© et dâintention. Ce sont deux mots que je commence Ă dĂ©tester. ContinuitĂ© de lâentreprise... Comment maintenir la continuitĂ© dâune entreprise sâil nây a aucune certitude ? Pourtant, ils attendent de la continuitĂ© et de la flexibilitĂ© de la part du personnel, qui doit pouvoir travailler partout oĂč on a besoin de lui. Nous avons aussi demandĂ© une garantie salariale, mais elle a Ă©tĂ© refusĂ©e. Je ne comprends pas. Sâils veulent malgrĂ© tout encore faire quelque chose pour le personnel, ce serait la moindre des choses. »
MICHEL, MAKRO ALLEUR

« Il y a eu de belles annĂ©es... mais depuis une bonne dizaine dâannĂ©es, Makro se porte beaucoup moins bien en Belgique. Le personnel a dĂ©jĂ payĂ© lâaddition en 2014 et 2016 avec deux procĂ©dures Renault. On a eu pas mal de changements au niveau du management et de la direction gĂ©nĂ©rale. Avec une instabilitĂ©. Nâayons pas peur des mots : une instabilitĂ© du management sâest installĂ©e au fur et Ă mesure que le chiffre se dĂ©gradait en Belgique. On a quand mĂȘme connu quatre directeurs gĂ©nĂ©raux successifs qui ont, pour moi, pris le train en marche trop tard⊠Il est dĂšs lors Ă©vident que les travailleurs sont dĂ©sabusĂ©s. Il y a de lâamertume, et bien sĂ»r aussi de lâanxiĂ©tĂ© et du stress. Câest se lever tous les matins en ne sachant pas comment cela va tourner dans les semaines et les mois qui arrivent. Nous ne sommes pas des machines, nous sommes des ĂȘtres humains : ce nâest pas Ă©vident.
En tant que dĂ©lĂ©guĂ©, nous essayons de canaliser et de recevoir toutes les informations ainsi que les demandes des travailleurs et de pouvoir y rĂ©pondre alors quâĂ lâheure actuelle, Ă travers la procĂ©dure et la PRJ qui nous occupent, on nâa pas de boule de cristal. On attend⊠Tout en formulant des remarques et en essayant dâĂȘtre le plus prĂ©sents possible, que ce soit lors des conseils dâentreprise rĂ©gionaux ou en tant que dĂ©lĂ©guĂ©s effectifs ou supplĂ©ants dans les instances. » t

Le personnel a dĂ©jĂ payĂ© lâaddition en 2014 et 2016 avec deux procĂ©dures Renault.
CENTRALE DU TRANSPORT â UBT
SECTION HAINAUT â BRABANT WALLON
Nouveaux taux de cotisations
Dans le cadre du passage vers cette nouvelle année, nous vous informons des nouveaux taux de cotisations qui seront appliqués à partir du 01/01/2023.
Taux mensuels de cotisations : Actifs 17,50 âŹÂ âą Travailleurs Ă temps partiel 11,50 âŹÂ âą Demandeurs dâemploi, Malades 10,50âŹÂ âą PrĂ©pensionnĂ©s 11,50 âŹÂ âą PensionnĂ©s 4,00 âŹ.
CENTRALE DU TRANSPORT â UBT
SECTION LIĂGE VERVIERS NAMUR LUXEMBOURG
Nouveaux taux de cotisations

Dans le cadre du passage vers cette nouvelle année, nous vous informons des nouveaux taux de cotisations qui seront appliqués à partir du 01/01/2023.
Taux mensuels de cotisations : Actifs 17,50 âŹÂ âą Travailleurs Ă temps partiel 11,50 âŹÂ âą Demandeurs dâemploi, Malades 10,50âŹÂ âą PrĂ©pensionnĂ©s 11,50 âŹÂ âą PensionnĂ©s 4,00 âŹ.
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LA FGTB FĂDĂRALE ENGAGE (H/F/X)
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QATAR 2022
Carton rouge sang
Coup dâenvoi pour la Coupe du monde de football au Qatar. Une Coupe du monde entachĂ©e par la mort de plusieurs milliers de travailleurs migrants lors de la construction des stades, des routes, des hĂŽtels⊠Par lâexploitation de travailleuses et travailleurs sans qui cet Ă©vĂ©nement ne serait pas possible. Quelles sont les revendications du mouvement syndical ? Comment Ă©viter que cela se reproduise Ă lâavenir ? Nous en parlons avec Gianni De Vlaminck et Brahim Hilami, secrĂ©taires fĂ©dĂ©raux du secteur de la construction pour la Centrale GĂ©nĂ©rale. Ils sont allĂ©s sur le terrain.
LA SITUATION DES TRAVAILLEURS MIGRANTS
Un chiffre dâabord. Connu. Selon une enquĂȘte du quotidien britannique Guardian, le manque de sĂ©curitĂ© dans les chantiers, lors de la construction des infrastructures, a causĂ© la mort de pas moins de 6.750 ouvriers au cours de la derniĂšre dĂ©cennie. Un chiffre contestĂ© par les autoritĂ©s du Qatar et la FIFA, mais qui, selon dâautres voix, sous-estime la rĂ©alitĂ©.
