MON premiEr Âne J’adopte
Le guide pour l’accueillir facilement
SOMMAIRE
Introduction 4
Les conditions d’accueil 6
Les obligations légales 7
La longévité 10
Un âne ne peut pas rester seul ! 11 La superficie du terrain 15 Un abri indispensable 18 Une clôture 22
Beaucoup d’amour et de disponibilité 24 Côté finances 25
Le choix de l’âne 26
Les races d’âne reconnues en France 27 Grande taille ou miniature ? 31 Mâle ou femelle ? 33 Ânon ou adulte ? 35
Un couple d’ânes ? 36
L’alimentation 38
Une alimentation pauvre 39
Une pierre à sel 42 De l’eau à volonté 43
Attention à la suralimentation 44 Pas de friandises 45
Attention au parasitage 45
Les plantes toxiques 47 L’inné et l’acquis 49
Les soins 50
Le pansage 51 Le parage 54
Les vermifuges 56
Les vaccins 58
Le dentiste 58
Les médecines douces 60
Les maladies 60
L’éducation 66
Les maîtres-mots 67 Chacun sa place 68 Le mettre en confiance 72 Éviter les friandises systématiques 76
Lui donner à manger à heures fixes 76 Savoir gronder et récompenser 77 L’apprentissage 78 Randonner avec son âne 81 Bien d’autres activités à partager avec son âne 86
Conclusion 88
L’âne de A à Z 90
La foire aux questions 95
Les conditions d’accueil
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il est important de savoir si vous êtes en capacité d’accueillir chez vous ce nouveau compagnon. Le terrain nécessaire, les infrastructures appropriées, la logistique, la légalité… Ce sont autant de questions auxquelles nous allons tenter de répondre.
Les obligations légales
Anciennement nommé les « Haras nationaux », l’établissement public chargé de gérer administrativement la filière équine s’appelle actuellement l’IFCE (Institut français du cheval et de l’équitation). Placé sous la tutelle des ministères de l’Agriculture et des Sports, il s’agit de l’unique institut technique français de référence au service des acteurs de la filière équine. Il sera votre « tuteur » incontournable, puisque votre âne, équidé de fait, doit être obligatoirement inscrit à l’IFCE, très exactement au SIRE (système d’informations relatif aux équidés) qui est le fichier central référençant les données relatives aux équidés présents sur le territoire français.
LE SAVIEZ-VOUS ?
Les Haras nationaux furent, de 1665 à 2010, l’administration des haras publics français, chargée de l’élevage des chevaux. Constituant l’une des plus anciennes administrations françaises, leurs origines remontent aux Haras royaux, créés sous Colbert, afin d’améliorer la quantité et la qualité des chevaux dans le pays 1 . C’est en 2010 que la fusion des Haras nationaux avec l’École nationale d’équitation devient l’IFCE, opérateur unique de la filière équine en France.
La première démarche
Il faut déclarer en premier lieu le changement de propriétaire de votre animal au SIRE. Celui-ci doit obligatoirement être pucé et déclaré au SIRE, ce qui suppose que vous ayez en votre possession un document d’identification original ainsi qu’une carte d’immatriculation papier au nom de l’ancien propriétaire, ou bien un certificat de vente IFCE si la carte d’immatriculation est dématérialisée. Il vous faudra alors créer un compte sur le site internet de l’IFCE pour déclarer l’achat de votre animal. Cette démarche, dématérialisée depuis janvier 2022, est très simple à effectuer et vous permettra de retrouver les démarches à suivre en cas de besoin en accédant à votre espace. (on vous demandera une contribution financière : 12 € en 2022).
Si ce n’est pas déjà fait par son ancien propriétaire, ce sera à vous de faire appel à un vétérinaire pour la pose d’une puce ainsi qu’un signalement de l’animal, que vous devrez renvoyer au SIRE avec un chèque correspondant au montant en vigueur (44 € en 2022). Le SIRE vous enverra alors la carte d’immatriculation à votre nom ainsi que le document d’accompagnement sur lesquels seront inscrits, entre autres, le numéro de transpondeur (la puce) et le numéro de SIRE.
Les nombreuses missions de l’IFCE sur les plans national, européen et international couvrent tout un panel de domaines, portant aussi bien sur la recherche, l’innovation et le transfert des savoirs que sur la valorisation du patrimoine équestre français, la formation, les sports équestres, ou encore sur la traçabilité sanitaire et l’accompagnement des détenteurs d’équidés. Aussi, vous trouverez certainement sur le site internet de l’IFCE (https://www. ifce.fr/) des réponses à vos questions ainsi que toute la réglementation en vigueur concernant la détention de votre âne : vétérinaires agréés, bien-être et santé animale, soins, alimentation, gestion de la propriété, fin de vie, les démarches…
La seconde démarche
Il faut ensuite déclarer à l’IFCE le lieu de détention de l’âne.
