Un chemin de liberté pour tous

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Nihil obstat, le 24 novembre 2023 P. Francis de Chaignon, Cens. dep.

Imprimatur, le 24 novembre 2023 Mgr Patrick Chauvet, Vic. Ep.

Imprimé avec autorisation ecclésiastique donnée le 24 novembre 2023 par Mgr Patrick Chauvet, vicaire épiscopal à l’Imprimatur de l’archevêque de Paris.

MAME Direction : Guillaume Arnaud Direction éditoriale : Sophie Cluzel Édition : Vincent Morch Direction artistique : Armelle Riva Direction de fabrication : Thierry Dubus Fabrication : Marie Guibert-Tribout

© Mame, Paris, 2024 www.mameeditions.com ISBN : 978-2-7289-3301-3 MDS : MM33013

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INTRODUCTION JÉSUS CHRIST, L’ALPHA ET L’OMÉGA DE TOUT COMBAT SPIRITUEL

C’est cet enfant debout sur une chaise pour atteindre le placard de la cuisine où il sait que sa mère range les bonbons. C’est ce jeune homme qui contemple le verre de trop dans une soirée étudiante, cette lycéenne qui fait défiler sans fin des vidéos sur les réseaux sociaux alors que ses devoirs l’attendent. C’est ce couple qui ressasse ses rancœurs à la table du dîner, ce prêtre qui a du mal à se réjouir pour un confrère qui vient de vivre une belle réussite pastorale, cet homme qui trompe sa femme, ce passant qui ne prend pas le temps d’abaisser le regard sur le pauvre qui lui tend la main, ce chef d’entreprise qui s’arrange avec le droit du travail et essore ses salariés, cet enfant qui ment, ce moine qui ne veut pas sourire, cette religieuse qui refuse de l’aide, ce père de famille qui rentre volontairement en retard du travail, cette grand-mère qui a du mal à faire confiance à sa fille et ce grand-père qui

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regarde un match de foot pendant que sa femme s’occupe des six petits-enfants… Tout au long de notre existence, et quel que soit notre état de vie, nous sentons se dérouler quotidiennement en nous, de façon parfois presque physique ou de manière plus ténue, une lutte entre le bien et le mal. « Je ne fais pas le bien que je voudrais, mais je commets le mal que je ne voudrais pas1 » (Rm 7, 19), constate déjà saint Paul. Deux mille ans plus tard, nous en sommes toujours là ! Ce combat nous est tellement familier que nous sommes sans cesse partagés entre deux attitudes : le désespoir qui nous pousse à croire que nous n’y arriverons jamais, que le combat est perdu d’avance, et le relativisme par lequel nous sommes tentés de nier que le mal que nous faisons en est vraiment un, comme si cette lutte n’existait pas. Contre quoi, contre qui, luttons-nous ? Contre nous-mêmes, entend-on souvent. Notre combat quotidien serait ainsi d’atteindre « la meilleure version de nous-mêmes », comme nous le promettent les différentes méthodes du développement personnel. Il faudrait trouver en nous seuls les ressources physiques et mentales pour remporter la victoire. Et si nous échouons… c’est que nous manquons de motivation ! 1. Toutes les citations bibliques sont issues de la Traduction officielle liturgique de la Bible (Paris, Mame, 2013). 6

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Introduction

Évidemment, le combat spirituel demande une dose d’entraînement et de ténacité personnelle, mais cette vision volontariste est pour le moins incomplète. On peut aussi réduire le combat spirituel à celui d’une citadelle assiégée. Le monde, de plus en plus éloigné de la tradition chrétienne, est mauvais, et nous devons lutter contre son esprit. Ce combat existe, bien sûr, et nos engagements dans la cité sont indispensables, mais cette vision externe de la lutte est elle aussi partielle. Car, nous le pressentons, le champ de bataille est plus souvent en nous qu’en dehors. S’il est un peu tout cela, le combat spirituel que nous menons est d’abord mené contre quelqu’un que nous ne devons pas avoir peur de nommer : le diable, qui est le prince du mal et qui cherche notre perte. C’est ce que nous rappelle avec force le pape François depuis le début de son pontificat. La vie chrétienne est un combat permanent. Il faut de la force et du courage pour résister aux tentations du diable et annoncer l’Évangile. Cette lutte est très belle, car elle nous permet de célébrer chaque fois le Seigneur vainqueur dans notre vie. Il ne s’agit pas seulement d’un combat contre le monde et la mentalité mondaine qui nous trompe, nous abrutit et fait de nous des médiocres dépourvus d’engagement et sans joie. Il ne

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se réduit pas non plus à une lutte contre sa propre fragilité et contre ses propres inclinations (chacun a la sienne : la paresse, la luxure, l’envie, la jalousie, entre autres). C’est aussi une lutte permanente contre le diable qui est le prince du mal. Jésus lui-même fête nos victoires. Il se réjouissait quand ses disciples arrivaient à progresser dans l’annonce de l’Évangile, en surmontant les obstacles du Malin, et il s’exclamait : « Je voyais Satan tomber du ciel comme l’éclair » (Lc 10, 18). […] Quand Jésus nous a enseigné le Notre Père, il a demandé que nous terminions en demandant au Père de nous délivrer du Mal. Le terme utilisé ici ne se réfère pas au mal abstrait et sa traduction plus précise est « le Malin ». Il désigne un être personnel qui nous harcèle. Jésus nous a enseigné à demander tous les jours cette délivrance pour que son pouvoir ne nous domine pas […]. Ne pensons donc pas que c’est un mythe, une représentation, un symbole, une figure ou une idée. Cette erreur nous conduit à baisser les bras, à relâcher l’attention et à être plus exposés. Il n’a pas besoin de nous posséder. Il nous empoisonne par la haine, par la tristesse, par l’envie, par les vices. Et ainsi, alors que nous baissons la garde, il en profite pour détruire notre vie, nos familles et nos communautés, car il rôde « comme un lion rugissant cherchant qui dévorer » (1 P 5, 8)1.