« Tous les travailleurs que nous avons rencontrĂ©s sur place Ă©taient des migrants », se souvient Gianni. En effet, pas moins de deux millions de travailleuses et travailleurs migrants travaillent au Qatar. Soit plus de 90 % de la main dâĆuvre du pays. Originaires dâAsie et dâAfrique, ils ont quittĂ© leur pays dâorigine pour gagner leur vie. Ils travaillent sur les chantiers, mais aussi comme femmes de mĂ©nage, chauffeurs de taxi ou serveurs dans des restos et hĂŽtelsâŠ
Gianni et Brahim ont Ă©tĂ© notamment touchĂ©s par les conditions de travail des travailleuses domestiques. Brahim Ă©voque notamment lâhistoire dâune travailleuse qui a Ă©tĂ© renvoyĂ©e par son employeuse du jour au lendemain, et qui risquait lâexpulsion du pays.
LES VIOLATIONS DE LEURS DROITS
Les conditions de travail sâapparentent Ă de lâexploitation et du travail forcĂ©. Brahim : « Pour obtenir un travail, les prĂ©tendants doivent payer des âfrais de recrutementâ Ă des agences dans leur pays dâorigine ». La majoritĂ© mettent des mois, des annĂ©es, Ă rembourser cette somme. Une fois le travail obtenu, certains se sont fait prendre au piĂšge de « la Kafala », systĂšme aujourdâhui partiellement supprimĂ© (cf ci aprĂšs) : leurs employeurs confisquent leurs passeports. RĂ©sultat : ils ne peuvent ni changer de travail, ni quitter le pays.
Mais câest le non-paiement des salaires qui constitue la principale plainte des travailleurs migrants auprĂšs du ministĂšre qatari du Travail.
LA RESPONSABILITĂ DE LA FIFA

Les conditions de travail lors de la Coupe de monde ne relĂšvent pas uniquement de la responsabilitĂ© du Qatar, mais aussi de celle de la FIFA (FĂ©dĂ©ration internationale de football). En fermant les yeux, cette derniĂšre se rend complice des violations des droits des travailleurs. Dans un rapport publiĂ© en mai, Amnesty International a dĂ©montrĂ© que la FIFA nâa pas pris les mesures nĂ©cessaires pour attĂ©nuer les risques encourus par les travailleurs lors de lâattribution de la Coupe du monde au Qatar en 2010.
Par aprĂšs, suite Ă la pression internationale dâorganisations de dĂ©fense des droits humains et de syndicats, la FIFA sâest dite « intĂ©ressĂ©e » par la mise en place dâun fonds dâindemnisation des victimes dâaccidents du travail sur les chantiers de la Coupe du monde au Qatar. « Le problĂšme, câest quâils comptent se baser sur les salaires et indemnitĂ©s qataris pour Ă©valuer ces indemnisations. Ce sera pas des montants importants. Nous attendons de voir. JusquâĂ prĂ©sent, il nây a rien de concret » explique Brahim.
DĂ©but novembre, la FIFA a envoyĂ© une lettre aux pays participants Ă la Coupe du monde. Une lettre leur demandant de « se concentrer sur le football », et non sur des questions politiques. Un propos qui tient mal la route⊠Dâaucuns estiment en effet que cette coupe du monde est la plus politisĂ©e de lâHistoire.
QUELQUES AVANCĂES EN MATIĂRE DE DROIT DUÂ TRAVAIL, MAIS PAS ASSEZ
Tout est-il nĂ©gatif ? Rappelons que toute une sĂ©rie de rĂ©formes du travail ont Ă©tĂ© annoncĂ©es depuis 2017. Parmi celles-ci, la loi rĂ©glementant les conditions de travail des travailleurs domestiques, la mise sur pied de tribunaux spĂ©cialisĂ©s dans le droit du travail pour amĂ©liorer lâaccĂšs Ă la justice et la crĂ©ation du fonds destinĂ© au versement dâindemnitĂ©s.
Brahim Hilami, secrétaire fédéral construction pour la Centrale Générale-FGTB
Le respect des droits humains et la reconnaissance des syndicats dans les pays candidats doivent ĂȘtre des conditions sine qua non Ă la participation et Ă la tenue mĂȘme de lâĂ©vĂ©nement.
ABERRATION ĂCOLOGIQUE
Au dĂ©part, la Coupe du monde devait avoir lieu entre mi-juin et mi-juillet. A une pĂ©riode oĂč les tempĂ©ratures peuvent attendre les 50° C. LâĂ©vĂ©nement sportif a finalement Ă©tĂ© dĂ©placĂ© en novembre. Mais la climatisation dans les stades sera tout de mĂȘme utilisĂ©e lors des pics de chaleur.