« Tout nouveau détenteur doit s’enregistrer avant l’arrivée du premier cheval sur le lieu de détention. Suite à l’enregistrement, il recevra un accusé de réception, qui lui servira de justificatif en cas de contrôle. Cet accusé de réception comporte le numéro de détenteur attribué par le SIRE. » Cette mesure vise à répertorier tous les lieux de détention susceptibles d’accueillir des équidés, de façon temporaire ou permanente, en vue de mettre en place les actions sanitaires nécessaires. En cas d’épidémie, les services sanitaires pourront agir auprès de chaque détenteur dans les meilleurs délais.
Aucune autre obligation légale
Les détenteurs de 3 équidés ou plus, devront attester du suivi par un vétérinaire sanitaire. Si des vaccins sont conseillés, ils ne sont pas obligatoires, sauf pour les équidés en contact avec du public, qui devront être à jour de leur vaccination contre le tétanos et la grippe équine.
Question assurance, si vous avez moins de 3 équidés et que ceux-ci n’interviennent pas dans une activité professionnelle, vous n’avez pas besoin de souscrire d’assurance spéciale puisque votre responsabilité civile couvre déjà les animaux de compagnie.
Mieux vaut vous renseigner auprès de votre assurance.
Question transport, si le professionnel est tenu de détenir le CCTROV (Certificat de compétences de transport routier d’ongulés et de volailles) pour transporter un âne sur plus de 65 km dans un but lucratif, rien n’est demandé au particulier.
Mais si les particuliers n’ont aucune autre obligation, à ce jour, que de déclarer leur animal et son lieu de détention, cela ne veut pas dire qu’ils peuvent faire n’importe quoi ! Le bien-être animal doit toujours être une priorité, et les associations qui œuvrent contre la maltraitance animale seront là pour vous le rappeler ! Depuis janvier 2022, les professionnels sont tenus de déclarer un référent « bien-être animal ». Cette mesure pourrait à terme s’étendre aux particuliers.
Attention, une loi votée en juillet 2022 et applicable au 1er janvier 2023 oblige tous les futurs acquéreurs d’équidés à posséder une attestation de capacité à en détenir un. Au moment où ce livre s’écrit, nous n’avons pas plus d’information sur cette attestation ni sur la manière de l’obtenir (décret no 20221012 du 18 juillet 2022 relatif à la protection des animaux de compagnie et des équidés contre la maltraitance animale).
La longévité
La première chose à savoir et à prendre en compte dans sa réflexion d’adopter un âne est que l’espérance de vie de ce dernier est en moyenne de 30 à 40 ans. Cela ne veut pas dire qu’une personne âgée n’a pas le droit de se lancer dans l’aventure, bien au contraire ! D’autant qu’une personne retraitée a le temps et la patience d’aimer ce compagnon fidèle qui aura tant d’affection à lui donner en retour qu’il serait donc dommage de priver l’un et l’autre de cette richesse partagée. Cependant, il sera raisonnable de prendre quelques dispositions au cas où, un jour, vous ne pourriez plus assurer la charge de votre âne. Et cette réflexion n’est pas seulement valable pour les personnes d’un âge avancé, mais bien pour tout le monde et pour tous les animaux. Ce devrait être une obligation que de prendre des dispositions pour le devenir de l’animal –avant de l’adopter – dans le cas où on ne pourrait plus subvenir à ses besoins. Car personne malheureusement n’est à l’abri d’un accident,
d’une maladie, d’une hospitalisation, d’une perte d’emploi, d’un divorce, d’un déménagement… Si pour une raison quelconque – impossible à prévoir 30 années auparavant – vous devez vous retrouver dans un appartement, qu’allez-vous faire de votre âne ? Un enfant pourra-t-il prendre la suite ? Un ami ? L’élevage qui vous l’a confié s’engagerait-il à le reprendre au cas où ? Trop d’ânes se retrouvent sur Le Bon Coin à la merci de n’importe qui, quand ils ne partent pas en boucherie !
Un âne n’est ni un chien, ni un chat, ni une voiture trop grande que l’on revend parce que les enfants ont grandi. C’est un compagnon imposant qui a besoin d’espace et qui est censé partager 30 ans de votre vie.
Pensez donc à son devenir s’il ne peut plus, un jour, rester à vos côtés. Il n’a que vous, il dépend de vous : vous êtes responsable de lui.
C’est le deuxième critère à prendre en compte avant de se lancer dans un projet d’adoption.
