Le dimanche - Célébrer

LE DIMA NCHE UN ART DE CÉLÉBRER ET DE VIVRE

S E R V I C E N AT I O N A L D E L A P A S T O R A L E L I T U R G I Q U E E T S A C R A M E N T E L L E Conférence des évêques de France

LE DIMANCHE UN ART DE CÉLÉBRER ET DE VIVRE

MAME

En couverture : Messe, Saint-François de Molitor, Paris 16e, 2007. © Philippe Lissac-Godong 4e de couverture : Porte du monastère de Loukous, église de la Transfiguration, Péloponnèse, Grèce. © Sophie Gall-Alexeeff

MAME Direction : Guillaume Arnaud Direction éditoriale : Sophie Cluzel Responsable éditorial : David Gabillet Direction artistique : Armelle Riva Édition : Vincent Morch Compositeur : Patrick Leleux PAO Direction de fabrication : Thierry Dubus Fabrication : Sonia Romeo © Mame, Paris, 2022 www.mameeditions.com ISBN : 978-2-7189-1067-3 MDS : MM10673 Tous droits réservés pour tous pays.

UN ART DE VIVRE LE DIMANCHE SOPHIE GALL-ALEXEEFF

Comment vivre ce qui nous arrive ? Entre slow attitude et recherche du progrès, à quel rapport au temps aspirons-­ nous ? Comment identifier l’essentiel au milieu des incertitudes économiques, écologiques et sociales ? C’est à partir de ces questions que nous souhaitons explorer la pertinence du dimanche et opérer un discernement quant au signe posé par ce jour emblématique. En effet, le dimanche est le signe, voire le symptôme, de notre rapport au temps, à l’activité, à la place plus ou moins heureuse donnée à notre vie relationnelle. Ce jour, où la liberté de choisir ce que nous faisons peut s’exercer avec une certaine amplitude, révèle notre manière de vivre.

Cette offre de liberté et de qualité de vie n’est pas sans rapport avec les fondements chrétiens du dimanche puisque les chrétiens le reconnaissent comme étant le jour du Seigneur, premier jour de la vie nouvelle libérée des forces de destruction et de mort, que les icônes de l’Anastasis représentent si bien.

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LE DIMANCHE

L A P R AT I Q U E D O M I N I C A LE E N M U TAT I O N Pourtant, depuis plusieurs décennies, la représentation du dimanche qui a structuré, en Occident, l’organisation religieuse et sociale, est remise en question.

Certes, il faut revenir à la source du dimanche et à son histoire pour comprendre pourquoi il est devenu un jour si spécifique, un marqueur du christianisme dans toutes ses dimensions cultuelles 1. Michèle Clavier, Une histoire du dimanche, Paris, Bayard, 2019.

2. Voir l’article de Christian Salenson, « Le dimanche est fait pour l’homme », dans le présent ouvrage, p. 71-79.

et sociétales1. Mais même si nous savons que les chrétiens ne peuvent pas vivre sans le dimanche, tels les martyrs d’Abyssinie du

iie

siècle2, force est de constater qu’il y a aujourd’hui une

modification profonde de ce qu’il est convenu d’appeler la pratique dominicale. Ce que nous considérons comme le cœur du dimanche chrétien, c’est-à-dire la participation avec d’autres – le plus souvent en paroisse – à la célébration de l’eucharistie, est grandement relativisé. On le constate dans la distance prise vis-à-vis du rythme hebdomadaire de la messe au profit d’un rythme mensuel ou trimestriel. Cela a été quasiment institué par des propositions paroissiales comme « les dimanches des familles » une fois par mois. Les restrictions liées à la pandémie de 2020 ont rendu encore plus manifeste l’absence de beaucoup de chrétiens au rassemblement dominical.

D’A U T R E S F O R M E S DE VIE CHRÉTIENNE Pour autant, et même s’il est manifeste que la messe dominicale est la source d’une vie chrétienne assumée, d’autres formes de pratique dominicale émergent : certains échangent ou prient à partir de la parole de Dieu et de nouveaux venus les rejoignent

via les réseaux sociaux. Des parents initient une liturgie familiale avec leurs enfants ; plus nombreux sont ceux qui regardent 6

UN ART DE VIVRE LE DIMANCHE•

la messe télévisée du Jour du Seigneur et témoignent de leur réelle participation. Si l’on accepte de renoncer à faire nombre, on peut considérer qu’un peu aux marges de l’institution ecclésiale, des formes de vie chrétienne s’organisent, à la recherche d’une parole qui éclaire le présent et donne la force d’y faire face. Des fidèles disent trouver dans ces liturgies moins écrites et sans ministres une forme de vie nourrissante.

