En 2019, à la parution de mon Ménopause, pas de panique ! dans la collection « Petit guide visuel » des éditions Mango, la ménopause, sans pour autant être taboue, n’était pas un sujet médiatique. Certes, les femmes de plus de 50 ans, étaient invisibilisées et manquaient cruellement d’informations fiables. Les prises en charge des symptômes de la ménopause étaient frileuses, d’autant plus du côté des autorités sanitaires, les femmes et leurs médecins étaient encore sous le choc des études anglo-saxonnes alarmistes de 2002. Dans le monde entier, ces-dernières avaient mis un coup de frein puissant à la prescription des traitements hormonaux dans le cas de la ménopause, même si, très rapidement après leur publication, de nombreux experts européens ont pointé du doigt le fait que ces résultats n’étaient pas applicables aux traitements tels qu’ils étaient donnés en France en particulier.
La grande oubliée était – et reste – la transition ménopausique, cette période qu’on appelle aussi périménopause où, comme le démontre la sociologue Myriam de Senarclens1 les femmes entre 45 et 50 ans passent les pires années de leur vie. Rassurez-vous, on en parlera largement ici !
Aujourd’hui, la ménopause, on en parle, c’est le moins que l’on puisse dire ! Avec Julie Gayet, Claire Fournier, Laurence Rossignol et 23 autres personnalités féminines, nous avons signé un manifeste paru dans La Tribune le 13 octobre 2024 pour que cette question de santé publique soit effectivement prise en compte suite à la mission parlementaire mise en place par le président de la République en mai 2024 sous l’égide de la députée Stéphanie Rist. Bien que le titre de cette tribune soit « Ménopause : que le tabou tombe »,
1. Perrin E. et Senarclens M. de « Perspectives psycho-somatiques : femmes et ménopause, hommes et crise de la cinquantaine. » Med. Psychocom, 1988
LA FONCTION EXOCRINE
Maturation folliculaire
Recrutement d’un follicule
Réserve folliculaire
Avant le cycle
Jour 1
Début du cycle
Expulsion de l’ovocyte
Corps jaune (uniquement quand il y a une grossesse)
Jour 14
Ovulation
LA FONCTION ENDOCRINE
Ovaires
Œstrogène
Passage par la circulation sanguine
Distribution aux organes cibles
Progestérone
Os Paroi des vaisseaux Utérus Vagin Vulve Cerveau Seins
Tout ce système est finement régulé par l’interaction entre les hormones ovariennes (œstradiol et progestérone) et les hormones hypophysaires. Lorsque le nombre de follicules – et par conséquent leur sécrétion hormonale – diminue, la FSH augmente, et ce dès la transition ménopausique. On comprend alors que, bien qu'elle soit souvent appelée « l’hormone de la ménopause », son dosage ne nous sera d’aucune utilité pour poser le diagnostic de ménopause.
À l’approche de la ménopause, parallèlement à la baisse de la réserve folliculaire, la qualité intrinsèque des ovocytes diminue. C’est la raison pour laquelle, à partir d’un certain âge, même avec des ovulations conservées, il n’est plus possible d’être enceinte. La fin de l’activité folliculaire est surtout programmée génétiquement puisqu’on observe une certaine corrélation entre l’âge où votre mère a été ménopausée et celui où vous direz adieu à vos règles. L’âge de la ménopause dépend aussi de facteurs environnementaux comme le tabagisme, par exemple, qui avance la ménopause de deux ans en moyenne, ou une chimiothérapie qui peut la précipiter de plusieurs années. Quand la réserve folliculaire commence à décroître, on assiste à quelques « ratés » dans les cycles ; c’est la périménopause. Lorsque la réserve est à sec, les œstrogènes et la progestérone sont en chute libre, la FSH crève le plafond, la ménopause complète est là et bien là !
Les ovaires possèdent deux fonctions :
• une fonction exocrine (dirigée vers l’extérieur du corps), marquée par l’expulsion mensuelle de l’ovule.
