
Marie Malcurat
12 fratries extraordinaires de Jacques et Jean aux sœurs Martin














12 fratries extraordinaires de Jacques et Jean aux sœurs Martin
Dans le village de Béthanie, à l’est de Jérusalem, vivent Lazare, Marthe et Marie. Jésus les aime beaucoup et se rend souvent chez eux pour y prendre ses repas et se reposer. Heureux d’être ensemble, ils parlent, ils prient, ils font silence aussi. Mais parfois, tout ne se passe pas comme ils le voudraient…
Vite ! Il faut se dépêcher ! Les hommes ne devraient plus tarder !
Dans la courette, les femmes de la maison s’activent. Leurs longues capes dotées de franges sont accrochées dans les ceintures, ce qui leur fait comme des tabliers. Pendant que les unes moulent du grain avec un pilon, les autres remplissent des poteries d’eau bien fraîche. Peu à peu, le soleil décline. Un peu plus tard, des voix graves se font entendre. C’est Lazare, le frère de Marthe et Marie, qui arrive avec Jésus et quelques amis. Marthe accourt au-devant d’eux et les salue. Puis, rapidement, elle retourne à ses préparatifs. D’un geste sûr, la jeune femme mélange la farine fraîchement moulue, avec de l’eau et du levain. Ses mains malaxent la pâte avec vigueur. Pendant ce temps, les hommes se sont installés autour des tables. Marie est avec eux, assise aux pieds de Jésus. Elle ne le quitte pas des yeux. Tout ce qu’il dit touche tellement son cœur. Marthe aimerait entendre mais maintenant, elle fait le service. « Marie pourrait venir m’aider », songe-t-elle. L’agacement monte. C’en est trop !
La voici qui s’élance vers Jésus :
Seigneur, cela ne te fait rien que ma sœur me laisse faire seule le service ? Dis-lui donc de m’aider. Jésus se lève et aide Marthe à soulever le ragoût pour le retirer du feu.
Marthe ! lui dit-il avec bonté. Tu te donnes du souci et tu t’agites pour bien des choses, tu sais. Une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée. Ne la juge pas. Les odeurs de ragoût montent au nez de Marthe. Comme d’habitude, tout sera délicieux. Pourtant, aujourd’hui, elle vient de comprendre que le ragoût n’est pas le plus important. Ce qui l’est, c’est d’être auprès de Jésus.
Lazare observe du coin de l’œil ses deux sœurs, déjà réconciliées. Si différentes et pourtant si complémentaires. L’une, qui sert ; l’autre, qui contemple.
Qu’il fait bon d’être là, tous ensemble, auprès de Jésus !
Quelque temps plus tard, Jésus se trouve de l’autre côté du Jourdain.
Il se repose d’avoir longuement parlé aux foules qui le suivent. Tout à coup, un cri retentit :
Jésus ! Jésus ! Vite ! Tes amies de Béthanie… Elles ont fait passer un message urgent. Jésus se redresse. Que se passe-t-il ? Le messager poursuit :
Leur frère Lazare est très malade. Il faut que tu viennes le plus vite possible.
Ici, tout le monde sait que Jésus a beaucoup d’affection pour ce frère et ses deux sœurs, aussi, sa réaction surprend. Car Jésus ne se lève pas. Il ne bouge pas. Il dit :
Restons encore deux jours ici. Ensuite, nous irons chez eux.
Jacques et Jean se regardent, surpris. Mais, après tout, le maître sait ce qu’il fait.
Deux jours plus tard, comme prévu, Jésus entraîne ses Apôtres vers Béthanie. Sur le chemin, il annonce :
Mon ami Lazare s’est endormi. Je vais aller le tirer de son sommeil.
Les disciples réagissent :
S’il est juste assoupi, il sera sauvé !
Devant leur incompréhension, Jésus apporte une précision :
Lazare est mort. Je me réjouis de ne pas avoir été là, à cause de vous, pour que vous croyiez.
Silence. Les paroles de Jésus sont parfois si mystérieuses.
Sur le chemin, une jeune femme vient vers eux.
Marthe ! s’écrie Pierre.
En pleurs, celle-ci se jette dans les bras de Jésus en s’écriant :
Si tu avais été là, mon frère chéri ne serait pas mort. Mais maintenant encore, je le sais, tout ce que tu demanderas à Dieu, il te l’accordera.