« L A R E L AT I O N À D I E U, A U P R O C H A I N ET À LA TERRE » Comment alors penser le dimanche sans sombrer dans une nostalgie de ce qui n’est plus – tout du moins en Occident –, dont le repas en famille après la messe était l’emblème ? À travers les différents articles de cet ouvrage, nous voulons explorer comment, au-delà de la sphère chrétienne, le dimanche apparaît comme un formidable signe, un jour favorable au vivre ensemble : parce qu’il est potentiellement générateur d’une qualité de vie spirituelle et fraternelle, parce qu’il peut nous engager dans un rapport sain à la Création dont relève l’écologie intégrale promue par Laudato si’ et Fratelli tutti, parce qu’il nous est donné comme une chance pour inventer un art de vivre qui nous concerne tous.

Intimement liée à l’action créatrice de Dieu dans le Christ, puisque « tout est créé par lui et pour lui » (Col 1, 16), l’identité du dimanche est tissée par « la relation à Dieu, avec le prochain et avec la terre » ; cette triple relation que le pape François décrit comme vitale dans l’encyclique Laudato si’ demande à être restaurée3. C’est donc selon l’itinéraire tracé par la promesse de cette triple rencontre, avec Dieu, avec le prochain et avec la terre, que nous explorons la signification du dimanche.

Le début de cet ouvrage cherche à découvrir le trésor de sens qui apparaît dans les liturgies liées au dimanche. En entendant

3. Pape François, Lettre encyclique Laudato si’, sur la sauvegarde de la maison commune (LS), 2015, n° 66 : « Les récits de la création dans le livre de la Genèse contiennent, dans leur langage symbolique et narratif, de profonds enseignements sur l’existence humaine et sur sa réalité historique. Ces récits suggèrent que l’existence humaine repose sur trois relations fondamentales intimement liées : la relation avec Dieu, avec le prochain, et avec la terre. Selon la Bible, les trois relations vitales ont été rompues, non seulement à l’extérieur, mais aussi à l’intérieur de nous. Cette rupture est le péché. »

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LE DIMANCHE

résonner le cantique des trois enfants, ou encore en identifiant le baptême comme le sacrement de la Création nouvelle, la liturgie poursuit le chemin pascal initié par le Christ et nous rend partie prenante de la Création.

Situé ainsi comme jour favorable de la relation à Dieu, le dimanche est tout autant jour de la relation au prochain. C’est par la redécouverte du repos, prescrit à l’initiative même de Dieu, mais aussi de la convivialité et de la solidarité, que nous pouvons percevoir que « le dimanche est fait pour l’homme ».

Enfin, l’eucharistie au cœur du dimanche nous invite à devenir « les gardiens de la création ». La liturgie est comme un laboratoire où nous apprenons de Dieu ce que signifie se nourrir, « prendre soin de la maison commune » et « s’ouvrir à plus que notre propre famille ».

UN ART DE VIVRE L’originalité de ce parcours réside ainsi dans la visite des trésors de la tradition dominicale afin d’y déceler un art de vivre ensemble. Nous appelons « art de vivre » non pas une espèce de raffinement mondain mais une manière d’être en relation qui cultive les choses simples et les gestes humbles, tels que le réalise l’Église dans l’eucharistie avec un peu de pain et un peu de vin. Considérer positivement le dimanche ne relève pas d’un programme social mais consiste à lui donner sa valeur de signe pour une humanité qui trouve sa finalité et son espérance en Dieu. L’art de vivre touche tout autant à l’art du repas qu’à la ritualité de la prière commune. Le dimanche peut être ce jour en Dieu où nous réunifions notre savoir-être et notre savoir-faire.

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L IT U R G I E

LOUANGE DOMINICALE BÉNÉDICTE DE L A CROIX AVON, OCSO

Chaque dimanche, durant l’office de Laudes, l’Église met sur nos lèvres le « Cantique des trois enfants ». Ouvrir la porte de la liturgie dominicale avec ce cantique rend perceptible le chant de l’univers qui reconnaît, en Dieu, son origine.

