Pécho Canards - Décryptage d'une vie amoureuse tumultueuse

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Avec les analyses

PSY de Liliane Holstein

Chloé Thibaud Illustrations de Sophie Lambda
d’uneDécryptage vie amoureuse tumultueuse
3 Avant-propos ........................................................................ 4 Les canetons ................................................................................... 7 Le canhard rockeur ....................................................................... 15 Le blanc-bec ................................................................................. 21 Canards vibrants ........................................................................... 27 Prise de bec .................................................................................. 33 Le canarcissique ........................................................................... 39 Duck fake ....................................................................................... 47 Deux canes et un con ................................................................... 57 La palme d’or ................................................................................ 65 Le cassoulant ................................................................................ 71 Le canard claqué .......................................................................... 77 Donald Fuck .................................................................................. 85 L’oiseau migrateur ........................................................................ 91 Dirty duvets ................................................................................. 101 Le volatile volage ........................................................................ 107 Le roi des couin-couin ................................................................ 117 Canard WC................................................................................... 125 Conflit de canard ........................................................................ 133 Daddy coule ................................................................................ 137 Le parfait canard ......................................................................... 145 Les plumes, ça repousse ! ................................................ 156 Remerciements ................................................................ 159 Sommaire

Le canHard rockeur

Le canhard rockeur

j’enfile mes bracelets à pics, mes Etnies, je repasse un coup de crayon noir sous mes cils inférieurs et j’embarque mon Eastpak (je n’ai quasiment rien à mettre dedans mais il est recouvert de patchs à l’effigie de mes groupes préférés et représente de facto une partie importante de mon look). J’ai quatorze ans et je suis prête. Prête à… faire le tour du village de vacances où je passe mon mois de juillet. La veille, j’ai reçu un coup de fil d’une amie du collège qui m’apprenait qu’elle avait roulé sa première pelle. Je suis tellement jalouse. Moi, j’ai déjà eu des petits copains mais je n’ai encore jamais embrassé avec la langue. À un moment, il y en a marre des smacks, bordel. Cet été, c’est l’été qui doit tout changer. Je ne peux pas arriver en troisième en étant vierge de la langue.

Ma BFF et moi déambulons dans les rues moyennement animées pour rejoindre le skatepark. Il y a plusieurs bandes de jeunes qui, comme nous, ne semblent pas enthousiasmés par les soirées bingo organisées dans le centre. Nous faisons des allées et venues, afin de faire croire que nous avons d’autres chats à fouetter que de regarder des garçons faire des figures impressionnantes (je ne tiens pas debout sur une planche) et, surtout, nous faisons semblant de rire. Il paraît que ça donne de la consistance.

Alors que nous nous apprêtons à partir, j’entends une voix masculine s’écrier :

Eh, la fille au sac avec les patchs !

Je n’arrive pas à le croire. C’est moi ? C’est bien moi qu’on appelle ? Ce sac à dos savamment customisé s’avère-t-il un efficace appât à BG ?

Oui oui, toi et ta copine, venez !

Avoir l’air cool, avoir l’air cool.

Y’a rien, juste que ton sac est stylé et qu’on a envie de faire votre connaissance !

Salut, qu’est-ce qu’il y a ?

Je fais exprès de déposer le fameux sac à côté de lui pour qu’il l’inspecte.

Marilyn Manson, tiens, tiens…

C’est quoi ton album préféré ?

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J’ai face à moi mon fantasme absolu : un brun aux cheveux longs avec un sweat-shirt noir, des bracelets en cuir, des bagues tête de mort, des Vans, un piercing à l’arcade. Ma réponse est capitale. S’il n’aime pas l’album que je vais citer, je suis cuite.

Mechanical Animals.

Excellent choix, j’écoute en boucle la version live de The Last Day on Earth en ce moment, c’est marrant…

Oh.

Mon.

Dieu.

Ou plutôt, mon Antichrist. Je passe le test haut la main. Il me présente à sa sœur :

‘Lut, moi c’est Charlotte, on doit avoir le même âge, j’ai quatorze ans !

C’est Simon et j’ai dix-sept ans, bientôt dix-huit.

Moi aussi ! Et toi, d’ailleurs, je t’ai pas demandé ton prénom et ton âge ?

Bientôt dix-huit... Wow. Il retape sa terminale à la rentrée, la classe. Nous parlons de musique jusqu’à pas d’heure (enfin, jusqu’à minuit et demi) et à partir de ce moment-là, je n’ai d’yeux que pour lui.

Pendant une randonnée en famille, deux jours après, je reçois un SMS de la petite sœur :

Si ça vous dit, on se retrouve devant le bowling ce soir, à 20h30 !

PS : mon frère t’aime bien.

Meilleur post-scriptum ever. J’ai les jambes tremblotantes, les mains moites, la respiration qui s’accélère… et ce n’est franchement pas pratique pour grimper une montagne tout en faisant comme si de rien n’était devant les adultes. Ces symptômes ne me quittent pas jusqu’au rendez-vous du soir. J’ai le ventre tellement en vrac que je touche à peine à mon assiette. La jeune hypocondriaque en moi s’alarme déjà : quand on est amoureux, on est malade en fait ? C’est quoi cette arnaque ?! Nous rejoignons le groupe, je ne prête même pas attention aux discussions car je ne suis concentrée que sur une seule chose : Simon m’aime bien. Et Simon a bientôt dix-huit ans donc, s’il aime bien une fille, il doit sûrement avoir envie de l’embrasser. Avec la langue. En entrant dans la salle de jeux, il saisit ma main. J’ai honte parce que nous devons retirer nos chaussures et les troquer contre les modèles ignobles adaptés à la piste. Il est

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tellement beau que même avec des pompes de clown, il me fait de l’effet. Puis arrive une minute où, comme par magie (grâce à nos complices), il n’y a plus personne autour de nous. Il en profite pour me demander si j’ai bien reçu le message de Charlotte.