Lazare va revivre, répond Jésus avec gravité.
Au jour de la Résurrection, dit-elle en hoquetant. Je le sais bien.
Jésus pose un regard tendre sur son amie.
Je suis la Résurrection et la Vie, déclare-t-il. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ?
Sans hésiter un instant, Marthe s’écrie :
Oui, Seigneur, je le crois : tu es le Christ, le Fils de Dieu, tu es celui qui vient dans le monde. Le petit groupe poursuit son chemin jusqu’à Béthanie. Marie se jette à son tour aux pieds de Jésus en sanglotant. Voyant son immense chagrin, celui-ci pleure, puis se tournant vers le tombeau, il ordonne :
Lazare ! Sors !
Incroyable ! Un homme enveloppé de bandelettes quitte le tombeau. Lazare ! Les deux sœurs se précipitent sur lui, folles de joie. Tout le monde est bouleversé.
Avec Jésus, la vie l’a emporté.
Fête de la fratrie : 29 juillet.
Origine du prénom : El’azar, « Dieu a aidé ».
Saint patron : de la ville de Marseille, dont il est le premier évêque.
Dans la Bible : il apparaît avec ses sœurs et surtout lorsqu’il sort de son tombeau. Après sa résurrection, les grandsprêtres cherchent à le tuer.
Attributs : maîtresse de maison avec un trousseau de clés à la ceinture et tenant un vase d’eau bénite.
Sainte patronne : de la ville de Tarascon.
Dans la Bible : elle apparaît plusieurs fois avec son frère et sa sœur dans les Évangiles de Luc et de Jean, puis toute seule dans des textes apocryphes qui la présentent au tombeau, témoin de la résurrection de Jésus.
Origine du prénom : le plus répandu chez les Juifs au i er siècle, une femme sur quatre le porte.
Sainte patronne : des âmes contemplatives.
Dans la Bible : elle a longtemps été confondue avec sainte Marie-Madeleine.
Légende provençale Selon la tradition provençale, après l’Ascension de Jésus au Ciel, Marthe, Lazare et Marie ont miraculeusement débarqué aux Saintes-Maries-de-la-Mer Ils étaient en compagnie d’autres femmes : Marie-Jacobé et Marie-Salomé. Là, ils se sont séparés dans les larmes pour aller chacun de leur côté. Lazare serait resté sur la côte. Il devint le premier évêque de notre actuelle ville de Marseille. Marie marche et s’éloigne pour aller vivre à l’écart du monde dans une vie de prière. Quant à Marthe, elle part évangéliser la région d’Avignon, puis s’établit à Tarascon où l’on raconte qu’elle vainquit la Tarasque (un dragon légendaire) avec de l’eau bénite. En la voyant vivre, nombreux sont ceux qui crurent en Jésus.
Une fête commune récente Longtemps, le 29 juillet était une fête réservée à sainte Marthe. Depuis 2021, elle partage ce jour avec son frère et sa sœur (décret du 2 février 2021 de la Congrégation pour le Culte Divin).
« Jésus aimait Marthe et sa sœur, ainsi que Lazare.
Jean 11, 5
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Naissance de Jésus.
(Marthe, Lazare et Marie sont sans doute nés un peu avant ou un peu après.)
La Judée devient province romaine.
Marthe, Marie et Lazare accueillent plusieurs fois
Jésus avec ses disciples. 30 32 Résurrection de Lazare. 33
Quatre jours avant la Pâque, onction à Béthanie. 45
Arrivée (présumée) de Marthe, Marie et Lazare en Camargue.
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Mort et résurrection de Jésus. Hérode chasse les chrétiens de Jérusalem.
Benoît XII approuve le culte aux Saintes-Mariesde-la-Mer.
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Saint Lazare, sainte Marthe et sainte Marie de Béthanie, dans les Évangiles, nous pouvons lire que Jésus n’avait pas d’endroit où reposer sa tête. Mais nous y voyons aussi qu’il avait trois amis tendrement aimés, en qui il avait confiance.
C’était vous !
Chez vous, il aimait venir, chez vous, il pouvait se reposer, chez vous, il est souvent venu avant sa Passion, chez vous, il se sentait en sécurité.
Saint Lazare, sainte Marthe et sainte Marie de Béthanie, nous voulons, à votre exemple, être des amis fidèles sur qui on peut toujours compter. Nous désirons être accueillants et ouvrir les portes de nos familles.
