kim hee-ju
La présente traduction en langue française a été réalisée par Jaeho LEE et par le père Michel RONCIN
mame
Une jeune fille d ’Assise
Assise, duché d’Ombrie, Italie.
6 1207.
CRIII...
REGARDE LÀ-BAS ! FRANÇOIS.
BAH !
COMME IL A L’AIR
POUILLEUX !
TAP TAP
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IL EST PARTI FAIRE LA GUERRE, MAIS IL EST REVENU AU BOUT D’UN MOIS, COMME FRAPPÉ DE FOLIE.
ON RACONTE QU’IL RÉPARE LUI-MÊME LA CHAPELLE DE SAINTDAMIEN ! ET IL EST LÀ, À MENDIER…
COMMENT UN FILS DE BONNE FAMILLE
PEUT-IL SE COMPORTER SI ÉTRANGEMENT ?
BOUM BOUM
BOUM
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NON ?
JE N’EN PEUX PLUS DE L’ARROGANCE DE CE PARTI DE LA COMMUNE… CES BOURGEOIS…
TIENS ! LE CRÉTIN DE FILS DE BERNARDONE !
OH ! DOUCEMENT, MON FRÈRE.
ET CES MARCHANDS !
FIGURE-TOI QU’ILS M’ONT FAIT UNE SCÈNE PARCE QUE JE REVIENS TOUT JUSTE DE PÉROUSE.
À TOI ? COMTE D’OFFREDUCCIO ?
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VLAM !
BAM ! BAM!
QU’ILS REPRÉSENTENT LES MARCHANDS OU N’IMPORTE QUI, SI LES GENS DU PEUPLE COMMENCENT À SE MÊLER DE GOUVERNEMENT… HEUREUSEMENT, LES NOBLES DE PÉROUSE NOUS SOUTIENNENT !
BERNARDONE A ÉTÉ HUMILIÉ
PAR SON FILS !
OH ! SAIS-TU CE QU’ON M’A RACONTÉ ?
HUM ! LAISSONS CELA !
CE FOU DE FRANÇOIS QUI
PASSE SA VIE
À MENDIER ?
EN PERSONNE !
AU TRIBUNAL, DEVANT TOUTE LA VILLE RÉUNIE, IL A ENLEVÉ SES
VÊTEMENTS EN DISANT QU’IL
N’AVAIT QU’UN SEUL PÈRE, QU’IL ÉTAIT AUX CIEUX ET D’AUTRES BÊTISES DE CE GENRE…
!
PFFF !
CETTE HISTOIRE EST RIDICULE !
BERNARDONE PERD SON TEMPS
À S’OCCUPER DE SON FOU DE FILS AU LIEU D’ÊTRE
À SES AFFAIRES !
NON. IL N’EST PAS FOU…
TOC
…
PÈRE, JE SUIS LÀ.
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!
Dans les années 1200, l’Italie n’est pas unifiée mais elle est composée d’une multitude de petits États féodaux (parmi lesquels les États pontificaux), et les villes sont sous l’autorité de seigneurs plus ou moins puissants. La bourgeoisie d’Assise, comme beaucoup d’autres, se regroupe en commune et caresse l’idée d’une autonomie gouvernementale, au détriment des familles nobles qui possédaient jusque-là l’autorité. En 1202, les partisans de la commune s’attaquent à plusieurs châteaux fortifiés, en l’absence des seigneurs. Inquiètes, les familles nobles demandent de l’aide à la ville voisine de Pérouse, pourtant son ennemie de toujours.
Pérouse remporte finalement la guerre, faisant reconnaître sa suprématie sur Assise.
Durant cette période troublée, la famille de Claire se réfugie à Pérouse et ne revient à Assise qu’en 1205. Claire a alors onze ans.
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UN MARIAGE AVEC UN RICHE ET NOBLE CHEVALIER DE PÉROUSE…
SI L’AFFAIRE EST CONCLUE, JE RENFORCERAI MA PUISSANCE ! AH, AH, AH !
14 1211.
HUM…
C’EST DANS LA PRIÈRE QUE VOUS SEMBLEZ LA PLUS HEUREUSE, MADEMOISELLE.
MERCI, BONA.
ÇA ME FAIT PLAISIR !
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VOILÀ.
BONJOUR.
LA VOICI, MADEMOISELLE.
OUI ?
BONA, DONNE-MOI MA BOURSE.
! QUE…
TIENS. MERCI
MA ENTRE !
SŒUR
OUI, PÈRE A DEMANDÉ QUE TU LE REJOIGNES AU SALON DÈS TON RETOUR.
TU VAS ÊTRE CONTENTE ! NOUS AVONS DE LA VISITE.
DE LA VISITE ?
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AGNÈS, POURQUOI ES-TU SI JOYEUSE ? !