L A FOI EN L A RÉSURRECTION Cette hymne est attribuée à trois jeunes Israélites, Sidrac, Misac et Abdénago, condamnés à mort pour avoir refusé d’adorer la statue du roi Nabuchodonosor. Jetés dans un brasier ardent, ils professent une confiance inébranlable dans le Dieu unique. Fidèle à son Alliance, le Très-Haut envoie son ange pour les préserver du feu.

Dans la tradition juive, ce texte du iie siècle avant J.-C. attestait la foi en la résurrection. Les trois jeunes gens devinrent rapidement, pour les chrétiens, des figures emblématiques de martyrs et les Pères reconnurent le Christ dans le quatrième personnage qui se promenait librement au milieu du feu avec les condamnés.

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LE DIMANCHE

B A P T I S É S D A N S L’ E S P R I T S A I N T ET DANS LE FEU Aphraate, le « sage persan » (ive siècle), n’hésitait pas à établir un parallèle entre l’itinéraire des trois Hébreux et celui du Seigneur : « [Ils] tombèrent dans la fournaise de feu et, pour eux qui étaient justes, elle se fit fraîche comme la rosée ; Jésus descendit dans la contrée des ténèbres, il en brisa les portes et fit sortir les captifs. » En interprétant ce Cantique le jour de la Résurrection, nous actualisons la grâce de notre immersion dans l’Esprit et le feu pour qu’au creuset de nos existences, nous passions de la mort à la vie.

« E U C H A R I S T I E R » L’ U N I V E R S Cette hymne était chantée au ve siècle, à Jérusalem, lorsque les néophytes se rendaient en procession derrière l’évêque à l’Anastasis où ils allaient participer à l’eucharistie. Leurs voix tissaient alors « une sorte de tapisserie multicolore où les astres brillent, les saisons se succèdent, les animaux s’animent, les anges se montrent et où, surtout, chantent les “serviteurs du Seigneur”, les “saints” et les “humbles de cœur” » (Jean-Paul II) afin que l’univers entier se laisse embraser par « l’incandescence secrète du Corps du Christ ».

Devenir, par notre parole, des êtres d’hymnes et de louange, tel est l’appel que nous lance le dimanche. Dans le sillage du Verbe, en qui « tout a été fait », entrons à corps perdu dans la gratitude eucharistique. Et que soit libérée la doxologie enfouie au cœur de chaque créature : « À lui haute gloire, louange éternelle ! »

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LOUANG E D OMINIC ALE •

LE CANTIQUE DES TROIS ENFANTS (DANIEL 3, 57-90) Toutes les œuvres du Seigneur, bénissez le Seigneur À lui, haute gloire, louange éternelle !

Vous, les anges du Seigneur, bénissez le Seigneur : À lui, haute gloire, louange éternelle !

Vous, les cieux, bénissez le Seigneur, et vous, les eaux par-dessus le ciel, bénissez le Seigneur, et toutes les puissances du Seigneur, bénissez le Seigneur !

Et vous, le soleil et la lune, bénissez le Seigneur, et vous, les astres du ciel, bénissez le Seigneur, vous toutes, pluies et rosées, bénissez le Seigneur !

Vous tous, souffles et vents, bénissez le Seigneur, et vous, le feu et la chaleur, bénissez le Seigneur, et vous, la fraîcheur et le froid, bénissez le Seigneur !

Et vous, le givre et la rosée, bénissez le Seigneur, et vous, le gel et le froid, bénissez le Seigneur, et vous, la glace et la neige, bénissez le Seigneur !

Et vous, les nuits et les jours, bénissez le Seigneur, et vous, la lumière et les ténèbres, bénissez le Seigneur, et vous, les éclairs, les nuées, bénissez le Seigneur : À lui, haute gloire, louange éternelle !

Que la terre bénisse le Seigneur : À lui, haute gloire, louange éternelle !

Et vous, montagnes et collines, bénissez le Seigneur, et vous, les plantes de la terre, bénissez le Seigneur, et vous, sources et fontaines, bénissez le Seigneur !

Et vous, océans et rivières, bénissez le Seigneur, baleines et bêtes de la mer, bénissez le Seigneur, vous tous, les oiseaux dans le ciel, vous tous, fauves et troupeaux bénissez le Seigneur : À lui, haute gloire, louange éternelle !

