

Sommaire
Introduction 13
Biographie d’Hildegarde de Bingen 14
CHAPITRE 1
La nature 19
Les créatures de la nature 20
Le règne minéral 22
Le règne végétal 28
Le règne animal 35
Le règne humain 39
Les éléments : les constituants de base de la nature et de l’homme 42
Les intuitions d’Hildegarde 43
La terre 46
L’eau 47
Le feu 48
L’air 49 L’éther 51
La cosmologie 52
Notre lien à l’infini 52 La conception du cosmos 55
CHAPITRE 2
La reliance de la nature au sacré 61
La nature de « l’âme » 62 Dans les propos de sainte Hildegarde 62
La terre 70
L’eau 81
Le feu 84
L’air 91
L’homme au centre de l’Univers 95
Les sons de la nature 100
Le chant des éléments 100
Le son 106
Le silence 111 La nature céleste de la musique 114
La communication animale, végétale et entre règnes 116
La communication animale 116 La communication végétale 118 La communication entre les règnes 121
Le corps humain, corps de vibrations 124 L’impact des pensées et des émotions 124 Les vibrations du chant 131
Les liens naturels entre le ciel et la terre 134
Le cycle de l’eau 134
Les astres, les éléments, les règnes et l’homme 138 Jardiner, un acte spirituel 146 Le chant, une pratique spirituelle 150
La transmutation des émotions égotiques en qualités spirituelles 155
Conclusion 166
Remerciements 169 Bibliographie 171
L’auteure 173
Biographie d’Hildegarde de Bingen
Sainte Hildegarde de Bingen est une religieuse du Moyen Âge aux dons et au destin exceptionnels. Née en 1098 à Bermersheim, à l’Ouest de l’actuelle Allemagne, dixième enfant d’une famille noble, elle est confiée dès l’âge de 8 ans au couvent bénédictin de Disibodenberg.
À 15 ans, elle prononce ses vœux perpétuels et reçoit le voile monas tique des mains de l’évêque. C’est la mère supérieure du couvent, Jutta von Sponheim, qui s’occupe de son instruction. À la mort de cette dernière, en 1136, Hildegarde, alors âgée de 38 ans, est élue abbesse. Vers 1150, la communauté de moniales étant devenue trop importante, elle fonde sa propre abbaye à Ruperstberg, près de Bingen (d’où son nom), puis, en 1165, l’abbaye d’Eibingen.
Dès son enfance, Hildegarde a des visions qu’elle garde secrètes jusqu’à ce qu’elle reçoive, à 42 ans, l’ordre divin de les retranscrire.
À partir de 1141, aidée par le moine Volmar, son confesseur et confi dent, elle commence la rédaction de son premier ouvrage mystique, Scivias (« Connais les voies »), qu’elle achève dix ans plus tard, encou ragée par le Pape Eugène III.
S’ensuivent le Livre des mérites et le Livre des œuvres divines, mais aussi, entre autres, des livres de sciences naturelles et de médecine, témoins de sa grande érudition et de son expérience (elle est recon nue comme guérisseuse), tel Causae et curae (« Causes et remèdes »),


Les créatures de la nature
« En sa splendeur, Dieu embrasse de son grand amour la totalité des créatures, et leur ombre apparut dans cette source vive, avant qu’il eût décidé de leur donner forme. » Livre des œuvres divines (LOD), p. 320
Selon la Genèse (Ge), Dieu créa la terre : « Telle fut l’origine du ciel et de la terre lorsqu’ils furent créés. Lorsque le Seigneur Dieu fit la terre et le ciel, aucun buisson n’était encore sur la terre, aucune herbe n’avait poussé, parce que le Seigneur Dieu n’avait pas encore fait pleu voir sur la terre, et il n’y avait pas d’homme pour travailler le sol. Mais une source montait de la terre et irriguait toute la surface du sol. » Ge 2, 4-6
Ainsi naquit la terre. Pour la cultiver, Dieu créa l’homme : « Alors le Seigneur Dieu modela l’homme avec la poussière tirée du sol ; il insuf fla dans ses narines le souffle de vie, et l’homme devint un être vivant. » Ge 2, 7
Afin d’achever son œuvre, Dieu plaça l’homme au paradis où il put se nourrir abondamment : « Le Seigneur Dieu planta un jardin en Éden, à l’orient, et y plaça l’homme qu’il avait modelé. Le Seigneur Dieu fit pousser du sol toutes sortes d’arbres à l’aspect désirable et aux fruits savoureux ; il y avait aussi l’arbre de vie au milieu du jardin, et l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Un fleuve sortait d’Éden pour irriguer le jardin ; puis il se divisait en quatre bras [...]. » Ge 2, 8-10
Enfin, il y inclut toutes les autres créatures : « Avec de la terre, le Seigneur Dieu modela toutes les bêtes des champs et tous les oiseaux du ciel, et il les amena vers l’homme pour voir quels noms il leur don nerait. C’étaient des êtres vivants, et l’homme donna un nom à chacun. L’homme donna donc leurs noms à tous les animaux, aux oiseaux du ciel et à toutes les bêtes des champs. » Ge 2, 19-20
Voyons ce que la science et d’autres cultures disent de la création, tout en faisant le point sur les connaissances et révélations d’Hildegarde.
