Courir pour un monde plus propre

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NicolasLemonnier avec PhilippeBlanchard

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1 run 1 déchet O

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© 2019, Rustica éditions, Paris. Dépôt légal : mars 2019

ISBN : 978-2-8153-1326-1 N° d’éditeur : RU0050 (19057)

www.rustica.fr

SOMMAIRE

qui. C’est Mark Zuckerberg en personne, l’iconoclaste patron du premier réseau social au monde, fort de ses milliards de membres, qui l’a invité. Un homme dont il se murmure qu’il aurait presque le rang de chef d’État. Aussi, quand la porte s’ouvre, les conversations s’éteignent et le silence se fait brusquement dans la petite pièce de quarante mètres carrés. Une rencontre gravée dans le marbre pour Nicolas, qui se souvient :

« C’était très impressionnant les 30 premières secondes car il y a tout son staff, toutes ces personnes qui virevoltent autour de lui. Il y avait une femme à l’air très sérieux qui prenait des notes, il y avait aussi son assistante un peu survoltée et une photographe qui mitraillait. Parfois, il y a aussi des médias qui le suivent. »

Lorsque l’aréopage débarque, l’ambiance est donc un peu électrique. Le patron de Facebook s’installe tranquillement au milieu de la pièce parmi ses invités pour un petit discours improvisé, tandis que ses accompagnateurs se font plus discrets. Un speech informel comme seuls les Américains en ont le secret et qui pourtant va encore surprendre Nicolas : « Après avoir souligné l’importance des initiatives créées par les différentes personnes présentes, il nous a remerciés personnellement ma femme et moi d’être venus de France, de courir et de ramasser des déchets. Il a même tenu à faire un petit rappel sur notre projet, qu’il a évoqué sur son propre compte avec un petit film. Et ensuite on a pu parler avec lui

directement. Au début de son discours, on était tous très impressionnés, peut-être à cause de la photographe qui immortalisait la réunion et aussi par toutes les personnes qui l’entouraient. Forcément, on ne peut pas s’empêcher de penser : c’est Mark Zuckerberg, c’est le patron de Facebook, c’est une figure mondiale. On le réalise. Mais lorsque nous avons commencé à parler ensemble – car il est venu voir chacun des participants personnellement –, il nous a parlé de sa fille qui avait à peu près le même âge que notre fils. J’ai rencontré une personne que je ne connaissais pas 48 heures avant, mais dans l’échange il était vraiment très simple, très décontracté, très humain. Il semblait content de mettre en lumière notre initiative. »

C’est alors que le magnat des réseaux sociaux va avouer une chose étonnante au petit Frenchie venu de Nantes. Particulièrement volubile, l’entrepreneur à succès engoncé dans son éternel sweat à capuche se lâche : « Ton initiative, c’est le genre de chose que j’aurais aimé avoir inventé. Ton truc, c’est vraiment cool, un simple geste dans la vie de tous les jours, mais ce sont les choses les plus simples qui peuvent faire changer le monde. » Une sortie qui résonne encore avec douceur aux oreilles de Nicolas.

« À ce moment-là, je n’étais plus impressionné par lui en tant que patron de Facebook. J’ai été très touché par sa remarque. Ça fait très plaisir qu’une personne telle que lui nous complimente. Finalement, c’était très simple.

Il n’y avait pas de quoi en faire tout un pataquès. Heureusement, il n’avait pas prévu de show à l’américaine ni de nous faire monter sur scène pour pointer nos initiatives. Je pense que ça m’aurait un peu mis mal à l’aise, même si ce n’est pas à moi de décider de la façon dont il gère sa communication, mais le fait qu’on ait été reçus dans une petite salle et qu’on puisse parler directement avec lui, c’était vraiment agréable. Que ce ne soit pas juste des discours et des applaudissements et qu’il nous félicite sur un écran géant. Pouvoir le rencontrer en personne permet un échange beaucoup plus constructif. »

Un avis que visiblement le patron de Facebook partage également ce jour-là. Selon les dires des participants, il prendra son temps, rencontrant un à un l’ensemble des porteurs d’initiatives et échangeant longuement avec eux. Et malgré les rappels pressants de son assistante, qui lui fait remarquer son retard pour les rendez-vous suivants, il décidera de rester déjeuner avec ses hôtes, qu’il a conviés à un buffet. Après un bon quart d’heure passé sous la pression incessante de ses assistants, il finira par rendre les armes en s’excusant presque auprès de l’assistance. Avec humour, il leur rappellera simplement qu’il aurait aimé rester encore un peu mais qu’il est une personne assez prise.