• une fonction endocrine (destinée à l’organisme), par le biais de la sécrétion des deux hormones majeures de la femme, les œstrogènes et la progestérone.
LE PÉRINÉE
(VUE EN COUPE)
Le périnée soutient la vessie, l’utérus et le rectum.
Utérus
Vessie
Urètre
Vagin
Muscles du périnée
Anus
Rectum
incontinence. Depuis peu, des techniques non invasives basées sur le comblement de l’espace qui enserre l’urètre semblent très prometteuses. Avec la ménopause et l’âge, il n’y a pas que la vessie qui a une petite tendance à filer vers le bas…
➜ Quand le périnée s’affaisse
Le périnée (ou plancher pelvien), qui soutient la vessie, le vagin et le rectum, souffre également du manque d’œstrogènes caractéristique de la ménopause et perd de son tonus au fil du temps. Les organes pelviens auront alors tendance à descendre, c’est ce qu’on appelle un prolapsus. S’il touche la vessie, il s’agit d’une cystocèle ; si c’est le rectum, on parle de rectocèle.
Faites-vous un nouvel ami, votre périnée ! Cela participera au soutien de la vessie, du vagin et du rectum.
En prévention, voici quelques conseils :
• Évitez le port de charges lourdes.
• Apprenez à faire des abdominaux en hypopression abdominale10.
• Contrôlez votre poids.
• Musclez votre périnée. Pour ce dernier point, vous pouvez soit le faire seule avec une sonde et l’application dédiée11 ou, sur prescription médicale, avec l’aide d’un kinésithérapeute ou d’une sage-femme. Le bon côté de l’histoire est que vous allez prendre conscience de votre périnée, en faire un complice et découvrir ses multiples potentialités, en particulier sexuelles.
10. Vous trouverez des exemples d’exercices adaptés dans Abdominaux, arrêtez le massacre ! de Bernadette de Gasquet (Marabout, 2009).
11. Sonde Emy, par exemple.
sont extérieures à leur corps : pas de règles qui vont, puis viennent, pour un jour leur dire adieu ; pas d’utérus plein d’une vie nouvelle, puis de retour de couches ; pas de seins un temps nourriciers et l’autre érotiques. Bref, tout ce que vient signifier à la femme son anatomie sexuée, parfois à son corps défendant.
Le temps des hommes est davantage un temps social, ponctué par les étapes de la vie comme jadis le service militaire et aujourd’hui les évolutions professionnelles. S’ils vivent aussi le temps des femmes – au fil des grossesses, par exemple –, on pourrait dire que c’est un temps « par procuration », qu’ils ne vivent pas dans leur propre corps.
N’oublions pas cette nouvelle temporalité, vécue par maints couples, des unions successives, une véritable mutation sociologique survenue en une génération. Ce temps-là, les femmes le partagent à 100 % avec leur compagnon car, elles aussi, ont parfois choisi (ou subi) plusieurs vies.
C’est souvent vers la ménopause de leur femme que les hommes prennent conscience du temps qui passe.
C’est souvent vers la ménopause de leur femme que les hommes prennent conscience du temps qui passe.
D’après une étude12 menée à Genève sur les périodes de vie difficiles, pour les femmes, ces périodes diminuent à partir de 46 ans, alors que les hommes font face à une crise de vie très importante entre 43 et 52 ans, correspondant à la fin de la période d’ascension sociale et la prise de conscience de cette fin. Pourtant, à cet âge, la survalorisation de la jeunesse porte davantage préjudice à la femme qu’à l’homme, et l’image du beau séducteur aux tempes grisonnantes est bien plus valorisée que celle de la quinquagénaire en pleine force de l’âge…
12. Perrin, E. et Senarclens, M. de, « Perspectives socio-psychosomatiques : femmes et ménopause, homme et crise de la cinquantaine », Méd. Psychosom., 1988.
