Ours

GÉRALDINE VERON

OURS Considéré comme le double sauvage de l’homme, l’ours côtoie ce dernier depuis la nuit des temps. D’abord vénéré pour sa puissance, le roi des animaux est devenu au cours des siècles l’incarnation de l’animal glouton et stupide, quand il n’était pas tout simplement assimilé au

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siècle sera marqué par l’apparition de l’ours

en peluche, mais notre rapport à l’ours reste encore aujourd’hui plein d’ambivalence. À travers des thématiques aussi variées que la biologie, l’éthologie, l’histoire, la mythologie, les légendes, la littérature, le cinéma, etc., ce livre richement illustré vous propose de partir à la découverte de cet animal méconnu et aujourd’hui protégé.

Géraldine Veron est professeur au Muséum National

OURS

au diable et aux péchés capitaux. Son retour en grâce

d’Histoire Naturelle et directrice adjointe de l’Institut de Systématique, Évolution, Biodiversité. Ses travaux de recherche portent sur la systématique, la biogéographie et la conservation des mammifères carnivores.

Elle est l’auteur de nombreuses publications scientifiques et de plusieurs ouvrages de vulgarisation.

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OURS Portrait

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| Mythes | Histoire

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OURS Portrait | Mythes | Histoire GÉRALDINE VERON

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PORTRAIT 8 Un ours, des ours 9 D’où viennent les ours ?

14 Les huit espèces d’ours 15 Grand panda 16 Ours à lunettes 17 Ours brun 18 Ours blanc ou ours polaire 19 Ours noir américain 22 Ours malais 23 Ours à collier ou ours noir asiatique 24 Ours lippu

25 Ours brun, Grizzly, Kodiak, tous pareils ?

29 Répartition et habitat des ours 33 Caractéristiques des ours 37 Sens et communication 42 Activités 43 L’hibernation 46 La bile d’ours 47 Un carnivore qui aime les fruits 52 La reproduction des ours 57 Petit ourson deviendra grand 58 Se déplacer 61 Territoire et vie sociale

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DES OURS ET DES HOMMES

CONSERVATION DES OURS

66 Le double de l’homme

128 Le statut des populations d’ours

67 Les noms de l’ours

131 Le statut de l’ours brun dans le monde

69 L’ours dans la préhistoire 70 Un animal sacré et emblématique 74 L’ours au cœur des croyances des Amérindiens

136 Le déclin de l’ours brun en Europe de l’Ouest…

139 ... Et son retour 140 L’ours brun en France

78 L’ours chez les Inuits

147 Des menaces multiples sur les ours

81 Mythes et folklores 84 Le roi des animaux déchu

148 Les conflits

90 L’ours réhabilité et protégé

150 Protection et actions de conservation

92 Ours et nounours

155 L’ours blanc, symbole du réchauffement climatique

LANGUE, LITTÉRATURE ET CINÉMA

157 EN SAVOIR PLUS

99 Expressions

158 INDEX

100 L’ours en littérature 124 L’ours au cinéma

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CHAPITRE

01 PORTRAIT L’ours occupe une place spéciale dans notre imaginaire. La famille à laquelle il appartient, les Ursidés, comprend huit espèces. Si cette diversité paraît limitée et que tous les ours se ressemblent, chaque espèce d’ours a ses particularités.

En France ne se trouve que l’ours brun, espèce qui a la plus large répartition de tous les ours et, de ce fait, présente une grande diversité de modes de vie, de taille et de couleurs. C’est aussi une espèce sur laquelle se concentrent bien des débats.

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UN OURS, DES OURS Les ours sont identifiables au premier coup d’œil par leur grande taille, leur corps trapu, leur tête ronde avec de petites oreilles, leurs membres robustes, leurs grosses griffes et leur toute petite queue. Si les huit espèces d’ours présentent bien ces caractéristiques, elles sont aussi toutes différentes, allant du plus grand carnivore terrestre, l’ours blanc, redoutable prédateur vivant dans le grand froid de la région arctique, au plus petit des ours, l’ours malais, excellent grimpeur, amateur de fruits et de larves d’insectes, qui vit dans les chaudes forêts tropicales d’Asie du Sud-Est, en passant par le plus bizarre de tous, l’ours lippu, véritable aspirateur à termites.