1. Pape François, Gaudete et exultate, n° 158-161. 8

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Introduction

Le tableau dressé par le pape François peut faire peur. Comment nous, qui sommes si faibles devant la tentation et pouvons avoir l’impression de patiner dans notre vie spirituelle (et notre vie tout court), pourrions-nous lutter contre « un lion rugissant cherchant qui dévorer » ? Comme le dit le souverain pontife, le déni, et l’idée largement répandue selon laquelle le Malin est un mythe, une sorte de conte pour enfant destiné à illustrer l’idée du bien et du mal, ne nous conduisent qu’au relâchement et à une exposition encore plus forte au Mal. Au lieu de minimiser l’adversaire, regardons plutôt quelles forces nous avons pour nous, ou plutôt quelle Force, puisque nous n’en avons qu’une : un Dieu qui nous a créés par amour, qui connaît notre condition humaine par son fils Jésus. C’est là que réside ­l’incroyable : Dieu n’est pas éloigné de nos combats spirituels. Il ne nous regarde pas d’en haut nous débattre avec nos problèmes. Il est à nos côtés, tellement même qu’il s’est fait homme et a lui-même connu la tentation. Après son baptême, il est emmené au désert où il est éprouvé par le Tentateur. Tout au long de sa vie publique, il doit mener un combat constant, surtout contre les pharisiens ou les autorités de son peuple qui cherchent à lui tendre des pièges jusqu’à vouloir le 9

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faire mourir. Dans ces moments-là, Jésus est exposé aux tentations : colère, découragement, abandon de la mission confiée par son Père, etc. Mais le combat le plus éprouvant est celui qu’il doit livrer dans les dernières semaines de sa vie, une fois à Jérusalem. La menace de mort que font peser sur lui les autorités religieuses s’intensifie. Au moment de son agonie à Gethsémani, le combat atteint son paroxysme. Le mot « agonie » appliqué à Jésus signifie, dans son sens originel, la lutte, le combat. Ce terme employé à ce moment précis, nous le voyons bien, ne désigne pas une lutte contre les distractions ou contre un mauvais penchant en nous, mais bien une lutte avec le diable qui semble nous faire souffrir. C’est ce combat que vit le Christ avant sa crucifixion. Les gestes qu’il accomplit à ce moment-là sont ceux d’une personne qui se débat dans une angoisse mortelle : il se jette « à plat ventre », se lève pour aller vers ses disciples, revient s’agenouiller puis se relève à nouveau… Cette tension extrême transparaît physiquement. Il sue des gouttes de sang (Lc 22, 44). De sa bouche sort la supplication : « Abba… Père, tout est possible pour toi. Éloigne de moi cette coupe » (Mc 14, 36). L’intensité de sa prière, alors que sa mort est imminente, apparaît dans la lettre aux Hébreux : « Pendant 10

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Introduction

les jours de sa vie dans la chair, il offrit, avec un grand cri et dans les larmes, des prières et des supplications à Dieu qui pouvait le sauver de la mort… » (He 5, 7). Jésus est seul face à la perspective d’une souffrance énorme qui est sur le point de s’abattre sur lui. L’heure à la fois attendue et redoutée de l’affrontement final avec les forces du mal, de la grande épreuve, est arrivée. Mais la cause de son angoisse est encore plus profonde : il est chargé de tout le mal et de tous les péchés du monde. Ce n’est pas lui qui a commis ce mal, car il l’a librement pris sur lui : « Lui-même a porté nos péchés, dans son corps » (1 P 2, 24). « Entré en agonie, Jésus priait avec plus d’insistance » (Lc 22, 44). Ces paroles ont été écrites avec une claire intention pastorale : montrer à l’Église primitive, soumise désormais, elle aussi, à des situations de lutte et de persécution, ce que le Maître a enseigné à faire dans de telles circonstances. Vient maintenant la question : et nous, dans tout cela ? Si nous avons Dieu avec nous et que son fils Jésus a pris sur lui tous les péchés du monde passés et à venir, si nous croyons qu’il triomphera à la fin des temps, pourquoi y a-t-il combat ? Parce que Dieu, dans son grand amour, nous a créés libres, et même libres d’une volonté qui peut défaillir en choisissant le mal. C’est tout le paradoxe de notre foi. Nous sommes 11

