9782383860877 Bayard

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Didier Pagot • Philippe Zytka • François Reynaud Couleurs

Dessin

Scénario

BAYARD

Le chevalier sans peur

Montrez aux génois le courage des soldats français et des mercenaires suisses !

© 2025, Éditions du Triomphe

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Tous droits réservés pour tous pays

Achevé d’imprimer le 25 mars chez GRAFICAS ESTELLA (Espagne).

Dépôt légal en avril 2025. Déposé au Ministère de la Justice.

Loi 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse modifiée par la loi no 2011-525 du 17 mai 2011.

1524, Grenoble.

J’ai eu le privilège de combattre à ses côtés.

C’était l’homme le plus extraordinaire que j’aie jamais connu.

Vous le connaissiez bien ?

Était-il tel que sa réputation le raconte ? Ces funérailles, comme s’il était un prince, et non un gouverneur ou un lieutenant-général du roi, sont-elles méritées ?

Pardon ?

« Il reçoit pour donner », c’était sa devise. Il était brave, généreux, humble, rusé.

Dès ses débuts comme homme d’armes dans la compagnie du duc de Ligny, l’audace et le courage ont été les valeurs qui ont guidé Bayard.

Accipit ut det.

Oui, c’est ce que les gens semblent retenir de lui, son courage.

1495. Charles VIII a réussi à s’emparer du royaume de Naples. Mais la coalition italienne l’oblige à retourner en France. Lors de sa retraite, l’armée française se retrouve face à la ligue de Venise qui lui coupe la route à Fornoue.

Messieurs, nous allons avoir l’honneur de charger avec le roi. Je sais que pour certains d’entre vous, c’est la première charge…

Alors rappelez-vous, n’essayez pas de tuer votre adversaire, mais plutôt de le mettre à bas. Un cavalier à terre est une cible facile.

Ceci vaut également pour vous, d’autant que les mercenaires suisses engagés par la ligue de Venise ne font pas de prisonniers.

Préparez-vous

En avant !

Et soyez prudent, les Italiens s’attaquent aux montures pour vous faire tomber.

Le

est encerclé !

Tenez, messire, une nouvelle monture.
Regardez, messire !
Le roi !
roi

À la nuit tombée, une trêve est conclue pour s’occuper des blessés.

Vous avez vaillamment combattu.

Ce soir le roi vous fera chevalier ainsi que quelques autres.

Sire, recevez en présent cette enseigne prise à l’ennemi aujourd’hui !

Pierre Terrail est à mon service, Sire. Aujourd’hui, par deux fois les Italiens ont tué son cheval, et par deux fois, il est remonté en selle et reparti combattre avec courage. personnelle.

Que l’on remette à cet homme 500 couronnes d’or sur ma cassette

Votre première récompense. Félicitations, vous serez un brillant chevalier.

Nous avons remporté une grande victoire aujourd’hui.

La bataille a été sanglante pour les coalisés qui ont perdu 3 000 hommes. Les Italiens n’ont pas l’habitude de subir de telles pertes, ils se souviendront longtemps de la Furia Francese !

Au nom de Dieu, de Saint Michel et de Saint Georges, je te fais chevalier. Sois vaillant, loyal et généreux.

Tu as toujours dit que tu voulais suivre les armes, et te voilà au service du roi.

Au comte de Ligny, Georges. Mais il est lui-même au service de Charles.

Maintenant que notre père est passé, tu es désormais le seigneur de Bayard, Pierre. Que comptes-tu faire ? Quitter le métier des armes pour t’occuper du domaine ?

Relevez-vous, Chevalier !

J’appartiens à la compagnie du comte de Ligny, il n’est pas question de le quitter. Je te confie la gestion de nos terres, comme tu le fais depuis des années.

Parle-moi de la bataille de Fornoue, c’est bien là où le roi t’a fait chevalier ?

Les Italiens étaient deux fois plus nombreux que nous, mais ils ont commis l’erreur de s’attaquer à nos chariots de ravitaillement et au trésor. Leurs hommes d’armes se sont retrouvés sans infanterie pour les soutenir dans la bataille.

1496.
Pierre Terrail est de retour chez lui, au château de Bayard, dans la province du Grésivaudan, près de Grenoble.

Quand repars-tu ?

Demain, je vais rejoindre mon cantonnement chez Ligny.

Je m’arrêterai en route à Lyon pour récupérer l’armure que je me suis fait faire avec les écus du roi.

Avril 1498.

Une italienne je suppose ?

Oui. Elle vient de chez Missaglia, un des ateliers les plus réputés de Milan. Ils ont des comptoirs dans chaque ville importante d’Europe. Les mesures prises au comptoir sont envoyées à Milan où l’armure est fabriquée par des artisans spécialisés.

Le lendemain.