Tout le monde le dit, l’âne ne doit pas rester seul. Et c’est une vérité. Un âne tout seul s’ennuie, il est malheureux. Comment le sait-on ? Il brait (crie, appelle) toute la journée, ou bien il attend dans un coin de son pré les oreilles baissées, la tête basse, le regard triste. Il peut même se coucher assez souvent, ne plus manger et se laisser mourir. Aucun éleveur sérieux ne vous vendra un âne s’il sait que celui-ci sera seul. De là à dire qu’il faut qu’ils soient 2 absolument, nous allons voir que ce n’est pas une nécessité absolue. Apportons quelques précisions.
Si on veut suivre la loi de la nature, ce ne serait pas un âne que vous devriez adopter, ni même 2, mais un troupeau entier !
Le comportement grégaire est une tendance instinctive qui pousse les individus d’une même espèce à se rassembler et à adopter le même comportement, sans nécessairement qu’une organisation sociale soit instaurée au sein du groupe. C’est exactement ce qui se passe chez les ânes, comme chez les humains d’ailleurs. Ils se rassemblent.
Un âne ne peut pas rester seul !
L’âne est un animal grégaire, c’est-à-dire que, dans la nature, il vit en troupeau.
Cela ne veut pas dire qu’ils ne sont pas capables de côtoyer d’autres espèces. L’âne peut très bien s’entendre avec d’autres animaux. Dans les fermes d’antan, il était fréquent de trouver un âne seul, évoluant au milieu des autres animaux au même titre que le chien de la maison, et il n’était pas malheureux, bien au contraire. Alors, quel animal pour lui tenir compagnie si vous n’êtes pas dans une ferme ?
Un poney, par exemple ? Certains s’empresseront de dire qu’un âne ne peut pas s’entendre avec un poney parce qu’ils n’ont pas les mêmes codes. C’est un peu comme si on disait que les mariages mixtes ne peuvent marcher entre un Européen et un Asiatique, car ils n’ont pas la même culture. C’est vrai, cheval et âne n’ont pas les mêmes codes, ils ne sont que cousins, pas de la même espèce, mais est-ce pour cette raison qu’ils ne pourraient pas s’entendre ? Preuve est qu’il n’est pas rare de constater, dans les troupeaux rassemblant plusieurs équidés, des amitiés indestructibles entre un âne et un cheval.
LE SAVIEZ-VOUS ?
La législation en Suisse impose aux détenteurs d’équidés d’en avoir 2 au moins – âne ou cheval. Un âne et un cheval peuvent très bien s’entendre – ou pas. Entre eux, une amitié peut se créer – ou pas. Bien sûr, s’ils doivent vivre ensemble, ils n’auront pas d’autre choix que de faire « contre mauvaise fortune bon coeur » et de cohabiter en bonne intelligence : au moins, votre âne ne sera pas seul.
La même chose est susceptible d’arriver avec n’importe quel autre animal grégaire : mouton, chèvre, poule, canard… Nous ne sommes pas dans sa tête, nous ne savons pas à l’avance quel animal lui conviendra le mieux. Comme annoncé plus haut, il n’y a pas de vérités absolues en la matière. Combien d’exemples et de contre-exemples pourraient contrecarrer toute certitude ? Cela dépend des individus, de leur caractère, de leur histoire, de leur vécu, de leur âge. On a vu une petite ânesse, Lilas, dans un troupeau de chèvres se lier d’amitié pour une chèvre, une seule, et ne plus la quitter jusqu’à en mourir de chagrin quand celle-ci est partie, et ce alors qu’elle était entourée d’une dizaine d’autres chèvres. On en a vu un autre délaisser tous les animaux qu’on lui avait présentés pour finalement sympathiser avec le lapin nain qui s’était échappé de sa cage.
Léon, Lili et leur lapinOn a vu un Pistou amoureux fou de sa poule. Évidemment, plus l’âne est jeune, plus facile sera la cohabitation avec un animal d’une autre espèce. Mais on a vu aussi la douce Friandise déprimer parce qu’elle était rejetée par les 3 brebis qui faisaient bloc contre elle. Plus grave, on a vu l’adorable Isidore s’acharner sur une poule jusqu’à la déchiqueter, le tendre Martin tuer un par un tous les petits chevreaux qui naissaient à la ferme, ou encore l’amoureux transi Diabolo attraper sa bien-aimée chèvre naine à pleines dents et la promener toute la journée, pendue par le cou, à 50 cm du sol.
Car il y a un danger qu’on ne peut pas occulter : c’est la force de l’âne envers un compagnon plus petit. S’il ne le supporte pas, il pourrait avoir un comportement violent allant jusqu’à le tuer. Inversement, s’il l’aime trop, il essaiera de jouer avec lui comme il ferait avec un congénère, en lui courant après et en l’attrapant par le cou, ce qui ne sera pas du goût de la poule ou de la chèvre, lesquelles risquent de ne pas sortir indemnes de tant d’amour.