Tous les ours appartiennent à la famille des Ursidés, elle-même incluse dans l’ordre des Carnivores. Cet ordre de mammifères est caractérisé par un régime le plus souvent carnassier et la présence de dents dites carnassières – la quatrième prémolaire supérieure et la première molaire inférieure de chaque côté de la mâchoire –, transformées en dents tranchantes qui servent à déchiqueter la chair. Mais, au sein de cet ordre des Carnivores, certains animaux ne sont pas de grands prédateurs, voire sont même devenus végétariens. C’est le cas, par exemple, du petit panda qui se nourrit presque exclusivement de bambous. Les ours sont plutôt omnivores, c’est-à-dire qu’ils mangent aussi bien des animaux que des végétaux, à l’exception de l’ours blanc, uniquement carnivore, dont le mets favori est le phoque annelé, ou encore du grand panda, friand de bambous, presque complètement végétarien.

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D’OÙ VIENNENT LES OURS ?

Il y a environ 40 millions d’années, les représentants des familles actuelles de Carnivores sont apparus sous la forme d’animaux de petite taille. Deux grands ensembles se différencient : les Féliformes d’un côté, comprenant les félins, les hyènes, les mangoustes, les civettes et les linsangs, et les Caniformes de l’autre, avec les chiens, les belettes et blaireaux, les moufettes, les ratons laveurs et coatis, le petit panda et enfin, les ours.

Page de gauche : planche zoologique représentant l’ours à lunettes, l’ours malais, l’ours à collier et l’ours brun (gravure, xix e siècle).

Ci-dessus : l’ours des cavernes tel qu’on se l’imaginait au xix e siècle dans une publicité.

Les premiers ours sont apparus en Asie, puis se sont répandus en Europe et en Amérique du Nord. Ils ressemblaient à des chiens de taille moyenne et vivaient plutôt dans des prairies ou des savanes. Les premiers fossiles d’Ursidés datent d’il y a 33 millions d’années, tel Filholictis filholi, de la taille d’un petit chien. Leurs dents sont assez pointues, comme celles de leurs ancêtres, mais leur régime alimentaire serait plutôt omnivore. Puis, des espèces à dents plus larges et moins tranchantes, et à régime plus franchement omnivore, vont apparaître, ressemblant de plus en plus aux ours que l’on connaît de nos jours.

La famille des Ursidés a évolué et s’est diversifiée en trois lignées : celle du grand panda, celle de l’ours à lunettes et celle des autres ours, regroupés dans la sous-famille des Ursinés, qui comprend l’ours brun, l’ours blanc, l’ours noir américain, l’ours à collier, l’ours lippu et l’ours malais.

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LA LIGNÉE DU GRAND PANDA La branche du grand panda est celle qui s’est détachée le plus précocement, il y a environ 19 millions d’années. Elle a été beaucoup plus diversifiée par le passé qu’aujourd’hui où elle ne comprend plus qu’une seule espèce. Toutes les espèces affiliées au grand panda actuel étaient assez proches et similaires de celui-ci et se trouvaient principalement en Asie. Toutefois, le plus ancien cousin du grand panda, Kretzoiarctos beatrix, a été découvert en Espagne et date d’il y a environ 11,6 millions d’années, au milieu du Miocène, époque à laquelle la péninsule ibérique était plus chaude et plus humide que maintenant et recouverte de forêt. Il pesait dans les 60 kg et était omnivore. On ne sait pas s’il mangeait du bambou, mais il semble probable qu’une partie de son régime était constituée de plantes. Les fossiles les plus anciens avant cette découverte, datés d’environ 8,2 millions d’années, ont été trouvés en Chine. Des fossiles plus récents de la fin du Pliocène (vers environ 2,5 millions d’années) à la fin du Pléistocène (jusqu’à 11 600 ans environ) ont été découverts en Asie du Sud-Est et en Chine. Parmi eux, Ailuropoda microta était plus petit que le grand panda actuel et a vécu il y a environ 2 millions d’années. Plus récent, Ailuropoda baconi ressemblait au panda actuel et mangeait aussi du bambou, mais était bien plus gros.