Il est à vous, Bayard, ne le ratez pas !

Bonne route, mon frère.

Un messager est ici, Messire. Il arrive d’Amboise. Amboise ? La demeure du roi ?

Il est encore vivant, messire !

Mon épée !

Inutile de le faire souffrir plus longtemps.

Quelles nouvelles ? Nous repartons en campagne ?

Le roi est mort.

Quand même, mourir à 27 ans de s’être cogné la tête sur un linteau de porte…

L’hémorragie interne lui a été fatale et, faute d’héritier, c’est désormais son cousin Louis d’Orléans qui porte la couronne.

En mai 1499, les troupes françaises se mettent en route.

Louis d’Orléans, qui a combattu le royaume lors de la régence d’Anne de France, est donc Louis le douzième.

Oui, et je pense que notre nouveau monarque reprendra à son compte la politique italienne de son prédécesseur. Il ne faudra pas longtemps avant que nous ne reprenions la route vers l’Italie.

Octobre 1499. Le comte de Ligny est choisi pour affronter le duc de Milan, Ludovic Sforza, dit « le Maure ».

Charles lui avait pardonné.

Voilà une affaire rondement menée. Il ne nous aura fallu que vingt jours pour prendre la ville.

D’autant qu’en plus des droits royaux sur Naples, Louis peut aussi réclamer le duché de Milan. Sa grand-mère était la fille du premier duc.

Et faire fuir Ludovic qui est parti se réfugier en Autriche, chez l’empereur Maximilien.

Sforza a beau avoir été acclamé par 60 000 milanais lors de son retour, la population des campagnes ne nous est pas hostile.

À la tête de 10 000 hommes, « le Maure » fait son retour à Milan.

Mars 1500. Dans la campagne milanaise.

Le roi a donné des ordres stricts avant de repartir en France. Interdiction de piller, et obligation de dédommager pour les vivres pris dans les fermes.

Trois cents ?

Diable ! Nous sommes à peine plus de cinquante !

Environ trois cents cavaliers du duc de Milan sont au repos dans un petit village non loin d’ici.

C’est une cible facile.

L’inaction ne vous pèse-t-elle pas autant qu’à moi ? Voilà de quoi animer ces mornes patrouilles que nous menons depuis des jours.

Allons Bellabre ! Un chevalier français ne vaut-il pas six fois un mercenaire du Milanais ?

Messire...

Et quelle meilleure façon pour se distinguer aux yeux du roi, mes amis ?

Il a raison !

En avant !

Par Dieu ! Les Milanais ! Ils nous attendaient !

Avec moi, compagnons !

à vos épées !

À croire que leurs espions sont aussi bons que les nôtres !

Peu après.

Courage, mes amis ! Ils faiblissent !

…Poursuivie par les Français jusqu’aux portes de la capitale Lombarde.

Pliant devant les Français, la cavalerie milanaise rompt le combat et s’enfuit vers Milan...

Pierre ! Arrêtez-vous, nous sommes aux portes de la ville, il faut rebrousser chemin !

il

Trop tard, dans son élan,
n’entend plus rien.
Qu’on le conduise chez le Duc !

Ah, la guerre !

depuis quand êtesvous en Italie ?

Bayard est conduit devant Ludovic Sforza.

À qui ai-je l’honneur ?

Pierre Terrail, seigneur de Bayard.

La fortune de la guerre, messire.

À l’âge de 12 ans j’ai été admis page à la cour du duc de Savoie. Je l’ai suivi à Turin. à sa mort, des revers de fortune ont obligé la duchesse à se séparer d’une partie de sa maison.

Et quel sort vous a mené jusqu’à moi, chevalier ?

Je vois. Une vieille famille fidèle à la couronne de France.

J’ai fait campagne avec le roi

Charles VIII, avec qui j’étais à Fornoue. Il m’y a fait chevalier à l’issue de la bataille. Mais je connais l’Italie depuis plus longtemps.

Êtes-vous en train de me dire qu’il ne faut point espérer tirer une grande rançon de vous ?

J’en ai bien peur.

Je suis alors entré au service du comte de Ligny, que je sers depuis.

Il y a quelque chose en vous qui me plaît. Nous avons beau être ennemis, rien n’empêche le respect et l’admiration.

Le domaine de Bayard n’est pas bien grand et nous ne sommes que de petite noblesse. Mais il y a toujours eu des Bayard au service du royaume. À défaut de terres et d’argent, nous avons le sens de l’honneur.

Qui sait, nos routes se croiseront peut-être à nouveau.

Rendez au chevalier Bayard ses armes et son cheval.

Diable ! et qu’on le libère.

Nous sommes tous deux chevaliers. Nous servons un idéal qui transcende les frontières et les intérêts politiques.

Qui sait où les fortunes de la guerre nous mèneront ?

Ah oui ?

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