Don Bosco
Joseph Gillain dit Jijé 1914 - 1980
D’abord collaborateur des journaux Le Croisé, et Petits Belges, créateur des personnages Blondin et Cirage, Il entre en 1939 au Journal Spirou pour remplacer Rob-Vel, le “père” du célèbre petit groom. Très lié aux dessinateurs Franquin, Morris, Paap, Hubinon , Peyo et Roba, il formera avec eux ce que l’on a appelé l’école de Marcinelle. Son style très varié, réaliste ou humoristique en fait l’un des artistes les plus importants de la bande dessinée franco-belge.
Une collection intitulée “Tout Jijé”, aux Editions Dupuis, regroupe son œuvre.
Révision des couleurs d’origine par le Studio Leonardo, Marcinelle
© 1951 - 1990 Jijé et Editions Dupuis et © 2022 Editions du Triomphe pour la présente édition. Diffusion également par correspondance Premier dépôt légal octobre 2011 - Déposé au Ministère de la Justice Loi 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse, modifiée par la loi n°2011-525 du 17 mai 2011.
Don Bosco Don Bosco
Préface
Des générations de jeunes découvrent Don Bosco grâce à Jijé
“Don Bosco, Ami des jeunes” a d’abord paru dans le journal de Spirou en 1941-1942. On en fit un album sépia de 104 pages, format “paysage”, sorti en 1943.
Non satisfait de son travail, Jijé retravaille ses planches dans le sens d’une efficacité beaucoup plus grande dans la narration et le dessin. Il part en Italie d’où il revient avec de très nombreux croquis des lieux, si bien qu’il peut affirmer que tous les décors sont authentiques. Le résultat est un album en couleurs, paru en 1951, qui a connu de nombreuses rééditions, et qui tient toujours la route, malgré les changements culturels qui ont marqué les soixante dernières années.
Don Bosco : un personnage remarquable
Cet album a marqué des milliers d’enfants et de jeunes devenus aujourd’hui adultes, et qui en parlent encore avec émotion. Jijé lui-même affirmait : “Je dois dire que le personnage est assez remarquable...”, et il se déclarait “le débiteur insolvable de Don Bosco”.
Le lecteur moderne fera la part du merveilleux, qui tient une grande place dans l’album, parce que le véritable merveilleux subsiste : le miracle d’une vie d’homme engagée entièrement pour le bien des jeunes du monde entier. Le Don Bosco de Jijé échappe aux pieux clichés des hagiographies : il n’a rien d’angélique, c’est un saint viril, bon vivant, les pieds sur terre, confronté aux difficultés de tous les jours, plus toutes celles qu’il s’attire parce qu’il décide de prendre de front des situations extrêmes.
Un homme qui donne envie de croire
Don Bosco plaît aux enfants et aux jeunes parce qu’il montre que l’on peut faire mentir la fatalité qui provient des origines, des conditions sociales modestes, des préjugés qui cassent les rêves : il n’y a pas de situations maudites, on peut passer à travers des difficultés apparemment insurmontables. Il le fait avec des moyens humains, y compris l’astuce et le culot, mais surtout une grande capacité de nouer des amitiés et de rassembler les bonnes volontés. Il le fait avec sa foi qui l’amène, lui, l’homme d’action, sensible à la matérialité des choses, à obéir à des rêves. Il est un modèle de résilience.
Jeune, il tient tête aux adultes et se révèle parfois meilleur qu’eux sur leur terrain professionnel, comme le montrent l’épisode du défi au saltimbanque et la leçon qu’il donne ensuite au théologien trop enclin à croire au diable et à la magie.
Une vision “laïque” de la sainteté
Certes, la vision “théologique” est datée et doit être corrigée. C’est une conception populaire : tout vient à point lorsque l’homme agit avec foi et selon ce que Dieu veut. Il y a une collaboration complémentaire assez idéale entre Dieu et l’homme. Les relations entre le ciel et la terre restent mystérieuses et libres, mais elles sont directes. C’est ce que Jijé appelle - avec le langage usuel de l’époque, et après Don Bosco -, la “Providence”.