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sauvés, mais nous pouvons refuser le Salut. Chacune de nos actions compte et concourt au bien ou au mal : le combat se trouve dans cette liberté d’orienter nos actions et nos pensées. Avec notre liberté, c’est notre responsabilité personnelle qui est engagée. Le combat est certes en partie subi – le mal existe et nous ne pouvons l’éviter – mais c’est à nous de décider de nous y opposer. Ce combat spirituel fait-il pour autant de notre vie une vallée de souffrance, que nous traverserions tels des soldats sans cesse au front ? Non, et le pape François le dit lui-même : « Cette lutte est très belle, car elle nous permet de célébrer chaque fois le Seigneur vainqueur dans notre vie1. » De fait, le combat spirituel ne consiste pas exclusivement à chasser le mal. C’est un point central sur lequel il nous faut vraiment changer notre manière de voir. Si nous considérons notre vie comme une lutte perpétuelle entre le bien et le mal, notre âme étant le champ de bataille, nous risquons de nous décourager. Disons-nous simplement cela : il s’agit de faire le bien et d’éviter le mal ou même, plus simplement, il s’agit de choisir le bien. Si notre vie est un jardin, c’est à nous de diriger l’eau, c’est-à-dire toute la force de notre âme, vers les fleurs et non vers

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Introduction

les épines. Nous nous réjouirons de leur beauté, de leur parfum et de leur fraîcheur. Ce n’est pas en faisant la chasse au mal que nous deviendrons des saints. Laissons le mal. Portons notre regard vers le Christ. Voilà ce qui nous sauvera. Au lieu de rester devant la porte pour chasser l’ennemi, traitons-le avec mépris. Le mal vient-il de ce côté ? Abandonnons-nous en toute douceur à l’autre côté. Le mal revient-il nous attaquer ? Donnons, quant à nous, notre force intérieure au bien, au Christ. Implorons : « Seigneur Jésus, aie pitié de moi ! » Il sait, lui, comment nous prendre en pitié. Faisons-lui confiance. Ainsi, quand nous serons remplis du bien, nous ne nous tournerons plus vers le mal. Si c’est à lui que nous donnons notre cœur, nulle marge ne subsistera pour les autres choses. Une fois que nous aurons revêtu le Christ, nous aurons moins d’efforts à faire en vue de la vertu. C’est lui qui nous en fera le don. Sommes-nous sous l’emprise de la crainte et de la déception ? Tournons-nous vers le Christ. Aimons-le en toute simplicité, en toute humilité, sans exigence. Il nous délivrera lui-même. Tournons-nous vers le Christ, et disons avec espérance, comme l’apôtre Paul : « Qui donc me délivrera de ce corps qui m’entraîne à la mort ? » (Rm 7, 24). Nous nous mettrons

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donc en marche vers le Christ et lui viendra aussitôt. Sa grâce opérera. Ce qui est simple est aussi ce qu’il y a de plus précieux. Dans le combat spirituel, c’est ainsi que nous devons lutter : en toute douceur, sans violence. L’âme se trouve sanctifiée et purifiée d’abord et avant tout par la prière et la pratique de la charité fraternelle. Le reste suivra et nous pourrons ainsi parvenir à l’adoration de Dieu, sans sacrifice sanglant. Il existe ainsi deux routes qui nous conduisent à Dieu : la route rude et éprouvante, avec ses attaques sauvages contre le mal, et la route facile de l’amour. Nombreux sont ceux qui ont emprunté la voie escarpée, qui ont « versé du sang » pour obtenir l’Esprit, jusqu’au moment où ils sont parvenus à un grand degré de vertu. Mais pour nous qui ne sommes pas toujours capables de mener cette lutte violente, il y a une route plus rapide et plus sûre, c’est celle de l’amour. Sainte Thérèse de Lisieux en a livré une image très parlante : au rude escalier de la perfection, elle préfère l’ascenseur de l’Amour, se blottissant dans les bras de Jésus pour se laisser porter par lui tout droit vers le Ciel. Son autobiographie spirituelle, Histoire d’une âme, nous ouvre une route sûre et droite. Le pape François vient justement de nous

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donner un beau carnet de route en commentant son chemin de sainteté1. Cette route de l’amour demande des efforts et nous verrons lesquels tout au long de ce livre. Mais démarrons sa lecture en étant apaisés quant au combat à mener. Ne luttons pas pour chasser les ténèbres de la chambre, mais ouvrons plutôt la petite fenêtre de la grâce pour laisser entrer la lumière. C’est seulement ainsi que nous-mêmes, mais aussi tous ceux qui se trouvent autour de nous ou qui croiseront un jour notre route, pourront en être illuminés pour la plus grande gloire de Dieu.

1. Pape François, exhortation apostolique C’est la confiance, 15 octobre 2023.

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CHAPITRE PREMIER

LE COMBAT SPIRITUEL, L’OPPORTUNITÉ D’UNE VIE ? Dans le texte de la Genèse, alors que Caïn, l’un des fils d’Adam et Ève, rumine sa jalousie et son désir de vengeance à l’encontre de son frère Abel, Dieu intervient et s’adresse à sa conscience : « Pourquoi es-tu irrité, pourquoi ce visage abattu ? Si tu agis bien, ne relèveras-tu pas ton visage ? Mais si tu n’agis pas bien…, le péché est accroupi à ta porte. Il est à l’affût, mais tu dois le dominer » (Gn 4, 6-7). Si ce passage nous concerne au plus haut point, c’est que le Seigneur pose clairement les termes du combat spirituel. Il évoque d’abord la première conséquence du péché : la tristesse et l’irritation. Il désigne ensuite l’issue du choix du bien à venir : la joie d’un visage relevé. Mais le plus émouvant, dans ce texte, c’est qu’il rappelle pour l’humanité tout entière et pour les siècles à venir que l’homme n’est pas à l’origine du mal, que le péché lui est extérieur pour une part puisqu’il est « accroupi à la porte » de son cœur, mais qu’il peut

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aussi naître du dedans, d’un cœur marqué par le péché. L’homme demeure libre de s’y soumettre ou, ouvert à la grâce, de le dominer. Ce qui signifie que l’homme n’est jamais identifié au mal qu’il commet.