Parmi les huit stades qui seront utilisés, seul un existait auparavant. Les autres qui ont été construits ne seront certainement pas réutilisées aprÚs la
Coupe du monde. Les stades sont situés dans un rayon de 60 km de Doha, mais de nombreux supporters logeront dans les Etats voisins. Résultat : ils voyageront en avion pour assister aux matchs.
Enfin, la FIFA prĂ©tend que la Coupe du monde au Qatar serait la premiĂšre Ă atteindre la neutralitĂ© carbone. Selon un rapport de lâONG belge Carbon Market Watch, spĂ©cialisĂ©e dans lâexamen des marchĂ©s carbone, cet engagement nâest pas « crĂ©dible » et relĂšve du « greenwashing ».
Dans les faits, la rĂ©alitĂ© est toute autre : « Lâapplication et la mise en Ćuvre des rĂ©formes est lacunaire. On nây a pas mis les moyens nĂ©cessaires », regrette Brahim. Des milliers de travailleurs sont encore confrontĂ©s Ă des violations de leurs droits. Parmi celles ci : le retard ou le non-paiement des salaires, la privation de jours de repos, les conditions de travail dangereuses, les difficultĂ©s de changer dâemploi, lâaccĂšs limitĂ© Ă la justice.
ATTEINTES AUX LIBERTĂS SYNDICALES
« DĂšs lâannonce en 2010 de lâattribution de la Coupe du monde 2022 au Qatar, le mouvement syndical international, y compris lâInternationale des Travailleurs du BĂątiment et du Bois (IBB), a menĂ© campagne pour amĂ©liorer les conditions de travail des travailleurs et travailleuses concernĂ©es par lâĂ©vĂ©nement. » nous explique Gianni.
Suite Ă ce travail, certaines amĂ©liorations ont Ă©tĂ© obtenues. Citons lâabolition partielle de la Kafala (le systĂšme qui soumet le travailleur migrant au bon vouloir de son employeur), mais dont lâinterdiction est souvent dĂ©tournĂ©e. Ainsi que la multiplication des inspections sur les chantiers de construction ; lâinstauration dâun salaire minimum. Malheureusement, les travailleurs migrants ne disposent toujours pas du droit de former des syndicats. Quelques mĂ©canismes de reprĂ©sentation des travailleurs ont vu le jour ces derniĂšres annĂ©es, mais aucune action collective nâest possible. Les reprĂ©sentants ne peuvent porter que des plaintes individuelles Ă lâemployeur.
Le ConfĂ©dĂ©ration Syndicale Internationale (CSI), dont la FGTB est membre, prĂŽne auprĂšs de la FIFA et des autoritĂ©s qataries la crĂ©ation et la reconnaissance dâun centre pour les travailleurs migrants. « Ce dernier permettra de former et dâaider les travailleurs Ă comprendre et Ă dĂ©fendre leurs droits, Ă reprĂ©senter leurs intĂ©rĂȘts, Ă recevoir des conseils et des formations », ajoute Brahim.
ET MAINTENANTÂ ? ET APRĂSÂ ?
« Lâattribution de la Coupe du monde au Qatar Ă©tait erronĂ©e et fondĂ©e sur la corruption » regrette Gianni. « Mais le boycott Ă ce stade ne sert Ă rien, dans la mesure oĂč il est trop tard. Tous les stades sont dĂ©jĂ construits. Il est maintenant primordial que les rĂ©formes engagĂ©es au Qatar soient rĂ©ellement mises en Ćuvre et consolidĂ©es. » Ce qui reste un dĂ©fi, surtout dans la perspective de lâaprĂšs Coupe du monde. Une fois que les feux des projecteurs et lâattention mĂ©diatique se seront dĂ©placĂ©s vers le prochain Ă©vĂ©nement sportif.
Et justement. Quâen est-il des Ă©vĂ©nements sportifs de grande envergure qui auront lieu dans le futur ? Dans dâautres pays oĂč on ne respecte pas les droits humains, environnementaux et/ou des travailleurs ? Selon Brahim, « Les fĂ©dĂ©rations et organisations Ă la manĆuvre de ce genre dâĂ©vĂ©nements, les sponsors et les participants ont Ă©galement leur rĂŽle Ă jouer. Le respect des droits humains et la reconnaissance des syndicats dans les pays candidats doivent ĂȘtre des conditions sine qua non Ă la participation et Ă la tenue mĂȘme de lâĂ©vĂ©nement. » t
Rédaction : Syndicats Rue Haute 42 1000 Bruxelles syndicats@fgtb.be
Aurélie Vandecasteele Rédactrice en chef Tél. : 02 506 83 11
Geeraard Peeters Ioanna Gimnopoulou Rédacteurs
Secrétariat : Sabine Vincent Tél. : 02 506 82 45
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Ont collaboré à ce numéro : Santiago Ayllon Marc Bourguignon Sarah Buyle Arnaud Dupuis Antonina Fuca Mada Minciuna Julie Rigo Mark Pauwels Conny Demonie Annelies Huylebroeck Céline Boogaerts Alissa de Ceuninck
Photos : iStock FGTB
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