Pour Nicolas, l’aventure californienne, dont le point d’orgue sera sa rencontre avec Mark Zuckerberg, débute en juillet 2016. Au cœur de l’été, alors qu’il passe du

bon temps en famille, il reçoit un mail d’une personne se présentant comme une collaboratrice de Facebook, lui demandant des renseignements sur le groupe qu’il a créé quelques mois plus tôt. Baptisé Run Eco Team, il rassemble des coureurs se sentant concernés par l’écologie et qui, en plus de leur running, ramassent les déchets qu’ils trouvent sur leur parcours. Un groupe créé presque par accident. Nicolas, ostéopathe de son état, a toujours aimé le sport. « J’en ai fait beaucoup jusqu’à l’âge de 17 ans, principalement du football, mais lorsque j’ai poursuivi mes études, j’avais bien sûr beaucoup moins de temps. J’ai un peu laissé l’entraînement de côté. Après le bac, j’ai bien continué à jouer au football de temps en temps, mais pas en club et pas non plus avec les contraintes que cela peut imposer. J’avais pris un peu de poids au début de ma vie professionnelle, donc lorsque ma femme m’a annoncé qu’elle était enceinte, j’ai eu envie d’être un papa plutôt dynamique. Attention, je ne dis pas « présentable », ce n’était pas pour l’aspect physique, mais vraiment pour partager des activités avec mon fils. Je me disais que s’il avait envie d’aller faire du vélo, il ne fallait pas que je sois essoufflé dès la première centaine de mètres. Donc la meilleure solution pour se remettre en forme était de faire du footing, du moins c’est ce qu’il m’a semblé. »

L’ostéopathe chausse alors les baskets et s’élance à petites foulées sur les sentiers nantais, flanqué de son meilleur copain, Raphaël, qui lui sert aussi de coach,

car contrairement à Nicolas, il court régulièrement. Et comme pour mieux témoigner de leurs exploits, les deux postent souvent sur leur page Facebook une photo de leur sortie. Un petit rituel qui leur permet de montrer le parcours accompli à leur cercle d’amis. Et un peu aussi pour les inviter à venir courir avec eux. Rapidement, lors de ses séances de remise en forme, Nicolas se rend compte du mauvais état des parcours. « Il y avait des paquets de cigarettes et des canettes par terre, je trouvais ça vraiment sale. C’était un petit geste de tous les mettre à la poubelle. Je n’y ai pas vraiment réfléchi. Lorsque les médias se sont intéressés à moi, ils m’ont beaucoup demandé pourquoi j’avais commencé à ramasser ces déchets, mais je suis incapable de leur répondre. J’ai fait ça naturellement, sans vraiment y réfléchir. En revanche, je me souviens bien de la première fois que j’ai ramassé quelque chose au sol, c’était un paquet de cigarettes de marque Philip Morris. »

Un paquet de cigarettes devenu symbolique désormais de toute une communauté de runners qui se sont fixé comme objectif de rendre la Terre plus propre. Car ce jour-là, alors que les deux compères terminent leur parcours, Nicolas choisit de changer un peu le scénario. Au lieu de se photographier comme d’habitude avec Raphaël, il choisit d’immortaliser le moment où il jette le vieux morceau de carton à la poubelle. Un geste tout simple et spontané, qui va cependant plaire à la communauté Facebook qui s’intéresse au running. « Je me suis

simplement dit que cela allait peut-être motiver d’autres personnes », se souvient l’ostéopathe. Mais le résultat va dépasser ses espérances. « Donc je poste cette photo sur Facebook. Et d’habitude, il y avait 10 ou 15 likes et quasiment jamais de commentaires. Mais très vite, avec cette photo de paquet de cigarettes que nous avions mis à la poubelle, est arrivée une centaine d’interactions, de likes et de commentaires pour soutenir cette initiative. Dans le titre, pourtant, je n’en avais pas parlé. J’avais juste indiqué que nous étions partis pour une sortie de sept kilomètres. Mais en voyant la photo, les gens nous disaient : “Ah tiens vous faites ça, mais c’est vraiment très bien !” Alors la fois d’après, nous nous sommes dit avec Raphaël que nous allions ramasser à chaque sortie un déchet chacun, le prendre en photo et le poster. Quand je courais tout seul j’en ramassais, quand il courait tout seul il en ramassait aussi, et de plus en plus de personnes ont commencé à nous suivre et à nous féliciter. »

Très vite, les questions affluent dans la boîte mail de Nicolas, lui demandant comment s’organiser pour l’imiter. Il ne lui en faut pas plus pour créer un groupe Facebook spécifique, baptisé #unrunundechet. Aujourd’hui, le sigle décliné en anglais est connu des runners du monde entier, qui, à défaut d’y participer, ont au moins entendu parler de l’opération. Un groupe dont la nécessité se fait vite sentir au regard du nombre de personnes qui demandent à adhérer. Ostéopathe de formation, Nicolas n’a pratiquement aucune expérience en la matière.

Mais qu’est-ce qui fait courir Nicolas Lemonnier ?

En postant sur Facebook la photo d’un déchet qu’il avait ramassé lors de sa sortie jogging, Nicolas Lemonnier était loin d’imaginer qu’il susciterait autant de réactions. Et pourtant, ce fut le tout début d’une belle histoire ! En janvier 2016, il crée un groupe Facebook, RUN ECO TEAM, une initiative qui sera très vite saluée et relayée par Mark Zuckerberg lui-même ! Avec un geste simple, on peut changer le monde…

Préface de Laury Thilleman

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