Oui, je l’ai eu…

Je souris à m’en décrocher la mâchoire.

Tu es ici jusqu’à quand ?

Vendredi prochain.

Ça nous laisse une semaine pour profiter,

Une semaine, c’est peu de temps, mais c’est suffisant pour bouleverser une existence d’adolescente. Il ne m’embrasse pas tout de suite. Est-ce parce que je suis trop nulle au bowling ? Il se moque mais sourit, sourit, sourit...

Après plusieurs parties, le groupe décide d’aller boire des coups. Il attrape de nouveau ma main et me propose de laisser les autres prendre un peu d’avance. Je sais ce qui m’attend. Je respire profondément et, après quelques mètres, il s’arrête devant moi, entoure mon visage de ses mains argentées et pose ses lèvres toutes douces contre les miennes. C’est la sensation la plus agréable que j’ai connue jusqu’alors. Je garde les yeux fermés, je laisse ma langue suivre la sienne et je ne trouve pas l’exercice si compliqué.

Ça y est, c’est fait. Cerise sur le brownie, il a… un piercing à la langue !!! De quoi l’emporter largement quand ma camarade de classe et moi raconterons nos souvenirs de vacances aux autres.

Au bar, il me commande sa boisson préférée, un cocktail « Tarte tatin ». C’est aussi la première fois que je bois de l’alcool. Ce goût reste gravé dans mes papilles : de la pomme et de la liqueur de caramel, mélangée à son haleine de cigarette roulée. Hummm…

C’est l’année de sortie du tube de K. Maro, Femme Like U. Quand le DJ ringard lance la chanson, je meurs d’envie de danser mais je me retiens car je suis censée ne jurer que par le rock et le métal. Toutefois, à ma grande surprise, il m’invite à me rendre sur la piste avec lui et nous dansons comme deux idiots. « Je veux une femme like you », chante-t-il en me pointant du doigt. Je réponds « un homme like you » en me fendant de quelques vibes bien senties. Chaque soir, nous feignons de nous intéresser au monde autour pendant cinq minutes et nous nous consacrons ensuite à notre numéro de poissons à ventouse. Je chronomètre l’un de nos patins : vingt-quatre minutes sans s’arrêter, en ne respirant que par le nez. Une information précise dont je me fais une fierté (sans doute ai-je le sentiment de battre un record). Quand nous allons chez lui, dans sa chambre, nous écoutons The Last Tour on Earth. Une heure et neuf minutes de salives mêlées et de conversations passionnées.

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c’est cool.

Un jour, il m’annonce :

Tu sais, je ne veux pas vieillir. Je veux mourir à 27 ans, comme toutes les légendes du rock. Donc s’il le faut, j’me suiciderai.

Pour moi, cette confession est le comble du romantisme. Je ne le trouve pas ridicule du tout, au contraire, cela ajoute à sa panoplie de vieux métalleux rebelle. Je réponds :

Ça veut dire qu’on a encore dix ans à passer ensemble.

La veille de son départ, je suis dévastée. Pendant qu’il fait la sieste, je le prends en photo avec mon appareil jetable. On ne voit rien mais je passerai le reste de l’été avec ce cliché sous l’oreiller. Nous nous jurons de nous revoir malgré le fait qu’il habite à deux heures de Paris. Comment ? Nous ne savons pas. L’amour donne des ailes. Nous nous jurons de ne jamais nous quitter. Et moi, j’y crois. La réalité nous rattrape très vite. Je ne dispose que de soixante SMS et d’une heure d’appel par mois. C’est mieux qu’avant (quelle joie quand mon père a doublé mon forfait !) mais j’épuise tout en deux jours. Les réseaux sociaux n’existent pas. Je vais en vacances à la campagne, le téléphone ne passe pas, je rate ses appels, ça l’agace, alors il essaie de moins en moins de me joindre. Je pars ensuite à l’étranger, à une époque où les appels vers la France coûtent cinq euros la minute (ok, j’exagère). On me prête un téléphone mais je dois faire vite :

Allô, Simon ? Tu penses encore à moi ?

Bien sûr, tu me manques trop…

Oui, promis.

On se voit bientôt, hein ?

Nous savons pertinemment que ce ne sera pas le cas. Fin août, il ne m’appelle plus. Il ne répond plus à mes messages. Voici déjà la rentrée de septembre. Je tourne cette page et en noircis une nouvelle dans mon journal intime :

2 septembre 2004. Les mecs, c’est comme les branches : tu t’accroches puis ça casse. Maintenant, au moins, je le sais.

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MDS : MN31502

Pecho Canards

Et si nos vies amoureuses ressemblaient à une pêche aux canards ? Des « canetons » de l’école primaire à sa dernière relation avec le « parfait canard », en passant par « le canarcissique » et « l’oiseau migrateur », Chloé Thibaud dresse le portrait des hommes qui ont joué un rôle dans la (dé)construction de sa vie sentimentale et sexuelle.

Menteur des applis, futur papa infidèle ou manipulateur violent, la psychanalyste Liliane Holstein décrypte ces profils afin d’identifier des schémas malsains et d’éviter ces situations… canardesques !

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« Nous pêchons, nous scorons, nous perdons, nous rejouons et espérons à chaque nouvelle rencontre qu’elle nous mènera au gros lot. »
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