Apprenez-nous à être aussi généreux que vous.
Qu’auprès de nous, tout le monde puisse reposer sa tête. Amen.
Nichée au cœur de la Normandie, la petite maison des Buissonnets abrite une famille heureuse. Louis est veuf et y élève ses filles : Marie, Pauline, Léonie, Céline et Thérèse. Toutes seront religieuses.
C’est là, aux Buissonnets, que les cinq sœurs ont appris à aimer Jésus plus que tout.
Depuis la mort de leur maman, les liens entre les cinq sœurs se sont resserrés. Au lendemain de son départ pour le Ciel, c’est tout naturellement que Céline s’est jetée dans les bras de sa grande sœur Marie en lui demandant de remplacer leur mère. Et que la petite dernière, Thérèse, s’est élancée à son tour vers Pauline en disant :
Pour moi, c’est toi qui seras Maman.
Dans la famille, les aînées s’occupent bien des plus jeunes. Pauline, Marie et Léonie sont toujours là pour rassurer Thérèse et Céline, les consoler, les amuser et répondre à leurs nombreuses questions. Un jour, Thérèse est inquiète. Sa « petite mère », Pauline, s’en aperçoit et lui demande ce qui se passe.
Pourquoi y a-t-il au Ciel des saints plus grands que d’autres ? demande la fillette. Ils ne doivent pas tous être heureux pareil. C’est triste.
Pauline sait combien Thérèse est intelligente. Elle lui dit :
Va chercher le grand verre de Papa et mets-le à côté de ton petit dé à coudre. Puis, remplissant les deux objets, elle demande :
Lequel te paraît le plus rempli ?
Ils sont aussi pleins l’un que l’autre, répond la fillette étonnée.
Au Ciel, c’est pareil. Le dernier des élus n’enviera pas le bonheur du premier. Nous sommes tous appelés à goûter entièrement le bonheur du Ciel. Les grands saints, comme les petits !
Thérèse a compris. Sa petite mère Pauline trouve toujours les bons mots.
Aux Buissonnets, on sait faire la fête. Et surtout le jour de la Saint-Louis, puisque le bien-aimé « petit père » fête son saint patron.
La veille, tout le monde s’active. Léonie demande :
Qui m’accompagne pour aller chercher des fleurs ? Nous pourrons en disposer dans toute la maison. Céline attrape la main de sa sœur.
Je viens avec toi, dit-elle. Je ferai des couronnes et même des guirlandes.
Du haut de son belvédère, Louis observe ses filles qui s’activent pour lui. Cette tendresse est un baume pour son cœur qui souffre de l’absence de sa tendre épouse, Zélie.
Le lendemain, après avoir déjà été embrassé et cajolé par ses cinq trésors, il perçoit les petits pas feutrés qui montent l’escalier pour le surprendre encore. Et sa jolie petite Thérèse, sa « petite reine » lui déclame un beau poème, sous l’œil attendri de ses sœurs :
Je veux devenir sur la terre
Ta joie, ta consolation, Je veux t’imiter, petit Père, Toi si tendre, si doux, si bon.
Louis est comblé. Ses filles si unies dans un même amour pour le Christ, c’est tout ce qu’il a toujours désiré. Sa bien-aimée Zélie disait toujours que leur seul but était de « les élever pour le Ciel ». En les voyant ainsi, réunies devant lui, Louis sait que Dieu travaille les âmes de ses enfants.
Mais il ne faudrait pas croire que chez les Martin, tout est facile. Il y a de grandes joies, mais aussi de lourdes peines. Avant d’arriver aux Buissonnets, la mort a souvent frappé à la porte. Dans la précédente maison, à Alençon, quatre enfants sont nés et sont morts jeunes : Hélène, Joseph, Jean-Baptiste et Mélanie. Les cinq filles ne les oublient pas. Bien au contraire ! Ne faut-il pas vivre les pieds sur la terre, mais la tête dans le Ciel ? Les frères et sœurs qui sont au Paradis sont souvent priés.
Lorsque Marie quitte la maison et devient religieuse au Carmel, Thérèse n’a que treize ans. Sa petite mère Pauline y est déjà partie depuis quatre ans. Et ce n’est vraiment pas facile de vivre sans les grandes. Tout naturellement, la voici qui se tourne vers ses frères et sœurs du Ciel :
Ayez pitié de moi qui souffre. Je suis sûre que si vous étiez restés sur la terre, vous m’auriez comblée de tendresse autant que mes sœurs l’ont fait.