Et vous, les enfants des hommes, bénissez le Seigneur : À lui, haute gloire, louange éternelle !

Toi, Israël, bénis le Seigneur, Et vous, les prêtres, bénissez le Seigneur, vous, ses serviteurs, bénissez le Seigneur !

Les esprits et les âmes des justes, bénissez le Seigneur, les saints et les humbles de cœur, bénissez le Seigneur, Ananias, Azarias et Misaël, bénissez le Seigneur : À lui, haute gloire, louange éternelle !

Bénissons le Père, le Fils et l’Esprit Saint : À lui, haute gloire, louange éternelle Bénis sois-tu, Seigneur, au firmament du ciel À toi, haute gloire, louange éternelle !

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M Y S TA G O G I E

H E U R E U X L E S I N V I T É S A U R E PA S SOPHIE GALL-ALEXEEFF

Le repas est sans doute une des expressions les plus abouties de la Création. Il est un des marqueurs du dimanche. Il est lié à l’invitation, au plaisir de cuisiner, aux arts de la table, à l’usage des produits de la terre et à la convivialité. Un va-et-vient s’opère entre le repas partagé, les agapes, et l’eucharistie dominicale.

M Y S TA G O G I E D U R E PA S E T C É LÉ B R AT I O N D O M I N I C A L E « Heureux les invités au repas des noces de l’agneau ! » Voici l’acclamation dite par le prêtre au moment de la communion (nouvelle traduction du Missel romain). Ainsi, quand nous célébrons l’eucharistie, et particulièrement celle du dimanche, c’est bien de repas qu’il s’agit. On ne peut s’y tromper : « Prenez et mangez... prenez et buvez », prie l’Église en se remémorant les paroles de Jésus. Et si l’on se souvient du récit des disciples d’Emmaüs, là encore, c’est un repas à table que le Christ partage avec eux, avant de disparaître à leurs yeux (Lc 24, 30-31).

Le don de l’eucharistie nous advient par les rites d’un repas.

Certes, avec des différences quant à nos agapes domestiques, mais toujours il y est question de table, de nourriture, de 105

LE DIMANCHE

convives et d’hôte. Ne nous fourvoyons pas, l’image du repas ne 79. PGMR, n° 296 : « L’autel, où le sacrifice de la croix est rendu présent sous les signes sacramentels, est aussi la table du Seigneur à laquelle, dans la messe, le peuple de Dieu est invité à participer ; il est aussi le centre de l’action de grâce qui s’accomplit pleinement par l’Eucharistie. »

cherche pas à dévaluer le sacrifice eucharistique79 mais, que nous le voulions ou non, c’est au cours d’un repas religieux juif que le Christ a transmis les gestes et les paroles qui font de nous son corps aujourd’hui encore.

L A TA B LE Pensons d’abord à ce qui est le plus visible : l’autel que le Missel romain nomme aussi « table » dans sa correspondance avec l’ambon : « La messe dresse la table aussi bien de la parole de Dieu que du Corps du Christ, où les fidèles sont instruits et restaurés » (Présentation générale du Missel romain, n° 28).

L’autel, qu’il soit en bois ou en pierre, devient table en cela qu’il porte la nourriture du repas. Cette nourriture visible du pain et du vin révèle la nourriture véritable : « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement » (Jn 6, 51). Dans la liturgie, la nourriture est aussi livre, évangéliaire. C’est en premier lieu sur l’autel que l’évangile est déposé avant de rejoindre l’ambon lors de sa proclamation car la parole de Dieu est destinée à être mâchée et assimilée par le cœur de l’homme. Ainsi l’art du repas se combine-­t-il au goût de la parole.

L A COUPE ET LE LIVRE Mais toutes ces choses peuvent rester à l’état d’objets si elles ne sont pas portées et montrées avec humanité et tendresse.

