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Vercingétorix – La résistance contre Jules César
Vercingetorix
la resistance contre Jules cesar (ier siècle avant Jésus-Christ)








- gobannitio, tu n’es qu’un lâche !, tonne, frémissant de colère, un jeune homme à l’allure imposante.
Sur la place principale de Gergovie, en Auvergne, il gèle à pierre fendre. Cela n’a pas découragé les habitants, qui se pressent pour assister à la scène. D’un côté, celui qui vient de parler, entouré de guerriers. De l’autre, son oncle, Gobannitio, un des dirigeants de la cité. En désaccord avec son neveu, il l’a fait chasser de la ville quelques jours plus tôt. Il n’imaginait pas qu’il reviendrait aussi vite, et encore moins à la tête d’une armée !
Le jeune homme poursuit :
– Depuis trop longtemps, nous courbons la tête devant les Romains. Depuis trop longtemps, nous subissons leur loi. L’heure est venue de gagner notre indépendance.
Puis il se tourne vers la foule. – Peuple arverne, suivez-moi ! Si nous nous unissons, nous avons les moyens de vaincre César !
Sa harangue est saluée par un tonnerre d’applaudissements. Des cris se font entendre, d’abord isolés, puis repris par l’ensemble de la population : – Vive Vercingétorix ! Vive notre roi !
En cette froide journée d’hiver de l’an 52 avant Jésus-Christ, les Arvernes viennent de choisir leur chef.
Vercingétorix n’est pas un inconnu. Fils d’aristocrate, ce jeune homme d’à peine vingt ans a fait beaucoup parler de lui en se démenant pour convaincre son peuple, les Arvernes, l’une des très nombreuses tribus installées en Gaule, d’entrer en résistance contre César, le puissant général romain.
Depuis cinq ans, la situation est critique. Rome contrôle déjà une grande partie du sud de la Gaule, et César a investi le nord du territoire en prétendant le défendre contre les Helvètes et les Germains. Son désir de conquête est immense.
Mais le mécontentement gronde ! Écrasées d’impôts, les différentes tribus gauloises nourrissent un fort ressentiment envers l’envahisseur romain, qui s’est montré d’une terrible cruauté lors des derniers affrontements.
C’est pourquoi, lorsque Vercingétorix lance son appel à la révolte, beaucoup sont prêts à le suivre, parmi les Arvernes, mais aussi parmi d’autres tribus. Peu à peu, ce sont tous les peuples du centre et de l’ouest de la Gaule qui se fédèrent contre le général romain.
Quand la nouvelle du soulèvement lui parvient, César est cantonné pour l’hiver dans le nord de l’Italie. Le proconsul fronce les sourcils ; la situation l’inquiète. Il ne sous-estime pas Vercingétorix, aussi jeune soit-il. Et pour cause ! Il le connaît ! Il y a de cela quelques années, le jeune Arverne, pour honorer un traité passé avec Rome, a été envoyé pour servir dans l’armée romaine. Il y a appris l’art de la guerre. César se souvient d’un jeune homme intelligent, intrépide et très éloquent.
Les craintes du général sont justifiées. Vercingétorix, en fin stratège, n’attaque pas de front les légions romaines restées en Gaule. Il sait qu’il n’a aucune chance face à ces troupes bien entraînées et parfaitement organisées. Il a une meilleure idée : la technique de la terre brûlée, qui consiste à détruire systématiquement les réserves de nourriture, les récoltes et les moyens de communication afin d’empêcher le ravitaillement des troupes romaines.