Il ne manque pas une pointe d’anticléricalisme, populaire lui aussi. Bien sûr, Jijé respecte le pape, et il attribue au prêtre une place centrale dans l’organisation sociale et la vie spirituelle qui donne sens à l’existence. Mais il ne ménage pas une série de curés et de cardinaux coincés par une idée du respect qui les conduit à se mettre au-dessus de la mêlée. C’est une “bonne soeur” timorée qui inspire – mal – la Marquise de Barolo. En face de cela, Jijé se réjouit de ce que Don Bosco donne du prêtre une image iconoclaste : le curé qui va se battre avec la racaille des banlieues, ce qui le rend sympathique et proche du médecin, qui est lui aussi plongé au coeur de la misère du monde en soignant les corps blessés. Ceux qui ont les mains sales sont les plus aptes à connaître et empoigner les âmes.
Le thème de l’argent est traité avec franchise : Jijé met dans la bouche de Don Bosco un langage financier qui appelle un chat “un chat” ! Il ne le méprise pas en paroles pour l’adorer ensuite en secret. Mais il “roule” la Marquise, il “vend” sa célébrité, il “fait des affaires, des assurances”. Il avertit les riches : “la question sociale... la solution est dans votre poche”, sortez l’argent pour servir à l’éducation.
Une constante de l’œuvre est le combat que Don Bosco a mené contre la pauvreté. Beaucoup retiennent cette phrase emblématique de la dernière page : “Il mourut si pauvre que ce jour-là on dut aller à crédit chez le boulanger”. En dépit du merveilleux, Jijé reste réaliste : aucune accumulation de miracles n’empêche la misère de surgir à nouveau quelque part. Mais l’album aura au moins démontré que l’on n’est pas perdant toutes les fois, et que l’on peut gagner sur son terrain si l’on prépare l’avenir. Il est possible de mettre en place des mécanismes qui empêchent la mort de tout anéantir et qui, même, renversent la vapeur en faisant advenir un autre monde. L’éducation est la clé de tout. C’est cette bonne nouvelle qui est merveilleuse, parce qu’elle invite à vivre.
Jean-François Meurs
Responsable de la communauté et de l’équipe d’animation de Farnières. Il fut durant 20 ans professeur de littérature. Maintenant, il anime des retraites pour jeunes et coordonne l’équipe des animateurs d’Ephata Don Bosco 14/16. Il est aussi aumônier d’une Equipe de foyers. Il met sa plume au service des « Amis de Farnières » et de la revue « Don Bosco Aujourd’hui » ; il aime raconter des histoires. C’est un paresseux qui travaille parfois beaucoup pour être sûr de consacrer beaucoup de temps à rêver et s’évader dans les BD, les romans, les livres d’histoire, les enquêtes généalogiques.
Le 16 août 1815 naît à Castelnuovo d’Asti dans le Piémont italien, un enfant dont la vie va retenir l’attention du monde entier.
Dès son enfance, Jean Bosco étonne tous ceux qui l’approchent par son intelligence, son esprit d’initiative, sa piété spontanée. Son âme est simple et noble. Il aime les pauvres, les faibles, les malheureux... il veut les voir heureux.
Appelé par la grâce de Dieu, il est ordonné prêtre et devient l’un des plus grands conquérants d’âmes et meneurs d’hommes de l’époque. Il voue sa vie à la jeunesse abandonnée, et le ciel bénit son travail par de nombreux miracles.
La réputation de ses actions s’étendit au monde entier. Papes, princes, hommes politiques, savants de tous pays recherchèrent sa compagnie et ses conseils. Humble et modeste, il préféra rester dans l’ombre, véritable serviteur des pauvres, à l’exemple de ses maîtres : Jésus-Christ... et François de Sales.
Son œuvre reste considérable et son esprit anime aujourd’hui encore à travers le monde des dizaines de milliers d’hommes et de femmes, au sein d’organisations d’enseignement et d’insertion.
Décédé à Turin le 31 janvier 1888, il fut canonisé par Pie XI en 1934.
Joseph Gillain – Jijé, cet immense dessinateur de BD (Blondin et Cirage, Jean Valhardi, Jerry Spring... mais aussi Tanguy et Laverdure, Spirou et Fantasio et tant d’autres – a écrit et dessiné cette fresque historique de 108 pages voici 70 ans pour le journal Spirou.
Nouvelle édition restaurée par les Ateliers Vittorio Leonardo.