LA TRISTESSE DU PÉCHÉ Nous vivons dans « un monde déchu » : c’est ainsi que la Tradition et la théologie décrivent notre existence depuis la Chute, c’est-à-dire depuis le péché originel. Le monde était sorti des mains du Créateur dans une grande et profonde harmonie, mais tout s’est abîmé. Dans ce monde déséquilibré par le péché originel, la création a perdu son équilibre, nos relations familiales et sociales sont pleines de confusion et parfois d’adversité, notre corps vieillit, s’abîme et meurt, et notre âme est aux prises avec le mystère du mal. Nous voici, comme dit le Salve Regina, dans une « vallée de larmes ». À l’instar de Caïn, il nous arrive de ruminer le mal, d’avoir un cœur irrité et d’être incapables de relever les yeux de notre âme tourmentée. La description du processus de la tentation et du péché est très parlante. Pourtant, cette fragilité de notre condition humaine n’est pas sans espérance. Si notre liberté humaine est affaiblie, elle n’a pas disparu. Nous sommes capables

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de quitter ces récriminations intérieures et cette tristesse qui rôdent autour de nous. Le combat spirituel s’inscrit d’abord dans la réalité de ce monde affaibli dans lequel nous vivons mais qui n’est pas condamné à se perdre. Il y a quelque chose de fondamental à entrevoir ici : la raison de notre combat spirituel n’est pas liée d’abord à la passion du Christ. C’est pourtant ce que l’on peut entendre dans un christianisme un peu doloriste qui promeut une forme peu ajustée d’imitation du Christ. Si nous avons à endurer, à souffrir ici-bas, à être éprouvés par la mort et la maladie, par la tentation et le mal, ce n’est pas parce que le Christ lui-même a vécu tout cela et qu’il conviendrait d’en prendre une part. Si nous vivons en ce monde abîmé et si nous en portons notre part, il faut en chercher la cause, mystérieuse certes, mais réelle, dans le premier péché d’Adam et Ève. L’amour du Christ traversant la souffrance et la mort est gratuit. Le Christ s’est avancé librement dans sa Passion pour nous sauver. Notre première réaction devant Jésus en croix doit être la gratitude et une reconnaissance très profonde. Il n’est pas très sain de nourrir une culpabilité personnelle ou un désir d’imitation dans la douleur. Jésus a tout donné gratuitement. Il a payé cette « rançon » pour nous, pour que nous 19

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n’ayons plus ni dette, ni même culpabilité relative à ce don inestimable. Pourquoi faudrait-il s’engager dans le combat spirituel ? Parce que Jésus a beaucoup souffert et qu’il convient de l’imiter ? Non, probablement pas. Nous voulons nous engager dans ce combat spirituel parce que nous voulons sortir de la tristesse du péché et des récriminations intérieures par la force de la grâce de Jésus et notre bonne volonté ! Un certain discours chrétien reste empreint d’une pensée doloriste, vaguement janséniste. C’est vrai particulièrement dans l’éducation des enfants et des jeunes. De nombreuses personnes, souvent âgées, rapportent ces souvenirs : « On nous disait que par tel ou tel péché, nous ajoutions une épine au Christ… » Les mots sont durs mais la logique de fond n’est pas juste. C’est même un peu névrosant… Le point de départ, c’est donc l’état de notre cœur de pécheur. C’est le constat que le péché est une tristesse immense. « Il n’y a qu’une tristesse, c’est de n’être pas des saints », disait Léon Bloy dans La Femme pauvre (1887). Et, dans cette tristesse, si nous écoutons notre cœur et notre conscience, nous pouvons entendre la parole de Dieu qui nous appelle à en sortir. Comme une fenêtre ouverte dans le ciel. Nous ne

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sommes pas condamnés à cet enfermement intérieur d’un cœur étriqué et malheureux.

LA JOIE EST L’ISSUE DU COMBAT Ce que Dieu veut et aime, c’est notre joie et notre bonheur. C’est ce que Dieu signifie à Caïn : « Si tu agis bien, ne relèveras-tu pas ton visage ? » (Gn, 4, 7.) Quand nous vivons ce bonheur, cette joie, nous réalisons et nous ressentons pleinement la gloire de Dieu. Nous pouvons comme relever le visage de notre âme. Il faut donc absolument lutter contre l’idée entretenue par certains selon laquelle plus nous souffrons et sommes malheureux, victimes, pauvres, seuls, plus nous faisons la volonté de Dieu. Ce n’est évidemment pas juste. Dieu nous rejoint dans notre souffrance et vient nous consoler – c’est ce qu’expriment les Béatitudes souvent brandies par les « doloristes » – mais ne veut en aucun cas notre mal. Au début de ce livre sur le combat spirituel, il me paraît essentiel de renverser ces schémas inscrits dans l’esprit de nombreuses personnes sur le lien entre la souffrance et l’Évangile. La foi ne nous invite pas à souffrir. Le Christ ne se réjouit pas de nos épreuves ni de nos combats. Dieu veut notre âme libre et notre visage ouvert et souriant.