Dans le même temps, Vercingétorix multiplie les embuscades, tout en continuant à bâtir des alliances avec les tribus gauloises.
Au début de l’an 52, la propre province de César, la Narbonnaise, est désormais menacée ! Le proconsul se précipite au secours de ses légions, n’hési tant pas à traverser, en plein hiver, les montagnes des Cévennes.
S’engage alors une guerre d’usure : Vercingétorix harcèle les légionnaires romains par des frappes incessantes. Sa stratégie porte ses fruits : les légions romaines sont épuisées par les raids gaulois. Le jeune chef arverne est en train de faire trembler César, l’un des plus grands stratèges de son temps !
En juin, la situation empire pour le général romain. Alors qu’il fait le siège de Gergovie, où Vercingétorix s’est mis à l’abri, il apprend que les Éduens, ses puissants alliés, l’ont trahi et sont passés dans le camp gaulois. Craignant d’être assailli par la cavalerie éduenne, il ordonne de lever le camp. C’est une grande victoire pour Vercingétorix ! Il a fait fuir César lui-même !
À Bibracte, capitale des Éduens, ce ne sont plus seulement les Arvernes qui reconnaissent Vercingétorix comme leur chef suprême, mais pratiquement
toutes les tribus. Pour la première fois de son histoire, le territoire de la Gaule est unifié !
Après l’échec de Gergovie, César se replie vers le sud. Vercingétorix ne veut pas laisser passer cette chance d’anéantir à jamais les Romains. Il attaque. Mais il essuie plusieurs revers et est obligé de se réfugier avec ses 80 000 guerriers dans la ville fortifiée d’Alésia, en Bourgogne. Rapidement, les Romains les encerclent.
Vercingétorix a un plan : faire appel à sa gigantesque armée de réserve, composée de tous les guerriers des tribus gauloises alliées. Coincés devant Alésia, les Romains seront pris en tenaille, attaqués d’un côté par l’armée de réserve, de l’autre par Vercingétorix.
Ce plan est habile, mais César ne s’y laisse pas prendre. Le proconsul fait bâtir une double ligne de fortifications tout autour d’Alésia. Il installe ses légions entre ces lignes, les protégeant ainsi d’une attaque extérieure. Puis il fait construire des pièges des deux côtés des enceintes : aiguillons métalliques enfoncés dans le sol, pieux dissimulés sous des branchages et fossés remplis d’eau.
Deux mois plus tard, lorsque l’armée de secours arrive enfin, elle ne parvient pas à franchir les remparts romains. Dans l’enceinte d’Alésia, Vercingétorix et ses hommes meurent de faim. Le chef arverne a perdu.
Vercingétorix prend alors une courageuse décision : pour que ses hommes soient épargnés, il se livre à César. La tête haute mais le cœur brisé, il s’incline devant son vainqueur. Ses rêves d’indépendance gisent dans la poussière avec ses armes, aux pieds de l’ennemi. Six ans plus tard, après l’avoir exhibé à Rome comme un trophée, César le fera mettre à mort.
La Gaule est désormais romaine. Elle le restera pendant quatre cents ans.

NAISSANCE : vers -72, en Auvergne MORT : -46, à Rome
SIGNE DISTINCTIF : Il est souvent représenté avec les cheveux longs et une moustache (on pense aujourd’hui qu’ayant passé du temps auprès de César, il était sans doute rasé et portait les cheveux courts, comme les Romains). PHRASE CÉLÈBRE : « Prends-les ! Je suis brave, mais tu es plus brave encore, et tu m’as vaincu », a dit Vercingétorix en remettant ses armes à César, devant Alésia.
Le génie gaulois
Les Gaulois excellaient dans de nombreux domaines. Forgerons d’exception, ils travaillent le fer, l’or et l’acier. Remarquables artisans, la qualité de leurs produits est réputée partout en Europe, notamment celle de leurs tissus, de leurs tonneaux, ainsi que celle de leur charcuterie. Mais le secteur qu’ils révolutionnent véritablement, c’est l’agriculture : ils mettent au point la charrue, maîtrisent l’emploi des engrais et inventent même la moissonneuse !
Jules César

Jules César
Jules César a vécu au temps de la République romaine, au Ier siècle avant JésusChrist. Homme politique ambitieux, il se sert de la conquête de la Gaule, de 58 à 51, pour renforcer son pouvoir à Rome. Excellent stratège, il remporte de très nombreuses victoires, en Gaule, en Égypte, en Espagne, en Turquie et en Afrique du Nord. En plus de son rôle de général, il occupe des fonctions politiques de plus en plus importantes : proconsul (c’estàdire gouverneur), consul et même dictateur (cela signifie qu’on lui confie les pleins pouvoirs). Il meurt de vingttrois coups de poignards portés par des conspirateurs, parmi lesquels son fils Brutus.





Une charrue gauloise

Co ai ez-vous l’histoire… du nom « Vercingétorix » ?

René Goscinny
« Vercingétorix », en gaulois, veut dire « le chef suprême des guerriers » (ver : « suprême », cingéto : « guerrier », et rix : « le roi », « le chef »). Ce n’est donc pas un véritable nom, mais plutôt un titre. En réalité, on ignore le véritable prénom de Vercingétorix. C’est pour lui rendre hommage que René Goscinny a uble tous ses personnages de noms en -ix. Astérix, Obélix, Panoramix, etc. Leurs aventures se situent à l’époque de Vercingétorix.
La Gaule avant la conquête par Jules César

