Histoire et philosophie
Ce n’est pas la philosophie qui a créé le bonsaï, mais le bonsaï qui, petit à petit, a sécrété une philosophie. Nul besoin donc pour l’amateur de bonsaï de se laisser intimider par un aspect quelque peu mystérieux des bonsaïs.
L’HISTOIRE DU BONSAÏ
Si l’on ne connaît pas la date d’apparition des premiers bonsaïs, on situe cependant leur berceau en Chine, sur la foi de très anciennes estampes qui sont parvenues jusqu’à nous. Du ixe au xiiie siècle, la Chine et le Japon entretenaient d’étroites relations culturelles, et le bonsaï a fait partie des éléments transmis par la Chine à son voisin. Les premières attestations écrites au Japon concernant la culture des bonsaïs datent des xie et xiie siècles. Les premiers à s’y intéresser ont été les prêtres, les lettrés et des membres de la noblesse. Au fil des siècles, la culture des arbres en pot a peu à peu gagné d’autres classes sociales, et au xixe siècle, le bonsaï est devenu un phénomène de société. À cette époque, le bonsaï faisait partie des traditions au même titre que le kendo, l’ikebana ou la cérémonie du thé.
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Pavillon des bonsaïs au Parc floral de Paris. Ce pavillon assure aux bonsaïs, grâce à son décor (helxine et rivière), une bonne hygrométrie.
À gauche
À l’entrée de ce jardin de bonsaïs en Chine, un pin planté dans un pot étend ses branches au-dessus des visiteurs. Il est en forme de main de Bouddha pour souhaiter la bienvenue et assurer de sa protection.
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Un bonsaï constitue une présence chez vous, puisqu’il a presque quotidiennement besoin de votre attention.
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En se popularisant, le bonsaï a fait éclore toute une école de spécialistes qui ont publié leurs expériences et conseils dans des ouvrages techniques, qui traitaient d’ailleurs aussi bien de l’horticulture en général que des bonsaïs en particulier.
Au xxe siècle, la « filière » s’organise : producteurs, vendeurs et amateurs fondent des coopératives et des associations spécifiques dédiées aux bonsaïs. L’année 1928 marque une date dans l’histoire du bonsaï au
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Dans ses jeunes années, le tronc de cet orme de Chine (Ulmus chinensis) a été enchâssé dans une roche pour recréer une scène naturelle.
Japon : c’est l’exposition Kokufu-ten qui présente les plus belles œuvres nationales en matière de bonsaï.
LE BONSAÏ EN FRANCE
Si les années 1970 ont fait connaître le bonsaï à un très vaste public, il était déjà apparu dans notre pays depuis longtemps. En effet, lors de l’exposition universelle de 1878, qui s’est déroulée à Paris, un certain M. Kasawara avait apporté une collection de bonsaïs. Une autre collection, de moindre importance, avait également été présentée à l’exposition de 1889. Puis, pendant celle de 1900, le « Jardin japonais » qui avait été installé dans les jardins du Trocadéro comprenait de nombreux bonsaïs. Les critiques de l’époque n’avaient d’ailleurs pas été très tendres en qualifiant ces arbres en pot d’« aberration ». Cette réaction négative, générée en partie par un phénomène culturel issu d’une autre civilisation, provenait également de l’aspect même des bonsaïs. Ils étaient alors moins bien formés, leurs pousses partaient plus librement dans diverses direc-
tions, les feuillages étaient moins travaillés, et certains greffages ne pouvaient que gêner une population française aux fortes racines rurales. Depuis cette date, les découvertes et techniques horticoles ont considérablement évolué, et le bonsaï a profité du nouveau regard jeté sur le monde végétal.
Dès le début du xxe siècle, cependant, un petit cercle d’amateurs commence à collectionner des bonsaïs à titre privé. En mars 1902, la Société nationale d’horticulture de France (SNHF) expose 103 bonsaïs venant de la pépinière Yamanaka d’Osaka. Cette exposition connaît un franc succès, et 17 médailles lui sont décernées ! L’exposition est suivie d’une vente à l’Hôtel-Drouot, sous l’expertise d’un certain M. Bing, qui tient à Paris un commerce d’objets orientaux.
Une autre collection de bonsaïs est constituée, entre 1920 et 1925, par M. Albert Kahn dans ses célèbres jardins thématiques à Boulogne-Billancourt. Il fait venir du Japon à la fois le matériel et les hommes nécessaires
10 • Découvrir les bonsaïs
à la réalisation et l’entretien du Jardin japonais. Malheureusement, les précieuses poteries anciennes qui contiennent les bonsaïs suscitent des convoitises, et la collection est anéantie par des vols successifs.