L’art de célébrer peut devenir un art de vivre. L’enjeu est de relier les simples biens – un peu de pain et de vin – et les humbles gestes – prendre, porter, donner – à la plus haute des réalités : le corps et le sang du Christ. Cet art de vivre liturgique prend en considération le créé. Ni ostentation ni nonchalance mais une 106

HEU REUX LE S IN V I T É S AU REPA S •

réelle présence aux choses et aux lieux : porter la coupe et rien que cela ; tenir l’évangéliaire et rien que cela. Ce n’est pas au-delà du signe qu’il faut chercher la rencontre mais au-­ dedans, en habitant pleinement ce qu’il nous est prescrit de faire. La beauté des vases sacrés ne suffit pas en soi pour que l’action liturgique soit réalisée avec art. De même que les mises en scène de banquets reconstitués dans les pièces des châteaux ont peu à voir avec l’art de vivre, fût-il « à la française » ! En effet, l’art de célébrer n’est pas l’art du décorum mais l’art de la considération des créatures.

LE S C O N V I V E S Qui dit repas dit convives. Les évangiles en sont remplis et le repas partagé est une des images du Royaume de Dieu d’où personne n’est exclu.

Ce terme riche de sens vient du latin convivere qui signifie « vivre ensemble » mais, dans les usages anciens, le terme « convive » signifiait en lui-même « repas ». Il y a une connivence très forte entre le vivre ensemble et le repas. Se nourrir, pré­ parer un repas, agencer une table constituent en soi un art de vivre qui met au centre le soin du convive. La célébration dominicale est comme la matrice de cet art de vivre ensemble et de l’attention à l’invité. N’est-ce pas là un des défis majeurs qui appelle à une « culture de la rencontre80 » ?

La célébration dominicale, parce qu’elle prend la forme d’un

80. Pape François, Fratelli tutti.

Tous frères, lettre encyclique sur la fraternité et l’amitié sociale, 3 octobre 2020, n° 215-216.

repas dont nous sommes les convives invités, vient approfondir en nous cette capacité au vivre ensemble initiée dans le Christ.

Dès lors, c’est prioritairement la dimension communautaire de la célébration qu’il faut prendre en considération : apporter du 107

LE DIMANCHE

soin à ce corps commun des convives, l’écouter quand il répond à une salutation : « le Seigneur soit avec vous » ; l’attendre quand il prend le temps de se lever. C’est aussi aux absents que cette convivialité renvoie, à ceux qui pour de multiples causes ne peuvent ou ne veulent pas prendre place à la table du Seigneur.

L’ H Ô T E E T L E S I N V I T É S La participation au repas dominical comme à l’eucharistie résulte d’une invitation. Certes, aucun chrétien ne reçoit par un mail d’invitation à la célébration dominicale. Pourtant, il y a bien comme une invitation implicite : celle des parents à leurs enfants ; celle de l’Église aux fidèles car seul le mode de l’invitation « Heureux les invités au repas... » préserve la liberté de la réponse (Lc 14, 16-24). Il y a toujours à choisir de prendre place à la table. Du côté de l’hôte, l’invitation est sans limite puisque, selon l’Évangile, tous sans exception de race, de sexe ou de condition sociale sont invités. Il est bien possible que cette invitation évangélique soit aussi celle à ouvrir notre table dominicale à ceux que le pape François appelle « les exilés cachés » (Fratelli tutti, n° 98), aux personnes émigrées, aux étudiants loin de leurs familles ou encore à l’ancien en Ehpad.

GOÛTER, MANGER, BOIRE Le repas répond aux nécessités de notre corps biologique : s’alimenter et s’hydrater. La liturgie ne passe pas au-dessus de ces fonctions vitales mais les insère dans l’ordre du repas. Se nourrir suppose davantage que la fonction d’une bouche et d’un estomac. Le repas introduit ces fonctions vitales dans l’ordre de la convivialité au sens où nous l’avons décrit précédemment mais aussi dans l’ordre de la communion puisque nous mangeons au pain unique et nous buvons à la même coupe 108

HEU REUX LE S IN V I T É S AU REPA S •

Avant la moisson, Lorraine, France.