QUE SE PASSET-IL ?
ET COMMENT VA LE COMTE DE LOMBARDIE ?
IL SE PORTE À MERVEILLE.
JE VOUS DONNE ÉVIDEMMENT MA BÉNÉDICTION !
JE N’AI AUCUNE RAISON DE TE REFUSER LA MAIN DE MA FILLE, N’EST-CE PAS ?
PUIS-JE VOUS DEMANDER DE GARDER LE SECRET POUR CLAIRE ?
LE SECRET ?
OUI, JE VEUX LE LUI DIRE MOI-MÊME.
C’EST FOU ! J’AI L’IMPRESSION D’AVOIR QUITTÉ PÉROUSE HIER SEULEMENT, ET VOILÀ QUE TU ES DEVENU UN BEAU JEUNE HOMME !
HA, HA ! VOUS ME FLATTEZ… ET MA DEMANDE ?
HA, HA ! SI C’EST POUR ÇA, FAIS COMME BON TE SEMBLE.
MERCI.
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ME VOICI, PÈRE.
CELA FAIT BIEN LONGTEMPS, CLAIRE !
COMME
TU ES DEVENUE BELLE !
LE VICOMTE FABIO VA DEMEURER QUELQUE TEMPS CHEZ NOUS, ALORS JE T’EN PRIE, PRENDS SOIN DE LUI, CLAIRE.
D’ACCORD.
19 !
FABIO !
BIEN SÛR, JE ME SOUVIENS DE LUI, POURQUOI ?
AH BON ?
OHÉ !
MADEMOISELLE, VOUS VOUS SOUVENEZ DE FRANÇOIS BERNARDONE ?
IL PRÊCHAIT DANS LE VILLAGE…
OUI… IL AVAIT DISPARU SI SOUDAINEMENT. CES DERNIÈRES ANNÉES, IL PARAÎT QU’IL ÉTAIT À ROME.
QUELLE MÉMOIRE ! ON DIT QU’IL EST REVENU À ASSISE IL Y A QUELQUES JOURS.
À ROME ?
POURQUOI CELA ?
EH BIEN… IL EST REVENU TONSURÉ. ET ON LE VOIT SOUVENT AVEC MONSEIGNEUR GUIDO.
ALORS IL EST DEVENU PRÊTRE ?!
EN TOUT CAS, MAMAN DIT QUE LES GENS QUI SE MOQUAIENT DE FRANÇOIS PARCE QU’IL AVAIT FAIT LES QUATRE CENTS COUPS OU QUI LE TRAITAIENT DE FOU NE POURRONT PLUS LE FAIRE DÉSORMAIS…
JE NE SAIS PAS.
CLAIRE ?
QUELLE IDÉE A DONC TRAVERSÉ LA TÊTE DE FRANÇOIS POUR QU’IL DÉCIDE DE DEVENIR MOINE ? LUI QUI VOULAIT
DEVENIR CHEVALIER, ET QUI S’EN ALLAIT GUERROYER CONTRE PÉROUSE !
OUI, JE VOIS…
C’EST UN MYSTÈRE…
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MOI AUSSI, JE M’INTERROGE MAIS C’EST UNE HISTOIRE ENTRE FRANÇOIS ET DIEU.
VOUS AVIEZ UN PETIT BÉGUIN POUR LUI, NON ?
QU… QU’ESTCE QUE TU RACONTES ?
QUE RACONTEZVOUS DE SI AMUSANT ?
VICOMTE DE LOMBARDIE !
JE VOUS EN PRIE, ASSEYEZVOUS.
BONJOUR, BONA !
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NON, PAS VRAIMENT, FABIO.
NOUS PARLIONS DE FRANÇOIS. C’EST UNE PERSONNALITÉ D’ASSISE !
JE VOUS AI INTERROMPUES ?
OUI, IL EST MOINE. J’AI ENTENDU DIRE QU’IL PRÊCHAIT DEMAIN À L’ÉGLISE DE RUFINO.
VOULEZ-VOUS VENIR ?
À L’ÉGLISE DE RUFINO ?
FRANÇOIS ?
J’AI DÉJÀ ENTENDU PARLER DE LUI, JE CROIS. IL A DES COMPAGNONS QUI L’ONT SUIVI, NON ?
J’AIMERAIS AUSSI LE RENCONTRER.
ALORS, VEUX-TU NOUS ACCOMPAGNER DEMAIN ?
CELA NE VOUS DÉRANGE PAS ?
J’AI HÂTE D’Y ÊTRE !
SORTIR AVEC CLAIRE…
FRANÇOIS… IL A TELLEMENT CHANGÉ…
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EST-IL SINCÈRE DANS SON REPENTIR ?