Cependant, le cercle d’amateurs de bonsaïs continue à s’étendre, et quelques pépinières privées et semicommerciales voient le jour.
Aux Floralies internationales organisées en 1969 au Parc floral de Paris, de nombreux pays ont exposé leur savoir-faire horticole ; le Japon, quant à lui, a présenté une superbe collection
de bonsaïs. C’est le point de départ d’un engouement pour les bonsaïs en France, engouement qui ne s’est pas démenti à ce jour.
LE BONSAÏ, UNE PHILOSOPHIE ?
Plutôt une manière de vivre, d’être en rapport étroit avec la nature et les forces cosmiques. Une manière de rêver aussi, de s’évader hors du quotidien dans un univers qui a son propre rythme. L’homme vénère l’arbre, peut-être en raison de son exceptionnelle lon-
Au Japon, ce pin planté en pleine terre, mais taillé à la façon d’un bonsaï en forme de main de Bouddha, a la même signification qu’en Chine : il souhaite la bienvenue au visiteur et lui assure sa protection.
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Dans ce jardin sec, comme pour le bonsaï, le travail doit être épuré : le vide tient une place prépondérante.
gévité. Les arbres ont toujours eu un rôle symbolique dans toutes les civilisations. Ils exerçaient, et exercent encore, une attirance presque magique sur les hommes. Entre les hamadryades des contes européens, étroitement liées aux chênes, et les kamis – divinités shintoïstes –, il n’y a guère que le nom qui change. Le bonsaï véhicule cette magie dans un
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« À travers tous les êtres passe l’unique espace, Espace intérieur du monde.
Silencieusement volent les oiseaux
Tout à travers nous.
Ô moi qui veux croître, Je regarde au-dehors et c’est en moi que l’arbre croît. »
Rainer Maria Rilke
(traduit par Maurice Blanchot)
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espace concentré. Beauté parfaite, équilibre, harmonie caractérisent bien plus le bonsaï que des discours philosophiques.
Un écrivain, Théodore Sturgeon, a résumé l’essence du bonsaï par ces mots : « C’est la sculpture la plus lente qui soit. Et il y a parfois doute quant à l’objet de cette sculpture : l’arbre ou l’homme ? »
Ci-contre
Ce petit charme issu de semis de style hô-ki-dachi a poussé spontanément sous cette forme.
Page de droite
Le feuillage automnal de cet érable du Japon (Acer palmatum) nécessite une bonne exposition au soleil, sauf l’été.
12 • Découvrir les bonsaïs
Acheter un bonsaï
OÙ ACHETER SON BONSAÏ ?
Le supermarché
Signe de l’intérêt grandissant porté à ce type de culture, la grande distribution propose souvent des lots promotionnels de bonsaïs. Les prix y sont attractifs, ce qui permet de céder à un coup de cœur sans dépenser trop. Vous pouvez même en profiter pour commencer une mini-collection et vous faire la main.
En revanche, il faut savoir que vous ne trouverez que rarement un spécialiste des bonsaïs dans les supermarchés. Personne ne pourra vous ren-
De nombreux dictionnaires de langue française définissent le bonsaï comme étant un arbre cultivé sous forme naine.
Cependant, pour les Japonais, « bonsaï »
signifie : « arbre taillé, dans un contenant, hors du sol ». La notion de petite taille n’y est donc pas prise en compte. La culture du bonsaï, d’origine orientale, apparaît en Europe à la fin du xixe siècle. Toutefois, elle ne conquiert l’Occident que dans le courant des années 1970, lors du renouveau d’intérêt pour la nature sous tous ses aspects.
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Si vous disposez de plusieurs distributeurs de bonsaïs dans votre région, il est préférable de les visiter tous afin de comparer et de profiter du meilleur rapport qualité-prix. •••••••••
seigner si vous avez besoin d’un conseil. Les plantes, quant à elles, peuvent parfois ne pas recevoir les soins qui leur sont nécessaires. Nous vous conseillons donc d’acheter les plantes au début de la promotion ; ainsi vous vous en occuperez dès leur arrivée.
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Dans ce jardin, d’inspiration japonaise, un abri a été prévu pour une collection de bonsaïs.
À gauche
Cette collection de bonsaïs est bien disposée : les arbres profitent au mieux de la luminosité.
La jardinerie
La plupart des jardineries ont un rayon de bonsaïs, d’importance variable. Leurs locaux, ou plus exactement les emplacements plus ou moins protégés à l’extérieur, permettent une bonne conservation des plantes. Parfois, le responsable du rayon s’est
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Au Japon, la plupart des bonsaïs de production sont élevés et travaillés en pleine terre, puis perfectionnés en pot avant leur exportation.
spécialisé dans les bonsaïs et constitue, de ce fait, une source précieuse de renseignements.