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LE DIMANCHE

(1 Cor 10, 17). Manger et boire s’inscrivent dans le monde du goût, du bon et du bien manger et boire. Dans la liturgie, c’est en prescrivant la frugalité que ce goût est exhaussé : en effet, il n’y a de festin qu’en signe et pourtant il rassasie ; le peu appelle la plénitude et dessine les contours d’un style certes liturgique (voir « la noble simplicité » selon Sacrosanctum concilium, 81. « En analysant le débat du Concile nous pouvons constater qu’en adoptant l’expression “noble beauté”, les Pères voulaient proposer une beauté digne, simple et sobre, dont les racines se trouvent dans la simplicité de l’Évangile. De plus, ils voulaient exclure la simple somptuosité, c’est-à-dire l’utilisation de matériaux rares et chers, de vêtements fastueux, formes complexes et théâtrales désormais anachroniques et sujets à scandaliser les simples et les pauvres. » Extrait de Narthex, « La noble simplicité, une réponse au faste », Koinè, 2015, https://www.narthex.fr/ reflexions/leglise-et-lesartistes/koines-2015-la-noblesimplicite-en-reponse-au-faste.

n° 3481) mais qui peut orienter une manière chrétienne de vivre le dimanche en misant sur un autre style de vie (Laudato si’, n° 203-208).

BÉNIR ET RENDRE GRÂCE Le chemin que trace la participation au repas conduit à une attitude spirituelle et humaine essentielle : bénir celui qui a rendu possible le repas, remercier l’hôte pour la qualité de sa table, rendre grâce pour ce moment de communion et de vie. C’est donc à la gratitude que nous initie le repas, une gratitude qui s’exerce non seulement en parole mais aussi en acte, jusqu’à nourrir les pauvres de la terre.

Art de vivre, art de célébrer, une même manière de prendre en considération la nécessité vitale du vivre ensemble et une même manière de reconnaître, comme l’exprime la 5e préface de Pâques dans un autre langage, que « quand le Christ s’offre pour notre salut, il est à lui seul l’autel, le prêtre et la victime » ; ou, pourrions-nous dire, il est la table, l’hôte et la nourriture.

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TA B L E D E S M AT I È R E S U N A R T D E V I V R E LE D I M A N C H E

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La pratique dominicale en mutation ..........................................

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D’autres formes de vie chrétienne .............................................

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« La relation à D ieu, au prochain et à la terre » .. .............

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Un art de vivre .. . ........................................... ..............................................

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So p h i e G a l l -A l exee f f

L IT U R G I E L O U A N G E D O M I N I C A LE B én éd i c t e d e l a Croix Avon

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Baptisés dans l’Esprit Saint et dans le feu . . .........................

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« Eucharistier » l’univers ....................................................................

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La foi en la résurrection

M Y S TA G O G I E LE JOUR DE DIEU A r n a u d To u r y

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Dimanche des dimanches

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Comme au premier jour .......................................................................

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Promesse du jour de Dieu . . ................................................................

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Jour de fête .. . . . . . . . . .........................................................................................

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Jour de la résurrection ........................................................................

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Jour de la Pâque hebdomadaire . . ..................................................

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L IT U R G I E L E S V I G I L E S D O M I N I C A LE S B én éd i c t e Du c a t el

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Parole méditée .. . .........................................................................................

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Parole priée .. . . . . . . . . .........................................................................................

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Parole célébrée .. .........................................................................................

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M Y S TA G O G I E L E B A P T Ê M E , S A C R E M E NT D E L A C R É AT I O N N O U V E LLE B er n a r d M a i t t e

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Quand dimanche nous baptise ............................................... ........

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LE DIMANCHE

Créature nouvelle ............................... .....................................................

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Grâce de la nouveauté ..........................................................................

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Joie du salut .. . . . . . . . .........................................................................................

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THÉOLOGIE L E D I M A N C H E , U N T R É S O R À C U LT I V E R À L’ H E U R E D E L’ É CO L O G I E I NT ÉG R A LE Pa t r i c k P r ét o t .. . . . . . .........................................................................................

29

Le t résor de la tradition chrétienne

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La pastorale du dimanche dans un temps complexe .....

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Le dimanche : jour de la relation

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M Y S TA G O G I E Q U A N D L A L I T U R G I E D O M I N I C A LE R E P O S E …

C h r i s t i a n Sa l en s on

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La paix aura le dernier mot Le repos de Dieu

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Le signe dominical du repos

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L IT U R G I E LES DIMANCHES DES NOUVEAUX BAPTISÉS J ea n - C h r i s t o p h e M eye r

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Le dimanche structure la mystagogie et toute la vie chrétienne .. . . . . . . . . . . . . ................ .........................................................................

48

Au cœur de la communauté ..............................................................

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Devenir disciples, à l’écoute de la Parole .............................