Après cette prière qui vient du cœur, une immense paix envahit Thérèse. Céline, son inséparable sœur, le remarque et lui demande ce qui lui arrive.
J’ai compris ! répond Thérèse toute joyeuse. Si vous, mes sœurs chéries, qui êtes sur la terre, vous m’aimez si fort, vous n’êtes pas les seules ! Je suis aussi aimée dans le Ciel ! Je parle souvent avec nos frères et sœurs qui sont auprès de Jésus. Je leur raconte mes peines et mes joies.
Céline et Thérèse se donnent la main en silence. L’amour qu’elles puisent dans leur famille vient de Dieu, c’est sûr.
Parents : saints Louis et Zélie Martin. Deuxième couple à être canonisé.
Fête des parents : 12 juillet.
Fratrie : Marie (sœur Marie du SacréCoeur, au Carmel), Pauline (mère Agnès de Jésus, au Carmel), Léonie (sœur Françoise-Thérèse, chez les sœurs visitandines), Hélène, Joseph, Jean-Baptiste, Céline (sœur Geneviève de la Sainte-Face, au Carmel), Mélanie, Thérèse (sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face, au Carmel).
Fête de sainte Thérèse : 1er octobre.
Famille : une tante et un oncle précieux, Isidore et Céline Guérin. Chacune à leur tour, les filles Martin vont passer la soirée du dimanche chez eux. Elles les aiment beaucoup.
Un soir de décembre 1894, en récréation, Thérèse raconte ses souvenirs d’enfance. Marie supplie Pauline, devenue prieure, de demander à Thérèse d’écrire. Elle donne son accord. Thérèse rédige donc Histoire d'une âme pour ses sœurs, sans se douter un instant que ses écrits seront publiés et traduits par centaines de milliers.
Céline est entrée au Carmel avec son appareil photographique. C’est révolutionnaire. L’heure n’est pas encore aux selfies ! Grâce à elle, nous conservons plusieurs photos des sœurs Martin au Carmel.
« Ma petite sœur chérie, Je voudrais te témoigner mon affection, je cherche et je ne trouve que ces deux mots, je t’aime, ils sont banals hélas, mais toujours nouveau pour une sœur
Lettre de Pauline à Marie, 11 mars 1877.
Élection du pape Pie IX. 1846
Second Empire, Napoléon III, empereur. 1852
Naissance de JeanBaptiste. Mort de Joseph. 1867
Mort de Louis Martin. 1894 1869
Naissance de Céline
Début de la Troisième République. 1870
Élection du pape Léon XIII. 1878
Canonisation de Louis et Zélie Martin. Procès en béatification de Léonie. 2015
Mort de Thérèse. 1897
Élection du pape Pie X. 1903
Naissance de Marie. 1860
Naissance d’Hélène. 1864
Mort de JeanBaptiste. 1868
Naissance de Pauline. 1861
Naissance de Léonie. 1863 1866
Naissance de Joseph.
Naissance de Thérèse. 1873
Mort de Zélie Martin à Alençon. 1877
Entrée de Thérèse au Carmel. 1888
Canonisation de Thérèse. 1925
Mort de Pauline. 1951
Naissance de Mélanie. Morts d’Hélène et de Mélanie. 1870
Mort de Céline. 1959
Voyage à Rome de Thérèse et Céline.
Publication d’Histoire d’une âme 1887 1898
Mort de Marie. Mort de Léonie. 1940 1941
Frères et sœurs de la famille Martin, tous vos noms ne figurent pas au registre des saints, mais votre vie de famille nous montre les étroits liens de l’amour qui vous unissaient.
Amour que vous avez toujours puisé dans le cœur à cœur avec Dieu.
Frères et sœurs de la famille Martin, apprenez-nous votre langage de l’amour.
apprenez-nous à aimer les membres de nos familles tels qu’ils sont, ceux du Ciel et ceux de la Terre.
Et puisque Thérèse, la plus jeune d’entre vous, a promis « de passer son Ciel à faire du bien sur la terre », alors, nous déposons à vos pieds toutes les intentions qui nous sont chères.
Frères et sœurs de la famille Martin, surtout, intercédez pour que nous devenions des saints, par des petits gestes d’amour, dans nos vies très ordinaires.
Amen.