LE RÈGNE VÉGÉTAL
Hildegarde de Bingen n’a jamais cessé, au cours de sa vie, de cultiver le jardin des couvents où elle a résidé, ni d’enseigner les arts de la terre et de ses remèdes à ses sœurs. Elle a décrit de nom breuses espèces de plantes, présentant toutes des vertus médicinales. Ses écrits détaillent ces propriétés ainsi que l’utilisation précise de ces plantes pour chacun des cas où elles peuvent s’avérer utiles. Adepte des synergies, la sainte propose souvent également des associations de plantes, véritables recettes de santé.
«
Lorsque la science de l’âme de l’homme ne détecte en lui aucune espèce de tristesse, aucune difficulté ni aucun mal, alors le cœur de cet homme s’ouvre à la joie [...] CAUSES ET REMÈDES , P. 180
Recommandations préalables
Veillez à n’utiliser que des plantes achetées en herboristerie ou cueillies dans votre propre jardin dont vous éliminerez les éléments indésirables. Soyez assuré de connaître la plante utilisée, car plantes médicinales et plantes toxiques peuvent se ressembler comme de vraies jumelles dans la nature !
Les poudres
Elles s’obtiennent à partir de parties de plantes séchées. On en pren dra parfois une, parfois jusqu’à trois pincées par jour, directement sur la langue, dans les narines, avec les aliments ou sur du pain. Actuellement introduites dans des gélules, les poudres de plantes préconisées par la moniale n’ont pas pu être testées par elle-même sous cette forme. Leur assimilation ne peut donc pas être autant ga rantie que lorsqu’on suit les recommandations de l’abbesse.
Les tisanes
À l’époque d’Hildegarde de Bingen, personne et surtout pas la sainte, n’avait confiance en la qualité de l’eau. Ceci explique l’absence quasi totale de remèdes à base d’eau. De nos jours, la qualité de l’eau a évolué et nous pouvons tout à fait préparer des infusions et des décoctions dans de l’eau.
Les infusions
Les infusions concernent les parties délicates des plantes comme les feuilles ou les fleurs. On met ces dernières à infuser à couvert dans de l’eau préalablement portée à ébullition puis refroidie légèrement de façon à ne pas les ébouillanter. Ensuite, on filtre et on boit.
Les différents remèdes à base de plantes dans la médecine hildegardienne
«
Une fois que la lune s’est remplie, si bien qu’elle devient semblable à une femme enceinte, elle envoie sa lumière et la donne aux étoiles, si bien que celles-ci en deviennent plus lumineuses. »
, P. 20
citation, de nombreuses per sonnes restent dans l’ignorance de la substance des enseigne ments du ciel, trop attachées aux aspects qu’elles considèrent comme « concrets », quand d’autres se détachent parfois du plan matériel, emportées dans une sorte de voltige spirituelle sans fondement.
« Il n’y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir » dit l’adage, ce que la sainte confirme à sa manière dans le Scivias, p. 61 : « En effet, vous voyez peu de choses parmi toutes celles qui, tout en étant devant vos yeux, restent cachées. » Plus loin, p. 389, elle nous explique combien la route qui mène à la connaissance véritable du monde mystique est réservée : « [...] Aucun homme ne peut parfaitement distinguer l’immense éclat, à cause de la profondeur de son mystère, sauf dans la mesure où cela peut être saisi et assumé par la foi [...]. »
Il existe pourtant tout un monde entre le visible et l’invisible, la terre et le ciel. Ce monde, c’est l’homme lui-même, où tout l’univers, le ciel et la terre, résident, comme le partage Hildegarde : « Par l’âme, l’homme est des cieux, par son corps visible, il appartient à la terre. » De plus, « Lorsque l’âme et le corps s’accordent dans leur rectitude, ils obtiennent dans une joie unanime des récompenses suprêmes. » (UPPJ, février, p. 20 puis 16). Alors pourquoi vouloir les séparer ?