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Le Christ lui-même signifie aux pharisiens : « Je veux la miséricorde, non le sacrifice1. » Il nous appelle à la conversion, non par punition mais par ambition pour nous ! Il nous pousse à nous détourner de nos tristesses et de nos égoïsmes parce qu’il veut notre joie. Son amour est premier. Notre consentement sera peut-être l’objet d’un combat, mais celui-ci est toujours second ! Peut-être est-ce la raison pour laquelle le Seigneur, dans l’Évangile, a renversé de nombreux principes, comme lorsqu’il fréquente les publicains et les prostituées et affirme que ceux-ci nous précéderont dans le royaume des Cieux (Mt 21, 31). Nous n’avons pas à suivre le Christ mus par la peur ou le sens du devoir. Nous avons d’abord à le suivre par intérêt ! Parce que notre vie et notre liberté sont en lui. Pourquoi les prostituées et les publicains nous précéderont-ils dans le royaume de Cieux ? Probablement parce qu’ils sauront tirer profit de la miséricorde de Dieu plus et mieux que nous ! Pourquoi un enfant suit-il sa mère ? Parce qu’il en a besoin. Nous aussi : nous avons besoin de Dieu. Si nous vivons notre vie chrétienne comme un devoir ou une conformation sociale, nous renversons le mystère de l’amour de Dieu. 1. Mt 9, 13 (d’après Os 6, 6). 22

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LE PÉCHÉ, ACCROUPI À LA PORTE DU CŒUR Sur la place du péché, la Genèse est donc claire : il se situe non pas dans notre cœur, mais à sa porte, prêt à bondir. Il faut tenir ensemble deux vérités qui semblent contradictoires. La première, c’est que, d’une certaine manière, nous n’avons pas à culpabiliser d’être pécheurs. C’est un peu étrange, formulé comme cela, mais c’est un fait que nous soyons nés pécheurs. Nous sommes nés comme ça : « Moi, je suis né dans la faute, j’étais pécheur dès le sein de ma mère » (Ps 50, 7). Nous sommes faibles et pécheurs par notre condition humaine. Le récit lui-même de la faute d’Adam et Ève révèle une chose fondamentale : l’homme n’est pas à l’origine du mystère du mal. Adam n’a pas inventé le mal, il y a succombé, ce qui signifie que le mal n’était pas d’abord en lui-même. D’une certaine manière, c’est très décomplexant. Et, dans notre vie personnelle, la réalité est la même : nous avons tous souffert du mal avant de l’avoir commis. Le mot est à prendre avec quelque précaution aujourd’hui, mais nous pourrions dire que nous avons tous été « victimes » avant d’avoir été « coupables ». La deuxième vérité qu’il convient de tenir, c’est le mystère de notre liberté. Nous ne sommes pas

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condamnés à pécher. Nous devons nous en sortir. Nous devons prendre la responsabilité de nos vies, de nos vices, de nos péchés. Aussi vite et bien que nous le puissions. Encore une fois, pour notre bonheur et celui des autres. Nous n’avons pas inventé le mal et pourtant nous pouvons devenir ses complices. C’est de cela, cette complicité avec le mal, que nous devons nous défaire pour vivre dans la lumière. Nous ne sommes pas responsables de ce que nous avons reçu. Mais nous sommes responsables de ce que nous en faisons. Dieu permet cette situation pour nous associer à notre rédemption. Sa grâce est toute-puissante mais elle ne prendra racine que dans un cœur généreux et volontaire. Le défi du combat spirituel sera d’associer humblement nos efforts et notre bonne volonté à la force de sa grâce qui a le pouvoir immense de rajeunir notre âme, de relever et d’élargir notre regard et de réjouir notre visage ! Dieu veut notre libération, notre guérison, notre joie. Il ne nous lâchera jamais. Il est plus fidèle que nous et il nous poursuivra jusqu’au bout de la terre, comme nous le chante magnifiquement le psalmiste : Où donc aller, loin de ton souffle ? où m’enfuir, loin de ta face ? 24

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Je gravis les cieux : tu es là ; je descends chez les morts : te voici. Je prends les ailes de l’aurore et me pose au-delà des mers : même là, ta main me conduit, ta main droite me saisit1.