Le fleuriste
Certains fleuristes, amateurs euxmêmes, proposent des bonsaïs à leurs clients.
Certes, le coût en est peut-être un peu plus élevé qu’ailleurs, mais comme ce sont des magasins de proximité, vous pourrez vous y rendre rapidement pour demander des conseils en cas de problème avec votre bonsaï.
À propos de l’âge
Le magasin ou la pépinière spécialisés en bonsaïs
Ces spécialistes ne vivent que du bonsaï. Aussi vous pouvez en attendre une qualité de services parfaite ainsi que des plantes en excellente santé, c’est-à-dire des arbres bien rempotés, bien taillés, exempts de parasites, sains et bien arrosés. C’est également ici que vous trouverez le plus grand choix de bonsaïs (nombre d’espèces, formes diverses, différents âges), de poteries et d’outils. Généralement, ces spécialistes proposent
Même s’il est logique que le prix d’un bonsaï soit, aussi, fonction de son âge, on ne prendra pas celui-ci comme premier critère de choix. En effet, cette notion est assez aléatoire. Au Japon, l’âge d’un bonsaï se détermine à partir de sa mise en pot et de sa première taille.
Auparavant, le végétal a pu vivre dans son habitat naturel ou en pépinière pendant plusieurs années déjà. En France, c’est souvent l’âge total de la plante qui est indiqué, avant la première intervention de l’homme. Dans le cas d’un prélèvement dans la nature, l’âge ne peut, de toute façon, être qu’estimatif.
et entretenir son bonsaï
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Cultiver
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aussi un service de garde, de soins et d’entretien.
Certaines pépinières se sont spécialisées presque exclusivement dans le Yamadori que l’on peut traduire par « prélèvement dans la nature » (yama = montagne ; do = la voie). Ce sont des arbres partiellement travaillés par la nature, récoltés et sevrés en pot. Ils sont mis en vente prêts à être transformés en bonsaï. Ces futurs bonsaïs s’adressent tout de même à des amateurs avisés, car le travail à réaliser nécessite une connaissance approfondie des techniques de tailles et de ligatures. Les critères de choix seront les mêmes que ceux cités ci-dessus.
La vente sur Internet
Il existe des sites spécialisés dans la vente de bonsaïs sur Internet. On y trouve aussi des poteries, des outils, des engrais… Les prix sont attractifs, le choix est important ; on peut choisir son bonsaï sur photo, sous différents angles. Le souci est qu’il est difficile de connaître l’état phytosanitaire de la plante, de son racinage.
QUAND FAUT-IL ACHETER UN BONSAÏ ?
Il peut sembler judicieux d’acheter un bonsaï en hiver car la structure des arbres caducs se voit bien mieux après la chute des feuilles. Cependant, soyez vigilant, l’arbre peut avoir souffert de l’hiver, même chez un spécialiste, et ne pas rebourgeonner au printemps suivant.
La meilleure époque pour l’achat d’un bonsaï se situe au début du printemps, au moment du débourrage. La structure de l’arbre est encore bien visible, tandis que l’abondance des bourgeons ouverts dénote sa vigueur.
COMMENT CHOISIR UN BONSAÏ ?
Vous choisirez votre bonsaï en fonction de deux critères principaux : l’esthétique et le bon état de santé.
L’esthétique du bonsaï
Un bonsaï doit avant tout être harmonieux. Pour cela, il devra présenter les caractéristiques suivantes :
• des racines bien étalées et réparties de façon uniforme sur le sol ;
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Choisissez de préférence un sujet jeune, bien formé, plutôt qu’un sujet plus âgé, imposant, mais de faible valeur esthétique.
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• un tronc puissant à la base et s’amenuisant vers le sommet, sans marque de troncage ;
• des branches charpentières dans la partie basse plus grosses que celles du haut.
Genévrier à aiguilles (Juniperus rigida) travaillé depuis 22 ans.
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Quel bonsaï choisir, quand et comment l’arroser, peut-on conserver certains bonsaïs en extérieur, comment soigner un bonsaï malade, comment tailler… ?
Autant de questions auxquelles répond ce guide pratique. Les débutants, mais aussi les amateurs plus expérimentés, y trouveront tous les conseils utiles.
Largement illustré de photos et de dessins, cet ouvrage vous propose également une sélection d’une trentaine d’arbres et d’arbustes recommandés pour ce type de culture.
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MDS : 49888 www.rustica.fr
Formation • Entretien • Espèces
Alain Barbi e r & ErikaLaïs