Trop de personnes se séparent de leur âne parce qu’il est ou devient agressif avec son compagnon, raison pour laquelle il faut être sensibilisé à cette éventuelle situation pour mieux la prévenir.
Un des points négatifs de la cohabitation âneovin/caprin est la transmission des parasites, comme la douve ou les poux.
Un autre point à prendre en compte, ou pas, est que l’espérance de vie d’un ovin ou un caprin – respectivement une dizaine et une quinzaine d’années – bien inférieure à celle de l’âne, votre compagnon risque fort de se
retrouver orphelin de cœur prématurément. Ceci dit, 2 compagnons fidèles, quelle que soit leur espèce ont peu de chances de partir en même temps.
Il est vrai qu’avec 2 ânes on a moins de chance de se tromper, mais pas si simple encore une fois ! Tout dépend si ce sont des adultes, des jeunes, et s’ils arrivent ensemble chez vous. Car l’âne, comme beaucoup d’animaux, est territorial. Si vous introduisez un second âne chez le premier qui a pris ses habitudes, pas sûr que le nouvel arrivé soit très bien accueilli. Le rejet de l’autre peut être même très violent, même et surtout si le premier vit seul ou est le seul âne de la maison. L’idéal, bien sûr, serait 2 ânes élevés ensemble, ou ayant fait le trajet ensemble et arrivant en même temps chez vous. L’aventure vers l’inconnu rend solidaire et crée des amitiés à vie, c’est bien connu !
En résumé, un âne peut très bien s’entendre avec un autre animal mais c’est lui qui choisira lequel. Ne comptez pas sur le chien, ni sur le chat de la maison. L’âne a besoin d’un animal grégaire, qui restera jour et nuit avec lui, qui jouera avec lui. Ne vous imaginez surtout pas remplir vous-mêmes le rôle de compagnon à moins de dormir avec lui et de vous glisser dans la peau d’un âne ! Nous en reparlerons dans le chapitre consacré à l’éducation. Vous, vous serez son maître, pas son compagnon restant avec lui 24 heures sur 24.
Vous l’avez compris, il n’y a pas de vérités absolues en la matière. Seul votre âne détient sa vérité. Unique certitude, il ne devra pas être seul, il aura besoin d’au moins un compagnon et on ne sait pas à l’avance lequel lui conviendra le mieux, l’idéal étant bien sûr un autre âne.
Adopter un âne, c’est adopter au moins 2 animaux grégaires.
La superficie du terrain
Là encore, on ne peut pas avancer un nombre sorti tout droit d’un logiciel de calcul. Ces questions sont à étudier et on n’y répond pas à coups de calcul mathématique. D’autant qu’il y a moult paramètres qui entrent en jeu : un âne ? Deux ? Un âne de grande taille ? Un âne miniature ? Un adulte ? Un ânon ? Paddock ? Parcours ? Pâturage ? Région ? Configuration du terrain ? Prédateurs ? Comportement que vous aurez avec lui ? Ses activités ?
• Le paddock est la maison de l’âne avec son jardinet. On le conseille bien sécurisé dans les régions de forte prédation du loup et/ou, malheureusement, de l’homme. Il y aura son abri, ses habitudes, sa mangeoire, sa pierre à sel, son abreuvoir. Ce peut être un enclos, fermé ou non – tout dépend de la configuration du terrain – mais que vous pourrez fermer. Ainsi vous serez en mesure de contenir facilement votre âne quand il aura besoin de soins ou que vous voudrez le sentir en sécurité – la nuit, par exemple, ou en votre absence. Le paddock est son espace qui, à l’occasion, servira d’espace de contention ou d’isolement. Le sol est en terre battu, il n’y a évidemment plus d’herbe, d’autant que votre âne qui adore se rouler pour, entre autres se débarrasser des parasites, va fabriquer de belles « baignoires » qui dissuaderont tout brin d’herbe de voir le jour.
Définissons d’abord certains mots :
Bien accueillir son premier âne sur son terrain, veiller à son bien-être quotidien, apprendre à l’éduquer, détecter les maladies pour mieux les prévenir et les soigner : autant d’astuces, d’idées et de soins pour l’adopter dans les meilleures conditions, et apporter joie et bonne humeur chaque jour !
Cet ouvrage vous guide dans toutes les étapes pour acquérir votre premier âne et réussir avec brio son installation sur votre terrain.
Marie-Claude Arnaud a passé les 30 premières années de sa vie professionnelle à enseigner les mathématiques au lycée avant de se reconvertir et de vivre de sa passion : élever des ânes miniatures à Bellaffaire, un petit village des Alpes-de-Haute-Provence. Elle vit au quotidien avec un troupeau de 50 ânes, éduqués à la médiation animale et à la marche notamment. Retrouvez-la sur sa page Facebook : @Bel’âne.