ACCEPTER D’ENTRER DANS CE COMBAT Reconnaître que nous vivons dans un « monde déchu » ou dans un état de fragilité morale nous permet de concentrer nos efforts sur le bon combat. Nous dépensons en effet beaucoup d’énergie en entretenant des sentiments de culpabilité disproportionnés. De quoi suis-je responsable ? Il y a parfois confusion entre ma nature et mes actes, entre mes défauts et mes péchés, entre le mal subi et le mal commis. Il est nécessaire d’en sortir pour combattre au bon endroit, pour exercer sa liberté là où elle peut se déployer. Certains défauts ne pourront pas changer… Ce n’est pas défaitiste de le dire, c’est réaliste. En revanche, il n’est pas vrai de penser que certains péchés et certains traits de caractère sont inéluctables. Une once de liberté, un soupçon de responsabilité demeurent toujours en nous et peuvent nous aider à faire la différence, d’acte en acte, pas à pas, jour après jour. C’est une question de décision. Sainte Bernadette disait que 1. Ps 138, 7-10. 25

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l’essentiel était le deuxième mouvement, pas le premier. Nous ne sommes pas immédiatement responsables de cette pensée qui surgit, de ce sentiment qui nous envahit, de cette émotion qui nous traverse. En revanche, à force de se corriger sur le deuxième mouvement, le premier n’arrivera même plus. C’est une question de stratégie ! Si nous choisissons de faire peser notre fragile volonté au bon endroit nous aurons plus de chance de succès ! À l’inverse, nous risquons, en cas d’échec répété et prévisible, de nous décourager et de nous déprécier. À ce stade, vous vous dites peut-être : « Je suis nul, je n’y arriverai pas, j’en suis incapable… » C’est faux ! C’est le mal qui le suggère. La conversion est là, possible, au cœur de notre liberté. Elle est exigeante parce qu’elle nous met face à nous-mêmes. À certains moments de notre combat spirituel, il conviendra d’être vraiment fermes avec nous-mêmes et, à d’autres, profondément doux. Et, souvent, les deux en même temps. Deux écueils sont à éviter dans la tentation. Le premier, c’est de penser que Dieu en est l’origine, qu’il éprouve ceux qu’il aime (voir Jc 1, 13). Ce n’est pas juste, d’une part parce que Dieu aime chaque être humain, d’autre part parce qu’il n’éprouve jamais en

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utilisant le mal1. Il éprouve, par exemple, en échappant de temps en temps à notre sensibilité spirituelle : alors, nous ne ressentons plus grand-chose dans la prière. Mais il n’éprouve pas par des tentations liées au péché, au mal, à la souffrance… Le deuxième écueil serait de penser que Dieu nous abandonne dans la tentation ou l’épreuve, et nous

1. Pourtant, certains disent que Jésus est poussé au désert par le diable pour être tenté (éprouvé) par lui. Voici ce que dit le Catéchisme de l’Église catholique à ce sujet (n° 538-540) : « Les Évangiles parlent d’un temps de solitude de Jésus au désert immédiatement après son baptême par Jean : “Poussé par l’Esprit” au désert, Jésus y demeure quarante jours sans manger ; il vit avec les bêtes sauvages et les anges le servent (cf. Mc 1, 12-13). À la fin de ce temps, Satan le tente par trois fois cherchant à mettre en cause son attitude filiale envers Dieu. Jésus repousse ces attaques qui récapitulent les tentations d’Adam au Paradis et d’Israël au désert, et le diable s’éloigne de lui “pour revenir au temps marqué” (Lc 4, 13). Les Évangélistes indiquent le sens salvifique de cet événement mystérieux. Jésus est le nouvel Adam, resté fidèle là où le premier a succombé à la tentation. Jésus accomplit parfaitement la vocation d’Israël : contrairement à ceux qui provoquèrent jadis Dieu pendant quarante ans au désert (cf. Ps 95, 10), le Christ se révèle comme le Serviteur de Dieu totalement obéissant à la volonté divine. En cela, Jésus est vainqueur du diable : il a “ligoté l’homme fort” pour lui reprendre son butin (Mc 3, 27). La victoire de Jésus sur le tentateur au désert anticipe la victoire de la passion, obéissance suprême de son amour filial du Père. La tentation de Jésus manifeste la manière qu’a le Fils de Dieu d’être Messie, à l’opposé de celle que lui propose Satan et que les hommes (cf. Mt 16, 21-23) désirent lui attribuer. C’est pourquoi le Christ a vaincu le Tentateur pour nous : “Car nous n’avons pas un grand prêtre impuissant à compatir à nos faiblesses, lui qui a été éprouvé en tout, d’une manière semblable, à l’exception du péché” (He 4, 15). L’Église s’unit chaque année par les quarante jours du Grand Carême au mystère de Jésus au désert. » Nous comprenons bien que Jésus va au désert par obéissance filiale et que c’est justement cette obéissance que le diable veut attaquer. 27

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laisse à nos propres forces… Qu’il s’échappe de notre vie. Au contraire, il nous permet, par notre conscience, de déceler en nous les conséquences du péché et ses mécanismes dans notre cœur. Dieu attire ainsi l’attention de Caïn sur son abattement intérieur et son irritation. Ces sentiments désagréables ne sont pas la marque de l’absence de Dieu mais de l’état de notre cœur. Dieu nous remet souvent face à notre épreuve ou notre péché, car il nous aime et veut que cette prise de conscience entraîne un changement vers le bien, une conversion. Le combat spirituel sera donc d’abord de l’ordre de l’écoute. Écoute de nos sentiments, de la voix de Dieu dans notre conscience, de sa parole dans l’Écriture sainte, des conseils fraternels de ceux qui nous aiment… Au seuil de ce combat, un grand acte de confiance est à poser. Nous n’avons pas à changer la vie, mais plutôt à changer nos cœurs pour apprendre à faire confiance, à nous convertir. Rien n’est jamais perdu. Dieu était capable de transformer le cœur de Caïn comme il a transformé le cœur du Bon Larron mais Caïn s’est enfermé sur lui-même dans sa haine et sa colère. Rien n’est jamais perdu, parce que rien n’est impossible à Dieu. Il ne nous reste qu’une chose à faire : tout lui remettre et faire confiance. « C’est parce que je suis tombée si bas que j’ai pu monter si haut », a dit la 28