50

L IT U R G I E L A C O N V I V I A LIT É D’ E M M A Ü S ( L C 24, 13-35) C h r i s t o p h e d e D r euille ............................................................................

51

L IT U R G I E L E PA I N B É N IT D A N S L A T R A D IT I O N B Y Z A NT I N E So p h i e G a l l -A l exee f f ........................................................ .........................

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M Y S TA G O G I E V E N E Z , C R I O N S D E J O I E P O U R LE S E I G N E U R !

Fra n ç o i s -X av i er Le doux

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Église du Seigneur .. ..................... .............................................................

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Assemblée .. . . . . . . . . . . . . ......................... ................................................................

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Dominicale .. . . . . . . . . . . . ............ .............................................................................

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TA B L E D E S M AT I È R E S •

L A M E S S E À D I S TA N C E P h i l i p p e B a r ra s

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Une expérience spirituelle ...................................................... ..........

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Limites et risques de la messe télévisée ...............................

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Une médiation p rolongeant la messe .......................................

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Une parole vivante .. .................................................................................

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THÉOLOGIE L E D I M A N C H E E S T F A IT P O U R L’ H O M M E C h r i s t i a n Sa l en s on

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Faut-il sacraliser le dimanche ?

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71

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Singularité .. . . . . . . . . . . . ..................................................................................... ....

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L’invention du dimanche ......................................................................

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Les temps sont accomplis . . .................................................................

74

Le dimanche pour l’homme

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C h r i s t o p h e Le So urt .......................................................................... .........

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Observe et souviens-toi ......................................................................

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Jésus est maître du shabbat ............................................................

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Jour du Seigneur ?

L IT U R G I E S H A B B AT E T D I M A N C H E

M Y S TA G O G I E L E S O I N D E S C H O S E S E T D E S LI E U X G a u t i er M o r n a s .. . . ..................................................... ....................................

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Une église dans un jardin ...................................................................

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Le soin du visage de l’autre ..............................................................

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Que chacun ait sa place, y compris la lumière ..................

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L IT U R G I E D E S F L E U R S P O U R C É LÉ B R E R LE D I M A N C H E M a r i e- O d i l e L a l o ............................................... ...........................................

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THÉOLOGIE PA R O L E , E U C H A R I S T I E E T C R É AT I O N Fra n ç o i s -X av i er Le doux .. .........................................................................

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La création, une double vocation .. ...............................................

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L’eucharistie, une double offrande ......................... ....................

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L’Eucharistie : la Création portée à son accomplissement .......................................................................................

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127

LE DIMANCHE

M Y S TA G O G I E H E U R E U X L E S I N V IT É S A U R E PA S So p h i e G a l l -A l exee f f ........................................................ ......................... 105

Mystagogie du repas et célébration dominicale .. ............

La table . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .........................................................................................

La coupe et le livre ....... ...........................................................................

Les convives .. . . . . . . . ................................................ .........................................

L’hôte et les invités .................................................................................

Goûter, manger, boire ......................................................... ..................

Bénir et rendre grâce ............................................................................

105 106 106 107 108 108 110

L IT U R G I E « D O N N E - N O U S A U J O U R D’ H U I N O T R E PA I N D E C E J O U R » ( M T 6, 11) C h r i s t o p h e Ra i m ba ult .. ............................................................................. 1 1 1

Seulement du pain ? ................................................................................ 111 Un don de chaque jour pour toute la création . . ................ 112 Le dimanche : du pain au corps à discerner ........................ 112 L A C U LT U R E D E L A R E N C O NT R E , E X I G E N C E DU DIMANCHE So p h i e G a l l -A l exee f f ........................................................ ......................... 114

Du précepte à la conversion écologique . . ..............................

Culture de la rencontre ......... .................................. ............................

Le C hrist, bon Samaritain ........................................................ ..........

Dimanche « en sortie » ..................................... ....................................

Dialogue et pardon .......................................................................... ........

Enfants d’un unique Père ...................................................................

114 115 115 116 117 117

TA B L E D E S A U T E U R S . . ................................... ....................................... 119 C R É D I T S I CO N O G R A P H I Q U E S . . ................................................... 122

Achevé d’imprimer en février 2022 par Graphycems en Espagne N° d’édition : 22008 Dépôt légal : mars 2022