N’oublions pas l’influence palpable des astres sur notre planète comme sur notre organisme. Je n’ai pas de meilleur exemple à don ner que le Soleil et la Lune. Comme le précise la sainte dans le LOD, p. 148 : « Dieu a placé au firmament deux luminaires, le Soleil et la Lune, qui désignent dans l’homme la science du bien et celle du mal. » Les plantes ne poussent-elles pas grâce au soleil ? Aussi, nous le verrons plus loin, la lune exerce également son pouvoir sur les humeurs de l’homme et plus particulièrement de la femme, qu’elle peut rendre tan tôt sensuelle, douce et songeuse, tantôt irritable, voire irascible. La lune
ne rythme-t-elle pas le déplacement de tout fluide dans la nature (sang, océans, sève…) ? En tant que créature de la nature, pourquoi l’homme échapperait-il à ces lois universelles puisque, d’après Hildegarde, il porte en lui le reflet du ciel et de la terre ? Comme elle le confirme plus loin : « De même que le firmament est consolidé par le Soleil et la Lune, l’homme est dirigé diversement par les sciences du bien et du mal. » Ainsi, l’abbesse rappelle combien l’homme et l’univers ne font qu’un.
LA CONCEPTION DU COSMOS
Venons-en à présent à la conception du cosmos qu’avait perçue sainte Hildegarde.
Dans la tradition tibétaine vieille de plusieurs millénaires, on retrouve sept planètes, ou cinq plus exactement : Mars, Mercure, Jupiter, Vénus, Saturne et les deux astres, le Soleil et la Lune. Dans le LOD, la moniale fait également état de sept planètes, incluant le Soleil et la Lune, dis posées de part et d’autre de la tête de l’homme sur la figure aperçue lors de sa quatrième vision.
Leur organisation firmamentaire est présentée dans Causes et remèdes, p. 21 : « Il y a également cinq planètes : elles tirent leur lumière du feu et de l’éther, et elles sont la force et la fermeté du firmament. »

LA RELIANCE DE LA NATURE AU SACRÉ
La nature de « l’âme »
La notion d’âme tient une place prépondérante dans les transmissions de l’abbesse. Pour la moniale, tout ce que l’homme fait de et dans sa vie tend soit à élever son âme vers les hauteurs spirituelles, soit à le maintenir dans les abîmes d’une vie sans conscience ni amour. Mais qu’est-ce que l’âme ?
DANS LES PROPOS DE SAINTE HILDEGARDE
Dans les transmissions de l’abbesse, qui est surtout connue pour sa médecine et ses remèdes inspirés, l’homme se retrouve pourtant davantage caractérisé par l’âme que par sa chair ou ses pen sées : « S’il est petit de stature, il est grand de par l’énergie de l’âme. » LOD, p. 148
Nous découvrons par cette citation que sainte Hildegarde de Bingen considère l’âme comme une énergie, à l’image de Dieu. D’ailleurs, lors de sa première « vision », ce qu’elle décrit comme étant une « figure » se dressant devant ses yeux s’exprima à elle en ces termes : « C’est moi l’énergie suprême, l’énergie ignée. C’est moi qui ai enflammé chaque étincelle de vie. Rien de mortel en moi ne fuse. » LOD, p. 122
Dans le Livre I des Causes et remèdes, elle ajoute que la tête de l’homme symboliserait le firmament, et les yeux : le soleil, la lune et les étoiles. On retrouve par ailleurs ces notions dans la tradition mil lénaire védique, qui considère que l’homme, d’une part, possède des

Conçu comme une réflexion profane sur les liens sacrés unissant le ciel et la terre dans la nature, cet ouvrage met en lumière la « reliance » prônée par sainte Hildegarde de Bingen dans tous ses écrits, ses travaux et ses œuvres. Cette reliance est poussée par l’auteur, au-delà de la tradition judéochrétienne, vers d’autres religions ou croyances, pour mettre en parallèle différents courants spirituels du monde.