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Japonaise Junko Tabei, la première femme qui a gravi l’Everest alors qu’elle avait été emportée dans une avalanche et sauvée de justesse quelques jours plus tôt. Cette image doit nous persuader que ce n’est pas parce que l’on part de loin que l’on ne peut pas aller loin. La vie des prophètes et des saints témoigne de la puissance de la grâce ! Saint François de Sales était colérique et il est devenu extrêmement doux. Moïse était bègue et il a conduit et enseigné le peuple hébreu pendant quarante ans. Marie-Madeleine était une prostituée et elle est la première à avoir vu le Christ ressuscité. Pierre a trahi le Christ et il est devenu le premier chef de l’Église. Paul était un criminel, il a frappé des hommes, des femmes, participé à leurs mises à mort, et il est devenu un apôtre exceptionnel. Thomas a manqué de foi et il a converti une grande partie de l’Asie. Dieu ne craint pas notre faiblesse, donc. Il craint notre dureté. Comment nous positionner alors entre liberté et abandon, en évitant le volontarisme et le défaitisme ? La ligne de crête est étroite. Dans l’Évangile, Jésus nous dit de veiller et, en même temps, de ne pas avoir peur, d’être comme des enfants. C’est un équilibre. Veiller ou se reposer ? Faire des efforts ou compter sur sa grâce ? Dans la foi, la réponse est rarement de l’ordre du « ou » : la grâce ou la liberté, le 29

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secours de Dieu ou ma bonne volonté… C’est souvent « et » ! Saint Jacques donne ce conseil précieux : « Soumettez-vous donc à Dieu ; résistez au diable » (Jc 4, 7). Se confier à Dieu, se soumettre à son aide et à son secours avec une grande confiance et résister fermement au mal. Faire les deux, dans le même temps. Cela n’est pas si simple. On pourrait presque définir le péché par l’inverse : se soumettre au mal et résister à Dieu. En partie par erreur et ignorance, mais surtout par un choix délibéré. Il nous faut tout à la fois apprendre à nous battre, à résister, et à nous soumettre à l’amour, à tout lâcher pour faire confiance. Dans ce premier chapitre, nous voyons donc que le point de départ et le cœur du combat spirituel sont de sortir d’un état de tristesse et de recroquevillement sur nous-mêmes. Nous ne combattons pas parce que le Christ l’exige mais parce que nous voulons goûter à la joie qu’il nous propose et à la liberté qu’il nous offre. Par conséquent, ce n’est ni par peur ni par sens du devoir que nous devons entrer dans la lutte, mais simplement parce que nous voulons relever le visage de notre âme inquiète et préoccupée d’elle-même. L’idée n’est pas de serrer les dents ou de se tendre intérieurement, mais d’entrer dans ce combat avec la même détermination que celle que nous employons lorsque 30

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nous cherchons à atteindre un bien de valeur, de manière intéressée ! Il y a, de fait, vraiment tout à gagner et pas grand-chose à perdre. Dieu n’enlève rien. La sainteté rend libre et heureux !

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Concrètement LES MEILLEURES ARMES POUR ENTRER DANS LE COMBAT SPIRITUEL

• Accepter le combat qui se présente comme une opportunité. • Rendre grâce souvent, y compris dans les moments d’épreuve : « Le Seigneur a donné, le Seigneur a repris, que le nom du Seigneur soit béni » (Jb 1, 21). « Il exerce mes mains pour le combat, il m’entraîne à la bataille » (Ps 143). « Exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur » (Lc 1, 47). • Il est interdit de désespérer, de se décourager, de se victimiser. Renoncer à ces pensées, c’est renoncer à être complice du mal, à collaborer avec lui. On doit y renoncer à chaque instant. • S’en remettre à Dieu. Prier avec honnêteté. Parfois, prendre le temps nécessaire jusqu’à ce que ça craque, que la vérité du cœur se dise devant Dieu, avec des larmes. • Cultiver le silence pour être vrai devant soi-même et devant Dieu. • Se tourner vers la Vierge qui est aussi forte que miséricordieuse. Elle ne juge pas mais elle est puissante, et nous défend

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vigoureusement devant le mal. Comme une mère lionne prête à tout pour cela. • Invoquer un saint pour chaque combat. • Demander de l’aide, des gens qui accompagnent. Cela peut changer en fonction des besoins, des événements, des périodes. • Rechercher la paix, et la garder quand on l’a trouvée. Se fier à son cœur, son intuition, sa conscience. C’est Dieu qui parle en nous, la vérité, la vie. S’y fier profondément. Apprendre chaque jour un peu plus à se faire confiance, et à écouter ce Dieu qui nous parle dans notre cœur.

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TABLE DES MATIÈRES

Introduction. Jésus Christ, l’alpha et l’oméga de tout combat spirituel ........