J’AI L’IMPRESSION QUE C’EST UN HOMME VRAIMENT DIFFÉRENT…
JE SUIS TELLEMENT IMPRESSIONNÉE !
COMME VOUS L’AVEZ APPRIS, C’EST FRÈRE FRANÇOIS QUI VA PRÊCHER AUJOURD’HUI.
VOUS SAVEZ TOUS À QUEL POINT JE ME SUIS CONDUIT DE MANIÈRE STUPIDE.
JE SUIS ICI AUJOURD’HUI PARCE QUE J’AI UNE HISTOIRE À RACONTER À MES FRÈRES ET SŒURS D’ASSISE.
J’AI BEAUCOUP CHANGÉ ET J’AI RÉALISÉ CE QU’ÉTAIT UNE VIE DROITE.
CHERS FRÈRES ET SŒURS… RESPECTEZ, LOUEZ ET REMERCIEZ NOTRE SEIGNEUR, LE DIEU TOUT-PUISSANT ET CRÉATEUR DE TOUTES CHOSES.
CHACUN FAIT UN JOUR FACE À LA MORT. NOUS DEVONS NOUS REPENTIR ET LE PROUVER PAR NOS ACTES.
IL N’EST PAS DIFFICILE DE FAIRE LE BIEN. DONNEZ AUX AUTRES. ALORS, VOUS RECEVREZ.
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PARDONNEZ AUX AUTRES. ALORS, VOUS AUSSI, VOUS RECEVREZ LE PARDON.
CONFESSEZ VOS PÉCHÉS. LES ÂMES QUI SE REPENTENT ET MEURENT IRONT AU CIEL. REPENTEZ-VOUS, PARDONNEZ ET DONNEZ.
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…
CLAIRE !
TU ÉTAIS SI ABSORBÉE DANS TES PENSÉES QUE TU NE M’AS PAS ENTENDU !
CLAIRE ? TOUT VA BIEN ?
J’ÉTAIS DISTRAITE… POUVONS-NOUS, NOUS AUSSI, CHANGER AINSI ?
MOI… VRAIMENT ?
JE SUIS DÉSOLÉE…
! TAP TAP
Quelques jours plus tard.
CLAIRE ! CELA FAIT SI LONGTEMPS…
IL EST BIEN TARD POUR FAIRE SES COURSES…
JE REVIENS DE LA BOULANGERIE OÙ J’AI TRAVAILLÉ AUJOURD’HUI…
TU VAS À LA PORTIONCULE ?
NON. JE REJOINS LES FRÈRES QUI NE SONT PAS SORTIS FAIRE L’AUMÔNE ET QUI RÉPARENT L’ÉGLISE À L’EXTÉRIEUR D’ASSISE. NOTRE PÈRE EST LÀ-BAS.
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TU PARLES DE FRANÇOIS ?
OUI, DIS MOI.
TU VAS LOIN…
PRENDS ÇA !
UN GRAND MERCI, CLAIRE !
C’EST DU VIN ET DE L’HUILE POUR LA LAMPE DU TABERNACLE.
NE ME REMERCIE PAS, C’EST NORMAL !
CE SOIR, CHACUN POURRA MANGER À SA FAIM.
QUE DIEU TE BÉNISSE !
MAIS JE T’AI TROP RETENU. VAS-Y !
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TA BESACE SEMBLE BIEN PLEINE !
JE SUIS DE RETOUR, PÈRE.
OUI, J’AI TRAVAILLÉ DANS UNE BOULANGERIE.
BIENVENUE, SYLVESTRE.
CLAIRE M’A DONNÉ DU VIN ET DE L’HUILE.
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ET…
CLAIRE !
ON DIT QU’ELLE EST PARENTE DU FRÈRE SYLVESTRE ?
ELLE PREND SOIN DE NOUS.
OUI, FRÈRE LÉON.
ELLE EST TOUJOURS LÀ POUR ÉCOUTER NOTRE PÈRE PRÊCHER, NON ?
TOUT À FAIT !
CLAIRE EST PLEINE DE CHARITÉ ET DE COMPASSION.
LES FRÈRES ONT BEAUCOUP À APPRENDRE D’ELLE.
MADEMOISELLE, VOUS SEMBLEZ TRÈS HEUREUSE CES JOURS-CI.
TU AS REMARQUÉ ?
OUI, VRAIMENT !
C’EST PARCE QU’IL FAIT SI BEAU !
CE NE SERAIT PAS PLUTÔT À CAUSE DE FRANÇOIS ?
COMMENT ?
NE SOYEZ PAS SI ÉTONNÉE ! JE SUIS AVEC VOUS DEPUIS SI LONGTEMPS… JE FINIS PAR VOUS CONNAÎTRE !
NE TE MOQUE PAS DE MOI, BONA…
JE NE ME MOQUE PAS DE VOUS !
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