LA LIGNÉE DE L’OURS À LUNETTES La lignée de l’ours à lunettes, qui ne comporte elle aussi qu’une espèce à l’heure actuelle, a connu également une grande diversité par le passé, avec des espèces vivant toutes en Amérique, de l’Alaska jusqu’à la Patagonie, comme les différentes espèces d’ours à face courte, pesant de 150 à 1 000 kg. Les plus anciens membres de cette lignée vivaient à la fin du Miocène (il y a environ 5 millions d’années) avec les espèces du genre Plionarctos. Plus récentes, les espèces appartenant au même genre que l’ours à lunettes actuel, Tremarctos, sont apparues il y a environ 2,5 millions d’années. Vers la même période sont apparues les espèces du genre

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Page de gauche : le grand panda, découvert seulement en 1869, fut longtemps considéré comme un cousin du petit panda. Les analyses génétiques ont confirmé qu’il était bien un membre de la famille des ours.

Ci-contre : l’ours à lunettes vit en Amérique du Sud. Il est le seul membre d’une lignée d’ours qui a été beaucoup plus diversifiée par le passé.

Arctodus, les ours à face courte. Parmi eux, Arctodus simus, apparu il y a environ 1,5 million d’années et disparu il y a 11 000 ans, était de très grande taille. Il devait peser plus de 1 000 kg, ce qui en fait le plus grand mammifère carnivore ayant existé. Il semble qu’il était omnivore, même si les avis des spécialistes divergent.

LA LIGNÉE DES URSINÉS Dans la lignée des Ursinés, les plus anciens représentants seraient les espèces du genre Ursavus, qui vivaient en Amérique du Nord, en Europe et en Asie durant le Miocène (entre 23 et 5,3 millions d’années). Apparus en Asie, ils auraient rejoint l’Amérique du Nord il y a environ 20 millions d’années. Leur taille variait de celle d’un chat à celle d’un loup et ils étaient probablement omnivores. Apparus il y a environ 11 millions d’années, les membres du genre Indarctos vivaient également en Amérique du Nord, en Europe et en Asie et y ont persisté jusqu’à il y a 5 millions d’années. Les espèces d’Agriothrium étaient de grande taille, pesaient environ 900 kg et ont vécu entre 13,6 et 2,5 millions d’années avant notre ère. Ils auraient été omnivores, s’attaquant aussi bien à divers ongulés que se nourrissant de végétaux et probablement aussi de charognes. À la limite du Miocène et du Pliocène, il y a environ 5,3 millions d’années, un refroidissement des températures et une augmentation de la saisonnalité, ainsi que l’ouverture du détroit de Béring, ont contribué à une extinction de masse et un renouvellement des faunes de l’hémisphère nord.

Cela a aussi certainement participé à l’ouverture de nouvelles niches écologiques et favorisé la diversification de certains groupes, comme celui des Ursinés. Au sein de la lignée des Ursinés actuels, les plus anciens seraient Ursus ruscinensis, l’ours du Roussillon, Ursus boecki et Ursus minimus. Ce dernier serait apparu il y a environ 4 millions d’années et se serait éteint il y a environ 2 millions d’années. Il était de petite taille, pas plus de 90 cm au garrot, et vivait dans toute l’Eurasie. On en a trouvé des restes en France, et on l’appelle parfois l’ours d’Auvergne.

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OURS Considéré comme le double sauvage de l’homme, l’ours côtoie ce dernier depuis la nuit des temps. D’abord vénéré pour sa puissance, le roi des animaux est devenu au cours des siècles l’incarnation de l’animal glouton et stupide, quand il n’était pas tout simplement assimilé au

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siècle sera marqué par l’apparition de l’ours

en peluche, mais notre rapport à l’ours reste encore aujourd’hui plein d’ambivalence. À travers des thématiques aussi variées que la biologie, l’éthologie, l’histoire, la mythologie, les légendes, la littérature, le cinéma, etc., ce livre richement illustré vous propose de partir à la découverte de cet animal méconnu et aujourd’hui protégé.

Géraldine Veron est professeur au Muséum National

OURS

au diable et aux péchés capitaux. Son retour en grâce

d’Histoire Naturelle et directrice adjointe de l’Institut de Systématique, Évolution, Biodiversité. Ses travaux de recherche portent sur la systématique, la biogéographie et la conservation des mammifères carnivores.

Elle est l’auteur de nombreuses publications scientifiques et de plusieurs ouvrages de vulgarisation.

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