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Chapitre premier. Le combat spirituel, l’opportunité d’une vie ?............................. 17 La tristesse du péché........................................ 18 La joie est l’issue du combat............................ 21 Le péché, accroupi à la porte du cœur.............. 23 Accepter d’entrer dans ce combat.................... 25 Concrètement. Les meilleures armes pour entrer dans le combat spirituel............ 32 Chapitre 2. La reine des maladies : la désespérance............................................ 35 Un bien inaccessible ou un mal inévitable..................................................... 37 L’individu seul en face du monde..................... 39 L’épreuve de la croix....................................... 42 La foi comme un style de vie............................ 43 Croire et comprendre ?.................................... 47 213

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Va, et désormais, ne pèche plus....................... 48 Concrètement. Les armes pour lutter contre la désespérance................................. 51 Chapitre 3. Le piège des pensées...................... 53 L’accompagnement spirituel............................ 55 La capacité de discerner est offerte à tous.......................................................... 57 Lutter contre, lutter pour................................. 58 Quelques exemples concrets............................. 61 Un mal très contemporain : la vie selon l’extériorité............................... 63 La vie selon l’intériorité, matrice des bonnes pensées......................... 65 Les relations avec les autres............................. 69 Pas de manichéisme !....................................... 72 Des pensées à la parole.................................... 74 Concrètement. Que faire pour ne garder que les bonnes pensées en soi ?.................... 77 Chapitre 4. L’orgueil et le piège de l’illusion.................................................. 79 L’orgueil : un terrible piège.............................. 81 Rechercher la vraie gloire................................ 82 À l’origine de l’orgueil, une blessure................ 83 Ce n’est pas une question de tempérament........................................... 87 214

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Table des matiÈres

Responsable de ma vie, non de celle d’autrui....................................................... 89 Concrètement. Comment lutter contre l’orgueil ?......................................... 91 Chapitre 5. La paresse...................................... 95 Le paresseux est-il un simple fainéant ?............ 96 Pourquoi combattre sa paresse ?...................... 98 Et maintenant, comment s’y prendre si on est paresseux ?.................................... 99 Entrer dans l’action !....................................... 101 « Si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus » (2 Th 3, 10)......... 101 « Pourquoi êtes-vous restés là, toute la journée, sans rien faire ? […] Parce que personne ne nous a embauchés » (Mt 20, 6-7)................ 102 « Quel est celui d’entre vous qui, voulant bâtir une tour, ne commence par s’asseoir pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi aller jusqu’au bout ? » (Lc 14, 28)...................... 102 « Tous les athlètes à l’entraînement s’imposent une discipline sévère ; ils le font pour recevoir une couronne de laurier qui va se faner, et nous, pour une couronne qui ne se fane pas » (1 Co 9, 25)....................... 104 Chapitre 6. La jalousie et la comparaison.... 107 Une question de regard.................................... 107 215

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La confiance en soi se reçoit............................ 109 Quels moyens pour ce combat ?....................... 112 Le combat de la jalousie des autres.................. 116 Concrètement. Quelques bonnes pratiques pour lutter contre la jalousie et l’envie...................................................... 118 Chapitre 7. Le combat du bien commun......... 121 Un élargissement de la conscience et du cœur................................................... 122 Comment incarner le bien commun ?............... 125 Le risque de l’auto-exclusion........................... 127 Concrètement. Comment s’engager au service du bien commun ?....................... 130 Chapitre 8. La sobriété peut être heureuse.... 133 Le monde visible n’est pas infini...................... 135 La dignité humaine.......................................... 136 La gloire de Dieu............................................. 138 Comment avancer ?......................................... 140 Concrètement. Les chemins de la sobriété heureuse...................................................... 144 Chapitre 9. La chasteté est un combat intelligent.................................................... 147 Choisissons la chasteté par intérêt !................. 147 Être maîtres de nous-mêmes pour être libres........................................................... 149 216

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Table des matiÈres

Les effets pervers du manque de chasteté................................................... 151 La chasteté, chemin de bonheur et d’espérance.............................................. 153 Comment notre chasteté parle de nous............. 154 Concrètement. Comment s’engage-t-on pour devenir chaste ?................................... 158 Chapitre 10. L’engagement, le goût de la liberté.................................................. 161 Pourquoi est-ce un combat aujourd’hui et pourquoi est-ce que ça vaut le coup de monter sur le ring ?................................. 161 Renforcer le triptyque vérité-liberté-responsabilité......................... 163 Les armes de la prière et de la miséricorde..................................... 168 « Chaque jour » plus que « pour toujours »........................................ 172 Éloge des « petites » vertus pour tenir dans l’engagement....................................... 174 Concrètement. Les clés de la fidélité à nos engagements petits et grands.............. 176 Chapitre 11. Un combat d’une autre nature : la maladie..................................................... 179 La culpabilité................................................... 181 Accepter la vulnérabilité.................................. 183 217

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La souffrance et l’humilité............................... 186 Surmonter la peur............................................ 188 La force de la prière dans la maladie................ 191 Concrètement. Comment vivre et traverser la maladie ?............................... 194 Chapitre 12. La force du pardon................... 195 Les fausses conceptions du pardon.................. 196 Le combat du pardon...................................... 198 Concrètement. Un chemin de pardon en dix étapes avec Jean Monbourquette...... 205 Conclusion. Jésus Christ, hier et aujourd’hui, est le même, il l’est pour l’éternité............................................. 207

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